Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1876-07-18
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 juillet 1876 18 juillet 1876
Description : 1876/07/18 (A6,N1682). 1876/07/18 (A6,N1682).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7557241s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
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LE E SIÈCLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
RÉDACTION
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kmmome«, chez MM., LAGRANGE, CERF et e
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l'rois mois..,. 13 fr.
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Trois mois.» ».» 16 fr.
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InndBMi, chez MM. LAGRANGE, CERF Ml'e
9. Plam de la Boam. i
p '-, .,"¡; ; ;,
ELECTION D'UN DEPUTF;
(Du 16 juillet)
DÉPARTEMENT DU NORD
38 Circonscription de l'arrondissement de Lille
Inscrits : 11,367. — Votants : 5,284.
MM. A. Screpel, républicain. 5 284(Ëlu)
P. Catteau, bonapar. 4,221
Elections Msnicipales du 16 juillet
38 Arrond. — Quartier Bonne-Nouvelle.
Electeurs inscrits : 6,132
Votant.: 2,724
MM.
Pierrre Baragnon 1,149
Marais 603
Bourdin 529
Poirier 275
DivATS 37
Blancs et nuls 171
Bal nt âge,
18* Âfrûnd. — La Chapelle.
Inscrits : 3,033.
Votants : 1,734.
MM.
Manet 1,028 élu.
BoU 513
Mori 40
Divers 36
Blanci et nu's. 117
20* Arrondissement. — Charonne.
MM.
Inscrits : 3 631
Votants : 2,282
Calvinhac 1,193 élu.
Topart 1,097
Divers '2
Blancs et nuls 82
BULLETIN
Paris, le 17 juillet 1876.
Nous sommes toujours sans nouvelles
du théâtre de Ii guerre, et comme nos con-
frères d=> la presse paritienne, nous devons
nous abstenir de toute appréciation. Il
semble résulter des dépêches reçues qu'un
engagement a eu lieu prèJ de Z ait char,
mais on en ignore absolument le résultat.
Le correspondant du National télégraphie à
ce journal que la général autrichien Stra-
timirowich, qui servait sous Tchernaïeff, a
dû donner sa démifsion à la suite de con-
flits avec ce dernier à propos des opérations
militaires. Stratimirowich aurait été re-
conduit à la froutière. Voilà tout ce que
l'on sait quant à p ésent de Tchernaïeff
Le bruit avait couru que la Serbie aurait
demandé un armistice ; nous avons déjà
eu occasion de dire que nous ne croyons
pas à l'authenticité de cette nouvelle. Les
journaux viennois démentent le fait. D'au-
tre part, la Gazette d'Augsbourg déclare
que la Serbie n'a pas demandé l'interven-
tion de la Ruisie, et elle ajoute que l'Au-
je et la Russie sont disposées à repous
ser toute démarche de la Serbie tendant à
provoquer les négociations d'un armistice.
L'opinion généralement répandue est ce
pendant que la Serbie n'est pas en ce mo-
ment dans une situation favorable.
Ce qui nous ferait craindre qu'il en fût
ainsi, c'est que le Monténégro tient à dis-
tinguer sa eause de celle du princâ Milan,
Le Glas Tchernagovitza, joarnal ofil -iel
du Monténégro, explique ainsi qu'il uit la
nature des rapports qui existant entre les
deux principautés en lutte contre la Tur-
quie :
« Nous formons des vœux pour le suc-
cès des Serbes ; quant à conclure un traité
avec eux, cela nous est impossible, tu
égard à la nature toute différente des rap-
ports qui existent entre la principauté
serbe et la Turquie. Le Montenegro fait
réellement la guerre à la Porte, qui le re-
connaît comme belligérant, tandis qae la
Serbie et ua état vasval, qui ne peut mé-
connaître ses traités avec la Porte. Le
prince Nicolas n'est donc pas l'allié de la
Serbie dans la guerre qu'il fait à la Tur-
quie ; il agit isolément. La Serbie peut
être contidere- -tme l'alliée du Monté-
négro, en ce qu'elle affaiblit la Tur-
quie par la lutte qu'elle vient d'engager
avec cetti puissance. A ce point de vue,
loat ennemi de la Porte est notre allié. »
La Gazette allemande a reçu à cet
égard une dépêcha dans laquelle on lui dé-
clare qu'il ne serait pas impossible que la
Turquie cODclM la paix holément avec
le Montenegro en lui abandonnant l'Her-
zégovine. Si cette nouvelle se cOLfirme,
elle aurait pour résultat d'aggraver la ti-
tua-ion de la Serbie. Mais elle nous prou-
verait que conformément à ca que nous
avons dit, l'armée monténégrine a rem-
porté dei tuccès et qu'elle cause à la Porte
de vives inquiétudes.
Tous les jours il arrive des appréciations
diveries sur l'entrevue de Reichstadt. Les
journaux autrichiens en ,sont naturelle-
ment très-préoccupés.
La Nouvelle Presse libre et la Morgen
Post considèrent la fermeture des ports
d,:t.lmat.:a; comme une mure, justifiée il'
est vrai au point de vue des traités et de la
neutralité, mais dirigée surtout contre la
Turquie ; les deux journaux voient égale-
ment uans cette mesure une conséquence
des conférences de Reichstadt et en rappro-
chent la mouvement annexionniste en Bos
nie.
Le Tagblatt dit à ce propos : t Nous
constatons à regret l inflaence acquise par
la Russie dans ia question d'Orient. La
fermeture des ports dalmates est la plus
éclatante confirmation de 1 alliance au.tro.
russa. »
Nous voulons croire, dans l'intérêt du
maintien de la paix, à cette alliance aus
tro-russe. Il semble du reste en ce moment
qu'il souffle un vent de concorde. La Gazette
d'Augsbourg a reçu da sont correspondant
de Berlin une dépêche dans laquelle nou
lisons : -
« Il l'opère en ce moment un rapproche
ment entre l'Angleterre et leg puissances
du Nord. LordOioRa«se'il; qui paraît avoir
été chargé d'une mission importante, a
rendu visite à l'empereur Guillaume à
Wurzbourg, et au prince Bismarck à Ki,.
singen, d'où il reviendra ce soir à Berlin.
Mais, en revanche, aucune explication
n'a encore eu lieu entre l'Allemagne et
l'Autriche. L'entrevue projetée entre le
prince de Bismarck et b comte Andrarsy
est ajournée jusqu'à ce qu'un coup décirif
ait été fignalé sur le théâtre de la guerre.
PETITE BOURSE DU DIMANCHE
Boulevard des Italiens.
Trois heures.
Smpruat E 0/®.. 106 fr, 46 1/4, 45, 47 l/,
46 1/4.
5 0/0 tara 11 fr. 05. Demandée.
——————— .6 ———————
Un de nos confrères, généralement
bien informé de ce qui se passe dans
les régions officielles, se disait hier en
mesure d'affirmer le bon accord exis-
tant entre les divers membres du cabi-
net et M. le président de la Républi-
que. Nous en sommes ravis ; mais fran-
chement le contraire aurait lieu de
beaucoup nous surprendre.
Que les journaux de la réaction con-
tinuent à jeter feu et flamme contre le
ministère et l'accusent de complicité
avec la démagogie, rien de plus natu-
rel. Ils font leur métier. Mais le maré-
chal de Mac-Mahon doit savoir à quoi
s'en tenir, et même quand le hasard
lui fait tomber sous les yeux un numéro
du Français ou de quelque autre jour-
nal inspiré par les Broglie, les Buffet
ou les Dupanloup, M. le président
doit éprouver quelque gêne à voir la
façon dont on y traite ses ministres.
Il est hors de doute, en effet, que le
plus complet accord doit exister entre
le chef de l'Etat et le ministère ; mais
ce qu'il serait intéressant d'apprendre,
c'est sur quelle base cet accord est éta-
bli. On néglige malheureusement de
nous le dire, et faute d'indications pré.
cises, il faut bien s'en rapporter à ce
qu'on voit. Voici, par exemple, le der-
nier mouvement administratif paru à
l'Officiel. Il suffit d'y jeter les yeux
pour comprendre immédiatement qu'il
n'a pu être la cause de la plus légère
mésintelligence entre le maréchal et le
cabinet. Quelques mutations, quelques
avancements hiérarchiques ; et c'est
tout. Que M. le président doive être
satisfait, nous le croyons sans peine ;
mais qu'il en soit absolument de même
de tous les membres du cabinet, cela
nous semble plus difficile à admettre,
Or, c'est précisément le point sur le-
quel nous serioos bien aises d'être
éclairés ; cet accord, dont on se félicite
entre le ministère et la présidence, est-
il dû uniquement aux concessions des
ministres, ou bien à de mutuels sacri-
fices? Cette seconde hypothèse nous
paraît hélas ! bien invraisemblable, car
pour nous en tenir au mouvement al-
ministratif dont nous parlions tout à
1 heure, il est bien impossible d'y dé
couvrir la moindre trace de concessions
venant d'autre part que du cabinet. Il
n'est, assurément, pas une des nomina-
tions contenues dans le dernier décret
qui n'ait dû coûter beaucoup à M. le
ministre da l'intérieur. Son dévouement
à la constitution républicaine est trop
sincère pour qu'il n'ait pas éprouvé quel
que hésitation, voire quelque répugnance
à confier de nouveau dix huit ou vingt
sous-préfectures à des hommes notoi-
rement demeurés hostiles au régime
actuel.
S'il en est ainsi, et il n'est que trop
de raisons pour le craindre, faut-il se
féliciter bien vivement de cet accord en
tre le cabinet et la présidence ? La ques-
tion mérite examen ; aussi plusieurs
groupes républicains de la Chambre,
s'il faut en croire le Courrier de
France, se proposent-ils d'interpeller
le cabinet en ces termes :
« Nous demandons à interpeller M. le
garde des sceaux et M. le ministre de
l'intérieur sur le dernier mouvement
judiciaire et aur le dernier mouvement
administratif. »
Une interpellation en ce moment, à
la veille d'une bataille à livrer au Sé-
nat, et surtout à la veille d'une proro-
gation des Chambres, serait peut être
inopportune. Mais il n'en demeure pas
moins vrai qu'il importe à la dignité
du Parlement non moins qu'à l'honneur
du cabinet d'éclairer une situation éga-
lement inacceptable pour l'un et pour
l'autre. Le parti républicain n'a point
ménagé les prouves de son ardent dé-
sir d'éviter jusqu'à l'ombre d'un conflit.
Toutes les concessions que le ministère
lui a demandées, il les lui a patriotique-
ment accordées; mais c'est à charge
de revanche, et si les républicains de-
vaient perpétuellement toit donner
sans jamais rien obtenir, c'est pour le
coup que les intransigeants auraient le
droit de leur dire qu'ils jouent un rôle
de dupes.
Or, ce que nous disons pour le parti
républicain s'applique également au
ministère. Qu'il tienne compte des cir-
constances et accommode sa politique
aux nécessités du. moment, rien de
mieux. L'honorable M. de Mareère a eu
raison de dire l'autre jour qu'avant
tout ce que le pays demandait à ses
mandataires, c'était de conserver la Ré-
publique, dût on pour cela consentir à
l'ajournement de certaines réformes.
Mais il est des concessions qui nous
paraissent aller directement contre le
but ; celles, par exemple, qui concer-
nent notre personnel administratif.
Consentir, sous prétexte de conciliation
à laisser la garde de la République
aux mains de ses adversaires, c'est du-
perie pure et simple.
On ne nous fera jamais croire que
l'honorable M. de Marcère n'ait rien
trouvé de plus à faire que son dernier
mouvement administratif. Et cependant
c'est à cela qu'il s'est borné. Pourquoi?
N'est-il, en réalité, que le chef nominal
de l'administration française ? Eu ce
cas, quel en est le chef véritable ? Les
Chambres ont le droit de le savoir, car
s'il leur est permis de consentir à de
nombreux sacrifices pour assurer l'é-
quilibre. et la bonne harmonie d<*s pou-
voirs, elles ne sauraient, sans faillir
gravement à leur mandat, aller jusqu'à
laisser mettre en complet oubli les rè-
gles indispensables au fonctionnement
loyal du régime parlementaire consti-
tutiounel. Les ministres sont respoDsa-
bles ; ils ne peuvent l'être, honnête-
ment, qu'à la condition de jouir de toute
liberté dans le choix de leurs agents et
collaborateurs à tous les degrés. Cette
liberté, l'ont-ils ? Il faut enfla qu'on le
sache.
E. SCHNERB.
«<►»
Réception de l'ambassadeur de
Turquie et de l'ambassadeur,
d'Autriche-Hongrie.
Ainii que nous l'avons annoncé hier, le
président de la Réoublique a reç-, sa-
medi, au palais de l'Ely.étj, à quatre heures
moins un quart, Sa iy'k Pîcha, qui lui a
remit la lettre par laquelle le sultan Mou-
rad V notifie son avènement au trône.
Saiyck Pacha a présenté ensuite les
lettre. impériales qui le confirment en qua-
lité d'ambassadeur de Turquie auprè* du
gouvernement de la République française.
A quatre heures, M. le comte de W,mp-
fftn a eu l'honneur d'être rt çu en au-
dienc publique es, de remettre au maré
chai les lettres qui l'accréditent en quali-
té d'ambassadeur extraordinaire et pléni-
po!entiaire de l'empereur d'Autri he, roi de
Bohême, rbi apostolique de Hongrie.
M. le dac Dicazes, ministre des affaires
étrangères, assistait à l'audience.
M. le comte de Wiinpffen a adressé au
président le discours suivant :
Monsieur le président,
Jlai l'honneur de remettra à Votre Excel-
lence les lettres par lesquelles Sa Majesté Im-
périale et Royale Apostolique a daigoé m'ae
créditer comme son ambassaienr extraordi-
naire et plônipotenti sirr» auprès du présiient
de la République française.
Sa Majesté l'Eaapajeur et Roi, en me con-
fiant cette haute ruissioo, m'arecomminié de
mettre tous mati soios à maintenir et à déve-
lopper les relations d'amitié qai existent e-n.
tre les deux gouvernements, ainsi que les
bons rapporta basés sor de- nombreux inté-
rêts commaas qui unissent si heureusement
l'Autriche-Hongrie et la France.
Veuillez bien êtrq assuré, monsieur le ma-
réchal de toute ma soliicitnde et mes efforts
constants seront tendus vers ce bat.
L'ambassadeur a ensuite remis les lettres
impériales et royates au président, qui lui
a répondu :
Monsiear l'ambassadeur,
Votre auguste souverain vous a confié le
Jiote qu'oacopait liagaô e parmi nous un
noble et sympathique ami de notre pays.
Vous reprendrez la place que sa mort a
laissée vide.
L'accueil que vous êtes assuré de rencon-
trer ici répondra anx sentiments de mutuelle
cordialité dont vous venez de me faire en-
tendre l'exp ession. Je les partage entière-
ment moi-môme. Les efforts de mon gouver-
nement se joindront aux vôtres poar dévelop-
per encore cette communauté d'intérêts qui
unit par tant de liens DOt deax nations et qui
les rattache, l'une comme l'autre, à la canse
du maintien de la paix.
L'ambassadeur, les secrétaires et les at-
tachés de l'ambassade qui l'accompagnaient
ont été conduits à l'Elysée daos les voitu-
res du président de la République par l'in-
troducteur des ambassadeurs. Un régi
ment de ligne a randu les honneurs mili-
taires à l'ambassadeur.
Il a été reconduit, aprè l'audience, avec
le même cérémonial, à l'hôtel de l'ambas-
aade.
♦
LE MONUMENT
BE
PAUL-LOUIS COURIER
Hier a eu lieu à Véretz ia pose de la pre-
mière pierre du monument élevé à Paul-
Louis Courier, à la suite de la souscription
ouverte par le XIXOI Siècle. Nous rendrons
c(,mpte demain de la cérémonie.
Voici le discours prononcé à cette occa
tion par M. Abmt :
Messieurs,
A la fia de l'automne dernier, quand
M. Eugène R'gaut, revenant de ce
beau pays de Touraine, nous dit : La
tombe de Paul Louis Courier tombe en
ruines ; il faut la restaurer ou si quel-
que mauvais vouloir s'y oppose, élevons
à Véretz une pierre qui consacre la
gloire du grand polémiste et la recon-
naissance du parti libéral! » J'abon
dai dans son sens et je m'associai
du premier bond à son intention gé-
néreuse, sans lui dissimuler toutefois
que le succès de l'entreprise était su-
bordonné aux élections générales et au
gouverne neut que nous aurions après.
J'étais bûr de trouver l'argent chez les
lecteurs du XIXe Siècle l'appui chez
mes confrères de la presse républicai-
ne, le plan chez le plus désintéressé
et le plus savant de nos architectes,
le terrain chez les âmes dévotes de la
paroisse de Vérets. dévotes à la mémoire
de Paul-Louis et fidèles à ses idées : ce
serait bien le diable, eu effet, si le bon
grain, semé en bonne terre, ne faisait
pas une bonne moisson. Mais il y avait
un mais énorme que voici : la puis-
sance publique, l'autorité, le minis-
tère, puisqu'il faut l'appeler par son
nom, exerce un droit absolu sur
les manifestations de la reconnais-
sance nationale, et si Tartufe était mi-
nistre de l'intérieur, dix millions de
Français n'auraient pas le droit d'éle-
ver une statue à Molière.
J'osai pourtant ouvrir la souscription
de Paul Louis Courier sous le ministère
de M. Buffet. Elle donna en quelques
jours le peu que nous lui demandions,
et je m'empressai de la clore, n'ayant
jamais voulu surcharger d'un monument
pompeux le moins solennel de nos maî-
tres. Il nous fallut ensuite attendre, et
même assez longtemps, que le suffrage
universel élût la Chambre républicaine
qui a formé le ministère républicain qui
nous permet enfin d'être ici. Ce n'est donc
pas seulement à quelques centaines de
souscripteurs que Paul-Louis est redeva-
ble de cet hommage. Portez vos yeux
plus loin, vous verrez cinq ou six mil-
lions d'électeurs qui honorent le vignej
ron de la Chavonnière à la barbe de ses
vieux ennemis, les cagots. Oui, mes-
sieurs, si nous avons le droit de nous
réunir à Véretz autour de cette pierre,
c'est parce que la France a voté pour
la Révolution contre la réaction, pour
l'avenir contre le passé, pour la phi-
losophie libérale contre la supersti-
tion cléricale. C'est en vainqueurs que
nous élevons ce modeste trophée sur le
champ de bataille où Paul-Louis a com-
battu le bon combat.
Campons-y, puisque nous y sommes,
mais ne nous y endormons pas. Les
braves gens comptent un peu trop sur
le triomphe des idées justes ; on s'ima-
gine que la bonne cause est gagnée
sans appel chaque fois qu'on l'entend
plaider par un homme de talent.
Il est temps que l'expérience nous
rende un peu plus sages. Lorsqu'on a
bien fustigé l'ennemi, on le croit
mort et l'on n'y songe plus. Quant à
lui, il se relève, bassine ses contusions
et prépare sa revanche. Tous les génies
vraiment nationaux de la France, ont
tué le cléricalisme, et il ne s'en porte
que mieux : ni Rabalais. ni d'Aubigné,
ni les auteurs de la Satire Ménippée.
ni Pascal, ni Molière, ni Voltaire, ni
Beaumarchais, ni Courier, n'ont en-
terré ce calavre récalcitrant. Tartufe
n'a pas épousé la fille d'Orgon, mais il
a dû trouver son affaire dans une auke
famille, car il s'est reproduit, le scé-
lérat, et sa postérité pullule dans le
monde. Basile n'a peut-être plus ses en-
trées chez Bartolo, mais il trouvera des
millions, si bon lui- semble, pour fonder
l'université basilicale. Les jésuites, que
la loi ne connaît pas et qui ne rampent
que par tolérance, accaparent les fils
de bonne mère, les faufilent dans les
écoles de l'Etat et les poussent aux em-
l'èuitleton du XIX- SIÈCLE
17 juillet 1876
CAUSERIE
DRAMATIQUE
Le théâtre des Variétés vient de
donner ce qu'on appelle « une pièce
d'été », sous ce titre essentiellement
parisien : Les Jolies Filles de Grévin.
Or, c'estun public essentiellement étran-
ger que cet ouvrage est destiné à ré-
créer en ces jours caniculaires, où l'é-
migration des indigènes a pris des pro-
portions gigantesques. Chacun s'en est
allé, comme après les funérailles de
Marlborough, chercher la brise marine,
les sommets alpins ou les ombrages
frais de la simple campagne, le? uns
avec leur femme et les autres tout
seuls. La critique n'a donc pas grand
chose à voir dans ce produit d'exporta-
tion que sa clientèle naturelle vient
consommer sur place. Ces jolies filles-
là sont-elles bien celles dont Grévin,
d'un crayon spirituel et fin, a dessiné
la silhouette? Cela n'est pas absolu-
ment prouvé et, pour reprendre un jeu
de mots de Gavarni, si Grévin, appli-
quant à des galbes tout modernes le
système graphique des Egyptiens de
SeoÜis, a fixé d'un trait léger des
types qui ne passeront point, qu'est-ce
que cela fait aux gens qui passent ? ,
Ce n'est pas là ce qu'ils cherchent et,
peu au courant de la chronologie de
nos mœurs, il ne leur chaut guère de
voir des Lisettes de Béranger, des Mi-
mis de Mürger, ou ces minois chiffon-
nés que le spirituel dessinateur ajuste
si gracieusement au sommet de ces
corps sveltes au profil arqué, perchés
sur des souliers cambrés à hauts ta-
lons.
Les types adoptés par Grévin sont
d'une rare vérité ethnologique et té-
moignent d'un sens profond de l'an-
thropologie moderne. Sa « cocotte » ca-
ractéristique, légèrement idéalisée par
la grâce d'un crayon un peu sensuel,
réprésente bien ce qu'en hippiatrique
on appelle un « produit décousu ». La
beauté du diable sur un masque vul-
gaire, au nez retroussé, aux lèvres
savoureuses, aux dents petites et mor-
dantes ; la main potelée, creusée de
fossettes, aux doigts courts et effilés,
à la paume charnue ; les attaches un
peu engorgées au poignet et à la che-
ville; la hanche de l'aimée; l'allure
serpentine ; créature essentiellement
parasite, véritable orchidée, vivant
d'une sève empruntée et exhalant des
parfums énervants !
Au diable! dit Panurge, c'est trop
subtiliser ! Les auteurs de la pièce des
Variétés n'y ont pas regardé de si près
et n'ont pas été chercher midi à quatorze
heures. Sachant qu'ils n'avaient point
affaire à des abstracteurs de quintes-
sence, ils ont bâti une pièce « de fac-
ture » et n'ont eu qu'un tort, c'est de
ne le pas faire à la bonne franquette et
de s'embarrasser «V ins premier set-*, (ù
ils ont eu l'air de vouloir promettre
plus de beurre que de pain. Mais
comme le beurre n'était pas bien frais,
on n'a eu qu'à se féliciter de la parcimo-
nie avec laquelle ils en avaient enduit
la tartine. Le public a trouvé le pain
blanc suffisamment salé, la croûte cro-
quante, et comme il y allait d'un appé
tit sincère, il a avalé sa miche de la
meilleure grâce du monde.
Ne nous montrons donc pas trop dif-
ficiles : le festin n'était pas pour nous
et, du moment que les convives aux-
quels il était destiné s'en sont montrés
satisfaits, n'en demandons pas davan-
tage.-
Allez donc, filles de Grévin, allez et
péchez toujours, et que la canicule
vous soit légère !
Je ne dois pas oublier de dire que les
Jolies filles de Grévin sont signées
Léon et Frantz Baauvallet; que Mlle
Céline Montaland y rayonne de tout l'é-
clat de sa beauté, de sa santé et de sa
belle humeur, et que Mme Donvé est
charmante dans son travesti.
Le Palais-Royal a repris la char.
mante pièce de Gondinet, Gavaud, M-
nara et Cie, pour la rentrée de Mlle Ho-
norine dans le rôle de Mme Minard,
créé jadis par Alphonsine. Elle., a été
bien accueillie ; mais ce n'est pas du
tout la même chose ; ce n'est pas, en
effet, une mince entreprise que de faire
oublier une personnalité aussi accen-
tnée que celle d'Alphonsine, et cette
création de Mme Miaard avait été pour
elle un triomphe.
Cette reprise était accompagnée de
deux pièces nouvelles, en un acte.
L'Ombrelle, da M, Saint Aignan, est
un vrai vaudeville, destiné à devenir
un lever de fHLau 1.1::ui ie dléâL ia
Palais-Royal a, depuis un temps immé-
morial, le privilége et le secret,
Quant à la Partie d'échecs, de M
Paul Ferrier, c'est un imbroglio iné
narrable où une partie d'échecs comme
on n'en voit guère et un banc de jar-
din tout fraîchement et perfidemeni
peint en vert par un jardinier jaloux
apportent un contingent inépuisable de
situations plus burlesques les unes qu*
les autres. Vous savez comment on joue
ces choses-là au Palais Royal et avec
quelle verve et quel entrain son excel-
lente troup3 sait pousser les choses. Nf-
la défiez de rien, elle est capable de
tout.
On reproche à la plupart de nos théâ
très d'abuser des reprises et de ne pa*
offrir aux auteurs nouveaux l'occasion
de se produire : les théâtres libres ré-
pondent à cela qu'ils ont bien le droit
de mener leur affaire à leur guise et
que s'ils se préoccupent plus de la re-
cette d'aujourd'hui que de celle de de-
maint personne n'a rien à y voir. Mais
las théâtres subventionnés sont dans
un cas différent, et si M. le ministre de
l'instruction publique et des beanx-arts
voulait jeter un simple coup d'œil sur
la situation faite à cet art où Corneille,
Racine, Molière, Beaumarchais et quel-
ques autres ont brillé d'un certain
éclat, dont la France n'a pas dédaigné
le reflet, il s'apercevrait peut-être
qu'il y a quelque chose à faire.
Ainsi, on accuse l'Oiéon de ne justi-
fier en rien son titre de second Théâtre-
Français et de ne pas gagner son argent,
c'est à-dire 160 000 francs, représentés
par uu lo îàl gratuit, qu'on peat esti.
!i'\j' à 100 (Pl) iv. àê lover, et par
60000 fr. en pè .es. EhiJ,'li que 10-
déon, au lieu da fermer pendant trois
mois, soit contraint de jouer un certain
nombre de pièces inédites pendant l'été,
it qu'il fasse aux auteurs nouveaux et
aux débuts d'artistes cette place de
charité dans l'exploiation d'un privi-
iége où le principal a bien le droit de
figurer au moins comme aooessoire.
L'inobversation des clauses d'un cA-
hier des charges de la part d'un direc-
'eur rend l'intervention ministérielle
te droit et permet à l'autorité toutes les
modifications reconnues nécessaires,
pour ne pas dire toutes les représailles
d'un pouvoir discrétionnaire.
La Comédie-Française, qui s'éloigne
aussi, je n'en disconviens pas, mais dans
une mesure plus sage, 1e ses traditions
d'exploitation, du moins ne ferme pas
ses portes et profite assez ordinaire-
ment de la saison chaude pour risquer
quelques expériences dont il faut en-
core lui savoir gré.
C'est ce système là que je voudrais
voir adopter par toutes les entreprises
dramatiques. Il faudrait prendre car-
rément son parti de l'été, et une fois
juin venu et le dernier succès épuisé,
accepter franchement une saison ('été,
réduire le prix des places et jouer tous
les quinze jours une piè *e nouvel e. Que
s'il s'en trouvait une qui triomphât de
ta température et de la nonchalance
du public, tant mieux ; elle suivrait
alors aussi loin que possible sa carritre
inespérée et le théâtre y trouverait son
compte. On profiterait de Va situation
pour faire débuter des artistes nou-
veaux, pour essayer quelques vire,
ments d'emplois et te travail de la
création des rôles profiterait à ;""11': jc
moude.
Je lisais ces jours ci une notice sur
Coquelin, dans la colleeiion y.,! - -
-., -, - ,,\Áe
Comédiens et comédiennes, queSarcey
publie chez Jouallst, et j'y trouvais ceci :
De nos jours, dit mon judicieux con-
frère, — je cite le sens et non le texte
que je n'ai pas sous les yeux, — de nos
jours, les acteurs ont des chances bien
moins nombreuses que leurs prédéces-
seurs de se distinguer par des créations
nouvelles. Au temps où Régnier floris-
slit, par exemple, on montait une dou-
zaine de pièces par an : c'est à peine,
aujourd'hui; si un artiste en joue une.
S'il n'est pas compris dans la distribu-
tion, il peut rester un an, deux ans,
sans création nouvelle.
J'ajouterai que ce travail de création
de rôles est le moyen unique, unique,
entendez vous ! de faire des artistes. Et
cela aussi bien dans les théâtres de
chant que dans les théâtres de co.
médie. Aucun autre travail n'est l'é-
quivalent de celui là : la présence de
l'orateur, ses interprétations, ses con-
seils ; la disposition plastique de l'action,
les combinaisons de la mise en scène,
les modifications profondes ou de détail
qui se pratiquent pendant les répétitions
d'une pièce ; les essais des divers pro-
cédés employer pour rendre un senti-
ment ; le choix à faire dans l'immense
variété des mouvements, des inflexions,
des jeux de scène, tout cela, et bien
d'autres choses encore, constitue une
étude que rien ne Serait remplacer.
Aussi depuis qu'on joue si peu de
pièces nouvelles, vous ne voyez plus
aucun artiste nouveau sortir de la foule,
et, s'il en pst quelqu'un qui ait pu se
signaler nsr vne création heureuse, il
y a de grandes chances pour qu'il rr
stationnaire et n'arrive jam*''
loppement complet ,.. , .161.8
Prix mrnméw® h Pari. 1 Il Colutine - edpxptemqtnts » .M'"
Mardl.8 Jalfiet t S"
LE E SIÈCLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Réda.c:
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InndBMi, chez MM. LAGRANGE, CERF Ml'e
9. Plam de la Boam. i
p '-, .,"¡; ; ;,
ELECTION D'UN DEPUTF;
(Du 16 juillet)
DÉPARTEMENT DU NORD
38 Circonscription de l'arrondissement de Lille
Inscrits : 11,367. — Votants : 5,284.
MM. A. Screpel, républicain. 5 284(Ëlu)
P. Catteau, bonapar. 4,221
Elections Msnicipales du 16 juillet
38 Arrond. — Quartier Bonne-Nouvelle.
Electeurs inscrits : 6,132
Votant.: 2,724
MM.
Pierrre Baragnon 1,149
Marais 603
Bourdin 529
Poirier 275
DivATS 37
Blancs et nuls 171
Bal nt âge,
18* Âfrûnd. — La Chapelle.
Inscrits : 3,033.
Votants : 1,734.
MM.
Manet 1,028 élu.
BoU 513
Mori 40
Divers 36
Blanci et nu's. 117
20* Arrondissement. — Charonne.
MM.
Inscrits : 3 631
Votants : 2,282
Calvinhac 1,193 élu.
Topart 1,097
Divers '2
Blancs et nuls 82
BULLETIN
Paris, le 17 juillet 1876.
Nous sommes toujours sans nouvelles
du théâtre de Ii guerre, et comme nos con-
frères d=> la presse paritienne, nous devons
nous abstenir de toute appréciation. Il
semble résulter des dépêches reçues qu'un
engagement a eu lieu prèJ de Z ait char,
mais on en ignore absolument le résultat.
Le correspondant du National télégraphie à
ce journal que la général autrichien Stra-
timirowich, qui servait sous Tchernaïeff, a
dû donner sa démifsion à la suite de con-
flits avec ce dernier à propos des opérations
militaires. Stratimirowich aurait été re-
conduit à la froutière. Voilà tout ce que
l'on sait quant à p ésent de Tchernaïeff
Le bruit avait couru que la Serbie aurait
demandé un armistice ; nous avons déjà
eu occasion de dire que nous ne croyons
pas à l'authenticité de cette nouvelle. Les
journaux viennois démentent le fait. D'au-
tre part, la Gazette d'Augsbourg déclare
que la Serbie n'a pas demandé l'interven-
tion de la Ruisie, et elle ajoute que l'Au-
je et la Russie sont disposées à repous
ser toute démarche de la Serbie tendant à
provoquer les négociations d'un armistice.
L'opinion généralement répandue est ce
pendant que la Serbie n'est pas en ce mo-
ment dans une situation favorable.
Ce qui nous ferait craindre qu'il en fût
ainsi, c'est que le Monténégro tient à dis-
tinguer sa eause de celle du princâ Milan,
Le Glas Tchernagovitza, joarnal ofil -iel
du Monténégro, explique ainsi qu'il uit la
nature des rapports qui existant entre les
deux principautés en lutte contre la Tur-
quie :
« Nous formons des vœux pour le suc-
cès des Serbes ; quant à conclure un traité
avec eux, cela nous est impossible, tu
égard à la nature toute différente des rap-
ports qui existent entre la principauté
serbe et la Turquie. Le Montenegro fait
réellement la guerre à la Porte, qui le re-
connaît comme belligérant, tandis qae la
Serbie et ua état vasval, qui ne peut mé-
connaître ses traités avec la Porte. Le
prince Nicolas n'est donc pas l'allié de la
Serbie dans la guerre qu'il fait à la Tur-
quie ; il agit isolément. La Serbie peut
être contidere- -tme l'alliée du Monté-
négro, en ce qu'elle affaiblit la Tur-
quie par la lutte qu'elle vient d'engager
avec cetti puissance. A ce point de vue,
loat ennemi de la Porte est notre allié. »
La Gazette allemande a reçu à cet
égard une dépêcha dans laquelle on lui dé-
clare qu'il ne serait pas impossible que la
Turquie cODclM la paix holément avec
le Montenegro en lui abandonnant l'Her-
zégovine. Si cette nouvelle se cOLfirme,
elle aurait pour résultat d'aggraver la ti-
tua-ion de la Serbie. Mais elle nous prou-
verait que conformément à ca que nous
avons dit, l'armée monténégrine a rem-
porté dei tuccès et qu'elle cause à la Porte
de vives inquiétudes.
Tous les jours il arrive des appréciations
diveries sur l'entrevue de Reichstadt. Les
journaux autrichiens en ,sont naturelle-
ment très-préoccupés.
La Nouvelle Presse libre et la Morgen
Post considèrent la fermeture des ports
d,:t.lmat.:a; comme une mure, justifiée il'
est vrai au point de vue des traités et de la
neutralité, mais dirigée surtout contre la
Turquie ; les deux journaux voient égale-
ment uans cette mesure une conséquence
des conférences de Reichstadt et en rappro-
chent la mouvement annexionniste en Bos
nie.
Le Tagblatt dit à ce propos : t Nous
constatons à regret l inflaence acquise par
la Russie dans ia question d'Orient. La
fermeture des ports dalmates est la plus
éclatante confirmation de 1 alliance au.tro.
russa. »
Nous voulons croire, dans l'intérêt du
maintien de la paix, à cette alliance aus
tro-russe. Il semble du reste en ce moment
qu'il souffle un vent de concorde. La Gazette
d'Augsbourg a reçu da sont correspondant
de Berlin une dépêche dans laquelle nou
lisons : -
« Il l'opère en ce moment un rapproche
ment entre l'Angleterre et leg puissances
du Nord. LordOioRa«se'il; qui paraît avoir
été chargé d'une mission importante, a
rendu visite à l'empereur Guillaume à
Wurzbourg, et au prince Bismarck à Ki,.
singen, d'où il reviendra ce soir à Berlin.
Mais, en revanche, aucune explication
n'a encore eu lieu entre l'Allemagne et
l'Autriche. L'entrevue projetée entre le
prince de Bismarck et b comte Andrarsy
est ajournée jusqu'à ce qu'un coup décirif
ait été fignalé sur le théâtre de la guerre.
PETITE BOURSE DU DIMANCHE
Boulevard des Italiens.
Trois heures.
Smpruat E 0/®.. 106 fr, 46 1/4, 45, 47 l/,
46 1/4.
5 0/0 tara 11 fr. 05. Demandée.
——————— .6 ———————
Un de nos confrères, généralement
bien informé de ce qui se passe dans
les régions officielles, se disait hier en
mesure d'affirmer le bon accord exis-
tant entre les divers membres du cabi-
net et M. le président de la Républi-
que. Nous en sommes ravis ; mais fran-
chement le contraire aurait lieu de
beaucoup nous surprendre.
Que les journaux de la réaction con-
tinuent à jeter feu et flamme contre le
ministère et l'accusent de complicité
avec la démagogie, rien de plus natu-
rel. Ils font leur métier. Mais le maré-
chal de Mac-Mahon doit savoir à quoi
s'en tenir, et même quand le hasard
lui fait tomber sous les yeux un numéro
du Français ou de quelque autre jour-
nal inspiré par les Broglie, les Buffet
ou les Dupanloup, M. le président
doit éprouver quelque gêne à voir la
façon dont on y traite ses ministres.
Il est hors de doute, en effet, que le
plus complet accord doit exister entre
le chef de l'Etat et le ministère ; mais
ce qu'il serait intéressant d'apprendre,
c'est sur quelle base cet accord est éta-
bli. On néglige malheureusement de
nous le dire, et faute d'indications pré.
cises, il faut bien s'en rapporter à ce
qu'on voit. Voici, par exemple, le der-
nier mouvement administratif paru à
l'Officiel. Il suffit d'y jeter les yeux
pour comprendre immédiatement qu'il
n'a pu être la cause de la plus légère
mésintelligence entre le maréchal et le
cabinet. Quelques mutations, quelques
avancements hiérarchiques ; et c'est
tout. Que M. le président doive être
satisfait, nous le croyons sans peine ;
mais qu'il en soit absolument de même
de tous les membres du cabinet, cela
nous semble plus difficile à admettre,
Or, c'est précisément le point sur le-
quel nous serioos bien aises d'être
éclairés ; cet accord, dont on se félicite
entre le ministère et la présidence, est-
il dû uniquement aux concessions des
ministres, ou bien à de mutuels sacri-
fices? Cette seconde hypothèse nous
paraît hélas ! bien invraisemblable, car
pour nous en tenir au mouvement al-
ministratif dont nous parlions tout à
1 heure, il est bien impossible d'y dé
couvrir la moindre trace de concessions
venant d'autre part que du cabinet. Il
n'est, assurément, pas une des nomina-
tions contenues dans le dernier décret
qui n'ait dû coûter beaucoup à M. le
ministre da l'intérieur. Son dévouement
à la constitution républicaine est trop
sincère pour qu'il n'ait pas éprouvé quel
que hésitation, voire quelque répugnance
à confier de nouveau dix huit ou vingt
sous-préfectures à des hommes notoi-
rement demeurés hostiles au régime
actuel.
S'il en est ainsi, et il n'est que trop
de raisons pour le craindre, faut-il se
féliciter bien vivement de cet accord en
tre le cabinet et la présidence ? La ques-
tion mérite examen ; aussi plusieurs
groupes républicains de la Chambre,
s'il faut en croire le Courrier de
France, se proposent-ils d'interpeller
le cabinet en ces termes :
« Nous demandons à interpeller M. le
garde des sceaux et M. le ministre de
l'intérieur sur le dernier mouvement
judiciaire et aur le dernier mouvement
administratif. »
Une interpellation en ce moment, à
la veille d'une bataille à livrer au Sé-
nat, et surtout à la veille d'une proro-
gation des Chambres, serait peut être
inopportune. Mais il n'en demeure pas
moins vrai qu'il importe à la dignité
du Parlement non moins qu'à l'honneur
du cabinet d'éclairer une situation éga-
lement inacceptable pour l'un et pour
l'autre. Le parti républicain n'a point
ménagé les prouves de son ardent dé-
sir d'éviter jusqu'à l'ombre d'un conflit.
Toutes les concessions que le ministère
lui a demandées, il les lui a patriotique-
ment accordées; mais c'est à charge
de revanche, et si les républicains de-
vaient perpétuellement toit donner
sans jamais rien obtenir, c'est pour le
coup que les intransigeants auraient le
droit de leur dire qu'ils jouent un rôle
de dupes.
Or, ce que nous disons pour le parti
républicain s'applique également au
ministère. Qu'il tienne compte des cir-
constances et accommode sa politique
aux nécessités du. moment, rien de
mieux. L'honorable M. de Mareère a eu
raison de dire l'autre jour qu'avant
tout ce que le pays demandait à ses
mandataires, c'était de conserver la Ré-
publique, dût on pour cela consentir à
l'ajournement de certaines réformes.
Mais il est des concessions qui nous
paraissent aller directement contre le
but ; celles, par exemple, qui concer-
nent notre personnel administratif.
Consentir, sous prétexte de conciliation
à laisser la garde de la République
aux mains de ses adversaires, c'est du-
perie pure et simple.
On ne nous fera jamais croire que
l'honorable M. de Marcère n'ait rien
trouvé de plus à faire que son dernier
mouvement administratif. Et cependant
c'est à cela qu'il s'est borné. Pourquoi?
N'est-il, en réalité, que le chef nominal
de l'administration française ? Eu ce
cas, quel en est le chef véritable ? Les
Chambres ont le droit de le savoir, car
s'il leur est permis de consentir à de
nombreux sacrifices pour assurer l'é-
quilibre. et la bonne harmonie d<*s pou-
voirs, elles ne sauraient, sans faillir
gravement à leur mandat, aller jusqu'à
laisser mettre en complet oubli les rè-
gles indispensables au fonctionnement
loyal du régime parlementaire consti-
tutiounel. Les ministres sont respoDsa-
bles ; ils ne peuvent l'être, honnête-
ment, qu'à la condition de jouir de toute
liberté dans le choix de leurs agents et
collaborateurs à tous les degrés. Cette
liberté, l'ont-ils ? Il faut enfla qu'on le
sache.
E. SCHNERB.
«<►»
Réception de l'ambassadeur de
Turquie et de l'ambassadeur,
d'Autriche-Hongrie.
Ainii que nous l'avons annoncé hier, le
président de la Réoublique a reç-, sa-
medi, au palais de l'Ely.étj, à quatre heures
moins un quart, Sa iy'k Pîcha, qui lui a
remit la lettre par laquelle le sultan Mou-
rad V notifie son avènement au trône.
Saiyck Pacha a présenté ensuite les
lettre. impériales qui le confirment en qua-
lité d'ambassadeur de Turquie auprè* du
gouvernement de la République française.
A quatre heures, M. le comte de W,mp-
fftn a eu l'honneur d'être rt çu en au-
dienc publique es, de remettre au maré
chai les lettres qui l'accréditent en quali-
té d'ambassadeur extraordinaire et pléni-
po!entiaire de l'empereur d'Autri he, roi de
Bohême, rbi apostolique de Hongrie.
M. le dac Dicazes, ministre des affaires
étrangères, assistait à l'audience.
M. le comte de Wiinpffen a adressé au
président le discours suivant :
Monsieur le président,
Jlai l'honneur de remettra à Votre Excel-
lence les lettres par lesquelles Sa Majesté Im-
périale et Royale Apostolique a daigoé m'ae
créditer comme son ambassaienr extraordi-
naire et plônipotenti sirr» auprès du présiient
de la République française.
Sa Majesté l'Eaapajeur et Roi, en me con-
fiant cette haute ruissioo, m'arecomminié de
mettre tous mati soios à maintenir et à déve-
lopper les relations d'amitié qai existent e-n.
tre les deux gouvernements, ainsi que les
bons rapporta basés sor de- nombreux inté-
rêts commaas qui unissent si heureusement
l'Autriche-Hongrie et la France.
Veuillez bien êtrq assuré, monsieur le ma-
réchal de toute ma soliicitnde et mes efforts
constants seront tendus vers ce bat.
L'ambassadeur a ensuite remis les lettres
impériales et royates au président, qui lui
a répondu :
Monsiear l'ambassadeur,
Votre auguste souverain vous a confié le
Jiote qu'oacopait liagaô e parmi nous un
noble et sympathique ami de notre pays.
Vous reprendrez la place que sa mort a
laissée vide.
L'accueil que vous êtes assuré de rencon-
trer ici répondra anx sentiments de mutuelle
cordialité dont vous venez de me faire en-
tendre l'exp ession. Je les partage entière-
ment moi-môme. Les efforts de mon gouver-
nement se joindront aux vôtres poar dévelop-
per encore cette communauté d'intérêts qui
unit par tant de liens DOt deax nations et qui
les rattache, l'une comme l'autre, à la canse
du maintien de la paix.
L'ambassadeur, les secrétaires et les at-
tachés de l'ambassade qui l'accompagnaient
ont été conduits à l'Elysée daos les voitu-
res du président de la République par l'in-
troducteur des ambassadeurs. Un régi
ment de ligne a randu les honneurs mili-
taires à l'ambassadeur.
Il a été reconduit, aprè l'audience, avec
le même cérémonial, à l'hôtel de l'ambas-
aade.
♦
LE MONUMENT
BE
PAUL-LOUIS COURIER
Hier a eu lieu à Véretz ia pose de la pre-
mière pierre du monument élevé à Paul-
Louis Courier, à la suite de la souscription
ouverte par le XIXOI Siècle. Nous rendrons
c(,mpte demain de la cérémonie.
Voici le discours prononcé à cette occa
tion par M. Abmt :
Messieurs,
A la fia de l'automne dernier, quand
M. Eugène R'gaut, revenant de ce
beau pays de Touraine, nous dit : La
tombe de Paul Louis Courier tombe en
ruines ; il faut la restaurer ou si quel-
que mauvais vouloir s'y oppose, élevons
à Véretz une pierre qui consacre la
gloire du grand polémiste et la recon-
naissance du parti libéral! » J'abon
dai dans son sens et je m'associai
du premier bond à son intention gé-
néreuse, sans lui dissimuler toutefois
que le succès de l'entreprise était su-
bordonné aux élections générales et au
gouverne neut que nous aurions après.
J'étais bûr de trouver l'argent chez les
lecteurs du XIXe Siècle l'appui chez
mes confrères de la presse républicai-
ne, le plan chez le plus désintéressé
et le plus savant de nos architectes,
le terrain chez les âmes dévotes de la
paroisse de Vérets. dévotes à la mémoire
de Paul-Louis et fidèles à ses idées : ce
serait bien le diable, eu effet, si le bon
grain, semé en bonne terre, ne faisait
pas une bonne moisson. Mais il y avait
un mais énorme que voici : la puis-
sance publique, l'autorité, le minis-
tère, puisqu'il faut l'appeler par son
nom, exerce un droit absolu sur
les manifestations de la reconnais-
sance nationale, et si Tartufe était mi-
nistre de l'intérieur, dix millions de
Français n'auraient pas le droit d'éle-
ver une statue à Molière.
J'osai pourtant ouvrir la souscription
de Paul Louis Courier sous le ministère
de M. Buffet. Elle donna en quelques
jours le peu que nous lui demandions,
et je m'empressai de la clore, n'ayant
jamais voulu surcharger d'un monument
pompeux le moins solennel de nos maî-
tres. Il nous fallut ensuite attendre, et
même assez longtemps, que le suffrage
universel élût la Chambre républicaine
qui a formé le ministère républicain qui
nous permet enfin d'être ici. Ce n'est donc
pas seulement à quelques centaines de
souscripteurs que Paul-Louis est redeva-
ble de cet hommage. Portez vos yeux
plus loin, vous verrez cinq ou six mil-
lions d'électeurs qui honorent le vignej
ron de la Chavonnière à la barbe de ses
vieux ennemis, les cagots. Oui, mes-
sieurs, si nous avons le droit de nous
réunir à Véretz autour de cette pierre,
c'est parce que la France a voté pour
la Révolution contre la réaction, pour
l'avenir contre le passé, pour la phi-
losophie libérale contre la supersti-
tion cléricale. C'est en vainqueurs que
nous élevons ce modeste trophée sur le
champ de bataille où Paul-Louis a com-
battu le bon combat.
Campons-y, puisque nous y sommes,
mais ne nous y endormons pas. Les
braves gens comptent un peu trop sur
le triomphe des idées justes ; on s'ima-
gine que la bonne cause est gagnée
sans appel chaque fois qu'on l'entend
plaider par un homme de talent.
Il est temps que l'expérience nous
rende un peu plus sages. Lorsqu'on a
bien fustigé l'ennemi, on le croit
mort et l'on n'y songe plus. Quant à
lui, il se relève, bassine ses contusions
et prépare sa revanche. Tous les génies
vraiment nationaux de la France, ont
tué le cléricalisme, et il ne s'en porte
que mieux : ni Rabalais. ni d'Aubigné,
ni les auteurs de la Satire Ménippée.
ni Pascal, ni Molière, ni Voltaire, ni
Beaumarchais, ni Courier, n'ont en-
terré ce calavre récalcitrant. Tartufe
n'a pas épousé la fille d'Orgon, mais il
a dû trouver son affaire dans une auke
famille, car il s'est reproduit, le scé-
lérat, et sa postérité pullule dans le
monde. Basile n'a peut-être plus ses en-
trées chez Bartolo, mais il trouvera des
millions, si bon lui- semble, pour fonder
l'université basilicale. Les jésuites, que
la loi ne connaît pas et qui ne rampent
que par tolérance, accaparent les fils
de bonne mère, les faufilent dans les
écoles de l'Etat et les poussent aux em-
l'èuitleton du XIX- SIÈCLE
17 juillet 1876
CAUSERIE
DRAMATIQUE
Le théâtre des Variétés vient de
donner ce qu'on appelle « une pièce
d'été », sous ce titre essentiellement
parisien : Les Jolies Filles de Grévin.
Or, c'estun public essentiellement étran-
ger que cet ouvrage est destiné à ré-
créer en ces jours caniculaires, où l'é-
migration des indigènes a pris des pro-
portions gigantesques. Chacun s'en est
allé, comme après les funérailles de
Marlborough, chercher la brise marine,
les sommets alpins ou les ombrages
frais de la simple campagne, le? uns
avec leur femme et les autres tout
seuls. La critique n'a donc pas grand
chose à voir dans ce produit d'exporta-
tion que sa clientèle naturelle vient
consommer sur place. Ces jolies filles-
là sont-elles bien celles dont Grévin,
d'un crayon spirituel et fin, a dessiné
la silhouette? Cela n'est pas absolu-
ment prouvé et, pour reprendre un jeu
de mots de Gavarni, si Grévin, appli-
quant à des galbes tout modernes le
système graphique des Egyptiens de
SeoÜis, a fixé d'un trait léger des
types qui ne passeront point, qu'est-ce
que cela fait aux gens qui passent ? ,
Ce n'est pas là ce qu'ils cherchent et,
peu au courant de la chronologie de
nos mœurs, il ne leur chaut guère de
voir des Lisettes de Béranger, des Mi-
mis de Mürger, ou ces minois chiffon-
nés que le spirituel dessinateur ajuste
si gracieusement au sommet de ces
corps sveltes au profil arqué, perchés
sur des souliers cambrés à hauts ta-
lons.
Les types adoptés par Grévin sont
d'une rare vérité ethnologique et té-
moignent d'un sens profond de l'an-
thropologie moderne. Sa « cocotte » ca-
ractéristique, légèrement idéalisée par
la grâce d'un crayon un peu sensuel,
réprésente bien ce qu'en hippiatrique
on appelle un « produit décousu ». La
beauté du diable sur un masque vul-
gaire, au nez retroussé, aux lèvres
savoureuses, aux dents petites et mor-
dantes ; la main potelée, creusée de
fossettes, aux doigts courts et effilés,
à la paume charnue ; les attaches un
peu engorgées au poignet et à la che-
ville; la hanche de l'aimée; l'allure
serpentine ; créature essentiellement
parasite, véritable orchidée, vivant
d'une sève empruntée et exhalant des
parfums énervants !
Au diable! dit Panurge, c'est trop
subtiliser ! Les auteurs de la pièce des
Variétés n'y ont pas regardé de si près
et n'ont pas été chercher midi à quatorze
heures. Sachant qu'ils n'avaient point
affaire à des abstracteurs de quintes-
sence, ils ont bâti une pièce « de fac-
ture » et n'ont eu qu'un tort, c'est de
ne le pas faire à la bonne franquette et
de s'embarrasser «V ins premier set-*, (ù
ils ont eu l'air de vouloir promettre
plus de beurre que de pain. Mais
comme le beurre n'était pas bien frais,
on n'a eu qu'à se féliciter de la parcimo-
nie avec laquelle ils en avaient enduit
la tartine. Le public a trouvé le pain
blanc suffisamment salé, la croûte cro-
quante, et comme il y allait d'un appé
tit sincère, il a avalé sa miche de la
meilleure grâce du monde.
Ne nous montrons donc pas trop dif-
ficiles : le festin n'était pas pour nous
et, du moment que les convives aux-
quels il était destiné s'en sont montrés
satisfaits, n'en demandons pas davan-
tage.-
Allez donc, filles de Grévin, allez et
péchez toujours, et que la canicule
vous soit légère !
Je ne dois pas oublier de dire que les
Jolies filles de Grévin sont signées
Léon et Frantz Baauvallet; que Mlle
Céline Montaland y rayonne de tout l'é-
clat de sa beauté, de sa santé et de sa
belle humeur, et que Mme Donvé est
charmante dans son travesti.
Le Palais-Royal a repris la char.
mante pièce de Gondinet, Gavaud, M-
nara et Cie, pour la rentrée de Mlle Ho-
norine dans le rôle de Mme Minard,
créé jadis par Alphonsine. Elle., a été
bien accueillie ; mais ce n'est pas du
tout la même chose ; ce n'est pas, en
effet, une mince entreprise que de faire
oublier une personnalité aussi accen-
tnée que celle d'Alphonsine, et cette
création de Mme Miaard avait été pour
elle un triomphe.
Cette reprise était accompagnée de
deux pièces nouvelles, en un acte.
L'Ombrelle, da M, Saint Aignan, est
un vrai vaudeville, destiné à devenir
un lever de fHLau 1.1::ui ie dléâL ia
Palais-Royal a, depuis un temps immé-
morial, le privilége et le secret,
Quant à la Partie d'échecs, de M
Paul Ferrier, c'est un imbroglio iné
narrable où une partie d'échecs comme
on n'en voit guère et un banc de jar-
din tout fraîchement et perfidemeni
peint en vert par un jardinier jaloux
apportent un contingent inépuisable de
situations plus burlesques les unes qu*
les autres. Vous savez comment on joue
ces choses-là au Palais Royal et avec
quelle verve et quel entrain son excel-
lente troup3 sait pousser les choses. Nf-
la défiez de rien, elle est capable de
tout.
On reproche à la plupart de nos théâ
très d'abuser des reprises et de ne pa*
offrir aux auteurs nouveaux l'occasion
de se produire : les théâtres libres ré-
pondent à cela qu'ils ont bien le droit
de mener leur affaire à leur guise et
que s'ils se préoccupent plus de la re-
cette d'aujourd'hui que de celle de de-
maint personne n'a rien à y voir. Mais
las théâtres subventionnés sont dans
un cas différent, et si M. le ministre de
l'instruction publique et des beanx-arts
voulait jeter un simple coup d'œil sur
la situation faite à cet art où Corneille,
Racine, Molière, Beaumarchais et quel-
ques autres ont brillé d'un certain
éclat, dont la France n'a pas dédaigné
le reflet, il s'apercevrait peut-être
qu'il y a quelque chose à faire.
Ainsi, on accuse l'Oiéon de ne justi-
fier en rien son titre de second Théâtre-
Français et de ne pas gagner son argent,
c'est à-dire 160 000 francs, représentés
par uu lo îàl gratuit, qu'on peat esti.
!i'\j' à 100 (Pl) iv. àê lover, et par
60000 fr. en pè .es. EhiJ,'li que 10-
déon, au lieu da fermer pendant trois
mois, soit contraint de jouer un certain
nombre de pièces inédites pendant l'été,
it qu'il fasse aux auteurs nouveaux et
aux débuts d'artistes cette place de
charité dans l'exploiation d'un privi-
iége où le principal a bien le droit de
figurer au moins comme aooessoire.
L'inobversation des clauses d'un cA-
hier des charges de la part d'un direc-
'eur rend l'intervention ministérielle
te droit et permet à l'autorité toutes les
modifications reconnues nécessaires,
pour ne pas dire toutes les représailles
d'un pouvoir discrétionnaire.
La Comédie-Française, qui s'éloigne
aussi, je n'en disconviens pas, mais dans
une mesure plus sage, 1e ses traditions
d'exploitation, du moins ne ferme pas
ses portes et profite assez ordinaire-
ment de la saison chaude pour risquer
quelques expériences dont il faut en-
core lui savoir gré.
C'est ce système là que je voudrais
voir adopter par toutes les entreprises
dramatiques. Il faudrait prendre car-
rément son parti de l'été, et une fois
juin venu et le dernier succès épuisé,
accepter franchement une saison ('été,
réduire le prix des places et jouer tous
les quinze jours une piè *e nouvel e. Que
s'il s'en trouvait une qui triomphât de
ta température et de la nonchalance
du public, tant mieux ; elle suivrait
alors aussi loin que possible sa carritre
inespérée et le théâtre y trouverait son
compte. On profiterait de Va situation
pour faire débuter des artistes nou-
veaux, pour essayer quelques vire,
ments d'emplois et te travail de la
création des rôles profiterait à ;""11': jc
moude.
Je lisais ces jours ci une notice sur
Coquelin, dans la colleeiion y.,! - -
-., -, - ,,\Áe
Comédiens et comédiennes, queSarcey
publie chez Jouallst, et j'y trouvais ceci :
De nos jours, dit mon judicieux con-
frère, — je cite le sens et non le texte
que je n'ai pas sous les yeux, — de nos
jours, les acteurs ont des chances bien
moins nombreuses que leurs prédéces-
seurs de se distinguer par des créations
nouvelles. Au temps où Régnier floris-
slit, par exemple, on montait une dou-
zaine de pièces par an : c'est à peine,
aujourd'hui; si un artiste en joue une.
S'il n'est pas compris dans la distribu-
tion, il peut rester un an, deux ans,
sans création nouvelle.
J'ajouterai que ce travail de création
de rôles est le moyen unique, unique,
entendez vous ! de faire des artistes. Et
cela aussi bien dans les théâtres de
chant que dans les théâtres de co.
médie. Aucun autre travail n'est l'é-
quivalent de celui là : la présence de
l'orateur, ses interprétations, ses con-
seils ; la disposition plastique de l'action,
les combinaisons de la mise en scène,
les modifications profondes ou de détail
qui se pratiquent pendant les répétitions
d'une pièce ; les essais des divers pro-
cédés employer pour rendre un senti-
ment ; le choix à faire dans l'immense
variété des mouvements, des inflexions,
des jeux de scène, tout cela, et bien
d'autres choses encore, constitue une
étude que rien ne Serait remplacer.
Aussi depuis qu'on joue si peu de
pièces nouvelles, vous ne voyez plus
aucun artiste nouveau sortir de la foule,
et, s'il en pst quelqu'un qui ait pu se
signaler nsr vne création heureuse, il
y a de grandes chances pour qu'il rr
stationnaire et n'arrive jam*''
loppement complet ,.. , .161.8
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