Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1876-12-07
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 07 décembre 1876 07 décembre 1876
Description : 1876/12/07 (A6,N1822). 1876/12/07 (A6,N1822).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
êhrième Année — N* 1822
1
Prix du Numéro à Paris : 16 Centimes — Départements : 20 dentimea
tleudi 7 Décembre 1876
BpsI m S v RÉjS Hxfijfl H
ESTFSEH «E3A BW-^ BM H4AU| HPOS
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
ADMINISTRATION
Adresser les Lettres et Mandats à l'Administrateur
rue de' I^afayette, s J3
Zes Manuscrits non insérés ne seront pas rendus.
; ABONNEMENTS
PARIS
• Trois mois 13 fr.
, Six rnoir;. 25 »
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DEPARTEMENTS
Trois mois 1©^^
Six mois.
Un an vGgV/»
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t. AiraOWGES: Chez MM. LAGRANGE, CEtGi
•j place de la Bo.e, 0
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
1S:s, r-ue d.e Lafayette
-
Les Lettres non affranchies seront rifusée"
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois 13 fr.
Six mois 25 »
Un an. 50 »
DEPARTEMENTS
Trois mois le fr.
Six mois. 32 »
U n an. 62 »
AMOHCES : Chez MM. LAGRANGE, CERF et Cie
0.9 place de la Bout-ge, a
", BULLETIN
Paris, 6 décembre 1876.
vLa situation reste la même. Le Journal
officiel d'hier matin n'annonce pas que la
démission des ministres ait été acceptée. On
trouvera d'autre part tous les détails rela-
tifs à la crise que nous traversons.
D'après les nouvelles que nous recevons
de Berlin, il semble à peu près décidé que
l'Allemagne ne participera pas officielle-
ment à l'exposition universelle de 1878.
Cette décision du gouvernement allemand
ne nous émeut pas outre mesure. La France
a convié le monde entier à une grande fête
pacifique, les Allemands pensent qu'il est
plus utile pour eux de ne pas s'y faire re-
présenter. Cela les. regarde plus que nous
et la fête n'en sera pas moins brillante
parce qu'ils seront absents.
Les positions commencent à se dessiner
en Orient. D'après les renseignements des
• journaux viennois, renseignements qui nous
semblent très-plausibles, et qui sont d'ail-
; leurs confirmés de divers côtés, le gouver-
nement turc a notifié d'une façon très-pré-
ciseaux ambassadeurs l'attitude que la Tur-
quie prendra vis-à-vis des propositions
portées à la conférence. La Porte est dis-
posée à souscrire aux réformes proposées
pour la Bosnie,la Bulgarie et l'Herzégovine,
mais elle se réserve le droit de les étendre
.$toutes les autres provinces de l'empire.
Toutefois elle ferait un casus belli de toute
ingérence isolée des puissances et notam-
ment de l'occupation de la Bulgarie par la
Russie. D'autre part, elle admettrait l'occu-
pation de l'Herzégovine et de la Bosnie par
l'Autriche, ne considérant pas l'Autriche
comme une puissance ennemie.
En autres termes, la Porte veut jouer le
jeu qui lui a si souvent réussi. Elle est dis-
posée à promettre tout ce qu'on lui deman-
dera, mais elle ne veut donner aucune ga-
rantie. La résolution que l'on prête à la Porte
délaisser l'Autriche occuper, si elle le dé-
sire; l'Herzégovine et la Bosnie, semble
fondée, car elle retire toutes ses troupes
• de ces deux provinces pour les concentrer
sur le Danube.
D'autre part, nous apprenons que la Riis-
sieinsiste plus que jamais pour que la Por-
te donne des garanties, et regarde comme
la seule qui soit efficace l'occupation de la
- Bulgarie par les troupes russes. En consé-
quence, la guerre entre les deux puissances
parait de plus en plus inévitable.
On commence même à douter que la
conférence se réunisse jamais. En effet, elle
sera précédée, dit-on, d'une conférence offi-
cieuse des ambassadeurs à laquelle la Tur-
quie ne prendrait aucune part. Cette réunion
préliminaire serait présidée par le général
Ignatieff en sa qualité de doyen du corps
diplomatique. La question traitée tout d'a-
bord serait celle de l'occupation, et du ré-
sultat de ces délibérations dépendrait le
sort de la conférence même. Il est même
£ possible que la guerre éclate entre la Rus-
sie et la Turquie avant cette première réu-
nion. En effet, le général Ignatieff aurait
reçu l'ordre de rompre les relations diplo-
matiques si la nouvelle constitution était
promulguée. Or, la Porte paraît résolue à ne
pas attendre l'ouverture des négociations
pour faire cette promulgation.
Le Nord signale une agitation croissante
parmi les populations helléniques de l'em-
pire turc à Andrinople, le sentiment natio-
nal s'est réveillé avec force. Des collectes
sont faites et leur produit envoyé à titre de
don patriotique dans le royaume de Grèce.
En "Crète, la situation des esprits est tou-
: jours la même, chez les chrétiens comme
chez les musulmans. On semble s'attendre,
de part et d'autre, à une levée de boucliers.
Les autorités turques ont beaucoup de
peine à tenir en bride leurs coreligionnaires
de l'île. Il a déjà fallu, il y a quelques se-
maines, des mesures énergiques de police
pour empêcher une effusion de sang à Can-
die. Une chose curieuse, c'est que musul-
mans et chrétiens sont également hostiles
à l'éventualité d'une occupation britannique
dont le bruit courait depuis quelque temps.
Les mesures de défense prises sur divers
points du littoral de l'île semblent surtout
dirigées en vue d'empêcher une descente
de troupes anglaises. L'effectif des troupes
turques, en Crète, qui était déjà de quinze
r mille hommes, a été notablement aug-
menté.
—
Bourse de Paris
Clature le 4 déc. le 5 dée. Hausse Baisse
» o/o
Comptant.. 69 7'0 1. 69 75 05 .,.,.
Fin cour 69 57 1/2 69 65 07 1/2 \j'\
4 1/2 0/0
Comptant.. 100 60 100 50 10
» w/o
Comptant.. 103.90 104 J. 10 1. 1. 1
fin cour 103 82 1/2 103 92 1/2 10
PETITE BOtmSB DU fcOIR
t
Emprunt 3 0/0. 69 fr. 87 1/2, 80.
Emprwit 5 0/0. 104 fr. 15, 104, 104 06 1/4.
5 0/0 turc 10 fil. 50. NommaI.
Egypte 248 fr. 75, ?46 87.
— ; — — ï
La déclaration des gauches est natur
rellement l'objet des commentaires de la
presse. On comprendra que nous lais-
sions de côté l'appréciation des jour-
naux franchement hostiles pour nous
occuper des autres, et essayer de ré-
pondre à certains reproches qui ne nous
semblent pas justifiés.
Ôn âditquecette déclaration était inop-
portune, intempestive, qu'elle ressem-
blait à un mandat impératif, et qu'elle
était de nature à augmenter les difficul-
tés do la situation. Qu'y a-t-il donc, dans
cette déclaration, dont puisse s'effarou-
cher la pudeur des candidats-ministres
ou se froisser la susceptibité du prési-
dent de la République ? Les trois gauches
ont cru nécessaire de déclarer qu'el-
les n'accorderaient leur concours qu'à
un cabinet « véritablement parlemen-
taire. » On conviendra qu'il eût été
difficile de dire plus et mieux en moins
de mots ; quant à l'opportunité de
cette déclaration, on s'étonne qu'elle
puisse être seulement mise en doute
quand on songe à la façon dont s'est re-
tiré le cabinet Dufaure. Il est notoire que
la Chambre ne voulait pas le renverser;
on n'ignore pas non plus que si le
Sénat l'a fait tomber, c est par hasard,
sans le vouloir. Or, que résulte-t-il, pour
le maréchal, de cette situation? L'im-
possibilité absolue de chercher dans un
vote, soit de la Chambre, soit du Sénat,
une indication sur ce qu'il convient de
faire. Quand un cabinet est renversé ré-
gulièrement par une majorité, c'est, en
général, à la suite d'un ordre du jour
motivé qui constitue une sorte d'aver-
tissement pour le chef de l'Etat, et pour
les futurs ministres un véritable pro-
gramme. Aujourd'hui, rien de pareil ;
et c'est ce qui rendait indispensable la
déclaration des gauches. C'est, àpropre-
ment parler, un ordre du jour.
On a dit encore : Les gauches récla-
ment un cabinet « véritablement parle-
mentaire ; rien de mieux, » mais n'eût-il
pas convenu d'ajouter : et constitution-
nel ? Et l'on rappelle, à ce propos, l'ar-
ticle 6 de la constitution, qui rend les
ministres solidairement responsables
de la politique générale DEVANT LES CHAM-
BRES et non pas devant LA Chambre. Ën
vérité, nous avons peine à comprendre
l'objection, car il nous est impossible
d'imaginer un cabinet qui serait parle-
mentaire sans être constitutionnel, ou
constitutionnel sans être parlementaire,
Soupçonne-t-on les gauches de la Cham-
bre de vouloir une politique de conflits
avec le Sénat, de prétendre à l'omnipo-
tence législative et, par suite, de souhai-
ter un ministère qui ne tienne aucun
compte d'un des pouvoirs publics ? Ce
serait là, en effet, un cabinet anti-cons-
titntionnel ; mais sur ce point le passé
répond de l'avenir, et sans doute on ne
voudra pas soutenir que si quelques dé-
saccords et de nombreuses menaces de
conflits sont survenus entre les deux
pouvoirs législatifs, c'est la Chambre
des députés qu'il en faut rendre res-
ponsable. J.
Invôque-t-pn par hasard la majorité
monarchique @ du Sénat, majorité d'ail-
leurs très-précaire et douteuse, pour
dire qu'un cabinet ne serait pas constitu-
tionnel s'il accédait au vœu des gauches
« et faisait cesser la contradiction en-
tre l'esprit de la majorité du 20 février et
un trop grand nombre de fontionnaires?»
En ce cas, c'est le Sénat qu'on dénonce
comme inconstitutionnel, autant dire
comme factieux. Or, une pareille accu-
sation est assurément bien loin de la
pensée de qui que ce soit.
Ce qu'on peut dire avec bien plus de
vérité, c'est que tout cabinet qui ne sera
pas parlementaire sera, par cela même,
inconstitutionnel. Nous aurions voulu
nous dispenser de citer des noms ; mais
comment ne pas parler, entre autres,
du général Berthaut, en faveur de qui la
presse réactionnaire - - tait - en ce - moment
campagne avec un touchant ensem-
ble et comme si elle obéissait à un mot
d'ordre ? Onréédite, à ce propos, la théo-
rie des ministres à poste fixe, des minis-
tères qui doivent demeurer étrangers
aux fluctuations de la politique et aux
luttes des partis. Il y a longtemps qu'on
a fait justice de cette fantaisie; il nous
suffira, dans l'espèce, de faire obser-
ver qu'il faudrait au moins, pour être
logique, interdire à ces ministres privi-
légiés de s'occuper de politique et ne
plus leur donner voix délibérative dans
le conseil.
Or, il se trouve précisément que M. le
ministre de la guerre s'est signalé, en-
tre tous ses collègues, par son opiniâ-
treté dans la lutte contre la majorité ré-
publicaine de la Chambre. Il s'est fait le
champion de l'intolérance, et très-loya-
lement, du reste, s'est présenté comme
l'ennemi déclaré d'une des conquêtes
les plus chères et les plus sacrées de la
Révolution, la liberté de conscience.
Alors que 360 voix - contre 35 accla-
maientce grand principe, le général Ber-
thaut le repoussait en refusant de s'as-
socier à l'ordre du jour Laussedat. Et
l'on prétendrait le maintenir au minis-
tère de la guerre ? C'est pour le coup que
le cabinet ne serait ni « vraiment parle-
mentaire, » ni aucunement constitution-
nel.
nn résume, nous estiiftons que, loin,
de pouvoir nuire à la solution de la
orise ministérielle, la déclaration des
gauches est de nature à la favorisa en
la simplifiant. Nous igttôfotis si le pré-
sident de la Rêpublque a éprouvé quel-
ques hésitations ; mais ce qui est cer-
tain, c'est qu'à l'heure actuelle elles doi-
vent avoir disparu. Grâce au langage de
la majorité républicaine, on sait désor-
mais que le temps est passé des demi-
mesures, des compromis, des atermoie-
ments. Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est
tout l'un ou l'autre; c'est la pratique
sincère, loyale, complète de la consti-
tution, ou c'est le contraire. C'est un
ministère de droite ou un ministère de
gauche. C'est la République livrée à ses
ennemis ou confiée à ses amis.
A moins qu'on donne la préférence
à une solution indiquée par le spirituel
M. Robert Mitchell dans l'Estafette:
« IL N'Y A RIEN A FAIRE, RIEN ; SI CE
N'EST CONSTITUER AU PLUS TOT UN MI-
NISTÈRE DE CONFLIT PRÉPARANT ET JUS-
TIFIANT UN MINISTÈRE DE DISSOLUTION ! »
A la bonne heure ! Voilà qui est par-
ler ! Quels hommes de ressources que
ces bonapartistes !
E. SCHNERB.
♦
L. A GRISE
Le conseil des ministres s'est réuni hier
à Versailles, sous la présidence de M. le
maréchal de Mac-Mahon. On pensait que le
chef de l'Etat communiquerait au cabinet
les résolutions prises par lui ; aussi atta-
chait-on une grande importance à cette
séance.
M. le président de la République n'est
resté qu'un instant; il a informé les minis-
tres démissionnaires qu'il n'avait pris au-
cun parti et qu'il les priait de rester encore
en fonctions. Il les a convoqués pour samedi
prochain. En assignant une date aussi éloi-
gnée, M. le maréchal de Mac-Mahon a voulu
éviter de réunir inutilement le conseil. Tout
fait prévoir que la crise aura reçu sa solu-
tion avant la fin de la semaine. Dans ce cas,
le conseil sera convoqué afin que le chef
de l'Etat accepte officiellement la démission
des ministres.
Nous devons dire cependant qu'aujour-
d'hui on en est au même point qu'hier. M.
le duc d'AdiffretaPasquier a refusé de for-
mer le cabinet. Cependant M. le président
de la République l'a prié de réfléchir
encore vingt-quatre heures. C'est aujour-
d'hui qu'expire le délai. M. le président du
Sénat est toujours dans les mêmes senti-
ments et sa réponse sera aujourd'hui la
même qu'hier. Il ne veut à aucun prix ac-
cepter la présidence du conseil.
On voit par ces renseignements dont nous
garantissons l'authenticité que rien ne peut
être fait à l'heure présente. Toutes les com-
binaisons mises en avant ne reposent sur
aucun fondement. Personne, autre que M.
le duc Pasquier, n'a encore été appelé à
l'Elysée et n'a conféré avec le maréchal.
Dans l'entourage du président on parle
d'un cabinet d'où seraient exclus MM. Léon
Say, Christophle et de Marcère. Nous n'a-
vons pas besoin de faire remarquer que
cette combinaison n'aurait aucune chance
d'aboutir. Personne dans le centre gauche
ni dans la gauche ne voudrait remplacer des
ministres qui ont la confiance de la Cham-
bre et du pays.
Comme on l'a vu hier, M. Grévy a été ap-
lé à l'Elysée. M. le président de la Répu-
blique voulait le consulter sur l'état des
esprits à la Chambre des députés. M. Grévy
a déclaré au maréchal que la Chambre ap-
puierait un cabinet qui ferait respecter la
constitution et qui gouvernerait avec la mâ-
jorité républicaine. Il a insisté sur la né-
cessité de prendre le ministère à gauche.
Tel est l'état de la question. En présence
du refus persistant de M. le duc d'Audif-
fret-Pasquier, le président de la Républi-
que s'adressera aujourd'hui à d'autres hom-
mes politiques.
—————— ————.—
Un Symptôme
Il y avait, dans une commune de
l'Ain, à Saint-Maurice-de-Gourdarts, Un
instituteur qui jouissait de la considé-
ration générale, qui était fort aimé des
enfants et des pères de famille.
Il fut brusquement déplacé.
Pourquoi? Je n'en sais trop rien.
Mais, à tort ou à raison, les habitants
de la commune s'imaginèrent que. le
curé n'était pas étranger à ce change-
ment ; ils se livrèrent, paraît-il, à quel-
ques manifestations hostiles.
C'était un mauvais moyen. Ils com-
prirent qu'ils faisaient fausse route et
se ravisèrent. Ils étaient tous, en ce pe-
tit pays, voisins et amis. Il leur était
facile de s'entendre; ils se concertèrent
donc et nommèrent des délégués, qui
furent chargés par eux de demander,
au nom de la commune, le déplace-
ment du curé.
Vous pensez peut-être qu'ils furent
mal recus à l'évêché ? Vous vous trom-
pez ; et voilà comme on fait des juge-
ments téméraires.
Ils ne furent pas reçus du tout.
L'Evangile n'a-t-il pas dit qu'il n'est
jamais permis en aucun cas de toucher
à un oint du Seigneur !
De simples laïques avoir l'insolence de
toucher à l'oint?
Que firent les simples laïques 1
Ils prirent un parti héroïque. Ils se
rendirent à Lyon au synode protestant,
et prièrent les ministres de venir évan-
géliser leurcQwmune.
On le leur promit.
Et le dimanche suivant, c'était le 12
du mois dernier » deux pasteurs de la ré-
ligioti réformée vinrent officier à Saint-
îvlaurice-de-Gourdans. Tous les gros bon-
nets de la commune, le maire en tète,
se convertirent en masse. Les adhérents
au nouveau culte sont déjà au nombre de
150. Une commission est chargée de re-
cevoir les adhésions nouvelles.
Veilà un village qui va passer tout
entier au protestantisme. ,
Mon Dieu ! ce serait là, à le bien pren-
dre, une solution commode à bon nom-
bre de difficultés où nous nous débat-
tons.
Que taut-il, après tout, a cette taule
de catholiques tièdes dont je parlais
hier, et qui sont catholiques de nom
plutôt que de foi et de pratique ?
Il faut que les quatre ou cinq vérités
auxquelles ils croient encore, l'existence
de Dieu, l'immortalité de l'âme, la sanc-
tion de la loi morale remise aux mains
d'un être éternel, etc., soient rendues
sensibles à leurr yeux par une forme
quelconque du culte officiel.
Eh bien ! le protestantisme est là pour
recueillir ces épaves d'un faux catholi-
cisme, et il serait bien curieux que tout
ce qui n'est pas ou franchement libre-
penseur, ou déterminément ultramon-
tain, suivît l'exemple que vient de don-
ner la commune de Saint-Maurice de
Gourdans.
On en finirait ainsi bien vite avec les
insolentes tracasseries du clergé, avec
ses prétentions hautaines. On y gagne-
rait beaucoup d'abord comme écono-
mie ; on y gagnerait surtout en repos.
Cette solution étonnera peut-être au
premier abord les lecteurs français. Elle
n'a pourtant rien que de fort naturel et
même d'assez pratique.
Il est clair que toute une nation ne
peut pas, d'un seul bloc, se convertir à
une religion nouvelle. Ces grands ef-
forts exigent plus de foi et plus de zèle
que n'en comporte le tempérament de
notre génération.
Mais ces conversions pourraient de-
venir plus nombreuses et se propager
aisément dans certains centres. Ce se-
raient des conversions politiques. On
garderait la même somme de croyance,
mais en la transportant sous une autre
étiquette, on aurait l'avantage de se dé-
barrasser des intrigues et des intolé-
rances du cléricalisme.
Le clergé catholique va toujours se
vantant de ses trente-cinq millions de
fidèles. Il ne tarderait pas à voir ce que
valent ses assertions, si la plupart de
ceux qui sont, en France, de purs déis-
tes, se rangeaient sous la bannière de
la religion réformée.
On assure que, parmi les ouvriers
parisiens, un nombre- considérable
songe vaguement à cette solution.
FRANCISQUE SARCEY.
-é.
DÉCLARATION DE M. DE BISMARCK
Berlin, 5 décembre.
Après que M. Richter, député au Reichstag,
eut formulé son interpellation relativement au
paiement en or exigé dorénavant par le gou-
vernement russe pour les droits de douane
des marchandises importées de l'étranger, M.
de Bismarck prit la parole, en disant qu'il
se chargeait de la réponse, parce que l'inter-
pellation avait effleuré le domaine de la poli-
tiqué.
J'aurais bien envie de demander à l'inter-
pellant, dit M. de Bismarck, ce qu'il y aurait à
faire, dans cette question, au point de vue éco-
nomique; mais je doute fort qu'il fût en état de
proposer quelque chose. Je suis de son ayis
quand il afrirnle que la Russie fait fausse route
avec sa politique douaniére; niais je suis abso-
lument impuissant pour agir sur la Russie de
façdn à lui faire adopter une voie différente.
Les motifs sur lesquels l'interpellation se base
ne sont pas de nature à faciliter ail gouverne-
ment une action politico-commerciale. Cette
interpellation, ajoute M. de Bismarck, me met
dans le plus grand embarras. Elle gêne mes
efforts pour la conservation de la paix.
On se trompe lorsqu'on croit que la Russie
nous demande immédiatement de grandes com-
plaisances. Cela n'est nullement le cas. LaRus-
sié ne vise pas à de grandes donquêtes. L'em-
usretir Alexandre - a toujours été pour nous un
allié fidèle. La Russie hë nous demande que
notre concours, dans la conférence, pour ob-
tenir l'amélioration de la situation des chré-
tiens de la Turquie, ce à quoi notre empe-
reur et le peuple allemand sont parfaitement
dispôsês. Ce concours est hors de toute ques-
tion. Il est justifié par la sympathie que nous
éprouvons pour des coreligionnaires et par
les exigences de la civilisation. Si la conférence
ne donne pas de résultat, il est probable que
la Russie fera un appel aux armes. La Russie
ne demande pas non plus notre aide pour cette
éventualité; mais persontlô n'exigêra de nous
que nous nous y opposions, puisquil S'agit
d'atteindre un but que nous poursuivons nous-
mêmes. Mêler dans cette affaire des questions
économiques pour un but politique conduirait
à des énormités.
Il est impossible de vouloir se gagner des
amitiés ou de se préparer des inimitiés pour
des questions de douanes. Si l'interpellation
tendait à nous brouiller avec la Russie, comme
on l'a déjà essayé antérieurertient; il faudrait
la regretter. Tant que nous serons à cette
place, vous ne réussirez pas à faire un accroc
a notre amitié sincère pour la Russie, amitié
cimentée par l'histoire. Soyez persuadés que
l'alliance des trois empereurs, mérite toujours
encore son nom, et est encore en pleine vi-
gueur.
De même qu avec la Russie, nous avons avec
l'Angleterre des relations d'amitié qui datent
de plus d'un siècle. Dans la question orientale,
nous avons pris pour tâche d'amener, autant
qu'il nous sera possible, entre les puissances,
une entente, à l'effet de maintenir la paix. Si
la situation actuelle ne présente pas pour nous
une question de guerre, elle nous exhorte
néanmoins aux plus grandes précautions dans
notre conduite.
Nous sommes obligés de maintenir nos
bonnes relations avec les puissances.
Nous ne pourrons intervenir activement que
si l'une ou l'autre des puissances qui sont nos
amies se trouvait sérieusement menacée par
une puissance tierce. Notre position bienveil-
lante envers toutes les puissances a été recon-
nue par toutes et contribuera, je l'espère, à lo-
caliser la guerre. C'est à quoi tendent tous nos
eftorts. Nous pensons que l'on arrivera à apla-
nir les difficultés qui pourraient exister entre
la Russie et l'Angleterre.
LA GRATUITÉ DES ÉCOLES
ET LES
SUBVENTIONS DU MINISTÈRE
Si quelqu'un maintenant comprend
à l'affaire quelque chose, il est bien
heureux.
Nos lecteurs se souviennent peut-être
d'une lettre de M. le préfet de l'Eure,
que nous avons citée au commence-
ment du mois dernier. Il s'agissait des
communes qui avaient voté la gratuité
de leurs écoles primaires, et M. le préfet
les invitait à rétablir la rétribution sco-
laire, à moins qu'elles ne fussent en état
de supporter désormais à elles seules
les frais de la gratuité. Il leur annonçait
qu'à partir du 1er janvier 1877, elles
n'auraient plus à attendre aucun con-
cours de l'Etat. M. le préfet déclarait
agir en vertu d'instructions ministériel-
les du mois de mai dernier.
Nous témoignâmes alors notre éton-
nement et de la lettre de M. le préfet de
l'Eure et des instructions auxquelles
elle se référait, et notre étonnement
nous attira un communiqué du minis-
tère, dont nous reproduisons le texte :
Quelques journaux, rappelant une décision
déjà ancienne, ont pensé que le ministère de
l'instruction pnblique avait l'intention de sup-
primer en 1877 les subventions précédemment
attribuées aux communes qui ont établi la gra-
tuité absolue dans leurs écoles primaires.
Il y a là une erreur qui repose sur* la date de
la décision à laquelle on a fait allusion.
Avant le vote du budget par la Chambre des
députés, le ministère de l'instruction publique
n'accordait en général de subvention sur les
fonds de l'Etat, pour les dépenses de la gratui-
té absolue; qu'aux départements qui faisaient
eux-mêmes des sacrifices pour cet obj et.
La Chambre des députés ayant, par le vote
d'un crédit supplémentaire, manifesté l'inten-
tion d'encourager dans une mesure plus large
l'extension de la gratuité absolue, l'adminis-
tration se propose de répartir la totalité de
son crédit entre toutes les communes qui ont des
écoles gratuites.
C'est dans ce sens que des instructions ont
été déjà données aux préfets, qui se sont en-
quis des intentions du gouvernement.
Que conclure de ce communiqué?
Evidemment que les communes du dé-
partement de l'Eure, aussi bien que
toutes les autres, auront leur part du
crédit de l'Etat et que M. le préfet de
l'Eure avait eu le tort, avant d'écrire sa
lettre, de ne point demander au minis-
tère des instructions nouvelles. On de-
vait s'attendre à voir bientôt une nou-
velle lettre préfectorale toute différente
de la première.
Or, ce n'est point une lettre préfecto-
rale qui est venue, c'est une note publiée
l'autre jour par le Courrier de l'Eure et
qui a les allures etle style d'une commu-
nication administrative, officieuse tout
au moins. Voici cette note.:
Diverses polémiques ayant été soulevées au
sujet de la gratuité de l'enseignement primaire
dans les communes du département, nous
croyons devoir, pour ramener cette question
à sa portée véritable, faire connaître en deux
mots ce qui s'est passé et ce qui se passe à cet
égard.
Quatre ou cinq communes recevaient de
l'Etat des subventions pour la gratuité de ren-
seignement. Le ministre de l'instruction pu-
blique n'a pas jugé à propos de maintenir cet
état de choses, et il a mis le département en
demeure de prendre à sa charge la moitié de
la dépense.
M. le préfet en a fait la proposition au con-
seil général,-qui, sur l'avis de sa commission
de 1 instruction publique, a refusé d'ajouter
cette nouvelle charge à celles que le départe-
ment supporte déjà, en dehors des quatre
centimes spéciaux.
Le ministre de l'instruction publique, infor-
mé de cette décision du conseil général, a re-
fusé à son tour de continuer les subventions.
M. le préfet en a donné avis aux quatre ou
cinq communes dont il s'agit, et leur a tra cé
la marche à suivre en conséquence de cette
mesure.
Nous offrons une récompense hon-
nête à qui viendra à bout de mettre d'ac-
cord cette note et le communiqué dont
nous avons été honorés. Le communi-
qué nous annonçait que toutes les com-
munes qui ont établi la gratuité de leurs
écoles auraient part au crédit de l'Etat.
La note du Courrier de l'Eure nous an-
nonce au contraire que le conseil gé-
néral de l'Eure, « ayant refusé de pren-
dre sa part des dépenses de ces écoles,
le ministère, à son tour, a refusé de
continuer ses subventions. » Laquelle de
ces deux affirmations est la bonne ? La-
quelle est conforme à la réalité ? Ce ne
peut être évidemment que l'affirmation
du communiqué ! Nous serons, en tous
cas, avertis bientôt, puisque, avant
peu, l'exercice 1877 aura commencé.
Il est très-légitime que le départe-
ment concoure à l'établissement de la
gratuité de l'enseignement primaire ;
et partout en effet où les conseils gé-
néraux sont républicains, ils ne man-
quent point à remplir ceaevoir. iviaisn
peut arriver aussi que les conseils gé-
néraux s'y refusent. Et c'est le cas qui
se présente souvent lorsque la majo-
rité des membres, au lieu d'être des ré-
publicains, sont des monarchistes de
toute couleur. Ils savent qu'un pays est
d'autant plus libéral qu'il est moins
ignorant, et naturellement ils ne font
preuve d'aucun zèle pour la propaga-
tion de l'instruction. Qu'arrivera-t-D
donc dans ce cas, et faudra-t-il-que les
communes qui ont témoigné de la bonne
volonté et se sont imposé de gros sacri-
fices pour établir chez elles la gratuité
pâtissent doublement parce qu'elles ont
le malheur d'avoir à la tête du départe-
ment un conseil général réactionnaire ?
Faudra-t-il que non seulement elles
soient privées du concours du départe-
ment, mais en outre qu'elles se voient
privées du concours de l'Etat, précisé-
ment parce que le département leur a
refusé le sien ? - -
Cette façon de châtier les consens
généraux animés de mauvaise volonté
sur le dos des communes innocentes
et pleines de bon vouloir, pour ressem-
bler à beaucoup de procédés adminis-
tratifs, n'en serait pas plus digne d'é-
loges. Si le ministère veut donner une
leçon aux conseils généraux qui ne
remplissent pas leur devoir, ne la don-
nerait-il pas meilleure s'il réservait
pour de telles occasions ses plus abon-
dantes libéralités qu'en les aidant tout
justement à faire réussir leur œuvre de
malveillance ? Ah ! vous avez fait ce qui
dépendait de vous pour empêcher la
gratuité de s'établir ? eh bien ! je vais
vous en punir. en achevant tout à
fait de la rendre impossible !
Encore une fois, nous ne pouvons
croire, quoi qu'affirme le Courrier de
l'Eure, que telle soit l'attitude du mi-
nistère de l'instruction publique. Nous
avons pour nous, non-seulement les
promesses formelles du communiqué,
mais les sentiments personnels bien
connus de M. Waddington. Nous avons
plus encore : la volonté manifeste de la
Chambre, qui, en votant un crédit sup-
plémentaire a manifesté sa volonté de
voir ce crédit plus largement réparti
que l'on n'avait fait jusqu'ici, et la gra-
tuité absolue des écoles encouragée de
plus en plus, en attendant le jour pro-
chain où une loi pourra l'établir par-
tout.
CHARLES BIGOT.
Election sénatoriale de Tarn-et-Garonnè
Quelles influences ont maintenu M. Del-
breil à la melirie de Montauban? Nous l'i-
gnorons, mais ce que le public n'apprendra
pas sans surprise, c'est que le maire actuel
de Montauban est en même temps candidat
de l'opposition monarchiste dans Tarn-et-
Garonne. 1
Une élection sénatoriale aura lieu, en ef.
fet, dans ce département le 17 décembre. Or,
M. Delbreil, dans sa profession de foi, an-
nonce « qu'il accepte avec reconnaissance
la proposition qui lui est faite de représen-
ter tous les conservateurs sans distinction
de nuances, et termine par ce paragraphe
très-suffisamment significatif : « Soumis
aux lois politiques qui nous régissent, j'at..
tendrai sans impatience l'époque, prévue
par la constitution, où le pays doit libre-
ment disposer de ses destinées. A ce mo-
ment solennel, je saurai, n'en doutez pas,
m'inspirer uniquement du bien de la Frânce
et mettre son salut au-dessus de tout autre
intérêt. »
Il ne manque déjà point de bons enten-
deurs à ces sous-entendus. L'Ordre et le
Pays, pour ne citer que ces deux journaux,
soutiennent avec chaleur la candidature de
M. Delbreil. Ce qui démontre une fois de
plus qu'il n'est pas sans inconvénient d'ou-
blier des bonapartistes dans les fonctions
publiques. Voilà le maire d'un chef-lieu de
département passé candidat d'opposition ! et
de quelle opposition ! Sans compter que son
titre officiel lui servira peut-être à égarer les
votes de quelques délégués ruraux, qui
croiront prouver leur confiance au gouver-
nement en donnant leurs suffrages à l'un de
ses fonctionnaires !
Nous espérons que nos confrères répu-
blicains de Tarn-et-Garonne sauront complè-
tement éclairer, sur le cas de M. Delbreil,
les électeurs sénatoriaux. Au reste, le can-
didat des « conservateurs » réunis',a pour
concurrent l'un des hommes les plus recem-
mandables sur qui le choix du .parti répu-
blicain puisse se porter. C'est M. Hippolyte
Rous, ancien représentant du peuple à l'As-
semblée constituante et juge honoraire..
Nous donnons ci-dessous un extrait de sa
circulaire, que tous les bons esprits ne
manqueront pas d'approuver :
Le premier désir, le plus constant souci qui
doive s'imposer à votre représentant, c'est
celui dont vous êtes pénétrés vous-mêmes, ce-
lui de l'affermissement d'un gouvernement li-
bre, prudent et ferme, tel que se montre le
gouvernement de la République, appuyé par
vos élus et placé sous la sauvegarde de l'hom-
me illustre dont le patriotisme et la loyauté
sont un gage de sécurité pour la France en-
tière, M. le maréchal de Mac-Mahon.
Assez fort pour assurer .le repect des lois, le
respect des droits de tous et de la conscience
de chacun, assez généreux pour appeler à lui
tous les hommes de bonne volonté, ce gouver-
nement n'a-t-il pas droit à votre concours ?
N'est-ce pas à lui que vous devez, entre au-
tres bienfaits, vos franchises:municipales et le
droit d'élire vos sénateurs ?
Au dedans comme au dehors, notre patrie,
après ses malheurs, a besoin de la paix, qui
peut seule rendre féconds ses travaux, et tout
d'abord ceux de l'agriculture et de l'industrie.
Ces travaux, qui ont payé sa rançon, n'ont-ils
pas droit à tous nos encouragements ? Et qui
peut mieux que cette paix aider à diminuer les
charges qui pèsent sur tous, faciliter l'aocom-
plissement des réformes utiles, le développe-
ment de la richesse publique et conquérir à la
France la sympathie et l'alliance des nations
voisines, dont elle a déjà gagné l'estime?
A cette paix, il est une condition pourtant :
c'est que toute pensée de parti hostile a nos
institutions, toute idée de restauration, c'est-à-
dire de révolution et d'épreuves nouvelles, soit
écartée, découragée par les électeurs. Le main-
tien assuré de nos institutions, une politique
d'apaisement et de concorde, des lois sages,
des progrès tranquilles, l'union de tous, sous
le gouvernement que le pays a consacré par
ses votes, pour le repos, la prospérité, la
grandeur de la France, telle est, messieurs et
chers concitoyens, l'œuvre à laquelle vos re-
présentants doivent concourir, et à laquelle,
si vous m'en jugez digne, je serai fier de m'as-
Êocier.
HIPPOLYTE Rous,
Juge honoraire, ancien représentant
du peuple.
———-—————— ——————————
Nouvelles d'Orient
Raguse, 4 décembre, soir.
L'armistice a été prolongé de quatre jours.
La forteresse de Nicksich est à toute extré-
mité. elle est assiégée par 5,000 hommes,
sous le commandement de Paulovitch et de
Sociza.
Les raisons mises en avant par le commis-
saire Azarian pour permettre le ravitaillement
de Nicksich n'ont pas été acceptées à Cettigne.
Les Turcs se préparent à faire le ravitaille-
ment par la force.
Manchester, 4 décembre, soir.
Un meeting tenu par les habitants de cette
ville a adopté une resolution tendant à 1 éta-
blissement d'une entente amicale entre 1 An-
gleterre et la Russie dans la question d'Orient.
M. Jacob Bright, frère de M. John Bright, était
au nombre des orateurs. Quatre délégués ont
été nommés pour assister à la conférence na-
tionale qui doit avoir lieu à Londres le 8 dé*
cembre.
1
Prix du Numéro à Paris : 16 Centimes — Départements : 20 dentimea
tleudi 7 Décembre 1876
BpsI m S v RÉjS Hxfijfl H
ESTFSEH «E3A BW-^ BM H4AU| HPOS
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
ADMINISTRATION
Adresser les Lettres et Mandats à l'Administrateur
rue de' I^afayette, s J3
Zes Manuscrits non insérés ne seront pas rendus.
; ABONNEMENTS
PARIS
• Trois mois 13 fr.
, Six rnoir;. 25 »
Unan. 50 »
DEPARTEMENTS
Trois mois 1©^^
Six mois.
Un an vGgV/»
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t. AiraOWGES: Chez MM. LAGRANGE, CEtGi
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RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
1S:s, r-ue d.e Lafayette
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Les Lettres non affranchies seront rifusée"
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Six mois 25 »
Un an. 50 »
DEPARTEMENTS
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Six mois. 32 »
U n an. 62 »
AMOHCES : Chez MM. LAGRANGE, CERF et Cie
0.9 place de la Bout-ge, a
", BULLETIN
Paris, 6 décembre 1876.
vLa situation reste la même. Le Journal
officiel d'hier matin n'annonce pas que la
démission des ministres ait été acceptée. On
trouvera d'autre part tous les détails rela-
tifs à la crise que nous traversons.
D'après les nouvelles que nous recevons
de Berlin, il semble à peu près décidé que
l'Allemagne ne participera pas officielle-
ment à l'exposition universelle de 1878.
Cette décision du gouvernement allemand
ne nous émeut pas outre mesure. La France
a convié le monde entier à une grande fête
pacifique, les Allemands pensent qu'il est
plus utile pour eux de ne pas s'y faire re-
présenter. Cela les. regarde plus que nous
et la fête n'en sera pas moins brillante
parce qu'ils seront absents.
Les positions commencent à se dessiner
en Orient. D'après les renseignements des
• journaux viennois, renseignements qui nous
semblent très-plausibles, et qui sont d'ail-
; leurs confirmés de divers côtés, le gouver-
nement turc a notifié d'une façon très-pré-
ciseaux ambassadeurs l'attitude que la Tur-
quie prendra vis-à-vis des propositions
portées à la conférence. La Porte est dis-
posée à souscrire aux réformes proposées
pour la Bosnie,la Bulgarie et l'Herzégovine,
mais elle se réserve le droit de les étendre
.$toutes les autres provinces de l'empire.
Toutefois elle ferait un casus belli de toute
ingérence isolée des puissances et notam-
ment de l'occupation de la Bulgarie par la
Russie. D'autre part, elle admettrait l'occu-
pation de l'Herzégovine et de la Bosnie par
l'Autriche, ne considérant pas l'Autriche
comme une puissance ennemie.
En autres termes, la Porte veut jouer le
jeu qui lui a si souvent réussi. Elle est dis-
posée à promettre tout ce qu'on lui deman-
dera, mais elle ne veut donner aucune ga-
rantie. La résolution que l'on prête à la Porte
délaisser l'Autriche occuper, si elle le dé-
sire; l'Herzégovine et la Bosnie, semble
fondée, car elle retire toutes ses troupes
• de ces deux provinces pour les concentrer
sur le Danube.
D'autre part, nous apprenons que la Riis-
sieinsiste plus que jamais pour que la Por-
te donne des garanties, et regarde comme
la seule qui soit efficace l'occupation de la
- Bulgarie par les troupes russes. En consé-
quence, la guerre entre les deux puissances
parait de plus en plus inévitable.
On commence même à douter que la
conférence se réunisse jamais. En effet, elle
sera précédée, dit-on, d'une conférence offi-
cieuse des ambassadeurs à laquelle la Tur-
quie ne prendrait aucune part. Cette réunion
préliminaire serait présidée par le général
Ignatieff en sa qualité de doyen du corps
diplomatique. La question traitée tout d'a-
bord serait celle de l'occupation, et du ré-
sultat de ces délibérations dépendrait le
sort de la conférence même. Il est même
£ possible que la guerre éclate entre la Rus-
sie et la Turquie avant cette première réu-
nion. En effet, le général Ignatieff aurait
reçu l'ordre de rompre les relations diplo-
matiques si la nouvelle constitution était
promulguée. Or, la Porte paraît résolue à ne
pas attendre l'ouverture des négociations
pour faire cette promulgation.
Le Nord signale une agitation croissante
parmi les populations helléniques de l'em-
pire turc à Andrinople, le sentiment natio-
nal s'est réveillé avec force. Des collectes
sont faites et leur produit envoyé à titre de
don patriotique dans le royaume de Grèce.
En "Crète, la situation des esprits est tou-
: jours la même, chez les chrétiens comme
chez les musulmans. On semble s'attendre,
de part et d'autre, à une levée de boucliers.
Les autorités turques ont beaucoup de
peine à tenir en bride leurs coreligionnaires
de l'île. Il a déjà fallu, il y a quelques se-
maines, des mesures énergiques de police
pour empêcher une effusion de sang à Can-
die. Une chose curieuse, c'est que musul-
mans et chrétiens sont également hostiles
à l'éventualité d'une occupation britannique
dont le bruit courait depuis quelque temps.
Les mesures de défense prises sur divers
points du littoral de l'île semblent surtout
dirigées en vue d'empêcher une descente
de troupes anglaises. L'effectif des troupes
turques, en Crète, qui était déjà de quinze
r mille hommes, a été notablement aug-
menté.
—
Bourse de Paris
Clature le 4 déc. le 5 dée. Hausse Baisse
» o/o
Comptant.. 69 7'0 1. 69 75 05 .,.,.
Fin cour 69 57 1/2 69 65 07 1/2 \j'\
4 1/2 0/0
Comptant.. 100 60 100 50 10
» w/o
Comptant.. 103.90 104 J. 10 1. 1. 1
fin cour 103 82 1/2 103 92 1/2 10
PETITE BOtmSB DU fcOIR
t
Emprunt 3 0/0. 69 fr. 87 1/2, 80.
Emprwit 5 0/0. 104 fr. 15, 104, 104 06 1/4.
5 0/0 turc 10 fil. 50. NommaI.
Egypte 248 fr. 75, ?46 87.
— ; — — ï
La déclaration des gauches est natur
rellement l'objet des commentaires de la
presse. On comprendra que nous lais-
sions de côté l'appréciation des jour-
naux franchement hostiles pour nous
occuper des autres, et essayer de ré-
pondre à certains reproches qui ne nous
semblent pas justifiés.
Ôn âditquecette déclaration était inop-
portune, intempestive, qu'elle ressem-
blait à un mandat impératif, et qu'elle
était de nature à augmenter les difficul-
tés do la situation. Qu'y a-t-il donc, dans
cette déclaration, dont puisse s'effarou-
cher la pudeur des candidats-ministres
ou se froisser la susceptibité du prési-
dent de la République ? Les trois gauches
ont cru nécessaire de déclarer qu'el-
les n'accorderaient leur concours qu'à
un cabinet « véritablement parlemen-
taire. » On conviendra qu'il eût été
difficile de dire plus et mieux en moins
de mots ; quant à l'opportunité de
cette déclaration, on s'étonne qu'elle
puisse être seulement mise en doute
quand on songe à la façon dont s'est re-
tiré le cabinet Dufaure. Il est notoire que
la Chambre ne voulait pas le renverser;
on n'ignore pas non plus que si le
Sénat l'a fait tomber, c est par hasard,
sans le vouloir. Or, que résulte-t-il, pour
le maréchal, de cette situation? L'im-
possibilité absolue de chercher dans un
vote, soit de la Chambre, soit du Sénat,
une indication sur ce qu'il convient de
faire. Quand un cabinet est renversé ré-
gulièrement par une majorité, c'est, en
général, à la suite d'un ordre du jour
motivé qui constitue une sorte d'aver-
tissement pour le chef de l'Etat, et pour
les futurs ministres un véritable pro-
gramme. Aujourd'hui, rien de pareil ;
et c'est ce qui rendait indispensable la
déclaration des gauches. C'est, àpropre-
ment parler, un ordre du jour.
On a dit encore : Les gauches récla-
ment un cabinet « véritablement parle-
mentaire ; rien de mieux, » mais n'eût-il
pas convenu d'ajouter : et constitution-
nel ? Et l'on rappelle, à ce propos, l'ar-
ticle 6 de la constitution, qui rend les
ministres solidairement responsables
de la politique générale DEVANT LES CHAM-
BRES et non pas devant LA Chambre. Ën
vérité, nous avons peine à comprendre
l'objection, car il nous est impossible
d'imaginer un cabinet qui serait parle-
mentaire sans être constitutionnel, ou
constitutionnel sans être parlementaire,
Soupçonne-t-on les gauches de la Cham-
bre de vouloir une politique de conflits
avec le Sénat, de prétendre à l'omnipo-
tence législative et, par suite, de souhai-
ter un ministère qui ne tienne aucun
compte d'un des pouvoirs publics ? Ce
serait là, en effet, un cabinet anti-cons-
titntionnel ; mais sur ce point le passé
répond de l'avenir, et sans doute on ne
voudra pas soutenir que si quelques dé-
saccords et de nombreuses menaces de
conflits sont survenus entre les deux
pouvoirs législatifs, c'est la Chambre
des députés qu'il en faut rendre res-
ponsable. J.
Invôque-t-pn par hasard la majorité
monarchique @ du Sénat, majorité d'ail-
leurs très-précaire et douteuse, pour
dire qu'un cabinet ne serait pas constitu-
tionnel s'il accédait au vœu des gauches
« et faisait cesser la contradiction en-
tre l'esprit de la majorité du 20 février et
un trop grand nombre de fontionnaires?»
En ce cas, c'est le Sénat qu'on dénonce
comme inconstitutionnel, autant dire
comme factieux. Or, une pareille accu-
sation est assurément bien loin de la
pensée de qui que ce soit.
Ce qu'on peut dire avec bien plus de
vérité, c'est que tout cabinet qui ne sera
pas parlementaire sera, par cela même,
inconstitutionnel. Nous aurions voulu
nous dispenser de citer des noms ; mais
comment ne pas parler, entre autres,
du général Berthaut, en faveur de qui la
presse réactionnaire - - tait - en ce - moment
campagne avec un touchant ensem-
ble et comme si elle obéissait à un mot
d'ordre ? Onréédite, à ce propos, la théo-
rie des ministres à poste fixe, des minis-
tères qui doivent demeurer étrangers
aux fluctuations de la politique et aux
luttes des partis. Il y a longtemps qu'on
a fait justice de cette fantaisie; il nous
suffira, dans l'espèce, de faire obser-
ver qu'il faudrait au moins, pour être
logique, interdire à ces ministres privi-
légiés de s'occuper de politique et ne
plus leur donner voix délibérative dans
le conseil.
Or, il se trouve précisément que M. le
ministre de la guerre s'est signalé, en-
tre tous ses collègues, par son opiniâ-
treté dans la lutte contre la majorité ré-
publicaine de la Chambre. Il s'est fait le
champion de l'intolérance, et très-loya-
lement, du reste, s'est présenté comme
l'ennemi déclaré d'une des conquêtes
les plus chères et les plus sacrées de la
Révolution, la liberté de conscience.
Alors que 360 voix - contre 35 accla-
maientce grand principe, le général Ber-
thaut le repoussait en refusant de s'as-
socier à l'ordre du jour Laussedat. Et
l'on prétendrait le maintenir au minis-
tère de la guerre ? C'est pour le coup que
le cabinet ne serait ni « vraiment parle-
mentaire, » ni aucunement constitution-
nel.
nn résume, nous estiiftons que, loin,
de pouvoir nuire à la solution de la
orise ministérielle, la déclaration des
gauches est de nature à la favorisa en
la simplifiant. Nous igttôfotis si le pré-
sident de la Rêpublque a éprouvé quel-
ques hésitations ; mais ce qui est cer-
tain, c'est qu'à l'heure actuelle elles doi-
vent avoir disparu. Grâce au langage de
la majorité républicaine, on sait désor-
mais que le temps est passé des demi-
mesures, des compromis, des atermoie-
ments. Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est
tout l'un ou l'autre; c'est la pratique
sincère, loyale, complète de la consti-
tution, ou c'est le contraire. C'est un
ministère de droite ou un ministère de
gauche. C'est la République livrée à ses
ennemis ou confiée à ses amis.
A moins qu'on donne la préférence
à une solution indiquée par le spirituel
M. Robert Mitchell dans l'Estafette:
« IL N'Y A RIEN A FAIRE, RIEN ; SI CE
N'EST CONSTITUER AU PLUS TOT UN MI-
NISTÈRE DE CONFLIT PRÉPARANT ET JUS-
TIFIANT UN MINISTÈRE DE DISSOLUTION ! »
A la bonne heure ! Voilà qui est par-
ler ! Quels hommes de ressources que
ces bonapartistes !
E. SCHNERB.
♦
L. A GRISE
Le conseil des ministres s'est réuni hier
à Versailles, sous la présidence de M. le
maréchal de Mac-Mahon. On pensait que le
chef de l'Etat communiquerait au cabinet
les résolutions prises par lui ; aussi atta-
chait-on une grande importance à cette
séance.
M. le président de la République n'est
resté qu'un instant; il a informé les minis-
tres démissionnaires qu'il n'avait pris au-
cun parti et qu'il les priait de rester encore
en fonctions. Il les a convoqués pour samedi
prochain. En assignant une date aussi éloi-
gnée, M. le maréchal de Mac-Mahon a voulu
éviter de réunir inutilement le conseil. Tout
fait prévoir que la crise aura reçu sa solu-
tion avant la fin de la semaine. Dans ce cas,
le conseil sera convoqué afin que le chef
de l'Etat accepte officiellement la démission
des ministres.
Nous devons dire cependant qu'aujour-
d'hui on en est au même point qu'hier. M.
le duc d'AdiffretaPasquier a refusé de for-
mer le cabinet. Cependant M. le président
de la République l'a prié de réfléchir
encore vingt-quatre heures. C'est aujour-
d'hui qu'expire le délai. M. le président du
Sénat est toujours dans les mêmes senti-
ments et sa réponse sera aujourd'hui la
même qu'hier. Il ne veut à aucun prix ac-
cepter la présidence du conseil.
On voit par ces renseignements dont nous
garantissons l'authenticité que rien ne peut
être fait à l'heure présente. Toutes les com-
binaisons mises en avant ne reposent sur
aucun fondement. Personne, autre que M.
le duc Pasquier, n'a encore été appelé à
l'Elysée et n'a conféré avec le maréchal.
Dans l'entourage du président on parle
d'un cabinet d'où seraient exclus MM. Léon
Say, Christophle et de Marcère. Nous n'a-
vons pas besoin de faire remarquer que
cette combinaison n'aurait aucune chance
d'aboutir. Personne dans le centre gauche
ni dans la gauche ne voudrait remplacer des
ministres qui ont la confiance de la Cham-
bre et du pays.
Comme on l'a vu hier, M. Grévy a été ap-
lé à l'Elysée. M. le président de la Répu-
blique voulait le consulter sur l'état des
esprits à la Chambre des députés. M. Grévy
a déclaré au maréchal que la Chambre ap-
puierait un cabinet qui ferait respecter la
constitution et qui gouvernerait avec la mâ-
jorité républicaine. Il a insisté sur la né-
cessité de prendre le ministère à gauche.
Tel est l'état de la question. En présence
du refus persistant de M. le duc d'Audif-
fret-Pasquier, le président de la Républi-
que s'adressera aujourd'hui à d'autres hom-
mes politiques.
—————— ————.—
Un Symptôme
Il y avait, dans une commune de
l'Ain, à Saint-Maurice-de-Gourdarts, Un
instituteur qui jouissait de la considé-
ration générale, qui était fort aimé des
enfants et des pères de famille.
Il fut brusquement déplacé.
Pourquoi? Je n'en sais trop rien.
Mais, à tort ou à raison, les habitants
de la commune s'imaginèrent que. le
curé n'était pas étranger à ce change-
ment ; ils se livrèrent, paraît-il, à quel-
ques manifestations hostiles.
C'était un mauvais moyen. Ils com-
prirent qu'ils faisaient fausse route et
se ravisèrent. Ils étaient tous, en ce pe-
tit pays, voisins et amis. Il leur était
facile de s'entendre; ils se concertèrent
donc et nommèrent des délégués, qui
furent chargés par eux de demander,
au nom de la commune, le déplace-
ment du curé.
Vous pensez peut-être qu'ils furent
mal recus à l'évêché ? Vous vous trom-
pez ; et voilà comme on fait des juge-
ments téméraires.
Ils ne furent pas reçus du tout.
L'Evangile n'a-t-il pas dit qu'il n'est
jamais permis en aucun cas de toucher
à un oint du Seigneur !
De simples laïques avoir l'insolence de
toucher à l'oint?
Que firent les simples laïques 1
Ils prirent un parti héroïque. Ils se
rendirent à Lyon au synode protestant,
et prièrent les ministres de venir évan-
géliser leurcQwmune.
On le leur promit.
Et le dimanche suivant, c'était le 12
du mois dernier » deux pasteurs de la ré-
ligioti réformée vinrent officier à Saint-
îvlaurice-de-Gourdans. Tous les gros bon-
nets de la commune, le maire en tète,
se convertirent en masse. Les adhérents
au nouveau culte sont déjà au nombre de
150. Une commission est chargée de re-
cevoir les adhésions nouvelles.
Veilà un village qui va passer tout
entier au protestantisme. ,
Mon Dieu ! ce serait là, à le bien pren-
dre, une solution commode à bon nom-
bre de difficultés où nous nous débat-
tons.
Que taut-il, après tout, a cette taule
de catholiques tièdes dont je parlais
hier, et qui sont catholiques de nom
plutôt que de foi et de pratique ?
Il faut que les quatre ou cinq vérités
auxquelles ils croient encore, l'existence
de Dieu, l'immortalité de l'âme, la sanc-
tion de la loi morale remise aux mains
d'un être éternel, etc., soient rendues
sensibles à leurr yeux par une forme
quelconque du culte officiel.
Eh bien ! le protestantisme est là pour
recueillir ces épaves d'un faux catholi-
cisme, et il serait bien curieux que tout
ce qui n'est pas ou franchement libre-
penseur, ou déterminément ultramon-
tain, suivît l'exemple que vient de don-
ner la commune de Saint-Maurice de
Gourdans.
On en finirait ainsi bien vite avec les
insolentes tracasseries du clergé, avec
ses prétentions hautaines. On y gagne-
rait beaucoup d'abord comme écono-
mie ; on y gagnerait surtout en repos.
Cette solution étonnera peut-être au
premier abord les lecteurs français. Elle
n'a pourtant rien que de fort naturel et
même d'assez pratique.
Il est clair que toute une nation ne
peut pas, d'un seul bloc, se convertir à
une religion nouvelle. Ces grands ef-
forts exigent plus de foi et plus de zèle
que n'en comporte le tempérament de
notre génération.
Mais ces conversions pourraient de-
venir plus nombreuses et se propager
aisément dans certains centres. Ce se-
raient des conversions politiques. On
garderait la même somme de croyance,
mais en la transportant sous une autre
étiquette, on aurait l'avantage de se dé-
barrasser des intrigues et des intolé-
rances du cléricalisme.
Le clergé catholique va toujours se
vantant de ses trente-cinq millions de
fidèles. Il ne tarderait pas à voir ce que
valent ses assertions, si la plupart de
ceux qui sont, en France, de purs déis-
tes, se rangeaient sous la bannière de
la religion réformée.
On assure que, parmi les ouvriers
parisiens, un nombre- considérable
songe vaguement à cette solution.
FRANCISQUE SARCEY.
-é.
DÉCLARATION DE M. DE BISMARCK
Berlin, 5 décembre.
Après que M. Richter, député au Reichstag,
eut formulé son interpellation relativement au
paiement en or exigé dorénavant par le gou-
vernement russe pour les droits de douane
des marchandises importées de l'étranger, M.
de Bismarck prit la parole, en disant qu'il
se chargeait de la réponse, parce que l'inter-
pellation avait effleuré le domaine de la poli-
tiqué.
J'aurais bien envie de demander à l'inter-
pellant, dit M. de Bismarck, ce qu'il y aurait à
faire, dans cette question, au point de vue éco-
nomique; mais je doute fort qu'il fût en état de
proposer quelque chose. Je suis de son ayis
quand il afrirnle que la Russie fait fausse route
avec sa politique douaniére; niais je suis abso-
lument impuissant pour agir sur la Russie de
façdn à lui faire adopter une voie différente.
Les motifs sur lesquels l'interpellation se base
ne sont pas de nature à faciliter ail gouverne-
ment une action politico-commerciale. Cette
interpellation, ajoute M. de Bismarck, me met
dans le plus grand embarras. Elle gêne mes
efforts pour la conservation de la paix.
On se trompe lorsqu'on croit que la Russie
nous demande immédiatement de grandes com-
plaisances. Cela n'est nullement le cas. LaRus-
sié ne vise pas à de grandes donquêtes. L'em-
usretir Alexandre - a toujours été pour nous un
allié fidèle. La Russie hë nous demande que
notre concours, dans la conférence, pour ob-
tenir l'amélioration de la situation des chré-
tiens de la Turquie, ce à quoi notre empe-
reur et le peuple allemand sont parfaitement
dispôsês. Ce concours est hors de toute ques-
tion. Il est justifié par la sympathie que nous
éprouvons pour des coreligionnaires et par
les exigences de la civilisation. Si la conférence
ne donne pas de résultat, il est probable que
la Russie fera un appel aux armes. La Russie
ne demande pas non plus notre aide pour cette
éventualité; mais persontlô n'exigêra de nous
que nous nous y opposions, puisquil S'agit
d'atteindre un but que nous poursuivons nous-
mêmes. Mêler dans cette affaire des questions
économiques pour un but politique conduirait
à des énormités.
Il est impossible de vouloir se gagner des
amitiés ou de se préparer des inimitiés pour
des questions de douanes. Si l'interpellation
tendait à nous brouiller avec la Russie, comme
on l'a déjà essayé antérieurertient; il faudrait
la regretter. Tant que nous serons à cette
place, vous ne réussirez pas à faire un accroc
a notre amitié sincère pour la Russie, amitié
cimentée par l'histoire. Soyez persuadés que
l'alliance des trois empereurs, mérite toujours
encore son nom, et est encore en pleine vi-
gueur.
De même qu avec la Russie, nous avons avec
l'Angleterre des relations d'amitié qui datent
de plus d'un siècle. Dans la question orientale,
nous avons pris pour tâche d'amener, autant
qu'il nous sera possible, entre les puissances,
une entente, à l'effet de maintenir la paix. Si
la situation actuelle ne présente pas pour nous
une question de guerre, elle nous exhorte
néanmoins aux plus grandes précautions dans
notre conduite.
Nous sommes obligés de maintenir nos
bonnes relations avec les puissances.
Nous ne pourrons intervenir activement que
si l'une ou l'autre des puissances qui sont nos
amies se trouvait sérieusement menacée par
une puissance tierce. Notre position bienveil-
lante envers toutes les puissances a été recon-
nue par toutes et contribuera, je l'espère, à lo-
caliser la guerre. C'est à quoi tendent tous nos
eftorts. Nous pensons que l'on arrivera à apla-
nir les difficultés qui pourraient exister entre
la Russie et l'Angleterre.
LA GRATUITÉ DES ÉCOLES
ET LES
SUBVENTIONS DU MINISTÈRE
Si quelqu'un maintenant comprend
à l'affaire quelque chose, il est bien
heureux.
Nos lecteurs se souviennent peut-être
d'une lettre de M. le préfet de l'Eure,
que nous avons citée au commence-
ment du mois dernier. Il s'agissait des
communes qui avaient voté la gratuité
de leurs écoles primaires, et M. le préfet
les invitait à rétablir la rétribution sco-
laire, à moins qu'elles ne fussent en état
de supporter désormais à elles seules
les frais de la gratuité. Il leur annonçait
qu'à partir du 1er janvier 1877, elles
n'auraient plus à attendre aucun con-
cours de l'Etat. M. le préfet déclarait
agir en vertu d'instructions ministériel-
les du mois de mai dernier.
Nous témoignâmes alors notre éton-
nement et de la lettre de M. le préfet de
l'Eure et des instructions auxquelles
elle se référait, et notre étonnement
nous attira un communiqué du minis-
tère, dont nous reproduisons le texte :
Quelques journaux, rappelant une décision
déjà ancienne, ont pensé que le ministère de
l'instruction pnblique avait l'intention de sup-
primer en 1877 les subventions précédemment
attribuées aux communes qui ont établi la gra-
tuité absolue dans leurs écoles primaires.
Il y a là une erreur qui repose sur* la date de
la décision à laquelle on a fait allusion.
Avant le vote du budget par la Chambre des
députés, le ministère de l'instruction publique
n'accordait en général de subvention sur les
fonds de l'Etat, pour les dépenses de la gratui-
té absolue; qu'aux départements qui faisaient
eux-mêmes des sacrifices pour cet obj et.
La Chambre des députés ayant, par le vote
d'un crédit supplémentaire, manifesté l'inten-
tion d'encourager dans une mesure plus large
l'extension de la gratuité absolue, l'adminis-
tration se propose de répartir la totalité de
son crédit entre toutes les communes qui ont des
écoles gratuites.
C'est dans ce sens que des instructions ont
été déjà données aux préfets, qui se sont en-
quis des intentions du gouvernement.
Que conclure de ce communiqué?
Evidemment que les communes du dé-
partement de l'Eure, aussi bien que
toutes les autres, auront leur part du
crédit de l'Etat et que M. le préfet de
l'Eure avait eu le tort, avant d'écrire sa
lettre, de ne point demander au minis-
tère des instructions nouvelles. On de-
vait s'attendre à voir bientôt une nou-
velle lettre préfectorale toute différente
de la première.
Or, ce n'est point une lettre préfecto-
rale qui est venue, c'est une note publiée
l'autre jour par le Courrier de l'Eure et
qui a les allures etle style d'une commu-
nication administrative, officieuse tout
au moins. Voici cette note.:
Diverses polémiques ayant été soulevées au
sujet de la gratuité de l'enseignement primaire
dans les communes du département, nous
croyons devoir, pour ramener cette question
à sa portée véritable, faire connaître en deux
mots ce qui s'est passé et ce qui se passe à cet
égard.
Quatre ou cinq communes recevaient de
l'Etat des subventions pour la gratuité de ren-
seignement. Le ministre de l'instruction pu-
blique n'a pas jugé à propos de maintenir cet
état de choses, et il a mis le département en
demeure de prendre à sa charge la moitié de
la dépense.
M. le préfet en a fait la proposition au con-
seil général,-qui, sur l'avis de sa commission
de 1 instruction publique, a refusé d'ajouter
cette nouvelle charge à celles que le départe-
ment supporte déjà, en dehors des quatre
centimes spéciaux.
Le ministre de l'instruction publique, infor-
mé de cette décision du conseil général, a re-
fusé à son tour de continuer les subventions.
M. le préfet en a donné avis aux quatre ou
cinq communes dont il s'agit, et leur a tra cé
la marche à suivre en conséquence de cette
mesure.
Nous offrons une récompense hon-
nête à qui viendra à bout de mettre d'ac-
cord cette note et le communiqué dont
nous avons été honorés. Le communi-
qué nous annonçait que toutes les com-
munes qui ont établi la gratuité de leurs
écoles auraient part au crédit de l'Etat.
La note du Courrier de l'Eure nous an-
nonce au contraire que le conseil gé-
néral de l'Eure, « ayant refusé de pren-
dre sa part des dépenses de ces écoles,
le ministère, à son tour, a refusé de
continuer ses subventions. » Laquelle de
ces deux affirmations est la bonne ? La-
quelle est conforme à la réalité ? Ce ne
peut être évidemment que l'affirmation
du communiqué ! Nous serons, en tous
cas, avertis bientôt, puisque, avant
peu, l'exercice 1877 aura commencé.
Il est très-légitime que le départe-
ment concoure à l'établissement de la
gratuité de l'enseignement primaire ;
et partout en effet où les conseils gé-
néraux sont républicains, ils ne man-
quent point à remplir ceaevoir. iviaisn
peut arriver aussi que les conseils gé-
néraux s'y refusent. Et c'est le cas qui
se présente souvent lorsque la majo-
rité des membres, au lieu d'être des ré-
publicains, sont des monarchistes de
toute couleur. Ils savent qu'un pays est
d'autant plus libéral qu'il est moins
ignorant, et naturellement ils ne font
preuve d'aucun zèle pour la propaga-
tion de l'instruction. Qu'arrivera-t-D
donc dans ce cas, et faudra-t-il-que les
communes qui ont témoigné de la bonne
volonté et se sont imposé de gros sacri-
fices pour établir chez elles la gratuité
pâtissent doublement parce qu'elles ont
le malheur d'avoir à la tête du départe-
ment un conseil général réactionnaire ?
Faudra-t-il que non seulement elles
soient privées du concours du départe-
ment, mais en outre qu'elles se voient
privées du concours de l'Etat, précisé-
ment parce que le département leur a
refusé le sien ? - -
Cette façon de châtier les consens
généraux animés de mauvaise volonté
sur le dos des communes innocentes
et pleines de bon vouloir, pour ressem-
bler à beaucoup de procédés adminis-
tratifs, n'en serait pas plus digne d'é-
loges. Si le ministère veut donner une
leçon aux conseils généraux qui ne
remplissent pas leur devoir, ne la don-
nerait-il pas meilleure s'il réservait
pour de telles occasions ses plus abon-
dantes libéralités qu'en les aidant tout
justement à faire réussir leur œuvre de
malveillance ? Ah ! vous avez fait ce qui
dépendait de vous pour empêcher la
gratuité de s'établir ? eh bien ! je vais
vous en punir. en achevant tout à
fait de la rendre impossible !
Encore une fois, nous ne pouvons
croire, quoi qu'affirme le Courrier de
l'Eure, que telle soit l'attitude du mi-
nistère de l'instruction publique. Nous
avons pour nous, non-seulement les
promesses formelles du communiqué,
mais les sentiments personnels bien
connus de M. Waddington. Nous avons
plus encore : la volonté manifeste de la
Chambre, qui, en votant un crédit sup-
plémentaire a manifesté sa volonté de
voir ce crédit plus largement réparti
que l'on n'avait fait jusqu'ici, et la gra-
tuité absolue des écoles encouragée de
plus en plus, en attendant le jour pro-
chain où une loi pourra l'établir par-
tout.
CHARLES BIGOT.
Election sénatoriale de Tarn-et-Garonnè
Quelles influences ont maintenu M. Del-
breil à la melirie de Montauban? Nous l'i-
gnorons, mais ce que le public n'apprendra
pas sans surprise, c'est que le maire actuel
de Montauban est en même temps candidat
de l'opposition monarchiste dans Tarn-et-
Garonne. 1
Une élection sénatoriale aura lieu, en ef.
fet, dans ce département le 17 décembre. Or,
M. Delbreil, dans sa profession de foi, an-
nonce « qu'il accepte avec reconnaissance
la proposition qui lui est faite de représen-
ter tous les conservateurs sans distinction
de nuances, et termine par ce paragraphe
très-suffisamment significatif : « Soumis
aux lois politiques qui nous régissent, j'at..
tendrai sans impatience l'époque, prévue
par la constitution, où le pays doit libre-
ment disposer de ses destinées. A ce mo-
ment solennel, je saurai, n'en doutez pas,
m'inspirer uniquement du bien de la Frânce
et mettre son salut au-dessus de tout autre
intérêt. »
Il ne manque déjà point de bons enten-
deurs à ces sous-entendus. L'Ordre et le
Pays, pour ne citer que ces deux journaux,
soutiennent avec chaleur la candidature de
M. Delbreil. Ce qui démontre une fois de
plus qu'il n'est pas sans inconvénient d'ou-
blier des bonapartistes dans les fonctions
publiques. Voilà le maire d'un chef-lieu de
département passé candidat d'opposition ! et
de quelle opposition ! Sans compter que son
titre officiel lui servira peut-être à égarer les
votes de quelques délégués ruraux, qui
croiront prouver leur confiance au gouver-
nement en donnant leurs suffrages à l'un de
ses fonctionnaires !
Nous espérons que nos confrères répu-
blicains de Tarn-et-Garonne sauront complè-
tement éclairer, sur le cas de M. Delbreil,
les électeurs sénatoriaux. Au reste, le can-
didat des « conservateurs » réunis',a pour
concurrent l'un des hommes les plus recem-
mandables sur qui le choix du .parti répu-
blicain puisse se porter. C'est M. Hippolyte
Rous, ancien représentant du peuple à l'As-
semblée constituante et juge honoraire..
Nous donnons ci-dessous un extrait de sa
circulaire, que tous les bons esprits ne
manqueront pas d'approuver :
Le premier désir, le plus constant souci qui
doive s'imposer à votre représentant, c'est
celui dont vous êtes pénétrés vous-mêmes, ce-
lui de l'affermissement d'un gouvernement li-
bre, prudent et ferme, tel que se montre le
gouvernement de la République, appuyé par
vos élus et placé sous la sauvegarde de l'hom-
me illustre dont le patriotisme et la loyauté
sont un gage de sécurité pour la France en-
tière, M. le maréchal de Mac-Mahon.
Assez fort pour assurer .le repect des lois, le
respect des droits de tous et de la conscience
de chacun, assez généreux pour appeler à lui
tous les hommes de bonne volonté, ce gouver-
nement n'a-t-il pas droit à votre concours ?
N'est-ce pas à lui que vous devez, entre au-
tres bienfaits, vos franchises:municipales et le
droit d'élire vos sénateurs ?
Au dedans comme au dehors, notre patrie,
après ses malheurs, a besoin de la paix, qui
peut seule rendre féconds ses travaux, et tout
d'abord ceux de l'agriculture et de l'industrie.
Ces travaux, qui ont payé sa rançon, n'ont-ils
pas droit à tous nos encouragements ? Et qui
peut mieux que cette paix aider à diminuer les
charges qui pèsent sur tous, faciliter l'aocom-
plissement des réformes utiles, le développe-
ment de la richesse publique et conquérir à la
France la sympathie et l'alliance des nations
voisines, dont elle a déjà gagné l'estime?
A cette paix, il est une condition pourtant :
c'est que toute pensée de parti hostile a nos
institutions, toute idée de restauration, c'est-à-
dire de révolution et d'épreuves nouvelles, soit
écartée, découragée par les électeurs. Le main-
tien assuré de nos institutions, une politique
d'apaisement et de concorde, des lois sages,
des progrès tranquilles, l'union de tous, sous
le gouvernement que le pays a consacré par
ses votes, pour le repos, la prospérité, la
grandeur de la France, telle est, messieurs et
chers concitoyens, l'œuvre à laquelle vos re-
présentants doivent concourir, et à laquelle,
si vous m'en jugez digne, je serai fier de m'as-
Êocier.
HIPPOLYTE Rous,
Juge honoraire, ancien représentant
du peuple.
———-—————— ——————————
Nouvelles d'Orient
Raguse, 4 décembre, soir.
L'armistice a été prolongé de quatre jours.
La forteresse de Nicksich est à toute extré-
mité. elle est assiégée par 5,000 hommes,
sous le commandement de Paulovitch et de
Sociza.
Les raisons mises en avant par le commis-
saire Azarian pour permettre le ravitaillement
de Nicksich n'ont pas été acceptées à Cettigne.
Les Turcs se préparent à faire le ravitaille-
ment par la force.
Manchester, 4 décembre, soir.
Un meeting tenu par les habitants de cette
ville a adopté une resolution tendant à 1 éta-
blissement d'une entente amicale entre 1 An-
gleterre et la Russie dans la question d'Orient.
M. Jacob Bright, frère de M. John Bright, était
au nombre des orateurs. Quatre délégués ont
été nommés pour assister à la conférence na-
tionale qui doit avoir lieu à Londres le 8 dé*
cembre.
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