Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1876-02-20
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 février 1876 20 février 1876
Description : 1876/02/20 (A6,N1535). 1876/02/20 (A6,N1535).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7557455h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/03/2013
BIXièM9 Année - N8 1535
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Dimanolie 80 Février ISTff
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de 2 heures à minuit
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PARIS
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Un an « 62
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
-
Annonce*, chez MM. LAGRANGE, CERF
6, place de la Bourse, 6
1
Rédacteur en chef-Gérant : E. AqopT
Annoneell, chez MM. LAGRANGE, CERF et G**
6, place de la Borne, e
Imp. A. Chaix et C", rue Bergère, JO, à PIIIiI
r \-
Élections du 20 février
Candidats Républicains
pour le département de la Seine
Nous écrivions dans notre numéro du
18 février : < Nos candidats, si nous
pouvions en désigner vingt, seraient
exclusivement choisis parmi les répu-
blicains qui acceptent franchement la
constitution, et par suite la politique
d'où elle est sortie. » On nous demande
aujourd'hui d'indiquer ceux des candi-
dats qui, suivant nous, remplissent ces
conditions. Nous n'avons aucun motif
de nous y refuser ; on en trouvera la
nomenclature ci-dessous :
4er arrondissement
M. Tirard,
Député sortant.
2" arrondissement
M. Brelay,
Député sortant.
3e arrondissement
M. Spuller,
Rédact. en chef de la République française.
4° arrondissement.
M. Ch. Lolseau,
Conseiller municipal.
6- arrondissement
M. Denfert-Rochereau,
Député sortant.
7° arrondissement
M. Langlois,
Député sortant.
se arrondissement
AI. Victor Chauffour,
Ancien représentant.
96 arrondissement
M. Thiers,
Ancien président de la République.
10e arrondissement
M. Henri Brisson,
Député sortant.
13e arrondissement
M. Greppo,
Député sortant.
14e arrondissement
M. Germain Casse,
Député sortant.
15° arrondissement
m. Farcy,
Député sortant.
iôa arrondissement
M. le Dr Marmottan.
Conseiller municipal.
i
1ge arrondissement
H3. Allain-Targé,
Conseiller municipal.
208 arrondissement
M. Gambetta, -
Député sortant.
Neuilly
M. Hamberger,
Député sortant.
Courbevoie
M. Deschanel,
Publiciste.
Vincennes
M. Béclard,
Conseiller général.
BULLETIN
Paris, 19 février 1876.
M. Buffet finit comme il a commencé,
dane les habitude» de compression exces-
sive et de répression à outrance. Candidat,
il défère aux tribunaux un article un peu
vif de la République française où il se
croit outrage comme ministre. L'affaire est
venue hier devant la 9e chambre du tribunal
de première instance, siégeant correction-
nellemeat. Le gérant a été condamné à un
mois de prison et 2,000 francs d'amende,
n Aat. nalt-être payer bien cher quelques
-- - 1:" - - - - - .-
appréciations un peu amères que l'entraî-
nement de la lutte engagée pouvait faire
excuser. Peut-être eût-il mieux valu pour
M. Buffet qu'il perdit son procès. Du reste,
il en a en ce moment un autre qui se
plaide contrad irtoire ment devant d'autreti
juges, qui sera vidé demain, et dont le ré-
sultat sera sang doute moimt dur pour ses
adversaires. M. Buffet aurait agi en sage
et aussi en vrai parlementaire s'il avait
attendu patiemment le jugement populaire,
au lieu d'en provoquer un autre avec une
Ji impatiente susceptibilité.
Les adversaires de la constitution et des
constitutionnel* avaient liIoulevé avec un
certain fracas la question de savoir Ii M.
Léon Ronault, à titre d'ancien préfet de
police, pouvait être lésaiement élu député
dev^^ee-et Oise, sous le prétexte qu'un
rvait mis à un certain moment le
département de Seine-et-Oise dam le ras-
sort administratif du préfet de police. Une
consultation, signée des noms autorités
de MM. Senard, Allou, Favre, J. Grévy, etc.,
dissipe toute espèce de doute à ce sujet.
Une discussion intéressante a eu lieu à
la Chambre des lords sur la question de la
cession de la Gombie. Lord Carnarvon a
soutenu avec beaucoup de force le projet
de cession. Quant au dernier discours du
marquis de Salisbury, ilesttrès-commenté,
et le ton en est généralement jugé un peu
en dehors des habitudes circonspectes des
orateurs anglais. Le Nord se fait remar-
quer par la vivacité d'ironie avec laquelle
il raille cette déclaration, très-correcte
dans le fond, mais un peu fougueuse de
forme.
Le roi d'Espagne est au milieu de ses
troupes. Il est arrivé le 17 à Vitoria. Il
faut s'attendre a des opérations décisives
portant sur la Navarre, dernier domaine
et dernière forteresse du prétendant. Com-
me symptôme, nous avons à enregistrer
l'émigration en France de nombreuses fa-
milles compromises dans la guerre car-
lisse, et des bruits de "convenio qui recom-
mencent à circuler, comme il arrive toutes
les fois que les affaires des rebelles tour-
nent décidément d'une manière défavora-
ble à leurs vœux.
L'affaire des représailles que l'Angleterre
poursuit dans la presqu'ile de Malacca
semble très-près d'aboutir. Trois des
meurtriers de M. Birch ont été pris et ont
mis, par leurs révélations, les agents du
gouvernement eur la trace des autres.
-♦ -————
On nous demande de divers côtés quel
est exactement le rôle du bulletin blanc
dans le dépouillement du scrutin. Nous ne
pouvons mieux faire que de remettre le
texte de la loi sous les yeux du public.
La loi du 5 mai 1855 est ainsi conçue :
« Les bulletins BLANCS ou illi-
slbles, ceux qui ne contiennent
pas une désignation suffisante, ou
qui contiennent une désignation
ou qualification Inconstitution.
nelle, ou dans lesquels les votants
se tout connaître, n'entrent pas
en compte dans le résultat du dé-
pouillement , mais ils sont an-
nexés au procès-verbal. »
:
Quelque part, en France, il existe un
arroiîdissement qui a dû être bien sur-
pris il y a 48 heures. Depuis le début de
la période électorale un seul candidat
se présentait à ses suffrages, et tout
faisait supposer qu'aucune candidature
nouvelle ne surgirait avant le 20 fé-
vrier. On ne connaissait qu'un comité,
le comité républicain, et les gens bien
pensants, qu'on voit s'atteler, d'ordi-
naire, aux candidatures superflnes,
L'œil morne maintenant et la tête baissée,
semblaient avoir renoncé à la lutte.
Mais il n'en était rien ; les espiègles,
pour mieux tromper leur monde, affec-
taient l'indifférence, alors qu'ils tra-
vaillaient dans l'ombre avec une ardeur
digne de leurs plus beaux jours. Ils
avaient un candidat, mais ils se le
nommaient tout bas après avoir sondé
les murs pour s'assurer qu'ils n'avaient
point d'oreilles. C'était un candidat se-
cret dont chacun s'était engagé à ne
révéler le nom qu'à la dernière heure.
On se demandera pourquoi tant de
précautions, alors qu'il est d'usage, au
contraire, de soulever le plus de bruit
qu'on peut autour d'une candidature ?
C'est toute une histoire, et la voici en
deux mots :
Il s'agit d'un de ces noms assez con-
nus pour qu'il soit toujours temps de le
révéler aux électeurs, et trop connu
pour qu'il soit prudent de l'exposer,
vingt jours durant, aux controverses
des réunions publiques et à la polémi-
que des journaux. Une fois déjà, l'expé-
rience a mal tourné, et dans une occa-
sion toute récente ; voilà pourquoi le co-
mité en question 1 a tenu son candidat
sous cloche le plus longtemps possible.
