Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1876-11-08
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 08 novembre 1876 08 novembre 1876
Description : 1876/11/08 (A6,N1793). 1876/11/08 (A6,N1793).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
Sixième Annee — No 1793
Prix du Numéro à Paris : 15 Centimes — Départements : 20 Centimes
Mercredi 8 Novembre 1876
«LBBIM E iiitiiiiii Htmmm Bmi T SI@I ÈCLbesicm Eiisiiiga
JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la :Rédaction
de 2 heures à minuit
5S, rue de Lafayette
Les Lettres non affranchies seront rqfusèes.
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Six mois. S3 »
Un an. es »
ANNONCES : Chez MM. LAGRANGE, CERF et Cie
0} place de ta Bo.e, a
BULLETIN
Paris, 7 novembre 1876.
Le Sénat, dans sa séance d'hier, a abordé
la discussion de la loi sur l'administration
de l'armée. Sur la proposition de M. le mi-
tre de la guerre, le Sénat a décidé que ce
projet,, en raison de son importance, serait
soumis à deux délibérations.
La Chambre des députés a entendu le
rapport de M. Bernier sur les opérations
électorales de la deuxième circonscription
de l'arrondissement de Saint-Gaudens et a
prononcé l'admission de M. Tron. La Cham-
bre a abordé ensuite la discussion du bud-
get de la marine.
., La question de la délimitation de la zone
neutre entre l'armée turque et l'armée ser-
be n'est pas encore résolue. La Turquie et
la majorité des puissances, d'après un télé-
gramme adressé au Times pensent que la
ligne doit être fixée d'après les positions oc-
cupées par les combattants au moment de
l'acceptation de l'armistice. La Russie, au
contraire, demande que les troupes turques
se retirent à la frontière. La Revue du Lun-
di, organe semi-officiel du gouvernement
autrichien, prend, dans cette question, partie
contre, la Russie et estime que « la question
de la fixation de la zone de délimitation est
déjà réglée par des lois internationales aux-
quelles le cabinet de Saint-Pétersbourg
pourra difficilement se soustraire. »
D'ailleurs, le ton de la presse officieuse
autrichienne devient assez vif contre la Rus-
sie, et si nos renseignements sont exacts,
les feuilles officieuses ne feraient que reflé-
ter les sentiments éprouvés en haut lieu. On
est très-mécontent, à Vienne, de n'avoir pas
été prévenu par avance de la remise de l'ul-
timatum russe à la Porte, alors que le cabi-
net de Berlin était immédiatement averti,
ce qui lui permettait de modifier au dernier
moment, dans le discours du trône, le pas-
sage relatif aux relations extérieures.
Aussi l'Autriche fait-elle déclarer d'ores
et déjà qu'elle ne consentira à se faire repré-
senter à une conférence que si les sujets à
mettre en discussion ont été parfaitement
définis et si les cabinets: se sont mis préala-
blement d'accord sur la solution à donner
aux diverses questions pendantes. Or, il ne
parait pas que la Russie ait encore fait con-
naître ses vues à ce sujet.
Il règne, d'ailleurs, une grande incerti-
tude sur le lieu où devra se réunir cette
conférence. Bruxelles et Genève, que l'on
avait indiqués d'abord, semblent écartés.On
parle aujourd'hui d'un congrès à Berne ou
à Venise, sous la présidence du prince Gort-
schakoff selon les uns, du général Ignatieff
selon les autres; on semble d'autre part en re-
venir à l'idée d'une conférence à Constantino-
ple. Mais, en tous cas, que la. réunion des
représentants des puissances prenne le nom
de congrès ou de conférence, que cette réu-
nion ait lieu en quelque ville que ce soit, la
Russie maintient sa première résolution et
demande que la Turquie n'y soit pas repré-
sentée.
Des élections générales pour la Chambre
des députés ont eu lieu hier en Italie. Com-
me on devait s'y entendre, elles ont tourné
en faveur du ministère Depretis. Sur 390
résultats connus, il y a 253 élections défi-
nitives, dont 208 appartenant au parti mi-
nistériel et 45 au parti modéré. Six des mi-
nistres actuels sont élus: MM. Depretis,
président du conseil; Nicotera, Zanardelli,
Maiorana, Mancini et Coppino. Un de leurs
collègues, le contre-amiral Brin, est en bal-
lottage à Livourne, mais son élection est
considérée comme certaine. On sait que les
deux autres ministres, MM. Mezzocapo et
Melegari, sont sénateurs. Parmi les anciens
-ministte$, MM. Minghetti et Ricasoli, M.
Sella, ministre des finances dans le cabinet
Lanza, ont été élus. Le contre-amiral Pa-
coret di San Bon, ministre de la marine sous
M. Minghetti, a échoué à Pozzuoli, ainsi
que le ministre des travaux publics dans le
même cabinet, M. Spaventa, qui n'a pas été
élu à Atessa. Enfin, il y a ballottage à Rome
pour le général Garibaldi, dont l'élection
est considérée cependant comme certaine.
Une dépèche de Rome nous annonce que
le cardinal Antonelli est mort.
————— ——————
Bourse de Paris
Clôture le4nov. le 6 nov. Hausse Baisse
3 0/0
Comptant.. 7145. 71 85 40
Fin cour 71 47 1/2 71 85 37 1/2
4 1/3 O/O
Comptant.. 101 102 1 fl,.I. Il-
3 O/O
Comptant.. 105 - 105 25 25 .1.1.
Fin cour 105 05 , 105 25 20 .,
PETITE BOURSE DU SOIR
Emprunt 3 0/0. 71 fr. 80.75.
Emprunt 5 0/0. 105 fr. 25, 30, 28 3/4.
5-0/0 turc 11 fr. 75, 80, 75.
Banque Ottomane.. 380 fr., 381 37.
Extérieure 13 fr. 9/16. 1 2
Egyptien. 229 fr. 37, 228 12.
-L'Estime de M. Buffet, l'estime de M.
da Broglie, l'estime deM. JBesjay, voilà
ce que M. Dufaure s'est attiré par son
inconcevable attitude de l'autre jour:
« La blessure que le ministère a reçue
samedi dernier, dit la Défense, après
que le Sénat l'aura guérie, le ministère
pourra en montrer la cicatrice avec fier-
té. » Et le même journal dit ailleurs :
« Le ministère n'a plus de ressource
que dans la majorité conservatrice du
Sénat. Grâce à lui (M. Dufaure), le
cabinet n'est plus inféodé à la politique
radicale. Il s'appuie sur la minorité de
la Chambre et sur la majorité du Sé-
nat. ».
En d'autres termes : M. Dufaure a fini
par se laisser convaincre, et il a fait le
nécessaire pour obtenir l'estime des
« honnêtes gens, » l'estime dont M. Buf-
fet était comblé.
Libre à de plus.habiles que nous de
ne voir dans ce qui s'est passé à la séance
de samedi qu'un des mille incidents
sans importance qui émaillent la vie
parlementaire. Nous » pensons, nous,
qu'il ne servirait à rien, que peut-être
même il serait dangereux de dissimu-
ler la gravité de la situation. A force
de vouloir tranquilliser les siens on finit
par s'endormir soi-même dans une sé-
curité trompeuse, et quand on se ré-
veille, il est trop tard. :
Nous l'avons déjà dit, M. Dufaure
n'est pas un de ces novices dont les
fautes peuvent être mises sur le compte
de l'inexpérience. S'il n'a pas pris la pa-
role dans la séance de samedi, s'il s'est
fait battre, lui et tout le ministère, quand
il savait pertinemment n'avoir qu'un mot
à dire pour éviter tout échec, c'est
qu'il voulait être battu.
Pourquoi? Nous en trouvons l'expli-
cation dans le langage des organes de
l'opposition anti-républicaine. M. Du-
faure s'est fait battre à la Chambre
parce qu'il se réservait une revanche
au Sénat. M. Dufaure s'est fait battre,
parce qu'ayant à: opter entre deux po-
litiques, celle qui consiste à s'appuyer
sur la représentation directe du pays,
et celle qui consiste à faire échec à cette
représentation à l'aide de la majorité du
Sénat, il a choisi la seconde.
Les organes des partis hostiles à la
République soutiennent que la majorité
républicaine de la Chambre est « une
majorité surprise au suffrage universel
par la puissante organisation radicale. »
Ce manque de respect à l'un des pou-
voirs publics nous autoriserait à dire, à
notre tour, que la majorité anti-républi-
caine du Sénat est une majorité surprise
au suffrage restreint par la puissante or-
ganisation gouvernementale dont l'hon-
nête M. Buffet tenait les fils entre les
mains. D'où il suivrait que ni le Sénat
ni la Chambre ne sont des représenta-
tions sincères du pays. Mais comme le
Sénat vient d'être adopté par le gouver-
nement comme point d'appui, et comme
le Sénat partage avec le chef de l'Etat
le droit de dissoudre la Chambre, il est
inutile de conclure.
Mais on ne dissout pas une Chambre
sans motif, ou du moins sans prétexte.
C'est pourquoi on a travaillé depuis huit
mois à faire naitre le bienheureux con-
flit qui vient enfin d'éclater. Voilà le pré-
texte. Il est insuffisant, et les plus impa-
tients s'en rendent compte ; mais le pre-
mier coup de pioche est donné, c'est
maintenant affaire de.patience. L'essen-
tiel est que la dissolution ait lieu avant
le renouvellement triennal du Sénat ;
alors les ennemisde la République joue-
ront leur dernière carte, et l'on fera en
sorte de trouver un homme plus habile
à faire sauter la coupe que ce pauvre
M. Buffet qui n'avait pour lui que beau-
coup de bonne volonté.
Un premier pas vient d'être fait vers
la dissolution ; voilà la vérité, et notre
avis est que le pays nous saura plus de
gré de la dire que de la dissimuler.
È. SCHNERB.
LE PARLEMENT
COURRIER DE LA CHAMBRE
Versailles, 6 novembre 1876.
La Chambre reprend le cours de ses bud-
gets; pour aujourd'hui, elle s'est laissée
couler tranquillementau fil de la discussion.
Ministère de la Marine et des Colonies ;
discussion générale.
Les Chambres neuves ont du bon ; n'étant
pas endurcies, comme les vieilles Chambres,
dans les discussions budgétaires, elles n'ont
point encore, à l'égard d'observations des-
tinées à se représenter périodiquement, ce
scepticisme plein d'indifférence qui fait le
désespoir des économistes incompris. En
matière parlementaire, on ne passe génie
incompris qu'après avoir été trop bien com-
pris une première fois. Pour nous, la jour-
née peut se résumer ainsi : des mots, des
mots, des mots, La Chambre a écouté dans
un silence tout à fait édifiant.
M. de Gasté ne sera pas absolument de
notre avis ; mais M. de Gasté est un cas à
part : on le connaissait avant qu'il parùt à
la tribune. Aussi est-il le seul orateur qui
n'ait pas bénéficié de l'innocence de la
Chambre. Et cependant l'ex-commissaire
de la marine, député de Brest, mettait de la
discrétion dans la façon de s'imposer à ses
collègues : d'ordinaire, il parle dans su
barbe ; cette fois, il avait poussé la précau-
tion jusqu'à mettre, en guise de paravent,
un petit carnet devant ses lèvres.
M. de Douville-Maillefeu nous a fait part
également de sa manière de voir, et cela en
des termes dont M. Prudhomme a le droit
d'être jaloux. M. de Douville-Maillefeu peut
au besoin mêler agréablement le paradoxe
à la vérité de M. de la Palisse, mais il a une
méthode à lui pour reliercesdeux éléments
hétérogènes ; son style ne se compose que
d'incidentes qui s'enfilent les unes au bout
des autres, sans jamais se grouper autour
d'une phrase principale ; si le point (à la
ligne) arrive par hasard, c'est que toutes
les incidentes de la série ont été épuisées,
ce qui fait que l'orateur se trouve obligé,
bien contre son gré, de passer à une autre
série d'incidentes.
< M, Bethmont, qui est député de Ro.che-
fort, a quémandé, d'une voix douce et émue,
une augmentation au budget de la Marines
Et M. le ministre des finances, en homme
compatissant, mais qui pour l'instant n'a
pas* de monnaie, lui a répondu : « Je vous ai
déjà donné, mon brave homme; vous repas-
serez une autre année. »
Enfin, M. Raoul Duval, rapporteur, a ré-
pondu à ceux-ci et à ceux-là. M. Raoul Du-
val se trouve dans une situation toute par-
culière : appartenant au parti bonapartiste,
il est le seul rapporteur du budget qui soit
pris en dehors de la majorité républicaine,
et il a pour tâche de défendre, devant ses
propres amis, une réduction d'une centaine
de mille francs à effectuer sur l'aumônerie
de la marine. M. Raoul Duval s'est bien ti-
ré de ce pas difficile; même, il a profité de
la circonstance pour faire justice des criti-
ques intéressées et perfides que la réation a
dirigées contre le vote relatif à l'aumônerie
militaire.
La séance eût été d'un calme plat, voire
d'un de ces calmes qui empêchent la ques-
tion' de filer un simple nœud à la journée,
si une bourrasque d'un quart d'heure ne se
fût élevéejvers quatre heures de relevée.
M. Lacascade, député de la Guadeloupe,
était de quart. Il a adressé quelques paroles
amères à la Direction des Colonies et a ac-
cusé l'administration de faire revivre les
préjugés de couleur qui tendaient à s'ef-
facer.
M. le ministre de la Marine a fait de cette
attaque une affaire personnelle, — et il a
eu tort. Ce n'est pas une raison parce que
M. Lacascade a écrit quelques articles con-
tre le ministre de la Marine pour que M.
l'amiral Fourichon, qui passe pour un
très-excellent homme, se mette tout à coup
dans une colère susceptible de lui infliger
un coup de sang et, cramoisi, les yeux hors
de la tête, tapant sur la tribune de façon
à la démantibuler, apostrophe directement
le député Lacascade; l'attitude ministérielle
ne doit pas être celle d'un commandant qui,
à son bord, fait mettre aux-fers un insubor-
donné.
M. de Mahy, député de la Réunion, a fait
une réponse plus calme au député de la Gua-
deloupe. Sa péroraison : « Je ne sais ce que
veulent dire ces termes : classe blanche,
classe noire, classe mulâtre ; à. la Réu-
nion, je ne connais que des citoyens fran-
çais. » a produit grand effet et, de tous les
points de la salle, de bruyantes approba-
tions sont parties à l'adresse de M. de
Mahy.
En somme, il n'y aurait pas eu de séance
aujourd'hui que nous serions tout aussi
avancés. Dame! voilà ce que c'est que
d'être un vieux routier parlementaire et
d'être blasé sur les discussions générales
de budget !
PAUL LAFARGUE.
Échos de la Chambre
Nous avons annoncé que le groupe de l'ex-
trême gauche avait résolu d'entendre les délé-
gués des chambres syndicales avant de pren-
dre une résolution définitive sur la question.
Ces délégués, MM. Vernet, Guérin et Mon-
genier, ont été entendus hier par la réunion et
ont réclamé la liberté du droit d'association et
de réunion, la modification, la réorganisation
des conseils de prud'hommes.
MM. Menier, Périn, Floquet, Talandier et
Nadaud ont parlé dans le sens des délégués. La
réunion a décidé qu'elle s'occuperait d'abord
du projet Lockroy et convoquerait ensuite les
délégués pour s'entendre aveo eux sur les
chambres syndicales et les conseils de pru-
d'hommes.
*
— ., * #. - ,.
La commission du budget s'est réunie hier,
à une heure, avant la séance publique, et a
adopté le rapport supplémentaire présenté par
M. Raoul Duval sur le ministère de la marine.
* -
* *
La commission relative à l'extension du gou-
vernement militaire de Paris, s'est également
réunie hier. Elle a décidé d'entendre M. le mi-
nistre de la guerre avant de prendre une réso-
lution définitive.
Mentionnons, à propos de cette première
réunion, un incident qui a pénibleméntsurpris
les membres de la commission. On a constaté
sur les cartes que le ministère de. la guerre
avait mis à la disposition des commissaires l'o-
mission d'un pont carrossable, très-important,
situé à trois kilomètres à peine des limites de
la zone militaire.
Il nous paraît inutile d'insister sur un pareil
fait, qui, qui se produisant après les désastres
de 1870, constitue une négligence coupable
dont le ministre de la guerre saura, nous l'es-
pérons bien, empêcher le retour.
*
# #
M. Philippoteaux, rapporteur.de la quatrième
commission d'initiative, a présénté un rapport
concluant à la prise en considération de la
proposition de M. Louis Legrand, tendant à éta-
blir la liberté du droit de réunion.
*
* *
M. Victor Plessier a présenté l'amendement
suivant au projet de loi portant fixation du
budget général des dépenses et recettes-de
l'exercice 1877.
Ajouter à l'article 13 :
« Les communes qui pratiquent la gratuité
absolue dans leurs écoles primaires de gar-
çons ou de filles auront le même droit aux sub-
ventions obligatoires des départements et de
l'Etat que si ces écoles étaient payantes.
» Les conseils municipaux qui voudront éta-
blir la gratuité absolue dans les écoles commu-
nales pourront remplacer la rétribution sco-
laire par une imposition équivalente de centi-
mes additionnels. »
M. Victor Plessier avait déjà présenté un
amendement analogue le 27 juillet dernier.
EMMANUEL ARÈNE.
COURRIER DU SÉNAT
Nous sommes entrés à pleines voiles
dans la discussion da la loi sur l'administra-
tion de l'armée. La séance n'a pas duré long-
temps. Elle a été remplie par un discours.
Descendant du fauteuil présidentiel, M. le
duc d'Audiffret-Pasquier ,est venu livrer ba-
taille à la tribune. Le président du Sénat
avait annoncé depuis longtemps qu'il pren-
drait la parole. Cette loi l'intéresse tout spé-
cialement r il a pris soin de nous rappeler
qu'elle avait pris naissance dans les discus-
sions soulevées au sein de l'Assemblée par
le rapport de la commission des marchés.
L'orateur n'a qu'un tort, c'est d'avoir en-
foncé une porte ouverte. Depuis longtemps
on a reconnu que l'intendance devait être
subordonnée au commandement. La der-
nière guerre a montré les graves inconvé-
nients du système suivi jusqu'à ce jour.
Aussi la commission et le gouvernement
sont-ils d'accord pour proposer de modifier
l'état de choses existant.
M. le duc d'Audiffret-Pasquier avait donc
beau jeu à soutenir ses développements,
personne ne l'interrompait; il nous semblait
assister plutôt à une conférence qu'à un dé-
bat parlementaire. L'orateur possède à mer-
veille son sujet, mais en revanche il ne se
possède pas suffisamment: à chaque ins-
tant il s'emporte; on sent que sa pensée va
plus vite que ses paroles, et il en résulte par
moments un certain brouhaha qui nuit à
l'effet oratoire.
Ces réserves faites, nous devons consta-
ter que M. d'Audiffret a remporté un grand
succès. Les détails techniques qu'il tient à
donner ne l'empêchent pas de se livrer à des
développements qui produisent une vérita-
ble impression. A plusieurs reprises le Sé-
nat a applaudi, et ce n'était que justice.
Naturellement, personne ne répond puis-
que tout le monde est d'accord.Seulement,M>
le duc Pasquier ayant parlé dela marine dans
laquelle l'unité du commandement et de
l'administration est absolument faite, M.
Beraldi, qui est un ancien chef de divi-
sion au ministère de la marine, éprouve le
besoin de dire son mot. Il vient tout simple-
ment confirmer les allégations du duc Pas-
quier. Vous comprendrez que nous n'insis-
tions pas longuement sur ce discours dé-
pourvu de tout intérêt.
Personne ne demandant plus la parole,
la discussion générale est close et le Sénat
décide qu'il passera à l'examen. Seulement,
comme il est cinq heures et qu'on a travaillé
deux heures, la Chambre haute renvoie au
lendemain.
Mais, durant la séance, le chef des huis-
siers de la Chambre des députés était venu
apporter au président le projet de loi sur la
cessation des poursuites adopté par la
Chambre. Conformément au règlement, M.
Martel consulte le Sénat sur l'urgence. La
droite n'est pas en nombre; elle s'en aper-
çoit et commence à faire du tapage.
— A demain, crie-t-elle !
M. Martel fait remarquer que le règle-
ment est formel : la Chambre a déclaré
l'urgence, le Sénat doit se prononcer. Et la
question est mise aux voix. L'épreuve et
la contre-épreuve ont lieu. Le résultat sem-
ble être favorable à la gauche.
— On n'a pas compris! crie-t-on à droite.
Et M. Paris qui sait se plier à toutes les
nécessités, escalade la tribune.
Il demande que l'on ne statue que de-
main, alors que le projet sera imprimé. La
gauche n'a pas voulu profiter de ses avan-
tages, elle a accédé à la demande de M.
Paris.
P. DE SIENNE.
Echos du Sénat
Voici l'organisation des bureaux du Sénat :
ïer bureau : président, le général Ladmi-
rault; secrétaire, M. Rosamel.
2e bureau : président, le général Changar-
nier; secrétaire, M. Gavardie.
3e bureau : président, M. Masson-Morfon-
taine ; secrétaire, M. Labiche.
4e bureau : président, M. Ernest Picard ; se-
crétaire, M. Vigarosy.
5e bureau : président, le général Riffault ; se-
crétaire, M. Lepetit. -
6e bureau : président, M. Crémieux ; secré-
taire; M. Huguet.
7e bureau ; président;,l. le général de Cis-
sey ; secrétaire, M. Tolain.
8e bureau : président, M. le maréchal Canro-
bert; secrétaire, M. Pelleport.
96 bureau : président, M. Edouard Charton ;
secrétaire, M. Bernard, de Meurthe-et-Mo-
selle.
La droite compte cinq présidents de bu-
reaux et trois secrétaires ; la gauche quatre
présidents et six secrétaires.
- ♦
Mort d'Antonelli
Le grain de sable qui a tué Cromwell,
Saint-Beuve Napoléon III et tant d'au-
tres, bons ou mauvais, petits ou grands,
vient de finir les jours du cardinal An-
tonelli. Cet homme (je ne dis point ce
prêtre, et pour cause) était une des fi-
gures les plus originales de notre siècle.
Son talent, son ambition, sa fortune,
son malheur même lui assignent un
rang à part. Je relisais tout à l'heure
dans la Question romaine les dix pages
ouj'ai esquissé son portraiten 1859 ; c'est
la vérité même, un peu poussée au noir,
imperceptiblement chargée par la jeu-
nesse et la passion de l'écrivain.
En ce temps-là, il était impossible de
ne pas détester l'oppresseur égoïste,
avide et froid de deux millions d'Ita-
liens, l'homme néfaste qui maintenait
par ses intrigues, au milieu de l'Eu-
rope moderne, les abominations archaï-
ques du pouvoir temporel. Ce qu'on
voyait surtout en lui, s'était le paysan
de Sonnino parvenu sans dévotion à
la plus haute dignité de l'Eglise et sans
principes politiques au gouvernement
de l'Etat; c'était l'énormité des richesses
entasséees, Dieu sait à quel prix, par
une famille plus que papale; c'était le
caractère de Mazarin ressuscité chez
un autre Italien du midi qui n'avait pas
à nos yeux l'excuse de servir et d'aimer
la France.
Eh bien, faut-il le dire? ma haine
pour cet homme avait tourné à la com-
passion depuis un certain temps. D'a-
bord, il ne pouvait plus nuire, puisqu'il
avait eu, en 1870, le temporel tué sous
lui. Quoiqu'il eût vu, lui aussi, les an-
nées de Pierre, et rempli vingt-six ans
les fonctions de secrétaire d'Etat, il n'é-
tait plus que l'ombre d'un premier mi-
nistre et ne gouvernait rien, pas même
l'esprit de son maître.
Penseur très-libre, exempt des pré-
jugés fétichistes et politique avant tout,
comme la plupart des Italiens de notre
temps, il avait dû souffrir cruellement
au spectacle des folies ultramontaines.
L'Immaculée-Conception, le Syllabus,
l'infaillibilité pontificale, les nouveaux
dogmes et les défis portés à l'opinion
européenne n'ont pu que l'étonner et le
gêner beaucoup. Il n'était pas éclos dans
un nid d'aigles, à Sonnino, pour servir
la messe d'un saint. Cet esprit pratique,
rompu à toutes les finesses de la diplo-
matie, s'est senti tout dépaysé dans un
gouvernement qui n'était plus qu'une
chapelle. Le prétendu cachot dont la
paille se vend brin à brin, le tronc
du denier de Saint-Pierre, les décla-
mations des pèlerins échauffés, la vio-
lence même des allocutions pontifi-
cale, et pour tout dire en un mot, le
nouveau train du Vatican est bien fait
pour décourager un habile homme,
tout confit en malices, accoutumé de-
puis prés de trente ans au langage dis-
cret des protocoles, expert dans l'art
subtil et délicat de berner les chancel-
leries au profit d'un vieux prêtre cou-
ronné.
Dû est le temps, le bon temps des in-
trigues savantes, de ces grandes parties
où la France, l'Autriche, l'Espagne, le
Portugal, la Belgique, le royaume de
Naples, étaient comme des pions qu'un
joueur admirable poussait sur l'échi-
quier?
- Un diplomate accrédité auprès du Va-
tican me disait, sur la place d'Espagne,
il y a quatre ans environ : La plus inté-
ressante victime de l'unité italienne est
ce pauvre cardinal Antonelli. Pensez
donc ! Plus de politique à faire ! plus de
talent Ú déployer ! Plus personne à
tromper ! Plus d'art, plus de nuances,
plus de ménagements, au milieu de ces
grosses déclamations redondantes qui
s'échangent à tort et à travers sur les
lambris augustes du Vatican ! Antonelli
est perdu là-dedans comme Ovide en
Crimée. Il prendra bientôt pour devise :
Barbaras hic ego sum, quia non intelligor illis. »
Ce discours m'est revenu en mé-
moire au moment où l'agence Havas
nous annonçait la mort du cardinal.
Assurément il meurt de la vessie ; mais
l'archevêque de Grenade et la tourbe
criarde des pèlerins espagnols ont dû
précipiter l'événement. Les temps sont
durs pour les pauvres sceptiques.
ABOUT.
Un télégramme de Paris adressé au Ti-
mes donne le texte par lequel la Porte a no-
tifié aux ambassadeurs la conclusion de
l'armistice :
Monsieur l'ambassadeur,
Je prie Votre Excellence de vouloir bien in-
former son gouvernement que la Sublime-Por-
te, sur les vives instances de la Russie et pour
démontrer une fois de plus la bonne volonté
dont elle a donné des preuves si nom-
breuses durant ces derniers événements, a ré-
solu d'accorder un armistice de deux mois sans
conditions. -
Les commandants des armées impériales ont
reçu l'ordre de suspendre immédiatement les
hostilités.
Les commissaires qui seront délégués pour la
délimitation des positions occupées par les.
armées en présence auront à s'entendre avec
les commandants des forces armées de S. M.
impériale. -
D'après le-Joiti-nal de SoMt-Pètersbouvg,
le télégramme du général Ignatieff,. endate
de Bouyoukdéré, jeudi 21 novembre (2 no-
vembre), une heure du matin, est ainsi
conçu :
J'ai l'eeu la note responsive ùe Safvet-Paelw,
consentant à la conclusion d'un armistice pur
et simple de deux mois, à partir d'hier mer-
credi. Dés Ordres ont été transmis aux com-
mandants des troupes ottomanes pouriarrêter
immédiatement les opérations militaires sur
tout le théâtre de la guerre.
La Porte se réserve de régler plus tard, d'ac-
cord avec l'ambassadeur de Russie et les au-
tres représentants, les détails relatifs à cet
armistice.
;
Voici un document assez singulier
que nous apporte ï Union républicaine
de l'Eure. C'est une lettre du préfet de
l'Eure, datée du 4 octobre dernier :
Monsieur le maire,
Par dépêche en date du 26 mai dernier, M.
le ministre de l'instruction publique m'a infor-
mé qu'à partir de 1877 les communes où la
gratuité de l'instruction primaire existe en ce
moment ne seraient plus subventionnées pour
cette dépense.
Votre commune étant dans ces conditions,
je vous prie, M. le maire, de porter cette déci-
sion à la connaissance de votre conseil muni-
cipal, qui aura à examiner si la commune peut
supporter @ toute la dépense et créer les res-
sources nécessaires, ou si la rétribution sco-
laire doit être rétablie.
Cette décision ministérielle m'a fait attendre
pour notifier au directeur des contributions di-
rectes le vote d'impôt de 4 centimes, dont le
montant devait être appliqué en 1877 à ladite
dépense.
Je vous autorise. M. le maire, à réunir ex-
traordinairement et d'urgence le conseil mu-
nicipal et au besoin les plus imposés alin d'exa-
miner si votre commune peut créer les res-
sources pour acquitter les dépenses de la gra-
tuité absolue. Les impositions votées pourraient
être ainsi comprises dans les rôles géné-
raux dudit exercice dont l'établissement a lieu
en ce moment.
Dans le cas contraire, le conseil municipal
devrait voter le rétablissement de la rétribu-
tion scolaire dans l'école communale, à partir
de 1877, et il serait établi des listes de gratuité
sur lesquelles les indigents seuls pourraient
être portés.
Recevez, M. le maire, l'assurance de ma
considération distinguée.
Le préfet de l'Eure,
TASSIN.
L'Union républicaine de l'Eure
donne cette lettre comme une circu-
laire adressée à tous les maires du dé
partement. Il v a évidemment erreur
ici. Cette lettre ne peut avoir été adres-
sée qu'au maire d'une commune où la
gratuité avait été établie, et où le conseil
municipal avait voté dans ce but un im-
pôt de quatre centimes additionnels. Il
s'en faut encore malheureusement que
ce système de l'enseignement primaire
gratuit ait été adopté par la majorité
des communes ni dans l'Eure ni dans
la plupart de nos départements.
Mais qu'au lieu d'avoir été adressée
à toutes les communes de l'Eure, cette
lettre ait été adressée à quelques-unes
seulement ou même à une seule, elle
n'en est pas moins étonnante, et nous
pouvons ajouter affligeante..
Toutes les communes sont loin d'être
assez riches pour pouvoir supporter à
elles seules, même en s'imposant ex-
traordinairement de la quantité dont la
loi leur permet de s'imposer, les dépen-
ses que nécessite la gratuité de l'école.
C'était jusqu'ici une règle, lorsque la
commune, dans un louable sentiment,
avait fait tout ce qui était en son pou-
voir, que le département, que l'Etat
surtout, vinssent à son secours pour les
reste.
Cette tradition libérale, patriotique,
conforme à la solidarité qui relie toutes
les parties d'un même pays, d'autant
plus fondée que les intérêts de l'instruc-
tion sont en somme ceux de tous cette
tradition libérale, la lettre de M. le pré-
fet de l'Eure nous l'apprend, est sou-
dainement interrompue ; et ce qui est
plus étonnant, interrompue au moment
où le budget de renseignement vient
d'être considérablement accru,.; et ce
qui est plus étrange que tout le reste,
elle est interrompue par les ordres d'un
ministre qui a donné de nombreuses
preuves de son zèle pour l'instruction
publique, qui a l'ait en faveur de
l'enseignement primaire les déclara-
tions les plus nettes et les plus solen-
nelles, de la bonne volonté duquel per-
sonne ne saurait douter.
S'agitril de quelqu'une de ces circu-
laires, comme les bureaux du ministère
en expédient trop souvent, qui ne ser-
vent qwà -compromettre les ministres,
alors qu'elles ont été envoyée&sansjeur
ordre? On serait tenté de le croire. Ce
qui n'est pas contestable en tous cas;
c'est que cette dépêche,—en date du 26
mai dernier, — a besoin d'une .explica-
cation, d'autant plus que la même dé-
pêche a dû être adressée à tous les au-
tres préfets de la République,
Nous sentons très-bien qu'il y a dans
ce concours à l'établissement de la gra-
tuité une charge réelle pour le. budget,
et nous savons combien le ministère de
l'instruction en particulier, .même de-
puis sa récente augmentation, est peu
embarrassé d'employer l'argent dont il
dispose; mais pourquoi dans ce cas ne
pas solliciter de la Chambre un crédit
dans ce but spécial de venir en aide a U
communes pauvres? Il était temps en-
core, « à la date du 26 mai dernier » La
Chambre, à coup sûr, animée des sen-
timents qui l'animent, ne se fût pas l'e"
fusée à faire, sinon tout le désirable, au
moins tout le possible.
Je vois bien l'objection : c'eètque les
communes les pius empressées à voû-
ter la gratuité de l'école sont assez sou-
vent les communes peu fortunées, et
qui se disent qu'elles >recevrqn.t beau
coup de l'Etat relativement -à.ce qu'elles
mêmes .vont s'imposer. — Qui assuré-
ment, la chose arrive : maiseneoreest-il
juste de^ dire^iue généralement celles-
lit sont aussi celles où l'instruction pri-
maire a le. plus besoin d'être encoura-
gée, que tout le pays profitera de ce qui
se fera de bien chez elles, e^qtr&prés
tout si leur conduite est quelque peu
intéressée, leur situation est encore plus
intéressante.
S'il y a abus quelquefois dans cette
sollicitation des dons ministériels, que
l'on remédie à l'abus: mais n'imitons
pas les gens qui, dans la crainte de se
laisser exploiter par les faux, pauvres,
iraient jusqu'à laisser mourir dè faim
les véritables.
CHARLES BIGOT
» —
t J..;; j * ; j i! L;'
Nouvelles d'Orient
Pesth, 6 novembre.
La façon brusque dont l'ultimatum russe a
été décidé et notifié à Constantinople; sans que
le gouvernement austro-hongrois eûlélé préa-
lablement avisé, a fait ici mauvais effet.
L'Autriche demandera que le programme
de la conférence soit discuté et concerté d'a-
vance entre les grandes puissances.
La Russie n'a pas encore fait connaître ses
vues à ce sujet.
Les Serbes sont mécontents des Russes, à
qui ils reprochent de les traiter comme peuple
conquis. Ce mécontentement est encore accru
par le langage des journaux russes, qui accu-
sent les troupes serbes de ne s'être jamais sé-
rieusement battues, On peut supposer aujour-
d'hui, d'après tous les avis. venus de Serbie,
que le gouvernement et le peuple serbe, déçus
dans leurs espérances relatives aux résultats
de la politique suivie jusqu'à présent, veulent
sincèrement la paix.
On ne croit pas, dans les cercles diplomati-
ques, à des difficultés réelles au sujet de la li-
gne de démarcation à tracer entre les parties
belligérantes.
",- ," -- Berlin, 6 novembre.
Le prince- de. Hohenlohe repartira incessam-
ment pour Paris. -
Une partie de la presse allemande a accen-
tué, dans ces derniers temps, ses sympathies
en faveur de la Turquie.
Une dépêche de Belgrade, adressée au jour-
nal russe Viedomosti, constate que les Serbes
1 se sont débandés sans avoir tiré un seul coup
de fusil, lors de l'attaque des Turcs à Djuni.
Raguse, 5 novembre, soir.
Les insurgés hel.lgovinienrII.t partie
compris dans T&Vmisiidë. elbnveraerît unk
insurgés bosniaques, leur situation fait doute
encore.
On dit qu'après la conclusion de l'armistice,
Prix du Numéro à Paris : 15 Centimes — Départements : 20 Centimes
Mercredi 8 Novembre 1876
«LBBIM E iiitiiiiii Htmmm Bmi T SI@I ÈCLbesicm Eiisiiiga
JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la :Rédaction
de 2 heures à minuit
5S, rue de Lafayette
Les Lettres non affranchies seront rqfusèes.
ABONNEMENTS
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Six mois 25 »
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DEPARTEMENTS
Trois mois 2 G fr-
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Un an
ANNONCES .* Chez MM. LAGRANGE, CERot Cf5
0; place de ta Bouraef a ::.:.: !
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Adresser les Lettres et Mandats à l'Administrateur
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Les Manuscrits non inscrès ne seront pas rendus.
r -
ABONNEMENTS
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Un an. so «
DEPARTEMENTS
Trois mois 16 fr.
Six mois. S3 »
Un an. es »
ANNONCES : Chez MM. LAGRANGE, CERF et Cie
0} place de ta Bo.e, a
BULLETIN
Paris, 7 novembre 1876.
Le Sénat, dans sa séance d'hier, a abordé
la discussion de la loi sur l'administration
de l'armée. Sur la proposition de M. le mi-
tre de la guerre, le Sénat a décidé que ce
projet,, en raison de son importance, serait
soumis à deux délibérations.
La Chambre des députés a entendu le
rapport de M. Bernier sur les opérations
électorales de la deuxième circonscription
de l'arrondissement de Saint-Gaudens et a
prononcé l'admission de M. Tron. La Cham-
bre a abordé ensuite la discussion du bud-
get de la marine.
., La question de la délimitation de la zone
neutre entre l'armée turque et l'armée ser-
be n'est pas encore résolue. La Turquie et
la majorité des puissances, d'après un télé-
gramme adressé au Times pensent que la
ligne doit être fixée d'après les positions oc-
cupées par les combattants au moment de
l'acceptation de l'armistice. La Russie, au
contraire, demande que les troupes turques
se retirent à la frontière. La Revue du Lun-
di, organe semi-officiel du gouvernement
autrichien, prend, dans cette question, partie
contre, la Russie et estime que « la question
de la fixation de la zone de délimitation est
déjà réglée par des lois internationales aux-
quelles le cabinet de Saint-Pétersbourg
pourra difficilement se soustraire. »
D'ailleurs, le ton de la presse officieuse
autrichienne devient assez vif contre la Rus-
sie, et si nos renseignements sont exacts,
les feuilles officieuses ne feraient que reflé-
ter les sentiments éprouvés en haut lieu. On
est très-mécontent, à Vienne, de n'avoir pas
été prévenu par avance de la remise de l'ul-
timatum russe à la Porte, alors que le cabi-
net de Berlin était immédiatement averti,
ce qui lui permettait de modifier au dernier
moment, dans le discours du trône, le pas-
sage relatif aux relations extérieures.
Aussi l'Autriche fait-elle déclarer d'ores
et déjà qu'elle ne consentira à se faire repré-
senter à une conférence que si les sujets à
mettre en discussion ont été parfaitement
définis et si les cabinets: se sont mis préala-
blement d'accord sur la solution à donner
aux diverses questions pendantes. Or, il ne
parait pas que la Russie ait encore fait con-
naître ses vues à ce sujet.
Il règne, d'ailleurs, une grande incerti-
tude sur le lieu où devra se réunir cette
conférence. Bruxelles et Genève, que l'on
avait indiqués d'abord, semblent écartés.On
parle aujourd'hui d'un congrès à Berne ou
à Venise, sous la présidence du prince Gort-
schakoff selon les uns, du général Ignatieff
selon les autres; on semble d'autre part en re-
venir à l'idée d'une conférence à Constantino-
ple. Mais, en tous cas, que la. réunion des
représentants des puissances prenne le nom
de congrès ou de conférence, que cette réu-
nion ait lieu en quelque ville que ce soit, la
Russie maintient sa première résolution et
demande que la Turquie n'y soit pas repré-
sentée.
Des élections générales pour la Chambre
des députés ont eu lieu hier en Italie. Com-
me on devait s'y entendre, elles ont tourné
en faveur du ministère Depretis. Sur 390
résultats connus, il y a 253 élections défi-
nitives, dont 208 appartenant au parti mi-
nistériel et 45 au parti modéré. Six des mi-
nistres actuels sont élus: MM. Depretis,
président du conseil; Nicotera, Zanardelli,
Maiorana, Mancini et Coppino. Un de leurs
collègues, le contre-amiral Brin, est en bal-
lottage à Livourne, mais son élection est
considérée comme certaine. On sait que les
deux autres ministres, MM. Mezzocapo et
Melegari, sont sénateurs. Parmi les anciens
-ministte$, MM. Minghetti et Ricasoli, M.
Sella, ministre des finances dans le cabinet
Lanza, ont été élus. Le contre-amiral Pa-
coret di San Bon, ministre de la marine sous
M. Minghetti, a échoué à Pozzuoli, ainsi
que le ministre des travaux publics dans le
même cabinet, M. Spaventa, qui n'a pas été
élu à Atessa. Enfin, il y a ballottage à Rome
pour le général Garibaldi, dont l'élection
est considérée cependant comme certaine.
Une dépèche de Rome nous annonce que
le cardinal Antonelli est mort.
————— ——————
Bourse de Paris
Clôture le4nov. le 6 nov. Hausse Baisse
3 0/0
Comptant.. 7145. 71 85 40
Fin cour 71 47 1/2 71 85 37 1/2
4 1/3 O/O
Comptant.. 101 102 1 fl,.I. Il-
3 O/O
Comptant.. 105 - 105 25 25 .1.1.
Fin cour 105 05 , 105 25 20 .,
PETITE BOURSE DU SOIR
Emprunt 3 0/0. 71 fr. 80.75.
Emprunt 5 0/0. 105 fr. 25, 30, 28 3/4.
5-0/0 turc 11 fr. 75, 80, 75.
Banque Ottomane.. 380 fr., 381 37.
Extérieure 13 fr. 9/16. 1 2
Egyptien. 229 fr. 37, 228 12.
-L'Estime de M. Buffet, l'estime de M.
da Broglie, l'estime deM. JBesjay, voilà
ce que M. Dufaure s'est attiré par son
inconcevable attitude de l'autre jour:
« La blessure que le ministère a reçue
samedi dernier, dit la Défense, après
que le Sénat l'aura guérie, le ministère
pourra en montrer la cicatrice avec fier-
té. » Et le même journal dit ailleurs :
« Le ministère n'a plus de ressource
que dans la majorité conservatrice du
Sénat. Grâce à lui (M. Dufaure), le
cabinet n'est plus inféodé à la politique
radicale. Il s'appuie sur la minorité de
la Chambre et sur la majorité du Sé-
nat. ».
En d'autres termes : M. Dufaure a fini
par se laisser convaincre, et il a fait le
nécessaire pour obtenir l'estime des
« honnêtes gens, » l'estime dont M. Buf-
fet était comblé.
Libre à de plus.habiles que nous de
ne voir dans ce qui s'est passé à la séance
de samedi qu'un des mille incidents
sans importance qui émaillent la vie
parlementaire. Nous » pensons, nous,
qu'il ne servirait à rien, que peut-être
même il serait dangereux de dissimu-
ler la gravité de la situation. A force
de vouloir tranquilliser les siens on finit
par s'endormir soi-même dans une sé-
curité trompeuse, et quand on se ré-
veille, il est trop tard. :
Nous l'avons déjà dit, M. Dufaure
n'est pas un de ces novices dont les
fautes peuvent être mises sur le compte
de l'inexpérience. S'il n'a pas pris la pa-
role dans la séance de samedi, s'il s'est
fait battre, lui et tout le ministère, quand
il savait pertinemment n'avoir qu'un mot
à dire pour éviter tout échec, c'est
qu'il voulait être battu.
Pourquoi? Nous en trouvons l'expli-
cation dans le langage des organes de
l'opposition anti-républicaine. M. Du-
faure s'est fait battre à la Chambre
parce qu'il se réservait une revanche
au Sénat. M. Dufaure s'est fait battre,
parce qu'ayant à: opter entre deux po-
litiques, celle qui consiste à s'appuyer
sur la représentation directe du pays,
et celle qui consiste à faire échec à cette
représentation à l'aide de la majorité du
Sénat, il a choisi la seconde.
Les organes des partis hostiles à la
République soutiennent que la majorité
républicaine de la Chambre est « une
majorité surprise au suffrage universel
par la puissante organisation radicale. »
Ce manque de respect à l'un des pou-
voirs publics nous autoriserait à dire, à
notre tour, que la majorité anti-républi-
caine du Sénat est une majorité surprise
au suffrage restreint par la puissante or-
ganisation gouvernementale dont l'hon-
nête M. Buffet tenait les fils entre les
mains. D'où il suivrait que ni le Sénat
ni la Chambre ne sont des représenta-
tions sincères du pays. Mais comme le
Sénat vient d'être adopté par le gouver-
nement comme point d'appui, et comme
le Sénat partage avec le chef de l'Etat
le droit de dissoudre la Chambre, il est
inutile de conclure.
Mais on ne dissout pas une Chambre
sans motif, ou du moins sans prétexte.
C'est pourquoi on a travaillé depuis huit
mois à faire naitre le bienheureux con-
flit qui vient enfin d'éclater. Voilà le pré-
texte. Il est insuffisant, et les plus impa-
tients s'en rendent compte ; mais le pre-
mier coup de pioche est donné, c'est
maintenant affaire de.patience. L'essen-
tiel est que la dissolution ait lieu avant
le renouvellement triennal du Sénat ;
alors les ennemisde la République joue-
ront leur dernière carte, et l'on fera en
sorte de trouver un homme plus habile
à faire sauter la coupe que ce pauvre
M. Buffet qui n'avait pour lui que beau-
coup de bonne volonté.
Un premier pas vient d'être fait vers
la dissolution ; voilà la vérité, et notre
avis est que le pays nous saura plus de
gré de la dire que de la dissimuler.
È. SCHNERB.
LE PARLEMENT
COURRIER DE LA CHAMBRE
Versailles, 6 novembre 1876.
La Chambre reprend le cours de ses bud-
gets; pour aujourd'hui, elle s'est laissée
couler tranquillementau fil de la discussion.
Ministère de la Marine et des Colonies ;
discussion générale.
Les Chambres neuves ont du bon ; n'étant
pas endurcies, comme les vieilles Chambres,
dans les discussions budgétaires, elles n'ont
point encore, à l'égard d'observations des-
tinées à se représenter périodiquement, ce
scepticisme plein d'indifférence qui fait le
désespoir des économistes incompris. En
matière parlementaire, on ne passe génie
incompris qu'après avoir été trop bien com-
pris une première fois. Pour nous, la jour-
née peut se résumer ainsi : des mots, des
mots, des mots, La Chambre a écouté dans
un silence tout à fait édifiant.
M. de Gasté ne sera pas absolument de
notre avis ; mais M. de Gasté est un cas à
part : on le connaissait avant qu'il parùt à
la tribune. Aussi est-il le seul orateur qui
n'ait pas bénéficié de l'innocence de la
Chambre. Et cependant l'ex-commissaire
de la marine, député de Brest, mettait de la
discrétion dans la façon de s'imposer à ses
collègues : d'ordinaire, il parle dans su
barbe ; cette fois, il avait poussé la précau-
tion jusqu'à mettre, en guise de paravent,
un petit carnet devant ses lèvres.
M. de Douville-Maillefeu nous a fait part
également de sa manière de voir, et cela en
des termes dont M. Prudhomme a le droit
d'être jaloux. M. de Douville-Maillefeu peut
au besoin mêler agréablement le paradoxe
à la vérité de M. de la Palisse, mais il a une
méthode à lui pour reliercesdeux éléments
hétérogènes ; son style ne se compose que
d'incidentes qui s'enfilent les unes au bout
des autres, sans jamais se grouper autour
d'une phrase principale ; si le point (à la
ligne) arrive par hasard, c'est que toutes
les incidentes de la série ont été épuisées,
ce qui fait que l'orateur se trouve obligé,
bien contre son gré, de passer à une autre
série d'incidentes.
< M, Bethmont, qui est député de Ro.che-
fort, a quémandé, d'une voix douce et émue,
une augmentation au budget de la Marines
Et M. le ministre des finances, en homme
compatissant, mais qui pour l'instant n'a
pas* de monnaie, lui a répondu : « Je vous ai
déjà donné, mon brave homme; vous repas-
serez une autre année. »
Enfin, M. Raoul Duval, rapporteur, a ré-
pondu à ceux-ci et à ceux-là. M. Raoul Du-
val se trouve dans une situation toute par-
culière : appartenant au parti bonapartiste,
il est le seul rapporteur du budget qui soit
pris en dehors de la majorité républicaine,
et il a pour tâche de défendre, devant ses
propres amis, une réduction d'une centaine
de mille francs à effectuer sur l'aumônerie
de la marine. M. Raoul Duval s'est bien ti-
ré de ce pas difficile; même, il a profité de
la circonstance pour faire justice des criti-
ques intéressées et perfides que la réation a
dirigées contre le vote relatif à l'aumônerie
militaire.
La séance eût été d'un calme plat, voire
d'un de ces calmes qui empêchent la ques-
tion' de filer un simple nœud à la journée,
si une bourrasque d'un quart d'heure ne se
fût élevéejvers quatre heures de relevée.
M. Lacascade, député de la Guadeloupe,
était de quart. Il a adressé quelques paroles
amères à la Direction des Colonies et a ac-
cusé l'administration de faire revivre les
préjugés de couleur qui tendaient à s'ef-
facer.
M. le ministre de la Marine a fait de cette
attaque une affaire personnelle, — et il a
eu tort. Ce n'est pas une raison parce que
M. Lacascade a écrit quelques articles con-
tre le ministre de la Marine pour que M.
l'amiral Fourichon, qui passe pour un
très-excellent homme, se mette tout à coup
dans une colère susceptible de lui infliger
un coup de sang et, cramoisi, les yeux hors
de la tête, tapant sur la tribune de façon
à la démantibuler, apostrophe directement
le député Lacascade; l'attitude ministérielle
ne doit pas être celle d'un commandant qui,
à son bord, fait mettre aux-fers un insubor-
donné.
M. de Mahy, député de la Réunion, a fait
une réponse plus calme au député de la Gua-
deloupe. Sa péroraison : « Je ne sais ce que
veulent dire ces termes : classe blanche,
classe noire, classe mulâtre ; à. la Réu-
nion, je ne connais que des citoyens fran-
çais. » a produit grand effet et, de tous les
points de la salle, de bruyantes approba-
tions sont parties à l'adresse de M. de
Mahy.
En somme, il n'y aurait pas eu de séance
aujourd'hui que nous serions tout aussi
avancés. Dame! voilà ce que c'est que
d'être un vieux routier parlementaire et
d'être blasé sur les discussions générales
de budget !
PAUL LAFARGUE.
Échos de la Chambre
Nous avons annoncé que le groupe de l'ex-
trême gauche avait résolu d'entendre les délé-
gués des chambres syndicales avant de pren-
dre une résolution définitive sur la question.
Ces délégués, MM. Vernet, Guérin et Mon-
genier, ont été entendus hier par la réunion et
ont réclamé la liberté du droit d'association et
de réunion, la modification, la réorganisation
des conseils de prud'hommes.
MM. Menier, Périn, Floquet, Talandier et
Nadaud ont parlé dans le sens des délégués. La
réunion a décidé qu'elle s'occuperait d'abord
du projet Lockroy et convoquerait ensuite les
délégués pour s'entendre aveo eux sur les
chambres syndicales et les conseils de pru-
d'hommes.
*
— ., * #. - ,.
La commission du budget s'est réunie hier,
à une heure, avant la séance publique, et a
adopté le rapport supplémentaire présenté par
M. Raoul Duval sur le ministère de la marine.
* -
* *
La commission relative à l'extension du gou-
vernement militaire de Paris, s'est également
réunie hier. Elle a décidé d'entendre M. le mi-
nistre de la guerre avant de prendre une réso-
lution définitive.
Mentionnons, à propos de cette première
réunion, un incident qui a pénibleméntsurpris
les membres de la commission. On a constaté
sur les cartes que le ministère de. la guerre
avait mis à la disposition des commissaires l'o-
mission d'un pont carrossable, très-important,
situé à trois kilomètres à peine des limites de
la zone militaire.
Il nous paraît inutile d'insister sur un pareil
fait, qui, qui se produisant après les désastres
de 1870, constitue une négligence coupable
dont le ministre de la guerre saura, nous l'es-
pérons bien, empêcher le retour.
*
# #
M. Philippoteaux, rapporteur.de la quatrième
commission d'initiative, a présénté un rapport
concluant à la prise en considération de la
proposition de M. Louis Legrand, tendant à éta-
blir la liberté du droit de réunion.
*
* *
M. Victor Plessier a présenté l'amendement
suivant au projet de loi portant fixation du
budget général des dépenses et recettes-de
l'exercice 1877.
Ajouter à l'article 13 :
« Les communes qui pratiquent la gratuité
absolue dans leurs écoles primaires de gar-
çons ou de filles auront le même droit aux sub-
ventions obligatoires des départements et de
l'Etat que si ces écoles étaient payantes.
» Les conseils municipaux qui voudront éta-
blir la gratuité absolue dans les écoles commu-
nales pourront remplacer la rétribution sco-
laire par une imposition équivalente de centi-
mes additionnels. »
M. Victor Plessier avait déjà présenté un
amendement analogue le 27 juillet dernier.
EMMANUEL ARÈNE.
COURRIER DU SÉNAT
Nous sommes entrés à pleines voiles
dans la discussion da la loi sur l'administra-
tion de l'armée. La séance n'a pas duré long-
temps. Elle a été remplie par un discours.
Descendant du fauteuil présidentiel, M. le
duc d'Audiffret-Pasquier ,est venu livrer ba-
taille à la tribune. Le président du Sénat
avait annoncé depuis longtemps qu'il pren-
drait la parole. Cette loi l'intéresse tout spé-
cialement r il a pris soin de nous rappeler
qu'elle avait pris naissance dans les discus-
sions soulevées au sein de l'Assemblée par
le rapport de la commission des marchés.
L'orateur n'a qu'un tort, c'est d'avoir en-
foncé une porte ouverte. Depuis longtemps
on a reconnu que l'intendance devait être
subordonnée au commandement. La der-
nière guerre a montré les graves inconvé-
nients du système suivi jusqu'à ce jour.
Aussi la commission et le gouvernement
sont-ils d'accord pour proposer de modifier
l'état de choses existant.
M. le duc d'Audiffret-Pasquier avait donc
beau jeu à soutenir ses développements,
personne ne l'interrompait; il nous semblait
assister plutôt à une conférence qu'à un dé-
bat parlementaire. L'orateur possède à mer-
veille son sujet, mais en revanche il ne se
possède pas suffisamment: à chaque ins-
tant il s'emporte; on sent que sa pensée va
plus vite que ses paroles, et il en résulte par
moments un certain brouhaha qui nuit à
l'effet oratoire.
Ces réserves faites, nous devons consta-
ter que M. d'Audiffret a remporté un grand
succès. Les détails techniques qu'il tient à
donner ne l'empêchent pas de se livrer à des
développements qui produisent une vérita-
ble impression. A plusieurs reprises le Sé-
nat a applaudi, et ce n'était que justice.
Naturellement, personne ne répond puis-
que tout le monde est d'accord.Seulement,M>
le duc Pasquier ayant parlé dela marine dans
laquelle l'unité du commandement et de
l'administration est absolument faite, M.
Beraldi, qui est un ancien chef de divi-
sion au ministère de la marine, éprouve le
besoin de dire son mot. Il vient tout simple-
ment confirmer les allégations du duc Pas-
quier. Vous comprendrez que nous n'insis-
tions pas longuement sur ce discours dé-
pourvu de tout intérêt.
Personne ne demandant plus la parole,
la discussion générale est close et le Sénat
décide qu'il passera à l'examen. Seulement,
comme il est cinq heures et qu'on a travaillé
deux heures, la Chambre haute renvoie au
lendemain.
Mais, durant la séance, le chef des huis-
siers de la Chambre des députés était venu
apporter au président le projet de loi sur la
cessation des poursuites adopté par la
Chambre. Conformément au règlement, M.
Martel consulte le Sénat sur l'urgence. La
droite n'est pas en nombre; elle s'en aper-
çoit et commence à faire du tapage.
— A demain, crie-t-elle !
M. Martel fait remarquer que le règle-
ment est formel : la Chambre a déclaré
l'urgence, le Sénat doit se prononcer. Et la
question est mise aux voix. L'épreuve et
la contre-épreuve ont lieu. Le résultat sem-
ble être favorable à la gauche.
— On n'a pas compris! crie-t-on à droite.
Et M. Paris qui sait se plier à toutes les
nécessités, escalade la tribune.
Il demande que l'on ne statue que de-
main, alors que le projet sera imprimé. La
gauche n'a pas voulu profiter de ses avan-
tages, elle a accédé à la demande de M.
Paris.
P. DE SIENNE.
Echos du Sénat
Voici l'organisation des bureaux du Sénat :
ïer bureau : président, le général Ladmi-
rault; secrétaire, M. Rosamel.
2e bureau : président, le général Changar-
nier; secrétaire, M. Gavardie.
3e bureau : président, M. Masson-Morfon-
taine ; secrétaire, M. Labiche.
4e bureau : président, M. Ernest Picard ; se-
crétaire, M. Vigarosy.
5e bureau : président, le général Riffault ; se-
crétaire, M. Lepetit. -
6e bureau : président, M. Crémieux ; secré-
taire; M. Huguet.
7e bureau ; président;,l. le général de Cis-
sey ; secrétaire, M. Tolain.
8e bureau : président, M. le maréchal Canro-
bert; secrétaire, M. Pelleport.
96 bureau : président, M. Edouard Charton ;
secrétaire, M. Bernard, de Meurthe-et-Mo-
selle.
La droite compte cinq présidents de bu-
reaux et trois secrétaires ; la gauche quatre
présidents et six secrétaires.
- ♦
Mort d'Antonelli
Le grain de sable qui a tué Cromwell,
Saint-Beuve Napoléon III et tant d'au-
tres, bons ou mauvais, petits ou grands,
vient de finir les jours du cardinal An-
tonelli. Cet homme (je ne dis point ce
prêtre, et pour cause) était une des fi-
gures les plus originales de notre siècle.
Son talent, son ambition, sa fortune,
son malheur même lui assignent un
rang à part. Je relisais tout à l'heure
dans la Question romaine les dix pages
ouj'ai esquissé son portraiten 1859 ; c'est
la vérité même, un peu poussée au noir,
imperceptiblement chargée par la jeu-
nesse et la passion de l'écrivain.
En ce temps-là, il était impossible de
ne pas détester l'oppresseur égoïste,
avide et froid de deux millions d'Ita-
liens, l'homme néfaste qui maintenait
par ses intrigues, au milieu de l'Eu-
rope moderne, les abominations archaï-
ques du pouvoir temporel. Ce qu'on
voyait surtout en lui, s'était le paysan
de Sonnino parvenu sans dévotion à
la plus haute dignité de l'Eglise et sans
principes politiques au gouvernement
de l'Etat; c'était l'énormité des richesses
entasséees, Dieu sait à quel prix, par
une famille plus que papale; c'était le
caractère de Mazarin ressuscité chez
un autre Italien du midi qui n'avait pas
à nos yeux l'excuse de servir et d'aimer
la France.
Eh bien, faut-il le dire? ma haine
pour cet homme avait tourné à la com-
passion depuis un certain temps. D'a-
bord, il ne pouvait plus nuire, puisqu'il
avait eu, en 1870, le temporel tué sous
lui. Quoiqu'il eût vu, lui aussi, les an-
nées de Pierre, et rempli vingt-six ans
les fonctions de secrétaire d'Etat, il n'é-
tait plus que l'ombre d'un premier mi-
nistre et ne gouvernait rien, pas même
l'esprit de son maître.
Penseur très-libre, exempt des pré-
jugés fétichistes et politique avant tout,
comme la plupart des Italiens de notre
temps, il avait dû souffrir cruellement
au spectacle des folies ultramontaines.
L'Immaculée-Conception, le Syllabus,
l'infaillibilité pontificale, les nouveaux
dogmes et les défis portés à l'opinion
européenne n'ont pu que l'étonner et le
gêner beaucoup. Il n'était pas éclos dans
un nid d'aigles, à Sonnino, pour servir
la messe d'un saint. Cet esprit pratique,
rompu à toutes les finesses de la diplo-
matie, s'est senti tout dépaysé dans un
gouvernement qui n'était plus qu'une
chapelle. Le prétendu cachot dont la
paille se vend brin à brin, le tronc
du denier de Saint-Pierre, les décla-
mations des pèlerins échauffés, la vio-
lence même des allocutions pontifi-
cale, et pour tout dire en un mot, le
nouveau train du Vatican est bien fait
pour décourager un habile homme,
tout confit en malices, accoutumé de-
puis prés de trente ans au langage dis-
cret des protocoles, expert dans l'art
subtil et délicat de berner les chancel-
leries au profit d'un vieux prêtre cou-
ronné.
Dû est le temps, le bon temps des in-
trigues savantes, de ces grandes parties
où la France, l'Autriche, l'Espagne, le
Portugal, la Belgique, le royaume de
Naples, étaient comme des pions qu'un
joueur admirable poussait sur l'échi-
quier?
- Un diplomate accrédité auprès du Va-
tican me disait, sur la place d'Espagne,
il y a quatre ans environ : La plus inté-
ressante victime de l'unité italienne est
ce pauvre cardinal Antonelli. Pensez
donc ! Plus de politique à faire ! plus de
talent Ú déployer ! Plus personne à
tromper ! Plus d'art, plus de nuances,
plus de ménagements, au milieu de ces
grosses déclamations redondantes qui
s'échangent à tort et à travers sur les
lambris augustes du Vatican ! Antonelli
est perdu là-dedans comme Ovide en
Crimée. Il prendra bientôt pour devise :
Barbaras hic ego sum, quia non intelligor illis. »
Ce discours m'est revenu en mé-
moire au moment où l'agence Havas
nous annonçait la mort du cardinal.
Assurément il meurt de la vessie ; mais
l'archevêque de Grenade et la tourbe
criarde des pèlerins espagnols ont dû
précipiter l'événement. Les temps sont
durs pour les pauvres sceptiques.
ABOUT.
Un télégramme de Paris adressé au Ti-
mes donne le texte par lequel la Porte a no-
tifié aux ambassadeurs la conclusion de
l'armistice :
Monsieur l'ambassadeur,
Je prie Votre Excellence de vouloir bien in-
former son gouvernement que la Sublime-Por-
te, sur les vives instances de la Russie et pour
démontrer une fois de plus la bonne volonté
dont elle a donné des preuves si nom-
breuses durant ces derniers événements, a ré-
solu d'accorder un armistice de deux mois sans
conditions. -
Les commandants des armées impériales ont
reçu l'ordre de suspendre immédiatement les
hostilités.
Les commissaires qui seront délégués pour la
délimitation des positions occupées par les.
armées en présence auront à s'entendre avec
les commandants des forces armées de S. M.
impériale. -
D'après le-Joiti-nal de SoMt-Pètersbouvg,
le télégramme du général Ignatieff,. endate
de Bouyoukdéré, jeudi 21 novembre (2 no-
vembre), une heure du matin, est ainsi
conçu :
J'ai l'eeu la note responsive ùe Safvet-Paelw,
consentant à la conclusion d'un armistice pur
et simple de deux mois, à partir d'hier mer-
credi. Dés Ordres ont été transmis aux com-
mandants des troupes ottomanes pouriarrêter
immédiatement les opérations militaires sur
tout le théâtre de la guerre.
La Porte se réserve de régler plus tard, d'ac-
cord avec l'ambassadeur de Russie et les au-
tres représentants, les détails relatifs à cet
armistice.
;
Voici un document assez singulier
que nous apporte ï Union républicaine
de l'Eure. C'est une lettre du préfet de
l'Eure, datée du 4 octobre dernier :
Monsieur le maire,
Par dépêche en date du 26 mai dernier, M.
le ministre de l'instruction publique m'a infor-
mé qu'à partir de 1877 les communes où la
gratuité de l'instruction primaire existe en ce
moment ne seraient plus subventionnées pour
cette dépense.
Votre commune étant dans ces conditions,
je vous prie, M. le maire, de porter cette déci-
sion à la connaissance de votre conseil muni-
cipal, qui aura à examiner si la commune peut
supporter @ toute la dépense et créer les res-
sources nécessaires, ou si la rétribution sco-
laire doit être rétablie.
Cette décision ministérielle m'a fait attendre
pour notifier au directeur des contributions di-
rectes le vote d'impôt de 4 centimes, dont le
montant devait être appliqué en 1877 à ladite
dépense.
Je vous autorise. M. le maire, à réunir ex-
traordinairement et d'urgence le conseil mu-
nicipal et au besoin les plus imposés alin d'exa-
miner si votre commune peut créer les res-
sources pour acquitter les dépenses de la gra-
tuité absolue. Les impositions votées pourraient
être ainsi comprises dans les rôles géné-
raux dudit exercice dont l'établissement a lieu
en ce moment.
Dans le cas contraire, le conseil municipal
devrait voter le rétablissement de la rétribu-
tion scolaire dans l'école communale, à partir
de 1877, et il serait établi des listes de gratuité
sur lesquelles les indigents seuls pourraient
être portés.
Recevez, M. le maire, l'assurance de ma
considération distinguée.
Le préfet de l'Eure,
TASSIN.
L'Union républicaine de l'Eure
donne cette lettre comme une circu-
laire adressée à tous les maires du dé
partement. Il v a évidemment erreur
ici. Cette lettre ne peut avoir été adres-
sée qu'au maire d'une commune où la
gratuité avait été établie, et où le conseil
municipal avait voté dans ce but un im-
pôt de quatre centimes additionnels. Il
s'en faut encore malheureusement que
ce système de l'enseignement primaire
gratuit ait été adopté par la majorité
des communes ni dans l'Eure ni dans
la plupart de nos départements.
Mais qu'au lieu d'avoir été adressée
à toutes les communes de l'Eure, cette
lettre ait été adressée à quelques-unes
seulement ou même à une seule, elle
n'en est pas moins étonnante, et nous
pouvons ajouter affligeante..
Toutes les communes sont loin d'être
assez riches pour pouvoir supporter à
elles seules, même en s'imposant ex-
traordinairement de la quantité dont la
loi leur permet de s'imposer, les dépen-
ses que nécessite la gratuité de l'école.
C'était jusqu'ici une règle, lorsque la
commune, dans un louable sentiment,
avait fait tout ce qui était en son pou-
voir, que le département, que l'Etat
surtout, vinssent à son secours pour les
reste.
Cette tradition libérale, patriotique,
conforme à la solidarité qui relie toutes
les parties d'un même pays, d'autant
plus fondée que les intérêts de l'instruc-
tion sont en somme ceux de tous cette
tradition libérale, la lettre de M. le pré-
fet de l'Eure nous l'apprend, est sou-
dainement interrompue ; et ce qui est
plus étonnant, interrompue au moment
où le budget de renseignement vient
d'être considérablement accru,.; et ce
qui est plus étrange que tout le reste,
elle est interrompue par les ordres d'un
ministre qui a donné de nombreuses
preuves de son zèle pour l'instruction
publique, qui a l'ait en faveur de
l'enseignement primaire les déclara-
tions les plus nettes et les plus solen-
nelles, de la bonne volonté duquel per-
sonne ne saurait douter.
S'agitril de quelqu'une de ces circu-
laires, comme les bureaux du ministère
en expédient trop souvent, qui ne ser-
vent qwà -compromettre les ministres,
alors qu'elles ont été envoyée&sansjeur
ordre? On serait tenté de le croire. Ce
qui n'est pas contestable en tous cas;
c'est que cette dépêche,—en date du 26
mai dernier, — a besoin d'une .explica-
cation, d'autant plus que la même dé-
pêche a dû être adressée à tous les au-
tres préfets de la République,
Nous sentons très-bien qu'il y a dans
ce concours à l'établissement de la gra-
tuité une charge réelle pour le. budget,
et nous savons combien le ministère de
l'instruction en particulier, .même de-
puis sa récente augmentation, est peu
embarrassé d'employer l'argent dont il
dispose; mais pourquoi dans ce cas ne
pas solliciter de la Chambre un crédit
dans ce but spécial de venir en aide a U
communes pauvres? Il était temps en-
core, « à la date du 26 mai dernier » La
Chambre, à coup sûr, animée des sen-
timents qui l'animent, ne se fût pas l'e"
fusée à faire, sinon tout le désirable, au
moins tout le possible.
Je vois bien l'objection : c'eètque les
communes les pius empressées à voû-
ter la gratuité de l'école sont assez sou-
vent les communes peu fortunées, et
qui se disent qu'elles >recevrqn.t beau
coup de l'Etat relativement -à.ce qu'elles
mêmes .vont s'imposer. — Qui assuré-
ment, la chose arrive : maiseneoreest-il
juste de^ dire^iue généralement celles-
lit sont aussi celles où l'instruction pri-
maire a le. plus besoin d'être encoura-
gée, que tout le pays profitera de ce qui
se fera de bien chez elles, e^qtr&prés
tout si leur conduite est quelque peu
intéressée, leur situation est encore plus
intéressante.
S'il y a abus quelquefois dans cette
sollicitation des dons ministériels, que
l'on remédie à l'abus: mais n'imitons
pas les gens qui, dans la crainte de se
laisser exploiter par les faux, pauvres,
iraient jusqu'à laisser mourir dè faim
les véritables.
CHARLES BIGOT
» —
t J..;; j * ; j i! L;'
Nouvelles d'Orient
Pesth, 6 novembre.
La façon brusque dont l'ultimatum russe a
été décidé et notifié à Constantinople; sans que
le gouvernement austro-hongrois eûlélé préa-
lablement avisé, a fait ici mauvais effet.
L'Autriche demandera que le programme
de la conférence soit discuté et concerté d'a-
vance entre les grandes puissances.
La Russie n'a pas encore fait connaître ses
vues à ce sujet.
Les Serbes sont mécontents des Russes, à
qui ils reprochent de les traiter comme peuple
conquis. Ce mécontentement est encore accru
par le langage des journaux russes, qui accu-
sent les troupes serbes de ne s'être jamais sé-
rieusement battues, On peut supposer aujour-
d'hui, d'après tous les avis. venus de Serbie,
que le gouvernement et le peuple serbe, déçus
dans leurs espérances relatives aux résultats
de la politique suivie jusqu'à présent, veulent
sincèrement la paix.
On ne croit pas, dans les cercles diplomati-
ques, à des difficultés réelles au sujet de la li-
gne de démarcation à tracer entre les parties
belligérantes.
",- ," -- Berlin, 6 novembre.
Le prince- de. Hohenlohe repartira incessam-
ment pour Paris. -
Une partie de la presse allemande a accen-
tué, dans ces derniers temps, ses sympathies
en faveur de la Turquie.
Une dépêche de Belgrade, adressée au jour-
nal russe Viedomosti, constate que les Serbes
1 se sont débandés sans avoir tiré un seul coup
de fusil, lors de l'attaque des Turcs à Djuni.
Raguse, 5 novembre, soir.
Les insurgés hel.lgovinienrII.t partie
compris dans T&Vmisiidë. elbnveraerît unk
insurgés bosniaques, leur situation fait doute
encore.
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