Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1873-02-20
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 20 février 1873 20 février 1873
Description : 1873/02/20 (A3,N462). 1873/02/20 (A3,N462).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/03/2013
3e Année. — N° 462. * PRIX DU NUMÉRO : PARIS ilS CENTIMES - DÉPARTEMENTS 20 CENTIMES*
Jeudi iO Février 1873.
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JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
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RÉDACTION 1 - il
"adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit 1
2, rue Drouot. 2 ,
Les manuscrits non insérés seront rendus
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:. ABONNEMENTS .;;¡J.u
3 PARIS
Trois mois 13 fr.
Six mois. 25
Un an 50
DÉPARTEMENTS
Trois mois. 16 fr.
Six mois. 32
Un an 62
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AnBoneN, chez MM. LAGRANGE, CERF et C.
6, place de la BoarBe, 6
À*
ADMINISTRATION
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
, .: 2. rue Drouot. 2 j *
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1 f Les lettres mn affranchies seront refusées te
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ABONNEMENTS
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Trois mois. 13 fr.
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Un an. 50
DÉPARTEMENTS
Trois mois 16 fr.
Six mois. 32
Un an. 62
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Annonces, chez MM. LAGRANGE, CERF et C*
6, place de la Bourse, 6
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JOURNÉE POLITIQUE
: - i paad
Paris, 19 février 1815.
La proposition de M. Savary, relative
aux conditions de majorité requises pour
être nommé député dans les élections
partielles, a été discutée hier et adoptée
par l'Assemblée nationale; nous avons eu
l'occasion d'exposer plusieurs fois déjà la
f nature et le but de la réforme que M. Savary
* réclame, et l'on trouvera plus loin le
compte-rendu du débat.
Il n'y a pas d'autres nouvelles de Ver-
sailles, si ce n'est que le rapport de la
commission des trente a été communiqué
au président de la République, qui doit
l'examiner en conseil des ministres avant
de faire connaître d'une facon définitive ce
qu'il en rejette et ce qu'il en admet.
A Paris, cependant, on a éprouvé, dans
la soirée d'hier, une joyeuse émotion :
sur la foi de renseignements que l'on ne
croit pas erronés, le bruit s'est répandu
que la libération du territoire serait très-
prochaine. Un article paru le matin même
dans le Times, et que des télégrammesront
signalé à la Bourse, parlait de négociations
entamées dont il était permis de prédire
l'heureuse issue. Nous ne savons quoi que
ce soit d'officiel ou d'officieux ; mais nous
recueillons ces indices, qui éveillent en ce
moment même de patriotiques espérances.
M. l'ambassadeur d'Espagne a commu-
niqué à M. de Rémusat une circulaire
adressée par le nouveau gouvernement
républicain à ses agents diplomatiques.
Elle est signée de M. Castelar, qui est, on
s'en souvient, ministre des affaires étran-
gères à Madrid.
Nous pouvons louer sans réserve l'esprit
et le ton de ce document, où M. Castelar
s'est efforcé surtout de combattre les pré-
ventions et les défiances auxquelles la Ré-
publique espanole est naturellement ex-
posée, malgré la parfaite légalité de son ori-
gine. CI Votre Excellence s'efforcera, dit-il,
de dissiper toute préoccupation et d'incul-
per l'idée que cette République représente
la volonté nationale et offre des garanties
d'ordre public : tâchez de démontrer son
caractère pacifique tant à l'intérieur qu'à
l'extérieur, et tâchez enfin de faire voir
que notre patrie possède les vertus néces-
saires aux peuples qui sont mûrs pour se
gouverner eux-mêmes. »
Du reste, on voudra lire la circulaire en
son entier. Si nous avons été désagréable-
ment frappés de quelques erreurs politi-
ques commises le premier jour, et, en quel-
que sorte, à la première heure de cette ré-
volution d'Espagne, l'impression des jours
suivants est devenue bientôt plus favora-
ble ; les fautes où l'on est tombé nous pa-
raîtront, en effet, peu de chose, si nous
songeons aux fautes qu'on pouvait com-
mettre et que l'on a su éviter. Nous sommes
heureux de reconnaître chez MM. Figueras,
Castelar, Pi y Margall, Martos, de réelles
qualités de gouvernement, et nous faisons
des vœux pour que l'avenir réponde à ces
promesses. -
Nous avons annoncé brièvement hier
que M. Mermillod était exilé, par arrêté
-du conseil fédéral siégeant à Berne. « Me-
sure regrettable, » ajoutions-nous ; on a
imprimé « respectable, » mais ilest à peine
besoin de rectifier ce non-sens. Nos lec-
teurs savent que nous déplorons la poli-
tique violente et dangereuse où s'engage,
en Suisse, le pouvoir civil.
EUG. LIÉBERT.
+
LE RàPPORT DU DUC DE BROGLIE
S
Ainni que nous l'avions annoncé hier, la
commission des trente devait procéder à la
discussion du rapport de M. de Broglie. M.
Thiers ue voulait plus être entendu. Il
pensait, avïc juste raison, que le désaccord
était trop grand entre lui et la commis-
sion, pour qu'on pût se rencontrer sur
un terrain de conciliation. M. le rap-
porteur en a jugé autrement. Il n'a pas
voulu pcriver le président de la République
du plaisir de lire son œuvre, et il s'est
rendu en personne auprès de M. Barthé-
lemy-Saint-Hilaire pour le prier de re-
mettre au président de la République un
pli caciheté qu'il recommande à toute l'at-
tention du secrétaire général de la prési-
dence.
C'est une lettre de M. de Broglie lui-même l
qui communique au président, avec l'autori-
sation spéciale de la commission, le rap-
port manuscr it non encore adopté, dans l'es-
pérance d'arriver à une conciliation « qui
« est mon vœu le plus cher, » (c'est ainsi
oque s'exprime M. le rapporteur). Mais il
upplie le président de ne pas conserver
trop lontemps ce précieux manuscrit et de
le renvoyer le jour meme pour que la com-
mission puisse ensuite 1 adopter.
M. de Broglie avait d'abord prié M. Du-
faure de prendre connaissance du rapport ;
mais le garde des sceaux, désireux de dé-
gager sa responsabilité, et pensant d ajl-
ieurs qu'il serait peu convenable qu Il flit
saisi d'un document aussi important avant
le président de la République, avait fait
savoir à M. de Broglie quil désirait ne
connaître son manuscrit qu'en conseil des
iministres.
Nous n'avons pas besoin de dire que
3if de Broglie a bien su dans son rapport
(krer la pilule. Il bombarde d'éloges le
président Se la République et insiste néan-
moins sur ce point que M. Thiers est le
seul obstacle à la conciliation.
Nous n'apprendrons rien à nos lecteurs
en leur disant que, parlant au nom de la
commission, M. de Broglie déclare qu'on
ne s'oppose pas à l'organisation d'une se-
conie Chambre, qu'on ne s'oppose pas
non plus à régler les conditions de la
transmission du pouvoir, mais que rien
ne presse. C'est là toujours le nœud
de la difficulté. La commission deman-
de du temps pour examiner ces ques-
tions ; elle déclare qu'une sous-commis-
sion chargée de ce soin fonctionne en ce
moment et qu'il suffit de régler les rap-
ports du président avec l'Assemblée. En
somme, l'Assemblée ajourne toutes les dis-
positions conservatrices et par conséquent
ajourne l'organisation de la République.
Ce qui resd la situation très-nette. -
Après avoir pris connaissance du rap-
port, M. le président de la République a
envoyé à M. de Broglie la dépêche sui-
vante :
« Je vieus de lire votre rapport et, pour
ce qui me concerne personnellement, je
n'ai que des remercîments à vous faire.
Quant à certains points, qui pourraient
susciter des dissidences, j'ai besoin de
consulter le gouvernement, que j'ai convo-
qué de meilleure heure, sans toutefois le
réunir assez tôt pour vous donner une ré-
ponse à une heure. »
Le conseil des ministres s'est en effet
réuni à onze heures. A deux heures la dé-
libération n'était pas terminée. Disons
immédiatement que M. Thiers est décidé
à ne plus faire aucune concession et que
pour lui la situation est maintenant tres-
claire.
M. de Broglie n'ayant pas recu le
manuscrit, a communiqué à la commission
des trente le télégramme de M. Thiers et
la discussion a été ajournée. ''1\
C. R. -
————————
». ». ■)
LA LACHETÉ RÉPUBLICAINE
f l.at -
Nous ne connaissons pas M. deChamp-
vallier, et c'est un honneur qui sera peu
recherché désormais. Il est difficile de
sortir d'un mauvais pas d'une façon plus
piteuse qu'il ne l'a fait hier, et l'idée ne
nous viendrait assurément pas d'occuper
nos lecteurs de ce triste personnage si
la mauvaise action qu'il a commise n'é-.
tait pas le résultat d'un système à l'ordre
du jour parmi certains groupes de la
droite.
Ce système, que nous avons eu déjà.
bien des fois l'occasion de signaler, c'est
la diffamation, c'est l'injure, c'est la ca-
lomnie. A propos de tout, et, à plus forte
raison, de rien, le parti républicain en
bloc est vilipendé officiellement, c'est-à-
dire en pleine Assemblée, par quelque
Champvallier prudemment blotti derrière
ses collègues, et qui, se croyant sûr de
l'impunité, lance, en manière d'interrup-
tion, ane grosse injure anonyme, pré-
cieusement recueillie par les sténogra-
phes, dont c'est, d'ailleurs, le devoir.
Et le lendemain, on lit à l'Officiel
qu'un membre a traité les républicains
de voleurs ou de lâches !
Si, par hasard, l'insulteur s'est laissé
reconnaître, et qu'il se produise des pro-
testations, oh ! mon Dieu ! c'est bien
simple : le quidam monte à la tribune,
et il fait toutes les excuses qu'on lui
demande. « Je n'ai pas eu un seul in-
stant la pensée de faire allusion à mes
collègues ; il va de soi que je n'ai en-
tendu accuser personne dans cette
Assemblée.» Et, le plus souvent, on
passe à autre chose.
Il serait temps d'en finir avec les im-
pertinents anonymes ou plats; les dé-
putés républicains l'ont compris, et nous
les en félicitons. Ildevenait trop comme de,
en vérité, de pouvoir outrager tout un
parti, la plus grande portion du pays,
sauf à déclarer qu'on fait une exception
en faveur des hommes qui représentent
ce parti. Ce n'est pas leur honneur seu-
lement, c'est le nôtre, c'est l'honneur de
trois ou quatre millions de républicains
français que les députés ont le devoir de
protéger contre les atteintes des Champ -
valliers. Il faut que correction s'en suive
une bonne fois si l'on ne veut pas que
l'Assemblée, glissant sur la pente, dé-
génère en une boîte à giffles, ni plus
ni moins qu'un club du petit Rampon-
neau ou des Folies-Belleville.
Ceci dit pour un très-petit nombre seu-
lement des membres de l'Assemblée, car
nous nous plaisons à reconnaître que
les Champvalliers sont presque aussi
rares à Versailles que les d'Abovilles,
nous demandons à dire un mot sur le
fond même de l'incident dont nous ve-
nons de parler.
M. de Carayon-Latour était à la tri-
bune, et il exaltait, comme il convient,
la vaillance des mobiles qu'il a eu l'hon-
neur de commander pendant la guerre.
C'est alors que le personnage que vous
savez a jeté son interruption : « Ce n'é-
taient pas des républicains, ceux-là ! »
On pourrait répondre que rien n'est
moins prouvé, mais ces choses-là ne se
discutent pas, et, comme nous le disions
tout à l'heure, si nous avons relevé l'in-
cident, c'est qu'il témoigne de la mise en
pratique réglée du système qui consiste à
représenter les républicains comme des
types de couardise et de lâcheté. Tout
récemment nous avons dit ce que nous
pensions de cet outrage incessamment
jeté à la face des hommes du gouverne-
ment de la défense nationale ; l'occasion
sa présente aujourd'hui de parler de la
même accusation lancée contre des
millions de citoyens, et nous la sai-
sissons. ,
Voilà deux ans que la guerre est ter-
minée, et toutes les fois que l'occasion
s'en est offerte, souvent même en lui
faisant un peu violence, le parti monar-
chiste a rappelé son désintéressement,
sa vaillance et ses exploits. Il a relevé
soigneusement les noms des barons, vi-
comtes, comtes, marquis et ducs tombés
au champ d'honneur, et les a cités avec
orgueil à la tribune, dans ses journaux,
dans ses livres, dans ses brochures et
dans ses almanachs. Certes, la fierté,
dans ce cas, est de mise, et les gens de
roture, comme nous, ne se sont point
fait prier pour se découvrir avec respect
devant les cercueils blasonnés.
Mais , Ml
les plus malheureux osent pleurer le moins,
a dit Racine, et ne trouvez-vous pas qu'il
soit injuste de n'avoir jamais un mot
d'estime et de consolation pour ces mil-
liers de pauvres hères, en deuil eux
aussi, mais perdus dans la foule, et qui,
depuis deux ans, n'ont jamais entendu
faire allusion seulement à leurs morts
chéris ! Les vôtres, messieurs les monar-
chistes, s'appelaient le marquis de ceci,
le comte de cela, et l'on comprend que
ce soient des noms à citer. Mais pour un
comte, combien de Martin, de Bernard,
de Pierre, de Paul et de Jacques ? Com-
bien d'inconnus ? Combien d'innommés ?
C'étaient aussi des Français pourtant,
et de braves gens, de bons patriotes ! Ils
se sont battus; nul ne veut le savoir;
ils sont morts ; nul ne s'en souvient ; et
c'est bien naturel; ils étaient peuple et
le peuple est fait pour cela.
Eh bien ! non, c'est injuste. Château-
briand, qui n'avait pourtant pas le cœur
bien tendre, disait qu'il y a de la dou-
ceur à pleurer sur des maux qui n'ont
été pleurés de personne. Essayez, vous
qui ne vous attendrissez jamais que sur
des maux pleurés de tout le monde, et
peut-être éprouverez-vous, en effet,
qu'il est doux, et surtout légitime, de ne
point dédaigner les petits quand ils se
conduisent comme les grands, et de pleu-
rer la mort d'un humble quand il a su
mourir pour son pays, tout comme s'il
avait eu des ancêtres !
Il est vrai que les humbles sont plus
généralement républicains que monar-
chistes; et ce n'est point par cruauté
d'âme, ce n'est pas davantage par mé-
pris que l'on se refuse à rendre hom-
mage à leur patriotisme. C'est par esprit
de parti. Nul n'aura de courage hors les
monarchistes ; c'est faux, c'est absurde ;
on le sait; mais cela peut servir la cause.
Et sciemment on commet un déni de
justice ; on calomnie le peuple de France
parce que le peuple est républicain.
Si l'Europe croyait les insulteurs,
quelle idée croyez-vous donc qu'elle au-
rait de nous?
-v E. SCHNERB.
—♦ ————————
COURRIER PARLEMENTAIRE
Versailles, 18 février 1875.
« Faites attention à vous ou nous som-
mes perdus, Vous avez vu le vote d'hier! »
Ainsi parlait un chef de file légitimiste à
un éminent orléaniste, membre de la com-
mission des trente.
La droite pure a donc parfaitement
conscience que la journée d'hier a été mau-
vaise pour elle.
Nous, nous n'aurions point osé tirer du
vote d'hier une déduction touchant le pro-
chain débat politique. Et cependant!. Le
vote d'hier constituant une majorité contre
la droite dénote le bon sens de quelques-
uns : certains droitiers, qui reculent lors-
que les folies deviennent trop grandes, ne
sont point partisans de ces ordres du jour
fantaisistes qu'une ardente coterie intro-
duit, sans rime ni raison, dans toutes les
discussion?; ceux-là ont refusé, hier, de
s'engager plus avant dans la voie déplora-
ble et extra-parlementaire où les bouil-
lants veulent les pousser.
Ceux-là ne trouveront-ils pas de non
moins bonnes raisons pour ne pas s'enga-
ger dans l'impasse politique où la com-
mission des trente va tenter de les mener ?
C'est la crainte de la droite ; c'est notre
ferme espoir.
Cette malheureuse journée de lundi n'a
pas eu, fort heureusement, les suites qu'on
pouvait redouter. A l'animation du groupe
républicain qui entourait M. de Champ-
vallier une seconde après son insultante
apostrophe, nous avions bien deviné que
les choses n'en resteraient pas là.
En effet, immédiatement après la séan-
ce, MM. Adam et Laurent Pichat avaient
demandé à M. de Champvallier de leur
indiquer ses témoins, M. Langlois, qui
avait déjà fort malmené l'interrnpteur,
comptant suivre l'affaire jusqu'au bout. Le
soir même, une entrevue avait lieu entre
MM. Adam et Pichat, d'une part, et MM.
de Maillé et Carron, chargés des intérêts
de M. de ChamDvallier.
Ces deux derniers députés arrivaient
avec le procès-verbal revu, corrigé et con-
sidérablement diminué, de la séance, pro-
cès-verbal où M. de Champvallier retirait
tout, et — spécialement, ce qu'avait exigé
M. Schœlcher — retirait complétement
l'expression de « républicains. » On ne
peut pas demander plus à un homme,
n'est-ce pas ?
Et voilà comment il se fait que la séance
a été fort calme, sans la moindre rectifica-
tion au Journal officiel.
Il s'agit de discuter la proposition de M.
Savary. Expliquons-la en quelques lignes.
Aux termes de la loi du 15 mars 1849,
il suffit, pour être élu, de réunir la majo-
rité relative et un nombre de suffrages
égal au huitième du nombre des électeurs
inscrits. Aux termes de la proposition nou-
velle, on ne pourra être élu au premier
tour de scrutin sans avoir réuni : 1° la ma-
jorité absolue des suffrages exprimés ; 20
un nombre de suffrages égal au quart de
celui des électeurs inscrits.
C& projet, qui s'applique à l'Assemblée
actuelle, a contre lui l'inopportunité ,
puisque, précédant de peu la nouvelle loi
électorale et visant simplement les huit
élections à faire, il crée des conditions
d'admission différentes entre les nouveaux
arrivants et les anciens arrivés. Il a pour
lui un certain air de donne foi, de sincé-
rité, qui séduit au premier abord : pour être
député, il faut représenter au moins le
quart des électeurs.
M. Bertauld, le malin jurisconsulte du
centre gauehe, attaque la proposition Sa-
vary avec sa verve et son esprit ordinaires.
Il y a, paraît-il, à la Chambre, soixante-
dix députés qui n'ont pas satisfait aux
conditions qu'exige M. Savary, et M. Ber-
tauld en nomme quelques-uns, en faisant
suivre ou précéder leur nom de périphra-
ses louangeuses ou ironiques, comme on
n'en trouve que dans Homère.
A droite, il cite Mgr Dupanloup, MM. de
Ventavon, Benoist-d'Azy, de La Roche-
foucauld-Bisaccia, de Ségur, etc.
— Et à gauche ? lui crie-t-on de la
droite. -
— Attendez, attendez, j'y viens. A gau-
che, M. Thiers. Quant à cet esprit éclec-
tique que je ne sais comment classer, si
bien fait pour nous servir de trait d'union
à tous, M. Antonin Lefèvre-Pontalis.
Cette f<4s, on .rit longuement. Il paraît
jque Vt. lé rapporteur est hors sa loi.
Une petite querelle que nous allons faire
à M. Bertauld. Il nous rappelle trop Mlle
Fargueil! Que M. Bertauld ne nous en
veuille pas,—ni Mlle Fargueil non plus. Il
y a quelque quinze ans, Mlle Fargueil
disait bien et lancait la phrase avec une
certaine intonation qu'on applaudissait
fort; voulant sans doute forcer encore les
applaudissements, elle a forcé l'intona-
tion. Nous préférions celle de jadis. M.
Bertauld en est là : exploitant un vrai
filon de succès, il cherche maintenant à
trop lui faire rendre, et force un peu ses
effets, ses gestes, sa mimique, ses intona-
tions, ses apostrophes et ses à parte. Il est
un vers français qui dit carrément son
opinion en pareille matière.
Le débat n'a pas un intérêt énorme, et
l'on en connaît d'avance l'issue : la pro-
position Savary, acceptée par le gouverne-
ment, sera sûrement votée à une assez
forte majorité.
M. Savary défend son projet. La chose
est de rigueur. C'est un jeune homme, un
des plus jeunes parmi les jeunes de la
Chambre, mais un des vieux parmi les
vieux qui ont de l'aplomb à la tribune.
Ambitieux, très-travailleur, le jeune dé-
puté de la Manche est un des espoirs du
parti orléaniste. Il obtient un petit succès
tranquille.
M. Rolland, plaidant l'inopportunité,
demande le renvoi du projet à la commis-
sion électorale. M. le rapporteur s'y oppose.
Tout cela est très-anodin et peu bruyant.
On se remet de la séance d'hier.
Et le projet est voté avec la proportion
de 421 partisans contre 268 opposants.
M. Thiers a lu le rapport de la com-
mission des trente. Il paraît même qu'il a
fait à M. de Broglie des compliments pour
la forme. pour la forme du rapport, bien
entendu !
,,
PAUL LAFARGUE.
4
L'Eglise et le Théâtre
""hJ. - 4
une légende qui court Paris. La
donnée m'en avait paru invraisemblable,
je me suis informé et j'ai su que non-
seulement le fond, mais encore les moin-
dres détails, étaient exacts : ce conte est
donc la vérité même. • -
L'évêque d'Orléans, M. Dupanloup,
partant pour Rome l'an dernier, ordon-
na que l'on mît dans son wagon les
plus nouvelles publications de la librai-
rie profane. Il est glouton de livres au-
tant qu'il est prodigue d'anathèmes, et
se tient au courant de la littérature con-
temporaine pour la maudire à bon es-
cient.
On lui porta la provision qu'il avait
demandée, on la lui fit très-copieuse ; il
l'épuisa pourtant et lorsqu'il arriva aux
portes de la ville éternelle, il avait goûté
à tout, et jeté noblement par la portière
Dieu sait combien de livres condamnés.
Deux brochures, pas plus, échappèrent
à ce supplice : c'était les deux derniers
drames d'Alexandre Dumas fils : les Idées
de Madame Aubtay et la Princesse Geor-
ges.
L'histoire ne dit pas si M. d'Orléans,
mis en goût par ces deux ouvrages, a
fait prendre chez Michel Lévy la Dame
aux Camélias, le Demi-llonde et tous
ces chefs-d'œuvre applaudis, populaires,
immortels, qui ont fondé la gloire de
notre illustre ami. On aimerait à savoir
ce qu'il en pense, comme on prend un
vif intérêt à lire le jugemeat de Féne-
lon sur Molière et sa préférence mar-
quée pour les vers d'Amphitryon. Mais
sur ce point la légende est muette; elle
raconte seulement que M. Dupanloup,
suivant avec une attention sympathique
l'auteur qu'il avait découvert, prit un
nouveau plaisir à la lecture de Y Homme-
Femme, et regretta tout haut que Du-
mas n'eût pas fait imprimer la Femme
de Claude. « Je ne puis pourtant pas,
disait-il devant un ami, louer un fau-
teuil au Gymnase!
Ce propos fut transmis a l'auteur, qui,
comme chacun sait, est le plus courtois
et le plus obligeant des grands hommes.
Il prit la balle au bond, et envoya son
manuscrit à l'évêque.
Une affaire si heureusement engagée
ne pouvait s'arrêter à moitié chemin.
Dimanche donc, non pas dimanche der-
nier, mais celui d'avant, c'est-à dire le
9 février, Alexandre Dumas allait à Vi-
roflay déjeuner chez M. Dupanloup. Les
grands vicaires étaient de la fête, qui
fut, nous le croyons sans peine, une vé-
ritable fête de l'esprit. Je ne sais s'il est
vrai que l'un des assistants, encore sous
le charme, ait dit : « M. Dumas nous a
édifiés et nous l'avons amusé. » Ce qui est
positif, c'est que le terrible évêquea recon-
duit son hôte à la gare, par un froid assez
rigoureux, et qu'il doit imprimer bientôt
une brochure, ou du moins une lettre
publique pour prôner les derniers ou-
vrages de Dumas.
Pourquoi la tradition du Gymnase et
celle de l'Eglise ne permet-elle pas qu'un
évêque fasse une conférence avant le
lever du rideau? Le nom de M. Dupan-
loup sur l'affiche attirerait plus d'audi-
teurs que Sarcey, Paul Féval et M. Le-
gouvé lui-même, cet incomparable char-
meur, n'en ont jamais réuni. Quel aurieux
signe du temps, de ce temps difficile et
troublé où le destin nous condamne à
vivre ! L'Eglise et le théâtre, après un
long divorce, oubliant leurs dissenti-
ments, et associant leurs efforts pour
agir en commun sur les âmes ! Les en-
trepreneurs de fusion n'ont jamais rien
rêvé de plus étrange. Un pas de plus, et
nous revenons au bon temps des mystè-
res : les poètes et les évêques, accou-
plés en esprit, produisent des drames
sacrés qui se jouent dans les basiliques,
entre la messe et vêpres, aux jours de
fête carillonnée.
Que l'imagination d'un évêque ne s'ef-
fraie point d'une semblable perspective,
on le comprend. L'Eglise, en absorbant
le théâtre, ne perdrait rien et gagnerait
tout. Mais le théâtre, mes amis ? Rap-
pelons-nous le peu qu'il était avant son
émancipation, dressons la liste des chefs-
d'œuvre qu'il a produits, depuis Tartuffe
jusqu'au Demi-Jlonde,dans sa fière et dou-
loureuse liberté sous un grêle d'excom-
munications dévotes, et souhaitons qu'il
mérite encore longtemps la haine et le
mépris de l'Eglise !
ABOUT.
—————————— + —————————
COMMISSION DU BUDGET
y
Séance du 18 février 4873.
liUiV t -
M. le président de la République entretient la
commission du projet de loi sur les 140 millions
de la ville de Paris.
Il est accompagné par les ministres des fi-
nances et de l'intérieur.
< -
M. le président de la République déclare qu'il
comprend les demandes formulées pour Paris
et pour les départements, mais il croit néces-
saire de mettre la situation financière sous les
yeux de la commission, afin qu'elle sache bien
où en est le pays.
La situation financière est très-bonne, mais à
condition que l'on résiste à tous les entraîne-
ments et qu'onmaintienne soigneusement l'équi-
libre des budgets.
On propose de prendre sur le compte de li-
quidation; ce compte a été créé pour alléger le
budget des dépenses nécessaires à notre arme-
ment, au matériel de guerre, à l'entretien des
troupes allemandes, aux mobilisés, à la restau-
ration des monuments de Paris. Il s'élève déjà à
748 millions, et les ressources ne montent qu'à
G44 millions. Il y a donc un déficit de 104 mil-
lions.
L'augmenter, ce serait donner à croire que
l'on veut rouvrir le Grand-Livre, et cette pensée
ruinerait notre crédit en ébranlant la confiance
publique.
Il faut être prudent.
M. le président ajoute qu'il n'est pas disposé à
repousser toute allocation pour les départements
mais qu'il la voudrait moindre que 100 millions.
Quant au chiffre de 140 millions, il lui paraît
difficile à réduire.
M. Cochery expose avec beaucoup de force la
situation des départements envahis ; la loi du
6 septembre 1871 leur a conféré un droit véri-
table à un supplément d'indemnité. Il insiste
pour qu'un dédommagement immédiat soit ac-
cordé : il est impossible de donner satisfaction
à Paris sans donner également satisfaction à la
province.
M. Guichard croit nécessaire d'accepter le pro-
jet de loi en ce qui touche Paris, dont les droits
lui paraissent incontestables.
M. le ministre des finances insiste dans le
même sens.
M. Vitet, président de la commission, fait re-
marquer à M. le président de la République
qu'au point de vue même du crédit public il y a
intérêt à terminer la question des indemnités
à donner aux départements envahis. Cette
liquidation rassurerait les esprits qui voient,
dans la loi du C septembre, un inconnu qui les
effraye.
M. Thiers. dit qu'il faut aussi songer à ren-
dre les budgets possibles, et qu'il ne faut pas
oublier les sacrifices qu'exige la défense du
pays.
Il est donc nécessaire d'être prudent. Le
chiffre de Paris lui parait difficile à réduire. Pa-
ris ne doit pas être puni de sa résistance, qui
nous a sigulièrement relevés aux yeux de l'Eu-
rope.
Il y a là une dette sacrée.
M. Léonce de Lavergne propose de réduire à
la fois les sommes allouées à Paris et aux dé-
partements.
M. de Maillé croit qu'on pourrait se pro-
curer des ressources en s'abstenant de relever
les monuments de Paris et notamment les
Tuileries, qui coûteraient 24 millions à recons-
truire.
M. Peltereau-Villeneuve propose d'ajouter
10 centimes au principal des trois contributions
directes pour faire face aux 240 millions d'in-
demnité.
M. Thiers remarque que les centimes sont
notre dernière ressource, et qu'il serait impru-
dent d'en user. Quant à lui, il est au contraire
décidé à décharger les patentes.
Il prie la commission d'examiner de nouveau
la situation financière avant d'imposer au Tré-
sor cette charge de 240 millions, qui lui paraît
excessive.
Répondant à une interruption de M. André
(de la Charente), contestant l'indemnité de Pa-
ris, il ajoute : « Alors il ne fallait pas voter la
guerre, vous n'auriez rien à payer à Paris. »
La commission décide que l'on votera le dé-
dommagement à accorder aux départements, en
même temps que celui à accorder à la ville de
Paris.
Ces dédommagements seront déterminés d'a-
près les proportions déterminées antérieurement
fixées par le vote do la commission (140 mil-
lions et 100).
Elle renvoie au gouvernement le projet pour
savoir quelle réduction il veut faire.
« ;
M. de Rémusat a recu M. de Olozaga,
ambassadeur d'Espagne, qui lui a donné
lecture de la dépêche-circulaire suivante
du ministre d'Etat d'Espagne aux repré-
sentants espagnols à l'étranger, laquelle a
pour objet de notifier aux gouvernements
étrangers l'établissement de la Républi-
que en Espagne.
Madrid, 17 février.
• Excellence, TÏ
Les télégrammes adressés à Votre Excellence
par ce ministère l'auront informée que l'assem-
blée souveraine et la nation espagnole ont pro-
clamé, comme forme définitive du gouverne-
ment de l'Etat, la forme républicaine.
Cet acte n'est pas né de la révolution, ce n'est
pas le produit de la stupeur ni de la surprise; il
est sorti de la conscience recueillie et de la
volonté souveraine de deux Chambres qui, issues
récemment du suffrage universel, demandé par
l'autorité légitime et exercé en pleine paix, ont
pu se persuader que tel était, dans les circons-
tances actuelles, dès longtemps prévues, le sen-
timent national.
Tout en rendant pleine et entière justice aux
sentimeott de loyauté, aux intentions et au
sens constitutionnel du monarque, il est aussi
juste de dire qu'il n'a pas pu vaincre la répugnance
ipnée dans cette digne et fière nation vis-à-vis
de tout ce qui pouvait paraître, de loin ou de
près, à tort ou à raison, ternir son indépen-
dance.
Dans cet état de choses, le roi a résolu le
conflit d'une manière patriotique et élevée en
renonçant, pour lui et pour sas successeurs, à
la couronne d'Espagne. Une fois son intention
connue et sa renonciation divulguée, il n'y eut
dans l'opinion publiqne de tous les partis qu'une
idée, celle du besoin impérieux, incontestable
et suprême, de substituer à la monarchie la for-
me républicaine,
Les Cortès et la nation espagnole, avec un pa-
triotisme élevé, avec un sens politique dont il y
a bien peu d'exemples, avec une élévation d'i-
dées naturelle dans notre race, firent face tou-
tes les éventualités en formulant le vœu de l'o-
pinion publique par l'établissement de la forme
de gouvernement propres aux démocraties, la
ferme républicaine. Aucune pression intérieure,
aucune menace, aucun tumulte n'a influencé
leurs délibérations.
Le peuple tranquille, l'armée obéissante, tou-
tes les autorités dans le calme exercice de leurs
fonctions, tous les pouvoirs jouissant de leurs
pleins droits, nous passâmes de plein gré et
tranquillement par le vote des deux Chambres
réunies en assemblée nationale; on procéda en-
suite à la nomination du gouvernement natio-
nal, composé des représentants du peuple dont.
Votre Excellence a déjà connaiseance, et ce
gouvernement, aussitôt réuni, décida d'employer
toutes ses forces et toute son énergie à remplir
le mandat de l'Assemblée et conserver à tout
prix l'ordre public.
pr J'espère donc que Vetre Excellence, s'inspi-
rant de ses lumières et de son patriotisme, fera
savoir à ce gouvernement que la République
est déjà la forme définitive de notre Etat, et qne,
pour la maintenir et l'enraciner, nous comptons
sur le respect de la légalité du peuple espagnol,
si admirablement démontré pendant les quatre
dernières années du régime démocratique, et
sur la fidélité de l'armée, résolue à maintenir
la forme du gouvernement.
V olre Excellence s'attacnera a dissiper toute
préoccupation et à inculquer l'idée que cette
République représente la volonté nationale et of-
fre des garanties d'ordre publie; i attachez-vous
à démontrer son caractère pacifique, tant à l'in-
térieur qu'à l'extérieur; attachez-vous enfin à
montrer que notre patrie possède les vertus né-
cessaires aux peuples qui sont mûrs pour se
gouverner eux-mêmes.
Dissipez les préjugés qui pourraient régner
au dehors sur l'attitude de l'armée; ainsi que
nous sommes résolus à maintenir et à améliorer
son organisation, l'armée espagnole est décidée
à maintenir notre autorité, qui est légitime,
étant issue de la pensée et de la volonté de no-
tre peuple.
Veuillez donner lecture .pt laisser copie de
cette dépêche à M. le ministre des affaires étran-
gères.. ;--- tilt
tD Emilio Castelar. 94
Madrid, 12 février.
—————————— :—
NOUVELLES D'ESPAGNE
Le gouvernement espagnol va, dit-on,
essayer contre l'insurrection carliste d'un
expélient qui, s'il ne réussit pas, aura du
moins l'avantage de ne rien compromettre
et de ne rien coûter. Il s'agirait d'offrir
une amnistie aux insurgés, sous la condi-
tion de déposer les armes dans un délai
maximum de quinze jours.
Ajoutons que cet expédient est double-
ment indiqué par la situation actuelle. Le
carlisme proprement dit estau fond ce qu'il
y a de.moins sérieux dans la nouvelle insur-
rection carliste. C'est surtout la passion do-
minante de l'Espagnol, la haine de l'in-
fluence étrangère et de ce qui peut y
ressembler qui a recruté les bandes du
prétendant. L'abdicatiou d'Amédée en-
lève donc à l'insurrection sa principale
raison d'être , et il est plus que pro-
bable qu'une amnistie sans condition,
n'impliquant dès lors aucun sacrifice d'a-
mour-piopre, f ferait promptement le vide
autour de don Carlos.
En second lieu, et nous insistons sur
cette donnée, car elle est étrangement mé-
connue par quelques-uns de nos journaux,
l'idée fédérale, qui semble prévaloir dans
les aspirations du nouveau système, éta-
blit un point de contact entre la tradition
carliste et le programme républicain.
Les provinces basques se soumirent en
1840 moyennant la reconnaissance à titre
d'exception, c'est-à-dire à titre essentielle-
ment précaire, de leur autonomie locale ;
il serait donc facile, avec un peu de mo-
dération et d'habileté, de les gagner à un
régime qui assurerait définitivement cette
autonomie en lui donnant pour garantie
la loi constitutionnelle elle-même.
Quant à la Catalogne et à l'Aragon, ces
deux autres fovers de l'insurrection car-
liste, c'est à la perte de leurs fuerosque re-
monte leur insoumission traditionnelle
Jeudi iO Février 1873.
J .Ib
* Mis r * • fi
ffit
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
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RÉDACTION 1 - il
"adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit 1
2, rue Drouot. 2 ,
Les manuscrits non insérés seront rendus
- ***'
:. ABONNEMENTS .;;¡J.u
3 PARIS
Trois mois 13 fr.
Six mois. 25
Un an 50
DÉPARTEMENTS
Trois mois. 16 fr.
Six mois. 32
Un an 62
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AnBoneN, chez MM. LAGRANGE, CERF et C.
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, .: 2. rue Drouot. 2 j *
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1 f Les lettres mn affranchies seront refusées te
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Annonces, chez MM. LAGRANGE, CERF et C*
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JOURNÉE POLITIQUE
: - i paad
Paris, 19 février 1815.
La proposition de M. Savary, relative
aux conditions de majorité requises pour
être nommé député dans les élections
partielles, a été discutée hier et adoptée
par l'Assemblée nationale; nous avons eu
l'occasion d'exposer plusieurs fois déjà la
f nature et le but de la réforme que M. Savary
* réclame, et l'on trouvera plus loin le
compte-rendu du débat.
Il n'y a pas d'autres nouvelles de Ver-
sailles, si ce n'est que le rapport de la
commission des trente a été communiqué
au président de la République, qui doit
l'examiner en conseil des ministres avant
de faire connaître d'une facon définitive ce
qu'il en rejette et ce qu'il en admet.
A Paris, cependant, on a éprouvé, dans
la soirée d'hier, une joyeuse émotion :
sur la foi de renseignements que l'on ne
croit pas erronés, le bruit s'est répandu
que la libération du territoire serait très-
prochaine. Un article paru le matin même
dans le Times, et que des télégrammesront
signalé à la Bourse, parlait de négociations
entamées dont il était permis de prédire
l'heureuse issue. Nous ne savons quoi que
ce soit d'officiel ou d'officieux ; mais nous
recueillons ces indices, qui éveillent en ce
moment même de patriotiques espérances.
M. l'ambassadeur d'Espagne a commu-
niqué à M. de Rémusat une circulaire
adressée par le nouveau gouvernement
républicain à ses agents diplomatiques.
Elle est signée de M. Castelar, qui est, on
s'en souvient, ministre des affaires étran-
gères à Madrid.
Nous pouvons louer sans réserve l'esprit
et le ton de ce document, où M. Castelar
s'est efforcé surtout de combattre les pré-
ventions et les défiances auxquelles la Ré-
publique espanole est naturellement ex-
posée, malgré la parfaite légalité de son ori-
gine. CI Votre Excellence s'efforcera, dit-il,
de dissiper toute préoccupation et d'incul-
per l'idée que cette République représente
la volonté nationale et offre des garanties
d'ordre public : tâchez de démontrer son
caractère pacifique tant à l'intérieur qu'à
l'extérieur, et tâchez enfin de faire voir
que notre patrie possède les vertus néces-
saires aux peuples qui sont mûrs pour se
gouverner eux-mêmes. »
Du reste, on voudra lire la circulaire en
son entier. Si nous avons été désagréable-
ment frappés de quelques erreurs politi-
ques commises le premier jour, et, en quel-
que sorte, à la première heure de cette ré-
volution d'Espagne, l'impression des jours
suivants est devenue bientôt plus favora-
ble ; les fautes où l'on est tombé nous pa-
raîtront, en effet, peu de chose, si nous
songeons aux fautes qu'on pouvait com-
mettre et que l'on a su éviter. Nous sommes
heureux de reconnaître chez MM. Figueras,
Castelar, Pi y Margall, Martos, de réelles
qualités de gouvernement, et nous faisons
des vœux pour que l'avenir réponde à ces
promesses. -
Nous avons annoncé brièvement hier
que M. Mermillod était exilé, par arrêté
-du conseil fédéral siégeant à Berne. « Me-
sure regrettable, » ajoutions-nous ; on a
imprimé « respectable, » mais ilest à peine
besoin de rectifier ce non-sens. Nos lec-
teurs savent que nous déplorons la poli-
tique violente et dangereuse où s'engage,
en Suisse, le pouvoir civil.
EUG. LIÉBERT.
+
LE RàPPORT DU DUC DE BROGLIE
S
Ainni que nous l'avions annoncé hier, la
commission des trente devait procéder à la
discussion du rapport de M. de Broglie. M.
Thiers ue voulait plus être entendu. Il
pensait, avïc juste raison, que le désaccord
était trop grand entre lui et la commis-
sion, pour qu'on pût se rencontrer sur
un terrain de conciliation. M. le rap-
porteur en a jugé autrement. Il n'a pas
voulu pcriver le président de la République
du plaisir de lire son œuvre, et il s'est
rendu en personne auprès de M. Barthé-
lemy-Saint-Hilaire pour le prier de re-
mettre au président de la République un
pli caciheté qu'il recommande à toute l'at-
tention du secrétaire général de la prési-
dence.
C'est une lettre de M. de Broglie lui-même l
qui communique au président, avec l'autori-
sation spéciale de la commission, le rap-
port manuscr it non encore adopté, dans l'es-
pérance d'arriver à une conciliation « qui
« est mon vœu le plus cher, » (c'est ainsi
oque s'exprime M. le rapporteur). Mais il
upplie le président de ne pas conserver
trop lontemps ce précieux manuscrit et de
le renvoyer le jour meme pour que la com-
mission puisse ensuite 1 adopter.
M. de Broglie avait d'abord prié M. Du-
faure de prendre connaissance du rapport ;
mais le garde des sceaux, désireux de dé-
gager sa responsabilité, et pensant d ajl-
ieurs qu'il serait peu convenable qu Il flit
saisi d'un document aussi important avant
le président de la République, avait fait
savoir à M. de Broglie quil désirait ne
connaître son manuscrit qu'en conseil des
iministres.
Nous n'avons pas besoin de dire que
3if de Broglie a bien su dans son rapport
(krer la pilule. Il bombarde d'éloges le
président Se la République et insiste néan-
moins sur ce point que M. Thiers est le
seul obstacle à la conciliation.
Nous n'apprendrons rien à nos lecteurs
en leur disant que, parlant au nom de la
commission, M. de Broglie déclare qu'on
ne s'oppose pas à l'organisation d'une se-
conie Chambre, qu'on ne s'oppose pas
non plus à régler les conditions de la
transmission du pouvoir, mais que rien
ne presse. C'est là toujours le nœud
de la difficulté. La commission deman-
de du temps pour examiner ces ques-
tions ; elle déclare qu'une sous-commis-
sion chargée de ce soin fonctionne en ce
moment et qu'il suffit de régler les rap-
ports du président avec l'Assemblée. En
somme, l'Assemblée ajourne toutes les dis-
positions conservatrices et par conséquent
ajourne l'organisation de la République.
Ce qui resd la situation très-nette. -
Après avoir pris connaissance du rap-
port, M. le président de la République a
envoyé à M. de Broglie la dépêche sui-
vante :
« Je vieus de lire votre rapport et, pour
ce qui me concerne personnellement, je
n'ai que des remercîments à vous faire.
Quant à certains points, qui pourraient
susciter des dissidences, j'ai besoin de
consulter le gouvernement, que j'ai convo-
qué de meilleure heure, sans toutefois le
réunir assez tôt pour vous donner une ré-
ponse à une heure. »
Le conseil des ministres s'est en effet
réuni à onze heures. A deux heures la dé-
libération n'était pas terminée. Disons
immédiatement que M. Thiers est décidé
à ne plus faire aucune concession et que
pour lui la situation est maintenant tres-
claire.
M. de Broglie n'ayant pas recu le
manuscrit, a communiqué à la commission
des trente le télégramme de M. Thiers et
la discussion a été ajournée. ''1\
C. R. -
————————
». ». ■)
LA LACHETÉ RÉPUBLICAINE
f l.at -
Nous ne connaissons pas M. deChamp-
vallier, et c'est un honneur qui sera peu
recherché désormais. Il est difficile de
sortir d'un mauvais pas d'une façon plus
piteuse qu'il ne l'a fait hier, et l'idée ne
nous viendrait assurément pas d'occuper
nos lecteurs de ce triste personnage si
la mauvaise action qu'il a commise n'é-.
tait pas le résultat d'un système à l'ordre
du jour parmi certains groupes de la
droite.
Ce système, que nous avons eu déjà.
bien des fois l'occasion de signaler, c'est
la diffamation, c'est l'injure, c'est la ca-
lomnie. A propos de tout, et, à plus forte
raison, de rien, le parti républicain en
bloc est vilipendé officiellement, c'est-à-
dire en pleine Assemblée, par quelque
Champvallier prudemment blotti derrière
ses collègues, et qui, se croyant sûr de
l'impunité, lance, en manière d'interrup-
tion, ane grosse injure anonyme, pré-
cieusement recueillie par les sténogra-
phes, dont c'est, d'ailleurs, le devoir.
Et le lendemain, on lit à l'Officiel
qu'un membre a traité les républicains
de voleurs ou de lâches !
Si, par hasard, l'insulteur s'est laissé
reconnaître, et qu'il se produise des pro-
testations, oh ! mon Dieu ! c'est bien
simple : le quidam monte à la tribune,
et il fait toutes les excuses qu'on lui
demande. « Je n'ai pas eu un seul in-
stant la pensée de faire allusion à mes
collègues ; il va de soi que je n'ai en-
tendu accuser personne dans cette
Assemblée.» Et, le plus souvent, on
passe à autre chose.
Il serait temps d'en finir avec les im-
pertinents anonymes ou plats; les dé-
putés républicains l'ont compris, et nous
les en félicitons. Ildevenait trop comme de,
en vérité, de pouvoir outrager tout un
parti, la plus grande portion du pays,
sauf à déclarer qu'on fait une exception
en faveur des hommes qui représentent
ce parti. Ce n'est pas leur honneur seu-
lement, c'est le nôtre, c'est l'honneur de
trois ou quatre millions de républicains
français que les députés ont le devoir de
protéger contre les atteintes des Champ -
valliers. Il faut que correction s'en suive
une bonne fois si l'on ne veut pas que
l'Assemblée, glissant sur la pente, dé-
génère en une boîte à giffles, ni plus
ni moins qu'un club du petit Rampon-
neau ou des Folies-Belleville.
Ceci dit pour un très-petit nombre seu-
lement des membres de l'Assemblée, car
nous nous plaisons à reconnaître que
les Champvalliers sont presque aussi
rares à Versailles que les d'Abovilles,
nous demandons à dire un mot sur le
fond même de l'incident dont nous ve-
nons de parler.
M. de Carayon-Latour était à la tri-
bune, et il exaltait, comme il convient,
la vaillance des mobiles qu'il a eu l'hon-
neur de commander pendant la guerre.
C'est alors que le personnage que vous
savez a jeté son interruption : « Ce n'é-
taient pas des républicains, ceux-là ! »
On pourrait répondre que rien n'est
moins prouvé, mais ces choses-là ne se
discutent pas, et, comme nous le disions
tout à l'heure, si nous avons relevé l'in-
cident, c'est qu'il témoigne de la mise en
pratique réglée du système qui consiste à
représenter les républicains comme des
types de couardise et de lâcheté. Tout
récemment nous avons dit ce que nous
pensions de cet outrage incessamment
jeté à la face des hommes du gouverne-
ment de la défense nationale ; l'occasion
sa présente aujourd'hui de parler de la
même accusation lancée contre des
millions de citoyens, et nous la sai-
sissons. ,
Voilà deux ans que la guerre est ter-
minée, et toutes les fois que l'occasion
s'en est offerte, souvent même en lui
faisant un peu violence, le parti monar-
chiste a rappelé son désintéressement,
sa vaillance et ses exploits. Il a relevé
soigneusement les noms des barons, vi-
comtes, comtes, marquis et ducs tombés
au champ d'honneur, et les a cités avec
orgueil à la tribune, dans ses journaux,
dans ses livres, dans ses brochures et
dans ses almanachs. Certes, la fierté,
dans ce cas, est de mise, et les gens de
roture, comme nous, ne se sont point
fait prier pour se découvrir avec respect
devant les cercueils blasonnés.
Mais , Ml
les plus malheureux osent pleurer le moins,
a dit Racine, et ne trouvez-vous pas qu'il
soit injuste de n'avoir jamais un mot
d'estime et de consolation pour ces mil-
liers de pauvres hères, en deuil eux
aussi, mais perdus dans la foule, et qui,
depuis deux ans, n'ont jamais entendu
faire allusion seulement à leurs morts
chéris ! Les vôtres, messieurs les monar-
chistes, s'appelaient le marquis de ceci,
le comte de cela, et l'on comprend que
ce soient des noms à citer. Mais pour un
comte, combien de Martin, de Bernard,
de Pierre, de Paul et de Jacques ? Com-
bien d'inconnus ? Combien d'innommés ?
C'étaient aussi des Français pourtant,
et de braves gens, de bons patriotes ! Ils
se sont battus; nul ne veut le savoir;
ils sont morts ; nul ne s'en souvient ; et
c'est bien naturel; ils étaient peuple et
le peuple est fait pour cela.
Eh bien ! non, c'est injuste. Château-
briand, qui n'avait pourtant pas le cœur
bien tendre, disait qu'il y a de la dou-
ceur à pleurer sur des maux qui n'ont
été pleurés de personne. Essayez, vous
qui ne vous attendrissez jamais que sur
des maux pleurés de tout le monde, et
peut-être éprouverez-vous, en effet,
qu'il est doux, et surtout légitime, de ne
point dédaigner les petits quand ils se
conduisent comme les grands, et de pleu-
rer la mort d'un humble quand il a su
mourir pour son pays, tout comme s'il
avait eu des ancêtres !
Il est vrai que les humbles sont plus
généralement républicains que monar-
chistes; et ce n'est point par cruauté
d'âme, ce n'est pas davantage par mé-
pris que l'on se refuse à rendre hom-
mage à leur patriotisme. C'est par esprit
de parti. Nul n'aura de courage hors les
monarchistes ; c'est faux, c'est absurde ;
on le sait; mais cela peut servir la cause.
Et sciemment on commet un déni de
justice ; on calomnie le peuple de France
parce que le peuple est républicain.
Si l'Europe croyait les insulteurs,
quelle idée croyez-vous donc qu'elle au-
rait de nous?
-v E. SCHNERB.
—♦ ————————
COURRIER PARLEMENTAIRE
Versailles, 18 février 1875.
« Faites attention à vous ou nous som-
mes perdus, Vous avez vu le vote d'hier! »
Ainsi parlait un chef de file légitimiste à
un éminent orléaniste, membre de la com-
mission des trente.
La droite pure a donc parfaitement
conscience que la journée d'hier a été mau-
vaise pour elle.
Nous, nous n'aurions point osé tirer du
vote d'hier une déduction touchant le pro-
chain débat politique. Et cependant!. Le
vote d'hier constituant une majorité contre
la droite dénote le bon sens de quelques-
uns : certains droitiers, qui reculent lors-
que les folies deviennent trop grandes, ne
sont point partisans de ces ordres du jour
fantaisistes qu'une ardente coterie intro-
duit, sans rime ni raison, dans toutes les
discussion?; ceux-là ont refusé, hier, de
s'engager plus avant dans la voie déplora-
ble et extra-parlementaire où les bouil-
lants veulent les pousser.
Ceux-là ne trouveront-ils pas de non
moins bonnes raisons pour ne pas s'enga-
ger dans l'impasse politique où la com-
mission des trente va tenter de les mener ?
C'est la crainte de la droite ; c'est notre
ferme espoir.
Cette malheureuse journée de lundi n'a
pas eu, fort heureusement, les suites qu'on
pouvait redouter. A l'animation du groupe
républicain qui entourait M. de Champ-
vallier une seconde après son insultante
apostrophe, nous avions bien deviné que
les choses n'en resteraient pas là.
En effet, immédiatement après la séan-
ce, MM. Adam et Laurent Pichat avaient
demandé à M. de Champvallier de leur
indiquer ses témoins, M. Langlois, qui
avait déjà fort malmené l'interrnpteur,
comptant suivre l'affaire jusqu'au bout. Le
soir même, une entrevue avait lieu entre
MM. Adam et Pichat, d'une part, et MM.
de Maillé et Carron, chargés des intérêts
de M. de ChamDvallier.
Ces deux derniers députés arrivaient
avec le procès-verbal revu, corrigé et con-
sidérablement diminué, de la séance, pro-
cès-verbal où M. de Champvallier retirait
tout, et — spécialement, ce qu'avait exigé
M. Schœlcher — retirait complétement
l'expression de « républicains. » On ne
peut pas demander plus à un homme,
n'est-ce pas ?
Et voilà comment il se fait que la séance
a été fort calme, sans la moindre rectifica-
tion au Journal officiel.
Il s'agit de discuter la proposition de M.
Savary. Expliquons-la en quelques lignes.
Aux termes de la loi du 15 mars 1849,
il suffit, pour être élu, de réunir la majo-
rité relative et un nombre de suffrages
égal au huitième du nombre des électeurs
inscrits. Aux termes de la proposition nou-
velle, on ne pourra être élu au premier
tour de scrutin sans avoir réuni : 1° la ma-
jorité absolue des suffrages exprimés ; 20
un nombre de suffrages égal au quart de
celui des électeurs inscrits.
C& projet, qui s'applique à l'Assemblée
actuelle, a contre lui l'inopportunité ,
puisque, précédant de peu la nouvelle loi
électorale et visant simplement les huit
élections à faire, il crée des conditions
d'admission différentes entre les nouveaux
arrivants et les anciens arrivés. Il a pour
lui un certain air de donne foi, de sincé-
rité, qui séduit au premier abord : pour être
député, il faut représenter au moins le
quart des électeurs.
M. Bertauld, le malin jurisconsulte du
centre gauehe, attaque la proposition Sa-
vary avec sa verve et son esprit ordinaires.
Il y a, paraît-il, à la Chambre, soixante-
dix députés qui n'ont pas satisfait aux
conditions qu'exige M. Savary, et M. Ber-
tauld en nomme quelques-uns, en faisant
suivre ou précéder leur nom de périphra-
ses louangeuses ou ironiques, comme on
n'en trouve que dans Homère.
A droite, il cite Mgr Dupanloup, MM. de
Ventavon, Benoist-d'Azy, de La Roche-
foucauld-Bisaccia, de Ségur, etc.
— Et à gauche ? lui crie-t-on de la
droite. -
— Attendez, attendez, j'y viens. A gau-
che, M. Thiers. Quant à cet esprit éclec-
tique que je ne sais comment classer, si
bien fait pour nous servir de trait d'union
à tous, M. Antonin Lefèvre-Pontalis.
Cette f<4s, on .rit longuement. Il paraît
jque Vt. lé rapporteur est hors sa loi.
Une petite querelle que nous allons faire
à M. Bertauld. Il nous rappelle trop Mlle
Fargueil! Que M. Bertauld ne nous en
veuille pas,—ni Mlle Fargueil non plus. Il
y a quelque quinze ans, Mlle Fargueil
disait bien et lancait la phrase avec une
certaine intonation qu'on applaudissait
fort; voulant sans doute forcer encore les
applaudissements, elle a forcé l'intona-
tion. Nous préférions celle de jadis. M.
Bertauld en est là : exploitant un vrai
filon de succès, il cherche maintenant à
trop lui faire rendre, et force un peu ses
effets, ses gestes, sa mimique, ses intona-
tions, ses apostrophes et ses à parte. Il est
un vers français qui dit carrément son
opinion en pareille matière.
Le débat n'a pas un intérêt énorme, et
l'on en connaît d'avance l'issue : la pro-
position Savary, acceptée par le gouverne-
ment, sera sûrement votée à une assez
forte majorité.
M. Savary défend son projet. La chose
est de rigueur. C'est un jeune homme, un
des plus jeunes parmi les jeunes de la
Chambre, mais un des vieux parmi les
vieux qui ont de l'aplomb à la tribune.
Ambitieux, très-travailleur, le jeune dé-
puté de la Manche est un des espoirs du
parti orléaniste. Il obtient un petit succès
tranquille.
M. Rolland, plaidant l'inopportunité,
demande le renvoi du projet à la commis-
sion électorale. M. le rapporteur s'y oppose.
Tout cela est très-anodin et peu bruyant.
On se remet de la séance d'hier.
Et le projet est voté avec la proportion
de 421 partisans contre 268 opposants.
M. Thiers a lu le rapport de la com-
mission des trente. Il paraît même qu'il a
fait à M. de Broglie des compliments pour
la forme. pour la forme du rapport, bien
entendu !
,,
PAUL LAFARGUE.
4
L'Eglise et le Théâtre
""hJ. - 4
une légende qui court Paris. La
donnée m'en avait paru invraisemblable,
je me suis informé et j'ai su que non-
seulement le fond, mais encore les moin-
dres détails, étaient exacts : ce conte est
donc la vérité même. • -
L'évêque d'Orléans, M. Dupanloup,
partant pour Rome l'an dernier, ordon-
na que l'on mît dans son wagon les
plus nouvelles publications de la librai-
rie profane. Il est glouton de livres au-
tant qu'il est prodigue d'anathèmes, et
se tient au courant de la littérature con-
temporaine pour la maudire à bon es-
cient.
On lui porta la provision qu'il avait
demandée, on la lui fit très-copieuse ; il
l'épuisa pourtant et lorsqu'il arriva aux
portes de la ville éternelle, il avait goûté
à tout, et jeté noblement par la portière
Dieu sait combien de livres condamnés.
Deux brochures, pas plus, échappèrent
à ce supplice : c'était les deux derniers
drames d'Alexandre Dumas fils : les Idées
de Madame Aubtay et la Princesse Geor-
ges.
L'histoire ne dit pas si M. d'Orléans,
mis en goût par ces deux ouvrages, a
fait prendre chez Michel Lévy la Dame
aux Camélias, le Demi-llonde et tous
ces chefs-d'œuvre applaudis, populaires,
immortels, qui ont fondé la gloire de
notre illustre ami. On aimerait à savoir
ce qu'il en pense, comme on prend un
vif intérêt à lire le jugemeat de Féne-
lon sur Molière et sa préférence mar-
quée pour les vers d'Amphitryon. Mais
sur ce point la légende est muette; elle
raconte seulement que M. Dupanloup,
suivant avec une attention sympathique
l'auteur qu'il avait découvert, prit un
nouveau plaisir à la lecture de Y Homme-
Femme, et regretta tout haut que Du-
mas n'eût pas fait imprimer la Femme
de Claude. « Je ne puis pourtant pas,
disait-il devant un ami, louer un fau-
teuil au Gymnase!
Ce propos fut transmis a l'auteur, qui,
comme chacun sait, est le plus courtois
et le plus obligeant des grands hommes.
Il prit la balle au bond, et envoya son
manuscrit à l'évêque.
Une affaire si heureusement engagée
ne pouvait s'arrêter à moitié chemin.
Dimanche donc, non pas dimanche der-
nier, mais celui d'avant, c'est-à dire le
9 février, Alexandre Dumas allait à Vi-
roflay déjeuner chez M. Dupanloup. Les
grands vicaires étaient de la fête, qui
fut, nous le croyons sans peine, une vé-
ritable fête de l'esprit. Je ne sais s'il est
vrai que l'un des assistants, encore sous
le charme, ait dit : « M. Dumas nous a
édifiés et nous l'avons amusé. » Ce qui est
positif, c'est que le terrible évêquea recon-
duit son hôte à la gare, par un froid assez
rigoureux, et qu'il doit imprimer bientôt
une brochure, ou du moins une lettre
publique pour prôner les derniers ou-
vrages de Dumas.
Pourquoi la tradition du Gymnase et
celle de l'Eglise ne permet-elle pas qu'un
évêque fasse une conférence avant le
lever du rideau? Le nom de M. Dupan-
loup sur l'affiche attirerait plus d'audi-
teurs que Sarcey, Paul Féval et M. Le-
gouvé lui-même, cet incomparable char-
meur, n'en ont jamais réuni. Quel aurieux
signe du temps, de ce temps difficile et
troublé où le destin nous condamne à
vivre ! L'Eglise et le théâtre, après un
long divorce, oubliant leurs dissenti-
ments, et associant leurs efforts pour
agir en commun sur les âmes ! Les en-
trepreneurs de fusion n'ont jamais rien
rêvé de plus étrange. Un pas de plus, et
nous revenons au bon temps des mystè-
res : les poètes et les évêques, accou-
plés en esprit, produisent des drames
sacrés qui se jouent dans les basiliques,
entre la messe et vêpres, aux jours de
fête carillonnée.
Que l'imagination d'un évêque ne s'ef-
fraie point d'une semblable perspective,
on le comprend. L'Eglise, en absorbant
le théâtre, ne perdrait rien et gagnerait
tout. Mais le théâtre, mes amis ? Rap-
pelons-nous le peu qu'il était avant son
émancipation, dressons la liste des chefs-
d'œuvre qu'il a produits, depuis Tartuffe
jusqu'au Demi-Jlonde,dans sa fière et dou-
loureuse liberté sous un grêle d'excom-
munications dévotes, et souhaitons qu'il
mérite encore longtemps la haine et le
mépris de l'Eglise !
ABOUT.
—————————— + —————————
COMMISSION DU BUDGET
y
Séance du 18 février 4873.
liUiV t -
M. le président de la République entretient la
commission du projet de loi sur les 140 millions
de la ville de Paris.
Il est accompagné par les ministres des fi-
nances et de l'intérieur.
< -
M. le président de la République déclare qu'il
comprend les demandes formulées pour Paris
et pour les départements, mais il croit néces-
saire de mettre la situation financière sous les
yeux de la commission, afin qu'elle sache bien
où en est le pays.
La situation financière est très-bonne, mais à
condition que l'on résiste à tous les entraîne-
ments et qu'onmaintienne soigneusement l'équi-
libre des budgets.
On propose de prendre sur le compte de li-
quidation; ce compte a été créé pour alléger le
budget des dépenses nécessaires à notre arme-
ment, au matériel de guerre, à l'entretien des
troupes allemandes, aux mobilisés, à la restau-
ration des monuments de Paris. Il s'élève déjà à
748 millions, et les ressources ne montent qu'à
G44 millions. Il y a donc un déficit de 104 mil-
lions.
L'augmenter, ce serait donner à croire que
l'on veut rouvrir le Grand-Livre, et cette pensée
ruinerait notre crédit en ébranlant la confiance
publique.
Il faut être prudent.
M. le président ajoute qu'il n'est pas disposé à
repousser toute allocation pour les départements
mais qu'il la voudrait moindre que 100 millions.
Quant au chiffre de 140 millions, il lui paraît
difficile à réduire.
M. Cochery expose avec beaucoup de force la
situation des départements envahis ; la loi du
6 septembre 1871 leur a conféré un droit véri-
table à un supplément d'indemnité. Il insiste
pour qu'un dédommagement immédiat soit ac-
cordé : il est impossible de donner satisfaction
à Paris sans donner également satisfaction à la
province.
M. Guichard croit nécessaire d'accepter le pro-
jet de loi en ce qui touche Paris, dont les droits
lui paraissent incontestables.
M. le ministre des finances insiste dans le
même sens.
M. Vitet, président de la commission, fait re-
marquer à M. le président de la République
qu'au point de vue même du crédit public il y a
intérêt à terminer la question des indemnités
à donner aux départements envahis. Cette
liquidation rassurerait les esprits qui voient,
dans la loi du C septembre, un inconnu qui les
effraye.
M. Thiers. dit qu'il faut aussi songer à ren-
dre les budgets possibles, et qu'il ne faut pas
oublier les sacrifices qu'exige la défense du
pays.
Il est donc nécessaire d'être prudent. Le
chiffre de Paris lui parait difficile à réduire. Pa-
ris ne doit pas être puni de sa résistance, qui
nous a sigulièrement relevés aux yeux de l'Eu-
rope.
Il y a là une dette sacrée.
M. Léonce de Lavergne propose de réduire à
la fois les sommes allouées à Paris et aux dé-
partements.
M. de Maillé croit qu'on pourrait se pro-
curer des ressources en s'abstenant de relever
les monuments de Paris et notamment les
Tuileries, qui coûteraient 24 millions à recons-
truire.
M. Peltereau-Villeneuve propose d'ajouter
10 centimes au principal des trois contributions
directes pour faire face aux 240 millions d'in-
demnité.
M. Thiers remarque que les centimes sont
notre dernière ressource, et qu'il serait impru-
dent d'en user. Quant à lui, il est au contraire
décidé à décharger les patentes.
Il prie la commission d'examiner de nouveau
la situation financière avant d'imposer au Tré-
sor cette charge de 240 millions, qui lui paraît
excessive.
Répondant à une interruption de M. André
(de la Charente), contestant l'indemnité de Pa-
ris, il ajoute : « Alors il ne fallait pas voter la
guerre, vous n'auriez rien à payer à Paris. »
La commission décide que l'on votera le dé-
dommagement à accorder aux départements, en
même temps que celui à accorder à la ville de
Paris.
Ces dédommagements seront déterminés d'a-
près les proportions déterminées antérieurement
fixées par le vote do la commission (140 mil-
lions et 100).
Elle renvoie au gouvernement le projet pour
savoir quelle réduction il veut faire.
« ;
M. de Rémusat a recu M. de Olozaga,
ambassadeur d'Espagne, qui lui a donné
lecture de la dépêche-circulaire suivante
du ministre d'Etat d'Espagne aux repré-
sentants espagnols à l'étranger, laquelle a
pour objet de notifier aux gouvernements
étrangers l'établissement de la Républi-
que en Espagne.
Madrid, 17 février.
• Excellence, TÏ
Les télégrammes adressés à Votre Excellence
par ce ministère l'auront informée que l'assem-
blée souveraine et la nation espagnole ont pro-
clamé, comme forme définitive du gouverne-
ment de l'Etat, la forme républicaine.
Cet acte n'est pas né de la révolution, ce n'est
pas le produit de la stupeur ni de la surprise; il
est sorti de la conscience recueillie et de la
volonté souveraine de deux Chambres qui, issues
récemment du suffrage universel, demandé par
l'autorité légitime et exercé en pleine paix, ont
pu se persuader que tel était, dans les circons-
tances actuelles, dès longtemps prévues, le sen-
timent national.
Tout en rendant pleine et entière justice aux
sentimeott de loyauté, aux intentions et au
sens constitutionnel du monarque, il est aussi
juste de dire qu'il n'a pas pu vaincre la répugnance
ipnée dans cette digne et fière nation vis-à-vis
de tout ce qui pouvait paraître, de loin ou de
près, à tort ou à raison, ternir son indépen-
dance.
Dans cet état de choses, le roi a résolu le
conflit d'une manière patriotique et élevée en
renonçant, pour lui et pour sas successeurs, à
la couronne d'Espagne. Une fois son intention
connue et sa renonciation divulguée, il n'y eut
dans l'opinion publiqne de tous les partis qu'une
idée, celle du besoin impérieux, incontestable
et suprême, de substituer à la monarchie la for-
me républicaine,
Les Cortès et la nation espagnole, avec un pa-
triotisme élevé, avec un sens politique dont il y
a bien peu d'exemples, avec une élévation d'i-
dées naturelle dans notre race, firent face tou-
tes les éventualités en formulant le vœu de l'o-
pinion publique par l'établissement de la forme
de gouvernement propres aux démocraties, la
ferme républicaine. Aucune pression intérieure,
aucune menace, aucun tumulte n'a influencé
leurs délibérations.
Le peuple tranquille, l'armée obéissante, tou-
tes les autorités dans le calme exercice de leurs
fonctions, tous les pouvoirs jouissant de leurs
pleins droits, nous passâmes de plein gré et
tranquillement par le vote des deux Chambres
réunies en assemblée nationale; on procéda en-
suite à la nomination du gouvernement natio-
nal, composé des représentants du peuple dont.
Votre Excellence a déjà connaiseance, et ce
gouvernement, aussitôt réuni, décida d'employer
toutes ses forces et toute son énergie à remplir
le mandat de l'Assemblée et conserver à tout
prix l'ordre public.
pr J'espère donc que Vetre Excellence, s'inspi-
rant de ses lumières et de son patriotisme, fera
savoir à ce gouvernement que la République
est déjà la forme définitive de notre Etat, et qne,
pour la maintenir et l'enraciner, nous comptons
sur le respect de la légalité du peuple espagnol,
si admirablement démontré pendant les quatre
dernières années du régime démocratique, et
sur la fidélité de l'armée, résolue à maintenir
la forme du gouvernement.
V olre Excellence s'attacnera a dissiper toute
préoccupation et à inculquer l'idée que cette
République représente la volonté nationale et of-
fre des garanties d'ordre publie; i attachez-vous
à démontrer son caractère pacifique, tant à l'in-
térieur qu'à l'extérieur; attachez-vous enfin à
montrer que notre patrie possède les vertus né-
cessaires aux peuples qui sont mûrs pour se
gouverner eux-mêmes.
Dissipez les préjugés qui pourraient régner
au dehors sur l'attitude de l'armée; ainsi que
nous sommes résolus à maintenir et à améliorer
son organisation, l'armée espagnole est décidée
à maintenir notre autorité, qui est légitime,
étant issue de la pensée et de la volonté de no-
tre peuple.
Veuillez donner lecture .pt laisser copie de
cette dépêche à M. le ministre des affaires étran-
gères.. ;--- tilt
tD Emilio Castelar. 94
Madrid, 12 février.
—————————— :—
NOUVELLES D'ESPAGNE
Le gouvernement espagnol va, dit-on,
essayer contre l'insurrection carliste d'un
expélient qui, s'il ne réussit pas, aura du
moins l'avantage de ne rien compromettre
et de ne rien coûter. Il s'agirait d'offrir
une amnistie aux insurgés, sous la condi-
tion de déposer les armes dans un délai
maximum de quinze jours.
Ajoutons que cet expédient est double-
ment indiqué par la situation actuelle. Le
carlisme proprement dit estau fond ce qu'il
y a de.moins sérieux dans la nouvelle insur-
rection carliste. C'est surtout la passion do-
minante de l'Espagnol, la haine de l'in-
fluence étrangère et de ce qui peut y
ressembler qui a recruté les bandes du
prétendant. L'abdicatiou d'Amédée en-
lève donc à l'insurrection sa principale
raison d'être , et il est plus que pro-
bable qu'une amnistie sans condition,
n'impliquant dès lors aucun sacrifice d'a-
mour-piopre, f ferait promptement le vide
autour de don Carlos.
En second lieu, et nous insistons sur
cette donnée, car elle est étrangement mé-
connue par quelques-uns de nos journaux,
l'idée fédérale, qui semble prévaloir dans
les aspirations du nouveau système, éta-
blit un point de contact entre la tradition
carliste et le programme républicain.
Les provinces basques se soumirent en
1840 moyennant la reconnaissance à titre
d'exception, c'est-à-dire à titre essentielle-
ment précaire, de leur autonomie locale ;
il serait donc facile, avec un peu de mo-
dération et d'habileté, de les gagner à un
régime qui assurerait définitivement cette
autonomie en lui donnant pour garantie
la loi constitutionnelle elle-même.
Quant à la Catalogne et à l'Aragon, ces
deux autres fovers de l'insurrection car-
liste, c'est à la perte de leurs fuerosque re-
monte leur insoumission traditionnelle
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