Mais enfin tous les voiles sont tom-
bés, et les électeurs de l'arrondisse-
ment de Mirecourt, car c'est d'eux qu'il
s'agit, ont vu apparaître sur les mu-
railles le nom de M. BUFFET, vice-pré-
sident du conseil, candidat malheureux
aux élections sénatoriales du 30 jan-
vier !
Oui, M. Buffet est candidat dans les
Vosges, et nous avons sous les yeux
la circulaire adressée par son comité
aux électeurs de l'arrondissement de
Mirecourt. Elle est couverte de signa-
tures; on en pourrait compter au bas
mot cent cinquante, les mêmes qui
avaient déjà recommandé M. tfunei
aux électeurs sénatoriaux. Aussi peut-
on lire dans cette circulaire la phrase
adorable que voici :
« Nous avons, aux élections sénato-
riales, presque unanimement voté pour
lui; sa candidature toute patriotique
s'imposait à nous aujourd'hui. Nous la
proclamons spontanément. >
Que dites-vous de cette façon de pro-
clamer une candidature?
Ajoutons que si l'on a perdu un peu
de temps au début, on ne néglige rien
pour le regagner. Des lettres nous ap-
prennent que les pratiques de la < ;.,.
didature officielle s'étalent là-bas dans
toute leur beauté. Toute l'administra-
tion, à tous les degrés, est en campa-
gne, et si, par impossible, le succès de
M. Buffet à Mirecourt amenait sous les
yeux de la prochaine Assemblée le dos-
sier électoral de cet arrondissement, on
assure que M. Rouher lui-même, ne
voudrait pas croire aux rapides progrès
de son protégé.
Espérons pour M. Buffet lui-même
que le succès du concurrent républicain
lui épargnera cette épreuve. C'est le
meilleur et le dernier témoignage qu'il
puisse attendre de ses compatriotes
vosgiens.
E. SCHNERB.
Paris, le 18 février 1876.
Monsieur le rédacteur
Nous n'ignorons pas qu'il y a des diffé-
rences sensibles entre le libéralisme de
M. Thiers et l'esprit qui anime les répu-
blicains de 1848. Cependant, malgré tout
ce qui nous divse, nous ne voterons pas,
demain, avec un bulletin blanc. Il suf-
fit que la candidature de M. Thiers soit
la seule républicaine de l'arrondissement
pour que nous lui donnions notre voix, au
lieu d'en faire profiter moralement son
adversaire, qui est le nôtre.
En agissant de la sorte, nous pensons
fournir la preuve que, loin d'être des in-
transigeants, nous sommes des électeurs
alsez clairvoyants pour faire la part des
hommes et celle des principes.
Si vous jugez à propos, monsieur le ré-
dacteur, d'insérer cette lettre dans le XIXe
Siècle, nous ne nous y opposons pas.
Agréez, etc. -
Plusieurs électeurs du 9' arrondissement.
4,
Tous Étrangers !
Du temps que le Français annonçait
tous les jours l'élection de M. Buffet
comme sénateur dans les Vosges, un
journal officieux, le Vosgien, flétrit en
bloc tous les Alsaciens réfugiés dans
le département. Pour les punir de se
montrer républicains, ils les traita d'e-
trangers. La France entière répondit
par un cri d'indignation à cette injure
inepte, et ce n'est pas le Vosgien seul
qui en porta la peine.
Il faut croire que les leçons de l'ex-
périence ne profitent qu'aux gens d'es-
prit , car une autre feuille dévote et
réactionnaire, le Journal de Bel fort >
retourne au vomissement du Vosgien.
Dans l'intérêt du député Keller, un saint
homme, armé du goupillon contre la
République, l'organe officieux de la
sous-préfecture Lebleu outrage le plus
illustre et le plus sympathique ré-
publicain du territoire de Belfort. Et
qu'invente-t-il contre l'homme qui a
posé la candidature de M. Thiers ? Con-
tre le promoteur de la candidature
Feltin, sage et patriotique entre tou-
tes ? Rien de bien neuf, hélas ! Il l'ap-
pelle étranger!
Kœchlin-Schwarz, étranger dans le
seul arrondissement de l'Alsace que
le génie de M. Thiers a su conserver à
la France ! Etranger, cet héroïque ci-
toyen qui, après avoir combattu en sol-
dat l'invasion allemande, a tout sacri-
fié pour garder le nom de Français!
Etranger, cet admirable citoyen de
Mulhouse que nos vainqueurs redoutent
au point de le bannir à tout jamais
« avec ses enfants nés et à naître ! »
Pour peu que cela continue, le titre
d'étranger, décerné par les gens de l'or-
dre moral, finira par devenir un titre
de noblesse. Monsieur le rédacteur du
Journal de Belfort (je ne vous nomme
pas, mon confrère, et pour cause) faites
moi donc l'honneur de m'inscrire, à
côté de mon cher et vaillant ami
Kœchlin-Schwarz, sur votre liste des
étrangers !
40
Une dépêche télégraphique nous apprend
que M. Antonin Lefèvre-Pontalis, écon-
dui+ par les électeurs d'Avesnese est revenu
au lancer.
Il se porte à Gonesse
Pour être député.
(Cela se chante sur un air de Nadaud,
dans les réunions privées). Combien de
voix notre Antonin obtiendra-t-il dans son
ancien département ? Tous sus électeurs
ont juré qu'on ne les y reprendrait plus.
Nous comprenons à la rigueur qu'un non-
nête homme déjeune des restes de ion dî-
ner de la veille, quand même son dîner lui
a paru mauvais. Mais manger la desserte
du voiiin ! se bourrer des rebuts de l'ar-
rondissement d'Avesnes ! C'est un régime
auquel les électeurs de Seine-et-Oise, peu-
ple aisé, peuple digne et fier autant que
laborieux, ne se condamneront jamais.
<♦-
Toujours M. Buffet ! Il est dans tout,
il est partout; on se lasse à le suivre.
Nous venons de le quitter à Mirecourt,
nous le retrouvons à Commercy; ou
plutôt nous y rencontrons les gardes
champêtres et appariteurs des mairies
en train de distribuer des bulletins de
vote au nom du candidat cher aux bo-
napartistes. L'article 3 de la loi élec-
torale du 30 novembre - 1875 - dispose
pourtant en termes formels qu'il est in-
terdit à tout agent de l'autorité publi-
que ou municipale de distribuer ,1#-
bulletins de vote, pro~ , r~
Gircu~i~~ - _,,,,lons de foi et
circulaire utis candidats. Et nous ne
voyons nulle part qu'il soit fait excep-
tion pour M. f le vice-préident du coa-
seil.
!lest vrai qu'à cette époque-là on
ne se doutait guère que M. Buffet serait
blackboulé par ses collègues de l'As-
semblée, puis par ses compatriotes vos-
giens aux élections sénatoriales, et
qu'il serait obligé de promener sa can-
didature de l'est à l'ouest et du nord au
midi, promettant une récompense hon-
nête à la circonscription qui aurait
pitié de ses malheurs.
On sait que le concurrent républi-
cain de M. Buffet dans l'arrondisse-
ment de Commercy est le docteur
Henry Liouville; il paraît que ces jours
derniers, comme il se rendait à Vau-
couleurs, il vit arriver sur la place
deux charrettes remplies de sangliers,
qui furent immédiatement découpés
par quartiers et distribués à tout ve-
nant, sur la simple promesse de voter
pour l'illustre M. Buffet.
Renseignements pris, on sut que
l'auteur de ces largesses était M. Bou-
vié, conseiller général, un des plus
zélés patrons de la candidature ministé-
rielle. De plus fort en plus fort, comme
on voit. Sous l'empire on avait eu le
veau Calvet-Rogniat ; sous la vice-pré-
sidence de M. Buffet on a le sanglier
Bouvié.
Il est grand temps que la période élec-
toraieee termine, car il na reste déjà
plus grand chose de M. Buffet, et si
cela devait continuer encore, il n'en res-
terait bientôt plus rien.
E. S.
Le Bulletin français, journal officiel du
soir, juge à propos de reproduire la pro-
clamation que M. le président de la Répu-
blique adresgait au peuple français, il y a
six semaines. Il y ajoute les réflexions sui-
vantes :
A cet éloquent appel, les électeurs sénato-
riaux ont déjà répouda en créant un Sénat
qui sera, on peut l'affirmer, un défenseur ré-
solu de « la politique conservatrice et vrai-
ment libérale. »
C'est maintenant au suffrage universel à
compléter l'œuvre, en composant une Cham-
bre législative disposée à appliquer les ins-
titutions du 25 février à la défense de cas
droits et de ces intérêts qui survivent à tous
les régimes.
Tel doit, être le but et tel sera, nous l'es-
pérons, le résultat de la journée de di-
manche.
Comme la feuille officielle, nous ne dou-
tons pas que les élections de demain ne
soient meilleures encore que celles du 30.
Les électeurs voudront certainement ban-
nir de la Chambre des députés les hommes
des anciens partis ligués contre la consti-
tution. L'expérience du passé leur a dé-
montré la nécessité de n'admettre dans les
Assemblées futures ni les candidats mo-
narchistes, ni les candidats impérialistes,
noa plus que le dangereux allié de ces deux
sortes de candidats, M. Buffet, ministre
de l'intérieur et vice-président du conseil.
————————— ————-————
Un dissentiment politique, né et
grandi rapidement au cours de la pé-
riode électorale, privera désormais nos
lecteurs des Causeries hebdomadaires
de M. Viollet-le-Duc. Ce n'est pas sans
un profond regret que nous disons adieu
à un homme éminent qui fut, durant
plus de deux ans, notre collaborateur
très-sympathique et très-désintéressé ;
mais M. Viollet-le Duc est allé lui-même
au-devant des objections que pouvait
soulever sa présence dans un journal
respectueusement dévoué à la personne
de M. Thiers.
LA RÉDACTION.
La Liberté reproduit une lettre adres-
sée par M. Raoul Duval au Petit Mo-
niteur. M. Raoul Duval y proteste
contre certaines citations de ses anciens
discours, où ses opinions auraient été
dénaturées. Nous n'avons pas lu les ex-
traits du Petit Moniteur; mais nous en
pourrions donner d'autres, contre les-
quels nous serions surpris que le can-
didat de l'appel au peuple protestât. On
devait produire ces extraits dans une
des deux réunions publiques vOÙ il a
paru. Mais le président du Comité na-
tional conservateur a clos brusquement
la première, au moment précis où la
discussion s'engageait sur un point in-
téressant; et il n'a pas mis moins d'em-
pressement à écourter la seeonde, sans
doute parce que l'attitude des électeurs,
il faut bien le dire, n'offrait au Comité
national conservateur rien d'encoura-
geant. Il en est résulté, dans les infor-
mations électorales, une lacune que le
candidat de l'appel au peuple nous per-
mettra de combler.
M. Raoul Duval a accepté d'être por-
té par un comité qui a posé sa candi-
dature : 1° comme une protestation en
faveur de l'empire ; 2° comme une re-
vendication des droits de la souverai-
neté nationale, qui, sur la constitution
du gouvernement, devrait être directe-
ment consultée.
Il nous semble, à nous qui connais-
sons les anciens discours de M. Raoul
puval, que, dans ces conditions, il de-
vait refuser le patronage de son co-
mité.
Lorsque son comité le présentait
comme un candidat de protestation impé-
rialiste, M. Raoul Duv^ devait s'écrier :
Pardon! je na puis soutenir un parti
qu,B "-«' écl
que déclaré iustement condamné.
je disais, en effet, à l'Assemblée, dans
mon discours du 29 juillet 1872 :
L'Assemblée, quand elle a été nommée,
avait, en face d'elle, deux ordres de' justi-
ciabics. deux orJros de prévenus politiques :
ceux qui avaient commencé la guerre folle-
mont, sans préparation, les hommes de l'em-
pire, — l'Assemblée a fait justice de leurs actes;
et ceux qui l'ont continuée, etc.
Lorsque son comité criait bien haut,
dans la réunion des Folies-Marigny,
que l'Assemblée de 1871 n'avait voté
la déchéance de l'empire que par sur-
prise, et qu'elle n'avait pas été, d'ail-
leurs, librement élue, M. Raoul Duval
devait interrompre : Pardon ! je ne
puis admettre ces explications histori-
ques, ayant soutenu tout le contraire
dans mon discours du 14 décembre 1872,
où je disais :
On vous a dit, messieurs, que l'Assemblée
actuelle avait été élue dans des conditions
telles que c'était une surprise pour le pays ;
qu'elle l'avait été par un nombre de voix in-
finiment restreint. C'est absolument contraire
à la vérité. Nous avions eu malheureusement un
long temps pour réfléchir entre le moment où La
France avait commencé à être envahie, et le mo-
ment où elle a pu se ressaisir et prendre pos-
session d'elle-même ; nous avons eu le loisir ;de
réfléchir sur les faits et gestes du gouverne-
ment qui nous laissait dans la situation où
nous nous sommes trouvés. Ainsi, dans tou-
tes nos consciences, dans la conscience de la
France, le jugement a été parfaitement porté
et il a été à peu près unanime.
On a prétendu que, dans une bonne 'P'drUe
de la France, on n'avait pas eu lit liberté des
élections. Je ne suis pas des éln's de février.
Je suis donc bien à mon aise pour rendre
hommage au senfiment public qui a dicté les pre-
mières élections, et c'est pour cela que je tiens
à rendre hommage à cette liberté dont nous,
avons joui.
Lorsque son comité protestait, au
nom du droit plébiscitaire, contre le
droit constituant de l'Assemblée, M.
Raoul Duval devait, à son tour, pro-
tester : N'ai-je pas constaté, n'ai-je pas
défendu ce droit, dans le même dis-
cours du 14 décembre 1872, où l'on peut
lire :
Vous avez entendu dire ici que le mandat
qui vous a été confié était limité. C'était, au
contraire, le mandat le plus illimité que jamais
corps politique ait reçu. Il était si pen limité
que, sur les affiches et sur les bulletins élee-,
toraux de nos adversaires, il était dit : Elec-
tions à l'Assemblée constituante.
Lorsque son comité, toujours au nom
de la théorie plébiscitaire, opposait aux
droits des Assemblées les droits de la
nation, M. Raoul Duvaldevait emprun-
ter encore à Mirabeau une dénégation
superbe, comme il l'avait fait dans ce
mémorable discours du 14 décembre
1872, où il s'écriait :
c Je n *. puis ma défendre d'une indignation
« profonde lorsque j'entends de malveillants
« rhéteurs opposer la nation à l'Assemblée natio
a nale et s'efforcer de susciter contre elle une
« sorte de rivalité, comme si ce n'était pas par
« l'Assemblée que la nation a connu, recou-
« vré, reconquis ses droits et rétabli sa li-
« berté. » Ces paroles ne sont pas miennes,
mais colles de Mirabeau. C'est ainsi qu'il par-
lait, tonnant contre ceux qui, de son temps,
faisaient le jeu que je combats, cherchant à
ébranlér l'autorité de l'Assemblée, etc..
Enfin, lorsque son comité ne crai-
gnait point d'exciter les électeurs à la
haine du gouvernement républicain,
M. Raoul Duval devait le rappeler au
patriotisme avec les mêmes accents in-
dignés qu'il trouva, dans l'Assemblée
nationale, le 30 novembre 1872 :
Il n'y a aujourd'hui dans le pays qu'un gou-
vernement légal : c'est celui sous lequel nous
existons ! Depuis le vote d'hier, il n'y a plus,
— ce serait un crime qu'il en restât! — et il
ne peut plus y avoir dans cette Assemblée
ni légitimistes, ni orléanistes, ni impérialistes!
