Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1876-02-03
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 03 février 1876 03 février 1876
Description : 1876/02/03 (A6,N1518). 1876/02/03 (A6,N1518).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75574380
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/03/2013
Sixième Année — Ne 1518
Prix du Numéro à Paris : 15 Centimeg — Départements : 20 Centimes
Jeudi 3 Février ÎSTC
E Il*
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
àr- RÉDACTION
-. S'adresser au Secrétaire de la Rédaction-
de 2 heures à minuit -
t, {) 58, rue de LafayeUe, 53
• - { Les lettres non affranchies serotti refusées
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois 13 fr.
Six mois. 25
Un an. 50
DEPARTEMENTS
Trois mois. 16 Cr.
Six mois. 32 >"
Un an .;.;.;;.. 6~-~
';-
Annonces, chez MM. LAGRANGE, CERF/i
U, place de la Bourse, 6
Rédacteur en chef-Gérant : E. ABOOT
ADMINISTRATION
Adresser lettres et mandats à YAdministratm
63, rue de LataTe.te. 58
Les manuscrits non Insérés ne seront pas rendus -
, ABONNEMENTS 1 :
PARIS
Trui3 mois..; 13 fr.
Pix mois ;.iii i, 25
l:n an. 50
DÉPARTEMENTS
Trois mois.;.4.* 16 flr.
Six mois 32
Un an 62 -
Annonces, chez MM, LAGRANGE, CERF et Cu
6, place de la Bourse, 8
Jtnp. A. CHAIX ET Cie, rue Bergère, JO, à Paris 1
BULLETIN
Paris, 2 février 1876.
Les partis ne s'endorment ni sur leurs
"victoires ni sur leurs déceptions, et de tous
côtés surgissent les candidatures à la Cham-
bre des députés. Tout le monde sent qu'il
y a là l'occasion ou de compléter le succès
et de lui donner sa signification définitive,
ou de prendre une revanche qui ferait re-
gagner le terrain perdu. A vrai dire,
personne ne doute que les républicains ne
se retrouvent, en présence du suffrage uni-
versel, sur leur véritable terrain, et tout
fait prévoir que la constitution de 1875
comptera dans chaque fraction du parle-
ment français une majorité imposante, fer-
mement résolue à en maintenir énergique-
ment le principe. Ce qu'il faut, pour assu-
rer ce résultat, c'est un dernier effort qui
a commencé dès avant le 30 janvier à se
dessiner, qui s'accentue aujourd'hui sous
nos yeux, qui, tout lé fait prévoir, sera
proportionné à la grandeur de la cause et
à l'importance du but.
Ce n'est pas sans plaisir que nous pou-
vons enfin apprendre à nos lecteurs que la
note Andrassy est arrivée à sa destination.
Hier lundi, les ambassadeurs des trois
empires l'ont présentée au sultan, et les
ambassadeurs des autres puissances l'ont
appuyée, en ce sens qu'ils ont déclaré
qu'elle n'avait rien de contraire au traité
de Paris. On remarquera le caractère néga-
tif, réservé tout au moins, de l'appui donné
à la note par les représentants des puis-
sances occidentales. Cette nuance traduit
très-exactement l'attitude de ces puissan-
ces au cours des négociations. Il sem-
ble qu'il y ait eu depuis deux mois, chez la
Russie et l'Autriche, un très-vif désir d'in-
tervenir, chez la Prusse une condescen-
dance sympathique au désir des deux au-
tres empires, chez l'Angleterre une cer-
taine hésitation, de notre part enfin une
réserve qui convient à la nouvelle situa-
tion que les événements nous ont faite
dans le concert européen.
Le Reichstag prussien discute les ques-
tions que soulève la loi sur le mariage
civil.
———————— +. :
Les électeurs n'ont plus que trois jours
pour réclamer leur inscription sur les listes
électorales.
Il ne faut pas oublier que la vérification
des listes ne doit pas être négligée par
ceux mêmes qui se croient le plus à l'abri
de la radiation ; qu'il y a toute une catégo-
rie d'électeurs qui ne peuvent être inscrits
que sur leur demande, et qu'il est essen-
tiel pour tous, sans exception, de vérifier
si leur inscription existe bien sur les deux
listes, sur la liste des électeurs politiques
et sur la liste des électeurs municipaux.
Nous rappelons que les réclamations qui
ne seraient pas accueillies par la munici-
palité doivent être portées immédiatement
devant le juge de paix.
♦ —
Venons maintenant aux élections lé-
gislatives i
Avant tout, il importe de se bien
pénétrer de cette vérité, que la valeur:
définitive des résultats obtenus aux
élections du 30 janvier dépendra en
grande partie des résultats de l'élec-
tion du 20 février. Dès aujourd'hui, le
Sénat est en possession d'une majorité
républicaine de quelques voix. Que faut-
il pour que cette majorité s'augmente
immédiatement de tous les indécis, de
tous les flottants, de tous ceux qui tien-
nent encore par un fil, si menu qu'il
soit, à leurs anciennes attaches? Que
faut-il en un mot pour les résoudre à
brûler leurs vaisseaux ? La certitude
que la France en a bien fini avec les
expériences monarchiques de toute na-
ture. Le jour où le suffrage universel,
en dépit de toutes les intrigues aux-
quelles il est en butte, insensible aux
promesses comme aux menaces d'une
administration hostile au régime qu'elle
devrait servir, se sera résolûment pro-
noncé pour la République, ce jour-là
nous gagnerons quinze voix au Sénat.
C'est à une condition, toutefois. Et
faut que les élections législatives té-
moignent, de la part du suffrage direct,
d'autant de sagesse et d'esprit de con-
ciliation que le suffrage à deux degrés.
Point d'exclusions, ni dans un sens, ni
dans l'autre. Il est bon, il est juste, et
même indispensable, à certain point de
vue, que toutes les opinions soient re-
présentées, pour qu'elles aient toutes
une tribune, d'où elles puissent faire
tomber, sur leurs obscurs blasphéma-
teurs, les torrents de lumière qu'elles
pensent contenir. Mais les électeurs du
second degré ont indiqué très-sagement
la mesure qu'il convient de garder, et
nous sommes assurés que les électeurs
du premier degré sauront s'inspirer de
cet exemple.
Il faut se garder non moins soigneu-
sement de tomber dans l'excès contraire
et de tomber dans les nuances trop
pâles pour éviter les couleurs trop
foncées. C'est là-dessus que la réaction
fonde ses espérances, et le Français
en faisait hier l'aveu sans s'en douter,
à propos des élections du 30 janvier.
Elles ne sont ni bonnes ni mauvaises,
disait-il, puisque l'on pourrait aussi
bien trouver dans le Sénat les éléments
d'une majorité du 24 mai et d'une ma-
jorité du 25 février..
L'appréciation est fausse, et le Fran-
çais a pris son désir pour la réalité;
mais de ce qu'il aurait souhaité pour
le Sénat, on peut aisément conclure
à ce qu'il souhaite pour la Chambre
des députés. Il sait bien que ce serait
folie de demander une Assemblée mo-
narchique comme celle que la France
nomma en un jour de malheur au mois
de février 1871; et toute son ambition
se hausse à demander que les préfets
à poigne et autres agents de M. Buffét
réussissent à faire nommer une Cham-
bre à peu près taillée sur le patron de
la défunte. Contenait-elle une majorité
monarchique sur la fin de ses jours?
Evidemment non. Mais est-on bien sûr
qu'elle eût, en toute occasion et à toute
époque, fourni une majorité républi-
caine?
Somme toute, l'ancienne Assemblée
n'a jamais eu de majorité réelle, cer-
taine, que pour la réaction. Et voilà
pourquoi elle méritait, aux yeux du
Français et de ses patrons, l'épithète
de conservatrice. Qu'on leur renvoie
une seconde édition de cette Assem-
blée et ils se déclareront satisfaits.
Nous croyons même qu'ils le seraient
à moins ; mais c'est là que tendent
leurs efforts, et ils espèrent y arriver
en donnant pour mot d'ordre à leurs can-
didats de se présenter comme des cons-
titutionnels. Le piége est bien visible
pour les gens habitués aux honnêtes
procédés de la politique conservatrice;
mais c'est le petit nombre. La masse
électorale a besoin d'être mise en garde
contre les habiletés de langage et les
supercheries oratoires des candidats
moitié renards, moitié loups, qui vont
solliciter sa confiance. Il ne suffit pas
de se dire constitutionnel; s'il s'agit
d'un député sortant, le moins qu'on lui
puisse demander, c'est d'avoir voté cette
constitution dont il se déclare partisan,
et de prendre l'engagement de ne point
la détruire sous prétexte de la réviser.
S'il s'agit d'un homme nouveau, en-
core faut-il que son adhésion soit assez
nette, assez franche, assez dégagée de
toute équivoque, pour ne point laisser
place au moindre doute sur sa sincérité.
En un mot nous croyons que si l'on
veut assurer l'avenir, il faut préférer
invariablement, pour la seconde Cham-
bre, des républicains et des constitu-
tionnels. Et si nous faisons une diffé-
rence- entre ces deux termes, qui de-
vraient être synonymes, c'est que tous
les républicains sont constitutionnels,
mais que tous les constitutionnels ne
sont pas républicains. Combien parmi
eux ont conservé des regrets et même
des espérances! Est-ce sur eux, en
bonne conscience, qu'il faut compter
pour maintenir la République et pour la
défendre au besoin ?
Pour assurer l'avenir, il faut une
seconde Chambre où les majorités du
24 mai soient impossibles ; et ce résul-
tat ne peut être atteint qu'à la condi-
tion de constituer une majorité com-
pacte de républicains aussi modérés que
l'on voudra, mais dont la fermeté égiale
la modération. Vainement on essaiera
encore de jouer du péril social, vaine-
ment le comité Changarnier fera appel
aux conservateurs qui veulent préser-
ver la France de « la tyrannie du radi-
calisme. » Cet argument, dont on a tant
usé et abusé, les conservateurs vien-
nent de le détruire eux-mêmes, en re-
connaissant que le Sénat, pour républi-
cain qu'il fût, était composé en majo-
rité d'éléments conservateurs. Que feint-
on de craindre, désormais ? Religion,
famille, propriété, tout cela n'est-il pas
à l'abri des atteintes du « radicalisme, »
puisque tout cela est placé sous la sau-
vegarde du Sénat ? Que peut la seconde
Chambre sans la première ? Et puisque
la première vous donne toute garantie,
que redoutez-vous de la seconde ?
On veut, en cas de besoin, trouver
dane la Chambre des députés une ma-
jorité du 24 mai. Voilà le grand secret
de toutes ces terreurs simulées ; voilà
l'explication de ces spectres rouges
dont les conservateurs vont faire une
nouvelle emplette à l'occasion de la
lutte électorale qui commence ; voilà
pourquoi ils conseilleront au suffrage
universel d'accorder de confiance ses
suffrages aux candidats qui se diront
constitutionnels. Mais voilà aussi pour-
quoi le suffrage universel donnera la
préférence à des républicains.
E. SCHNERB.
— ♦
Voici le nouveau manifeste du comité
central conservateur :
COMITÉ CENTRAL
DE L'UNION CONSERVATRICE DE FRANCE
Rue Neuve Saint-Augustin, 8.
«. Nous sommes trop sincères pour nous dire
absolument satisfaits des élections sénato-
riales.
Une nouvelle et grande lutte va s'ouvrir.
Conservateurs, qui, en dehors de tovt esprit de
parti, voulez préserver la France de la tyran-
nie du radicalisme, étudiez l'état moral de
l'arrondissement où vous allez exercer vos
droits. Sachez, si cela est nécessaire, sacri-
fier vos préférences à l'union entre les hom-
mes siocère ment attachés aux principes per-
malients : la religion, la famille, la propriété,
; dont la société ne pourrait s'éloigner sans
périr. :
Si vous êtes, tout à la fois, fermes et con-
ciliants, veus préparerez à ves familles un
avenir moins difficile que le temps présent !
Le Bureau du Comité central de
l'Union conservatrice :
MM. le général CHANGARNIER, président ;
LOYVET, député, ancien président du tri-
bunal de commerce; DAGUIN, anciea
président du tribunal de commerce,
vice-présidents.
TIBURCE FERRY, ancien juge au tribunal
de commerce; le marquis DE POMME-
REUX, propriétaire; FOUCHER, ancien
juge au tribunal de commerce; JOUAN-
NIN, architecte; NIQUET, avocat à la
cour d'appel de Paris, secrétaires.
—————— ——————
Une réunion composée de députés,
de conseillers généraux, de conseillers
d'arrondissement, de délégués des com-
munes et de délégués des comités élec-
toraux, après avoir entendu les candi-
dats, a désigné à l'unanimité M. Lan-
glois, député sortant de la Seine, com-
me candidat républicain à la députa-
tion pour la 2e circonscription de l'ar-
rondissement de Pontoise.
—
DEUX CARTES DE FRANCE
Paris, le lflr février 1876.
Au rédacteur.
Il est beaucoup question en ce moment,
à propos des élections prochaines, d'un pro-
gramme qui imposerait aux candidats ré-
publicains l'engagement de voter pour l'in-
struction primaire gratuite, obligatoire, et
l'on ajoute à juste titre : laïque. Au nombre
des mille et une raisons qui militent en
faveur de cette mesure chère aux républi-
cains de toute nuance, j'en ai trouvé une
qui résulte du tableau des élections sénato-
riales du 30 janvier ; je vous demande la
permission de la soumettre à vos nom-
breux lecteurs.
Vous ne pouvez avoir oublié qu'en 1867,
M. V. Daruy, ministre de l'instruction pu-
blique, fit publier une carte fort curieuse
de la France, étudiée au. point de vue de
la diffusion de l'instruction dans les 89 dé-
partements. <
Les départements les plus instruits sont
teintés en blanc, les plus ignorants en noir
les moyens en gris. Bien que neuf à dix
années se soient écoulées depuis cette épo-
que, je ne crois pas que les proportions
soient gravement altérées, et l'idée m'est
Tenue de comparer le résultat des élec-
tions sénatoriales avec le degré d'instruc-
tion de chaque département. J'ai donc
choisi les 30 départements les plus éclairés
et les 30 départements les plus ignorants,
et c'est ce tableau que je vous adresse avec
prière de le publier pour la plus grande
édification des républicains et des réac-
tionnaires de toute sorte.
J'ai dû ne plus compter les trois nobles
et généreux départements du Bal-Rhin
n° 1, de la Moselle n° 7, du Haut-Rhin n° 8,
que nous possédions en 1867, qui tenaient
la tête de la liste et qui ont prouvé, lors
des élections du 8 février 1871, que tout
développement de l'instruction correspond
au progrès des opinions républicaines. Hé-
lait ! ils sont à cette heure séparés de
cette République dont ils auraient été le
plus bel ornement 1
VOTE DES 30 DÉPARTEMENTS LES PLUS
INSTRUITS DE LA FRANCE
le 30 janvier 1876
N03
1. — Meuse. — Election constitution-
nelle.
2. — Vosges. — Election constitutionnelle
et républicaine. -,
3. - Meurthe-et-Moselle. — Election
constitutionnelle et républicaine.
4. — Haute-Marne. - Election constitu-
tionnelle et républicaine.
PQpb»..— Election.constitutionnelle
et républicaine.
6. - Jura. — Election constitutionnelle
et républicaine.
7. — Côte-d'Or. — Election constitution-
nelle et républicaine.
8. — Ardennes. - Election constitution-
nelle et républicaine.
9. — Seine. Election constitutionnelle et
républicaine.
10. - Manche. — Election réactionnaire,
bonapartiste et orléaniste.
11. — Marne. — Election constitutionnelle
: semi-républicaine.
12. — Haute-Saône. — Election constitu-
tionnelle semi-républicaine.
13. — Aube. — Election constitutionnelle
et républicaine.
14. — Seine-et-Oise. — Election constitu-
tionnelle et républicaine.
15. — Calvados. - Election constitution-
nelle — 1 républicain sur 3.
16. — Seine-et-Marne.— Election consti-
tutionnelle et républicaine.
117. — Oise. — Election constitutionnelle
et républicaine.
18. Orne. — Election réactionnaire orléa-
niste — 1 constitutionnel sur 3.
19. — Rhône. — Election constitution-
nelle et républicaine.
20. — Hautes Alpes. — Election constitu-
tionnelle semi-républicaine.
21. — Eure-et-Loir. — Election constitu-
tionnelle et républicaine.
22. — Yonne. — Election constitution-
nelle et républicaine.
23. — Eure. — Election réactionnaire, bo-
napartiste et orléaniste.
24.- — Aisne. — Election constitutionnelle
et républicaine.
25. — Somme. — Election bigarrée. — 2
réactionnaires, 1 républicain.
26. - Savoie. — Election réactionnaire,
légitimiste et cléricale.
27. — Itère. —Election constitutionnelle
et républicaine.
28. — Ain. — Election constitutionnelle
et républicaine.
29. — Haute Savoie. — Election constitu-
tionnelle et républicaine.
30. — Seine-Inférieure. — Election réac-
tionnaire, bonapartiste et orléaniste.
Donc, dans les trente départements les
plus éclairés de la Franco, il y en a eu
dix-neuf où les élections sénaLorialed ont
été absolument constitutionnelles et répu-
blicaines.
