Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1876-01-24
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 24 janvier 1876 24 janvier 1876
Description : 1876/01/24 (A6,N1508). 1876/01/24 (A6,N1508).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/03/2013
Sixième ADD." - M* 1BOS
Prix Au Numéro * Paris : 18 OtnliniM - PêpsrloaftffnM : 80 tjoutimaule
Lundi 84 JuTlMP 18T9
L 2U j i llljjjj Ifjî ILi
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S'adresser au Secrétaire de la RàaetiOa.
de 2 heures à minuit
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- ;.: Les îellres non affranchies seroïiï refusées "'1
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MM. les Souscripteurs dont
l'abonnement expire le 31 jan-
vier sont priés de le renou-
veler immédiatement, s'ils ne
veulent point éprouver de
retard dans la réception du
journal.
BULLETIN
Paris, 23 janvier 1876.
Le Journal officiel d'hier publie une
circulaire de M. lé ministre de. l'intérieur
aux préfets concernant les règloa à suivre
quant aux opérations .électorales pour la
nomination de# sénateur^ tiàgence Ëàvas
publie encore de temps-à Aikïko., quelques
bulletins de victoire. Ces dernieres cartou-
ches ne portent plus. Les résultats de la
journée da dimanche dernier sont désormais
Connus,ceux de dimanche prochain prévis.
Il ne faut que lire les feuilles ministériel-
les ou Mmi'ministérielles pour s'en con-
vaincre. Le ton en est à ta fois plull mo-
deste et plus àrdent : plus modeste en ce
qui touche les résultats des élections des
délégués, plus ardent quand il .'àgit de
demander au ministère un redoublement
de zèle, aux collégel; électoraux un redou-
blement de dévouement.
Ces deux résultats sont aussi diîffcile&.â
obtenir l'un que l'autre. On n'imagine pas
aisément comment M. leministre de l'inté-
rieur pourrait pousser plus loin l'activité
toute plébincitaira propagande, et il
semble qu'on ait çeu à corçrpter, en ce qui
concerne les délégués municipaux, «ur
l'accroissement d'un dévouement qui, en
général, n'existe guère.
Ce qui t&doUblèra sans doute, c'est le
découragement de M. Buffet en présence
des élections espagnoles. L'Espagne est le
pays des élections-faciles, et ce n'est ja-
mais par les bulletins de vote qge les mi-
nistères y sont renversés. Le gouverne-
ment y a remporté un succès complet. En
somme, il y a lieu de s'en féliciter, et, au
milieu de toutes leig difficultés mtérieures
et extérieures qui l'agitent, on ne peut se
plaindre que la gouvernement espagnol
ait obtenu cette faible consolation et ce
concoure, assez faible aussi.
On nous permettra pourtant de regretter
que l'illustre et respectable M. Càstelar ait
échoué. Il convenait que ce libéral et cet
honnête homme eût sa place dajas le Par-
lement du pays qu'il a administré avec in-
telligence et désintéressement.
Le combat entre les insurgés d'Herzé-
govine et les troupes régulières, que nous
annoncions hier, a duré trois jours. L'a-
vantage est resté aux insurgés.
Un article du Journal die Saint-Péters-
bourg, apprécie an termes mesurés la ré-
- solution prise par ie ministère anglais, et
insiste sur cette idée, qui n'est que trop
vraie, que la question reste tout entière,
les puissances étant d'accord sur la néces-
sité d'agir, mais les moyens restait à trou-
ver, et le but lui-même étant quelque peu
enveloppé dans les ténèbres de l'avenir.
Le Comité ~ML~aâ
On se disait : Que pourra bien être
(le programme du comité central de
l'U nion conservatrice ? Et l'on se per-
dait en conjectures, car ce comité a
pour président le général Changarnier,
et malgré tout, bien que personne n'ait
oublié la réconciliation du sémillant
vieillard avec Napoléon III, et sa dé-
fense de Bazaine, on ne peut l'accuser
d'une tendresse réelle pour les bona-
partistes. Il est peut-être enclin à trop
d'indulgence à leur égard, mais ce
n'est assurément pas lui qui en fera
jamais l'avant-garde du parti conser-
vateur. On n'attendait donc pas sans
quelque curiosité le manifeste du co-
joûité central, ne fût-ee que pour savoir
jquelle attitude il prendrait vis-à-vis de
la faction impérialiste.
Ce manifeste a paru; le général:
Changarnier en a donné lecture au co-
mité,qui, suivant les journaux officieux,
l'a adopté par acclamations et couvert
d'applaudissements. Voici ce morceau,
il vaut la peine d'être savouré :
Messieurs,
L'éloquent appel de M. la maréchal prési-
dent de la République aux amis de l'ordre
et de la paix a été entendu.
Nous, commerçants de Paris, nous nous
sommes réunis et, sous la présidence d'an
vétéran de la cause de l'ordre, nous avons
constitué un comité chargé, en dehors de
tout esprit de parti, de choisir et de soute-
nir des candidats résolûment conservateurs.
Nous tous, qui voulons vivre honorable-
ment du fruit de notre travail ou du travail
accumulé de nos pères, concertons-nous pour
soutenir le pouvoir légal du vaillant et
leyal soldat en qui la France a mis sa coh-
nance.
Prouvons que l'amour du bien public peut
inspirer plus d'activité et d'énergie que l'es-
prit de démolition.
Nous recevrons avec reconnaissance les
conseils que les comités conservateurs des
départements nous feront 1 honneur de nous
adresser. S'ils ént besoin de nos conseils et
dé ils nous trouveront empressés
&-lMJ,M[f donner
Dieu bénira la pureté de nos intentions !
Le bureau du comité central :
Le général CUANGARNIER, président;
LOUVET, député, ancien président du
tribunal de commerce, vice-prési-
dent ; ','
DAGUIN, ancien président du tribunal
de commerce, vice-président ;
TIBURCE-FERRY, secrétaire.
Voilà qui est - se tirer galamment
d'embarras. Le proverbe dit : Dans le
doute, abstiens-toi; le général Chan-
garnier et ses amis ont pris le parti
contraire; et comme ils ont compris
l'impossibilité où ils seraient de sépa-
rer le bon grain de l'ivraie, ils ont ré-
solu de tout prendre.. ils ouvriront donc
les bras à tout venant, car il est en-
tendu que tous les candidats sont ou
se disent résolûment conservateurs.
Prenons un exemple : Six candidats
sénateurs àe préientent datis le dépar-
tement de Seine-et-Oise : MM. Léon Say,
Féray et Gilbert-Boucher, d'une part ;
de l'autre; MM. Darblay, Duruy et
Lefèvre-Pontalis.
Les trois premiers ont la prétention
très-justifiée, suivant nous, d'être plus
conservateurs que les trois autres;
mais ces derniers déclarent être bien
plus r é solument conservateurs que
leurs adversaires, sous prétexte que
M. Buffet leur a délivré une patente.
Il est clair, cependant, que le comité
central ne saurait avoir de préférence
pour ceux ci ou pour eeUx-là, car tous,
sans exception, affirment être du nom-
bre des amis de l'ordre et de la paix à
qui le président de la République a
fait appel; tous veulent soutenir le
« pouvoir légal > du maréchal de Mac-
>Mhva. Et ce que nous disons des can-
didats de Seine-et-Oise, nous le pour-
rions dire des candidats de tous les
départements. En est-il un seul, légiti-
miste, orléaniste, bonapartiste ou ré-
publicain, qui ne témoigne de son pro-
fond respect pour la loi ? Donc, ils sont
tous conservateurs.
Mais il ne suffit pas, comme on l'a
vu, d'être conservateur pour obtenir
l'appui du comité central ; il faut l'être
« résolument.> A quoi cela se recon-
naît-il ? Ici, nulle indication précise ; il
faut deviner. Or, ce qui frappe surtout
dans le manifeste cité plus haut, c'est
la concision. L'auteur a évidemment
compris que moins il en dirait, moins
il courrait risque de se tromper. Tout
ce qu'on coupe n'est pas sifflé, disait
Scribe ; et c'est d'après ce principe que
le manifeste a été rédigé. Toute expli-
cation susceptible d'amener une con-
troverse, toute expression même qui au-
rait pu ne point satisfaire tout le
monde en général et chacun en parti-
culier, a été soigneusement évitée.
Pas un mot sur la forme de gouver-
nement établie par la constitution du
25 février; pas une allusion à ce fa-
meux article de la révision. C'est pour-
tant à la façon d'interpréter cet article
que se reconnaît, croyons-nous, le vrai
conservateur. Mais non, le comité cen-
tral ne semble voir dans la constitution
que le maréchal, et il faut bien croire
que, à ses yeux, eelui-là seul est con-
sidéré comme « résolûment » conserva-
teur qui évite de se prononcer sur la
forme du gouvernement et l'usage qu'il
compte faire, le cas échéant, de l'arti-
cle de révision.
