Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1876-11-12
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 12 novembre 1876 12 novembre 1876
Description : 1876/11/12 (A6,N1797). 1876/11/12 (A6,N1797).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
Sixième Année — No 1797
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Prix du Numéro à Paris : 15 Centimes — Départements : 20 Centimes
Dimanche 12 Novembre 1876
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- JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR - -'- - - < -
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
, de 2 heures à minuit
E* 5», Xi L Lafayette
Les Lettres non affranchies seront refusées.
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PARIS
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Trois mois. té fr.
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Adresser les Lettres et Mandats à l'Administrateur
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Les Manuscrits non insères ne seront pas rendus.
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Six mois. 23 »
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place fie la Bourse, 0
DEPARTEMENTS
Trois mois le fr.
Six mois. 32 »
Un an. 63 »
ANWOflCES : Chez MAL LAGRAXGE, CERF et Cie
1 ae place de la Bourse, 6
MUf. les iooseripteiri don
ft ^oui^eiiient expire le 15 No-
vembre sont priés de I renou.
▼eler SeiasédiateiiEieiit, s'tlf ne
veuleat : fio!»! éprouver de re-
tard dans la réception du jour.
WII. * ,
Les abonnements pour la France
et l'étranger partent du 1er et du 15
de chaque mois. ,
Par suite du nouveau traité
postal, les prix d'abonnement pour
tous les pays d'Europe, la FRANCE
EXCEPTÉE, ont été fixés comme
suit :
3-tnois. 17 francs.
6 mois. 34 —
12 mois. 66 —
Paris, 1-1 novenibre 1876.
Paris, 1-1 nODembre1876.
La Chambre des députés dans sa séance
d'hier a voté les divers chapitres du bud-
get des dépenses du ministère de l'agricul-
ture et du commerce. Au cours de la dis-
cussion, M. Tirard, rapporteur, a demandé
au ministre quelques explications au sujet
de là publication d'une lettre attribuée à M.
Dusommerard. M. Teisserenc de Bort a dé-
claré que cette lettre n'avait jamais existé
et l'incident ii'a pas eu de suite.
Le comte Beaconsfield a profité du ban-
quet donné à Mansion-House en l'hon-
neur du nouveau lord-maire de la Cité de
Londres pour prononcer un grand discours
sur la situation actuelle de la question d'O-
rient. Nous n'avons malheureusement sous
les yeux qub lé résumé télégraphique de
ce discours, résumé que l'on trouvera plus
loin. Évidemment le noble lord s'était pro-
posé de pratiquer une- fois encore le grand
art de parler pour ne rien dire, d'envelop-
la question de « ténèbres éloquentes, »
pour nous servir de l'expression du Times.
Bien que dans la plus grande partie de son
discours, lé comte Beaconsfield se soit
strictement conformé au plan qu'il s'était
tracé, il nous en dit assez cependant pour
nous laisser bien peu d'espoir dans le ré-
sultat pacifique des négociations entamées.
Le noble lord se place tout d'abord sur le
terrain de la stricte observation du traité de
Paris, solennellement sanctionné à Londres
en 1871, et par conséquent il insiste sur le
maintien de l'intégrité territoriale dé la
Turquie. Il passe ensuite en revue les Né-
gociations auxquelles a donné lieu l'insur-
rection de l'Herzégovine et de la Bosnie. Il
rappelle la note du comte Andrassy et ex-
prime en passant Fopinion que l'adoption
des réformes qu'elle, recommandait lui pa-
raît le meilleur moyen d'assurer la pàix
dans la presqu'île des Balkans et l'intégrité
de la Turquie. Puis il explique pourquoi le
gouvernement anglais n'a pas adhéré au
mémorandum de Berlin. « Ce mémorandum,
dit-il, exigeait de la Sublime-Porté l'accom-
plissement de réformes qui étaient impos-
sibles dans la situation où se trouvait le
pays, et indiquait des mesures ultérieures
qui impliquaient forcément l'occupation mi-
litaire de la Turquie, occupation qui eût été
une violation des traités et une atteinte à
l'indépendance et à l'intégrité de cette puis-
sance. » „
Or, on sait à n'en pouvoir douter que la Rus-
sie a toujours réclamé comme un minimum
des concessions à fajrepar la Turquie l'adop-
tion des réformes indiquées dans le mémo-
randum de Berlin, et qu'aujourd'hui elle ne
se contentera pas de ce minimum.D'ailleurs,
en admettant qu'elle s'en contente, la situa-
tion intérieure de la Turquie s'est-elle mo-
difiée dans un sens favorable à l'application
de réformes quelconques? Nous serions dis-
posés à penser exactement le contraire, et
le comte Beaconsfield est de notre avis
puisqu'il justifie l'envoi de la flotte anglaise
dans la baie de Besika par Vanarchie qui
régnait en Turquie. Or, cette anarchie dure
probablement encore puisque le cabinet de
Saint-James n'a pas, que nous sachions, don-
né à la flotte l'ordre de quitter son mouillage
aux portes mêmes de Constantinople.
Nous ne suivrons pas le noble lord dans
l'étude rétrospective à laquelle il se li-
vre. Bornons-nous à signaler encore un
point dans le passé : la proposition qui a été
réellement faite d'une occupation militaire
de la Bosnie et de l'Herzégovine par l'Au-
triche et de la Bulgarie par la Russie.
Quant à l'avenir, le comte Beaconsfield se
croit autorisé à dire que toutes les puissan-
ces ont consenti à prendre part à la confé-
rence proposée par l'Angleterre. Nous au-
rions aimé, qu'il s'étendit Un peu plus sur
ce point et qu'il nous annonçât en même
temps que tous les cabinets se sont 'mis
d'accord' sur un programme bien défini.
Nous aurions aimé surtout qu'il ne ter-
minât pas son discours en exprimant fai-
blement l'espoir que l'on arrivera à s'en-
tendre sans guerre, et nous disons faible-
ment parce que la péroraison roule tout
entière sur les ressources militaires dont
pourrait disposer le Royaume-Uni en cas de
guerre.
Les dépêches de New-York adressées à
l'agence Havas laissent encore subsister
quelques doutes sur l'élection de M. Tilden
à la présidence des États-Unis. Nous
croyons pouvoir affirmer que cette élection
est certaine.
}'ou.rse de Paris
Clôture • le 9 nov. le 10 nov. Hausse Baisse
30/0
comptant. 9-3 îl 80 10
Fin cour 71 93 71 87 1/2 07 1/2
4 1/2 O/O
Comptant.. 101 20 100 80 40
5 O/O
Comptant, 105 30 ! 05 30 .,.
Fin-cour. 105 105 25
PETITE BOURSE DU SOIR
Emprunt 3 0/0. 71 fr. 83.
Emprunt 5 0/0.. ;>.. 105 fr. 2i 1/2, Sô, 22 1/2.
Egyptien. 2?G fr. 25, 240.
Voilà qui est entendu : le ministre
des finances est partisan de l'égalité du
droit des deux Chambres en matière
budgétaire; il l'a fait savoir à la com-
mission du Sénat, et déjà l'opposition
chante victoire. « Nous vous l'avions
bien dit, s'écrient les journaux de la
droite. Inclinez-vous, le gouvernement
a parlé, et le Sénat va s'empresser'de
rétablir le traitement des aumôniers mi-
litaires que la Chambre des députés s'est
permis de supprimer. »
Eh bien ! non ; ce n'est point cela du
tout; et les pauvres aumôniers auront
eu une fausse joie. Demandez plutôt au
Journal des Débats; il ne consacre pas
moins de trois colonnes à démontrer
qu'au total la concession du ministre
est purement illusoire. « Sans doute, dit
l'organe ministériel, la pratique parle-
mentaire de nos Assemblées et l'exem-
ple des peuples habitués au fonctionne-
nement d'institutions libres assurent à
la Chambre haute le droit contesté en ce
moment à notre Sénat ; mais qu'im-
porte? Le Sénat rétablira les crédits
supprimés par la Chambre ? La belle af-
faire ! La Chambre en sera quitte pour
délibérer une seconde fois ! »
Mais il convient de citer textuelle-
ment les Débats:
« Si, malgré les remontrances du Sénat, la
Chambre persiste à supprimer un crédit quel-
conque, ce crédit tombera de lui-même, puis-
qu'il faut l'accord des deux Assemblées pour
faire une loi financière aussi bien que toute
autre loi. Ainsi, même en laissant au Sénat un
rôle actif dans la discussion et dans la confec-
tion du budget, la Chambre conservera en
dernier ressort le pouvoir énorme d'enlever,
lorsqu'elle le jugera utile, le traitement de
tout un ordre de fonctionnaires. Mais - et
c'est l'unique garantie que la constitution
prenne contre les entraînements de la majo-
Pl té - elle ne pourra pas le faire au moyen
d'une seule discussion et d'un seul vote : si le
Sénat rétablit le crédit enlevé par elle, elle de-
vra procéder à un second débat avant de
maintenir sa résolution. Est-ce vraiment trop
exiger? Est-ce prendre trop de précautions
contre les fautes que les Assemblées les plus
honnêtes et les plus éclairées commettent
quelquefois? »
Nous reviendrons tout à l'heure sur
les conclusions du ministre des finan-
ces ; mais auparavant on nous permet-
tra d'ajouter quelque mots aux obser-
vations qui nous ont été inspirées par
ce que le Journal des Débats appelle
« les arguments tirés de la pratique
parlementaire de nos Assemblées, » et
« l'exemple des peuples habitués au
fonctionnement d'institutions libres. »
Oui, la Chambre des pairs, sous la
la Restauration et le gouvernement de
Juillet, s'est attribué le droit d'amen-
der les budgets votés par la Chambre;
mais il nous semble absolument impos-
sible d'établir les moindres parallèles
entre les Chambres hautes sous le ré-
gime monarchique et la Chambre haute
actuelle. Sur ce point, d'ailleurs, nos
contradicteurs sont, plus qu'ils ne le
pensent, d'accord avec nous. En effet,
quand nous leur citons l'exemple de
l'Angleterre, où l'imposition de toutes
les taxe's doit procéder originairement
de la Chambre des communes, ou les
lords ne peuvent prendre l'initiative
d'aucun bill de fonds et ne peuvent
apporter aucun changement au budget,
ils nous répondent: « C'est vrai, mais
la Chambre des lords n'émane point du
suffrage des électeurs, elle n'a pas de ra-
cines dans le pays; il est donc assez natu-
rel qu'elle ne participe point au vote
du budget. » J
Nous sommes absolument du môme
avis. Mais ce qui est vrai de la Chambre
des lords en Angleterre ne l'est pas
moins des Chambres hautes dont la
France a été gratifiée sous les régimes
monarchiques qui se la disputent de-
puis quatre-vingts ans. Est-ce que la
Chambre des pairs sous Louis XVIII,
Charles X ou Louis-Philippe était une
émanation du pays ? Et pourtant elle
s'attribuait le droit d'amender le bud-
get; et c'est sur ce précédent qu'on se
fonde pour attribuer le même droit au
Sénat actuel ! La contradiction est fla-
grante.
Si maintenant nous arrivons aux con-
clusions du Journal des Débats, qu'y
voyons-nous? Hier, nous disions que
1 article 8, au sens où prétendent l'in-
terpréter les organes de la droite, serait
une mystification pour laChambre ; au-
jourd hui, nous devons ajouter qu'il
serait 'une mystification pour le Sé-
nat, s il devait être interprété dans le
sens indiqué par les Débats. Eh ! quoi ?
ce fameux droit qu'on réclame si vive-
ment d'une part, et que de l'autre on
conteste avec tant d'ardeur, se rédui-
rait à un droit de conseil ? Un vote du
Sénat rétablissant un crédit supprimé
par la Chambre aurait pour unique effet
d'entraîner la nécessité pour les dépu-
tes de procéder à un second débat ? El
si ce second débat donnait les mêmes
résultats que le }wellller;'le Sénat en se-
rait pour ses frais de vote et de conseil ?
Mais alors on reconnaît qu'en matière
de budget le dernier mot doit toujours
rester à la Chambre des députés ! Et,
dans ce cas, que devient la théorie de
l'égalité du droit des deux Chambres
dans toutes les questions, môme les
questions de finances?
La théorie du ministre, ou du moins
du Journal des Débats, revient à ceci :
en matière de budget le Sénat a le droit
d'imposer à la Chambre une seconde
délibération. Or, on conviendra que c'est
donner à l'article 8 un sens que l'inno-
cent M. Wallon était loin de prévoir. Les
Débats reconnaissent eux-mêmes, avec
un. peu de cruauté, que le père de la
constitution du 25 février en a cueilli
tous les articles de ci,de là,dans les cons-
titutions existantes; et'rien n'est plus
jute. Or, c'est précisément ce qui met
à l'abri de toute interprétation son fa-
meux article 8. On le retrouve à peu
près textuellement dans toutes les cons-
titutions, et dans aucune il n'a le sens
que les Débats lui prêtent.
Ce n'est point dans l'article 8 de la
loi relative à l'organisation du Sénat,
c'est dans l'article 7 de la loi sur les
rapports des pouvoirs publics que le
législateur a prévu le cas où une se-
conde délibération pourrait être impo-
sée aux Chambres. Voici en effet ce que
dit cet article 7 :
« Dans le délai fixé pour la promulga-
tion, le président de la République peut,
par un message motivé, demander aux
deux Chambres une nouvelle délibéra-
tion qui ne peut être refusée. »
On pourra patrociner jusqu'à la Pen-
tecôte, on pourra entasser les textes, les
citations, les. souvenirs historiques, on
n'arrivera pas à d'autre conclusion lo-
gique et conforme à la lettre comme à
l'esprit de la constitution que celle-ci :
Le président de la République est
toujours libre de demander une seconde
délibération aux Chambres, et il n'est
nul besoin pour cela d'un vote quelcon-
que du Sénat. Mais quoi qu'on fasse,
la Chambre des députés est souveraine
en matière de finances ; à elle seule
appartient le droit de voter ou de sup-
primer des crédits.
A Et comme correctif à ce droit, qui,
nous le reconnaissons, 'pourrait,en cer-
tains cas présenter des dangers, le Sé-
nat partage avec le chef de l'Etat un
droit non moins redoutable, celui de
dissoudre la Chambre.
En somme, c'est là, toujours là qu'il en
faut revenir. Peut-être a-t-on souvenir
de ce qui se passait dans les commis-
sions de permanence de l'Assemblée na-
tionale présidées par M. Buffet. Dès
qu'un membre de la gauche formulait
une réponse à l'adresse de quelque mi-
nistre et insistait un peu trop vivement,
M. Buffet l'arrêtait : « La commission n'a
qu'un droit, disait-il, et non sans raison,
hélas ! celui de convoquer l'Assemblée.
Est-ce là votre intention ? » A notre tour
nous disons au Sénat, la loi en main :
« Vous ne pouvez rien contre la Cham-
bre en matière de finances; vous ne
pouvez rien que la dissoudre si le pré-
sident veut y consentir. C'est à vous de
voir s'il vous convient de recourir à
cette extrémité pour sauvegarder l'ap-
plication de la loi des aumôniers, une
loi que les Débats eux-mêmes appellent
une loi fâcheuse, pour laquelle des es-
prits très-modérés ont de la peine à
éprouver le moindre enthousiasme.
E. SCHNERB.
LE P ARLEMENT
COURRIER DE LA CHAMBRE
Versailles, 10 novembre 1876.
Ministère de l'agriculture et du com-
merce. Il faudrait Virgile pour chanter ce
budget et en décrire les beautés. Il est doux,
il est aimable, il est riant, il ne soulève pas
la plus microscropique tempête.
M. Teisserenc de Bort, l'heureux minis-
tre de cet heureux budget, æt""iin homme
gracieux, bienveillant, travailleur cons-
ciencieux, qui serait heureux d'être agréa-
ble à tout le monde; il parle à voix basse,
comme s'il craignait de réveiller les vieilles
nymphes de son budget et les jeunes échos
de la salle.
M. Tirard est un rapporteur clair, suc-
cinct, qui a eu, dans sa vie parlementaire,
assez de succès de tribune pour dédaigner
la flânerie oratoire, c'est-à-dire l'occasion
que lui offre un budget de cueillir de faciles
lauriers au détriment du temps de ses col-
lègues.
De temps à autre, un député présente une
observation, discrètement, comme un hom-
me qui ne voudrait pas abuser de l'assou-
pissement de ses collègues.
M. des Rotours, qui ne laisse jamais
échapper une réclame électorale, cause un
peu des sucres. Au fait, il y a bien long-
temps qu'on n'a point parlé des sucres ! Où
en est la convention internationale? Nul ne
le sait. — Ayez confiance, répond le mi-
nistre. — V oiià trois ans qu'on a confiance;
ce doit être passé à l'état d'habitude.
M. de Tillancourt serait d'av s qu'on en-
seignât la pisciculture dans les écoles d'a-
griculture. Y voyez-vous un inconvénient?
Au point de vue politique, nous n'en voyons
aucun.
! M. de Pompéry affirme que les concours
régionaux décernent beaucoup trop souvent
là prime d'honneur à « l'agriculture de
luxe. » C'est celle qui produit des pêches
grosses comme des citrouilles et des poti-
rons qui font honte au dôme des Invalides.
Nous serions d'avis, nous, qu'on accordât
la prime d'honneur au mouton qui aurait
les côtelettes les plus tendres. Mais voilà.
c'est qu'on ne peut pas savoir d'avance !
De son côté, M. le rapporteur adresse
quelques recommandations à M. le minis-
Lre; une entre autres, fort, intéressante pour
le commerce de Bordeaux, est relative aux
courtiers maritimes bordelais. -.: C'est sim-
ple comme bonjour, mais très-compliqué;
il suffit de posséder la question pour la
comprendre. Nous ne nous risquerons pas
à en parler.
Ce que nous avons bien saisi, c'est la pe-
tite explication concernant M. Dusomme-
rard. Vous vous souvenez sans doute? cette
.correspondance intime que publia un jour-
nal allemand et dans laquelle notre com-
missaire général à Philadelphie traitait par
dessous jambe les Américains; on s'en
émut partout, même en haut lieu — où l'on
n'a guère l'habitude de s'émouvoir! —et
.une note insérée au Journal officiel déclara
qu'on attendait le retour dudit fonction-
naire, momentanément absent, pour avoir
des explications et statuer en connaissance
de cause. Depuis lors, le Journal officiel
est resté muet.
M. Tirard réclame la fin de l'histoire; il
la réclame d'autant plus instamment que
M. Busommerard n'a pas été le commis-
saire général qu'on pouvait espérer, se dis-
pensant d'aller à Philadelphie et prêtant le
moins d'aide possible à nos exposants.
Il pa*^ que tout cela, c'est une querelle
d'Allemand. M. Dusommerard n'a même pas
eu l'idée que cette correspondance pût être
prise au sérieux ; il l'a déclarée apocryphe et
l'a désavouée de la façon la plus formelle dans
une lettre adressée au ministre. Quant à la
fonction de commissaire général. eh bien,
elle est honorifique ! Pourvu qu'on soit à
la gloire, il bien inutile d'être à la peine.
C'est une vieille devise de Jeanne Darc qui
a été truquée, comme disent les mar-
chands, au musée Cluny. (liselit le:, Mar-
v
PAUL LAFARGUE.
Élclios de la OïiamTbx^e
L'Union républicaine de la Chambre des dé-
putés s'est réunie hier sous la présidence de
M. Lepère.
Sur la proposition de M. Edouard Millaud et
après une discussion approfondie à laquelle
ont pris part MM. Boysset., Esciwguel, Tiersot,
Allain-Targé et Millaud, l'Union républicaine
a décidé de nommer une commission pour étu-
dier le projet relatif aux chambres syndicales.
Cette commission, qui a été nommée aussitôt
est composée de MM. Millaud, Greppo, Nadaud,
Lockroy, Boysset, Canlagrel, Rouvier, Masure
et Desseaux.
M. Chevandier a saisi ensuite la réunion de
questions relatives aux honneurs funèbres à
rendre aux membres de la Légion d'honneur.
M. Chevandier a été invité à s'entretenir
avec les ministrescompélents avant de rédiger
une proposition sur ce sujet.
A la fin de la séanc e, l'Union républicaine a
confirmé les pouvoirs de son bureau jusque la
fin de l'annéè.
*
¥ #
La sous-commission chargée de la révision
et de la codification des lois sur la presse s'est
réunie hier.
Elle a entendu ceux de ses membres qui
avaient été chargés pendant les vacances de
préparer les bases et l'ordre de ses travaux.
Elle s'est ensuite ajournée au 14 novembre, à
une heure, pour arrêter une première distri-
bution des matières et discuter le rapport som-
maire qui devra être présenté à la commis-
sion tout entière.
M. Lisbonne a été nommé président de la
sous-commission, et, en cette qualité, il reste
chargé de toutes les convocations ultérieures.
*
* *
La commission du budget a continué, dans
sa séance d'hier, l'examen du budget du minis-
tère de l'intérieur, en ce qui concerne le trai-
tement des petits employés dans les préfec-
tures.
Cette intéressante question n'a pas encore
été épuisée.
La commission paraît avoir renoncé à man-
der dans son soin M. le ministre des finances
pour s'expliquer avec lui au sujet des attribu-
tions du Sénat en matière budgétaires M. Bar-
doux a été seulement chargé de faire auprès
de M. Léon Say une démarche officieuse à la
suite de laquelle la commission du budget dé-
cidera ce qui lui convient de faire.
* -
11-
La commission d'initiative doit statuer pro-
chainement sur la proposition de M. Marcou
relative à la mise en accusation des hommes
du 2 Décembre.
La commission se prononcera contre la prise
en considération. Mais M. Pascal Duprat, au
nom de la commission, au nom de la moralité
publique, fera de son rapport un réquisitoire
contre les auteurs et les complices de ce cri-
minel attentai. — ,-' r ;
*
* # -
Une proposition de loi rédigée par M. Flo-
quet, signalant dans son exposé des motifs les
graves abus commis par la police des mœurs
et portant réorganisation complète de ce ser-
vice, se couvre, paraît-il, de signatures.
Elle sera déposée prochainement sur les hu-
reaux des deux Chambres.
EMMANUEL ARÈNE.
;
M. l'evêque d'Orléans vient d'adres-
ser, à l'exemple de la plupart des évê-
ques de France, une lettre aux fidèles
de son diocèse pour les inviter à venir
aux universités catholiques. Celle dont
resort le diocèse d'Orléans est l'univer-
sité de Paris. Nous n'aurions rien à
dire de ce mandement s'il se bornait à
célébrer les universités épiscopales ;
mais M. Dupanloup ne serait plus M.
Dupanloup s'il ne mêlait à l'encens qu'il
offre à ses amis quelques coups de
crosse, à l'adresse de ses adversaires.
Suivant M. Dupanloup, ce que la jeu-
nesse, en dehors de l'enseignement ca-
tholique, est exposée à rencontrer à Pa-
ris, c'est l'athéisme, c'est le matéria-
lisme et autres monstres malfaisants, et
avec eux la corruption morale. Et com-
me en dehors des universités catholi-
ques il n'existe en France que les uni-
versités de l'Etat, ce sont celles-ci na-
turellement qui sont matérialistes et
athées, et qui sont responsables de la
perdition de la jeunesse.
M. Dupanloup déclare avoir reçu
quantité de lettres de païens désolés qui
lui faisaient confidence de leurs dou-
leurs paternelles. Leurs enfants étaient
revenus après avoir laissé dans la grande
ville et leur moralité et leurs croyances
religieuses. La chose ne nous étonne
pas, et si M. Févêque d'Orléans nous
permet de le lui dire, nouscraignonsbien
que le malheur n'arrive encore aussi
bien après l'établissement des univer-
sités catholiques qu'auparavant.
Il y a eu et il y aura de tout temps dans
chaque génération un certain nombre
d'êtres faibles ou nés avec des instincts
vicieux, ou auxquels a manqué la pre-
mière éducation morale. Nous serions
bien surpris si l'enseignement des uni-
versités catholiques venait à bout d'em-
pêcher ces jeunes gens-là de mal tour-
ner, et nous commencerions à croire
aux miracles. Trop d'exemples sent là
pour nous apprendre chaque jour que
les bonnes mœurs ne vont pas-toujours
même avec les croyances, même avec
les pratiques des doctrines dites reli-
gieuses, et sans avoir prétendu au don
céleste de prophétie, nous osons prédire
que l'on verra plus d'un élève des sacro-
saintes universités catholiques faire lui
aussi par son inconduite la désolation de
sa famille.
Quant à la perte des croyances catho-
liques, nous croyons qu'ici également
M. l'évêque d'Orléans se fait quelque
illusion. On ne croit pas ce que l'on
veut, mais ce que l'on peut, et ce n'est
pas à un savant éyêque que nous au-
rions la prétention d'apprendre que la
foi est un don du ciel. On ne fait pas à la
curiosité humaine sa part, et cette curio-
sité, c'est le besoin même qui pousse
l'homme à chercher la vérité.
Nous savons bien que la science que
l'on enseigne dans les universités ca-
tholiques sera une science trés-épurée
et très-mitigée ; mais oh n'enseigne pas
impunément la science, si peu qu'on
l'enseigne ; la méthode scientifique a la
rigueur à laquelle on .n'échappe pas, et
l'esprit des jeunes gens qu'on aura ha-
bitués, si peu que ce soit, à user de leur
raison, franchira lui-même les bornes
qu'on aura eu la prétention de leur im-
poser; il- sautera par-dessus tous les
fossés dans lesquels on aura voulu l'en-
clore.
Ce qui nuit surtout à la religion en
notre siècle, ce ne sont pas seulement
les singuliers spectacles prétendus reli-
gieux auxquels nous assistons ; c'est
le progrès de la science : c'est l'impos-
sibilité où l'on se trouve, quelque pro-
blème qu'on étudie, historique, philo-
sophique, politique, géologique, physio-
logique, astronomique, de mettre les so-
lutions de la Bible et de l'Eglise d'accord
avec les exigences de la raison et les
données" de l'expérience. C'est là cequi
force à vingt ans tant de jeunes gens
élevés dans des familles catholiques, et
qui ne demanderaient pas mieux que
de rester fidèles à ce qu'on nomme la
foi de leurs pères, à rejeter des symbo-
les qu'ils voient en contradiction mani-
feste avec la réalité.
Le catholicisme subit aujourd'hui le
retour d'un état de choses dont il a bé-
néficié il y a dix-huit cents ans. Il ap-
portait alors au monde une formule
morale supérieure au paganisme dégé-
néré, et cette formule attirait à lui les
âmes d'élite ; ces âmes d'élite ont ail-
leurs aujourd'hui une formule intellec-
tuelle et morale supérieure à la sienne.
Les professeurs des universités libres
arrangeront dans d'ingénieux compro-
mis la géologie avec les six jours de la
création, le déluge universel avec ré-
volution du globe, Josué avec le systè-
me de Laplace, la théorie du miracle
avec la fixité des lois de la nature, la
transsubstantiation avec les principes
de la chimie.
Us ne feront pas que les élèves intel-
ligents se contentent de ces compromié.
La logique est trop forte, la-raison hu-
maine est trop nobte et trop conséquente
avec elle-même pour, que la jeunesse
des universités catholiques ne tire pas,
malgré qu'on en dise, les conclusions
nécessaires des prémisses qu'on lui
présentera. Il sortira peut-être plus
d'hypocrites des universités catholiques
que des autres; il n'en sortira pas beau-
coup moins d'incrédules. Beaucoup
viendront à nous des jeunes gens élevés
par les soins pieux et le patronage de
nosseigneurs les évêques de France :
ce ne seront ni les moins distingués
par l'intelligence, ni ceux qui vaudront
le.moins par le cœur. Leurs professeurs
et leurs patrons les regarderont avec
l'étonnement effaré de la poule qui a
couvé de jeunes canards. Ce n'est peut-
être pas la moindre surprise que nous
réserve la fondation des universités ca-
tholiques. -
CHARLES BIGOT.
—
Nouvelles d'Orient
Constantinople, 9 novembre, 8 h. 45, s.
La nouvelle constitution, comprenant 220 ar-
ticles, sera publiée prochainement.
La Porte a notifié aux ambassadeurs des
puissances intéressées sa décision d'étendre
provisoirement aux paquebots-poste l'inlepùic-
tion d'entrer pendant la nuit dans les Darda-
nelles et le Bosphore.
Constantinople, 9 novembre, 8 h. soir.
La Porte a décidé d'organiser un bureau
de statistique générale. Elle a invité M. Pous-
lowski, ex-secrétaire général du congrès de
statistique de Saint-Pétersbourg, à venir orga-
niser ce bureau et à en prendre la direction.
Hier, une dépulation de musulmans, con-
duite par le général Chevket Pncha, a présen-
té au général hongrois Klapka une adresse
exprimant la reconnaissance des musulmans
et leurs senlirperils d'amitié pour les Hongroise
irl'occasion des démonstrations desétucfianls
de Pesth en faveur de la Turquie. -
Les ministres tiennenl de fréquents conseils
dans lesquels ils s'occupent de la question des
réformes.
La Porte ne s'est pas encore prononcée au
sujet de la conférence. t
Moscou, 9 novembre, soir.
L'empereur et l'impératrice, venant de Li-
vadia, sont arrivés ici. **"
Le grand-duc héritier est également arrivé.
Le Times reeoil de Tienne le télésrammo
suivanl : '-' w
L'Italie a accepté la conférence propo=ée.par
l'Angleterre, avec la seule réserve qu elle sera
également acceptée par les autres puissances.
Le Times publie enfin une dépêche de Berlin
dans laquelle on dit que la Russie désire vive-
ment obtenir une réunion préliminaire" dè la
conférence à Constantinople; mais elle préfé-
rerait une autre capitale pour la seconde oon-
férence. - - -
Londres, 10 novembre..
La Russie d'abord, l'Autriche ensuite, ont
officiellement adhéré au projet de confé-
rence.
Chacune des autres puissances ayant déclaré
qu'elle acceptait le projet s'il était admis par
tous les cabinets de l'Europe, lord BorJs",
field a pu dire hier qu'il se croyait autorisé à
annoncer- que toutes les puissances consen-
taient à prendre part à la conférenci. 1
, - ik
Bruxelles, 10 novembre.
Le Nord dit que le discours du comte de
Beaconsfield est indécis. L'organe russe voit
une contradition entré l'idée d'une améliora-
tion effective du sort des chrétiens et l'indé-
pendance de la Turquie, avec la signification
que ce mot a pour les autres Etats. Le Nord
demande ce qu'est devenue l'indépendance
de la Turquie dans le programme anglais. Il
blâme le comte de Beaconstield d'avoir ,-, dit que
l'Angleterre était prête à la guerre.
Contrairement aux assertions du Daily Tele-
graph, du Times et du Temps, le Nord dit que
la Russie maintienf son adhésion au program-
me anglais. Il est inexact qu'une entrée eu
campagne de la Russie soit imminente; la
Russie continue seulement à prendre certaines
mesures de précaution pour ne pas être pris
au dépourvu. •> - -
Bucharest, 10 novembre.
Sur la demande d'un sénateur, le ministre a
promis de soumettre la correspondance diplo-
matique au Sénat dans quelques jours.
Pola. 10 novembre.
Le navire cuirassé Don Juan d'Austria par-
tira demain pour l'Orient. La corvette Danube
le suivra sous peu. - ..3
Une dépêche officielle donne la nouvelle
version suivante de la manifestation qui a eu
lieu à l'occasion du retour du roi GeOf!!Qi) en-
Grèce. - - - < „ re," -ù', -.
L'Agence russe nous communique la dépê-
che suivante : -
Saint-Pétersbourg, 10 novembre, 4 h., s.
Le Journal f rançais deSaint-Pâtersbourcjjirê-*
vient ses lecteurs contre les nouvelles publiées'
par l'agence Havas et la Gazette de Cologne,
lesquelles prétendent que les propositio,ns.an-
glaises sont qualifiées impossibles en Russie,
nommément par le Golos, que le grand du!?
Nicolas partira dimanche pour allelvprendre la
commandement en chef de l'armée du Sud, ac-
compagné des généraux Népokoitchiskr com-
me elief et Novitzkv ; enfin, que
l'empereul' Alexandre doit passer" mardi tine
grande revue des troupes à Saint-Pétersbourg.
Toutes ces nouvelle- sont à démentir for-
mellemenf.
4F 11—
L'AVENUE PIERRE-CORNEILLE
M. Gilbert Thierry, le fils de M. Amé-
dée Thierry, vientcfenvoyer au conseil
municipal une pétition" couverte de
nombreuses signatures, où il demanda
que l'avenue qui doit conduire de la
Comédie-Française à l'Opéra, et que
l'on perce en ce moment, reçoive le
nom d'avenue Pierre-Corneille.
Je dois dire tout d'abord que si la
municipalité parisienne avait conservé
les habitudes d'autrefois, je ne me serais
point associé à ce vœu. Jadis les rues,
qui étaient baptisées par Je peuple, ti-
raient leur nom soit de la place qu'el-
les occupaient, soit de quelque détail
pittoresque qui les distinguait des au-
tres, soit du commerce qui s'y taisait,
soit même, mais beaucoup plus rare-
ment, de la personne qui les avait ou-
vertes ou qui même y avait habité. r
C'est ainsi que la rue Chaussée-d'Antin
rappelle encore le souvenir de la rivière
qui passait le long du terrain du nouvel
Opéra, que la rue aux Ours témoi-
gnait du nombre d'oies qui s'y flam-
baient chez les rôtisseurs, que la Butte
des Moulins représentait à la mémoire
des Parisiens les moulins qui tour-
naient leurs ailes sur ces liautelirs.
Ces désignations me paraissaient ex-
cellentes, et je souhaiterais qu'on les
eut conservées. Elles redisaient l'his-
toire du vieux Paris et déposaient de
ses changements successifs auprès des
générations suivantes. '-
Elles avaient encore ce mérite d'indi
quer précisément le quartier d'oit elles
ressortissaient. Il est trop clair que la
rue de la Roquette conduit à la - Ro-
quette; qu'il faut chercher la rue de
l'Odéon dans les' environs du second
Théâtre-Français, et la place de l'Arc-
de-Triomphe autour du monument.
A ce compte, le nom d'avenue de
V Opéra serait le mieux choisi, puisqu'il
s'agit en effet dé désigner Une voie qui
aboutit au nouvel Opère.
Mais, à tort ou à raison, l'habitude
- ", -
Prix du Numéro à Paris : 15 Centimes — Départements : 20 Centimes
Dimanche 12 Novembre 1876
':" t
- ,, f
*• •> , w t .-.
- JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR - -'- - - < -
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
, de 2 heures à minuit
E* 5», Xi L Lafayette
Les Lettres non affranchies seront refusées.
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois 13 fr.
Six mois 25 »
Un an. 50 »
DEPARTEMENTS
Trois mois. té fr.
Six mois; :ïiâ '»
Un arT. -eâ
-'J',
AHHOWCES : Chez MM. LAGRANGE, CE
ADMINISTRATION
Adresser les Lettres et Mandats à l'Administrateur
rue de Lafayette, eis
Les Manuscrits non insères ne seront pas rendus.
AROttNEMENTS '.:
PARTS' .,
Trois mois « 3 fr.
Six mois. 23 »
Un an so »
place fie la Bourse, 0
DEPARTEMENTS
Trois mois le fr.
Six mois. 32 »
Un an. 63 »
ANWOflCES : Chez MAL LAGRAXGE, CERF et Cie
1 ae place de la Bourse, 6
MUf. les iooseripteiri don
ft ^oui^eiiient expire le 15 No-
vembre sont priés de I renou.
▼eler SeiasédiateiiEieiit, s'tlf ne
veuleat : fio!»! éprouver de re-
tard dans la réception du jour.
WII. * ,
Les abonnements pour la France
et l'étranger partent du 1er et du 15
de chaque mois. ,
Par suite du nouveau traité
postal, les prix d'abonnement pour
tous les pays d'Europe, la FRANCE
EXCEPTÉE, ont été fixés comme
suit :
3-tnois. 17 francs.
6 mois. 34 —
12 mois. 66 —
Paris, 1-1 novenibre 1876.
Paris, 1-1 nODembre1876.
La Chambre des députés dans sa séance
d'hier a voté les divers chapitres du bud-
get des dépenses du ministère de l'agricul-
ture et du commerce. Au cours de la dis-
cussion, M. Tirard, rapporteur, a demandé
au ministre quelques explications au sujet
de là publication d'une lettre attribuée à M.
Dusommerard. M. Teisserenc de Bort a dé-
claré que cette lettre n'avait jamais existé
et l'incident ii'a pas eu de suite.
Le comte Beaconsfield a profité du ban-
quet donné à Mansion-House en l'hon-
neur du nouveau lord-maire de la Cité de
Londres pour prononcer un grand discours
sur la situation actuelle de la question d'O-
rient. Nous n'avons malheureusement sous
les yeux qub lé résumé télégraphique de
ce discours, résumé que l'on trouvera plus
loin. Évidemment le noble lord s'était pro-
posé de pratiquer une- fois encore le grand
art de parler pour ne rien dire, d'envelop-
la question de « ténèbres éloquentes, »
pour nous servir de l'expression du Times.
Bien que dans la plus grande partie de son
discours, lé comte Beaconsfield se soit
strictement conformé au plan qu'il s'était
tracé, il nous en dit assez cependant pour
nous laisser bien peu d'espoir dans le ré-
sultat pacifique des négociations entamées.
Le noble lord se place tout d'abord sur le
terrain de la stricte observation du traité de
Paris, solennellement sanctionné à Londres
en 1871, et par conséquent il insiste sur le
maintien de l'intégrité territoriale dé la
Turquie. Il passe ensuite en revue les Né-
gociations auxquelles a donné lieu l'insur-
rection de l'Herzégovine et de la Bosnie. Il
rappelle la note du comte Andrassy et ex-
prime en passant Fopinion que l'adoption
des réformes qu'elle, recommandait lui pa-
raît le meilleur moyen d'assurer la pàix
dans la presqu'île des Balkans et l'intégrité
de la Turquie. Puis il explique pourquoi le
gouvernement anglais n'a pas adhéré au
mémorandum de Berlin. « Ce mémorandum,
dit-il, exigeait de la Sublime-Porté l'accom-
plissement de réformes qui étaient impos-
sibles dans la situation où se trouvait le
pays, et indiquait des mesures ultérieures
qui impliquaient forcément l'occupation mi-
litaire de la Turquie, occupation qui eût été
une violation des traités et une atteinte à
l'indépendance et à l'intégrité de cette puis-
sance. » „
Or, on sait à n'en pouvoir douter que la Rus-
sie a toujours réclamé comme un minimum
des concessions à fajrepar la Turquie l'adop-
tion des réformes indiquées dans le mémo-
randum de Berlin, et qu'aujourd'hui elle ne
se contentera pas de ce minimum.D'ailleurs,
en admettant qu'elle s'en contente, la situa-
tion intérieure de la Turquie s'est-elle mo-
difiée dans un sens favorable à l'application
de réformes quelconques? Nous serions dis-
posés à penser exactement le contraire, et
le comte Beaconsfield est de notre avis
puisqu'il justifie l'envoi de la flotte anglaise
dans la baie de Besika par Vanarchie qui
régnait en Turquie. Or, cette anarchie dure
probablement encore puisque le cabinet de
Saint-James n'a pas, que nous sachions, don-
né à la flotte l'ordre de quitter son mouillage
aux portes mêmes de Constantinople.
Nous ne suivrons pas le noble lord dans
l'étude rétrospective à laquelle il se li-
vre. Bornons-nous à signaler encore un
point dans le passé : la proposition qui a été
réellement faite d'une occupation militaire
de la Bosnie et de l'Herzégovine par l'Au-
triche et de la Bulgarie par la Russie.
Quant à l'avenir, le comte Beaconsfield se
croit autorisé à dire que toutes les puissan-
ces ont consenti à prendre part à la confé-
rence proposée par l'Angleterre. Nous au-
rions aimé, qu'il s'étendit Un peu plus sur
ce point et qu'il nous annonçât en même
temps que tous les cabinets se sont 'mis
d'accord' sur un programme bien défini.
Nous aurions aimé surtout qu'il ne ter-
minât pas son discours en exprimant fai-
blement l'espoir que l'on arrivera à s'en-
tendre sans guerre, et nous disons faible-
ment parce que la péroraison roule tout
entière sur les ressources militaires dont
pourrait disposer le Royaume-Uni en cas de
guerre.
Les dépêches de New-York adressées à
l'agence Havas laissent encore subsister
quelques doutes sur l'élection de M. Tilden
à la présidence des États-Unis. Nous
croyons pouvoir affirmer que cette élection
est certaine.
}'ou.rse de Paris
Clôture • le 9 nov. le 10 nov. Hausse Baisse
30/0
comptant. 9-3 îl 80 10
Fin cour 71 93 71 87 1/2 07 1/2
4 1/2 O/O
Comptant.. 101 20 100 80 40
5 O/O
Comptant, 105 30 ! 05 30 .,.
Fin-cour. 105 105 25
PETITE BOURSE DU SOIR
Emprunt 3 0/0. 71 fr. 83.
Emprunt 5 0/0.. ;>.. 105 fr. 2i 1/2, Sô, 22 1/2.
Egyptien. 2?G fr. 25, 240.
Voilà qui est entendu : le ministre
des finances est partisan de l'égalité du
droit des deux Chambres en matière
budgétaire; il l'a fait savoir à la com-
mission du Sénat, et déjà l'opposition
chante victoire. « Nous vous l'avions
bien dit, s'écrient les journaux de la
droite. Inclinez-vous, le gouvernement
a parlé, et le Sénat va s'empresser'de
rétablir le traitement des aumôniers mi-
litaires que la Chambre des députés s'est
permis de supprimer. »
Eh bien ! non ; ce n'est point cela du
tout; et les pauvres aumôniers auront
eu une fausse joie. Demandez plutôt au
Journal des Débats; il ne consacre pas
moins de trois colonnes à démontrer
qu'au total la concession du ministre
est purement illusoire. « Sans doute, dit
l'organe ministériel, la pratique parle-
mentaire de nos Assemblées et l'exem-
ple des peuples habitués au fonctionne-
nement d'institutions libres assurent à
la Chambre haute le droit contesté en ce
moment à notre Sénat ; mais qu'im-
porte? Le Sénat rétablira les crédits
supprimés par la Chambre ? La belle af-
faire ! La Chambre en sera quitte pour
délibérer une seconde fois ! »
Mais il convient de citer textuelle-
ment les Débats:
« Si, malgré les remontrances du Sénat, la
Chambre persiste à supprimer un crédit quel-
conque, ce crédit tombera de lui-même, puis-
qu'il faut l'accord des deux Assemblées pour
faire une loi financière aussi bien que toute
autre loi. Ainsi, même en laissant au Sénat un
rôle actif dans la discussion et dans la confec-
tion du budget, la Chambre conservera en
dernier ressort le pouvoir énorme d'enlever,
lorsqu'elle le jugera utile, le traitement de
tout un ordre de fonctionnaires. Mais - et
c'est l'unique garantie que la constitution
prenne contre les entraînements de la majo-
Pl té - elle ne pourra pas le faire au moyen
d'une seule discussion et d'un seul vote : si le
Sénat rétablit le crédit enlevé par elle, elle de-
vra procéder à un second débat avant de
maintenir sa résolution. Est-ce vraiment trop
exiger? Est-ce prendre trop de précautions
contre les fautes que les Assemblées les plus
honnêtes et les plus éclairées commettent
quelquefois? »
Nous reviendrons tout à l'heure sur
les conclusions du ministre des finan-
ces ; mais auparavant on nous permet-
tra d'ajouter quelque mots aux obser-
vations qui nous ont été inspirées par
ce que le Journal des Débats appelle
« les arguments tirés de la pratique
parlementaire de nos Assemblées, » et
« l'exemple des peuples habitués au
fonctionnement d'institutions libres. »
Oui, la Chambre des pairs, sous la
la Restauration et le gouvernement de
Juillet, s'est attribué le droit d'amen-
der les budgets votés par la Chambre;
mais il nous semble absolument impos-
sible d'établir les moindres parallèles
entre les Chambres hautes sous le ré-
gime monarchique et la Chambre haute
actuelle. Sur ce point, d'ailleurs, nos
contradicteurs sont, plus qu'ils ne le
pensent, d'accord avec nous. En effet,
quand nous leur citons l'exemple de
l'Angleterre, où l'imposition de toutes
les taxe's doit procéder originairement
de la Chambre des communes, ou les
lords ne peuvent prendre l'initiative
d'aucun bill de fonds et ne peuvent
apporter aucun changement au budget,
ils nous répondent: « C'est vrai, mais
la Chambre des lords n'émane point du
suffrage des électeurs, elle n'a pas de ra-
cines dans le pays; il est donc assez natu-
rel qu'elle ne participe point au vote
du budget. » J
Nous sommes absolument du môme
avis. Mais ce qui est vrai de la Chambre
des lords en Angleterre ne l'est pas
moins des Chambres hautes dont la
France a été gratifiée sous les régimes
monarchiques qui se la disputent de-
puis quatre-vingts ans. Est-ce que la
Chambre des pairs sous Louis XVIII,
Charles X ou Louis-Philippe était une
émanation du pays ? Et pourtant elle
s'attribuait le droit d'amender le bud-
get; et c'est sur ce précédent qu'on se
fonde pour attribuer le même droit au
Sénat actuel ! La contradiction est fla-
grante.
Si maintenant nous arrivons aux con-
clusions du Journal des Débats, qu'y
voyons-nous? Hier, nous disions que
1 article 8, au sens où prétendent l'in-
terpréter les organes de la droite, serait
une mystification pour laChambre ; au-
jourd hui, nous devons ajouter qu'il
serait 'une mystification pour le Sé-
nat, s il devait être interprété dans le
sens indiqué par les Débats. Eh ! quoi ?
ce fameux droit qu'on réclame si vive-
ment d'une part, et que de l'autre on
conteste avec tant d'ardeur, se rédui-
rait à un droit de conseil ? Un vote du
Sénat rétablissant un crédit supprimé
par la Chambre aurait pour unique effet
d'entraîner la nécessité pour les dépu-
tes de procéder à un second débat ? El
si ce second débat donnait les mêmes
résultats que le }wellller;'le Sénat en se-
rait pour ses frais de vote et de conseil ?
Mais alors on reconnaît qu'en matière
de budget le dernier mot doit toujours
rester à la Chambre des députés ! Et,
dans ce cas, que devient la théorie de
l'égalité du droit des deux Chambres
dans toutes les questions, môme les
questions de finances?
La théorie du ministre, ou du moins
du Journal des Débats, revient à ceci :
en matière de budget le Sénat a le droit
d'imposer à la Chambre une seconde
délibération. Or, on conviendra que c'est
donner à l'article 8 un sens que l'inno-
cent M. Wallon était loin de prévoir. Les
Débats reconnaissent eux-mêmes, avec
un. peu de cruauté, que le père de la
constitution du 25 février en a cueilli
tous les articles de ci,de là,dans les cons-
titutions existantes; et'rien n'est plus
jute. Or, c'est précisément ce qui met
à l'abri de toute interprétation son fa-
meux article 8. On le retrouve à peu
près textuellement dans toutes les cons-
titutions, et dans aucune il n'a le sens
que les Débats lui prêtent.
Ce n'est point dans l'article 8 de la
loi relative à l'organisation du Sénat,
c'est dans l'article 7 de la loi sur les
rapports des pouvoirs publics que le
législateur a prévu le cas où une se-
conde délibération pourrait être impo-
sée aux Chambres. Voici en effet ce que
dit cet article 7 :
« Dans le délai fixé pour la promulga-
tion, le président de la République peut,
par un message motivé, demander aux
deux Chambres une nouvelle délibéra-
tion qui ne peut être refusée. »
On pourra patrociner jusqu'à la Pen-
tecôte, on pourra entasser les textes, les
citations, les. souvenirs historiques, on
n'arrivera pas à d'autre conclusion lo-
gique et conforme à la lettre comme à
l'esprit de la constitution que celle-ci :
Le président de la République est
toujours libre de demander une seconde
délibération aux Chambres, et il n'est
nul besoin pour cela d'un vote quelcon-
que du Sénat. Mais quoi qu'on fasse,
la Chambre des députés est souveraine
en matière de finances ; à elle seule
appartient le droit de voter ou de sup-
primer des crédits.
A Et comme correctif à ce droit, qui,
nous le reconnaissons, 'pourrait,en cer-
tains cas présenter des dangers, le Sé-
nat partage avec le chef de l'Etat un
droit non moins redoutable, celui de
dissoudre la Chambre.
En somme, c'est là, toujours là qu'il en
faut revenir. Peut-être a-t-on souvenir
de ce qui se passait dans les commis-
sions de permanence de l'Assemblée na-
tionale présidées par M. Buffet. Dès
qu'un membre de la gauche formulait
une réponse à l'adresse de quelque mi-
nistre et insistait un peu trop vivement,
M. Buffet l'arrêtait : « La commission n'a
qu'un droit, disait-il, et non sans raison,
hélas ! celui de convoquer l'Assemblée.
Est-ce là votre intention ? » A notre tour
nous disons au Sénat, la loi en main :
« Vous ne pouvez rien contre la Cham-
bre en matière de finances; vous ne
pouvez rien que la dissoudre si le pré-
sident veut y consentir. C'est à vous de
voir s'il vous convient de recourir à
cette extrémité pour sauvegarder l'ap-
plication de la loi des aumôniers, une
loi que les Débats eux-mêmes appellent
une loi fâcheuse, pour laquelle des es-
prits très-modérés ont de la peine à
éprouver le moindre enthousiasme.
E. SCHNERB.
LE P ARLEMENT
COURRIER DE LA CHAMBRE
Versailles, 10 novembre 1876.
Ministère de l'agriculture et du com-
merce. Il faudrait Virgile pour chanter ce
budget et en décrire les beautés. Il est doux,
il est aimable, il est riant, il ne soulève pas
la plus microscropique tempête.
M. Teisserenc de Bort, l'heureux minis-
tre de cet heureux budget, æt""iin homme
gracieux, bienveillant, travailleur cons-
ciencieux, qui serait heureux d'être agréa-
ble à tout le monde; il parle à voix basse,
comme s'il craignait de réveiller les vieilles
nymphes de son budget et les jeunes échos
de la salle.
M. Tirard est un rapporteur clair, suc-
cinct, qui a eu, dans sa vie parlementaire,
assez de succès de tribune pour dédaigner
la flânerie oratoire, c'est-à-dire l'occasion
que lui offre un budget de cueillir de faciles
lauriers au détriment du temps de ses col-
lègues.
De temps à autre, un député présente une
observation, discrètement, comme un hom-
me qui ne voudrait pas abuser de l'assou-
pissement de ses collègues.
M. des Rotours, qui ne laisse jamais
échapper une réclame électorale, cause un
peu des sucres. Au fait, il y a bien long-
temps qu'on n'a point parlé des sucres ! Où
en est la convention internationale? Nul ne
le sait. — Ayez confiance, répond le mi-
nistre. — V oiià trois ans qu'on a confiance;
ce doit être passé à l'état d'habitude.
M. de Tillancourt serait d'av s qu'on en-
seignât la pisciculture dans les écoles d'a-
griculture. Y voyez-vous un inconvénient?
Au point de vue politique, nous n'en voyons
aucun.
! M. de Pompéry affirme que les concours
régionaux décernent beaucoup trop souvent
là prime d'honneur à « l'agriculture de
luxe. » C'est celle qui produit des pêches
grosses comme des citrouilles et des poti-
rons qui font honte au dôme des Invalides.
Nous serions d'avis, nous, qu'on accordât
la prime d'honneur au mouton qui aurait
les côtelettes les plus tendres. Mais voilà.
c'est qu'on ne peut pas savoir d'avance !
De son côté, M. le rapporteur adresse
quelques recommandations à M. le minis-
Lre; une entre autres, fort, intéressante pour
le commerce de Bordeaux, est relative aux
courtiers maritimes bordelais. -.: C'est sim-
ple comme bonjour, mais très-compliqué;
il suffit de posséder la question pour la
comprendre. Nous ne nous risquerons pas
à en parler.
Ce que nous avons bien saisi, c'est la pe-
tite explication concernant M. Dusomme-
rard. Vous vous souvenez sans doute? cette
.correspondance intime que publia un jour-
nal allemand et dans laquelle notre com-
missaire général à Philadelphie traitait par
dessous jambe les Américains; on s'en
émut partout, même en haut lieu — où l'on
n'a guère l'habitude de s'émouvoir! —et
.une note insérée au Journal officiel déclara
qu'on attendait le retour dudit fonction-
naire, momentanément absent, pour avoir
des explications et statuer en connaissance
de cause. Depuis lors, le Journal officiel
est resté muet.
M. Tirard réclame la fin de l'histoire; il
la réclame d'autant plus instamment que
M. Busommerard n'a pas été le commis-
saire général qu'on pouvait espérer, se dis-
pensant d'aller à Philadelphie et prêtant le
moins d'aide possible à nos exposants.
Il pa*^ que tout cela, c'est une querelle
d'Allemand. M. Dusommerard n'a même pas
eu l'idée que cette correspondance pût être
prise au sérieux ; il l'a déclarée apocryphe et
l'a désavouée de la façon la plus formelle dans
une lettre adressée au ministre. Quant à la
fonction de commissaire général. eh bien,
elle est honorifique ! Pourvu qu'on soit à
la gloire, il bien inutile d'être à la peine.
C'est une vieille devise de Jeanne Darc qui
a été truquée, comme disent les mar-
chands, au musée Cluny. (liselit le:, Mar-
v
PAUL LAFARGUE.
Élclios de la OïiamTbx^e
L'Union républicaine de la Chambre des dé-
putés s'est réunie hier sous la présidence de
M. Lepère.
Sur la proposition de M. Edouard Millaud et
après une discussion approfondie à laquelle
ont pris part MM. Boysset., Esciwguel, Tiersot,
Allain-Targé et Millaud, l'Union républicaine
a décidé de nommer une commission pour étu-
dier le projet relatif aux chambres syndicales.
Cette commission, qui a été nommée aussitôt
est composée de MM. Millaud, Greppo, Nadaud,
Lockroy, Boysset, Canlagrel, Rouvier, Masure
et Desseaux.
M. Chevandier a saisi ensuite la réunion de
questions relatives aux honneurs funèbres à
rendre aux membres de la Légion d'honneur.
M. Chevandier a été invité à s'entretenir
avec les ministrescompélents avant de rédiger
une proposition sur ce sujet.
A la fin de la séanc e, l'Union républicaine a
confirmé les pouvoirs de son bureau jusque la
fin de l'annéè.
*
¥ #
La sous-commission chargée de la révision
et de la codification des lois sur la presse s'est
réunie hier.
Elle a entendu ceux de ses membres qui
avaient été chargés pendant les vacances de
préparer les bases et l'ordre de ses travaux.
Elle s'est ensuite ajournée au 14 novembre, à
une heure, pour arrêter une première distri-
bution des matières et discuter le rapport som-
maire qui devra être présenté à la commis-
sion tout entière.
M. Lisbonne a été nommé président de la
sous-commission, et, en cette qualité, il reste
chargé de toutes les convocations ultérieures.
*
* *
La commission du budget a continué, dans
sa séance d'hier, l'examen du budget du minis-
tère de l'intérieur, en ce qui concerne le trai-
tement des petits employés dans les préfec-
tures.
Cette intéressante question n'a pas encore
été épuisée.
La commission paraît avoir renoncé à man-
der dans son soin M. le ministre des finances
pour s'expliquer avec lui au sujet des attribu-
tions du Sénat en matière budgétaires M. Bar-
doux a été seulement chargé de faire auprès
de M. Léon Say une démarche officieuse à la
suite de laquelle la commission du budget dé-
cidera ce qui lui convient de faire.
* -
11-
La commission d'initiative doit statuer pro-
chainement sur la proposition de M. Marcou
relative à la mise en accusation des hommes
du 2 Décembre.
La commission se prononcera contre la prise
en considération. Mais M. Pascal Duprat, au
nom de la commission, au nom de la moralité
publique, fera de son rapport un réquisitoire
contre les auteurs et les complices de ce cri-
minel attentai. — ,-' r ;
*
* # -
Une proposition de loi rédigée par M. Flo-
quet, signalant dans son exposé des motifs les
graves abus commis par la police des mœurs
et portant réorganisation complète de ce ser-
vice, se couvre, paraît-il, de signatures.
Elle sera déposée prochainement sur les hu-
reaux des deux Chambres.
EMMANUEL ARÈNE.
;
M. l'evêque d'Orléans vient d'adres-
ser, à l'exemple de la plupart des évê-
ques de France, une lettre aux fidèles
de son diocèse pour les inviter à venir
aux universités catholiques. Celle dont
resort le diocèse d'Orléans est l'univer-
sité de Paris. Nous n'aurions rien à
dire de ce mandement s'il se bornait à
célébrer les universités épiscopales ;
mais M. Dupanloup ne serait plus M.
Dupanloup s'il ne mêlait à l'encens qu'il
offre à ses amis quelques coups de
crosse, à l'adresse de ses adversaires.
Suivant M. Dupanloup, ce que la jeu-
nesse, en dehors de l'enseignement ca-
tholique, est exposée à rencontrer à Pa-
ris, c'est l'athéisme, c'est le matéria-
lisme et autres monstres malfaisants, et
avec eux la corruption morale. Et com-
me en dehors des universités catholi-
ques il n'existe en France que les uni-
versités de l'Etat, ce sont celles-ci na-
turellement qui sont matérialistes et
athées, et qui sont responsables de la
perdition de la jeunesse.
M. Dupanloup déclare avoir reçu
quantité de lettres de païens désolés qui
lui faisaient confidence de leurs dou-
leurs paternelles. Leurs enfants étaient
revenus après avoir laissé dans la grande
ville et leur moralité et leurs croyances
religieuses. La chose ne nous étonne
pas, et si M. Févêque d'Orléans nous
permet de le lui dire, nouscraignonsbien
que le malheur n'arrive encore aussi
bien après l'établissement des univer-
sités catholiques qu'auparavant.
Il y a eu et il y aura de tout temps dans
chaque génération un certain nombre
d'êtres faibles ou nés avec des instincts
vicieux, ou auxquels a manqué la pre-
mière éducation morale. Nous serions
bien surpris si l'enseignement des uni-
versités catholiques venait à bout d'em-
pêcher ces jeunes gens-là de mal tour-
ner, et nous commencerions à croire
aux miracles. Trop d'exemples sent là
pour nous apprendre chaque jour que
les bonnes mœurs ne vont pas-toujours
même avec les croyances, même avec
les pratiques des doctrines dites reli-
gieuses, et sans avoir prétendu au don
céleste de prophétie, nous osons prédire
que l'on verra plus d'un élève des sacro-
saintes universités catholiques faire lui
aussi par son inconduite la désolation de
sa famille.
Quant à la perte des croyances catho-
liques, nous croyons qu'ici également
M. l'évêque d'Orléans se fait quelque
illusion. On ne croit pas ce que l'on
veut, mais ce que l'on peut, et ce n'est
pas à un savant éyêque que nous au-
rions la prétention d'apprendre que la
foi est un don du ciel. On ne fait pas à la
curiosité humaine sa part, et cette curio-
sité, c'est le besoin même qui pousse
l'homme à chercher la vérité.
Nous savons bien que la science que
l'on enseigne dans les universités ca-
tholiques sera une science trés-épurée
et très-mitigée ; mais oh n'enseigne pas
impunément la science, si peu qu'on
l'enseigne ; la méthode scientifique a la
rigueur à laquelle on .n'échappe pas, et
l'esprit des jeunes gens qu'on aura ha-
bitués, si peu que ce soit, à user de leur
raison, franchira lui-même les bornes
qu'on aura eu la prétention de leur im-
poser; il- sautera par-dessus tous les
fossés dans lesquels on aura voulu l'en-
clore.
Ce qui nuit surtout à la religion en
notre siècle, ce ne sont pas seulement
les singuliers spectacles prétendus reli-
gieux auxquels nous assistons ; c'est
le progrès de la science : c'est l'impos-
sibilité où l'on se trouve, quelque pro-
blème qu'on étudie, historique, philo-
sophique, politique, géologique, physio-
logique, astronomique, de mettre les so-
lutions de la Bible et de l'Eglise d'accord
avec les exigences de la raison et les
données" de l'expérience. C'est là cequi
force à vingt ans tant de jeunes gens
élevés dans des familles catholiques, et
qui ne demanderaient pas mieux que
de rester fidèles à ce qu'on nomme la
foi de leurs pères, à rejeter des symbo-
les qu'ils voient en contradiction mani-
feste avec la réalité.
Le catholicisme subit aujourd'hui le
retour d'un état de choses dont il a bé-
néficié il y a dix-huit cents ans. Il ap-
portait alors au monde une formule
morale supérieure au paganisme dégé-
néré, et cette formule attirait à lui les
âmes d'élite ; ces âmes d'élite ont ail-
leurs aujourd'hui une formule intellec-
tuelle et morale supérieure à la sienne.
Les professeurs des universités libres
arrangeront dans d'ingénieux compro-
mis la géologie avec les six jours de la
création, le déluge universel avec ré-
volution du globe, Josué avec le systè-
me de Laplace, la théorie du miracle
avec la fixité des lois de la nature, la
transsubstantiation avec les principes
de la chimie.
Us ne feront pas que les élèves intel-
ligents se contentent de ces compromié.
La logique est trop forte, la-raison hu-
maine est trop nobte et trop conséquente
avec elle-même pour, que la jeunesse
des universités catholiques ne tire pas,
malgré qu'on en dise, les conclusions
nécessaires des prémisses qu'on lui
présentera. Il sortira peut-être plus
d'hypocrites des universités catholiques
que des autres; il n'en sortira pas beau-
coup moins d'incrédules. Beaucoup
viendront à nous des jeunes gens élevés
par les soins pieux et le patronage de
nosseigneurs les évêques de France :
ce ne seront ni les moins distingués
par l'intelligence, ni ceux qui vaudront
le.moins par le cœur. Leurs professeurs
et leurs patrons les regarderont avec
l'étonnement effaré de la poule qui a
couvé de jeunes canards. Ce n'est peut-
être pas la moindre surprise que nous
réserve la fondation des universités ca-
tholiques. -
CHARLES BIGOT.
—
Nouvelles d'Orient
Constantinople, 9 novembre, 8 h. 45, s.
La nouvelle constitution, comprenant 220 ar-
ticles, sera publiée prochainement.
La Porte a notifié aux ambassadeurs des
puissances intéressées sa décision d'étendre
provisoirement aux paquebots-poste l'inlepùic-
tion d'entrer pendant la nuit dans les Darda-
nelles et le Bosphore.
Constantinople, 9 novembre, 8 h. soir.
La Porte a décidé d'organiser un bureau
de statistique générale. Elle a invité M. Pous-
lowski, ex-secrétaire général du congrès de
statistique de Saint-Pétersbourg, à venir orga-
niser ce bureau et à en prendre la direction.
Hier, une dépulation de musulmans, con-
duite par le général Chevket Pncha, a présen-
té au général hongrois Klapka une adresse
exprimant la reconnaissance des musulmans
et leurs senlirperils d'amitié pour les Hongroise
irl'occasion des démonstrations desétucfianls
de Pesth en faveur de la Turquie. -
Les ministres tiennenl de fréquents conseils
dans lesquels ils s'occupent de la question des
réformes.
La Porte ne s'est pas encore prononcée au
sujet de la conférence. t
Moscou, 9 novembre, soir.
L'empereur et l'impératrice, venant de Li-
vadia, sont arrivés ici. **"
Le grand-duc héritier est également arrivé.
Le Times reeoil de Tienne le télésrammo
suivanl : '-' w
L'Italie a accepté la conférence propo=ée.par
l'Angleterre, avec la seule réserve qu elle sera
également acceptée par les autres puissances.
Le Times publie enfin une dépêche de Berlin
dans laquelle on dit que la Russie désire vive-
ment obtenir une réunion préliminaire" dè la
conférence à Constantinople; mais elle préfé-
rerait une autre capitale pour la seconde oon-
férence. - - -
Londres, 10 novembre..
La Russie d'abord, l'Autriche ensuite, ont
officiellement adhéré au projet de confé-
rence.
Chacune des autres puissances ayant déclaré
qu'elle acceptait le projet s'il était admis par
tous les cabinets de l'Europe, lord BorJs",
field a pu dire hier qu'il se croyait autorisé à
annoncer- que toutes les puissances consen-
taient à prendre part à la conférenci. 1
, - ik
Bruxelles, 10 novembre.
Le Nord dit que le discours du comte de
Beaconsfield est indécis. L'organe russe voit
une contradition entré l'idée d'une améliora-
tion effective du sort des chrétiens et l'indé-
pendance de la Turquie, avec la signification
que ce mot a pour les autres Etats. Le Nord
demande ce qu'est devenue l'indépendance
de la Turquie dans le programme anglais. Il
blâme le comte de Beaconstield d'avoir ,-, dit que
l'Angleterre était prête à la guerre.
Contrairement aux assertions du Daily Tele-
graph, du Times et du Temps, le Nord dit que
la Russie maintienf son adhésion au program-
me anglais. Il est inexact qu'une entrée eu
campagne de la Russie soit imminente; la
Russie continue seulement à prendre certaines
mesures de précaution pour ne pas être pris
au dépourvu. •> - -
Bucharest, 10 novembre.
Sur la demande d'un sénateur, le ministre a
promis de soumettre la correspondance diplo-
matique au Sénat dans quelques jours.
Pola. 10 novembre.
Le navire cuirassé Don Juan d'Austria par-
tira demain pour l'Orient. La corvette Danube
le suivra sous peu. - ..3
Une dépêche officielle donne la nouvelle
version suivante de la manifestation qui a eu
lieu à l'occasion du retour du roi GeOf!!Qi) en-
Grèce. - - - < „ re," -ù', -.
L'Agence russe nous communique la dépê-
che suivante : -
Saint-Pétersbourg, 10 novembre, 4 h., s.
Le Journal f rançais deSaint-Pâtersbourcjjirê-*
vient ses lecteurs contre les nouvelles publiées'
par l'agence Havas et la Gazette de Cologne,
lesquelles prétendent que les propositio,ns.an-
glaises sont qualifiées impossibles en Russie,
nommément par le Golos, que le grand du!?
Nicolas partira dimanche pour allelvprendre la
commandement en chef de l'armée du Sud, ac-
compagné des généraux Népokoitchiskr com-
me elief et Novitzkv ; enfin, que
l'empereul' Alexandre doit passer" mardi tine
grande revue des troupes à Saint-Pétersbourg.
Toutes ces nouvelle- sont à démentir for-
mellemenf.
4F 11—
L'AVENUE PIERRE-CORNEILLE
M. Gilbert Thierry, le fils de M. Amé-
dée Thierry, vientcfenvoyer au conseil
municipal une pétition" couverte de
nombreuses signatures, où il demanda
que l'avenue qui doit conduire de la
Comédie-Française à l'Opéra, et que
l'on perce en ce moment, reçoive le
nom d'avenue Pierre-Corneille.
Je dois dire tout d'abord que si la
municipalité parisienne avait conservé
les habitudes d'autrefois, je ne me serais
point associé à ce vœu. Jadis les rues,
qui étaient baptisées par Je peuple, ti-
raient leur nom soit de la place qu'el-
les occupaient, soit de quelque détail
pittoresque qui les distinguait des au-
tres, soit du commerce qui s'y taisait,
soit même, mais beaucoup plus rare-
ment, de la personne qui les avait ou-
vertes ou qui même y avait habité. r
C'est ainsi que la rue Chaussée-d'Antin
rappelle encore le souvenir de la rivière
qui passait le long du terrain du nouvel
Opéra, que la rue aux Ours témoi-
gnait du nombre d'oies qui s'y flam-
baient chez les rôtisseurs, que la Butte
des Moulins représentait à la mémoire
des Parisiens les moulins qui tour-
naient leurs ailes sur ces liautelirs.
Ces désignations me paraissaient ex-
cellentes, et je souhaiterais qu'on les
eut conservées. Elles redisaient l'his-
toire du vieux Paris et déposaient de
ses changements successifs auprès des
générations suivantes. '-
Elles avaient encore ce mérite d'indi
quer précisément le quartier d'oit elles
ressortissaient. Il est trop clair que la
rue de la Roquette conduit à la - Ro-
quette; qu'il faut chercher la rue de
l'Odéon dans les' environs du second
Théâtre-Français, et la place de l'Arc-
de-Triomphe autour du monument.
A ce compte, le nom d'avenue de
V Opéra serait le mieux choisi, puisqu'il
s'agit en effet dé désigner Une voie qui
aboutit au nouvel Opère.
Mais, à tort ou à raison, l'habitude
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