Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1876-01-30
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 30 janvier 1876 30 janvier 1876
Description : 1876/01/30 (A6,N1514). 1876/01/30 (A6,N1514).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/03/2013
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Prix i« N. * Parlfl : im CkmflMdi - DêpayfvMfwtfl : 80 C«ntlst««
Dimanolie 30 Janvier 187C
"- RÉDACTION
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veler immédiatement, s'ils ne
veulent point eprouver de
retard dans la réception du
fournal.
BULLETIN
Paris, 29 janvier 1876.
La polémique est arrivée à son maxi-
mum d'intensité et l'anxiété de l'opinion
à son dernier période. A l'heure où cette
feuille sera lue dans les départementl éloi-
gnés, l'élection sénatoriale aura commencé.
Tout a été dit, mais tout doit être répété
jusqu'au derniermoment sur la nécessité de
faire sortir, par un viril et patriotique effort,
notre pays si éprouvé, de toutes les difficul-
tés presque inextricables où il s'est débattu,
affaibli et déchiré qu'il était, depuis cinq
longues années. Certes, cette période n'aura
pas été inutile. C'est dans l'épreuve qu'on
s'affermit, qu'on se discipline, qu'on se
range au joug salutaire de la raison, du
bon sens, et de la sageese ; et tels sont les
avantages quenous.a valus ce long enfante-
ment de notre régime politique définitif.
Mais l'épreuve doit avoir son terme et
nous comptons, nous sommes sûrs que les
électeurs sénatoriaux, les yeux fixés sur
ce passé pénible, vont créer à la France
un avenir de stabilité, de progrès, de li-
berté, d'ordre matériel. Pourquoi ne pas
dire aussi d'ordre moral ? Car le véritable
ordre moral pour un peuple est fondé sur
le sentiment profond de la stabilité des
institutions qu'il s'est données avec le
ferme propos de les maintenir.
Tel est l'avis du parti républicain fran-
çais. Tel semble être celui des étrangers
les plus sympathiques à la France. L'A-
gence télégraphique russe nous commu-
nique la dépêche suivante :
« La Voix, le principal des organes rus-
ses, publie un long article sur la lutte élec-
torale en France ; elle reconnait qu'elle est
importante pour l'Europe, la future direc
tion dei affaires intérieures et extérieures
dépeadantdela composition des Chambres.»
« Elle attaque énergiquement la politique
de M. Buffet, qu'elle accuse de tendre à
ramener l'empire et d'empêcher la Répu-
blique, seule propre à relever la Frauce
et à lui rendre l'estime et l'amitié des
autres nations. »
Si préoccupés que nous soyons, à juste
titre, de nos affaires intérieures, nous ne
pouvons nous empêcher de regarder avec
quelque attention aussi au-delà de no.
frontières. Si l'insurrection crétoise annon-
cée par le Times est démentie, la lutte
continue en Herzégovine avec un caractère
inusité de violence. La Turquie, en pré-
sence de l'attitude de l'Europe, a voulu
donner dans un effort énergique la mesure
de ce qui lui reste de puissance défensive
contre ses rebelles. Cet effort parait avoir
été heureux pour elle, et il¡est constant que
les insurgés ont subi un échec ; mais ni
la question d'Orient n'est tranchée, on le
comprend, ni l'insurrection réduite par
cet incident de la lutte, quelque, impor-
tant, du reite, qu'il puisse être.
Les nouvelles d'Espagne «ont bonne*
pour la cause al^honsiste.
Celles de Prusse ne tont pas excellentes
pour la Prusse.
Dans la ditcusfion qui a eu lieu au
Reichstag, sur la réforme du code pénal,
M. le ministre Elllenbourg a tracé un ta-
bleau assombri peut être, mais dont le
fond doit être vrai, de l'organisation du
parti socialiste en Allemagne, organisation
qui, d'après lui, rend nécessaire des dispo-
sitions coërcitives d'une sévérité toute
nouvelle. Si l'on rapproche de cela le ta
bleail que le Times traçait récemment de
l'état des finances prussiennes, on arrivera
peut-être à se dire que la situation dtI nos
vainqueurs n'est pas de celles qui sont à
envier.
DERNIER AVIS AUX DÉLÉGUÉS
Demain le scrutin sénatorial doit
s'ouvrir et se clore dans les quatre-
vingt-six départements. Avons-nous be-
soin de rappeler aux électeurs les rè-
gles de conduite qui leur sont prescri-
tes par leur devoir ?
Un grand nombre d'entre eux seront
réunis au chef-lieu de leur département
ce soir même. Tous s'y trouveront de-
main dans la matinée. Dès leur arrivée,
il vont être en butte aux obsessions du
préfet et des candidats que le ptéfet
favorise officiellemeut. Hier, nous avons
vu que le préfet de l'Allier ne se propo-
sait rien moins que d'accaparer les dé-
légués de son département pendant
trente-six heures. Aujourd'hui, nous
voyons qu'un candidat officiel, à Rouen,
donne à ces mêmes délégués rendez.
vous dans la salle à manger de la pré-
fecture. C'est ce qui se passera sans
doute à peu près partout. Mais les élec-
teurs séuatoriaux n'ont pas reçu man-
dat de s'aller enfermer avec les candi-
dats officiais OU avec le préfet, dût la
conférence avoir lieu autour d une ta-
ble bien servie. Il uiïe autre façon
1
.de répondre à la confiance que leurs
jco^citoy^Hs ont mise en eux : c'est de
n Qu'en conscience, avec con-
naissance de cause, c'est-à-dire après
avoir mis en œuvre tous les moyens
possibles de s'éclairer.
Ils feront donc en sorte de tenir dès
ce soir une première réunion générale ;
et, dans tous les cas, ils n'oublieront
pas de déposer à la préfecture les dé-
clarations indispensables pour les réu-
nions qui devront être tenues demain.
Il est inutile de rappeler que toute dé-
claration doit être signée de sept élec-
teurs sénatoriaux, déposée la veille du
jour où la réunion doit se tenir, etc.
Ces diverses formalités, que nous avons
récemment énumérées en détail, sont
en outre indiquées dans les affiches of-
ficielles et les circulaires administra-
tives
A ces réunions, il importe que tous
les électeurs sénatoriaux et tous les
candidats, quel que soit leur parti,
soient convoqués. Les candidats qui
s'abstiendraient d'y paraître et d'y venir
répondre aux questions des électeurs
seront jugés par le seul fait de leur
absence. Ce seront ceux qui auront cru
plus sûr de recourir à l'intrigue que de
consentir aux explications sincères.
Sans plus long examen, ceux-là devront
être écartés. Car ils ne sont, à coup
sûr, des amis ni de la constitution, ni
de la République.
M. le ministre des finances a envoyé aux
directeurs généraux des finances, dans les
départements, la circulaire suivante.
Paris, 21 janvier 1876.
Monsieur le directeur général,
Pour satisfaire au désir exprimé par mon
collègue de l'intérieur, je vous prie d'inviter
vos chefs de service dans les départements
à remettre au préfet copie deS instructions
qu'ils ont données ou qu'ils auraient à don-
ner à l'occasion des prochaines élections aux
agents placés sous leurs ordres.
Recevez, etc.
L. SAY.
M. le ministre des finances se tire, avec
beaucoup de grâce et de malice aussi, d'un
pas assez fâcheux. Ces recommandations,
assez malencontreuses en soi, que sa situa-
tion de ministre .du cabinet homogène
l'oblige à faire, ne sont pas pour nous in-
quiéter fort, étant donnée la raison qu'il
allègue comme l'ayant déterminé à les faire.
« Pour satisfaire au désir de moa collè-
gue. » autrement dit: « poti rtatisfétire,
non pas moi, mais quelqu'un qui ett no-
toirement d'un avis contraire au mien. »
Ce n'est pas très-compromettant. Mais que
peut dire à cela M. Buffet ? Il désire, et
son désir est réalisé. L'heureux homme!
Il est vrai qu'il eût peut être mieux aimé,
pour que son désir eût plus d'autorité,
qu'il passât pour être celui d'un autre.
F.
: +.
M. le duc de Broglie meurt d'envie
d'être nommé dans l'Eure avec M. l'a-
miral La Roncière. — La Roncière?
celui qui dictait du vaisseau-amiral le
Magenta le toast bonapartiste qui fut
lu en son nom au banquet dE vieux ?
l'officier général indiscipliné que le mi-
nistre de la marine a dû relever de son
commandement ? — Lui-même. M. le
duc de Broglie a donc jugé que, s'il ar-
rivait au Sénat dans la compagnie de
cet impérialiste zélé, nul succès ne - se-
rait si glorieux, surtout si profitable.
