Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1873-12-06
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 06 décembre 1873 06 décembre 1873
Description : 1873/12/06 (A3,N751). 1873/12/06 (A3,N751).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/03/2013
3« Année. 7 .., m N° 75D PRIX DU NUMÉRO : PARIS 15 CEINTINIES- - DÉPARTEMENTS 20 CENTIMES. Samedi 6 Décembre 1873..
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10
.-.-- JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR .-'
RÉDACTION
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JOURNÉE POLITIQUE
Paris, 5 décefhbre f873.
"La commission des Trente est enfin
constituée. Le scrutin, d'hier a eu pour
résultat la nomination de MM. Vacherot
et de Cézanne.
Après le scrutin est venue l'interpella-
tien de M. Lamy sur le maintien de l'état
de siège dans 39 départements. Après une
réponse de M. le vice-président du conseil
et une réplique de M. Jules Ferry, l'ordre
du jour pur et simple, proposé par la
droite et accepté par le gouvernement, a
été voté par 407 voix contre 264. -
Quoique le Journal officiel ne les ait pas
encore enregistrées, les nouvelles nomina-
tions diplomatiques dont on s'entretenait
depuis deux jours semblent certaines. C'est
ainsi que le marquis de Noailles, ministre
de-France à Washington, va remplacer M.
Fournier auprès du roi Victor-Emmanuel;
que M. de Chaudordy est appelé à Berne,
au poste de M. Lanfrey; et enfin que M.
le duc de La Rochefoucauld-Bisaccia est
nommé amdassadeur à Londres. Ces choix,
d'après quelques feuilles officieuses, au-
raient été dictées par le désir de dissiper
les défiances de la droite et de réconcilier
le parti légitimiste avec le ministère. On
espère surtout que l'ambassade de M. le
duc de La Rochefoucauld-Bisaccia produi-
ra des effets d'apaisement presque merveil-
leuxs qui s'étendraient jusqu'à la droite
extrême.
Nous le verrons bien ; mais en atten-
dant, nous constatons toujours, avec plus
de chagrin et d'humiliation que de sur-
prise, que le cabinet ne recule point à sa-
crifier notre politique étrangère pour se
reconstituer une majorité factice à Ver-
sailles. Où en sommes-nous aujourd'hui,
où en serons-nous demain avec les puis-
sances? Question plus urgente que jamais;
aussi savons-nous gré à l'honorable M.
Pelletan d'avoir-demandé, dans la séance
d'avant-hier, la production de ce Livrejaunt,
que nous réclamions l'autre jour. M. le
vice-président du conseil a répondu qu'on
l'imprimait ; il sera distribué sans doute
pour la discussion du budget, qui est très-
prochaine. Les députés de tous les partis
feront bien, d'ici-là, de consacrer quel-
ques jours de réflexion à l'état de nos af-
faires extérieures. Tout occupés que
nous sommes, depuis quelques mois, de
querelles et d'intrigues parlementaires,
de fusion faite et défaite, de mille com-
bats à soutenir chez nous pour la Répu-
blique et la liberté, nous jetons à peine
un regard distrait au dehors. Il y faut
pourtant prendre garde; il faut observer
(la prudence et le patriotisme l'exigent)
si les nuages qui s'amassent ne devien-
nent pas menaçants.
Nous avons pu mentionner dès hier les
quelques lignes du message du président
Grant au congrès des Etats-Unis qui tou-
chaient spécialement l'affaire du Virginius.
On félicitera le gouvernement des Etats-
Unis de n'avoir pas cédé aux entraînements
de l'opinion américaine. Toate l'Europe
d'ailleurs y était contraire, et l'Angleterre,
en particulier, est intervenue avec une
modération et une fermeté qui lui font hon-
neur; c'est par une semblable politique
que l'Angleterre pourra reconquérir une
influence diminuée ou compromise trop
souvent par sa propre faute. L'Angleterre
a beaucoup perdu à se trop détacher des
affaires de ce monde. Quoi qu'il en soit,
le conflit qu'avait soulevé la capture du
Virginius parait définitivement apaisé. Le
message du président Grant contient même,
à l'adresse de la République espagnole,
quelques paroles de sympathie et force
bons conseils ; pour les bons conseils, il
faudrait savoir s'il est maintenant aisé de
les suivre. Nous donnerons, aux Nouvelles
d'Espagne, une.analyse de toute cette partie
du message. Le reste n'a trait qu'aux af-
faires particulières des Etats-Unis et n'offre
qu'un intérêt secondaire.
Voici une nouvelle qui, sans doute, va
faire jeter les hauts cris à notre presse ul-
tramontaine. Parmi les projets de loi que
le garde des sceaux vient de présenter à la
Chambre italienne, il s'en trouve un qui
rend obligatoire la célébration du mariage
civil avant le mariage religieux. — Tyran-
nie ! sacrilège ! les catholiques italiens,
comme le pape-roi, sont dans les fers !.
— Eh 1 oui, leur condition est bien misé-
rable sans doute, puisqu'ils seront ré-
duits à suivre pour le mariage les mêmes
règles que l'on observe en France. Et dire
que les Français se sont habitués à porter
leur chaîne au point de ne plus la sentir 1
Nous sommes martyrs aussi, nous autres,
mais des martyrs sans le savoir.
EUG. LIÉBERT.
7 ——-
COMMISSION DU BUDGET
Présidence de M. Léonce de Lavergne.
Séance du 4 décembre 1875.
M. le ministre des financds, qui assiste
à la séance, a pris la parole. M. le prési-
dent donne lecture d'une lettre de M. le
ministre de la guerre qui annonce à la
commission qu'il ne lui démande d'inscrire
au budget qu'une somme de 8 millions
pour permettre l'appel de la deuxième par-
tie du contingent, parce qu'il peut réaliser
une économie en n'appelant la première
partie qu'au 1er avril au lieu du 1er janvier.
M. le ministre des finances dit qu'il
accepte ces 8 millions d'augmentation,
mais à la condition expresse que l'Assem-
blée votera 149 millions d'impôts nou-
veaux. Le budget primitivement présenté
se soldait avec un excédant de 15 millions.
Avec les 8 millions demandés pour l'ap-
pel de la deuxième partie du contingent et
une moins-value de 7 millions sur les ver-
sements des engagés volontaires, le budget
de 1874 ne se solde que par un excédant
de 8 à 900,000 francs. Si l'Assemblée ne
lui accordait pas 149 millions de ressour-
ces nouvelles, le ministre des - finances
n'hésiterait pas à repousser la dépense de-
mandée par son collègue de la guerre.
M. Langlois lui ayant demandé si, dans
le cas où la commission repousserait quel-
ques unes des nouvelles taxes par lui ré-
clamées, il n'aurait pas d'autres taxes à
proposer, M. le ministre a répondu qu'il
ne savait plus - rien en dehors de ces derniè-
res propositions.
Les impôts qu'il réclame aujourd'hui se
recommandent par ce double caractère :
la certitude du produit, la,facilité de la
perception.
On ne pourrait en dire autant de cer-
tains impôts proposés par le conseil su-
périeur du commerce, notamment de l'im-
pôt sur les tissus, porté à 100 millions
puis à 60 millions, dans le rapport de M.
Chesnelong, et que les études faites au
ministère n'évaluaient qu'à 35 millions,
qui Re pourraient être perçus en totalité
qu'en 1876, même plus tard, et cela au
moyen d'un exercice presque universel.
Bien qu'il ait appris que certains des
impôts présentés par lui ont soulevé des
objections dans la commission du budget,
le ministre n'en connaît pas de meilleurs
et il s'en tient à ses propositions.
Répondant à une question qui lui est
posée par M. Wilson, M. le ministre re-
connaît que sur les 1,530 rhlilions prêtés
par la Banque, il y a une somme 4e 43
millions qui n'a pas encore été touchée
par le Trésor et dont le ministre est déci-
dé à ne jamais faire emploi, à moins de
nécessité absolue.
Il se refuse donc à attribuer cette somme
disponible à titre de ressource extraordi-
naire au budget de 1874, ainsi que la de-
mande en a été faite à la commission.
Au sujet de la proposition de M. Léon
Say, M. le ministre déclare qu'il ne con-
sent pas à réduire l'amortissement de 50
millions et à régler le budget avec un
emprunt de pareille somme en obligations
à long terme.
Après le départ au ministre, la commis-,
sion vote l'augmentation de 8 millions au
budget de la guerre.
La commission vote les impôts sui-
vants :
Un demi-décime sur les droits
d'enregistrement, de douane et
de contributions indirectes, déjà
soumis au décime. 35.494.000
Augmentation du droit fixe sur les
actes extra-judiciaires 5.000.000
Un demi-décime sur le droit prin-
cipal des sucres de toute prove-
nance , , , 6.928.000
Un décime sur les sels de toute
provenance 32.250.000
Droit sur les savons (5 fr. les 100
kilog.) 9.250.000
Augmentation du droit d'expédi-
tion des boissons., 1.873.000
Droit d'entrée sur les boissons. 10.238.000
Droit sur la stéarine. 8.000.000
Transformation des bureaux de
distribution en bureaux de poste 1.100.000
Total 110.133.000
La commission repousse le droit sur les
sels de soude : Fr. 12,200,000, et remet
au lendemain la discussion des autres im-
pôts.
—————————— ————— : >
La majorité de nos représentants vient
dè décider que la France, ou du moins
39 départements sur 86, n'étaient point
dignes de rentrer sous le régime de
droit commun, et demeureraient, jusqu'à
nouvel ordre, sous le régime du sabre,
nous voulons dire l'état de siège. Le
jeune et intelligent député du Jura, M.
Lamy, avait déjà demandé à interpeller
le ministère du 24 mai sur le maintien
de l'état de siège ; c'était avant les va-
cances, et on l'avait ajourné au mois de
novembre; Le ministère du 27 novem-
bre a saisi l'occasion qui lui était offerte
d'affimer publiquement sa politique, et
si. M. Lamy n'a reeuéilli que la défaite
pour prix de ses vaillants efforts, le pays
ne lui en doit pas moins de reconnais-
sance, à lui et à son vigoureux parte-
naire, M. Jules Ferry, pour avoir, mis à
nu les hommes et les procédés du gou-
vernement de combat.
Toute la séance d'hier se résume dans
le mot si douloureusement vrai dont M.
Jules Ferry a flagellé ses adversaires :
« VOus calomniez le pays, a-t-il dit. »
Et ce mot restera, car à lui seul il dé-
nonce toute la politique dont nous avons
suivi les progrès depuis deux ans et
constaté les résultats depuis six mois. La
calomnie, telle est l'arme dont se sont
servis, dont continuent à se servir les
ennemis de la République, avec une per-
sistance, avec une sérénité d'âme que
l'histoire, délivrée des appréhensions de
l'état de siège, appréciera plus sévère-
ment que nous ne pouvons le faire.
La ealomnie contre son pays est de-
venue un moyen de gouvernement.. On
rêve des restaurations impossibles, on
veut imposer à tout un peuple un ré-
gime qu'il exècre, et pour donner un
semblant de raison aux projets de quel-
ques ambitieux soutenus de quelques
rêveurs de bonne foi, on ne craint pas
de venir à la barre de l'opinion pu-
blique témoigner devant Dieu et de-
vant les hommes que la majorité des
Français est coupable de tous les crimes;
qu'elle est un ramas de repris de justice
constituant un péril permanent pour la
société, et qu'enfin on ne répond do
rien s'il n'est point permis aux hommes
qui gouvernent d'emprisonner tout ou'
portion de leur pays dans la camisole
de force qui s'appelle légalement l'état
de siège.
En conscience, nous n'exagérons rien ;
qu'on relise tous les discours prononcés
depuis le 24 mai par M. le duc de Bro-
glie, et l'on verra que jamais cet homme
de bien n'est monté à la tribune que pour
refaire à sa façon les portraits que font
de la nation française les historiens al-
lemands. Depuis la guerre, on le sait,
quiconque tient une plume en Allemagne
croirait manquer au plus sacré de ses de-
voirs s'il ne déversait point l'injure sur
la nation vaincue. Nous sommes des
fous, des ignorants, des envieux, des cor-
rompus, des exaltés, des révolutionnaires;
la France a fait son temps, désormais
l'Europe n'a plus à compter avec elle; il
faut la mettre au ban des nations. Ainsi
parlent de nous les Allemands, et nous
haussons.les épaules. Mais quand c'est
un Français qui nous traité de la sorte,
en vérité c'est trop d'humiliation, et
nous demandons grâce.
Mais que faut-il donc enfin que nous
fassions pour obtenir l'indulgence de nos
juges, pour toucher le cœur de ce pa-
rangon de vertu publique et privée qui
occupe-le siège du ministère public et
requiert contre nous avec tant de vio-
lence? Quelles preuves de sagesse, de
calme, de résignation la France devra-
t-elle donner à M. le duc de Broglie
pour qu'il consente enfin à ne plus lui
administrer les étrivières? On s'est beau-
coup égayé, dans la droite, quand M.
Jules Ferry a rappelé que depuis deux
ans l'ordre n'avait été troublé sur aucun
point du territoire, quand il a dit qu'une
révolution parlementaire, condamnée
par la grande majorité du pays, avait pu
être faite sans que nulle part se produi-
sît la plus petite agitation.
En est-il un seul, parmi ceux qui ont
ri de ces déclarations, qui eût osé venir
à la tribune expliquer franchement la rai-
son de sa belle humeur? Quand le pays
est tranquille, quand il souffre tout,
quand il se résigne à tout ce que la loi
lui impose, cela semble du dernier co-
mique; quand il est sage, on le raille :
est-ce que par hasard on aimerait mieux
qu'il ne le fût pas ?
Les statistiques judiciaires révèlent
chaque année un certain nombre de faits
dont les honnêtes gens s'émeuvent à
juste titre. Tantôt c'est une séquestra-
tion, tantôt e'est une interdiction obtenue
par les intéressés sur un parent à héri-
tage qu'à force de ruse ils ont réussi à
faire passer pour fou. Nous assistons à
quelque chose de semblable.
La France est maîtresse de ses des-
tinées; cela n'est point du goût de tout
le monde, et l'on travaille à démontrer
qu'elle est folle pour obtenir l'autorisa-
tion de l'interdire ; on l'excite dans l'es-
pérance d'avoir à la calmer, on la calom-
nie pour se donner le droit de l'asservir.
Depuis dix-huit ans ces procédés nous
sont connus; après s'être fait protéger
par l'empire, on le copie, ce qui donne
le droit de dire, comme nous l'avons en-
tend u de la bouche d'un officier à
la sortie de la séance : C'est l'Empire,
moins le talent! Saluez, monsieur le duo
de Broglie !
E. SCHNERB.
— * ————————
a
La commission relative à la surveillance
de la haute police s'est réunie hier à midi.
Le projet de la commission a été main-
tenu et viendra aujourd'hui .à l'ordre du
jour, en troisième lecture.
La commission des maires s'est réunie
hier à midi. Elle a entendu les députés
qui n'avaient pas pu dans la séance d'hier
exposer l'opinion de leurs bureaux.
M. Pascal Duprat a demandé fHlsuite à
poser au gouvernement les trois questions
suivantes :
1° Combien y a-t-il eu de suspensions
ou de révocations de maires, sous l'empire
de la loi actuelle ?
2° Quelles ont été les causes de ces sus-
pensijns ou révocations?
3° Combien, parmi les maires révoqués
ou suspendus, ont été nommés par le pou-
voir central et combien par les conseils
municipaux ?
Ces questions ont été transmises à M.
le ministre de l'intérieur; on pense qu'il
répondra aujourd'hui. La commission, dans
tous les cas, commencera l'étude des amen-
dements : MM. Fournier et Raudot doi-
vent être entendus.
La commission do décentralisation s'est
réunie hier. Elle devait décider si, après le
vote de la loi déposée par M. de Broglie,
elle ne détacherait pas de la M générale
le titre relatif à l'éJectorat pour que l'As-
semblée statuât immédiatement.
La commission a décidé qu'elle faisait
une loi complète et qu'en conséqnence elle
ne présenterait séparément aucune partie
de son travail.
Trois bureaux de la formation de dé-
cembre 1871 étaient convoqués hier pour
nommer trois commissairés chargés d'exa-
miner le projet de loi sur la liberté de
l'enseigoement, supérieur en remplacement
de MM. Saint-Marc Girardin et de Guiraud
décédés, et de M, Desjardins, nommé
sous-secrétaire d'Etat.
M. Saint-Marc-Girardin a été remplacé
par M. Gatien-Arnould, M. de Guiraud
par M. Buisson (Aude), et M. Desjardins
par M. Beaussire.
La gauche a donc maintenant neuf com-
missaires sur quinze dans cette commis-
sion. Avant une nouvelle délibération en
séance publique, la commission va pouvoir
de nouveau étudier le projet. Il est pro-
bable qu'on choisira un autre rapporteur.
M. Batbie est désigné par là droite pour
la présidence de la commission des Trente.
————— - ——— ;—;
A l'issue de la séance d'avant-hier, les
bureaux des droites se sont réunis pour
chercher un remède à la situation créée par
l'abstention des gauches.
La séance s'est tenue dans le 11e bureau
de l'Assemblée, sous la présidence de M.
d'Audiffret-Pasquier, qui a ouvert la séance
par un discours où il a exprimé le regret
de ce qui s'était passé. Néanmoins l'hono-
rable président considère qu'il faut accep-
ter la situation telle qu'elle est, et que,
étant donnée la mauvaise volonté de la gau-
che, il faut l'intéresser à la lutte en pre-
nant dans son seia les deux commissaires
qui restent à élire.
Les membres de la droite présents ont
demandé à consulter leurs collègues. Une
réunion a eu lieu chez M. de Sugny, et
l'on a décidé que le centre droit feiait
des démarches auprès de M. Léon Say.
M. Léon Say apprit en effet hier ma-
tin que les droitiers voulaient le porter,
lui et M. Ducarre. M. Ducarre refusa net-
tement. Quant à M. Léon Say, il deman-
da à discuter. Les délégués delà droite lui
dirent que M. de la Rochefoucauld étant
nommé ambassadeur, il donnerait sa dé-
mission de membre de la commission des
trente et qu'ils s'engageaient à présenter un
membre de la gauche.
Le président du centre gauche répondit
que les concessions n'étaient pas suffisau-
tes et que ses amis et lui ne consentiraient
à voter que dans le cas où quatre des mem-
bres de la droite actuellement nommés
donneraient leur démission et qu'ils se-
raient remplacés par quatre partisans de la
République.
La droite ayant refusé, M. Léon* Say
déclara que les tentatives de conciliation
ne pourraient pas aboutir. La candidature
fut offerte à M. Bérenger, qui, avec beau-
coup de dignité, refusa en disant ne rien
vouloir accepter après l'injure faite par la
majorité au parti républicain.
C'est alors qu'on eut recours à MM. Cé-
zanne et Vacherot, qui acceptèrent. L'atti
tude de M. Cézanne n'a rien d'étonnant ;
il touche aux confias du centre droit, et s'il
va aux réunions du centre gauche , il ne
fait pas partie do ce groupe; mais M. Va-
cherot, membre du centre gauche et même
de la gauche républicaine, a consenti à se
laisser porter malgré les instances de ses
amis. Ils l'ont prié de monter à la tribune
et de déclarer qu'il ne se - présentait pas.
Tous les efforts furent inutiles et M. Va-
cherot s'attira ce mot d'un de ses collè-
gues :
— Vous manquez à votre dignité et à
la nôtre.
Il est à remarquer, du reste, que toutes
les fractions du parti républicain ont voté
-avec des bulletins blancs et que MM. Va-
cherot et Cézanne ont été nommés par les
voix de la droite, et d'elle seule.
: « ;
COURRIER - PARLEMENTAIRE
j •
Versailles, 4 décembre 1813.
La fin justifie les moyens, dit un vieux
proverbe qui ne se pique pas de préjugés.
Aujourd'hui le Cabinet, dans l'interpella-
tion relative à l'état de siège, a fait preu-
ve d'un manque, absolu de moyens, et ce-
pendant le résultat final lui sert ample-
ment dejustiftcation.
Du reste, ce dénouement est loin de nous
étonner, nous l'avions toujours prédit : il
nous semblait que ce n'était pas l'heure de
produire, dans l'Assemblée, un dégage-
ment de calorique capable de ressouder ces
deux morceaux de la droite qui s'étaient
séparés devant l'urne en zinc ; l'interpella-
tion devait avoir fatalement ce résultat. Et
maintenant que nous avons constaté fans
détour la facile victoire de M. de Broglie,
il nous sera permis de dire tout ce qu'il
n'a pas fait pour la remporter.
M. Lamy, qui porte le premier la pa-
role, est un député du Jura, jeune, un
des plus jeunes de la Chambre, républicain
ferme et modéré de l'école Grévy. Calme,
posé, travailleur, M. Lamy, dont il est
fait grand cas dans les réunions de la gau-
che" semblait comme redouter le reproche
de présomption dont tant d'autres jeunes
députés n'ont cure et, évitant soigneuse-
ment de se mettre en évidence à la Cham-
bre, laissait aux anciens du parti l'honneur
de traiter les grandes questions. C'était
donc une sorte de début que vous écou-
tions aujourd'hui.
Il a été excellent. L'attaque est dirigée,
non contre le Cabinet, mais plutôt contre le
chef de l'ancien Cabinet, contre cette épave
qui eurnage toujours. a Le nouveau minis-
tère s'associe-t il aux erremerfts de l'an-
cien et ewtend-il les continuer? Et puisque
l'état de siège semble destiné à devenir la
règle normale, que le gouvernement éta-
blisse au moins une sorte de jurisprudence
pour l'exception. » Tel est le thème déve-
loppé par l'oratéur, qui jette les exemples
et les citations à profusion.
1.1 y a, à l'heure actuelle, un certain
nombre de départements en état de siège
régulier, — si l'on peut se servir d'un tel
adjectif en pareil cas, - plus trois autres
que le gouvernement a cru devoir mettre
en état de siège en vertu de décrets qui
n'existent que dans les cartons du minis-
tère.
Orateur froid, calme, doué d'une élocu-
tion facile,, possédant bien son sujet et se
possédant bien lui-même, M. Lamy avance
sans trop do difficultés. Ses coups de fouet
ont une allure trop parlementaire pour
soulever de violentes récriminations. Il dit
en parlant de M. Batbie: a Nous avons pu
voir qu'un jurisconsulte ministre n'est pas
toujours un ministre jurisconsulte. » Et, à
l'adresse de M. Bsulé : « Il aurait mieux
valu pour le Cabinet qu'il gouvernât avec
des circulaires moins publiques et des
états de siège moins secrets. » Le coup de
lanière ne doit pas être désagréable à bien
des monarchistes.
On voit du reste à l'attitude calme et
quelque peu nonchalante de la droite qu'elle
est décidée à ne pas prendre la mouche,
mais à tirer simplement son bulletin, que
chaque droitier a tout prêt d'avance dans
la poche.
Cependant, elle sort de son "calme lors-
qu'elle entend l'orateur démontrer que l'é-
tat de siège maintenu en temps de paix a
été décrété pour les besoins de la guerre
et que le cabinet ne jouit que d'un héri-
tage de l'occupation étrangère. Et elle dé-
borde lorsque M. Lamy, établissant un
parallèle entre le gouvernement de M.
Thiers et le gouvernement actuel, loue la
patience du pays, qui supporte, avec une
résignation admirable, un régime qui n'est
certes pas celui de ses préférences.
M. Buffet lui-même s'en mêle et n'admet
pas que le pays ait d'autre opinion que celle
de l'Assemblée, ou du moins qull le soit
dit à la tribune: C'est une bourrasque,
mais elle est courte. M. Lamy a bien posé
la question à un double point de vue,
question de légalité. et question de politi-
que; quand les applaudissements du côté
gauche auront cessé,nous connaîtrons donc
enfin la ligne de conduite du gouverne-
ment.
Ordre social, péril social, intérêts so-
ciaux, dangers sociaux. Mais nous le con-
naissons, ce difcours-là ! M. de Broglie
nous l'a déjà fait il y a quelque huit j ourà!
Et M. Beulé aussi nous a donné les
mêmes arguments : le gouvernement de
M. Thiers s'est servi de l'état de siège,
nous nous en servons. Et les arguments ne
se bonifient pas pour être décantés de M.
Beulé en M. de Broglie.
M. le vice-président du conseil s'adonne
aujourd'hui au genre vigoureux; il a un
mouvement du bras droit qui lance la
phrase en Irlande (comme on disait jadis
au jeu -- de balle du collège ) ; c'est pulvéri-
sant.
Mais il a le tort de vouloir forcer son
talent et sa voix, car chacun sait ce qu'il
arrive en pareil cas, on manque de grâce :
l'organe d'or linaire si sympathique de M.
le duc, cette musique qui berce-les con-
sciences, fait aujourd'hui l'effet d'un cor
de chasse dans lequel souffle un novice.
Il donne lecture d'articles de journaux
supprimés, mais il ne dit pas pourquoi il
ne les a point déférés aux tribunaux. Il
condescetid enfin à déclarer « qu'il y a
quelque chose d'anormal dans ce fait
qu'une partie du pays soit en état de
siège quand l'autre n'y est pas », mais
c'est pour demander subrepticement des
lois qui lui permettent de mettre la France
entière dans un quasi-éiat de siège. C'est
de la justice distributive : pas de jaloux !
Mais si M. le dsc croit avoir inventé le
procédé, il se trompe ; les Prussiens le pra-
tiquaient déjà en 1870 : quelqu'un se plai-
gnait il d'avoir été imposé de mille francs
quand son" voisin n'avait été frappé que
d'une contribution de cinq cents francs,
l'autorité prussienne faisait verser cinq
cents nouveaux francs au voisin, et ainsi
1 é juité triomphait.
A gauche, on rit, on àpplaudit, on fête
le libéralisme de M. de Broglie, qui s'affir-
me de plus en plus grand. « Laissez-le
donc aller ! » crie M. Gambetta avec son
accent méridional.
En effet, ces choses là perdraient à ne
pas arriver, int&ctes, complètes, à la re-
connaissanca du pays.
Eh bieu ! et la réponse ?
M. Jules Ferry la demande. Il constate
que M. de Broglie, tout en révélant suffi-
samment sa doctrine politique, n'a pas
laissé entrevoir son opinion sur la légalité
de l'état de siège. Et il pose la question à
nouveau.
Mais M. J. Ferry est un membre du gou-
vernement de la Défense nationale ; c'est
la première fois qu'il prend la parole dans
cette Assemblée, les cris de la droite ne
lui laissent pas une minute de repos.
Tarte à la crème 1 tarte à la crème 1
4 septembre! 4 septembre 1
Chaque argument, chaque parole de M.
J. Ferry est accueillie par ce refrain. Seu-
lement la droite a affaire à forte partie.
« Dictature 1 » prononce l'orateur.
— 4 septembre ! 4 septembre I coasse la
droite.
— Permettez, riposte M. Ferry, vous
manquez de logique : ce que vous repro-
chez au gouvernement de la Défense na-
tionale, n'est ce pas d'avoir manqué de
vigueur?
Mais le refrain n'en revient pas moins
à chaque seconde. M. J. Ferry en est vi-
siblement agacé, il s'arrête et dit : « Ter-
minons une bonne fois cette affaire : je
comprends à ce sujet les récriminations
d'un parti qui siège dans cette assemblée;
mais j'avoue ne pas les comprendre de la
part de ceux qui ont préparé avec nous le
4 septembre, qui nous y ont aidés, qui.
Enfin, on le leur a donc dit ! Pendant
vingt ans, ils ont travaillé à la chute de
1 Empire côte à côte avec les républicains ;
pour la plupart, ils n'avaient de titre à la
candidature que leur opposition bien con-
nue ; sans parler des nombreux Target ou
Savary, qui écrivaient à côté des Ferry
ou des Spuller, on a vu des gardes natio-
naux prendre la figure du ministre De-
cazes ou de l'orléaniste Lambert Sainte
Croix pour envahir le Corps législatif,
et maintenant les voilà qui poussent des
proh pudor à tout bout de champ !
Mais alors, comme on leur a déjà dit ici,
puisqu'ils sont la majorité, pourquoi ne
rendent ils pas à iempire ce qu'on lui a
volé et ce qu'ils recèlent ? Qu'ils soient
logiques une fois dans leur vie !
Nous regrettons que M. J. Ferry n'ait
pas pousse jusqu'au bout la. démonstra-
tion ; il était en veine, plein de souffle, et
ne semblait pas vouloir ménager les égra-
tignure, Témoin le portrait de M. de Bro-
glie, appartenant à « cette catégorie d'hom-
mes d'Etat qui passent quinze ans dans
l'opposition et qui, une fois au pouvoir,
ne connaissent plus rien, de leurs Mciea-
nes doctrines. »
Vous devinez si la conversation, montés
à ee diapason, était animée. « Qaand vous
faites le tableau que vous venez de faire du
pays, vous, ministre, vous calomniez la Fran-
ce aux yeux de l'étranger. Ce que vous ap-
pelez défense sociale, c'est de la défense
politique; votre loi sur les maires, c'est de
la défense électorale. » Et les interrup-
tions, les applaudissements, de se croiser,
de se heurter, et les rappels à l'ordre de
pleuvoir : M. de Gavardie a des fureurs
qui sévissent par accès et le font bondir,
crier, se rasseoir, rebondir, recrier : c'est
de l'épilepsie parlementaire.
Enfin M. J. Ferry, dont le discours est
haché, mais plein de 'vie, arrive au fait
particulier de sa catilinaire : le départe-
ment des Vosges, dont il est représentant,
a été mis en état de siéee. — et nasDar M.
Thiers ; — il n'a paru aucune notification à
, l'Officiel, pas un exemplaire du décret
n'existe aux archives de la préfecture.
Sûrement M. de Broglie va enfin répon-
dre. Directement il a été mis en. demeure
de parler, directement il a été attaqué par
l'orateur qui, à propos du système de
réponse employé, s'est écrié : « Cela a été M
fait déjà, monsieur le vice-président du con-
seil, et fait par de plus éloquents qae
vous! » On attend.
C'est M. Malartre qui paraît. M. Malar-
tre, un enfant perdu, qui d'ordinaire se
tient coi à sa place au fond de la salle et
qui traite les questions politiques à la façon
du Tintamarre. Exemple : « Quand vous
entrez dans une ville en état de siège,
cela vous gêae-t-il? »M. de Brogliedéfen-
du par M. Malartre! Pour tant d'orgueil,
c'est beaucoup d'humilité.
Car le gouvernement ne bouge pas. Nous
voyons bien, au banc des ministres, que
M. Depeyre a bonne envie de présenter
une défense quelconque, quelque chose
enfiu, de façon à sauver au moins
les apparences ; mais M. Amédée Lefèvre-
Pontalis vient lui intimer l'ordre de triom-
pher sans gloire et M. de Cumont ap-
prouve.
M. Lockroy est à la tribune. Il cède la
place à M. Decazes. Ua ministre. Enfin!
M. Decazes assure qu'étant membre d'une
commission, il a demandé autrefois un
tableau des départements en état de siège
et que les Vosges figuraient sur ce ta-
bleau.
Parbleu ! c'était pendant l'occupation
prussienne !
Et M. Buffet, sentant la faiblesse de
l'argumentation, insinue que M. le duc
Decazes a parlé en son nom personnel.
C'est le bouquet. On demande un minis-
tre, en voilà un à la tribune : il parle com-
me duo, ou comme financier, ou comme
diplomate.
Franchement, nous sommes de l'avis de
la droite, c'est là-dessus qu'il faut clore
la discussion. C'est fait. Et 407 voix con-
tre 264 décernent à M. de Broglie un ordre
du jour pur et simple, —le prix d'encou-
ragement des petits pensionnats.
PAUL LAFARGUE.
P. S. — La commission des Trente tient
enfin ses trente membres. Les gauches,
comme nous le disions hier, ont déposé
273 bulletins blancs dans l'urne, et les
droites ont donné : à. M. Cézanne, 283
yoix ; à M. Vacherot, 271.
P. L.
-————————— +—; —
On lit dans VUnivers :
Depuis deux jours, et dans un intérêt qu'il est
facile de pénétrer, le Français et la Gazette de
France soutiennent que le programme du nou-
veau cabinet n'est autre que celui de M. Ernoul,
éloquemment développé par lui à» la tribune
dans la séance du 19 novembre.
Si cela est, le Français et la Gazette nous ex-
pliqueront-ils pourquoi M. Ernoul n'a pas été
chargé d'appliquer "un programme qu'il avait si
nettement exposé ?
C'est aussi ce que nous demandons de-
puis deux jours ; pas plus qu'à Y Univers
il ne nous a été répondu.
—» ————————
M. LE COMTE DE BEAUCHESNE
L'Académie française vient de faire
une grande perte.
Elle a perdu un candidat; M. le comte
de Beauchesne est mort.
M. le comte de Beauchesne était en-
core bien jeune pour être admis à l'hon-
neur de figurer dans l'aréopage des qua-
rante immortels. Il était né le 4 germi-
nal an VIII ; il n'avait donc que 73 ans,
la fleur de la vieillesse. Mais à défaut des
années qui lui manquaient encore, il
possédait des titres sérieux au choix de
l'illustre assemblée, et les jlistes espé-
rances qu'il avait fait concevoir se se-
raient sans doute réalisées avant la fin
du siècle, si une mort prématurée ne
l'eût, avant l'heure, enlevé à l'honneur
qu'on lui destinait.
L'Académie va se trouver dans un
grand embarras ; car les candidats de
cette persévérance et de ce mérite sont
fort rares. M. le comte de Beauchesne
faisait nombre depuis longtemps sur les
listes de candidats, et ce n'est que par
un inconvenable oubli de sa part que
l'Académie s'était vue, il y a dix-huit
mois, réduite à la douloureuse nécessité
d'élire; à l'unanimité moins une voix,
M. le comte de Viel-Castel, qui n'avait
point de concurrent.
Il faut croire que la voix récalcitrante
s'était portée, par une douce habitude,
sur M. le comte de Beauchosne. C'était
une gracieuse invitation qui lui était faite
à ne plus se dérober ainsi à l'agacerie
des refus qu'on lui prodiguait.
M. le comte de Beauchesne étaij un
légitimiste convaincu ; il avait été, en
1825, nommé chef de cabinet au dépar-
E ,-.
.- - , -- -"- -- -
..-. _- -. ---..,. -.-.
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JOURNÉE POLITIQUE
Paris, 5 décefhbre f873.
"La commission des Trente est enfin
constituée. Le scrutin, d'hier a eu pour
résultat la nomination de MM. Vacherot
et de Cézanne.
Après le scrutin est venue l'interpella-
tien de M. Lamy sur le maintien de l'état
de siège dans 39 départements. Après une
réponse de M. le vice-président du conseil
et une réplique de M. Jules Ferry, l'ordre
du jour pur et simple, proposé par la
droite et accepté par le gouvernement, a
été voté par 407 voix contre 264. -
Quoique le Journal officiel ne les ait pas
encore enregistrées, les nouvelles nomina-
tions diplomatiques dont on s'entretenait
depuis deux jours semblent certaines. C'est
ainsi que le marquis de Noailles, ministre
de-France à Washington, va remplacer M.
Fournier auprès du roi Victor-Emmanuel;
que M. de Chaudordy est appelé à Berne,
au poste de M. Lanfrey; et enfin que M.
le duc de La Rochefoucauld-Bisaccia est
nommé amdassadeur à Londres. Ces choix,
d'après quelques feuilles officieuses, au-
raient été dictées par le désir de dissiper
les défiances de la droite et de réconcilier
le parti légitimiste avec le ministère. On
espère surtout que l'ambassade de M. le
duc de La Rochefoucauld-Bisaccia produi-
ra des effets d'apaisement presque merveil-
leuxs qui s'étendraient jusqu'à la droite
extrême.
Nous le verrons bien ; mais en atten-
dant, nous constatons toujours, avec plus
de chagrin et d'humiliation que de sur-
prise, que le cabinet ne recule point à sa-
crifier notre politique étrangère pour se
reconstituer une majorité factice à Ver-
sailles. Où en sommes-nous aujourd'hui,
où en serons-nous demain avec les puis-
sances? Question plus urgente que jamais;
aussi savons-nous gré à l'honorable M.
Pelletan d'avoir-demandé, dans la séance
d'avant-hier, la production de ce Livrejaunt,
que nous réclamions l'autre jour. M. le
vice-président du conseil a répondu qu'on
l'imprimait ; il sera distribué sans doute
pour la discussion du budget, qui est très-
prochaine. Les députés de tous les partis
feront bien, d'ici-là, de consacrer quel-
ques jours de réflexion à l'état de nos af-
faires extérieures. Tout occupés que
nous sommes, depuis quelques mois, de
querelles et d'intrigues parlementaires,
de fusion faite et défaite, de mille com-
bats à soutenir chez nous pour la Répu-
blique et la liberté, nous jetons à peine
un regard distrait au dehors. Il y faut
pourtant prendre garde; il faut observer
(la prudence et le patriotisme l'exigent)
si les nuages qui s'amassent ne devien-
nent pas menaçants.
Nous avons pu mentionner dès hier les
quelques lignes du message du président
Grant au congrès des Etats-Unis qui tou-
chaient spécialement l'affaire du Virginius.
On félicitera le gouvernement des Etats-
Unis de n'avoir pas cédé aux entraînements
de l'opinion américaine. Toate l'Europe
d'ailleurs y était contraire, et l'Angleterre,
en particulier, est intervenue avec une
modération et une fermeté qui lui font hon-
neur; c'est par une semblable politique
que l'Angleterre pourra reconquérir une
influence diminuée ou compromise trop
souvent par sa propre faute. L'Angleterre
a beaucoup perdu à se trop détacher des
affaires de ce monde. Quoi qu'il en soit,
le conflit qu'avait soulevé la capture du
Virginius parait définitivement apaisé. Le
message du président Grant contient même,
à l'adresse de la République espagnole,
quelques paroles de sympathie et force
bons conseils ; pour les bons conseils, il
faudrait savoir s'il est maintenant aisé de
les suivre. Nous donnerons, aux Nouvelles
d'Espagne, une.analyse de toute cette partie
du message. Le reste n'a trait qu'aux af-
faires particulières des Etats-Unis et n'offre
qu'un intérêt secondaire.
Voici une nouvelle qui, sans doute, va
faire jeter les hauts cris à notre presse ul-
tramontaine. Parmi les projets de loi que
le garde des sceaux vient de présenter à la
Chambre italienne, il s'en trouve un qui
rend obligatoire la célébration du mariage
civil avant le mariage religieux. — Tyran-
nie ! sacrilège ! les catholiques italiens,
comme le pape-roi, sont dans les fers !.
— Eh 1 oui, leur condition est bien misé-
rable sans doute, puisqu'ils seront ré-
duits à suivre pour le mariage les mêmes
règles que l'on observe en France. Et dire
que les Français se sont habitués à porter
leur chaîne au point de ne plus la sentir 1
Nous sommes martyrs aussi, nous autres,
mais des martyrs sans le savoir.
EUG. LIÉBERT.
7 ——-
COMMISSION DU BUDGET
Présidence de M. Léonce de Lavergne.
Séance du 4 décembre 1875.
M. le ministre des financds, qui assiste
à la séance, a pris la parole. M. le prési-
dent donne lecture d'une lettre de M. le
ministre de la guerre qui annonce à la
commission qu'il ne lui démande d'inscrire
au budget qu'une somme de 8 millions
pour permettre l'appel de la deuxième par-
tie du contingent, parce qu'il peut réaliser
une économie en n'appelant la première
partie qu'au 1er avril au lieu du 1er janvier.
M. le ministre des finances dit qu'il
accepte ces 8 millions d'augmentation,
mais à la condition expresse que l'Assem-
blée votera 149 millions d'impôts nou-
veaux. Le budget primitivement présenté
se soldait avec un excédant de 15 millions.
Avec les 8 millions demandés pour l'ap-
pel de la deuxième partie du contingent et
une moins-value de 7 millions sur les ver-
sements des engagés volontaires, le budget
de 1874 ne se solde que par un excédant
de 8 à 900,000 francs. Si l'Assemblée ne
lui accordait pas 149 millions de ressour-
ces nouvelles, le ministre des - finances
n'hésiterait pas à repousser la dépense de-
mandée par son collègue de la guerre.
M. Langlois lui ayant demandé si, dans
le cas où la commission repousserait quel-
ques unes des nouvelles taxes par lui ré-
clamées, il n'aurait pas d'autres taxes à
proposer, M. le ministre a répondu qu'il
ne savait plus - rien en dehors de ces derniè-
res propositions.
Les impôts qu'il réclame aujourd'hui se
recommandent par ce double caractère :
la certitude du produit, la,facilité de la
perception.
On ne pourrait en dire autant de cer-
tains impôts proposés par le conseil su-
périeur du commerce, notamment de l'im-
pôt sur les tissus, porté à 100 millions
puis à 60 millions, dans le rapport de M.
Chesnelong, et que les études faites au
ministère n'évaluaient qu'à 35 millions,
qui Re pourraient être perçus en totalité
qu'en 1876, même plus tard, et cela au
moyen d'un exercice presque universel.
Bien qu'il ait appris que certains des
impôts présentés par lui ont soulevé des
objections dans la commission du budget,
le ministre n'en connaît pas de meilleurs
et il s'en tient à ses propositions.
Répondant à une question qui lui est
posée par M. Wilson, M. le ministre re-
connaît que sur les 1,530 rhlilions prêtés
par la Banque, il y a une somme 4e 43
millions qui n'a pas encore été touchée
par le Trésor et dont le ministre est déci-
dé à ne jamais faire emploi, à moins de
nécessité absolue.
Il se refuse donc à attribuer cette somme
disponible à titre de ressource extraordi-
naire au budget de 1874, ainsi que la de-
mande en a été faite à la commission.
Au sujet de la proposition de M. Léon
Say, M. le ministre déclare qu'il ne con-
sent pas à réduire l'amortissement de 50
millions et à régler le budget avec un
emprunt de pareille somme en obligations
à long terme.
Après le départ au ministre, la commis-,
sion vote l'augmentation de 8 millions au
budget de la guerre.
La commission vote les impôts sui-
vants :
Un demi-décime sur les droits
d'enregistrement, de douane et
de contributions indirectes, déjà
soumis au décime. 35.494.000
Augmentation du droit fixe sur les
actes extra-judiciaires 5.000.000
Un demi-décime sur le droit prin-
cipal des sucres de toute prove-
nance , , , 6.928.000
Un décime sur les sels de toute
provenance 32.250.000
Droit sur les savons (5 fr. les 100
kilog.) 9.250.000
Augmentation du droit d'expédi-
tion des boissons., 1.873.000
Droit d'entrée sur les boissons. 10.238.000
Droit sur la stéarine. 8.000.000
Transformation des bureaux de
distribution en bureaux de poste 1.100.000
Total 110.133.000
La commission repousse le droit sur les
sels de soude : Fr. 12,200,000, et remet
au lendemain la discussion des autres im-
pôts.
—————————— ————— : >
La majorité de nos représentants vient
dè décider que la France, ou du moins
39 départements sur 86, n'étaient point
dignes de rentrer sous le régime de
droit commun, et demeureraient, jusqu'à
nouvel ordre, sous le régime du sabre,
nous voulons dire l'état de siège. Le
jeune et intelligent député du Jura, M.
Lamy, avait déjà demandé à interpeller
le ministère du 24 mai sur le maintien
de l'état de siège ; c'était avant les va-
cances, et on l'avait ajourné au mois de
novembre; Le ministère du 27 novem-
bre a saisi l'occasion qui lui était offerte
d'affimer publiquement sa politique, et
si. M. Lamy n'a reeuéilli que la défaite
pour prix de ses vaillants efforts, le pays
ne lui en doit pas moins de reconnais-
sance, à lui et à son vigoureux parte-
naire, M. Jules Ferry, pour avoir, mis à
nu les hommes et les procédés du gou-
vernement de combat.
Toute la séance d'hier se résume dans
le mot si douloureusement vrai dont M.
Jules Ferry a flagellé ses adversaires :
« VOus calomniez le pays, a-t-il dit. »
Et ce mot restera, car à lui seul il dé-
nonce toute la politique dont nous avons
suivi les progrès depuis deux ans et
constaté les résultats depuis six mois. La
calomnie, telle est l'arme dont se sont
servis, dont continuent à se servir les
ennemis de la République, avec une per-
sistance, avec une sérénité d'âme que
l'histoire, délivrée des appréhensions de
l'état de siège, appréciera plus sévère-
ment que nous ne pouvons le faire.
La ealomnie contre son pays est de-
venue un moyen de gouvernement.. On
rêve des restaurations impossibles, on
veut imposer à tout un peuple un ré-
gime qu'il exècre, et pour donner un
semblant de raison aux projets de quel-
ques ambitieux soutenus de quelques
rêveurs de bonne foi, on ne craint pas
de venir à la barre de l'opinion pu-
blique témoigner devant Dieu et de-
vant les hommes que la majorité des
Français est coupable de tous les crimes;
qu'elle est un ramas de repris de justice
constituant un péril permanent pour la
société, et qu'enfin on ne répond do
rien s'il n'est point permis aux hommes
qui gouvernent d'emprisonner tout ou'
portion de leur pays dans la camisole
de force qui s'appelle légalement l'état
de siège.
En conscience, nous n'exagérons rien ;
qu'on relise tous les discours prononcés
depuis le 24 mai par M. le duc de Bro-
glie, et l'on verra que jamais cet homme
de bien n'est monté à la tribune que pour
refaire à sa façon les portraits que font
de la nation française les historiens al-
lemands. Depuis la guerre, on le sait,
quiconque tient une plume en Allemagne
croirait manquer au plus sacré de ses de-
voirs s'il ne déversait point l'injure sur
la nation vaincue. Nous sommes des
fous, des ignorants, des envieux, des cor-
rompus, des exaltés, des révolutionnaires;
la France a fait son temps, désormais
l'Europe n'a plus à compter avec elle; il
faut la mettre au ban des nations. Ainsi
parlent de nous les Allemands, et nous
haussons.les épaules. Mais quand c'est
un Français qui nous traité de la sorte,
en vérité c'est trop d'humiliation, et
nous demandons grâce.
Mais que faut-il donc enfin que nous
fassions pour obtenir l'indulgence de nos
juges, pour toucher le cœur de ce pa-
rangon de vertu publique et privée qui
occupe-le siège du ministère public et
requiert contre nous avec tant de vio-
lence? Quelles preuves de sagesse, de
calme, de résignation la France devra-
t-elle donner à M. le duc de Broglie
pour qu'il consente enfin à ne plus lui
administrer les étrivières? On s'est beau-
coup égayé, dans la droite, quand M.
Jules Ferry a rappelé que depuis deux
ans l'ordre n'avait été troublé sur aucun
point du territoire, quand il a dit qu'une
révolution parlementaire, condamnée
par la grande majorité du pays, avait pu
être faite sans que nulle part se produi-
sît la plus petite agitation.
En est-il un seul, parmi ceux qui ont
ri de ces déclarations, qui eût osé venir
à la tribune expliquer franchement la rai-
son de sa belle humeur? Quand le pays
est tranquille, quand il souffre tout,
quand il se résigne à tout ce que la loi
lui impose, cela semble du dernier co-
mique; quand il est sage, on le raille :
est-ce que par hasard on aimerait mieux
qu'il ne le fût pas ?
Les statistiques judiciaires révèlent
chaque année un certain nombre de faits
dont les honnêtes gens s'émeuvent à
juste titre. Tantôt c'est une séquestra-
tion, tantôt e'est une interdiction obtenue
par les intéressés sur un parent à héri-
tage qu'à force de ruse ils ont réussi à
faire passer pour fou. Nous assistons à
quelque chose de semblable.
La France est maîtresse de ses des-
tinées; cela n'est point du goût de tout
le monde, et l'on travaille à démontrer
qu'elle est folle pour obtenir l'autorisa-
tion de l'interdire ; on l'excite dans l'es-
pérance d'avoir à la calmer, on la calom-
nie pour se donner le droit de l'asservir.
Depuis dix-huit ans ces procédés nous
sont connus; après s'être fait protéger
par l'empire, on le copie, ce qui donne
le droit de dire, comme nous l'avons en-
tend u de la bouche d'un officier à
la sortie de la séance : C'est l'Empire,
moins le talent! Saluez, monsieur le duo
de Broglie !
E. SCHNERB.
— * ————————
a
La commission relative à la surveillance
de la haute police s'est réunie hier à midi.
Le projet de la commission a été main-
tenu et viendra aujourd'hui .à l'ordre du
jour, en troisième lecture.
La commission des maires s'est réunie
hier à midi. Elle a entendu les députés
qui n'avaient pas pu dans la séance d'hier
exposer l'opinion de leurs bureaux.
M. Pascal Duprat a demandé fHlsuite à
poser au gouvernement les trois questions
suivantes :
1° Combien y a-t-il eu de suspensions
ou de révocations de maires, sous l'empire
de la loi actuelle ?
2° Quelles ont été les causes de ces sus-
pensijns ou révocations?
3° Combien, parmi les maires révoqués
ou suspendus, ont été nommés par le pou-
voir central et combien par les conseils
municipaux ?
Ces questions ont été transmises à M.
le ministre de l'intérieur; on pense qu'il
répondra aujourd'hui. La commission, dans
tous les cas, commencera l'étude des amen-
dements : MM. Fournier et Raudot doi-
vent être entendus.
La commission do décentralisation s'est
réunie hier. Elle devait décider si, après le
vote de la loi déposée par M. de Broglie,
elle ne détacherait pas de la M générale
le titre relatif à l'éJectorat pour que l'As-
semblée statuât immédiatement.
La commission a décidé qu'elle faisait
une loi complète et qu'en conséqnence elle
ne présenterait séparément aucune partie
de son travail.
Trois bureaux de la formation de dé-
cembre 1871 étaient convoqués hier pour
nommer trois commissairés chargés d'exa-
miner le projet de loi sur la liberté de
l'enseigoement, supérieur en remplacement
de MM. Saint-Marc Girardin et de Guiraud
décédés, et de M, Desjardins, nommé
sous-secrétaire d'Etat.
M. Saint-Marc-Girardin a été remplacé
par M. Gatien-Arnould, M. de Guiraud
par M. Buisson (Aude), et M. Desjardins
par M. Beaussire.
La gauche a donc maintenant neuf com-
missaires sur quinze dans cette commis-
sion. Avant une nouvelle délibération en
séance publique, la commission va pouvoir
de nouveau étudier le projet. Il est pro-
bable qu'on choisira un autre rapporteur.
M. Batbie est désigné par là droite pour
la présidence de la commission des Trente.
————— - ——— ;—;
A l'issue de la séance d'avant-hier, les
bureaux des droites se sont réunis pour
chercher un remède à la situation créée par
l'abstention des gauches.
La séance s'est tenue dans le 11e bureau
de l'Assemblée, sous la présidence de M.
d'Audiffret-Pasquier, qui a ouvert la séance
par un discours où il a exprimé le regret
de ce qui s'était passé. Néanmoins l'hono-
rable président considère qu'il faut accep-
ter la situation telle qu'elle est, et que,
étant donnée la mauvaise volonté de la gau-
che, il faut l'intéresser à la lutte en pre-
nant dans son seia les deux commissaires
qui restent à élire.
Les membres de la droite présents ont
demandé à consulter leurs collègues. Une
réunion a eu lieu chez M. de Sugny, et
l'on a décidé que le centre droit feiait
des démarches auprès de M. Léon Say.
M. Léon Say apprit en effet hier ma-
tin que les droitiers voulaient le porter,
lui et M. Ducarre. M. Ducarre refusa net-
tement. Quant à M. Léon Say, il deman-
da à discuter. Les délégués delà droite lui
dirent que M. de la Rochefoucauld étant
nommé ambassadeur, il donnerait sa dé-
mission de membre de la commission des
trente et qu'ils s'engageaient à présenter un
membre de la gauche.
Le président du centre gauche répondit
que les concessions n'étaient pas suffisau-
tes et que ses amis et lui ne consentiraient
à voter que dans le cas où quatre des mem-
bres de la droite actuellement nommés
donneraient leur démission et qu'ils se-
raient remplacés par quatre partisans de la
République.
La droite ayant refusé, M. Léon* Say
déclara que les tentatives de conciliation
ne pourraient pas aboutir. La candidature
fut offerte à M. Bérenger, qui, avec beau-
coup de dignité, refusa en disant ne rien
vouloir accepter après l'injure faite par la
majorité au parti républicain.
C'est alors qu'on eut recours à MM. Cé-
zanne et Vacherot, qui acceptèrent. L'atti
tude de M. Cézanne n'a rien d'étonnant ;
il touche aux confias du centre droit, et s'il
va aux réunions du centre gauche , il ne
fait pas partie do ce groupe; mais M. Va-
cherot, membre du centre gauche et même
de la gauche républicaine, a consenti à se
laisser porter malgré les instances de ses
amis. Ils l'ont prié de monter à la tribune
et de déclarer qu'il ne se - présentait pas.
Tous les efforts furent inutiles et M. Va-
cherot s'attira ce mot d'un de ses collè-
gues :
— Vous manquez à votre dignité et à
la nôtre.
Il est à remarquer, du reste, que toutes
les fractions du parti républicain ont voté
-avec des bulletins blancs et que MM. Va-
cherot et Cézanne ont été nommés par les
voix de la droite, et d'elle seule.
: « ;
COURRIER - PARLEMENTAIRE
j •
Versailles, 4 décembre 1813.
La fin justifie les moyens, dit un vieux
proverbe qui ne se pique pas de préjugés.
Aujourd'hui le Cabinet, dans l'interpella-
tion relative à l'état de siège, a fait preu-
ve d'un manque, absolu de moyens, et ce-
pendant le résultat final lui sert ample-
ment dejustiftcation.
Du reste, ce dénouement est loin de nous
étonner, nous l'avions toujours prédit : il
nous semblait que ce n'était pas l'heure de
produire, dans l'Assemblée, un dégage-
ment de calorique capable de ressouder ces
deux morceaux de la droite qui s'étaient
séparés devant l'urne en zinc ; l'interpella-
tion devait avoir fatalement ce résultat. Et
maintenant que nous avons constaté fans
détour la facile victoire de M. de Broglie,
il nous sera permis de dire tout ce qu'il
n'a pas fait pour la remporter.
M. Lamy, qui porte le premier la pa-
role, est un député du Jura, jeune, un
des plus jeunes de la Chambre, républicain
ferme et modéré de l'école Grévy. Calme,
posé, travailleur, M. Lamy, dont il est
fait grand cas dans les réunions de la gau-
che" semblait comme redouter le reproche
de présomption dont tant d'autres jeunes
députés n'ont cure et, évitant soigneuse-
ment de se mettre en évidence à la Cham-
bre, laissait aux anciens du parti l'honneur
de traiter les grandes questions. C'était
donc une sorte de début que vous écou-
tions aujourd'hui.
Il a été excellent. L'attaque est dirigée,
non contre le Cabinet, mais plutôt contre le
chef de l'ancien Cabinet, contre cette épave
qui eurnage toujours. a Le nouveau minis-
tère s'associe-t il aux erremerfts de l'an-
cien et ewtend-il les continuer? Et puisque
l'état de siège semble destiné à devenir la
règle normale, que le gouvernement éta-
blisse au moins une sorte de jurisprudence
pour l'exception. » Tel est le thème déve-
loppé par l'oratéur, qui jette les exemples
et les citations à profusion.
1.1 y a, à l'heure actuelle, un certain
nombre de départements en état de siège
régulier, — si l'on peut se servir d'un tel
adjectif en pareil cas, - plus trois autres
que le gouvernement a cru devoir mettre
en état de siège en vertu de décrets qui
n'existent que dans les cartons du minis-
tère.
Orateur froid, calme, doué d'une élocu-
tion facile,, possédant bien son sujet et se
possédant bien lui-même, M. Lamy avance
sans trop do difficultés. Ses coups de fouet
ont une allure trop parlementaire pour
soulever de violentes récriminations. Il dit
en parlant de M. Batbie: a Nous avons pu
voir qu'un jurisconsulte ministre n'est pas
toujours un ministre jurisconsulte. » Et, à
l'adresse de M. Bsulé : « Il aurait mieux
valu pour le Cabinet qu'il gouvernât avec
des circulaires moins publiques et des
états de siège moins secrets. » Le coup de
lanière ne doit pas être désagréable à bien
des monarchistes.
On voit du reste à l'attitude calme et
quelque peu nonchalante de la droite qu'elle
est décidée à ne pas prendre la mouche,
mais à tirer simplement son bulletin, que
chaque droitier a tout prêt d'avance dans
la poche.
Cependant, elle sort de son "calme lors-
qu'elle entend l'orateur démontrer que l'é-
tat de siège maintenu en temps de paix a
été décrété pour les besoins de la guerre
et que le cabinet ne jouit que d'un héri-
tage de l'occupation étrangère. Et elle dé-
borde lorsque M. Lamy, établissant un
parallèle entre le gouvernement de M.
Thiers et le gouvernement actuel, loue la
patience du pays, qui supporte, avec une
résignation admirable, un régime qui n'est
certes pas celui de ses préférences.
M. Buffet lui-même s'en mêle et n'admet
pas que le pays ait d'autre opinion que celle
de l'Assemblée, ou du moins qull le soit
dit à la tribune: C'est une bourrasque,
mais elle est courte. M. Lamy a bien posé
la question à un double point de vue,
question de légalité. et question de politi-
que; quand les applaudissements du côté
gauche auront cessé,nous connaîtrons donc
enfin la ligne de conduite du gouverne-
ment.
Ordre social, péril social, intérêts so-
ciaux, dangers sociaux. Mais nous le con-
naissons, ce difcours-là ! M. de Broglie
nous l'a déjà fait il y a quelque huit j ourà!
Et M. Beulé aussi nous a donné les
mêmes arguments : le gouvernement de
M. Thiers s'est servi de l'état de siège,
nous nous en servons. Et les arguments ne
se bonifient pas pour être décantés de M.
Beulé en M. de Broglie.
M. le vice-président du conseil s'adonne
aujourd'hui au genre vigoureux; il a un
mouvement du bras droit qui lance la
phrase en Irlande (comme on disait jadis
au jeu -- de balle du collège ) ; c'est pulvéri-
sant.
Mais il a le tort de vouloir forcer son
talent et sa voix, car chacun sait ce qu'il
arrive en pareil cas, on manque de grâce :
l'organe d'or linaire si sympathique de M.
le duc, cette musique qui berce-les con-
sciences, fait aujourd'hui l'effet d'un cor
de chasse dans lequel souffle un novice.
Il donne lecture d'articles de journaux
supprimés, mais il ne dit pas pourquoi il
ne les a point déférés aux tribunaux. Il
condescetid enfin à déclarer « qu'il y a
quelque chose d'anormal dans ce fait
qu'une partie du pays soit en état de
siège quand l'autre n'y est pas », mais
c'est pour demander subrepticement des
lois qui lui permettent de mettre la France
entière dans un quasi-éiat de siège. C'est
de la justice distributive : pas de jaloux !
Mais si M. le dsc croit avoir inventé le
procédé, il se trompe ; les Prussiens le pra-
tiquaient déjà en 1870 : quelqu'un se plai-
gnait il d'avoir été imposé de mille francs
quand son" voisin n'avait été frappé que
d'une contribution de cinq cents francs,
l'autorité prussienne faisait verser cinq
cents nouveaux francs au voisin, et ainsi
1 é juité triomphait.
A gauche, on rit, on àpplaudit, on fête
le libéralisme de M. de Broglie, qui s'affir-
me de plus en plus grand. « Laissez-le
donc aller ! » crie M. Gambetta avec son
accent méridional.
En effet, ces choses là perdraient à ne
pas arriver, int&ctes, complètes, à la re-
connaissanca du pays.
Eh bieu ! et la réponse ?
M. Jules Ferry la demande. Il constate
que M. de Broglie, tout en révélant suffi-
samment sa doctrine politique, n'a pas
laissé entrevoir son opinion sur la légalité
de l'état de siège. Et il pose la question à
nouveau.
Mais M. J. Ferry est un membre du gou-
vernement de la Défense nationale ; c'est
la première fois qu'il prend la parole dans
cette Assemblée, les cris de la droite ne
lui laissent pas une minute de repos.
Tarte à la crème 1 tarte à la crème 1
4 septembre! 4 septembre 1
Chaque argument, chaque parole de M.
J. Ferry est accueillie par ce refrain. Seu-
lement la droite a affaire à forte partie.
« Dictature 1 » prononce l'orateur.
— 4 septembre ! 4 septembre I coasse la
droite.
— Permettez, riposte M. Ferry, vous
manquez de logique : ce que vous repro-
chez au gouvernement de la Défense na-
tionale, n'est ce pas d'avoir manqué de
vigueur?
Mais le refrain n'en revient pas moins
à chaque seconde. M. J. Ferry en est vi-
siblement agacé, il s'arrête et dit : « Ter-
minons une bonne fois cette affaire : je
comprends à ce sujet les récriminations
d'un parti qui siège dans cette assemblée;
mais j'avoue ne pas les comprendre de la
part de ceux qui ont préparé avec nous le
4 septembre, qui nous y ont aidés, qui.
Enfin, on le leur a donc dit ! Pendant
vingt ans, ils ont travaillé à la chute de
1 Empire côte à côte avec les républicains ;
pour la plupart, ils n'avaient de titre à la
candidature que leur opposition bien con-
nue ; sans parler des nombreux Target ou
Savary, qui écrivaient à côté des Ferry
ou des Spuller, on a vu des gardes natio-
naux prendre la figure du ministre De-
cazes ou de l'orléaniste Lambert Sainte
Croix pour envahir le Corps législatif,
et maintenant les voilà qui poussent des
proh pudor à tout bout de champ !
Mais alors, comme on leur a déjà dit ici,
puisqu'ils sont la majorité, pourquoi ne
rendent ils pas à iempire ce qu'on lui a
volé et ce qu'ils recèlent ? Qu'ils soient
logiques une fois dans leur vie !
Nous regrettons que M. J. Ferry n'ait
pas pousse jusqu'au bout la. démonstra-
tion ; il était en veine, plein de souffle, et
ne semblait pas vouloir ménager les égra-
tignure, Témoin le portrait de M. de Bro-
glie, appartenant à « cette catégorie d'hom-
mes d'Etat qui passent quinze ans dans
l'opposition et qui, une fois au pouvoir,
ne connaissent plus rien, de leurs Mciea-
nes doctrines. »
Vous devinez si la conversation, montés
à ee diapason, était animée. « Qaand vous
faites le tableau que vous venez de faire du
pays, vous, ministre, vous calomniez la Fran-
ce aux yeux de l'étranger. Ce que vous ap-
pelez défense sociale, c'est de la défense
politique; votre loi sur les maires, c'est de
la défense électorale. » Et les interrup-
tions, les applaudissements, de se croiser,
de se heurter, et les rappels à l'ordre de
pleuvoir : M. de Gavardie a des fureurs
qui sévissent par accès et le font bondir,
crier, se rasseoir, rebondir, recrier : c'est
de l'épilepsie parlementaire.
Enfin M. J. Ferry, dont le discours est
haché, mais plein de 'vie, arrive au fait
particulier de sa catilinaire : le départe-
ment des Vosges, dont il est représentant,
a été mis en état de siéee. — et nasDar M.
Thiers ; — il n'a paru aucune notification à
, l'Officiel, pas un exemplaire du décret
n'existe aux archives de la préfecture.
Sûrement M. de Broglie va enfin répon-
dre. Directement il a été mis en. demeure
de parler, directement il a été attaqué par
l'orateur qui, à propos du système de
réponse employé, s'est écrié : « Cela a été M
fait déjà, monsieur le vice-président du con-
seil, et fait par de plus éloquents qae
vous! » On attend.
C'est M. Malartre qui paraît. M. Malar-
tre, un enfant perdu, qui d'ordinaire se
tient coi à sa place au fond de la salle et
qui traite les questions politiques à la façon
du Tintamarre. Exemple : « Quand vous
entrez dans une ville en état de siège,
cela vous gêae-t-il? »M. de Brogliedéfen-
du par M. Malartre! Pour tant d'orgueil,
c'est beaucoup d'humilité.
Car le gouvernement ne bouge pas. Nous
voyons bien, au banc des ministres, que
M. Depeyre a bonne envie de présenter
une défense quelconque, quelque chose
enfiu, de façon à sauver au moins
les apparences ; mais M. Amédée Lefèvre-
Pontalis vient lui intimer l'ordre de triom-
pher sans gloire et M. de Cumont ap-
prouve.
M. Lockroy est à la tribune. Il cède la
place à M. Decazes. Ua ministre. Enfin!
M. Decazes assure qu'étant membre d'une
commission, il a demandé autrefois un
tableau des départements en état de siège
et que les Vosges figuraient sur ce ta-
bleau.
Parbleu ! c'était pendant l'occupation
prussienne !
Et M. Buffet, sentant la faiblesse de
l'argumentation, insinue que M. le duc
Decazes a parlé en son nom personnel.
C'est le bouquet. On demande un minis-
tre, en voilà un à la tribune : il parle com-
me duo, ou comme financier, ou comme
diplomate.
Franchement, nous sommes de l'avis de
la droite, c'est là-dessus qu'il faut clore
la discussion. C'est fait. Et 407 voix con-
tre 264 décernent à M. de Broglie un ordre
du jour pur et simple, —le prix d'encou-
ragement des petits pensionnats.
PAUL LAFARGUE.
P. S. — La commission des Trente tient
enfin ses trente membres. Les gauches,
comme nous le disions hier, ont déposé
273 bulletins blancs dans l'urne, et les
droites ont donné : à. M. Cézanne, 283
yoix ; à M. Vacherot, 271.
P. L.
-————————— +—; —
On lit dans VUnivers :
Depuis deux jours, et dans un intérêt qu'il est
facile de pénétrer, le Français et la Gazette de
France soutiennent que le programme du nou-
veau cabinet n'est autre que celui de M. Ernoul,
éloquemment développé par lui à» la tribune
dans la séance du 19 novembre.
Si cela est, le Français et la Gazette nous ex-
pliqueront-ils pourquoi M. Ernoul n'a pas été
chargé d'appliquer "un programme qu'il avait si
nettement exposé ?
C'est aussi ce que nous demandons de-
puis deux jours ; pas plus qu'à Y Univers
il ne nous a été répondu.
—» ————————
M. LE COMTE DE BEAUCHESNE
L'Académie française vient de faire
une grande perte.
Elle a perdu un candidat; M. le comte
de Beauchesne est mort.
M. le comte de Beauchesne était en-
core bien jeune pour être admis à l'hon-
neur de figurer dans l'aréopage des qua-
rante immortels. Il était né le 4 germi-
nal an VIII ; il n'avait donc que 73 ans,
la fleur de la vieillesse. Mais à défaut des
années qui lui manquaient encore, il
possédait des titres sérieux au choix de
l'illustre assemblée, et les jlistes espé-
rances qu'il avait fait concevoir se se-
raient sans doute réalisées avant la fin
du siècle, si une mort prématurée ne
l'eût, avant l'heure, enlevé à l'honneur
qu'on lui destinait.
L'Académie va se trouver dans un
grand embarras ; car les candidats de
cette persévérance et de ce mérite sont
fort rares. M. le comte de Beauchesne
faisait nombre depuis longtemps sur les
listes de candidats, et ce n'est que par
un inconvenable oubli de sa part que
l'Académie s'était vue, il y a dix-huit
mois, réduite à la douloureuse nécessité
d'élire; à l'unanimité moins une voix,
M. le comte de Viel-Castel, qui n'avait
point de concurrent.
Il faut croire que la voix récalcitrante
s'était portée, par une douce habitude,
sur M. le comte de Beauchosne. C'était
une gracieuse invitation qui lui était faite
à ne plus se dérober ainsi à l'agacerie
des refus qu'on lui prodiguait.
M. le comte de Beauchesne étaij un
légitimiste convaincu ; il avait été, en
1825, nommé chef de cabinet au dépar-
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