Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1873-10-01
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 01 octobre 1873 01 octobre 1873
Description : 1873/10/01 (A3,N685). 1873/10/01 (A3,N685).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75580437
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/03/2013
3„ Aimée. - Nt 68tl. PRIX DU NUMÉRO ; PARIS 15 CENTIMES - DÉPARTEMENTS 20 CENTIMES.
Mercredi dcf Octobre 1873.
t Wt TJP ,.J T8T T8B^?S| *>
, ; m^mm ,-
Jkt. t;«i ■ : J - • :t ..-; ■■:. i A lii fc- ,. j
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
RÉDACTION
«adremr au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
t> ne Dreiiett t
Lis manuscrits non insérés tw seront pas rendus.
ABONNEMENTS X
PARIS
Trois mois. 13 fr.
jix mois. 25
- Uu.n. 50
DÉPARTEMENT® 5
ToÍi ois. fr'1
Trois mois flÊfr»,
Six mois .( jS :
Un an I "P , j
-W. '-
Annonces, chez MM. -LAGRANGE, CERF ¡
6, plaee de la Bourae, o N.
Ou s'abonne à Londres, chez M. A. MA.uRiuKffénérai
ad vartiaiu¡. agent, 13. Taviatockrow. Covent Gardes -
ADMINISTRATION
-. -- --
- -- ---p - -
AdrtflMr lettres et mandats à l'Administrateur
se rue Dronot, 9
.)
fil Mires non affranchiM seront rtfusém
ABONNEMENTS
Püll
Trois mois..; 13 fr.
Six mois. 25
Un an 50
DÉPAATSIONTS
Trois mois. 16 tt.
Six mois 32
Un an.,.,. a *
Annonecs, chez MM. LAGRANGB, CERF et G*
8, place de la Bourofe, 9
On s'abonne à Londres, chez M. A. MAURTM géntoii
atlvertiaing, agent, 13, Tavistockrow, Covent Gt.rdu¡.
4
., JOURNÉE POLITIQUE
Parist 30 septembre 1873
Les affaires de la royauté en sont tou-
jouri au même point ; il n'y a de nouveau
qu'une recrudescence d'aigreur dans les
propos qu'échangent les journaux de la
droite.et du centre droit. A en juger par
ce qu'on lit, M. le comte de Chambord ne
céderait rien, pas même une parcelle de ce
qu'il appelle son principe, ni un fil de son
étendard..
- I/Union adjure, en effet, les orléanistes
de ne plus s'entêter pour les institutions et
pour le drapeau ; des vé.illes ! Eile a re-
pris son article d'hier sur la responsabilité
du centre droit , 'mais elle s'exprime avec
un peu plus de colère: (1 Il s'agit, dit-sllc,
il s'agit de marier la France avec le roi,
et, graves docteurs assemblés, après avoir
reconnu que la France a besoin du roi,
vous disputez de sa parure I Les institu-
tions parlementaires et le drapeau trico-
lore, voilà l'important objet de vos délibé-
rations !. Non, le salut n'est point dans les
atours qui ornent la moribonde, il est dans
ce qu'elle ne possède pas, dans ce qui lui
manque : dans la monarchie, dans le roi.
Trêve aux disputes, et sauvez la France ! »
L'Univers, en même temps, s'exprime
aussi nous le reconnaissons, avtc une
clarté parfaite ; il apostrophe les « libé-
raux » en termes qui n'ont plus rien
d'amphibologique : « Tentz-vtui-le p)ur
4it, libéraux de toutes les nuances. La
France, par son droit de primogéniture,
appartient à Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Pour la châtier, il lui a suffi de vous l'a-
bandonner quelque temps. Mais, devant
ce que vous avez fait de cette fille préférée,
ion cœur divin s'est ému. Déjà son bras
devient moins pesaut, le salut est proche,
et ce n'est pas le drapeau de la Révolution
qui flottera, au jour du triomphe, sur les
tour de Notre-Dame. » A la bonne heure !
Il faut maintenant entendre une autre
cloché : « Il est assez curieux, dit le. Fran-
çais, de voir avec quel empressement tous
les journaux de gauche se hâtent de repro-
duire les exagérations de langage eu de
doctrine de certains journaux d'extrême
droite : leur joie est grande de pouvoir
présenter ces exagérations comme la for-
mule autorisée et la seule orthodoxe du
parti monarchique. Nous pourrions si-
gnaler à ces journaux d'extrême droite le
service qu'ils rendent à la cause radicale.
Mais il nous convient d'éviter en ce mo-
ment toute polémique avec eux. Cette
polémique ferait d'autant plus inutile
que la majorité de l'Assemblée est no-
toirement dans de tout autres idées. »
La majorité de l'Assemblée, certes ! — en
y comprenant, bien entendu, les trois
groupes de gauche. Mais si cette majorité-
là fait la monarchie, le Français pourra
l'aller dire à Rome.
A pi'OpOf de Rome, on annonce que les
RR. PP. jésuites viennent de quitter leur
maison genéralice. Il n'en est resté, dit le
correspondant de l'agence Havas, que qua-
tre ou cinq. Cfcla suffit bien. Pourvu que
les autres ne viennent pas élire chez nous
.domicile ! On mande aussi (mais pourquoi
le Français a-t-il biffé cette partie de la
dél-che Havas ?) que Mgr de Bonnechose
st aldYé à Rome ; qu'il a été reçu au che-
min de fer par notre ambassadeur au Va-
tican, M. de Corceile, en personne ; qu'il
a été l'objet attentions toutes spéciales à
ambassade, où il s'est logé ; et que l'ob-
jet de son voyage, enfin, serait de prier
Je pape de venir pour à Paris la prejnière
pierre de l'église du Sacré-Cœur. Victor-
Em manuel, cependant, est de retour en
Italie ; sur son passage on ne signale que
des acclamations et des ovatioDs, les mu-
siques jonent sur les places publiques les
aifS n&Honam d'Italie, de Prusse et dtAu-
tgîi$é, et la foule y pépoùd pap des vivats.
Euo. LIÉBERT.
— —♦ R ■' >-
; |*a Responsabilité
Cent fanatiques et deux cent soixante
habiles, formant un groupe de 360 dépu-
tés, qui compose à lui seul, chiffre impo-
sant, la cent-millième partie de la nation
français, 360 deputé, dis-je, en vertu
d'un mandat précipité et mal défini,
peuvent voter dans six semaines l'abdi-
cation d'un grand peuple. >
UJ le peuvent légalement, c'est-à-dire
sans yioler aucun texte de loi, n'y ayant
point de loi ni de constitution qui ré-
gisse cette étrange matière. Les électeurs
candides qui les ont envoyés à Bor-
deaux eu février 1871 n'ont pas songé
à déterminer la durée ou l'étendue de
leurs pouvoirs.
Ils sont les mandataires du souverain,
voilà le fait incontestable, et leur pre-
mier mouvement a été de décider entre
eux, dès la première rencontre, qu'ils
étaient souverains par délégation. Le dé-
pôt des pouvoirs publics est devenu in-
itantanémeni dans leurs mains une pro-
priété collective dont ils se fUttent d'u-
ser et d'abuser arûitrairemèiiC ré -
férer à la nation dépossédée. La, France
a beau faire et beau,dire, on lui répond
pur le texte de Moftère :
La maison et à moi, je le ferai connaître.
Si 360 hommes, vos égaux et les
miens dans la vie courante, nos maîtres
absolus et infaillibles en matière poli-
tique, s'entendent pour abdiquer à point
nommé au profit d'un seul individu, le
particulier de leur choix deviendra par
cela seul pour toujours le maître de la
France. Nous ne serons plus rien, et il
sera tout, sauf à rendre, si bon lui sem-
ble, quelque menue monnaie de pou-
voir aux auteurs de sa quasi-divinité.
Voilà le phénomène invraisemblable,
absurde, monstrueux, mais nullement
impossible, qui nous menace, d'après
tous les almanachs royalistes, pour le
milieu de novembre prochain.
Les hommes qui méditent ue coup,
et ceux qui, sans l'avoir prémédité, con-
sentent à y prêter les mains, ne sont
point des scélérats, ni même, pour la
plupart, des aliénés: ils sont simple-
ment entraînés dans un courant de mau-
vaise politique.
Saisissez-en un par le bras, tirez-le
hors du tourbillon qui l'emporte, et tâ-
chez dè lui faire entendre raison. Prou-
vez-lui, ce qui n'est pas difficile, que ce
projet de restauration livre la France à
des dangers terribles, que la monarchie
de droit divin, rétablie en faveur d'un
homme faible, borné, dévot et possédé
par les jésuites, ne peut se maintenir
qu'à la condition d'opprimer trente-six
millions d'hommes, de les tenir dans
l'ignorance et dans la servitude et
d'assimiler la France à la Chine, au
Japon, à l'Etat pontifical : encore
est-il certain que Yeddo et Pékin
même sont aujourd'hui plus libres et
plus civilisés que la France ne pour-
rait l'être sous le sceptre lourdaud
d'Henri V. Dites-lui, à ce député en go-
guette de restauratioa, qu'il n'a pas le
droit de ranger sa patrie et la notre à la
queue du cortége des nations. Appre-
nez-lui que le roi des jésuites attirerait
sur nous en peu de temps, nonrseule-
ment le mépris, mais la haine de l'Eu-
rope, et ferait découper la France en
morceaux par les puissances qui l'envi-
ronnent. Appelez son attention sur le
danger presque inévitable des explosions
révolutionnaires chez tout peuple dont
les esprits sont violemment comprimés.
