Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1873-10-29
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 29 octobre 1873 29 octobre 1873
Description : 1873/10/29 (A3,N713). 1873/10/29 (A3,N713).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7558071j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/03/2013
3» Année — NI) 713 PRIX Du Numéro : PAMS 45 Centimes — DIiPARTBMBMT8 20 CENTIMES.
Mercredi 29 Octobre 4873.
1 JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
.- RÉDACTION
adresser fin Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
t. rue Drouot. 2
Les manuscrits non insérés ne seront pas rendus.
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois 13 fr.
aix mois. 25
Un an. 50
DÉPARTEMENTS 1
Trois mois A rï6 M
Six mois.:. 32'
Un an Wa,
f Annonces, chez MM. LAGRANGn, CERF et de
Q place de la Hourra, 0
On s'abonne à Londres, ehez M. A. MAURICE général
&dvertising, agent, 13, Tavistockrow, Couen t Garden.
ADMINISTRATION
Adresser lettres et mandata à l'Administrateur
tt. rue Droiiot, 1
tas lettres non ,it\r.uld.,t!S seront ,.,,f ABONNEMENTS
J>Ajq
rrO!':! mou. 13 fr.
SIX aïoiii : 25
'Ju nu. 50
ORPARTNMBtTt
Trois mois. 16 tr.
Six mois. 32
Un an .,.,. 6f v
jBnnnw, chez MM. LAGRANGE, GJBRF et G*
Q. place de la Igoam, 4
On s'abonne à Londres, chet M. A. MAURICE général
advertising, agent, 13, Tavistockrow, Govant Gardon.
MM.. les Souscripteurs 'ont l'a-
bonnement expire le 3i octobre
sont priés de le renouveler immé-
diatement, s'ils ne veulent éprouver
de retard dans la réception du
journal. a
r JOURNÉE POLITIQUE
#OST |
* *** Paris. 28 octobre 4875.
* Trois élections de conseillers généraux
ont eu lieu dimanche, une dans Maine-et-
Loire où l'unique candidat s'est trouvé
naturellement élu, deux dans la Somme, où
les candidats conservateurs, comme dit le
Français avec emphase, ont battu leurs
compétiteurs radicaux. Nous voyons bien,
en effet, que M. Faton de Favernay l'a
emporté de 700 voix sur l'honorable député
* du département, M. Barni, et que M.
Dauzei d'Aumont a été choisi de préfé-
rence à M. Digeon. Be ces quatre candi-
dats, M. Barni seul nous est connu, et son
radicalisme, Ú radicalisme il y a, n'est
fait pour effrayer personne. Quant aux
deux conservateurs élus, il faudrait savoir
éi te sont simplement des conservateurs
ou des monarchistes. Quoi qu'il - en
ioit, voilà de quoi le Français triom-
phe ; il proposerait d'illuminer s'il n'ai-
mait mieux réserver tous ses lampions
pour l'entrée du roi. C'est d'une sage éco-
nomie. — Mais, dira quelqu'un, si les élec-
teurs se mettent à mériter les applaudisse-
ments du Français, quelle raison donnera
ce journal contre le renouvellement de
l'Assemblée ? - Il n'en donnera point ;
pourquoi vouléz-vous qu'il en donne ? Est-
e, qu'il a besoin de raisonner ?
Nous continuons de reproduire des ex-
traits de lettres ou discours des députés ré-
publicains sur la question monarchique.
Par contre, les députés royalistes sont en
général avares d'explications, comme le
Français d'arguments. Un très-petit nom-
bre ont répondu aux questions de leurs
électeurs ; ceux qui ont nettement déclaré
qu'ils voteraient la monarchie, et qui ont
dit pourquoi, sont en nombre bien plus
petit encore. La plupart s'écrient qu'ils
n'ont pa$reçu de mandat impératif,. — ce
qui, comme, dirait M. Weiss, est une bê-
tise. Deux ou trois de ces lettres seulement
méritaient d'être signalées pour excès de
morgue ; nous l'avons fait. Le reste est
mal, ou peu s'en faut. Remarquons seule-
ment que l'opinion qui semble deminer
encore chez divers représentants de la
cîroite et du centre droit, c'est qu'il
est urgent de sortir enfin du statu quo.
Ainsi parle M. Blavoyer (de l'Aube),
qui n'explique pas d'aillenrs comment
il votera : «Tous sont d'accord pour décla-
l'er, éorit-il, que l'état provisoire dans le-
quel nous vivons doit cesser et que l'incer-
titude politique nuit aux intérêts du pays.
L'Assemblée le sait, etc. »
L'Assemblée, en effet, le doit bien sa-
voir. C'est le cri des campagnes et des vil-
les, le cri de la France. On apprend de-
puis quelques jours que des industriels,
des commerçants, des magistrats munici
pauxfont des démarches auprès du président
de la République et des ministres, qu'ils
voudraient éclairer sur les vœux de l'opi-
nion. Avant-hier, c'était le maire de Beau-
ne; hier, c'était celui de Nantes, qui de-
mandaient audience au maréchal Mac-
Mahon pour l'entretenir de l'état des es-
prits. Partout l'agitation est grande; il
n'est permis, il n'est fosâble à qui que
ce soit de l'ignorer.
Les hommes impartiaux et modérés re-
gretteront d'autant plus que le ministère
et ses préfets, loin de ealmer une excita-
tion dont l'intrigue royaliste est la seule
cause, semblent prendre à tâche de l'ac-
croître et de l'aviver. A Nantes, dont nous
parlions tout à l'heure, la vente sur la voie
publique est interdite au Phare de la Loire,
feuille républicaine et très-populaire, pour
avoir contesté le droit constituant de l'As-
semblée. Les royalistes de leur côté peu-
vent impunément contester tant de choses
pour le moins aussi respectables, que le
tas du Phare, semble t il, méritait bien
quelque indulgence. Une autre mesure
de combat, dont les effets seront plus re-
grettables encore, c'est le décret qui sus-
.pewl pour deux mois le eonsvil municipal
de Lyon.
Ce décret est, d'ailleurs, d'une stricte lé-
galité; il semblerait même, à première vue,
assez justifié par l'imprudente attitude du
conseil lyonnais dans la question des écoles.
Mais, pour uu gouvernement plus sou-
cieux du véritable ordre moral que de
ses intérêts de parti, mue faute n'aurait
point servi de prétexte à UlH., Forte de
coup d'Etat municipal. C'est ce q^e le
Journal de Lyon, dont tout le rnonle ap-
précie la sagesse, explique avec beaucoup
de raison et de tact : « Les délibérations
blâmables du conseil llluuÍ;;ipdl étaient-
elles une cause d'agitation ? dit omre con-
frère. Evidemment non; sa manie d'instruc-
tion libre et laïque produisnif, des effets tel-
lement attend us qu'ils en devenaient mono-
tooes pluîôiqu'iuqmétsms pouria tranqml-
lÍté. Leaftaires étaiem -eÏ!eë sérieusement
entravées? Nous pou vans réfôadr&nen enco -
re, Qui pour;ait au îeste entraver l'admi.
nistra t ion v iîFricce?..No J.» Li. iH,UV.:;,S donc
découvrir l+s motifs qui constituaient une
obligation bien impérieuse pour l'administra-
tion préfectorale de suspendre le conseil;
nous estimons plutôt qu'elle a attendu pa-
tiemment et saisi un prétexte très-plausible,
il est vrai, pour se débarrasser de collabo
rateurs peu sympathiques et plus gênants
que jamais dans le moment àetueh Car il
existe aUi ufi cônëours d'autres circons-
tan oês qui peuvent faire penser que la
pure politique n'a pas été exclue des con-
sidérations qui onL pu amener l'autorité
supérieure à prendre cette mesure rigou-
reuse. »
Si ces explications semblaient insuffi-
santes, il suffirait d'ouvrir les journaux
monarchistes de Lyon pour les compléter.
Le Sal.ut publie, à son point de vue, juge
ainsi le décret de suspension : « Le gou-
vernement arme, dit-il; il se prépare à la
crise capitale que nous allons traverser et
s'efforce de mettre le plus d'atouts dans son
jeu en détruisant autant que possible les
foyers présumés de résistance: c'est logi-
que. » Logique, en effet ; il n'y a pas
d'autre mot qui convienne. Quant à la com-
position de la commission municipale qu'on
met en la place du conseil, elle est tout ce
qu'il y a de plus « logique » aussi. Le Salut
public trouve même qu'elle l'est un peu
trop ; il craint 4uè 4 certains noms ne pro-
voquent quelque étomnement et ne don-
nent à cette assemblée un caractère poli-
tique accentué qui fera peut-être suspecter
l'impartialité de ses décisions. » Logiquê
des idées ; la logique des faits n'est pas
moins sûre, ainsi que le gouvernement
pourra le constater bientôt.
ê
Eug. Liésert.
- ----.-- -.
En vérité, nous finirons par croire que
les princes de souche royale ne sont pas
faits de la même pâte que nous autres !
Voilà un mois que M. le comte de Gham-
bord entend discuter à perte de vue sur
ce qu'il pense ou ne pense point, sur ce
qu'il a dit ou n'a pas "dit, sur ce qu'il ac-
cepte et ce qu'il repousse, ce qu'il donne
et ce qu'il retient, ce qu'il accorde et ce
qu'il refuse; l'un dit blanc, l'autre noir,
un troisième, tricolore; on s'épuise en
rectifications, on s'assomme de démen-
tis ; l'accord n'est nulle part, la confu-
sion est générale, et M. le comte de
Chambord demeure les bras croisés, la
bouche close ! D'un mot, il pourrait
faire cesser tous les malentendus ; une
ligne de sa main dissiperait toutes les
équivoques ; et ce mot, il ne le prononce
pas ; cette ligne, il se refuse à l'écrire !
En vérité, je vous le dis, c'est à croire
que les princes sont, en effet, des demi-
dieux, car à coup sûr ce ne sont pas des
hommes !
De grâce, monsieur le comte, ayez pi-
tié de nous ; dissipez ces ténèbres où
nous trébuchons à chaque pas, et qui
vont s'épaississant à tel point que vos
plus dévoués partisans eux-mêmes, au
labyrinthe avec vous descendus, — vous
comprenez qu'il s'agit de MM. Chesne-
long et Lucien Brun, — risquent fort,.
pour peu que cela continue, de ne se point
retrouver.
A qui croire ? M. Détroyat publie dans
son journal une information dont il affir-
me à maintes reprises la parfaite authen-
ticité. De cette information il résulterait
que M. le eomte de Chambord n'a nulle-
ment autorisé les ambassadeurs de la
droite à tenir le langage que l'on sait en
revenant de Salzbourg. M. Chesnelong
proteste ; « Je maintiens, dit-il, dans les
termes où je l'ai fait et tel que mes col-
lègues l'ont entendu, l'exposé successive-
ment présenté à la commission des neuf,
aux bureaux des réunions parlementai-
res, enfin aux réunions du centre droit
et des Réservoirs : j'en affirme la vérité
absolue. »
Et, là-dessus, les journaux fusion-
nistes de s'écrier triomphalement : Nous
vous l'avions bien dit !
Faites excuse, messieurs nos confrè-
res; nous affirmons, vous niez; nous
sommes à deux de jeu, et c'est tout. M.
Détroyat n'a certes point la célébrité de
M. Chesnelong ; ni dans la marine où il
a débuté, ni dans le journalisme, il ne
s'est acquis cette immense et universelle
réputation que M. Chesnelong doit aux
salaisons et à la politique ; et pourtant
nul n'oserait soutenir que la parole de
M. Détroyat ne vaille point la parole de
M. Chesnelong. Nous allons plus loin;
M. Chesnelong ne peut faire autorité
dans l'espèce, puisqu'il y est juge et
partie. On lui reproche d'avoir mal in-
terprété ou commenté avec trop de
complaisance le langage de M. le comte
do Chambord; il s'en défend, c'était
prévu , et rien n'est plus naturel ; mais
qu'est-ce que cela prouve ? Dans tout
procès il est juste d'entendre la défense
après l'accusation, mais on ne prononce
le jugement que S':H' preuves, et, dans
l'espèce, il est indispensable de connaî-
tre la déposition du seul témoin dont
la parole puisse faire autorité; nous
voulons parler du comte de Chambord.
Mais le comte de Chambord écoute et
ne dit mot.
Jusqu'à ce qu'il ait parlé, nous con-
servons,- avec fous les esprits impar-
tiaux, le droit de considérer comme
exacte la versioa de la. Liberté, car ce qui
se pasfca dans la presse monarchique té-
moigne de L1 eonfLBlon vraiment incon-
cevable à laquelle est livré Je camp
rovsHste o
Voici par exemple M, Edouard Hervé,
un des écrivains leaders de la fusion,
qui signa dans le Journal de Paris les
déclarât io e s sui vantes :
« Nous ne voulons et ne pouvons-
faire qu'une monarchie entourée de ga-
ranties constitutionnelles, nous ne vou-
lons et ne pouvons faire qu'une monar-
chie qui ne repousse pas le drapeau tri-
eeïlorei ,.,
» Or, M. Lucien Brun et M. Chesné-
long ont rapporté de Salzbourg, un pro-
gramme qui donne satisfaction sur ces
deux points. »
On a entendu la première cloche;
passons à la seconde. C'est l'Univers qui
la sonne :
« Le journal de M. le duc de Broglie — c'est
du Français qu'il s'agit, — dit que ce pacte sera
la confirmation même des véritables principes
de 1789. Il dit aussi que l'initiative royale ne
sera rien de plus que le droit d'initiative re-
connu aux députés. Bref, le Français fait tout
ce qu'il faut pour attirer le centre gauche en lui
expliquant que le roi ne sera presque rien. Il ré-
gnera et les parlementaires gouverneront,
» Dernièrement, le Français disait que le lan-
gage des journaux d'extrême droite n'engageait
pas le roi; c'est bieu vrai; mais il est au moins
tout aussi certain que les déclarations de la
feuille parlementaire et de ses patrons ne l'en-
gagent pas non plus. e
Accord touchant. Trois monarchistes
également dévoués à la fusion sont en
présence : Le roi ne sera rien, affirme
le premier.1l gouvernera bien un peu,
dit le second, mais si peu ! - Cela vous
plaît à dire, messieurs, intervient le troi-
sième. Qui vivra verrâ.
En conscience est-il permis d'infliger
de la sorte à trente-six millions d'indivi-
dus le supplice du casse-tête chinois,
quand il suffirait d'un mot pour couper
court à toutes ces discussions de sic et
non qui finiront par précipiter la France
dans un accès d'aliénation mentale ?
Quelques journaux royalistes, la Ga-
zette de France en tête, Se rendent bien
compte de cette situation ; mais n'ayant
aucun moyen "S'y remédier directement,
ils prennent un biais. A ceux qui, comme
nous, leur reprochent de ne point savoir
s'expliquer catégoriquement : Et vous
donc 1 nous répondent-ils. Seriez-vous
capables de nous définir hic et nunc le
genre de République que vous voulez ?
Cette façon de répondre à la question
parla question est connue, et fort usitée,
vu son extrême commodité; mais c'est;
un mauvais moyen d'avancer les dis-
eussions. D'ailleurs, quand avons-nous
parlé de la République? Quand a-t-on vu
les républicains se concerter pour es-
sayer de réunir une majorité dans le but
d'imposer à l'Assemblée nationale la lé-
galisation définitive des papiers de la
République ? Les républicains ne deman*
dent rien, ne proposent rien aux monar-
chistes. Les monarchistes n'ont done
point de questions à leur adresser, au
moins pour le moment. Parlons donc
de monarchie et qu'on nous dise en fin
de compte, si M. de Chambord a juré
de rester sourd et muet, quand tout lui
fait un devoir d'entendre et de parler.
E. SCHNERB.
■ - 1,.^
Nous sommes priés d'annoncer que le
centre gauche se réunira jeudi prochain
30 octobre, à huit heures du soir, rue
d'Anjou-Saint-Honoré, 51.
Le bureau de la gauche nous communique le
procès-verbal suivant : , 1
La gauche républicaine s'est réunie au-
jourd'hui, à 2 heures, sous la présidence
de M. Leroyer.
Les commissions ont d'abord fait con-
naitre la situation de leurs travaux. Un
certain nombre de membres de la réunion
récemment arrivés ont ensuite exposé les
impressions qu'ils rapportent de leurs dé-
partements. Leurs déclarations ont été
identiques à celles qui avaient été précé-
demment indiquées; elles signalent l'irri-
tation générale causée par les tentatives de
restauration monarchique, et la satisfaction
produite par les nouvelles chaque jour con-
firmées de l'insuccès des masœuvres fa-
sionnis'tes.
De nombreuses lettres annonçant des
adresses signées par les notables commer-
çants et industriels et les principaux
membres des corps élus des départements
parviennent chaque jour au président.
Celui-ci en a donné communication à la
réunion.
A la suite de ces exposés de la situa-
tion, la gauche républicaine s'est formée
en commissions pour 'continuer ses tra-
vaux.
L'Union républicaine s'est également
réunie hier, à 2 heures, sous la présidence
de M. Brillier, dans le local ordinaire de
ses éances, rue do la Sourdière. Tous les
membres de la réuaion étaient présents.
La séance a été tout entière consasrée à
un échange d'impressions sur l'état de l'o-
pinion publique et la situation respective
des groupes parlementaires. De tous les
renseignements fournis par les membres,
il résulte que chaque jour le pays se pro-
nonce avec plus d'énergie contre les tenta-
tives de restauration monarchique et que
les intrigues fusionnistes sont vouées au
plus complet insuccès dans l'Assemblée.
Nous pouvonaffhrner que six des an-
ciennes voitures des maires de Paris sont
en réparation ch/z Bindel' ; elles ont été
achetées pour l compte ft pour l'image du
comte de Chambord, elles doivent figurer
au cortège de Henri V, lors de son arrivée
à Versailles.
Les harmes pour c?.s voitures sost en fa-
brication chez F. Létrange, sellier rue
Caumartm, et étiez 13>gnon. seUi^r, rue
du Bac.
Touh c*s harnais sont à la française, co-
chers et postil'ons sont arrêts.
Les chevaux sont achetés.
M. le comte de Damas est l'organisateur
de cette petite fête.
.---- --+ -
L'ARGUMENT DU VEAU
Laissez-moi vous conter une aventure
qui s'est passée dans mon pays natal,aux
confins de la Lorraine et de l'Alsace,
dans 1 ce pays français jusqu'aux moëlles,
qui n'appartient plus à la France. Mau-
dits soient ceux qui l'ont volé et ceux
qui l'ont livré !
Dans mon pays natal, il y avait un
brave garçon, peu fait pour le mariage.
On lui savait quelques amours en ville
et des amourettes à foison dans la cam-
pagne. Une fille honnête et bien née,
d'humeur indépendante et de caractère
indomptable, vivait chez ses parents à
quelques lieues de là.
Cinq ou six intrigants faméliques,
comme il s'en rencontre partout, dans
la yi.&riyéi auesi bien que dans la vie
publique, s'ingérèrent de marièr ces deux
êtres qui n'étaient pas nés l'un pour
l'autre. Sans avoir étudié ni la fille ni le
garçon, ils entreprirent les deux familles
et leur prouvèrent qu'aussitôt le contrat
signé les choses marcheraient comme sur
des roulettes. Au fond du cœur, les
adroits compagnons s'ennuyaient de
manger des haricots au lard et des pom-
mes de terre au lait caillé; ils voulaient
être de frairia et faire bonne chère une
fois au moins dans l'année; le demeurant
les souciait fort peu. Le ciel permit
qu'on les crût sur parole ; les deux fa-
milles s'accordèrent sans demander l'avis
des vrais intéresses, et l'on tua le veau
le plus gras du canton pour les noces.
Le jour où les futurs époux apprirent
ce qui se -machinait contre eux, ils ré-
sistèrent de tout leur pouvoir ; mais le
père du garçon dit à son fils : Le veau
est tué, je te déshériterai donc si tu n'é-
pouses pas Henriette. Les parents de la
fiancée lui déclarèrent qu'elle avait à
choisir entre le mariage et le couvent,
car le veau était tué et l'on ne voulait
pas laisser perdre une viande de cent
francs et plus. Le maire et le curé firent
chorus : ils avaient vu chez le boucher
ce veau des noces, gras à point, et ils
n'en auraient pas cédé leur quote-part
pour un empire. Il y eut en haut lieu
comme un semblant d'opinion publique
qui, sans scrupule, tenait bon pour le
veau contre la fille et le garçon. Et le
màriage se fit, bon gré, mal gré, nonobs-
tant les quolibets du menu peuple, hon-
nête et juste en toutes choses, qui a~~ :
C'est péché mortel que de sacrifier deux
jeunes geas à un veau.
Huit jours après, l'heureux époux
trompait sa femme avec les filles de
basse-cour. Elle lui rendit la pareille
avec le percepteur ou le notaire. Il la
battit, elle le tua, et cette comédie,
commencée dans une cuisine, se dénoua,
je ne sais plus comment, devant la cour
d'assises.
Mais je connais cinq ou six gloutons de
village, tous vivants et bien portants,
qui se pourléchent encore les lèvres au
souvenir du veau fatal dont ils ont mangé
tout leur saoul.
; ABOUT.
---,,-----_ — —
La Gazette de France, qui accuse les
adversaires de la monarchie d'avoir for-
mé une coalition, croit avoir trouvé un
argument miraculeux en demandant « à
voir réunies au bas du même program-
me les signatures Gpabetta, Casimir
Périer, Naquet, Laboulaye, Ësquiros,
comte de Salvandy, Tolain, André (de la
Banque de France), Barodet, Léon Say,
Rouvier, Dufaure, Ordinaire, Thiers,
Ranc, comte de Rémusat, Louis Blanc,
Sebert et les autres. »
La Gazette sait parfaitement qu'il ne
s'agit pas en ce moment de réunir les si-
gnatures de MM. Gamhetta, Casimir Sé-
rier et « les autres » au bas d'un pro-
gramme quelconque. La question qui doit
présentement être résolue n'est point
ceUô-de l'organisation de la République.
Tout ce que nous voulons, tout ce que
demandent les républicains, c'est qu'il
ne soit pas permis à trois cents monar-
chistes de rétablir la royauté contre le
vœu évident de la France. Cette simple
proposition, qui est beaucoup plus nette
que les programmes combinés de VUnion,
du Jon-rnal de Paris, de l'Univers et du
Français, réunira toutes les signatures
dont parle aujourd'hui la Gazette, sans
compter celles dont elle ne parle point et
dont le nombre grossit chaque jour.
ËU(~. L~B~MT.
M Raoul" Duval fait bien décidément
faux bond aux fusionnistes. Voici la lettre
qu'il écrivait le 22 octobre 1873 à M. le
général Changarnier :
- Paris, 22 octobre 1873.
A Monsieur le général Changarnier.
J'ai reçu hipr soir, à Rouen, la lettre que vous
m'avez l'ait l'honneur de m'éciire pour mo faire
savoir qlie la commission des Neuf désirait
m'entrsttnir.
Je ne vous ai pas dissimulé vendredi dernier
les appréhensions que m'inspirait l'dfet produit
sur le pays par-lea projets de restauration mo-
uatchiquw eu la personne du comte do Cham-
bord. Je vous ai dit comMon les souvenirs de la
monarchie légitime £ tûent impopulaires dans
nos campagnes auj bien que dans les ville?,
Ôôffiblen Jes manifestes antérieurs et les doc-
trines des chefs a la maison de Bourbon éveil-
laient de défiances. Je ne vous ai pas dissimule
que pour avoir chance de faire accepter la mo-
narchie par le pays, un accord préalablement
incontestable sur tous les points entre le prince
et les représentants de la nation me paraissait
indispensable.
La communication faite aujourd'hui à la
réunion du centre droit, loin de dissiper ces
appréhensions, n'a fait que les aggraver, et je
crains que les intérêts conservateurs, à la de-
fense desquels je me suis dévoué, ne demeurent
gravement compromis.
Le silence gardé par le prince r8onene.
ment laisse intact, aux yeux de la nation, le
manifeste du 4 juillet 1871. Il autorise les feuil-
les qui ont passé ja&qu'à ce jour pour recevoir
plus particulièrement ses communications a
soutenir que rien n'est modifié dans sa politique,
ses doctrines et son drapeau. Cette reserve peut
laisser craindre un désaccord avee la représen-
tation nationale, quand elle serait engagée sur
la foi de pourparlers susceptibles d'être plus ou
moins désavoués. -
La royauté ainsi reconstituée, sans le con-
cours immédiat du pays, et peut-être contre son
sentiment, ne me paraîtrait avoir que des chan-
ces de durée tout à fait précaires.
Il m'en coûte singulièrement de me séparer,
sur cette question essentielle, de ceux à côté
desquels j'ai combattu depuis deux ans; mais,
dans les entreprises du genre de celle qui est
aujourd'hui tentée, il importe de ne pas se mé-
prendre sur le concours et sur les votes.
L'estime que vous m'avez bien voulu lé.ui< li-
gner me fait un devoir de vous prévenir que
je ne puis accepter la responsabilité qu'entraî-
nerait la restauration monarchique en semblable
condition.
Je demeure donc à l'écart, laissant agir ceux
qui, plus heureux que moi, ont, avec la foi,
l'espérance de réussir.
veuillez, je vous prie, mon cher général,
agréer la respectueuse expression de mes plus
dévoués sentiments.
E. Raoul Duval.
- ..--,., <♦
La profession de foi de M. le général
Letellier de Valazé, candidat aux prochai-
nes élections du 16 novembre, dans la
Seine-Inférieure, paraîtra demain dans les
journaux de Rouen et du Havre.