Pourquoi faut-il que ce soit nous qui
rappelions aujourd'hui à M. Raoul Du-
val tant de passages éloquents de ses
œuvres parlementaires? On invite les
électeurs impérialistes à saluer en lui le
champion de tout ce qu'il a combattu
naguère. Les susdits électeurs verront
si M. Duval leur convient toujours;
c'est leur affaire. Quant à nous, simples
spectateurs, nous ne désespérons pas
de voir M. Raoul Duval, lors des élec
tions prochaines, candidat de l'orléanis-
me ou de la légitimité.
EUG. LIÉBERT.
—
Ce qu'il y a d'attristant dans la grande
entreprise électorale que le gouvernement
poursuit, ce iiont les moyes qre nous lui
voyons employer: ce qu'il y a de conso-
lant, c'est que l'emploi même de tels moyens
trahit de bien vives appréhensions et de
bien grandes terreurs. Ces angoisses së' re-
flètent aujourd'hui dans un arljde du
Constitutionnel qui C);t d'une solennité à
faire pouffer et d'une tristesse à dérider
les hypocondriaques. Il n'y a qu'un cri
4ans tout cet article, un cri d'angoisse,
qui retentit, funèbre, de ligne eu ligne et
de paragraphe en paragraphe : « Nos pré-
fets ! Nous ne sommei pas sûrs de nos pré-
"tsr Mon Dieu! que ces préfets sent donc
.eu Ür81 Nous ne pouvons répondra d6
rien avec de tels préfets ! »
C'est le propre du Constitutionnel de
ne voir au monde que des préfets. Depuis
f empire, il n'a pas varié là-dessus. Pour
lui qu'est-ce que la nation? Une collection
de preiets avec des départements alentour.
Le suffrage universelPFféfeta. Lei élections
Œénéralea Grand mouvement de nrAfata
sur la. surface du territoire. Les Assem-
blées délibéeantes? Expression sç^rème
des idées et sensations des prêetj.
Or, aujourd'hui, appl.iqu&.J, son système
traditionnel, le Constitutionnel, placé en
présence du suffrages universel, porte na-
turellensent ses yetrx sur les préfets. Il lor-
gne les préfets, mesure les préfeti, sou-
pèse les Pr et le résultat de son en-
quête est que les nréfets sont tout-à fait
douteux et infiniment inquiétants. Or,
on reconnaîtra, j'espère, que le Constitu-
tionnel, ayant fait des préfets l'étude et le
souci de sa vie, doit se connaître en pré-
fets.
Lorsqu'il dit : « Mauvais préfet ! « tout au-
tre serait mal venu à chicaner là-dessus.,
La tristesse du Constitutionnel est dont
chose éminemment rassurante, symptôme
heureux, agréable présage que nous na
pouvions nous dispenser de relever avec uni
soin jaloux. Et quand nous voyons le jour*
Bal des préfets s'écrier en manière de con-
clusion : Dieu protège la France ! » cette
formule aussi neuve que désolée nous sem-
ble éclairer la situation d'une vive lumière,
et nous la reprenons avê-c empressement,
en la considérant non plus comme un sou-
hait, mais comme une affirmation pleine
d'heureuses promesses. Oh ! oui ! Dieu pro-
tège la France, puisqu'après les travaux
d'Hercule exécutés sur la matière préfec-
torale par MM. de Broglie et Buffet, )e
journal le plus expert en fait de préfecture»
en est à desespérer de son personnel et à
s'écrier : L'opinion publique èJ1 préfets
est hésitante, et le suffrage ^jaivenel des
préfectures nous trahit.
F.
En tête de Y Abeille franc-comtoise,
journal oonapartiste de Besançon, figure
A avertissement que voici :
UN ACTE DE JUSTICE
On .lit dans le Journal des Pyrénées-Orien
taies :
M. le ministre de l'intérieur vient d'infli-
ger à un de ses agents une peine bien méri-
tée.
M. de Montazet, sous-préfet de Saint-Girons
(Arige), s'était obstiné, pendant tout le cours -
de la campagne des élections sénatoriales,
à combattre avec un acharnement inouï
la candidature impérialiste de M. le ba-
ron de Saint-Paul, violant ainsi la neu-
tralité que le gouvernement avait résolu
d'observer au sujet de cette candidature
éminemment conservatrice.
Or, l'Ariégeois, que nous recevons à l'ins-
tant, nous apprend que M. de Montazet vient
d'être suspendu de ses fonctions et appelé, à
Paris.
Avis aux électeurs.
Un sous-préfet destitué pour avoir com
battu une candidature impérialiste !
Au fait, M. Buffet est porté par le comité
national conservateur dans quatre collèges?
+
LES PRÉSÉANCES
C'est Napoléon, je parle du premier,
du grand, qui, par un décret en date du
5 juillet 1804 (on disait en ce temps-là:
24 messidor an XII), régla les rangs,
préséances et honneurs des autorités
civiles, militaires et religieuses, dans
les cérémonies publiques et dans les -
réceptions officielles. Ce décret avait
traversé, sans être atteint en aucune de
ses dispositions, toutes les révolutions
que nous avons subies depuis lors. Il
vient d'être modifié, en quelques-unes
de ses parties, par un décret rendu le
28 décembre 1875 et qui a été inséré au
Journal officiel du 7 janvier.
Personne n'y avait fait grande atten-
tion : car ce sont là des objets qui ne -
frappent guère que les intéressés, et
dont le public ne se préoccupe que mé-
diocrement. Aussi le décret a-t-il été
inséré dans les journaux, à la place où
l'on met d'ordinaire les actea officiels
,
et n'a-t-il provoqué aucune réclamation
On ne se doutait guère que l'esprit
de réaction cléricale qui souffle en ce
moment sur notre pays avait trouvé •
jour à s'exercer sur ce point, comme sur
tous les autres, et que ce décret, qui
affectait des allures si anodines était
une victoire du clergé et marquait un
de ses nouveaux empiétements.
Le décret de Napoléon comprenait
trois groupes.
Au premier groupe, qui comprend les
situations dites hors ligne, cardillaux
ministres, maréchaux et amiraux con
seillers d'Etat en mission, grnd-offi-
ciers de la Légion d'honD.eur, il n'a
rien été changé.
Mais voyons le second groupe.
Napoléon avait voulu que l'armée tînt
le premier rang. Il pensait que des hom-
mes qui n'eût conquis leurs grades
qu'en risquant dix fois leur vie sur les
champs de bataille, sans autre récom-
pense que l'honneur d'avoir servi la pa-
trie, méritent bien que cet honneur ne
leur soit pas refusé. Il avait donc as-
signé la première place aux généraux
de division commandant un groupe de
subdivision, et il avait relégué derrière
eux les archevêques.
Il faut croire que cette humble place
offusquait les hommes de Dieu ; car le
gouvernement de M. Buffet a renversé
cette hiérarchie : aujourd'hui les arche-
vêques doivent avoir le pa.s sur les gé-
néraux de division.
Cette réforme sç reproduit dans le
troisième groupe..
Au temps de, Kapoléon 1er, les géné-
raux de brigade commandant un dé-
partemep. passaient avant les évêques.
La République vient de donner aux
évêtues le droit de préséance sur les
généraux de brigade. - - -- ---
Je contais dans un de mes derniers
articles cette légende célèbre de la Bi-
ble, où Moïse nous est montré levant
les mains au ciel, tandis que les Israéli-
tes se battaient contre je ne sais quelle
méchante peuplade des environs. Tou-
tes les fois que Moïse, laissant tomber
ses bras de fatigue, cessait de prier, les
Israélites lâchaient pied et perdaient da
: terrain; aussitôt qu'il les avait haus- -.
sés, la victoire revenait aux Hébreux.
Cette histoire est une image, comme
Prix 4v Numéro à Purls : 1S OratimM — DépammenM : 80 a.:a.tl.
Dimanolie 80 Février ISTff
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de 111 Rédaction
de 2 heures à minuit
53, rue de Laf'a'Yette. 53 ,
Les lettres non affranchies seront refusées
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois » 13 fir.
Six mOÍs. 25
Un an 50
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Trois mois. 16 fr.
Six mois. 32
Un an 62
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Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
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fu manuscrits non insérés ne seront pas rendus
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.i. lrois mais..i 13 fr.
'tx mois. 25
: J11 an "00' 50
DÉPARTJDŒNWI
Trois mois,. 16 tr"
Six mois.,. 32
Un an « 62
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
-
Annonce*, chez MM. LAGRANGE, CERF
6, place de la Bourse, 6
1
Rédacteur en chef-Gérant : E. AqopT
Annoneell, chez MM. LAGRANGE, CERF et G**
6, place de la Borne, e
Imp. A. Chaix et C", rue Bergère, JO, à PIIIiI
r \-
Élections du 20 février
Candidats Républicains
pour le département de la Seine
Nous écrivions dans notre numéro du
18 février : < Nos candidats, si nous
pouvions en désigner vingt, seraient
exclusivement choisis parmi les répu-
blicains qui acceptent franchement la
constitution, et par suite la politique
d'où elle est sortie. » On nous demande
aujourd'hui d'indiquer ceux des candi-
dats qui, suivant nous, remplissent ces
conditions. Nous n'avons aucun motif
de nous y refuser ; on en trouvera la
nomenclature ci-dessous :
4er arrondissement
M. Tirard,
Député sortant.
2" arrondissement
M. Brelay,
Député sortant.
3e arrondissement
M. Spuller,
Rédact. en chef de la République française.
4° arrondissement.
M. Ch. Lolseau,
Conseiller municipal.
6- arrondissement
M. Denfert-Rochereau,
Député sortant.
7° arrondissement
M. Langlois,
Député sortant.
se arrondissement
AI. Victor Chauffour,
Ancien représentant.
96 arrondissement
M. Thiers,
Ancien président de la République.
10e arrondissement
M. Henri Brisson,
Député sortant.
13e arrondissement
M. Greppo,
Député sortant.
14e arrondissement
M. Germain Casse,
Député sortant.
15° arrondissement
m. Farcy,
Député sortant.
iôa arrondissement
M. le Dr Marmottan.
Conseiller municipal.
i
1ge arrondissement
H3. Allain-Targé,
Conseiller municipal.
208 arrondissement
M. Gambetta, -
Député sortant.
Neuilly
M. Hamberger,
Député sortant.
Courbevoie
M. Deschanel,
Publiciste.
Vincennes
M. Béclard,
Conseiller général.
BULLETIN
Paris, 19 février 1876.
M. Buffet finit comme il a commencé,
dane les habitude» de compression exces-
sive et de répression à outrance. Candidat,
il défère aux tribunaux un article un peu
vif de la République française où il se
croit outrage comme ministre. L'affaire est
venue hier devant la 9e chambre du tribunal
de première instance, siégeant correction-
nellemeat. Le gérant a été condamné à un
mois de prison et 2,000 francs d'amende,
n Aat. nalt-être payer bien cher quelques
-- - 1:" - - - - - .-
appréciations un peu amères que l'entraî-
nement de la lutte engagée pouvait faire
excuser. Peut-être eût-il mieux valu pour
M. Buffet qu'il perdit son procès. Du reste,
il en a en ce moment un autre qui se
plaide contrad irtoire ment devant d'autreti
juges, qui sera vidé demain, et dont le ré-
sultat sera sang doute moimt dur pour ses
adversaires. M. Buffet aurait agi en sage
et aussi en vrai parlementaire s'il avait
attendu patiemment le jugement populaire,
au lieu d'en provoquer un autre avec une
Ji impatiente susceptibilité.
Les adversaires de la constitution et des
constitutionnel* avaient liIoulevé avec un
certain fracas la question de savoir Ii M.
Léon Ronault, à titre d'ancien préfet de
police, pouvait être lésaiement élu député
dev^^ee-et Oise, sous le prétexte qu'un
rvait mis à un certain moment le
département de Seine-et-Oise dam le ras-
sort administratif du préfet de police. Une
consultation, signée des noms autorités
de MM. Senard, Allou, Favre, J. Grévy, etc.,
dissipe toute espèce de doute à ce sujet.
Une discussion intéressante a eu lieu à
la Chambre des lords sur la question de la
cession de la Gombie. Lord Carnarvon a
soutenu avec beaucoup de force le projet
de cession. Quant au dernier discours du
marquis de Salisbury, ilesttrès-commenté,
et le ton en est généralement jugé un peu
en dehors des habitudes circonspectes des
orateurs anglais. Le Nord se fait remar-
quer par la vivacité d'ironie avec laquelle
il raille cette déclaration, très-correcte
dans le fond, mais un peu fougueuse de
forme.
Le roi d'Espagne est au milieu de ses
troupes. Il est arrivé le 17 à Vitoria. Il
faut s'attendre a des opérations décisives
portant sur la Navarre, dernier domaine
et dernière forteresse du prétendant. Com-
me symptôme, nous avons à enregistrer
l'émigration en France de nombreuses fa-
milles compromises dans la guerre car-
lisse, et des bruits de "convenio qui recom-
mencent à circuler, comme il arrive toutes
les fois que les affaires des rebelles tour-
nent décidément d'une manière défavora-
ble à leurs vœux.
L'affaire des représailles que l'Angleterre
poursuit dans la presqu'ile de Malacca
semble très-près d'aboutir. Trois des
meurtriers de M. Birch ont été pris et ont
mis, par leurs révélations, les agents du
gouvernement eur la trace des autres.
-♦ -————
On nous demande de divers côtés quel
est exactement le rôle du bulletin blanc
dans le dépouillement du scrutin. Nous ne
pouvons mieux faire que de remettre le
texte de la loi sous les yeux du public.
La loi du 5 mai 1855 est ainsi conçue :
« Les bulletins BLANCS ou illi-
slbles, ceux qui ne contiennent
pas une désignation suffisante, ou
qui contiennent une désignation
ou qualification Inconstitution.
nelle, ou dans lesquels les votants
se tout connaître, n'entrent pas
en compte dans le résultat du dé-
pouillement , mais ils sont an-
nexés au procès-verbal. »
:
Quelque part, en France, il existe un
arroiîdissement qui a dû être bien sur-
pris il y a 48 heures. Depuis le début de
la période électorale un seul candidat
se présentait à ses suffrages, et tout
faisait supposer qu'aucune candidature
nouvelle ne surgirait avant le 20 fé-
vrier. On ne connaissait qu'un comité,
le comité républicain, et les gens bien
pensants, qu'on voit s'atteler, d'ordi-
naire, aux candidatures superflnes,
L'œil morne maintenant et la tête baissée,
semblaient avoir renoncé à la lutte.
Mais il n'en était rien ; les espiègles,
pour mieux tromper leur monde, affec-
taient l'indifférence, alors qu'ils tra-
vaillaient dans l'ombre avec une ardeur
digne de leurs plus beaux jours. Ils
avaient un candidat, mais ils se le
nommaient tout bas après avoir sondé
les murs pour s'assurer qu'ils n'avaient
point d'oreilles. C'était un candidat se-
cret dont chacun s'était engagé à ne
révéler le nom qu'à la dernière heure.
On se demandera pourquoi tant de
précautions, alors qu'il est d'usage, au
contraire, de soulever le plus de bruit
qu'on peut autour d'une candidature ?
C'est toute une histoire, et la voici en
deux mots :
Il s'agit d'un de ces noms assez con-
nus pour qu'il soit toujours temps de le
révéler aux électeurs, et trop connu
pour qu'il soit prudent de l'exposer,
vingt jours durant, aux controverses
des réunions publiques et à la polémi-
que des journaux. Une fois déjà, l'expé-
rience a mal tourné, et dans une occa-
sion toute récente ; voilà pourquoi le co-
mité en question 1 a tenu son candidat
sous cloche le plus longtemps possible.
Mais enfin tous les voiles sont tom-
bés, et les électeurs de l'arrondisse-
ment de Mirecourt, car c'est d'eux qu'il
s'agit, ont vu apparaître sur les mu-
railles le nom de M. BUFFET, vice-pré-
sident du conseil, candidat malheureux
aux élections sénatoriales du 30 jan-
vier !
Oui, M. Buffet est candidat dans les
Vosges, et nous avons sous les yeux
la circulaire adressée par son comité
aux électeurs de l'arrondissement de
Mirecourt. Elle est couverte de signa-
tures; on en pourrait compter au bas
mot cent cinquante, les mêmes qui
avaient déjà recommandé M. tfunei
aux électeurs sénatoriaux. Aussi peut-
on lire dans cette circulaire la phrase
adorable que voici :
« Nous avons, aux élections sénato-
riales, presque unanimement voté pour
lui; sa candidature toute patriotique
s'imposait à nous aujourd'hui. Nous la
proclamons spontanément. >
Que dites-vous de cette façon de pro-
clamer une candidature?
Ajoutons que si l'on a perdu un peu
de temps au début, on ne néglige rien
pour le regagner. Des lettres nous ap-
prennent que les pratiques de la < ;.,.
didature officielle s'étalent là-bas dans
toute leur beauté. Toute l'administra-
tion, à tous les degrés, est en campa-
gne, et si, par impossible, le succès de
M. Buffet à Mirecourt amenait sous les
yeux de la prochaine Assemblée le dos-
sier électoral de cet arrondissement, on
assure que M. Rouher lui-même, ne
voudrait pas croire aux rapides progrès
de son protégé.
Espérons pour M. Buffet lui-même
que le succès du concurrent républicain
lui épargnera cette épreuve. C'est le
meilleur et le dernier témoignage qu'il
puisse attendre de ses compatriotes
vosgiens.
E. SCHNERB.
Paris, le 18 février 1876.
Monsieur le rédacteur
Nous n'ignorons pas qu'il y a des diffé-
rences sensibles entre le libéralisme de
M. Thiers et l'esprit qui anime les répu-
blicains de 1848. Cependant, malgré tout
ce qui nous divse, nous ne voterons pas,
demain, avec un bulletin blanc. Il suf-
fit que la candidature de M. Thiers soit
la seule républicaine de l'arrondissement
pour que nous lui donnions notre voix, au
lieu d'en faire profiter moralement son
adversaire, qui est le nôtre.
En agissant de la sorte, nous pensons
fournir la preuve que, loin d'être des in-
transigeants, nous sommes des électeurs
alsez clairvoyants pour faire la part des
hommes et celle des principes.
Si vous jugez à propos, monsieur le ré-
dacteur, d'insérer cette lettre dans le XIXe
Siècle, nous ne nous y opposons pas.
Agréez, etc. -
Plusieurs électeurs du 9' arrondissement.
4,
Tous Étrangers !
Du temps que le Français annonçait
tous les jours l'élection de M. Buffet
comme sénateur dans les Vosges, un
journal officieux, le Vosgien, flétrit en
bloc tous les Alsaciens réfugiés dans
le département. Pour les punir de se
montrer républicains, ils les traita d'e-
trangers. La France entière répondit
par un cri d'indignation à cette injure
inepte, et ce n'est pas le Vosgien seul
qui en porta la peine.
Il faut croire que les leçons de l'ex-
périence ne profitent qu'aux gens d'es-
prit , car une autre feuille dévote et
réactionnaire, le Journal de Bel fort >
retourne au vomissement du Vosgien.
Dans l'intérêt du député Keller, un saint
homme, armé du goupillon contre la
République, l'organe officieux de la
sous-préfecture Lebleu outrage le plus
illustre et le plus sympathique ré-
publicain du territoire de Belfort. Et
qu'invente-t-il contre l'homme qui a
posé la candidature de M. Thiers ? Con-
tre le promoteur de la candidature
Feltin, sage et patriotique entre tou-
tes ? Rien de bien neuf, hélas ! Il l'ap-
pelle étranger!
Kœchlin-Schwarz, étranger dans le
seul arrondissement de l'Alsace que
le génie de M. Thiers a su conserver à
la France ! Etranger, cet héroïque ci-
toyen qui, après avoir combattu en sol-
dat l'invasion allemande, a tout sacri-
fié pour garder le nom de Français!
Etranger, cet admirable citoyen de
Mulhouse que nos vainqueurs redoutent
au point de le bannir à tout jamais
« avec ses enfants nés et à naître ! »
Pour peu que cela continue, le titre
d'étranger, décerné par les gens de l'or-
dre moral, finira par devenir un titre
de noblesse. Monsieur le rédacteur du
Journal de Belfort (je ne vous nomme
pas, mon confrère, et pour cause) faites
moi donc l'honneur de m'inscrire, à
côté de mon cher et vaillant ami
Kœchlin-Schwarz, sur votre liste des
étrangers !
40
Une dépêche télégraphique nous apprend
que M. Antonin Lefèvre-Pontalis, écon-
dui+ par les électeurs d'Avesnese est revenu
au lancer.
Il se porte à Gonesse
Pour être député.
(Cela se chante sur un air de Nadaud,
dans les réunions privées). Combien de
voix notre Antonin obtiendra-t-il dans son
ancien département ? Tous sus électeurs
ont juré qu'on ne les y reprendrait plus.
Nous comprenons à la rigueur qu'un non-
nête homme déjeune des restes de ion dî-
ner de la veille, quand même son dîner lui
a paru mauvais. Mais manger la desserte
du voiiin ! se bourrer des rebuts de l'ar-
rondissement d'Avesnes ! C'est un régime
auquel les électeurs de Seine-et-Oise, peu-
ple aisé, peuple digne et fier autant que
laborieux, ne se condamneront jamais.
<♦-
Toujours M. Buffet ! Il est dans tout,
il est partout; on se lasse à le suivre.
Nous venons de le quitter à Mirecourt,
nous le retrouvons à Commercy; ou
plutôt nous y rencontrons les gardes
champêtres et appariteurs des mairies
en train de distribuer des bulletins de
vote au nom du candidat cher aux bo-
napartistes. L'article 3 de la loi élec-
torale du 30 novembre - 1875 - dispose
pourtant en termes formels qu'il est in-
terdit à tout agent de l'autorité publi-
que ou municipale de distribuer ,1#-
bulletins de vote, pro~ , r~
Gircu~i~~ - _,,,,lons de foi et
circulaire utis candidats. Et nous ne
voyons nulle part qu'il soit fait excep-
tion pour M. f le vice-préident du coa-
seil.
!lest vrai qu'à cette époque-là on
ne se doutait guère que M. Buffet serait
blackboulé par ses collègues de l'As-
semblée, puis par ses compatriotes vos-
giens aux élections sénatoriales, et
qu'il serait obligé de promener sa can-
didature de l'est à l'ouest et du nord au
midi, promettant une récompense hon-
nête à la circonscription qui aurait
pitié de ses malheurs.
On sait que le concurrent républi-
cain de M. Buffet dans l'arrondisse-
ment de Commercy est le docteur
Henry Liouville; il paraît que ces jours
derniers, comme il se rendait à Vau-
couleurs, il vit arriver sur la place
deux charrettes remplies de sangliers,
qui furent immédiatement découpés
par quartiers et distribués à tout ve-
nant, sur la simple promesse de voter
pour l'illustre M. Buffet.
Renseignements pris, on sut que
l'auteur de ces largesses était M. Bou-
vié, conseiller général, un des plus
zélés patrons de la candidature ministé-
rielle. De plus fort en plus fort, comme
on voit. Sous l'empire on avait eu le
veau Calvet-Rogniat ; sous la vice-pré-
sidence de M. Buffet on a le sanglier
Bouvié.
Il est grand temps que la période élec-
toraieee termine, car il na reste déjà
plus grand chose de M. Buffet, et si
cela devait continuer encore, il n'en res-
terait bientôt plus rien.
E. S.
Le Bulletin français, journal officiel du
soir, juge à propos de reproduire la pro-
clamation que M. le président de la Répu-
blique adresgait au peuple français, il y a
six semaines. Il y ajoute les réflexions sui-
vantes :
A cet éloquent appel, les électeurs sénato-
riaux ont déjà répouda en créant un Sénat
qui sera, on peut l'affirmer, un défenseur ré-
solu de « la politique conservatrice et vrai-
ment libérale. »
C'est maintenant au suffrage universel à
compléter l'œuvre, en composant une Cham-
bre législative disposée à appliquer les ins-
titutions du 25 février à la défense de cas
droits et de ces intérêts qui survivent à tous
les régimes.
Tel doit, être le but et tel sera, nous l'es-
pérons, le résultat de la journée de di-
manche.
Comme la feuille officielle, nous ne dou-
tons pas que les élections de demain ne
soient meilleures encore que celles du 30.
Les électeurs voudront certainement ban-
nir de la Chambre des députés les hommes
des anciens partis ligués contre la consti-
tution. L'expérience du passé leur a dé-
montré la nécessité de n'admettre dans les
Assemblées futures ni les candidats mo-
narchistes, ni les candidats impérialistes,
noa plus que le dangereux allié de ces deux
sortes de candidats, M. Buffet, ministre
de l'intérieur et vice-président du conseil.
————————— ————-————
Un dissentiment politique, né et
grandi rapidement au cours de la pé-
riode électorale, privera désormais nos
lecteurs des Causeries hebdomadaires
de M. Viollet-le-Duc. Ce n'est pas sans
un profond regret que nous disons adieu
à un homme éminent qui fut, durant
plus de deux ans, notre collaborateur
très-sympathique et très-désintéressé ;
mais M. Viollet-le Duc est allé lui-même
au-devant des objections que pouvait
soulever sa présence dans un journal
respectueusement dévoué à la personne
de M. Thiers.
LA RÉDACTION.
La Liberté reproduit une lettre adres-
sée par M. Raoul Duval au Petit Mo-
niteur. M. Raoul Duval y proteste
contre certaines citations de ses anciens
discours, où ses opinions auraient été
dénaturées. Nous n'avons pas lu les ex-
traits du Petit Moniteur; mais nous en
pourrions donner d'autres, contre les-
quels nous serions surpris que le can-
didat de l'appel au peuple protestât. On
devait produire ces extraits dans une
des deux réunions publiques vOÙ il a
paru. Mais le président du Comité na-
tional conservateur a clos brusquement
la première, au moment précis où la
discussion s'engageait sur un point in-
téressant; et il n'a pas mis moins d'em-
pressement à écourter la seeonde, sans
doute parce que l'attitude des électeurs,
il faut bien le dire, n'offrait au Comité
national conservateur rien d'encoura-
geant. Il en est résulté, dans les infor-
mations électorales, une lacune que le
candidat de l'appel au peuple nous per-
mettra de combler.
M. Raoul Duval a accepté d'être por-
té par un comité qui a posé sa candi-
dature : 1° comme une protestation en
faveur de l'empire ; 2° comme une re-
vendication des droits de la souverai-
neté nationale, qui, sur la constitution
du gouvernement, devrait être directe-
ment consultée.
Il nous semble, à nous qui connais-
sons les anciens discours de M. Raoul
puval, que, dans ces conditions, il de-
vait refuser le patronage de son co-
mité.
Lorsque son comité le présentait
comme un candidat de protestation impé-
rialiste, M. Raoul Duv^ devait s'écrier :
Pardon! je na puis soutenir un parti
qu,B "-«' écl
que déclaré iustement condamné.
je disais, en effet, à l'Assemblée, dans
mon discours du 29 juillet 1872 :
L'Assemblée, quand elle a été nommée,
avait, en face d'elle, deux ordres de' justi-
ciabics. deux orJros de prévenus politiques :
ceux qui avaient commencé la guerre folle-
mont, sans préparation, les hommes de l'em-
pire, — l'Assemblée a fait justice de leurs actes;
et ceux qui l'ont continuée, etc.
Lorsque son comité criait bien haut,
dans la réunion des Folies-Marigny,
que l'Assemblée de 1871 n'avait voté
la déchéance de l'empire que par sur-
prise, et qu'elle n'avait pas été, d'ail-
leurs, librement élue, M. Raoul Duval
devait interrompre : Pardon ! je ne
puis admettre ces explications histori-
ques, ayant soutenu tout le contraire
dans mon discours du 14 décembre 1872,
où je disais :
On vous a dit, messieurs, que l'Assemblée
actuelle avait été élue dans des conditions
telles que c'était une surprise pour le pays ;
qu'elle l'avait été par un nombre de voix in-
finiment restreint. C'est absolument contraire
à la vérité. Nous avions eu malheureusement un
long temps pour réfléchir entre le moment où La
France avait commencé à être envahie, et le mo-
ment où elle a pu se ressaisir et prendre pos-
session d'elle-même ; nous avons eu le loisir ;de
réfléchir sur les faits et gestes du gouverne-
ment qui nous laissait dans la situation où
nous nous sommes trouvés. Ainsi, dans tou-
tes nos consciences, dans la conscience de la
France, le jugement a été parfaitement porté
et il a été à peu près unanime.
On a prétendu que, dans une bonne 'P'drUe
de la France, on n'avait pas eu lit liberté des
élections. Je ne suis pas des éln's de février.
Je suis donc bien à mon aise pour rendre
hommage au senfiment public qui a dicté les pre-
mières élections, et c'est pour cela que je tiens
à rendre hommage à cette liberté dont nous,
avons joui.
Lorsque son comité protestait, au
nom du droit plébiscitaire, contre le
droit constituant de l'Assemblée, M.
Raoul Duval devait, à son tour, pro-
tester : N'ai-je pas constaté, n'ai-je pas
défendu ce droit, dans le même dis-
cours du 14 décembre 1872, où l'on peut
lire :
Vous avez entendu dire ici que le mandat
qui vous a été confié était limité. C'était, au
contraire, le mandat le plus illimité que jamais
corps politique ait reçu. Il était si pen limité
que, sur les affiches et sur les bulletins élee-,
toraux de nos adversaires, il était dit : Elec-
tions à l'Assemblée constituante.
Lorsque son comité, toujours au nom
de la théorie plébiscitaire, opposait aux
droits des Assemblées les droits de la
nation, M. Raoul Duvaldevait emprun-
ter encore à Mirabeau une dénégation
superbe, comme il l'avait fait dans ce
mémorable discours du 14 décembre
1872, où il s'écriait :
c Je n *. puis ma défendre d'une indignation
« profonde lorsque j'entends de malveillants
« rhéteurs opposer la nation à l'Assemblée natio
a nale et s'efforcer de susciter contre elle une
« sorte de rivalité, comme si ce n'était pas par
« l'Assemblée que la nation a connu, recou-
« vré, reconquis ses droits et rétabli sa li-
« berté. » Ces paroles ne sont pas miennes,
mais colles de Mirabeau. C'est ainsi qu'il par-
lait, tonnant contre ceux qui, de son temps,
faisaient le jeu que je combats, cherchant à
ébranlér l'autorité de l'Assemblée, etc..
Enfin, lorsque son comité ne crai-
gnait point d'exciter les électeurs à la
haine du gouvernement républicain,
M. Raoul Duval devait le rappeler au
patriotisme avec les mêmes accents in-
dignés qu'il trouva, dans l'Assemblée
nationale, le 30 novembre 1872 :
Il n'y a aujourd'hui dans le pays qu'un gou-
vernement légal : c'est celui sous lequel nous
existons ! Depuis le vote d'hier, il n'y a plus,
— ce serait un crime qu'il en restât! — et il
ne peut plus y avoir dans cette Assemblée
ni légitimistes, ni orléanistes, ni impérialistes!