Dans l'un, le Calvados, l'élection est
constitutionnelle : un républicain est
nommé sur 3.
Dans un autre, la Somme, un républi-
cain passe, mais avec deux réaction-
naires.
Dans la Marne, la Haute-Saêne, les Hau-
tes-Alpes, l'élection est constitutionnelle
et les républicains ont un demi-succès.
Dans la Meuse, l'élection est simplement
constitutionnelle.
Eafin, il n'y a que cinq départements où
les élections soient absolument réaction-
naires : la Manche, l'Orne, l'Euse, la Sa-
voie, la Seine Inférieure, et encore, dans
l'Orne, il y a un constitutionnel ; dans la
Savoie, les républicains n'ont été battus
que par dix voix (206 contre 196), et l'on
annonce une vigoureuse protestation.
VOTE DES 30 DÉPARTEMENTS LES
PLUS IGNORANTS DE LA FRANCE, LE 30
JANVIER 1876.
86. — Haute-Vienne. — Election semi-
constitutionnelle.
85. — Finistère. — Election réactionnaire
légitimiste.
84. — Morbihan. - Election réactionnaire
légitimiste.
83. - CÔtes du Nord. — Election réaction-
naire, légitimiste et bonapartiste,
82. — Allier. — Election réactionnaire,
légitimiste et bonapartiste.
81. — Indre. — Election réactionnaire,
légitimiste et orléaniste.
80. —• Dordogne. - Etection réactionnaire,
légitimiste et bonapartiste.
79. — Corrèze. — Election réactionnaire
et bonapartiste.
78. — Cher. — Election réactionnaire, lé-
gitimiste et orléaniste.
77. — Landes. — Election réactionnaire,
légitimiste et bonapartiste.
76. — Pyrénées-Orientales. — Election
constitutionnelle et républicaine.
75. — Ariége. — Election constitution-
nelle et républicaine.
74. — Vendée. — Election réactionnaire,
légitimiste et orléaniste.
73. — Vienne. — Election réactionnaire,
légitimiste et bonapartiste.
72. —Tarn. — Election semi-républicaine;
un légitimiste passe.
71. — Corse. — Election réactionnaire et
bonapartiste.
70. — Lot. — Election réactionnaire, lé-
gitimiste et bonapartiste
69. — Nièvre. — Election réactionnaire,
légitimiste et bonapartiste.
68. — Charente. — Election réactionnaire,
légitimiste et bonapartiste.
67. — Alpes-Maritimes. — Election semi-
républicaine, semi-constitutionneilo.
66. — Tarn-et-Garonne. — Election réac-
tionnaire, légitimiste et bonapartiste.
65. — Creuse. — Election constitutionnelle
et républicaine.
64. — Loire-Inférieure. — Election réac-
tionnaire, légitimiste.
63. — Ille-et-Vilaine. — Election réaction-
naire, légitimiste et orléaniste.
62. — Ardéche. ;— Election semi-républi-
caine, semi-réactionnaire.
61. — Haute-Garonne. — Election réac-
tionnaire, 1 constitutionnel sur 3.
60. — Puy-de-Dôme. — Election bigarrée:
1 républicain, 1 orléaniste, 1 bonapar-
tiste.
59. — Deux-Sèvres. — Election réaction-
naire orléaniste.
58. — Aude. — Election réactionnaire or-
léaniste et bonapartiste.
57. — Gers. — Election réactionnaire or-
léaniste et bonapartiste.
Dans les trente départements les plus
ignorants, les républicains ne l'emportent
que dans les Pyrénées-Orientales, l'Ariége
et la Creuse.
Dans la Haute-Vienne, le Tarn, les Al-
pes-Maritimes, l'Ardèche, le Puy-de-Dôme,
ils font passer un candidat.
Dans ia Haute Garonne, un constitution-
nel passe, mais avec deux réactionnaires.
Dans les vingt-et-un autres départe-
ments, les réactionnaires triomphent sur
toute la ligne.
Et nunc erudimini l Etonnez-vous que
les républicains réclament à eor et à cri
l'instruction primaire, gratuite et obliga-
toire, et que les réactionnaires la repous-
sent. au nom de la liberté des pères de
famille I
Agréez, etc.
A. LASERVE,
Député à l'Assemblée nationale.
:
On annonce dans la canton de Neuilly
la candidature républicaine de M. le doc-
teur Bam berger, député de Meurthe-et-
Moselle.
, C'est M. Bamberger qui, à Bordeaux, a
provoqué le vote de déchéance. C'est lui
qui, par une obstination patriotique, a ob-
tenu que Bazaine fût mis en jugement.
Combien de candidats pourront faire valoir
de si beaux titre aux yeux des électeurs ?
— —-———————.
Nous avons entendu de bons républi-
cains s'étonner du petit nombre de suffrp
ges qui se sont réunis sur le nom si ho-
norable et si sympathique de M. Béclard.
Ce fait s'explique très-simplement, car M.
Béclard n'était plus candidat. Son nom
avait été remplacé sur la liste de la gau-
che modérée par celui de l'illustre colonel
Denfert-Rocheceau. Les électeurs sénato-
riaux qui ont porté leurs voix sur le nom
de M. Béclard ont donc agi par des motifs
de sympathie personnelle, et en dehors de
toute entente.
; -
L'Union républicaine se réunira aujour-
d, 'hui mercredi 2 février 1876 à deux heures,
en son local ordinaire, rue de la Sourdière,
31.
Les députés présents à Paris sont priés
de ne pas manquer d'assister à cette réu-
nion.
, Les électeurs sont informés qu'ils trou-
veront tous les jours, de 2 à à 4 heures,
tout les renseignements électoraux au
siège de l'Union républicaine, 31, rue de
Sourdière.
Le Times, dans son numéro d'hier, con-
sacre un article aux élections sénato-
riales.
Le journal de la Cité dit qu'il est impos-
sible de se méprendre sur la victoire rem-
portée par les républicains conservateurs :
ces élections prouvent, à son sens, que le
peuple français est décidé à tirer tout le
parti possible des institutions existantes ;
qu'il désire voir M. Buffet quitter le pou-
voir aussitôt que possible, car son respect
même pour le président de la République
ne peut l'amener à céder aux menaces que
le vice-président du conseil a cru devoir
prononcer au nom du maréchal.
Le Times félicite la France d'avoir su
éviter l'écueil d'envoyer au Sénat une ma-
jorité monarchiste, bonapartiste ou radi-
cale ; puis il ajoute :
«La condamnation de M.Buffetest aussi
un excellait signe.
» En dépit de ses bonnes intentions, M.
Buffet appartient à une école politique qui
a fait plus de mal à la France que ne lui
en ont jamais fait les radicaux eux-mêmes.
Le vice-président du conseil s'imagine
toujours qu'il existe une vaste conspira-
tion contre les intérêts essentiels de la so-
ciété, et que les républicains conservateurs
eux mêmes sont les instruments incons-
cients des meneurs de cette conspiration.
Il ne connait qu'un moyen pour se dé-
fendre, la répression. Alors qu'il était pré-
sident de l'Assemblée, c'est à peine s'il dai-
gnait montrer quelque impartialité. S'il
était soldat, cette combinaison de timidité
de despotisme et de bonnes intentions, qui
forme le fond de son caractère, le rendrait
.plus dangereux pour la France que le pire
des révolutionnaire*.
» Tout légiste qu'il est, il suit les traces
de M. Guizot, et s'il éprouvait quelques
appréhensions de plus, il serait sans doute
tenté de suivre celles de M. de Polignac.
Sa crainte aveugle du radicalisme le dis-
pose à accepter un autre empire plutôt
qu'une République gouvernée par des répu-
blicains. Il considère M. Rouher comme
beaucoup moins dangereux que M. Gam-
betta ou même que M. Thiers. Il faut bien
le dire, d'ailleurs, M. Rouher lui même
n'aurait pas pu choisir une politique plus
favorable à une restauration de l'empire
que celle qu'il a adoptée. En accumulant
les insultes sur la parti républicain, en
faisant pressentir que les républicains au-
raient à compter avec l'armée aussi bien
qu'avec la nation, il a essayé de gouver-
ner comme aurait pu le faire un M. de
Persigny dans les plus mauvais jours.
» Alors qu'il était le plus arrogant, M.
Guizot restait trop homme d'Etat pour en
appeler ainsi à la luiotj. Mais M. Buffet
n'a pas la même irfiuence morale que le
ministre de Louis-Philippe. Véhément plu-
tôt que puissant, il irrite sans effrayer,
et ses dénonciations contre le radicalisme
sont trop exagérées, pour convaincre qui
que ce soit. Les conservateurs semés sa
vent auÜ - bien que les libéraux qu'il
n'existe, contre la société, aucun de ces
complots dont M. Buffet aime à faire pa
rade dans chacun de se* discours. Ils sa-
vent que le parti révolutionnaire est le
plus insignifiant de tous les partis et que,
d'ailleurs, la répression qui a suivi la Com-
mune, l'a privé de toute vitalité.
» Ils savent aussi que le grand danger
ne peut consister dans un soulèvement des
masses, mais dans une restauration de
l'empire, et que ces appels répétés aux
amis de l'ordre ont toujours été les précur-
seurs de la venue d'un César. »
Le Times termine son article en disant :
« Nous espérons que M. Buffet laissera à
d'autres le soin de gouverner un pays qui
nè partage pas ses appréhensions et qui
condamne sa politique. >
Ce n'est pas sans raison que les feuil-
les bonapartistes se plaignent de l'in-
gratitude des journaux de la droite
modérée et du centre droit. L'Ordre
traite même le Français de cynique,
et, pour une fois, nous pencherions à
croire que Y Ordre ne va pas trop loin.
Il est mal, en effet, quand le scrutin du
30 est à peine refroidi, de couvrir d'in-
jures le parti dont on à recherché l'é-
treinte, quêté les voix et mendié l'ap-
pui. Les monarchistes ne devaient
point s'allier aux bonapartistes s'ils
les méprisent, et s'ils se sont alliés
avec eux, ils ne doivent pas affecter de
les mépriser.
Or, un simple coup d'oeil jeté sur le
scrutin du 30 suffit à démontrer que,
partout où les bonapartistes y ont con-
senti, les monarchistes de la droite mo-
dérée et du centre droit ont formé une
coalition avec eux. MM. Depeyre etCan-
robert ont été portés, dans le Lot, sur
une liste commune ; de même, MM. de
Ravignan et de Gavardie dans les Lan-
des; de même, dans l'Hérault, MM.
Pagézy et de Rodez-Bénavent.
Reviendrons-nous sur l'élection de
la Gironde ? On y a vu payer l'élection
d'un seul monarchiste par l'entrée au
Sénat de trois bonapartistes avérés. Le
préfet du département, M. Pascal, —
auteur de la célèbre circulaire qui causa
de si funestes remords à M. Beulé, - a
favorisé de tout son pouvoir celte com-,
binaison, s'il ne l'a cou eue lui-même ;
il en était digne. Après l'élection, le
premier soin des candidats officiels de
M. le préfet de la Gironde et des alliés
de M. de Pelleport-Burète a été de faire
à Bordeaux une manifestation aussi
coupable qu'insolente. M. Béhic a
exhorté le peuple à se rappeler « que
l'empire peut seul lui assurer l'ordre, la
stabilité, etc. » Et M. Raoul Duval père
a demandé qu'on lui permît « de se
joindre à son honorable ami, M. Béhic, >
dans l'expression de ces sentiments !
Voilà les hommes qui doivent à M.
de Pelleport-Burète, candidat de l'or-
léanisme, candidat de M. Pascal et du
Français, leur élection, et au concours
de qui, par réciprocité, M. de Pelleport
doit la sienne ! Dans l'Aude, c'est un
bonapartiste enragé, M. Peyrusse, dont
on a lu la provocante profession de foi,
qui s'efface pour assurer à M. Lambert
Sainte-Croix la victoire contre le eau-,,
didat républicain. Et le Français a
bien mauvais goût de railler la défaitè
de l'impérialiste Peyrusse, quand il sait
que ce sont ses voix qui ont fait élir*
M. Lambert Sainte-Croix au der-
nier tour. Dans le premier scru-
tin, M. Lambert obtenait 137 voix
et M. Peyrusse 112, — en tout 249 suf-
frages répartis sur l'un et sur l'autre.
Combien M. Lambert en a-t-il eu au
troisième tour ? 249, juste le total des
voix bonapartistes de M. Peyrusse
ajoutées aux siennes. Quelques jours
avant le scrutin, ces deux candidats
s'étaient pris aux cheveux ; mais,
l'heure du scrutin sonnée, où vit-on ja-
mais plus complète et plus intime afrJJ
liance? Si M. Lambert Saiûte-Creix est
entré au Sénat, c'est M. Peyrusse qui
lui en a ouvert la porte, qui l'y a con-
duit par la main.
Et l'Eure, que dirons-nous de l'Eure
et de ee mémorable second tour de sera-
tin, dont l'histoire est contée tout ata1*
long dans l'Union républicaine d'E-
vreux ? On sait que le premier scrutin
avait donné la majorité relative aux
deux candidats républicains, MM. d'Os-
moy et Lepouzé ; M. de Broglie venait
après; puis MM. La Roncière et d'Al-
buféra, les deux candidats dp la liste
bonapartiste. Entre le premier et le se-
cond tour de scrutin, que se passe-t-ill..
M. d'Albuféra se désiste en faveur de
de M. de Broglie; des placards qui an*
noncent ce désistement sont apposés
par les fils de M. de Broglie, aidés des
employés de la préfecture ; et quand les
électeurs arrivent pour le second tour
de scrutin, on leur distribue de nou-
veaux bulletins, une nouvelle liste con-
servatrice, portant ces deux noms :
duc de Broglie, — amiral La Roncière
le Noury. M-ais qui donc a écrit ces
bulletins en si peu de temps ? Ils étaient
imprimés. Comment, à plus forte rai-
son, les a-t-on pu imprimer si rapide-
ment ? Ecoutez ici la partie la plus in-
téressante de l'histoire. Les bulletins
de Broglie - Le Noury n'ont pas été faits
à Evreux, le 30 janvier, entre midi et
deux heures ; ils ont été, d'avance, im-
primés à Paris par l'imprimeur Goupy,
rue Garancière, et livrés à M. de Bro-
glie, non pas le dimanche, mais quatre
jours avant, le mercredi qui précéda
l'élection, si nous sommes renseignés
exactement, — et nous le sommes. Ce
n'est donc même pas dans le trouble
du second tour, c'est froidement,
mûrement et longtemps à l'avance
que le traité de M. de Broglie avec les
bonapartistes de l'Eure avait été con-
clu. Dès le mercredi, si ce n'estplus tôt,
il était convenu que M. d'Albuféra se
sacrifierait à M. de Broglie, si M. de
Broglie obtenait plus de voix que lui au
premier tour, et tous les préparatifs
avaient été faits pour que les parties
coalisées ne fussent pas prises au dé-
pourvu. C'est exclusivement à cette
entente que nous devons d'assister à ce
spectacle édifiant: M. de Broglie, ami
et conseiller de M. Buffet, candidat non
moins officiel qu'orléaniste, entrant
dans le Sénat au bras de M. l'amiral
La ROncière le Noury, bonapartiste
militant, relevé naguère de son com-
mandement pour démonstration fac-
tieuse !
Avouez que le Français, la Gazette
de France, etc., prennent bien leur
temps pour gausser les bonapartistes
de leur défaite! Sans les bonapartistes,
combien verrions-nous aujourd'hui de
monarchistes élus? Et sans Jes mo-
narchistes, combien compterions-nous
d'élus bonapartistes? Ils se chamail-
lent à présent; laissez venir le 20 fé-
vrier , ils recommenceront de plus
belle à s'entendre en foire. ils se détes-
tent, oui ; mais la constitution, mais la
République, ne la détestent-ils pas bien
plus ? Dans quelques jours recom-
mencera la même farce. Seconde repré-
sentation de Péril social, crire moral,
etc., par les deux troupes réunies.
Nous verrons l'accueil que leur fera le
suffrage universel.
EUG. LIÉBBRT.
Deux Candidats officiels
L'Ordre rapporte qu'après le scrutin dic
30, eu présence de la foule accourue au
giége du comité conservateur de Bordeaux,
M. Béhic a prononcé une allocution cha-
leureuse, dont il reproduit ces passages :
Nous soutiendrons au Sénat l'illustre sol-
dat que la France a mis à sa tête, et nous le
soutiendrons loyalement jusqu'à l'expiration
légale de ses pouvoirs ; nous respecterons la
Constitution qui régit le pays, mais noM
saurons aussi rester fidèles à notre grande
canse et à ses souvenirs. Nous semmes et se
rons toujours des impérialistes, dont la dis,,
vise et la doctrine se résument dans oea.
deux mots : « Appel au peuple. »
Quand l'heure en sera venue, nous deman-
derons que la nation soit consultée sur la
forme défiaitive du gouvernement qu'elle en-
tend se donner, et nous sommes tranquilles
Sur le résultat. -
Car la base fondamentale des sociétés mo-
dernes n'est elle pas la souveraineté natio-
nale ? Elle est la logique, elle est le droit ; à
ce double titre, elle est immuable. Et quand
Prix du Numéro à Paris : 15 Centimeg — Départements : 20 Centimes
Jeudi 3 Février ÎSTC
E Il*
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
àr- RÉDACTION
-. S'adresser au Secrétaire de la Rédaction-
de 2 heures à minuit -
t, {) 58, rue de LafayeUe, 53
• - { Les lettres non affranchies serotti refusées
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois 13 fr.
