Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1876-11-09
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 09 novembre 1876 09 novembre 1876
Description : 1876/11/09 (A6,N1794). 1876/11/09 (A6,N1794).
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
Sixième Année — No 1794 Prix du Numéro à Paris : 15 Centimes — Départements : 20 Centimes
Jeudi 9 Novembre 1876
LE fi SIÈCLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
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BULLETIN
Paris, 8 novembre 1876.
Dans sa séance d'hier, le Sénat a continué
la discussion de la loi relative à l'adminis-
tration de l'armée.
La Chambre des députés a voté une par-
tie du budget des dépenses de la marine.
Rien encore que des bruits contradictoi-
res relativement à la fixation de la ligne de
démarcation et à la conférence qui doit dé-
cider de l'avenir des provinces des Balkhans.
La commission internationale composée de
délégués militaires nommés par les puis-
sances est réunie et se rend à Widdin,
mais elle ne peut commencer ses travaux
avant qu'il ait été décidé quelle sera la base
adoptée pour fixer la zone neutre entre les
deux armées. Or, il semble que les ambas-
deurs réunis à Constantinople aient voulu se
donner quelque repos après les émotions
de la semaine dernière, car ils n'ont pris en-
core aucune résolution. Les Turcs, en at-
tendant, ont évacué Deligrad; mais ils se
sont établis à Alexinatz, devenu le quartier
général d'Abd-ul-Keri m-Pacha.
Probablement auront-ils à reculer jusqu'à
la frontière, car il se confirme que l'on in-
diquera comme zone neutre la partie de la
Serbie qu'ils ont conquise. Un dernier
mot à propos de la commission internatio-
nale : on remarque beaucoup que, seule
de toutes les puissances, l'Allemagne ne
s'est pas fait représenter.
D'où vient et que signifie cette abstention ?
Dans un discours que le ministre d'Etat, M.
de Bulow, vient de prononcer au Reichstag,
discours très-pacifique d'ailleurs, il insiste
sur ce point que « la politique de l'empereur
est une politique de paix qui repousse toute
immixtion dans les affaires d'autrui. Est-
ce pour appliquer ce principe que le cabinet
de Berlin ne s'est pas fait représenter à la
commission chargée de fixer la ligne de
démarcation ? Mais alors, et avec beaucoup
plus déraison, l'Allemagne ne voudra pas se
faire représenter à la conférence qui doit
régler la question de la paix.
Ceci nous ramène à parler de la confé-
rence projetée. Sur cette question les nou-
velles sont plus contradictoires encore., s'il
est possible, que sur la fixation de la zone
neutre. Il est évident que si l'Allemagne
refuse d'y prendre part, et* on se souvient
sans doute qu'elle avait déjà refusé il y a
deux mois, il n'y a plus de conférence pos-
sible. Nous avons dit hier les réserves que
l'ait l'Autriche, et les dépèches de Vienne
semblent indiquer que le cabinet austro-
hongrois hésite de plus en plus à donner
son adhésion.
Or, si la conférence n'est pas possible,
qui se chargera de régler les conditions de
la paix? La Russie, par les dernières dé-
marches qu'elle a faites à Constantinople,
s'est tellement mise en "avant qu'elle devra
achever son œuvre et traiter directement
avec la Turquie. Les Slaves d'ailleurs y
comptent bien.
D'après un télégramme adressé de Berlin
au Times, l'Istok, organe du gouvernement
serbe, déclare que, quoi qu'il arrive, les
chrétiens des Balkhans seront cette fois dé-
livrés du joug des Turcs. Et il ajoute : La
Turquie cédera à la Russie dans les négo-
ciations qui vont s'ouvrir, ou la Russie en-
vahira la Bulgarie, et l'armée serbe, recons-
tituée, formera l'aile droite de l'armée russe.
Est-ce dans la prévision de ces négociations
directes et'aprés l'essai heureux qu'il vient
de faire de l'intimidation sur la Porte, que
le cabinet de Saint-Pétersbourg pousse plus
nctivement que jamais ses préparatifs mili-
taires, et qu'il semble en faire parade?
Le correspondant de Vienne du journal
de la Cité lui écrit que « la Russie se
prépare à toutes les éventualités, et que
les autorités russes affirment que toute l'ar-
mée est sur le pied de guerre. »
Le même journal reçoit de son corres-
pondant de Berlin l'analyse d'un article de
fond du Golos, journal ministériel publié à
Saint-Pétersbourg, où il est dit que la Russie
mettra à profit les deux mois de l'armistice
pour compléter ses armements et pour tout
préparer, afin d'envahir la Turquie le 2 jan-
vier 1877 si, jusque-là, la Porte n'a ps fait
toutes les concessions que l'on exige d'elle.
Le Divan a cédé une première fois devant
une menace d'une guerre immédiate ; mais
cédera-t-il une seconde, alors que l'existence
même de l'empire sera en jeu? Cela est plus
que douteux.
---- .---.---.--..---.------ —
:Bou.rse de Paris
clôture le G nov. le7nov. Hausse Baisse
s o/o
Comptant.. 85 72 15 30
Fin cour 71 85 72 27 1/2 42 1/2
4. 1/2 O/O
Comptant.. 102 102 ., Í •• •/•
GO/O - -
comptant 32 1/2 07 1/2 •• •/•
Fin cour 105 2e 105 50
-
1 PETITE BOURSE DU SOIR
Emprunt 3 0/0. 72 fr. 30. 3% 211/4,211 -2.
Emprunt 5 0/0. 105 fr. 50, 55, 47 1/1, 50.
5 0/0 turc. 11 fr. 77 1/2, 80.
Banque Ottomane.. 386 fr. 25, 385 62 1/2.
Extérieure. 13 fr. 3/4.
Egyptien. 223 fr. 75, 233 12, 234 37.
;
La discussion de la loi sur l'inten-
dance militaire avance à grands pas au
Sénat. Si le ministre de la guerre a de-
mandé à l'Assemblée de revenir sur le
vote d'urgence et de soumettre la loi à
l'épreuve de deux lectures, c'est plutôt,
selon son expression, à cause de l'im-
portance des intérêts auxquels elle tou-
che que parce que les dispositions gé-
nérales en pouvaient être douteuses. On
peut dire que depuis l'expérience de
1870, l'organisation de notre inten-
dance militaire est jugée pour tous, et
si quelque chose peut étonner, c'est
que la réponse se soit fait attendre plus
de cinq années. La situation officielle
de messieurs les intendants perdra quel-
que chose à l'établissement de la nou-
velle loi ; mais l'intérêt public y ga-
gnera beaucoup, et les intendants sen-
sés seront les premiers à applaudir à
une disposition qui, en précisant leurs
devoirs, diminuera leur responsabilité.
Si l'on veut que les chefs de corps
puissent donner des ordres utiles à l'in-
tendance en temps de guerre, il ne suf-
fit pas qu'elle leur soit subordonnée en
campagne; il faut qu'ils lui comman-
dent aussi en temps de paix, et que les
moyens d'assurer la nourriture de leurs
hommes ne leur soient pas moins fami-
liers que les moyens d'assurer la bonne
exécution des manœuvres militaires.
L'incident important de cette discus-
sion est jusqu'ici le discours prononcé
à la séance de lundi par l'honorable duc
d'Audiffret-Pasquier. Celui qui avait été
chargé de faire le rapport de l'enquête
sur nos désastres, ordonné par l'As-
semblée nationale, avait qualité plus
que tout autre pour signaler les vices
de notre administration militaire. Il l'a
fait avec une clarté d'exposition, avec
une force de logique, avec une abon-
dance de citations et de détails con-
cluants qui font de ce discours l'un des
plus remarquables qu'il ait prononcés.
Il a séparé la cause des officiers et des
soldats, qui ont été sans reproche, de
l'imprévoyance criminelle qui a rendu
les dévouements et les courages inuti-
les. « Non, s'est-il écrié, mon pays n'a
pas dégénéré ! non, l'armée n'a pas
manqué à son devoir. Et Dieu veuille que
nos enfants se battent aussi bravement
que l'on s'est battu à Gravelotte et à St-
Privat. »
Mais dans la guerre moderne, avec ses
complications infinies, ses engins de
toute sorte, les masses énormes qu'elle
met en mouvement, c'est en vain que les
hommes font leur devoir et sacrifient
leur vie, si l'organisation générale fait
défaut, si les vivres manquent, si les
convois n'arrivent pas à temps ou se
trompent de route, si provisions et mu-
nitions font défaut, si le désordre est
d'un côté tandis que la tactique la plus
savante, la plus méthodique, est de l'au-
tre : « A la suite de ces longues enquê-
tes que la confiance de mes collègues
m'avait imposées, a dit encore M. le duc
d'Audiffret-Pasquier, j'ai acquis cette
conviction sincère et profonde que nos
revers doivent être attribués à l'impré-
voyance qui nous a jetés dans la guerre
sans organisation, sans direction, sans
pouvoirs définis. Voilà la véritable
cause. »
A cette accusation si nette, si précise,
la meute bonapartiste bondit de nou-
veau et hurle comme elle hurlait il y a
trois années, lorsque M. le duc Pasquier
demandait à M. Rouher le compte du
crime de l'empire, et lui criait : Varus,
rends-nous nos légions ! Qui donc, en
effet, fut le coupable de cette effroyable
imprévoyance ? A qui la faute si nos
arsenaux étaient vides, si munitions
de toute sorte et vivres nous faisaient
défaut, si nous avons été partout sur-
pris dans des conditions d'infériori
té, sinon à ce gouvernement impé-
rial qui avait pendant tant d'années
gaspillé au Mexique et ailleurs le budget
de la guerre, qui savait bien que nous
n'étions pas prêts pour une guerre con-
tre l'Allemagne, et dont cependant le
ministre venait affirmer à la tribune
que nous étions prêts, cinq fois prêts,
et que, la guerre durât-elle une année,
nous n'aurions pas seulement un bou-
ton de guêtre à acheter !
Hélas ! il est trop tard aujourd'hui
pour réparer les désastres ; tout ce que
peut faire la sagesse politique, c'est
d'empêcher qu'ils ne puissent être re-
nouvelés.
Dans sa péroraison, M. le duc d'Au-
diffret-Pasquier a tenu à venger le gou-
vernement parlementaire, qui est le gou-
vernement de la République, des calom-
nies intéressées que tous les jours en-
core nous pouvons lire répétées contre
lui. Il faut citer tout cet éloquent pas-
sage :
« On a cherché, messieurs, dans ces
temps passés, à réveiller l'antagonisme
entre l'armée et ce que l'on appelle le
parlementarisme. C'est une œuvre mal-
saine autant que vaine.
» L'armée, aujourd'hui, c'est la na-
tion tout entière; elle a confiance dans
les représentants du pays, comme vous
avez confiance en elIe/EUe ne se laisse-
ra pas tromper.
» Il y a quelque chose de plus fort que
toutes ces calomnies et ces flagorneries
intéressées, c'est le spectacle de ce Par-
lement qui, depuis six ans, a eu pour
préoccupation, je puis dire presque ex-
clusive, la reconstitution des forces na-
tionales, qui a donné à l'armée, par le
service obligatoire, depuis le premier
jusqu'au dernier de nos enfants, et qui,
dans les budgets chaque année plus
lourds, leur donne jusqu'au dernier écu
de ses ressources disponibles. Non, il
il n'y a pas d'antagonisme possible entre
le Parlement et l'armée ! Ceux qui cher-
chent à le faire naître font une œuvre
anti-patriotique. Si la Providence nous
envoyait de nouveaux jours d'épreuves,
il faudra bien que la France trouve dans
cette union de ses représentants et de
ses combattants la force nécessaire pour
résister. Ne vous laissez donc pas arrê-
ter; persévérez dans votre œuvre, com-
plétez-la, et l'armée reconnaissante ne
l'oubliera pas! »
Oui, là est la vérité ; l'Assemblée na-
tionale, comme l'Assemblée de 1876,
n'ont pas un moment manqué d'avoir
comme première pensée la reconstitu-
tion de l'armée nationale ; oui, cette ar-
mée est bien aujourd'hui, grâce au ser-
vice obligatoire, la nation elle-même ;
la nation tout entière; oui, la Répu-
blique et les républicains n'ont jamais
perdu une occasion d'honorer, de dé-
fendre, de fortifier l'armée. Et cepen-
dant les ennemis de la République n'en
vont pas moins répétant que l'antago-
nisme existe entre l'armée et la Cham-
bre républicaine, que les républicains
haïssent et méprisent l'armée, qu'ils
ont sans cesse contre elle l'insulte à la
bouche !. Que faire contre de telles
imputations? laisser faire et laisser dire,
persévérer dans son œuvre, comme l'a
si bien dit M. le duc d'Audiffret-Pas-
quier, avoir confiance dans le bon sens
de l'armée, être persuadé que les ca-
lomnies ne durent jamais, et songer
qu'il est aussi impossible de demander
de la bonne foi au Français CI no de la
tolérance à Y Univers.
CHARLES BIGOT
LE PARLEMENT
COURRIER DE LA CHAMBRE
Versailles, 7 novembre 1876.
Dans la discussion des chapitres du bud-
get du ministère de la marine et des colo-
colonies, le point le plus délicat, celui qui
passe pour présenter le plus d'intérêt, a, en
en somme, fort peu d'importance. Nous l'a-
vons signalé hier : il consiste en une réduc-
tion d'une centaine de mille francs que la
commission effectue sur l'aumônerie de la
marine, en proposant de revenir à l'esprit
et à la lettre de l'ordonnance de 1845. Voilà
le « monstre » de ce budget! — ce qui
prouve bien que les choses tirent souvent
leur gravité des circonstances et des milieux.
M. Raoul Duval, rapporteur, s'est montré
parfait dans sa façon de soutenir l'opinion
de la commission contre les chiffres du mi-
nistre. Plein de convenance et de tact, il
a exposé le cas avec tant de clarté que
ceux-là seuls dont le jeu est de tromper les
autres pourront se tromper sur la question :
ce ne sont pas les aumôniers de la flotte
courant les mers, mais bien les aumôniers
d'arsenaux, de pontons et autres superféta-
tions d'aumôniers hiérarchisés que la com-
mission supprime. M. l'amiral Fourichon
lui-même ne paraissait pas bien connaître
la question, car il a risqué une interruption
que M. Raoul Duval a instantanément ré-
tutee, l Annuairede la marine enmam.
Du reste, ce qui prouve bien la pénurie de
raisons dont était affligée l'opinion adverse,
c'est que, pour tout argument, un illustre
inconnu de la droite est venu apporter.
quoi ? un passage de la Géographie de Mal-
te-Brun !
Et M. le président proclame le PRsnltat.
suivant :
390 voix pour la commission.
142 voix pour le chiffre ministériel.
Il n'y a que ces questions dites religieuses
pour produire des miracles ! Ainsi en voilà
une qui, bien calme en apparence, trouve
moyen de produire un scrutin fort de 523
suffrages dans une Chambre où il n'y a que
528 membres — et en comptant les morts
encore !
Le chapitre V, concernant l'effectif des
troupes destinées aux colonies, nous a fourni
une nouvelle occasion de constater à quel
point les différents budgets ont été soigneu-
sement étudiés. Si bien des questions n'ont
pas été résolues, c'est que, de nature com-
plexe. elles exigent un remaniement géné-
ral qu'on ne saurait faire au pied levé, in-
cidemment pour ainsi dire, à propos d'une
discussion budgétaire. Il y a là bien des
éléments de travail pour l'avenir.
Le restant de la séance nous a laissé
froid. Nous avons entendu réclamer celui-
ci en faveur des commis écrivains du per-
sonnel administratif des directions de tra-
vaux ; celui-là, en faveur des employés de
commissariats de marine; l'un, en faveur
des contre-maîtres de nous ne savons au
juste quoi; l'autre, en faveur des gardiens
de bureau, etc., etc. Nous savons bien que
c'est là un usage antique et solennel auquel
est tenu de sacrifier tout député vis-à-vis de
ses électeurs ; mais le temps passe et le
budget s'éternise.
Et puis qu'est-ce que cela nous fait, en
pareille occurrence, que l'orateur s'appelle
Bethmont, Bouchet, Tocqueville ou Ratier,
Daumas ou Gasté ? Pour nous, son vrai nom
est Marseille, Cherbourg 'ou Lorient, Tou-
lon, Rochefort ou Brest. Il a même une ap-
pellation générique plus large : il se nomme
Littoral.
De sorte que des nombreuses observa-
tions présentées nous n'en avons retenu
qu'une seule qu'on a oublié de faire : Et dire
que tous ces amendements portant aug-
mentation de traitements font peut-être bat-
tre d'espoir pendant trois mois le cœur
d'un tas de pauvres diables ! Après tout,
l'espoir esl la seule richesse du pauvre.
PAUL LAFARGUJ.
Éclios de la Oliamtoi-e
La Chambre des députés a nommé hier, dans
ses bureaux, différentes commissions dont
voici la composition :
Cemmission pour l'examen du projet de loi
relatif à l'exécution de la loi du 26 juillet 1873,
sur la constitution de la propriété indigène en
Algérie :
MM. Manoury, Bouteille, Pâtissier, Devau-
coux, Lesguillon. Durand. Rameau. Gasté. Jac-
ques. Brossard.
*
* *
Commission pour l'examen du projet de loi
précédemment adopté par le Sénat, et tendant
à appliquer l'article 408 du code pénal aux em-
prunteurs du Crédit foncier colonial, qui com-
mettent des dilapida lions ou des détournement s
sur les propriétés affectées aux emprunt s qu'ils
ont contractés auprès de cet établissement :
MM. Lalanne, de Mahy, Bousquet. Oaudy,
Franck-Chauveau, Pierre Legrand, Drume].
Godin. Danelle-Bernardin, Sarrien.
*
* *
Commission pour l'examen du projet de loi
précédemment adopté par le Sénat et avant
pour objet de substituer le code pénal métro-
politain au code pénal colonial pour les Antil-
les et la Réunion : MM. Le Cherbonnier, de
MaIrv, Raymond Bastid, Germain Casse, La-
cascade, Marty. Farcy, Godin, Gudin. Ni nord.
*
* *
La commission chargée d'examiner le projet
de loi relatif à l'extension du gouvernement mi-
litaire de Paris a nommé :
Président : M. le colonel Denfert-Roche-reau:
Secrétaire : M. Tassin.
*
* #
La commission des congés a nommé :
Président : M. le général de Chanal :
Secrétaire : M. Armez.
*
* *
La commission du budget s'est réunie hier
à une heure avant la séance, pour entendre M.
le ministre de la marine au sujet du crédit de-
mandé par le gouvernement pour l'infanterie
de - marine.
M. l'amiral Fourichon a exposé à la commis-
sion les raisons qui selon lui légitimaient 1 a
demande de crédit. La majorité de la commis-
sion a néanmoins persisté dans son refus, et
l'on a pu voir, au compte-rendu de la séance,
que la Chambre a confirmé la réduction pro-
posée par le rapporteur.
* *
Le ministre des travaux publics déposera
lundi prochain, devant les bureaux de la
Chambre, ses projets de cession des chemins
de fer d'intérêt local aux grandes Compagnies.
EMMANUEL ARÈNE.
COURRIER DU SÉNAT
Que sont devenues les belles discussions
sur les lois de l'armée ? Du temps de l'As-
semblée nationale, on était passionné. Nous
avons changé tout cela ! Au Sénat, on a voté
aujourd'hui sans débrider les 44 articles du
projet de loi sur l'administration de l'armée.
A propos de l'article spécial qui subor-
donne l'intendance au commandement, M.
de Freycinet a prononcé un excellent dis-
cours. C'est un début brillant. L'honorable
sénateur s'exprime avec une grande faci-
lité et une grande élégance. A droite comme
à gauche, il a recueilli des applaudisse-
ments. Et ce fut tout ! personne autre n'a
affronté la tribune ! Ah! pardon, j'allais ou-
blier M. le ministre de la guerre, encore un
débutant I Il n'a dit que deux mots; qu'il
était entièrement d'accord avec la commis-
sion ; mais il nous semble qu'il sera plus à
son aise à la tribune que son prédécesseur.
Le Sénat a pris en considération quelques
propositions de loi (vous voyez qu'on ne
perd pas de temps) et s'est ajourné à jeudi.
P. DE SlKXNF..
Et M. le Maréchal?
-.- ._-.--- -- -
Hier soir, la Défense sociale ei reli-
gieuse, après s'être indignée à priori
de tous les changements qui pourraient
modifier le ministère dans un sens plus
franchement républicain, s'enflamma
comme si quelque Dieu avait mis le
feu à sa quatrième page. On entendit M.
Dupanloup criant et vaticinant à tue-
tête :
« Et M. le maréchal? On s'accoutume
toujours à compter sans lui! »
Nous n'avons ni l'honneur d'être ins-
pirés par la présidence, ni la prétention
ridicule de l'inspirer. Mais nousconnais-
sons bien la France, pour y avoir vécu
notre vie, et l'Europe centrale pour
l'avoir parcourue dans tous les sens.
Et voici les faits par lesquels une puis-
sance amie et voisine, l'Italie, répond au
journaliste-évêque d'Orléans.
Les Italiens, ainsi que nous, ont fait
en 1876 des élections législatives. Au-
delà comme en deçà des Alpes, la na-
tion s'est prononcée pour le progrès et
pour la liberté; elle a penché visible-
ment à gauche. Sur 500 députés qui
vont bientôt se rassembler à Rome dans
le palais de Monle-Citorio, on estime
aujourd'hui que les groupes de gauche
en réuniront 400.
Victor-Emmanuel a pu être surpris
de cet événement comme M. le maré-
chal de Mac-Mahon s'est étonné, dit-
on. des élections françaises du 20 fé-
vrier. Mais il est de notoriété publique
que le roi d'Italie ne s'en est nullement
ému. Et pourquoi donc sortirait-il d'un
calme et d'une sérénité qui font les trois
quarts de sa force ? N'est-il pas placé
assez haut pour tenir la balance égale
entre tous les partis ? N'a-t-il pas dit, il y
a quatre ou cinq ans, cette parole admi-
rable : Je suis le roi de la gauche aussi
bien que de la droite ! La Constitution
ne trace-t-elle pas devant lui une route
vraiment royale, en déclarant qu'il est
irresponsable ?
Si des hommes de perfide conseil,
quelques mauvaises têtes, mitrées ou
non, lui conseillaient de se jeter à droite
par cela seul que le pays incline à gau-
che, Victor-Emmanuel leur répondrait
par un mépris souverain. Dites-lui donc
de prendre un point d'appui dans le Sé-
nat pour combattre l'Assemblée popu-
laire ! Demandez-lui de réunir secrète-
ment autour de sa personne les débris
des ministères tombés ! Il haussera les
épaules, et d'ailleurs les chefs de l'op-
position conservatrice, les Minghetti,
les Sella sont trop bons citoyens pour
songer à faire campagne contre l'opi-
nion du pays, quoi qu'ils en pensent,
et fùt-il prouvé à leurs yeux que l'Italie
ne va ni piano, ni sano.
Victor-Emmanuel n'est pourtant pas
un démocrate. Il appartient par sa
naissance à la monarchie la plus pure,
la plus invétérée, la plus auguste : on
ne trouverait point, dans tout l'AIma-
nach de Gotha, un gentilhomme mieux
né que lui. Mais il est de son temps, il
connaît ses devoirs et ses intérêts de
roi moderne. II a vu crouler autour de
lui une demi-douzaine de petits trônes
mal assis parce qu'ils reposaient sur le
mauvais gouvernement, sur le mépris
de l'opinion publique, sur l'opposition
têtue et bornée d'un contre tous.
M. le sénateur, évêque et journaliste
Dupanloup n'écrira jamais un article
plus éloquent que cet exemple.
Le maréchal de Mac-Mahon, président
de la République française, est aussi sur
de nous que Victor-Emmanuel peut l'ê-
tre de la nation italienne. On n'a pas plus
conspiré contre l'un que contre J'autre,
depuis l'avortcment de la restauration
légitimiste, en octobre 1873. Les élec-
teurs français sont en majorité républi-
cains, comme les électeurs italiens sont
en majorité royalistes. Le maréchal, ir-
responsable au même degré et aux mê-
mes conditions que le roi, n'a pas d'au-
tre devoir que de présider sagement,
noblement, au self govemmenf de la
France.
Le suffrage universel lui a dit claire-
ment, sans équivoque, où la nation veut
aller avec lui et sous ses auspices. Le
pays ne lui a pas caché sa répugnance
pour les Buffet, les Broglie. les Chabaud-
Latour et tous ces ennemis publics qui
ont traité 36 millions d'hommes com-
me les pensionnaires d'une maison de
fous sous le régime de l'ordre moral. Une
expérience récente, mais concluante,
a prouvé à M. le maréchal de Mac-Ma-
hon qu'il peut sans déroger, faire très-
bon ménage avec les chefs du parti ré-
publicain. Il sait que le pays ne place
pas sa confiance à l'aventure, que nous
avons Une députation honnête et sage,
capable de lui donner autant de bons
ministres qu'il en voudra. LesMarcére,
les Christophle, les Waddington. les
Léon Say, ne sont pas plus déplacés
autour de M. le due de Magenta que
les Depretis et les Nicotera autour du
roi Victor-Emmanuel.
La Défense sociale et religieuse a donc
lâché une sottise gratuite lorsqu 'elle a
demandé que M. le président de la Ré-
publique française se montrât plus roya-
liste que le roi Victor-Emmanuel.
ABOUT.
+
D'après uije correspondance adressée de
Constantinople à la Gazette de Cologne. le
projet d'armistice présenté le 31 octobre à la
Sublime-Porte: par Je général Ignatieff. était
ainsi conçu:
Une longue incertitude étant nuisible aux
intérêts commerciaux. industriels et finan-
ciers de toute l'Europe, et préjudiciable à la
prompte conclusion d'une paix durable que
toutes les puissances désirent. un armistice
est conclu à dater du. sur tout le théâtre des
hostilités delà guerre on Serbie et au Monle-
gro. et cet armistice durera jusqu'au. décem-
bre. A la suite de cette déclaration, des délé-
gués seront nommés de la part des puissances
médiatrices et envoyés immédiatement sur les
lieux pour procéder aux opérations de démar-
cation. — Si, contre toute attente, une paix
durable n'était pas conclue jusqu'à l'expiration
du délai ci-dessus indiqué, la durée de l'arniis-
ti cè pourrait être prolongée selon les nécessité? de
la négociation, ci. l'accord qui Ù¡f('/,cielldl'o;r l'li-
tre la Porte T'f les puissances garantes sera pro-
longé de six autres semaines sans que dans
l'intervalle aucune des deux parties puisse se
permettre de reprendre les hostilités. A l'expi-
ration de ce second délai, l'armistice sera pro-
longé de deux mois à moins qnn les puissances
médiatrices ne décident outre elles la reprise
des hostilités.
---.-.--.
AVEC EMPRESSEMENT
Mgr l'évoque d'Arras, Boulogne et
Saint-Omer, et son collègue Mgr H.
Monmer, évêque de Iydda, vicaire-gé-
néral, viennent d'instituer ce qu'ils ap-
pellent une Union de prières en faveur
de l'université catholique de Lille, la
quelle est, comme on sait, placée sous
la protection spéciale de saint Joseph.
Ces deux évoques viennent de publier
à ce propos une instruction ou circu-
laire qui a été répandue dans tous les
diocèses du Nord à des milliers d'exem-
plaires.
Ils s'y congratulent modestement, en
style dévot, des résultats obtenus.
« Durant les dix mois qui viennent (lt.
s'écouler, disent-ik ie Sei°me\\v £ i '^on
tré que l'université catholique est son
œuvre. »
Et comment le Seigneur a-t-il montré
cela ?
La chose vaut la peine d'être remar-
quée.
« De toutes parts la sympathie et les
offrandes du clergé et des fidèles se sont
produites avec un empressement qui a
étonné le monde entier. »
Ces messieurs croient-ils sérieuse-
ment qu'il y ait dans cet empressement
des fidèles et du clergé à donner de l'ar-
gent un miracle aussi extraordinaire que
le fut celui de la manne pleuvant dans
le désert sur les Israélites affamés ?
Ce miracle est de ceux qui s'expli-
quent.
Le clergé de Lille, d'Arras et de Bou-
logne a souscrit tout entier pour la Ion
dation de l'université catholique. 11 n'v
a pas un prêtre qui n'ait abandonné
pour cet objet une partie de son traite-
ment. ,
Mais le miracle serait, à ce qu'il me
semble, qu'un seul prêtre eut osé ré-
pondre par un refus à l'invitation de son
évoque.
Je sais bicn qne monseigneur ajoute
qu'ils ont souscrit avec empressement,
et que cet empressement n' est que fort
naturel. Reconnaissons même qu'il y
a quelque chose de surnaturel à voir
un pauvre desservant, dont le traite-
ment est déjà si maigre, en verser une
partie dans la caisse de l'évêché. et le
faire avec empressement.
Mais je me méfie de cet empresse-
ment. Il est probable que monseigneur
aura réuni tous ses prêtres et leur aura
dit :
- Voulez-vous céder une partie de
vos appointements pour l'université ca-
tholique? ,
Et tous se sont écriés en chœur :
—Avec empressement, monseigneur,
avec empressement !
Avec empressement : cela s'entend.
C'est comme nous disons à une dame
qui nous offre des billets de concert il
dix francs ;
- Mais comment donc ! madame,
avec le plus grand plaisir!
Notre plaisir est cousin de l'empres-
sement des curés de Boulogne. d'Arras
et de Lille. -
J'imagine que si l'on avait le droit,
dans le cJergé. d'élever la voix et de
présenter au colonel, c'est à l'évêquè
que je veux dire, quelques observa-
tions respectueuses, un de ces pauvres
diables n'aurait pas manqué de ré-
pondre :
« Monseigneur, vous vous plaignez
sans cesse au gouvernement et aux
Chambres que nos traitements soient in-
suffisants pour nos besoins, et ils le
sont en effet. Vous êtes toujours à de-
mander pour nous des augmentations.
Comment voulez-vous qu'on nous les
accorde si vous prélevez sur notre pau-
vre budget de quoi nourrir vos univer-
sités? Le ministre ne sera-t-il pas auto-
risé à répondre que nos appartements
si modestes qu'il paraissent, sont encore
trop considérables, puisque nous trou-
vons moyen de subventionner des en-
treprises qui font concurrence à fE-
tat : car il est clair que toute augmen-
tation qui nous serait attribuée ne ser-
virait qu'à.grossir'ie budget de vos nui.
versités catholiques. » ,
Ce raisonnement, eut sans aucun
doute paru détestable, venant, comme
dit Lafontainc, d'un simple drille. 11 ne
laisse pourtant pas d'être assez juste
et ce serait miracle, puisque miracle v
a, si quelques-uns des subordonnés de
monseigneur ne l'avait fait tout bas
en son humble cervelle.
Il est vrai que re ne sont pas les
prêtres seuls qui ont souscrit : les fi-
doles. comme le remarque judicieuse-
| ! ment la circulaire, se sont mis aussi de
la partie. Ils ont donné des millions
Mais c 'est là un miracle sur lequel P.bus
commençons à être blasés. Il prouve
tout simplement la merveilleuse 'habi-
leté des quêteurs et l'inçrovable naïve-
te du public. L;) main de Dieu est pour
peu de chose dans ce résultat.
La circulaire poursuit, enumcrnnt les
faveurs par ïesquelles Dieu a témoigné
de rmtér-ot qu'il porto à toutes Jos uni-
versHéscatholiques c4 général et à celle
de Lille en particulier : « l/œuvrea. vu,,'
dit-elle, ses jeunes professeurs égaler
dés leur début, les maîtres les plus ex-
périmentes: et lesétudianfsont répondu
dignement aux soins de ceux qui les
formaient. »
Allons ! tant mieux ! Ce sont de ces
compliments qu'on se fait entre soi. les
jours de distribution de prix, et qui ne
tirent pas plus à conséquence que les
lettres de bonne année.
Mais il est un point sur lequel .\lg¡>
d'Arras et son collègue se sont évidem-
ment trompés, en se portant forts pour
Dieu et saint Joseph : au moment ou
ils ont écrit leur circulaire. ils croyaient
encore que le ministre les laisserait en-
trer en possession de l'hôpital Sainte-
Eugénie et qu'ils pourraient ouvrir loiir
faculté de médecine.
Ils se félicitaient de cette conquête-
ils en remerciaient avec effusion le
Seigneur! Son doigt était visible en
cette a flaire.
Il était s> Visible même, si visible, que
io. rn'::lstl'e n 'a pas pu faire autrement
que de le voir.
lia cassé net le traité qui assurait à
Jeudi 9 Novembre 1876
LE fi SIÈCLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
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de chaque mois.
Par suite du nouveau traité
postal, les prix d'abonnement pour
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3 mois. 17 francs.
6 mois. 34 —
12 mois. 66 —
BULLETIN
Paris, 8 novembre 1876.
Dans sa séance d'hier, le Sénat a continué
la discussion de la loi relative à l'adminis-
tration de l'armée.
La Chambre des députés a voté une par-
tie du budget des dépenses de la marine.
Rien encore que des bruits contradictoi-
res relativement à la fixation de la ligne de
démarcation et à la conférence qui doit dé-
cider de l'avenir des provinces des Balkhans.
La commission internationale composée de
délégués militaires nommés par les puis-
sances est réunie et se rend à Widdin,
mais elle ne peut commencer ses travaux
avant qu'il ait été décidé quelle sera la base
adoptée pour fixer la zone neutre entre les
deux armées. Or, il semble que les ambas-
deurs réunis à Constantinople aient voulu se
donner quelque repos après les émotions
de la semaine dernière, car ils n'ont pris en-
core aucune résolution. Les Turcs, en at-
tendant, ont évacué Deligrad; mais ils se
sont établis à Alexinatz, devenu le quartier
général d'Abd-ul-Keri m-Pacha.
Probablement auront-ils à reculer jusqu'à
la frontière, car il se confirme que l'on in-
diquera comme zone neutre la partie de la
Serbie qu'ils ont conquise. Un dernier
mot à propos de la commission internatio-
nale : on remarque beaucoup que, seule
de toutes les puissances, l'Allemagne ne
s'est pas fait représenter.
D'où vient et que signifie cette abstention ?
Dans un discours que le ministre d'Etat, M.
de Bulow, vient de prononcer au Reichstag,
discours très-pacifique d'ailleurs, il insiste
sur ce point que « la politique de l'empereur
est une politique de paix qui repousse toute
immixtion dans les affaires d'autrui. Est-
ce pour appliquer ce principe que le cabinet
de Berlin ne s'est pas fait représenter à la
commission chargée de fixer la ligne de
démarcation ? Mais alors, et avec beaucoup
plus déraison, l'Allemagne ne voudra pas se
faire représenter à la conférence qui doit
régler la question de la paix.
Ceci nous ramène à parler de la confé-
rence projetée. Sur cette question les nou-
velles sont plus contradictoires encore., s'il
est possible, que sur la fixation de la zone
neutre. Il est évident que si l'Allemagne
refuse d'y prendre part, et* on se souvient
sans doute qu'elle avait déjà refusé il y a
deux mois, il n'y a plus de conférence pos-
sible. Nous avons dit hier les réserves que
l'ait l'Autriche, et les dépèches de Vienne
semblent indiquer que le cabinet austro-
hongrois hésite de plus en plus à donner
son adhésion.
Or, si la conférence n'est pas possible,
qui se chargera de régler les conditions de
la paix? La Russie, par les dernières dé-
marches qu'elle a faites à Constantinople,
s'est tellement mise en "avant qu'elle devra
achever son œuvre et traiter directement
avec la Turquie. Les Slaves d'ailleurs y
comptent bien.
D'après un télégramme adressé de Berlin
au Times, l'Istok, organe du gouvernement
serbe, déclare que, quoi qu'il arrive, les
chrétiens des Balkhans seront cette fois dé-
livrés du joug des Turcs. Et il ajoute : La
Turquie cédera à la Russie dans les négo-
ciations qui vont s'ouvrir, ou la Russie en-
vahira la Bulgarie, et l'armée serbe, recons-
tituée, formera l'aile droite de l'armée russe.
Est-ce dans la prévision de ces négociations
directes et'aprés l'essai heureux qu'il vient
de faire de l'intimidation sur la Porte, que
le cabinet de Saint-Pétersbourg pousse plus
nctivement que jamais ses préparatifs mili-
taires, et qu'il semble en faire parade?
Le correspondant de Vienne du journal
de la Cité lui écrit que « la Russie se
prépare à toutes les éventualités, et que
les autorités russes affirment que toute l'ar-
mée est sur le pied de guerre. »
Le même journal reçoit de son corres-
pondant de Berlin l'analyse d'un article de
fond du Golos, journal ministériel publié à
Saint-Pétersbourg, où il est dit que la Russie
mettra à profit les deux mois de l'armistice
pour compléter ses armements et pour tout
préparer, afin d'envahir la Turquie le 2 jan-
vier 1877 si, jusque-là, la Porte n'a ps fait
toutes les concessions que l'on exige d'elle.
Le Divan a cédé une première fois devant
une menace d'une guerre immédiate ; mais
cédera-t-il une seconde, alors que l'existence
même de l'empire sera en jeu? Cela est plus
que douteux.
---- .---.---.--..---.------ —
:Bou.rse de Paris
clôture le G nov. le7nov. Hausse Baisse
s o/o
Comptant.. 85 72 15 30
Fin cour 71 85 72 27 1/2 42 1/2
4. 1/2 O/O
Comptant.. 102 102 ., Í •• •/•
GO/O - -
comptant 32 1/2 07 1/2 •• •/•
Fin cour 105 2e 105 50
-
1 PETITE BOURSE DU SOIR
Emprunt 3 0/0. 72 fr. 30. 3% 211/4,211 -2.
Emprunt 5 0/0. 105 fr. 50, 55, 47 1/1, 50.
5 0/0 turc. 11 fr. 77 1/2, 80.
Banque Ottomane.. 386 fr. 25, 385 62 1/2.
Extérieure. 13 fr. 3/4.
Egyptien. 223 fr. 75, 233 12, 234 37.
;
La discussion de la loi sur l'inten-
dance militaire avance à grands pas au
Sénat. Si le ministre de la guerre a de-
mandé à l'Assemblée de revenir sur le
vote d'urgence et de soumettre la loi à
l'épreuve de deux lectures, c'est plutôt,
selon son expression, à cause de l'im-
portance des intérêts auxquels elle tou-
che que parce que les dispositions gé-
nérales en pouvaient être douteuses. On
peut dire que depuis l'expérience de
1870, l'organisation de notre inten-
dance militaire est jugée pour tous, et
si quelque chose peut étonner, c'est
que la réponse se soit fait attendre plus
de cinq années. La situation officielle
de messieurs les intendants perdra quel-
que chose à l'établissement de la nou-
velle loi ; mais l'intérêt public y ga-
gnera beaucoup, et les intendants sen-
sés seront les premiers à applaudir à
une disposition qui, en précisant leurs
devoirs, diminuera leur responsabilité.
Si l'on veut que les chefs de corps
puissent donner des ordres utiles à l'in-
tendance en temps de guerre, il ne suf-
fit pas qu'elle leur soit subordonnée en
campagne; il faut qu'ils lui comman-
dent aussi en temps de paix, et que les
moyens d'assurer la nourriture de leurs
hommes ne leur soient pas moins fami-
liers que les moyens d'assurer la bonne
exécution des manœuvres militaires.
L'incident important de cette discus-
sion est jusqu'ici le discours prononcé
à la séance de lundi par l'honorable duc
d'Audiffret-Pasquier. Celui qui avait été
chargé de faire le rapport de l'enquête
sur nos désastres, ordonné par l'As-
semblée nationale, avait qualité plus
que tout autre pour signaler les vices
de notre administration militaire. Il l'a
fait avec une clarté d'exposition, avec
une force de logique, avec une abon-
dance de citations et de détails con-
cluants qui font de ce discours l'un des
plus remarquables qu'il ait prononcés.
Il a séparé la cause des officiers et des
soldats, qui ont été sans reproche, de
l'imprévoyance criminelle qui a rendu
les dévouements et les courages inuti-
les. « Non, s'est-il écrié, mon pays n'a
pas dégénéré ! non, l'armée n'a pas
manqué à son devoir. Et Dieu veuille que
nos enfants se battent aussi bravement
que l'on s'est battu à Gravelotte et à St-
Privat. »
Mais dans la guerre moderne, avec ses
complications infinies, ses engins de
toute sorte, les masses énormes qu'elle
met en mouvement, c'est en vain que les
hommes font leur devoir et sacrifient
leur vie, si l'organisation générale fait
défaut, si les vivres manquent, si les
convois n'arrivent pas à temps ou se
trompent de route, si provisions et mu-
nitions font défaut, si le désordre est
d'un côté tandis que la tactique la plus
savante, la plus méthodique, est de l'au-
tre : « A la suite de ces longues enquê-
tes que la confiance de mes collègues
m'avait imposées, a dit encore M. le duc
d'Audiffret-Pasquier, j'ai acquis cette
conviction sincère et profonde que nos
revers doivent être attribués à l'impré-
voyance qui nous a jetés dans la guerre
sans organisation, sans direction, sans
pouvoirs définis. Voilà la véritable
cause. »
A cette accusation si nette, si précise,
la meute bonapartiste bondit de nou-
veau et hurle comme elle hurlait il y a
trois années, lorsque M. le duc Pasquier
demandait à M. Rouher le compte du
crime de l'empire, et lui criait : Varus,
rends-nous nos légions ! Qui donc, en
effet, fut le coupable de cette effroyable
imprévoyance ? A qui la faute si nos
arsenaux étaient vides, si munitions
de toute sorte et vivres nous faisaient
défaut, si nous avons été partout sur-
pris dans des conditions d'infériori
té, sinon à ce gouvernement impé-
rial qui avait pendant tant d'années
gaspillé au Mexique et ailleurs le budget
de la guerre, qui savait bien que nous
n'étions pas prêts pour une guerre con-
tre l'Allemagne, et dont cependant le
ministre venait affirmer à la tribune
que nous étions prêts, cinq fois prêts,
et que, la guerre durât-elle une année,
nous n'aurions pas seulement un bou-
ton de guêtre à acheter !
Hélas ! il est trop tard aujourd'hui
pour réparer les désastres ; tout ce que
peut faire la sagesse politique, c'est
d'empêcher qu'ils ne puissent être re-
nouvelés.
Dans sa péroraison, M. le duc d'Au-
diffret-Pasquier a tenu à venger le gou-
vernement parlementaire, qui est le gou-
vernement de la République, des calom-
nies intéressées que tous les jours en-
core nous pouvons lire répétées contre
lui. Il faut citer tout cet éloquent pas-
sage :
« On a cherché, messieurs, dans ces
temps passés, à réveiller l'antagonisme
entre l'armée et ce que l'on appelle le
parlementarisme. C'est une œuvre mal-
saine autant que vaine.
» L'armée, aujourd'hui, c'est la na-
tion tout entière; elle a confiance dans
les représentants du pays, comme vous
avez confiance en elIe/EUe ne se laisse-
ra pas tromper.
» Il y a quelque chose de plus fort que
toutes ces calomnies et ces flagorneries
intéressées, c'est le spectacle de ce Par-
lement qui, depuis six ans, a eu pour
préoccupation, je puis dire presque ex-
clusive, la reconstitution des forces na-
tionales, qui a donné à l'armée, par le
service obligatoire, depuis le premier
jusqu'au dernier de nos enfants, et qui,
dans les budgets chaque année plus
lourds, leur donne jusqu'au dernier écu
de ses ressources disponibles. Non, il
il n'y a pas d'antagonisme possible entre
le Parlement et l'armée ! Ceux qui cher-
chent à le faire naître font une œuvre
anti-patriotique. Si la Providence nous
envoyait de nouveaux jours d'épreuves,
il faudra bien que la France trouve dans
cette union de ses représentants et de
ses combattants la force nécessaire pour
résister. Ne vous laissez donc pas arrê-
ter; persévérez dans votre œuvre, com-
plétez-la, et l'armée reconnaissante ne
l'oubliera pas! »
Oui, là est la vérité ; l'Assemblée na-
tionale, comme l'Assemblée de 1876,
n'ont pas un moment manqué d'avoir
comme première pensée la reconstitu-
tion de l'armée nationale ; oui, cette ar-
mée est bien aujourd'hui, grâce au ser-
vice obligatoire, la nation elle-même ;
la nation tout entière; oui, la Répu-
blique et les républicains n'ont jamais
perdu une occasion d'honorer, de dé-
fendre, de fortifier l'armée. Et cepen-
dant les ennemis de la République n'en
vont pas moins répétant que l'antago-
nisme existe entre l'armée et la Cham-
bre républicaine, que les républicains
haïssent et méprisent l'armée, qu'ils
ont sans cesse contre elle l'insulte à la
bouche !. Que faire contre de telles
imputations? laisser faire et laisser dire,
persévérer dans son œuvre, comme l'a
si bien dit M. le duc d'Audiffret-Pas-
quier, avoir confiance dans le bon sens
de l'armée, être persuadé que les ca-
lomnies ne durent jamais, et songer
qu'il est aussi impossible de demander
de la bonne foi au Français CI no de la
tolérance à Y Univers.
CHARLES BIGOT
LE PARLEMENT
COURRIER DE LA CHAMBRE
Versailles, 7 novembre 1876.
Dans la discussion des chapitres du bud-
get du ministère de la marine et des colo-
colonies, le point le plus délicat, celui qui
passe pour présenter le plus d'intérêt, a, en
en somme, fort peu d'importance. Nous l'a-
vons signalé hier : il consiste en une réduc-
tion d'une centaine de mille francs que la
commission effectue sur l'aumônerie de la
marine, en proposant de revenir à l'esprit
et à la lettre de l'ordonnance de 1845. Voilà
le « monstre » de ce budget! — ce qui
prouve bien que les choses tirent souvent
leur gravité des circonstances et des milieux.
M. Raoul Duval, rapporteur, s'est montré
parfait dans sa façon de soutenir l'opinion
de la commission contre les chiffres du mi-
nistre. Plein de convenance et de tact, il
a exposé le cas avec tant de clarté que
ceux-là seuls dont le jeu est de tromper les
autres pourront se tromper sur la question :
ce ne sont pas les aumôniers de la flotte
courant les mers, mais bien les aumôniers
d'arsenaux, de pontons et autres superféta-
tions d'aumôniers hiérarchisés que la com-
mission supprime. M. l'amiral Fourichon
lui-même ne paraissait pas bien connaître
la question, car il a risqué une interruption
que M. Raoul Duval a instantanément ré-
tutee, l Annuairede la marine enmam.
Du reste, ce qui prouve bien la pénurie de
raisons dont était affligée l'opinion adverse,
c'est que, pour tout argument, un illustre
inconnu de la droite est venu apporter.
quoi ? un passage de la Géographie de Mal-
te-Brun !
Et M. le président proclame le PRsnltat.
suivant :
390 voix pour la commission.
142 voix pour le chiffre ministériel.
Il n'y a que ces questions dites religieuses
pour produire des miracles ! Ainsi en voilà
une qui, bien calme en apparence, trouve
moyen de produire un scrutin fort de 523
suffrages dans une Chambre où il n'y a que
528 membres — et en comptant les morts
encore !
Le chapitre V, concernant l'effectif des
troupes destinées aux colonies, nous a fourni
une nouvelle occasion de constater à quel
point les différents budgets ont été soigneu-
sement étudiés. Si bien des questions n'ont
pas été résolues, c'est que, de nature com-
plexe. elles exigent un remaniement géné-
ral qu'on ne saurait faire au pied levé, in-
cidemment pour ainsi dire, à propos d'une
discussion budgétaire. Il y a là bien des
éléments de travail pour l'avenir.
Le restant de la séance nous a laissé
froid. Nous avons entendu réclamer celui-
ci en faveur des commis écrivains du per-
sonnel administratif des directions de tra-
vaux ; celui-là, en faveur des employés de
commissariats de marine; l'un, en faveur
des contre-maîtres de nous ne savons au
juste quoi; l'autre, en faveur des gardiens
de bureau, etc., etc. Nous savons bien que
c'est là un usage antique et solennel auquel
est tenu de sacrifier tout député vis-à-vis de
ses électeurs ; mais le temps passe et le
budget s'éternise.
Et puis qu'est-ce que cela nous fait, en
pareille occurrence, que l'orateur s'appelle
Bethmont, Bouchet, Tocqueville ou Ratier,
Daumas ou Gasté ? Pour nous, son vrai nom
est Marseille, Cherbourg 'ou Lorient, Tou-
lon, Rochefort ou Brest. Il a même une ap-
pellation générique plus large : il se nomme
Littoral.
De sorte que des nombreuses observa-
tions présentées nous n'en avons retenu
qu'une seule qu'on a oublié de faire : Et dire
que tous ces amendements portant aug-
mentation de traitements font peut-être bat-
tre d'espoir pendant trois mois le cœur
d'un tas de pauvres diables ! Après tout,
l'espoir esl la seule richesse du pauvre.
PAUL LAFARGUJ.
Éclios de la Oliamtoi-e
La Chambre des députés a nommé hier, dans
ses bureaux, différentes commissions dont
voici la composition :
Cemmission pour l'examen du projet de loi
relatif à l'exécution de la loi du 26 juillet 1873,
sur la constitution de la propriété indigène en
Algérie :
MM. Manoury, Bouteille, Pâtissier, Devau-
coux, Lesguillon. Durand. Rameau. Gasté. Jac-
ques. Brossard.
*
* *
Commission pour l'examen du projet de loi
précédemment adopté par le Sénat, et tendant
à appliquer l'article 408 du code pénal aux em-
prunteurs du Crédit foncier colonial, qui com-
mettent des dilapida lions ou des détournement s
sur les propriétés affectées aux emprunt s qu'ils
ont contractés auprès de cet établissement :
MM. Lalanne, de Mahy, Bousquet. Oaudy,
Franck-Chauveau, Pierre Legrand, Drume].
Godin. Danelle-Bernardin, Sarrien.
*
* *
Commission pour l'examen du projet de loi
précédemment adopté par le Sénat et avant
pour objet de substituer le code pénal métro-
politain au code pénal colonial pour les Antil-
les et la Réunion : MM. Le Cherbonnier, de
MaIrv, Raymond Bastid, Germain Casse, La-
cascade, Marty. Farcy, Godin, Gudin. Ni nord.
*
* *
La commission chargée d'examiner le projet
de loi relatif à l'extension du gouvernement mi-
litaire de Paris a nommé :
Président : M. le colonel Denfert-Roche-reau:
Secrétaire : M. Tassin.
*
* #
La commission des congés a nommé :
Président : M. le général de Chanal :
Secrétaire : M. Armez.
*
* *
La commission du budget s'est réunie hier
à une heure avant la séance, pour entendre M.
le ministre de la marine au sujet du crédit de-
mandé par le gouvernement pour l'infanterie
de - marine.
M. l'amiral Fourichon a exposé à la commis-
sion les raisons qui selon lui légitimaient 1 a
demande de crédit. La majorité de la commis-
sion a néanmoins persisté dans son refus, et
l'on a pu voir, au compte-rendu de la séance,
que la Chambre a confirmé la réduction pro-
posée par le rapporteur.
* *
Le ministre des travaux publics déposera
lundi prochain, devant les bureaux de la
Chambre, ses projets de cession des chemins
de fer d'intérêt local aux grandes Compagnies.
EMMANUEL ARÈNE.
COURRIER DU SÉNAT
Que sont devenues les belles discussions
sur les lois de l'armée ? Du temps de l'As-
semblée nationale, on était passionné. Nous
avons changé tout cela ! Au Sénat, on a voté
aujourd'hui sans débrider les 44 articles du
projet de loi sur l'administration de l'armée.
A propos de l'article spécial qui subor-
donne l'intendance au commandement, M.
de Freycinet a prononcé un excellent dis-
cours. C'est un début brillant. L'honorable
sénateur s'exprime avec une grande faci-
lité et une grande élégance. A droite comme
à gauche, il a recueilli des applaudisse-
ments. Et ce fut tout ! personne autre n'a
affronté la tribune ! Ah! pardon, j'allais ou-
blier M. le ministre de la guerre, encore un
débutant I Il n'a dit que deux mots; qu'il
était entièrement d'accord avec la commis-
sion ; mais il nous semble qu'il sera plus à
son aise à la tribune que son prédécesseur.
Le Sénat a pris en considération quelques
propositions de loi (vous voyez qu'on ne
perd pas de temps) et s'est ajourné à jeudi.
P. DE SlKXNF..
Et M. le Maréchal?
-.- ._-.--- -- -
Hier soir, la Défense sociale ei reli-
gieuse, après s'être indignée à priori
de tous les changements qui pourraient
modifier le ministère dans un sens plus
franchement républicain, s'enflamma
comme si quelque Dieu avait mis le
feu à sa quatrième page. On entendit M.
Dupanloup criant et vaticinant à tue-
tête :
« Et M. le maréchal? On s'accoutume
toujours à compter sans lui! »
Nous n'avons ni l'honneur d'être ins-
pirés par la présidence, ni la prétention
ridicule de l'inspirer. Mais nousconnais-
sons bien la France, pour y avoir vécu
notre vie, et l'Europe centrale pour
l'avoir parcourue dans tous les sens.
Et voici les faits par lesquels une puis-
sance amie et voisine, l'Italie, répond au
journaliste-évêque d'Orléans.
Les Italiens, ainsi que nous, ont fait
en 1876 des élections législatives. Au-
delà comme en deçà des Alpes, la na-
tion s'est prononcée pour le progrès et
pour la liberté; elle a penché visible-
ment à gauche. Sur 500 députés qui
vont bientôt se rassembler à Rome dans
le palais de Monle-Citorio, on estime
aujourd'hui que les groupes de gauche
en réuniront 400.
Victor-Emmanuel a pu être surpris
de cet événement comme M. le maré-
chal de Mac-Mahon s'est étonné, dit-
on. des élections françaises du 20 fé-
vrier. Mais il est de notoriété publique
que le roi d'Italie ne s'en est nullement
ému. Et pourquoi donc sortirait-il d'un
calme et d'une sérénité qui font les trois
quarts de sa force ? N'est-il pas placé
assez haut pour tenir la balance égale
entre tous les partis ? N'a-t-il pas dit, il y
a quatre ou cinq ans, cette parole admi-
rable : Je suis le roi de la gauche aussi
bien que de la droite ! La Constitution
ne trace-t-elle pas devant lui une route
vraiment royale, en déclarant qu'il est
irresponsable ?
Si des hommes de perfide conseil,
quelques mauvaises têtes, mitrées ou
non, lui conseillaient de se jeter à droite
par cela seul que le pays incline à gau-
che, Victor-Emmanuel leur répondrait
par un mépris souverain. Dites-lui donc
de prendre un point d'appui dans le Sé-
nat pour combattre l'Assemblée popu-
laire ! Demandez-lui de réunir secrète-
ment autour de sa personne les débris
des ministères tombés ! Il haussera les
épaules, et d'ailleurs les chefs de l'op-
position conservatrice, les Minghetti,
les Sella sont trop bons citoyens pour
songer à faire campagne contre l'opi-
nion du pays, quoi qu'ils en pensent,
et fùt-il prouvé à leurs yeux que l'Italie
ne va ni piano, ni sano.
Victor-Emmanuel n'est pourtant pas
un démocrate. Il appartient par sa
naissance à la monarchie la plus pure,
la plus invétérée, la plus auguste : on
ne trouverait point, dans tout l'AIma-
nach de Gotha, un gentilhomme mieux
né que lui. Mais il est de son temps, il
connaît ses devoirs et ses intérêts de
roi moderne. II a vu crouler autour de
lui une demi-douzaine de petits trônes
mal assis parce qu'ils reposaient sur le
mauvais gouvernement, sur le mépris
de l'opinion publique, sur l'opposition
têtue et bornée d'un contre tous.
M. le sénateur, évêque et journaliste
Dupanloup n'écrira jamais un article
plus éloquent que cet exemple.
Le maréchal de Mac-Mahon, président
de la République française, est aussi sur
de nous que Victor-Emmanuel peut l'ê-
tre de la nation italienne. On n'a pas plus
conspiré contre l'un que contre J'autre,
depuis l'avortcment de la restauration
légitimiste, en octobre 1873. Les élec-
teurs français sont en majorité républi-
cains, comme les électeurs italiens sont
en majorité royalistes. Le maréchal, ir-
responsable au même degré et aux mê-
mes conditions que le roi, n'a pas d'au-
tre devoir que de présider sagement,
noblement, au self govemmenf de la
France.
Le suffrage universel lui a dit claire-
ment, sans équivoque, où la nation veut
aller avec lui et sous ses auspices. Le
pays ne lui a pas caché sa répugnance
pour les Buffet, les Broglie. les Chabaud-
Latour et tous ces ennemis publics qui
ont traité 36 millions d'hommes com-
me les pensionnaires d'une maison de
fous sous le régime de l'ordre moral. Une
expérience récente, mais concluante,
a prouvé à M. le maréchal de Mac-Ma-
hon qu'il peut sans déroger, faire très-
bon ménage avec les chefs du parti ré-
publicain. Il sait que le pays ne place
pas sa confiance à l'aventure, que nous
avons Une députation honnête et sage,
capable de lui donner autant de bons
ministres qu'il en voudra. LesMarcére,
les Christophle, les Waddington. les
Léon Say, ne sont pas plus déplacés
autour de M. le due de Magenta que
les Depretis et les Nicotera autour du
roi Victor-Emmanuel.
La Défense sociale et religieuse a donc
lâché une sottise gratuite lorsqu 'elle a
demandé que M. le président de la Ré-
publique française se montrât plus roya-
liste que le roi Victor-Emmanuel.
ABOUT.
+
D'après uije correspondance adressée de
Constantinople à la Gazette de Cologne. le
projet d'armistice présenté le 31 octobre à la
Sublime-Porte: par Je général Ignatieff. était
ainsi conçu:
Une longue incertitude étant nuisible aux
intérêts commerciaux. industriels et finan-
ciers de toute l'Europe, et préjudiciable à la
prompte conclusion d'une paix durable que
toutes les puissances désirent. un armistice
est conclu à dater du. sur tout le théâtre des
hostilités delà guerre on Serbie et au Monle-
gro. et cet armistice durera jusqu'au. décem-
bre. A la suite de cette déclaration, des délé-
gués seront nommés de la part des puissances
médiatrices et envoyés immédiatement sur les
lieux pour procéder aux opérations de démar-
cation. — Si, contre toute attente, une paix
durable n'était pas conclue jusqu'à l'expiration
du délai ci-dessus indiqué, la durée de l'arniis-
ti cè pourrait être prolongée selon les nécessité? de
la négociation, ci. l'accord qui Ù¡f('/,cielldl'o;r l'li-
tre la Porte T'f les puissances garantes sera pro-
longé de six autres semaines sans que dans
l'intervalle aucune des deux parties puisse se
permettre de reprendre les hostilités. A l'expi-
ration de ce second délai, l'armistice sera pro-
longé de deux mois à moins qnn les puissances
médiatrices ne décident outre elles la reprise
des hostilités.
---.-.--.
AVEC EMPRESSEMENT
Mgr l'évoque d'Arras, Boulogne et
Saint-Omer, et son collègue Mgr H.
Monmer, évêque de Iydda, vicaire-gé-
néral, viennent d'instituer ce qu'ils ap-
pellent une Union de prières en faveur
de l'université catholique de Lille, la
quelle est, comme on sait, placée sous
la protection spéciale de saint Joseph.
Ces deux évoques viennent de publier
à ce propos une instruction ou circu-
laire qui a été répandue dans tous les
diocèses du Nord à des milliers d'exem-
plaires.
Ils s'y congratulent modestement, en
style dévot, des résultats obtenus.
« Durant les dix mois qui viennent (lt.
s'écouler, disent-ik ie Sei°me\\v £ i '^on
tré que l'université catholique est son
œuvre. »
Et comment le Seigneur a-t-il montré
cela ?
La chose vaut la peine d'être remar-
quée.
« De toutes parts la sympathie et les
offrandes du clergé et des fidèles se sont
produites avec un empressement qui a
étonné le monde entier. »
Ces messieurs croient-ils sérieuse-
ment qu'il y ait dans cet empressement
des fidèles et du clergé à donner de l'ar-
gent un miracle aussi extraordinaire que
le fut celui de la manne pleuvant dans
le désert sur les Israélites affamés ?
Ce miracle est de ceux qui s'expli-
quent.
Le clergé de Lille, d'Arras et de Bou-
logne a souscrit tout entier pour la Ion
dation de l'université catholique. 11 n'v
a pas un prêtre qui n'ait abandonné
pour cet objet une partie de son traite-
ment. ,
Mais le miracle serait, à ce qu'il me
semble, qu'un seul prêtre eut osé ré-
pondre par un refus à l'invitation de son
évoque.
Je sais bicn qne monseigneur ajoute
qu'ils ont souscrit avec empressement,
et que cet empressement n' est que fort
naturel. Reconnaissons même qu'il y
a quelque chose de surnaturel à voir
un pauvre desservant, dont le traite-
ment est déjà si maigre, en verser une
partie dans la caisse de l'évêché. et le
faire avec empressement.
Mais je me méfie de cet empresse-
ment. Il est probable que monseigneur
aura réuni tous ses prêtres et leur aura
dit :
- Voulez-vous céder une partie de
vos appointements pour l'université ca-
tholique? ,
Et tous se sont écriés en chœur :
—Avec empressement, monseigneur,
avec empressement !
Avec empressement : cela s'entend.
C'est comme nous disons à une dame
qui nous offre des billets de concert il
dix francs ;
- Mais comment donc ! madame,
avec le plus grand plaisir!
Notre plaisir est cousin de l'empres-
sement des curés de Boulogne. d'Arras
et de Lille. -
J'imagine que si l'on avait le droit,
dans le cJergé. d'élever la voix et de
présenter au colonel, c'est à l'évêquè
que je veux dire, quelques observa-
tions respectueuses, un de ces pauvres
diables n'aurait pas manqué de ré-
pondre :
« Monseigneur, vous vous plaignez
sans cesse au gouvernement et aux
Chambres que nos traitements soient in-
suffisants pour nos besoins, et ils le
sont en effet. Vous êtes toujours à de-
mander pour nous des augmentations.
Comment voulez-vous qu'on nous les
accorde si vous prélevez sur notre pau-
vre budget de quoi nourrir vos univer-
sités? Le ministre ne sera-t-il pas auto-
risé à répondre que nos appartements
si modestes qu'il paraissent, sont encore
trop considérables, puisque nous trou-
vons moyen de subventionner des en-
treprises qui font concurrence à fE-
tat : car il est clair que toute augmen-
tation qui nous serait attribuée ne ser-
virait qu'à.grossir'ie budget de vos nui.
versités catholiques. » ,
Ce raisonnement, eut sans aucun
doute paru détestable, venant, comme
dit Lafontainc, d'un simple drille. 11 ne
laisse pourtant pas d'être assez juste
et ce serait miracle, puisque miracle v
a, si quelques-uns des subordonnés de
monseigneur ne l'avait fait tout bas
en son humble cervelle.
Il est vrai que re ne sont pas les
prêtres seuls qui ont souscrit : les fi-
doles. comme le remarque judicieuse-
| ! ment la circulaire, se sont mis aussi de
la partie. Ils ont donné des millions
Mais c 'est là un miracle sur lequel P.bus
commençons à être blasés. Il prouve
tout simplement la merveilleuse 'habi-
leté des quêteurs et l'inçrovable naïve-
te du public. L;) main de Dieu est pour
peu de chose dans ce résultat.
La circulaire poursuit, enumcrnnt les
faveurs par ïesquelles Dieu a témoigné
de rmtér-ot qu'il porto à toutes Jos uni-
versHéscatholiques c4 général et à celle
de Lille en particulier : « l/œuvrea. vu,,'
dit-elle, ses jeunes professeurs égaler
dés leur début, les maîtres les plus ex-
périmentes: et lesétudianfsont répondu
dignement aux soins de ceux qui les
formaient. »
Allons ! tant mieux ! Ce sont de ces
compliments qu'on se fait entre soi. les
jours de distribution de prix, et qui ne
tirent pas plus à conséquence que les
lettres de bonne année.
Mais il est un point sur lequel .\lg¡>
d'Arras et son collègue se sont évidem-
ment trompés, en se portant forts pour
Dieu et saint Joseph : au moment ou
ils ont écrit leur circulaire. ils croyaient
encore que le ministre les laisserait en-
trer en possession de l'hôpital Sainte-
Eugénie et qu'ils pourraient ouvrir loiir
faculté de médecine.
Ils se félicitaient de cette conquête-
ils en remerciaient avec effusion le
Seigneur! Son doigt était visible en
cette a flaire.
Il était s> Visible même, si visible, que
io. rn'::lstl'e n 'a pas pu faire autrement
que de le voir.
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