Pourquoi faut-il que ce soit nous qui
rappelions aujourd'hui à M. Raoul Du-
val tant de passages éloquents de ses
œuvres parlementaires? On invite les
électeurs impérialistes à saluer en lui le
champion de tout ce qu'il a combattu
naguère. Les susdits électeurs verront
si M. Duval leur convient toujours;
c'est leur affaire. Quant à nous, simples
spectateurs, nous ne désespérons pas
de voir M. Raoul Duval, lors des élec
tions prochaines, candidat de l'orléanis-
me ou de la légitimité.
EUG. LIÉBERT.
—
Ce qu'il y a d'attristant dans la grande
entreprise électorale que le gouvernement
poursuit, ce iiont les moyes qre nous lui
voyons employer: ce qu'il y a de conso-
lant, c'est que l'emploi même de tels moyens
trahit de bien vives appréhensions et de
bien grandes terreurs. Ces angoisses së' re-
flètent aujourd'hui dans un arljde du
Constitutionnel qui C);t d'une solennité à
faire pouffer et d'une tristesse à dérider
les hypocondriaques. Il n'y a qu'un cri
4ans tout cet article, un cri d'angoisse,
qui retentit, funèbre, de ligne eu ligne et
de paragraphe en paragraphe : « Nos pré-
fets ! Nous ne sommei pas sûrs de nos pré-
"tsr Mon Dieu! que ces préfets sent donc
.eu Ür81 Nous ne pouvons répondra d6
rien avec de tels préfets ! »
C'est le propre du Constitutionnel de
ne voir au monde que des préfets. Depuis
f empire, il n'a pas varié là-dessus. Pour
lui qu'est-ce que la nation? Une collection
de preiets avec des départements alentour.
Le suffrage universelPFféfeta. Lei élections
Œénéralea Grand mouvement de nrAfata
sur la. surface du territoire. Les Assem-
blées délibéeantes? Expression sç^rème
des idées et sensations des prêetj.
Or, aujourd'hui, appl.iqu&.J, son système
traditionnel, le Constitutionnel, placé en
présence du suffrages universel, porte na-
turellensent ses yetrx sur les préfets. Il lor-
gne les préfets, mesure les préfeti, sou-
pèse les Pr et le résultat de son en-
quête est que les nréfets sont tout-à fait
douteux et infiniment inquiétants. Or,
on reconnaîtra, j'espère, que le Constitu-
tionnel, ayant fait des préfets l'étude et le
souci de sa vie, doit se connaître en pré-
fets.
Lorsqu'il dit : « Mauvais préfet ! « tout au-
tre serait mal venu à chicaner là-dessus.,
La tristesse du Constitutionnel est dont
chose éminemment rassurante, symptôme
heureux, agréable présage que nous na
pouvions nous dispenser de relever avec uni
soin jaloux. Et quand nous voyons le jour*
Bal des préfets s'écrier en manière de con-
clusion : Dieu protège la France ! » cette
formule aussi neuve que désolée nous sem-
ble éclairer la situation d'une vive lumière,
et nous la reprenons avê-c empressement,
en la considérant non plus comme un sou-
hait, mais comme une affirmation pleine
d'heureuses promesses. Oh ! oui ! Dieu pro-
tège la France, puisqu'après les travaux
d'Hercule exécutés sur la matière préfec-
torale par MM. de Broglie et Buffet, )e
journal le plus expert en fait de préfecture»
en est à desespérer de son personnel et à
s'écrier : L'opinion publique èJ1 préfets
est hésitante, et le suffrage ^jaivenel des
préfectures nous trahit.
F.
En tête de Y Abeille franc-comtoise,
journal oonapartiste de Besançon, figure
A avertissement que voici :
UN ACTE DE JUSTICE
On .lit dans le Journal des Pyrénées-Orien
taies :
M. le ministre de l'intérieur vient d'infli-
ger à un de ses agents une peine bien méri-
tée.
M. de Montazet, sous-préfet de Saint-Girons
(Arige), s'était obstiné, pendant tout le cours -
de la campagne des élections sénatoriales,
à combattre avec un acharnement inouï
la candidature impérialiste de M. le ba-
ron de Saint-Paul, violant ainsi la neu-
tralité que le gouvernement avait résolu
d'observer au sujet de cette candidature
éminemment conservatrice.
Or, l'Ariégeois, que nous recevons à l'ins-
tant, nous apprend que M. de Montazet vient
d'être suspendu de ses fonctions et appelé, à
Paris.
Avis aux électeurs.
Un sous-préfet destitué pour avoir com
battu une candidature impérialiste !
Au fait, M. Buffet est porté par le comité
national conservateur dans quatre collèges?
+
LES PRÉSÉANCES
C'est Napoléon, je parle du premier,
du grand, qui, par un décret en date du
5 juillet 1804 (on disait en ce temps-là:
24 messidor an XII), régla les rangs,
préséances et honneurs des autorités
civiles, militaires et religieuses, dans
les cérémonies publiques et dans les -
réceptions officielles. Ce décret avait
traversé, sans être atteint en aucune de
ses dispositions, toutes les révolutions
que nous avons subies depuis lors. Il
vient d'être modifié, en quelques-unes
de ses parties, par un décret rendu le
28 décembre 1875 et qui a été inséré au
Journal officiel du 7 janvier.
Personne n'y avait fait grande atten-
tion : car ce sont là des objets qui ne -
frappent guère que les intéressés, et
dont le public ne se préoccupe que mé-
diocrement. Aussi le décret a-t-il été
inséré dans les journaux, à la place où
l'on met d'ordinaire les actea officiels
,
et n'a-t-il provoqué aucune réclamation
On ne se doutait guère que l'esprit
de réaction cléricale qui souffle en ce
moment sur notre pays avait trouvé •
jour à s'exercer sur ce point, comme sur
tous les autres, et que ce décret, qui
affectait des allures si anodines était
une victoire du clergé et marquait un
de ses nouveaux empiétements.
Le décret de Napoléon comprenait
trois groupes.
Au premier groupe, qui comprend les
situations dites hors ligne, cardillaux
ministres, maréchaux et amiraux con
seillers d'Etat en mission, grnd-offi-
ciers de la Légion d'honD.eur, il n'a
rien été changé.
Mais voyons le second groupe.
Napoléon avait voulu que l'armée tînt
le premier rang. Il pensait que des hom-
mes qui n'eût conquis leurs grades
qu'en risquant dix fois leur vie sur les
champs de bataille, sans autre récom-
pense que l'honneur d'avoir servi la pa-
trie, méritent bien que cet honneur ne
leur soit pas refusé. Il avait donc as-
signé la première place aux généraux
de division commandant un groupe de
subdivision, et il avait relégué derrière
eux les archevêques.
Il faut croire que cette humble place
offusquait les hommes de Dieu ; car le
gouvernement de M. Buffet a renversé
cette hiérarchie : aujourd'hui les arche-
vêques doivent avoir le pa.s sur les gé-
néraux de division.
Cette réforme sç reproduit dans le
troisième groupe..
Au temps de, Kapoléon 1er, les géné-
raux de brigade commandant un dé-
partemep. passaient avant les évêques.
La République vient de donner aux
évêtues le droit de préséance sur les
généraux de brigade. - - -- ---
Je contais dans un de mes derniers
articles cette légende célèbre de la Bi-
ble, où Moïse nous est montré levant
les mains au ciel, tandis que les Israéli-
tes se battaient contre je ne sais quelle
méchante peuplade des environs. Tou-
tes les fois que Moïse, laissant tomber
ses bras de fatigue, cessait de prier, les
Israélites lâchaient pied et perdaient da
: terrain; aussitôt qu'il les avait haus- -.
sés, la victoire revenait aux Hébreux.
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