Demandez-lui quelle nécessité d'ordre
public le pousse à tenter follement une
telle experience. S'il voulait s'excuser
par la peur chimérique du radicalisme
légal, faites-lui remarquer que la France
est aux mains d'un homme sage et ré-
solu, que les ministres du régime ac-
tuel sont tous des ennemis déclarés de
la révolution, et que la monarchie de I
droit divin, si elle s'imposait à nous, ne
pourrait pas en choisir d'autres dans le
parti résolûment conservateur. Expli-
auez-lui que ce nom de République,
dont il a ou feint d'avoir peur, n'est
pas nuisible par lui-même, que les peu-
ples livrés à leur libre arbitre ne se sui-
cident pas pour le plaisir assez stérile
de se mettre en sang, tandis que l'usur-
pation d'une minorité despotique, aris-
tocratique et cléricale provoque, par un
retour, hélas, inévitable, l'usurpation
d'une minorité violente qui tue les rois,
les nobles et tas prêtres ; ce qu'il impor-
terait d'éviter.
L'honorable insensé que. vous avez
cru convertir frissonnera peut-être un
instant au spectacle des dangers où son
vote va précipiter la patrie ; mais avant
vingt-quatre heures il n'y pensera plus,
et, rentré dans la réunion extra-parlemen-
taire dont il est membre, il suivra le
mouvement en touta sécurité d'esprit.
Pourquoi ? Parce qu'il a conscience de
son néant relatif et qu'il est sûr de n'en-
dosser, quoi qu'il fasse, qu'un trois-cent-
soixantième de responsabilité.
Tous ces hommes qui sont aujourd'hui
le péril vivant de la France risquent
d'autant moins à mal faire qu'ils sent
médiocres et obscurs. Passer-les en re-
vue l'nn après l'autre, vous ne rencon-
trerez dans la fHule ni un esprit supé-
rieur, ni un nom illustre. Quelques-uns
ont quelque mérite ; plusieurs sont plus
ou moins connus : impossible d'en trou-
'v un, je dis un seul, qui ait à comp-
ter-avec î' £ i?!-°ire et qui relève des juge-
ter -, avec I.LL~-
ments de la postérité. L?s bons avocats
ments de la postérit é À.- -.: 1- --
de province, les érudits de collège, les
compilateurs d'Académie, leg négociants
enrichis, les industriels distinguer tes
propriétaires farineux, les diplomates de
pacotille, les généraux à la douzaine
composent cette majorité toute-puissante
qui tient la France dans ses maing. Pour-
quoi, diable ! tous ces gens-là se préoccu-
peraient ils de leur gioire ? Jls n'en ont
point. Qu'ont-ils à faire avec l'opinion
de l'Europe, qui les ignore, et avec les
races futures, qui n enlendront jamais
parler de Merveilieux-Buvignaus ? C'est
une grande force que de n'être rien et de
valoir très-peu de chose. On échappe
par le plongeon aux rigueurs les plus lé-
gitimes; on se perd dn le tas !
Il y a toutefois au-dessus de cette ma-
jorité un homme qui ne se perdra point
dans le tas, quoi qu'il fasse, ot nous nous
rassurons en pensant, non à son caractère,
qui demeure discrètement voilé, mais à
sa gloire. C'est le maréel^l d§ Mac-Mahon,
président de la Republique.
Fôt-il aUsoluflient prouvé, dès aujour-
d'hui, que 3KQ députés de la droite et du
centre droit feront présent d, la France
à M. \ê comte de Chambord, la monar-
chie cléricale ne serait pas f'on(Jv?§ ipsy
f'açlo. Il faudrait encore un hi ilS pÓur.
e^éputep ce vole impopulaire et pour
imposer à 36,000,000 d'hommes le vo-
ioaté i izirre de360 députés. Qr, Is pou-
voir exécutif est confié à us Fr'anç;HtJ (jui
relève de la postérité et qui a une gloire
à conserver intacte.
Je sais bien que le maréchal, en pre-
nantpossession de sa haute magistrature,
a promis de se conformer aux votes de
la majorité parlementaire. Mais le même
jour il a pris certains engagements non
moins formels envers la majorité natio-
nale. Il n'est pas seulement l'homme de
la Chambre; il est aussi l'homme du
pays. Et du poste élevé où nos dépu-
tés l'ont fait asseoir, il voit bien au-delà
de la cour de Maroc.
Ce n'est pas à MM. de Belcastel et de
Sugny, c'est à la France entière qu'il a
dit dans une proclamation solennelle :
« Rien ne sera changé aux lois existantes
et aux institutions. » Les lois existantes,
qu'est-ce à dire? C'est assurément autre
chose que le code de procédure et le
code des eaux et forêts. Le suffrage uni-
versel est la loi même de notre exis-
tence, et la souveraineté nationale est
une loi aussi inviolable que celle qui
régit la propriété des murs mitoyens.
D'ailleurs les institutions dont le maré-
chal a parlé comprennent à coup sûr la
République, puisqu'il est président de la
République.
M. de Mac-Mahon n'a pas dit que, sans
faire aucun mal par lui-même, il permet-
trait à 360 députés de commettre toutes
les folies qu'il leur plairait. En écrivant
sur tous les murs de France : « Rien ne
sera changé, » il indiquait clairement
qu'il ne changerait rien lui-même et qu'il
ne laisserait rien changer par les sou-
verains de Versailles, s'il avait été
l'homme du laissez-fire, il aurait dit
simplement : Je ne changerai rien.
Il est donc moralement impossible que
le président de la République nous livre
aux fantaisies de 360 restaurateurs fana-
tiques ou faméliques. Ce serait lui faire
une mortelle injure que de supposer ;
qu'il mettra la force armée de la nation
au service d'une intrigue réprouvée par
la presque unanimité de la nation. La
gloire qu'il s'est acquise dans les com-
bats, et ses malheurs eux-mêmes, qui ne
sont pas sans gloire, nous rassurent au-
tant que sa réputation de loyauté im-
maculée.
Seul, dans le gouvernement, il relève
de l'Europe contemporaine et de la pos-
térité, et il ne peut pas l'ignorer, quelle
que soit sa modestie. Lui seul est res-
ponsable aux eux de l'histoire, d'a-
bord p iree que 1 Assemblée ne peut rien
exécuter sans lui, ensuite et surtout
parce qu'il est le seul qui appartienne
à l'histoire. C'est pourquoi nous ne crai-
gnons pas de prédire qu'il n'échangera
pas le nom illustre et pur- de Mac-Ma-
hon contre celui de Monk-Mahon.
ABOUT.
----- +—:
M. Littré vient d'adresser au Phare de la
Loire un remarquable article d'histoire psycho-
logique traitant sous toutes ses faces la fusion,
cet amalgame hétérogène qui peut s'appeler soit
la légitimité avec conversion, soit la conversion
avec légitimité. Nous ragrettons de ne pouvoir
donner de ce long article que quelques ex-
traits :
« Paris et la France valent bien une
mes!e, » a dit jadis Henri IV. M. deCham-
Bord dira-t-il : « Paris et la France valent
bien l'amertume du drapeau tricolore et
des principes de 89 ? » Il est curieux de no-
ter combien tout est opposé dans les deux
situations, et à rebours l'une de l'autre !
Henri IV était plus libéral que son peu-
ple; M. de Chambord est moins libéral
quksiell, Henri IV apportait et impo-
sait la toléracice à qui ne la connaissait
pas ; elle sera imposée à M. de Cham-
bord, qui n'y voit qu'un damnable effet
du libre examen. Henri IV était en avan-
ce sur son temps, si bien que ses succes-
seurs, aveugles et rétrogrades, détruisirent
son œuvre; M. de Chambord elt en arrière
du sieu, et ses instructeurs politiques et
religieux lui ont inculqué la détestation
de tout le droit depuis 89, et surtout de
l'évolution progressive qui le développe
conformément à ses origines.
Henri IV se liait avec les puissances
protestantes contre l'esprit d'intolérance
et de domination qui animait les puissan-
ces catholiques ; M. 4e Chambord, vu que
le débat s'est transformé, n'étant plus en-
tre -catholicisme et protestantisme, mais
entre lEat laïque et la religion d'Etat,
est pO:]f la religion d'Etat contre la laï
cité. Quel étrange et signifie itive discor-
dance ! Comment af endrait on des effets
semblables d'une aus djssepitîlatije si-
tuation ? Qaiis les deux transactions, dans
les deJH çaiftp périlleux, pour me servir
de l'q:preion de euri tout se
touruô le dOfJ ; l'unç a réussi, parce que
le roi se trouva politiquement supérieur à
sou peuple ; l'autre fchouera, parce quo le
peuple r trouve politiquement supérieur
à son roi.
.t plus loitt H. Littré, appelant « légitimité
tricolore » le bigarre syojbqie dp la fusiçn en
sa dernière phase, ajoute :
B zarre symbole eu effet ! Ou a vaincu
les républicains dans la Chambre, seul ter-
rain 04 les bourboniens pussent 1 emport r
sur eux. Ou a dupé les bonapartiste*, ces
renards pris si piteusement$u pi{3 £ e par
les poules légitimistes 5 ils y ont donné
avec autant d'imprévoyance que lit naguè- e
leur empereur dans le traquenard dressé
par la Prusse. Mais la légitimité blanche
e§t inacceptaj^i et inacceptée, meine à I4
Chambre. Voilà comme 6q arrive fo: cé-
mentà la légitimité tricolore. Oa espère que
jies lp £ i{.iaûst§s voteront pour ellç, parce
qu'elle est légitima, et les* orléanistes, pa^-
ce quMle est tricolore ; et, ti 1.011 réu; sIt,
QG t e t çfavoir exclue, même £
t.. t' t<-t. t ,. t 'f i"j
une vvix de majorité, uij: compilai s on mai
vue dcs blancs, mal vue des bleus, assaillie
par les bouapartiste", combattue par les
aius, sgns 0onf]rmatiqn p^r le pays,
saus IJL,.e dl!,1 ptiqn qu'une tent^RCé yÇrâ
le cléricalisme et le passé, en opposition
avec la tendance moderne vers la scienca
sociale, résumé de toutes les sciences po-
sitives.
J'ai admiré tout à l'heure l'aveugle-
ment des impérialistes, qui se sont livrés
pieds et poings liés à leurs ennemis les
royalistes. Je n'admire pas moins celui
des constitutionnels travaillant à mettre
sur le trône un .prince qui ne croit qu'à
la légitimité et qui n'a pour inspirateur
de sa conscience que le cléricalisme. Ils se
repentiront, cela est sûr, à loisir ; mais, en
attendant, ils acculent le prince et la na-
tion dans une impasse ; lutte légale à ou-
trance pour les premiers temps de la nou-
velle restauration, et, pour les derniers,
des troubles politiques ; une compression
mortelle si le prince triomphe, une révo-
lution de plus, s'il est vaincu.
* Des aujourd nui on peut se représen-
ter ce que sera cette nouvelle restauration.
Dans la Chambre, on aura une opposition
irréconciliable * composée de républicains
et de bonapartistes ; à côté, une opposi-
tion parlementaire toujours fort dange-
reuse pour une monarchie légitime et clé-
ricale ; un centre tel quel, et à droite un
groupe d'ultras faisant leur parti dans ce
quatuor.
» Pour être roi, s'il y a encore place
en France pour une royauté, ce que je ne
pense pas, et si, en relevant le troué, ou
veut préparer autre chose qu'un office
viager, comme l'a été en fait l'office des
deux Napoléons, de Charles X et de Louis-
Philippe, pour être roi, dis-je, il faudrait
être aussi prêt à déposer la couronne que
l'était feu Léopold de Bdgiquç, aussi lé.
sjg-aé à suivre l'opinion publique que la
reine d'Angleterre, aussi dégagé des reli-
gions d'Etat que le fut Frédéric IL Certes,
ce n'est. pas M. de Chambord qui remplit
ce programme.
——— : —————- + ;
RESTITUONS AVIGNON
Avignon, le 28 septembre 1873.
Monsieur le directeur,
J'ai lu il y a déjà quelques jours dans
votre estimable journal vos articles sur la
restauration de 1874 ; j'en ai été et j'en suis
encore fort ému, vos prévisions m ont fait
peur.
J'aime mon pays, et j'entrevois comme
vous avec la plus profonde tristesse un nou-
veau démembrement de la France dans le
cas où notre Roy légitime, remontant sur
le trône de ses pères, se verrait contraint,
bon gré, mal gré, de soutenir une guerre
contre l'Italie et la Prusse coalisées. L'Ita.
lie, cela va sans dire, nous redemanderait
la Savoie et les Alpes-Maritimes ; mais la
Prusse, cette fille aînée de la Providence,
comme la France est la fille aîi.ée de l'E-
glise, que demanderait-elle? qu'exigerait
elle? Hélas 1 sans doute Belfort, les Vos-
ges, que sais-je encore ! et le reste de no-
tre or.
Je me suis donc demandé, naturelle-
ment, s'il n'était pas possible d'éviter de si
grands malheurs, et de tout concilier le.'
affaires de la fusion et les nôtres, les inté-
rêts de l'Eglise et de l'Italie, en faisant d'ua
cœur léger un petit sacrifice, non sans com-
pensatioD, comme vous en jugerez tout à
heure, sacrifice qui mettrait tout le mon-
de d'accord ou presque tout le monde —
ce qui ne serait pas à dédaigner — car,
comme dit le proverbe, on ne peut conten-
ter tout le monde et son père.
Quand je dis sacrifice, c'est par un reste
d'habitude du langage révolutionnaire, le-
quel a perverti en nous le sens du vrai et
du bien, C'est restitution qu'il faut dira,
oui, restitution; on ne prescrit pas contre le
droit, à plus forte raison contre le droit
divin. Certes Joseph de Maistre, notre
maître à tous, si heureusement ressufeité
pour nous remettre dans la bonne voie,
rougirait de se servir d'une autre expres-
sion.
Eh quoi 1 le pape est dépouillé, parce
qu'il plaît aux Italiens d'être maîtres chez
eux, d'avoir une patrie, une capitale ! Et
pas un du Temple, pas un Veuillot ne se
souvient que le Comtat-Venaissrn, cette
charmante et riehe oasis arrosée et ferti-
lisée dans tous les sens par les eaux de I4.
Durance et de la fontaine de Vaucluse, fai-
sait autrefois partie du domaine de l'Eglise,
et que cet autrefois n'est pas bien
loin de nous. 0 honte ! Faut il leur
rappeler qu'Avignon devint en 1309 la
résidence des papes, déjà possesseurs du
Comtat-Venaissin, et ne cessa de leur ap*
partenir qu'en 1791; qu'à cette époque, en
réunissant ces territoires à la France, la
Révolution sa rendit coupable d'un vol et
d'une spoliation vainement consacrés plus
tard par le traité de Tolentino, c"et'--
dire par qommoui, sa vie ,dunt, fut
le pers écu teur acharné de l'Eglise romaine
en la personne de Pie VU ?
Donc restituent, restituons, c'est le point
nécessaire. Qll paie ses dettes s'enrichit.
Mais ce n'est pas tout de rendre; en ex-
piation de nos crimes et pour pn obtenir
lê pardon, Comme un pénitent dont le re-
pentir est sincère, ve lésinons -pas, faisons
grandement leg choses. Au département
de Vaucluse, ajoutons une lisière de c lui
du Gard, Villeueuve-lôs-Avignon, où re-
pû: ent les cendres d'un pape vénéré, et
Notre-Dame-de-Rochefort, ce saint lieu
de pèlerinage encore trop peu aqnnu
et si Q.lgRe 4 ¡ ptr.. Ud plus , ins-
CNvon", sur le grand-livre de notre deU
publique nne rente anuuelle et per-
pétuelle de 4 millions au profit du Sûat-
Sîége pour arrérages, inVqts, revenus in
dIrt,..;. t perçus pendant quatre-viugts ans,
et déposons humblement la tout au pied
de Sa Sainteté Pie lx,
cepter, espérons-le, ô mou D.ieu ! en
échange de ses possédions italiennes.
Par là, nous attirerons sur 1g France
les i> £ uédi."lions qu ciel tt tp/ites les grâ-
ces apostoliques, compensation spirituelle
bien faite pour nous consoler de (::lta pe-
tite perte de tcyritoiM; nous conjurerons
tous les dangers qui nous menacent. ; nous
éloignerons de nos esprits ce fantôme d'vv
ne guerre terrible qui fait reculer la fu-
sion elle-même; l'Italie, l'ingrate Italie,
n'aura plus lieu de nous en vouloir et de
suspecter nos intentions, bien au contraire.
Et la Prusse?
Ah dame! la Prusse, cetie fille aînée
de la Providence, ne sera pas contente !
Mais comme dit le proverbe : on ne peut
contenter tout le monde et son père.
Un de vos abonnés.
P. S. — Je vous écris proprio motu,
sous le coup de mes impressions person-
nelles et sans avoir consulté mes compa-
triotes. Mais je ne doute pas qu'au mois
de novembre prochain, et peut-être plus
tôt, dans le but de faciliter la fusion et
l'avènement de Henri V, l'Assemblée na-
tionale ne soit saisie d'une pétition dans
le sens que j'indique. Fasse le ciel qu'elle
n'arrive pas trop tard!!!
♦ ——————————
CHRONIQUE ÉLECTORALE
Comme nous le pressentions hier, la
journée de dimanche a eu un résultat dé-
finitif sur les candidatures républicaines.
Dans la Loire, l'assemblée des délégués
cantonaux réunis à Saint-Etienne a fixé
son choix sur M. Reymond, conseiller gé-
néral (pour le canton de Saint Galinier),
qui a obtenu les trois quarts des voix de la
réunion.
On se rappelle que dans ce département
il y avait abondance de candidatures répu-
blicaines : M. Bertholon, ancien préfet du
4 septembre; M. Verdié, ingénieur, suc-
cesseur du regretté M. Dorian au conseil
général; et M. Richanne, manufacturier
et conseiller général, se désistent donc en
faveur de M. Reymond, ingénieur, qui
reste seul en présence de M. Faure-Belon,
candidat conservateur, monarchique, fu-
sionniste et officiel.
Bien que l'administration ait déjà pris
de sages mesures électorales préventives,
tout à l'avantage de l'idée monarchique,
en prononçant la suspension du Républi-
cain de la Loire, nous ne doutons pas que
les électeurs de la Loire ne donnent un
digne successeur à M. Dorian.
Dans le Puy-de-Dôme, ce qui était déjà
prévu est maintenant un fait avéré : une
dépêche de Clermont nous apprend que le
comité républicain a adopté la candidature
de M. Girod-Pouzol. Quant aux conserva-
teurs, ils n'ont toujours pas de candidat ;
« leur abstention est sans excuse, » dit un
organe de l'ordre moral.
Nous trouvons cet excellent organe bien
sévère pour les siens, auxquels nous recon
naissons au contraire une excuse fort natu-
relle : ils ne savent pas ce qu'on leur de-
mande de voter.
Et nous ne voulons pas de meilleure
preuve de notre dire que l'équivoque de
Ja candidature Niel dans la Haute-Ga-
ronne. Des conseillers généraux, a voulant'
affirmer les principes conservateurs, leur
adhésion au gouvernement de M. le maié
chai de Mac-Mahon t t à la politique inau-
gurée le 24 mai deraier », recommandent
la candidature de M. Niel aux électeurs
dits conservateurs. Immédiatement , l'Ordre
épluche le* signatures apposées au bas du
document et as cure que les impéria'istes
déclarés et fervents dominent sur la liste,
ce qui donne à la candidature Niel le ca-
ractère que lui imprimaient déjà le nom et
les antécédents de l'ancien avocat général
de l'empire.
« Ce succès des conservateurs dans la
Haute-Garonne, ajoute l'Ordre, devra faire
comprendre à tous où est le salut et corn.
bien sont aveugles ceux qui, rompant le
pacte du 24 mai, invoqué par les conseil-
lers généraux de Toulouse, poursuivent
une œuvre dont le pays ne veut pas et que
nul candidat n'ose affirmer devant les
électeurs, a
Nous sommes quelque peu de l'avis du
moniteur bonapartiste : nul candidat con-
servateur n'ose afficher son Qpiqion poli-
tique. Et, tandis que l'Ordre réclame, comme
son bien, le candidat Niel, les fusionnistes
se targuent d'être sûrs du vote du même
M. Niel en faveur du rétablissement de la
monarchie.
Décidément, qui trompe-t-on là-bas ? Les
bonapartistes ou les monarchistes ? Peut-
être bien les électeurs.
d.' P, L,
™ ¡.¡<;¡ •— ♦
LES DEUX DRAPEAUX
Voici un article de l'Etoile, journal roya-
liste d'Angers, sur la question du dra-
peau :
Nous croyons qu'il est sage de ne pas attacher
trop d'importance à ce qui s'est dit au sujet du
drapeau dans la réunion tenue ayant-hier à
Versailles par un oertain nombre de députés de
la droite et du centre droit. Suivant M. de Jou-
venel et ses amis, la restauration de la monar-
chie est impossible si M le comte de Chambord
ne consent pas à faire le sacrifice du drapeau
blanc. Mais ces messieurs ont encore cinq se-
maines devant eux pour rélléchir, et il ne nous
est pas démontré qu'ils ne changeront .pas d'o-
pinion sur ce point comme ils-ont déjà ohangé
d'opinion sur bien d'autres. Us sont convaincus
que la France ne peut se passer du drapeau tri-
colore. Mais il n'y a ja* plus d'un aD, ils étaient
convaincus qu'elle ne pouvait se passer de M
Tkipf?.
Voici un prince qui nous offre toutes les ga-
ranlies que nous pouvons désirer; il représente
UN principe sans lequel nous ne pouvons avoir
l'espoir de nous relever; mais il tient au glorieux
drapcavi d? se* pères ; il ne veut pas le sacrifier à
de sots préjugés. A ce drapeau, qui nous rap
pelle les vraies grandeurs de la patrie, on oppose
quoi ? Un drapeau qui nous a trois fois livrés à
l invasion. Et pour conserver CET i~Mt:: DE NOS
FOLIES ET DE NOS HUMILIATIONS, nous nous rési-
gnerions à la décadence o\ il nous a conduits
Est-ce possible ? e serait-ce pas un actod im
béçiUite fait pOIl soulever, nqn-s^tement la
risée, mats les malédictions des générations fu-
tures
Que nos représentant- ne s'y trompent pas, ils
sont déjà responsables devant nouss devant la
postérité, de n'avoir pas pompas l'lw,ml'Ui>e ser-
vice que la restauration 'monarchique pouvait
retire a la France au lenclenuûu
niers désastres, lorsqu'il s'agissait de négocie
avec le vainqueur. Ils n'ont plus qu'un droit, ce
lui de réparer leur faute.
—: — ————————————
Émile Gaboriau
J'apprens à l'instant même la mort da
ce brave garçon, qui fut un écrivain de
talent, dans un genre secondaire. Je l'ai
un peu connu ; je le rencontrais de
temps à autre, dans les couloirs des
théâtres, aux jours de preirière repré-
sentation. Je ne voudrais point le laisser
partir, sans rassembler à la hâte les
quelques souvenirs qui me sont restés
de lui.
Il avait travaillé bien des années
obscurément, et entassé volume sur
volume sans arriver à la célébrité, ni
même à cette humble notoriété où entre
du premier coup le moindre journaliste.
C'est à notre ami Chavette (on ne sait
guère cette particularité, même dans
notre monde) qu'il dut son premier
grand succès.
Chavette avait été nommé par M. Mil-
laud rédacteur en chef du Soleil, et il
avait pris sa besogne fort à cœur. Il cher-
chait partout un roman à sensation ; il
ne s'était pas encore, à cette époque-là,
mi3 en tête de les écrire lui-même.
— Je voudrais bien retrouver, me di-
sait-il, un roman qui a été publié, il y
a cinq ou six ans, dans un journal que
personne ne lisait : il est d'un nommé
Gaboriau, c'est un chef-d'œuvre. Comme
il a paru dans une cave, le public ne
l'a pas lu. Je suis sûr que nous monte-
rions de vingt mille. »
Un chef-d'œuvre! un chef-d'œuvre !
Je secouais la tête. Je n'ai que peu de foi
aux chefs-d'œuvre inconnus ! Quant à
Millaud, j'entends encore sa petite voix
glapissante : « Adressez vous donc aux
faiseurs en vogue! prenez Ponson du
Terrail ! Un roman déjà publié et qui
n'a pas eu de succès ! une reproduc-
tion ! allons- donc ! c'est un four. ! »
Chavette tenait bon ; on avait tou-
jours raison de Millaud, quand on lui
faisait tête, car c'était le meilleur des
hommes. Le Soleil obtint aisément
d'Emile Gaboriau le droit de reproduire
son œuvre : c'était l'Affaire Lerouge.
Vous avez tous lu l'Affaire Lerouge.
Ah ! les ravissements de Millaud, à me-
sure qu'il suivait, feuilleton à feuilleton,
cette histoire si émouvante, si lestement
contée! Gaboriau passa pour lui grand
homme du jour au lendemain. L'effet
sur le public fut immense.
C'était un nouveau genre que l'auteur
avait créé, sans y prendre garde. Nou-
veau? non, pas tout à fait. Au fond, à ne
regarder les choses qu'en gros, l'Affaire
Lerouge était une variété du roman mis à
la mode par Cooper. D'affreux sauvages
acharnés sur une piste, qu'ils perdent et
retrouvent sans cesse. Des vastes ferêts
de l'Amérique le récit était transporté
dans la vie ordinaire de la bourgeoisie
contemporaine. Les Mohicans s'etaient
changés en agents de police, cherchant
l'auteur d'un erimç et remontant jus-
qu'à lui d'indice en indice.
Balzac, ce grand inveeur, chez qui
l'on trouve tout, avt touchce coin du
roman, mai§ dans s'y arrêter, ni le creu-
ser ; oii peut même dire que sous toutes
sortes de formes, ce genre de récit, se
représente de siècle en siècle, depuis
Zadig jusqu'à la légende d'CEdipe, mise
en œuvre par Sophocle, et qui me sem-
ble être le prototype.
Le mérite de Gaboriau, c'est d'avoir
renouvelé la physionomie de ce genre,
d'avoir ouvert une voie où tous les ro-
manciers se sont précipités à sa suite.
, Vous savez le procédé ; car il y a bien
du procédé dans cette manière. Un crime
mystérieux est commis ; la justice arri-
ve ; elle cherche des preuves, et se lance
sur une fausse piste, où elle s'engage
résolûment. Tandis qu'elle court ainsi à.
une déconvenue certaine, il y a un agent
de police qui ramasse silencieusement
une foule d indices oubliés ; qui se met
en chasse de son côté et tout seul ; qui
rencontre parfois l'autre meute, la croise
ou se heurte avec elle, s'égare de temps
à autre, mais revient toujours sur la
vraie trace, et finit par mettre la main
sur le coupable.
L'idéal de ce genre, c'est d'imaginer
un crime à la fois très-simple et très-
mystérieux , tout compliqué de fausses
pistes, qui attirent le lecteur comme elles
trompent les héros du roman ; dont la
vraie piste, sans être jamais reconnue,
soit toujours soupçonnée, et se découvre
à la fin, si évidente, si lumineuse, que
tout le monde se réerie : Comment n'y
'avais-je pas ^ensé ? Il fallait que j'eusse
des coquilles sur les yeux !
L'art, c'est précisément de mettre sur
les yeux ces coquilles à demi-transpa-
rentes. Je ne crois pas qu'on fasse ja-
mais en ce genre un roman qui égale
l'Affaire Lerouga. C'est un chef-d'œuvre,
disait Chavette. Je sais bien qu'il ne faut
pas prodiguer ce mot. Disons que si le
genre est de second ordre, le roman est
de premier : qu'il a été cent fois refait
depuis dix ans, et qu'il reste encore le
plus amusant. C'est qu'il a précédé tous
les autres ; c'est qu'il a été écrit par ua
naïf, qui ne se doutait pas encore de la
révolution qu'il faisait dans le roman;
qui ne s'était pa-s enoore rendu compte
du procéde qu'il employait, qui ne s'i-
mitait pas.
Mus tard, il s'emprunta son gros
Mercredi dcf Octobre 1873.
t Wt TJP ,.J T8T T8B^?S| *>
, ; m^mm ,-
Jkt. t;«i ■ : J - • :t ..-; ■■:. i A lii fc- ,. j
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
RÉDACTION
«adremr au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
t> ne Dreiiett t
Lis manuscrits non insérés tw seront pas rendus.
ABONNEMENTS X
PARIS
Trois mois. 13 fr.
jix mois. 25
- Uu.n. 50
DÉPARTEMENT® 5
ToÍi ois. fr'1
Trois mois flÊfr»,
Six mois .( jS :
Un an I "P , j
-W. '-
Annonces, chez MM. -LAGRANGE, CERF ¡
6, plaee de la Bourae, o N.
Ou s'abonne à Londres, chez M. A. MA.uRiuKffénérai
ad vartiaiu¡. agent, 13. Taviatockrow. Covent Gardes -
ADMINISTRATION
-. -- --
- -- ---p - -
AdrtflMr lettres et mandats à l'Administrateur
se rue Dronot, 9
.)
fil Mires non affranchiM seront rtfusém
ABONNEMENTS
Püll
Trois mois..; 13 fr.
Six mois. 25
Un an 50
DÉPAATSIONTS
Trois mois. 16 tt.
Six mois 32
Un an.,.,. a *
Annonecs, chez MM. LAGRANGB, CERF et G*
8, place de la Bourofe, 9
On s'abonne à Londres, chez M. A. MAURTM géntoii
atlvertiaing, agent, 13, Tavistockrow, Covent Gt.rdu¡.
4
., JOURNÉE POLITIQUE
Parist 30 septembre 1873
Les affaires de la royauté en sont tou-
jouri au même point ; il n'y a de nouveau
qu'une recrudescence d'aigreur dans les
propos qu'échangent les journaux de la
droite.et du centre droit. A en juger par
ce qu'on lit, M. le comte de Chambord ne
céderait rien, pas même une parcelle de ce
qu'il appelle son principe, ni un fil de son
étendard..
- I/Union adjure, en effet, les orléanistes
de ne plus s'entêter pour les institutions et
pour le drapeau ; des vé.illes ! Eile a re-
pris son article d'hier sur la responsabilité
du centre droit , 'mais elle s'exprime avec
un peu plus de colère: (1 Il s'agit, dit-sllc,
il s'agit de marier la France avec le roi,
et, graves docteurs assemblés, après avoir
reconnu que la France a besoin du roi,
vous disputez de sa parure I Les institu-
tions parlementaires et le drapeau trico-
lore, voilà l'important objet de vos délibé-
rations !. Non, le salut n'est point dans les
atours qui ornent la moribonde, il est dans
ce qu'elle ne possède pas, dans ce qui lui
manque : dans la monarchie, dans le roi.
Trêve aux disputes, et sauvez la France ! »
L'Univers, en même temps, s'exprime
aussi nous le reconnaissons, avtc une
clarté parfaite ; il apostrophe les « libé-
raux » en termes qui n'ont plus rien
d'amphibologique : « Tentz-vtui-le p)ur
4it, libéraux de toutes les nuances. La
France, par son droit de primogéniture,
appartient à Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Pour la châtier, il lui a suffi de vous l'a-
bandonner quelque temps. Mais, devant
ce que vous avez fait de cette fille préférée,
ion cœur divin s'est ému. Déjà son bras
devient moins pesaut, le salut est proche,
et ce n'est pas le drapeau de la Révolution
qui flottera, au jour du triomphe, sur les
tour de Notre-Dame. » A la bonne heure !
Il faut maintenant entendre une autre
cloché : « Il est assez curieux, dit le. Fran-
çais, de voir avec quel empressement tous
les journaux de gauche se hâtent de repro-
duire les exagérations de langage eu de
doctrine de certains journaux d'extrême
droite : leur joie est grande de pouvoir
présenter ces exagérations comme la for-
mule autorisée et la seule orthodoxe du
parti monarchique. Nous pourrions si-
gnaler à ces journaux d'extrême droite le
service qu'ils rendent à la cause radicale.
Mais il nous convient d'éviter en ce mo-
ment toute polémique avec eux. Cette
polémique ferait d'autant plus inutile
que la majorité de l'Assemblée est no-
toirement dans de tout autres idées. »
La majorité de l'Assemblée, certes ! — en
y comprenant, bien entendu, les trois
groupes de gauche. Mais si cette majorité-
là fait la monarchie, le Français pourra
l'aller dire à Rome.
A pi'OpOf de Rome, on annonce que les
RR. PP. jésuites viennent de quitter leur
maison genéralice. Il n'en est resté, dit le
correspondant de l'agence Havas, que qua-
tre ou cinq. Cfcla suffit bien. Pourvu que
les autres ne viennent pas élire chez nous
.domicile ! On mande aussi (mais pourquoi
le Français a-t-il biffé cette partie de la
dél-che Havas ?) que Mgr de Bonnechose
st aldYé à Rome ; qu'il a été reçu au che-
min de fer par notre ambassadeur au Va-
tican, M. de Corceile, en personne ; qu'il
a été l'objet attentions toutes spéciales à
ambassade, où il s'est logé ; et que l'ob-
jet de son voyage, enfin, serait de prier
Je pape de venir pour à Paris la prejnière
pierre de l'église du Sacré-Cœur. Victor-
Em manuel, cependant, est de retour en
Italie ; sur son passage on ne signale que
des acclamations et des ovatioDs, les mu-
siques jonent sur les places publiques les
aifS n&Honam d'Italie, de Prusse et dtAu-
tgîi$é, et la foule y pépoùd pap des vivats.
Euo. LIÉBERT.
— —♦ R ■' >-
; |*a Responsabilité
Cent fanatiques et deux cent soixante
habiles, formant un groupe de 360 dépu-
tés, qui compose à lui seul, chiffre impo-
sant, la cent-millième partie de la nation
français, 360 deputé, dis-je, en vertu
d'un mandat précipité et mal défini,
peuvent voter dans six semaines l'abdi-
cation d'un grand peuple. >
UJ le peuvent légalement, c'est-à-dire
sans yioler aucun texte de loi, n'y ayant
point de loi ni de constitution qui ré-
gisse cette étrange matière. Les électeurs
candides qui les ont envoyés à Bor-
deaux eu février 1871 n'ont pas songé
à déterminer la durée ou l'étendue de
leurs pouvoirs.
Ils sont les mandataires du souverain,
voilà le fait incontestable, et leur pre-
mier mouvement a été de décider entre
eux, dès la première rencontre, qu'ils
étaient souverains par délégation. Le dé-
pôt des pouvoirs publics est devenu in-
itantanémeni dans leurs mains une pro-
priété collective dont ils se fUttent d'u-
ser et d'abuser arûitrairemèiiC ré -
férer à la nation dépossédée. La, France
a beau faire et beau,dire, on lui répond
pur le texte de Moftère :
La maison et à moi, je le ferai connaître.
Si 360 hommes, vos égaux et les
miens dans la vie courante, nos maîtres
absolus et infaillibles en matière poli-
tique, s'entendent pour abdiquer à point
nommé au profit d'un seul individu, le
particulier de leur choix deviendra par
cela seul pour toujours le maître de la
France. Nous ne serons plus rien, et il
sera tout, sauf à rendre, si bon lui sem-
ble, quelque menue monnaie de pou-
voir aux auteurs de sa quasi-divinité.
Voilà le phénomène invraisemblable,
absurde, monstrueux, mais nullement
impossible, qui nous menace, d'après
tous les almanachs royalistes, pour le
milieu de novembre prochain.
Les hommes qui méditent ue coup,
et ceux qui, sans l'avoir prémédité, con-
sentent à y prêter les mains, ne sont
point des scélérats, ni même, pour la
plupart, des aliénés: ils sont simple-
ment entraînés dans un courant de mau-
vaise politique.
Saisissez-en un par le bras, tirez-le
hors du tourbillon qui l'emporte, et tâ-
chez dè lui faire entendre raison. Prou-
vez-lui, ce qui n'est pas difficile, que ce
projet de restauration livre la France à
des dangers terribles, que la monarchie
de droit divin, rétablie en faveur d'un
homme faible, borné, dévot et possédé
par les jésuites, ne peut se maintenir
qu'à la condition d'opprimer trente-six
millions d'hommes, de les tenir dans
l'ignorance et dans la servitude et
d'assimiler la France à la Chine, au
Japon, à l'Etat pontifical : encore
est-il certain que Yeddo et Pékin
même sont aujourd'hui plus libres et
plus civilisés que la France ne pour-
rait l'être sous le sceptre lourdaud
d'Henri V. Dites-lui, à ce député en go-
guette de restauratioa, qu'il n'a pas le
droit de ranger sa patrie et la notre à la
queue du cortége des nations. Appre-
nez-lui que le roi des jésuites attirerait
sur nous en peu de temps, nonrseule-
ment le mépris, mais la haine de l'Eu-
rope, et ferait découper la France en
morceaux par les puissances qui l'envi-
ronnent. Appelez son attention sur le
danger presque inévitable des explosions
révolutionnaires chez tout peuple dont
les esprits sont violemment comprimés.
Demandez-lui quelle nécessité d'ordre
public le pousse à tenter follement une
telle experience. S'il voulait s'excuser
par la peur chimérique du radicalisme
légal, faites-lui remarquer que la France
est aux mains d'un homme sage et ré-
solu, que les ministres du régime ac-
tuel sont tous des ennemis déclarés de
la révolution, et que la monarchie de I
droit divin, si elle s'imposait à nous, ne
pourrait pas en choisir d'autres dans le
parti résolûment conservateur. Expli-
auez-lui que ce nom de République,
dont il a ou feint d'avoir peur, n'est
pas nuisible par lui-même, que les peu-
ples livrés à leur libre arbitre ne se sui-
cident pas pour le plaisir assez stérile
de se mettre en sang, tandis que l'usur-
pation d'une minorité despotique, aris-
tocratique et cléricale provoque, par un
retour, hélas, inévitable, l'usurpation
d'une minorité violente qui tue les rois,
les nobles et tas prêtres ; ce qu'il impor-
terait d'éviter.
L'honorable insensé que. vous avez
cru convertir frissonnera peut-être un
instant au spectacle des dangers où son
vote va précipiter la patrie ; mais avant
vingt-quatre heures il n'y pensera plus,
et, rentré dans la réunion extra-parlemen-
taire dont il est membre, il suivra le
mouvement en touta sécurité d'esprit.
Pourquoi ? Parce qu'il a conscience de
son néant relatif et qu'il est sûr de n'en-
dosser, quoi qu'il fasse, qu'un trois-cent-
soixantième de responsabilité.
Tous ces hommes qui sont aujourd'hui
le péril vivant de la France risquent
d'autant moins à mal faire qu'ils sent
médiocres et obscurs. Passer-les en re-
vue l'nn après l'autre, vous ne rencon-
trerez dans la fHule ni un esprit supé-
rieur, ni un nom illustre. Quelques-uns
ont quelque mérite ; plusieurs sont plus
ou moins connus : impossible d'en trou-
'v un, je dis un seul, qui ait à comp-
ter-avec î' £ i?!-°ire et qui relève des juge-
ter -, avec I.LL~-
ments de la postérité. L?s bons avocats
ments de la postérit é À.- -.: 1- --
de province, les érudits de collège, les
compilateurs d'Académie, leg négociants
enrichis, les industriels distinguer tes
propriétaires farineux, les diplomates de
pacotille, les généraux à la douzaine
composent cette majorité toute-puissante
qui tient la France dans ses maing. Pour-
quoi, diable ! tous ces gens-là se préoccu-
peraient ils de leur gioire ? Jls n'en ont
point. Qu'ont-ils à faire avec l'opinion
de l'Europe, qui les ignore, et avec les
races futures, qui n enlendront jamais
parler de Merveilieux-Buvignaus ? C'est
une grande force que de n'être rien et de
valoir très-peu de chose. On échappe
par le plongeon aux rigueurs les plus lé-
gitimes; on se perd dn le tas !
Il y a toutefois au-dessus de cette ma-
jorité un homme qui ne se perdra point
dans le tas, quoi qu'il fasse, ot nous nous
rassurons en pensant, non à son caractère,
qui demeure discrètement voilé, mais à
sa gloire. C'est le maréel^l d§ Mac-Mahon,
président de la Republique.
Fôt-il aUsoluflient prouvé, dès aujour-
d'hui, que 3KQ députés de la droite et du
centre droit feront présent d, la France
à M. \ê comte de Chambord, la monar-
chie cléricale ne serait pas f'on(Jv?§ ipsy
f'açlo. Il faudrait encore un hi ilS pÓur.
e^éputep ce vole impopulaire et pour
imposer à 36,000,000 d'hommes le vo-
ioaté i izirre de360 députés. Qr, Is pou-
voir exécutif est confié à us Fr'anç;HtJ (jui
relève de la postérité et qui a une gloire
à conserver intacte.
Je sais bien que le maréchal, en pre-
nantpossession de sa haute magistrature,
a promis de se conformer aux votes de
la majorité parlementaire. Mais le même
jour il a pris certains engagements non
moins formels envers la majorité natio-
nale. Il n'est pas seulement l'homme de
la Chambre; il est aussi l'homme du
pays. Et du poste élevé où nos dépu-
tés l'ont fait asseoir, il voit bien au-delà
de la cour de Maroc.
Ce n'est pas à MM. de Belcastel et de
Sugny, c'est à la France entière qu'il a
dit dans une proclamation solennelle :
« Rien ne sera changé aux lois existantes
et aux institutions. » Les lois existantes,
qu'est-ce à dire? C'est assurément autre
chose que le code de procédure et le
code des eaux et forêts. Le suffrage uni-
versel est la loi même de notre exis-
tence, et la souveraineté nationale est
une loi aussi inviolable que celle qui
régit la propriété des murs mitoyens.
D'ailleurs les institutions dont le maré-
chal a parlé comprennent à coup sûr la
République, puisqu'il est président de la
République.
M. de Mac-Mahon n'a pas dit que, sans
faire aucun mal par lui-même, il permet-
trait à 360 députés de commettre toutes
les folies qu'il leur plairait. En écrivant
sur tous les murs de France : « Rien ne
sera changé, » il indiquait clairement
qu'il ne changerait rien lui-même et qu'il
ne laisserait rien changer par les sou-
verains de Versailles, s'il avait été
l'homme du laissez-fire, il aurait dit
simplement : Je ne changerai rien.
Il est donc moralement impossible que
le président de la République nous livre
aux fantaisies de 360 restaurateurs fana-
tiques ou faméliques. Ce serait lui faire
une mortelle injure que de supposer ;
qu'il mettra la force armée de la nation
au service d'une intrigue réprouvée par
la presque unanimité de la nation. La
gloire qu'il s'est acquise dans les com-
bats, et ses malheurs eux-mêmes, qui ne
sont pas sans gloire, nous rassurent au-
tant que sa réputation de loyauté im-
maculée.
Seul, dans le gouvernement, il relève
de l'Europe contemporaine et de la pos-
térité, et il ne peut pas l'ignorer, quelle
que soit sa modestie. Lui seul est res-
ponsable aux eux de l'histoire, d'a-
bord p iree que 1 Assemblée ne peut rien
exécuter sans lui, ensuite et surtout
parce qu'il est le seul qui appartienne
à l'histoire. C'est pourquoi nous ne crai-
gnons pas de prédire qu'il n'échangera
pas le nom illustre et pur- de Mac-Ma-
hon contre celui de Monk-Mahon.
ABOUT.
----- +—:
M. Littré vient d'adresser au Phare de la
Loire un remarquable article d'histoire psycho-
logique traitant sous toutes ses faces la fusion,
cet amalgame hétérogène qui peut s'appeler soit
la légitimité avec conversion, soit la conversion
avec légitimité. Nous ragrettons de ne pouvoir
donner de ce long article que quelques ex-
traits :
« Paris et la France valent bien une
mes!e, » a dit jadis Henri IV. M. deCham-
Bord dira-t-il : « Paris et la France valent
bien l'amertume du drapeau tricolore et
des principes de 89 ? » Il est curieux de no-
ter combien tout est opposé dans les deux
situations, et à rebours l'une de l'autre !
Henri IV était plus libéral que son peu-
ple; M. de Chambord est moins libéral
quksiell, Henri IV apportait et impo-
sait la toléracice à qui ne la connaissait
pas ; elle sera imposée à M. de Cham-
bord, qui n'y voit qu'un damnable effet
du libre examen. Henri IV était en avan-
ce sur son temps, si bien que ses succes-
seurs, aveugles et rétrogrades, détruisirent
son œuvre; M. de Chambord elt en arrière
du sieu, et ses instructeurs politiques et
religieux lui ont inculqué la détestation
de tout le droit depuis 89, et surtout de
l'évolution progressive qui le développe
conformément à ses origines.
Henri IV se liait avec les puissances
protestantes contre l'esprit d'intolérance
et de domination qui animait les puissan-
ces catholiques ; M. 4e Chambord, vu que
le débat s'est transformé, n'étant plus en-
tre -catholicisme et protestantisme, mais
entre lEat laïque et la religion d'Etat,
est pO:]f la religion d'Etat contre la laï
cité. Quel étrange et signifie itive discor-
dance ! Comment af endrait on des effets
semblables d'une aus djssepitîlatije si-
tuation ? Qaiis les deux transactions, dans
les deJH çaiftp périlleux, pour me servir
de l'q:preion de euri tout se
touruô le dOfJ ; l'unç a réussi, parce que
le roi se trouva politiquement supérieur à
sou peuple ; l'autre fchouera, parce quo le
peuple r trouve politiquement supérieur
à son roi.
.t plus loitt H. Littré, appelant « légitimité
tricolore » le bigarre syojbqie dp la fusiçn en
sa dernière phase, ajoute :
B zarre symbole eu effet ! Ou a vaincu
les républicains dans la Chambre, seul ter-
rain 04 les bourboniens pussent 1 emport r
sur eux. Ou a dupé les bonapartiste*, ces
renards pris si piteusement$u pi{3 £ e par
les poules légitimistes 5 ils y ont donné
avec autant d'imprévoyance que lit naguè- e
leur empereur dans le traquenard dressé
par la Prusse. Mais la légitimité blanche
e§t inacceptaj^i et inacceptée, meine à I4
Chambre. Voilà comme 6q arrive fo: cé-
mentà la légitimité tricolore. Oa espère que
jies lp £ i{.iaûst§s voteront pour ellç, parce
qu'elle est légitima, et les* orléanistes, pa^-
ce quMle est tricolore ; et, ti 1.011 réu; sIt,
QG t e t çfavoir exclue, même £
t.. t' t<-t. t ,. t 'f i"j
une vvix de majorité, uij: compilai s on mai
vue dcs blancs, mal vue des bleus, assaillie
par les bouapartiste", combattue par les
aius, sgns 0onf]rmatiqn p^r le pays,
saus IJL,.e dl!,1 ptiqn qu'une tent^RCé yÇrâ
le cléricalisme et le passé, en opposition
avec la tendance moderne vers la scienca
sociale, résumé de toutes les sciences po-
sitives.
J'ai admiré tout à l'heure l'aveugle-
ment des impérialistes, qui se sont livrés
pieds et poings liés à leurs ennemis les
royalistes. Je n'admire pas moins celui
des constitutionnels travaillant à mettre
sur le trône un .prince qui ne croit qu'à
la légitimité et qui n'a pour inspirateur
de sa conscience que le cléricalisme. Ils se
repentiront, cela est sûr, à loisir ; mais, en
attendant, ils acculent le prince et la na-
tion dans une impasse ; lutte légale à ou-
trance pour les premiers temps de la nou-
velle restauration, et, pour les derniers,
des troubles politiques ; une compression
mortelle si le prince triomphe, une révo-
lution de plus, s'il est vaincu.
* Des aujourd nui on peut se représen-
ter ce que sera cette nouvelle restauration.
Dans la Chambre, on aura une opposition
irréconciliable * composée de républicains
et de bonapartistes ; à côté, une opposi-
tion parlementaire toujours fort dange-
reuse pour une monarchie légitime et clé-
ricale ; un centre tel quel, et à droite un
groupe d'ultras faisant leur parti dans ce
quatuor.
» Pour être roi, s'il y a encore place
en France pour une royauté, ce que je ne
pense pas, et si, en relevant le troué, ou
veut préparer autre chose qu'un office
viager, comme l'a été en fait l'office des
deux Napoléons, de Charles X et de Louis-
Philippe, pour être roi, dis-je, il faudrait
être aussi prêt à déposer la couronne que
l'était feu Léopold de Bdgiquç, aussi lé.
sjg-aé à suivre l'opinion publique que la
reine d'Angleterre, aussi dégagé des reli-
gions d'Etat que le fut Frédéric IL Certes,
ce n'est. pas M. de Chambord qui remplit
ce programme.
——— : —————- + ;
RESTITUONS AVIGNON
Avignon, le 28 septembre 1873.
Monsieur le directeur,
J'ai lu il y a déjà quelques jours dans
votre estimable journal vos articles sur la
restauration de 1874 ; j'en ai été et j'en suis
encore fort ému, vos prévisions m ont fait
peur.
J'aime mon pays, et j'entrevois comme
vous avec la plus profonde tristesse un nou-
veau démembrement de la France dans le
cas où notre Roy légitime, remontant sur
le trône de ses pères, se verrait contraint,
bon gré, mal gré, de soutenir une guerre
contre l'Italie et la Prusse coalisées. L'Ita.
lie, cela va sans dire, nous redemanderait
la Savoie et les Alpes-Maritimes ; mais la
Prusse, cette fille aînée de la Providence,
comme la France est la fille aîi.ée de l'E-
glise, que demanderait-elle? qu'exigerait
elle? Hélas 1 sans doute Belfort, les Vos-
ges, que sais-je encore ! et le reste de no-
tre or.
Je me suis donc demandé, naturelle-
ment, s'il n'était pas possible d'éviter de si
grands malheurs, et de tout concilier le.'
affaires de la fusion et les nôtres, les inté-
rêts de l'Eglise et de l'Italie, en faisant d'ua
cœur léger un petit sacrifice, non sans com-
pensatioD, comme vous en jugerez tout à
heure, sacrifice qui mettrait tout le mon-
de d'accord ou presque tout le monde —
ce qui ne serait pas à dédaigner — car,
comme dit le proverbe, on ne peut conten-
ter tout le monde et son père.
Quand je dis sacrifice, c'est par un reste
d'habitude du langage révolutionnaire, le-
quel a perverti en nous le sens du vrai et
du bien, C'est restitution qu'il faut dira,
oui, restitution; on ne prescrit pas contre le
droit, à plus forte raison contre le droit
divin. Certes Joseph de Maistre, notre
maître à tous, si heureusement ressufeité
pour nous remettre dans la bonne voie,
rougirait de se servir d'une autre expres-
sion.
Eh quoi 1 le pape est dépouillé, parce
qu'il plaît aux Italiens d'être maîtres chez
eux, d'avoir une patrie, une capitale ! Et
pas un du Temple, pas un Veuillot ne se
souvient que le Comtat-Venaissrn, cette
charmante et riehe oasis arrosée et ferti-
lisée dans tous les sens par les eaux de I4.
Durance et de la fontaine de Vaucluse, fai-
sait autrefois partie du domaine de l'Eglise,
et que cet autrefois n'est pas bien
loin de nous. 0 honte ! Faut il leur
rappeler qu'Avignon devint en 1309 la
résidence des papes, déjà possesseurs du
Comtat-Venaissin, et ne cessa de leur ap*
partenir qu'en 1791; qu'à cette époque, en
réunissant ces territoires à la France, la
Révolution sa rendit coupable d'un vol et
d'une spoliation vainement consacrés plus
tard par le traité de Tolentino, c"et'--
dire par qommoui, sa vie ,dunt, fut
le pers écu teur acharné de l'Eglise romaine
en la personne de Pie VU ?
Donc restituent, restituons, c'est le point
nécessaire. Qll paie ses dettes s'enrichit.
Mais ce n'est pas tout de rendre; en ex-
piation de nos crimes et pour pn obtenir
lê pardon, Comme un pénitent dont le re-
pentir est sincère, ve lésinons -pas, faisons
grandement leg choses. Au département
de Vaucluse, ajoutons une lisière de c lui
du Gard, Villeueuve-lôs-Avignon, où re-
pû: ent les cendres d'un pape vénéré, et
Notre-Dame-de-Rochefort, ce saint lieu
de pèlerinage encore trop peu aqnnu
et si Q.lgRe 4 ¡ ptr.. Ud plus , ins-
CNvon", sur le grand-livre de notre deU
publique nne rente anuuelle et per-
pétuelle de 4 millions au profit du Sûat-
Sîége pour arrérages, inVqts, revenus in
dIrt,..;. t perçus pendant quatre-viugts ans,
et déposons humblement la tout au pied
de Sa Sainteté Pie lx,
cepter, espérons-le, ô mou D.ieu ! en
échange de ses possédions italiennes.
Par là, nous attirerons sur 1g France
les i> £ uédi."lions qu ciel tt tp/ites les grâ-
ces apostoliques, compensation spirituelle
bien faite pour nous consoler de (::lta pe-
tite perte de tcyritoiM; nous conjurerons
tous les dangers qui nous menacent. ; nous
éloignerons de nos esprits ce fantôme d'vv
ne guerre terrible qui fait reculer la fu-
sion elle-même; l'Italie, l'ingrate Italie,
n'aura plus lieu de nous en vouloir et de
suspecter nos intentions, bien au contraire.
Et la Prusse?
Ah dame! la Prusse, cetie fille aînée
de la Providence, ne sera pas contente !
Mais comme dit le proverbe : on ne peut
contenter tout le monde et son père.
Un de vos abonnés.
P. S. — Je vous écris proprio motu,
sous le coup de mes impressions person-
nelles et sans avoir consulté mes compa-
triotes. Mais je ne doute pas qu'au mois
de novembre prochain, et peut-être plus
tôt, dans le but de faciliter la fusion et
l'avènement de Henri V, l'Assemblée na-
tionale ne soit saisie d'une pétition dans
le sens que j'indique. Fasse le ciel qu'elle
n'arrive pas trop tard!!!
♦ ——————————
CHRONIQUE ÉLECTORALE
Comme nous le pressentions hier, la
journée de dimanche a eu un résultat dé-
finitif sur les candidatures républicaines.
Dans la Loire, l'assemblée des délégués
cantonaux réunis à Saint-Etienne a fixé
son choix sur M. Reymond, conseiller gé-
néral (pour le canton de Saint Galinier),
qui a obtenu les trois quarts des voix de la
réunion.
On se rappelle que dans ce département
il y avait abondance de candidatures répu-
blicaines : M. Bertholon, ancien préfet du
4 septembre; M. Verdié, ingénieur, suc-
cesseur du regretté M. Dorian au conseil
général; et M. Richanne, manufacturier
et conseiller général, se désistent donc en
faveur de M. Reymond, ingénieur, qui
reste seul en présence de M. Faure-Belon,
candidat conservateur, monarchique, fu-
sionniste et officiel.
Bien que l'administration ait déjà pris
de sages mesures électorales préventives,
tout à l'avantage de l'idée monarchique,
en prononçant la suspension du Républi-
cain de la Loire, nous ne doutons pas que
les électeurs de la Loire ne donnent un
digne successeur à M. Dorian.
Dans le Puy-de-Dôme, ce qui était déjà
prévu est maintenant un fait avéré : une
dépêche de Clermont nous apprend que le
comité républicain a adopté la candidature
de M. Girod-Pouzol. Quant aux conserva-
teurs, ils n'ont toujours pas de candidat ;
« leur abstention est sans excuse, » dit un
organe de l'ordre moral.
Nous trouvons cet excellent organe bien
sévère pour les siens, auxquels nous recon
naissons au contraire une excuse fort natu-
relle : ils ne savent pas ce qu'on leur de-
mande de voter.
Et nous ne voulons pas de meilleure
preuve de notre dire que l'équivoque de
Ja candidature Niel dans la Haute-Ga-
ronne. Des conseillers généraux, a voulant'
affirmer les principes conservateurs, leur
adhésion au gouvernement de M. le maié
chai de Mac-Mahon t t à la politique inau-
gurée le 24 mai deraier », recommandent
la candidature de M. Niel aux électeurs
dits conservateurs. Immédiatement , l'Ordre
épluche le* signatures apposées au bas du
document et as cure que les impéria'istes
déclarés et fervents dominent sur la liste,
ce qui donne à la candidature Niel le ca-
ractère que lui imprimaient déjà le nom et
les antécédents de l'ancien avocat général
de l'empire.
« Ce succès des conservateurs dans la
Haute-Garonne, ajoute l'Ordre, devra faire
comprendre à tous où est le salut et corn.
bien sont aveugles ceux qui, rompant le
pacte du 24 mai, invoqué par les conseil-
lers généraux de Toulouse, poursuivent
une œuvre dont le pays ne veut pas et que
nul candidat n'ose affirmer devant les
électeurs, a
Nous sommes quelque peu de l'avis du
moniteur bonapartiste : nul candidat con-
servateur n'ose afficher son Qpiqion poli-
tique. Et, tandis que l'Ordre réclame, comme
son bien, le candidat Niel, les fusionnistes
se targuent d'être sûrs du vote du même
M. Niel en faveur du rétablissement de la
monarchie.
Décidément, qui trompe-t-on là-bas ? Les
bonapartistes ou les monarchistes ? Peut-
être bien les électeurs.
d.' P, L,
™ ¡.¡<;¡ •— ♦
LES DEUX DRAPEAUX
Voici un article de l'Etoile, journal roya-
liste d'Angers, sur la question du dra-
peau :
Nous croyons qu'il est sage de ne pas attacher
trop d'importance à ce qui s'est dit au sujet du
drapeau dans la réunion tenue ayant-hier à
Versailles par un oertain nombre de députés de
la droite et du centre droit. Suivant M. de Jou-
venel et ses amis, la restauration de la monar-
chie est impossible si M le comte de Chambord
ne consent pas à faire le sacrifice du drapeau
blanc. Mais ces messieurs ont encore cinq se-
maines devant eux pour rélléchir, et il ne nous
est pas démontré qu'ils ne changeront .pas d'o-
pinion sur ce point comme ils-ont déjà ohangé
d'opinion sur bien d'autres. Us sont convaincus
que la France ne peut se passer du drapeau tri-
colore. Mais il n'y a ja* plus d'un aD, ils étaient
convaincus qu'elle ne pouvait se passer de M
Tkipf?.
Voici un prince qui nous offre toutes les ga-
ranlies que nous pouvons désirer; il représente
UN principe sans lequel nous ne pouvons avoir
l'espoir de nous relever; mais il tient au glorieux
drapcavi d? se* pères ; il ne veut pas le sacrifier à
de sots préjugés. A ce drapeau, qui nous rap
pelle les vraies grandeurs de la patrie, on oppose
quoi ? Un drapeau qui nous a trois fois livrés à
l invasion. Et pour conserver CET i~Mt:: DE NOS
FOLIES ET DE NOS HUMILIATIONS, nous nous rési-
gnerions à la décadence o\ il nous a conduits
Est-ce possible ? e serait-ce pas un actod im
béçiUite fait pOIl soulever, nqn-s^tement la
risée, mats les malédictions des générations fu-
tures
Que nos représentant- ne s'y trompent pas, ils
sont déjà responsables devant nouss devant la
postérité, de n'avoir pas pompas l'lw,ml'Ui>e ser-
vice que la restauration 'monarchique pouvait
retire a la France au lenclenuûu
niers désastres, lorsqu'il s'agissait de négocie
avec le vainqueur. Ils n'ont plus qu'un droit, ce
lui de réparer leur faute.
—: — ————————————
Émile Gaboriau
J'apprens à l'instant même la mort da
ce brave garçon, qui fut un écrivain de
talent, dans un genre secondaire. Je l'ai
un peu connu ; je le rencontrais de
temps à autre, dans les couloirs des
théâtres, aux jours de preirière repré-
sentation. Je ne voudrais point le laisser
partir, sans rassembler à la hâte les
quelques souvenirs qui me sont restés
de lui.
Il avait travaillé bien des années
obscurément, et entassé volume sur
volume sans arriver à la célébrité, ni
même à cette humble notoriété où entre
du premier coup le moindre journaliste.
C'est à notre ami Chavette (on ne sait
guère cette particularité, même dans
notre monde) qu'il dut son premier
grand succès.
Chavette avait été nommé par M. Mil-
laud rédacteur en chef du Soleil, et il
avait pris sa besogne fort à cœur. Il cher-
chait partout un roman à sensation ; il
ne s'était pas encore, à cette époque-là,
mi3 en tête de les écrire lui-même.
— Je voudrais bien retrouver, me di-
sait-il, un roman qui a été publié, il y
a cinq ou six ans, dans un journal que
personne ne lisait : il est d'un nommé
Gaboriau, c'est un chef-d'œuvre. Comme
il a paru dans une cave, le public ne
l'a pas lu. Je suis sûr que nous monte-
rions de vingt mille. »
Un chef-d'œuvre! un chef-d'œuvre !
Je secouais la tête. Je n'ai que peu de foi
aux chefs-d'œuvre inconnus ! Quant à
Millaud, j'entends encore sa petite voix
glapissante : « Adressez vous donc aux
faiseurs en vogue! prenez Ponson du
Terrail ! Un roman déjà publié et qui
n'a pas eu de succès ! une reproduc-
tion ! allons- donc ! c'est un four. ! »
Chavette tenait bon ; on avait tou-
jours raison de Millaud, quand on lui
faisait tête, car c'était le meilleur des
hommes. Le Soleil obtint aisément
d'Emile Gaboriau le droit de reproduire
son œuvre : c'était l'Affaire Lerouge.
Vous avez tous lu l'Affaire Lerouge.
Ah ! les ravissements de Millaud, à me-
sure qu'il suivait, feuilleton à feuilleton,
cette histoire si émouvante, si lestement
contée! Gaboriau passa pour lui grand
homme du jour au lendemain. L'effet
sur le public fut immense.
C'était un nouveau genre que l'auteur
avait créé, sans y prendre garde. Nou-
veau? non, pas tout à fait. Au fond, à ne
regarder les choses qu'en gros, l'Affaire
Lerouge était une variété du roman mis à
la mode par Cooper. D'affreux sauvages
acharnés sur une piste, qu'ils perdent et
retrouvent sans cesse. Des vastes ferêts
de l'Amérique le récit était transporté
dans la vie ordinaire de la bourgeoisie
contemporaine. Les Mohicans s'etaient
changés en agents de police, cherchant
l'auteur d'un erimç et remontant jus-
qu'à lui d'indice en indice.
Balzac, ce grand inveeur, chez qui
l'on trouve tout, avt touchce coin du
roman, mai§ dans s'y arrêter, ni le creu-
ser ; oii peut même dire que sous toutes
sortes de formes, ce genre de récit, se
représente de siècle en siècle, depuis
Zadig jusqu'à la légende d'CEdipe, mise
en œuvre par Sophocle, et qui me sem-
ble être le prototype.
Le mérite de Gaboriau, c'est d'avoir
renouvelé la physionomie de ce genre,
d'avoir ouvert une voie où tous les ro-
manciers se sont précipités à sa suite.
, Vous savez le procédé ; car il y a bien
du procédé dans cette manière. Un crime
mystérieux est commis ; la justice arri-
ve ; elle cherche des preuves, et se lance
sur une fausse piste, où elle s'engage
résolûment. Tandis qu'elle court ainsi à.
une déconvenue certaine, il y a un agent
de police qui ramasse silencieusement
une foule d indices oubliés ; qui se met
en chasse de son côté et tout seul ; qui
rencontre parfois l'autre meute, la croise
ou se heurte avec elle, s'égare de temps
à autre, mais revient toujours sur la
vraie trace, et finit par mettre la main
sur le coupable.
L'idéal de ce genre, c'est d'imaginer
un crime à la fois très-simple et très-
mystérieux , tout compliqué de fausses
pistes, qui attirent le lecteur comme elles
trompent les héros du roman ; dont la
vraie piste, sans être jamais reconnue,
soit toujours soupçonnée, et se découvre
à la fin, si évidente, si lumineuse, que
tout le monde se réerie : Comment n'y
'avais-je pas ^ensé ? Il fallait que j'eusse
des coquilles sur les yeux !
L'art, c'est précisément de mettre sur
les yeux ces coquilles à demi-transpa-
rentes. Je ne crois pas qu'on fasse ja-
mais en ce genre un roman qui égale
l'Affaire Lerouga. C'est un chef-d'œuvre,
disait Chavette. Je sais bien qu'il ne faut
pas prodiguer ce mot. Disons que si le
genre est de second ordre, le roman est
de premier : qu'il a été cent fois refait
depuis dix ans, et qu'il reste encore le
plus amusant. C'est qu'il a précédé tous
les autres ; c'est qu'il a été écrit par ua
naïf, qui ne se doutait pas encore de la
révolution qu'il faisait dans le roman;
qui ne s'était pa-s enoore rendu compte
du procéde qu'il employait, qui ne s'i-
mitait pas.
Mus tard, il s'emprunta son gros
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Auteurs similaires Chadeuil Gustave Chadeuil Gustave /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Chadeuil Gustave" or dc.contributor adj "Chadeuil Gustave")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k75580437/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k75580437/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k75580437/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k75580437/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k75580437
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k75580437
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k75580437/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest