Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1876-12-22
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 22 décembre 1876 22 décembre 1876
Description : 1876/12/22 (A6,N1837). 1876/12/22 (A6,N1837).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
Jixièm* Kun" -R. 1837
Pria dm Nmnérd A Paria 1 16 Centimes — Départements 1 20 Gentl.
Vendredi 22 Décembre 1876
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
ADMINISTRATION
Adresser les Lettres et Mandats à l'Administrateur
yue de Lafayette,
Les Manuscrits non insérés ne seront pas rendus.
ABONNEMENTS
PARIS
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Six mo's. 25 »
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Trois mois .J. _\1
Six mois *
Un an Q.2. B.
AKKOÏÏGES : Chez MM. LA GRANGE, CERlTét S
O) place de la Sourie, 6
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
ês, r"'U.e d.e Lafayette
Les Lettres non affranchies seront refasUs.
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DEPARTEMENTS
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Six mois. 32 »
Un an G2 »
iMOHCES : Chez MM. LAGRANGE, CERF et Cie
6, place de la iiovtrte, a
SXLJLLHSTI3NT
Paris, 21 décembre 1876.
Le Sénat, dans sa séance d'hier, a discuté
et adopté le budget des dépenses du minis-
tère de l'agriculture et du commerce.
Les nouvelles de Constantinople sont ce
que nous devions penser au lendemain d'un
changement de grand-vizir. On a lu à la
Porte le hatt impérial nommant Midhat-
Pacha grand-vizir. Est-il bien utile d'ana-
lyser ce hatt? « C'est dans le désir, dit ce
hatt, de voir bien administrer les affaires
de donner une solution satisfaisante aux
questions pendantes en confirmant aux yeux
de tout le monde les droits et les intérêts
légitimes de l'empire ottoman, et, enfin, d'a-
méliorer la situation financière. » On n'a
qu'à se reporter à tous les hratts relatifs aux
nominations des grands-vizirs et on retrou-
vera toujours les mêmes phrases stéréoty-
pées. Il s'agit toujours d'une bonne admi-
nistration et d'une amélioration de la situa-
tion financière. En résumé, les vizirs chan-
gent et les choses restent dans le même
état.
En sera-t-il autrement avec la venue au
pouvoir de Midhat-Paeha ? Nous sommes
persuadés que non. En admettant même, ce
que nous sommes loin de faire, que Midhat
fût le réformateur zélé qu'il prétend être,
il ne pourrait rien faire, absolument rien,
car l'empire ottoman est pourri jusqu'au
cœur.
L'Europe cherche à galvaniser encore
une fois l'empire ottoman. Peut-être, à force
d'efforts, arrivera-t-elle à un replâtrage,
c'est-à-dire à empêcher un écroulement
immédiat. Mais combien de temps cela
durera-t-il? Aujourd'hui c'est la cause
slave qui est en question. Dès qu'elle sera
résolue d'une façQIPqueleonque, nous assis-
terons sans doute au soulèvement des
Qrecs.
Quoi qu'il en soit, la conférence prélimi-
naire continue ses séances. Selon les uns,
les plénipotentiaires se sont mis définitive-
ment d'accord et ils auraient prévenu la
Porte que la conférence plénière commen-
cerait aujourd'hui même. Selon les autres,
les choses seraient bien loin d'être aussi
avancées et la conférence préliminaire au-
rait encore à tenir quelques séances.
Les journaux anglais continuent d'affir-
mer que la Russie cède sur tous les points
et que la Turquie ne serait pas éloignée de
céder aussi. Nos renseignements ne sont
pas aussi optimistes. En tout cas, nous pou-
vons affirmer que sien n'est fait encore re-
lativement à la prolongation de l'armistice.
Le cabinet serbe a, parait-il, donné sa
démission à la suite d'une difficulté surve-
nue avec le commandant d'un monitor au-
triehien.
Bourse de ÏParis
Glêture le 19 dée. le 20âéc. E»n*«e B»U«e
S o/o
Comptant.. 71 10 70 60 f0
Fineour.. 7110. 70 65 45.
4 1/2 O/O
Comptent. , 101 5# 101 40 .♦ 10
s o/o
Comptant.. 105 ?0 105 •/•
Fin cour 1(5 92 1/2 104 95 27 1/2
PETITE BOtTRSK DU OIR
Emprunt 3 0/0. 7f: fr. 57 1/2, 67 1/2.
Empruut 5 0/0. 1^4 fr. 87 1/2, 9? I '2.
n rIO turc 11 fr. 10, 1.% \2 1/2.
Banque Ottomane.. ?63 fr. 75
Egypie * f 250 fr., 251 87, 250 62.
i_
Nous parlions hier des procédés de
polémique du Français. Prenez le jour-
nal de M. Dupanloup, la Défense, les
sophismes y sont les mêmes et roulent
toujours sur des jeux de mots.
Les républicains s'indigneraient, d'a-
prèsce journal, contre les départements
qui envoient au Sénat des candidats
« conservateurs. » Eh! non, pour la
millième fois, il ne s'agit pas de con-
servateurs ; M. l'évêque d'Orléans le sait
mieux que nous. Si nous avons averti
les électeurs sénatoriaux de Tarn-et-Ga-
ronne de la gravité de la faute qu'ils ont
éommise, c'est qu'ils ont élu non pas
un conservateur, mais un monarchiste.
Parmi tous ceux qui ont franchement
adhéré aux institutions républicaines,
nous avons sans doute nos préférences,
et nous accepterons toujours avec plus
de plaisir le choix d'un libéral que ce-
lui, d'un républicain de droite ; mais,
contre l'élection d'un républicain de
droite, comme il s'en trouve plusieurs
dans le Sénat, nous n'avons rien à dire,
et il nous suffît que la forme républi-
caine ait été nettement acceptée par un
candidat pour que nous soyons ras-
surés.
- Est-ce qu'il en peut être de même
avec les bonapartistes et les royalistes
à qui la Défense ouvre son giron ? Avec
un Parlement composé en majorité des
candidats du Français, du Pays, de
V Union et de la Défense, combien de
temps dureraient nos institutions? S'il
est donc bien prouvé que ces prétendus
conservateurs sont les êimçmis des ins-
titutions actuelles, comment n averti-
rions-nous pas les électeurs qu'ils se
trompent gravement lorsque, par igno-
rance ou par faiblesse, il leur arrive de
les nommer ? Et notez que ce n'est pas
même à la monarchie, mais à l'anar-
chie, que nous mèneraient de pareilles
élections, si elles étaient jamais assez
nombreuses pour donner aux protégés
de M. Dupanloup la majorité dans la
Chambre et dans le Sénat. Les conser-
vateurs en question ne sont pas seule-
ment ligués contre la République ; leur
masse reste divisée en trois vieux partis,
dont chacun se retourne contre les deux
autres dés qu'il ne s'agit plus de dé-
truire, mais d'édifier.
Ces vérités sont si connues que nous
éprouvons quelque confusion de les
rétablir ; mais on nous y force en ne
cessant point de les altérer. Et puisque
l'occasion s'en présente aujourd'hui,
nous essayerons aussi de démontrer à
deux ou trois de nos confrères d'extrê-
me gauche qu'ils font fausse route
quand ils rejettent comme une expres-
sion vide de sens le mot de conservateur
républicain. Les Droits de VHomme, re-
prenant hier la phrase de M. Jules Si-
mon : « Je suis profondément républi-
cain et profondément conservateur »,
taxaient cette déclaration « d'énormité»,
et plaignaient la logique, « violée avec
tant de désinvolture en si haut lieu ».
Les Droits de l'Homme ont voulu rire.
S'il n'y avait point de républicains hors
du parti radical, s'il n'y en avait point
dans le parti modéré et conservateur,
ce serait pour le coup qu'il faudrait dé-
sespérer de la République et qu'on
pourrait dire avec vérité : « La France
n'est pas républicaine. »
Sans le vouloir assurément, notre
confrère apporte un certain secours à
la polémique de la Défense, du Fran-
çais, etc., quand il raisonne ainsi :
« Conservateur, donc monarchiste.
Impossible d'accepter pour républicains
des conservateurs. » Croit-on vraiment
servir les intérêts de la République en re-
jetant avec dédain dans le camp monar-
chiste tant de citoyens qui n'aspirent
qu'à vivre en paix sous les nouvelles
institutions du pays? Ils ne sont pas
républicains parce qu'ils ne professent
pas, sur la direction du gouvernement,
la même. opinion que les Droits de
l'Homme.l Voilà une conclusion qui
ne supporte guère l'examen, et c'est
pour le coup que nous pourrions nous
apitoyer sur les violences subies par la
logique.
La logiqua demande, en résumé,
qu'un seul point soit admis : c'est que
l'on est républicain lorsqu'on est parti-
san de la République et qu'on ne désire
point y substituer une autre forme de
gouvernement. Parmi ces partisans de
la République, dont se compose la
grande majorité de la nation, il y aura,
comme parmi les partisans de la mo-
narchie en Belgique ou en Angleterre,
des libéraux et des conservateurs, des
libres-penseurs et des cléricaux, etc.
Mais, pourvu que ces hommes d'opi-
nions diverses soient d'accord sur la
forme du gouvernement, c'est sous le
titre général de républicains qu'il les
faut englober. Restent ceux qui repous-
sent comme une mortelle ennemie la
République et qui travaillent à lui subs-
tituer une monarchie par des voies plus
ou moins permises. Ceux-là trompent
le pays quand ils prennent le nom de
conservateurs pour solliciter ses suffra-
ges. Ils sont avant tout monarchistes,
et c'est pourquoi, dans la partie que
nous leur voyons jouer avec la France,
leurs déclarations conservatrices font
l'officê de dés pipés.
EUG. LIÉBERT.
On nous assure de bonne part que les
prétendues instructions adressées par les
bureaux de la guerre au colonel du 72e de
ligne, à propos des funérailles du général
Bertrand, n'ont jamais existé. La presse
républicaine s'est alarmée sans raison et
les journaux du parti clérical triomphent
d'une victoire imaginaire. Tout est bien qui
finit bien. Mais tant que le gouvernement ne
se sera pas prononcé en termes formels sur
cette malheureuse question des honneurs
funèbres, on n'empêchera pas les cléricaux
et les libéraux d'attendre avec une certaine
anxiété le premier enterrement d'un légion-
naire libre-penseur.
LE PARLEMENT
COURRIER DU SENAT
Versailles, 21 décembre 1876.
Le budget de l'agriculture et du commer-
ce, moins heureux que son camarade des
affaires étrangères, a donné lieu à une dis-
cussion, courte, il est vrai, mais fort en-
nuyeuse, puisque MM. Paris, Hervé de Sai-
sy et Hubert-Delisle y ont pris part.
M. Paris, l'homme le plus remarquable du
Sénat par sa laideur, plaidait pour le sucre,
et il a profité de l'occasion pour en casser
un peu sur le dos de la commission du budget
et de l'honorable M. Teisserenc de Bort.
Les discours de M. Paris sont aussi désa-
gréables à entendre que lui désagréable à
voir. Le ton est criard, la parole aigre,
«l'intonation dure : au temps où les bètes
parlaient, le hérisson devait parler ainsi.
Aujourd'hui même, sur une question si
douce, co Paris a trouvé moyen de faire du
tapage. Il avait quelques questions à adres-
ser au ministre : il les a hurlées. Et entraî-
né par son naturel, il s'est cru obligé de
rouler des yeux terribles et de frapper de
gratids coups de poings sur la tribune pour
conseiller au Sénat l'usage du sacchari-
métre.
M. Teisserenc de Bort, qui ne veut pas de
mal au saccharimètre, a eu un mot aimable
pour cet intéressant instrument, et M. Pa-
ris s'est déclaré satisfait. Allons, tant
mieux 1
Je glisse sur M. Hubert-Delisle, borde-
lais sans importance, qui a fait pour son
agrément personnel le tour du budget en
plusieurs stations, et a recueilli, lui aussi.
quelques bonnes paroles de M. le ministre
de l'agriculture, qui avait eu la bonté de le
suivre dans ce voyage.
Après lui, M. Hervé de Saisy s'est api-
toyé sur le sort des bétes à cornes de la
Bretagne, qui se trouvent, paraît-il, dans la
plus trista situation. L'Angleterre et la
peste se coalisent pour nous les enlever, el
la plupart de ces pauvres bètes ont à opter,
à la fleur de l'âge, entre le couteau du bou-
cher ou la naturalisation anglaise. C'est à
en perdre les cornes.
Heureusement M. Hervé de Saisy a pris
en main la cause de ces nobles bêtes. Il a
débité d'une voix émue une bucolique in-
correcte sur les bœufs et les vaches, ces
« animaux alimentaires » qui sont un
« noyau de concorde" et entretiennent les
« relations pastorales » entre la France et
l'Angleterre. M. Hervé de Saisy, long, sec,
avec sa tournure de gendarme en bour-
geois, était plaisant dans ce rôle de ber-
ger par occasion.
Il a néanmoins obtenu de M. Teisserenc
de Bort une promesse bienveillante pour le
bétail breton, et là-dessus, la discussion a
été close, et le budget de l'agriculture et du
commerce voté en moins de temps qu'il
n'en faut pour l'écrire.
Au début de la séance, un sénateur qui
n'a pas dit son nom et qu'on n'a plus revu
avait déposé un rapport sur la reconstruc-
tion du palais des Tuileries.
EMMANUEL ARÈNB.
—
LECTURES ÉDIFIANTES
Voici un journal, ou plutôt une revue,
qui paraît une fois tous les mois et ne
coûte que cinquante centimes. Cela s'ap-
pelle Nouvelles lectures pour tous, et je
tiens l'exemplaire que je possède'd'un
père de famille qui l'a pris à sa fille,
élevée par les bonraes sœurs. Cette en-
fant, comme plusieurs autres de ses
compagnes, était abonnée à cette feuille
dévote. Elle donnait son sou tous les
mois, et il y avait encore dix centimes
de bénéfice pour l'intermédiaire.
Voulez-vous savoir ce qu'on donne à
lire à ces petites filles? -
Le premier article a pour titre : les
Blagueurs.
L'auteur anonyme appelle de ce nom,
qui est de si bonne compagnie, les libres-
penseurs et les républicains, ces char-
latans qui tâchent de débiter leurs dro-
gues aux badauds, en frappant sur leur
caisse à tour de bras.
Il passe en rèvue toutes ces drogues.
En tête se place naturellement l'ins-
truction gratuite, obligatoire et laïque.
Qu'est-ce que cette instruction? se
demande-t-il.
C'est le moyen de forcer les enfants
à apprendre gratis qu'il n'y a pas de
Dieu.
Après cette belle définition, il pour-
suit en ces termes :
« L'enseignement laïque n'est pas au-
tre chose que l'enseignement anti-reli-
gieux. Les écoles primaires seraient di-
rigées exclusivement par des libres-
penseurs, qui apprendraient à nos en-
fants que le monde s'est fait tout seul,
que l'homme descend en droite ligne
du singe et qu'il n'est lui-même qu'un
singe perfectionné.
> On comprend dès lors pourquoi
une telle instruction doit être obliga-
toire; il y a en effet beaucoup de pères
de famille qui n'enverraient pas leurs
fils à l'école pour apprendre de pareilles
énormités, si les gendarmes ne venaient
les y forcer. »
Songez, s'il vous plaît, qu'en s'ex-
primant ainsi, c'est l'enseignement
donné par les instituteurs de l'Etat que
vise le journaliste dévot. Songez que
ces énormités (pour lui emprunter ce
terme) sont écrites pour être distribuées
dans les écoles congréganistes, pour
être lues et commentées par les frères
igncrantins et par les bonnes sœurs à
leurs petits élèves.
Supposez pour un instant que nous
nous avisions de parler de l'enseigne-
ment congréganiste avec cet abomi-
nable et stupide fureur de calomnie,
supposez qu'un seul de nos instituteurs
laïques soit assez perdu de sens pour
distribuer à ses écoliers un si odieux
pamphlet, deux heures après il serait
révoqué assurément ; pour nous, nous
aurions le lendemain chez notre con-
cierge, sur papier timbré, une assigna-
tion à comparaître devant la septième
chambre, et huit jours après nous em-
pocherions une condamnation que nous
n'aurions certes pas volée.
Pourquoi les amis des jésuites ont-ils
le droit de verser ainsi sur un corps
d'honorables fonctionnaires, payés par
l'Etat, des charretées d'insultes, qui, au
tort d'être extrêmement grossières, joi-
gnent le tort plus grave d'être le con-
traire de Ja vérité?
Quoi ! nos instituteurs passent leur
temps à enseigner aux enfants qu'il n'y
a point de Dieu et que l'homme des-
cend du singe !
Où l'auteur a-t-il vu cela? Comment
les frères et les sœurs des écoles chré-
tiennes ne sont-ils pas scandalisés d'un
mensonge si impudent? Pourquoi le
propagent-ils parmi leurs élèves, sans
respect pour la tendre ingénuité de cet
âge ignorant?
Plus loin, je trouve un autre article
qui n'est pas moins fait pour emplir
d'idées fausses ces jeunes cervelles.
Cet article a pour titre : Progrès et
Civilisation.
Le journaliste s'efforce de prouver
que l'on vivait plus aisément, que l'on
était plus heureux et plus instruit avant
1789 qu'en 1876. -
Plus instruit ! il faut que cette thèse
tienne bien au cœur de ces messieurs.
Car je la vois reparaître, sous toutes les
formes, dans les livres et les journaux
marqués de leur estampille. Il me sem-
ble pourtant qu'elle se tournerait plu-
tot contre eux. Car enfin, il n'y avait
prs encore de frères de la doctrine
chrétienne sous l'ancien régime. Tant
d'écoles ouvertes par les congréganis-
tes n'auraient donc servi qu'à dimi-
nuer l'instruction en France, et ce ne
serait pas à tort qu'on les aurait flétris
du nom de frères ignorantins.
C'est leur affaire après tout. Libre à
eux de répéter sans cesse aux enfants
qu'on en savait bien davantage quand
les frères n'étaient pas là pour ensei-
gner.
Mais que dire de la façon dont ils prou-
vent que l'on était plus heureux avant
1789 qu'en 1876? Leur argumentation
consiste à prendre une commune, et à
dresser deux tableaux synoptiques,
sous ces deux rubriques;
1789 1874
En 1789 — Le pain est à 5 centimes
la livre.
En 1874 — Le pain à 25 centimes.
En 1789 — La viande à 20 centimes.
En 1-874 - La viande à un franc.
Il est clair que des tableaux cons-
truits de cette façon entrent aisément
dans les yeux des enfants et s'imposent
à leur mémoire.
Mais qui ne voit l'impertinence de ce
raisonnement?
J'admets les chiffres donnés, bien
qu'ils soient sujets à contestation. Mais
outre que l'argent a diminué de valeur,
il s'agit de savoir si l'on gagne aujour-
d'hui plus facilement un franc qu'autre-
fois vingt-cinq centimes; si le prix de la
main-d'œuvre et le nombre des travaux
à faire n'ont pas augmenté dans la
même proportion et même dans une
proportion plus considérable.
Je sais bien que ces considérations
ne sont pas commodes à exposer à des
entants, ni même à beaucoup de gran-
des personnes. Mais ceux qui ont dressé
le tableau en question les connaissent
assurément : pourquoi trompent-ils
donc sciemment la jeunesse, en faisant
exprès de n'en tenir aucun compte?
Le tableau continue :
1789. — Exemption du service mi-
litaire.
1874 - Conscription.
C'est encore là un des mensonges où
les journaux légitimistes et religieux
reviennent sans cesse. Nous avons ici
même, avec l'aide de Tocqueville, dé-
montré que les paysans de l'ancien ré-
gime n'étaient point exempts du service
militaire, et que la conscription, sous
d'autres formes et sous d'autres noms,
pesait sur eux plus inégale et partant
plus dure qu'elle n'est à cette heure.
Poursuivons :
1789 — Moulin à blé, moulin à huile
appartenant à la commune.
1874 — Double zéro.
Si la commune, en 1874, n'a plus ni
moulin à blé, ni moulin à huile, c'est
peut-être parce qu'elle est devenue as-
sez riche pour que plusieurs de ses ha-
bitants aient un moulin à blé et un
moulin à huile, dont les autres se peu-
vent servir, moyennant redevance.
Terminons par ce dernier trait :
1789 — Impôts : un pour cent.
1874 — Impô s : 22 pour cent.
Un pour cent ! cela est aisé à dire !
mais j'engage le mauvais plaisant qui
a donné ce chiffre à relire ceux que
donne Taine dans les Origines de la
France contemporaine.
Le paysan donnait 50 ou 60 pour
cent, quelquefois cent pour cent, et il
avait le chagrin de tout payer tout seul,
Si l'on donne aujourd'hui 22 0/0, au
moins avons-nous l'avantage que toutes
les classes de la société sont imposées
de même, et que les prêtres mêmes sont
obligés de payer leur petite quote-part.
C'est une consolation.
FRANCISQUE SARCEY.
——
Nouvelles d'Orient
Vienne, 20 décembre.
Une dépêche de Belgrade annonce qu'à la
suite d'un incident regrettable qui a eu lieu
hier entre une sentinelle de la forteresse de
Belgrade et un des monitors autrichiens qui
croisent sur le Danube, le ministère serbe a
donné sa démission.
, Constantinople, 19 décembre,
7 h. 17 soir.
Un hatt impérial, lu aujourd'hui à la Porte,
nomme Midhal-Pachn grand-vizir, et explique
que c'est dans le désir de voir bien administrer
les affaires, de donner une solution satisfai-
sante aux questions pendantes en confirmant
aux yeux de tout le monde les droits et les in-
térêts légitimes de l'empire ottoman, et enfin,
d'améliorer la situation financière.
La conférence préliminaire aura encore une
séance demain ; ce sera probablement la der-
nière.
L'accord des plénipotentiaires paraît com-
plet sur les trois points importants.
La première séance de la conférence plé-
niére, à laquelle assisteront les délégués otto-
mans, aura lieu jeudi ou samedi.
Le sultan a reçu aujourd'hui, on audience
privée, MM. deChaudordy et de Bourgoing.
Raguse, 19 décembre, soir.
Les ambassadeurs à Constantinople ont dé-
cidé qu'il fallait procéder à la délimitation des
districts occupés par l'insurrection en Bosnie,
dans le cas où l'armistice viendrait à être pro-
longé. Chacune des puissances devra envoyer
un consul avec un commissaire militaire.
Deux vapeurs turcs venus à Kleck ont dé-
barqué des provisions et ont embarqué 800 ma-
lades. De cette façon, ils ne reste plus en Her-
zégovine que 22 bataillons.
Fuad Pacha, venant de Trébigne, est arrivé
ici, se rendant à Constantinople.
Londres, 20 décembre.
Lord Russel a fait rayer son nom de la liste
des membres du comité, formé pour venir en
aide aux Bulgares.
Lord Carnarvon, ministre des colonies, dans
un discours prononcé hier soir à Dulverton, a
exprimé la plus entière confiance dans le mar-
quis de Salisbury.
«- Les conjonctures présentes, a-t-il dit, sont
très critiques, mais le but du gouvernement
est de maintenir la paix. La situation ne se
présente pas comme un nœud gordien que
l'épée d'Alexandre doit trancher, c'est plutôt
la toile de Pénélope : c'est la patience ,
l'adresse et le sang-froid seuls qui peuvent
amener la réussite. Il ne faut pas renoncer à
l'espoir d'une solution pacifique. »
Vienne, 19 décembre.
La Russie désire que les points sur lequels
l'entente s'est faite à la conférence prélimi-
naire soient consignés dans une note identi-
que qui serait présentée par chaque ambassa-
deur à la Porte ; celle-ci -serait invitée à négo-
cier sur les points mentionnés dans la note. On
fait contre cette manière de procéder l'objec-
tion que si la Turquie s'y refusait obstinément,
elle se mettrait en opposition directe contre
la volonté de l'Europe unie. Toutefois, ce plan,
quelque peu modifié, sera probablement
adopté. (Journaux anglais.)
Constantinople, 19 décembre.
Le général Ignatieff a renoncé à l'idée de
faire désarmer par la force les musulmans en
Bulgarie. La Russie a également cédé sur la
demande du renvoi des Tcherkesses en Asie.
Elle n'insistera que pour obtenir du sultan
la promesse de ne pas en faire venir davan-
tage.
Si la Belgique refusait d'occuper la Bulgarie,
la Russie, dit-on, serait également satisfaite
de la voir placée temporairement sous la pro-
tection des troupes suisses ou hollandaises.
(Daily Telegraph.)
Athènes, 19 décembre, soir.
Un rapprochement a eu lieu entre MM. ZaÏ-
mis et Comoundouros.
La Chambre a voté à l'unanimité la loi mili-
taire élevant le chiffre des forces de l'armée
de terre à 200,000 hommes.
VAgence russe nous communique la dépêche
suivante :
St-Pétersbourg, 19 décembre ISiG, 10 h. s.
Un article de l'agence prédit que les résul-
tats des conférences préliminaires seront fina-
lement pacifiques ; ils ne sont pas tout à fait
ceux. qu on aurait pu désirer, mais il ne faut
pas compter sur quelque chose de parfait ni
d'éternellement valable dans les transactions,
surtout alors qu'il est nécessaire de concilier
des intérêts divergents.
La Russie aura obtenu le possible. Elle aura
prouvé, à la fin comme au commencement,
qu'elle met le maintien de l'entente des puis-
sances, si nécessaire à la conservation de la
paix européenne, au-dessus de toute autre con-
sidération.
L'Agence russe nous communique la dépêche
suivante :
St-Pétersbourg, 20 décembre, 3 h. 50, s.
Hier, a dû avoir lieu la dernière réunion pré-
liminaire à Constantinople.
Samedi, en conférence plénière, seront ex-
posés officiellement les résultats des trois
séances préalables ; c'est de l'acceptation de
ces résultats par le gouvernement turc que
l'on doit attendre le rétablissement définitif
de la paix.
Avant-hier, fête de Saint-Nicôlas, quelques
étudiants et étudiantes nihilistes ont cherché
à troubler la cérémonie célébrée dans l'église
de Notre-Dame-de-Kazan, à ce moment rem-
plie de fidèles. A la sortie, ils déployèrent un
drapeau ou était inscrit le mot « liberté ».
Le peuple qu'ils cherchaient à ameuter les
arrêta et les livra à la police. Dans le publie et
dans les journaux, on tourne en ridicule cet
enfantillage d'étudiants.
Saint-Pétersbourg, 20 décembre.
On n'a pas appris dans les cercles officiels de
Saint-Pétersbourg que l'armistice ait été pro-
longé, comme l'annoncent certains journaux
étrangers.
La nouvelle d'après laquelle le gouverne-
ment russe serait sur le point d'augmenter les
droirs de douane sur les rails de cheminsde fer
est également dénuée de fondement.
Semlin, 20 décembre.
Un obus a éclaté à bord du monitor le Maros,
pendant qu'on chargeait la pièce dans la tour.
Un enseigne de vaisseau et. quatre matelots
ont été gravement blessés, sept hommes ont
reçu des blessures moins graves.
Les blessés ont été transportés à Semlin.
où ils reçoivent les soins que nécessite leur
état. |
Viene, 20 décembre.
La Correspondance politique publie la note
suivante :
Hier ont été tirés des bastions de la forte-
resse de Belgrade quelques coups de fusil sur
le monitor autrichien Maros, au moment où il
partait pourSemlin.
Le ministère serbe s'est empressé de faire
exprimer au gouvernement autrichien ses pro-
fonds regrets au sujet de cet incident.
Deux factionnaires serbes reconnus coupa-
bles ont été arrêtés. Le commandant de la for-
teresse de Belgrade a été destitué.
Buda-Pesth, 20 décembre.
La Chambre haute vient do voter sans dis-
cussion le budget de 1877. Le ministre, prési-
dent du conseil, M. Tisza, interpellé sur les
affaires d'orient par le baron de Wenckhejm.
déclare que le gouvernement hongrois désire
la paix, mais que si les intérêts de la Hongrie
étaient en jeu, il les sauvegarderait à tout
prix. t "1 fi d 1
Le ministre ajoute qu'il a confiance dans le
maintien de la paix.
- ■
Si pacifique que paraisse être la situation
actuelle, il n'en ett pas moins nécessaire de
se prémunir contre toute désillusion; en
effet, si la diplomatie poursuit son œuvre
en vue d'obtenir une solution des questions
pendantes, sans qu'il soit nécessaire de faire
usage de la force, on doit reconnaître néan-
moins que tous les préparatifs de guerre se
continuent avec persévérance, absolument
comme si celle-ci était jugée inévitable de
part et d'autre.
Nous avons énuméré dernièrement les
dispositions récemment prises par le gou-
vernement turc; depuis, nous avons appris
que quelques officiers anglais sont destinés
à seconder ses efforts ; que non seulement'
ils visitent les places fortes, mais qu'ils
coopèrent à la mise en état de défense du
Bosphore et des Dardanelles, et que le com-
mandement des canonnières du Danube
doit leur être réservé en cas de besoin.
Quant à l'armée russe du Sud, elle.a défi-
nitivement complété son organisation et elle
s'est rapprochée de la frontière de la Rou-
manie, à travers laquelle elle semble devoir
opérer par la ligne Kichineff-Jassy-Bucha-
rest.
On a -fait récemment courir le bruit que
l'intention de la Turquie était de prendre
l'offensive, de franchir le Danube et d'enva-
hir la Roumanie, afin de s'opposer plus fa-
cilement aux progrès de l'armée russe en
lui disputant cette contrée. Nous necroyons
pas que cette éventualité se réalise. L'ar-
mée turque a, en effet, tout intérêt à rester
en arrière du Danube, qui constitue pour elle
une excellente barrière contre toute expé-
dition venant du Nord : cette ligne n'est fai-
ble que sur son flanc gauche, si la Serbie
participe de nouveau .aux opérations ou si
cette province est occupée par d'imposantes
forces russes, et £ uu son flanc droit, si le,
corps expéditionnaire formé par l'armée
russe du Caucase atteint Trébizonde après
avoir défait l'armée turque d'Erzeroum.
L'invasion de la Roumanie par les Turcs
serait donc une faute très-grave au point de
vue militaire. Si l'on y ajoute les consé-
quences fâcheuses qu'elle pourrait avoir
sous le rapport politique, on doit la consi-
dérer comme irréalisable.
Le reste de l'Europe présente un calme
tout au moins apparent. Cependant les jour-
naux allemands annonçaient récemment
comme probable, au cas où la guerre écla-
terait, la mobilisation du 5e corps pr-ussien
en Posnanie et du 6e en Silésie. Enfin, tou-
tes les dispositions préliminaires ont été
prises en Autriche-Hongrie pour mobiliser
les troupes, s'il est nécessaire : mais il faut
ajouter que ce peut être là une mesure de
prudence parfaitement justifiée de la part
d'un gouvernement prévoyant.
—————————— *0 -
INFORMATIONS
Nous croyons savoir que la nomination
de M. Méline au poste de sous-secrétaire
d'Etat à la justice paraitra prochainement au
Journal officiel.
On prépare en ce moment au ministère de
l'intérieur un mouvement administratif qui
se fera après la session extraordinaire du
Parlement.
Plusieurs préfets et sous-préfets de l'or-
dre moral, que l'opinion publique s'étonnait
de voir encore en place après les élections
de février, seront définitivement rendus à la
vie privée.
M. Devienne n'a pas donné encore sa dé-
mission, mais c'est tout comme puisque le
premier président, atteignant la limite
d'âge, sera mis à la retraite dans quelques
semaines.
Il est parti pour le midi il y a huit jours. -
On annonce que MM. de Veaux, procu-
reur général à Nîmes ; de Prandjére, pro-
cureur à Grenoble ; de Gabrielli, procureur
à Bordeaux, ont envoyé leur démission à
M. Martel, à la suite de la destitution de
M. Bailleul.
Cela simplifiera singulièrement la besogne
du nouveau ministre de la justice.
Nous apprenons que Mme de Montifaud
vient d'être autorisée à faire ses huit jours
de prison dans une maison de santé.
L'Echo annonce que l'instruction de l'af-
faire des Champs-Elysées est terminée.
M. le comte de Gërminy est renvoyé de-
vant le tribunal de police correctionnelle.
Il comparaîtra samedi.
On assure que les débats auront lieu à
huis-clos.
Nous avons annoncé d'après plusieurs de
nos confrères la mort de M. Valette zémi-
nent professeur de la Faculté de droit de
Paris.
Nous sommes heureux de pouvoir ras-
surer ses nombreux amis. M. Valette est à
cette heure très-bien portant et ne songe
rien moins qu'à quitter ce bas-monde, mal-
gré ses soixante-douze ans, qu'il porte le
plus gaillardement du monde. C'est la mort
d'un homonyme, M. Valette, professeur de
clinique chirurgicale à l'Hôtel-DieudeLyon
qui a donné lieu à cette méprise. Le savant
jurisconsulte aura eu, du moins, la satis-
faction d'entendre prononcer de son vivant
son oraison funèbre, et de voir quelles sym-
pathies profondes il a su inspirer à tous
ceux qui le connaissent.
C'est à tort que plusieurs journaux ont
parlé d'un voyage en Prusse, avec mission
politique, de M. le général marquis d'Abzac.
Le général d'Abzac est allé passer un mois
en Silésie, d'où il est revenu depuis huit -
jours. Il paraît que ST femme, qui, dit-on,
est Allemande, et ses enfants habitent ce
pays une partie de l'année. Ce voyage n'a-
vait donc aucun caractère politique.
Avant son départ pour Munich, le prince
de Hohenlohe a eu une entrevue avec le duc
Decazes et lui a remis la réponse officielle
du gouvernement allemand à l'invitatit bn qui
lui avait été adressée par le gouvernement
français de prendre part à l'Exposition uni-
verselle de 1878.
Cette réponse, comme nous l'avons an-
noncé, est négative; mais les motifs sur les-
quels elle s'appuie sont d'un ordre pure-
ment économique.
A la suite de cette communication, notre
ministre du commerce, M. Teisserenc de
Bort, a écrit à M. Kr'antz pour lui faire sa-
voir que dans le cas où des industriels alle-
mands s'adresseraient directement à la com-
mission française pour obtenir des places à
Pria dm Nmnérd A Paria 1 16 Centimes — Départements 1 20 Gentl.
Vendredi 22 Décembre 1876
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
ADMINISTRATION
Adresser les Lettres et Mandats à l'Administrateur
yue de Lafayette,
Les Manuscrits non insérés ne seront pas rendus.
ABONNEMENTS
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Six mo's. 25 »
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DEPARTEAIENTS
Trois mois .J. _\1
Six mois *
Un an Q.2. B.
AKKOÏÏGES : Chez MM. LA GRANGE, CERlTét S
O) place de la Sourie, 6
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S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
ês, r"'U.e d.e Lafayette
Les Lettres non affranchies seront refasUs.
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DEPARTEMENTS
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Un an G2 »
iMOHCES : Chez MM. LAGRANGE, CERF et Cie
6, place de la iiovtrte, a
SXLJLLHSTI3NT
Paris, 21 décembre 1876.
Le Sénat, dans sa séance d'hier, a discuté
et adopté le budget des dépenses du minis-
tère de l'agriculture et du commerce.
Les nouvelles de Constantinople sont ce
que nous devions penser au lendemain d'un
changement de grand-vizir. On a lu à la
Porte le hatt impérial nommant Midhat-
Pacha grand-vizir. Est-il bien utile d'ana-
lyser ce hatt? « C'est dans le désir, dit ce
hatt, de voir bien administrer les affaires
de donner une solution satisfaisante aux
questions pendantes en confirmant aux yeux
de tout le monde les droits et les intérêts
légitimes de l'empire ottoman, et, enfin, d'a-
méliorer la situation financière. » On n'a
qu'à se reporter à tous les hratts relatifs aux
nominations des grands-vizirs et on retrou-
vera toujours les mêmes phrases stéréoty-
pées. Il s'agit toujours d'une bonne admi-
nistration et d'une amélioration de la situa-
tion financière. En résumé, les vizirs chan-
gent et les choses restent dans le même
état.
En sera-t-il autrement avec la venue au
pouvoir de Midhat-Paeha ? Nous sommes
persuadés que non. En admettant même, ce
que nous sommes loin de faire, que Midhat
fût le réformateur zélé qu'il prétend être,
il ne pourrait rien faire, absolument rien,
car l'empire ottoman est pourri jusqu'au
cœur.
L'Europe cherche à galvaniser encore
une fois l'empire ottoman. Peut-être, à force
d'efforts, arrivera-t-elle à un replâtrage,
c'est-à-dire à empêcher un écroulement
immédiat. Mais combien de temps cela
durera-t-il? Aujourd'hui c'est la cause
slave qui est en question. Dès qu'elle sera
résolue d'une façQIPqueleonque, nous assis-
terons sans doute au soulèvement des
Qrecs.
Quoi qu'il en soit, la conférence prélimi-
naire continue ses séances. Selon les uns,
les plénipotentiaires se sont mis définitive-
ment d'accord et ils auraient prévenu la
Porte que la conférence plénière commen-
cerait aujourd'hui même. Selon les autres,
les choses seraient bien loin d'être aussi
avancées et la conférence préliminaire au-
rait encore à tenir quelques séances.
Les journaux anglais continuent d'affir-
mer que la Russie cède sur tous les points
et que la Turquie ne serait pas éloignée de
céder aussi. Nos renseignements ne sont
pas aussi optimistes. En tout cas, nous pou-
vons affirmer que sien n'est fait encore re-
lativement à la prolongation de l'armistice.
Le cabinet serbe a, parait-il, donné sa
démission à la suite d'une difficulté surve-
nue avec le commandant d'un monitor au-
triehien.
Bourse de ÏParis
Glêture le 19 dée. le 20âéc. E»n*«e B»U«e
S o/o
Comptant.. 71 10 70 60 f0
Fineour.. 7110. 70 65 45.
4 1/2 O/O
Comptent. , 101 5# 101 40 .♦ 10
s o/o
Comptant.. 105 ?0 105 •/•
Fin cour 1(5 92 1/2 104 95 27 1/2
PETITE BOtTRSK DU OIR
Emprunt 3 0/0. 7f: fr. 57 1/2, 67 1/2.
Empruut 5 0/0. 1^4 fr. 87 1/2, 9? I '2.
n rIO turc 11 fr. 10, 1.% \2 1/2.
Banque Ottomane.. ?63 fr. 75
Egypie * f 250 fr., 251 87, 250 62.
i_
Nous parlions hier des procédés de
polémique du Français. Prenez le jour-
nal de M. Dupanloup, la Défense, les
sophismes y sont les mêmes et roulent
toujours sur des jeux de mots.
Les républicains s'indigneraient, d'a-
prèsce journal, contre les départements
qui envoient au Sénat des candidats
« conservateurs. » Eh! non, pour la
millième fois, il ne s'agit pas de con-
servateurs ; M. l'évêque d'Orléans le sait
mieux que nous. Si nous avons averti
les électeurs sénatoriaux de Tarn-et-Ga-
ronne de la gravité de la faute qu'ils ont
éommise, c'est qu'ils ont élu non pas
un conservateur, mais un monarchiste.
Parmi tous ceux qui ont franchement
adhéré aux institutions républicaines,
nous avons sans doute nos préférences,
et nous accepterons toujours avec plus
de plaisir le choix d'un libéral que ce-
lui, d'un républicain de droite ; mais,
contre l'élection d'un républicain de
droite, comme il s'en trouve plusieurs
dans le Sénat, nous n'avons rien à dire,
et il nous suffît que la forme républi-
caine ait été nettement acceptée par un
candidat pour que nous soyons ras-
surés.
- Est-ce qu'il en peut être de même
avec les bonapartistes et les royalistes
à qui la Défense ouvre son giron ? Avec
un Parlement composé en majorité des
candidats du Français, du Pays, de
V Union et de la Défense, combien de
temps dureraient nos institutions? S'il
est donc bien prouvé que ces prétendus
conservateurs sont les êimçmis des ins-
titutions actuelles, comment n averti-
rions-nous pas les électeurs qu'ils se
trompent gravement lorsque, par igno-
rance ou par faiblesse, il leur arrive de
les nommer ? Et notez que ce n'est pas
même à la monarchie, mais à l'anar-
chie, que nous mèneraient de pareilles
élections, si elles étaient jamais assez
nombreuses pour donner aux protégés
de M. Dupanloup la majorité dans la
Chambre et dans le Sénat. Les conser-
vateurs en question ne sont pas seule-
ment ligués contre la République ; leur
masse reste divisée en trois vieux partis,
dont chacun se retourne contre les deux
autres dés qu'il ne s'agit plus de dé-
truire, mais d'édifier.
Ces vérités sont si connues que nous
éprouvons quelque confusion de les
rétablir ; mais on nous y force en ne
cessant point de les altérer. Et puisque
l'occasion s'en présente aujourd'hui,
nous essayerons aussi de démontrer à
deux ou trois de nos confrères d'extrê-
me gauche qu'ils font fausse route
quand ils rejettent comme une expres-
sion vide de sens le mot de conservateur
républicain. Les Droits de VHomme, re-
prenant hier la phrase de M. Jules Si-
mon : « Je suis profondément républi-
cain et profondément conservateur »,
taxaient cette déclaration « d'énormité»,
et plaignaient la logique, « violée avec
tant de désinvolture en si haut lieu ».
Les Droits de l'Homme ont voulu rire.
S'il n'y avait point de républicains hors
du parti radical, s'il n'y en avait point
dans le parti modéré et conservateur,
ce serait pour le coup qu'il faudrait dé-
sespérer de la République et qu'on
pourrait dire avec vérité : « La France
n'est pas républicaine. »
Sans le vouloir assurément, notre
confrère apporte un certain secours à
la polémique de la Défense, du Fran-
çais, etc., quand il raisonne ainsi :
« Conservateur, donc monarchiste.
Impossible d'accepter pour républicains
des conservateurs. » Croit-on vraiment
servir les intérêts de la République en re-
jetant avec dédain dans le camp monar-
chiste tant de citoyens qui n'aspirent
qu'à vivre en paix sous les nouvelles
institutions du pays? Ils ne sont pas
républicains parce qu'ils ne professent
pas, sur la direction du gouvernement,
la même. opinion que les Droits de
l'Homme.l Voilà une conclusion qui
ne supporte guère l'examen, et c'est
pour le coup que nous pourrions nous
apitoyer sur les violences subies par la
logique.
La logiqua demande, en résumé,
qu'un seul point soit admis : c'est que
l'on est républicain lorsqu'on est parti-
san de la République et qu'on ne désire
point y substituer une autre forme de
gouvernement. Parmi ces partisans de
la République, dont se compose la
grande majorité de la nation, il y aura,
comme parmi les partisans de la mo-
narchie en Belgique ou en Angleterre,
des libéraux et des conservateurs, des
libres-penseurs et des cléricaux, etc.
Mais, pourvu que ces hommes d'opi-
nions diverses soient d'accord sur la
forme du gouvernement, c'est sous le
titre général de républicains qu'il les
faut englober. Restent ceux qui repous-
sent comme une mortelle ennemie la
République et qui travaillent à lui subs-
tituer une monarchie par des voies plus
ou moins permises. Ceux-là trompent
le pays quand ils prennent le nom de
conservateurs pour solliciter ses suffra-
ges. Ils sont avant tout monarchistes,
et c'est pourquoi, dans la partie que
nous leur voyons jouer avec la France,
leurs déclarations conservatrices font
l'officê de dés pipés.
EUG. LIÉBERT.
On nous assure de bonne part que les
prétendues instructions adressées par les
bureaux de la guerre au colonel du 72e de
ligne, à propos des funérailles du général
Bertrand, n'ont jamais existé. La presse
républicaine s'est alarmée sans raison et
les journaux du parti clérical triomphent
d'une victoire imaginaire. Tout est bien qui
finit bien. Mais tant que le gouvernement ne
se sera pas prononcé en termes formels sur
cette malheureuse question des honneurs
funèbres, on n'empêchera pas les cléricaux
et les libéraux d'attendre avec une certaine
anxiété le premier enterrement d'un légion-
naire libre-penseur.
LE PARLEMENT
COURRIER DU SENAT
Versailles, 21 décembre 1876.
Le budget de l'agriculture et du commer-
ce, moins heureux que son camarade des
affaires étrangères, a donné lieu à une dis-
cussion, courte, il est vrai, mais fort en-
nuyeuse, puisque MM. Paris, Hervé de Sai-
sy et Hubert-Delisle y ont pris part.
M. Paris, l'homme le plus remarquable du
Sénat par sa laideur, plaidait pour le sucre,
et il a profité de l'occasion pour en casser
un peu sur le dos de la commission du budget
et de l'honorable M. Teisserenc de Bort.
Les discours de M. Paris sont aussi désa-
gréables à entendre que lui désagréable à
voir. Le ton est criard, la parole aigre,
«l'intonation dure : au temps où les bètes
parlaient, le hérisson devait parler ainsi.
Aujourd'hui même, sur une question si
douce, co Paris a trouvé moyen de faire du
tapage. Il avait quelques questions à adres-
ser au ministre : il les a hurlées. Et entraî-
né par son naturel, il s'est cru obligé de
rouler des yeux terribles et de frapper de
gratids coups de poings sur la tribune pour
conseiller au Sénat l'usage du sacchari-
métre.
M. Teisserenc de Bort, qui ne veut pas de
mal au saccharimètre, a eu un mot aimable
pour cet intéressant instrument, et M. Pa-
ris s'est déclaré satisfait. Allons, tant
mieux 1
Je glisse sur M. Hubert-Delisle, borde-
lais sans importance, qui a fait pour son
agrément personnel le tour du budget en
plusieurs stations, et a recueilli, lui aussi.
quelques bonnes paroles de M. le ministre
de l'agriculture, qui avait eu la bonté de le
suivre dans ce voyage.
Après lui, M. Hervé de Saisy s'est api-
toyé sur le sort des bétes à cornes de la
Bretagne, qui se trouvent, paraît-il, dans la
plus trista situation. L'Angleterre et la
peste se coalisent pour nous les enlever, el
la plupart de ces pauvres bètes ont à opter,
à la fleur de l'âge, entre le couteau du bou-
cher ou la naturalisation anglaise. C'est à
en perdre les cornes.
Heureusement M. Hervé de Saisy a pris
en main la cause de ces nobles bêtes. Il a
débité d'une voix émue une bucolique in-
correcte sur les bœufs et les vaches, ces
« animaux alimentaires » qui sont un
« noyau de concorde" et entretiennent les
« relations pastorales » entre la France et
l'Angleterre. M. Hervé de Saisy, long, sec,
avec sa tournure de gendarme en bour-
geois, était plaisant dans ce rôle de ber-
ger par occasion.
Il a néanmoins obtenu de M. Teisserenc
de Bort une promesse bienveillante pour le
bétail breton, et là-dessus, la discussion a
été close, et le budget de l'agriculture et du
commerce voté en moins de temps qu'il
n'en faut pour l'écrire.
Au début de la séance, un sénateur qui
n'a pas dit son nom et qu'on n'a plus revu
avait déposé un rapport sur la reconstruc-
tion du palais des Tuileries.
EMMANUEL ARÈNB.
—
LECTURES ÉDIFIANTES
Voici un journal, ou plutôt une revue,
qui paraît une fois tous les mois et ne
coûte que cinquante centimes. Cela s'ap-
pelle Nouvelles lectures pour tous, et je
tiens l'exemplaire que je possède'd'un
père de famille qui l'a pris à sa fille,
élevée par les bonraes sœurs. Cette en-
fant, comme plusieurs autres de ses
compagnes, était abonnée à cette feuille
dévote. Elle donnait son sou tous les
mois, et il y avait encore dix centimes
de bénéfice pour l'intermédiaire.
Voulez-vous savoir ce qu'on donne à
lire à ces petites filles? -
Le premier article a pour titre : les
Blagueurs.
L'auteur anonyme appelle de ce nom,
qui est de si bonne compagnie, les libres-
penseurs et les républicains, ces char-
latans qui tâchent de débiter leurs dro-
gues aux badauds, en frappant sur leur
caisse à tour de bras.
Il passe en rèvue toutes ces drogues.
En tête se place naturellement l'ins-
truction gratuite, obligatoire et laïque.
Qu'est-ce que cette instruction? se
demande-t-il.
C'est le moyen de forcer les enfants
à apprendre gratis qu'il n'y a pas de
Dieu.
Après cette belle définition, il pour-
suit en ces termes :
« L'enseignement laïque n'est pas au-
tre chose que l'enseignement anti-reli-
gieux. Les écoles primaires seraient di-
rigées exclusivement par des libres-
penseurs, qui apprendraient à nos en-
fants que le monde s'est fait tout seul,
que l'homme descend en droite ligne
du singe et qu'il n'est lui-même qu'un
singe perfectionné.
> On comprend dès lors pourquoi
une telle instruction doit être obliga-
toire; il y a en effet beaucoup de pères
de famille qui n'enverraient pas leurs
fils à l'école pour apprendre de pareilles
énormités, si les gendarmes ne venaient
les y forcer. »
Songez, s'il vous plaît, qu'en s'ex-
primant ainsi, c'est l'enseignement
donné par les instituteurs de l'Etat que
vise le journaliste dévot. Songez que
ces énormités (pour lui emprunter ce
terme) sont écrites pour être distribuées
dans les écoles congréganistes, pour
être lues et commentées par les frères
igncrantins et par les bonnes sœurs à
leurs petits élèves.
Supposez pour un instant que nous
nous avisions de parler de l'enseigne-
ment congréganiste avec cet abomi-
nable et stupide fureur de calomnie,
supposez qu'un seul de nos instituteurs
laïques soit assez perdu de sens pour
distribuer à ses écoliers un si odieux
pamphlet, deux heures après il serait
révoqué assurément ; pour nous, nous
aurions le lendemain chez notre con-
cierge, sur papier timbré, une assigna-
tion à comparaître devant la septième
chambre, et huit jours après nous em-
pocherions une condamnation que nous
n'aurions certes pas volée.
Pourquoi les amis des jésuites ont-ils
le droit de verser ainsi sur un corps
d'honorables fonctionnaires, payés par
l'Etat, des charretées d'insultes, qui, au
tort d'être extrêmement grossières, joi-
gnent le tort plus grave d'être le con-
traire de Ja vérité?
Quoi ! nos instituteurs passent leur
temps à enseigner aux enfants qu'il n'y
a point de Dieu et que l'homme des-
cend du singe !
Où l'auteur a-t-il vu cela? Comment
les frères et les sœurs des écoles chré-
tiennes ne sont-ils pas scandalisés d'un
mensonge si impudent? Pourquoi le
propagent-ils parmi leurs élèves, sans
respect pour la tendre ingénuité de cet
âge ignorant?
Plus loin, je trouve un autre article
qui n'est pas moins fait pour emplir
d'idées fausses ces jeunes cervelles.
Cet article a pour titre : Progrès et
Civilisation.
Le journaliste s'efforce de prouver
que l'on vivait plus aisément, que l'on
était plus heureux et plus instruit avant
1789 qu'en 1876. -
Plus instruit ! il faut que cette thèse
tienne bien au cœur de ces messieurs.
Car je la vois reparaître, sous toutes les
formes, dans les livres et les journaux
marqués de leur estampille. Il me sem-
ble pourtant qu'elle se tournerait plu-
tot contre eux. Car enfin, il n'y avait
prs encore de frères de la doctrine
chrétienne sous l'ancien régime. Tant
d'écoles ouvertes par les congréganis-
tes n'auraient donc servi qu'à dimi-
nuer l'instruction en France, et ce ne
serait pas à tort qu'on les aurait flétris
du nom de frères ignorantins.
C'est leur affaire après tout. Libre à
eux de répéter sans cesse aux enfants
qu'on en savait bien davantage quand
les frères n'étaient pas là pour ensei-
gner.
Mais que dire de la façon dont ils prou-
vent que l'on était plus heureux avant
1789 qu'en 1876? Leur argumentation
consiste à prendre une commune, et à
dresser deux tableaux synoptiques,
sous ces deux rubriques;
1789 1874
En 1789 — Le pain est à 5 centimes
la livre.
En 1874 — Le pain à 25 centimes.
En 1789 — La viande à 20 centimes.
En 1-874 - La viande à un franc.
Il est clair que des tableaux cons-
truits de cette façon entrent aisément
dans les yeux des enfants et s'imposent
à leur mémoire.
Mais qui ne voit l'impertinence de ce
raisonnement?
J'admets les chiffres donnés, bien
qu'ils soient sujets à contestation. Mais
outre que l'argent a diminué de valeur,
il s'agit de savoir si l'on gagne aujour-
d'hui plus facilement un franc qu'autre-
fois vingt-cinq centimes; si le prix de la
main-d'œuvre et le nombre des travaux
à faire n'ont pas augmenté dans la
même proportion et même dans une
proportion plus considérable.
Je sais bien que ces considérations
ne sont pas commodes à exposer à des
entants, ni même à beaucoup de gran-
des personnes. Mais ceux qui ont dressé
le tableau en question les connaissent
assurément : pourquoi trompent-ils
donc sciemment la jeunesse, en faisant
exprès de n'en tenir aucun compte?
Le tableau continue :
1789. — Exemption du service mi-
litaire.
1874 - Conscription.
C'est encore là un des mensonges où
les journaux légitimistes et religieux
reviennent sans cesse. Nous avons ici
même, avec l'aide de Tocqueville, dé-
montré que les paysans de l'ancien ré-
gime n'étaient point exempts du service
militaire, et que la conscription, sous
d'autres formes et sous d'autres noms,
pesait sur eux plus inégale et partant
plus dure qu'elle n'est à cette heure.
Poursuivons :
1789 — Moulin à blé, moulin à huile
appartenant à la commune.
1874 — Double zéro.
Si la commune, en 1874, n'a plus ni
moulin à blé, ni moulin à huile, c'est
peut-être parce qu'elle est devenue as-
sez riche pour que plusieurs de ses ha-
bitants aient un moulin à blé et un
moulin à huile, dont les autres se peu-
vent servir, moyennant redevance.
Terminons par ce dernier trait :
1789 — Impôts : un pour cent.
1874 — Impô s : 22 pour cent.
Un pour cent ! cela est aisé à dire !
mais j'engage le mauvais plaisant qui
a donné ce chiffre à relire ceux que
donne Taine dans les Origines de la
France contemporaine.
Le paysan donnait 50 ou 60 pour
cent, quelquefois cent pour cent, et il
avait le chagrin de tout payer tout seul,
Si l'on donne aujourd'hui 22 0/0, au
moins avons-nous l'avantage que toutes
les classes de la société sont imposées
de même, et que les prêtres mêmes sont
obligés de payer leur petite quote-part.
C'est une consolation.
FRANCISQUE SARCEY.
——
Nouvelles d'Orient
Vienne, 20 décembre.
Une dépêche de Belgrade annonce qu'à la
suite d'un incident regrettable qui a eu lieu
hier entre une sentinelle de la forteresse de
Belgrade et un des monitors autrichiens qui
croisent sur le Danube, le ministère serbe a
donné sa démission.
, Constantinople, 19 décembre,
7 h. 17 soir.
Un hatt impérial, lu aujourd'hui à la Porte,
nomme Midhal-Pachn grand-vizir, et explique
que c'est dans le désir de voir bien administrer
les affaires, de donner une solution satisfai-
sante aux questions pendantes en confirmant
aux yeux de tout le monde les droits et les in-
térêts légitimes de l'empire ottoman, et enfin,
d'améliorer la situation financière.
La conférence préliminaire aura encore une
séance demain ; ce sera probablement la der-
nière.
L'accord des plénipotentiaires paraît com-
plet sur les trois points importants.
La première séance de la conférence plé-
niére, à laquelle assisteront les délégués otto-
mans, aura lieu jeudi ou samedi.
Le sultan a reçu aujourd'hui, on audience
privée, MM. deChaudordy et de Bourgoing.
Raguse, 19 décembre, soir.
Les ambassadeurs à Constantinople ont dé-
cidé qu'il fallait procéder à la délimitation des
districts occupés par l'insurrection en Bosnie,
dans le cas où l'armistice viendrait à être pro-
longé. Chacune des puissances devra envoyer
un consul avec un commissaire militaire.
Deux vapeurs turcs venus à Kleck ont dé-
barqué des provisions et ont embarqué 800 ma-
lades. De cette façon, ils ne reste plus en Her-
zégovine que 22 bataillons.
Fuad Pacha, venant de Trébigne, est arrivé
ici, se rendant à Constantinople.
Londres, 20 décembre.
Lord Russel a fait rayer son nom de la liste
des membres du comité, formé pour venir en
aide aux Bulgares.
Lord Carnarvon, ministre des colonies, dans
un discours prononcé hier soir à Dulverton, a
exprimé la plus entière confiance dans le mar-
quis de Salisbury.
«- Les conjonctures présentes, a-t-il dit, sont
très critiques, mais le but du gouvernement
est de maintenir la paix. La situation ne se
présente pas comme un nœud gordien que
l'épée d'Alexandre doit trancher, c'est plutôt
la toile de Pénélope : c'est la patience ,
l'adresse et le sang-froid seuls qui peuvent
amener la réussite. Il ne faut pas renoncer à
l'espoir d'une solution pacifique. »
Vienne, 19 décembre.
La Russie désire que les points sur lequels
l'entente s'est faite à la conférence prélimi-
naire soient consignés dans une note identi-
que qui serait présentée par chaque ambassa-
deur à la Porte ; celle-ci -serait invitée à négo-
cier sur les points mentionnés dans la note. On
fait contre cette manière de procéder l'objec-
tion que si la Turquie s'y refusait obstinément,
elle se mettrait en opposition directe contre
la volonté de l'Europe unie. Toutefois, ce plan,
quelque peu modifié, sera probablement
adopté. (Journaux anglais.)
Constantinople, 19 décembre.
Le général Ignatieff a renoncé à l'idée de
faire désarmer par la force les musulmans en
Bulgarie. La Russie a également cédé sur la
demande du renvoi des Tcherkesses en Asie.
Elle n'insistera que pour obtenir du sultan
la promesse de ne pas en faire venir davan-
tage.
Si la Belgique refusait d'occuper la Bulgarie,
la Russie, dit-on, serait également satisfaite
de la voir placée temporairement sous la pro-
tection des troupes suisses ou hollandaises.
(Daily Telegraph.)
Athènes, 19 décembre, soir.
Un rapprochement a eu lieu entre MM. ZaÏ-
mis et Comoundouros.
La Chambre a voté à l'unanimité la loi mili-
taire élevant le chiffre des forces de l'armée
de terre à 200,000 hommes.
VAgence russe nous communique la dépêche
suivante :
St-Pétersbourg, 19 décembre ISiG, 10 h. s.
Un article de l'agence prédit que les résul-
tats des conférences préliminaires seront fina-
lement pacifiques ; ils ne sont pas tout à fait
ceux. qu on aurait pu désirer, mais il ne faut
pas compter sur quelque chose de parfait ni
d'éternellement valable dans les transactions,
surtout alors qu'il est nécessaire de concilier
des intérêts divergents.
La Russie aura obtenu le possible. Elle aura
prouvé, à la fin comme au commencement,
qu'elle met le maintien de l'entente des puis-
sances, si nécessaire à la conservation de la
paix européenne, au-dessus de toute autre con-
sidération.
L'Agence russe nous communique la dépêche
suivante :
St-Pétersbourg, 20 décembre, 3 h. 50, s.
Hier, a dû avoir lieu la dernière réunion pré-
liminaire à Constantinople.
Samedi, en conférence plénière, seront ex-
posés officiellement les résultats des trois
séances préalables ; c'est de l'acceptation de
ces résultats par le gouvernement turc que
l'on doit attendre le rétablissement définitif
de la paix.
Avant-hier, fête de Saint-Nicôlas, quelques
étudiants et étudiantes nihilistes ont cherché
à troubler la cérémonie célébrée dans l'église
de Notre-Dame-de-Kazan, à ce moment rem-
plie de fidèles. A la sortie, ils déployèrent un
drapeau ou était inscrit le mot « liberté ».
Le peuple qu'ils cherchaient à ameuter les
arrêta et les livra à la police. Dans le publie et
dans les journaux, on tourne en ridicule cet
enfantillage d'étudiants.
Saint-Pétersbourg, 20 décembre.
On n'a pas appris dans les cercles officiels de
Saint-Pétersbourg que l'armistice ait été pro-
longé, comme l'annoncent certains journaux
étrangers.
La nouvelle d'après laquelle le gouverne-
ment russe serait sur le point d'augmenter les
droirs de douane sur les rails de cheminsde fer
est également dénuée de fondement.
Semlin, 20 décembre.
Un obus a éclaté à bord du monitor le Maros,
pendant qu'on chargeait la pièce dans la tour.
Un enseigne de vaisseau et. quatre matelots
ont été gravement blessés, sept hommes ont
reçu des blessures moins graves.
Les blessés ont été transportés à Semlin.
où ils reçoivent les soins que nécessite leur
état. |
Viene, 20 décembre.
La Correspondance politique publie la note
suivante :
Hier ont été tirés des bastions de la forte-
resse de Belgrade quelques coups de fusil sur
le monitor autrichien Maros, au moment où il
partait pourSemlin.
Le ministère serbe s'est empressé de faire
exprimer au gouvernement autrichien ses pro-
fonds regrets au sujet de cet incident.
Deux factionnaires serbes reconnus coupa-
bles ont été arrêtés. Le commandant de la for-
teresse de Belgrade a été destitué.
Buda-Pesth, 20 décembre.
La Chambre haute vient do voter sans dis-
cussion le budget de 1877. Le ministre, prési-
dent du conseil, M. Tisza, interpellé sur les
affaires d'orient par le baron de Wenckhejm.
déclare que le gouvernement hongrois désire
la paix, mais que si les intérêts de la Hongrie
étaient en jeu, il les sauvegarderait à tout
prix. t "1 fi d 1
Le ministre ajoute qu'il a confiance dans le
maintien de la paix.
- ■
Si pacifique que paraisse être la situation
actuelle, il n'en ett pas moins nécessaire de
se prémunir contre toute désillusion; en
effet, si la diplomatie poursuit son œuvre
en vue d'obtenir une solution des questions
pendantes, sans qu'il soit nécessaire de faire
usage de la force, on doit reconnaître néan-
moins que tous les préparatifs de guerre se
continuent avec persévérance, absolument
comme si celle-ci était jugée inévitable de
part et d'autre.
Nous avons énuméré dernièrement les
dispositions récemment prises par le gou-
vernement turc; depuis, nous avons appris
que quelques officiers anglais sont destinés
à seconder ses efforts ; que non seulement'
ils visitent les places fortes, mais qu'ils
coopèrent à la mise en état de défense du
Bosphore et des Dardanelles, et que le com-
mandement des canonnières du Danube
doit leur être réservé en cas de besoin.
Quant à l'armée russe du Sud, elle.a défi-
nitivement complété son organisation et elle
s'est rapprochée de la frontière de la Rou-
manie, à travers laquelle elle semble devoir
opérer par la ligne Kichineff-Jassy-Bucha-
rest.
On a -fait récemment courir le bruit que
l'intention de la Turquie était de prendre
l'offensive, de franchir le Danube et d'enva-
hir la Roumanie, afin de s'opposer plus fa-
cilement aux progrès de l'armée russe en
lui disputant cette contrée. Nous necroyons
pas que cette éventualité se réalise. L'ar-
mée turque a, en effet, tout intérêt à rester
en arrière du Danube, qui constitue pour elle
une excellente barrière contre toute expé-
dition venant du Nord : cette ligne n'est fai-
ble que sur son flanc gauche, si la Serbie
participe de nouveau .aux opérations ou si
cette province est occupée par d'imposantes
forces russes, et £ uu son flanc droit, si le,
corps expéditionnaire formé par l'armée
russe du Caucase atteint Trébizonde après
avoir défait l'armée turque d'Erzeroum.
L'invasion de la Roumanie par les Turcs
serait donc une faute très-grave au point de
vue militaire. Si l'on y ajoute les consé-
quences fâcheuses qu'elle pourrait avoir
sous le rapport politique, on doit la consi-
dérer comme irréalisable.
Le reste de l'Europe présente un calme
tout au moins apparent. Cependant les jour-
naux allemands annonçaient récemment
comme probable, au cas où la guerre écla-
terait, la mobilisation du 5e corps pr-ussien
en Posnanie et du 6e en Silésie. Enfin, tou-
tes les dispositions préliminaires ont été
prises en Autriche-Hongrie pour mobiliser
les troupes, s'il est nécessaire : mais il faut
ajouter que ce peut être là une mesure de
prudence parfaitement justifiée de la part
d'un gouvernement prévoyant.
—————————— *0 -
INFORMATIONS
Nous croyons savoir que la nomination
de M. Méline au poste de sous-secrétaire
d'Etat à la justice paraitra prochainement au
Journal officiel.
On prépare en ce moment au ministère de
l'intérieur un mouvement administratif qui
se fera après la session extraordinaire du
Parlement.
Plusieurs préfets et sous-préfets de l'or-
dre moral, que l'opinion publique s'étonnait
de voir encore en place après les élections
de février, seront définitivement rendus à la
vie privée.
M. Devienne n'a pas donné encore sa dé-
mission, mais c'est tout comme puisque le
premier président, atteignant la limite
d'âge, sera mis à la retraite dans quelques
semaines.
Il est parti pour le midi il y a huit jours. -
On annonce que MM. de Veaux, procu-
reur général à Nîmes ; de Prandjére, pro-
cureur à Grenoble ; de Gabrielli, procureur
à Bordeaux, ont envoyé leur démission à
M. Martel, à la suite de la destitution de
M. Bailleul.
Cela simplifiera singulièrement la besogne
du nouveau ministre de la justice.
Nous apprenons que Mme de Montifaud
vient d'être autorisée à faire ses huit jours
de prison dans une maison de santé.
L'Echo annonce que l'instruction de l'af-
faire des Champs-Elysées est terminée.
M. le comte de Gërminy est renvoyé de-
vant le tribunal de police correctionnelle.
Il comparaîtra samedi.
On assure que les débats auront lieu à
huis-clos.
Nous avons annoncé d'après plusieurs de
nos confrères la mort de M. Valette zémi-
nent professeur de la Faculté de droit de
Paris.
Nous sommes heureux de pouvoir ras-
surer ses nombreux amis. M. Valette est à
cette heure très-bien portant et ne songe
rien moins qu'à quitter ce bas-monde, mal-
gré ses soixante-douze ans, qu'il porte le
plus gaillardement du monde. C'est la mort
d'un homonyme, M. Valette, professeur de
clinique chirurgicale à l'Hôtel-DieudeLyon
qui a donné lieu à cette méprise. Le savant
jurisconsulte aura eu, du moins, la satis-
faction d'entendre prononcer de son vivant
son oraison funèbre, et de voir quelles sym-
pathies profondes il a su inspirer à tous
ceux qui le connaissent.
C'est à tort que plusieurs journaux ont
parlé d'un voyage en Prusse, avec mission
politique, de M. le général marquis d'Abzac.
Le général d'Abzac est allé passer un mois
en Silésie, d'où il est revenu depuis huit -
jours. Il paraît que ST femme, qui, dit-on,
est Allemande, et ses enfants habitent ce
pays une partie de l'année. Ce voyage n'a-
vait donc aucun caractère politique.
Avant son départ pour Munich, le prince
de Hohenlohe a eu une entrevue avec le duc
Decazes et lui a remis la réponse officielle
du gouvernement allemand à l'invitatit bn qui
lui avait été adressée par le gouvernement
français de prendre part à l'Exposition uni-
verselle de 1878.
Cette réponse, comme nous l'avons an-
noncé, est négative; mais les motifs sur les-
quels elle s'appuie sont d'un ordre pure-
ment économique.
A la suite de cette communication, notre
ministre du commerce, M. Teisserenc de
Bort, a écrit à M. Kr'antz pour lui faire sa-
voir que dans le cas où des industriels alle-
mands s'adresseraient directement à la com-
mission française pour obtenir des places à
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