Nous croyons savoir que la lettre de
l'honorable général tend à l'établissement
définitif en France de la République con-
servatrice.
——♦ ———————.
MAITRE JACQUES
1
Vous vous rappelez bien la fameuse
scène où maître Jacques se trouve placé
entre le vieil Harpagon, qui pretend
épouser Marianne, et son fils, qui la lui
dispute. Tous deux conviennent de le
prendre pour intermédiaire. Maître Jac-
ques se charge volontiers de la négocia-
tion. Les maîtres Jacques ne doutent
jamais de rien.
Il prend Harpagon à part et le tire à un
bout du théâtre.
yoyonsl contez-moi votre affaire,
lui dit-il.. ,
Le vieillard la lui Flique; il a de-
mandé la main d'une jeune f- rès-n-
venable; et voilà son fils qui s'avise a ol!
être amoureux, et qui se jette au travers
de ses desseins. Cela se conçoit-il?
— Il a tort! dit maître Jacques. Lais-
sez-moi faire.
Et aussitôt maître Jacques s'en va trou-
ver le fils, qui à son tour lui expose que
son père est assez fou pour vouloir
épouser une jeune fille dont il est, lui,
Valère, amoureux en même temps
quaimé.
— Il a tort ! dit maître Jacques. Lais-
sez-moi faire.
Et il retourne vers Harpagon.
— Eh bien ! votre fils n'est pas si dé-
raisonnable que vous le faites! et il
consent très-yolentiers à renoncer à
Marianne, pourvu que vous ayez pour
lui plus d'indulgence et plus d'égards.
- Ah 1 maître Jacques, dis-lui bien
que, hors Marianne.
- Hors Marianne? insiste maître
Jacques.
— Oui, hors Marianne, il obtiendra de
moi tout ce qui lui fera plaisir.
— Hors Marianne ! reprend maître
Jacques. Très-bien l je vais lui reporter
vos propres paroles.
Et maître Jacques se retourne du côté
de Valère :
— Eh bien ! voira, père est de meil-
leure composition que vous ne dites. Il
consent à vous accorder Mariaane, à
condition .que vous lui témoignerez la
déférence et le respect qu'un fils doit à
son père.
— Ah ! maître Jacques, dis-lui bien
que hors Marianne.
— Hors Marianne ! insiste encore maî-
tre Jacques.
— Hors Marianne, je ferai à mon père
toutes les concessions qu'il pourra sou-
haiter.
-Hors Marianne ! répète maître Jac-
ques.
Et il retourne au père.
- Voilà qui est entendu ! il consent
à ce que vous dites.
Et s'adressanl au fils : -
— Voilà qui est fait ! il vous. accorde
ce que vous avez demandé.
Et à tous les deux :
- —Vous êtes d'accord maintenant, par-
faitement d'accord. Vous n'avez plus
qu'à vous serrer la main, et vous alliez
vous disputer !
Que de fois n'ai-je pas entendu les
critiques se récrier ?m' l'iovraisem-
blance de la scène, qu'ils trouvaient un
peu grosse- ils y auraient voulu plus de
finesse. Jamais, disaient-ils, jamais dans
la réalité il n'arrive qu'un intermédiaire
change ainsi du tout au tout les paroles
qu'il est chargé de reporter ; qu'il dise,
avec cette bonne foi naïve ou avec ce
cynisme éhonté aux deux parties en pré-
sence : Vous êtes d'accord ! quand il
sait parfaitement qu'au contraire elles
sont de sentiment tout à fait opposé.
Ah ! quel grand maître que ce Molière !
Quel profond observateur! et comme il
en sait plus que tous ces critiques à
courte vue ! Cette scène, que l'on jugeait
un peu forcée, et qui passait pour être
une fantaisie spirituelle, elle vient de se
passer sous nos yeux..
Maître Jacques s'appelle cette fois M.
de Chesnelong, et Marianne est rempla-
cée par la question du drapeau tricolore.
M. de Chesnelong voit -que le centre
droit et Henri V ne s'entendent pas sur
ce point, et qu'ils vont se quereller. Il
se propose comme intermédiaire et on
l'accepte.
Il va d'abord au centre droit.
- Assurez bien au comte de Cham-
bord, lui dit le centre droit, que hors le
drapeau blanc.
— Hors le drapeau blanc! insiste M. de
Chesnelong.
— Hors le drapeau blanc, nous som-
mes prêts à accepter toutes ses condi-
tions.
- Très-bien ! je m'en vais lui parler.
Et il court à Frohsdorf :
— Dites bien au centre droit, lui dit
le comte de Chambord, que, hors le dra-
peau blanc.
- Hors le drapeau blanc!..
— Hors le drapeau blanc, je lni ferai
toutes les concessions qu'il demande.
— Très-bien ! je m'en vais lui rap-
porter vos paroles expresses.
Et il revient au centre droit.
— Eh bien ! le roi n'est pas si intolé-
rant qu'on le fait. Il ne tient pas du tout
au drapeau blanc, et pourvu qu'on ait
pour lui toutes les déférences.
— Ah ! tout ce qu'il voudra puisqu'il
cède sur la question du drapeau.
Et maître Jacques retourne au roi : ,
* — Eh bien ! l'affaire est arrangée. Le
centre droit vous passe votre drapeau
blanc. Seulement il espère.
— Ah ! tout ce qu'il voudra, puisqu'il
a marqué sur cette question,qui me tient
seule au cœur, tant de condescendance.
Et maître Jacques s'adresse aux deux
parties :
— Voilà qui est fait. Tout est conclu,
arrangé, vous êtes d'accord.
Vous savez comme la scène finit dans
Molière.
Le père et le fils ne sont pas plus tôt
aux prises qu'ils s'aperçoivent que maî-
tre Jacques les a trompés, et la dispute
recommence de plus belle.
Le père donne sa malédiction à son
fils."
— Je n'ai que faire de vos dons ! ri-
poste Valère.
Et ils se disent des injures !
Et maître Jacques ? Maître Jacques est
rentré dans la coulisse. On n'en entend
plus parler.
Pauvre maître Jacques !
FRANCISQUE SARCEY.
L'AUDIENCE -
L'INCIDENT.
- Greffier, appelez le témoin Régnier,
dit le président en ouvrant la séance.
A ces mots, il passe comme un frisson
de curiosité parmi les habitués du prétoire
militaire, car depuis quelques instants, des
bruits — de ees bruits qui viennent on ne
sait d'où, — courent sur le compte de M.
Régnier.
Des témoins nouveaux prêtent serment ;
le défilé est terminé.
— M. le témoin Régnier n'a pas répondu
à l'appel 1. dit encore M. le président de ce
ton qui moitié interroge, moitié constate.
Et c'est tout. Vous voyez que l'incident
est court.. Il n'en est pas moins intéres-
sant.
.On raconte que M. Régnier, sentant sans
doute peser sur lui une surveillance dis-
crète, mais active, qui menaçait de du-
rer jusqu'au jour où il serait appelé à
donner au conseil des explications satis-
faisantes sur sa conduite au point de vue
patriotique, a écrit samedi soir au duc
d'Aumale pour lui demander d'engager sa
parole que lui, Régnier, témoin, ne serait
pas mis en état d'arrestation après sa dé-
position.
La réponse du duc d'Aumale, on ne
la connaît pas. Et, à vrai dire, nous
ne pensons pas qu'il en ait été fait au-
cune.
Ce -qu'il y a de certain, c'est que le
sieur Régnier a reçu, sans raison apparente,
une assignation d'avoir à comparaître ; ce
qu'il y a de certain aussi, c'est qu'il ne
s'est pas présenté à l'audience. On nous
affirme qu'il est déjà en lieu sûr — pas
pour lui.
Deux chefs d'escadron d'état-major dé-
posent encore sur la journée du 18.
M. Cfifarelli, envoye par Canrobert à Ba-
zaine, vers neuf heures, après Saint-Privat,
déclare que le maréchal, sans paraître af-
fecté de l'échec subi, lui a dit : « Comman-
dant, ne vous désolez pas ; le mouvement
de retraite que vous venez de faire, vous
l'< uri?z fait douze heures plus tard ! »
M. Mogeron, envoyé par Lebœuf au ma-
réchal pour le prévenir que son chef croit
pouvoir tenir et attaquer de nouveau le
lendemain matin, reçoit comme réponse
un ordre de se replier, ordre qui est exé-
cuté dans la nuit du 19, sans opposition
de la part de l'ennemi.
Puis vient la série interminable des
TÉMOINS ASSIGNÉS PAR LA DÉFENSE
,. C'est le défenseur cette fois qui conduit
l'interrogatoire, destiné spécialement à
faire saillir les faits à la décharge de l'ac-
cusé.
Mais, au moment où Me Lachaud pose la
Mercredi 29 Octobre 4873.
1 JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
.- RÉDACTION
adresser fin Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
t. rue Drouot. 2
Les manuscrits non insérés ne seront pas rendus.
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois 13 fr.
aix mois. 25
Un an. 50
DÉPARTEMENTS 1
Trois mois A rï6 M
Six mois.:. 32'
Un an Wa,
f Annonces, chez MM. LAGRANGn, CERF et de
Q place de la Hourra, 0
On s'abonne à Londres, ehez M. A. MAURICE général
&dvertising, agent, 13, Tavistockrow, Couen t Garden.
ADMINISTRATION
Adresser lettres et mandata à l'Administrateur
tt. rue Droiiot, 1
tas lettres non ,it\r.uld.,t!S seront ,.,,
J>Ajq
rrO!':! mou. 13 fr.
SIX aïoiii : 25
'Ju nu. 50
ORPARTNMBtTt
Trois mois. 16 tr.
Six mois. 32
Un an .,.,. 6f v
jBnnnw, chez MM. LAGRANGE, GJBRF et G*
Q. place de la Igoam, 4
On s'abonne à Londres, chet M. A. MAURICE général
advertising, agent, 13, Tavistockrow, Govant Gardon.
MM.. les Souscripteurs 'ont l'a-
bonnement expire le 3i octobre
sont priés de le renouveler immé-
diatement, s'ils ne veulent éprouver
de retard dans la réception du
journal. a
r JOURNÉE POLITIQUE
#OST |
* *** Paris. 28 octobre 4875.
* Trois élections de conseillers généraux
ont eu lieu dimanche, une dans Maine-et-
Loire où l'unique candidat s'est trouvé
naturellement élu, deux dans la Somme, où
les candidats conservateurs, comme dit le
Français avec emphase, ont battu leurs
compétiteurs radicaux. Nous voyons bien,
en effet, que M. Faton de Favernay l'a
emporté de 700 voix sur l'honorable député
* du département, M. Barni, et que M.
Dauzei d'Aumont a été choisi de préfé-
rence à M. Digeon. Be ces quatre candi-
dats, M. Barni seul nous est connu, et son
radicalisme, Ú radicalisme il y a, n'est
fait pour effrayer personne. Quant aux
deux conservateurs élus, il faudrait savoir
éi te sont simplement des conservateurs
ou des monarchistes. Quoi qu'il - en
ioit, voilà de quoi le Français triom-
phe ; il proposerait d'illuminer s'il n'ai-
mait mieux réserver tous ses lampions
pour l'entrée du roi. C'est d'une sage éco-
nomie. — Mais, dira quelqu'un, si les élec-
teurs se mettent à mériter les applaudisse-
ments du Français, quelle raison donnera
ce journal contre le renouvellement de
l'Assemblée ? - Il n'en donnera point ;
pourquoi vouléz-vous qu'il en donne ? Est-
e, qu'il a besoin de raisonner ?
Nous continuons de reproduire des ex-
traits de lettres ou discours des députés ré-
publicains sur la question monarchique.
Par contre, les députés royalistes sont en
général avares d'explications, comme le
Français d'arguments. Un très-petit nom-
bre ont répondu aux questions de leurs
électeurs ; ceux qui ont nettement déclaré
qu'ils voteraient la monarchie, et qui ont
dit pourquoi, sont en nombre bien plus
petit encore. La plupart s'écrient qu'ils
n'ont pa$reçu de mandat impératif,. — ce
qui, comme, dirait M. Weiss, est une bê-
tise. Deux ou trois de ces lettres seulement
méritaient d'être signalées pour excès de
morgue ; nous l'avons fait. Le reste est
mal, ou peu s'en faut. Remarquons seule-
ment que l'opinion qui semble deminer
encore chez divers représentants de la
cîroite et du centre droit, c'est qu'il
est urgent de sortir enfin du statu quo.
Ainsi parle M. Blavoyer (de l'Aube),
qui n'explique pas d'aillenrs comment
il votera : «Tous sont d'accord pour décla-
l'er, éorit-il, que l'état provisoire dans le-
quel nous vivons doit cesser et que l'incer-
titude politique nuit aux intérêts du pays.
L'Assemblée le sait, etc. »
L'Assemblée, en effet, le doit bien sa-
voir. C'est le cri des campagnes et des vil-
les, le cri de la France. On apprend de-
puis quelques jours que des industriels,
des commerçants, des magistrats munici
pauxfont des démarches auprès du président
de la République et des ministres, qu'ils
voudraient éclairer sur les vœux de l'opi-
nion. Avant-hier, c'était le maire de Beau-
ne; hier, c'était celui de Nantes, qui de-
mandaient audience au maréchal Mac-
Mahon pour l'entretenir de l'état des es-
prits. Partout l'agitation est grande; il
n'est permis, il n'est fosâble à qui que
ce soit de l'ignorer.
Les hommes impartiaux et modérés re-
gretteront d'autant plus que le ministère
et ses préfets, loin de ealmer une excita-
tion dont l'intrigue royaliste est la seule
cause, semblent prendre à tâche de l'ac-
croître et de l'aviver. A Nantes, dont nous
parlions tout à l'heure, la vente sur la voie
publique est interdite au Phare de la Loire,
feuille républicaine et très-populaire, pour
avoir contesté le droit constituant de l'As-
semblée. Les royalistes de leur côté peu-
vent impunément contester tant de choses
pour le moins aussi respectables, que le
tas du Phare, semble t il, méritait bien
quelque indulgence. Une autre mesure
de combat, dont les effets seront plus re-
grettables encore, c'est le décret qui sus-
.pewl pour deux mois le eonsvil municipal
de Lyon.
Ce décret est, d'ailleurs, d'une stricte lé-
galité; il semblerait même, à première vue,
assez justifié par l'imprudente attitude du
conseil lyonnais dans la question des écoles.
Mais, pour uu gouvernement plus sou-
cieux du véritable ordre moral que de
ses intérêts de parti, mue faute n'aurait
point servi de prétexte à UlH., Forte de
coup d'Etat municipal. C'est ce q^e le
Journal de Lyon, dont tout le rnonle ap-
précie la sagesse, explique avec beaucoup
de raison et de tact : « Les délibérations
blâmables du conseil llluuÍ;;ipdl étaient-
elles une cause d'agitation ? dit omre con-
frère. Evidemment non; sa manie d'instruc-
tion libre et laïque produisnif, des effets tel-
lement attend us qu'ils en devenaient mono-
tooes pluîôiqu'iuqmétsms pouria tranqml-
lÍté. Leaftaires étaiem -eÏ!eë sérieusement
entravées? Nous pou vans réfôadr&nen enco -
re, Qui pour;ait au îeste entraver l'admi.
nistra t ion v iîFricce?..No J.» Li. iH,UV.:;,S donc
découvrir l+s motifs qui constituaient une
obligation bien impérieuse pour l'administra-
tion préfectorale de suspendre le conseil;
nous estimons plutôt qu'elle a attendu pa-
tiemment et saisi un prétexte très-plausible,
il est vrai, pour se débarrasser de collabo
rateurs peu sympathiques et plus gênants
que jamais dans le moment àetueh Car il
existe aUi ufi cônëours d'autres circons-
tan oês qui peuvent faire penser que la
pure politique n'a pas été exclue des con-
sidérations qui onL pu amener l'autorité
supérieure à prendre cette mesure rigou-
reuse. »
Si ces explications semblaient insuffi-
santes, il suffirait d'ouvrir les journaux
monarchistes de Lyon pour les compléter.
Le Sal.ut publie, à son point de vue, juge
ainsi le décret de suspension : « Le gou-
vernement arme, dit-il; il se prépare à la
crise capitale que nous allons traverser et
s'efforce de mettre le plus d'atouts dans son
jeu en détruisant autant que possible les
foyers présumés de résistance: c'est logi-
que. » Logique, en effet ; il n'y a pas
d'autre mot qui convienne. Quant à la com-
position de la commission municipale qu'on
met en la place du conseil, elle est tout ce
qu'il y a de plus « logique » aussi. Le Salut
public trouve même qu'elle l'est un peu
trop ; il craint 4uè 4 certains noms ne pro-
voquent quelque étomnement et ne don-
nent à cette assemblée un caractère poli-
tique accentué qui fera peut-être suspecter
l'impartialité de ses décisions. » Logiquê
des idées ; la logique des faits n'est pas
moins sûre, ainsi que le gouvernement
pourra le constater bientôt.
ê
Eug. Liésert.
- ----.-- -.
En vérité, nous finirons par croire que
les princes de souche royale ne sont pas
faits de la même pâte que nous autres !
Voilà un mois que M. le comte de Gham-
bord entend discuter à perte de vue sur
ce qu'il pense ou ne pense point, sur ce
qu'il a dit ou n'a pas "dit, sur ce qu'il ac-
cepte et ce qu'il repousse, ce qu'il donne
et ce qu'il retient, ce qu'il accorde et ce
qu'il refuse; l'un dit blanc, l'autre noir,
un troisième, tricolore; on s'épuise en
rectifications, on s'assomme de démen-
tis ; l'accord n'est nulle part, la confu-
sion est générale, et M. le comte de
Chambord demeure les bras croisés, la
bouche close ! D'un mot, il pourrait
faire cesser tous les malentendus ; une
ligne de sa main dissiperait toutes les
équivoques ; et ce mot, il ne le prononce
pas ; cette ligne, il se refuse à l'écrire !
En vérité, je vous le dis, c'est à croire
que les princes sont, en effet, des demi-
dieux, car à coup sûr ce ne sont pas des
hommes !
De grâce, monsieur le comte, ayez pi-
tié de nous ; dissipez ces ténèbres où
nous trébuchons à chaque pas, et qui
vont s'épaississant à tel point que vos
plus dévoués partisans eux-mêmes, au
labyrinthe avec vous descendus, — vous
comprenez qu'il s'agit de MM. Chesne-
long et Lucien Brun, — risquent fort,.
pour peu que cela continue, de ne se point
retrouver.
A qui croire ? M. Détroyat publie dans
son journal une information dont il affir-
me à maintes reprises la parfaite authen-
ticité. De cette information il résulterait
que M. le eomte de Chambord n'a nulle-
ment autorisé les ambassadeurs de la
droite à tenir le langage que l'on sait en
revenant de Salzbourg. M. Chesnelong
proteste ; « Je maintiens, dit-il, dans les
termes où je l'ai fait et tel que mes col-
lègues l'ont entendu, l'exposé successive-
ment présenté à la commission des neuf,
aux bureaux des réunions parlementai-
res, enfin aux réunions du centre droit
et des Réservoirs : j'en affirme la vérité
absolue. »
Et, là-dessus, les journaux fusion-
nistes de s'écrier triomphalement : Nous
vous l'avions bien dit !
Faites excuse, messieurs nos confrè-
res; nous affirmons, vous niez; nous
sommes à deux de jeu, et c'est tout. M.
Détroyat n'a certes point la célébrité de
M. Chesnelong ; ni dans la marine où il
a débuté, ni dans le journalisme, il ne
s'est acquis cette immense et universelle
réputation que M. Chesnelong doit aux
salaisons et à la politique ; et pourtant
nul n'oserait soutenir que la parole de
M. Détroyat ne vaille point la parole de
M. Chesnelong. Nous allons plus loin;
M. Chesnelong ne peut faire autorité
dans l'espèce, puisqu'il y est juge et
partie. On lui reproche d'avoir mal in-
terprété ou commenté avec trop de
complaisance le langage de M. le comte
do Chambord; il s'en défend, c'était
prévu , et rien n'est plus naturel ; mais
qu'est-ce que cela prouve ? Dans tout
procès il est juste d'entendre la défense
après l'accusation, mais on ne prononce
le jugement que S':H' preuves, et, dans
l'espèce, il est indispensable de connaî-
tre la déposition du seul témoin dont
la parole puisse faire autorité; nous
voulons parler du comte de Chambord.
Mais le comte de Chambord écoute et
ne dit mot.
Jusqu'à ce qu'il ait parlé, nous con-
servons,- avec fous les esprits impar-
tiaux, le droit de considérer comme
exacte la versioa de la. Liberté, car ce qui
se pasfca dans la presse monarchique té-
moigne de L1 eonfLBlon vraiment incon-
cevable à laquelle est livré Je camp
rovsHste o
Voici par exemple M, Edouard Hervé,
un des écrivains leaders de la fusion,
qui signa dans le Journal de Paris les
déclarât io e s sui vantes :
« Nous ne voulons et ne pouvons-
faire qu'une monarchie entourée de ga-
ranties constitutionnelles, nous ne vou-
lons et ne pouvons faire qu'une monar-
chie qui ne repousse pas le drapeau tri-
eeïlorei ,.,
» Or, M. Lucien Brun et M. Chesné-
long ont rapporté de Salzbourg, un pro-
gramme qui donne satisfaction sur ces
deux points. »
On a entendu la première cloche;
passons à la seconde. C'est l'Univers qui
la sonne :
« Le journal de M. le duc de Broglie — c'est
du Français qu'il s'agit, — dit que ce pacte sera
la confirmation même des véritables principes
de 1789. Il dit aussi que l'initiative royale ne
sera rien de plus que le droit d'initiative re-
connu aux députés. Bref, le Français fait tout
ce qu'il faut pour attirer le centre gauche en lui
expliquant que le roi ne sera presque rien. Il ré-
gnera et les parlementaires gouverneront,
» Dernièrement, le Français disait que le lan-
gage des journaux d'extrême droite n'engageait
pas le roi; c'est bieu vrai; mais il est au moins
tout aussi certain que les déclarations de la
feuille parlementaire et de ses patrons ne l'en-
gagent pas non plus. e
Accord touchant. Trois monarchistes
également dévoués à la fusion sont en
présence : Le roi ne sera rien, affirme
le premier.1l gouvernera bien un peu,
dit le second, mais si peu ! - Cela vous
plaît à dire, messieurs, intervient le troi-
sième. Qui vivra verrâ.
En conscience est-il permis d'infliger
de la sorte à trente-six millions d'indivi-
dus le supplice du casse-tête chinois,
quand il suffirait d'un mot pour couper
court à toutes ces discussions de sic et
non qui finiront par précipiter la France
dans un accès d'aliénation mentale ?
Quelques journaux royalistes, la Ga-
zette de France en tête, Se rendent bien
compte de cette situation ; mais n'ayant
aucun moyen "S'y remédier directement,
ils prennent un biais. A ceux qui, comme
nous, leur reprochent de ne point savoir
s'expliquer catégoriquement : Et vous
donc 1 nous répondent-ils. Seriez-vous
capables de nous définir hic et nunc le
genre de République que vous voulez ?
Cette façon de répondre à la question
parla question est connue, et fort usitée,
vu son extrême commodité; mais c'est;
un mauvais moyen d'avancer les dis-
eussions. D'ailleurs, quand avons-nous
parlé de la République? Quand a-t-on vu
les républicains se concerter pour es-
sayer de réunir une majorité dans le but
d'imposer à l'Assemblée nationale la lé-
galisation définitive des papiers de la
République ? Les républicains ne deman*
dent rien, ne proposent rien aux monar-
chistes. Les monarchistes n'ont done
point de questions à leur adresser, au
moins pour le moment. Parlons donc
de monarchie et qu'on nous dise en fin
de compte, si M. de Chambord a juré
de rester sourd et muet, quand tout lui
fait un devoir d'entendre et de parler.
E. SCHNERB.
■ - 1,.^
Nous sommes priés d'annoncer que le
centre gauche se réunira jeudi prochain
30 octobre, à huit heures du soir, rue
d'Anjou-Saint-Honoré, 51.
Le bureau de la gauche nous communique le
procès-verbal suivant : , 1
La gauche républicaine s'est réunie au-
jourd'hui, à 2 heures, sous la présidence
de M. Leroyer.
Les commissions ont d'abord fait con-
naitre la situation de leurs travaux. Un
certain nombre de membres de la réunion
récemment arrivés ont ensuite exposé les
impressions qu'ils rapportent de leurs dé-
partements. Leurs déclarations ont été
identiques à celles qui avaient été précé-
demment indiquées; elles signalent l'irri-
tation générale causée par les tentatives de
restauration monarchique, et la satisfaction
produite par les nouvelles chaque jour con-
firmées de l'insuccès des masœuvres fa-
sionnis'tes.
De nombreuses lettres annonçant des
adresses signées par les notables commer-
çants et industriels et les principaux
membres des corps élus des départements
parviennent chaque jour au président.
Celui-ci en a donné communication à la
réunion.
A la suite de ces exposés de la situa-
tion, la gauche républicaine s'est formée
en commissions pour 'continuer ses tra-
vaux.
L'Union républicaine s'est également
réunie hier, à 2 heures, sous la présidence
de M. Brillier, dans le local ordinaire de
ses éances, rue do la Sourdière. Tous les
membres de la réuaion étaient présents.
La séance a été tout entière consasrée à
un échange d'impressions sur l'état de l'o-
pinion publique et la situation respective
des groupes parlementaires. De tous les
renseignements fournis par les membres,
il résulte que chaque jour le pays se pro-
nonce avec plus d'énergie contre les tenta-
tives de restauration monarchique et que
les intrigues fusionnistes sont vouées au
plus complet insuccès dans l'Assemblée.
Nous pouvonaffhrner que six des an-
ciennes voitures des maires de Paris sont
en réparation ch/z Bindel' ; elles ont été
achetées pour l compte ft pour l'image du
comte de Chambord, elles doivent figurer
au cortège de Henri V, lors de son arrivée
à Versailles.
Les harmes pour c?.s voitures sost en fa-
brication chez F. Létrange, sellier rue
Caumartm, et étiez 13>gnon. seUi^r, rue
du Bac.
Touh c*s harnais sont à la française, co-
chers et postil'ons sont arrêts.
Les chevaux sont achetés.
M. le comte de Damas est l'organisateur
de cette petite fête.
.---- --+ -
L'ARGUMENT DU VEAU
Laissez-moi vous conter une aventure
qui s'est passée dans mon pays natal,aux
confins de la Lorraine et de l'Alsace,
dans 1 ce pays français jusqu'aux moëlles,
qui n'appartient plus à la France. Mau-
dits soient ceux qui l'ont volé et ceux
qui l'ont livré !
Dans mon pays natal, il y avait un
brave garçon, peu fait pour le mariage.
On lui savait quelques amours en ville
et des amourettes à foison dans la cam-
pagne. Une fille honnête et bien née,
d'humeur indépendante et de caractère
indomptable, vivait chez ses parents à
quelques lieues de là.
Cinq ou six intrigants faméliques,
comme il s'en rencontre partout, dans
la yi.&riyéi auesi bien que dans la vie
publique, s'ingérèrent de marièr ces deux
êtres qui n'étaient pas nés l'un pour
l'autre. Sans avoir étudié ni la fille ni le
garçon, ils entreprirent les deux familles
et leur prouvèrent qu'aussitôt le contrat
signé les choses marcheraient comme sur
des roulettes. Au fond du cœur, les
adroits compagnons s'ennuyaient de
manger des haricots au lard et des pom-
mes de terre au lait caillé; ils voulaient
être de frairia et faire bonne chère une
fois au moins dans l'année; le demeurant
les souciait fort peu. Le ciel permit
qu'on les crût sur parole ; les deux fa-
milles s'accordèrent sans demander l'avis
des vrais intéresses, et l'on tua le veau
le plus gras du canton pour les noces.
Le jour où les futurs époux apprirent
ce qui se -machinait contre eux, ils ré-
sistèrent de tout leur pouvoir ; mais le
père du garçon dit à son fils : Le veau
est tué, je te déshériterai donc si tu n'é-
pouses pas Henriette. Les parents de la
fiancée lui déclarèrent qu'elle avait à
choisir entre le mariage et le couvent,
car le veau était tué et l'on ne voulait
pas laisser perdre une viande de cent
francs et plus. Le maire et le curé firent
chorus : ils avaient vu chez le boucher
ce veau des noces, gras à point, et ils
n'en auraient pas cédé leur quote-part
pour un empire. Il y eut en haut lieu
comme un semblant d'opinion publique
qui, sans scrupule, tenait bon pour le
veau contre la fille et le garçon. Et le
màriage se fit, bon gré, mal gré, nonobs-
tant les quolibets du menu peuple, hon-
nête et juste en toutes choses, qui a~~ :
C'est péché mortel que de sacrifier deux
jeunes geas à un veau.
Huit jours après, l'heureux époux
trompait sa femme avec les filles de
basse-cour. Elle lui rendit la pareille
avec le percepteur ou le notaire. Il la
battit, elle le tua, et cette comédie,
commencée dans une cuisine, se dénoua,
je ne sais plus comment, devant la cour
d'assises.
Mais je connais cinq ou six gloutons de
village, tous vivants et bien portants,
qui se pourléchent encore les lèvres au
souvenir du veau fatal dont ils ont mangé
tout leur saoul.
; ABOUT.
---,,-----_ — —
La Gazette de France, qui accuse les
adversaires de la monarchie d'avoir for-
mé une coalition, croit avoir trouvé un
argument miraculeux en demandant « à
voir réunies au bas du même program-
me les signatures Gpabetta, Casimir
Périer, Naquet, Laboulaye, Ësquiros,
comte de Salvandy, Tolain, André (de la
Banque de France), Barodet, Léon Say,
Rouvier, Dufaure, Ordinaire, Thiers,
Ranc, comte de Rémusat, Louis Blanc,
Sebert et les autres. »
La Gazette sait parfaitement qu'il ne
s'agit pas en ce moment de réunir les si-
gnatures de MM. Gamhetta, Casimir Sé-
rier et « les autres » au bas d'un pro-
gramme quelconque. La question qui doit
présentement être résolue n'est point
ceUô-de l'organisation de la République.
Tout ce que nous voulons, tout ce que
demandent les républicains, c'est qu'il
ne soit pas permis à trois cents monar-
chistes de rétablir la royauté contre le
vœu évident de la France. Cette simple
proposition, qui est beaucoup plus nette
que les programmes combinés de VUnion,
du Jon-rnal de Paris, de l'Univers et du
Français, réunira toutes les signatures
dont parle aujourd'hui la Gazette, sans
compter celles dont elle ne parle point et
dont le nombre grossit chaque jour.
ËU(~. L~B~MT.
M Raoul" Duval fait bien décidément
faux bond aux fusionnistes. Voici la lettre
qu'il écrivait le 22 octobre 1873 à M. le
général Changarnier :
- Paris, 22 octobre 1873.
A Monsieur le général Changarnier.
J'ai reçu hipr soir, à Rouen, la lettre que vous
m'avez l'ait l'honneur de m'éciire pour mo faire
savoir qlie la commission des Neuf désirait
m'entrsttnir.
Je ne vous ai pas dissimulé vendredi dernier
les appréhensions que m'inspirait l'dfet produit
sur le pays par-lea projets de restauration mo-
uatchiquw eu la personne du comte do Cham-
bord. Je vous ai dit comMon les souvenirs de la
monarchie légitime £ tûent impopulaires dans
nos campagnes auj bien que dans les ville?,
Ôôffiblen Jes manifestes antérieurs et les doc-
trines des chefs a la maison de Bourbon éveil-
laient de défiances. Je ne vous ai pas dissimule
que pour avoir chance de faire accepter la mo-
narchie par le pays, un accord préalablement
incontestable sur tous les points entre le prince
et les représentants de la nation me paraissait
indispensable.
La communication faite aujourd'hui à la
réunion du centre droit, loin de dissiper ces
appréhensions, n'a fait que les aggraver, et je
crains que les intérêts conservateurs, à la de-
fense desquels je me suis dévoué, ne demeurent
gravement compromis.
Le silence gardé par le prince r8onene.
ment laisse intact, aux yeux de la nation, le
manifeste du 4 juillet 1871. Il autorise les feuil-
les qui ont passé ja&qu'à ce jour pour recevoir
plus particulièrement ses communications a
soutenir que rien n'est modifié dans sa politique,
ses doctrines et son drapeau. Cette reserve peut
laisser craindre un désaccord avee la représen-
tation nationale, quand elle serait engagée sur
la foi de pourparlers susceptibles d'être plus ou
moins désavoués. -
La royauté ainsi reconstituée, sans le con-
cours immédiat du pays, et peut-être contre son
sentiment, ne me paraîtrait avoir que des chan-
ces de durée tout à fait précaires.
Il m'en coûte singulièrement de me séparer,
sur cette question essentielle, de ceux à côté
desquels j'ai combattu depuis deux ans; mais,
dans les entreprises du genre de celle qui est
aujourd'hui tentée, il importe de ne pas se mé-
prendre sur le concours et sur les votes.
L'estime que vous m'avez bien voulu lé.ui< li-
gner me fait un devoir de vous prévenir que
je ne puis accepter la responsabilité qu'entraî-
nerait la restauration monarchique en semblable
condition.
Je demeure donc à l'écart, laissant agir ceux
qui, plus heureux que moi, ont, avec la foi,
l'espérance de réussir.
veuillez, je vous prie, mon cher général,
agréer la respectueuse expression de mes plus
dévoués sentiments.
E. Raoul Duval.
- ..--,., <♦
La profession de foi de M. le général
Letellier de Valazé, candidat aux prochai-
nes élections du 16 novembre, dans la
Seine-Inférieure, paraîtra demain dans les
journaux de Rouen et du Havre.
Nous croyons savoir que la lettre de
l'honorable général tend à l'établissement
définitif en France de la République con-
servatrice.
——♦ ———————.
MAITRE JACQUES
1
Vous vous rappelez bien la fameuse
scène où maître Jacques se trouve placé
entre le vieil Harpagon, qui pretend
épouser Marianne, et son fils, qui la lui
dispute. Tous deux conviennent de le
prendre pour intermédiaire. Maître Jac-
ques se charge volontiers de la négocia-
tion. Les maîtres Jacques ne doutent
jamais de rien.
Il prend Harpagon à part et le tire à un
bout du théâtre.
yoyonsl contez-moi votre affaire,
lui dit-il.. ,
Le vieillard la lui Flique; il a de-
mandé la main d'une jeune f- rès-n-
venable; et voilà son fils qui s'avise a ol!
être amoureux, et qui se jette au travers
de ses desseins. Cela se conçoit-il?
— Il a tort! dit maître Jacques. Lais-
sez-moi faire.
Et aussitôt maître Jacques s'en va trou-
ver le fils, qui à son tour lui expose que
son père est assez fou pour vouloir
épouser une jeune fille dont il est, lui,
Valère, amoureux en même temps
quaimé.
— Il a tort ! dit maître Jacques. Lais-
sez-moi faire.
Et il retourne vers Harpagon.
— Eh bien ! votre fils n'est pas si dé-
raisonnable que vous le faites! et il
consent très-yolentiers à renoncer à
Marianne, pourvu que vous ayez pour
lui plus d'indulgence et plus d'égards.
- Ah 1 maître Jacques, dis-lui bien
que, hors Marianne.
- Hors Marianne? insiste maître
Jacques.
— Oui, hors Marianne, il obtiendra de
moi tout ce qui lui fera plaisir.
— Hors Marianne ! reprend maître
Jacques. Très-bien l je vais lui reporter
vos propres paroles.
Et maître Jacques se retourne du côté
de Valère :
— Eh bien ! voira, père est de meil-
leure composition que vous ne dites. Il
consent à vous accorder Mariaane, à
condition .que vous lui témoignerez la
déférence et le respect qu'un fils doit à
son père.
— Ah ! maître Jacques, dis-lui bien
que hors Marianne.
— Hors Marianne ! insiste encore maî-
tre Jacques.
— Hors Marianne, je ferai à mon père
toutes les concessions qu'il pourra sou-
haiter.
-Hors Marianne ! répète maître Jac-
ques.
Et il retourne au père.
- Voilà qui est entendu ! il consent
à ce que vous dites.
Et s'adressanl au fils : -
— Voilà qui est fait ! il vous. accorde
ce que vous avez demandé.
Et à tous les deux :
- —Vous êtes d'accord maintenant, par-
faitement d'accord. Vous n'avez plus
qu'à vous serrer la main, et vous alliez
vous disputer !
Que de fois n'ai-je pas entendu les
critiques se récrier ?m' l'iovraisem-
blance de la scène, qu'ils trouvaient un
peu grosse- ils y auraient voulu plus de
finesse. Jamais, disaient-ils, jamais dans
la réalité il n'arrive qu'un intermédiaire
change ainsi du tout au tout les paroles
qu'il est chargé de reporter ; qu'il dise,
avec cette bonne foi naïve ou avec ce
cynisme éhonté aux deux parties en pré-
sence : Vous êtes d'accord ! quand il
sait parfaitement qu'au contraire elles
sont de sentiment tout à fait opposé.
Ah ! quel grand maître que ce Molière !
Quel profond observateur! et comme il
en sait plus que tous ces critiques à
courte vue ! Cette scène, que l'on jugeait
un peu forcée, et qui passait pour être
une fantaisie spirituelle, elle vient de se
passer sous nos yeux..
Maître Jacques s'appelle cette fois M.
de Chesnelong, et Marianne est rempla-
cée par la question du drapeau tricolore.
M. de Chesnelong voit -que le centre
droit et Henri V ne s'entendent pas sur
ce point, et qu'ils vont se quereller. Il
se propose comme intermédiaire et on
l'accepte.
Il va d'abord au centre droit.
- Assurez bien au comte de Cham-
bord, lui dit le centre droit, que hors le
drapeau blanc.
— Hors le drapeau blanc! insiste M. de
Chesnelong.
— Hors le drapeau blanc, nous som-
mes prêts à accepter toutes ses condi-
tions.
- Très-bien ! je m'en vais lui parler.
Et il court à Frohsdorf :
— Dites bien au centre droit, lui dit
le comte de Chambord, que, hors le dra-
peau blanc.
- Hors le drapeau blanc!..
— Hors le drapeau blanc, je lni ferai
toutes les concessions qu'il demande.
— Très-bien ! je m'en vais lui rap-
porter vos paroles expresses.
Et il revient au centre droit.
— Eh bien ! le roi n'est pas si intolé-
rant qu'on le fait. Il ne tient pas du tout
au drapeau blanc, et pourvu qu'on ait
pour lui toutes les déférences.
— Ah ! tout ce qu'il voudra puisqu'il
cède sur la question du drapeau.
Et maître Jacques retourne au roi : ,
* — Eh bien ! l'affaire est arrangée. Le
centre droit vous passe votre drapeau
blanc. Seulement il espère.
— Ah ! tout ce qu'il voudra, puisqu'il
a marqué sur cette question,qui me tient
seule au cœur, tant de condescendance.
Et maître Jacques s'adresse aux deux
parties :
— Voilà qui est fait. Tout est conclu,
arrangé, vous êtes d'accord.
Vous savez comme la scène finit dans
Molière.
Le père et le fils ne sont pas plus tôt
aux prises qu'ils s'aperçoivent que maî-
tre Jacques les a trompés, et la dispute
recommence de plus belle.
Le père donne sa malédiction à son
fils."
— Je n'ai que faire de vos dons ! ri-
poste Valère.
Et ils se disent des injures !
Et maître Jacques ? Maître Jacques est
rentré dans la coulisse. On n'en entend
plus parler.
Pauvre maître Jacques !
FRANCISQUE SARCEY.
L'AUDIENCE -
L'INCIDENT.
- Greffier, appelez le témoin Régnier,
dit le président en ouvrant la séance.
A ces mots, il passe comme un frisson
de curiosité parmi les habitués du prétoire
militaire, car depuis quelques instants, des
bruits — de ees bruits qui viennent on ne
sait d'où, — courent sur le compte de M.
Régnier.
Des témoins nouveaux prêtent serment ;
le défilé est terminé.
— M. le témoin Régnier n'a pas répondu
à l'appel 1. dit encore M. le président de ce
ton qui moitié interroge, moitié constate.
Et c'est tout. Vous voyez que l'incident
est court.. Il n'en est pas moins intéres-
sant.
.On raconte que M. Régnier, sentant sans
doute peser sur lui une surveillance dis-
crète, mais active, qui menaçait de du-
rer jusqu'au jour où il serait appelé à
donner au conseil des explications satis-
faisantes sur sa conduite au point de vue
patriotique, a écrit samedi soir au duc
d'Aumale pour lui demander d'engager sa
parole que lui, Régnier, témoin, ne serait
pas mis en état d'arrestation après sa dé-
position.
La réponse du duc d'Aumale, on ne
la connaît pas. Et, à vrai dire, nous
ne pensons pas qu'il en ait été fait au-
cune.
Ce -qu'il y a de certain, c'est que le
sieur Régnier a reçu, sans raison apparente,
une assignation d'avoir à comparaître ; ce
qu'il y a de certain aussi, c'est qu'il ne
s'est pas présenté à l'audience. On nous
affirme qu'il est déjà en lieu sûr — pas
pour lui.
Deux chefs d'escadron d'état-major dé-
posent encore sur la journée du 18.
M. Cfifarelli, envoye par Canrobert à Ba-
zaine, vers neuf heures, après Saint-Privat,
déclare que le maréchal, sans paraître af-
fecté de l'échec subi, lui a dit : « Comman-
dant, ne vous désolez pas ; le mouvement
de retraite que vous venez de faire, vous
l'< uri?z fait douze heures plus tard ! »
M. Mogeron, envoyé par Lebœuf au ma-
réchal pour le prévenir que son chef croit
pouvoir tenir et attaquer de nouveau le
lendemain matin, reçoit comme réponse
un ordre de se replier, ordre qui est exé-
cuté dans la nuit du 19, sans opposition
de la part de l'ennemi.
Puis vient la série interminable des
TÉMOINS ASSIGNÉS PAR LA DÉFENSE
,. C'est le défenseur cette fois qui conduit
l'interrogatoire, destiné spécialement à
faire saillir les faits à la décharge de l'ac-
cusé.
Mais, au moment où Me Lachaud pose la
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.33%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.33%.
- Auteurs similaires Chadeuil Gustave Chadeuil Gustave /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Chadeuil Gustave" or dc.contributor adj "Chadeuil Gustave")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7558071j/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7558071j/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7558071j/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7558071j/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7558071j
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7558071j
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7558071j/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest