Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1876-10-15
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 15 octobre 1876 15 octobre 1876
Description : 1876/10/15 (A6,N1770). 1876/10/15 (A6,N1770).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7557329p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
ililèHe ABHée. — ne trro
Prli éu NaMér« à Pal'I. t 1..5 Centimes. — BéparteneiU t Se CentlMte*
Dimanche 15 Octobre lftri
E B—~,
JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR
RÉBACTIQM
â'tdrê88«r au Secrétaire de la ]Rddactl«
de 2 heures à minait
o nme de Larayette, !if¡$
Ms Heures teote affranchies terowS r,fW'fiJ
! [8)HU' EliE l 'f@
SÂRie
frôla mo-Ís.oo 13 ft".
Six s s ois. 25
un 5ij
DÉPAA'IBiiD'I'I--
Trois mois .«« /.i(i.r\
Six moi3.e.a.4a /'ËT-
Un an,',.l 6 3
==-=--= 1
^tBuntmiiKBMa, chez MM, LAGRANGE" IQEjt Cf
e. mlam <&? Bai Semrm, œ
ADMINISTRATIQN
Adresser lettres et mandats t 1'AdatfiiisL?aS88 o 68
Au mzmsmu msirés m mmt p&8 vmëX)
âlOIIIHEITg
MMg
Trois mois. 13 fr.
Six mois.25
Un an 4«iûoéidiaôtodii §0
l»iPn'l'.DDY&"J
Trois mois.16 t,,
Six mois..*.:. S2
Un aIl.oo. 82
&am.D", chez MM. LAGRANGN, CERF et C*?
œ. IfWs rite la Becm., œ
A partir du Ie* novembre
le XIX8 SIÈCLE sera im-
primé en caractères neufs.
MM. les Souscripteurs dont
l'abonnement expire le 15 oe-
tobre sont priés de le renou-
veler Immédiatement, s'ils ne
ventent point éprouver de re-
tard dans la réeeptlon du Jour-
nal.
BULiLIKTIN
Paris, 14 octobre 1876.
Nous avons donné, hier, une dépêche de
l'agence Havas indiquant les conditions
que met la Turquie à l'armistice. Il n'est
pas question d'Alexinatz dans ces condi-
tions. La Porte se borne à demander que
les puissances empêchent la réoccupation
par les Serbes des positions actuellement au
pouvoir de l'armée turque ; qu'elles inter-
disent toute introduction d'armes et de mu-
nitions dans les deux principautés ; qu'elles
empêchent d'une manière efficace le pas-
sage des volontaires étrangers ; qu'elles
empêchent enfin tout secours de la part
des deux principautés aux provinces insur-
gées limitrophes. La Porte, d'ailleurs, ne
désire pas conclure l'armistice directement
avec la Serbie, mais avec les puissances
européennes, qui deviendraient ainsi res-
ponsables si quelqu'une des conditions
imposées était violée. Nous ne croyons pas
que, dans l'état actuel des esprits dans la
presqu'île des Balkhans, les puissances
consentent à se charger de ce soin.
Il se confirme que la Serbie refuse un
armistice de six mois, mais elle a déclaré
qu'elle est prête à accepter l'armistice de
six semaines que proposent les puissances.
En même temps que la Porte indiquait
aux ambassadeurs des puissances les condi-
tions de l'armistice, elle leur remettait une
note explicative des contre-propositions par
lesquelles elle a répondu aux propositions
de paix formulées par l'Angleterre. On
trouvera plus loin le résumé de cette note.
Il s'agit bien, comme noas l'avons déjà an-
noncé, de la promulgation d'une constitu-
tion. Il y aurait désormais deux Chambres;
l'une faisant les fonctions de Sénat,dont les
• membres seraient choisis par le gouverne-
ment et une Chambre des députés élus par
un procédé assez compliqué.
Le résumé que nous avons sous les yeux
n'indique pas la place respective qui serait
faite dans cette Chambre aux musulmans
et aux chrétiens. La note s'étend ensuite
sur tout un système de réformes locales.
Toutes ces réformes paraissent excellentes,
mais nous doutons fort que la Porte soit
fermement résolue à les appliquer ou qu'elle
ait le pouvoir de le faire.
Un véritable grand conseil de l'empire
russes est réuni en ca moment autour du
czar à Livadia.
:—
BOURSE DE PARIS
aisture le 12 octob" le 13 octob". H»«M» B»IM«
S o/o
ttoapkot 71 42 1/2 71 10 • 32 1/2
fbacour. 71 40 71 35 ». •/• 05
* ft/ao/o
Oomptost 101 60 101 60
solo
fioMVtnDt 106 10 106 25 lo •/
ÀND, 1,06 32 1 2 106 27 1/2 05
FBTITB BOURI. DU 1018
Emprunt 3 0/0.. 71 fr. 45,40, 25.
îSmurunt b o/@. 106 fr. 40, 20, 25.
6 0/0 tare 12 fr. 25, 07 1/2.
Banqne Ottomane. 375 fr., 374 37.
BIJP'¡. 110 fr., 209 37.
; :—
L'Union républicaine, dont les mem-
bres présents à Paris se sont réunis
l'autre jour chez M. Lepère, a rendu
un fier service à la la presse réaction-
naire. Elle ne savait plus trop à quel
saint se vouer en attendant le retour
des Chambres ; car, enfln, on ne peut
éternellement servir le même menu à
ses abonnés, et les lecteurs de la
Gazette, du Français, de la Defense,
commençaient à vérifier qu'en effet
« l'ennui naquit un jour de l'unifor-
mité, » quand l'Union républicaine est
venue fort à propos fournir à la polé-
mique un aliment nouveau. Nouveau,
pas tout à fait; mais il y avait bien
trois mois qu'on n'avait reproché aux
républicains de ne voir dans la Répu-
blique qu'un moyen d'accaparer toutes
lAfi! nianAH LA nl'oÀ.verbal de la séance
""VIfI r" -., r- ----
tenu par l'Union républicaine a donné
un regain d'actualité aux déclamations
de la * bonne presse » sur ce chapitre,
et, depuis lors, c'est un feu roulant de
railleries et d'injures, revues et considé-
rablement aggravées, sur « la glouton-
nerie > des républicains, et aussi leur
complète ignorance du, danger qu'il y
aurait à leur donner satisfaction en
expulsant des fonctions publiques, défi.
nitivement et sans nouveau délai, qui-
conque ne proclame pu très-haut et sans
réticence son absolu dévouement aux
,_:1..6: -- _"c_H.Q Íl'\A!.L
luauiuiiuLis 1.pU.U.u\lU"'--'
Tout a été dit sur ce sujet, et nous
laisserions volontiers les légitimistes,
les organistes même et surtout les bo-
napartistes essayer de faire croire que
toutes les lois que leur parti a triom-
phé, il a folluî les supplier de prendre
les préfectures et les fonctions géné-
ralement quelconques où l'on a le double
et inappréciable avantage de servir son
pays et d'émarger au budget. Mais il
est un reproche qu'il importe de re-
pousser. C'est celui qui consiste à dire
que les républicains se soucient peu de
bouleverser l'administration, de mettre
le désarroi dans tous les services pu-
blics pourvu qu'ils s'installent dans
toutes les places.
Nous prétendons, au contraire, que le
trouble, le désordre et la confusion
doivent résulter forcément du système,
d'ailleurs tout nouveau, en vertu du-
quel il est admis que les fonctionnaires
de la République n'ont nul besoin d'être
républicains. C'est ce que pensaient les
monarchistes qui, au lendemain de 1830,
moins de trois semaines après la révo-
lution, s'étonnaient que le gouverne-
ment n'eût pas encore destitué, du haut
en bas de l'éohelle administrative, tout
ce qui pouvait rappeler aux populations
ce régime abhorré dont le peuple avait
fait justice.
Dans la séance du 27 août 1830, à la
Chambre des députés, M. Guizot, alors
ministre de l'intérieur, prit la parole
pour répondre au reproche plusieurs
fois adressé déjà au gouvernement de
ne pas procéder assez vite à l'épura-
tion du personnel administratif. M. Gui-
zot protesta que, pour sa part, il faisait
et ferait toutes ses diligences, et il pro-
mit que ses collègues déploieraient le
même zèle et la même activité dans
leurs départements respectifs. A l'ap-
pui de ses déclarations, le ministre
crut même devoir citer quelques chif-
fres, et montrer par les changements
déjà opérés ceux qu'on était en droit
d'attendre.
Néanmoins, la Chambre ne parut point
satisfàite; M. Guizot s'en aperçut, et
sans doute il se mit à l'oeuvre sans re-
tard, ainsi-que ses collègues, car au
bout de quinze jours, le Il septembre,
il montait à la tribune pour présenter
à la Chambre un rapport général sur
l'état de la France et les actes du gou-
vernement depuis la Révolution de
1830, « depuis la glorieuse Révolution
de 1830 », pour parler le langage du
conservateur M. Guizot.
Nous regrettons infiniment de ne pou-
voir mettre ce rapport en entier sous
les yeux de nos lecteurs; mais nous en-
gageons vivement M. de Marcère et ses
collègues à le relire dans le texte ; ils
y trouveront des préceptes pleins de
sens et des maximes de gouvernement
d'une actualité saisissante.
« Une première tâche nous était im-
> posée, dit M. Guizot ; il fallait pren-
» dre partout possession du pouvoir,
» et le remettre à des hommes capables
» d'affermir le triomphe de la cause na-
> tionale. Grâce aux conquêtes de 1789,
» l'état social de la France a été régé-
> néré. (Hein ! quels révolutionnaires
» c'étaient que les conservateurs de ce
» temps-là !). Grâce à la victoire de
» 1830, ses institutions politiques ont
> reçu en un jour les principales réfor-
» mes dont elles avaient besoin. Une
> administration partout en harmonie
» avec l'état social et la Charte, une
» constante application des principes
» consacrés sans retour, tel est aujour-
» d'hui le besoin pressant, le vœu una-
» nime du pays. DE NOMBREUX CHANGE-
» MENTS DANS LE PERSONNEL ÉTAIENT DONC
» LA PREMIÈRE NECESSITE DU GOUVERNE-
» MENT. PAR LA IL DEVAIT FAIRE SENTIR
» EN TOUS LIEUX SA PRESENCE ET PROCLA
» MER LUI-MEME SON AVENEMENT. L'ŒUVR©
» avance vers son terme. »
Ea effet, on va voir par le ra-
pide exposé qui suit que cinq semai-
nes environ après leur « glorieuse vic-
toire », il ne restait plus grand chose à
faire aux vainqueurs de Juillet en ce
qui concernait « l'épuration du per-
sonnel. » Voici les chiffres cités par
M. Guizot :
Ministère de la guerre.- - 65 géné-
raux sur 75, investis du commandement
des divisions et subdivisions militaires,
ont été remplacés. - 39 régiments
d'infanterie et 26 régiments de cavale-
rie ont reçu des colonels nouveaux. —
Dans 31 places fortes les commandants
ont été changés. etc., etc.
Ainsi l'honorable M. Guizot annon-
çait triomphalement, cinq semaines
après la Révolution de 1830, que le
personnel supérieur de l'armée avait
été renouvelé de fond en comble. Et
les conservateurs de ce temps-là, les
mêmes qu'en 1876, applaudissaient.
Aujourd'hui ils poussent des cris de
paon quand les républicains émettent
« l'odieuse prétention » de faire respec-
ter Jaloi, c'est-à-dire de ne point éter-
niser dans les mêmes mains les grands
commandements militaires.
Poursuïvons l'énumération de M. Gui-
zot :
Ministère de l'intérieur. — « Nulle
part, avait déclaré le ministre, et non
sans raison, la réforme n'était plus né-
cessaire; » on s'en apercevra au total
des révocations prononcées : 76 préfets
sur 86.
196 sous-préfets sur 277.
53 secrétaires généraux sur 86.
126 conseillers de préfecture sur 315
Et notez bien que M. Guizot eut grand
soin de spécifier qu'il ne s'agissait pas
là de fonctionnaires « transportés d un
lieu à un autre (changés d'air comme
on dit aujourd'hui), mais effectivement
révoqués. »
Nous passons maintenant au
Ministère de la justice. - 74 pro-
cureurs généraux et substituts des cours
d'appel, et 250 procureurs du roi et
substituts des tribunaux de première
instance sont destitués.
Ministère de l'instruction publique.
- 5 membres sur 9 composant le con-
seil de l'instruction publique, et 14 rec-
teurs d'académie sur 25 sont révoqués.
Ministère des affaires étrangères.
- Pour ce département-là, rien de plus
simple : « La plupart de nos ambassa-
deurs et ministres au dehors, dit M.
Guizot, ont été révoqués. » Qu'en dites-
vous, monsieur le duc Decazes ? Mais
il faut se borner. Il se peut trouver
des gens de bonne foi qui se laissent
impressionner par le reproche de « glou-
tonnerie » adressé aux républicains.
C'est pour eux que nous avons invoqué
le témoignage du plus conservateur des
révolutionnaires, et du plus réaction-
naire des libéraux, l'illustre M. Guizot.
Il estimait qu'un gouvernement doit
« faire sentir en tous lieux sa présence »
et proclamer lui-même son avènement
par la voix de ses fonctionnaires. Nous
sommes de son avis. Nous estimons
que la monarchie de Juillet a eu rai-
son de ne se confier qu'à des serviteurs
dont le dévoûment bien connu ou l'ad-
hésion formelle et sincère au nouveau
régime offrait toute sécurité. De même
nous affirmons que la République a tort
de conserver à son service des fonc-
tionnaires qui feignent d'ignorer jus-
qu'à son nom. Et nous ne pouvons que
louer les députés républicains de rap-
peler aux membres du cabinet que si la
République est le gouvernement de tous
par tous, cela ne veut pas dire qu'il
faille le livrer de préférence à ses pires
ennemis.
E. SCHNERB.
lN HISTORIL. LE « FRANÇAIS »
Le Français se fait historien. C'est
à coup sûr le dernier rôle où on se le re-
présentait. L'histoire qu'il a entreprise,
c'est celle du ministère actuel. Il nous
en a donné hier le premier chapitre, qui
doit apparemment être suivi de beau-
coup d'autres.
Ce travail est intitulé le « Premier
ministère de la République ». Nous re-
mercions le Français d'avoir choisi un
titre si exact. Quoique M. Buffet ait été
nommé ministre au lendemain du vote
de la constitution et de l'organisation
de la République, notre confrère a raison
de considérer comme le premier minis-
tère de la République celui qui a rem-
placé le sien. Il y a longtemps que
nous savions qu'en dépit de la constitu-
tion, M. Buffet n'avait été réellement
que le dernier ministre de l'ordre mo-
ral. Il est précieux de voir l'organe de
M. Buffet le reconnaître lui-même.
On apprend bien des choses dans ce
seul premier chapitre. Il met en goût
pour les suivants. On y découvre par
exemple que c'est la faute des républi-
cains ou radicaux — pour le Français
c'est tout un— si un certain nombre de
bonapartistes ont été élus au 20 février
et au 5 mars. Les gens naïfs croyaient
jusqu'ici que les bonapartistes devaient
leurs succès aux préfets à poigne de
M. Buffet, au concours des légitimistes
et des orléanistes, à l'alliance du comi-
té Changarnier avec le comité impéria-
liste. Ils croyaient qu'à ce moment les
journaux monarchistes, à commencer
par le Français, avaientpatronné aussi
chaudement que l'Ordre ou le Pays les
candidatures de MM. Janvier de la
Motte et Cassagnac père et fils, de MM.
Haentjens et Dréolle, Robert Mitchell et
Jérôme David. Ils se trompaient, l'his-
toire du Français l'affirme.
Ils se trompaient également en croyant
que M. Waddington, élu dans l'Aisne
au Sénat entre MM. Henri Martin et
Saint-Vallier, avait été élu par le suf-
frage des républicains : le Français
nous révèle que M. Waddington avait
été porté au Sénat par les voix de ceux
qu'il appelle les « conservateurs », ces
conservateurs dont M. le ministre de
l'instruction publique a si bien trahi
depuis la confiance.
Chemin faisant, le Tacite du Français
se fait un plaisir de nous apprendre
que M. Christophle n'était considéré de
tous, jusqu'à son entrée au ministère,
que comme une déplorable médiocrité,
M. de Marcère que comme une nullité
politique ; il nous apprend aussi que
M. Ricard, s'il fut porté au ministère
de l'intérieur, le fut en paiement du
service qu'il avait rendu à un « person-
nage en crédit » d'assurer son élection
€ par le désistement d'un concurrent
redoutable. » Le nom du « personnage
en crédit, » l'historiographe du Fran-
çais le sait à coup sûr ; il est regrettable
que sa discrétion l'empêche de nous en
faire part.
Le Français nous apprend encore
que le cabinet Dufaure, au moment où
il fut constitué, fut accueilli par l'hos-
tilité des républicains et de la Chambre
des députés. Il est certain en effet que
ceux ci devaient regretter le ministère
de M. Buffet. « Ce fut dans la presse
conservatrice, dit notre historien, que la
nouvelle administration trouva des dé-
fènseurs ou des avocats. » Décidément
nous marchons de surprise en surprise.
M. Ricard, M. Dufaure et M. Christophle,
au lendemain du 10 mars, combattus
par la presse républicaine, défendus par
V Ordre et la Gazette, par Union et le
Constitutionnel, la Patrie, le Pays et
le Français, que de mystères dont au-
cun de nous ne se doutait !
Il y a bien d'autres révélations en-
core dans cet unique article.
Nul secret n'a échappé à ce perspi-
cace émule tout à la fois de Thucydide
et de Tallemand des Réaux. Il sait ce
qui s'est dit dans les conversations
entre M. Buffet et M. Dufaure au mi-
nistère de l'intérieur, le jour où M. Du-
faure vint s'y asseoir un moment au fau-
teuil ministériel. Il prend soin de nous
dire que l'entrevue n'eut aucun témoin.
Il n'en sait pas moins quelles paroles
textuelles y a prononcées M. Dufaure.
« 11 voulut bien exprimer à son ancien
collègue, avec le regret d'être séparé
de lui, l'espérance de le retrouver pro-
chainement dans les Assemblées. » Il
n'est pas possible, lui dit-il, que vous
demeuriez longtemps à l'écart des af-
faires publiques. Votre place est au Sé-
nat, et vous devez y entrer, je ne dis
pas à la première vacance, non, mais à
la seconde certainement.
M. Dufaurê a-t-il bien textuellement
prononcé ces paroles ? Et quand il les
aurait prononcées, qu'en prétendez-
vous conclure, profond historien? M.
Dufaure a donné quelques paroles de
consolation polies à un collègue qu'il
venait de faire sortir de son ministère, un
pauvre homme refusé par l'Assemblée
nationale comme sénateur, repoussé par
le suffrage sénatorial de son départe-
ment, quatre fois repoussé par le suf-
frage universel, battu comme jamais
ne le fut ministre ni candidat/Il a ver-
sé quelque baume sur ses blessures, il
lui a distribué quelques condoléances.
Et après ? Quel est le ministre arrivant,
depuis qu'il y a des ministres, qui n'en
distribue quelques-unes au ministre qui
part, et à quoi cela engage-t-il ?
Continuez à - écrire, véridique histo-
rien du Français ; mais mettez désor-
mais, selon le conseil de maître Fran-
çois, un bon « renfort de besicles. »
CHARLES BIGOT.
—————
y
L'Election des Maires
Nous continuons à enregistrer les ren-
seignements sur les élections des maires
que nous transmet l'agence Havas :
Indre. — 194 résultats connus ; 145 mai-
res réélus.
Vosges. — 484 résultats connus ; 333 mai-
res réélus. La majorité des maires élus
dans ce département appartient au parti
républicain constitutionnel.
Meurthe-et-Moselle. — 491 résultats
connus ; 368 maires réélus.
Dordogne. — Il résulte des résultats en-
re incomplets connus que la plupart des
anciennes municipalités ont été réélues et
que la plupart dea nouvelles sont républi-
caines.
Creuse. - 224 résultats connus ; 157 mai-
res réélus.
Hautes-Pyrénées. — 416 résultats con-
nus ; 276 maires réélus.
Marne. - 229 résultats connus ; 208 mai-
res réélus.
Ariége. - 288 résultats connus ; 232 mai-
res réélus.
Nouvelles d'Orient
Constantinople, 13 octobre.
La Sublime-Porte, dans les explications
données aux ambassadeurs, se montre très-
conciliante.
Elle déolare tout d'abord accepter l'armis-
tice que les puissances amies Ici ont conseillé
d'accorder dans l'intérêt de la pacification.
Sur la question de durée, cas puissances
ayant demandé un minimum de six semaines,
elle croit nécessaire d'accorder six mois
expirant le 31 mars (vieux style).
sou forme de vœux et sans en faire des con
ditions sine qua non, elle expose ensuite les
quatre pointt télégraphiés hier soir, comme
étant de nature à assurer l'efficacité de l'ar-
mistice.
L'Agen-ce russe nous communique la dépê-
che suivante :
St-Pétersbourg, 12 octobre, minuit.
L'armistioe de six mois proposé par la
Porte est officiellement notifié aux puissan-
ces. Celles-ci n'ont pas achevé de se concerter
pour l'accueil à faire à cette proposition.
L'agence, sur ses renseignements particuliers,
peut affirmer que plusieurs des puissances
sont disposées à l'acceptation.
Le grand dac Constantin ajourne son dé-
part pour Nice. — La grande duchesse son
épouse retourne à Paris, pour y prendre le
traitement et le régime dont elle s'était si
bien trouvée.
Vienne, 13 octobre.
La Presse dit que la Porte n'a pas formnlé
des conditions proprement dites pour l'armis-
tice, mais seulement des vœux accentués.
Vienne, 13 octobre.
La Nouvelle Presse libre .annonce que l'am-
bassadeur ottoman aremis aujourd'hui au mi-
nistre dea affaires étrangères la proposition
de la Porte relative à l'armistice de six
mois.
Saint-Pétersbourg, 13 octobre.
Le brait répandu par les journaux de
Vienne, d'après lequel le czar aurait l'inten-
tion d'abdiquer, est considéré dans les cercles
bien informés comme une nouvelle à sensa-
tion. ,
SemliD, 12 octobre, soir.
On fait remarquer ici que la Serbie s'est
empressée d'accepter l'armistice do six se-
maines aussitôt qu'elle a su que la Turquie,
refusant cet armistice, en proposait un de
six mois ; la Serbie se trouve ainfti avoir
accepté les propositions des puissances reje-
tées par la Sublime-Porte.
St-Pétersbourg, 12 octobre, s.
Il y a douze jours que le czarewitch est
arrivé à Livadia. Il est de régla que tous, les
ans, à pareille époque, le czar appelle auprès
de lui son fils.
Le changement apporté dans la situation
actuelle par suite de la proposition de la
Porte d'nn armistice de six mois pourrait
donner lien à une nouvelle lettre du czar à
l'empereur François-Joseph.
Londres, 13 octobre.
Le Times publie la dépêche suivante de
Berlin :
La réponse de la Russie à la proposition
d'armistice de la Turquie sera délibérée et
résolue dans une réunion composée du czar,
du czarewitch et des ministres de la guerre
et des finances.
On attribue au czar l'intention d'abdiquer
si ses conseillers sont d'un avis favorable à
la guerre.
La Perse, sollicitée par la Russie d'agir
de concert avec elle contre la Turquie, enver-
rait des troupes à la frontière turque.
Les sujets russes astreints au service mili-
taire qui en ce moment résident en Allema-
gne ou en Autriche ont reçu l'ordre de ren-
trer en Russie.
L'escadre de la mer-Noire eat prête à trans-
porter 96,000 hommes de troupes des rives
du Nord sur les côtes ouest. Des officiers sont
envoyés pour veiller à l'équipement des na-
vires. La réserve est appelée dans les pro-
vinces de l'ouest. Les troupes russes sont
dirigées vers la frontière nord-est de la Gali-
cie. Vingt mille hommes de cavalerie sont
mis sur le pied de guerre dans la Pologne
russe.
Des agents russes achètent du grain en
Roumanie, où l'on prépare le matériel des
chemins de fer pour le transport des troupes.
Le Times annonce encore que les créanciers
de la Turqaie ont saisi, à Anvers, 292 (?) ca-
nons Krupp, appartenant à la Turquie.
Raguse, 12 octobre, soir.
Le 10, Dervisch-Pacha a quitté Visciza avec
30 bataillons et 4 batteries d'artillerie et s'est
dirigé vers les hauteurs de Magliani. Il a at-
taqué un bataillon de Monténégrins et la
garde d'honneur qui, après un sanglant com-
bat, ont dû se retirer. Le commandant Pla-
menaz , avec deux bataillons, a attaqué
alors le flanc de l'armée turque; mais il a été
forcé de battre en retraite, laissant sur le
terrain 80 hommes morts ou blessés.
Le 11, Dervigch Paoha s'est dirigé de Ma-
gliani vers Danilowgrad. Plamenaz, revenant
à la charge avec trois bataillons, a attaqué
les Turcs de front et les a arrêtés. En même
temps, Radonik, venant de Zagoraz avec
deux bataillons, a attaqué les Turcs sur le
flanc gauche, pendant que deux bataillons
fortis de Piperi sous les ordres de Pilepitch,
traversant la plaine de Spuz, ont occupé Vel-
jebsrdo, sur les derrières de Dervisch-Pacha.
D'un autre côté, cinq bataillons, sous les or-
dres de Mark-Miglianov, venant de Kntch-i,
profitant de cotte diversion, ont attaqué
Podgoritza.
Derviach-Pacha, se voyant menacé de tous
les côtés, a été obligé de se retirer à Viso-
rit¡;a. Il a envoyé sur le-champ quinze batail-
lons au seÕours de Podgoritza.
Dans ces combats, les pertes des Turcs ont
été considérables.
Le combat continue avec l'armée de Moukh-
tar-Pacha, qui ne peut plus avancer.
Le Daily Telegraph publie la dépêche sui-
vante :
Péra, 12 octobre.
Les fonds turcs ont baissé aujourd'hui,
beaucoup de personnes craignant que la Rus-
sie et la Serbie ne repoussent un armistice
durant l'hiver tout entier. En conséquence,
les affaires marchent très-mal.
Il paraît que les Turcs ont profité des mots
< au moins » contenus dans les propositions
des six puissances, qui demandaient un ar-
mistice d'un mois ou six semaines a au
moins. > Les ministres ottomans étaient d'a-
bord disposés a conclure une trêve d'un
mois; mais après un entretien du grand vizir
avec le sultan, il a été résolu d'accorder une
période plus longue. -.Si la Russie et la Ser-
bie n'acceptent pas les propositions turques,
la crise ministérielle qui menace actuelle-
ment se dénouera.
Vienne, 12 octobre.
On croit que les conditions auxquelles la
Porte offre l'armistice seront difficilement
acceptées par les puissances. La Serbie a déjà
déclaré confidentiellement qu'il lui était im-
possible d'accepter un armisiica de six mois.
On mande de Constantinople que le grand-
vizir a offert 0a démission et qu'une crise
ministérielle est attendue.
Le Daily News publie les dépêches sui-
vantes :
Belgrade, 12 octobre.
La réponse par laquelle la Porte consent à
un armistice de cinq mois iraà St-Pétersbourg
et de là à Livadia, et la réplique de la Russie
ira à St-Pétersbourg et à Londres. Aussi se
passera-t-il au moins dix jours avant qu'une
action définitive commence, et pendant ce
temps, les événements militaires peuvent
changer la situation du tout au tout.
Une paix définitive est impossible à obte-
nir par la diplomatie.et la question principale
au point de vue où l'on se met ici est de sa-
voir si la Russie occupera la Bulgarie cet au
tomne ou le printemps prochain. Cette mesure
de la Russie mettrait fin aux hostilités, à
moins que les Turcs ne soient assez insensés
pour s'opposer à cette occupation.
Constantinople, 12 octobre, Il h. s.
Outre la note concernant l'armistice, la Su-
blime-Porte a remis aujourd'hui aux ambas-
sadeurs une autre note exposant les institu-
tions dont le sultan vient de doter l'empire.
Le résumé de cette seconde note, qui cons-
titue la réponse directe de la Porte aux pro-
positions des puissances, relativement à l'au-
tonomie demandée pour la Bosnie et l'Herzé-
govine, peut se résumer comme suit :
Une assemblée générale, composée de mem-
bres élus par les habitants des vilayets et de
la capitale seront convoqués à Constantino-
ple. Cette assemblée, dont la session annuelle
sera de trois mois, aura pour mandat de voter
les impôts et les budgets de l'empire.
Une autre Assemblée, dont les membres se-
ront nommés par l'Etat, sera investie, dans
des limites restreintes et bien définies, des
attributions et d'un Sénat.
Une commission instituée à la Sublime-
Porte, sous la présidence de S. A. Midhat-
Pacha et composée de hauts fonctionnaires
musulmans et chrétiens, élabore en ce mo-
ntent la loi coaaernant les détails relatifs
à la constitution de ces deux grands corps
d'Etat.
Une autre loi relative à la réorganisation
de l'administration des provinces assurera
l'exécution des prescriptions contenues dans
la loi actuelle des vilayets en étendant, dans
une large mesure, les droits d'éleotion, et
comprendra, en même temps les - réformes
pratiques qu'on a désiré voir introduire dans
les provinces de la Bosnie et de VHerzégovine.
Les conseils généraux des provinoes auront
le droit de veiller à l'exécution des lois et des
règlements et, pour ne pas laisser le pouvoir
exécutif sans contrôle dans l'intervalle des
différentes sessions, des conseils d'adminis-
tration, tirant également leur origine de l'é-
lection populaire, auront à expédier les af-
faires qui rentreront dans les attributions
des conseils généraux et à surveiller lu
agents de l'administration locale de manière
qu'ils ne s'écartent pas des dispositions des
lois et des règlements, et ne se laissent point
entraîner à des actes arbitraires.
En outre il a été décidé d'améliorer le mode
d'assiette etde perception des impôts partout
dans l'empire, d'imprimer aux cercles muni-
nipaux tout le développement qu'ils compor-
tent, de leur affecter une partie des revenus
publics, de réorganiser la police, en un mot
de faire passer dans le domaine des faits et
de la vérité tous les progrès que peut pro-
curer une organisation provinciale ausai
complète que possible.
Ces différentes institutions répondent plei-
nement aux vœux exprimés par les puissan-
ces et donnent partout satisfaction aux be-
soins généralement sentis d'une amélioration
radicale ; ils offrent des garanties sûres de
bonne administration.
———-————
Voici, suivant le correspondant alle-
mand de l'agence Havas, le texte de la
lettre écrite par M. Thiers et dont il a été
donné communication aux juges du comte
d'Arnim :
Monsieur,
Je réponds aux questions que vous m'a-
dressez relativement aux négociations qui
s'engagèrent en 1873 pour l'évacuation du
territoire francais.
Pour ce qui me concerne, je me rappelle
positivement que les difficultés de la négo-
ciation furent complètement abordées de part
et d'autre ; qu'à l'égard de Belfort notamment,
qu'il s'agissait de faire ranger dans les ter-
ritoires qui seraient les premiers évaGnr,,
vous me déclarâtes n'avoir pas les pouvoirs
nécessaires pour me donner satisfaction à cet
égard, et que, la négociation ayant été depuis
transportée à Berlin, c'est là que le point
fut disputé et réglé d'une manière déflai.
tive. -
Recevez, etc.
Signé : A. THIERS.
Paris, le 30 septembre 1876,
—————————-
LE SPIRITISME
Les Anglais ont ce moment chez eux
le pendant de l'affaire Buguet. Vous
vous vous rappelez qu'il s'agissait chez
nous d'un photographe qui prétendait
reproduire sur la plaque sensible le vi-
sage des âmes évoquées. Les engins
dont il se servait furent saisis, le truc
dévoilé, et il fut, ainsi que ses complices,
condamné en police correctionnelle.
J'avais assisté aux deux audiences où
se déroula le procès. Rien ne m'étonne
plus que la conviction robuste, entêtée,
indéracinable des dupes, à qui l'on met-
tait la supercherie sous les yeux, leur
en démontrant les ressorts, et qui n'en
persistaient pas moins à confesser leur
foi.
En Angleterre, c'est un certain doc.
Slade. Docteur de quoi et d'où ? je n'en
sais rien ; mais j'imagine que de l'autre
côté du détroit ce titre de docteur n'of-
fre pas les mêmes garanties de savoir
et de moralité que chez nous. Ce doc-
teur donc, puisque docteur il y a, est un
des adeptes ou plutôt un des charlatans
du spiritisme. Il prétend non seulement
écrire le crayon à la main sous leur
dictée, comme faisait Atlan Kardec,
mais les faire écrire eux-mêmes, sans
crayon, sur une ardoise. Sous les yeux
mêmes du croyant, il prend une ardoise
entièrement blanche des deux côtés*»
la pose sous une table préparée ad hoc,
l'applique fortement sur le bois, et in-
voque les esprits. La dupe fait la de-
mande, et trouve la réponse écrite sur
le côté de l'ardoise qui est resté collée à
la table.
Ne vous récriez pas ; ne dites point
que c'est là un truc enfantin ; qu'évi-
demment l'opérateur, par un tour de
passe passe assez facile à comprendre,
a trouvé moyen d'écrire la réponse
sans qu'on le voie. Songez que la séance
coûte vingt-cinq francs, tandis qu'à
Paris, chez la tireuse de cartes la plus
célèbre, le grand jeu ne coûte guère
que cent sous. Admirez le farceur qui,
par un artifice si parfaitement. grossier
et primitif, arrive à gagner deux cents
francs par jour.
Vous vous souvenez de la mésaven-
ture dont les frères Davenport furent
victimes à Paris. Il se glissa un soir
parmi les fidèles quelques sceptiques
qui culbutèrent la boîte à malices et
l'ouvrirent devant les badauds décon-
certés ou furieux.
Le docteur Slade eut, lui aussi,, à
compter avec l'incrédulité de quelques-
uns de ses compatriotes. Mais les An-
glais sont plus sérieux que nous. Au
lieu qu'en France toute cette équipée
se tourna en farce et n'excita que la
verve moqueuse des petits journaux,
là-bas, on prit les choses plus au tra-
gique. On ne se contenta pas de railler
le charlatan ; on voulut lui prouver, et
judiciairement, qu'il n'était qu'un presti-
digitateur de bas-étage. -
Un professeur nommé LankARtArA\&..
------- 1---
nétra dans le sanctuaire, assista à la
séance, regarda avec attention, et le
lendemain il écrivit au Times qu'il avait
deviné le truc, et qu'il pouvait le livrer
à la curiosité du public. Le charlatan
avait un imperceptible bout de crayon
placé sous son ongle ; il écrivait rapide-
Prli éu NaMér« à Pal'I. t 1..5 Centimes. — BéparteneiU t Se CentlMte*
Dimanche 15 Octobre lftri
E B—~,
JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR
RÉBACTIQM
â'tdrê88«r au Secrétaire de la ]Rddactl«
de 2 heures à minait
o nme de Larayette, !if¡$
Ms Heures teote affranchies terowS r,fW'fiJ
! [8)HU' EliE l 'f@
SÂRie
frôla mo-Ís.oo 13 ft".
Six s s ois. 25
un 5ij
DÉPAA'IBiiD'I'I--
Trois mois .«« /.i(i.r\
Six moi3.e.a.4a /'ËT-
Un an,',.l 6 3
==-=--= 1
^tBuntmiiKBMa, chez MM, LAGRANGE" IQEjt Cf
e. mlam <&? Bai Semrm, œ
ADMINISTRATIQN
Adresser lettres et mandats t 1'AdatfiiisL?aS
Au mzmsmu msirés m mmt p&8 vmëX)
âlOIIIHEITg
MMg
Trois mois. 13 fr.
Six mois.25
Un an 4«iûoéidiaôtodii §0
l»iPn'l'.DDY&"J
Trois mois.16 t,,
Six mois..*.:. S2
Un aIl.oo. 82
&am.D", chez MM. LAGRANGN, CERF et C*?
œ. IfWs rite la Becm., œ
A partir du Ie* novembre
le XIX8 SIÈCLE sera im-
primé en caractères neufs.
MM. les Souscripteurs dont
l'abonnement expire le 15 oe-
tobre sont priés de le renou-
veler Immédiatement, s'ils ne
ventent point éprouver de re-
tard dans la réeeptlon du Jour-
nal.
BULiLIKTIN
Paris, 14 octobre 1876.
Nous avons donné, hier, une dépêche de
l'agence Havas indiquant les conditions
que met la Turquie à l'armistice. Il n'est
pas question d'Alexinatz dans ces condi-
tions. La Porte se borne à demander que
les puissances empêchent la réoccupation
par les Serbes des positions actuellement au
pouvoir de l'armée turque ; qu'elles inter-
disent toute introduction d'armes et de mu-
nitions dans les deux principautés ; qu'elles
empêchent d'une manière efficace le pas-
sage des volontaires étrangers ; qu'elles
empêchent enfin tout secours de la part
des deux principautés aux provinces insur-
gées limitrophes. La Porte, d'ailleurs, ne
désire pas conclure l'armistice directement
avec la Serbie, mais avec les puissances
européennes, qui deviendraient ainsi res-
ponsables si quelqu'une des conditions
imposées était violée. Nous ne croyons pas
que, dans l'état actuel des esprits dans la
presqu'île des Balkhans, les puissances
consentent à se charger de ce soin.
Il se confirme que la Serbie refuse un
armistice de six mois, mais elle a déclaré
qu'elle est prête à accepter l'armistice de
six semaines que proposent les puissances.
En même temps que la Porte indiquait
aux ambassadeurs des puissances les condi-
tions de l'armistice, elle leur remettait une
note explicative des contre-propositions par
lesquelles elle a répondu aux propositions
de paix formulées par l'Angleterre. On
trouvera plus loin le résumé de cette note.
Il s'agit bien, comme noas l'avons déjà an-
noncé, de la promulgation d'une constitu-
tion. Il y aurait désormais deux Chambres;
l'une faisant les fonctions de Sénat,dont les
• membres seraient choisis par le gouverne-
ment et une Chambre des députés élus par
un procédé assez compliqué.
Le résumé que nous avons sous les yeux
n'indique pas la place respective qui serait
faite dans cette Chambre aux musulmans
et aux chrétiens. La note s'étend ensuite
sur tout un système de réformes locales.
Toutes ces réformes paraissent excellentes,
mais nous doutons fort que la Porte soit
fermement résolue à les appliquer ou qu'elle
ait le pouvoir de le faire.
Un véritable grand conseil de l'empire
russes est réuni en ca moment autour du
czar à Livadia.
:—
BOURSE DE PARIS
aisture le 12 octob" le 13 octob". H»«M» B»IM«
S o/o
ttoapkot 71 42 1/2 71 10 • 32 1/2
fbacour. 71 40 71 35 ». •/• 05
* ft/ao/o
Oomptost 101 60 101 60
solo
fioMVtnDt 106 10 106 25 lo •/
ÀND, 1,06 32 1 2 106 27 1/2 05
FBTITB BOURI. DU 1018
Emprunt 3 0/0.. 71 fr. 45,40, 25.
îSmurunt b o/@. 106 fr. 40, 20, 25.
6 0/0 tare 12 fr. 25, 07 1/2.
Banqne Ottomane. 375 fr., 374 37.
BIJP'¡. 110 fr., 209 37.
; :—
L'Union républicaine, dont les mem-
bres présents à Paris se sont réunis
l'autre jour chez M. Lepère, a rendu
un fier service à la la presse réaction-
naire. Elle ne savait plus trop à quel
saint se vouer en attendant le retour
des Chambres ; car, enfln, on ne peut
éternellement servir le même menu à
ses abonnés, et les lecteurs de la
Gazette, du Français, de la Defense,
commençaient à vérifier qu'en effet
« l'ennui naquit un jour de l'unifor-
mité, » quand l'Union républicaine est
venue fort à propos fournir à la polé-
mique un aliment nouveau. Nouveau,
pas tout à fait; mais il y avait bien
trois mois qu'on n'avait reproché aux
républicains de ne voir dans la Répu-
blique qu'un moyen d'accaparer toutes
lAfi! nianAH LA nl'oÀ.verbal de la séance
""VIfI r" -., r- ----
tenu par l'Union républicaine a donné
un regain d'actualité aux déclamations
de la * bonne presse » sur ce chapitre,
et, depuis lors, c'est un feu roulant de
railleries et d'injures, revues et considé-
rablement aggravées, sur « la glouton-
nerie > des républicains, et aussi leur
complète ignorance du, danger qu'il y
aurait à leur donner satisfaction en
expulsant des fonctions publiques, défi.
nitivement et sans nouveau délai, qui-
conque ne proclame pu très-haut et sans
réticence son absolu dévouement aux
,_:1..6: -- _"c_H.Q Íl'\A!.L
luauiuiiuLis 1.pU.U.u\lU"'--'
Tout a été dit sur ce sujet, et nous
laisserions volontiers les légitimistes,
les organistes même et surtout les bo-
napartistes essayer de faire croire que
toutes les lois que leur parti a triom-
phé, il a folluî les supplier de prendre
les préfectures et les fonctions géné-
ralement quelconques où l'on a le double
et inappréciable avantage de servir son
pays et d'émarger au budget. Mais il
est un reproche qu'il importe de re-
pousser. C'est celui qui consiste à dire
que les républicains se soucient peu de
bouleverser l'administration, de mettre
le désarroi dans tous les services pu-
blics pourvu qu'ils s'installent dans
toutes les places.
Nous prétendons, au contraire, que le
trouble, le désordre et la confusion
doivent résulter forcément du système,
d'ailleurs tout nouveau, en vertu du-
quel il est admis que les fonctionnaires
de la République n'ont nul besoin d'être
républicains. C'est ce que pensaient les
monarchistes qui, au lendemain de 1830,
moins de trois semaines après la révo-
lution, s'étonnaient que le gouverne-
ment n'eût pas encore destitué, du haut
en bas de l'éohelle administrative, tout
ce qui pouvait rappeler aux populations
ce régime abhorré dont le peuple avait
fait justice.
Dans la séance du 27 août 1830, à la
Chambre des députés, M. Guizot, alors
ministre de l'intérieur, prit la parole
pour répondre au reproche plusieurs
fois adressé déjà au gouvernement de
ne pas procéder assez vite à l'épura-
tion du personnel administratif. M. Gui-
zot protesta que, pour sa part, il faisait
et ferait toutes ses diligences, et il pro-
mit que ses collègues déploieraient le
même zèle et la même activité dans
leurs départements respectifs. A l'ap-
pui de ses déclarations, le ministre
crut même devoir citer quelques chif-
fres, et montrer par les changements
déjà opérés ceux qu'on était en droit
d'attendre.
Néanmoins, la Chambre ne parut point
satisfàite; M. Guizot s'en aperçut, et
sans doute il se mit à l'oeuvre sans re-
tard, ainsi-que ses collègues, car au
bout de quinze jours, le Il septembre,
il montait à la tribune pour présenter
à la Chambre un rapport général sur
l'état de la France et les actes du gou-
vernement depuis la Révolution de
1830, « depuis la glorieuse Révolution
de 1830 », pour parler le langage du
conservateur M. Guizot.
Nous regrettons infiniment de ne pou-
voir mettre ce rapport en entier sous
les yeux de nos lecteurs; mais nous en-
gageons vivement M. de Marcère et ses
collègues à le relire dans le texte ; ils
y trouveront des préceptes pleins de
sens et des maximes de gouvernement
d'une actualité saisissante.
« Une première tâche nous était im-
> posée, dit M. Guizot ; il fallait pren-
» dre partout possession du pouvoir,
» et le remettre à des hommes capables
» d'affermir le triomphe de la cause na-
> tionale. Grâce aux conquêtes de 1789,
» l'état social de la France a été régé-
> néré. (Hein ! quels révolutionnaires
» c'étaient que les conservateurs de ce
» temps-là !). Grâce à la victoire de
» 1830, ses institutions politiques ont
> reçu en un jour les principales réfor-
» mes dont elles avaient besoin. Une
> administration partout en harmonie
» avec l'état social et la Charte, une
» constante application des principes
» consacrés sans retour, tel est aujour-
» d'hui le besoin pressant, le vœu una-
» nime du pays. DE NOMBREUX CHANGE-
» MENTS DANS LE PERSONNEL ÉTAIENT DONC
» LA PREMIÈRE NECESSITE DU GOUVERNE-
» MENT. PAR LA IL DEVAIT FAIRE SENTIR
» EN TOUS LIEUX SA PRESENCE ET PROCLA
» MER LUI-MEME SON AVENEMENT. L'ŒUVR©
» avance vers son terme. »
Ea effet, on va voir par le ra-
pide exposé qui suit que cinq semai-
nes environ après leur « glorieuse vic-
toire », il ne restait plus grand chose à
faire aux vainqueurs de Juillet en ce
qui concernait « l'épuration du per-
sonnel. » Voici les chiffres cités par
M. Guizot :
Ministère de la guerre.- - 65 géné-
raux sur 75, investis du commandement
des divisions et subdivisions militaires,
ont été remplacés. - 39 régiments
d'infanterie et 26 régiments de cavale-
rie ont reçu des colonels nouveaux. —
Dans 31 places fortes les commandants
ont été changés. etc., etc.
Ainsi l'honorable M. Guizot annon-
çait triomphalement, cinq semaines
après la Révolution de 1830, que le
personnel supérieur de l'armée avait
été renouvelé de fond en comble. Et
les conservateurs de ce temps-là, les
mêmes qu'en 1876, applaudissaient.
Aujourd'hui ils poussent des cris de
paon quand les républicains émettent
« l'odieuse prétention » de faire respec-
ter Jaloi, c'est-à-dire de ne point éter-
niser dans les mêmes mains les grands
commandements militaires.
Poursuïvons l'énumération de M. Gui-
zot :
Ministère de l'intérieur. — « Nulle
part, avait déclaré le ministre, et non
sans raison, la réforme n'était plus né-
cessaire; » on s'en apercevra au total
des révocations prononcées : 76 préfets
sur 86.
196 sous-préfets sur 277.
53 secrétaires généraux sur 86.
126 conseillers de préfecture sur 315
Et notez bien que M. Guizot eut grand
soin de spécifier qu'il ne s'agissait pas
là de fonctionnaires « transportés d un
lieu à un autre (changés d'air comme
on dit aujourd'hui), mais effectivement
révoqués. »
Nous passons maintenant au
Ministère de la justice. - 74 pro-
cureurs généraux et substituts des cours
d'appel, et 250 procureurs du roi et
substituts des tribunaux de première
instance sont destitués.
Ministère de l'instruction publique.
- 5 membres sur 9 composant le con-
seil de l'instruction publique, et 14 rec-
teurs d'académie sur 25 sont révoqués.
Ministère des affaires étrangères.
- Pour ce département-là, rien de plus
simple : « La plupart de nos ambassa-
deurs et ministres au dehors, dit M.
Guizot, ont été révoqués. » Qu'en dites-
vous, monsieur le duc Decazes ? Mais
il faut se borner. Il se peut trouver
des gens de bonne foi qui se laissent
impressionner par le reproche de « glou-
tonnerie » adressé aux républicains.
C'est pour eux que nous avons invoqué
le témoignage du plus conservateur des
révolutionnaires, et du plus réaction-
naire des libéraux, l'illustre M. Guizot.
Il estimait qu'un gouvernement doit
« faire sentir en tous lieux sa présence »
et proclamer lui-même son avènement
par la voix de ses fonctionnaires. Nous
sommes de son avis. Nous estimons
que la monarchie de Juillet a eu rai-
son de ne se confier qu'à des serviteurs
dont le dévoûment bien connu ou l'ad-
hésion formelle et sincère au nouveau
régime offrait toute sécurité. De même
nous affirmons que la République a tort
de conserver à son service des fonc-
tionnaires qui feignent d'ignorer jus-
qu'à son nom. Et nous ne pouvons que
louer les députés républicains de rap-
peler aux membres du cabinet que si la
République est le gouvernement de tous
par tous, cela ne veut pas dire qu'il
faille le livrer de préférence à ses pires
ennemis.
E. SCHNERB.
lN HISTORIL. LE « FRANÇAIS »
Le Français se fait historien. C'est
à coup sûr le dernier rôle où on se le re-
présentait. L'histoire qu'il a entreprise,
c'est celle du ministère actuel. Il nous
en a donné hier le premier chapitre, qui
doit apparemment être suivi de beau-
coup d'autres.
Ce travail est intitulé le « Premier
ministère de la République ». Nous re-
mercions le Français d'avoir choisi un
titre si exact. Quoique M. Buffet ait été
nommé ministre au lendemain du vote
de la constitution et de l'organisation
de la République, notre confrère a raison
de considérer comme le premier minis-
tère de la République celui qui a rem-
placé le sien. Il y a longtemps que
nous savions qu'en dépit de la constitu-
tion, M. Buffet n'avait été réellement
que le dernier ministre de l'ordre mo-
ral. Il est précieux de voir l'organe de
M. Buffet le reconnaître lui-même.
On apprend bien des choses dans ce
seul premier chapitre. Il met en goût
pour les suivants. On y découvre par
exemple que c'est la faute des républi-
cains ou radicaux — pour le Français
c'est tout un— si un certain nombre de
bonapartistes ont été élus au 20 février
et au 5 mars. Les gens naïfs croyaient
jusqu'ici que les bonapartistes devaient
leurs succès aux préfets à poigne de
M. Buffet, au concours des légitimistes
et des orléanistes, à l'alliance du comi-
té Changarnier avec le comité impéria-
liste. Ils croyaient qu'à ce moment les
journaux monarchistes, à commencer
par le Français, avaientpatronné aussi
chaudement que l'Ordre ou le Pays les
candidatures de MM. Janvier de la
Motte et Cassagnac père et fils, de MM.
Haentjens et Dréolle, Robert Mitchell et
Jérôme David. Ils se trompaient, l'his-
toire du Français l'affirme.
Ils se trompaient également en croyant
que M. Waddington, élu dans l'Aisne
au Sénat entre MM. Henri Martin et
Saint-Vallier, avait été élu par le suf-
frage des républicains : le Français
nous révèle que M. Waddington avait
été porté au Sénat par les voix de ceux
qu'il appelle les « conservateurs », ces
conservateurs dont M. le ministre de
l'instruction publique a si bien trahi
depuis la confiance.
Chemin faisant, le Tacite du Français
se fait un plaisir de nous apprendre
que M. Christophle n'était considéré de
tous, jusqu'à son entrée au ministère,
que comme une déplorable médiocrité,
M. de Marcère que comme une nullité
politique ; il nous apprend aussi que
M. Ricard, s'il fut porté au ministère
de l'intérieur, le fut en paiement du
service qu'il avait rendu à un « person-
nage en crédit » d'assurer son élection
€ par le désistement d'un concurrent
redoutable. » Le nom du « personnage
en crédit, » l'historiographe du Fran-
çais le sait à coup sûr ; il est regrettable
que sa discrétion l'empêche de nous en
faire part.
Le Français nous apprend encore
que le cabinet Dufaure, au moment où
il fut constitué, fut accueilli par l'hos-
tilité des républicains et de la Chambre
des députés. Il est certain en effet que
ceux ci devaient regretter le ministère
de M. Buffet. « Ce fut dans la presse
conservatrice, dit notre historien, que la
nouvelle administration trouva des dé-
fènseurs ou des avocats. » Décidément
nous marchons de surprise en surprise.
M. Ricard, M. Dufaure et M. Christophle,
au lendemain du 10 mars, combattus
par la presse républicaine, défendus par
V Ordre et la Gazette, par Union et le
Constitutionnel, la Patrie, le Pays et
le Français, que de mystères dont au-
cun de nous ne se doutait !
Il y a bien d'autres révélations en-
core dans cet unique article.
Nul secret n'a échappé à ce perspi-
cace émule tout à la fois de Thucydide
et de Tallemand des Réaux. Il sait ce
qui s'est dit dans les conversations
entre M. Buffet et M. Dufaure au mi-
nistère de l'intérieur, le jour où M. Du-
faure vint s'y asseoir un moment au fau-
teuil ministériel. Il prend soin de nous
dire que l'entrevue n'eut aucun témoin.
Il n'en sait pas moins quelles paroles
textuelles y a prononcées M. Dufaure.
« 11 voulut bien exprimer à son ancien
collègue, avec le regret d'être séparé
de lui, l'espérance de le retrouver pro-
chainement dans les Assemblées. » Il
n'est pas possible, lui dit-il, que vous
demeuriez longtemps à l'écart des af-
faires publiques. Votre place est au Sé-
nat, et vous devez y entrer, je ne dis
pas à la première vacance, non, mais à
la seconde certainement.
M. Dufaurê a-t-il bien textuellement
prononcé ces paroles ? Et quand il les
aurait prononcées, qu'en prétendez-
vous conclure, profond historien? M.
Dufaure a donné quelques paroles de
consolation polies à un collègue qu'il
venait de faire sortir de son ministère, un
pauvre homme refusé par l'Assemblée
nationale comme sénateur, repoussé par
le suffrage sénatorial de son départe-
ment, quatre fois repoussé par le suf-
frage universel, battu comme jamais
ne le fut ministre ni candidat/Il a ver-
sé quelque baume sur ses blessures, il
lui a distribué quelques condoléances.
Et après ? Quel est le ministre arrivant,
depuis qu'il y a des ministres, qui n'en
distribue quelques-unes au ministre qui
part, et à quoi cela engage-t-il ?
Continuez à - écrire, véridique histo-
rien du Français ; mais mettez désor-
mais, selon le conseil de maître Fran-
çois, un bon « renfort de besicles. »
CHARLES BIGOT.
—————
y
L'Election des Maires
Nous continuons à enregistrer les ren-
seignements sur les élections des maires
que nous transmet l'agence Havas :
Indre. — 194 résultats connus ; 145 mai-
res réélus.
Vosges. — 484 résultats connus ; 333 mai-
res réélus. La majorité des maires élus
dans ce département appartient au parti
républicain constitutionnel.
Meurthe-et-Moselle. — 491 résultats
connus ; 368 maires réélus.
Dordogne. — Il résulte des résultats en-
re incomplets connus que la plupart des
anciennes municipalités ont été réélues et
que la plupart dea nouvelles sont républi-
caines.
Creuse. - 224 résultats connus ; 157 mai-
res réélus.
Hautes-Pyrénées. — 416 résultats con-
nus ; 276 maires réélus.
Marne. - 229 résultats connus ; 208 mai-
res réélus.
Ariége. - 288 résultats connus ; 232 mai-
res réélus.
Nouvelles d'Orient
Constantinople, 13 octobre.
La Sublime-Porte, dans les explications
données aux ambassadeurs, se montre très-
conciliante.
Elle déolare tout d'abord accepter l'armis-
tice que les puissances amies Ici ont conseillé
d'accorder dans l'intérêt de la pacification.
Sur la question de durée, cas puissances
ayant demandé un minimum de six semaines,
elle croit nécessaire d'accorder six mois
expirant le 31 mars (vieux style).
sou forme de vœux et sans en faire des con
ditions sine qua non, elle expose ensuite les
quatre pointt télégraphiés hier soir, comme
étant de nature à assurer l'efficacité de l'ar-
mistice.
L'Agen-ce russe nous communique la dépê-
che suivante :
St-Pétersbourg, 12 octobre, minuit.
L'armistioe de six mois proposé par la
Porte est officiellement notifié aux puissan-
ces. Celles-ci n'ont pas achevé de se concerter
pour l'accueil à faire à cette proposition.
L'agence, sur ses renseignements particuliers,
peut affirmer que plusieurs des puissances
sont disposées à l'acceptation.
Le grand dac Constantin ajourne son dé-
part pour Nice. — La grande duchesse son
épouse retourne à Paris, pour y prendre le
traitement et le régime dont elle s'était si
bien trouvée.
Vienne, 13 octobre.
La Presse dit que la Porte n'a pas formnlé
des conditions proprement dites pour l'armis-
tice, mais seulement des vœux accentués.
Vienne, 13 octobre.
La Nouvelle Presse libre .annonce que l'am-
bassadeur ottoman aremis aujourd'hui au mi-
nistre dea affaires étrangères la proposition
de la Porte relative à l'armistice de six
mois.
Saint-Pétersbourg, 13 octobre.
Le brait répandu par les journaux de
Vienne, d'après lequel le czar aurait l'inten-
tion d'abdiquer, est considéré dans les cercles
bien informés comme une nouvelle à sensa-
tion. ,
SemliD, 12 octobre, soir.
On fait remarquer ici que la Serbie s'est
empressée d'accepter l'armistice do six se-
maines aussitôt qu'elle a su que la Turquie,
refusant cet armistice, en proposait un de
six mois ; la Serbie se trouve ainfti avoir
accepté les propositions des puissances reje-
tées par la Sublime-Porte.
St-Pétersbourg, 12 octobre, s.
Il y a douze jours que le czarewitch est
arrivé à Livadia. Il est de régla que tous, les
ans, à pareille époque, le czar appelle auprès
de lui son fils.
Le changement apporté dans la situation
actuelle par suite de la proposition de la
Porte d'nn armistice de six mois pourrait
donner lien à une nouvelle lettre du czar à
l'empereur François-Joseph.
Londres, 13 octobre.
Le Times publie la dépêche suivante de
Berlin :
La réponse de la Russie à la proposition
d'armistice de la Turquie sera délibérée et
résolue dans une réunion composée du czar,
du czarewitch et des ministres de la guerre
et des finances.
On attribue au czar l'intention d'abdiquer
si ses conseillers sont d'un avis favorable à
la guerre.
La Perse, sollicitée par la Russie d'agir
de concert avec elle contre la Turquie, enver-
rait des troupes à la frontière turque.
Les sujets russes astreints au service mili-
taire qui en ce moment résident en Allema-
gne ou en Autriche ont reçu l'ordre de ren-
trer en Russie.
L'escadre de la mer-Noire eat prête à trans-
porter 96,000 hommes de troupes des rives
du Nord sur les côtes ouest. Des officiers sont
envoyés pour veiller à l'équipement des na-
vires. La réserve est appelée dans les pro-
vinces de l'ouest. Les troupes russes sont
dirigées vers la frontière nord-est de la Gali-
cie. Vingt mille hommes de cavalerie sont
mis sur le pied de guerre dans la Pologne
russe.
Des agents russes achètent du grain en
Roumanie, où l'on prépare le matériel des
chemins de fer pour le transport des troupes.
Le Times annonce encore que les créanciers
de la Turqaie ont saisi, à Anvers, 292 (?) ca-
nons Krupp, appartenant à la Turquie.
Raguse, 12 octobre, soir.
Le 10, Dervisch-Pacha a quitté Visciza avec
30 bataillons et 4 batteries d'artillerie et s'est
dirigé vers les hauteurs de Magliani. Il a at-
taqué un bataillon de Monténégrins et la
garde d'honneur qui, après un sanglant com-
bat, ont dû se retirer. Le commandant Pla-
menaz , avec deux bataillons, a attaqué
alors le flanc de l'armée turque; mais il a été
forcé de battre en retraite, laissant sur le
terrain 80 hommes morts ou blessés.
Le 11, Dervigch Paoha s'est dirigé de Ma-
gliani vers Danilowgrad. Plamenaz, revenant
à la charge avec trois bataillons, a attaqué
les Turcs de front et les a arrêtés. En même
temps, Radonik, venant de Zagoraz avec
deux bataillons, a attaqué les Turcs sur le
flanc gauche, pendant que deux bataillons
fortis de Piperi sous les ordres de Pilepitch,
traversant la plaine de Spuz, ont occupé Vel-
jebsrdo, sur les derrières de Dervisch-Pacha.
D'un autre côté, cinq bataillons, sous les or-
dres de Mark-Miglianov, venant de Kntch-i,
profitant de cotte diversion, ont attaqué
Podgoritza.
Derviach-Pacha, se voyant menacé de tous
les côtés, a été obligé de se retirer à Viso-
rit¡;a. Il a envoyé sur le-champ quinze batail-
lons au seÕours de Podgoritza.
Dans ces combats, les pertes des Turcs ont
été considérables.
Le combat continue avec l'armée de Moukh-
tar-Pacha, qui ne peut plus avancer.
Le Daily Telegraph publie la dépêche sui-
vante :
Péra, 12 octobre.
Les fonds turcs ont baissé aujourd'hui,
beaucoup de personnes craignant que la Rus-
sie et la Serbie ne repoussent un armistice
durant l'hiver tout entier. En conséquence,
les affaires marchent très-mal.
Il paraît que les Turcs ont profité des mots
< au moins » contenus dans les propositions
des six puissances, qui demandaient un ar-
mistice d'un mois ou six semaines a au
moins. > Les ministres ottomans étaient d'a-
bord disposés a conclure une trêve d'un
mois; mais après un entretien du grand vizir
avec le sultan, il a été résolu d'accorder une
période plus longue. -.Si la Russie et la Ser-
bie n'acceptent pas les propositions turques,
la crise ministérielle qui menace actuelle-
ment se dénouera.
Vienne, 12 octobre.
On croit que les conditions auxquelles la
Porte offre l'armistice seront difficilement
acceptées par les puissances. La Serbie a déjà
déclaré confidentiellement qu'il lui était im-
possible d'accepter un armisiica de six mois.
On mande de Constantinople que le grand-
vizir a offert 0a démission et qu'une crise
ministérielle est attendue.
Le Daily News publie les dépêches sui-
vantes :
Belgrade, 12 octobre.
La réponse par laquelle la Porte consent à
un armistice de cinq mois iraà St-Pétersbourg
et de là à Livadia, et la réplique de la Russie
ira à St-Pétersbourg et à Londres. Aussi se
passera-t-il au moins dix jours avant qu'une
action définitive commence, et pendant ce
temps, les événements militaires peuvent
changer la situation du tout au tout.
Une paix définitive est impossible à obte-
nir par la diplomatie.et la question principale
au point de vue où l'on se met ici est de sa-
voir si la Russie occupera la Bulgarie cet au
tomne ou le printemps prochain. Cette mesure
de la Russie mettrait fin aux hostilités, à
moins que les Turcs ne soient assez insensés
pour s'opposer à cette occupation.
Constantinople, 12 octobre, Il h. s.
Outre la note concernant l'armistice, la Su-
blime-Porte a remis aujourd'hui aux ambas-
sadeurs une autre note exposant les institu-
tions dont le sultan vient de doter l'empire.
Le résumé de cette seconde note, qui cons-
titue la réponse directe de la Porte aux pro-
positions des puissances, relativement à l'au-
tonomie demandée pour la Bosnie et l'Herzé-
govine, peut se résumer comme suit :
Une assemblée générale, composée de mem-
bres élus par les habitants des vilayets et de
la capitale seront convoqués à Constantino-
ple. Cette assemblée, dont la session annuelle
sera de trois mois, aura pour mandat de voter
les impôts et les budgets de l'empire.
Une autre Assemblée, dont les membres se-
ront nommés par l'Etat, sera investie, dans
des limites restreintes et bien définies, des
attributions et d'un Sénat.
Une commission instituée à la Sublime-
Porte, sous la présidence de S. A. Midhat-
Pacha et composée de hauts fonctionnaires
musulmans et chrétiens, élabore en ce mo-
ntent la loi coaaernant les détails relatifs
à la constitution de ces deux grands corps
d'Etat.
Une autre loi relative à la réorganisation
de l'administration des provinces assurera
l'exécution des prescriptions contenues dans
la loi actuelle des vilayets en étendant, dans
une large mesure, les droits d'éleotion, et
comprendra, en même temps les - réformes
pratiques qu'on a désiré voir introduire dans
les provinces de la Bosnie et de VHerzégovine.
Les conseils généraux des provinoes auront
le droit de veiller à l'exécution des lois et des
règlements et, pour ne pas laisser le pouvoir
exécutif sans contrôle dans l'intervalle des
différentes sessions, des conseils d'adminis-
tration, tirant également leur origine de l'é-
lection populaire, auront à expédier les af-
faires qui rentreront dans les attributions
des conseils généraux et à surveiller lu
agents de l'administration locale de manière
qu'ils ne s'écartent pas des dispositions des
lois et des règlements, et ne se laissent point
entraîner à des actes arbitraires.
En outre il a été décidé d'améliorer le mode
d'assiette etde perception des impôts partout
dans l'empire, d'imprimer aux cercles muni-
nipaux tout le développement qu'ils compor-
tent, de leur affecter une partie des revenus
publics, de réorganiser la police, en un mot
de faire passer dans le domaine des faits et
de la vérité tous les progrès que peut pro-
curer une organisation provinciale ausai
complète que possible.
Ces différentes institutions répondent plei-
nement aux vœux exprimés par les puissan-
ces et donnent partout satisfaction aux be-
soins généralement sentis d'une amélioration
radicale ; ils offrent des garanties sûres de
bonne administration.
———-————
Voici, suivant le correspondant alle-
mand de l'agence Havas, le texte de la
lettre écrite par M. Thiers et dont il a été
donné communication aux juges du comte
d'Arnim :
Monsieur,
Je réponds aux questions que vous m'a-
dressez relativement aux négociations qui
s'engagèrent en 1873 pour l'évacuation du
territoire francais.
Pour ce qui me concerne, je me rappelle
positivement que les difficultés de la négo-
ciation furent complètement abordées de part
et d'autre ; qu'à l'égard de Belfort notamment,
qu'il s'agissait de faire ranger dans les ter-
ritoires qui seraient les premiers évaGnr,,
vous me déclarâtes n'avoir pas les pouvoirs
nécessaires pour me donner satisfaction à cet
égard, et que, la négociation ayant été depuis
transportée à Berlin, c'est là que le point
fut disputé et réglé d'une manière déflai.
tive. -
Recevez, etc.
Signé : A. THIERS.
Paris, le 30 septembre 1876,
—————————-
LE SPIRITISME
Les Anglais ont ce moment chez eux
le pendant de l'affaire Buguet. Vous
vous vous rappelez qu'il s'agissait chez
nous d'un photographe qui prétendait
reproduire sur la plaque sensible le vi-
sage des âmes évoquées. Les engins
dont il se servait furent saisis, le truc
dévoilé, et il fut, ainsi que ses complices,
condamné en police correctionnelle.
J'avais assisté aux deux audiences où
se déroula le procès. Rien ne m'étonne
plus que la conviction robuste, entêtée,
indéracinable des dupes, à qui l'on met-
tait la supercherie sous les yeux, leur
en démontrant les ressorts, et qui n'en
persistaient pas moins à confesser leur
foi.
En Angleterre, c'est un certain doc.
Slade. Docteur de quoi et d'où ? je n'en
sais rien ; mais j'imagine que de l'autre
côté du détroit ce titre de docteur n'of-
fre pas les mêmes garanties de savoir
et de moralité que chez nous. Ce doc-
teur donc, puisque docteur il y a, est un
des adeptes ou plutôt un des charlatans
du spiritisme. Il prétend non seulement
écrire le crayon à la main sous leur
dictée, comme faisait Atlan Kardec,
mais les faire écrire eux-mêmes, sans
crayon, sur une ardoise. Sous les yeux
mêmes du croyant, il prend une ardoise
entièrement blanche des deux côtés*»
la pose sous une table préparée ad hoc,
l'applique fortement sur le bois, et in-
voque les esprits. La dupe fait la de-
mande, et trouve la réponse écrite sur
le côté de l'ardoise qui est resté collée à
la table.
Ne vous récriez pas ; ne dites point
que c'est là un truc enfantin ; qu'évi-
demment l'opérateur, par un tour de
passe passe assez facile à comprendre,
a trouvé moyen d'écrire la réponse
sans qu'on le voie. Songez que la séance
coûte vingt-cinq francs, tandis qu'à
Paris, chez la tireuse de cartes la plus
célèbre, le grand jeu ne coûte guère
que cent sous. Admirez le farceur qui,
par un artifice si parfaitement. grossier
et primitif, arrive à gagner deux cents
francs par jour.
Vous vous souvenez de la mésaven-
ture dont les frères Davenport furent
victimes à Paris. Il se glissa un soir
parmi les fidèles quelques sceptiques
qui culbutèrent la boîte à malices et
l'ouvrirent devant les badauds décon-
certés ou furieux.
Le docteur Slade eut, lui aussi,, à
compter avec l'incrédulité de quelques-
uns de ses compatriotes. Mais les An-
glais sont plus sérieux que nous. Au
lieu qu'en France toute cette équipée
se tourna en farce et n'excita que la
verve moqueuse des petits journaux,
là-bas, on prit les choses plus au tra-
gique. On ne se contenta pas de railler
le charlatan ; on voulut lui prouver, et
judiciairement, qu'il n'était qu'un presti-
digitateur de bas-étage. -
Un professeur nommé LankARtArA\&..
------- 1---
nétra dans le sanctuaire, assista à la
séance, regarda avec attention, et le
lendemain il écrivit au Times qu'il avait
deviné le truc, et qu'il pouvait le livrer
à la curiosité du public. Le charlatan
avait un imperceptible bout de crayon
placé sous son ongle ; il écrivait rapide-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.19%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.19%.
- Auteurs similaires Chadeuil Gustave Chadeuil Gustave /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Chadeuil Gustave" or dc.contributor adj "Chadeuil Gustave")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7557329p/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7557329p/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7557329p/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7557329p/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7557329p
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7557329p
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7557329p/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest