Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1873-09-27
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 27 septembre 1873 27 septembre 1873
Description : 1873/09/27 (A3,N681). 1873/09/27 (A3,N681).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7558039b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/03/2013
38 Anne. - N" 681. PRIX DU NUMÉRO ; PARIS 15 CENTIMES,— DÉPARTEMENTS 20 CENTIMES
Samedi 27 Septembre 1873.
E -
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On peut souscrire chez te.. les li-
braires.
JOURNÉE POLITIQUE
Paris, 26 septembre 1873.
6'est hier qu'a eu lieu la cinquième
séance de la commission de permanence;
elle n'a offert, en, elle-même, qu'un assez
médiocre intérêt, puisqu'on s'y est abstenu
de toucher aux graves sujets dont les esprits
sont tourmentés et obsédés. Grande affluence
cependant et grande agitation à Versailles.
C'est que la séance officielle devait être sui-
vie d'une réunion de la droite, ou, com-
me disent les journaux de la fusion, des
trois droites. Nous donnons ailleurs les
renseignements que nous avons reçus
hier dans la soirée.
Tandis que le. parti légitimiste s'appli-
que à restaurer en France la politique de
l'émigration et de la restauration combi-
nées avec les miracles de Marie Alacoque
et le Syllabus, qui représentent ici l'élé-
ment plus moderne, la Prusse et l'Italie
nouent à Berlin une alliance dont le but se
devine assez. Revues, dîners et promena-
des, ce sont là des cérémonies dans le
détail desquelles nous n'entrerons point.
Notons seulement qu'avaat-hier, jour de
la revue de Postdam, l'empereur Guil-
laume a nommé le roi Victor-Emmanuel
oltlilel d'un régiment de cavalerie. M. de
Bismarck est arrivé cependant et est entré
tout de suite en rapports avec les ministres
italiens, MM. Minghetti et Visconti-Ve-
noata. Le résultat de leur conférence nous
semble consigné, pour qui sait lire entre
les lignes, dans un article de la Corres-
pondance provinciale, organo officieux de
M. de Bismarck, que le télégraphe ana-
)yse. « La visite du rui d'Italie doit
être envisagée, dit cette feuille, comme
une nouvelle garantie d'une politique de
paix résolue et efficace. C'est politique
de paix armée jusqu'aux dents que cela
veut dire;.. ce genre de paix consiste à
préparer la guerre, et du reste, à Berlin,
on ne s'en cache pas plus qu'à Rome. La
Correspondance provinciale poursuit en ces
termes : « Des arrangements diplomati-
ques d'un caractère plus précis ne pour-
raient s'ensuivre que si déjà, d'un côté
quelconque, la paix semblait positivement
menacée. Tel n'est pas heureusement le
cas, jusqu'à nouvel ordre, et si, çà et là,
des craintes ont surgi au sujet de l'exis-
tence et du développement de certains cou-
rants politiques dans d'autres Etats et de
leurs conséquences éventuelles, la claire si-
gnification des nouvelles visites souverai-
nes à Vienne et à Berlin a été vraisem-
blablement partout reconnue et sera jugée
assez sérieuse pour étouffer immédiatement
dans son germe toute nouvelle appréhen-
sion. »
On n'imagine pas des façons de rassu-
rer qui soient plus menaçantes. En Italie,
en même temps, le parti unitaire et anti-
papal s'agite bruyamment contre nous et
s'échauffe parfois au point de perdre la
saine notion des choses. C'est ainsi que le
général Garibaldi, qui ne brille pas tou-
jours par le bon sens, mais dont la vieille
popularité, dans son pays, peut tourner
bien- des têtes, prêche maintenant contre
la France on ne sait quelle croisade
italienne, et parle comme si déjà la
guerre entre les deux nations était dé-
clarée : « Mario, écrit-il, me fait trop
d'honneur en m'assignant le poste tuprême
de bataille ; mais, assurément, si je pou-
vais inspirer à la jeunesse italienne la con-
fiance qui me domine, la victoire serait
certaine. Qu'il vous suffise que j'ai toujours
cru l'armée italienne capable d'un Wissem-
bourg et d'un Wœrth, aussi bien que l'ar-
mée prussienne, que j'astime la première
du monde. Ou m'accusera de pré-
somption, mais ja suis convaincu que
la défaite de Mac-Mahon à la droite
de l'armée française a décidé de la cam-
pagne de 1870 1871. » Il nous semble que
l'ancien chef des Mille se trompe singuliè-
rement dans ses appréciations militaires.
Nous valons mieux que cela. Mais le temps,
toutefois, serait il bien choisi pour courir
encore après des aventures et les provoquer?
Il est vrai que jadis cous avons ÊU- te-
nir tête à l'Europe ; mais c'était pour la li-
berté, pour la l évolution et pour les droits
de l'homme que l'on se battait dans ce
temps-là, non pour l'ancien régime et la
Salette.
EUG-. LIÉBERT.
; «. ——————————
Le Soir publie les renseignements suivants
sur la réunion des députés de la droite et du
centre droit qui a eu lieu hier à Versailles à
l'issue de la commission de permanence :
Les membres de la majorité de la com
mission de permanence se sont rtmuis à
trois heures avec les députés de la droite
et du centre droit venus à Versailles, dans
le local du 1 Ie bureau du palais de l'As-
semblée nationale.
MM. Merveilleux-Duvignanx et de Ru-
i
'/iJ' -;
gny devaient rendrebim^WtâMp^ collè-
gues de la démarche qu 1 aite auprès
du comte de Chambord, en suiU de la réu-
nion tenue il y a quinze, jours.
Cinquante-deux députés assistaient à
cette séance, qui s'est prolongée jusqu'à
cinq heures moins un quart.
MM. de Sugny, Merveilleux-Duvignaux,
le duc d'Audiffret Paîquier, le duc de la
Rochefoucauld-Bisaccia, de Kergorlay, ba-
ron de Jouvenel ont été les principaux ora-
teurs de la réunion.
Oa assure que le discours de M. de Jou-
venel a tout particulièrement é é très-ap-
plaudi pour la fermeté qu'il a mise à dé-
montrer la nécessité de ne pas abandonner
le drapeau tricolore, et de bien stipuler
qu'il doit être conservé à la France.
On assure que MM. Merveilleux-Duvi-
gnaux et de,Sugny ont donné tout espoir
que l'entente était possible avec le comte
de Chambord pour tout ce qui se rap-
portait à l'organisation constisutionnelle
de la Franc; mais il n'ont pas laissé
ignorer que sur la qnestion du drapeau,le
comte de Chambord semblait, pour le mo-
ment, peu disposé à faire des concessions.
M. le duc d'Audiffret-Pasquier s'est
montré un ardent défenseur de la restau-
ration de la monarchie, mais il la veut
constitutionnelle, et si la France rappelle
le comte de Chambord, c'est à la condition
qu'il renoace à ce que ses principes ont
d'ircompatible avec l'état actuel de la so-
ciété et les besoins de la nation, qui, en
majorité, est sagement conservatrice etpro-
gressive.
Le résumé de cette longue discussion
des membres de la droite et du centre
droit a été :
a La monarchie est possible avec le dra-
peau tricolore; elle est impossible avec le
drapeau blanc. »
— ♦
Les séances de la commission de per-
manence se suivent et se ressemblent.
Cette fois, bien que M. Beulé en per-
sonne soit venu représenter le gouver-
nement, nous n'avons pas à signaler le
plus petit incident comique. Ou du
moins nous ne pourrions que nous répé-
ter,puisque l'éminent ministre de l'inté-
rieur semble avoir pris à tâche de ne ja-
mais répondre aux questions qui lui sont
adressées. Quant à M. le président Buf-
fet, qui avait consenti à s'arracher des
bras de ses électeurs pour venir occuper
son fauteuil, il s'est donné une fois de
plus le malin plaisir de taquiner les mem-
bres de la gauche ; mais nous devons
reconnaître qu'il n'a point insisté.
Il faudra pourtant bien décider un jour
la question sans cesse renouvelée de
savoir si les membres des commissions
de permanence sont tenus d'indiquer
au président les demandes qu'ils comp-
tent faire aux ministres, avant que ceux-
ci soient introduits. Nous comprenons
très-bien les avantages de ce système
préconisé par M. Buffet dans son amour
de l'impartialité vraie; mais si grande
que soit l'autorité dont jouit M. Buffet
auprès de ceux qui l'ont nommé prési-
dent, il ne nous paraît pas qu'elle doive
avoir force de loi, et tant que l'Assem-
blée plénière n'aura point éclairci ce
point du règlement, nous persisterons à
gager que M. Buffet, en le tranchant de
sa propre initiative, outrepasse un peu
ses droits et ses attributions.
M. Journault a pris la liberté grande
de demander à M. de Broglie s'il était
vrai que le général carliste Saballs fût en
France et y nouât des intrigues contre
le gouvernement espagnol. M. le minis-
tre des affaires étrangères, fidèle à la
consigne que semble s'être donnée les
membres du cabinet, a répondu qu'il n'a-
vait point connaissance de ce fait. Le
gouvernement du 24 mai ignore volon-
tiers tout ce qu'il croit avoir un intérêt
quelconque à ne point savoir. Nommé
par une coalition composée en grande
partie de monarchistes internationaux,
il lui serait fort difficile, encore qu'il
en eût l'envie, d'entraver en quoi
que ce fût les menées révolutionnai-
res de don Carlos. Nous croyons sans
peine qu'il ne tient en aucune façon à
se créer des difficultés avec le gouverne-
ment régulier d'Espagne ; mais son ori-
gine, et aussi ses tendances person-
nelles le poussent à fermer les yeux sur
ce qui se pisse aux frontières françaises
du Midi. Nul que lui, assurément, n'i-
gnore que le général Saballs est en France
et qu'il y entretient des relations avec
les pires ennemis de la République es-
pagnole ; mais le moyen de se montrer
sévère à l'endroit des manœuvres car-
listes quand on témoigne tant d'indul-
gence aux intrigues légitimistes 1
M. de Larochefoucauld-Bisaccia, qui
ne laisse jamais à son voisin le privilége
de lancer une énormité, a déclaré que
les carlistes avaient parfaitement le droit
de circuler dans notre pays. Heureuse-
ment, cette saillie ducale a fourni à M.
de Mahy l'occasion de demander au
vice président du conseil s'il permet-
trait' aux carlistes de venir en France
faire des armements; ce à quoi M. le
duc de Broglie a répondu par un non
catégorique. 1
Il a été question aussi, pendant la
séance, de certains actes de rigueur di-
rigés contre la presse républicaine, et
qui constituent, vu les circonstances, de
véritables m-anéoeqvr&% électorales. Mais
M. le ministre de l'intérieur a fait la
sourde oreille. Il sait fort bien que dans
le département de la Loire, par exemple,
où des élections vont avoir lieu dans
quelques jours, plusieurs organes répu-
blicains ont été supprimés ; mais cette
mesure a été prise quarante-huit heures
au moins avant l'ouverture de la période
électorale : on ne peut donc, sans injus-
tice, accuser le gouvernement de ma-
nœuvres.
On verra par le compte-rendu que
nous ne dénaturons en rien le sons do
la réponse de M. le ministre. Sa cons-
cience est à l'aise parce qu'il a su se
tenir en équilibre sur les marges de la
loi ! Voilà où en est arrivé M. Beulé, le
libéral M. Beulé, qui se faisait passer,
sous l'empire, pour un adversaire des
Pinard et des Persigny. Il est resté dans
la légalité, cela lui suffit, depuis qu'il
fréquente avec les inventeurs de l'ordre
moral.
Quoi qu'il en soit, le département de
la Loire est bel et bien condamné à ne
s'éclairer sur le mérite des candidats qui
se disputeront ses suffrages que par la
lecture des journaux dévoués à M. Beulé.
Ces journaux pourront à leur aise invec-
tiver, calomnier le candidat républicain;
M. Beulé battra des mains, et si, pàr
impossible, il réussissait à'faire passer
le candidat du gouvernement, il serait
tout fier de ce beau triomphe et n'hési-
terait pas àenoondure-que le. departe-
ment de la Loire est acquis aux idées
monarchiques!
Voilà ce qu'il nous est donné de voir
sous le régime d'ordre moral où nous
vivons depuis cinq mois ! Que serait-ce
le jour où le protégé de M. de Belcastel
et du général du Temple présiderait à
nos destinées 1
E. SCHNERB.
----- * —.————_——__
COMMISSION DE PERMANENCE
Séance du jeudi 25 septembre 4873.
Présidence de M. Buffet.
La séance est ouverte à 1 heure 112.
Le bureau est représenté par M. Martin
des Paliières, questeur, Blin de Bourdon et
Desjarding, secrétaires.
La lecture du procès-verbal faite par M.
Blin de Bourdon donne lieu à diverses ré-
clamations.
M. Noel Parfait. — Je rappelle à la
commis-sion que dans la précédente séance,
après avoir entendu la réponse que M. le
ministre des affaires étrangères a bien vou-
lu me faire à propos du mandement de
Mgr l'archevêque de Paris, j'ai dit que j'é-
tais heureux de voir le gouvernement ré-
pudier au moins d'une manière implicite
le langage de l'archevêque. D'après le pro-
cès-verbal M. le ministre m'aurait répli-
qué par ce mot : « Je ne répudie pas le
langage de Mgr l'archevêque. Y, Hé bien !
j'atteste et mes collègues attesteront avec
moi que le ministre n'a pas prononcé les
paroles que lui prêta le precès-verbal. Elles
ont été prononcées par notre honorable
collègue M. de la Rochefoucauld-Bisaccia,
dont j'invoque aussi le souvenir.
IVI. de la Bochefoueault Bisaccia.
- J'ai fait observer en effet à M. Noël
Parfait et à ses amis que le ministre ne
pouvait répudier un document qui lui
était (" tranger, et qu'il a respecté la liberté
des ministres du culte en revendiquant
celle du gouvernement.
M. Noel ]Parfait. — Ce que vient de
dire M. de la Rochefoucauld justifie ma
réclamation.
M. de Mahy — Je demande aussi la
parole pour une rectification. Le procès-
verbal me fait donner un satisfecit à M.
le ministre des cultes pour m'avoir ré-
pondu que le gouvernement était sais
action sur le clergé. Non, je ne me suis
pas le moins du monde déct u'é satisfait de
pareille réponse; je n'ai rien dit qui pût
ressembler à une approbation. Je n'ai pas
prolongé le débat, voilà tout.
M. eilerer. - Je n'ai pas pu assister
à la précédente séance, mais je m'étais ex-
cusé par lettre; or, il n'a pas été fait men-
tion de mon excuse au procès-verbal.
M. le prési«lent. — J'étais absent.
Votre lettre m'a été envoyée; je l'ai retour-
née à Versailles, où elle n'est sans doute
pas arrivée à temps.
S'il n'y a pas d'autres observations, le
procès-verbal est adopté.
Les membres de la commission ont-ils
l'intention d'adresser des questions au
gouvernement?
M. tEë Mahy — Oui, monsieur le pré-
sident.
M. Buffet. — Voulez-vous, comme
cela s'est toujours fait, dire quelles sont
ces questions ?
M. de ,Mahy* — Je répéterai ce que
j'ai déjà dit à la dernière séance. On n'a
jamais été obligé d'éuumérer à l'avance les
questions que l'on se propose d'adresser au
gouvernement. Mais je ne fais aucune dif-
ficulté d'obtempérer à l'invitation de M. le
président. Ja désire interroger le gouver-
nement sur certains actes que nous consi-
dérons comme des manœuvres électorales
et comme un retour aux pratiques de la
candidature officielle, Je crois que mes
amis ont aussi des questions à poser.
lu. Jourvitault. — Je me propose d'in-
tèrroger M. le ministre des affaires étran-
gères sur certains faits qui se sont pro-
duits à la frontière d'Espagne, et je de-
manderai ensuite quelques renseignements
sur la répartition de l'indemnité aux dé-
partements envahis.
M. le I)rési«lrnt. — Ces questions
sont bien étrangères au rôle de la com-
mission de permanence.
M. Bfoël Parfait. — A diverses repri-
ses, dans les précédentes sessions, on s'est
occupé précisément de la répartition des
indemnités.
M. le ministre des affaires étrangères
est introduit.
M. le président. '---M. de Mahy, vous
avez la parole.
M. de Mahy. — Si M. le ministre de
l'intérieur doit assister à la séance, je dp..
demanderai la permission d'attendre qu'il
soit arrivé.
HI. Jouraaault. — C'est à M. le mi-
nistre des affaires étrangères que je dois
adresser une question : je demande la pa-
role.
Des renseignements absolument dignes
de foi nous ont appris que tout récemment
le général carliste Saballs est venu à
Perpignan. — Un journal carliste de la
localiié avait annoncé que le but du géné-
ral insurgé était de s'entendre avec d'au-
tres officiers rebelles. Sa présence a causé
à Perpignan une très-vive impression;
mais ni le préfet, ni les autorités sous ses
ordres n'ont songé à s'en occuper. Cepen-
dant l'Espagne est une nation amie, elle a
un gouvernement régulier. (Murmures à
droite. )
Nous avons chez elle un chargé d'af-
faires, et il y a un chargé d'affaires accré-
dité auprès de notre gouvernement. Je vou-
drais què des faits tels que la présence
d'un général rebelle venant organiser sa
résistance et prendre des forces chez nous
ne pût pas se renouveler.
M. de Broglie. — Nos rapports avec
l'Espagne sont amicaux quoique son gou-
yernemeat ne soit, pas officiellement re-
connu çt qu'il ne soit pas tout à fait exact
de. dire que nous avons en Espagne et que
l'Espagne 4 chez nous ce qu'on appela
en langage diplomatique, un chargé d'af-
faires. La vérité est qu'il y a des deux côtés
Dt. reconnu 4e.fait, et avec lequel
on traite les affaires courantes. Cette si-
tuation vis-à-vis l'Espagne ne nous est
pas particulière. C'est celle de tous les
Etats de l'Europe. Les rapports sont de
bon voisinage, et quand 1 Espagne a à se
plaindre d'un fait quelconque, son agent
nous fait parvenir ses téelamations, aux-
quelles nous faisons droit dans la mesure
du possible. En ce qui concerne le fait dont
parle M. Journault, nous n'avons recu au-
cune plainte de l'Espagne, aucun rensei-
gnement des autorités françaises de Per-
pignan.
M. Journault répète que les rensei-
gnements qu'il a fournis à la commission
sont de toute sûreté. Ils sont puisés, entre
autres, dans une lettre de notre honora-
ble collègue M. Escarguel, maire de Per-
pignan.
M. de la Boellefoueauld-Blsae-
ela. — Je demande la parole.
M. de Broglie. — il y a un agent es-
pagnol en France. Je répète qu'il ne s'est
plaint de rien.
M. de la Boehefoueauld-Bisae-
eia. — Je ne connais pas le fait dont il
est question. Mais je serais fort étonné,
pour ma part, qu'on voulût empêcher un
carliste ou un républicain espagnol d'en-
trer en France. Je veux la liberté pour
tous et même que sans passeport on ait le
droit d'aller et de venir. C'est ainsi que je
comprends la liberté.
M. le président. — Le débat est
clos.
M. de Mahy — Pardon, M. le prési-
dent, j'avais demandé la parole.
M. le président. — Je ne puis vous
l'accorder. On a adressé à M. le ministre
une question. Il y a répondu. Je ne peux
laisser s'engager une discussion puisque
la commission n'a pas à voter.
M. de Mahy. — Aussi n'ai-je pas
l'intention de provoquer un vote, mais
j'ai besoin de demander à M. le ministre
un éclaircissement à propos de la réponse
qu'il a faite à M. Journault. Il y répondra
ou il n'y répondra pas, mais j'ai le droit
d'insister. M. le ministre a dit que l'agent
espagnol n'ayant pas réclamé, il n'y avait
rien à faire. Cela implique-t-il que si
des faits graves se produisaient, un recru-
tement par exemple, ou des armements,
le gouvernement les tolérerait au cas où
l'agent espagnol pour un motif quelcon-
que négligerait de réclamer ?
M. de Broglie. — Non assurément.
Il ne le tolérerait pas.
M. le président. — L'incident est
clos. Y a-t-il d'autres questions ?
M. de Mahy — Avant d'adresser au
gouvernement les questions que j'ai an-
noncées et qui auront trait aux manœu-
vres électorales et à la candidature offi-
cielle, je demande à M. le ministre de
l'intérieur s'il verrait quelque inconvénient
à répéter à la commission ce qu'il m'a
fait 1 honneur de me dire hier à son cabi-
net, au sujet de l'état de siège dans les
départements. Il a été publié une libte, de
plus de cinquante départements qui se-
raient, dit-on, en état de siège. Il n'est
pas indiffèrent que le public sache si cette
list est exacte ou. erronée.
M. Beulé. — Je déclare que non-seu-
lement elle est inexacte dans le fond, mais
même dans son titre ; c'est une pure in-
vention des journaux. Les départements
qui ont été mis en état de guerre par le
seul fait de la présence de l'ennemi sont
rentrés dans le droit commun dès que
l'ennemi s'est éloigné de plus de vingt-
cinq lieues ; mais l'état de siège établi par
décret ne peut être levé que par une
loi. Trente-neuf départements sont dans
cette condition, en y comprenant l'arron-
dissement de Belfort.
Le département des Ardenne?, dont M.
de Mahy m'a parlé hier, a été mis en état
de siège par un décret du 8 août publié
au Journal officiel du 9 août 1870.
M. le président. — Il n'y a plus
d'autres questions ?
M. de Mahy. — Mais si, monsieur le
président, et il me semble que j'ai pris
foin de l'annoacer, sur votre propre invita-
tion.
A la dernière séance, lorsque je me suis
plaint des suppressions de journaux, des
interdictions de conférences, des fermetu-
res de cercles républicains dans les dépar-
tements où des élections étaient imminen-
tes, on m'a objecté que la période électorale
n'était pas ouverte.
j'ai demandé alors à M. le vice président
du conseil si, dans cette objection qu'il
me faisait, après un de nos collègues, je
pouvais voir l'espérance qu'une fois la pé-
riode électorale ouverte, le gouvernement
se départirait de ce système de rigueui
contre h presse républicaine.
Or, la période électorale est ouverte dans
quatre départements. Le gouvernemenl
persistera-t-il à priver les populations ré.
publicaines de tout moyen de publicité
ÀI. Beulé. -"Je ne vois pas la porté
de la question que m'adresse M. de Ma
hy. Il a parlé de candidatures officielles ;
je n'accepte ni le mot , ni la chose.
Le gouvernement laisse toute liberté
aux électeurs et aux candidats. Quant aux
mesures prises contre les journaux avant
l'ouverture de la période électorale, ca
sont des pénalités, et il n'y a pas à y re-
venir.
M. aïoel Parfait. — Pénalités admi-
nistratives !
M. de inaisy. — Oui, administratives,
car ces journaux n'ont commis aucun dé-
lit. Ils n'ont été frappés que parce qu'ils
ont déplu. S'ils avaient commis le moin-
dre délit saislssable, vous eussiez été trop
heureux de les traduire devant la police
correctionnelle, et vous n'y auriez pas
manqué pour ne pas encourir la responsa-
bilité des pénalités administratives !
M. Beulé. — Nous acceptons cette res-
ponsabilité.
JU. de Mahy. — Il n'est pas moins vrai
que ce sont des manœuvres électorales.
VjQiis avez supprimé le Républicain de la
Loire, par exemple,, au moment .où la' pé-
riode électorale allait s'ouvrir, et vous avez
décidé qu'aucune autorisation de paraître
ne serait accordée à un journal nouveau
pendant trois mois. Or, c'est dans Cet in-
tervalle que les élections vont se faire. A
Toulouse, vous avez interdit la Dépêche.
M. La Boneière Le Bîoury. —
Pourquoi ces journaux se sont-ils rendus
coupables à cette époque?
Ifjt. de Mahy. — Ah ! par exemple,
parce que des journaux auront commis
quelque méfait, à supposer -qu'ils soient
réellement coupables, vous trouvez bon
pour les punir de priver les électeurs et les
candidats de tout organe de publicité ?
(Exclamations à droite.)
M. Buffet. - Veuillez ne pas inter-
rompre.
M. de Mahy. — Je n'ai pas interrom-
pu j mais ou m'a interrompu.
M. Collet. — M. de Mahy se trompe
en prétendant qu'il n'y a plus d'organe
républicain dans la Loire. Il y en reste en-
core un, la République des Paysans.
M. Koel Parfait. — Quelle en est la
périodicité ?
M. Callet. — C'est un journal hebdo-
madaire
A gauche : Très-bien ! très-bien !
M. Journault. — Ceci est encore une
fin de non-recevoir comme celles auxquel-
les on ne nous a que trop habitués.
M. Denlé. — Vous ne pouvez vous
empêcher de reconnaître '-lue le gouverne-
ment observe strictement la légalité.
M. de Mahy. — Je le conteste, et, si
vous le permettez, je vous donnerai con-
naissance d'un fait parfaitement illégal.
(M. de Mahy veut lire un document. M.
le président l'interrompt en lui disant
qu'on ne peut admettre qu'il soit possible
de porter des, bruits de journaux à la com-
mission.)
M. lia Boneière Le Meury. —
Mais ce ne sont pas des pièces officielles
que vous nous portez. Nous ne pouvons les
admettre.
M. Buffet. — Je ne puis laisser conti-
nuer cette discussion,
M. de Mahy. — Dans les commissions
comme dans l'Assemblée, on a toujours le
droit de répondre à un ministre. Hé bien !
M. le ministre de l'intérieur a dit que
nous étions bien obligés de reconnaître
que le gouvernement était le strict obser-
vateur de la loi, C'est une erreur, et j'in-
siste, pour qu'il me soit permis de lui citer
au moins un acte illégal.
M. le président. — Hé bien ! eitez
cet acte.
ltI. de Mahy. — Je le ferai en deux
mots puisque vous ne voulez pas que je
vous lise le document que j'ai à la main.
A Tulle, M. le préfet de la Corrèze veut
avoir pour maire M. Chammard, membre
de la commission départementale. Protes-
tations de la part des administrés. On re-
nonce alors à nommer M, Chammard
maire de Tulle, mais on le nomme délé-
gué aux fonctions de maire à Tulle. Il me
semble que cela est assez illégal. (Ru-
meurs à droite.)
Certainement, messieurs! Vous savez
bien que les fonctions de maire et de
membre de la commission départementale
sont incompatibles. Si dans la circonstance
le gouvernement n'a pas violé la loi, il l'a
au moins tournée, et cela ne me paraît
pas valoir beaucoup mieux.
M. Beulé, ministre de l'intérieur,
prend note du fait et promet de se ren-
seigner auprès de M. le préfet de la Cor-
rèze.
M. de Mahy. — Revenons maintenant
à la candidature officielle. Que dit le gou-
vernement du voyage de M. Deseilligoy,
patronnant un candidat dans la Loire en
pleine période électorale? Désavoue-t-il ces
démarches de M. le ministre des travaux
publics ?
Le gouvernement ne répond pas ? Je
prends acte de son silence, qui est un
aveu.
M. Journauii demande à M. le minis-
tre de l'intérieur où l'on en est de la ré-
partition de l'indemnité aux départements
envahis.
M. Beulé 'répond qu il est heureux de
pouvoir donner à cet égard des renseigne-
ments satisfaisants. Les employés du mi.
nistère attachés à ce service travai leni
plus de quinze heures par jour. 11 n'y a pas
de bureaux plus zélés! Mais le travail est
très-long- et très-minutieux. Néanmoins
on peut espérer que la répartition pourra
commencer avant la fin du mois prochain,
lfl. Antonin liefèvre-Pontalis fail
remarquer que les communes auxquelles
des remboursements sont dus pour appro-
visionnements de guerre n'ont pas encore
recu satisfaction. Cependant le travail de
répartition est fait depuis longtemps, el
rien n'empêcherait de procéder aux paie
ments dans le plus bref délai.
M. Beulé prend note de ces réclama
tioùs.
M. Courhet-Poiilard demande, dam
l'intérêt du commerce, que les délais ac
cordés aux compagnies de chemins de fer
pour le transport des grains, soient ré
duits, parce que les grains peuvent se dé
tériorer en route.
M, Beulé promet de transmettre cette
réclamation à ses collègues des travaux
publics et du commerce, qui s'entendront
avec les compagnies.
M. de Beauvillé demande au ministre
de l'intérieur des renseignements sur la
marche de l'épidémie cholérique. Nous
touchons à l'époque de la rentrée des clas-
ses. Cette question intéresse au plus haut
point les familles.
n. Beulé. — L'épidémie n'offre rien
d'inquiétant. Il n'y a jamais eu plus d'un
décès par jour et par arrondissement; c'est
comme si une épidémie enlevait un homme
par jour dans une ville de plus de 80,000
habitants.
Toutes les mesures hygiéniques propres
à arrêter la marche de la maladie ont été
ordonnées et sont exécutées. La population
peut donc se rassurer.
M. JFournault confirme les renseigne-
ments favorables donnés par le ministre,
et ajoute que l'épidémie est d'ailleurs en
pleine décroissance.
La séance est levée à 3 h. 1^2. -
— *
ALMANACH DES HONNÊTES GENS
VAlmanach des honnêtes gens est un
petit volume, qui ne coûte que dix cen-
times et se vend, dit la couverture, CHEZ
TOUS LES LIBRAIRES vraiment honnêtes. Je
ne sais pas si l'indication est suffisante :
car l'auteur a négligé de nous dire à
quel signe particulier on peut reconnaî-
tre un libraire vraiment- honnête d'un
libraire qui n'est qu'honnête tout sim-
plement, ou même d'un libraire qui
n'est pas honnête du tout. Il est bien
probable que l'honnêteté des libraires se
mesure par cet estimable écrivain 'a11
nombre d'exemplaires qu'il débite de cet
almanach, fait pour les honnêtes gens.
Les honnêtes gens, il est bien en-
tendu que ce sont les légitimistes. On
ne l'aurait pas deviné du premier coup
qu'on s'en serait assuré bien vite en
ouvrant ce petit volume, dont la pre-
mière page est ornée du portrait de notre
futur roy, HENRY, et pas même Henry V;
non, Henry tout court, c'est-à-dire le
vrai Henry, le seul, l'enfant du miracle,
celui qui est promis aux nations et
qu'attend l'univers, le Henry de M. de
Belcastel et Merveilleux-Duvjgnaux :
Henri IV second, ainsi qu'il aime à s'ap-
peler lui-même dans ses moments d'a-
bandon.
L'Almanach des honnêtes gens n'est au
fond qu'une biographie populaire du
comte de Chambord, et il est vrai que le
besoin s'en faisait terriblement, sentir.
Car il faut bien avouer qu'avant ces der-
niers temps, où ce nom est revenu sur
l'eau, il n'y en avait guère de plus in-
connu à la grande majorité du peuple
français. Les gens de mon âge se rappe-
laient encore assez bien la famille d'Or-
léans, pour avoir en leur première jeu-
nesse vu les dernières années de Louis-
Philippe. Mais pour le représentant de
la légitimité, pour Henri V, c'est à peine
s'ils en avaient ouï parler; et je suis sûr
que beaucoup même ne soupçonnaient
pas son çxistence.
A plus forte raison, la génération qui
nous a suivis et qui date de 48. Pour
elle, les d'Orléans commençaient déjà à
reculer dans la nuit du passé ; comment
eussent-ils pu prendre souci de l'enfant
du miracle? Si on leur avait jamais conté
cette histoire, elle paraissait à leurs jeu-
nes imaginations aussi lointaine et aussi
vieille que celle du fils de Crésus, recou-
vrant là parole pour sauver son père.
Il est bien probable que dans quel-
ques coins de province, plus spéciale-
ment restés légitimistes, chez des hobe-
reaux de province ou des suisses de
paroisie, on avait gardé le culte de la
légitimité proscrite, et que l'on était de-
meuré, au moins de cœur, en relations
avec l'homme qui la représentait et la
résumait en lui ; mais je ne crois pas trop
m'avancer en disant que c'étaient là des
exceptions, des exceptions assez rares;
que le gros de la nation n'aimait ni ne
haïssait Henri V, par l'excellente raison
qu'il en était profondément ignoré.
Les partisans de la royauté de droit
divin l'on bien senti. Ils se sont dit qu'un
roi, dont le nom n'est pas «dans toutes
les bouches et la vie dans toutes les
mémoires, manque de prestige et d'au-
réole; qu'il n'a pas grand chance d'être
acclamé par les foules, à qui il fait l'ef-
fet d'un fantôme, d'un revenant, sans
éclat ni consistance.
C'était donc une nécessité de fabriquer
à ce prince, avant de le ramener sur le
trône de ses pères, une légende ou quel-
que chose qui y ressemble. L'entreprise
n'était pas des plus commodes. Le hé-
ros n'y prête guère. Le comte de Cham-
bord est, dit-on, un excellent homme et
un parfait dévot. Mais ses vertus, que je
ne veux point nier, sont de celles qui
charment les regards des anges plus
qu'elles n'éblouissent les yeux des hom-
mes.
Il y a, par bonheur, toute une série
d'anecdotes, d'un sentimentalisme fade,
que les fabricants de légendes royales
mettent au compte de tous les souverains
quels qu'ils soient, et que l'on réédite à
chaque avènement. L'auteur de Y Alma-
nach des honnêtes gens n'a eu qu'à
puiser dans ce fonds commun, et il l'a
fait avec une innocence qui désarme.
Si l'on s'imagine toucher avec les ré-
cits d'une puérilité niaise ceux qu'on ap-
pelle les honnêtes gens, c'est qu'en vé-
rité l'on croit les honnêtes gens plus
Samedi 27 Septembre 1873.
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RÉDACTION
adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
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diatement, s'ils ne veulent éprouver
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On peut souscrire chez te.. les li-
braires.
JOURNÉE POLITIQUE
Paris, 26 septembre 1873.
6'est hier qu'a eu lieu la cinquième
séance de la commission de permanence;
elle n'a offert, en, elle-même, qu'un assez
médiocre intérêt, puisqu'on s'y est abstenu
de toucher aux graves sujets dont les esprits
sont tourmentés et obsédés. Grande affluence
cependant et grande agitation à Versailles.
C'est que la séance officielle devait être sui-
vie d'une réunion de la droite, ou, com-
me disent les journaux de la fusion, des
trois droites. Nous donnons ailleurs les
renseignements que nous avons reçus
hier dans la soirée.
Tandis que le. parti légitimiste s'appli-
que à restaurer en France la politique de
l'émigration et de la restauration combi-
nées avec les miracles de Marie Alacoque
et le Syllabus, qui représentent ici l'élé-
ment plus moderne, la Prusse et l'Italie
nouent à Berlin une alliance dont le but se
devine assez. Revues, dîners et promena-
des, ce sont là des cérémonies dans le
détail desquelles nous n'entrerons point.
Notons seulement qu'avaat-hier, jour de
la revue de Postdam, l'empereur Guil-
laume a nommé le roi Victor-Emmanuel
oltlilel d'un régiment de cavalerie. M. de
Bismarck est arrivé cependant et est entré
tout de suite en rapports avec les ministres
italiens, MM. Minghetti et Visconti-Ve-
noata. Le résultat de leur conférence nous
semble consigné, pour qui sait lire entre
les lignes, dans un article de la Corres-
pondance provinciale, organo officieux de
M. de Bismarck, que le télégraphe ana-
)yse. « La visite du rui d'Italie doit
être envisagée, dit cette feuille, comme
une nouvelle garantie d'une politique de
paix résolue et efficace. C'est politique
de paix armée jusqu'aux dents que cela
veut dire;.. ce genre de paix consiste à
préparer la guerre, et du reste, à Berlin,
on ne s'en cache pas plus qu'à Rome. La
Correspondance provinciale poursuit en ces
termes : « Des arrangements diplomati-
ques d'un caractère plus précis ne pour-
raient s'ensuivre que si déjà, d'un côté
quelconque, la paix semblait positivement
menacée. Tel n'est pas heureusement le
cas, jusqu'à nouvel ordre, et si, çà et là,
des craintes ont surgi au sujet de l'exis-
tence et du développement de certains cou-
rants politiques dans d'autres Etats et de
leurs conséquences éventuelles, la claire si-
gnification des nouvelles visites souverai-
nes à Vienne et à Berlin a été vraisem-
blablement partout reconnue et sera jugée
assez sérieuse pour étouffer immédiatement
dans son germe toute nouvelle appréhen-
sion. »
On n'imagine pas des façons de rassu-
rer qui soient plus menaçantes. En Italie,
en même temps, le parti unitaire et anti-
papal s'agite bruyamment contre nous et
s'échauffe parfois au point de perdre la
saine notion des choses. C'est ainsi que le
général Garibaldi, qui ne brille pas tou-
jours par le bon sens, mais dont la vieille
popularité, dans son pays, peut tourner
bien- des têtes, prêche maintenant contre
la France on ne sait quelle croisade
italienne, et parle comme si déjà la
guerre entre les deux nations était dé-
clarée : « Mario, écrit-il, me fait trop
d'honneur en m'assignant le poste tuprême
de bataille ; mais, assurément, si je pou-
vais inspirer à la jeunesse italienne la con-
fiance qui me domine, la victoire serait
certaine. Qu'il vous suffise que j'ai toujours
cru l'armée italienne capable d'un Wissem-
bourg et d'un Wœrth, aussi bien que l'ar-
mée prussienne, que j'astime la première
du monde. Ou m'accusera de pré-
somption, mais ja suis convaincu que
la défaite de Mac-Mahon à la droite
de l'armée française a décidé de la cam-
pagne de 1870 1871. » Il nous semble que
l'ancien chef des Mille se trompe singuliè-
rement dans ses appréciations militaires.
Nous valons mieux que cela. Mais le temps,
toutefois, serait il bien choisi pour courir
encore après des aventures et les provoquer?
Il est vrai que jadis cous avons ÊU- te-
nir tête à l'Europe ; mais c'était pour la li-
berté, pour la l évolution et pour les droits
de l'homme que l'on se battait dans ce
temps-là, non pour l'ancien régime et la
Salette.
EUG-. LIÉBERT.
; «. ——————————
Le Soir publie les renseignements suivants
sur la réunion des députés de la droite et du
centre droit qui a eu lieu hier à Versailles à
l'issue de la commission de permanence :
Les membres de la majorité de la com
mission de permanence se sont rtmuis à
trois heures avec les députés de la droite
et du centre droit venus à Versailles, dans
le local du 1 Ie bureau du palais de l'As-
semblée nationale.
MM. Merveilleux-Duvignanx et de Ru-
i
'/iJ' -;
gny devaient rendrebim^WtâMp^ collè-
gues de la démarche qu 1 aite auprès
du comte de Chambord, en suiU de la réu-
nion tenue il y a quinze, jours.
Cinquante-deux députés assistaient à
cette séance, qui s'est prolongée jusqu'à
cinq heures moins un quart.
MM. de Sugny, Merveilleux-Duvignaux,
le duc d'Audiffret Paîquier, le duc de la
Rochefoucauld-Bisaccia, de Kergorlay, ba-
ron de Jouvenel ont été les principaux ora-
teurs de la réunion.
Oa assure que le discours de M. de Jou-
venel a tout particulièrement é é très-ap-
plaudi pour la fermeté qu'il a mise à dé-
montrer la nécessité de ne pas abandonner
le drapeau tricolore, et de bien stipuler
qu'il doit être conservé à la France.
On assure que MM. Merveilleux-Duvi-
gnaux et de,Sugny ont donné tout espoir
que l'entente était possible avec le comte
de Chambord pour tout ce qui se rap-
portait à l'organisation constisutionnelle
de la Franc; mais il n'ont pas laissé
ignorer que sur la qnestion du drapeau,le
comte de Chambord semblait, pour le mo-
ment, peu disposé à faire des concessions.
M. le duc d'Audiffret-Pasquier s'est
montré un ardent défenseur de la restau-
ration de la monarchie, mais il la veut
constitutionnelle, et si la France rappelle
le comte de Chambord, c'est à la condition
qu'il renoace à ce que ses principes ont
d'ircompatible avec l'état actuel de la so-
ciété et les besoins de la nation, qui, en
majorité, est sagement conservatrice etpro-
gressive.
Le résumé de cette longue discussion
des membres de la droite et du centre
droit a été :
a La monarchie est possible avec le dra-
peau tricolore; elle est impossible avec le
drapeau blanc. »
— ♦
Les séances de la commission de per-
manence se suivent et se ressemblent.
Cette fois, bien que M. Beulé en per-
sonne soit venu représenter le gouver-
nement, nous n'avons pas à signaler le
plus petit incident comique. Ou du
moins nous ne pourrions que nous répé-
ter,puisque l'éminent ministre de l'inté-
rieur semble avoir pris à tâche de ne ja-
mais répondre aux questions qui lui sont
adressées. Quant à M. le président Buf-
fet, qui avait consenti à s'arracher des
bras de ses électeurs pour venir occuper
son fauteuil, il s'est donné une fois de
plus le malin plaisir de taquiner les mem-
bres de la gauche ; mais nous devons
reconnaître qu'il n'a point insisté.
Il faudra pourtant bien décider un jour
la question sans cesse renouvelée de
savoir si les membres des commissions
de permanence sont tenus d'indiquer
au président les demandes qu'ils comp-
tent faire aux ministres, avant que ceux-
ci soient introduits. Nous comprenons
très-bien les avantages de ce système
préconisé par M. Buffet dans son amour
de l'impartialité vraie; mais si grande
que soit l'autorité dont jouit M. Buffet
auprès de ceux qui l'ont nommé prési-
dent, il ne nous paraît pas qu'elle doive
avoir force de loi, et tant que l'Assem-
blée plénière n'aura point éclairci ce
point du règlement, nous persisterons à
gager que M. Buffet, en le tranchant de
sa propre initiative, outrepasse un peu
ses droits et ses attributions.
M. Journault a pris la liberté grande
de demander à M. de Broglie s'il était
vrai que le général carliste Saballs fût en
France et y nouât des intrigues contre
le gouvernement espagnol. M. le minis-
tre des affaires étrangères, fidèle à la
consigne que semble s'être donnée les
membres du cabinet, a répondu qu'il n'a-
vait point connaissance de ce fait. Le
gouvernement du 24 mai ignore volon-
tiers tout ce qu'il croit avoir un intérêt
quelconque à ne point savoir. Nommé
par une coalition composée en grande
partie de monarchistes internationaux,
il lui serait fort difficile, encore qu'il
en eût l'envie, d'entraver en quoi
que ce fût les menées révolutionnai-
res de don Carlos. Nous croyons sans
peine qu'il ne tient en aucune façon à
se créer des difficultés avec le gouverne-
ment régulier d'Espagne ; mais son ori-
gine, et aussi ses tendances person-
nelles le poussent à fermer les yeux sur
ce qui se pisse aux frontières françaises
du Midi. Nul que lui, assurément, n'i-
gnore que le général Saballs est en France
et qu'il y entretient des relations avec
les pires ennemis de la République es-
pagnole ; mais le moyen de se montrer
sévère à l'endroit des manœuvres car-
listes quand on témoigne tant d'indul-
gence aux intrigues légitimistes 1
M. de Larochefoucauld-Bisaccia, qui
ne laisse jamais à son voisin le privilége
de lancer une énormité, a déclaré que
les carlistes avaient parfaitement le droit
de circuler dans notre pays. Heureuse-
ment, cette saillie ducale a fourni à M.
de Mahy l'occasion de demander au
vice président du conseil s'il permet-
trait' aux carlistes de venir en France
faire des armements; ce à quoi M. le
duc de Broglie a répondu par un non
catégorique. 1
Il a été question aussi, pendant la
séance, de certains actes de rigueur di-
rigés contre la presse républicaine, et
qui constituent, vu les circonstances, de
véritables m-anéoeqvr&% électorales. Mais
M. le ministre de l'intérieur a fait la
sourde oreille. Il sait fort bien que dans
le département de la Loire, par exemple,
où des élections vont avoir lieu dans
quelques jours, plusieurs organes répu-
blicains ont été supprimés ; mais cette
mesure a été prise quarante-huit heures
au moins avant l'ouverture de la période
électorale : on ne peut donc, sans injus-
tice, accuser le gouvernement de ma-
nœuvres.
On verra par le compte-rendu que
nous ne dénaturons en rien le sons do
la réponse de M. le ministre. Sa cons-
cience est à l'aise parce qu'il a su se
tenir en équilibre sur les marges de la
loi ! Voilà où en est arrivé M. Beulé, le
libéral M. Beulé, qui se faisait passer,
sous l'empire, pour un adversaire des
Pinard et des Persigny. Il est resté dans
la légalité, cela lui suffit, depuis qu'il
fréquente avec les inventeurs de l'ordre
moral.
Quoi qu'il en soit, le département de
la Loire est bel et bien condamné à ne
s'éclairer sur le mérite des candidats qui
se disputeront ses suffrages que par la
lecture des journaux dévoués à M. Beulé.
Ces journaux pourront à leur aise invec-
tiver, calomnier le candidat républicain;
M. Beulé battra des mains, et si, pàr
impossible, il réussissait à'faire passer
le candidat du gouvernement, il serait
tout fier de ce beau triomphe et n'hési-
terait pas àenoondure-que le. departe-
ment de la Loire est acquis aux idées
monarchiques!
Voilà ce qu'il nous est donné de voir
sous le régime d'ordre moral où nous
vivons depuis cinq mois ! Que serait-ce
le jour où le protégé de M. de Belcastel
et du général du Temple présiderait à
nos destinées 1
E. SCHNERB.
----- * —.————_——__
COMMISSION DE PERMANENCE
Séance du jeudi 25 septembre 4873.
Présidence de M. Buffet.
La séance est ouverte à 1 heure 112.
Le bureau est représenté par M. Martin
des Paliières, questeur, Blin de Bourdon et
Desjarding, secrétaires.
La lecture du procès-verbal faite par M.
Blin de Bourdon donne lieu à diverses ré-
clamations.
M. Noel Parfait. — Je rappelle à la
commis-sion que dans la précédente séance,
après avoir entendu la réponse que M. le
ministre des affaires étrangères a bien vou-
lu me faire à propos du mandement de
Mgr l'archevêque de Paris, j'ai dit que j'é-
tais heureux de voir le gouvernement ré-
pudier au moins d'une manière implicite
le langage de l'archevêque. D'après le pro-
cès-verbal M. le ministre m'aurait répli-
qué par ce mot : « Je ne répudie pas le
langage de Mgr l'archevêque. Y, Hé bien !
j'atteste et mes collègues attesteront avec
moi que le ministre n'a pas prononcé les
paroles que lui prêta le precès-verbal. Elles
ont été prononcées par notre honorable
collègue M. de la Rochefoucauld-Bisaccia,
dont j'invoque aussi le souvenir.
IVI. de la Bochefoueault Bisaccia.
- J'ai fait observer en effet à M. Noël
Parfait et à ses amis que le ministre ne
pouvait répudier un document qui lui
était (" tranger, et qu'il a respecté la liberté
des ministres du culte en revendiquant
celle du gouvernement.
M. Noel ]Parfait. — Ce que vient de
dire M. de la Rochefoucauld justifie ma
réclamation.
M. de Mahy — Je demande aussi la
parole pour une rectification. Le procès-
verbal me fait donner un satisfecit à M.
le ministre des cultes pour m'avoir ré-
pondu que le gouvernement était sais
action sur le clergé. Non, je ne me suis
pas le moins du monde déct u'é satisfait de
pareille réponse; je n'ai rien dit qui pût
ressembler à une approbation. Je n'ai pas
prolongé le débat, voilà tout.
M. eilerer. - Je n'ai pas pu assister
à la précédente séance, mais je m'étais ex-
cusé par lettre; or, il n'a pas été fait men-
tion de mon excuse au procès-verbal.
M. le prési«lent. — J'étais absent.
Votre lettre m'a été envoyée; je l'ai retour-
née à Versailles, où elle n'est sans doute
pas arrivée à temps.
S'il n'y a pas d'autres observations, le
procès-verbal est adopté.
Les membres de la commission ont-ils
l'intention d'adresser des questions au
gouvernement?
M. tEë Mahy — Oui, monsieur le pré-
sident.
M. Buffet. — Voulez-vous, comme
cela s'est toujours fait, dire quelles sont
ces questions ?
M. de ,Mahy* — Je répéterai ce que
j'ai déjà dit à la dernière séance. On n'a
jamais été obligé d'éuumérer à l'avance les
questions que l'on se propose d'adresser au
gouvernement. Mais je ne fais aucune dif-
ficulté d'obtempérer à l'invitation de M. le
président. Ja désire interroger le gouver-
nement sur certains actes que nous consi-
dérons comme des manœuvres électorales
et comme un retour aux pratiques de la
candidature officielle, Je crois que mes
amis ont aussi des questions à poser.
lu. Jourvitault. — Je me propose d'in-
tèrroger M. le ministre des affaires étran-
gères sur certains faits qui se sont pro-
duits à la frontière d'Espagne, et je de-
manderai ensuite quelques renseignements
sur la répartition de l'indemnité aux dé-
partements envahis.
M. le I)rési«lrnt. — Ces questions
sont bien étrangères au rôle de la com-
mission de permanence.
M. Bfoël Parfait. — A diverses repri-
ses, dans les précédentes sessions, on s'est
occupé précisément de la répartition des
indemnités.
M. le ministre des affaires étrangères
est introduit.
M. le président. '---M. de Mahy, vous
avez la parole.
M. de Mahy. — Si M. le ministre de
l'intérieur doit assister à la séance, je dp..
demanderai la permission d'attendre qu'il
soit arrivé.
HI. Jouraaault. — C'est à M. le mi-
nistre des affaires étrangères que je dois
adresser une question : je demande la pa-
role.
Des renseignements absolument dignes
de foi nous ont appris que tout récemment
le général carliste Saballs est venu à
Perpignan. — Un journal carliste de la
localiié avait annoncé que le but du géné-
ral insurgé était de s'entendre avec d'au-
tres officiers rebelles. Sa présence a causé
à Perpignan une très-vive impression;
mais ni le préfet, ni les autorités sous ses
ordres n'ont songé à s'en occuper. Cepen-
dant l'Espagne est une nation amie, elle a
un gouvernement régulier. (Murmures à
droite. )
Nous avons chez elle un chargé d'af-
faires, et il y a un chargé d'affaires accré-
dité auprès de notre gouvernement. Je vou-
drais què des faits tels que la présence
d'un général rebelle venant organiser sa
résistance et prendre des forces chez nous
ne pût pas se renouveler.
M. de Broglie. — Nos rapports avec
l'Espagne sont amicaux quoique son gou-
yernemeat ne soit, pas officiellement re-
connu çt qu'il ne soit pas tout à fait exact
de. dire que nous avons en Espagne et que
l'Espagne 4 chez nous ce qu'on appela
en langage diplomatique, un chargé d'af-
faires. La vérité est qu'il y a des deux côtés
Dt. reconnu 4e.fait, et avec lequel
on traite les affaires courantes. Cette si-
tuation vis-à-vis l'Espagne ne nous est
pas particulière. C'est celle de tous les
Etats de l'Europe. Les rapports sont de
bon voisinage, et quand 1 Espagne a à se
plaindre d'un fait quelconque, son agent
nous fait parvenir ses téelamations, aux-
quelles nous faisons droit dans la mesure
du possible. En ce qui concerne le fait dont
parle M. Journault, nous n'avons recu au-
cune plainte de l'Espagne, aucun rensei-
gnement des autorités françaises de Per-
pignan.
M. Journault répète que les rensei-
gnements qu'il a fournis à la commission
sont de toute sûreté. Ils sont puisés, entre
autres, dans une lettre de notre honora-
ble collègue M. Escarguel, maire de Per-
pignan.
M. de la Boellefoueauld-Blsae-
ela. — Je demande la parole.
M. de Broglie. — il y a un agent es-
pagnol en France. Je répète qu'il ne s'est
plaint de rien.
M. de la Boehefoueauld-Bisae-
eia. — Je ne connais pas le fait dont il
est question. Mais je serais fort étonné,
pour ma part, qu'on voulût empêcher un
carliste ou un républicain espagnol d'en-
trer en France. Je veux la liberté pour
tous et même que sans passeport on ait le
droit d'aller et de venir. C'est ainsi que je
comprends la liberté.
M. le président. — Le débat est
clos.
M. de Mahy — Pardon, M. le prési-
dent, j'avais demandé la parole.
M. le président. — Je ne puis vous
l'accorder. On a adressé à M. le ministre
une question. Il y a répondu. Je ne peux
laisser s'engager une discussion puisque
la commission n'a pas à voter.
M. de Mahy. — Aussi n'ai-je pas
l'intention de provoquer un vote, mais
j'ai besoin de demander à M. le ministre
un éclaircissement à propos de la réponse
qu'il a faite à M. Journault. Il y répondra
ou il n'y répondra pas, mais j'ai le droit
d'insister. M. le ministre a dit que l'agent
espagnol n'ayant pas réclamé, il n'y avait
rien à faire. Cela implique-t-il que si
des faits graves se produisaient, un recru-
tement par exemple, ou des armements,
le gouvernement les tolérerait au cas où
l'agent espagnol pour un motif quelcon-
que négligerait de réclamer ?
M. de Broglie. — Non assurément.
Il ne le tolérerait pas.
M. le président. — L'incident est
clos. Y a-t-il d'autres questions ?
M. de Mahy — Avant d'adresser au
gouvernement les questions que j'ai an-
noncées et qui auront trait aux manœu-
vres électorales et à la candidature offi-
cielle, je demande à M. le ministre de
l'intérieur s'il verrait quelque inconvénient
à répéter à la commission ce qu'il m'a
fait 1 honneur de me dire hier à son cabi-
net, au sujet de l'état de siège dans les
départements. Il a été publié une libte, de
plus de cinquante départements qui se-
raient, dit-on, en état de siège. Il n'est
pas indiffèrent que le public sache si cette
list est exacte ou. erronée.
M. Beulé. — Je déclare que non-seu-
lement elle est inexacte dans le fond, mais
même dans son titre ; c'est une pure in-
vention des journaux. Les départements
qui ont été mis en état de guerre par le
seul fait de la présence de l'ennemi sont
rentrés dans le droit commun dès que
l'ennemi s'est éloigné de plus de vingt-
cinq lieues ; mais l'état de siège établi par
décret ne peut être levé que par une
loi. Trente-neuf départements sont dans
cette condition, en y comprenant l'arron-
dissement de Belfort.
Le département des Ardenne?, dont M.
de Mahy m'a parlé hier, a été mis en état
de siège par un décret du 8 août publié
au Journal officiel du 9 août 1870.
M. le président. — Il n'y a plus
d'autres questions ?
M. de Mahy. — Mais si, monsieur le
président, et il me semble que j'ai pris
foin de l'annoacer, sur votre propre invita-
tion.
A la dernière séance, lorsque je me suis
plaint des suppressions de journaux, des
interdictions de conférences, des fermetu-
res de cercles républicains dans les dépar-
tements où des élections étaient imminen-
tes, on m'a objecté que la période électorale
n'était pas ouverte.
j'ai demandé alors à M. le vice président
du conseil si, dans cette objection qu'il
me faisait, après un de nos collègues, je
pouvais voir l'espérance qu'une fois la pé-
riode électorale ouverte, le gouvernement
se départirait de ce système de rigueui
contre h presse républicaine.
Or, la période électorale est ouverte dans
quatre départements. Le gouvernemenl
persistera-t-il à priver les populations ré.
publicaines de tout moyen de publicité
ÀI. Beulé. -"Je ne vois pas la porté
de la question que m'adresse M. de Ma
hy. Il a parlé de candidatures officielles ;
je n'accepte ni le mot , ni la chose.
Le gouvernement laisse toute liberté
aux électeurs et aux candidats. Quant aux
mesures prises contre les journaux avant
l'ouverture de la période électorale, ca
sont des pénalités, et il n'y a pas à y re-
venir.
M. aïoel Parfait. — Pénalités admi-
nistratives !
M. de inaisy. — Oui, administratives,
car ces journaux n'ont commis aucun dé-
lit. Ils n'ont été frappés que parce qu'ils
ont déplu. S'ils avaient commis le moin-
dre délit saislssable, vous eussiez été trop
heureux de les traduire devant la police
correctionnelle, et vous n'y auriez pas
manqué pour ne pas encourir la responsa-
bilité des pénalités administratives !
M. Beulé. — Nous acceptons cette res-
ponsabilité.
JU. de Mahy. — Il n'est pas moins vrai
que ce sont des manœuvres électorales.
VjQiis avez supprimé le Républicain de la
Loire, par exemple,, au moment .où la' pé-
riode électorale allait s'ouvrir, et vous avez
décidé qu'aucune autorisation de paraître
ne serait accordée à un journal nouveau
pendant trois mois. Or, c'est dans Cet in-
tervalle que les élections vont se faire. A
Toulouse, vous avez interdit la Dépêche.
M. La Boneière Le Bîoury. —
Pourquoi ces journaux se sont-ils rendus
coupables à cette époque?
Ifjt. de Mahy. — Ah ! par exemple,
parce que des journaux auront commis
quelque méfait, à supposer -qu'ils soient
réellement coupables, vous trouvez bon
pour les punir de priver les électeurs et les
candidats de tout organe de publicité ?
(Exclamations à droite.)
M. Buffet. - Veuillez ne pas inter-
rompre.
M. de Mahy. — Je n'ai pas interrom-
pu j mais ou m'a interrompu.
M. Collet. — M. de Mahy se trompe
en prétendant qu'il n'y a plus d'organe
républicain dans la Loire. Il y en reste en-
core un, la République des Paysans.
M. Koel Parfait. — Quelle en est la
périodicité ?
M. Callet. — C'est un journal hebdo-
madaire
A gauche : Très-bien ! très-bien !
M. Journault. — Ceci est encore une
fin de non-recevoir comme celles auxquel-
les on ne nous a que trop habitués.
M. Denlé. — Vous ne pouvez vous
empêcher de reconnaître '-lue le gouverne-
ment observe strictement la légalité.
M. de Mahy. — Je le conteste, et, si
vous le permettez, je vous donnerai con-
naissance d'un fait parfaitement illégal.
(M. de Mahy veut lire un document. M.
le président l'interrompt en lui disant
qu'on ne peut admettre qu'il soit possible
de porter des, bruits de journaux à la com-
mission.)
M. lia Boneière Le Meury. —
Mais ce ne sont pas des pièces officielles
que vous nous portez. Nous ne pouvons les
admettre.
M. Buffet. — Je ne puis laisser conti-
nuer cette discussion,
M. de Mahy. — Dans les commissions
comme dans l'Assemblée, on a toujours le
droit de répondre à un ministre. Hé bien !
M. le ministre de l'intérieur a dit que
nous étions bien obligés de reconnaître
que le gouvernement était le strict obser-
vateur de la loi, C'est une erreur, et j'in-
siste, pour qu'il me soit permis de lui citer
au moins un acte illégal.
M. le président. — Hé bien ! eitez
cet acte.
ltI. de Mahy. — Je le ferai en deux
mots puisque vous ne voulez pas que je
vous lise le document que j'ai à la main.
A Tulle, M. le préfet de la Corrèze veut
avoir pour maire M. Chammard, membre
de la commission départementale. Protes-
tations de la part des administrés. On re-
nonce alors à nommer M, Chammard
maire de Tulle, mais on le nomme délé-
gué aux fonctions de maire à Tulle. Il me
semble que cela est assez illégal. (Ru-
meurs à droite.)
Certainement, messieurs! Vous savez
bien que les fonctions de maire et de
membre de la commission départementale
sont incompatibles. Si dans la circonstance
le gouvernement n'a pas violé la loi, il l'a
au moins tournée, et cela ne me paraît
pas valoir beaucoup mieux.
M. Beulé, ministre de l'intérieur,
prend note du fait et promet de se ren-
seigner auprès de M. le préfet de la Cor-
rèze.
M. de Mahy. — Revenons maintenant
à la candidature officielle. Que dit le gou-
vernement du voyage de M. Deseilligoy,
patronnant un candidat dans la Loire en
pleine période électorale? Désavoue-t-il ces
démarches de M. le ministre des travaux
publics ?
Le gouvernement ne répond pas ? Je
prends acte de son silence, qui est un
aveu.
M. Journauii demande à M. le minis-
tre de l'intérieur où l'on en est de la ré-
partition de l'indemnité aux départements
envahis.
M. Beulé 'répond qu il est heureux de
pouvoir donner à cet égard des renseigne-
ments satisfaisants. Les employés du mi.
nistère attachés à ce service travai leni
plus de quinze heures par jour. 11 n'y a pas
de bureaux plus zélés! Mais le travail est
très-long- et très-minutieux. Néanmoins
on peut espérer que la répartition pourra
commencer avant la fin du mois prochain,
lfl. Antonin liefèvre-Pontalis fail
remarquer que les communes auxquelles
des remboursements sont dus pour appro-
visionnements de guerre n'ont pas encore
recu satisfaction. Cependant le travail de
répartition est fait depuis longtemps, el
rien n'empêcherait de procéder aux paie
ments dans le plus bref délai.
M. Beulé prend note de ces réclama
tioùs.
M. Courhet-Poiilard demande, dam
l'intérêt du commerce, que les délais ac
cordés aux compagnies de chemins de fer
pour le transport des grains, soient ré
duits, parce que les grains peuvent se dé
tériorer en route.
M, Beulé promet de transmettre cette
réclamation à ses collègues des travaux
publics et du commerce, qui s'entendront
avec les compagnies.
M. de Beauvillé demande au ministre
de l'intérieur des renseignements sur la
marche de l'épidémie cholérique. Nous
touchons à l'époque de la rentrée des clas-
ses. Cette question intéresse au plus haut
point les familles.
n. Beulé. — L'épidémie n'offre rien
d'inquiétant. Il n'y a jamais eu plus d'un
décès par jour et par arrondissement; c'est
comme si une épidémie enlevait un homme
par jour dans une ville de plus de 80,000
habitants.
Toutes les mesures hygiéniques propres
à arrêter la marche de la maladie ont été
ordonnées et sont exécutées. La population
peut donc se rassurer.
M. JFournault confirme les renseigne-
ments favorables donnés par le ministre,
et ajoute que l'épidémie est d'ailleurs en
pleine décroissance.
La séance est levée à 3 h. 1^2. -
— *
ALMANACH DES HONNÊTES GENS
VAlmanach des honnêtes gens est un
petit volume, qui ne coûte que dix cen-
times et se vend, dit la couverture, CHEZ
TOUS LES LIBRAIRES vraiment honnêtes. Je
ne sais pas si l'indication est suffisante :
car l'auteur a négligé de nous dire à
quel signe particulier on peut reconnaî-
tre un libraire vraiment- honnête d'un
libraire qui n'est qu'honnête tout sim-
plement, ou même d'un libraire qui
n'est pas honnête du tout. Il est bien
probable que l'honnêteté des libraires se
mesure par cet estimable écrivain 'a11
nombre d'exemplaires qu'il débite de cet
almanach, fait pour les honnêtes gens.
Les honnêtes gens, il est bien en-
tendu que ce sont les légitimistes. On
ne l'aurait pas deviné du premier coup
qu'on s'en serait assuré bien vite en
ouvrant ce petit volume, dont la pre-
mière page est ornée du portrait de notre
futur roy, HENRY, et pas même Henry V;
non, Henry tout court, c'est-à-dire le
vrai Henry, le seul, l'enfant du miracle,
celui qui est promis aux nations et
qu'attend l'univers, le Henry de M. de
Belcastel et Merveilleux-Duvjgnaux :
Henri IV second, ainsi qu'il aime à s'ap-
peler lui-même dans ses moments d'a-
bandon.
L'Almanach des honnêtes gens n'est au
fond qu'une biographie populaire du
comte de Chambord, et il est vrai que le
besoin s'en faisait terriblement, sentir.
Car il faut bien avouer qu'avant ces der-
niers temps, où ce nom est revenu sur
l'eau, il n'y en avait guère de plus in-
connu à la grande majorité du peuple
français. Les gens de mon âge se rappe-
laient encore assez bien la famille d'Or-
léans, pour avoir en leur première jeu-
nesse vu les dernières années de Louis-
Philippe. Mais pour le représentant de
la légitimité, pour Henri V, c'est à peine
s'ils en avaient ouï parler; et je suis sûr
que beaucoup même ne soupçonnaient
pas son çxistence.
A plus forte raison, la génération qui
nous a suivis et qui date de 48. Pour
elle, les d'Orléans commençaient déjà à
reculer dans la nuit du passé ; comment
eussent-ils pu prendre souci de l'enfant
du miracle? Si on leur avait jamais conté
cette histoire, elle paraissait à leurs jeu-
nes imaginations aussi lointaine et aussi
vieille que celle du fils de Crésus, recou-
vrant là parole pour sauver son père.
Il est bien probable que dans quel-
ques coins de province, plus spéciale-
ment restés légitimistes, chez des hobe-
reaux de province ou des suisses de
paroisie, on avait gardé le culte de la
légitimité proscrite, et que l'on était de-
meuré, au moins de cœur, en relations
avec l'homme qui la représentait et la
résumait en lui ; mais je ne crois pas trop
m'avancer en disant que c'étaient là des
exceptions, des exceptions assez rares;
que le gros de la nation n'aimait ni ne
haïssait Henri V, par l'excellente raison
qu'il en était profondément ignoré.
Les partisans de la royauté de droit
divin l'on bien senti. Ils se sont dit qu'un
roi, dont le nom n'est pas «dans toutes
les bouches et la vie dans toutes les
mémoires, manque de prestige et d'au-
réole; qu'il n'a pas grand chance d'être
acclamé par les foules, à qui il fait l'ef-
fet d'un fantôme, d'un revenant, sans
éclat ni consistance.
C'était donc une nécessité de fabriquer
à ce prince, avant de le ramener sur le
trône de ses pères, une légende ou quel-
que chose qui y ressemble. L'entreprise
n'était pas des plus commodes. Le hé-
ros n'y prête guère. Le comte de Cham-
bord est, dit-on, un excellent homme et
un parfait dévot. Mais ses vertus, que je
ne veux point nier, sont de celles qui
charment les regards des anges plus
qu'elles n'éblouissent les yeux des hom-
mes.
Il y a, par bonheur, toute une série
d'anecdotes, d'un sentimentalisme fade,
que les fabricants de légendes royales
mettent au compte de tous les souverains
quels qu'ils soient, et que l'on réédite à
chaque avènement. L'auteur de Y Alma-
nach des honnêtes gens n'a eu qu'à
puiser dans ce fonds commun, et il l'a
fait avec une innocence qui désarme.
Si l'on s'imagine toucher avec les ré-
cits d'une puérilité niaise ceux qu'on ap-
pelle les honnêtes gens, c'est qu'en vé-
rité l'on croit les honnêtes gens plus
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