Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1876-07-21
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 21 juillet 1876 21 juillet 1876
Description : 1876/07/21 (A6,N1685). 1876/07/21 (A6,N1685).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
MimMêmm Aille - No 1685 Prix du Numéro à Paris : M centimes. — Départements: 20 Centimes Vendredi Î1 Jtalllet llfl
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JOURNAL BÉPUBLICâlN CONSERVATEUR
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Ai®jaoiffi©œ«s cfaei MM. LAGRANGE, GEftP èi G*
S. .e.: 4 la BOIUN. 8: ;
3» Dîme& d* la Bourse, 9: - l - ! ,
Annonce*, chez MM, LAGRANGB, CERF et Vu
le, place de la Boam, ?
BULLETIN
Paris, le 20 juillet 1876,
Le Sénat dans sa séance d'hier, a con-
tinué la discussion de la loi sur l'enseigne-
ment supérieur. M. Dupanloup et M. Jules
S mon ont pris la parole, La discussion
doit se continuer aujourd'hui.
Il règne toujours une grande incertitude
relativement aux opérations militaires sur
les frontières de la Serbie. Oa s'attend tou-
tefois à une grande bataille dans les envi-
rons de Ntsch. Le bruit de l'entrée des
Tares en Serbie continue à être démenti
par les télégrammes de Belgrade et de
Vienne. On s'attend aussi à une bataille
sous les murs de Mostar. Quoi qu'on en
ait dit, les Monténégrins opèrent d'accord
avfc les Serbes et nous croyons pouvoir
affirmer que les bruits relatifs à un arran-
gement entre le prince Nikita et la Porte
sont dénués de tout fondement.
Ainsi que l'on devait s'y attendre, cer-
taines feuilles intéressées démentent l'exis
tence du mémorandum roumain, sur le-
quel nous avons appelé hier l'attention de
nos lecteurs ; d'autres, tout en admet-
tant l'existence de ce document, cher-
chent à en atténuer la gravité en pré-
tendant que ce n'est là qu'un jalon posé
en vue de l'avenir, un simple avis donné
aux puissances qu'au cas où elles se réu-
niraient en congrès, elles auraient à sta-
tuer sur ces demandes. À l'appui de cette
dernière hypothèse, on cite avec de nom-
breux commentaires optimistes une dépê
che de Bucharest annonçant que le Sénat
rourdain a voté une adresse au prince
Charles, lui exprimant son entier dévoue-
ment et appuyant sur ce point que la
Roumanie, conformément à ses intérêts et
aux vœux de l'Europe, doit continuer à
observer la neutralité. Il va san* dire que
le vote de cette adresse est un fait consi-
dérable ; mais nous croyons qu'avant d'en
tirer des déductions importantes, il est
bon d'attendre te texte même de l'adresse
du Sénat roumain et de avoir dans quelles
circonstances elle 3 été adoptée.
Quoi qu'il en soit, nous sommes en posi-
tiôndoThaihtenirles remarques que nous
ayons faites hier, et lue l'existence du
memorandum, et sur la gravité da la nou
velle attitude de la Roumanie. Sur le pre,
mier point, outre nos renseignement par-
ticuliers, nous pourrions en appeler à la
déclaration officielle faite à la Chambre des
éotnmunes par M. Bourke, sous secrétaire
d'Etat pour les affaires étrangère. Sur le
second, il n'est peut être pas inutile de
citer les appréciations du Nord: € Da gra-
ves nouvelles, dit l'organe de la chan-
cellerie russe, arrivent de Bucharest.
Le gouvernement roumain a fa\t re-
mettra au grand-vizir un mémoire conte-
nant un certain no mbre de réclamations
qui tendraient à obtenir pour la Roumanie
une situation plus indépendante ; en même
temps, le ministre de la guerre a soumis à
la Chambre des députes roumaine un projet
de loi sur la mobilisation de l'armée et le
rappel d'une partie de la réserve sous les
drapeaux. La conflagration menace' de
prendre des proportions de plus en plus
considérables, à mesure que le conflit turco-
serbe se prolonge. Il fallait un singulier
aveuglement pour supposer qu'il pût en
être autrement; les divergences de races
et de croyances entre les diverses popula-
tions chrétiennes de la Turquie ont beau-
coup plus d'importance dans les colonnes
des journaux turcophiles que dans la réa-
lité des faits ; ces dissentiments existent
à la vérité, mais ils devaient disparattre tôt
ou tard devant la haine commune contre
l'oppresseur musulman. Pour ne pas le pré-
voir, et pour se leurrer de l'espoir d'une
alliance d'une partie des chrétiens avec
les Turcs, il fallait fermer les yeux à l'évi-
dence. Une prompte terminaison de la
guerre pourrait seule prévenir la propaga-
tion de l'incendie. »
Enfin, nos correspondances de Berlin
nous permettent de compléter les rensei-
gnements que nous avons pu donner hier
sur l'évolution qu'accomplit *n ce moment
le chancelier de l'empire d'Allemagne. Il
devient de plus en plus évident que l'Au-
triche est menacée comme puissance alle-
mande. Il n'est bruit dans les cercles poli-
tiques que d'un plan, proposé déjà il y a
quelques années, relativement à un mor-
cellement de l'empire d'Autriche. Il s'agi-
rait de transporter la capitale de l'empire
à Pesth. Le nouvel empire serait accru
par l'annexion de la Serbie, de la Bosnie,
du Monténégro et de l'Herzégovine. En
outre, Peuth deviendrait le centre du gou-
vernement des pays transleithans, de la
Croatie, de l'Esclâvoaie, de la Transylva-
nie et des confias militaires, aussi bien
que des pays cisleithans, formant un royau-
me composé de la Galicie, de Cracovie, de
la Bukovine et de la Dalmatie. En revanche,
l'archiduché d'Autriche, le duché de Salz-
bourg, la Siyrie, la Carinthie, le Tyrol
avec le Voratberg, la Bohême, la Moravie
et la Silésie formeraient un nouvel Etat, à
la tête duquel serait placé un archiduc
autrichien ayant sa résidence à Vienne, et
dont la situation vis-à vis de l'empire
d'Allemagne serait la même que celle de la
Saxe et de la Bavière.
Nos correspondants, qui sont en position
d'être bien informés, ajoutent que le chan-
celier de l'empire n'est pas étranger à
l'élaboration de ce plan, qui aurait pour
corollaire des avantages importants donnés
à la Russie.
, Que cq a.* là, ou non l'objectif que se
propose le cabinet de Berlin, il importe de
surveiller avec soin ce qui se passe en Rou-
manie, car i i y a tout Heu de croire que c'est
de Bucharest que viendra le signal de nou-
velles complications de nature à ébranle"
l'Europe. En attendant, et comme correctif
à l'adresse du Sénat roumain, on mande de
Pesth à la Gazette de Cologne que la Rou-
manie mobilise une armée de 60,000 hom
mes.
On a pu voir par les dépêches que nous
avons publiées hier que le gouvernement
turc avoue les massacres, les viols et ies
incendies perpétrés par les bachi-bouzoucks
en Bulgarie. Il s'est, en effet, décidé à en
voyer un commissaire spécial chargé de
procéder à une enquête, et de punir li
coupables, s'il y a lieu. Un des secrétaires
de l'ambassade anglaise à Constantinople
doit accompagner le fonctionnaire turc
chargé de cette mission.
♦
BOURSE DE PARIS
fSietvrc le 18 juillet, le 19 juillet. mangue Salue
3 O/O
Comptant 68 35 68 55 20 1
Fin cour. 68 45 6860 15
* t/a 00
Comptant 98 90 99 10
S e/o
Comptant 10605 106 20 16
Fin cour. 10615 106 20 05
PETITS BOURSE DU tOU
Smprunt M 0/0.. 106 fr. 33 3/4, 30, 35.
5 0/0 tare 11 fr. 15, 10.
Extérieure, 13 fr. 11 /li. Demandée.
Egypte 18 tr. 12 1/2.
—4 ;
M. Dupanloup est bien triste, oh!
bien triste! Tristis est anima sua
usque ad mortem. Et le motif de
sa tristesse est la nécessité de refaire
son discours de l'an dernier sur la li-
berté da l'enseignement supérieur et la
collation des grades. En quoi M. l'évê
que d'Orléans se trompe. L'an dernier,
il lui restait encore quelque chose de
cette ardeur, de cette fougue qu'il a
réussi pendant si longtemps à faire
prendre pour de l'éloquence; aujour-
d'hui, plus rien ; il s'escrime à cher-
cher une idée qui se dérobe, un mot
qui le fuit; et ce qui nous a paru
vraiment triste, c'est le spectacle de
cet évêque, assez aveuglé sur son pro-
pre compte pour venir à la tribune
étaler à tous les yeux tant d'impuis-
sance et d'infirmité.
C'est au discours de M. Challemel-
Lacour que l'évêque d'Orléans préten-
dait répondre. On se souvient que l'o-
rateur républicain avait invoqué le
langage des représentants les plus au-
torisés de l'Eglise catholique pour de-
mander le retour aux mains de l'Etat
du droit de conférer les grades. Où serait
en effet, la garantie de l'Etat, s'il ad-
mettait au partage de son droit des
hommes imbus des doctrines romaines
qui ne tendent à rien moins, on le sait,
qu'à nier la suprématie de l'Etat, même
dans l'ordre civil? A cela M. Dupanloup
a riposté par une citation d'un écrivain
de la Civilta cattolica, qui, certes, com-
me il a eu le soin de le dire, n'était point
faite pour les besoins de la circonstance.
En effet, elle date de vingt ans. Or, en
ce temps là, ce n'e&t pas à Rome seule-
ment, c'est aussi et surtout à Orléans,
dans le diocèse de M. Dupanloup, c'est
à l'évêché même qu'on professait hau-
tement les doctrines libérales qui furent
si longtemps l'honneur du clergé de
France. En ce temps-14 M. Dupanloup
se signalait au premier rang des pré-
lats qui, à l'exemple du chancelier d'A
gu es seau, forgeaient « non des lances.
mais des boucliers, » contre l'oppression
ultramontaine, qui déjà se faisait mena-
çante.
Mais depuis ? M. Dupanloup, qui nous
semble, entre autre choses, avoir per-
du la mémoire, n'aurait-il plus souve-
nir de ce qui s'est passé ? Ignore-t-il
que lui-même, s'il parlait aujourd'hui
le langage d'il y a vingt ans, d'il y a
seulement six ou sept ans, il encour-
rait l'excommunication majeure? M.
Challemel-Lacour avait cité les paroles
mêmes de Pie IX lançant l'anathème
contre le libéralisme du XIXe siècle,
et déclarant qu'il préférait les gens de
la Cômmune aux catholiques libéraux.
Voilà ce que M. Dupanloup aurait dû
citer et commenter à son tour. Ce qui
est en question, ce n'est point l'Eglise
et sa doctrine d'il y a vingt ans, c'est
l'Eglise et sa doctrine datant du Con-
cile, c'est l'Eglise du Syllabus et de
l'Infaillibilité. Pourquoi M. Dupanloup
n'en a-til rien dit? Pourquoi a-t-ii
feint de croire que l'Eglise pense au-
jourd'hui comme elle a pensé toujours,
et que l'épiscopat français, dont il est
une des lumières, est demeuré, comme
en son beau temps, le défenseur de nos
libertés ?
M. Dupanloup est triste. On le serait
à moins ; car il nous semble que lien
ne saurait affliger davantage une con-
science sincèrement religieuse que le
spectacle de l'Eglise catholique de
France abandonnant ses principes les
plus chers, publiant ses traditions les
plus glorieuses, abjurant tout, reniant
tout, même sa patrie. Mais ce n'est
point là ce qui chagrine l'évêque d'Or-
léans ; dès longtemps il a pris son
parti de fouler aux pieds les vérités
pour lesquelles il combattait jadis avec
tant de vaillance ; ce qui le désole au-
jourd'hui, c'est de voir tant varier
les lois, Ù M_J:e, îœ
leges, pessima Respublica. Et M. Du-
panloup, da s sa sollicitude pour notre
gouvernement républicain, s'alarme
des changements que l'on veut appor-
ter à la loi de l'enseignement supé-
rieur ; il craint que cela fasse tort à
notre République. C'est pourquoi il re-
fuse de modifier la loi dans le sens de-
mandé par M. le ministre de l'instruc-
tion publique.
Il repousse aussi cette modification
parce qu'elle a des passions politiques
pour origine ; parce qu'elle n'a point le
caractère d'une politique conservatrice ;
et enfin, et surtout, parce que les évê-
ques ont dépensé de grosses sommes,
installé de vastes établissements et
enrôlé nombre de professeurs, en vertu
de la loi de 1875, et que tout cela serait
en pure perte si le droit de conférer les
grades était retiré aux universités li-
bres !
M. Jules Simon n'a pas eu de peine
à triompher des pauvres arguments de
M. l'évêque, et nous dirons même, —
c'est le seul reproche qu'on puisse lui
adresser, — nous dirons qu'il a prodi-
gué bien gratuitement sa parole. Tout
le monde s'accordait à reconnaître que
le discours de M. Jules Simon était des
meilleurs parmi les. plus habiles et les
plus entraînants dont il a semé sa car-
rière parlementaire. C'est qu'il était là
sur son véritable terrain ; il pouvait
tout dire, il pouvait donner libre cours
à son éloquence sans crainte de jamais
dépasser le but ; homme de foi, esprit
religieux, il défendait la religion ; ré-
publicain libéral, il défendait la liberté.
Nous avons entendu autour de nous ex-
primer la crainte que M. Jules Simon
fût allé trop loin, aux yeux de quel-
ques membres de son parti, dans la dé
fense de la religion catholique. Et pour-
quoi donc? C'est l'honneur du parti ré-
publicain que chacun y jouisse de sa
liberté de conscience pleine et entière;
et M. Jules Simon a pu déclarer sans
hésitation qu'il parlait au nom du parti
tout entier, puisqu'en définitive la cause
qû'il soutenait n'était autre que celle
de la liberté.
On lira ce discours, on le comparera
à l'homélie encore plus irritée que
triste de M. Dupanloup; et les esprits
dégagés de préventions feront la diffé-
rence. Nous ne voulons insister que
l sur le côté purement politique de la ré-
ponse de l'orateur républicain. M. Du-
panloup s'était plaint que l'honorable
M. Waddington n'eût obéi, en présen-
tant sa loi, qu'aux suggestions d'un
parti. M. Jules Simon n'a eu garde d'y
contredire; Au contraire il a loué le
gouverneur 9nt d'avoir si bien interprété
les vœux de la majorité qu'il repré-
sente, dont il est le mandataire natu-
rel. Et devant cet « aveu », Ja droite
du Sénat s'est exclamée! Ah cà, dans
quel temps, sous quel régime vivons-
nous? Est ce pour la forme qu'on a fait
des élections générales? Est-ce pour
rien que le pays a témoigné si haute
ment de ses préférences pour les répu-
blicains ? Est-ce pour s'inspirer des in-
tentions de la majorité républicaine
qu'un cabinet républicain a succédé à
un cabinet monarchique, ou pour cou
tinuer à serrir les intérêts et à rem-
plir les vœux d'une minorité oppo-
sante t
On reproche aux républicains de ne
point garder intacte une loi votée mal-
gré eux par l'Assemblée nationale ? Et
les monarchistes, qu'eusaent-ils donc
fait si les élections générales leur
avaient été plus favorables ? M. Jules
Simon le leur a dit, et nul n'a osé pro-
tester; leur premier soin eût été de
reprendre la loi, non pour l'amoindrir,
mais pour la compléter, pour la corri-
ger, pour l'étendre.
Ils se plaignent que dès le lendemain
du vote de laloi de 1875. les organes
républicains aient exprimé le vœu de la
voir abroger par les nouvelles Cham.,
bres. Que ne relisent-ils leurs journaux,
à eux ? Ils y verraient que dès le len-
demain du vote ils déclaraient que ce
n'était là qu'un commencement, et que
le parti clérical devait se mettre en me-
sure, sans retard, d'obtenir le reste.
Le resté, cela se comprend. S'affran-
chir complétement de l'Etat en atten-
dant qu'on le domine. Voilà le rêve.
L'Eglise catholique moderne ne déclarf-
t-elle pas qu'à elle seule appartient le
droit d'enseigner ? Qu'il s'agisse de
collation des grades ou d'autre chose,
c'est toujours la même fausseté, la
même hypocrisie, et comme le disait
M. Dupin, toutes les fois que le parti
ultramentain prononce le mot de liberté,
il faut comprendre domination.
E. ScHNERB.
—————- —————
LE PARLEMENT
COURRIER DU SENAT
Versailles, 19 juillet 1876.
— Monseigneur parlera aujourd'hui !
Tous les abbés qui sont venus à Versail-
les en frétillent d'ane. C'est à qui deman-
dera des billets.
Ce n'est Pas cependant l'évêque d'Or-
léans qui a comm*n<îë. M. Faucher de Ca-
reil a pris le premier la parole. Il a répondu
à M. Wallon. Nous sommes forcés de men-
tionner seulement ce discours, qui, cepen-
dant, contenait des parties excellentes ;
mais, il faut bien le dire, la cur osité était
surexcitée par l'attente de deux discours
sur lesquels on comptait, et qui, en effet,
ont rempli la séance.
M. Dupanloup est monté à la tribune
vers trois heures. Un silence comp et s'est
établi.
— Messieurs.
Et puh, c'est tout ! l'évêque d'Orléans
agite la tête, ai, oua mot ne tort de sa bou-
che. Il paraît se souvenir qu'il a omis d'ap-
peler l'Esprit saint à son aide, car il baisse
les yeux et pendant trois ou quatre minu-
te* marmotte tout bas quelqu" phrases ;
it adresse évidemment une prière au Tout
Puissant. Enfin, il comm nce. Monseigneur
est triste, affligé; il croyait qu'on ne tou-
cherait jamais à la loi d'enseignement su-
périeur, Ici voilà dans la nécessité da par-
tir en guerre à nouveau.
Malheureusement pour lui et pour son
talent, il ne ïe trouva pas sur le même
terrain qu'en 1875. A cette époque, il Nait
avec lui le gouvernement et la majorité ;
aujourd'hui, il a contre lui majorité et gou-
vernement. Aussi le discours qu'il a pro
noncé est-il de beaucoup inférieur à ceux
que nous avons entendus jusqu'à présent.
L'orateur est évidemment gêné. Il ne con-
nait pas la tactique parlementaire, et
comme tes amis lui ont recommandé de ne
rien compromettre, on sent à chaque
phrase qu'il a peur d'aller trop loin. Il
craint d'être emporté par sa fougue et de
tout briser.
Les phrases ne se tiennent pas. On voit
que les mots arrivent en foule sur ses lè
Très demandant à sortir avec impétuosité;
mais la raison arrive qui lui commande de
faire un choix et il s'arrête. On éprouve
une sensation pénible à entendre ce dis-
cours. L'orateur souffre visiblement. Aii 1
comme il voudrait êtra en chaire devant un
auditoire qu'il n'aurait pas besoin de con-
vaincre et qui lui permettrait de tout dire!
Oh 1 aiors 1 il fulminerait, son éloquence
déborderait. Mais là il cesxe d'être un mi-
nistre de Dieu, il est bn homme poétique
parlant à des hommes politiques et il a
peur !
Pendant toute la première partie, il a
littéralement ânouné. Quelque «très bien»
poussés par la droite ont paru lui rendre
un peu de courage et — cela t -Qt man-
qué à cette dbcuuJon — il a pariè de la
Commune. La Commune 1 mot magique
qui dispense bien d s orateurs de fournir
des arguments. M. de Gavardie en avait
déjà dit un mot dant une de ses interrup-
tions, il appartenait à l'évêque d'Orléans
de suivre, ce bon exemple.
Car malgré tout les efforts qu'il fait pour
demeurer çajme, l'orateur se laisse entraî-
ner par son tempérament bilieux.. C'est
ainsi qu'il appelle M. Naquet à ion secours
en montrant qu'après la loi Waddington,
on demandera au Sériât d'adopter les lois
du député radical. Le X/Xe Siècle n'est
pas épargné par Mgr Dupanloup. Mon
Dieu, oui ! il est question de nous ainsi que
de nos confrères du Rappel et ds la Répur
blique française. L'orateur nous reproche
d'avoir combaT.tu la loi d'enseignement su-
périeur. Parbleu !
Il faut le dire, la droite était atterrée.
Son grand orateur donnait des marques
d'une impuissance absolue l Au lieu da s'é-
chauffer, il semblait perdre à chaque mi-
nute le fil de ses idées. Il se plaint quq les
ministres ne restent pas assez iong emp* à
leur poste, — les ministres qui servent aes
idées, bien enten iu ; - il avertit M. Wad-
dington qu'il est dans une mauvaise voie,
et fait un long thèma sur la stabilité des
lois.
Il est un passage de son discours où ré,
vêque d'Orléans a été plus sûr de lui-même,
c'est celui qui touche aux intérêts maté-
riels des universités libres.
« La loi est injure, car elle touche à
des droits établis. » Droits moraax t il en
a bien été dit un mot, mais ce n'est pas
cela qui touche le clergé, il s'agit de gros
sous. Les dépenses ont été faites, il faut
qu'elles rapportent. Je ne me sers pas là
d'expressions exagérées, l'orateur a usé
du mot : « faillite législative, » et, en-
trainé par son éloquence, il a terminé une
période par cette phrase : « Vous ne trai
teriez pas ainsi une fabrique de capsules.»
Une fabrique de capsules t il faut avouer
qne pour un ministre de paix, qui a parlé
souvent de conciliation,de pacification,etc.,
la comparaison est singulièrement choisie;
enfin, va pour les capsules ! Une foi* lancé
sur ce terrain, l'orateur ne sa maintient
plus dans ses bonnes résolutions. t Sou na-
turel revient au galop ; la diguq est rom-
pue, les mots sortent encore diffioijeïnen^,
mais cela tient à ca qu'il veulent sortir
tous ensemble, et nous entendons ceci
— Les honnêtes gens ne font pas de
telles choses ! Les honnêtes gens ! Il nçmrJ
semble que le projet de loi porte cette
mention : Précédemment adopté par la
Chambre des députés M. le président n'a
lanlf, doute pas remarqué cette phrase, cr
iL&ùt certainement rappelé l'orateur aux
convenances.
La gauche n'a pas voulu relever cette
injure, eUe a été prise de commisération
pour ce prélat qui fut éloquent, mais qui
n'a plus rien, pas même « une voix qui
meurt et une ardeur qui s'éteint. »
Nous chercherions en vain un passage
qui méritât de- fixer notre attention. L8
point vrai du dnbat n'a été qu'indiqué
à la fin. Mgr Dupanloup a fait une distinc
tion entra ceux qu'il appelle lei amis- de
l'Université et jei amis de la liberté, et
tout en parlant de paix, de concorde, de
conciliation, il annonce qu'il va partir en
guerre. Si la loi de M. Waddington est
votée, le clergé se montrera belliqueux.
Cela ne le changera pas beaucoup.
La droite a fait une quasi-ovation à son
porte-paroles, mais c'était un de ces succès
de commande qu'on ne peut refuser à un
homme qui occupe une certaine situation
dans son parti. La séance a été suspendue
de fait pendant un quart d'heure. On éprou-
vait le besoin de prendre unpiu d'air.
Eûfin le silence s'est rétabli. M. Jules
Simon ad monté à h tribune. L'honorable
sénateur de !a gauche n'était pas inscrit,
M. Lepetit devait prendre la parole. Onr n'a
pas oublié que ce dernier, lors du débat
durant ^Assemblée nationale avait pro-.
noncé un excellent discours. Aujourd'hui
il voulait parler et nul doute qu'il n'eût
remporté encore un grand succès, mais
M- Jules Simon ayant demandé la parole
pendant le discours de l'évêque d'Orléans
M. Lepetit lui a obligeamment cédé la tri-
bune.
Le Sénat était fatigué, car M. Dupan-
loup avait longtemps parlé et cependant
on a écouté dans un profond sitence. Les
adversaires de M. Jul8 Simon étaieni sous
le charme; à ia parole ardente et passion-
née d'un ministre du culte, succédait la
parole calme et harmonieuse de l'orateur
républicain,
M. Jules Simon nous a montré une fois
de plus les qualités diverses de ton talent
oratoire. Il n'a pas prononcé un mot bles-
sant. Il n'est pas une de ses phrases qui
n'ait touché j bste.
On "ent chez lui une conviction ardente,
mais par cela même qu'elle est plus sin-
cère, elle n'a recours ni aux mots violent*
ni aux menaces.
En quelques mots, il a fait justice de
l'assimilation établie par l'évêque entre la
loi actuellement en discussion et les pro-
jets de M. Naquet, et répondant à l'accu-
sation dirigée contre le ministre de l'ins-
truction publique, il a ajoutée
« En présentant la loi, le ministre a
obéi au parti qui vient de triompher aux
élections. »
La droite à ce moment s'est montrée
fort gaie. Il y a de quoi! elle est profondé.
ment étonnée qu'un ministre se conforme
à la volonté dit pays.
Quel est le parti qui a triomphé aux
élections! M. Jules Simon l'a dit : c'est le
parti républicain constitutionnel modéré ;
et, revendiquant pour lui et ses amis le
titre de conservateur, il a donné de ce mot
une définition qui restera.
La liber'é de l'meignemnt n'est pas en
jeu. L'orateur, dégageant le débat des en-
traves que lui avait misas M. Dupanloup, a
laissé de côté les insérêts matériels.
— Vous voulez conférer des grades,
a-t-il dit, vous le pouvez !
Et il a cité. à l'appui de sa thee,
l'exemple de l'Ecole centrale, qui était un
établissement 1 bre et dont les dip ôme*
avaient autant de prix que ceux de l'Ecole
polytechnique. Tant vaut l'école, tant vaut
le diplôme !
Dans la péroraison, l'orateur s'est appli,
qllé à démontrer qu'il ne s'agissait pas de
faire la guerre à l Eg-ise, et en protestant
de Mon respect pour la religion catholique
qu'il a définie dans une langue admirable,
il a demandé qu'elle n'empiétât pas sur le
domiine de la société civile.
Il est descendu de la tribune au milieu
des applaudissements de la grande majorité
de la ?ahe
Faut il vous parler d'un incident provo
qué par M. de Gavardie' Le turbulent sé-
nateur des Landes s'était fait rappeler à
l'ordre pendant le discours de M. Jules
Simon. A la fin de la séance, il a voulu
justifier IIo!I paroles et a provoqué un tu-
mtilte. Nous n'attribuons pis à M. de Ga-
vardie assez d'importance pour nous arrê-
ter à ses incartades.
P. DE SIENNE.
——————— —
TLmA. GUERRE
LETTRE DE ROUMANIE
De notre correspondant spéctal.
Bucharest, 14 juillet.
C'est en vain que je cherche depuis deux
jours à dénicher quelque bonne grosse
nouvelle à effet que vous ne connaissiez
point, une nouvelle à sensation, mais
vraie ; impossible de saisir la moindre
piste. - Vous avez aussitôt que nous les
nouvelles confuses et contradictoires trans-
mises par les agences patentées, les com-
munications officielles des gouvernements
engagés dans la lutte, et enfin les relations
les insinuations, les interprétations plus
ou moins pures ou déguisées des parrainé
de* deux adversaires. — Il y aurait cer-
tainement beaucoup à rectifier dans cet
amas de nouvelles, mais c'est la bsogne
que fait tout naturellement Je télégraphe
du lendemain, et je me garderai bien de
la lui gâter. Nous avons beau être plus
rapprochés du théâtre des vénement.,
nous n'en savons pas miMx pour cela la
vérité des fait. et nous n'en prévoyons pa?
plus nettement la suite probable. Nous
avions au contraire contre nous la peti-
tesse du champ, la partialité naturelle
des gens intéressés à la latte et l'excessive
mobi iié des races latines aimées du. lOt'
leil. -
Il faut donc forcément s'en tenir guj
maigres nouvelles de l intériepj, aux inten-
tions du gouvernement roumain et a
succès diplomatiques qu'il obtient. Avec le
ministère Catargi défunt, 'a guerre eût été
très-probable dans les circonstances ac-
tuellel, avec le ministère du parti natio-
nal-libéral, qui gouverne aujourd'hui,
c'est lil chose la plus improbable du monde;
à moins d'une snccesaîon d'incidents qui
entraîneraient fatalement le eysla
neutralité à la défensive, et de la défensive
à l'attaque ; telsipourraient être notamment
l'occupation de la petite Vaiachle par l'Au-
triche ou le passage des troupes russas'par
la Moldavie. et encore, cet événement
ne s'accomptirait-il pas sans des protesta-
tions très-vives, sans un appel suprême
aux puissantes garantes. Et cela sa com-
prend. Le joug turc net nous gêne jamais
et nous protège quelquefois ; Jes Slaves,
serbes ou bosniaques, neus inspirent cer-
tainement une grande sympathie, mais ce
ne sont nos frères politiques à aucun titre.
Nous n'avons vis-à-yis d'eux, nous Rou-
mains, ni la tendresse paternelle russe, ni
la crainte qu'a l Autriche de voir une
partie de ses provinces slaves se joindre au
mouvement général. Nous n'avons aucun
agrandissement à espérer sur la rive droite
du Danube; les populations roumaines
que nous pourrions attirer à nous, un jour
uu l'autre, sont en Bessarabie d'en côté,
dans le Bannat la Transylvanie etla B#co-
vine de l'autre. Nous n'avons garde d'y
toucher. Le jour où nous voudrons rom-
pre les derniers liens, certes bien affaiblis,
qui nous unissent encore à l'empire turc,
nous le ferons tout seuls et sans guerre.
Mais si d'autres s'en chargent pour nous,
et à leurs risques et périls., que le ciel
les accompagne !
La Roumanie restera donc neutre, parce
qu'elle le veut. et elle le veut parce que
son intérêt l'exige. Les déclarations les
plus formelles de notre foreign-office ont
annoncé cette po itique à tou* les cabinets
des puissances garantes,et la Sublime-Porte
nous en a remerciés. — Les 4,000 homme.
envoyés pour garder la frontière roumaine
entre Piket et Ortova, c'est-à-dire Je long
de la rive du Danube qui fait face à la Ser..
bie, ne sont que le résultat d'une mesure
de prudence bien entendue pour empêcher
toute violation defron ières et toute forma-
tion de corps armés ; le télégraphe spéeial
établi le long de cette zone n'est qu'une né*,
cessité résultant de ce cordon militaire.
Loin d'avoir pour but d'empêcher les
canonnières turques d'entrer dans les eaux
serbes ou roumaines (comme l'annoncent
plusieurs dépêche.), ces mesures sont la
conséquence naturelle de l'arrangement qui
vient d'être conclu par la Roumanie avec
la Serbie d'une part et la Tarquie de l'au-
tre, arrangement qui fait de la neutralité
de ces eaux un principe admis par les deux
belligérants. — Il faut le reconnaître, c'est
un succès pour la diplomatie roumaine que
cette convention, et la Chambre en a salué
l'annonce par des applaudissements una-
nimes. L'île turque d'Ada-Kalé est elle-
même neutralisée de fait et le ravitaille-
ment en est confié à l'administration rou-
maine.
Cette neutralité, très-réelle, de la Rou"
manie n'étouffe pas les sympathies parti*
culières, qui sont très-vives pour les Bal-
gares et les Serbes. Il se forme en ce mo-
ment à Bucharest un service très complet
et parfaitement organisé d'ambulances,
qui doivent se rendre d abord à Widdin et
aux environs ; il se fait aussi des sous-
criptions pour les blessés serbes ; mais tout
cela est dû à l'initiative privée, et nos lois
en garantissent le Ubr développement.
Pour nous les résultats de la guerre
s'égalisent très-sensiblement jusqu'ici,
mais deux facteurs peuvent en changer
tes termes d'un instant à l'autre'; l'un de
CI facteurs, c'est la possibilité qu'a la
Turquie dé réparer ses pertes, tandis que
la Serbie sera vite épuisée ; le second fac-
teur, c'e&t le développement, imprévu que
peut prendre l'insurrection bataare. Si la
Serbie se borne à une gaerre de monta-
gnes et de défilés, comme celle qui dure
depuis un an en Herzégovine, ses ressour-
ces militaires peuvent durer longtemps;
mais il est à craindre que le pays n en
sorte épuisé pour de longues annees. Si,
au contraire, la Serbie fait de la grande
guerre. il. est douteux qu'elle soit de force
à soutenir le choc. — Nous persistons à
croire à l'arrivée des deux puissances lu
plus engagées dans la question et les plqt
rapprochées du théâtre de l'action, la Rus-
sie et l'Autriche.
Nous pensons qu'il faudrait des événe-
menti imprévus et improbables, aujour-
d'hui, pour amener leur intervention, et
nous croyons que cette intervention aurait
lieu d'un commun accord. Pour nous, la
guerre sera localisée et elle se dénouera
par une intervention diplomatique con-
forme à la nature des événements qui l'au-
ront amende. C'est la solution la plus Id-
gique et celle que chacun doit détlirer'-
Je Vous tiendrai au courant des faits
nouveaux qui pourraient se produire.ici.'
C.
TT
Dépêches de source slave
Raguse, 18 juillet, soir.
La nuit dernière les Monténégrins ont atta.
qué un des forts près de Modun et Ratschi.
Oa ignore le résultat de l'engagement, qui a
été vif.
Belgrade, 19 juillet.
Un détachement de troupes, appartenant
au corps que commande le colonel Lescha-
nin. a attaqué hier Ollfman Paoha et lui a pris
trois positions. Après un combat opiniâtre,
les Tares, ayant reçu des renforts, ont repris
leurs positions.
Le Daily-News publie les dépêches sui-
vantes :
Belgrade, 18 juillet.
On dément officiellement les nouvelles que
les Tares soient entrés de quelque côté que
ce soit en Serbie, et qu'une division Serbe ait
été battue à Nova-Varosch.
Dépêches de source turque
Conetantinople, 18 juillet.
Conformément aux dépêches adressées par
lord Derby a l'ambassade d'Angleterre, sir
Elliott a chargé M.W. Baring, l'un de secré-
taire de l'ambassade, de faire une enquête sur
les oraautés que l'on dit avoir été commises
en Bulgarie, et dont on considère, du reste,
les récits comme très-inexacts, conjointement
avec la mission donnée à Khani Pacha.
Constantinople, 18 juillet.
L'armée turque franchit aujourd'hui la
frontière de la Serbie.
Scutari, 19 juillet.
Trois forteresses turques (Koules) ont été
détruites le 17, par les Monténégrins et les
Kutchiré; on dit mêm que les Turcs compre-
nant qu'ils ne ponvaient les garder, auraient
procédé les premiers à nette destruction.
Modum est de noaveaa bloqué.
Le pacha, goavernehr de la province, est
parti ce matin avec le oonsul d'Angleterre
pour Podgontza. On ne croit pas néanmoins
a une attaque sérieuse de sa part. -
Dépêches de sources diverses
L'agence télégraphique rusçe nous com-
munique la dépêche suivante :
Saint-Pétersbourg, 18 Juillet 1876,
11 h. 37 du soir.
D'après les informations de Constantinople
l'ageoo peut affirmer que, en rainon de l'état
de santé du sultan, aucun ambassadeur n'a pu
encore lui présenter ses lettres de créance. v
1 SIÈCLE
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la RMactiQ.
de 2 tleures à minuit
$$» arue de l
AeOtlEMEITS
ADMINISTRATION
Adresser lettre» et mandata à l" àdmmistrfttiiUe
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JOURNAL BÉPUBLICâlN CONSERVATEUR
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Ai®jaoiffi©œ«s cfaei MM. LAGRANGE, GEftP èi G*
S. .e.: 4 la BOIUN. 8: ;
3» Dîme& d* la Bourse, 9: - l - ! ,
Annonce*, chez MM, LAGRANGB, CERF et Vu
le, place de la Boam, ?
BULLETIN
Paris, le 20 juillet 1876,
Le Sénat dans sa séance d'hier, a con-
tinué la discussion de la loi sur l'enseigne-
ment supérieur. M. Dupanloup et M. Jules
S mon ont pris la parole, La discussion
doit se continuer aujourd'hui.
Il règne toujours une grande incertitude
relativement aux opérations militaires sur
les frontières de la Serbie. Oa s'attend tou-
tefois à une grande bataille dans les envi-
rons de Ntsch. Le bruit de l'entrée des
Tares en Serbie continue à être démenti
par les télégrammes de Belgrade et de
Vienne. On s'attend aussi à une bataille
sous les murs de Mostar. Quoi qu'on en
ait dit, les Monténégrins opèrent d'accord
avfc les Serbes et nous croyons pouvoir
affirmer que les bruits relatifs à un arran-
gement entre le prince Nikita et la Porte
sont dénués de tout fondement.
Ainsi que l'on devait s'y attendre, cer-
taines feuilles intéressées démentent l'exis
tence du mémorandum roumain, sur le-
quel nous avons appelé hier l'attention de
nos lecteurs ; d'autres, tout en admet-
tant l'existence de ce document, cher-
chent à en atténuer la gravité en pré-
tendant que ce n'est là qu'un jalon posé
en vue de l'avenir, un simple avis donné
aux puissances qu'au cas où elles se réu-
niraient en congrès, elles auraient à sta-
tuer sur ces demandes. À l'appui de cette
dernière hypothèse, on cite avec de nom-
breux commentaires optimistes une dépê
che de Bucharest annonçant que le Sénat
rourdain a voté une adresse au prince
Charles, lui exprimant son entier dévoue-
ment et appuyant sur ce point que la
Roumanie, conformément à ses intérêts et
aux vœux de l'Europe, doit continuer à
observer la neutralité. Il va san* dire que
le vote de cette adresse est un fait consi-
dérable ; mais nous croyons qu'avant d'en
tirer des déductions importantes, il est
bon d'attendre te texte même de l'adresse
du Sénat roumain et de avoir dans quelles
circonstances elle 3 été adoptée.
Quoi qu'il en soit, nous sommes en posi-
tiôndoThaihtenirles remarques que nous
ayons faites hier, et lue l'existence du
memorandum, et sur la gravité da la nou
velle attitude de la Roumanie. Sur le pre,
mier point, outre nos renseignement par-
ticuliers, nous pourrions en appeler à la
déclaration officielle faite à la Chambre des
éotnmunes par M. Bourke, sous secrétaire
d'Etat pour les affaires étrangère. Sur le
second, il n'est peut être pas inutile de
citer les appréciations du Nord: € Da gra-
ves nouvelles, dit l'organe de la chan-
cellerie russe, arrivent de Bucharest.
Le gouvernement roumain a fa\t re-
mettra au grand-vizir un mémoire conte-
nant un certain no mbre de réclamations
qui tendraient à obtenir pour la Roumanie
une situation plus indépendante ; en même
temps, le ministre de la guerre a soumis à
la Chambre des députes roumaine un projet
de loi sur la mobilisation de l'armée et le
rappel d'une partie de la réserve sous les
drapeaux. La conflagration menace' de
prendre des proportions de plus en plus
considérables, à mesure que le conflit turco-
serbe se prolonge. Il fallait un singulier
aveuglement pour supposer qu'il pût en
être autrement; les divergences de races
et de croyances entre les diverses popula-
tions chrétiennes de la Turquie ont beau-
coup plus d'importance dans les colonnes
des journaux turcophiles que dans la réa-
lité des faits ; ces dissentiments existent
à la vérité, mais ils devaient disparattre tôt
ou tard devant la haine commune contre
l'oppresseur musulman. Pour ne pas le pré-
voir, et pour se leurrer de l'espoir d'une
alliance d'une partie des chrétiens avec
les Turcs, il fallait fermer les yeux à l'évi-
dence. Une prompte terminaison de la
guerre pourrait seule prévenir la propaga-
tion de l'incendie. »
Enfin, nos correspondances de Berlin
nous permettent de compléter les rensei-
gnements que nous avons pu donner hier
sur l'évolution qu'accomplit *n ce moment
le chancelier de l'empire d'Allemagne. Il
devient de plus en plus évident que l'Au-
triche est menacée comme puissance alle-
mande. Il n'est bruit dans les cercles poli-
tiques que d'un plan, proposé déjà il y a
quelques années, relativement à un mor-
cellement de l'empire d'Autriche. Il s'agi-
rait de transporter la capitale de l'empire
à Pesth. Le nouvel empire serait accru
par l'annexion de la Serbie, de la Bosnie,
du Monténégro et de l'Herzégovine. En
outre, Peuth deviendrait le centre du gou-
vernement des pays transleithans, de la
Croatie, de l'Esclâvoaie, de la Transylva-
nie et des confias militaires, aussi bien
que des pays cisleithans, formant un royau-
me composé de la Galicie, de Cracovie, de
la Bukovine et de la Dalmatie. En revanche,
l'archiduché d'Autriche, le duché de Salz-
bourg, la Siyrie, la Carinthie, le Tyrol
avec le Voratberg, la Bohême, la Moravie
et la Silésie formeraient un nouvel Etat, à
la tête duquel serait placé un archiduc
autrichien ayant sa résidence à Vienne, et
dont la situation vis-à vis de l'empire
d'Allemagne serait la même que celle de la
Saxe et de la Bavière.
Nos correspondants, qui sont en position
d'être bien informés, ajoutent que le chan-
celier de l'empire n'est pas étranger à
l'élaboration de ce plan, qui aurait pour
corollaire des avantages importants donnés
à la Russie.
, Que cq a.* là, ou non l'objectif que se
propose le cabinet de Berlin, il importe de
surveiller avec soin ce qui se passe en Rou-
manie, car i i y a tout Heu de croire que c'est
de Bucharest que viendra le signal de nou-
velles complications de nature à ébranle"
l'Europe. En attendant, et comme correctif
à l'adresse du Sénat roumain, on mande de
Pesth à la Gazette de Cologne que la Rou-
manie mobilise une armée de 60,000 hom
mes.
On a pu voir par les dépêches que nous
avons publiées hier que le gouvernement
turc avoue les massacres, les viols et ies
incendies perpétrés par les bachi-bouzoucks
en Bulgarie. Il s'est, en effet, décidé à en
voyer un commissaire spécial chargé de
procéder à une enquête, et de punir li
coupables, s'il y a lieu. Un des secrétaires
de l'ambassade anglaise à Constantinople
doit accompagner le fonctionnaire turc
chargé de cette mission.
♦
BOURSE DE PARIS
fSietvrc le 18 juillet, le 19 juillet. mangue Salue
3 O/O
Comptant 68 35 68 55 20 1
Fin cour. 68 45 6860 15
* t/a 00
Comptant 98 90 99 10
S e/o
Comptant 10605 106 20 16
Fin cour. 10615 106 20 05
PETITS BOURSE DU tOU
Smprunt M 0/0.. 106 fr. 33 3/4, 30, 35.
5 0/0 tare 11 fr. 15, 10.
Extérieure, 13 fr. 11 /li. Demandée.
Egypte 18 tr. 12 1/2.
—4 ;
M. Dupanloup est bien triste, oh!
bien triste! Tristis est anima sua
usque ad mortem. Et le motif de
sa tristesse est la nécessité de refaire
son discours de l'an dernier sur la li-
berté da l'enseignement supérieur et la
collation des grades. En quoi M. l'évê
que d'Orléans se trompe. L'an dernier,
il lui restait encore quelque chose de
cette ardeur, de cette fougue qu'il a
réussi pendant si longtemps à faire
prendre pour de l'éloquence; aujour-
d'hui, plus rien ; il s'escrime à cher-
cher une idée qui se dérobe, un mot
qui le fuit; et ce qui nous a paru
vraiment triste, c'est le spectacle de
cet évêque, assez aveuglé sur son pro-
pre compte pour venir à la tribune
étaler à tous les yeux tant d'impuis-
sance et d'infirmité.
C'est au discours de M. Challemel-
Lacour que l'évêque d'Orléans préten-
dait répondre. On se souvient que l'o-
rateur républicain avait invoqué le
langage des représentants les plus au-
torisés de l'Eglise catholique pour de-
mander le retour aux mains de l'Etat
du droit de conférer les grades. Où serait
en effet, la garantie de l'Etat, s'il ad-
mettait au partage de son droit des
hommes imbus des doctrines romaines
qui ne tendent à rien moins, on le sait,
qu'à nier la suprématie de l'Etat, même
dans l'ordre civil? A cela M. Dupanloup
a riposté par une citation d'un écrivain
de la Civilta cattolica, qui, certes, com-
me il a eu le soin de le dire, n'était point
faite pour les besoins de la circonstance.
En effet, elle date de vingt ans. Or, en
ce temps là, ce n'e&t pas à Rome seule-
ment, c'est aussi et surtout à Orléans,
dans le diocèse de M. Dupanloup, c'est
à l'évêché même qu'on professait hau-
tement les doctrines libérales qui furent
si longtemps l'honneur du clergé de
France. En ce temps-14 M. Dupanloup
se signalait au premier rang des pré-
lats qui, à l'exemple du chancelier d'A
gu es seau, forgeaient « non des lances.
mais des boucliers, » contre l'oppression
ultramontaine, qui déjà se faisait mena-
çante.
Mais depuis ? M. Dupanloup, qui nous
semble, entre autre choses, avoir per-
du la mémoire, n'aurait-il plus souve-
nir de ce qui s'est passé ? Ignore-t-il
que lui-même, s'il parlait aujourd'hui
le langage d'il y a vingt ans, d'il y a
seulement six ou sept ans, il encour-
rait l'excommunication majeure? M.
Challemel-Lacour avait cité les paroles
mêmes de Pie IX lançant l'anathème
contre le libéralisme du XIXe siècle,
et déclarant qu'il préférait les gens de
la Cômmune aux catholiques libéraux.
Voilà ce que M. Dupanloup aurait dû
citer et commenter à son tour. Ce qui
est en question, ce n'est point l'Eglise
et sa doctrine d'il y a vingt ans, c'est
l'Eglise et sa doctrine datant du Con-
cile, c'est l'Eglise du Syllabus et de
l'Infaillibilité. Pourquoi M. Dupanloup
n'en a-til rien dit? Pourquoi a-t-ii
feint de croire que l'Eglise pense au-
jourd'hui comme elle a pensé toujours,
et que l'épiscopat français, dont il est
une des lumières, est demeuré, comme
en son beau temps, le défenseur de nos
libertés ?
M. Dupanloup est triste. On le serait
à moins ; car il nous semble que lien
ne saurait affliger davantage une con-
science sincèrement religieuse que le
spectacle de l'Eglise catholique de
France abandonnant ses principes les
plus chers, publiant ses traditions les
plus glorieuses, abjurant tout, reniant
tout, même sa patrie. Mais ce n'est
point là ce qui chagrine l'évêque d'Or-
léans ; dès longtemps il a pris son
parti de fouler aux pieds les vérités
pour lesquelles il combattait jadis avec
tant de vaillance ; ce qui le désole au-
jourd'hui, c'est de voir tant varier
les lois, Ù M_J:e, îœ
leges, pessima Respublica. Et M. Du-
panloup, da s sa sollicitude pour notre
gouvernement républicain, s'alarme
des changements que l'on veut appor-
ter à la loi de l'enseignement supé-
rieur ; il craint que cela fasse tort à
notre République. C'est pourquoi il re-
fuse de modifier la loi dans le sens de-
mandé par M. le ministre de l'instruc-
tion publique.
Il repousse aussi cette modification
parce qu'elle a des passions politiques
pour origine ; parce qu'elle n'a point le
caractère d'une politique conservatrice ;
et enfin, et surtout, parce que les évê-
ques ont dépensé de grosses sommes,
installé de vastes établissements et
enrôlé nombre de professeurs, en vertu
de la loi de 1875, et que tout cela serait
en pure perte si le droit de conférer les
grades était retiré aux universités li-
bres !
M. Jules Simon n'a pas eu de peine
à triompher des pauvres arguments de
M. l'évêque, et nous dirons même, —
c'est le seul reproche qu'on puisse lui
adresser, — nous dirons qu'il a prodi-
gué bien gratuitement sa parole. Tout
le monde s'accordait à reconnaître que
le discours de M. Jules Simon était des
meilleurs parmi les. plus habiles et les
plus entraînants dont il a semé sa car-
rière parlementaire. C'est qu'il était là
sur son véritable terrain ; il pouvait
tout dire, il pouvait donner libre cours
à son éloquence sans crainte de jamais
dépasser le but ; homme de foi, esprit
religieux, il défendait la religion ; ré-
publicain libéral, il défendait la liberté.
Nous avons entendu autour de nous ex-
primer la crainte que M. Jules Simon
fût allé trop loin, aux yeux de quel-
ques membres de son parti, dans la dé
fense de la religion catholique. Et pour-
quoi donc? C'est l'honneur du parti ré-
publicain que chacun y jouisse de sa
liberté de conscience pleine et entière;
et M. Jules Simon a pu déclarer sans
hésitation qu'il parlait au nom du parti
tout entier, puisqu'en définitive la cause
qû'il soutenait n'était autre que celle
de la liberté.
On lira ce discours, on le comparera
à l'homélie encore plus irritée que
triste de M. Dupanloup; et les esprits
dégagés de préventions feront la diffé-
rence. Nous ne voulons insister que
l sur le côté purement politique de la ré-
ponse de l'orateur républicain. M. Du-
panloup s'était plaint que l'honorable
M. Waddington n'eût obéi, en présen-
tant sa loi, qu'aux suggestions d'un
parti. M. Jules Simon n'a eu garde d'y
contredire; Au contraire il a loué le
gouverneur 9nt d'avoir si bien interprété
les vœux de la majorité qu'il repré-
sente, dont il est le mandataire natu-
rel. Et devant cet « aveu », Ja droite
du Sénat s'est exclamée! Ah cà, dans
quel temps, sous quel régime vivons-
nous? Est ce pour la forme qu'on a fait
des élections générales? Est-ce pour
rien que le pays a témoigné si haute
ment de ses préférences pour les répu-
blicains ? Est-ce pour s'inspirer des in-
tentions de la majorité républicaine
qu'un cabinet républicain a succédé à
un cabinet monarchique, ou pour cou
tinuer à serrir les intérêts et à rem-
plir les vœux d'une minorité oppo-
sante t
On reproche aux républicains de ne
point garder intacte une loi votée mal-
gré eux par l'Assemblée nationale ? Et
les monarchistes, qu'eusaent-ils donc
fait si les élections générales leur
avaient été plus favorables ? M. Jules
Simon le leur a dit, et nul n'a osé pro-
tester; leur premier soin eût été de
reprendre la loi, non pour l'amoindrir,
mais pour la compléter, pour la corri-
ger, pour l'étendre.
Ils se plaignent que dès le lendemain
du vote de laloi de 1875. les organes
républicains aient exprimé le vœu de la
voir abroger par les nouvelles Cham.,
bres. Que ne relisent-ils leurs journaux,
à eux ? Ils y verraient que dès le len-
demain du vote ils déclaraient que ce
n'était là qu'un commencement, et que
le parti clérical devait se mettre en me-
sure, sans retard, d'obtenir le reste.
Le resté, cela se comprend. S'affran-
chir complétement de l'Etat en atten-
dant qu'on le domine. Voilà le rêve.
L'Eglise catholique moderne ne déclarf-
t-elle pas qu'à elle seule appartient le
droit d'enseigner ? Qu'il s'agisse de
collation des grades ou d'autre chose,
c'est toujours la même fausseté, la
même hypocrisie, et comme le disait
M. Dupin, toutes les fois que le parti
ultramentain prononce le mot de liberté,
il faut comprendre domination.
E. ScHNERB.
—————- —————
LE PARLEMENT
COURRIER DU SENAT
Versailles, 19 juillet 1876.
— Monseigneur parlera aujourd'hui !
Tous les abbés qui sont venus à Versail-
les en frétillent d'ane. C'est à qui deman-
dera des billets.
Ce n'est Pas cependant l'évêque d'Or-
léans qui a comm*n<îë. M. Faucher de Ca-
reil a pris le premier la parole. Il a répondu
à M. Wallon. Nous sommes forcés de men-
tionner seulement ce discours, qui, cepen-
dant, contenait des parties excellentes ;
mais, il faut bien le dire, la cur osité était
surexcitée par l'attente de deux discours
sur lesquels on comptait, et qui, en effet,
ont rempli la séance.
M. Dupanloup est monté à la tribune
vers trois heures. Un silence comp et s'est
établi.
— Messieurs.
Et puh, c'est tout ! l'évêque d'Orléans
agite la tête, ai, oua mot ne tort de sa bou-
che. Il paraît se souvenir qu'il a omis d'ap-
peler l'Esprit saint à son aide, car il baisse
les yeux et pendant trois ou quatre minu-
te* marmotte tout bas quelqu" phrases ;
it adresse évidemment une prière au Tout
Puissant. Enfin, il comm nce. Monseigneur
est triste, affligé; il croyait qu'on ne tou-
cherait jamais à la loi d'enseignement su-
périeur, Ici voilà dans la nécessité da par-
tir en guerre à nouveau.
Malheureusement pour lui et pour son
talent, il ne ïe trouva pas sur le même
terrain qu'en 1875. A cette époque, il Nait
avec lui le gouvernement et la majorité ;
aujourd'hui, il a contre lui majorité et gou-
vernement. Aussi le discours qu'il a pro
noncé est-il de beaucoup inférieur à ceux
que nous avons entendus jusqu'à présent.
L'orateur est évidemment gêné. Il ne con-
nait pas la tactique parlementaire, et
comme tes amis lui ont recommandé de ne
rien compromettre, on sent à chaque
phrase qu'il a peur d'aller trop loin. Il
craint d'être emporté par sa fougue et de
tout briser.
Les phrases ne se tiennent pas. On voit
que les mots arrivent en foule sur ses lè
Très demandant à sortir avec impétuosité;
mais la raison arrive qui lui commande de
faire un choix et il s'arrête. On éprouve
une sensation pénible à entendre ce dis-
cours. L'orateur souffre visiblement. Aii 1
comme il voudrait êtra en chaire devant un
auditoire qu'il n'aurait pas besoin de con-
vaincre et qui lui permettrait de tout dire!
Oh 1 aiors 1 il fulminerait, son éloquence
déborderait. Mais là il cesxe d'être un mi-
nistre de Dieu, il est bn homme poétique
parlant à des hommes politiques et il a
peur !
Pendant toute la première partie, il a
littéralement ânouné. Quelque «très bien»
poussés par la droite ont paru lui rendre
un peu de courage et — cela t -Qt man-
qué à cette dbcuuJon — il a pariè de la
Commune. La Commune 1 mot magique
qui dispense bien d s orateurs de fournir
des arguments. M. de Gavardie en avait
déjà dit un mot dant une de ses interrup-
tions, il appartenait à l'évêque d'Orléans
de suivre, ce bon exemple.
Car malgré tout les efforts qu'il fait pour
demeurer çajme, l'orateur se laisse entraî-
ner par son tempérament bilieux.. C'est
ainsi qu'il appelle M. Naquet à ion secours
en montrant qu'après la loi Waddington,
on demandera au Sériât d'adopter les lois
du député radical. Le X/Xe Siècle n'est
pas épargné par Mgr Dupanloup. Mon
Dieu, oui ! il est question de nous ainsi que
de nos confrères du Rappel et ds la Répur
blique française. L'orateur nous reproche
d'avoir combaT.tu la loi d'enseignement su-
périeur. Parbleu !
Il faut le dire, la droite était atterrée.
Son grand orateur donnait des marques
d'une impuissance absolue l Au lieu da s'é-
chauffer, il semblait perdre à chaque mi-
nute le fil de ses idées. Il se plaint quq les
ministres ne restent pas assez iong emp* à
leur poste, — les ministres qui servent aes
idées, bien enten iu ; - il avertit M. Wad-
dington qu'il est dans une mauvaise voie,
et fait un long thèma sur la stabilité des
lois.
Il est un passage de son discours où ré,
vêque d'Orléans a été plus sûr de lui-même,
c'est celui qui touche aux intérêts maté-
riels des universités libres.
« La loi est injure, car elle touche à
des droits établis. » Droits moraax t il en
a bien été dit un mot, mais ce n'est pas
cela qui touche le clergé, il s'agit de gros
sous. Les dépenses ont été faites, il faut
qu'elles rapportent. Je ne me sers pas là
d'expressions exagérées, l'orateur a usé
du mot : « faillite législative, » et, en-
trainé par son éloquence, il a terminé une
période par cette phrase : « Vous ne trai
teriez pas ainsi une fabrique de capsules.»
Une fabrique de capsules t il faut avouer
qne pour un ministre de paix, qui a parlé
souvent de conciliation,de pacification,etc.,
la comparaison est singulièrement choisie;
enfin, va pour les capsules ! Une foi* lancé
sur ce terrain, l'orateur ne sa maintient
plus dans ses bonnes résolutions. t Sou na-
turel revient au galop ; la diguq est rom-
pue, les mots sortent encore diffioijeïnen^,
mais cela tient à ca qu'il veulent sortir
tous ensemble, et nous entendons ceci
— Les honnêtes gens ne font pas de
telles choses ! Les honnêtes gens ! Il nçmrJ
semble que le projet de loi porte cette
mention : Précédemment adopté par la
Chambre des députés M. le président n'a
lanlf, doute pas remarqué cette phrase, cr
iL&ùt certainement rappelé l'orateur aux
convenances.
La gauche n'a pas voulu relever cette
injure, eUe a été prise de commisération
pour ce prélat qui fut éloquent, mais qui
n'a plus rien, pas même « une voix qui
meurt et une ardeur qui s'éteint. »
Nous chercherions en vain un passage
qui méritât de- fixer notre attention. L8
point vrai du dnbat n'a été qu'indiqué
à la fin. Mgr Dupanloup a fait une distinc
tion entra ceux qu'il appelle lei amis- de
l'Université et jei amis de la liberté, et
tout en parlant de paix, de concorde, de
conciliation, il annonce qu'il va partir en
guerre. Si la loi de M. Waddington est
votée, le clergé se montrera belliqueux.
Cela ne le changera pas beaucoup.
La droite a fait une quasi-ovation à son
porte-paroles, mais c'était un de ces succès
de commande qu'on ne peut refuser à un
homme qui occupe une certaine situation
dans son parti. La séance a été suspendue
de fait pendant un quart d'heure. On éprou-
vait le besoin de prendre unpiu d'air.
Eûfin le silence s'est rétabli. M. Jules
Simon ad monté à h tribune. L'honorable
sénateur de !a gauche n'était pas inscrit,
M. Lepetit devait prendre la parole. Onr n'a
pas oublié que ce dernier, lors du débat
durant ^Assemblée nationale avait pro-.
noncé un excellent discours. Aujourd'hui
il voulait parler et nul doute qu'il n'eût
remporté encore un grand succès, mais
M- Jules Simon ayant demandé la parole
pendant le discours de l'évêque d'Orléans
M. Lepetit lui a obligeamment cédé la tri-
bune.
Le Sénat était fatigué, car M. Dupan-
loup avait longtemps parlé et cependant
on a écouté dans un profond sitence. Les
adversaires de M. Jul8 Simon étaieni sous
le charme; à ia parole ardente et passion-
née d'un ministre du culte, succédait la
parole calme et harmonieuse de l'orateur
républicain,
M. Jules Simon nous a montré une fois
de plus les qualités diverses de ton talent
oratoire. Il n'a pas prononcé un mot bles-
sant. Il n'est pas une de ses phrases qui
n'ait touché j bste.
On "ent chez lui une conviction ardente,
mais par cela même qu'elle est plus sin-
cère, elle n'a recours ni aux mots violent*
ni aux menaces.
En quelques mots, il a fait justice de
l'assimilation établie par l'évêque entre la
loi actuellement en discussion et les pro-
jets de M. Naquet, et répondant à l'accu-
sation dirigée contre le ministre de l'ins-
truction publique, il a ajoutée
« En présentant la loi, le ministre a
obéi au parti qui vient de triompher aux
élections. »
La droite à ce moment s'est montrée
fort gaie. Il y a de quoi! elle est profondé.
ment étonnée qu'un ministre se conforme
à la volonté dit pays.
Quel est le parti qui a triomphé aux
élections! M. Jules Simon l'a dit : c'est le
parti républicain constitutionnel modéré ;
et, revendiquant pour lui et ses amis le
titre de conservateur, il a donné de ce mot
une définition qui restera.
La liber'é de l'meignemnt n'est pas en
jeu. L'orateur, dégageant le débat des en-
traves que lui avait misas M. Dupanloup, a
laissé de côté les insérêts matériels.
— Vous voulez conférer des grades,
a-t-il dit, vous le pouvez !
Et il a cité. à l'appui de sa thee,
l'exemple de l'Ecole centrale, qui était un
établissement 1 bre et dont les dip ôme*
avaient autant de prix que ceux de l'Ecole
polytechnique. Tant vaut l'école, tant vaut
le diplôme !
Dans la péroraison, l'orateur s'est appli,
qllé à démontrer qu'il ne s'agissait pas de
faire la guerre à l Eg-ise, et en protestant
de Mon respect pour la religion catholique
qu'il a définie dans une langue admirable,
il a demandé qu'elle n'empiétât pas sur le
domiine de la société civile.
Il est descendu de la tribune au milieu
des applaudissements de la grande majorité
de la ?ahe
Faut il vous parler d'un incident provo
qué par M. de Gavardie' Le turbulent sé-
nateur des Landes s'était fait rappeler à
l'ordre pendant le discours de M. Jules
Simon. A la fin de la séance, il a voulu
justifier IIo!I paroles et a provoqué un tu-
mtilte. Nous n'attribuons pis à M. de Ga-
vardie assez d'importance pour nous arrê-
ter à ses incartades.
P. DE SIENNE.
——————— —
TLmA. GUERRE
LETTRE DE ROUMANIE
De notre correspondant spéctal.
Bucharest, 14 juillet.
C'est en vain que je cherche depuis deux
jours à dénicher quelque bonne grosse
nouvelle à effet que vous ne connaissiez
point, une nouvelle à sensation, mais
vraie ; impossible de saisir la moindre
piste. - Vous avez aussitôt que nous les
nouvelles confuses et contradictoires trans-
mises par les agences patentées, les com-
munications officielles des gouvernements
engagés dans la lutte, et enfin les relations
les insinuations, les interprétations plus
ou moins pures ou déguisées des parrainé
de* deux adversaires. — Il y aurait cer-
tainement beaucoup à rectifier dans cet
amas de nouvelles, mais c'est la bsogne
que fait tout naturellement Je télégraphe
du lendemain, et je me garderai bien de
la lui gâter. Nous avons beau être plus
rapprochés du théâtre des vénement.,
nous n'en savons pas miMx pour cela la
vérité des fait. et nous n'en prévoyons pa?
plus nettement la suite probable. Nous
avions au contraire contre nous la peti-
tesse du champ, la partialité naturelle
des gens intéressés à la latte et l'excessive
mobi iié des races latines aimées du. lOt'
leil. -
Il faut donc forcément s'en tenir guj
maigres nouvelles de l intériepj, aux inten-
tions du gouvernement roumain et a
succès diplomatiques qu'il obtient. Avec le
ministère Catargi défunt, 'a guerre eût été
très-probable dans les circonstances ac-
tuellel, avec le ministère du parti natio-
nal-libéral, qui gouverne aujourd'hui,
c'est lil chose la plus improbable du monde;
à moins d'une snccesaîon d'incidents qui
entraîneraient fatalement le eysla
neutralité à la défensive, et de la défensive
à l'attaque ; telsipourraient être notamment
l'occupation de la petite Vaiachle par l'Au-
triche ou le passage des troupes russas'par
la Moldavie. et encore, cet événement
ne s'accomptirait-il pas sans des protesta-
tions très-vives, sans un appel suprême
aux puissantes garantes. Et cela sa com-
prend. Le joug turc net nous gêne jamais
et nous protège quelquefois ; Jes Slaves,
serbes ou bosniaques, neus inspirent cer-
tainement une grande sympathie, mais ce
ne sont nos frères politiques à aucun titre.
Nous n'avons vis-à-yis d'eux, nous Rou-
mains, ni la tendresse paternelle russe, ni
la crainte qu'a l Autriche de voir une
partie de ses provinces slaves se joindre au
mouvement général. Nous n'avons aucun
agrandissement à espérer sur la rive droite
du Danube; les populations roumaines
que nous pourrions attirer à nous, un jour
uu l'autre, sont en Bessarabie d'en côté,
dans le Bannat la Transylvanie etla B#co-
vine de l'autre. Nous n'avons garde d'y
toucher. Le jour où nous voudrons rom-
pre les derniers liens, certes bien affaiblis,
qui nous unissent encore à l'empire turc,
nous le ferons tout seuls et sans guerre.
Mais si d'autres s'en chargent pour nous,
et à leurs risques et périls., que le ciel
les accompagne !
La Roumanie restera donc neutre, parce
qu'elle le veut. et elle le veut parce que
son intérêt l'exige. Les déclarations les
plus formelles de notre foreign-office ont
annoncé cette po itique à tou* les cabinets
des puissances garantes,et la Sublime-Porte
nous en a remerciés. — Les 4,000 homme.
envoyés pour garder la frontière roumaine
entre Piket et Ortova, c'est-à-dire Je long
de la rive du Danube qui fait face à la Ser..
bie, ne sont que le résultat d'une mesure
de prudence bien entendue pour empêcher
toute violation defron ières et toute forma-
tion de corps armés ; le télégraphe spéeial
établi le long de cette zone n'est qu'une né*,
cessité résultant de ce cordon militaire.
Loin d'avoir pour but d'empêcher les
canonnières turques d'entrer dans les eaux
serbes ou roumaines (comme l'annoncent
plusieurs dépêche.), ces mesures sont la
conséquence naturelle de l'arrangement qui
vient d'être conclu par la Roumanie avec
la Serbie d'une part et la Tarquie de l'au-
tre, arrangement qui fait de la neutralité
de ces eaux un principe admis par les deux
belligérants. — Il faut le reconnaître, c'est
un succès pour la diplomatie roumaine que
cette convention, et la Chambre en a salué
l'annonce par des applaudissements una-
nimes. L'île turque d'Ada-Kalé est elle-
même neutralisée de fait et le ravitaille-
ment en est confié à l'administration rou-
maine.
Cette neutralité, très-réelle, de la Rou"
manie n'étouffe pas les sympathies parti*
culières, qui sont très-vives pour les Bal-
gares et les Serbes. Il se forme en ce mo-
ment à Bucharest un service très complet
et parfaitement organisé d'ambulances,
qui doivent se rendre d abord à Widdin et
aux environs ; il se fait aussi des sous-
criptions pour les blessés serbes ; mais tout
cela est dû à l'initiative privée, et nos lois
en garantissent le Ubr développement.
Pour nous les résultats de la guerre
s'égalisent très-sensiblement jusqu'ici,
mais deux facteurs peuvent en changer
tes termes d'un instant à l'autre'; l'un de
CI facteurs, c'est la possibilité qu'a la
Turquie dé réparer ses pertes, tandis que
la Serbie sera vite épuisée ; le second fac-
teur, c'e&t le développement, imprévu que
peut prendre l'insurrection bataare. Si la
Serbie se borne à une gaerre de monta-
gnes et de défilés, comme celle qui dure
depuis un an en Herzégovine, ses ressour-
ces militaires peuvent durer longtemps;
mais il est à craindre que le pays n en
sorte épuisé pour de longues annees. Si,
au contraire, la Serbie fait de la grande
guerre. il. est douteux qu'elle soit de force
à soutenir le choc. — Nous persistons à
croire à l'arrivée des deux puissances lu
plus engagées dans la question et les plqt
rapprochées du théâtre de l'action, la Rus-
sie et l'Autriche.
Nous pensons qu'il faudrait des événe-
menti imprévus et improbables, aujour-
d'hui, pour amener leur intervention, et
nous croyons que cette intervention aurait
lieu d'un commun accord. Pour nous, la
guerre sera localisée et elle se dénouera
par une intervention diplomatique con-
forme à la nature des événements qui l'au-
ront amende. C'est la solution la plus Id-
gique et celle que chacun doit détlirer'-
Je Vous tiendrai au courant des faits
nouveaux qui pourraient se produire.ici.'
C.
TT
Dépêches de source slave
Raguse, 18 juillet, soir.
La nuit dernière les Monténégrins ont atta.
qué un des forts près de Modun et Ratschi.
Oa ignore le résultat de l'engagement, qui a
été vif.
Belgrade, 19 juillet.
Un détachement de troupes, appartenant
au corps que commande le colonel Lescha-
nin. a attaqué hier Ollfman Paoha et lui a pris
trois positions. Après un combat opiniâtre,
les Tares, ayant reçu des renforts, ont repris
leurs positions.
Le Daily-News publie les dépêches sui-
vantes :
Belgrade, 18 juillet.
On dément officiellement les nouvelles que
les Tares soient entrés de quelque côté que
ce soit en Serbie, et qu'une division Serbe ait
été battue à Nova-Varosch.
Dépêches de source turque
Conetantinople, 18 juillet.
Conformément aux dépêches adressées par
lord Derby a l'ambassade d'Angleterre, sir
Elliott a chargé M.W. Baring, l'un de secré-
taire de l'ambassade, de faire une enquête sur
les oraautés que l'on dit avoir été commises
en Bulgarie, et dont on considère, du reste,
les récits comme très-inexacts, conjointement
avec la mission donnée à Khani Pacha.
Constantinople, 18 juillet.
L'armée turque franchit aujourd'hui la
frontière de la Serbie.
Scutari, 19 juillet.
Trois forteresses turques (Koules) ont été
détruites le 17, par les Monténégrins et les
Kutchiré; on dit mêm que les Turcs compre-
nant qu'ils ne ponvaient les garder, auraient
procédé les premiers à nette destruction.
Modum est de noaveaa bloqué.
Le pacha, goavernehr de la province, est
parti ce matin avec le oonsul d'Angleterre
pour Podgontza. On ne croit pas néanmoins
a une attaque sérieuse de sa part. -
Dépêches de sources diverses
L'agence télégraphique rusçe nous com-
munique la dépêche suivante :
Saint-Pétersbourg, 18 Juillet 1876,
11 h. 37 du soir.
D'après les informations de Constantinople
l'ageoo peut affirmer que, en rainon de l'état
de santé du sultan, aucun ambassadeur n'a pu
encore lui présenter ses lettres de créance. v
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