Six mois. 25
Un an. 50
DEPARTEMENTS
Trois mois. 16 Cr.
Six mois. 32 >"
Un an .;.;.;;.. 6~-~
';-
Annonces, chez MM. LAGRANGE, CERF/i
U, place de la Bourse, 6
Rédacteur en chef-Gérant : E. ABOOT
ADMINISTRATION
Adresser lettres et mandats à YAdministratm
63, rue de LataTe.te. 58
Les manuscrits non Insérés ne seront pas rendus -
, ABONNEMENTS 1 :
PARIS
Trui3 mois..; 13 fr.
Pix mois ;.iii i, 25
l:n an. 50
DÉPARTEMENTS
Trois mois.;.4.* 16 flr.
Six mois 32
Un an 62 -
Annonces, chez MM, LAGRANGE, CERF et Cu
6, place de la Bourse, 8
Jtnp. A. CHAIX ET Cie, rue Bergère, JO, à Paris 1
BULLETIN
Paris, 2 février 1876.
Les partis ne s'endorment ni sur leurs
"victoires ni sur leurs déceptions, et de tous
côtés surgissent les candidatures à la Cham-
bre des députés. Tout le monde sent qu'il
y a là l'occasion ou de compléter le succès
et de lui donner sa signification définitive,
ou de prendre une revanche qui ferait re-
gagner le terrain perdu. A vrai dire,
personne ne doute que les républicains ne
se retrouvent, en présence du suffrage uni-
versel, sur leur véritable terrain, et tout
fait prévoir que la constitution de 1875
comptera dans chaque fraction du parle-
ment français une majorité imposante, fer-
mement résolue à en maintenir énergique-
ment le principe. Ce qu'il faut, pour assu-
rer ce résultat, c'est un dernier effort qui
a commencé dès avant le 30 janvier à se
dessiner, qui s'accentue aujourd'hui sous
nos yeux, qui, tout lé fait prévoir, sera
proportionné à la grandeur de la cause et
à l'importance du but.
Ce n'est pas sans plaisir que nous pou-
vons enfin apprendre à nos lecteurs que la
note Andrassy est arrivée à sa destination.
Hier lundi, les ambassadeurs des trois
empires l'ont présentée au sultan, et les
ambassadeurs des autres puissances l'ont
appuyée, en ce sens qu'ils ont déclaré
qu'elle n'avait rien de contraire au traité
de Paris. On remarquera le caractère néga-
tif, réservé tout au moins, de l'appui donné
à la note par les représentants des puis-
sances occidentales. Cette nuance traduit
très-exactement l'attitude de ces puissan-
ces au cours des négociations. Il sem-
ble qu'il y ait eu depuis deux mois, chez la
Russie et l'Autriche, un très-vif désir d'in-
tervenir, chez la Prusse une condescen-
dance sympathique au désir des deux au-
tres empires, chez l'Angleterre une cer-
taine hésitation, de notre part enfin une
réserve qui convient à la nouvelle situa-
tion que les événements nous ont faite
dans le concert européen.
Le Reichstag prussien discute les ques-
tions que soulève la loi sur le mariage
civil.
———————— +. :
Les électeurs n'ont plus que trois jours
pour réclamer leur inscription sur les listes
électorales.
Il ne faut pas oublier que la vérification
des listes ne doit pas être négligée par
ceux mêmes qui se croient le plus à l'abri
de la radiation ; qu'il y a toute une catégo-
rie d'électeurs qui ne peuvent être inscrits
que sur leur demande, et qu'il est essen-
tiel pour tous, sans exception, de vérifier
si leur inscription existe bien sur les deux
listes, sur la liste des électeurs politiques
et sur la liste des électeurs municipaux.
Nous rappelons que les réclamations qui
ne seraient pas accueillies par la munici-
palité doivent être portées immédiatement
devant le juge de paix.
♦ —
Venons maintenant aux élections lé-
gislatives i
Avant tout, il importe de se bien
pénétrer de cette vérité, que la valeur:
définitive des résultats obtenus aux
élections du 30 janvier dépendra en
grande partie des résultats de l'élec-
tion du 20 février. Dès aujourd'hui, le
Sénat est en possession d'une majorité
républicaine de quelques voix. Que faut-
il pour que cette majorité s'augmente
immédiatement de tous les indécis, de
tous les flottants, de tous ceux qui tien-
nent encore par un fil, si menu qu'il
soit, à leurs anciennes attaches? Que
faut-il en un mot pour les résoudre à
brûler leurs vaisseaux ? La certitude
que la France en a bien fini avec les
expériences monarchiques de toute na-
ture. Le jour où le suffrage universel,
en dépit de toutes les intrigues aux-
quelles il est en butte, insensible aux
promesses comme aux menaces d'une
administration hostile au régime qu'elle
devrait servir, se sera résolûment pro-
noncé pour la République, ce jour-là
nous gagnerons quinze voix au Sénat.
C'est à une condition, toutefois. Et
faut que les élections législatives té-
moignent, de la part du suffrage direct,
d'autant de sagesse et d'esprit de con-
ciliation que le suffrage à deux degrés.
Point d'exclusions, ni dans un sens, ni
dans l'autre. Il est bon, il est juste, et
même indispensable, à certain point de
vue, que toutes les opinions soient re-
présentées, pour qu'elles aient toutes
une tribune, d'où elles puissent faire
tomber, sur leurs obscurs blasphéma-
teurs, les torrents de lumière qu'elles
pensent contenir. Mais les électeurs du
second degré ont indiqué très-sagement
la mesure qu'il convient de garder, et
nous sommes assurés que les électeurs
du premier degré sauront s'inspirer de
cet exemple.
Il faut se garder non moins soigneu-
sement de tomber dans l'excès contraire
et de tomber dans les nuances trop
pâles pour éviter les couleurs trop
foncées. C'est là-dessus que la réaction
fonde ses espérances, et le Français
en faisait hier l'aveu sans s'en douter,
à propos des élections du 30 janvier.
Elles ne sont ni bonnes ni mauvaises,
disait-il, puisque l'on pourrait aussi
bien trouver dans le Sénat les éléments
d'une majorité du 24 mai et d'une ma-
jorité du 25 février..
L'appréciation est fausse, et le Fran-
çais a pris son désir pour la réalité;
mais de ce qu'il aurait souhaité pour
le Sénat, on peut aisément conclure
à ce qu'il souhaite pour la Chambre
des députés. Il sait bien que ce serait
folie de demander une Assemblée mo-
narchique comme celle que la France
nomma en un jour de malheur au mois
de février 1871; et toute son ambition
se hausse à demander que les préfets
à poigne et autres agents de M. Buffét
réussissent à faire nommer une Cham-
bre à peu près taillée sur le patron de
la défunte. Contenait-elle une majorité
monarchique sur la fin de ses jours?
Evidemment non. Mais est-on bien sûr
qu'elle eût, en toute occasion et à toute
époque, fourni une majorité républi-
caine?
Somme toute, l'ancienne Assemblée
n'a jamais eu de majorité réelle, cer-
taine, que pour la réaction. Et voilà
pourquoi elle méritait, aux yeux du
Français et de ses patrons, l'épithète
de conservatrice. Qu'on leur renvoie
une seconde édition de cette Assem-
blée et ils se déclareront satisfaits.
Nous croyons même qu'ils le seraient
à moins ; mais c'est là que tendent
leurs efforts, et ils espèrent y arriver
en donnant pour mot d'ordre à leurs can-
didats de se présenter comme des cons-
titutionnels. Le piége est bien visible
pour les gens habitués aux honnêtes
procédés de la politique conservatrice;
mais c'est le petit nombre. La masse
électorale a besoin d'être mise en garde
contre les habiletés de langage et les
supercheries oratoires des candidats
moitié renards, moitié loups, qui vont
solliciter sa confiance. Il ne suffit pas
de se dire constitutionnel; s'il s'agit
d'un député sortant, le moins qu'on lui
puisse demander, c'est d'avoir voté cette
constitution dont il se déclare partisan,
et de prendre l'engagement de ne point
la détruire sous prétexte de la réviser.
S'il s'agit d'un homme nouveau, en-
core faut-il que son adhésion soit assez
nette, assez franche, assez dégagée de
toute équivoque, pour ne point laisser
place au moindre doute sur sa sincérité.
En un mot nous croyons que si l'on
veut assurer l'avenir, il faut préférer
invariablement, pour la seconde Cham-
bre, des républicains et des constitu-
tionnels. Et si nous faisons une diffé-
rence- entre ces deux termes, qui de-
vraient être synonymes, c'est que tous
les républicains sont constitutionnels,
mais que tous les constitutionnels ne
sont pas républicains. Combien parmi
eux ont conservé des regrets et même
des espérances! Est-ce sur eux, en
bonne conscience, qu'il faut compter
pour maintenir la République et pour la
défendre au besoin ?
Pour assurer l'avenir, il faut une
seconde Chambre où les majorités du
24 mai soient impossibles ; et ce résul-
tat ne peut être atteint qu'à la condi-
tion de constituer une majorité com-
pacte de républicains aussi modérés que
l'on voudra, mais dont la fermeté égiale
la modération. Vainement on essaiera
encore de jouer du péril social, vaine-
ment le comité Changarnier fera appel
aux conservateurs qui veulent préser-
ver la France de « la tyrannie du radi-
calisme. » Cet argument, dont on a tant
usé et abusé, les conservateurs vien-
nent de le détruire eux-mêmes, en re-
connaissant que le Sénat, pour républi-
cain qu'il fût, était composé en majo-
rité d'éléments conservateurs. Que feint-
on de craindre, désormais ? Religion,
famille, propriété, tout cela n'est-il pas
à l'abri des atteintes du « radicalisme, »
puisque tout cela est placé sous la sau-
vegarde du Sénat ? Que peut la seconde
Chambre sans la première ? Et puisque
la première vous donne toute garantie,
que redoutez-vous de la seconde ?
On veut, en cas de besoin, trouver
dane la Chambre des députés une ma-
jorité du 24 mai. Voilà le grand secret
de toutes ces terreurs simulées ; voilà
l'explication de ces spectres rouges
dont les conservateurs vont faire une
nouvelle emplette à l'occasion de la
lutte électorale qui commence ; voilà
pourquoi ils conseilleront au suffrage
universel d'accorder de confiance ses
suffrages aux candidats qui se diront
constitutionnels. Mais voilà aussi pour-
quoi le suffrage universel donnera la
préférence à des républicains.
E. SCHNERB.
— ♦
Voici le nouveau manifeste du comité
central conservateur :
COMITÉ CENTRAL
DE L'UNION CONSERVATRICE DE FRANCE
Rue Neuve Saint-Augustin, 8.
«. Nous sommes trop sincères pour nous dire
absolument satisfaits des élections sénato-
riales.
Une nouvelle et grande lutte va s'ouvrir.
Conservateurs, qui, en dehors de tovt esprit de
parti, voulez préserver la France de la tyran-
nie du radicalisme, étudiez l'état moral de
l'arrondissement où vous allez exercer vos
droits. Sachez, si cela est nécessaire, sacri-
fier vos préférences à l'union entre les hom-
mes siocère ment attachés aux principes per-
malients : la religion, la famille, la propriété,
; dont la société ne pourrait s'éloigner sans
périr. :
Si vous êtes, tout à la fois, fermes et con-
ciliants, veus préparerez à ves familles un
avenir moins difficile que le temps présent !
Le Bureau du Comité central de
l'Union conservatrice :
MM. le général CHANGARNIER, président ;
LOYVET, député, ancien président du tri-
bunal de commerce; DAGUIN, anciea
président du tribunal de commerce,
vice-présidents.
TIBURCE FERRY, ancien juge au tribunal
de commerce; le marquis DE POMME-
REUX, propriétaire; FOUCHER, ancien
juge au tribunal de commerce; JOUAN-
NIN, architecte; NIQUET, avocat à la
cour d'appel de Paris, secrétaires.
—————— ——————
Une réunion composée de députés,
de conseillers généraux, de conseillers
d'arrondissement, de délégués des com-
munes et de délégués des comités élec-
toraux, après avoir entendu les candi-
dats, a désigné à l'unanimité M. Lan-
glois, député sortant de la Seine, com-
me candidat républicain à la députa-
tion pour la 2e circonscription de l'ar-
rondissement de Pontoise.
—
DEUX CARTES DE FRANCE
Paris, le lflr février 1876.
Au rédacteur.
Il est beaucoup question en ce moment,
à propos des élections prochaines, d'un pro-
gramme qui imposerait aux candidats ré-
publicains l'engagement de voter pour l'in-
struction primaire gratuite, obligatoire, et
l'on ajoute à juste titre : laïque. Au nombre
des mille et une raisons qui militent en
faveur de cette mesure chère aux républi-
cains de toute nuance, j'en ai trouvé une
qui résulte du tableau des élections sénato-
riales du 30 janvier ; je vous demande la
permission de la soumettre à vos nom-
breux lecteurs.
Vous ne pouvez avoir oublié qu'en 1867,
M. V. Daruy, ministre de l'instruction pu-
blique, fit publier une carte fort curieuse
de la France, étudiée au. point de vue de
la diffusion de l'instruction dans les 89 dé-
partements. <
Les départements les plus instruits sont
teintés en blanc, les plus ignorants en noir
les moyens en gris. Bien que neuf à dix
années se soient écoulées depuis cette épo-
que, je ne crois pas que les proportions
soient gravement altérées, et l'idée m'est
Tenue de comparer le résultat des élec-
tions sénatoriales avec le degré d'instruc-
tion de chaque département. J'ai donc
choisi les 30 départements les plus éclairés
et les 30 départements les plus ignorants,
et c'est ce tableau que je vous adresse avec
prière de le publier pour la plus grande
édification des républicains et des réac-
tionnaires de toute sorte.
J'ai dû ne plus compter les trois nobles
et généreux départements du Bal-Rhin
n° 1, de la Moselle n° 7, du Haut-Rhin n° 8,
que nous possédions en 1867, qui tenaient
la tête de la liste et qui ont prouvé, lors
des élections du 8 février 1871, que tout
développement de l'instruction correspond
au progrès des opinions républicaines. Hé-
lait ! ils sont à cette heure séparés de
cette République dont ils auraient été le
plus bel ornement 1
VOTE DES 30 DÉPARTEMENTS LES PLUS
INSTRUITS DE LA FRANCE
le 30 janvier 1876
N03
1. — Meuse. — Election constitution-
nelle.
2. — Vosges. — Election constitutionnelle
et républicaine. -,
3. - Meurthe-et-Moselle. — Election
constitutionnelle et républicaine.
4. — Haute-Marne. - Election constitu-
tionnelle et républicaine.
PQpb»..— Election.constitutionnelle
et républicaine.
6. - Jura. — Election constitutionnelle
et républicaine.
7. — Côte-d'Or. — Election constitution-
nelle et républicaine.
8. — Ardennes. - Election constitution-
nelle et républicaine.
9. — Seine. Election constitutionnelle et
républicaine.
10. - Manche. — Election réactionnaire,
bonapartiste et orléaniste.
11. — Marne. — Election constitutionnelle
: semi-républicaine.
12. — Haute-Saône. — Election constitu-
tionnelle semi-républicaine.
13. — Aube. — Election constitutionnelle
et républicaine.
14. — Seine-et-Oise. — Election constitu-
tionnelle et républicaine.
15. — Calvados. - Election constitution-
nelle — 1 républicain sur 3.
16. — Seine-et-Marne.— Election consti-
tutionnelle et républicaine.
117. — Oise. — Election constitutionnelle
et républicaine.
18. Orne. — Election réactionnaire orléa-
niste — 1 constitutionnel sur 3.
19. — Rhône. — Election constitution-
nelle et républicaine.
20. — Hautes Alpes. — Election constitu-
tionnelle semi-républicaine.
21. — Eure-et-Loir. — Election constitu-
tionnelle et républicaine.
22. — Yonne. — Election constitution-
nelle et républicaine.
23. — Eure. — Election réactionnaire, bo-
napartiste et orléaniste.
24.- — Aisne. — Election constitutionnelle
et républicaine.
25. — Somme. — Election bigarrée. — 2
réactionnaires, 1 républicain.
26. - Savoie. — Election réactionnaire,
légitimiste et cléricale.
27. — Itère. —Election constitutionnelle
et républicaine.
28. — Ain. — Election constitutionnelle
et républicaine.
29. — Haute Savoie. — Election constitu-
tionnelle et républicaine.
30. — Seine-Inférieure. — Election réac-
tionnaire, bonapartiste et orléaniste.
Donc, dans les trente départements les
plus éclairés de la Franco, il y en a eu
dix-neuf où les élections sénaLorialed ont
été absolument constitutionnelles et répu-
blicaines.
Dans l'un, le Calvados, l'élection est
constitutionnelle : un républicain est
nommé sur 3.
Dans un autre, la Somme, un républi-
cain passe, mais avec deux réaction-
naires.
Dans la Marne, la Haute-Saêne, les Hau-
tes-Alpes, l'élection est constitutionnelle
et les républicains ont un demi-succès.
Dans la Meuse, l'élection est simplement
constitutionnelle.
Eafin, il n'y a que cinq départements où
les élections soient absolument réaction-
naires : la Manche, l'Orne, l'Euse, la Sa-
voie, la Seine Inférieure, et encore, dans
l'Orne, il y a un constitutionnel ; dans la
Savoie, les républicains n'ont été battus
que par dix voix (206 contre 196), et l'on
annonce une vigoureuse protestation.
VOTE DES 30 DÉPARTEMENTS LES
PLUS IGNORANTS DE LA FRANCE, LE 30
JANVIER 1876.
86. — Haute-Vienne. — Election semi-
constitutionnelle.
85. — Finistère. — Election réactionnaire
légitimiste.
84. — Morbihan. - Election réactionnaire
légitimiste.
83. - CÔtes du Nord. — Election réaction-
naire, légitimiste et bonapartiste,
82. — Allier. — Election réactionnaire,
légitimiste et bonapartiste.
81. — Indre. — Election réactionnaire,
légitimiste et orléaniste.
80. —• Dordogne. - Etection réactionnaire,
légitimiste et bonapartiste.
79. — Corrèze. — Election réactionnaire
et bonapartiste.
78. — Cher. — Election réactionnaire, lé-
gitimiste et orléaniste.
77. — Landes. — Election réactionnaire,
légitimiste et bonapartiste.
76. — Pyrénées-Orientales. — Election
constitutionnelle et républicaine.
75. — Ariége. — Election constitution-
nelle et républicaine.
74. — Vendée. — Election réactionnaire,
légitimiste et orléaniste.
73. — Vienne. — Election réactionnaire,
légitimiste et bonapartiste.
72. —Tarn. — Election semi-républicaine;
un légitimiste passe.
71. — Corse. — Election réactionnaire et
bonapartiste.
70. — Lot. — Election réactionnaire, lé-
gitimiste et bonapartiste
69. — Nièvre. — Election réactionnaire,
légitimiste et bonapartiste.
68. — Charente. — Election réactionnaire,
légitimiste et bonapartiste.
67. — Alpes-Maritimes. — Election semi-
républicaine, semi-constitutionneilo.
66. — Tarn-et-Garonne. — Election réac-
tionnaire, légitimiste et bonapartiste.
65. — Creuse. — Election constitutionnelle
et républicaine.
64. — Loire-Inférieure. — Election réac-
tionnaire, légitimiste.
63. — Ille-et-Vilaine. — Election réaction-
naire, légitimiste et orléaniste.
62. — Ardéche. ;— Election semi-républi-
caine, semi-réactionnaire.
61. — Haute-Garonne. — Election réac-
tionnaire, 1 constitutionnel sur 3.
60. — Puy-de-Dôme. — Election bigarrée:
1 républicain, 1 orléaniste, 1 bonapar-
tiste.
59. — Deux-Sèvres. — Election réaction-
naire orléaniste.
58. — Aude. — Election réactionnaire or-
léaniste et bonapartiste.
57. — Gers. — Election réactionnaire or-
léaniste et bonapartiste.
Dans les trente départements les plus
ignorants, les républicains ne l'emportent
que dans les Pyrénées-Orientales, l'Ariége
et la Creuse.
Dans la Haute-Vienne, le Tarn, les Al-
pes-Maritimes, l'Ardèche, le Puy-de-Dôme,
ils font passer un candidat.
Dans ia Haute Garonne, un constitution-
nel passe, mais avec deux réactionnaires.
Dans les vingt-et-un autres départe-
ments, les réactionnaires triomphent sur
toute la ligne.
Et nunc erudimini l Etonnez-vous que
les républicains réclament à eor et à cri
l'instruction primaire, gratuite et obliga-
toire, et que les réactionnaires la repous-
sent. au nom de la liberté des pères de
famille I
Agréez, etc.
A. LASERVE,
Député à l'Assemblée nationale.
:
On annonce dans la canton de Neuilly
la candidature républicaine de M. le doc-
teur Bam berger, député de Meurthe-et-
Moselle.
, C'est M. Bamberger qui, à Bordeaux, a
provoqué le vote de déchéance. C'est lui
qui, par une obstination patriotique, a ob-
tenu que Bazaine fût mis en jugement.
Combien de candidats pourront faire valoir
de si beaux titre aux yeux des électeurs ?
— —-———————.
Nous avons entendu de bons républi-
cains s'étonner du petit nombre de suffrp
ges qui se sont réunis sur le nom si ho-
norable et si sympathique de M. Béclard.
Ce fait s'explique très-simplement, car M.
Béclard n'était plus candidat. Son nom
avait été remplacé sur la liste de la gau-
che modérée par celui de l'illustre colonel
Denfert-Rocheceau. Les électeurs sénato-
riaux qui ont porté leurs voix sur le nom
de M. Béclard ont donc agi par des motifs
de sympathie personnelle, et en dehors de
toute entente.
; -
L'Union républicaine se réunira aujour-
d, 'hui mercredi 2 février 1876 à deux heures,
en son local ordinaire, rue de la Sourdière,
31.
Les députés présents à Paris sont priés
de ne pas manquer d'assister à cette réu-
nion.
, Les électeurs sont informés qu'ils trou-
veront tous les jours, de 2 à à 4 heures,
tout les renseignements électoraux au
siège de l'Union républicaine, 31, rue de
Sourdière.
Le Times, dans son numéro d'hier, con-
sacre un article aux élections sénato-
riales.
Le journal de la Cité dit qu'il est impos-
sible de se méprendre sur la victoire rem-
portée par les républicains conservateurs :
ces élections prouvent, à son sens, que le
peuple français est décidé à tirer tout le
parti possible des institutions existantes ;
qu'il désire voir M. Buffet quitter le pou-
voir aussitôt que possible, car son respect
même pour le président de la République
ne peut l'amener à céder aux menaces que
le vice-président du conseil a cru devoir
prononcer au nom du maréchal.
Le Times félicite la France d'avoir su
éviter l'écueil d'envoyer au Sénat une ma-
jorité monarchiste, bonapartiste ou radi-
cale ; puis il ajoute :
«La condamnation de M.Buffetest aussi
un excellait signe.
» En dépit de ses bonnes intentions, M.
Buffet appartient à une école politique qui
a fait plus de mal à la France que ne lui
en ont jamais fait les radicaux eux-mêmes.
Le vice-président du conseil s'imagine
toujours qu'il existe une vaste conspira-
tion contre les intérêts essentiels de la so-
ciété, et que les républicains conservateurs
eux mêmes sont les instruments incons-
cients des meneurs de cette conspiration.
Il ne connait qu'un moyen pour se dé-
fendre, la répression. Alors qu'il était pré-
sident de l'Assemblée, c'est à peine s'il dai-
gnait montrer quelque impartialité. S'il
était soldat, cette combinaison de timidité
de despotisme et de bonnes intentions, qui
forme le fond de son caractère, le rendrait
.plus dangereux pour la France que le pire
des révolutionnaire*.
» Tout légiste qu'il est, il suit les traces
de M. Guizot, et s'il éprouvait quelques
appréhensions de plus, il serait sans doute
tenté de suivre celles de M. de Polignac.
Sa crainte aveugle du radicalisme le dis-
pose à accepter un autre empire plutôt
qu'une République gouvernée par des répu-
blicains. Il considère M. Rouher comme
beaucoup moins dangereux que M. Gam-
betta ou même que M. Thiers. Il faut bien
le dire, d'ailleurs, M. Rouher lui même
n'aurait pas pu choisir une politique plus
favorable à une restauration de l'empire
que celle qu'il a adoptée. En accumulant
les insultes sur la parti républicain, en
faisant pressentir que les républicains au-
raient à compter avec l'armée aussi bien
qu'avec la nation, il a essayé de gouver-
ner comme aurait pu le faire un M. de
Persigny dans les plus mauvais jours.
» Alors qu'il était le plus arrogant, M.
Guizot restait trop homme d'Etat pour en
appeler ainsi à la luiotj. Mais M. Buffet
n'a pas la même irfiuence morale que le
ministre de Louis-Philippe. Véhément plu-
tôt que puissant, il irrite sans effrayer,
et ses dénonciations contre le radicalisme
sont trop exagérées, pour convaincre qui
que ce soit. Les conservateurs semés sa
vent auÜ - bien que les libéraux qu'il
n'existe, contre la société, aucun de ces
complots dont M. Buffet aime à faire pa
rade dans chacun de se* discours. Ils sa-
vent que le parti révolutionnaire est le
plus insignifiant de tous les partis et que,
d'ailleurs, la répression qui a suivi la Com-
mune, l'a privé de toute vitalité.
» Ils savent aussi que le grand danger
ne peut consister dans un soulèvement des
masses, mais dans une restauration de
l'empire, et que ces appels répétés aux
amis de l'ordre ont toujours été les précur-
seurs de la venue d'un César. »
Le Times termine son article en disant :
« Nous espérons que M. Buffet laissera à
d'autres le soin de gouverner un pays qui
nè partage pas ses appréhensions et qui
condamne sa politique. >
Ce n'est pas sans raison que les feuil-
les bonapartistes se plaignent de l'in-
gratitude des journaux de la droite
modérée et du centre droit. L'Ordre
traite même le Français de cynique,
et, pour une fois, nous pencherions à
croire que Y Ordre ne va pas trop loin.
Il est mal, en effet, quand le scrutin du
30 est à peine refroidi, de couvrir d'in-
jures le parti dont on à recherché l'é-
treinte, quêté les voix et mendié l'ap-
pui. Les monarchistes ne devaient
point s'allier aux bonapartistes s'ils
les méprisent, et s'ils se sont alliés
avec eux, ils ne doivent pas affecter de
les mépriser.
Or, un simple coup d'oeil jeté sur le
scrutin du 30 suffit à démontrer que,
partout où les bonapartistes y ont con-
senti, les monarchistes de la droite mo-
dérée et du centre droit ont formé une
coalition avec eux. MM. Depeyre etCan-
robert ont été portés, dans le Lot, sur
une liste commune ; de même, MM. de
Ravignan et de Gavardie dans les Lan-
des; de même, dans l'Hérault, MM.
Pagézy et de Rodez-Bénavent.
Reviendrons-nous sur l'élection de
la Gironde ? On y a vu payer l'élection
d'un seul monarchiste par l'entrée au
Sénat de trois bonapartistes avérés. Le
préfet du département, M. Pascal, —
auteur de la célèbre circulaire qui causa
de si funestes remords à M. Beulé, - a
favorisé de tout son pouvoir celte com-,
binaison, s'il ne l'a cou eue lui-même ;
il en était digne. Après l'élection, le
premier soin des candidats officiels de
M. le préfet de la Gironde et des alliés
de M. de Pelleport-Burète a été de faire
à Bordeaux une manifestation aussi
coupable qu'insolente. M. Béhic a
exhorté le peuple à se rappeler « que
l'empire peut seul lui assurer l'ordre, la
stabilité, etc. » Et M. Raoul Duval père
a demandé qu'on lui permît « de se
joindre à son honorable ami, M. Béhic, >
dans l'expression de ces sentiments !
Voilà les hommes qui doivent à M.
de Pelleport-Burète, candidat de l'or-
léanisme, candidat de M. Pascal et du
Français, leur élection, et au concours
de qui, par réciprocité, M. de Pelleport
doit la sienne ! Dans l'Aude, c'est un
bonapartiste enragé, M. Peyrusse, dont
on a lu la provocante profession de foi,
qui s'efface pour assurer à M. Lambert
Sainte-Croix la victoire contre le eau-,,
didat républicain. Et le Français a
bien mauvais goût de railler la défaitè
de l'impérialiste Peyrusse, quand il sait
que ce sont ses voix qui ont fait élir*
M. Lambert Sainte-Croix au der-
nier tour. Dans le premier scru-
tin, M. Lambert obtenait 137 voix
et M. Peyrusse 112, — en tout 249 suf-
frages répartis sur l'un et sur l'autre.
Combien M. Lambert en a-t-il eu au
troisième tour ? 249, juste le total des
voix bonapartistes de M. Peyrusse
ajoutées aux siennes. Quelques jours
avant le scrutin, ces deux candidats
s'étaient pris aux cheveux ; mais,
l'heure du scrutin sonnée, où vit-on ja-
mais plus complète et plus intime afrJJ
liance? Si M. Lambert Saiûte-Creix est
entré au Sénat, c'est M. Peyrusse qui
lui en a ouvert la porte, qui l'y a con-
duit par la main.
Et l'Eure, que dirons-nous de l'Eure
et de ee mémorable second tour de sera-
tin, dont l'histoire est contée tout ata1*
long dans l'Union républicaine d'E-
vreux ? On sait que le premier scrutin
avait donné la majorité relative aux
deux candidats républicains, MM. d'Os-
moy et Lepouzé ; M. de Broglie venait
après; puis MM. La Roncière et d'Al-
buféra, les deux candidats dp la liste
bonapartiste. Entre le premier et le se-
cond tour de scrutin, que se passe-t-ill..
M. d'Albuféra se désiste en faveur de
de M. de Broglie; des placards qui an*
noncent ce désistement sont apposés
par les fils de M. de Broglie, aidés des
employés de la préfecture ; et quand les
électeurs arrivent pour le second tour
de scrutin, on leur distribue de nou-
veaux bulletins, une nouvelle liste con-
servatrice, portant ces deux noms :
duc de Broglie, — amiral La Roncière
le Noury. M-ais qui donc a écrit ces
bulletins en si peu de temps ? Ils étaient
imprimés. Comment, à plus forte rai-
son, les a-t-on pu imprimer si rapide-
ment ? Ecoutez ici la partie la plus in-
téressante de l'histoire. Les bulletins
de Broglie - Le Noury n'ont pas été faits
à Evreux, le 30 janvier, entre midi et
deux heures ; ils ont été, d'avance, im-
primés à Paris par l'imprimeur Goupy,
rue Garancière, et livrés à M. de Bro-
glie, non pas le dimanche, mais quatre
jours avant, le mercredi qui précéda
l'élection, si nous sommes renseignés
exactement, — et nous le sommes. Ce
n'est donc même pas dans le trouble
du second tour, c'est froidement,
mûrement et longtemps à l'avance
que le traité de M. de Broglie avec les
bonapartistes de l'Eure avait été con-
clu. Dès le mercredi, si ce n'estplus tôt,
il était convenu que M. d'Albuféra se
sacrifierait à M. de Broglie, si M. de
Broglie obtenait plus de voix que lui au
premier tour, et tous les préparatifs
avaient été faits pour que les parties
coalisées ne fussent pas prises au dé-
pourvu. C'est exclusivement à cette
entente que nous devons d'assister à ce
spectacle édifiant: M. de Broglie, ami
et conseiller de M. Buffet, candidat non
moins officiel qu'orléaniste, entrant
dans le Sénat au bras de M. l'amiral
La ROncière le Noury, bonapartiste
militant, relevé naguère de son com-
mandement pour démonstration fac-
tieuse !
Avouez que le Français, la Gazette
de France, etc., prennent bien leur
temps pour gausser les bonapartistes
de leur défaite! Sans les bonapartistes,
combien verrions-nous aujourd'hui de
monarchistes élus? Et sans Jes mo-
narchistes, combien compterions-nous
d'élus bonapartistes? Ils se chamail-
lent à présent; laissez venir le 20 fé-
vrier , ils recommenceront de plus
belle à s'entendre en foire. ils se détes-
tent, oui ; mais la constitution, mais la
République, ne la détestent-ils pas bien
plus ? Dans quelques jours recom-
mencera la même farce. Seconde repré-
sentation de Péril social, crire moral,
etc., par les deux troupes réunies.
Nous verrons l'accueil que leur fera le
suffrage universel.
EUG. LIÉBBRT.
Deux Candidats officiels
L'Ordre rapporte qu'après le scrutin dic
30, eu présence de la foule accourue au
giége du comité conservateur de Bordeaux,
M. Béhic a prononcé une allocution cha-
leureuse, dont il reproduit ces passages :
Nous soutiendrons au Sénat l'illustre sol-
dat que la France a mis à sa tête, et nous le
soutiendrons loyalement jusqu'à l'expiration
légale de ses pouvoirs ; nous respecterons la
Constitution qui régit le pays, mais noM
saurons aussi rester fidèles à notre grande
canse et à ses souvenirs. Nous semmes et se
rons toujours des impérialistes, dont la dis,,
vise et la doctrine se résument dans oea.
deux mots : « Appel au peuple. »
Quand l'heure en sera venue, nous deman-
derons que la nation soit consultée sur la
forme défiaitive du gouvernement qu'elle en-
tend se donner, et nous sommes tranquilles
Sur le résultat. -
Car la base fondamentale des sociétés mo-
dernes n'est elle pas la souveraineté natio-
nale ? Elle est la logique, elle est le droit ; à
ce double titre, elle est immuable. Et quand
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.0%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.0%.
- Auteurs similaires Veuillot Louis Veuillot Louis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Veuillot Louis" or dc.contributor adj "Veuillot Louis")Veuillot François Veuillot François /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Veuillot François" or dc.contributor adj "Veuillot François")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k75574380/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k75574380/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k75574380/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k75574380/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k75574380
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k75574380
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k75574380/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest