Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1873-12-01
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 01 décembre 1873 01 décembre 1873
Description : 1873/12/01 (A3,N746). 1873/12/01 (A3,N746).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7558104g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/03/2013
a" Année. — N° 746
PRIX DIT NUMÉRO : PARIS 4O CENTIMES — DÉPARTEMENTS 20 CENTIMES.
Lundi 1er Décembre 4873.
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
RÉDACTION
Wadreaeer au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
le rue Drouet, a
Lts lûwsjiufi.Ttfo non insérés ne seront pas rendus,
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Six mois t
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Lu lettres non affranchies seront réfuté*
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DÉPARTOMStiTO
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S. piac«« «S On s'abonne à Londres, chez M. A. MACRIC4 général
advertising, agent, 13, Tavistockrow, Covent Gardon,
MM. les Souscripteurs ■•"ont. l'a-
bonnement expire le 30 novembre
sont priés de le renouveler immé-
diatement, s'ils ne veulent éprouver
de retard dans la réception du
journal.
JOURNÉE POLITIQUE
Paris, 30 novembre 1873.
l/incident principal le la séance de l'As
HMlibia; a êL*'Ï in léc I!('I. d'uui". le. tue <.!«•'
M. le genéral Ducrot, qui donne sa d'unis-
dUU du .t'piv.ieulam. « J ai toujouis leusé,
c. id d, que. t'' mandat 43 député c.aiL
"ln,uluIH':llL incompatible avec mes devoirs
(le soldat, et des considérations d'ûidre
UCl.d supérieur m'ont seule.-» dèLl:l'ruillt: à
le conserver bien au-delà de rues prévi-
sions. u A moins 1I'1: J. \crut ua t voulu jusqu'au dCI'n:u' moment
conserver so ) voie pour l'eventualité d'une
restauration monarchique, oa cheiche
(luelhs Lonidél'ationt: d'oidre social supé-
rieur l'out obligé à rester si longtemps en
contradiction avec les idées qu'il professe;
et l'on se demande aussi pourquoi il a re-
cherché uu mandat qu'il a toujours pensé
incompatible av\'c ses devoirs militaires.
M. le général Daciot termine sa lettre par
nne allusion, qui nous semble peu conve-
nable, aux candidatures des généraux Va-
iazé et Saucier. Voilà donc l'explication ?
En même temps plusieurs journaux an-
uoncent que, par arrêté du ministre de la
guerre, les généraux Valazé et Saussier
viennent d être relevas de leurs comman-
dements. Le gouvernement, à ce qu'on
ajoute, serait sur le point d'inviter d'au
ties généraux qui font partie de l'Assem-
blée à opter entre le maudat de représen-
tant et leurs fonctions dans l'armée ac-
tive. Nous n'y verrions rien à reprendre si
tout cela ne venait si mal à propos et si
tard, et ne semblait uniquement dicté par
dts considérations de parti. Pourquoi donc
avoir renvoyé l'autre jour à la commission
de l'armée, c'est-à-dire aux catendes, la
proposition Philippoteaux, dont la majo-
rité avait voté l'urgence & la veille des
élections de la Seine-Inférieure, et de
l'Aube? C'était le Viai moyen d'atteindre
le but que l'on parait se proposer : mais le
parti qui est maintenant au pouvoir ne se
guide sur aucuu principe tt &ur aucune
règle. Quand donc sortirons-nous de la
politique de passion et d'expédients où il
nous cahote ?
Nous mettions hier nos lecteurs en garde
contre une nouvelle de source danoise an
noncant que la Prusse serait disposée à
rendre au Danema kune importante partie
du Schleswig, à condition que ce pays lui
céderait de son côté trois îles qu'il possède
aux Antilles. Les journaux allemands af-
firment aujourd'hui que la nouvelle est
controuvée. « Sa fausseté n'a pas besoin
d'être démontrée, dit la Gazette de Magde-
bourg. Le système politique du prince de
Bismarck exclut toute acquisition de colo-
nies au-delà des mers. »
La Gazette nationale de Beilin dit ce-
pendant de son côté : « La possession des
Antilles danoises ne serait peut-être pas
désagréable à la Prusse, qui se déciderait
peut être à céder une petite partie du
Schleswig pour les obtenir. Mais il ne sau-
rait être question d'une partie importante
du SchleswIg; le Dannewirke songe, sans
doute, à la ligne de Flensbourg Tondern.
La Prusse ne cédera jamais une place de
guerre importante et acquise aux prix des
plus grands sacrifices, quelques-uns des
meilleurs ports de la Baltique et une po-
pulation de 150 à 200,000 habitants, pour
trois petites îles comptant à peu près
50,000 habitants. Il se peut que le Dane-
mark ait lui-même proposé l'échange en
question ; mais il est insensé de dire que
la Prusse en ait eu la première idée. Le
Dags-Telegraf, journal danois, qui a des
attaches étroites avec le gouvernement de
Copenhague, dément, du reste, d'une ma-
nière formelle, la nouvelle publiée par le
Dannewirke, journal aliquel on attribue à
tort des relations avec le monde officiel
de Copenhague, de Berlia et de Vienne. »
Oa remarquera que ce démenti de la
Gazette nationale, organe officieux, est bien
moins formel que celui de la Gazette de
UaMourg ; il y est seulement déclaré que
ce n'est pas la Prusse qui a eu la premi
re idée de cet échange et que, dans tous
les cas, elle ne aacriflerait qu'une petite
partie du Schleswig poar acquérir ces An-
tilles danoises dont la possession « ne lui
serait pas désagréable. » Ce qui est le plus
clair, c'est que la Prusse serait enchantée
d'avoir à la fois les Antilles danoises et le
Schleswig.
EUG. LrtwBRT.
— ♦ ————————
COMMISSION DU BUDGET
M. Bardoux a donné lecture de sou rap-
port sur la budget de l'instruction .publi-
aoe des cultes et des beaux arts.
La discussion n'a pas duré moins de deux
séanccs..
De profondes modifications ont été in.
troduites au profit de l'enseignement supé-
rieur. Des sommes importantes sont al-
louées à nos grande établissements scien-
tifiques.
Dans l'instruction secondaire, le traite
ment des professeurs agrégés des lycéei
départementaux est augmenté de 500 fI'.
La subvention des colléges communaux
est élevée de 100,000 fr.
Dans l'instruction primaire, la retraite
des instituteurs et institutrices est élevée
à 500 fr.
Un supplément de 80,000 fi'. est alloué
aux écoles normales primaires du dépar-
tement.
Dans les beaux arts, la commission a
supprimé la subvention du Théâtre-Italien.
LE GRELOT
Dès l'abord, le doyen, personne fort prudente,
Opina qu'il fallait, et plus tôt que plus tard,
Attacher un grelot au cou de Ilodilard.
Le doyen, dans l'espèce, c'est VUnion,
journal officiel de M. le comte de Cliain-
hord. Quant au fameux Rodilard,
L'Alexandre des t liais,
L'Attila, le fléau des rats,
il n'est pas nommément désigné par la
feuille légitimiste, mais sa dévorante'
personne y transparaît pour ainsi dire
entre les lignes. Ceux qui n'ont pas les
yeux assez perçants pour le voir auront
du moins assez d'oreilles pour l'enten-
dre, car il porte à son col un grelot so-
lidement attaché. Que dis-je? un grelot!
Il en a bien cinq, six, ou davantage; au-
tant de grelots que de tètes, et ce n'est
pas peu dire, le vieux Cerbère de la
mythologie n'étant qu'un chien mono-
céphale au prix de ce multiple chat.
Oyez le carillon de l'Union; il est
bruyant comme une demi-douziine de
beaux diables!
« Nous avons dénoncé la inauœuvre du
centre droit, alors que ce groupe parle-
mentaire préparait dans l'ombre l'évolu-
tion vers le centre gauche qui s'accomplit
en ce moment sous nos yeux.
a Les événements qui se succèdent
ne justifient que trop nou e attitude.
» En faisant appel à des sentiments
d'abnégation et de dévouement, .le centre
droit était assuré d'égarer la droite et de
tromper sa clairvoyance. Il y a réussi.
» Aujourd'hui la lumière commence à
se faire, et la droite s'aperçoit de son
erreur.
» Le moment est venu de reformer D01
rangs et d'opposer une résistance opi-
niâtre aux efforts tentés pour désagréger
la droite.
« Mille bruits circulent dans le parle-
ment. On parle d'abdication, en célébrant
la grandeur d'âme de Monsieur le Comte
de Chambord ; quelques importants font
d'un air mystérieux - des confidences sur
certains incidents de la politique étran-
gère ; on invoque des périls imaginaires
qui auraient menacé la France, au cts de
la restauration du Roi, et qie le gouver-
nement autrichien aurait révélés à Monsieur
le comte de Chambord. Et. ou célèbre le
désintéressement patriotique de ce noble
Prince, qui aurait refusé la couronne pour
ne pas lancer son pays dans de sombres
aventures. C'est là une œuvre de mensonge
et d'hypocrisie. On loue la Roi, afin de
rendre la trahison plus faoilo en lui don-
nant une apparence de respect 11 d'hom-
mage.
» Le but qu'on poursuit, c'est d'établir
que le Roi est impossible, et de bénéficier
de la grandeur d'âme qu'on veut bien lui
attribuer, afin de se décerner à soi-même
le mérite d'avoir noblement servi la cause
de la France.
» La vérité est que le centre dj oit sent
le besoin de se justifier. C'est lui qui a
fait échouer la Restauration monarchique.
Nous le prouverons, et puisqu'il veut plai-
der les circonstances atténuantes, nous le
traînerons devant la barre de l'opiuion
publique, et nous déchirerons les voiles
dont il veut s'envelopper. »
Avez-vous entendu ? Oui. Compris ?
Non. Tant mieux pour vous, estimable
lecteur. Cet embarras fait l'éloge de vo-
tre simplicité ; je déplore sincèrement la
triste connaissance du coeur humain qui
me permet de sonder, avant vous et pour
vous, ce mystère.
.L'évolution du centre droit vers le
centre gauche, cette manœuvre prépa-
rée dans l'ombre, vous apparaît peut-
être, à vue de elocher, comme une ré-
conciliation de M. le duc de Broglie et de
ses amis avec la République septennale.
Erreur ! Déchaussez votre esprit d'une
illusion si naïve! Aux yeux de Y Union,
pas plus qu'aux yeux de la France, le
centre droit n'est suspect de comploter
la fondation du régime républicain. Tous
les organes de l'ordre moral protestent
à qui mieux mieux contre cette hypo-
thèse.
L'Union, qui a fait sa partie dans le
concert des monarchistes, connaît ses
alliés comme si elle les avait faits; et quoi
qu'elle ne les ait ni faits ni refaits, on
peut l'en croire quand elle les accuse.
Elle sait, point par point, ce qui avait été
dit, convenu, promis et juré en famille
depuis le 5 août jusqu'au 19 novembre.
Mieux que personne, elle pourrait vous
dire dans quel esprit, dans quel espoir
et sur la foi de quels engagements M. le
comte de Chambord est venu récem-
ment à Paris ; quelles raisons et quelles
vraisemblances avaient induit Sa Ma-
jesté chrétienne à faire emplette d'un
cheval noir, et à commander sur mesure
un magnifique chapeau à plumes.
Ceux qui s'étonnent que le Roy, après
a oir reçu à Fr hsdorf la visite de tous
les princes d'Orléans, sauf un, ait passé
quinze jours au milieu de ces chers col-
latéraux sans leur rendre leur politesse,
trouver nt le mot de l'énigme dans cet
article de l'Union. Ils comprendront du
même coup pourquoi les fils et petits-fils
de Louis-Philippe ont respecté l'incognito
de l'héritier de Charles X. Et celui qui
voudra pousser la botte à fond s'expli-
quera sans trop d'effort l'élimination de
MM. Ernoul et de la Bouillerie au profit
de MM. Depeyre et de Larcy.
Quelle est cette « erreur de la droite, »
que l'Union signale avec un légitime
dépit ? Pour les Français qui savent ce
que parler veut dire, c'est l'adhésion de
vingt ou trente royalistes sincères à un
vote dont le vrai sens et la dernière fin
leur étaient dissimulés par les habiles.
Qu'est-ce que « les efforts tentés pour
désagréger la droite, » sinon l'enrôle-
ment discret des soldats delà branche
aînée au profit de la branche cadette ?
Quand YUnion nous dit : « On loue
le Roi, alla de rendre la trahison plus
facile,, elle n'incrimine pas le parti ré-
publicain, qui n'a jamais trahi le roi, et
qui ne saurait le trahir, car la sagesse
des nalions a dit en fort bons termes :
On n'est jamais trahi que par les siens.
« Le but qu'un poursuit, dit YUnion,
c'est d'établir que le Roi est impossible,
et de bénéficier de la grandeur d'âme
qu'on veut bien lui attribuer, afin de se
décerner à soi-même le mérite d'avoir no-
blement servi la cause de la France. »
Qu'est ce à dire, sinon que les orléanis-
tes, non contents d'exagérer à plaisir les
dissidences qui séparent le Roi de la na-
tion, exploitent la lettre du 27 octobre
eomme une abdication généreuse d'Hen-
ri V, pour dire ensuite à la France: Nous
voici; nous ne sommes ni dévots, ni ré-
trogrades, tt nous tenons en mains le
drapeau chéri ?
Pour tout résumer en deux mots, l'or-
gane officiel de M. le comte de Chambord
semble croire que les politiques du cen-
tre droit recrutent les éléments d'une
majorité parmi les demi-vertus de la
droite et les demi-convictions du centre
gauche, et que le jour où ils tiendront en
mains la moitié de nos représentants plus
un, ils offriront la couronne de France à
un prince d'Orléans.
Nous ne sommes pas dans le secret
des dieux ni même des demi-quarts de
Dieu qui tripotent la matière politique ;
il ne nous appartient donc pas de
donner tort ou raison aux vaillants
ennemis du centre droit. Leur bonne
foi nous paraît incontestable, mais
l'homme le plus loyal du monde est su-
jet à l'erreur. Le journal de M. Lauren-
tie calomnie peut-être innocemment les
princes d'Orléans et le parti orléaniste.
Aux accusés de se défendre ; leurs affai-
res ne sont pas les nôtres.
Notre rôle, au milieu des rivalités et
des récriminations monarchiques, est de
maintenir contre tous les droits de la
nation.
La France n'appartient qu'à elle-
même ; elle n'est ni le patrimoine de M.
de Chambord, ni l'apanage des princes
d'Orléans ; elle n'est pas non plus le prix
d'un steeple-chase couru par quelques
prétendants sous les yeux d'un Joc key-
Club parlementaire.
La France n'a jamais vu qu'avec effroi
les prétentions surannées du comte de
Chambord. L'homme est honnête, on
l'estime, on le plaint, mais on n'en veut
point, car il n'est pas de notre temps, il
est à peine de notre pays, il représente
aux yeux de tous une tradition exécrée
et une prétention intolérable.
Quant aux princes d'Orléans, ils ont
beau se montrer plus modernes, ils ne
sont pas plus populaires, et, à coup sûr,
ils sont moins considérés qu'Henri V.
Ils ne sont pas la meilleure des monar-
chies aux yeux des monarchistes, et le
parti républicain n'est plus assez naïf
pour voir en eux l'a meilleure des Répu-
bliques.
La nation a réglé tous ses comptes
avec eux, sans marchander; elle ne com-
prendrait pas qu'ils vinssent aujourd'hui
réclamer autre chose. Toute leur force
et leur crédit sont concentrés dans un
coin de Versailles où ils manœuvrent
habilement, je l'avoue; mais plus ils ga-
gnent de terrain sur les lisières de la
droite et du centre gauche, plus ils nous
rappellent un régime d'intrigue et de
corruption que la France ne veut pas re-
commencer.
D'ailleurs notre patrie, il faut qu'on se
le dise, est un pays de bonne foi, d'ordre
et de légalité. Il n'y a pas quinze jours
que ses représentants bien ou mal choi-
sis, peu importe, lui ont imposé pour
sept ans la Républiquo du maréchal de
Mac-Mahon. Elle a pris ce gouverne-
ment au sérieux, quoiqu'elle ne l'eût
pas demandé, et elle s'y tiendra tésolù-
ment, crainte de pire. -
Les monarchistes les moins scrupu-
leux ne peuvent pas, avant sept ans, re-
mettre en question la forme du gouver-
nement, à moins qu'un mouvement po-
pulaire savamment préparé vienne
justifier, tant bien que mal, l'interven-
tion d'un sauveur. Mais le peuple est
assez intelligent pour prendre les ri-
gueurs en "patience, dédaigner les pro-
vocations, et ne demander qu'au scrutin
un allégement de ses maux. Que le loup
se promène avec ou sans grelot, les
Français sont trop sagas pour se jeter
dans la-gueule du loup.
ABOUT.
COURRIER PARLEMENTAIRE
Versailles, 29 novembre 1813.
Enfin, on va donc voter un peu au scru-
tin secret pour la nomination de la com-
mission etc., etc. ! Vous le voyez, il de-
vient fort simple de rendre compte des
séances de l'Assemblée nationale; pour
faire celle du jour, il suffit de recopier
celle de la veille ; au besoin, on pourrait
détailler d'avance cdle du lendemain.
Aujourd'hui, toutefois, nous avons eu
un incident imprévu qui n'était connu
que depuis huit jours : c'est la démission
du général Dacrot, que M. le président
porte à la connaissance de l'Assemblée.
Elle est ainsi conçue :
« Monsieur le président,
» Je vous prie de vouloir bien faire
agréer à l'Assemblée nationale ma démis-
sion de représentant.
» Ce n'est pas sans de vifs regrets que
je me sépare de mes honorables collègues;
mais appelé, malgré mot, à l'honneur de
siéger dAus cette Assemblée, j'ai toujours
pené que le mandat de député était abso-
lument incompatible avec mes devoirs de
soldat, et des considérations d'ordre social
supérieur m ont seules déterminé à le con-
server bien au-delà de mes prévisions.
» Aujourd'hui, en présence de certaines
tendances qui se manifestent et qui peu-
vent avoir des conséquences funestes pour
la discipline de l'armée,' je crois le mo-
ment venu d'affirmer mon principe par un
acte, et, à partir de ce jour, j'entends me
consacrer tout entier aux devoirs que
m'impose le commandement qui m'a été
confié.
» Veuillez agréer, monsieur le président,
l'assurance de mon respectueux dévoue-
ment.
» Général DUCfOt,
« Versailles, le 21 novembre 1873. »
La lettre est datée du 21. Une voix est
chose précieuse dans cette Assemblée de
730 membres, et la droite, nous dit-on,
espérait encore faire revenir M. Ducrot
sur sa détermination. Le général reste vic-
torieux et mort pour la politique.
Nous sommes absolument de l'avis du
général Ducrot relativement à l'incompati-
bilité qui existe entra le mandat de député
et les devoirs qa'impose à l'officier le com-
mandement actif ; nous nous sommes même
aperçu, bien avant M. Dacrot, des inconvé-
nients que peut présenter cette double si-
tuation. Nous ne regrettons donc qu'une
chose dans cette lettre, c'est que le géné-
ral, au moment même où il refusait d'être
plus longtemps un homme politique, ait
Cru devoir faire encore de la politique.
Le passage de « certaines tendances »,
qui vise manifestement le succès remporté
tout récemment par deux collègues du gé-
néral, a été souligné par un murmure du
côté gauche. Nous sommes d'autant plus
à l'aise pour relever ce passage que les gé-
néraux Saussier et Letellier-Valazé doivent
être, à l'heure présente, déchargés, par voie
hiérarchique, du poids de leurs comman-
dements actifs.
Après le sc'utin secret, des pétitions qui
demeurent, pour nous, à l'état de secret,
car les causeries particulières de la salle
ne nous laissent guère le loisir de prêter
aux propos de la tribuue une oreille même
inattentive. Au moment où le public com-
mence à comprendre que le rapporteur
demande la destruction des vers blancs, il
voit M. de Tillancourt se précipiter à la
tribune et parler de la,contrainte par corps;
une spectatrice réactionnaire a l'air de
trouver que M. de Tillancourt a des idées
trop libérales au sujet des vers blancs. En
somme, c'est plein d'intérêt.
Cependant, il se produit un mouvement
insolite sur la gauche du Bureau ; les
groupes se. forment, les colloques sont
animés, il y a certainement quelque chose.
Et M. Buffet proclame les résultats du
scrutin secret : M. de la Rochefoucauld-
Blsaccia,,299 voix; M. Combier, 296 ; M.
'd'Ilau ssbt' iv "ilte, 295; M. Lucien Brpn, 295.
Viennent ensuite MM. Jules Grévy, Bé-
renger, Laurier, Bethmout, etc., qui ne
sont pas élus, puisque le chiffre de la ma-
jorité absolue, sur 585 votants, est 293.
Quatre seulement sur sept!
Quat.re' est bien quatre? M. Jozon
assure que c'est zéro. Personne ne serait
élu.
En effet, il vient d'apprendre, de la bou-
che d'un,scrutateur, qu'on a bien trouvé
dans l'urne 585 bulletins, mais qu'on n'y
a découvert que S79 boules (c'est-à-dire
votants). Il est probable que nul n'ayant
pertaiuement mis double bulletin, il y a
des honorables qui ont perdu la boule. Or,
feuivant la jurisprudence en usage au conseil
d'Etat, voilà six suffrages irréguliers qu'on
aoit défalquer du nombre de voix obtenu
par chaque candidat, — tt alors aucun n'a
plus la majorité absolue ! Cette élection de-
vient tout à fait comique.
M. de Champvallier (du centre droit) lui
donup,, le. caup de gi âce , innocemment,
,aIls le vouloir, avec naïveté même.
— Messieurs, dit-il, je n'ai qu'une ob-
servation à présenter : le,fait s'est produit
dès le premier jour du vote.
Et l'Assemblée n'en a rien su ! On a
laissé les candidats se p .yer des, majorités
absolues d'occasion, moins cher, qu'au ba-
teau. La chose vaut tout juste un éclak de
tire. < .;
C'est M. Ganivet qui clôt le débat, tu
teconnaissam que le principe de M. Jozon
èst exact, mais qu'en retirant six suffrages
aux candidats, il faut également abaisser
de six voix le chiffre de la majorité abso-
lue. De la sorte, sont élus MM. de Bisac-
eia et Combier.
7 - 4 + 2 = 5
! Il faut recourir aux décisions du conseil
d'Etat et aux signes algébriques pour s'y
retrouver dans la nomination 4e cette
commission. Encore cinq membres à nom-
mer !
Et le voyage autour des urnes recom-
mence.
PAUL LAFARGUE.
-..--.-,-------, —+ --
Hâtons-nêus de faire amende honora-
ble; hier, dans un premier moment
d'humeur, nous nous sommes montrés
un peu sévères à l'endroit des « libé-
raux » d'antan qui applaudissent aujour-
d'hui à la loi qui livre la nomination des
maires et la police des communes à la
discrétion du gouvernement. Le Fran-
çais nous affirme que le ministère ne
pouvait donner de témoignage plus écla-
tant de son patriotisme qu'en proposant
une loi' si peu conforme à ses tendances,
à ses convictions et, pour tout dire en-
fin, aux professions ~é > ur tout dire en-
fin, aux professions de foi solennelles de
chacun de ses membres en faveur de la
décentralisation administrative. Le Fran-
çais est triste, oh ! bien triste ; il souffre
de tout ce qu'a dû souffrir M. le duc de
Broglie avant de. prendre cette grande
résolution d'infliger un démenti à toute
sa vie ; il s'associe aux douleurs de la
majorité qui, dans quelques jours, —
le plus tôt possible, — devra boire, sans
sourciller, le calice amer que lui pré-
sente le gouvernement.
Le Français est tout à fait réjouissant
dans ce rôle de saule-pleureur, et l'on
voit bien que ses rédacteurs ont tous
passé par la grande école de Loyola ; ils
connaissent à merveille l'art qui consiste,
suivant une expression vulgaire qu'on
nous pardonnera, à faire prendre des
vessies pour des lanternes ; ils savent
lever les yeux au Ciel, joindre les mains,
adoucir leur voix. et feindre des airs de
sainte-ni-touche à se faire donner le bon
Dieu sans confession. Mais si parfaits
comédiens qu'ils soient, vraiment ils s'il-
lusionnent s'ils pensent désormais en
imposer à personne ! Croyez-nous, hon-
nêtes gens, serrez vos haires avec vos
disciplines, renoncez à vous moquer du
public, on sait qui vous êtes, et toutes
vos simagrées ne feront pas qu'on ne
vous dise votre fait.
En somme que veut-on ? Faire croire
au public qu'on n'abandonne rien des
idées qu'on a si longtemps défendues,
'que tel on s'est montré sous l'empire, tel
on demeure aujourd'hui, et que si l'on
semble se déjuger, c'est pour faire face
à une situation exceptionnelle et arra-
cher le pays aux périls effrayants qui le
menacent. A qui la faute si M. de Bro-
glie, si M. Decazes, si tous ces hommes
qui ne vivent que pour la liberté se
trouvent dans l'obligation d'en voiler un
instant la statue ? Eh ! parbleu, c'est la
faute des républicains. Si le suffrage uni-
versel nommait des maires monarchis-
tes, croit-on que le gouvernement eût
jamais songé à proposer sa loi munici-
pale ? Au contraire, il eût saisi l'occasion
de prouver à tous qu'en fait de libéra-
lisme il pouvait lutter avec avantage
contre M. Thiers, et c'est à toutes les
communes de France, sans en excepter
Paris, Lyon, Bordeaux, Marseille et Tou-
louse, qu'il eût rendu le droit de choisir
leurs maires.
- Mais que voulez-vous? Le suffrage
universel est gangrené. Ne s'avise-t-il
pas, dans des communes où jusqu'à ce
jour, de quelque côté que vînt tourner
1e vent,
Il y tournait son aile et s'endormait content,
ine s'avise t-il pas de s'occuper de poli-
tique, de penser et d'agir suivant ses
propres inspirations, qui sont détesta-
bles, puisqu elles aboutissent invariable-
ment à des choix républicains ! Vous
voyez bien qu'il faut, à tout prix, met-
tre ordre à un tel état de choses, et que
c'est bien malgré eux que nos gouver-
nants sont réduits à faire abnégation de'
leurs principes les plus chers.
Décentralisateurs, ils le sont toujours
et plus que jamais; ils le montreront
bien dès qu'ils n'auront plus à craindre
le suffrage universel, et ils espèrent
que ce jour bienheureux n'est pas loin.
car on s'occupe activement des moyens
« d'épurer, de moraliser » ce satané
Suffrage universel, qui, pour l'instant, se
montre indécrottable.
a Nous savons bien, dit le Frarçais, ce qu'a
de douloureux la n écessité où nous sommes
*é !uits. Et quand nous sentons s'accumuler en
nous la colère-indignée eontre le parti ra lical,
ce n'est pas encore tant pour le mal que ce
PARAFAIT à tous les intérêts, à la-paix pubïiqup,
c'est parce "QU'IL compromet la liberté ET qu'il
nous oblige à "la voiler. Mais si nous' sommes
tristes, nouB n'én sommes pas moins résolus.
» Nous n'abandonnons aucun de nos
principes libéraux, nous avons toujours foi en
ux et nous espérons bien pouvoir prochaine-
ment les appliquer tout entiers ; mais, si nous
igissons comme nous le faisons, c'est dans l'in-
térêt même de ces principes, c'est'par la con-
viction qu'il n'y a, pas d'autre moyen pour nous
d'échapper" à l'anarchie demain, à la didtature
après-demain. » "•
) 1
-
I On 'le >voit, s il n'y avait 'point, de ré-
publicaiùs'en France, la liberté n'aurait
pas dê plus ardents défenseurs que
Mttrt)glie Decnz; leUrs" amis;
s demeurent donc libéraux, mais in
petto" jusqu'au jour où il leur sera bien
t dûment démontré que, comme la race
des carlins, l'engeance, républicaine a
disparu. C'est consolant, au moins pour
ceux qui sont d'h.ame.ur à attendre la li-
berté sous l'ormes,
E. SCHNEUB.
L'ÉCHO DE L'AUXOIS
Vous n'avez pas sans doute oublié
cette affaire.
Un pèlerinage s'organise dans une pe-
tite ville de province, à Semur. Un jour-
nal de la localité, l'Echo de l'Auxois, en
conte les cérémonies et les pompes, et
il cite nominativement les principaux per-
sonnages de la ville qui avaient bien
voulu y prendre part.
Seize des personnes ainsi nommées
intentent au journaliste un procès pour
infraction dans leur vie privée et injure
publique.
Elles obtiennent gain de cause en pre-
mière instance.
Le journaliste en appelle.
La condamnation vient d'être confir-
mée par la cour.
Le journaliste s'est pourvu en cassa-
tion.
Je ne puis que le féliciter de sa persé-
vérance. Il rend service à la presse tout
entière, en épuisant tous les degrés de
juridiction dans une affaire où la liberté
du journalisme est si fort intéressée.
Nous nous inclinons devant le juge-
ment rendu; mais nous ne pouvons
nous empêcher de penser qu'une loi en
vertu de laquelle un semblable arrêt est
possible est une loi mal faite, et qu'il
faut la changer. Nous avions bien prévu
jadis que la loi, qui est connue sous le
nom de loi Guilloutet, pourrait avoir,
dans l'application, des conséquences
surprenantes et fâcheuses. Nous n'aurions
jamais soupçonné qu'elle autorisât à. re-
garder comme une atteinte à la vie pri-
vée le fait de désigner par son nom,
dans le journal, une personne qui aurait
figuré publiquement à une cérémonie
publique, en compagnie de prêtres ho-
norables et sous la conduite d'un évè-
que.
J'attendrai, pour être pleinement con-
vaincu, que la cour de cassation ait dé-
cidé ; et si elle donne raison aux magis-
trats de première instance et d'appel,
si elle prononce qu'il a été fait en cette
circonstance une application juste de la
loi, nous ne cesserons alors de demander
qu'une loi, dont les extrêmes consé-
quences paraissent si fort en contradic-
tion avec les données ordinaires du sens
commun, soit ou abrogée ou rédigée
de façon plus claire.
Je ne voudrais, en attendant, que pré-
senter une petite observation à propos
du réquisitoire prononcé par le ministère
public.
Voici ce qu'en dit le courriériste de la
Gautte des Tribunaux : -
« M. le procureur général Robinet de
Cléry, après avoir démontré par quelles;
manœuvres déloyales les organes de la
démagogie s'étaient efforcés de. trans-
former'en manifestations politiques des
cérémonies purement religieuses. »
Je ferai remarquer il. )L le procureur
général Robinet de Cléry que ce ne sont
point les organes de la démagogie, que
ce sont, au contraire, les organisateurs
de ces cérémonies religiéuses qui ont
jugé à propos de les transformer en
manifestations politiques.
Il est bien probable que M. le procur
reur général Robinet de Cléry n'a jamais
lu aucun des discours qvii ont été pro-
noncés à ces cérémonies, qu'il dit avoir
été purement religieuses, et qui, en effet,
auraient dû demeurer telles-. La plupart -
de ces harangues étaient tout entieres
consacrées à la politique ; on y parlait
sans cesse de restauration monarchique,
tantôt sous le voile de l'allégorie bibli-
que, tantôt à style ouvert, et sans y
faire tant de façons.
Je ne crois pas qu'il y ait en un'seul"
de ces sermons où il n'ait été question
de la prétendue captivité du pape, et'du
secours qu'il attendait de la France, re-
venue de ses erreurs et rangée 'sous un
roi, fils aîné de l'Eglise.
Si ce n'est pas là de la politique, j'i-
gnore ce qu'on appelle-de ce nom.
Au reste, les meneurs de cette grande
croisade-ne s'en cachaient, point. Ils se-
ront bien étonnés d'apprendre de la
bouche de M.'le procureur général Robi-
net de Cléry qu'ils n'avaient point d'ar-
rière-pensée politique en conduisant
toute cette affaire. Peut-être souriront-
ils de sa naïveté.
; M. le procureur général Robinet do
Cléry peut être assuré que, sf la politi-
que avait été étrangère à l'événement,
s'il ne s'était agi que de boira de l'eau
de la Salette ou de frotter de petites mé-
dailles surlenez.de la Vierge noire, ni
les directeurs du comité des pèlerinages
n'auraient déployé tant de zèle, ni les
organes de la démagogie (comme il nous
appelle) n'auraient témoigné tant d'ap-
préhensions.
FRANCISQUE ,: SARGEY.
— +
L'abus que ¡font les agents du pouvoir
de certaines lois sur la presse est deveny.
si excessif, si contraire au bon sens et à
l'équité, qu'on, ne saurait le signaler trop •
souvent à l'opinion, si l'on veut qu'enfin il 1
y soit m s unième.. 1
Dans deux départements, le Nori (t la ,
Haute-Garonne, les préfets ne se sont pas 1
contentés d'interdire la vente et lQ côlnor-
tage sur la voie" publique des journaux qui
leur déplaisaient ; ils ont été jusqu'à de-
fendre aux directeurs de ces journaux 4e
les faire' distruer, SQUS bande, aux ab on..
les faire distribuer, sous bande, aux abon-
PRIX DIT NUMÉRO : PARIS 4O CENTIMES — DÉPARTEMENTS 20 CENTIMES.
Lundi 1er Décembre 4873.
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
RÉDACTION
Wadreaeer au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
le rue Drouet, a
Lts lûwsjiufi.Ttfo non insérés ne seront pas rendus,
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois 13 fr.
Six mois. 25
fin an 50
DÉPARTEM "6 tt.)
Trois mois 6 ih~
Six mois t
Un an .:::t)2
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Ou B abonne à Londres, che M. A. MÁURICE générai
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Lu lettres non affranchies seront réfuté*
ÂBOHNEHÉNTS
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Un an dO,." 50
DÉPARTOMStiTO
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S. piac«« «S On s'abonne à Londres, chez M. A. MACRIC4 général
advertising, agent, 13, Tavistockrow, Covent Gardon,
MM. les Souscripteurs ■•"ont. l'a-
bonnement expire le 30 novembre
sont priés de le renouveler immé-
diatement, s'ils ne veulent éprouver
de retard dans la réception du
journal.
JOURNÉE POLITIQUE
Paris, 30 novembre 1873.
l/incident principal le la séance de l'As
HMlibia; a êL*'Ï in léc I!('I. d'uui". le. tue <.!«•'
M. le genéral Ducrot, qui donne sa d'unis-
dUU du .t'piv.ieulam. « J ai toujouis leusé,
c. id d, que. t'' mandat 43 député c.aiL
"ln,uluIH':llL incompatible avec mes devoirs
(le soldat, et des considérations d'ûidre
UCl.d supérieur m'ont seule.-» dèLl:l'ruillt: à
le conserver bien au-delà de rues prévi-
sions. u A moins 1I'1: J. \crut ua t voulu jusqu'au dCI'n:u' moment
conserver so ) voie pour l'eventualité d'une
restauration monarchique, oa cheiche
(luelhs Lonidél'ationt: d'oidre social supé-
rieur l'out obligé à rester si longtemps en
contradiction avec les idées qu'il professe;
et l'on se demande aussi pourquoi il a re-
cherché uu mandat qu'il a toujours pensé
incompatible av\'c ses devoirs militaires.
M. le général Daciot termine sa lettre par
nne allusion, qui nous semble peu conve-
nable, aux candidatures des généraux Va-
iazé et Saucier. Voilà donc l'explication ?
En même temps plusieurs journaux an-
uoncent que, par arrêté du ministre de la
guerre, les généraux Valazé et Saussier
viennent d être relevas de leurs comman-
dements. Le gouvernement, à ce qu'on
ajoute, serait sur le point d'inviter d'au
ties généraux qui font partie de l'Assem-
blée à opter entre le maudat de représen-
tant et leurs fonctions dans l'armée ac-
tive. Nous n'y verrions rien à reprendre si
tout cela ne venait si mal à propos et si
tard, et ne semblait uniquement dicté par
dts considérations de parti. Pourquoi donc
avoir renvoyé l'autre jour à la commission
de l'armée, c'est-à-dire aux catendes, la
proposition Philippoteaux, dont la majo-
rité avait voté l'urgence & la veille des
élections de la Seine-Inférieure, et de
l'Aube? C'était le Viai moyen d'atteindre
le but que l'on parait se proposer : mais le
parti qui est maintenant au pouvoir ne se
guide sur aucuu principe tt &ur aucune
règle. Quand donc sortirons-nous de la
politique de passion et d'expédients où il
nous cahote ?
Nous mettions hier nos lecteurs en garde
contre une nouvelle de source danoise an
noncant que la Prusse serait disposée à
rendre au Danema kune importante partie
du Schleswig, à condition que ce pays lui
céderait de son côté trois îles qu'il possède
aux Antilles. Les journaux allemands af-
firment aujourd'hui que la nouvelle est
controuvée. « Sa fausseté n'a pas besoin
d'être démontrée, dit la Gazette de Magde-
bourg. Le système politique du prince de
Bismarck exclut toute acquisition de colo-
nies au-delà des mers. »
La Gazette nationale de Beilin dit ce-
pendant de son côté : « La possession des
Antilles danoises ne serait peut-être pas
désagréable à la Prusse, qui se déciderait
peut être à céder une petite partie du
Schleswig pour les obtenir. Mais il ne sau-
rait être question d'une partie importante
du SchleswIg; le Dannewirke songe, sans
doute, à la ligne de Flensbourg Tondern.
La Prusse ne cédera jamais une place de
guerre importante et acquise aux prix des
plus grands sacrifices, quelques-uns des
meilleurs ports de la Baltique et une po-
pulation de 150 à 200,000 habitants, pour
trois petites îles comptant à peu près
50,000 habitants. Il se peut que le Dane-
mark ait lui-même proposé l'échange en
question ; mais il est insensé de dire que
la Prusse en ait eu la première idée. Le
Dags-Telegraf, journal danois, qui a des
attaches étroites avec le gouvernement de
Copenhague, dément, du reste, d'une ma-
nière formelle, la nouvelle publiée par le
Dannewirke, journal aliquel on attribue à
tort des relations avec le monde officiel
de Copenhague, de Berlia et de Vienne. »
Oa remarquera que ce démenti de la
Gazette nationale, organe officieux, est bien
moins formel que celui de la Gazette de
UaMourg ; il y est seulement déclaré que
ce n'est pas la Prusse qui a eu la premi
re idée de cet échange et que, dans tous
les cas, elle ne aacriflerait qu'une petite
partie du Schleswig poar acquérir ces An-
tilles danoises dont la possession « ne lui
serait pas désagréable. » Ce qui est le plus
clair, c'est que la Prusse serait enchantée
d'avoir à la fois les Antilles danoises et le
Schleswig.
EUG. LrtwBRT.
— ♦ ————————
COMMISSION DU BUDGET
M. Bardoux a donné lecture de sou rap-
port sur la budget de l'instruction .publi-
aoe des cultes et des beaux arts.
La discussion n'a pas duré moins de deux
séanccs..
De profondes modifications ont été in.
troduites au profit de l'enseignement supé-
rieur. Des sommes importantes sont al-
louées à nos grande établissements scien-
tifiques.
Dans l'instruction secondaire, le traite
ment des professeurs agrégés des lycéei
départementaux est augmenté de 500 fI'.
La subvention des colléges communaux
est élevée de 100,000 fr.
Dans l'instruction primaire, la retraite
des instituteurs et institutrices est élevée
à 500 fr.
Un supplément de 80,000 fi'. est alloué
aux écoles normales primaires du dépar-
tement.
Dans les beaux arts, la commission a
supprimé la subvention du Théâtre-Italien.
LE GRELOT
Dès l'abord, le doyen, personne fort prudente,
Opina qu'il fallait, et plus tôt que plus tard,
Attacher un grelot au cou de Ilodilard.
Le doyen, dans l'espèce, c'est VUnion,
journal officiel de M. le comte de Cliain-
hord. Quant au fameux Rodilard,
L'Alexandre des t liais,
L'Attila, le fléau des rats,
il n'est pas nommément désigné par la
feuille légitimiste, mais sa dévorante'
personne y transparaît pour ainsi dire
entre les lignes. Ceux qui n'ont pas les
yeux assez perçants pour le voir auront
du moins assez d'oreilles pour l'enten-
dre, car il porte à son col un grelot so-
lidement attaché. Que dis-je? un grelot!
Il en a bien cinq, six, ou davantage; au-
tant de grelots que de tètes, et ce n'est
pas peu dire, le vieux Cerbère de la
mythologie n'étant qu'un chien mono-
céphale au prix de ce multiple chat.
Oyez le carillon de l'Union; il est
bruyant comme une demi-douziine de
beaux diables!
« Nous avons dénoncé la inauœuvre du
centre droit, alors que ce groupe parle-
mentaire préparait dans l'ombre l'évolu-
tion vers le centre gauche qui s'accomplit
en ce moment sous nos yeux.
a Les événements qui se succèdent
ne justifient que trop nou e attitude.
» En faisant appel à des sentiments
d'abnégation et de dévouement, .le centre
droit était assuré d'égarer la droite et de
tromper sa clairvoyance. Il y a réussi.
» Aujourd'hui la lumière commence à
se faire, et la droite s'aperçoit de son
erreur.
» Le moment est venu de reformer D01
rangs et d'opposer une résistance opi-
niâtre aux efforts tentés pour désagréger
la droite.
« Mille bruits circulent dans le parle-
ment. On parle d'abdication, en célébrant
la grandeur d'âme de Monsieur le Comte
de Chambord ; quelques importants font
d'un air mystérieux - des confidences sur
certains incidents de la politique étran-
gère ; on invoque des périls imaginaires
qui auraient menacé la France, au cts de
la restauration du Roi, et qie le gouver-
nement autrichien aurait révélés à Monsieur
le comte de Chambord. Et. ou célèbre le
désintéressement patriotique de ce noble
Prince, qui aurait refusé la couronne pour
ne pas lancer son pays dans de sombres
aventures. C'est là une œuvre de mensonge
et d'hypocrisie. On loue la Roi, afin de
rendre la trahison plus faoilo en lui don-
nant une apparence de respect 11 d'hom-
mage.
» Le but qu'on poursuit, c'est d'établir
que le Roi est impossible, et de bénéficier
de la grandeur d'âme qu'on veut bien lui
attribuer, afin de se décerner à soi-même
le mérite d'avoir noblement servi la cause
de la France.
» La vérité est que le centre dj oit sent
le besoin de se justifier. C'est lui qui a
fait échouer la Restauration monarchique.
Nous le prouverons, et puisqu'il veut plai-
der les circonstances atténuantes, nous le
traînerons devant la barre de l'opiuion
publique, et nous déchirerons les voiles
dont il veut s'envelopper. »
Avez-vous entendu ? Oui. Compris ?
Non. Tant mieux pour vous, estimable
lecteur. Cet embarras fait l'éloge de vo-
tre simplicité ; je déplore sincèrement la
triste connaissance du coeur humain qui
me permet de sonder, avant vous et pour
vous, ce mystère.
.L'évolution du centre droit vers le
centre gauche, cette manœuvre prépa-
rée dans l'ombre, vous apparaît peut-
être, à vue de elocher, comme une ré-
conciliation de M. le duc de Broglie et de
ses amis avec la République septennale.
Erreur ! Déchaussez votre esprit d'une
illusion si naïve! Aux yeux de Y Union,
pas plus qu'aux yeux de la France, le
centre droit n'est suspect de comploter
la fondation du régime républicain. Tous
les organes de l'ordre moral protestent
à qui mieux mieux contre cette hypo-
thèse.
L'Union, qui a fait sa partie dans le
concert des monarchistes, connaît ses
alliés comme si elle les avait faits; et quoi
qu'elle ne les ait ni faits ni refaits, on
peut l'en croire quand elle les accuse.
Elle sait, point par point, ce qui avait été
dit, convenu, promis et juré en famille
depuis le 5 août jusqu'au 19 novembre.
Mieux que personne, elle pourrait vous
dire dans quel esprit, dans quel espoir
et sur la foi de quels engagements M. le
comte de Chambord est venu récem-
ment à Paris ; quelles raisons et quelles
vraisemblances avaient induit Sa Ma-
jesté chrétienne à faire emplette d'un
cheval noir, et à commander sur mesure
un magnifique chapeau à plumes.
Ceux qui s'étonnent que le Roy, après
a oir reçu à Fr hsdorf la visite de tous
les princes d'Orléans, sauf un, ait passé
quinze jours au milieu de ces chers col-
latéraux sans leur rendre leur politesse,
trouver nt le mot de l'énigme dans cet
article de l'Union. Ils comprendront du
même coup pourquoi les fils et petits-fils
de Louis-Philippe ont respecté l'incognito
de l'héritier de Charles X. Et celui qui
voudra pousser la botte à fond s'expli-
quera sans trop d'effort l'élimination de
MM. Ernoul et de la Bouillerie au profit
de MM. Depeyre et de Larcy.
Quelle est cette « erreur de la droite, »
que l'Union signale avec un légitime
dépit ? Pour les Français qui savent ce
que parler veut dire, c'est l'adhésion de
vingt ou trente royalistes sincères à un
vote dont le vrai sens et la dernière fin
leur étaient dissimulés par les habiles.
Qu'est-ce que « les efforts tentés pour
désagréger la droite, » sinon l'enrôle-
ment discret des soldats delà branche
aînée au profit de la branche cadette ?
Quand YUnion nous dit : « On loue
le Roi, alla de rendre la trahison plus
facile,, elle n'incrimine pas le parti ré-
publicain, qui n'a jamais trahi le roi, et
qui ne saurait le trahir, car la sagesse
des nalions a dit en fort bons termes :
On n'est jamais trahi que par les siens.
« Le but qu'un poursuit, dit YUnion,
c'est d'établir que le Roi est impossible,
et de bénéficier de la grandeur d'âme
qu'on veut bien lui attribuer, afin de se
décerner à soi-même le mérite d'avoir no-
blement servi la cause de la France. »
Qu'est ce à dire, sinon que les orléanis-
tes, non contents d'exagérer à plaisir les
dissidences qui séparent le Roi de la na-
tion, exploitent la lettre du 27 octobre
eomme une abdication généreuse d'Hen-
ri V, pour dire ensuite à la France: Nous
voici; nous ne sommes ni dévots, ni ré-
trogrades, tt nous tenons en mains le
drapeau chéri ?
Pour tout résumer en deux mots, l'or-
gane officiel de M. le comte de Chambord
semble croire que les politiques du cen-
tre droit recrutent les éléments d'une
majorité parmi les demi-vertus de la
droite et les demi-convictions du centre
gauche, et que le jour où ils tiendront en
mains la moitié de nos représentants plus
un, ils offriront la couronne de France à
un prince d'Orléans.
Nous ne sommes pas dans le secret
des dieux ni même des demi-quarts de
Dieu qui tripotent la matière politique ;
il ne nous appartient donc pas de
donner tort ou raison aux vaillants
ennemis du centre droit. Leur bonne
foi nous paraît incontestable, mais
l'homme le plus loyal du monde est su-
jet à l'erreur. Le journal de M. Lauren-
tie calomnie peut-être innocemment les
princes d'Orléans et le parti orléaniste.
Aux accusés de se défendre ; leurs affai-
res ne sont pas les nôtres.
Notre rôle, au milieu des rivalités et
des récriminations monarchiques, est de
maintenir contre tous les droits de la
nation.
La France n'appartient qu'à elle-
même ; elle n'est ni le patrimoine de M.
de Chambord, ni l'apanage des princes
d'Orléans ; elle n'est pas non plus le prix
d'un steeple-chase couru par quelques
prétendants sous les yeux d'un Joc key-
Club parlementaire.
La France n'a jamais vu qu'avec effroi
les prétentions surannées du comte de
Chambord. L'homme est honnête, on
l'estime, on le plaint, mais on n'en veut
point, car il n'est pas de notre temps, il
est à peine de notre pays, il représente
aux yeux de tous une tradition exécrée
et une prétention intolérable.
Quant aux princes d'Orléans, ils ont
beau se montrer plus modernes, ils ne
sont pas plus populaires, et, à coup sûr,
ils sont moins considérés qu'Henri V.
Ils ne sont pas la meilleure des monar-
chies aux yeux des monarchistes, et le
parti républicain n'est plus assez naïf
pour voir en eux l'a meilleure des Répu-
bliques.
La nation a réglé tous ses comptes
avec eux, sans marchander; elle ne com-
prendrait pas qu'ils vinssent aujourd'hui
réclamer autre chose. Toute leur force
et leur crédit sont concentrés dans un
coin de Versailles où ils manœuvrent
habilement, je l'avoue; mais plus ils ga-
gnent de terrain sur les lisières de la
droite et du centre gauche, plus ils nous
rappellent un régime d'intrigue et de
corruption que la France ne veut pas re-
commencer.
D'ailleurs notre patrie, il faut qu'on se
le dise, est un pays de bonne foi, d'ordre
et de légalité. Il n'y a pas quinze jours
que ses représentants bien ou mal choi-
sis, peu importe, lui ont imposé pour
sept ans la Républiquo du maréchal de
Mac-Mahon. Elle a pris ce gouverne-
ment au sérieux, quoiqu'elle ne l'eût
pas demandé, et elle s'y tiendra tésolù-
ment, crainte de pire. -
Les monarchistes les moins scrupu-
leux ne peuvent pas, avant sept ans, re-
mettre en question la forme du gouver-
nement, à moins qu'un mouvement po-
pulaire savamment préparé vienne
justifier, tant bien que mal, l'interven-
tion d'un sauveur. Mais le peuple est
assez intelligent pour prendre les ri-
gueurs en "patience, dédaigner les pro-
vocations, et ne demander qu'au scrutin
un allégement de ses maux. Que le loup
se promène avec ou sans grelot, les
Français sont trop sagas pour se jeter
dans la-gueule du loup.
ABOUT.
COURRIER PARLEMENTAIRE
Versailles, 29 novembre 1813.
Enfin, on va donc voter un peu au scru-
tin secret pour la nomination de la com-
mission etc., etc. ! Vous le voyez, il de-
vient fort simple de rendre compte des
séances de l'Assemblée nationale; pour
faire celle du jour, il suffit de recopier
celle de la veille ; au besoin, on pourrait
détailler d'avance cdle du lendemain.
Aujourd'hui, toutefois, nous avons eu
un incident imprévu qui n'était connu
que depuis huit jours : c'est la démission
du général Dacrot, que M. le président
porte à la connaissance de l'Assemblée.
Elle est ainsi conçue :
« Monsieur le président,
» Je vous prie de vouloir bien faire
agréer à l'Assemblée nationale ma démis-
sion de représentant.
» Ce n'est pas sans de vifs regrets que
je me sépare de mes honorables collègues;
mais appelé, malgré mot, à l'honneur de
siéger dAus cette Assemblée, j'ai toujours
pené que le mandat de député était abso-
lument incompatible avec mes devoirs de
soldat, et des considérations d'ordre social
supérieur m ont seules déterminé à le con-
server bien au-delà de mes prévisions.
» Aujourd'hui, en présence de certaines
tendances qui se manifestent et qui peu-
vent avoir des conséquences funestes pour
la discipline de l'armée,' je crois le mo-
ment venu d'affirmer mon principe par un
acte, et, à partir de ce jour, j'entends me
consacrer tout entier aux devoirs que
m'impose le commandement qui m'a été
confié.
» Veuillez agréer, monsieur le président,
l'assurance de mon respectueux dévoue-
ment.
» Général DUCfOt,
« Versailles, le 21 novembre 1873. »
La lettre est datée du 21. Une voix est
chose précieuse dans cette Assemblée de
730 membres, et la droite, nous dit-on,
espérait encore faire revenir M. Ducrot
sur sa détermination. Le général reste vic-
torieux et mort pour la politique.
Nous sommes absolument de l'avis du
général Ducrot relativement à l'incompati-
bilité qui existe entra le mandat de député
et les devoirs qa'impose à l'officier le com-
mandement actif ; nous nous sommes même
aperçu, bien avant M. Dacrot, des inconvé-
nients que peut présenter cette double si-
tuation. Nous ne regrettons donc qu'une
chose dans cette lettre, c'est que le géné-
ral, au moment même où il refusait d'être
plus longtemps un homme politique, ait
Cru devoir faire encore de la politique.
Le passage de « certaines tendances »,
qui vise manifestement le succès remporté
tout récemment par deux collègues du gé-
néral, a été souligné par un murmure du
côté gauche. Nous sommes d'autant plus
à l'aise pour relever ce passage que les gé-
néraux Saussier et Letellier-Valazé doivent
être, à l'heure présente, déchargés, par voie
hiérarchique, du poids de leurs comman-
dements actifs.
Après le sc'utin secret, des pétitions qui
demeurent, pour nous, à l'état de secret,
car les causeries particulières de la salle
ne nous laissent guère le loisir de prêter
aux propos de la tribuue une oreille même
inattentive. Au moment où le public com-
mence à comprendre que le rapporteur
demande la destruction des vers blancs, il
voit M. de Tillancourt se précipiter à la
tribune et parler de la,contrainte par corps;
une spectatrice réactionnaire a l'air de
trouver que M. de Tillancourt a des idées
trop libérales au sujet des vers blancs. En
somme, c'est plein d'intérêt.
Cependant, il se produit un mouvement
insolite sur la gauche du Bureau ; les
groupes se. forment, les colloques sont
animés, il y a certainement quelque chose.
Et M. Buffet proclame les résultats du
scrutin secret : M. de la Rochefoucauld-
Blsaccia,,299 voix; M. Combier, 296 ; M.
'd'Ilau ssbt' iv "ilte, 295; M. Lucien Brpn, 295.
Viennent ensuite MM. Jules Grévy, Bé-
renger, Laurier, Bethmout, etc., qui ne
sont pas élus, puisque le chiffre de la ma-
jorité absolue, sur 585 votants, est 293.
Quatre seulement sur sept!
Quat.re' est bien quatre? M. Jozon
assure que c'est zéro. Personne ne serait
élu.
En effet, il vient d'apprendre, de la bou-
che d'un,scrutateur, qu'on a bien trouvé
dans l'urne 585 bulletins, mais qu'on n'y
a découvert que S79 boules (c'est-à-dire
votants). Il est probable que nul n'ayant
pertaiuement mis double bulletin, il y a
des honorables qui ont perdu la boule. Or,
feuivant la jurisprudence en usage au conseil
d'Etat, voilà six suffrages irréguliers qu'on
aoit défalquer du nombre de voix obtenu
par chaque candidat, — tt alors aucun n'a
plus la majorité absolue ! Cette élection de-
vient tout à fait comique.
M. de Champvallier (du centre droit) lui
donup,, le. caup de gi âce , innocemment,
,aIls le vouloir, avec naïveté même.
— Messieurs, dit-il, je n'ai qu'une ob-
servation à présenter : le,fait s'est produit
dès le premier jour du vote.
Et l'Assemblée n'en a rien su ! On a
laissé les candidats se p .yer des, majorités
absolues d'occasion, moins cher, qu'au ba-
teau. La chose vaut tout juste un éclak de
tire. < .;
C'est M. Ganivet qui clôt le débat, tu
teconnaissam que le principe de M. Jozon
èst exact, mais qu'en retirant six suffrages
aux candidats, il faut également abaisser
de six voix le chiffre de la majorité abso-
lue. De la sorte, sont élus MM. de Bisac-
eia et Combier.
7 - 4 + 2 = 5
! Il faut recourir aux décisions du conseil
d'Etat et aux signes algébriques pour s'y
retrouver dans la nomination 4e cette
commission. Encore cinq membres à nom-
mer !
Et le voyage autour des urnes recom-
mence.
PAUL LAFARGUE.
-..--.-,-------, —+ --
Hâtons-nêus de faire amende honora-
ble; hier, dans un premier moment
d'humeur, nous nous sommes montrés
un peu sévères à l'endroit des « libé-
raux » d'antan qui applaudissent aujour-
d'hui à la loi qui livre la nomination des
maires et la police des communes à la
discrétion du gouvernement. Le Fran-
çais nous affirme que le ministère ne
pouvait donner de témoignage plus écla-
tant de son patriotisme qu'en proposant
une loi' si peu conforme à ses tendances,
à ses convictions et, pour tout dire en-
fin, aux professions ~é > ur tout dire en-
fin, aux professions de foi solennelles de
chacun de ses membres en faveur de la
décentralisation administrative. Le Fran-
çais est triste, oh ! bien triste ; il souffre
de tout ce qu'a dû souffrir M. le duc de
Broglie avant de. prendre cette grande
résolution d'infliger un démenti à toute
sa vie ; il s'associe aux douleurs de la
majorité qui, dans quelques jours, —
le plus tôt possible, — devra boire, sans
sourciller, le calice amer que lui pré-
sente le gouvernement.
Le Français est tout à fait réjouissant
dans ce rôle de saule-pleureur, et l'on
voit bien que ses rédacteurs ont tous
passé par la grande école de Loyola ; ils
connaissent à merveille l'art qui consiste,
suivant une expression vulgaire qu'on
nous pardonnera, à faire prendre des
vessies pour des lanternes ; ils savent
lever les yeux au Ciel, joindre les mains,
adoucir leur voix. et feindre des airs de
sainte-ni-touche à se faire donner le bon
Dieu sans confession. Mais si parfaits
comédiens qu'ils soient, vraiment ils s'il-
lusionnent s'ils pensent désormais en
imposer à personne ! Croyez-nous, hon-
nêtes gens, serrez vos haires avec vos
disciplines, renoncez à vous moquer du
public, on sait qui vous êtes, et toutes
vos simagrées ne feront pas qu'on ne
vous dise votre fait.
En somme que veut-on ? Faire croire
au public qu'on n'abandonne rien des
idées qu'on a si longtemps défendues,
'que tel on s'est montré sous l'empire, tel
on demeure aujourd'hui, et que si l'on
semble se déjuger, c'est pour faire face
à une situation exceptionnelle et arra-
cher le pays aux périls effrayants qui le
menacent. A qui la faute si M. de Bro-
glie, si M. Decazes, si tous ces hommes
qui ne vivent que pour la liberté se
trouvent dans l'obligation d'en voiler un
instant la statue ? Eh ! parbleu, c'est la
faute des républicains. Si le suffrage uni-
versel nommait des maires monarchis-
tes, croit-on que le gouvernement eût
jamais songé à proposer sa loi munici-
pale ? Au contraire, il eût saisi l'occasion
de prouver à tous qu'en fait de libéra-
lisme il pouvait lutter avec avantage
contre M. Thiers, et c'est à toutes les
communes de France, sans en excepter
Paris, Lyon, Bordeaux, Marseille et Tou-
louse, qu'il eût rendu le droit de choisir
leurs maires.
- Mais que voulez-vous? Le suffrage
universel est gangrené. Ne s'avise-t-il
pas, dans des communes où jusqu'à ce
jour, de quelque côté que vînt tourner
1e vent,
Il y tournait son aile et s'endormait content,
ine s'avise t-il pas de s'occuper de poli-
tique, de penser et d'agir suivant ses
propres inspirations, qui sont détesta-
bles, puisqu elles aboutissent invariable-
ment à des choix républicains ! Vous
voyez bien qu'il faut, à tout prix, met-
tre ordre à un tel état de choses, et que
c'est bien malgré eux que nos gouver-
nants sont réduits à faire abnégation de'
leurs principes les plus chers.
Décentralisateurs, ils le sont toujours
et plus que jamais; ils le montreront
bien dès qu'ils n'auront plus à craindre
le suffrage universel, et ils espèrent
que ce jour bienheureux n'est pas loin.
car on s'occupe activement des moyens
« d'épurer, de moraliser » ce satané
Suffrage universel, qui, pour l'instant, se
montre indécrottable.
a Nous savons bien, dit le Frarçais, ce qu'a
de douloureux la n écessité où nous sommes
*é !uits. Et quand nous sentons s'accumuler en
nous la colère-indignée eontre le parti ra lical,
ce n'est pas encore tant pour le mal que ce
PARAFAIT à tous les intérêts, à la-paix pubïiqup,
c'est parce "QU'IL compromet la liberté ET qu'il
nous oblige à "la voiler. Mais si nous' sommes
tristes, nouB n'én sommes pas moins résolus.
» Nous n'abandonnons aucun de nos
principes libéraux, nous avons toujours foi en
ux et nous espérons bien pouvoir prochaine-
ment les appliquer tout entiers ; mais, si nous
igissons comme nous le faisons, c'est dans l'in-
térêt même de ces principes, c'est'par la con-
viction qu'il n'y a, pas d'autre moyen pour nous
d'échapper" à l'anarchie demain, à la didtature
après-demain. » "•
) 1
-
I On 'le >voit, s il n'y avait 'point, de ré-
publicaiùs'en France, la liberté n'aurait
pas dê plus ardents défenseurs que
Mttrt)glie Decnz; leUrs" amis;
s demeurent donc libéraux, mais in
petto" jusqu'au jour où il leur sera bien
t dûment démontré que, comme la race
des carlins, l'engeance, républicaine a
disparu. C'est consolant, au moins pour
ceux qui sont d'h.ame.ur à attendre la li-
berté sous l'ormes,
E. SCHNEUB.
L'ÉCHO DE L'AUXOIS
Vous n'avez pas sans doute oublié
cette affaire.
Un pèlerinage s'organise dans une pe-
tite ville de province, à Semur. Un jour-
nal de la localité, l'Echo de l'Auxois, en
conte les cérémonies et les pompes, et
il cite nominativement les principaux per-
sonnages de la ville qui avaient bien
voulu y prendre part.
Seize des personnes ainsi nommées
intentent au journaliste un procès pour
infraction dans leur vie privée et injure
publique.
Elles obtiennent gain de cause en pre-
mière instance.
Le journaliste en appelle.
La condamnation vient d'être confir-
mée par la cour.
Le journaliste s'est pourvu en cassa-
tion.
Je ne puis que le féliciter de sa persé-
vérance. Il rend service à la presse tout
entière, en épuisant tous les degrés de
juridiction dans une affaire où la liberté
du journalisme est si fort intéressée.
Nous nous inclinons devant le juge-
ment rendu; mais nous ne pouvons
nous empêcher de penser qu'une loi en
vertu de laquelle un semblable arrêt est
possible est une loi mal faite, et qu'il
faut la changer. Nous avions bien prévu
jadis que la loi, qui est connue sous le
nom de loi Guilloutet, pourrait avoir,
dans l'application, des conséquences
surprenantes et fâcheuses. Nous n'aurions
jamais soupçonné qu'elle autorisât à. re-
garder comme une atteinte à la vie pri-
vée le fait de désigner par son nom,
dans le journal, une personne qui aurait
figuré publiquement à une cérémonie
publique, en compagnie de prêtres ho-
norables et sous la conduite d'un évè-
que.
J'attendrai, pour être pleinement con-
vaincu, que la cour de cassation ait dé-
cidé ; et si elle donne raison aux magis-
trats de première instance et d'appel,
si elle prononce qu'il a été fait en cette
circonstance une application juste de la
loi, nous ne cesserons alors de demander
qu'une loi, dont les extrêmes consé-
quences paraissent si fort en contradic-
tion avec les données ordinaires du sens
commun, soit ou abrogée ou rédigée
de façon plus claire.
Je ne voudrais, en attendant, que pré-
senter une petite observation à propos
du réquisitoire prononcé par le ministère
public.
Voici ce qu'en dit le courriériste de la
Gautte des Tribunaux : -
« M. le procureur général Robinet de
Cléry, après avoir démontré par quelles;
manœuvres déloyales les organes de la
démagogie s'étaient efforcés de. trans-
former'en manifestations politiques des
cérémonies purement religieuses. »
Je ferai remarquer il. )L le procureur
général Robinet de Cléry que ce ne sont
point les organes de la démagogie, que
ce sont, au contraire, les organisateurs
de ces cérémonies religiéuses qui ont
jugé à propos de les transformer en
manifestations politiques.
Il est bien probable que M. le procur
reur général Robinet de Cléry n'a jamais
lu aucun des discours qvii ont été pro-
noncés à ces cérémonies, qu'il dit avoir
été purement religieuses, et qui, en effet,
auraient dû demeurer telles-. La plupart -
de ces harangues étaient tout entieres
consacrées à la politique ; on y parlait
sans cesse de restauration monarchique,
tantôt sous le voile de l'allégorie bibli-
que, tantôt à style ouvert, et sans y
faire tant de façons.
Je ne crois pas qu'il y ait en un'seul"
de ces sermons où il n'ait été question
de la prétendue captivité du pape, et'du
secours qu'il attendait de la France, re-
venue de ses erreurs et rangée 'sous un
roi, fils aîné de l'Eglise.
Si ce n'est pas là de la politique, j'i-
gnore ce qu'on appelle-de ce nom.
Au reste, les meneurs de cette grande
croisade-ne s'en cachaient, point. Ils se-
ront bien étonnés d'apprendre de la
bouche de M.'le procureur général Robi-
net de Cléry qu'ils n'avaient point d'ar-
rière-pensée politique en conduisant
toute cette affaire. Peut-être souriront-
ils de sa naïveté.
; M. le procureur général Robinet do
Cléry peut être assuré que, sf la politi-
que avait été étrangère à l'événement,
s'il ne s'était agi que de boira de l'eau
de la Salette ou de frotter de petites mé-
dailles surlenez.de la Vierge noire, ni
les directeurs du comité des pèlerinages
n'auraient déployé tant de zèle, ni les
organes de la démagogie (comme il nous
appelle) n'auraient témoigné tant d'ap-
préhensions.
FRANCISQUE ,: SARGEY.
— +
L'abus que ¡font les agents du pouvoir
de certaines lois sur la presse est deveny.
si excessif, si contraire au bon sens et à
l'équité, qu'on, ne saurait le signaler trop •
souvent à l'opinion, si l'on veut qu'enfin il 1
y soit m s unième.. 1
Dans deux départements, le Nori (t la ,
Haute-Garonne, les préfets ne se sont pas 1
contentés d'interdire la vente et lQ côlnor-
tage sur la voie" publique des journaux qui
leur déplaisaient ; ils ont été jusqu'à de-
fendre aux directeurs de ces journaux 4e
les faire' distruer, SQUS bande, aux ab on..
les faire distribuer, sous bande, aux abon-
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