Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1876-12-11
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 11 décembre 1876 11 décembre 1876
Description : 1876/12/11 (A6,N1826). 1876/12/11 (A6,N1826).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
"sixième Année — If. 1826 Prix dis Numéro à Paris : 16 Centimes — Départements : 20 Centime
Lundi 11 Décembre 1876
LI l*i 1 ÀyIïÀ Y1 QÏFPÏ F
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
ADMINISTRATION
Adresser les Lettres et Mandats à l'Administrateur
nxe cie Lafayette, S3
Les Manuscrits'non insérés ne seront pas rendus.
ABONNEMENTS
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Six mois. • - 5 *
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Trois mois ||r h i
SIX a,f: : ydlÎK
Un an. '-'-
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ANNONCES : Chez MM. LAGRANGE /ékrh'",
G, place de la Bout'se}\9* (t *
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S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
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Les Lettres non affranchies seront refusées.
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DEPARTEMENTS
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U n an. 62 »
--.I\I' .l.',vv-
ANNONCES : Chez MM. LAGRANGE, CERF et Cie
6, place de la Bourte, 0
BULLETIN
Paris, 10 décembre 1876.
La Chambre des députés a continué hier
la discussion du budget des recettes.
Au moment où nous mettons sous presse
la crise ministérielle n'est pas terminée.
Les réunions de la conférence prélimi-
naire doivent commencer lundi à Constan-
tinople. En attendant, les ambassadeurs
échangent- de nombreuses visites. On re-
marque surtout les longues entrevues du
général Ignatieff [avec le marquis de Salis-
bury, et quelques dépêches annoncent « que
l'accord des puissances n'est pas impossi-
ble. » Le Nord commente ces nouvelles et
ajoute :
« Il faudrait désespérer en effet de la sa-
gesse des gouvernements si, après tout ce
qui s'est passé, après toutes les expérien-
ces qu'on a faites, il pouvait y avoir encore
des doutes sur les conditions indispensables
d'une pacification efficace. La Porte continue
d'ailleurs à se charger elle-même de couper
court à toute hésitation. Le laborieux en-
fantement de la fameuse constitution de
Midhat-Pacha vient de se heurter à de nou-
velles difficultés, en dépit du démenti que
les dépêches officielles turques avaient in-
fligé aux bruits d'un désaccord entre le
grand-vizir et le président du conseil d'Etat.
Ce pénible travail paraît décidément devoir
; aboutir à un avortement complet. »
Un télégramme adressé de Constantino-
ple au Standard annonce qu'on aurait dé-
couvert mardi dernier une conspiration
pour déposer le sultan. Six des conspira-
teurs ont été surpris sous un déguisement
et arrêtés dans le palais même. Leur
plan était d'enlever l'ex-sultan Mourad et
de l'emmener dans un bateau à vapeur jus-
qu'à Athènes. Arrivés dans cette ville, ils
auraient proclamé que Mourad avait re-
couvré la raison, et que par conséquent,
Hamid était un usurpateur. Les conspira-
teurs arrêtés sont de diverses nationa-
lités.
Un grand meeting composé de délégués
venus de toutes les parties de l'Angleterre
a été tenu vendredi soir à Londres, dans le
but de protester contre la politique suivie
par le gouvernement anglais dans la ques-
tion d'Orient.
M. Gladstone a prononcé un grand dis-
cours. Il déclare que la Turquie a violé, a
mis à néant, le traité de Paris; mais il main-
tient que le gouvernement anglais, par ses
- déclarations et l'envoi de sa flotte dans la
baie de Besika, a encouragé la Turquie. Il
insiste sur ce point que le peuple anglais ne
, veut pas que lord Salisbury appuie dans la
conférence des intérêts de tyrannie et de
corruption. Il attaque vivement la corrup-
tion, la cruauté, la mesquinerie, la fausseté,
la mauvaise foi des Turcs. Il déclare haute-
ment que, dans sa conviction, il faut faire
cesser la suprématie absolue de la Turquie
dans la Bulgarie, la Bosnie et l'Herzégo-
vine. L'intervention étrangère est indispen-
sable.
M. Gladstone fait ensuite l'éloge de l'em-
pereur Alexandre et du peuple russe. Il ad-
met cependant que la bureaucratie et le mi-
litarisme des Russes doivent éveiller des
toupçons. Il parle enfin en faveur des Hel-
lènes ; il voudrait que l'Angleterre s'asso-
ciât loyalement à l'œuvre, et à l'affranchis-
, sement de l'Orient : c'est son devoir, c'est
sa tradition.
Le ministère grec est reconstitué sous la
présidence de M. Deligeorgis.
Bourse de Paris
Clôture le 8 déc. le 9 dée. Iff auslae Baisae
3 0/0
Comptant.. 70 70 70 15 05
Fin cour , 70.75 ./« 70 72 1/2 (2 1/2
4 1/2 O/O
Comptant.. 100 25 100 6) 35
5 O/O
Comptant, 104 50 104 40 10
V\\i cour 104 50 104 45 05.
PETITE BOURSE DU SOIR
Emprunt 3 0/0. 7J fr. 70, G7 1/2, 72 1/2.
Emprunt 5 0/0. 104 fr. 50,45, 471/2.
ggypte '* »**-. 259 fr. 37.
Marché sans affaires.
-
LA C R I S ED
Nous étions bien renseignés hier quand
nous annoncions une nouvelle entrevue de
M. le duc d'Audiffret-Pasquier avec le pré-
sident de la République. Cette entrevue a
eu lieu vendredi à neuf heures du soir. M.
le président du Sénat, abandonnant l'idée
désormais irréalisable de restaurer en son
-entier le cabinet démissionnaire, a nette-
ment conseillé au maréchal un cabinet de
gauche en lui assurant que le nom de M.
Jules Simon comme président du cabinet
recevrait un accueil favorable.
C'est sur ce terrain qu'a commencé une
longue discussion, à l'issue de laquelle M.
le président de la République se déclarait
résolu à confier un portefeuille à M. Jules
Simon, mais non la présidence du conseil.
C'est alors que surgit l'idée de demander à-
M. Dufaure de conserver la présidence,
mais sans portefeuille. Dans ce cas, le ml-:
nistère de la justice eût été dévolu à un
membre de la gauche.
*
If. *
Hier matin, tout le monde pensait que M.
Dufaure acceptait cette combinaison.. M.
Jules Simon n'avait pourtant pas encore été
consulté; néanmoins, on considérait déjà
comme définitif un cabinet présidé par M.
Dufaure, ministre sans portefeuille, avec
M. Jules Simon à l'intérieur et M. Bardouxt
à la justice, [
*
* *
A une heure, toute la combinaison était
à vau-l'eau. Un conseil des ministres avait
eu lieu et M. Dufaure y avait déclaré ne
vouloir pas accepter la situation exception-
nelle et tout honorifique qu'on lui offrait.
En outre, on fit observer que dans la com-
binaison précitée, M. de Marcère était le
seul qui fût évincé, tandis que le général
Berthaut conservait son portefeuille. Cela
seul eût donné au cabinet une signification
équivoque et qu'on ne pouvait admettre.
*
# *
Après le conseil, M. Dufaure a eu une
entrevue avec le président de la Républi-
que, venu tout exprès à Versailles, et lui,a
fait part de sa résolution personnelle ainsi
que des déclarations des anciens ministres.
Tous les efforts du maréchal ont échoué
contre l'inflexible décision de M. Dufaure,
et c'est à la suite de cet entretien que le con-
seil des ministres a été de nouveau convo-
qué pour hier soir à l'Elysée.
A une heure du matin on ne savait rien
encore de ce qui avait été décidé. Toutefois
nous ne croyons pas trop nous avancer en
disant que, selon toute vraisemblance, M.
Jules Simon sera appelé aujourd'hui à la
Présidence.
A ce propos,nous devons répéter que mal-
gré tous les bruits contraires, M. Jules Si-
mon n'a eu jusqu'à cette heure aucune en-
trevue avec le maréchal.
—————————
Pour le coup, c'est un peu long.
Hier à deux heures nous avions un ca-
binet ; le soir tout était rompu. Que se
passe-t-il ? La crise a commencé il y a
huit jours, et depuis lors, il n'est pas
une seule combinaison qui n'ait été exa-
minée. On a parlé d'un cabinet de droite,
d'un cabinet de gauche, d'un cabinet
d'affaires, d'un cabinet de conflit, d'un
cabinet de dissolution. Et c'est au mo-
ment où tout semble résolu que tout
est remis en question. Qu'est-ce que cela
veut dire ? On a toujours représenté le
maréchal de Mac-Mahon comme un
homme de résolution, allant droit de-
vant lui, aussi incapable d'hésiter de-
vant un péril que de tergiverser devant
un devoir, Et voilà huit jours qu'on at-
tend de lui un acte de fermeté et de ré-
solution.
On conviendra pourtant que si le ma-
réchal est prisonnier, comme on l'a dit,
dans la constitution, M a toutes facilités
pour s'y mouvoir à l'aise. Veut-il sin-
cèrement pratiquer le régime républi-
cain ? Qu'il confie le pouvoir à des amis
de la République. Si, au contraire, il
s'est laissé déjà convaincre que la
Chambre des députés ne représente
plus le pays et que la France aspire au
jour où elle pourra nommer M. Buffet
autant de fois qu'elle l'a repoussé il y
a dix mois, eh bien ! que le maréchal
demande au Sénat l'autorisation de
dissoudre la Chambre. Et s'il estime
que la constitution, telle qu'elle est sor-
tie des mains de ses auteurs, n'est point
viable, rien n'est plus simple. Qu'il en
provoque la révision !
Le maréchal de Mac-Mahon n'a donc
que l'embarras du choix. Mais nous re-
connaissons volontiers qu'il est au
moins deux de ces solutions qui ne
sont point de nature à le séduire bien
vivement. Un appel au pays? Il n'est
pas jusqu'à M. de Broglie qui ne fré-
misse en y pensant. Qu'on en menace
de temps en temps les républicains,
c'est là une satisfaction toute platoni-
que ; mais ceux qui en parlent le plus
haut seraient bien marris si on les met-
tait au pied du mur. Excepté ceux
qui comptent que la France, exaspé-
rée, poussée 'à bout, se jetterait soit
dans les bras des intransigeants, soit
dans les bras de leurs héritiers directs,
les bonapartistes, personne ne veut de
la dissolution.
Et, d'ailleurs, est-on bien sûr que le Sé-
nat donnerait un avis favorable? Ils sont
à droite trois partis dont deux au moins
n'obtiendraient que de nouveaux ho-
rions du suffrage universel, et l'on peut
croire que ces deux-là se montreraient
très-peu empressés à faire le jeu du troi-
sième.
Quant à la révision, il n'est pas pro-
bable que le maréchal la souhaite à ce
moment. Il a même déclaré, à l'époque
des élections générales, que sa volonté
formelle était d'appliquer telle quelle,
jusqu'en 1880, la constitution du 25 fé-
vrier. Or, ce n'est point le Sénat qui le
poussera jamais à user de son droit
en appelant une révision prématurée.
Songez donc à la triste figure que ferait
le Sénat dans le congrès avec une ma-
jorité monarchique de 2 ou 3 voix
contre une Chambre où la majorité
républicaine en compte plus de 200 !
En résumé, si le président de la Ré-
publique hésite depuis huit jours, c'est
beaucoup moins, à notre avis, parce
qu'il n'est point fixé sur la meilleure
résolution à prendre, que parce que la
seule raisonnable, la seule possible, est
un peu différente de ce qu'on lui con-
seille. On a beau tourner et retourner
la situation, il est bien évident qu'à dé-
faut d'un appel au pays ou d'une de-
mande de révision immédiate, il ne
reste qu'une porte, celle de gauche,
pour sortir de la crise. Or, ni le maré-
chal, ni ses conseil1, s extra-parlemen-
taires, ne veulent <*• la dissolution ou,
de la révision. Donc, il faut se résigner
à un cabinet de gauche, le seul qui
puisse vivre.
Mais il est grand temps qu'on en fi-
nisse, car en vérité il n'est pas bien dif-
ficile, de savqir si l'on veut aller à droite
ou à gauche, à la République ou à1
l'aventure. :
E, SCHNERB.
LE PARLEMENT
COURRIER DE LA CHAMBRE
Versailles, 9 décembre 1876.
Plus le temps s'écoule, plus les nerfs se
tendent; et quand ils sont dans cet état, un
rien suffit à les émouvoir, à les ébranler.
Un petit incident comique dénote bien à
quel point de nervosité est arrivée la
Chambre.
M. Grévy, se trompant d'heure et se
croyant en retard, monte au fauteuil prési-
dentiel, sans attendre l'apparat habituel, le
peloton de service aligné sur son passage et
le tambour battant aux champs. Instanta-
nément, tous les esprits travaillent et cha-
cun de forger à part soi les conceptions les
plus sombres et de s'affermir noblement le
cœur contre des événements terribles. Tout
cela, pour une simple demi-heure d'avance!
Qu'eût-cedonc été si M. Grévy se fût trouvé
d'une demi heure en retard ?
Tout le monde est là, dans cette longue
galerie ; chacun gobe des nouvelles, comme
la truite gobe la mouche, avec autant de
gloutonnerie, mais souvent avec moins de
flair. Sur les deux heures, on se jette sur
une comb maison*!ul es Simon ; on la happe
avec délices, on l'avale d'une aspiration, "et
puis. on se met à la digérer. A vrai dire,
l'hameçon dépasse en maint endroit ; mais
ce qui fait éprouver la satisfaction la plus
générale, c'est le triomphe définitif de M.
Léon Say, le maintien à la garde du Trésor
de cet honnête politique que cherchait à
renverser une coalition. comment dirons-
nous? une coalition foncièrement finan-
cière.
A la tribune, M. Cochery, M. Léon Say
et M. le docteur Guyot s'escriment sur la
discussion générale; M. Menier menacé
d'en faire autant. Nous disons : menace, car
le sujet n'est pas absolument folâtre. M.
Menier, particulièrement, arrive précédé
d'une réputation terrible d'économiste ; il a
tout un système a lui, un système d'impôt
sur le capital. Ce discours en perspective
est terrifiant comme une brochure d'écono-
mie politique dont les pages ne sont pas
coupées.
Il faut convenir que M. Ménier doit une
fière chandelle, comme on dit dans l'épice-
rie, aux bonapartistes ! En général les As-
semblées législatives témoignent de la dé-
fiance à l'égard des économistes ; elles les
subissent ; et ce qu'on peut en obtenir de
mieux en pareille occurrence, c'est la rési-
gnation. Il plaît aux bonapartistes de trans-
former cette passivité en sympathie active :
leur tenue indécente attire l'attention géné-
nérale sur l'orateur; les interruptions incon-
venantes qu'ils lancent font écouter cerqu'il
dit.
« Chocolat! cacao! » tels sont les mots fins
que nous pouvons saisir et qui se produisent
sans discontinuité au milieu des ricanements
les plus spirituels. M. Ménier, propriétaire
de la magnifique usine de Noisiel, fabrique
entre autres choses du chocolat. Il paraît
que c'est fort risible ; il paraît que c'est à se
tordre ! Surtout pour ceux qui, pendant dix
ans, ont prôné comme candidat officiel de
l'empire à Paris. qui ? Le chocolatier De-
vinck !
La scène est de la dernière inconvenance.
C'est à se demander si l'on est dans une
Chambre française ou dans une brasserie
fréquentée par des bohèmes bonapartistes.
M. Grévy, occupé à conférer avec un col-
lègue, ne s'aperçoit pas de ce qui se passe,
lorsque tout à coup un mouvement se pro-
duit. M. Ménier, froissé des aimables plai-
santeries auxquelles il est en butte, s'est
tourné vers un de ces hommes d'esprit, qui
se trouve être M. Paul de Cassagnac, et,
d'un ton sec, il lui dit :
« Vous devriez, moins que tout autre,
monsieur, parler de cacao, car votre oncle
était le dépositaire de mon chocolat à la
Martinique. Il est mort, demeurant mon
débiteur pour quelque argent ; si vous pou-
viez me rembourser cette somme, cela
m'obligerait. »
Entre nous, quoique ne tenant pas de très-
près à la discussion générale, l'argument
n'en est pas moins fort. Il vaut bien l'argu-
ment cacao ! M. Paul de Cassagnac en re-
çoit comme un grand coup, puis essaye
immédiatement de réagir; il le fait à sa
maniéré, il injurie l'orateur.
—Monsieur de Cassagnac,intervient M. le
président, vous devriez bien perdre cette ha-
bitude d'être injurieux avec vos collègues.
Le colloque dure quelques instants, vif,
mais sans grand tapage ; puis subitement
il se trouve coupé par un cri formidable
lancé par un quidam du haut d'une tribune
du second étage : « Vive Napoléon IV! »
- Huissiers, faites évacuer la tribune,
dit M. Grévy.
Que voulez-vous que nous vous disions ?
La chose est tellement inepte qu'elle ne
produit même pas d'émotion. Le cri arrive
si bêtement, il y a si peu d'à-propos et tant
de niaiserie dans cette manifestation scan-
daleuse, qu'il est impossible d'y attacher
la moindre importance. A notre avis, toute-
fois, il en ressort une déduction absolue :
si les rodomontades de M. Paul de Cassa-
gnac enflamment à ce point de simples
spectateurs, c'est que M. Grévy a eu grand
tort de laisser prendre aux bonapartistes
un air de jactance to t-à-fait déplacé et une
attitude qui encourage la provocation chez
leurs partisans tout en soulevant le dégoût
chez les autres.
A demain ! à demain ! crie la gauche, qui
vient de subir patiemment M. de Gasté.
Il faut vous dire, — et vous vous en êtes
sans doute aperçus depuis trois jours, —
que le parti républicain ne tient pas à me-
ner grand train le budget des recettes. 11
est tout-à-fait extraordinaire, en effet, qu'on
discute un pareil budget sans avoir devant
soi un cabinet ou tout au moins un mi-
nistre. Le vote des impôts n'est pas une
partie de plaisir pour les députés ; main-
te taxe qui offusque tel honorable ne
parvient à prévaloir que parce que le mi-
nistre des finances réclame pour ainsi dire
un vote de confiance de ses troupes minis-
térielles. Où est, en ce moment, le ministre
qu'il s'agit de couvrir? A quelles combinai-
sons ministérielles le simple député doit-il
faire, à l'heure présente, le sacrifice de ses
préférences personnelles ? Un budget des
recettes, discuté dans de semblables condi-
tions, court de grands risques, il ne faut
pas s'y tromper.
M. le vicomte de Tocqueville éprouve le
besoin de faire une scène à ce sujet ; il ne
comprend pas pourquoi l'on ne presse point
la discussion, ou plutôt il comprend tout,
mais il veut que le parti républicain montre
le fond de sa pensée. En somme, M. le vi-
comte a été bien inspiré de faire cette petite
scène. Les hurlements à la tribune ont ar-
raché à M. Grévy cette réponse catégorique:
« Et si la Chambre croit, vu la situation ac-
tuelle et dans l'état où est le ministère, de-
voir ne pas entrer dans l'étude du budget,
elle fait une chose parfaitement ration-
nelle. »
Enfin, la chose est dite franchement, et
avec l'autorité qui s'attache à la parole pré-
sidentielle. Des applaudissements vigou-
reux, répétés, soulignent les paroles de M.
Grévy. Et le vote de l'ajournement à lundi,
enlevé par 346 voix contre 158, prouve su-
rabondamment à MM. de la droite qu'il y a
dans la Chambre une majorité, et une ma-
jorité formidable, qui ne redoute pas les pe-
tites intrigues, parce qu'elle est en même
temps et la force et le droit.
PAUL LAFARGUE.
':;<#ÀF" ——
Echos de la Chambre
Pour peu que la crise ministérielle se pro-
longe encore quelques jours, nous serons obli-
gés de faire clicher une phrase immuable sur
« l'animation fiévreuse qui règne à la Cham-
bre ». C'est tout simplement vertigineux. De
deux à cinq heures, tandis qu'en séance des-
orateurs, admirables de dévouement, se pas.
sionnent à froid pour le budget des recettes-
la salle des Pas-Perdus ressemble à une four-
milière. Chacun va, vient, court et demande
des nouvelles ; personne n'en a de précises.
Dans les couloirs, on remarque un grand nom-
bre de sénateurs, presque tous les députés en
rupture de séance, une foule de journalistes et
M. Estancelin, ressuscité pour la circonstance.
La quantité decombinaisons mort-nées, écloses
depuis le commencement de la crise, est ini-
maginable. Chaque minute amène son minis-
tère, et l'on peut dire que depuis huit jours
il n'y a peut-être pas un député ou sénateur,
même de la droite, qui n'ait été ministre in
p-etto. t t t. t.. Il
Et comme si cette surexcitation ministérielle
ne suffisait pas à mouvementer les couloirs, il
faut encore que des incidents d'un ordre tout
particulier viennent. apporter leur contingent
d'agitation. C'est ainsi qu'hier nous avons e u
deux intermèdes, l'un pendant, l'autre après la
séance. Le premier entre MM. Ménier et Paul de
Cassagnac. Mon collaborateur Lafargue vous a
conté le point de départ : interruption saugre-
nue de M. de Cassagnac et riposte ad hominetn
de M. Menier. La chose a eu des snites dans
les couloirs. M. de Cassagnac, qui veut bien
interrompre à tout propos, mais n'ainie pas les
répliques, a envoyé un de ses amis, M. Robert
Mitchell, demander à M. Ménier de faire reti-
rer du compte-rendu officiel le petit passage
relatif à son oncle, le chocolatier de la Marti-
nique. M. Ménier a très-énergiquement et très
justement refusé de faire droit à cette récla-
mation, et voilà comme, grâce à une interrup-
tion déplacée, la France et l'Europe sauront
demain qu'un membre de la famille des Cassa-
gnac a négligé d'acquitter les factures de la
maison Ménier. Déplorable résultat des inter-
ruptions !
.w..w.
Le second incident a pris naissance dans
une des tribunes publiques et s'est terminé ù
la porte de la Chambre. Un individu, qui n'est
pas M. Tristan Lambert, a eu la mauvaise idée
de crier : Vive l'Empereur! au beau milieu de
la séance. Immédiatement cueilli par les huis-
siers, il a été conduit dans le petit salon des
journalistes pour y attendre la décision des
questeurs.
Rappelons en passant que c'est la troisième
aventure de ce genre qui se produit depuis
peu à la Chambre. On croirait que les fous de-
venus bonapartistes ou les bonapartistes deve-
nus fous s'y donnent rendez-vous pour venir y
affirmer, du même coup, leurs convictions et
leur dérangement d'esprit.
L'individu arrêté hier paraît être un éner-
gumène du dernier degré. C'est un grand gail-
lard, d'une quarantaine d'annéss, presque
convenablement vêtu, mais de mine plus que
douteuse: une blouse blanche en redingote. Les
accroche-cœurs aux tempes, l'inévitable bar-
biche à l'impériale, le pardessus boutonné jus-
qu'au collet, le chapeau à larges bords, le re-
gard en dessous, tout y était. Un casse-tête à
la main, le personnage eût été complet. Il n'a-
vait qu'un parapluie.
Interrogé par l'un des questeurs,M. Margaine,
cet homme a déclaré se nommer Jomer, Jober
ou Jobar, et demeurer rue Montmartre à Paris.
Il s'ast obstinément refusé à nommer le député
de qui il tenait sa carte d'entrée.
L excellent M. Margaine, avec une préve-
nance que tout le monde approuvera, s'est em-
pressé de mettre son interlocuteur à la dispo-
sition du commissaire de police, qui finira bien
par connaître les antécédents, la situation, et
les relations de cet individu, et par savoir si
c'est Jomer, Jober ou Jobar qu'il se nomme.
Nous tenons pour Jobars.
EMMANUEL ARÈNE.
-♦»
Diffamation
La cour de Besançon compte parmi
ses présidents de chambre M. Willemot,
qui, en 1852, fut membre des commis-
sions mixtes. Or, au mois de juillet der-
nier, un journal de Vesoul, l'Avenir cle
la Iîaute-Saône, dans un article intitulé:
Echanges de leçons de morale, s'avisa de
parler peu glorieusement de ces com-
missions mixtes : il osa imprimer «qu'en
avoir fait partie, c'était s'être associé à
des crimes ». Un autre que M. Willemot
se fût peut-être dispensé de relever l'at-
taque, il eût même profité de ce qu'il
n'était pas nommé dans l'article pour
ne pas se reconnaître. Mais M. Willemot
est, paraît-il, fier d'avoir figuré dans les
commissions mixtes comme d'autres
magistrats le seraient de n'y avoir pas
figuré. Il n'entend pas que l'on parle mal
d'un acte qui est, selon lui, l'honneur de
sa vie. Il poursuivit le journal républicain
devant le tribunal correctionnel de Ve-
soul.
L'ôvéi}ement ne répondit pas à son
attente. En première instance l'Avenir
de la Haute-Saône fut acquitté. M. Wil-
lemot a été plus heureux en appel de-
vant la cour de Besançon. La cour a
reconnu qu'il avait été publiquement
diffamé, a condamné le prévenu à payer
an demandeur la somme de 2,000 fr.
à titre de dommages-intérêts, a ordonné
l'insertion du jugement dans les jour-
naux de la Haute-Saône et dans trois
journaux de Paris.
Entre ces deux sentences contradic-
toires, nous nous'garderons bien de pro-
noncer. Un juge plus haut, la cour de
cassation, sera vraisemblablement sai-
si de l'affaire; il n'est pas probable que
l'Avenir de la Ifaute-Saône se résigne
à sa condamnation sans avoir épuisé
toutes les formes de la justice. Pour
nous, il nous suffira de citer l'un des
considérants du jugement de la cour de
Besançon :
« Attendu, dit l'arrêt, que, s'il est
permis de discuter comme fait histori-
que le droit dont le gouvernement a usé
en créant des commissions, on ne sau-
rait reconnaître à personne celle d'ac-
cuser les fonctionnaires qui en faisaient
partie de s'être associés à des crimes
alors que ces fonctionnaires remplis-
saient un devoir. »
Ce n'est pas sans quelque surprise
que nous avons appris pour notre part
que les magistrats qui ont consenti à sié-
ger dans les commissions mixtes, bien
loin de s'associer à des crimes, avaient
rempli un devoir. Tel n'était pas l'avis
de M. le garde des sceaux, le ministre
de la justice, le défenseur de l'honneur
de ses subordonnés, le 25 mars 1871,
lorsque du haut de la tribune, l'honora-
ble M. Dufaure, en des paroles qui ne
seront jamais oubliées, flétrissait les
magistrats qui avaient fait partie de ces
commissions, ne voulant pas qu'ils fus-
sent expulsés de leur siège par un acte
du pouvoir. « Ils ont jugé sans con-
naître, disait M. le garde des sceaux, ils
ont condamné sans entendre, ils ont,
eux, les magistrats chargés d'exécuter
la loi/de la faire respecter, ils ont in-
venté des peines sans nom pour des dé-
lits inconnus, et ce qui est plus fort, tel
d'entre eux a, en face de prétendus cou-
pables, détruit l'inamovibilité qu'il in-
voque aujourd'hui. » M. Dufaure expri-
mait la conviction que ces hommes se
feraient justice en donnant leur démis-
sion. Il n'en ont rien fait, on le sait, et
nous voyons l'un d'eux aujourd'hui
poursuivre comme diffamateur un jour-
nal qui s'est permis de lui rappeler son
passé.
¿ Où donc pouvait être le devoir à un
magistrat d'accepter une place parmi
les juges des commissions mixtes? Un
magistrat, en dépit de l'assimilation ten-
tée par le considérant que nous avons
cité, n'est pas un simple fonctionnaire,
un pur instrument du pouvoir, tenu à
l'obéissance passive. Le magistrat au
contraire est élevé au-dessus des inci-
dents de la politique et des coups de la
fortune ; son rôle est de rendre justice à
tous, grands et petits, et par serment pro-
fessionnel il s'est engagé à respecter avant
tout la constitution et les lois. Il rend
des arrêts et non des services ; et c'est
précisément pour qu'il n'eût rien à re-
douter des conséquences de son cou-
rage, pour qu'iljugeât toujours dans l'in-
dépendance de sa conscience, que la
loi, la seule majesté dont il relève, l'a
fait inamovible.
Le Deux-Décembre était la violation
de la loi et de la constitution. Son au-
teur lui-même ne s'en cachait pas. « Je
suis sorti, disait-il, de la légalité pour
rentrer dans l'ordre. » Ceux qui avaient
pris les armes contre ce conspirateur
les avaient prises pour défendre et la
constitution et la loi ; et c'étaient eux
cependant que les hommes des com-
missions mixtes acceptaient la mission
de condamner, d'envoyer mourir à
Cayenne ou à Lambessa!
Ils ne se bornaient pas à accepter
cette tâche. Les jugements des com-
missions mixtes ont été rendus en vio-
lation de toutes les formalités protec-
trices de l'innocence, gardiennes du
droit, qu'ont pratiquées et pratiquent
tous les pays. Les victimes des com-
missions mixtes ont été condamnées
sans enquête contradictoire, sans être
entendues, sans être admises à se défen-
dre. Des magistrats se sont trouvés ea
France pour accepter ce triste rôle.
Les garanties que la loi de Lynch elle-
même ne refuse pas aux accusés,
ont été refusées par les magistrats
des commissions mixtes à des hommes
dont le seul crime était d'avoir ré-
sisté au crime. S'il faut parler de de-
voir à propos des commissions mix-
tes, nous persistons à croire qu'en ces
jours néfastes le devoir n'était pas du
côté des juges.
CHARLES BIGOT.
-.------ ————————
Voici quelques-uns des motifs de l'arrêt
rendu par la cour de Besançon, qui décide
que le fait d'avoir dit d'un magistrat qu'il
s'était associé à des crimes en faisant partie
des commissions mixtes constitue le éHt
de diffamation :
« Attendu que, s'il est permis de discuter
comme fait historique le droit dont le gouver-
nement a usé en créant ces commissions, on
ne saurait reconnaître à personne celui d'ac-
cuser les fonctionnaires qui en faisaient partie
de s'être associés à des crimes, alors que ces
fonctionnaires remplissaient un devoir ;
» Qu'une semblable accusation dépasse les
bornes d'une juste critique et doit être consi-
dérée comme une diffamation ;
» Qu'en effet, assimiler à des -criminels les
membres qui les composaient, c'est déverser
sur eux un blâme outrageant, les signaler au
mépris public et porter l'atteinte la plus grave
à leur honneur et à leur considération ;
- » Attendu que c'est en vain que l'on a soute-
nu au nom du journal que le président Wil-
lemot n'étant pas suffisamment désigné dans
l'article incriminé, son action n'était pas rece-
vable ;
>> Qu'on pourrait déjà prétendre avec quelque
raison qu'alors même qu'il n'y serait pas per-
sonnellement visé, sa seule qualité bien connue
de membre des commissions mixtes lui aurait
donné le droit d'agir ; mais qu'il ressort de
l'examen attentif de l'article que le rédacteur
a eu tout spécialement en vue sa personnalité,
et que c'est à lui-même que s'adressait l'accu-
sation dont il s'agit :
» Que, par la publicité donnée à cet ar-
ticle du journal, il en a éprouvé une préjudice
réel ;
» Déclare Ci val, en sa qualité de gérant du
journal FAceTMr de la Haute-Saône, convaincu
d'avoir, dans le numéro dudit journal, portant
la date du 23 juillet 1876, et dans un article in-
titulé : Echange de leçons de morale, publique-
ment diffamé le président Willemot en disant
« qu'avoir fait partie des commissions mixtes,
c'était s'être associé à des crimes ; »
» Le condamne, en conséquence, à payer au
demandeur la somme de 2,000 fr. à titre de
dommages-intérêts ;
» Ordonne l'insertion dans les journaux de
la Haute-Saône et dans trois journaux de Paris.»
Nouvelles d'Orient
On télégraphie le 8 de Vienne à la Gazette
de Cologne :
«D'après des renseignements authentiques
reçus de Tiflis, l'armée russe du Caucase ne
pénétrera dans la Turquie d'Asie que si les
Russes rencontrent de la résistance en Bulga-
rie. »
Au contraire, d'après une information du
Tagblatt de Vienne, les armées russes du Cau-
case et du sud franchiraient simultanément.
l'une la frontière russo-turque, l'autre la fron-
tière russo-roumaine.
D'après la même source, l'imprimerie de l'U-
niversité de Moscou aurait imprimé 100,000
exemplaires d'une proclamation roumaine
destinés à être distribués à la population lors
de l'entrée des Russes en Roumanie.
D'après une nouvelle de Bucharest, une en-
trevue aura lieu le 16 entre le commandant en
chef de l'armée russe et le prince Charles, et le
commandant en chef de l'armée roumaine sera
nommé le même jour.
L'agenoe russe nous communique la dépêche
suivante :
St-Pétersbourg, 8 décembre 1876, 11 h. soir.
La première réunion des plénipotentiaires
de la conférence de Constantinople a eu lieu
aujourd'hui chez le général Ignatieff, doyen.
Il est probable qu'ils éliront lord jSalisbury
président, alors les réunions auront lieu chez
lui.
Ces réunions sont préliminaires à la confé-
rence officielle, mais elles sont importantes,
ayant à décider les points difficiles. (
Le gouvernement ottoman lève dans tout
l'empire les hommes de 21 à 40 ans. Les popu-
lations murmurent. A Constantinople, deux
nouveaux partis s'agitent, celui de l'ex-sultan
Mourad,; actuellement guéri, et celui d'Izzed-
dine, fils d'Abdul-Aziz.-
Aujourd'hui a lieu la cérémonie de la fête de
Saint-Georges. A cette occasion, l'empereur
Alexandre a reçu de l'empereur d'Autriche
une lettre amicale de félicitations.
Les habitants de Varsovie ont fait parvenir
à l'empereur une adresse où ils déclarent se
rallier, comme membres de la même famille
slave, aux expresssions de fidélité et de dé-
vouement des autres parties de l'empire, et à
leurs déclarations en faveur des frères du
sud.
Constantinople, 8 décembre, s.
Le marquis de Salisbury a eu trois entrevues
avec le général Ignatieff. On assure, dans les
cercles diplomatiques, qu'ils ont témoigné l'un
et l'autre un grand désir d'entente et un grand
esprit de conciliation.
On espère qu'à la suite de ces entrevues, si
la Russie n'a pas abandonné son projet d'occu-
pation, elle le présentera à la conférence dans
des conditions telles que l'Angleterre pourra
ne pas y faire d'opposition.
Les conférences préliminaires commenceront
lundi.
Vienne, 9 décembre.
La Nouvelle Presse libre confirme la nouvelle
publiée le 4 courant, par la Correspondance po-
litique et relative au nouvel impôt de guerre
décrété par la Porte.
Chaque sujet mâle du sultan âgé de cinq à
soixante ans devra payer une taxe person-*
nelle de quinze piastres.
Constantinople, 6, décembre (arrivée le 9),
Demain aura lieu la première réunion préli-
minaire chez le général Ignatieff. Les confé-
rences préliminaires dureront quelques jours.
Les ministres turcs et les ambassadeurs ont
rendu visite, aujourd'hui, au marquis de Salis-
bury. Ce diplomate aura demain une audience
du sultan.
Aujourd'hui, dîner diplomatique à l'ambas-
sade d'Autriche.
Rome, 8 décembre.
Le Bersagliere annonce que la flotte an.
glaise passera l'hiver à Salonique.
Une réunion des députés de la Sicile a eu
lieu dans le but de rechercher les moyens
les plus propres à aider le gouvernement dans
la question de la sûreté publique en Sicile.
Raguse, 8 décembre, soir.
Dans l'après-midi sont arrivés à Gravosa les
vapeurs de guerre Medjidié et Taëf avec des
provisions de blé pour Trebigne. Le délégué
monténégrin près du camp serbe est arrivé à
Verbitza. Il continuera demain sa route par
Cettigne. On s'attend à la mise en liberté de
Musich.
Londres, 9 décembre.
Dépêches des journaux anglais ;
Vienne, 8 décembre.
On annonce officieusement que les arme-
ments russes ne sont pas poussés avec beau-
coup d'activité en ce moment.
Dans les cercles dirigeants de Saint-Péters-
bourg, on signale maintenant des dispositions
plus modérées qu'avant le discours de M. de
Bismarck. (Daily-Neies.)
Berlin, 8 décembre.
Les commandants des forteresses turquea
sur le Danube ont reçu ordre d'approvision-
ner les magasins pour huit mois.
Roustchouk recevra 30,000 hommes de trou-
pes asiatiques. (Dailjr-News.)
Athènes, 8 décembre, soir.
Le nouveau ministère est ainsi constitué :
Lundi 11 Décembre 1876
LI l*i 1 ÀyIïÀ Y1 QÏFPÏ F
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
ADMINISTRATION
Adresser les Lettres et Mandats à l'Administrateur
nxe cie Lafayette, S3
Les Manuscrits'non insérés ne seront pas rendus.
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois 13 fr.
Six mois. • - 5 *
Un an., 50 »
DEPARTEMENTS
Trois mois ||r h i
SIX a,f: : ydlÎK
Un an. '-'-
t ,
ANNONCES : Chez MM. LAGRANGE /ékrh'",
G, place de la Bout'se}\9* (t *
, m
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
5S» ria.e cie Lafayette
Les Lettres non affranchies seront refusées.
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois 13 fr.
Six mois 25 )>
Un an. 50 »
DEPARTEMENTS
Trois mois 16 fr.
Six mois. 32 »
U n an. 62 »
--.I\I' .l.',vv-
ANNONCES : Chez MM. LAGRANGE, CERF et Cie
6, place de la Bourte, 0
BULLETIN
Paris, 10 décembre 1876.
La Chambre des députés a continué hier
la discussion du budget des recettes.
Au moment où nous mettons sous presse
la crise ministérielle n'est pas terminée.
Les réunions de la conférence prélimi-
naire doivent commencer lundi à Constan-
tinople. En attendant, les ambassadeurs
échangent- de nombreuses visites. On re-
marque surtout les longues entrevues du
général Ignatieff [avec le marquis de Salis-
bury, et quelques dépêches annoncent « que
l'accord des puissances n'est pas impossi-
ble. » Le Nord commente ces nouvelles et
ajoute :
« Il faudrait désespérer en effet de la sa-
gesse des gouvernements si, après tout ce
qui s'est passé, après toutes les expérien-
ces qu'on a faites, il pouvait y avoir encore
des doutes sur les conditions indispensables
d'une pacification efficace. La Porte continue
d'ailleurs à se charger elle-même de couper
court à toute hésitation. Le laborieux en-
fantement de la fameuse constitution de
Midhat-Pacha vient de se heurter à de nou-
velles difficultés, en dépit du démenti que
les dépêches officielles turques avaient in-
fligé aux bruits d'un désaccord entre le
grand-vizir et le président du conseil d'Etat.
Ce pénible travail paraît décidément devoir
; aboutir à un avortement complet. »
Un télégramme adressé de Constantino-
ple au Standard annonce qu'on aurait dé-
couvert mardi dernier une conspiration
pour déposer le sultan. Six des conspira-
teurs ont été surpris sous un déguisement
et arrêtés dans le palais même. Leur
plan était d'enlever l'ex-sultan Mourad et
de l'emmener dans un bateau à vapeur jus-
qu'à Athènes. Arrivés dans cette ville, ils
auraient proclamé que Mourad avait re-
couvré la raison, et que par conséquent,
Hamid était un usurpateur. Les conspira-
teurs arrêtés sont de diverses nationa-
lités.
Un grand meeting composé de délégués
venus de toutes les parties de l'Angleterre
a été tenu vendredi soir à Londres, dans le
but de protester contre la politique suivie
par le gouvernement anglais dans la ques-
tion d'Orient.
M. Gladstone a prononcé un grand dis-
cours. Il déclare que la Turquie a violé, a
mis à néant, le traité de Paris; mais il main-
tient que le gouvernement anglais, par ses
- déclarations et l'envoi de sa flotte dans la
baie de Besika, a encouragé la Turquie. Il
insiste sur ce point que le peuple anglais ne
, veut pas que lord Salisbury appuie dans la
conférence des intérêts de tyrannie et de
corruption. Il attaque vivement la corrup-
tion, la cruauté, la mesquinerie, la fausseté,
la mauvaise foi des Turcs. Il déclare haute-
ment que, dans sa conviction, il faut faire
cesser la suprématie absolue de la Turquie
dans la Bulgarie, la Bosnie et l'Herzégo-
vine. L'intervention étrangère est indispen-
sable.
M. Gladstone fait ensuite l'éloge de l'em-
pereur Alexandre et du peuple russe. Il ad-
met cependant que la bureaucratie et le mi-
litarisme des Russes doivent éveiller des
toupçons. Il parle enfin en faveur des Hel-
lènes ; il voudrait que l'Angleterre s'asso-
ciât loyalement à l'œuvre, et à l'affranchis-
, sement de l'Orient : c'est son devoir, c'est
sa tradition.
Le ministère grec est reconstitué sous la
présidence de M. Deligeorgis.
Bourse de Paris
Clôture le 8 déc. le 9 dée. Iff auslae Baisae
3 0/0
Comptant.. 70 70 70 15 05
Fin cour , 70.75 ./« 70 72 1/2 (2 1/2
4 1/2 O/O
Comptant.. 100 25 100 6) 35
5 O/O
Comptant, 104 50 104 40 10
V\\i cour 104 50 104 45 05.
PETITE BOURSE DU SOIR
Emprunt 3 0/0. 7J fr. 70, G7 1/2, 72 1/2.
Emprunt 5 0/0. 104 fr. 50,45, 471/2.
ggypte '* »**-. 259 fr. 37.
Marché sans affaires.
-
LA C R I S ED
Nous étions bien renseignés hier quand
nous annoncions une nouvelle entrevue de
M. le duc d'Audiffret-Pasquier avec le pré-
sident de la République. Cette entrevue a
eu lieu vendredi à neuf heures du soir. M.
le président du Sénat, abandonnant l'idée
désormais irréalisable de restaurer en son
-entier le cabinet démissionnaire, a nette-
ment conseillé au maréchal un cabinet de
gauche en lui assurant que le nom de M.
Jules Simon comme président du cabinet
recevrait un accueil favorable.
C'est sur ce terrain qu'a commencé une
longue discussion, à l'issue de laquelle M.
le président de la République se déclarait
résolu à confier un portefeuille à M. Jules
Simon, mais non la présidence du conseil.
C'est alors que surgit l'idée de demander à-
M. Dufaure de conserver la présidence,
mais sans portefeuille. Dans ce cas, le ml-:
nistère de la justice eût été dévolu à un
membre de la gauche.
*
If. *
Hier matin, tout le monde pensait que M.
Dufaure acceptait cette combinaison.. M.
Jules Simon n'avait pourtant pas encore été
consulté; néanmoins, on considérait déjà
comme définitif un cabinet présidé par M.
Dufaure, ministre sans portefeuille, avec
M. Jules Simon à l'intérieur et M. Bardouxt
à la justice, [
*
* *
A une heure, toute la combinaison était
à vau-l'eau. Un conseil des ministres avait
eu lieu et M. Dufaure y avait déclaré ne
vouloir pas accepter la situation exception-
nelle et tout honorifique qu'on lui offrait.
En outre, on fit observer que dans la com-
binaison précitée, M. de Marcère était le
seul qui fût évincé, tandis que le général
Berthaut conservait son portefeuille. Cela
seul eût donné au cabinet une signification
équivoque et qu'on ne pouvait admettre.
*
# *
Après le conseil, M. Dufaure a eu une
entrevue avec le président de la Républi-
que, venu tout exprès à Versailles, et lui,a
fait part de sa résolution personnelle ainsi
que des déclarations des anciens ministres.
Tous les efforts du maréchal ont échoué
contre l'inflexible décision de M. Dufaure,
et c'est à la suite de cet entretien que le con-
seil des ministres a été de nouveau convo-
qué pour hier soir à l'Elysée.
A une heure du matin on ne savait rien
encore de ce qui avait été décidé. Toutefois
nous ne croyons pas trop nous avancer en
disant que, selon toute vraisemblance, M.
Jules Simon sera appelé aujourd'hui à la
Présidence.
A ce propos,nous devons répéter que mal-
gré tous les bruits contraires, M. Jules Si-
mon n'a eu jusqu'à cette heure aucune en-
trevue avec le maréchal.
—————————
Pour le coup, c'est un peu long.
Hier à deux heures nous avions un ca-
binet ; le soir tout était rompu. Que se
passe-t-il ? La crise a commencé il y a
huit jours, et depuis lors, il n'est pas
une seule combinaison qui n'ait été exa-
minée. On a parlé d'un cabinet de droite,
d'un cabinet de gauche, d'un cabinet
d'affaires, d'un cabinet de conflit, d'un
cabinet de dissolution. Et c'est au mo-
ment où tout semble résolu que tout
est remis en question. Qu'est-ce que cela
veut dire ? On a toujours représenté le
maréchal de Mac-Mahon comme un
homme de résolution, allant droit de-
vant lui, aussi incapable d'hésiter de-
vant un péril que de tergiverser devant
un devoir, Et voilà huit jours qu'on at-
tend de lui un acte de fermeté et de ré-
solution.
On conviendra pourtant que si le ma-
réchal est prisonnier, comme on l'a dit,
dans la constitution, M a toutes facilités
pour s'y mouvoir à l'aise. Veut-il sin-
cèrement pratiquer le régime républi-
cain ? Qu'il confie le pouvoir à des amis
de la République. Si, au contraire, il
s'est laissé déjà convaincre que la
Chambre des députés ne représente
plus le pays et que la France aspire au
jour où elle pourra nommer M. Buffet
autant de fois qu'elle l'a repoussé il y
a dix mois, eh bien ! que le maréchal
demande au Sénat l'autorisation de
dissoudre la Chambre. Et s'il estime
que la constitution, telle qu'elle est sor-
tie des mains de ses auteurs, n'est point
viable, rien n'est plus simple. Qu'il en
provoque la révision !
Le maréchal de Mac-Mahon n'a donc
que l'embarras du choix. Mais nous re-
connaissons volontiers qu'il est au
moins deux de ces solutions qui ne
sont point de nature à le séduire bien
vivement. Un appel au pays? Il n'est
pas jusqu'à M. de Broglie qui ne fré-
misse en y pensant. Qu'on en menace
de temps en temps les républicains,
c'est là une satisfaction toute platoni-
que ; mais ceux qui en parlent le plus
haut seraient bien marris si on les met-
tait au pied du mur. Excepté ceux
qui comptent que la France, exaspé-
rée, poussée 'à bout, se jetterait soit
dans les bras des intransigeants, soit
dans les bras de leurs héritiers directs,
les bonapartistes, personne ne veut de
la dissolution.
Et, d'ailleurs, est-on bien sûr que le Sé-
nat donnerait un avis favorable? Ils sont
à droite trois partis dont deux au moins
n'obtiendraient que de nouveaux ho-
rions du suffrage universel, et l'on peut
croire que ces deux-là se montreraient
très-peu empressés à faire le jeu du troi-
sième.
Quant à la révision, il n'est pas pro-
bable que le maréchal la souhaite à ce
moment. Il a même déclaré, à l'époque
des élections générales, que sa volonté
formelle était d'appliquer telle quelle,
jusqu'en 1880, la constitution du 25 fé-
vrier. Or, ce n'est point le Sénat qui le
poussera jamais à user de son droit
en appelant une révision prématurée.
Songez donc à la triste figure que ferait
le Sénat dans le congrès avec une ma-
jorité monarchique de 2 ou 3 voix
contre une Chambre où la majorité
républicaine en compte plus de 200 !
En résumé, si le président de la Ré-
publique hésite depuis huit jours, c'est
beaucoup moins, à notre avis, parce
qu'il n'est point fixé sur la meilleure
résolution à prendre, que parce que la
seule raisonnable, la seule possible, est
un peu différente de ce qu'on lui con-
seille. On a beau tourner et retourner
la situation, il est bien évident qu'à dé-
faut d'un appel au pays ou d'une de-
mande de révision immédiate, il ne
reste qu'une porte, celle de gauche,
pour sortir de la crise. Or, ni le maré-
chal, ni ses conseil1, s extra-parlemen-
taires, ne veulent <*• la dissolution ou,
de la révision. Donc, il faut se résigner
à un cabinet de gauche, le seul qui
puisse vivre.
Mais il est grand temps qu'on en fi-
nisse, car en vérité il n'est pas bien dif-
ficile, de savqir si l'on veut aller à droite
ou à gauche, à la République ou à1
l'aventure. :
E, SCHNERB.
LE PARLEMENT
COURRIER DE LA CHAMBRE
Versailles, 9 décembre 1876.
Plus le temps s'écoule, plus les nerfs se
tendent; et quand ils sont dans cet état, un
rien suffit à les émouvoir, à les ébranler.
Un petit incident comique dénote bien à
quel point de nervosité est arrivée la
Chambre.
M. Grévy, se trompant d'heure et se
croyant en retard, monte au fauteuil prési-
dentiel, sans attendre l'apparat habituel, le
peloton de service aligné sur son passage et
le tambour battant aux champs. Instanta-
nément, tous les esprits travaillent et cha-
cun de forger à part soi les conceptions les
plus sombres et de s'affermir noblement le
cœur contre des événements terribles. Tout
cela, pour une simple demi-heure d'avance!
Qu'eût-cedonc été si M. Grévy se fût trouvé
d'une demi heure en retard ?
Tout le monde est là, dans cette longue
galerie ; chacun gobe des nouvelles, comme
la truite gobe la mouche, avec autant de
gloutonnerie, mais souvent avec moins de
flair. Sur les deux heures, on se jette sur
une comb maison*!ul es Simon ; on la happe
avec délices, on l'avale d'une aspiration, "et
puis. on se met à la digérer. A vrai dire,
l'hameçon dépasse en maint endroit ; mais
ce qui fait éprouver la satisfaction la plus
générale, c'est le triomphe définitif de M.
Léon Say, le maintien à la garde du Trésor
de cet honnête politique que cherchait à
renverser une coalition. comment dirons-
nous? une coalition foncièrement finan-
cière.
A la tribune, M. Cochery, M. Léon Say
et M. le docteur Guyot s'escriment sur la
discussion générale; M. Menier menacé
d'en faire autant. Nous disons : menace, car
le sujet n'est pas absolument folâtre. M.
Menier, particulièrement, arrive précédé
d'une réputation terrible d'économiste ; il a
tout un système a lui, un système d'impôt
sur le capital. Ce discours en perspective
est terrifiant comme une brochure d'écono-
mie politique dont les pages ne sont pas
coupées.
Il faut convenir que M. Ménier doit une
fière chandelle, comme on dit dans l'épice-
rie, aux bonapartistes ! En général les As-
semblées législatives témoignent de la dé-
fiance à l'égard des économistes ; elles les
subissent ; et ce qu'on peut en obtenir de
mieux en pareille occurrence, c'est la rési-
gnation. Il plaît aux bonapartistes de trans-
former cette passivité en sympathie active :
leur tenue indécente attire l'attention géné-
nérale sur l'orateur; les interruptions incon-
venantes qu'ils lancent font écouter cerqu'il
dit.
« Chocolat! cacao! » tels sont les mots fins
que nous pouvons saisir et qui se produisent
sans discontinuité au milieu des ricanements
les plus spirituels. M. Ménier, propriétaire
de la magnifique usine de Noisiel, fabrique
entre autres choses du chocolat. Il paraît
que c'est fort risible ; il paraît que c'est à se
tordre ! Surtout pour ceux qui, pendant dix
ans, ont prôné comme candidat officiel de
l'empire à Paris. qui ? Le chocolatier De-
vinck !
La scène est de la dernière inconvenance.
C'est à se demander si l'on est dans une
Chambre française ou dans une brasserie
fréquentée par des bohèmes bonapartistes.
M. Grévy, occupé à conférer avec un col-
lègue, ne s'aperçoit pas de ce qui se passe,
lorsque tout à coup un mouvement se pro-
duit. M. Ménier, froissé des aimables plai-
santeries auxquelles il est en butte, s'est
tourné vers un de ces hommes d'esprit, qui
se trouve être M. Paul de Cassagnac, et,
d'un ton sec, il lui dit :
« Vous devriez, moins que tout autre,
monsieur, parler de cacao, car votre oncle
était le dépositaire de mon chocolat à la
Martinique. Il est mort, demeurant mon
débiteur pour quelque argent ; si vous pou-
viez me rembourser cette somme, cela
m'obligerait. »
Entre nous, quoique ne tenant pas de très-
près à la discussion générale, l'argument
n'en est pas moins fort. Il vaut bien l'argu-
ment cacao ! M. Paul de Cassagnac en re-
çoit comme un grand coup, puis essaye
immédiatement de réagir; il le fait à sa
maniéré, il injurie l'orateur.
—Monsieur de Cassagnac,intervient M. le
président, vous devriez bien perdre cette ha-
bitude d'être injurieux avec vos collègues.
Le colloque dure quelques instants, vif,
mais sans grand tapage ; puis subitement
il se trouve coupé par un cri formidable
lancé par un quidam du haut d'une tribune
du second étage : « Vive Napoléon IV! »
- Huissiers, faites évacuer la tribune,
dit M. Grévy.
Que voulez-vous que nous vous disions ?
La chose est tellement inepte qu'elle ne
produit même pas d'émotion. Le cri arrive
si bêtement, il y a si peu d'à-propos et tant
de niaiserie dans cette manifestation scan-
daleuse, qu'il est impossible d'y attacher
la moindre importance. A notre avis, toute-
fois, il en ressort une déduction absolue :
si les rodomontades de M. Paul de Cassa-
gnac enflamment à ce point de simples
spectateurs, c'est que M. Grévy a eu grand
tort de laisser prendre aux bonapartistes
un air de jactance to t-à-fait déplacé et une
attitude qui encourage la provocation chez
leurs partisans tout en soulevant le dégoût
chez les autres.
A demain ! à demain ! crie la gauche, qui
vient de subir patiemment M. de Gasté.
Il faut vous dire, — et vous vous en êtes
sans doute aperçus depuis trois jours, —
que le parti républicain ne tient pas à me-
ner grand train le budget des recettes. 11
est tout-à-fait extraordinaire, en effet, qu'on
discute un pareil budget sans avoir devant
soi un cabinet ou tout au moins un mi-
nistre. Le vote des impôts n'est pas une
partie de plaisir pour les députés ; main-
te taxe qui offusque tel honorable ne
parvient à prévaloir que parce que le mi-
nistre des finances réclame pour ainsi dire
un vote de confiance de ses troupes minis-
térielles. Où est, en ce moment, le ministre
qu'il s'agit de couvrir? A quelles combinai-
sons ministérielles le simple député doit-il
faire, à l'heure présente, le sacrifice de ses
préférences personnelles ? Un budget des
recettes, discuté dans de semblables condi-
tions, court de grands risques, il ne faut
pas s'y tromper.
M. le vicomte de Tocqueville éprouve le
besoin de faire une scène à ce sujet ; il ne
comprend pas pourquoi l'on ne presse point
la discussion, ou plutôt il comprend tout,
mais il veut que le parti républicain montre
le fond de sa pensée. En somme, M. le vi-
comte a été bien inspiré de faire cette petite
scène. Les hurlements à la tribune ont ar-
raché à M. Grévy cette réponse catégorique:
« Et si la Chambre croit, vu la situation ac-
tuelle et dans l'état où est le ministère, de-
voir ne pas entrer dans l'étude du budget,
elle fait une chose parfaitement ration-
nelle. »
Enfin, la chose est dite franchement, et
avec l'autorité qui s'attache à la parole pré-
sidentielle. Des applaudissements vigou-
reux, répétés, soulignent les paroles de M.
Grévy. Et le vote de l'ajournement à lundi,
enlevé par 346 voix contre 158, prouve su-
rabondamment à MM. de la droite qu'il y a
dans la Chambre une majorité, et une ma-
jorité formidable, qui ne redoute pas les pe-
tites intrigues, parce qu'elle est en même
temps et la force et le droit.
PAUL LAFARGUE.
':;<#ÀF" ——
Echos de la Chambre
Pour peu que la crise ministérielle se pro-
longe encore quelques jours, nous serons obli-
gés de faire clicher une phrase immuable sur
« l'animation fiévreuse qui règne à la Cham-
bre ». C'est tout simplement vertigineux. De
deux à cinq heures, tandis qu'en séance des-
orateurs, admirables de dévouement, se pas.
sionnent à froid pour le budget des recettes-
la salle des Pas-Perdus ressemble à une four-
milière. Chacun va, vient, court et demande
des nouvelles ; personne n'en a de précises.
Dans les couloirs, on remarque un grand nom-
bre de sénateurs, presque tous les députés en
rupture de séance, une foule de journalistes et
M. Estancelin, ressuscité pour la circonstance.
La quantité decombinaisons mort-nées, écloses
depuis le commencement de la crise, est ini-
maginable. Chaque minute amène son minis-
tère, et l'on peut dire que depuis huit jours
il n'y a peut-être pas un député ou sénateur,
même de la droite, qui n'ait été ministre in
p-etto. t t t. t.. Il
Et comme si cette surexcitation ministérielle
ne suffisait pas à mouvementer les couloirs, il
faut encore que des incidents d'un ordre tout
particulier viennent. apporter leur contingent
d'agitation. C'est ainsi qu'hier nous avons e u
deux intermèdes, l'un pendant, l'autre après la
séance. Le premier entre MM. Ménier et Paul de
Cassagnac. Mon collaborateur Lafargue vous a
conté le point de départ : interruption saugre-
nue de M. de Cassagnac et riposte ad hominetn
de M. Menier. La chose a eu des snites dans
les couloirs. M. de Cassagnac, qui veut bien
interrompre à tout propos, mais n'ainie pas les
répliques, a envoyé un de ses amis, M. Robert
Mitchell, demander à M. Ménier de faire reti-
rer du compte-rendu officiel le petit passage
relatif à son oncle, le chocolatier de la Marti-
nique. M. Ménier a très-énergiquement et très
justement refusé de faire droit à cette récla-
mation, et voilà comme, grâce à une interrup-
tion déplacée, la France et l'Europe sauront
demain qu'un membre de la famille des Cassa-
gnac a négligé d'acquitter les factures de la
maison Ménier. Déplorable résultat des inter-
ruptions !
.w..w.
Le second incident a pris naissance dans
une des tribunes publiques et s'est terminé ù
la porte de la Chambre. Un individu, qui n'est
pas M. Tristan Lambert, a eu la mauvaise idée
de crier : Vive l'Empereur! au beau milieu de
la séance. Immédiatement cueilli par les huis-
siers, il a été conduit dans le petit salon des
journalistes pour y attendre la décision des
questeurs.
Rappelons en passant que c'est la troisième
aventure de ce genre qui se produit depuis
peu à la Chambre. On croirait que les fous de-
venus bonapartistes ou les bonapartistes deve-
nus fous s'y donnent rendez-vous pour venir y
affirmer, du même coup, leurs convictions et
leur dérangement d'esprit.
L'individu arrêté hier paraît être un éner-
gumène du dernier degré. C'est un grand gail-
lard, d'une quarantaine d'annéss, presque
convenablement vêtu, mais de mine plus que
douteuse: une blouse blanche en redingote. Les
accroche-cœurs aux tempes, l'inévitable bar-
biche à l'impériale, le pardessus boutonné jus-
qu'au collet, le chapeau à larges bords, le re-
gard en dessous, tout y était. Un casse-tête à
la main, le personnage eût été complet. Il n'a-
vait qu'un parapluie.
Interrogé par l'un des questeurs,M. Margaine,
cet homme a déclaré se nommer Jomer, Jober
ou Jobar, et demeurer rue Montmartre à Paris.
Il s'ast obstinément refusé à nommer le député
de qui il tenait sa carte d'entrée.
L excellent M. Margaine, avec une préve-
nance que tout le monde approuvera, s'est em-
pressé de mettre son interlocuteur à la dispo-
sition du commissaire de police, qui finira bien
par connaître les antécédents, la situation, et
les relations de cet individu, et par savoir si
c'est Jomer, Jober ou Jobar qu'il se nomme.
Nous tenons pour Jobars.
EMMANUEL ARÈNE.
-♦»
Diffamation
La cour de Besançon compte parmi
ses présidents de chambre M. Willemot,
qui, en 1852, fut membre des commis-
sions mixtes. Or, au mois de juillet der-
nier, un journal de Vesoul, l'Avenir cle
la Iîaute-Saône, dans un article intitulé:
Echanges de leçons de morale, s'avisa de
parler peu glorieusement de ces com-
missions mixtes : il osa imprimer «qu'en
avoir fait partie, c'était s'être associé à
des crimes ». Un autre que M. Willemot
se fût peut-être dispensé de relever l'at-
taque, il eût même profité de ce qu'il
n'était pas nommé dans l'article pour
ne pas se reconnaître. Mais M. Willemot
est, paraît-il, fier d'avoir figuré dans les
commissions mixtes comme d'autres
magistrats le seraient de n'y avoir pas
figuré. Il n'entend pas que l'on parle mal
d'un acte qui est, selon lui, l'honneur de
sa vie. Il poursuivit le journal républicain
devant le tribunal correctionnel de Ve-
soul.
L'ôvéi}ement ne répondit pas à son
attente. En première instance l'Avenir
de la Haute-Saône fut acquitté. M. Wil-
lemot a été plus heureux en appel de-
vant la cour de Besançon. La cour a
reconnu qu'il avait été publiquement
diffamé, a condamné le prévenu à payer
an demandeur la somme de 2,000 fr.
à titre de dommages-intérêts, a ordonné
l'insertion du jugement dans les jour-
naux de la Haute-Saône et dans trois
journaux de Paris.
Entre ces deux sentences contradic-
toires, nous nous'garderons bien de pro-
noncer. Un juge plus haut, la cour de
cassation, sera vraisemblablement sai-
si de l'affaire; il n'est pas probable que
l'Avenir de la Ifaute-Saône se résigne
à sa condamnation sans avoir épuisé
toutes les formes de la justice. Pour
nous, il nous suffira de citer l'un des
considérants du jugement de la cour de
Besançon :
« Attendu, dit l'arrêt, que, s'il est
permis de discuter comme fait histori-
que le droit dont le gouvernement a usé
en créant des commissions, on ne sau-
rait reconnaître à personne celle d'ac-
cuser les fonctionnaires qui en faisaient
partie de s'être associés à des crimes
alors que ces fonctionnaires remplis-
saient un devoir. »
Ce n'est pas sans quelque surprise
que nous avons appris pour notre part
que les magistrats qui ont consenti à sié-
ger dans les commissions mixtes, bien
loin de s'associer à des crimes, avaient
rempli un devoir. Tel n'était pas l'avis
de M. le garde des sceaux, le ministre
de la justice, le défenseur de l'honneur
de ses subordonnés, le 25 mars 1871,
lorsque du haut de la tribune, l'honora-
ble M. Dufaure, en des paroles qui ne
seront jamais oubliées, flétrissait les
magistrats qui avaient fait partie de ces
commissions, ne voulant pas qu'ils fus-
sent expulsés de leur siège par un acte
du pouvoir. « Ils ont jugé sans con-
naître, disait M. le garde des sceaux, ils
ont condamné sans entendre, ils ont,
eux, les magistrats chargés d'exécuter
la loi/de la faire respecter, ils ont in-
venté des peines sans nom pour des dé-
lits inconnus, et ce qui est plus fort, tel
d'entre eux a, en face de prétendus cou-
pables, détruit l'inamovibilité qu'il in-
voque aujourd'hui. » M. Dufaure expri-
mait la conviction que ces hommes se
feraient justice en donnant leur démis-
sion. Il n'en ont rien fait, on le sait, et
nous voyons l'un d'eux aujourd'hui
poursuivre comme diffamateur un jour-
nal qui s'est permis de lui rappeler son
passé.
¿ Où donc pouvait être le devoir à un
magistrat d'accepter une place parmi
les juges des commissions mixtes? Un
magistrat, en dépit de l'assimilation ten-
tée par le considérant que nous avons
cité, n'est pas un simple fonctionnaire,
un pur instrument du pouvoir, tenu à
l'obéissance passive. Le magistrat au
contraire est élevé au-dessus des inci-
dents de la politique et des coups de la
fortune ; son rôle est de rendre justice à
tous, grands et petits, et par serment pro-
fessionnel il s'est engagé à respecter avant
tout la constitution et les lois. Il rend
des arrêts et non des services ; et c'est
précisément pour qu'il n'eût rien à re-
douter des conséquences de son cou-
rage, pour qu'iljugeât toujours dans l'in-
dépendance de sa conscience, que la
loi, la seule majesté dont il relève, l'a
fait inamovible.
Le Deux-Décembre était la violation
de la loi et de la constitution. Son au-
teur lui-même ne s'en cachait pas. « Je
suis sorti, disait-il, de la légalité pour
rentrer dans l'ordre. » Ceux qui avaient
pris les armes contre ce conspirateur
les avaient prises pour défendre et la
constitution et la loi ; et c'étaient eux
cependant que les hommes des com-
missions mixtes acceptaient la mission
de condamner, d'envoyer mourir à
Cayenne ou à Lambessa!
Ils ne se bornaient pas à accepter
cette tâche. Les jugements des com-
missions mixtes ont été rendus en vio-
lation de toutes les formalités protec-
trices de l'innocence, gardiennes du
droit, qu'ont pratiquées et pratiquent
tous les pays. Les victimes des com-
missions mixtes ont été condamnées
sans enquête contradictoire, sans être
entendues, sans être admises à se défen-
dre. Des magistrats se sont trouvés ea
France pour accepter ce triste rôle.
Les garanties que la loi de Lynch elle-
même ne refuse pas aux accusés,
ont été refusées par les magistrats
des commissions mixtes à des hommes
dont le seul crime était d'avoir ré-
sisté au crime. S'il faut parler de de-
voir à propos des commissions mix-
tes, nous persistons à croire qu'en ces
jours néfastes le devoir n'était pas du
côté des juges.
CHARLES BIGOT.
-.------ ————————
Voici quelques-uns des motifs de l'arrêt
rendu par la cour de Besançon, qui décide
que le fait d'avoir dit d'un magistrat qu'il
s'était associé à des crimes en faisant partie
des commissions mixtes constitue le éHt
de diffamation :
« Attendu que, s'il est permis de discuter
comme fait historique le droit dont le gouver-
nement a usé en créant ces commissions, on
ne saurait reconnaître à personne celui d'ac-
cuser les fonctionnaires qui en faisaient partie
de s'être associés à des crimes, alors que ces
fonctionnaires remplissaient un devoir ;
» Qu'une semblable accusation dépasse les
bornes d'une juste critique et doit être consi-
dérée comme une diffamation ;
» Qu'en effet, assimiler à des -criminels les
membres qui les composaient, c'est déverser
sur eux un blâme outrageant, les signaler au
mépris public et porter l'atteinte la plus grave
à leur honneur et à leur considération ;
- » Attendu que c'est en vain que l'on a soute-
nu au nom du journal que le président Wil-
lemot n'étant pas suffisamment désigné dans
l'article incriminé, son action n'était pas rece-
vable ;
>> Qu'on pourrait déjà prétendre avec quelque
raison qu'alors même qu'il n'y serait pas per-
sonnellement visé, sa seule qualité bien connue
de membre des commissions mixtes lui aurait
donné le droit d'agir ; mais qu'il ressort de
l'examen attentif de l'article que le rédacteur
a eu tout spécialement en vue sa personnalité,
et que c'est à lui-même que s'adressait l'accu-
sation dont il s'agit :
» Que, par la publicité donnée à cet ar-
ticle du journal, il en a éprouvé une préjudice
réel ;
» Déclare Ci val, en sa qualité de gérant du
journal FAceTMr de la Haute-Saône, convaincu
d'avoir, dans le numéro dudit journal, portant
la date du 23 juillet 1876, et dans un article in-
titulé : Echange de leçons de morale, publique-
ment diffamé le président Willemot en disant
« qu'avoir fait partie des commissions mixtes,
c'était s'être associé à des crimes ; »
» Le condamne, en conséquence, à payer au
demandeur la somme de 2,000 fr. à titre de
dommages-intérêts ;
» Ordonne l'insertion dans les journaux de
la Haute-Saône et dans trois journaux de Paris.»
Nouvelles d'Orient
On télégraphie le 8 de Vienne à la Gazette
de Cologne :
«D'après des renseignements authentiques
reçus de Tiflis, l'armée russe du Caucase ne
pénétrera dans la Turquie d'Asie que si les
Russes rencontrent de la résistance en Bulga-
rie. »
Au contraire, d'après une information du
Tagblatt de Vienne, les armées russes du Cau-
case et du sud franchiraient simultanément.
l'une la frontière russo-turque, l'autre la fron-
tière russo-roumaine.
D'après la même source, l'imprimerie de l'U-
niversité de Moscou aurait imprimé 100,000
exemplaires d'une proclamation roumaine
destinés à être distribués à la population lors
de l'entrée des Russes en Roumanie.
D'après une nouvelle de Bucharest, une en-
trevue aura lieu le 16 entre le commandant en
chef de l'armée russe et le prince Charles, et le
commandant en chef de l'armée roumaine sera
nommé le même jour.
L'agenoe russe nous communique la dépêche
suivante :
St-Pétersbourg, 8 décembre 1876, 11 h. soir.
La première réunion des plénipotentiaires
de la conférence de Constantinople a eu lieu
aujourd'hui chez le général Ignatieff, doyen.
Il est probable qu'ils éliront lord jSalisbury
président, alors les réunions auront lieu chez
lui.
Ces réunions sont préliminaires à la confé-
rence officielle, mais elles sont importantes,
ayant à décider les points difficiles. (
Le gouvernement ottoman lève dans tout
l'empire les hommes de 21 à 40 ans. Les popu-
lations murmurent. A Constantinople, deux
nouveaux partis s'agitent, celui de l'ex-sultan
Mourad,; actuellement guéri, et celui d'Izzed-
dine, fils d'Abdul-Aziz.-
Aujourd'hui a lieu la cérémonie de la fête de
Saint-Georges. A cette occasion, l'empereur
Alexandre a reçu de l'empereur d'Autriche
une lettre amicale de félicitations.
Les habitants de Varsovie ont fait parvenir
à l'empereur une adresse où ils déclarent se
rallier, comme membres de la même famille
slave, aux expresssions de fidélité et de dé-
vouement des autres parties de l'empire, et à
leurs déclarations en faveur des frères du
sud.
Constantinople, 8 décembre, s.
Le marquis de Salisbury a eu trois entrevues
avec le général Ignatieff. On assure, dans les
cercles diplomatiques, qu'ils ont témoigné l'un
et l'autre un grand désir d'entente et un grand
esprit de conciliation.
On espère qu'à la suite de ces entrevues, si
la Russie n'a pas abandonné son projet d'occu-
pation, elle le présentera à la conférence dans
des conditions telles que l'Angleterre pourra
ne pas y faire d'opposition.
Les conférences préliminaires commenceront
lundi.
Vienne, 9 décembre.
La Nouvelle Presse libre confirme la nouvelle
publiée le 4 courant, par la Correspondance po-
litique et relative au nouvel impôt de guerre
décrété par la Porte.
Chaque sujet mâle du sultan âgé de cinq à
soixante ans devra payer une taxe person-*
nelle de quinze piastres.
Constantinople, 6, décembre (arrivée le 9),
Demain aura lieu la première réunion préli-
minaire chez le général Ignatieff. Les confé-
rences préliminaires dureront quelques jours.
Les ministres turcs et les ambassadeurs ont
rendu visite, aujourd'hui, au marquis de Salis-
bury. Ce diplomate aura demain une audience
du sultan.
Aujourd'hui, dîner diplomatique à l'ambas-
sade d'Autriche.
Rome, 8 décembre.
Le Bersagliere annonce que la flotte an.
glaise passera l'hiver à Salonique.
Une réunion des députés de la Sicile a eu
lieu dans le but de rechercher les moyens
les plus propres à aider le gouvernement dans
la question de la sûreté publique en Sicile.
Raguse, 8 décembre, soir.
Dans l'après-midi sont arrivés à Gravosa les
vapeurs de guerre Medjidié et Taëf avec des
provisions de blé pour Trebigne. Le délégué
monténégrin près du camp serbe est arrivé à
Verbitza. Il continuera demain sa route par
Cettigne. On s'attend à la mise en liberté de
Musich.
Londres, 9 décembre.
Dépêches des journaux anglais ;
Vienne, 8 décembre.
On annonce officieusement que les arme-
ments russes ne sont pas poussés avec beau-
coup d'activité en ce moment.
Dans les cercles dirigeants de Saint-Péters-
bourg, on signale maintenant des dispositions
plus modérées qu'avant le discours de M. de
Bismarck. (Daily-Neies.)
Berlin, 8 décembre.
Les commandants des forteresses turquea
sur le Danube ont reçu ordre d'approvision-
ner les magasins pour huit mois.
Roustchouk recevra 30,000 hommes de trou-
pes asiatiques. (Dailjr-News.)
Athènes, 8 décembre, soir.
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