En conséquence, le comité central
n'appuiera que des monarchistes de
toutes nuances,, puisque tous s'accor-,
dent à garder un silence aussi prudent
que peu honnête sur les points essen-
tiels que nous venons de signaler. Eh !
bien, franchement, nous serions - fort
surpris si les républicains étaient ja-
loux du concours promis à leurs adver-
saires par ,1e général Changarnier ; et
ce que nous pouvons affirmer, c'est
qu'ils sont anxieux de savoir comment
cet infortuné comité central va se tirer
de là. Sollicité par les royalistes, tiraillé
par les bonapartistes, imploré par les
orléanistes, à qui donnera-t-il la préfé-
rence quand ces trois couleurs se
trouveront réunies sur un même point?
Allons, allons, les conservateurs nous
font tout l'effet d'avoir, une fois en-
core, perdu une beHe occasion de se
tenir tranquilles.
E. SCHNERB.
.4>
Le Temps rend compte en ces termes de la
réunion du comité central de VUnion, conser-
vatrice de la France qui a eu lieu vendredi
Il y avait à peu près une cinquantaine
d'assistants. Le général Changarnie r occu-
pait le fauteuil de la présidence. Il a été
tout d'abord donné lecture de la circulaire
adressée aux électeurs de Paris et des dé-
partemonts qui adhèrent au manifeste du
président de la République :
Le général Changarnier a. ensuite dé-
claré qu'il avait déjà reçu de nombreuses
lettres ,.J.rviflœ approuvait l'initia-
tive du comité.
« Il ademan^é ensuite que chacune dès
personnes présentés souscrivît pour une;
petite somme, en ajoutant que les fonda
seraie nt déposés chez M. de Rothschild.
M. FïMéric Lévy, ancien maire -et :cani
didat officiel de l'empire, a demandé si le!
comité admettait toutes les nuances ew
aervMriqei Hns excention. ,M)$MYejL
Changarnier a r épondu Qui, mais très-
faiblement.
Après la désignation des secrétaires,'M.
le général Changarnier a annoncé* à4a
réunion qu'un employé du Cabinet^u'mi-
nistre de l'intérieur serait adjoint aux se
orétaires élus. Cette annexion de l'un dea
collaborateurs de 36. Buffet, entretenu aux
frais du budget et tranquillement uulisé
par un comité électoral privé, n'a pas sou-
levé dt) protestâtioni.
L'ordre du jour étant épuisé, le bureau
a prié les assistants de venir signer la cir-
culaire. M. Antonin Lefèvre-Pontalis a fait
alors observer que, si on procédait ainsi,
le nombre des signatures serait très-faible.
La proposition a été néanmoins adoptée,
et la séance a été levée.
; -
Etrange situation qttê celle de M. le
vice-président du conseil ! Chaque mem-
bre du ministère a, dans les partis
avouables, des défenseurs et des sou-
tiens : M. Bufatire et M. Léon Say
conservent pour alliés naturels les ré-
publicains ; M. Wallon, les libéraux; du
centre droit ; M. de Meaux est tou-
jours appuyé par une fraction de l'opi-
nion légitJmiste. M. Buffet, isolé et
abandonné, semble avoir pris à tâche
d'éloigner successivement de sa politi-
que et de sa personne tous les partis,
hormis un seul, qui, depuis le vote de
la déclaration de déchéance, n'est mê-
me plus compté pour parti, mais pour
faction. Aujourd'hui, comme au lende-
main du 24 mai, le bonapartisme peut
revendiquer un représentant dans le
ministère, et C'est le - vice-président du
conseil, c'est M. Buffet.
Telle a été sa conduite, en ces der-
niers jours, que les organes du centre
droit et l'officieux Français lui-même
ont renoncé à la justifier. Sur le der-
nier compte-rendu de la commission de
permanence, le Français a pris le
parti de se taire. Il ignore aujourd'hui,
et il veut ignorer la scandaleuse ma-
nœuvre électorale à laquelle a servi le
Journal officiel du soir. Dieu sait Si
M. Buffet, depuis deux jours, a été
pris à partie par la presse constitution-
nelle et libérale, depuis la République
française jusqu'au Moniteur univer-
sel et jusqu'à Y Echo! Jamais ses amis
n'auront eu plus pressante occasion de
nous courir sus et de le défendre. Le
Français ne le défend pas. Il est pris
de découragement, il y renonce. Et qui
donc en serait surpris? Quelle tâche
donne à ses avocats un client tel que
M. Buffet !
Le voilà seul— seul avec l'Ordre, le
Pays, le Gaulois, la Patrie, Paris-
Journal, qui se sont emparés tout à
coup de ce rôle d'officieux que le Fran-
çais se voit contraint d'abandonner.
Si vous voulez connaître la pensée de
M. Buffet, elle n'est plus traduite exac-
tement que par des écrivains bonapar-
tistes. Ne cherchez point ailleurs ses
amitiés, ses alliances. Avant-hier, c'é-
tait le Gaulois qui le portait aux nues
pour cette ferme résolution de ne point
observer la loi qu'il a si hautement
annoncée à la commission de perma-
nence. Hier, c'était le Pays, l'Ordre,
le Soir, la Patrie, le Paris-Journal
qui glorifiaient en lui le grand électeur
impérialiste, et, pour tout dire, l'édi-
teur inventif du Bulletin fi ançais.
Il n'y a pas encore un an qu'a été
formé le ministère du 10 mars, porté
au pouvoir par les républicains et quel-
ques libéraux du centre droit, en un
mot par la majorité constitutionnelle,—
et c'est en cette compagnie que nous
retrouvons M. Buffet! Il est l'homme des
bonapartistes seuls ; il n'est même plus
l'homme du centre droit et de la droite !
Si l'Assemblée nationale était réunie,
M. Buffet ne resterait pas une heure
,au ministère ; ami démasqué du bona-
partisme, il n'aurait pour lui d'autres
voix que celles du groupe infime qui
manœuvre sous la direction de M.
Rouher. Mais depuis la séparation de
l'Assembléa, il a pu donner carrière à
ses hardiesses. Qui l'empêche ?
Il sait bien que la convocation de la
Chambr, en pleine période électorale,
causerait un trouble dont la commis-
sion de permanence ne rendra point la
responsabilité. Il sait aussi que, par
les mêmes raisons, ses collègues, qui
le désavouent, consentent à de péni-
bles sacrifices plutôt que de jeter la
France en ce moment dans l'agitation
d'une crise ministérielle. Il a pour lui
les bénéfices de la situation, et il en
use de façon à ne point s'attirer le re-
proche d'excès de délicatesse. Mais ne
regrettons point qu'il donne au pays
un spectacle si salutaire. Si M. le
vice-président du conseil savait les
sentiments que sa politique actuelle
inspire, il se désolerait d'avoir si bien
servi, contre l'ordre moral et contre
lui-même, la cause de la liberté.
EUG. LIÉBERT.
— ————————
On est toujours le jacobin de quelqu'un.
M. Buffet est le libéral du Constitutionnæl.
Ce qui frappe la Constitutionnel et le
scandalise, c'est l'incroyable laisser-aller
avec lequel M. Buffet préside aux élections.
Le Constitutionnel, journal de M. Gibfat
(Ordre et Liberté), est tout navré d'un
pareil oubli de tous les devoirs qui incom-
bent à un premier ministre. Que fait M.
Buffet pour éclairer le pays sur les vrais
candidats, les bons, les vertueux candidats?
iQue fait M. Buffet pour assurer l'élection
de M. Gibiat (Orar'e et Liberté) ? Rien,
mais ri.en du tout.
Il y a ,t>iaa e^taines gens qui prétendent
que les préfets de M. Bbffet ont chacun leur
liste de candidats sénatoriaux, dûment
paraphés et estampillés par M. Buffet.
^idaif qu'est ce que cela?
On dit encore que les délégués sénato-
riaux sont tous, dans chaque préfect.ur,;,
clat'sés et collationné" selon leur opinion
politise*, ministérielle, opposante ou
douteuse, et l'en aime à croire qu* pareille
classification n'a pas été faite dans une
préoccupation purement artistique. Mais
où cela va-t-il? A quoi est-ce que cela rime ?
Cela safflra-t-il pour faire nommer M. Gi-
biat 1
On annonce aussi que M. Buffet pla-
carde dans son Journal çfficiel du soir de
petits résumés diffamatoires à l'adresie du
gouvernement de la Défense nationale, et
les vend à 30 francs le mille aux person-
nes de bonne volonté. Mais ce n'est pas de
la politique sérieuse, cela. Ce ne sont pas
des actes. Sunt verba et voces. Cela ne
peut être agréable qu'aux collectionneurs,
et n'a aucune portéq. pratique. « Des actes 1
il nous faut des actes 1 » M. Buffet n'a pas
l'énergie, l'audace, la poigne. Ce n'est
qu'un « orateur >. Ah ! si vous croyez que
c'est avec ces moyens enfantins, ces pro-
édés innocents,ces demi-mesures qu'on fait
de la politique tordre et de liberté, vous
êtes loin de compte i
Nous comprenons très-bien le découra-
gement du Constitutionnel en présence de
la déplorable faiblesse, de la mollesse cou-
pable, de l'inaction désastreuse dont fait
preuve M. Raffet, relativement aux élec-
tions. Ce découragement nous est un symp-
tôme que nous enregistrons en historiens
fidèles. Mais ce que nous voudrions savoir,
c'est ce que le CfiJnstitùtionneZ atténuât
de M. Bunet et ce qu'il appelle tes actes,
étant donné que la conduite actuelle de M.
Buffet est toute en paroles. Politique d'o-
rateur, soit ; mais ce serait chose intéres-
sante que de savoir ce que le Constitu-
tionnel appelle politique d'action. Il faut
avouer, en tout cas, que les journaux de
l'ordre et de la liberté ne se contentent
pas à peu de frais.
F ABRICB.
------,---'-------
LES DÉLÉGUÉS
Il devient inutile da continuer en détail
notre statistique. Le public, maintenant,
est suffisamment édifié, et tous les rensei-
gnements que nous recevons de la pro-
vince confirment l'exactitude des informa-
tions que nous avons données.
Le succès de nos candidats paraît assuré
aujourd'hui dans 43 départements : Ain,
Aisne, Ardèche, Ardennes, Aube, Bou-
ches du-Rhêne, Calvados, Cantal, Charen-
te-Inférieure, Côte-d'Or, Creuse, Doubs,
Drôme, Eure-et-Loir, Gard, Gironde, In
dreet-Loire, Isère, Jura, Loir-et-Cher,
HauteLoire, Lot, Marne, Haute-Marne,
Meurthe-et-Moselle, Meuse, Oise, Puy-
de-Dôme, Basses-Pyrénéen, Hautes-Pyré-
nées, Pyrénées-Orientales, Haut-Rhin (Bel-
fort), Rhône, Haute-Saône, Saône-et-Loire,
Savoie, Haute-Savoie , Seine, Seine-et-
Marne, Seine-et-Oise, Somme, Var, Yonne.
Nous comptons sur une majorité presque
certaine dans 14 autres, savoir : Alpes-
Maritimes, Basses-Alpes, Ariége, Dordo-
gne, Ille-et-Vilaine, Landes, Lot-et-Garon-
ne, Loire, Mayenne, Nord, Deux-Sèvres,
Tarn, Vaucluse, Vosges.
Le suocès est plus ou moins difficile ou
même plus ou moins compromis, sans
qu'il convienne pourtant d'en désespérer
nulle part, dans les 20 départements qui
suivent : Allier, Charente, Cher, Côtes du-
Nord, Corrèze, Corse, Eure, Gers, Finis-
tère, Indre, Loire-Inférieure, Loiret, Maine-
et-Loire, Morbihan, Nièvre, Pas de-Calais,
Sarthe, Tarn-et- Garonne, Vienne, Haute-
Vienne.
Enfin, il y a 6 départements dont nous
ne savons rien d'assez précis et 4 dont
nous sommes sans nouvelles, — en tout
10, que voici : Hautes-Alpes, Aude, Avey-
ron, Haute (baronne, Hérault, Lozère,
Manche, Orne, Seine-Inférieure, Vendée.
Travaillons sans relâche, et nous som-
mes assurés d'envoyer au Sénat, le 30, une
belle majorité de républicains.
Aux renseignements particuliers que
nous avons donnés hier, il convient d'a-
jouter ceux-ci :
ILLE ET-VILAINE. — On lit dans l'A-
venir de Rennes:
Naus pouvons rassurer pleinement les amis
et défenseurs de la constitution du 25 fé-
vrier. Le résultat du scrutin de dimanche
dans le département d'Ille-et Vilaine, où tout
un arrondissement est cependant entre les
mains des nobles et du clergé, nous donne
les plus grandes espérances pour le succès
de la liste qui doit être arrêtée aujourd'hui
même par les délégués convoqués en réu-
nion privée. Ce n'est pas une affirmation en
l'air que nous donnons ci-dessus, mais la
conclusion d'un travail de pointage des plus
scrupuleux. Donc, dès à présent, nous croyons
fermement que la majorité est acquise aux
candidats du drapeau tricolore, aux candi-
dats ennemis de toute révision — lisez révo-
lution — qui seront désignés aujourd'hui par
le suffrage de leurs concitoyens.
LOT. — On lit dans le Républicain du
Lot :
Nous connaissons les résultats de près de
203 communes, et ces résultats sont faits pour
nous inspirer une entière confiance dans le
scrutin du 30 janvier, à la coédition que le
zèle de tous nos amis du département ne
se ralentisse pas et que chacun fasse une pro-
pagande active en faveur des candidats répu-
blicains.
SEINE-INFÉRIEURE. — On nous écrit
de Neufchâtel :
je peux vous donner des nouvelles exactes
sur la nomination des délégués nommés dans
l'arroadis sèment de Neufchâtel ; le résultat
obtenu peut nous faire concevoir les plus lé-
gitimes espérances. Dans le canton d'Argueil,
la majorité est pour le parti républicain. Il
en est de même daas les cantons de Forges-
les-Baux et de Bachy. Nous comptons bien
sur le succès.
4 —
Voici un sous-préfet que nous recomman-
dons au Constitutionnel, Ce journal, qui
se plaint de la nonchalance de M. Buffet
en matière électorale, reconnaîtra peut-
être, dans M. la sous-préfet de Montmo-
rillcm, l'homme d'action qu'il demande, et
Je donatpr xte crU&Hw/i/t dont il a besoin.
Il est certain que M. le sous-préfet de
Montmorlllen (Vienne) donne le crite-
rium avec une maestrm twt à faitTPnrir-
quable. Lisez unpeà la lettre qu'il adresse
à tous let maires de sen trràndissement. :
(Confidentielle et urgente.)
Montieur le maire,
Un gendarme passera chez vous à onze
heures pour savoir les noms du délégué et
sous-délégué, ainsi que les opinions politi-
ques de ces deux hommes (sic). Je vous
prie instamment. monsieur le maire, de
faire tous vos efforts pour le triomphe
de la candidature dé MM. de Ladmi-
rault et Bourbeau, qui représentent dans
le pays les intérêts consarvateurs.
Et quand on songe que c'est par un
maire que cette lettre confidentielle a été
envoyée au Siècle, et que ce maire, s'il a
été nommé délégué, a été triompkalement
noté comme ministériel par l'agence Ha-
vas !
F.
+
CAUSERIES DU DIMANCHE
XLI
J'ai, depuis peu, reçu un -- certain
nombre de lettres qui peuvent être
ainsi résumées : « Nous convenons avec
vous que l'ultra9ntanisme a fait et
fait grand mal au paya ; qu'il compro-
met sa sécurité au dehors, tend à pro-
voquer la guerre civile, et a le suprême
défaut de n'être français ni de nom ni
de cœur ; que c'est un parti tracassier,
inquiet, remuant, brouillon. Il est grand
dommage qu'il se soit mis sous le man-
teau de la religion, qu'il compromet, et
à laquelle appartient ou croit appar-
tenir la grande majorité des Français ;
mais en attaquant l'ultramontanisme,
ce qui est légitime, puisque c'est un
parti, vous attaquez du même coup la
religion catholique, apostolique et ro-
maine, ce qui présente des dangers ;
car si elle cessait, par aventure, de di-
riger les consciences, qu'auriez-vous à
mettre à sa place ? Un pays peut-il se
passer de religion? »
A ces observations, nous répondrons
d'abord : que ce n'est pas notre faute
si l'ultramontcintsme, qui est un parti,
s'est introduit dans la religion, et l'ex-
pose ainsi aux coups qu'on adresse à
ce parti; que nous n'avons garde de
nous donner pour apôtres, non plus
que de nous préoccuper de mettre quoi
que ce'soit à la place d'une ou de plu-
sieurs religions pratiquées par nos con-
citoyens, puisque nous trouvons ex-
cellent qu'on ait la foi, sous quelque
forme qu'elle se manifeste ; à cette
seule condition que la foi n'ait pas la
singulière prétention de se vêtir de la
peau d'une ordonnance de police, d'un
arrêté ministériel, d'un décret ou d'une
loi pour s'imposer, comme s'imposent
à tous citoyens lois, décrets, arrêtés
et ordonnances purement civils.
Aucun arrêté ne m'oblige à aller à
la mess*, direz-vous? Non, mais si je
suis instituteur et que je n'y aille point,
on me met à la porte de mon école ;
on me coupe les vivres.
Aucune loi ne me commande de me
faire conduire par un prêtre à ma der-
nière demeure; mais si je tiens à n'y
aller qu'escorté, tout simplement, par
mes parents et amis, comme s'ils me
conduisaient à la gare du chemin de
fer pour un voyage très-long, il n'est
pas d'avanies publiques que l'on ne
tente d'infliger à ceux-ci.
Si, conformément à loi, je me marie
à la mairie, sans autre cérémonie, il
se trouvera de par le monde des gens
bien pensants pour faire entendre à
ma femme légitime qu'elle n'est qu'une
concubine et que ses enfants seront des
bâtards. et pour l'imprimer :
Si je refuse d'ôter mon chapeau de-
vant une procession qui, contre tout
droit et raison, passe sur la voie pu-
blique, je serai bien heureux si quel-
que jeune lévite ne fait pas sauter mon
couvre-chef d'un revers de main et si,
de plus, étant employé à la préfecture,
garde champêtre, ingénieur des ponts
et chaussées, facteur rural, ou receveur
général, je ne suis pas destitué très-
bien, ou tout au moins si on ne me
fait payer cher mon désir de ne me
point enrhumer du cerveau.
Il ne s'agit donc pas de mettre quel-
que chose à la place de ceci, mais de
supprimer cela. non la foi ; que chacun
garde la sienne.
Et si nous en sommes venus, nous
autres, gens modérés et d'âge, d'étude
et de travail, en dehors des brigues des
partis, disposés à tenir compte des dif-
ficultés pratiques attachées au gouver-
nement des hommes et à la gestion de
leurs affaires, à demander la sépara-
tion des églises et de l'Etat, et à tout
faire légalement pour l'obtenir, c'est
qu'on nous y a contraints, qu'on nous
gêne dans notre foi, — car nous avons
aussi la nôtre.
C'est qu'on nous place entre 1 hypo-
crisie et l'ostraoisme; c'est qu'on nous
dit : « Tu es libre de n'aller point à la
messe ; mais si tu n'y vas pas ou ne
fais pas semblant d'y aller, ou encore
si ta .femme ou ta fille n'y vont pas à
ta place, nous t'arrêterons dans ta car-
rière, nous accumulerons les- difficul-
tés sur tes pas, car nous avons partout
des attaches visibles ou occultes, nous
t'abreuverons de dégoûts. Partout ,tu
trouveras barrières et obstacles, mau-
vais vouloir et passe-droits ; nous te
mëttrôns àtt'Ban de ta commune, nous
compromettrons ton crédit ; tes enfants
ne trouveront d'aide nulle part ; tu se-
ras paria ; d'ailleurs tu es libre ; aussi
bien le sommes-nous de te faire obsta-
cle, de ne te montrer ni bienveillance,
ni protection. »
Quand, il y a peu d'années, des es-
prits clairvoyants, parmi lesquels nous
mentionnerons seulement Sainte-Beuve,
notre vieil ami, signalaient ces tendan-
ces et montraient le danger, nous étions
disposés à les taxer d'exagération, de
préoccupations maladives ; nous, dont
les pères avaient vu la grande Révo-
lution, nous, élevés à l'école des libé-
raux libres-penseurs de 1820, ne pou-
vions sérieusement admettre que l'hy-
dre cléricale fût autre chose qu'une
chimère et que jamais ses têtes pussent
repousser. Nous nous trompions, en
cela comme en bien d'autres choses, et
je le eonfesse sans vergogne. A cette
nouvelle, bête apocalyptique repous-
saient, têtes, pattes, tentacules, suçoirs,
et aujourd'hui elle nous étreint.
Elle a pris place à notre foyer, elle
est insolente, elle commande, fait taire
les timides, aiguillonne les indécis,
s'empare de tous les postes, en impo.,
aux gouvernants, déclare une guerre
ostensible ou sourde aux réfractaires.
D'ailleurs, peu difficile dans ses allian-
ces, pourvu qu'on la salue, elle sait
bien qu'entre la condescendance hypo-
crite et la soumission effective il n'y
a pas loin, si toutefois on a pour soi la
force.
Et quel rapport, je vous prie, ces al-
lures ont-elles avec celles qui convien-
nent à la religion dont, a dit son mabo
tre, l'empire n'est pas de ce moudé ?
Qui donc la sape, cette religion ?
En faire un instrument de dominatioa
mondaine, d'oppression et d'influencé
politique, lui donner une place prédo-
minante dans notre législation, dans
,notre enseignement et jusque dans lés
1 règlements de police ; mettre sous son
patronage des cercles catholiques qui
ne sont autre chose que des cafés sanc-
tifiés ; répandre dans nos campagnes,
avec l'apostille ministérielle, ces bro-
chures plus propres à abêtir les popu-
lations qu'à les instruire sur leurs de-
voirs de citoyens, et dans lesquelles
sont narrés force miracles mêlés à des
calomnies niaises à l'adresse des gens
qui n'y croient pas ; faire un appel ré-
pété à la bourse des bonnes gens
pour fonder toutes sortes de choses
indifférentes à la prospérité du pays
et pour grossir le budget du Vati-
can ; expédier de l'eau claire de Lour-
des contre écus ; organiser des pè-
lerinages à prix réduits; relever ces
couvents condamnés par l'épiscopat, il y
a quatre siècles, comme funestes au boa
ordre de l'Etat ; vouer un pays au Sa-
cré-Cœur, comme si on vouait un pays
à quelque chose ou à quelqu'un sans le
consulter; entretenir la division dans
les familles ety organiser l'espionnage,
n'est-ce pas porter les plus funestes
coups à la religion? Et vous nous de-
mandez ce que nous mettrions à la
place de ces procédés? Autant vaudrait
demander à un moribond rongé de fiè-
vre : < Vous voudriez vous guérir, mon
ami, c'est très-bien ; mais que mettrez-
vous à la place de votre fièvre! >
Ce n'était pas la peine de tant invec-
tiver les Jacobins de 93 pour faire
exactement ce qu'ils faisaient, et frap-
per d'ostracisme tout ce qui ne croit
pas à l'infaillibilité du pape, comme ils
frappaient d'ostracisme tout ce qui ne
croyait pas au jacobinisme infaillible.
Or, que le jacobinisme soit blanc,
bleu, vert ou rouge, nous demandons
qu'on ne nous l'impose pas ; nous de-
mandons à mettre à sa place, quand il
en prend une, cette chose si simple; la
liberté de penser, d'écrire et d'agir,
sous l'égide de la loi civile, qui n'a rien
à voir avec le surnaturel ; la liberté de
croire ou de ne pas croire sans être,
dans l'un ou l'autre cas, frappé d'os-
tracisme ; la liberté de vivre en bon
citoyen, payant des impôts, remplis-
sant les charges publiques, soumis aux
lois du pays, lui prêtant le secours de
son bras, s'il est attaqué, charitable
aux malheureux, obligeant envers tous,,
sans croire à l'Immaculée-Conception,
à l'infaillibilité du pape, à la présence
réelle, au Sacré-Cœur, aux miracles et
visions d'hallucinées et à tant d'autres
choses respectables pour ceux qui ont
la foi, absolument insignifiantes pour
ceux qui ne l'ont pas et d'ailleurs
étrangères au sentiment du devoir et h,
la probité.
Oh ! je sais l'argument tenu en ré-
serve et qu'on nous lance entre quatre
yeux, sous la cheminée : « Il faut une
religion pour le peuple; sans religion
comment espérez-vous maintenir les
classes inférieures, dépourvues de lu-
mières? Je sais bien que vous et moi
n'avons pas besoin de ces croyances
religieuses pour nous conduire en hon-
nêtes gens ; mais le peuple! Il faut lui
donner l'exemple, car. » Je vous
fais grâce du reste de cette argumen-
tation tant de fois répétée à mes oreil-
les, du fond de l'Ecosse au fond de l'Es-
pagne, d'Anvers à Bayonne.
- Joli système, eu vérité, sublimemoyen
de gouvernement! Vous vous faites hy-
pocrite pour en imposer à ceux que
vous considérez comme la pl, infé-
Prix Au Numéro * Paris : 18 OtnliniM - PêpsrloaftffnM : 80 tjoutimaule
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S'adresser au Secrétaire de la RàaetiOa.
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JOURNAL RÉPUBLICAHN CONSERVATEUR
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MM. les Souscripteurs dont
l'abonnement expire le 31 jan-
vier sont priés de le renou-
veler immédiatement, s'ils ne
veulent point éprouver de
retard dans la réception du
journal.
BULLETIN
Paris, 23 janvier 1876.
Le Journal officiel d'hier publie une
circulaire de M. lé ministre de. l'intérieur
aux préfets concernant les règloa à suivre
quant aux opérations .électorales pour la
nomination de# sénateur^ tiàgence Ëàvas
publie encore de temps-à Aikïko., quelques
bulletins de victoire. Ces dernieres cartou-
ches ne portent plus. Les résultats de la
journée da dimanche dernier sont désormais
Connus,ceux de dimanche prochain prévis.
Il ne faut que lire les feuilles ministériel-
les ou Mmi'ministérielles pour s'en con-
vaincre. Le ton en est à ta fois plull mo-
deste et plus àrdent : plus modeste en ce
qui touche les résultats des élections des
délégués, plus ardent quand il .'àgit de
demander au ministère un redoublement
de zèle, aux collégel; électoraux un redou-
blement de dévouement.
Ces deux résultats sont aussi diîffcile&.â
obtenir l'un que l'autre. On n'imagine pas
aisément comment M. leministre de l'inté-
rieur pourrait pousser plus loin l'activité
toute plébincitaira propagande, et il
semble qu'on ait çeu à corçrpter, en ce qui
concerne les délégués municipaux, «ur
l'accroissement d'un dévouement qui, en
général, n'existe guère.
Ce qui t&doUblèra sans doute, c'est le
découragement de M. Buffet en présence
des élections espagnoles. L'Espagne est le
pays des élections-faciles, et ce n'est ja-
mais par les bulletins de vote qge les mi-
nistères y sont renversés. Le gouverne-
ment y a remporté un succès complet. En
somme, il y a lieu de s'en féliciter, et, au
milieu de toutes leig difficultés mtérieures
et extérieures qui l'agitent, on ne peut se
plaindre que la gouvernement espagnol
ait obtenu cette faible consolation et ce
concoure, assez faible aussi.
On nous permettra pourtant de regretter
que l'illustre et respectable M. Càstelar ait
échoué. Il convenait que ce libéral et cet
honnête homme eût sa place dajas le Par-
lement du pays qu'il a administré avec in-
telligence et désintéressement.
Le combat entre les insurgés d'Herzé-
govine et les troupes régulières, que nous
annoncions hier, a duré trois jours. L'a-
vantage est resté aux insurgés.
Un article du Journal die Saint-Péters-
bourg, apprécie an termes mesurés la ré-
- solution prise par ie ministère anglais, et
insiste sur cette idée, qui n'est que trop
vraie, que la question reste tout entière,
les puissances étant d'accord sur la néces-
sité d'agir, mais les moyens restait à trou-
ver, et le but lui-même étant quelque peu
enveloppé dans les ténèbres de l'avenir.
Le Comité ~ML~aâ
On se disait : Que pourra bien être
(le programme du comité central de
l'U nion conservatrice ? Et l'on se per-
dait en conjectures, car ce comité a
pour président le général Changarnier,
et malgré tout, bien que personne n'ait
oublié la réconciliation du sémillant
vieillard avec Napoléon III, et sa dé-
fense de Bazaine, on ne peut l'accuser
d'une tendresse réelle pour les bona-
partistes. Il est peut-être enclin à trop
d'indulgence à leur égard, mais ce
n'est assurément pas lui qui en fera
jamais l'avant-garde du parti conser-
vateur. On n'attendait donc pas sans
quelque curiosité le manifeste du co-
joûité central, ne fût-ee que pour savoir
jquelle attitude il prendrait vis-à-vis de
la faction impérialiste.
Ce manifeste a paru; le général:
Changarnier en a donné lecture au co-
mité,qui, suivant les journaux officieux,
l'a adopté par acclamations et couvert
d'applaudissements. Voici ce morceau,
il vaut la peine d'être savouré :
Messieurs,
L'éloquent appel de M. la maréchal prési-
dent de la République aux amis de l'ordre
et de la paix a été entendu.
Nous, commerçants de Paris, nous nous
sommes réunis et, sous la présidence d'an
vétéran de la cause de l'ordre, nous avons
constitué un comité chargé, en dehors de
tout esprit de parti, de choisir et de soute-
nir des candidats résolûment conservateurs.
Nous tous, qui voulons vivre honorable-
ment du fruit de notre travail ou du travail
accumulé de nos pères, concertons-nous pour
soutenir le pouvoir légal du vaillant et
leyal soldat en qui la France a mis sa coh-
nance.
Prouvons que l'amour du bien public peut
inspirer plus d'activité et d'énergie que l'es-
prit de démolition.
Nous recevrons avec reconnaissance les
conseils que les comités conservateurs des
départements nous feront 1 honneur de nous
adresser. S'ils ént besoin de nos conseils et
dé ils nous trouveront empressés
&-lMJ,M[f donner
Dieu bénira la pureté de nos intentions !
Le bureau du comité central :
Le général CUANGARNIER, président;
LOUVET, député, ancien président du
tribunal de commerce, vice-prési-
dent ; ','
DAGUIN, ancien président du tribunal
de commerce, vice-président ;
TIBURCE-FERRY, secrétaire.
Voilà qui est - se tirer galamment
d'embarras. Le proverbe dit : Dans le
doute, abstiens-toi; le général Chan-
garnier et ses amis ont pris le parti
contraire; et comme ils ont compris
l'impossibilité où ils seraient de sépa-
rer le bon grain de l'ivraie, ils ont ré-
solu de tout prendre.. ils ouvriront donc
les bras à tout venant, car il est en-
tendu que tous les candidats sont ou
se disent résolûment conservateurs.
Prenons un exemple : Six candidats
sénateurs àe préientent datis le dépar-
tement de Seine-et-Oise : MM. Léon Say,
Féray et Gilbert-Boucher, d'une part ;
de l'autre; MM. Darblay, Duruy et
Lefèvre-Pontalis.
Les trois premiers ont la prétention
très-justifiée, suivant nous, d'être plus
conservateurs que les trois autres;
mais ces derniers déclarent être bien
plus r é solument conservateurs que
leurs adversaires, sous prétexte que
M. Buffet leur a délivré une patente.
Il est clair, cependant, que le comité
central ne saurait avoir de préférence
pour ceux ci ou pour eeUx-là, car tous,
sans exception, affirment être du nom-
bre des amis de l'ordre et de la paix à
qui le président de la République a
fait appel; tous veulent soutenir le
« pouvoir légal > du maréchal de Mac-
>Mhva. Et ce que nous disons des can-
didats de Seine-et-Oise, nous le pour-
rions dire des candidats de tous les
départements. En est-il un seul, légiti-
miste, orléaniste, bonapartiste ou ré-
publicain, qui ne témoigne de son pro-
fond respect pour la loi ? Donc, ils sont
tous conservateurs.
Mais il ne suffit pas, comme on l'a
vu, d'être conservateur pour obtenir
l'appui du comité central ; il faut l'être
« résolument.> A quoi cela se recon-
naît-il ? Ici, nulle indication précise ; il
faut deviner. Or, ce qui frappe surtout
dans le manifeste cité plus haut, c'est
la concision. L'auteur a évidemment
compris que moins il en dirait, moins
il courrait risque de se tromper. Tout
ce qu'on coupe n'est pas sifflé, disait
Scribe ; et c'est d'après ce principe que
le manifeste a été rédigé. Toute expli-
cation susceptible d'amener une con-
troverse, toute expression même qui au-
rait pu ne point satisfaire tout le
monde en général et chacun en parti-
culier, a été soigneusement évitée.
Pas un mot sur la forme de gouver-
nement établie par la constitution du
25 février; pas une allusion à ce fa-
meux article de la révision. C'est pour-
tant à la façon d'interpréter cet article
que se reconnaît, croyons-nous, le vrai
conservateur. Mais non, le comité cen-
tral ne semble voir dans la constitution
que le maréchal, et il faut bien croire
que, à ses yeux, eelui-là seul est con-
sidéré comme « résolûment » conserva-
teur qui évite de se prononcer sur la
forme du gouvernement et l'usage qu'il
compte faire, le cas échéant, de l'arti-
cle de révision.
En conséquence, le comité central
n'appuiera que des monarchistes de
toutes nuances,, puisque tous s'accor-,
dent à garder un silence aussi prudent
que peu honnête sur les points essen-
tiels que nous venons de signaler. Eh !
bien, franchement, nous serions - fort
surpris si les républicains étaient ja-
loux du concours promis à leurs adver-
saires par ,1e général Changarnier ; et
ce que nous pouvons affirmer, c'est
qu'ils sont anxieux de savoir comment
cet infortuné comité central va se tirer
de là. Sollicité par les royalistes, tiraillé
par les bonapartistes, imploré par les
orléanistes, à qui donnera-t-il la préfé-
rence quand ces trois couleurs se
trouveront réunies sur un même point?
Allons, allons, les conservateurs nous
font tout l'effet d'avoir, une fois en-
core, perdu une beHe occasion de se
tenir tranquilles.
E. SCHNERB.
.4>
Le Temps rend compte en ces termes de la
réunion du comité central de VUnion, conser-
vatrice de la France qui a eu lieu vendredi
Il y avait à peu près une cinquantaine
d'assistants. Le général Changarnie r occu-
pait le fauteuil de la présidence. Il a été
tout d'abord donné lecture de la circulaire
adressée aux électeurs de Paris et des dé-
partemonts qui adhèrent au manifeste du
président de la République :
Le général Changarnier a. ensuite dé-
claré qu'il avait déjà reçu de nombreuses
lettres ,.J.rviflœ approuvait l'initia-
tive du comité.
« Il ademan^é ensuite que chacune dès
personnes présentés souscrivît pour une;
petite somme, en ajoutant que les fonda
seraie nt déposés chez M. de Rothschild.
M. FïMéric Lévy, ancien maire -et :cani
didat officiel de l'empire, a demandé si le!
comité admettait toutes les nuances ew
aervMriqei Hns excention. ,M)$MYejL
Changarnier a r épondu Qui, mais très-
faiblement.
Après la désignation des secrétaires,'M.
le général Changarnier a annoncé* à4a
réunion qu'un employé du Cabinet^u'mi-
nistre de l'intérieur serait adjoint aux se
orétaires élus. Cette annexion de l'un dea
collaborateurs de 36. Buffet, entretenu aux
frais du budget et tranquillement uulisé
par un comité électoral privé, n'a pas sou-
levé dt) protestâtioni.
L'ordre du jour étant épuisé, le bureau
a prié les assistants de venir signer la cir-
culaire. M. Antonin Lefèvre-Pontalis a fait
alors observer que, si on procédait ainsi,
le nombre des signatures serait très-faible.
La proposition a été néanmoins adoptée,
et la séance a été levée.
; -
Etrange situation qttê celle de M. le
vice-président du conseil ! Chaque mem-
bre du ministère a, dans les partis
avouables, des défenseurs et des sou-
tiens : M. Bufatire et M. Léon Say
conservent pour alliés naturels les ré-
publicains ; M. Wallon, les libéraux; du
centre droit ; M. de Meaux est tou-
jours appuyé par une fraction de l'opi-
nion légitJmiste. M. Buffet, isolé et
abandonné, semble avoir pris à tâche
d'éloigner successivement de sa politi-
que et de sa personne tous les partis,
hormis un seul, qui, depuis le vote de
la déclaration de déchéance, n'est mê-
me plus compté pour parti, mais pour
faction. Aujourd'hui, comme au lende-
main du 24 mai, le bonapartisme peut
revendiquer un représentant dans le
ministère, et C'est le - vice-président du
conseil, c'est M. Buffet.
Telle a été sa conduite, en ces der-
niers jours, que les organes du centre
droit et l'officieux Français lui-même
ont renoncé à la justifier. Sur le der-
nier compte-rendu de la commission de
permanence, le Français a pris le
parti de se taire. Il ignore aujourd'hui,
et il veut ignorer la scandaleuse ma-
nœuvre électorale à laquelle a servi le
Journal officiel du soir. Dieu sait Si
M. Buffet, depuis deux jours, a été
pris à partie par la presse constitution-
nelle et libérale, depuis la République
française jusqu'au Moniteur univer-
sel et jusqu'à Y Echo! Jamais ses amis
n'auront eu plus pressante occasion de
nous courir sus et de le défendre. Le
Français ne le défend pas. Il est pris
de découragement, il y renonce. Et qui
donc en serait surpris? Quelle tâche
donne à ses avocats un client tel que
M. Buffet !
Le voilà seul— seul avec l'Ordre, le
Pays, le Gaulois, la Patrie, Paris-
Journal, qui se sont emparés tout à
coup de ce rôle d'officieux que le Fran-
çais se voit contraint d'abandonner.
Si vous voulez connaître la pensée de
M. Buffet, elle n'est plus traduite exac-
tement que par des écrivains bonapar-
tistes. Ne cherchez point ailleurs ses
amitiés, ses alliances. Avant-hier, c'é-
tait le Gaulois qui le portait aux nues
pour cette ferme résolution de ne point
observer la loi qu'il a si hautement
annoncée à la commission de perma-
nence. Hier, c'était le Pays, l'Ordre,
le Soir, la Patrie, le Paris-Journal
qui glorifiaient en lui le grand électeur
impérialiste, et, pour tout dire, l'édi-
teur inventif du Bulletin fi ançais.
Il n'y a pas encore un an qu'a été
formé le ministère du 10 mars, porté
au pouvoir par les républicains et quel-
ques libéraux du centre droit, en un
mot par la majorité constitutionnelle,—
et c'est en cette compagnie que nous
retrouvons M. Buffet! Il est l'homme des
bonapartistes seuls ; il n'est même plus
l'homme du centre droit et de la droite !
Si l'Assemblée nationale était réunie,
M. Buffet ne resterait pas une heure
,au ministère ; ami démasqué du bona-
partisme, il n'aurait pour lui d'autres
voix que celles du groupe infime qui
manœuvre sous la direction de M.
Rouher. Mais depuis la séparation de
l'Assembléa, il a pu donner carrière à
ses hardiesses. Qui l'empêche ?
Il sait bien que la convocation de la
Chambr, en pleine période électorale,
causerait un trouble dont la commis-
sion de permanence ne rendra point la
responsabilité. Il sait aussi que, par
les mêmes raisons, ses collègues, qui
le désavouent, consentent à de péni-
bles sacrifices plutôt que de jeter la
France en ce moment dans l'agitation
d'une crise ministérielle. Il a pour lui
les bénéfices de la situation, et il en
use de façon à ne point s'attirer le re-
proche d'excès de délicatesse. Mais ne
regrettons point qu'il donne au pays
un spectacle si salutaire. Si M. le
vice-président du conseil savait les
sentiments que sa politique actuelle
inspire, il se désolerait d'avoir si bien
servi, contre l'ordre moral et contre
lui-même, la cause de la liberté.
EUG. LIÉBERT.
— ————————
On est toujours le jacobin de quelqu'un.
M. Buffet est le libéral du Constitutionnæl.
Ce qui frappe la Constitutionnel et le
scandalise, c'est l'incroyable laisser-aller
avec lequel M. Buffet préside aux élections.
Le Constitutionnel, journal de M. Gibfat
(Ordre et Liberté), est tout navré d'un
pareil oubli de tous les devoirs qui incom-
bent à un premier ministre. Que fait M.
Buffet pour éclairer le pays sur les vrais
candidats, les bons, les vertueux candidats?
iQue fait M. Buffet pour assurer l'élection
de M. Gibiat (Orar'e et Liberté) ? Rien,
mais ri.en du tout.
Il y a ,t>iaa e^taines gens qui prétendent
que les préfets de M. Bbffet ont chacun leur
liste de candidats sénatoriaux, dûment
paraphés et estampillés par M. Buffet.
^idaif qu'est ce que cela?
On dit encore que les délégués sénato-
riaux sont tous, dans chaque préfect.ur,;,
clat'sés et collationné" selon leur opinion
politise*, ministérielle, opposante ou
douteuse, et l'en aime à croire qu* pareille
classification n'a pas été faite dans une
préoccupation purement artistique. Mais
où cela va-t-il? A quoi est-ce que cela rime ?
Cela safflra-t-il pour faire nommer M. Gi-
biat 1
On annonce aussi que M. Buffet pla-
carde dans son Journal çfficiel du soir de
petits résumés diffamatoires à l'adresie du
gouvernement de la Défense nationale, et
les vend à 30 francs le mille aux person-
nes de bonne volonté. Mais ce n'est pas de
la politique sérieuse, cela. Ce ne sont pas
des actes. Sunt verba et voces. Cela ne
peut être agréable qu'aux collectionneurs,
et n'a aucune portéq. pratique. « Des actes 1
il nous faut des actes 1 » M. Buffet n'a pas
l'énergie, l'audace, la poigne. Ce n'est
qu'un « orateur >. Ah ! si vous croyez que
c'est avec ces moyens enfantins, ces pro-
édés innocents,ces demi-mesures qu'on fait
de la politique tordre et de liberté, vous
êtes loin de compte i
Nous comprenons très-bien le découra-
gement du Constitutionnel en présence de
la déplorable faiblesse, de la mollesse cou-
pable, de l'inaction désastreuse dont fait
preuve M. Raffet, relativement aux élec-
tions. Ce découragement nous est un symp-
tôme que nous enregistrons en historiens
fidèles. Mais ce que nous voudrions savoir,
c'est ce que le CfiJnstitùtionneZ atténuât
de M. Bunet et ce qu'il appelle tes actes,
étant donné que la conduite actuelle de M.
Buffet est toute en paroles. Politique d'o-
rateur, soit ; mais ce serait chose intéres-
sante que de savoir ce que le Constitu-
tionnel appelle politique d'action. Il faut
avouer, en tout cas, que les journaux de
l'ordre et de la liberté ne se contentent
pas à peu de frais.
F ABRICB.
------,---'-------
LES DÉLÉGUÉS
Il devient inutile da continuer en détail
notre statistique. Le public, maintenant,
est suffisamment édifié, et tous les rensei-
gnements que nous recevons de la pro-
vince confirment l'exactitude des informa-
tions que nous avons données.
Le succès de nos candidats paraît assuré
aujourd'hui dans 43 départements : Ain,
Aisne, Ardèche, Ardennes, Aube, Bou-
ches du-Rhêne, Calvados, Cantal, Charen-
te-Inférieure, Côte-d'Or, Creuse, Doubs,
Drôme, Eure-et-Loir, Gard, Gironde, In
dreet-Loire, Isère, Jura, Loir-et-Cher,
HauteLoire, Lot, Marne, Haute-Marne,
Meurthe-et-Moselle, Meuse, Oise, Puy-
de-Dôme, Basses-Pyrénéen, Hautes-Pyré-
nées, Pyrénées-Orientales, Haut-Rhin (Bel-
fort), Rhône, Haute-Saône, Saône-et-Loire,
Savoie, Haute-Savoie , Seine, Seine-et-
Marne, Seine-et-Oise, Somme, Var, Yonne.
Nous comptons sur une majorité presque
certaine dans 14 autres, savoir : Alpes-
Maritimes, Basses-Alpes, Ariége, Dordo-
gne, Ille-et-Vilaine, Landes, Lot-et-Garon-
ne, Loire, Mayenne, Nord, Deux-Sèvres,
Tarn, Vaucluse, Vosges.
Le suocès est plus ou moins difficile ou
même plus ou moins compromis, sans
qu'il convienne pourtant d'en désespérer
nulle part, dans les 20 départements qui
suivent : Allier, Charente, Cher, Côtes du-
Nord, Corrèze, Corse, Eure, Gers, Finis-
tère, Indre, Loire-Inférieure, Loiret, Maine-
et-Loire, Morbihan, Nièvre, Pas de-Calais,
Sarthe, Tarn-et- Garonne, Vienne, Haute-
Vienne.
Enfin, il y a 6 départements dont nous
ne savons rien d'assez précis et 4 dont
nous sommes sans nouvelles, — en tout
10, que voici : Hautes-Alpes, Aude, Avey-
ron, Haute (baronne, Hérault, Lozère,
Manche, Orne, Seine-Inférieure, Vendée.
Travaillons sans relâche, et nous som-
mes assurés d'envoyer au Sénat, le 30, une
belle majorité de républicains.
Aux renseignements particuliers que
nous avons donnés hier, il convient d'a-
jouter ceux-ci :
ILLE ET-VILAINE. — On lit dans l'A-
venir de Rennes:
Naus pouvons rassurer pleinement les amis
et défenseurs de la constitution du 25 fé-
vrier. Le résultat du scrutin de dimanche
dans le département d'Ille-et Vilaine, où tout
un arrondissement est cependant entre les
mains des nobles et du clergé, nous donne
les plus grandes espérances pour le succès
de la liste qui doit être arrêtée aujourd'hui
même par les délégués convoqués en réu-
nion privée. Ce n'est pas une affirmation en
l'air que nous donnons ci-dessus, mais la
conclusion d'un travail de pointage des plus
scrupuleux. Donc, dès à présent, nous croyons
fermement que la majorité est acquise aux
candidats du drapeau tricolore, aux candi-
dats ennemis de toute révision — lisez révo-
lution — qui seront désignés aujourd'hui par
le suffrage de leurs concitoyens.
LOT. — On lit dans le Républicain du
Lot :
Nous connaissons les résultats de près de
203 communes, et ces résultats sont faits pour
nous inspirer une entière confiance dans le
scrutin du 30 janvier, à la coédition que le
zèle de tous nos amis du département ne
se ralentisse pas et que chacun fasse une pro-
pagande active en faveur des candidats répu-
blicains.
SEINE-INFÉRIEURE. — On nous écrit
de Neufchâtel :
je peux vous donner des nouvelles exactes
sur la nomination des délégués nommés dans
l'arroadis sèment de Neufchâtel ; le résultat
obtenu peut nous faire concevoir les plus lé-
gitimes espérances. Dans le canton d'Argueil,
la majorité est pour le parti républicain. Il
en est de même daas les cantons de Forges-
les-Baux et de Bachy. Nous comptons bien
sur le succès.
4 —
Voici un sous-préfet que nous recomman-
dons au Constitutionnel, Ce journal, qui
se plaint de la nonchalance de M. Buffet
en matière électorale, reconnaîtra peut-
être, dans M. la sous-préfet de Montmo-
rillcm, l'homme d'action qu'il demande, et
Je donatpr xte crU&Hw/i/t dont il a besoin.
Il est certain que M. le sous-préfet de
Montmorlllen (Vienne) donne le crite-
rium avec une maestrm twt à faitTPnrir-
quable. Lisez unpeà la lettre qu'il adresse
à tous let maires de sen trràndissement. :
(Confidentielle et urgente.)
Montieur le maire,
Un gendarme passera chez vous à onze
heures pour savoir les noms du délégué et
sous-délégué, ainsi que les opinions politi-
ques de ces deux hommes (sic). Je vous
prie instamment. monsieur le maire, de
faire tous vos efforts pour le triomphe
de la candidature dé MM. de Ladmi-
rault et Bourbeau, qui représentent dans
le pays les intérêts consarvateurs.
Et quand on songe que c'est par un
maire que cette lettre confidentielle a été
envoyée au Siècle, et que ce maire, s'il a
été nommé délégué, a été triompkalement
noté comme ministériel par l'agence Ha-
vas !
F.
+
CAUSERIES DU DIMANCHE
XLI
J'ai, depuis peu, reçu un -- certain
nombre de lettres qui peuvent être
ainsi résumées : « Nous convenons avec
vous que l'ultra9ntanisme a fait et
fait grand mal au paya ; qu'il compro-
met sa sécurité au dehors, tend à pro-
voquer la guerre civile, et a le suprême
défaut de n'être français ni de nom ni
de cœur ; que c'est un parti tracassier,
inquiet, remuant, brouillon. Il est grand
dommage qu'il se soit mis sous le man-
teau de la religion, qu'il compromet, et
à laquelle appartient ou croit appar-
tenir la grande majorité des Français ;
mais en attaquant l'ultramontanisme,
ce qui est légitime, puisque c'est un
parti, vous attaquez du même coup la
religion catholique, apostolique et ro-
maine, ce qui présente des dangers ;
car si elle cessait, par aventure, de di-
riger les consciences, qu'auriez-vous à
mettre à sa place ? Un pays peut-il se
passer de religion? »
A ces observations, nous répondrons
d'abord : que ce n'est pas notre faute
si l'ultramontcintsme, qui est un parti,
s'est introduit dans la religion, et l'ex-
pose ainsi aux coups qu'on adresse à
ce parti; que nous n'avons garde de
nous donner pour apôtres, non plus
que de nous préoccuper de mettre quoi
que ce'soit à la place d'une ou de plu-
sieurs religions pratiquées par nos con-
citoyens, puisque nous trouvons ex-
cellent qu'on ait la foi, sous quelque
forme qu'elle se manifeste ; à cette
seule condition que la foi n'ait pas la
singulière prétention de se vêtir de la
peau d'une ordonnance de police, d'un
arrêté ministériel, d'un décret ou d'une
loi pour s'imposer, comme s'imposent
à tous citoyens lois, décrets, arrêtés
et ordonnances purement civils.
Aucun arrêté ne m'oblige à aller à
la mess*, direz-vous? Non, mais si je
suis instituteur et que je n'y aille point,
on me met à la porte de mon école ;
on me coupe les vivres.
Aucune loi ne me commande de me
faire conduire par un prêtre à ma der-
nière demeure; mais si je tiens à n'y
aller qu'escorté, tout simplement, par
mes parents et amis, comme s'ils me
conduisaient à la gare du chemin de
fer pour un voyage très-long, il n'est
pas d'avanies publiques que l'on ne
tente d'infliger à ceux-ci.
Si, conformément à loi, je me marie
à la mairie, sans autre cérémonie, il
se trouvera de par le monde des gens
bien pensants pour faire entendre à
ma femme légitime qu'elle n'est qu'une
concubine et que ses enfants seront des
bâtards. et pour l'imprimer :
Si je refuse d'ôter mon chapeau de-
vant une procession qui, contre tout
droit et raison, passe sur la voie pu-
blique, je serai bien heureux si quel-
que jeune lévite ne fait pas sauter mon
couvre-chef d'un revers de main et si,
de plus, étant employé à la préfecture,
garde champêtre, ingénieur des ponts
et chaussées, facteur rural, ou receveur
général, je ne suis pas destitué très-
bien, ou tout au moins si on ne me
fait payer cher mon désir de ne me
point enrhumer du cerveau.
Il ne s'agit donc pas de mettre quel-
que chose à la place de ceci, mais de
supprimer cela. non la foi ; que chacun
garde la sienne.
Et si nous en sommes venus, nous
autres, gens modérés et d'âge, d'étude
et de travail, en dehors des brigues des
partis, disposés à tenir compte des dif-
ficultés pratiques attachées au gouver-
nement des hommes et à la gestion de
leurs affaires, à demander la sépara-
tion des églises et de l'Etat, et à tout
faire légalement pour l'obtenir, c'est
qu'on nous y a contraints, qu'on nous
gêne dans notre foi, — car nous avons
aussi la nôtre.
C'est qu'on nous place entre 1 hypo-
crisie et l'ostraoisme; c'est qu'on nous
dit : « Tu es libre de n'aller point à la
messe ; mais si tu n'y vas pas ou ne
fais pas semblant d'y aller, ou encore
si ta .femme ou ta fille n'y vont pas à
ta place, nous t'arrêterons dans ta car-
rière, nous accumulerons les- difficul-
tés sur tes pas, car nous avons partout
des attaches visibles ou occultes, nous
t'abreuverons de dégoûts. Partout ,tu
trouveras barrières et obstacles, mau-
vais vouloir et passe-droits ; nous te
mëttrôns àtt'Ban de ta commune, nous
compromettrons ton crédit ; tes enfants
ne trouveront d'aide nulle part ; tu se-
ras paria ; d'ailleurs tu es libre ; aussi
bien le sommes-nous de te faire obsta-
cle, de ne te montrer ni bienveillance,
ni protection. »
Quand, il y a peu d'années, des es-
prits clairvoyants, parmi lesquels nous
mentionnerons seulement Sainte-Beuve,
notre vieil ami, signalaient ces tendan-
ces et montraient le danger, nous étions
disposés à les taxer d'exagération, de
préoccupations maladives ; nous, dont
les pères avaient vu la grande Révo-
lution, nous, élevés à l'école des libé-
raux libres-penseurs de 1820, ne pou-
vions sérieusement admettre que l'hy-
dre cléricale fût autre chose qu'une
chimère et que jamais ses têtes pussent
repousser. Nous nous trompions, en
cela comme en bien d'autres choses, et
je le eonfesse sans vergogne. A cette
nouvelle, bête apocalyptique repous-
saient, têtes, pattes, tentacules, suçoirs,
et aujourd'hui elle nous étreint.
Elle a pris place à notre foyer, elle
est insolente, elle commande, fait taire
les timides, aiguillonne les indécis,
s'empare de tous les postes, en impo.,
aux gouvernants, déclare une guerre
ostensible ou sourde aux réfractaires.
D'ailleurs, peu difficile dans ses allian-
ces, pourvu qu'on la salue, elle sait
bien qu'entre la condescendance hypo-
crite et la soumission effective il n'y
a pas loin, si toutefois on a pour soi la
force.
Et quel rapport, je vous prie, ces al-
lures ont-elles avec celles qui convien-
nent à la religion dont, a dit son mabo
tre, l'empire n'est pas de ce moudé ?
Qui donc la sape, cette religion ?
En faire un instrument de dominatioa
mondaine, d'oppression et d'influencé
politique, lui donner une place prédo-
minante dans notre législation, dans
,notre enseignement et jusque dans lés
1 règlements de police ; mettre sous son
patronage des cercles catholiques qui
ne sont autre chose que des cafés sanc-
tifiés ; répandre dans nos campagnes,
avec l'apostille ministérielle, ces bro-
chures plus propres à abêtir les popu-
lations qu'à les instruire sur leurs de-
voirs de citoyens, et dans lesquelles
sont narrés force miracles mêlés à des
calomnies niaises à l'adresse des gens
qui n'y croient pas ; faire un appel ré-
pété à la bourse des bonnes gens
pour fonder toutes sortes de choses
indifférentes à la prospérité du pays
et pour grossir le budget du Vati-
can ; expédier de l'eau claire de Lour-
des contre écus ; organiser des pè-
lerinages à prix réduits; relever ces
couvents condamnés par l'épiscopat, il y
a quatre siècles, comme funestes au boa
ordre de l'Etat ; vouer un pays au Sa-
cré-Cœur, comme si on vouait un pays
à quelque chose ou à quelqu'un sans le
consulter; entretenir la division dans
les familles ety organiser l'espionnage,
n'est-ce pas porter les plus funestes
coups à la religion? Et vous nous de-
mandez ce que nous mettrions à la
place de ces procédés? Autant vaudrait
demander à un moribond rongé de fiè-
vre : < Vous voudriez vous guérir, mon
ami, c'est très-bien ; mais que mettrez-
vous à la place de votre fièvre! >
Ce n'était pas la peine de tant invec-
tiver les Jacobins de 93 pour faire
exactement ce qu'ils faisaient, et frap-
per d'ostracisme tout ce qui ne croit
pas à l'infaillibilité du pape, comme ils
frappaient d'ostracisme tout ce qui ne
croyait pas au jacobinisme infaillible.
Or, que le jacobinisme soit blanc,
bleu, vert ou rouge, nous demandons
qu'on ne nous l'impose pas ; nous de-
mandons à mettre à sa place, quand il
en prend une, cette chose si simple; la
liberté de penser, d'écrire et d'agir,
sous l'égide de la loi civile, qui n'a rien
à voir avec le surnaturel ; la liberté de
croire ou de ne pas croire sans être,
dans l'un ou l'autre cas, frappé d'os-
tracisme ; la liberté de vivre en bon
citoyen, payant des impôts, remplis-
sant les charges publiques, soumis aux
lois du pays, lui prêtant le secours de
son bras, s'il est attaqué, charitable
aux malheureux, obligeant envers tous,,
sans croire à l'Immaculée-Conception,
à l'infaillibilité du pape, à la présence
réelle, au Sacré-Cœur, aux miracles et
visions d'hallucinées et à tant d'autres
choses respectables pour ceux qui ont
la foi, absolument insignifiantes pour
ceux qui ne l'ont pas et d'ailleurs
étrangères au sentiment du devoir et h,
la probité.
Oh ! je sais l'argument tenu en ré-
serve et qu'on nous lance entre quatre
yeux, sous la cheminée : « Il faut une
religion pour le peuple; sans religion
comment espérez-vous maintenir les
classes inférieures, dépourvues de lu-
mières? Je sais bien que vous et moi
n'avons pas besoin de ces croyances
religieuses pour nous conduire en hon-
nêtes gens ; mais le peuple! Il faut lui
donner l'exemple, car. » Je vous
fais grâce du reste de cette argumen-
tation tant de fois répétée à mes oreil-
les, du fond de l'Ecosse au fond de l'Es-
pagne, d'Anvers à Bayonne.
- Joli système, eu vérité, sublimemoyen
de gouvernement! Vous vous faites hy-
pocrite pour en imposer à ceux que
vous considérez comme la pl, infé-
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