Malheureusement pour lui, les bona-
partistes (ingrats !) ne l'ont pas pu por-
ter sur leur liste de l'Eure. Ils étaient
engagés avec M. le duc d'Albuféra ;
leurs candidats sont doac MM. d'Albu-
féra et La Roncière. Depuis cinq ou six
jours, M. de Broglie a répandu le bruit
que le duc d'Albuféra se désistait, et
que lui, Broglie, restait le seul candi-
dat des conservateurs avec l'amiral
La Roncière. Habiletés perdues ! M.
d'Albuféra tient ferme et il fait démentir
son prétendu désistement par la Li-
berté.
Si les bons électeurs normands s'a-
musent à cet intéressant spectacle, on
en peut juger ; mais il ne sera pas pardu
non plus pour tout ce grand public qui
considère la candidature de M. de Bro-
glie avec une curiosité où la sympathie
a peu de part. L'inventeur de l'or-
dre moral et du septennat personnel,
abandonné par les bonapartistes mê-
mes, ne sera point élu, c'est un fait
certain; et l'on nfe pouvait souhaiter
de plus utile soulagement pour la cons-
cience publique. Au mois de mai 1873
nous touchions au port,où nous ne serons
arrivés, grâce à M. de BrogLie, que
près de trois années plus tard, au prix
de tant de peines ! C'est à lui que nous
les devons, ces années de démoralisa-
tion et de misère. L'affroat qu'il rece-
vra de ses concitoyens ne sera que le
juste salaire de sa politique. Si quel-
ques-uns des suffrages qu'il espérait
réunir sur son nom vont s'égarer parmi
les voix impérialistes, nous désokrons-
nous? Non; car MM. de la Roncière et
d'Albuféra sont, tout compte fait,moins
bonapartistes que lui. :
Mais nous avons lieu d'espérer, pour
l'élection de l'Eure, une fin plus satis?
faisante. Les délégués républicains 4e
sont pas, dans ce départaient, en ma-
jorité; mais ils sont encore plus nom-
breux que les délégués impérialistes.
Si les voix des légitimistes et celles
des orléanistes mêmes, qui n'ont après
tout aucune raison de pousser au Sé-
nat l'homme <|ui les a le plus compro-
mis, s'alliaient aux voix républicaines,
les intérêts conservateurs n'en iraient
pas plus mal, et l'honneur du pays se-
rait vengé des insolentes revendications
impérialistes et des prétentions non
moins insolentes de l'homme à qui le
bonapartisme doit tout. Les deux can-
didats républicains sont MM. Lepouzé
et d'Osmoy ; est-il des choix plus ras-
surants ? en est-il de plus honorables?
L'Eure, comme les Vosges, sera demain
l'un de ces départements qui pourront
se dire qne les yeux de tout le pays
sont fixés sur eux.
EUG. LIÉBERT.
+
HISTORIETTES ÉLECTORALES
Il yen a trop. L'historien doit choisir et
résumer. Mais qu'il y en a de drôles dans
le E ombre ! Ces bons maires de M. de Bro-
glie n'ont qu'une idée- quand je dis qu'ils
l'ont, il est probable qu'on la leur a don-
née — c'est de se faire nommer délégués.
L'an se présenta devant son conseil, et, avec
une bonhomie faite pour désarmer la cri-
tique : « Vous êtes tous d'accord, n'est-ce
pas, pour me nommer délégué? Ce n'est
donc pas la peine de voter! » Et, de fait,
on ne vota point, malgré toutes les pro-
testations de plusieurs conseiller., qui, eux,
n'étaient point du tout d'accord, quoi qu'en
dit M. le maire.
Ailleurs, à Graves (Charente), le maire
lit gravement la loi prescrivant l'élection
sans débat, et, là-dessus, s'étend en dé-
veloppements trèi-détaillés ayant tous po-ir
conclusion que le meilleur délégué est M.
le maire. Pour donner p'us d'autorité à sa
parole, M. le maire avait amené dans la
salle du conseil madame son épouse et le
tambour de la commune.
Cela, c'est procéder par intimidation.
D'autres procè tent par moyens plus doux,
comme le maire de Marolette (Sarthe),
qui installe au bureau, en qualité de
secrétaire, Mlle Célestina, personne d'un
âge très-tendre, mais déjà fille de M. le
maire.
Marolette n'est pas la pays de la cour-
toisie française. Car messieurs les conseil-
lers ont eu le mauvais goût de protester
contre cette innovation, si bien faite ce-
pendant pour tempérer agréablement la
sévérité de nos institutions politiques.
Autre séduction, je ne dirai pas plus
puissante, ne voulant pas être désagréable
à Mlle Célestine, mai:, d'un caractère plus
brutal. C'est la séduction gastronomique.
Fi ! monsieur Anisson Duperron ! Croire à
l'efficacité de pareils procédés ! Mais voici
l'affaire. M. Anisson-Duperron, député et
conseiller général de la Seine-Inférieure,
est plein de solliciiule pour les estomacs
des délégués municipaux, et il leur fait
parvenir cette circulaire compatissante :
Saint-Aubin, 22 janvier 1876.
Monsieur le délégué,
Désirant vous rêcnir à tons nos collègues
du canton de Cauiebec, je viens vous prier
de me faire le plaisir de venir déjeuner le 30
janvier, jour de l'élection des sénateurs, à
Rouen, à midi, après le premier tour de scru-
tin. Nous nous réunirons à l'hôtel de la préfec-
ture.
Recevez l'assurance de mes meilleurs sen-
timents.
Le conseiller général,
ANISSON-DUPERRON.
(Réponse, s'il vous plaît.)
< Après le premier tour de scrutin. »
Au moment où le sort est incertain, les
partis divisés, la victoire indécise, M.
Anisson-Duperron arrive, avec son menu,
pour faire pencher la balance et rallier
les bataillont rompui.
Ce «. premier tour de scrutin » est une
heureuse trouvaille ; car voyez tout ce que
contient ce peu de mots. « Après le premier
tour ! » dit M. Duperron.
Donc, s'il n'y a point de second tour,
point de déjeuner. Voilà les délégués obli-
gés à se diviser tavamment pour qu'il y ait
« premier tour, » c'e*t-à dire scrutin sans
rèlultat. Avant le déjeuner, ils sont forcés
de ne rien conclure, s'ils veulent déjeuner.
Aprèà le déjeuner ils sont liés par la re-
connaissance de l'estomac au candidat de
de M. Duperron. autrement dit candidat
du déjeuner. Béranger fait dire à son can-
didat :
Il Autour du pot c'est trop tourner :
» Messieurs, l'on m'attend pour diner. Il
M. Duperron veut faire dire au chœur
dee délégués :
« Autout du pot il faut tourner,
» Messieurs, si l'on veut déjeuner. »
Il faut avouer qu'il y a nombre de gens
qui &e tout une plaisante idée du suffrage
universel. Leurs conceptions sont certai-
nement amusantes ; mais le malheur, c'est
que le suffrage universel n'aime pas qu'on
s'amute à son sujet, et je ne mettrais pas
une obole dans le jeu des candidats de
Mlle Céiestine ou même de M. Daperrou.
FABRICK.
_——— RFFC -
L'honorable M. Genevoix, délégué
du conseil municipal de Romainville,
adresse à ses commettants la lettre
suivante, inspirée par un louable es-
prit de conciliation :
A Messieurs les membres du Conseil
municipal de Romainville.
Messieurs,
) A la suite de la séance où vous m'avez
confié à 1 unanimité le mandat d'éhscteur
sénatorial, je Vous ai promis de vous
transmettre mes impressions avant lejour
du scrutin. ,
Votre volonté, en me nommant, d'ac-
cord avec la miellné, s'appliquait à l'affer-
missement de la République et au choix
4e sénateurs républicains. La base de e
choix devait être l'union des trois gauche.
qui a permis le vote du 25 février.
Aux premières réunions du collége élec-
toral, j'ai proposé cette union, et dans les
séances suivantes, elle a été patronnée par
les orateurs les plus sympathiques de l'As-
semblée nationale.
Cette union, ajournée par les impatients
qui pensent être les plus nombreux, sou-
tenue par des voix autorisées, n'est encore
qu'à l'état platonique.
On ne doit l'étudier, parait-il, que pour
le second tour de scrutin. Cette indécision
est fâcheuse, mais elle ressort, surtout, de
la difficulté de choisir entre le grand nom-
bre des candidats.
Mon désir était d'établir les préliminai-
res de cette union dans la dernière séance
du collège. La réunion ne me l'a pas per-
mis.
Je voulais dire que l'union des nuanees
républicaines est d'autant plus indispen-
sable que, outre qu'elle seule pourra faire
vivre la République, elle s'impose au parti
démocratique le plus avancé par les dé-
clarations de ses orateurs, dans la discus-
sion de la loi électorale.
N'ont-ils pas affirmé avec raison quo le
scrutin uninominal continuerait les riva-
lités fâcheuses, les luttes intestines dont
l'élection Barodet a donné le spectacle, au
profit de la réaction ? N'ont-ils paq promis
bien haut que partout où il y aurait scrutin
de liste, ils se prêteraient aux transactions ?
Eh bien! l'élection sénatoriale se fait
parunscrutta de liste, et c'est l'heure pour
la démocratie avancée de montrer sa sa-
gelse en même temps que son patrio-
tisme.
On doit se préoccuper de la réaction et
des défaillances républicaines que l'égoïtlme
politique pourrait produire dans les dépar-
tements.
Espérons que ce danger sera évité.
La composition du collége électoral de
la Seine étant donnée, ne serait il pas plus
conforme à la saine raison d'attribuer en
principe deux sièges à l'extrême gauche,
deux sièges à la gauche républicaine, un
siège au centre gauche?
Si une combinaison de ce genre eût été
indiquée dans l'intérêt commun par un
vote de la dernière réunion, je suis pres-
que certain que tous les républicains pra-
tiques, conservateurs, d'origine ancienne
ou nouvelle, se fussent fait un devoir d'y
acquiescer.
Si à ce vœu on eût ajouté un classement
des candidatures suivant les déclarations
des candidats, n'aurait-on pas grandement
facilité le choix des électeurs ?
Ce classement pouvait être fait séance
tenante, même dans l'ordre alphabétique,
pour éviter jusqu'à l'apparence d'une pres-
sion.
Les candidats de l'extrême gauche sont
évidemment MM. Victor Hugo, Louis
Blanc, Fioquet, Peyrat, Tolain.
La gauche républicaine est représentée
par MM. de Freycinet, B?clard, Hérold.
Le centre gauche, par M. Dietz Monnin.
Cd classement peut faciliter le choix des
noms.
Il s'agit du salut de la République, et la
République, pas plus que la France, ne
peut appartenir à aucun parti, et surtout à
aucune fraction de parti.
La France ne peut se relever que par le
respect de la loi. La véritable majorité de
la démocratie française n'est ni radicale ni
cléricale. Elle aime et veut la liberté, et
tous les efforts qu'elle a faits, tous les com-
bats qu'elle a soutenus dans une longue
suite de siècles, tendaient uniquement à la
conquête de la liberté.
Agréez, etc.
EMILE GENEVOIX.
—
CHRONIQUE ELECTORALE
ÉLECTIONS SÉNATORIALES
Aube. — Voici la profession de foi col-
lective que MM. Gayot et Mawson de Mor-
fontaine ont adressée aux électeurs séna-
toriaux :
Messieurs et chers concitoyens,
Un comité, formé de conseillers généraux
et de conseillers d'arrondissemeat, nous a
proposés à vos suffrages pour représenter
notte département au Sénat. Nous venons
vous exposer avec franchise quels tout nos
principes politiques et quelle ligne de con-
duite nous suivrons, si vous nous honorez
de votre confiance.
Nous repoussons tout changement de gou-
vernement, toute révolution nouvelle.
Sincèrement républicains, convaincus que
la République est la seule forme de gouver-
nement possible en France, nons défendrons
la constitution du 25 février. Nous voulons
son maintien et son affermissement. Quand
le moment de la réviser sera venu, nous con-
tribuerons à l'améliorer, à la compléter,
non à la transformer ou à la détruire. Nons
apporterons notre concours actif et sincère
au marécbul de Mac-Mahon. C'est dans ses
mains loyales que l'Assemblée naiionala a
remis le pouvoir exécutif; c'est à sa vigi-
lance et à l'a fermeté qu'elle a confié la garde
de nos institutions nouvelles; nous le secon-
derons, de tout notre pouvoir dans l'accom-
plissement de son importante mission.
La République que nous défendons est la
République conservatrice, protégeant tous
les principes tuiélaires de la société, tous les
intérêts légitimes. Mais nous la voulons aussi
libérale et sagement progressive, sauvegar-
dant les libertés qui noua sont acquises : li-
berté religieuse, liberté civile, liberté politi-
que.
Nous sommes ennemis de tout excès, de
tpute violence. Tous nos efforts tendront à
Concilier les partis, à apauer les haines, à
ajsi>uier l'ordre, la paix, le travail, qui sont
nécessail es au. relèvement et à la prospérité
de notre psys.
MASSON DE MOKFONTAINE,
Membre du Conseil général,
Président de la Commission départementale.
A. GAYOT,
Député à l Assemblée nationale,
Membre du Conseil général.
Tout le monde connaît les opinions poli-
ques et l'honorabilité de M. Gayot, ce vé-
téran de l'Assemblée de 1848, un des mem-
bres les plu. formes du centre gauche,
puissant au plus haut degré de l'estime de
tous ses collègues, à l'Assemblée actuelle.
M. Masson de Morfontaine, ancien mili-
taire, qui a laiisé dans l'armée la plus
belle réputation, figurerait dignement au
Ssnat à côté de M. Gayot. Ce sont là deux
de ces hommes modérés auxquels le prési
dent de la République a fait un patriotique
appel, deux fermes défenseurs du gouver-
nement républicain tels que le pays les
demande.
Côtes-du-Nord. — Il nous arrive, de ce
département, des renseignements nou-
veaux, nets et précis, qui nous obligent à
jeter un coup d'œil rapide sur la situa-
tion respective des partis au moment où
ils vont marcher au scrutin.
La liste dite de « l'union conservatrice, »
appuyée par le préfet, se compose de qua-
tre députés sortants r le vicomte Henri de
Champagny, le vicomte de Tréveneuc, l'a-
minal de Kerjégu, M. Allenou ; les trois
premiers, légitimistes ; le quatrième, bona-
partiste.
Les royalistes purs ne manqueront pas
de biffer sur cette liste le nom de M. Alle-
nou et de le remplacer par celui d'un con-
seiller général légitimiste, M. Bu des de
Guébriant, qui pose isolément une candi-
dature franchement légitimiste.
La liete des bonapartistes comprend :
M. Paul de Champagny, ex-député officiel,
ex-chambellan de' Napoléon III; M. Alle-
nou, déjà Flammé; M. Duval, président du
conseil général; le nom du quatrième can-
didat reste en blanc, c'est celui-là qui a le
moins de chance d'échec.
Enfin, en face de toutes ces compétitions
ardentes, de tous ces prétendus conserva-
teurs qui n'ont qu'un point commun entre
eux, le désir de s'emparer du pouvoir, se
présente la liste républicaine, bien com-
plète à présent : deux députés sortants,
membres du centre gauche, MM. de Janzé
et Le Gall la Salle, auxquels lecomité vient
d'adjoindre M. Daniel, conseiller général,
et M. Jaquemin, maire de Dinan.
Les électeurs sénat iriaux des Côtes-du-
Nord ont un moyen aussi simple qu'excel-
lent pour ne pas froisser, au profit de l'au-
tre, tel ou tel membre de la dynastie légè-
rement divisée deg Champagny: c'est de
voter pour la liste républicaine.
Soone-et-Loire. — M. Félix Renaud,
député, membre du centre gauche, a écrit
à MM. Bessard et Merle une lettre dont
voici la partie importante :
Chalon-sur-Saône, 27 janvier 1876.
A MM. Bessard, conseiller général à Tournus,
et Merle, conseiller municipal à Mdcon
Messieur,
Vous êtes venus me prier, hier, au nom
d'un grand nombre de vos amis politiques,
de vouloir bien retirer ma candidature aux
élections sénatoriales du 30 janvier prochain.
Voos avez fait appel à mon patriotisme et
à mon dévouement en faveur d'une caose de-
venue la mienne, « rétablissement en France
d'une République libéra!e, éclairée, tolé-
rante, » et vous m'avez exposé les dangers
qu'il y aurait à établir une lutte sur trop de
noms, alors même que cès noms seraient pris
dans les diverses nuances du parti républi-
cain.
Je vie us vous donner la satisfaction que
vous me demandez.
Mais comme je ne veux pas qu'il existe
dans aucun esprit la plus légère équivoque
sur le maile qui me fait agir en ce moment,
je déclare qu'en même temps que je retire
ma candidature au Sénat, je suis résolu à
n'en poser aucune et à n'en accepter aucune
pour la dépatation.
Je rentre dans la vie privée et je reprends
cetta îobe d'avocat que je suis fier d'avoir
portée.
Agréez, etc.
FÉLIX RHNAUD,
Membre de l'Assemblée nationale.
M. le général Guillemaut, M. Ch. Rol-
land et M. Pernette restent donc les seuls
candidate républicains au Sénat dans
Saône-el-Loire.
Autant nous nous réjouissons, dans le
cas présent, du désistement patriotique
de M. Félix Renaud, autant nous regret-
terions de voir cet honorable membre du
centre gauche persister dans son intention
de ne pas accepter de candidature pour la
députation.
Var. — Abondance de candidatures ré-
publicaines dans ce département; deux
seulement sont importante* : ceilo de M.
Charles Brun, que nous avons annoncée
déjà (numéro du 25), et cei-e de M. Fer-
rouillat. Les professions de foi de MM. Brun
et Ferrouillit sont remarqxiablts par leur
esprit politique, et le succès de ces deux
honorablea candidats parait assuré.
Viennent ensuite MM. Bon, notaire à
BarjfJls, le docteur Pouy, ancien maire
d'Hyères, le docteur Ptlllegrin, médecin
principal de la marine en retraite, et Gar-
riel, tonseiiltr général. Mai3 une grande
réunion doit te ttrnir ce soir, et l'on sup-
pose que ces diverses candidatures seront
éllmilléej; il ne resterait qu'une liste repu
blicaine, comprenant les noms de MM. Fer-
rouillat et Brun.
————————— ♦ —————————
Le Libéral de Seine-et Oise publie la lettre
suivante de M. Gilbert Boucher :
Monsieur le rédacteur en chef,
On me communique à l'instant un écrit
diffamatoire que M. Farjasae, membre du
conseil général, vient de publier à l'occa-
sion de ma candidature au Sénat.
Je proteste de la manière la plus énergi-
que contre les imputations qui ont été di-
rigées centre moi dans cet écrit.
Je vais réunir les documents propres à
éclairer la religion des électeurs, qu'on
cherche vaiJlant. à tromper, et je ':, com-
musiquerai, samedi proch»:^ à MM. les
délégués 8énatori>''x> lors de la réunion
qui doit avoir lieu ce jour-là, à Ver-
s.
Agréez, monsieur le rédacteur en chef,
l'assurance de ma considération distin-
guée.
Gi LBERT-BOUCHER,
président du conseil général,
conseiller à la cour d'appel
dti Paris.
Ge 27 janvier 1876.
INFORMATIONS
M. Dufaure est parti hier soir pour La
Rochelle.
Le général de Cissey a dû se rendre à
Rennes également hier.
On a répandu hier les nouvelles les plus
graves sur la santé de l'empereur d'Alle-
magne.
Rien n'est venu confirmer ces bruits. Il
résulte, au contraire, des renseignements
donnés par les journaux allemands que
l'empereur Guillaume a assisté mardi soir
à une représentation théâtrale, et que
mercredi matin il a donné ses audiences
comme d'habitude.
Les mesures sont prises dans tous les
chefs lieux pour que les nominations de
sénateurs,quel que soit le nombre des scru-
tins, puissent être terminées dans la jour-
née de dimanche et transmises immédiate-
ment au ministère de l'intérieur.
M. Léo, qui aura sans doute été tancé
vertement pour n'avoir point voulu com-
muniquer, le jour de l'élection des délé-
gués, de renseignements à la presse, fait
adresser par l'agence Havas la note sui-
vante aux journaux : ',",
Plusieurs journaux ont pensé que le ser-
vice habiteel de communication à la presse,
à l'occasion des élections, avait été supprimé
au ministère de l'intérieur, parce que la 16
janvier aucun renseignement direct n'avait
pu être fourni à ces journaux sur l'élection
des délégués sénatoriaux.
Il n'était pas possible de procéder dans une
élection à deux degrés comme dans nne élée-1
tion ordinaire; une liste de 70,000 noms pro-
pres qui ne sont pas tous connus encore à"
l'heure actuelle, et dont la reproduction eût
été matériellement impossible pour les jour-
naux, n'aurait offert pour eux ni intérêt ni
signification appréciable.
Aujourd hui, au contraire, nous croyons
savoir qne le service habituel se fera au mi-
nistère de l'intérieur, et que la salle ouverte
aux journalistes le sera dès 2 heures de l'a-
pi ès-midi, les premières dépêches pouvant
arriver de bonne heure.
Elle sera fermée à 5 heures, pour rouvrir
de 8 heures et demie à minuit comme d'ha-
bitude.
On parle de la prochaine nomination de -
M. d'Antas aux fonctions de ministre du
Portugal à Paris. Le titulaire actuel, M.
de Mendez Leal, irait remplacer M. d'An-
tas à Madrid.
On annonce de Berne que le congrès.
postal a terminé ses travaux. Le prochain
congrès se tiendra à Londres au mois de
juin.
M. Ernest Gouin, président de la cham-
bre de commerce, vient d'être nommé ré.
gent de la Banque de France.
Le conseil municipal de Paris est encore
convoqué pour mardi prochain. Cette
séance sera la dernière de sa session ex-
traordinaire. Aussitôt après s'ouvrira la
session ordinaire de février, où doivent
venir d'importantes affaires, notamment
celle de Gennevilliers, et probablement.
aussi celle du cimetière de Méry-sur-Oise.
Un mot oublié hier dans une informa-
tion, à propos d'un délit de colportage dont
s'était rendu coupable un M. Brossel, l'a
rendue complétement inintelligible.
Nous avions dit que les écrits colportés,
étaient des invitations à des messes bona-
partisteil, et non simplement à une messe.
Voici
partistes, d'ailleurs en quelques mots le
compte-rendu de cette affaire, où quatre in-
dividus étaient inculpés :
Le 13 janvier, à l'issue d'une messe cêM..
brés à l'églisb Saiat-Eloi de Reuilly, en mé-
moire de la mort de Napoléon III, les préve-
nus ont distribué, sur la place de l'église,
aux personnes qui avaient assisté à la inesse,
des brochures bonapartistes intitulées notam-
meut: les Calomnies con re l'empire et Ce qu'a
coûté le 4 Septembre. Ils avaient en outre dis-
tribué des lettres d'invitation pour une autre
messe qui devait être célébrée, à la même
intention, le lendemain ou le surlendemain,
dans une autre paroisse.
Sur les questions de M. le président, lei
sieurs Thiibault, Bressel et Seichfct ont dé-
claré qu'ils recoanaissaient l'exactitude des
faits qui leur etaient reprochés.
Quant au sieur Brunox, il a protesté avec '•
énergie contre l'impritatioll dont il est l'objet,
prétendant n'avoir rien distribué et déclarant
en termes d'une véhemence extrême que les
rgents qui affirmaient le contraire. en
avaient menti. »
Le tribUQbl. après avoir entendu Me Bou-
chotte, a condamné Seichet à un mois de pri-
son et cent francs d'amende; Brossel à un
mois de la même peine et trois cents francs
d'amende ; TniôDanit et Brunox, chacun à
trois cents francs d'amende.
Les perquisitions opérées au domicile de
M. grossel ont amené la saisie de deux lettres
par lesquelles un certain nombre d'électeurs
de 8" arrondissement engageaient M. Raoul
Duval à poser sa candidature en vue des pro-
chaines élections législatives.
Nous apprenons la mort de M. Léon Mi-
chel, ancien secrétaire de la rédaction du
Journal officiel, chevalier de la Légion -
d'honneur, qui collabora pendant plusieurs
apnées à la rédaction du Moniteur uni-
versel.
D'après une convention existant entre
la ville de Paris et le ministère de la guerre
depuis 1860, il est interdit, sauf les jours
de revue, de faire pénétrer des troupes
dans le bois de Boulogne, soit pour faire
des manœuvres, soit même pour de sim-
pies promenades militaires. ,
Cette convention a cessé d'être respec-
tée depuis quelque temps par les chefs de
corpis, et il en est résulté des dégâts sssez
sérieux dans diverses parties du bUII, dont
l'entretien est si onéreux pour la ville.
On assure que M. le prefet de la Seine,
tur la demande de M. Alphand, a adressé
des réclamations au ministre de la guerre,
Prix i« N. * Parlfl : im CkmflMdi - DêpayfvMfwtfl : 80 C«ntlst««
Dimanolie 30 Janvier 187C
"- RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
1.. 53, rue de Lafayette» 68
Les lettres non affranchies seront refusées
Il
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JOURNAL EÉPUBLIGAM CONSERVATEUR
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Rédacteur en chef-Gérant : E. ABOOT , ,-"V
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MM. les Souscripteurs dont
1 abonnement expire le 31 jan-
vier sont priés de le renou-
veler immédiatement, s'ils ne
veulent point eprouver de
retard dans la réception du
fournal.
BULLETIN
Paris, 29 janvier 1876.
La polémique est arrivée à son maxi-
mum d'intensité et l'anxiété de l'opinion
à son dernier période. A l'heure où cette
feuille sera lue dans les départementl éloi-
gnés, l'élection sénatoriale aura commencé.
Tout a été dit, mais tout doit être répété
jusqu'au derniermoment sur la nécessité de
faire sortir, par un viril et patriotique effort,
notre pays si éprouvé, de toutes les difficul-
tés presque inextricables où il s'est débattu,
affaibli et déchiré qu'il était, depuis cinq
longues années. Certes, cette période n'aura
pas été inutile. C'est dans l'épreuve qu'on
s'affermit, qu'on se discipline, qu'on se
range au joug salutaire de la raison, du
bon sens, et de la sageese ; et tels sont les
avantages quenous.a valus ce long enfante-
ment de notre régime politique définitif.
Mais l'épreuve doit avoir son terme et
nous comptons, nous sommes sûrs que les
électeurs sénatoriaux, les yeux fixés sur
ce passé pénible, vont créer à la France
un avenir de stabilité, de progrès, de li-
berté, d'ordre matériel. Pourquoi ne pas
dire aussi d'ordre moral ? Car le véritable
ordre moral pour un peuple est fondé sur
le sentiment profond de la stabilité des
institutions qu'il s'est données avec le
ferme propos de les maintenir.
Tel est l'avis du parti républicain fran-
çais. Tel semble être celui des étrangers
les plus sympathiques à la France. L'A-
gence télégraphique russe nous commu-
nique la dépêche suivante :
« La Voix, le principal des organes rus-
ses, publie un long article sur la lutte élec-
torale en France ; elle reconnait qu'elle est
importante pour l'Europe, la future direc
tion dei affaires intérieures et extérieures
dépeadantdela composition des Chambres.»
« Elle attaque énergiquement la politique
de M. Buffet, qu'elle accuse de tendre à
ramener l'empire et d'empêcher la Répu-
blique, seule propre à relever la Frauce
et à lui rendre l'estime et l'amitié des
autres nations. »
Si préoccupés que nous soyons, à juste
titre, de nos affaires intérieures, nous ne
pouvons nous empêcher de regarder avec
quelque attention aussi au-delà de no.
frontières. Si l'insurrection crétoise annon-
cée par le Times est démentie, la lutte
continue en Herzégovine avec un caractère
inusité de violence. La Turquie, en pré-
sence de l'attitude de l'Europe, a voulu
donner dans un effort énergique la mesure
de ce qui lui reste de puissance défensive
contre ses rebelles. Cet effort parait avoir
été heureux pour elle, et il¡est constant que
les insurgés ont subi un échec ; mais ni
la question d'Orient n'est tranchée, on le
comprend, ni l'insurrection réduite par
cet incident de la lutte, quelque, impor-
tant, du reite, qu'il puisse être.
Les nouvelles d'Espagne «ont bonne*
pour la cause al^honsiste.
Celles de Prusse ne tont pas excellentes
pour la Prusse.
Dans la ditcusfion qui a eu lieu au
Reichstag, sur la réforme du code pénal,
M. le ministre Elllenbourg a tracé un ta-
bleau assombri peut être, mais dont le
fond doit être vrai, de l'organisation du
parti socialiste en Allemagne, organisation
qui, d'après lui, rend nécessaire des dispo-
sitions coërcitives d'une sévérité toute
nouvelle. Si l'on rapproche de cela le ta
bleail que le Times traçait récemment de
l'état des finances prussiennes, on arrivera
peut-être à se dire que la situation dtI nos
vainqueurs n'est pas de celles qui sont à
envier.
DERNIER AVIS AUX DÉLÉGUÉS
Demain le scrutin sénatorial doit
s'ouvrir et se clore dans les quatre-
vingt-six départements. Avons-nous be-
soin de rappeler aux électeurs les rè-
gles de conduite qui leur sont prescri-
tes par leur devoir ?
Un grand nombre d'entre eux seront
réunis au chef-lieu de leur département
ce soir même. Tous s'y trouveront de-
main dans la matinée. Dès leur arrivée,
il vont être en butte aux obsessions du
préfet et des candidats que le ptéfet
favorise officiellemeut. Hier, nous avons
vu que le préfet de l'Allier ne se propo-
sait rien moins que d'accaparer les dé-
légués de son département pendant
trente-six heures. Aujourd'hui, nous
voyons qu'un candidat officiel, à Rouen,
donne à ces mêmes délégués rendez.
vous dans la salle à manger de la pré-
fecture. C'est ce qui se passera sans
doute à peu près partout. Mais les élec-
teurs séuatoriaux n'ont pas reçu man-
dat de s'aller enfermer avec les candi-
dats officiais OU avec le préfet, dût la
conférence avoir lieu autour d une ta-
ble bien servie. Il uiïe autre façon
1
.de répondre à la confiance que leurs
jco^citoy^Hs ont mise en eux : c'est de
n Qu'en conscience, avec con-
naissance de cause, c'est-à-dire après
avoir mis en œuvre tous les moyens
possibles de s'éclairer.
Ils feront donc en sorte de tenir dès
ce soir une première réunion générale ;
et, dans tous les cas, ils n'oublieront
pas de déposer à la préfecture les dé-
clarations indispensables pour les réu-
nions qui devront être tenues demain.
Il est inutile de rappeler que toute dé-
claration doit être signée de sept élec-
teurs sénatoriaux, déposée la veille du
jour où la réunion doit se tenir, etc.
Ces diverses formalités, que nous avons
récemment énumérées en détail, sont
en outre indiquées dans les affiches of-
ficielles et les circulaires administra-
tives
A ces réunions, il importe que tous
les électeurs sénatoriaux et tous les
candidats, quel que soit leur parti,
soient convoqués. Les candidats qui
s'abstiendraient d'y paraître et d'y venir
répondre aux questions des électeurs
seront jugés par le seul fait de leur
absence. Ce seront ceux qui auront cru
plus sûr de recourir à l'intrigue que de
consentir aux explications sincères.
Sans plus long examen, ceux-là devront
être écartés. Car ils ne sont, à coup
sûr, des amis ni de la constitution, ni
de la République.
M. le ministre des finances a envoyé aux
directeurs généraux des finances, dans les
départements, la circulaire suivante.
Paris, 21 janvier 1876.
Monsieur le directeur général,
Pour satisfaire au désir exprimé par mon
collègue de l'intérieur, je vous prie d'inviter
vos chefs de service dans les départements
à remettre au préfet copie deS instructions
qu'ils ont données ou qu'ils auraient à don-
ner à l'occasion des prochaines élections aux
agents placés sous leurs ordres.
Recevez, etc.
L. SAY.
M. le ministre des finances se tire, avec
beaucoup de grâce et de malice aussi, d'un
pas assez fâcheux. Ces recommandations,
assez malencontreuses en soi, que sa situa-
tion de ministre .du cabinet homogène
l'oblige à faire, ne sont pas pour nous in-
quiéter fort, étant donnée la raison qu'il
allègue comme l'ayant déterminé à les faire.
« Pour satisfaire au désir de moa collè-
gue. » autrement dit: « poti rtatisfétire,
non pas moi, mais quelqu'un qui ett no-
toirement d'un avis contraire au mien. »
Ce n'est pas très-compromettant. Mais que
peut dire à cela M. Buffet ? Il désire, et
son désir est réalisé. L'heureux homme!
Il est vrai qu'il eût peut être mieux aimé,
pour que son désir eût plus d'autorité,
qu'il passât pour être celui d'un autre.
F.
: +.
M. le duc de Broglie meurt d'envie
d'être nommé dans l'Eure avec M. l'a-
miral La Roncière. — La Roncière?
celui qui dictait du vaisseau-amiral le
Magenta le toast bonapartiste qui fut
lu en son nom au banquet dE vieux ?
l'officier général indiscipliné que le mi-
nistre de la marine a dû relever de son
commandement ? — Lui-même. M. le
duc de Broglie a donc jugé que, s'il ar-
rivait au Sénat dans la compagnie de
cet impérialiste zélé, nul succès ne - se-
rait si glorieux, surtout si profitable.
Malheureusement pour lui, les bona-
partistes (ingrats !) ne l'ont pas pu por-
ter sur leur liste de l'Eure. Ils étaient
engagés avec M. le duc d'Albuféra ;
leurs candidats sont doac MM. d'Albu-
féra et La Roncière. Depuis cinq ou six
jours, M. de Broglie a répandu le bruit
que le duc d'Albuféra se désistait, et
que lui, Broglie, restait le seul candi-
dat des conservateurs avec l'amiral
La Roncière. Habiletés perdues ! M.
d'Albuféra tient ferme et il fait démentir
son prétendu désistement par la Li-
berté.
Si les bons électeurs normands s'a-
musent à cet intéressant spectacle, on
en peut juger ; mais il ne sera pas pardu
non plus pour tout ce grand public qui
considère la candidature de M. de Bro-
glie avec une curiosité où la sympathie
a peu de part. L'inventeur de l'or-
dre moral et du septennat personnel,
abandonné par les bonapartistes mê-
mes, ne sera point élu, c'est un fait
certain; et l'on nfe pouvait souhaiter
de plus utile soulagement pour la cons-
cience publique. Au mois de mai 1873
nous touchions au port,où nous ne serons
arrivés, grâce à M. de BrogLie, que
près de trois années plus tard, au prix
de tant de peines ! C'est à lui que nous
les devons, ces années de démoralisa-
tion et de misère. L'affroat qu'il rece-
vra de ses concitoyens ne sera que le
juste salaire de sa politique. Si quel-
ques-uns des suffrages qu'il espérait
réunir sur son nom vont s'égarer parmi
les voix impérialistes, nous désokrons-
nous? Non; car MM. de la Roncière et
d'Albuféra sont, tout compte fait,moins
bonapartistes que lui. :
Mais nous avons lieu d'espérer, pour
l'élection de l'Eure, une fin plus satis?
faisante. Les délégués républicains 4e
sont pas, dans ce départaient, en ma-
jorité; mais ils sont encore plus nom-
breux que les délégués impérialistes.
Si les voix des légitimistes et celles
des orléanistes mêmes, qui n'ont après
tout aucune raison de pousser au Sé-
nat l'homme <|ui les a le plus compro-
mis, s'alliaient aux voix républicaines,
les intérêts conservateurs n'en iraient
pas plus mal, et l'honneur du pays se-
rait vengé des insolentes revendications
impérialistes et des prétentions non
moins insolentes de l'homme à qui le
bonapartisme doit tout. Les deux can-
didats républicains sont MM. Lepouzé
et d'Osmoy ; est-il des choix plus ras-
surants ? en est-il de plus honorables?
L'Eure, comme les Vosges, sera demain
l'un de ces départements qui pourront
se dire qne les yeux de tout le pays
sont fixés sur eux.
EUG. LIÉBERT.
+
HISTORIETTES ÉLECTORALES
Il yen a trop. L'historien doit choisir et
résumer. Mais qu'il y en a de drôles dans
le E ombre ! Ces bons maires de M. de Bro-
glie n'ont qu'une idée- quand je dis qu'ils
l'ont, il est probable qu'on la leur a don-
née — c'est de se faire nommer délégués.
L'an se présenta devant son conseil, et, avec
une bonhomie faite pour désarmer la cri-
tique : « Vous êtes tous d'accord, n'est-ce
pas, pour me nommer délégué? Ce n'est
donc pas la peine de voter! » Et, de fait,
on ne vota point, malgré toutes les pro-
testations de plusieurs conseiller., qui, eux,
n'étaient point du tout d'accord, quoi qu'en
dit M. le maire.
Ailleurs, à Graves (Charente), le maire
lit gravement la loi prescrivant l'élection
sans débat, et, là-dessus, s'étend en dé-
veloppements trèi-détaillés ayant tous po-ir
conclusion que le meilleur délégué est M.
le maire. Pour donner p'us d'autorité à sa
parole, M. le maire avait amené dans la
salle du conseil madame son épouse et le
tambour de la commune.
Cela, c'est procéder par intimidation.
D'autres procè tent par moyens plus doux,
comme le maire de Marolette (Sarthe),
qui installe au bureau, en qualité de
secrétaire, Mlle Célestina, personne d'un
âge très-tendre, mais déjà fille de M. le
maire.
Marolette n'est pas la pays de la cour-
toisie française. Car messieurs les conseil-
lers ont eu le mauvais goût de protester
contre cette innovation, si bien faite ce-
pendant pour tempérer agréablement la
sévérité de nos institutions politiques.
Autre séduction, je ne dirai pas plus
puissante, ne voulant pas être désagréable
à Mlle Célestine, mai:, d'un caractère plus
brutal. C'est la séduction gastronomique.
Fi ! monsieur Anisson Duperron ! Croire à
l'efficacité de pareils procédés ! Mais voici
l'affaire. M. Anisson-Duperron, député et
conseiller général de la Seine-Inférieure,
est plein de solliciiule pour les estomacs
des délégués municipaux, et il leur fait
parvenir cette circulaire compatissante :
Saint-Aubin, 22 janvier 1876.
Monsieur le délégué,
Désirant vous rêcnir à tons nos collègues
du canton de Cauiebec, je viens vous prier
de me faire le plaisir de venir déjeuner le 30
janvier, jour de l'élection des sénateurs, à
Rouen, à midi, après le premier tour de scru-
tin. Nous nous réunirons à l'hôtel de la préfec-
ture.
Recevez l'assurance de mes meilleurs sen-
timents.
Le conseiller général,
ANISSON-DUPERRON.
(Réponse, s'il vous plaît.)
< Après le premier tour de scrutin. »
Au moment où le sort est incertain, les
partis divisés, la victoire indécise, M.
Anisson-Duperron arrive, avec son menu,
pour faire pencher la balance et rallier
les bataillont rompui.
Ce «. premier tour de scrutin » est une
heureuse trouvaille ; car voyez tout ce que
contient ce peu de mots. « Après le premier
tour ! » dit M. Duperron.
Donc, s'il n'y a point de second tour,
point de déjeuner. Voilà les délégués obli-
gés à se diviser tavamment pour qu'il y ait
« premier tour, » c'e*t-à dire scrutin sans
rèlultat. Avant le déjeuner, ils sont forcés
de ne rien conclure, s'ils veulent déjeuner.
Aprèà le déjeuner ils sont liés par la re-
connaissance de l'estomac au candidat de
de M. Duperron. autrement dit candidat
du déjeuner. Béranger fait dire à son can-
didat :
Il Autour du pot c'est trop tourner :
» Messieurs, l'on m'attend pour diner. Il
M. Duperron veut faire dire au chœur
dee délégués :
« Autout du pot il faut tourner,
» Messieurs, si l'on veut déjeuner. »
Il faut avouer qu'il y a nombre de gens
qui &e tout une plaisante idée du suffrage
universel. Leurs conceptions sont certai-
nement amusantes ; mais le malheur, c'est
que le suffrage universel n'aime pas qu'on
s'amute à son sujet, et je ne mettrais pas
une obole dans le jeu des candidats de
Mlle Céiestine ou même de M. Daperrou.
FABRICK.
_——— RFFC -
L'honorable M. Genevoix, délégué
du conseil municipal de Romainville,
adresse à ses commettants la lettre
suivante, inspirée par un louable es-
prit de conciliation :
A Messieurs les membres du Conseil
municipal de Romainville.
Messieurs,
) A la suite de la séance où vous m'avez
confié à 1 unanimité le mandat d'éhscteur
sénatorial, je Vous ai promis de vous
transmettre mes impressions avant lejour
du scrutin. ,
Votre volonté, en me nommant, d'ac-
cord avec la miellné, s'appliquait à l'affer-
missement de la République et au choix
4e sénateurs républicains. La base de e
choix devait être l'union des trois gauche.
qui a permis le vote du 25 février.
Aux premières réunions du collége élec-
toral, j'ai proposé cette union, et dans les
séances suivantes, elle a été patronnée par
les orateurs les plus sympathiques de l'As-
semblée nationale.
Cette union, ajournée par les impatients
qui pensent être les plus nombreux, sou-
tenue par des voix autorisées, n'est encore
qu'à l'état platonique.
On ne doit l'étudier, parait-il, que pour
le second tour de scrutin. Cette indécision
est fâcheuse, mais elle ressort, surtout, de
la difficulté de choisir entre le grand nom-
bre des candidats.
Mon désir était d'établir les préliminai-
res de cette union dans la dernière séance
du collège. La réunion ne me l'a pas per-
mis.
Je voulais dire que l'union des nuanees
républicaines est d'autant plus indispen-
sable que, outre qu'elle seule pourra faire
vivre la République, elle s'impose au parti
démocratique le plus avancé par les dé-
clarations de ses orateurs, dans la discus-
sion de la loi électorale.
N'ont-ils pas affirmé avec raison quo le
scrutin uninominal continuerait les riva-
lités fâcheuses, les luttes intestines dont
l'élection Barodet a donné le spectacle, au
profit de la réaction ? N'ont-ils paq promis
bien haut que partout où il y aurait scrutin
de liste, ils se prêteraient aux transactions ?
Eh bien! l'élection sénatoriale se fait
parunscrutta de liste, et c'est l'heure pour
la démocratie avancée de montrer sa sa-
gelse en même temps que son patrio-
tisme.
On doit se préoccuper de la réaction et
des défaillances républicaines que l'égoïtlme
politique pourrait produire dans les dépar-
tements.
Espérons que ce danger sera évité.
La composition du collége électoral de
la Seine étant donnée, ne serait il pas plus
conforme à la saine raison d'attribuer en
principe deux sièges à l'extrême gauche,
deux sièges à la gauche républicaine, un
siège au centre gauche?
Si une combinaison de ce genre eût été
indiquée dans l'intérêt commun par un
vote de la dernière réunion, je suis pres-
que certain que tous les républicains pra-
tiques, conservateurs, d'origine ancienne
ou nouvelle, se fussent fait un devoir d'y
acquiescer.
Si à ce vœu on eût ajouté un classement
des candidatures suivant les déclarations
des candidats, n'aurait-on pas grandement
facilité le choix des électeurs ?
Ce classement pouvait être fait séance
tenante, même dans l'ordre alphabétique,
pour éviter jusqu'à l'apparence d'une pres-
sion.
Les candidats de l'extrême gauche sont
évidemment MM. Victor Hugo, Louis
Blanc, Fioquet, Peyrat, Tolain.
La gauche républicaine est représentée
par MM. de Freycinet, B?clard, Hérold.
Le centre gauche, par M. Dietz Monnin.
Cd classement peut faciliter le choix des
noms.
Il s'agit du salut de la République, et la
République, pas plus que la France, ne
peut appartenir à aucun parti, et surtout à
aucune fraction de parti.
La France ne peut se relever que par le
respect de la loi. La véritable majorité de
la démocratie française n'est ni radicale ni
cléricale. Elle aime et veut la liberté, et
tous les efforts qu'elle a faits, tous les com-
bats qu'elle a soutenus dans une longue
suite de siècles, tendaient uniquement à la
conquête de la liberté.
Agréez, etc.
EMILE GENEVOIX.
—
CHRONIQUE ELECTORALE
ÉLECTIONS SÉNATORIALES
Aube. — Voici la profession de foi col-
lective que MM. Gayot et Mawson de Mor-
fontaine ont adressée aux électeurs séna-
toriaux :
Messieurs et chers concitoyens,
Un comité, formé de conseillers généraux
et de conseillers d'arrondissemeat, nous a
proposés à vos suffrages pour représenter
notte département au Sénat. Nous venons
vous exposer avec franchise quels tout nos
principes politiques et quelle ligne de con-
duite nous suivrons, si vous nous honorez
de votre confiance.
Nous repoussons tout changement de gou-
vernement, toute révolution nouvelle.
Sincèrement républicains, convaincus que
la République est la seule forme de gouver-
nement possible en France, nons défendrons
la constitution du 25 février. Nous voulons
son maintien et son affermissement. Quand
le moment de la réviser sera venu, nous con-
tribuerons à l'améliorer, à la compléter,
non à la transformer ou à la détruire. Nons
apporterons notre concours actif et sincère
au marécbul de Mac-Mahon. C'est dans ses
mains loyales que l'Assemblée naiionala a
remis le pouvoir exécutif; c'est à sa vigi-
lance et à l'a fermeté qu'elle a confié la garde
de nos institutions nouvelles; nous le secon-
derons, de tout notre pouvoir dans l'accom-
plissement de son importante mission.
La République que nous défendons est la
République conservatrice, protégeant tous
les principes tuiélaires de la société, tous les
intérêts légitimes. Mais nous la voulons aussi
libérale et sagement progressive, sauvegar-
dant les libertés qui noua sont acquises : li-
berté religieuse, liberté civile, liberté politi-
que.
Nous sommes ennemis de tout excès, de
tpute violence. Tous nos efforts tendront à
Concilier les partis, à apauer les haines, à
ajsi>uier l'ordre, la paix, le travail, qui sont
nécessail es au. relèvement et à la prospérité
de notre psys.
MASSON DE MOKFONTAINE,
Membre du Conseil général,
Président de la Commission départementale.
A. GAYOT,
Député à l Assemblée nationale,
Membre du Conseil général.
Tout le monde connaît les opinions poli-
ques et l'honorabilité de M. Gayot, ce vé-
téran de l'Assemblée de 1848, un des mem-
bres les plu. formes du centre gauche,
puissant au plus haut degré de l'estime de
tous ses collègues, à l'Assemblée actuelle.
M. Masson de Morfontaine, ancien mili-
taire, qui a laiisé dans l'armée la plus
belle réputation, figurerait dignement au
Ssnat à côté de M. Gayot. Ce sont là deux
de ces hommes modérés auxquels le prési
dent de la République a fait un patriotique
appel, deux fermes défenseurs du gouver-
nement républicain tels que le pays les
demande.
Côtes-du-Nord. — Il nous arrive, de ce
département, des renseignements nou-
veaux, nets et précis, qui nous obligent à
jeter un coup d'œil rapide sur la situa-
tion respective des partis au moment où
ils vont marcher au scrutin.
La liste dite de « l'union conservatrice, »
appuyée par le préfet, se compose de qua-
tre députés sortants r le vicomte Henri de
Champagny, le vicomte de Tréveneuc, l'a-
minal de Kerjégu, M. Allenou ; les trois
premiers, légitimistes ; le quatrième, bona-
partiste.
Les royalistes purs ne manqueront pas
de biffer sur cette liste le nom de M. Alle-
nou et de le remplacer par celui d'un con-
seiller général légitimiste, M. Bu des de
Guébriant, qui pose isolément une candi-
dature franchement légitimiste.
La liete des bonapartistes comprend :
M. Paul de Champagny, ex-député officiel,
ex-chambellan de' Napoléon III; M. Alle-
nou, déjà Flammé; M. Duval, président du
conseil général; le nom du quatrième can-
didat reste en blanc, c'est celui-là qui a le
moins de chance d'échec.
Enfin, en face de toutes ces compétitions
ardentes, de tous ces prétendus conserva-
teurs qui n'ont qu'un point commun entre
eux, le désir de s'emparer du pouvoir, se
présente la liste républicaine, bien com-
plète à présent : deux députés sortants,
membres du centre gauche, MM. de Janzé
et Le Gall la Salle, auxquels lecomité vient
d'adjoindre M. Daniel, conseiller général,
et M. Jaquemin, maire de Dinan.
Les électeurs sénat iriaux des Côtes-du-
Nord ont un moyen aussi simple qu'excel-
lent pour ne pas froisser, au profit de l'au-
tre, tel ou tel membre de la dynastie légè-
rement divisée deg Champagny: c'est de
voter pour la liste républicaine.
Soone-et-Loire. — M. Félix Renaud,
député, membre du centre gauche, a écrit
à MM. Bessard et Merle une lettre dont
voici la partie importante :
Chalon-sur-Saône, 27 janvier 1876.
A MM. Bessard, conseiller général à Tournus,
et Merle, conseiller municipal à Mdcon
Messieur,
Vous êtes venus me prier, hier, au nom
d'un grand nombre de vos amis politiques,
de vouloir bien retirer ma candidature aux
élections sénatoriales du 30 janvier prochain.
Voos avez fait appel à mon patriotisme et
à mon dévouement en faveur d'une caose de-
venue la mienne, « rétablissement en France
d'une République libéra!e, éclairée, tolé-
rante, » et vous m'avez exposé les dangers
qu'il y aurait à établir une lutte sur trop de
noms, alors même que cès noms seraient pris
dans les diverses nuances du parti républi-
cain.
Je vie us vous donner la satisfaction que
vous me demandez.
Mais comme je ne veux pas qu'il existe
dans aucun esprit la plus légère équivoque
sur le maile qui me fait agir en ce moment,
je déclare qu'en même temps que je retire
ma candidature au Sénat, je suis résolu à
n'en poser aucune et à n'en accepter aucune
pour la dépatation.
Je rentre dans la vie privée et je reprends
cetta îobe d'avocat que je suis fier d'avoir
portée.
Agréez, etc.
FÉLIX RHNAUD,
Membre de l'Assemblée nationale.
M. le général Guillemaut, M. Ch. Rol-
land et M. Pernette restent donc les seuls
candidate républicains au Sénat dans
Saône-el-Loire.
Autant nous nous réjouissons, dans le
cas présent, du désistement patriotique
de M. Félix Renaud, autant nous regret-
terions de voir cet honorable membre du
centre gauche persister dans son intention
de ne pas accepter de candidature pour la
députation.
Var. — Abondance de candidatures ré-
publicaines dans ce département; deux
seulement sont importante* : ceilo de M.
Charles Brun, que nous avons annoncée
déjà (numéro du 25), et cei-e de M. Fer-
rouillat. Les professions de foi de MM. Brun
et Ferrouillit sont remarqxiablts par leur
esprit politique, et le succès de ces deux
honorablea candidats parait assuré.
Viennent ensuite MM. Bon, notaire à
BarjfJls, le docteur Pouy, ancien maire
d'Hyères, le docteur Ptlllegrin, médecin
principal de la marine en retraite, et Gar-
riel, tonseiiltr général. Mai3 une grande
réunion doit te ttrnir ce soir, et l'on sup-
pose que ces diverses candidatures seront
éllmilléej; il ne resterait qu'une liste repu
blicaine, comprenant les noms de MM. Fer-
rouillat et Brun.
————————— ♦ —————————
Le Libéral de Seine-et Oise publie la lettre
suivante de M. Gilbert Boucher :
Monsieur le rédacteur en chef,
On me communique à l'instant un écrit
diffamatoire que M. Farjasae, membre du
conseil général, vient de publier à l'occa-
sion de ma candidature au Sénat.
Je proteste de la manière la plus énergi-
que contre les imputations qui ont été di-
rigées centre moi dans cet écrit.
Je vais réunir les documents propres à
éclairer la religion des électeurs, qu'on
cherche vaiJlant. à tromper, et je ':, com-
musiquerai, samedi proch»:^ à MM. les
délégués 8énatori>''x> lors de la réunion
qui doit avoir lieu ce jour-là, à Ver-
s.
Agréez, monsieur le rédacteur en chef,
l'assurance de ma considération distin-
guée.
Gi LBERT-BOUCHER,
président du conseil général,
conseiller à la cour d'appel
dti Paris.
Ge 27 janvier 1876.
INFORMATIONS
M. Dufaure est parti hier soir pour La
Rochelle.
Le général de Cissey a dû se rendre à
Rennes également hier.
On a répandu hier les nouvelles les plus
graves sur la santé de l'empereur d'Alle-
magne.
Rien n'est venu confirmer ces bruits. Il
résulte, au contraire, des renseignements
donnés par les journaux allemands que
l'empereur Guillaume a assisté mardi soir
à une représentation théâtrale, et que
mercredi matin il a donné ses audiences
comme d'habitude.
Les mesures sont prises dans tous les
chefs lieux pour que les nominations de
sénateurs,quel que soit le nombre des scru-
tins, puissent être terminées dans la jour-
née de dimanche et transmises immédiate-
ment au ministère de l'intérieur.
M. Léo, qui aura sans doute été tancé
vertement pour n'avoir point voulu com-
muniquer, le jour de l'élection des délé-
gués, de renseignements à la presse, fait
adresser par l'agence Havas la note sui-
vante aux journaux : ',",
Plusieurs journaux ont pensé que le ser-
vice habiteel de communication à la presse,
à l'occasion des élections, avait été supprimé
au ministère de l'intérieur, parce que la 16
janvier aucun renseignement direct n'avait
pu être fourni à ces journaux sur l'élection
des délégués sénatoriaux.
Il n'était pas possible de procéder dans une
élection à deux degrés comme dans nne élée-1
tion ordinaire; une liste de 70,000 noms pro-
pres qui ne sont pas tous connus encore à"
l'heure actuelle, et dont la reproduction eût
été matériellement impossible pour les jour-
naux, n'aurait offert pour eux ni intérêt ni
signification appréciable.
Aujourd hui, au contraire, nous croyons
savoir qne le service habituel se fera au mi-
nistère de l'intérieur, et que la salle ouverte
aux journalistes le sera dès 2 heures de l'a-
pi ès-midi, les premières dépêches pouvant
arriver de bonne heure.
Elle sera fermée à 5 heures, pour rouvrir
de 8 heures et demie à minuit comme d'ha-
bitude.
On parle de la prochaine nomination de -
M. d'Antas aux fonctions de ministre du
Portugal à Paris. Le titulaire actuel, M.
de Mendez Leal, irait remplacer M. d'An-
tas à Madrid.
On annonce de Berne que le congrès.
postal a terminé ses travaux. Le prochain
congrès se tiendra à Londres au mois de
juin.
M. Ernest Gouin, président de la cham-
bre de commerce, vient d'être nommé ré.
gent de la Banque de France.
Le conseil municipal de Paris est encore
convoqué pour mardi prochain. Cette
séance sera la dernière de sa session ex-
traordinaire. Aussitôt après s'ouvrira la
session ordinaire de février, où doivent
venir d'importantes affaires, notamment
celle de Gennevilliers, et probablement.
aussi celle du cimetière de Méry-sur-Oise.
Un mot oublié hier dans une informa-
tion, à propos d'un délit de colportage dont
s'était rendu coupable un M. Brossel, l'a
rendue complétement inintelligible.
Nous avions dit que les écrits colportés,
étaient des invitations à des messes bona-
partisteil, et non simplement à une messe.
Voici
partistes, d'ailleurs en quelques mots le
compte-rendu de cette affaire, où quatre in-
dividus étaient inculpés :
Le 13 janvier, à l'issue d'une messe cêM..
brés à l'églisb Saiat-Eloi de Reuilly, en mé-
moire de la mort de Napoléon III, les préve-
nus ont distribué, sur la place de l'église,
aux personnes qui avaient assisté à la inesse,
des brochures bonapartistes intitulées notam-
meut: les Calomnies con re l'empire et Ce qu'a
coûté le 4 Septembre. Ils avaient en outre dis-
tribué des lettres d'invitation pour une autre
messe qui devait être célébrée, à la même
intention, le lendemain ou le surlendemain,
dans une autre paroisse.
Sur les questions de M. le président, lei
sieurs Thiibault, Bressel et Seichfct ont dé-
claré qu'ils recoanaissaient l'exactitude des
faits qui leur etaient reprochés.
Quant au sieur Brunox, il a protesté avec '•
énergie contre l'impritatioll dont il est l'objet,
prétendant n'avoir rien distribué et déclarant
en termes d'une véhemence extrême que les
rgents qui affirmaient le contraire. en
avaient menti. »
Le tribUQbl. après avoir entendu Me Bou-
chotte, a condamné Seichet à un mois de pri-
son et cent francs d'amende; Brossel à un
mois de la même peine et trois cents francs
d'amende ; TniôDanit et Brunox, chacun à
trois cents francs d'amende.
Les perquisitions opérées au domicile de
M. grossel ont amené la saisie de deux lettres
par lesquelles un certain nombre d'électeurs
de 8" arrondissement engageaient M. Raoul
Duval à poser sa candidature en vue des pro-
chaines élections législatives.
Nous apprenons la mort de M. Léon Mi-
chel, ancien secrétaire de la rédaction du
Journal officiel, chevalier de la Légion -
d'honneur, qui collabora pendant plusieurs
apnées à la rédaction du Moniteur uni-
versel.
D'après une convention existant entre
la ville de Paris et le ministère de la guerre
depuis 1860, il est interdit, sauf les jours
de revue, de faire pénétrer des troupes
dans le bois de Boulogne, soit pour faire
des manœuvres, soit même pour de sim-
pies promenades militaires. ,
Cette convention a cessé d'être respec-
tée depuis quelque temps par les chefs de
corpis, et il en est résulté des dégâts sssez
sérieux dans diverses parties du bUII, dont
l'entretien est si onéreux pour la ville.
On assure que M. le prefet de la Seine,
tur la demande de M. Alphand, a adressé
des réclamations au ministre de la guerre,
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