Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1924-11-19
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 novembre 1924 19 novembre 1924
Description : 1924/11/19 (N19701). 1924/11/19 (N19701).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7555513w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/03/2013
29 BRTTMAm* AN 133. — N° 19.701
Le Numéro QUINZE CENTIMEe
MERCREDI 10 NOVEMBRE 1?24 - N" 19701
Fonaileui & Hcbâi.
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACOUERIE
t\.lJU.¡,'.:'L.\i., j:
Ce as la mm frlll mm
SEINE & S.-nT-OISE 40 1 21 1 Il à
FRANCE ET COLONIES 45' 23 12 1
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YVES PLESSIS
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, TRIBUNE LIBRE
Le rêve d'Icare
—,————— .<
II est des ministres qui ne font pas de
politique, qui sont, tout simplement, ré-
publicains. Est-ce un bien, est-ce un mal?
Cela dépend du portefeuille. Pourquoi
doubler de rouge ou de blanc des porte-
feuilles techniques, des portefeuilles na-
tionaux où la soie tricolore suffit ?
L'aviation est précisément en dehors
des querelles des partis. Elle symbolise
le plus grand progrès de l'humanité; elle
réalise le rêve qui berça nos ancêtres as-
pirant à la conquête du ciel. Instrument
du développement intellectuel de l'hu-
manité, elle est aussi la plus grande dé-
fense des peuples menacés par des voi-
sins dirigés vers la conquête sanguinaire,
vers une domination imposée par la
guerre.
On peut reprocher beaucoup à M. Her-
riot, à raison et souvent à tort, mais on
doit lui savoir gré de son désir de doter
notre pays d'une flotte aérienne com-
merciale et défensive puissante.
Le geste par lequel M. Herriot a con-
servé à ses côtés M. Laurent Eynac, sous-
secrétaire d'Etat du ministère Poincaré
est digne de tous les éloges.
Deux jours avant la formation de son
ministère, le futur président du Conseil,
que j'avais rencontré sur les boulevards
et qui s'était promené avec moi, suivant
sa familiarité habituelle, m'avait dit :
« Laurent Eynac, je ne saurais m'en pas-
ser. Il est indispensable à la France. »
M. Herriot devait suivre son idée. Dans
la réunion de formation du ministère.
avenue de rOpéra, le nom du sous-secré-
taire d'Etat de l'aviation fut le premier
Lx é.
J'ai fait visite au grand directeur de
l'aviation française et je l'ai prié de dire
aux lecteurs du d Rappel )) tout le tra-
vail accompli sous son impulsion énergi-
que et particulièrement avertie.
M. Laurent Eynac m'a déclaré :
: Comme vous me le disiez, je suis un minis-
tre technique. En dehors de toutes idées poli-
tiques, j'ai fait, depuis des années, tous mes
efforts pour doter la France d'une bonne avia-
tion. Et, avec l'aide d'excellents collabora-
teurs, je crois avoir réussi.
Les études aérodynanrques, qui ont pu être
très pou - grâce aux laboratoires moder-
nes dont disposent les services techniques fran-
çais, à Saint-Cyr, aux laboratoires Eiffel, à
Issy-les-Moulineaux, ont porté sur l'étude de
nouveaux profils d'ailes, qui ont permis d'aug-
menter à la fois et la vitesse de l'appareil
et son rendement. Ces études ont permis à nos
industriels de réaliser des appareils de chasse,
de reconnaissance, de bombardement, de trans-
ports commerciaux, qui accusent de très grands
progrès sur leurs devanciers, tant par les vi-
tesses réahées aux diverses altitudes que par
les temps de montée, les plafonds atteints et le
poids utile transporté.
L'usage de la construction métallique a per-
mis de réaliser des appareils qui, tout en étant
aùssi légers que des appareils en bois, ont un
coefficient de sécurité- supérieur, résistent
mieux aux intempéres, aux changements de
température et de climat.
La résistance de la cellule du Bréguet
19 A2, utilisé par Pelletier Doisy, dans son
raid. est un témoignage éclatant de la valeur
et de la résistance de notre construction métal-
lique.
Deux ans de labeur acharné ont permis à
notre industrie de mettre définitivement au
point les moteurs Lorraine 400 et 450 CV.,
le moteur Renault 480 CV. les moteurs His-
pano 450 CV., en V et W, les moteurs 400
et 410 CV Farman, 500 CV Salmson et
Panhard, etc., auxquels les efforts de cer-
tans constructeurs vont bientôt ajouter de
nouveaux types qui prennent part actuelle-
ment au concours de moteurs.
Parallèlement à la puissance, la durée de
tes moteurs a suivi la même progression.
La sécurité des voyages aériens, qu'ils
soient effectués par des pilotes mil taires ou
des voyageurs civils, est une partie essentielle
du progrès aéronautique.
Cette sécurité ne peut être atteinte que par
des procédés de navigafon inexistants jus-
qu'à ces derniers temps, mais qui viennent
d'être mis au point par nos services techniques.
Des voyages sur de longs parcours, ont pu
être effectués par tous les temps, sans erreur,
grâce aux procédés de navigation préconisés
par nos services techniques.
Et nous avons pu fixer notre politique
aérienne qui est la suivante :
Ouverture et exploitât on de grandes lignes
aériennes internationales ou de voies reliant la
Métropole aux Colonies.
Nos succès ne se comptent plus. Tant dans
les épreuves exceptionnelles que dans 1 exploi-
tation régulière, l'av ation française a donné
les preuves de sa valeur.
La sécurité et la régularité de marche de
nos moteurs, mis au point depuis la guerre,
ont permis à la Compagnie franco-roumaine de
continuer le service au-dessus de l'Allemagne,
malgré l'interdiction de survoler, avec des in-
cidents de route inférieurs à un pour cent en
1923 et un seul incident en 1924, pour 450
"assagi
A côté du perfectionnement du moteur, il
fallait adapter la cellule aux besoins des trans-
ports commerciaux. Là encore, les progrès ont
été énormes. L'avion monomoteur inconforta-
ble de 1920 a laissé place aux berlines spa-
cieuses, bien aérées et aux appareils bi ou tri-
moteurs aux larges cabines avec sièges confor-
tables permettant sans fatigue le séjour en l'air
durant plusieurs heures.
L'avion va de Toulouse à Casablanca en
13 heures en été, en un jour et demi en hiver,
alors que les bateaux mettent 3 jours et dem
et le service est bi-hebdomadaire alors que
par avion il est quotidien ; sur cette voie, les
avions transportent le tiers du frêt postal entre
la France et le Maroc.
La situât on de notre aéronautique se trouve.
à la fin de l'année 1924, particulièrement
brillante. si on la compare à celle des autres
grandes nations.
Nous pouvons être fiers des résultats obte-
nus, mais is est nécessaire que cet effort cons-
tant s ampl fie, si nous voulons conserver cette
suprématie. La lutte pour la première place
s'annonce ardente : l'Angleterre, les Etats-
Unie, l'Italie, font de gros efforts au point
de vue technique ; l'Allemagne qui, de par
le traité de paix, ne possède plus qu'une avia-
tion c vile, tente de contrôler par ses puis-
sants cartels, le réseau de navigation aérienne
de 1 Europe.
Ainsi, en un exposé que le manque de
place nous oblige malheureusement à
résumer, M. Laurent Eynac m'exposa,
pour nos lecteurs, les brillants résultats
de son œuvre et de celle de ses collabo-
rateurs.
C'est un des plus beaux succès de l'i-
nitiative française. Il faut le soutenir
sans défaillance pour en assurer la conti-
nuité.
René PAROD.
I TîfUt t
EDITORIAL
L'enseignement unique
La discussion du budget
s'était, jusqu'ici, platement
trainée dans les bas-fondà.
Mais une lueur vient d'é-
clairer les cimes, et nous
avons eu le régal d'un dis-
cours de M. Léon Bérard.
M. Léon Bérard. dénuté.
a soutenu la même thèse que M. Léon
Bérard, ministre. C'est déjà d'une ai-
mable originalité. En politique, il est
fréquent d'être infidèle, non seulement
à ses amis — c'est d'une banalité cou-
rante — mais à soi-même.
M. Léon Bérard semblait avoir tout
dit, et dit d'une façon charmante et dé-
cisive, dans ses précédentes interven-
tions à la tribune. Il a trouvé le moyen
d'y ajouter encore. Son cru est inépuisa-
ble. Jean Goldsky a reproduit en termes
heureux et avec une délicatesse de tou-
che qui épousait un tel sujet, le charme
de crtte séance vraiment académique.
L'éloquence de M. Léon Bérard,
d'une élégance aisée et d'une grâce lé-
gère, se met avec raison ou service de
la culture classique et des humanités.
L'orateur en est visiblement nourri ;
sa dialectique en tire la meilleure subs-
tance ; les abeilles de l'H g met te volti-
gent à Ventour de son langage fleuri.
Le fond ne le cède, d'ailleurs, pas à
la forme, et les arguments de M. Léon
Bérard ont une force qui aurait dû em-
pêcher l'abrogation de son décret.
C'est grande pitié de voir la politique
de réunions publiques s'emparer bruta-
lement des plus délicats problèmes de
l'enseignement national et jeter la con-
tradiction, le trouble et le désarroi par-
mi les maîtres, les familles et les élè-
ves.
Par contre, je ne tombe pas d'accord
avec M. Léon Bérard sur sa conception
de la liberté de renseignement et de
l'école unique.
Je pense, comme lui, que l'école uni-
que implique le monopole de l'ensei-
gnement. Mais, loin de le redouter ti-
midement, je le souhaite hardiment. Je
crois que l'école unique, que l'unité
d'enseignement sont nécessaires à l'u-
nité morale, à l'union nationale de no-
tre peuple.
La dualité d'enseignement, l'ensei-
gnement prétendu libre, l'enseigne-
ment v contre-révolutionnaire », si elo-
quemment défini par Albert de Mun,
perpétuent l'antagonisme des « deux
jeunesse », pour reprendre les fortes
paroles de Waldeek-Rousseau.
L'école unique serait de nature à ta-
rir les sources de notre discorde civile.
et à resserrer le lien moral et national
entre les jeunes grils de notre rare.
J'entends bien murmurer : « Et la
liberté ! »
Je prie M. Léon Bérard. élégant ro-
SNIll du Mnm's, de s'incliner sous le
souffle de la Montagne et de retenir —
sans sourire — la vieille formule des
Jacobins patriotes :
« Il n'y a pas de liberté contre le -sa-
lut public. )
: idmond dm MBNLT-
La place de la politique est aux
genoux de lamorale.
KANT.
A LA COMMISSION DE LA CHAMBRE
Déclarations de M. Herriot
sur la suppression
de l'ambassade au Vatican
M. Herriot, président .du Conseil, a fait
connaître hier, à la commission des affaires
étrangères de la Chambre, les motifs pour
lesquels il se proposait de supprimer notre
ambassade auprès du Vatican.
Le président du Conseil a déclaré com-
ment, sans vouloir porter la moindre at-
teinte aux croyances, et tout en estimant
que le pape a droit au respect de tous r.J'!'\x
qui vénèrent un idéal, il entend séparer les
problèmes spirituels des problèmes temporels
et ne pas faire intervenir ces éléments spi-
rituels dans les discussions de la France
avec les autres Etats. Cette dissociation fa-
vorisera d'ailleurs tous les intérêts en pré-
sence.
En ce qui concerne le régime religieux des
départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et
de la Moselle, M. Herriot a déclaré qu'il ap-
partiendrait au Conseil d'Etat de décider s'ils
sont ou non régis par le Concordat et qu'il
se conformerait à la décision de ce haut tri-
bunal.
La poli ique russe
Saisie d'une proposition de résolution de
M. Cachin et de plusieurs de ses collègues
tendant à envoyer un salut de la Chambre
au peuple russe, la commission avait tenu.
en outre, à entendre le président du Conseil
développer devant elle les principes de sa po-
litique à l'égard de la Russie. M. Herriot a
exposé les motifs d'ordre économique et po-
litique pour lesquels le gouvernement a re-
connu le gouvernement des Soviets, confor-
mément à l'engagement qu'il avait pris dans
sa déclaration ministérielle. Il a rappelé les
travaux de la commission d'études présidée
par M. de Monzie, à la compétence et à l'ac-
tivité duquel il' a rendu hommage. C'est à
l'unanimité que cette commission a pris ses
décisions qui ont abouti à la reconnaissance
i: de jure » du gouvernement russe. M. Her-
riot a ensuite commenté le texte des .télé-
grammes échangés avec le gouvernement des
Soviets et indiqué dans quelles conditions se
poursuivraient, à partir du début de janvier
les négociations prévues dans ces télégram-
mes.
A l'issue de cette audition, la commission
a décidé, conformément à l'avis du gouverne-
ment, qu'après l'échange des télégrammes of-
ficiels intervenu lors de la reconnaissance
« de jure » du gouvernement des Soviets, il
n'y avait plus lieu de voter le texte de l'a-
dresse présentée par M. Cachin et ses collè-
gues du .parti communiste.
La commission, d'accord avec le président
du Conseil, a décidé qu'il serait entendu le
3 décembre sur la politique générale.
Les étrennes des Parisiens
La vie augmente, le personnel de la Ville
de Paris et du département de la Seine ré-
clame des augmentations que la commission
compétente est disposée à accorder.
Le projet du budget municipal est en équi-
libre, mais pour faire face aux réclamations
du personnel il faudra trouver au moins 1-30
millions de recettes supplémentaires.
Comment ? La belle question, puisque il est
désormais entendu que le contribuable se lats
se tondrs sans crier.
Et c'est pourquoi nos édiles envisagent tout
simplement la création de 70 à 80 centimes
additionnels nouveaux et l'augmentation du
prix du gaz, de l'électricité et des transports
en commun : métro, autobus et tramways.
Et allez donc ! La vie sera belle en l'an de
grâce 1925.
-
Les négociations commerciales
franco-allemandes
On annonce que M. Trendelenburg, chef de
la délégation chargé de négocier au nom du
Reich la conclusion d'un traité de commerce
franco-allemand, a quitté Berlin, hier soir, et
sera à Paris aujourd'hui.
Les négociations vont donc reprendre in.
cessamment. L'ambassadeur d'Allemagne à
Paris, M. von Hœsch va y prendre une part
active.
EN TROISIEME PAGE :
Lp Congrès des groupes commerciaux et in-
du. triels. — Le banquet de l'Union des
Intérêts économiques.
NOUVELLE LETTRE DE M. POINCARE
Les notes de M. Georges Louis
furent à la disposition
d'un écrivain allemand
M. Raymond Poincaré nous adresse la let-
tre suivante :
« 18 novembre 1924.
« m cher directeur,
c Dans la lei re que je vous ai écrite hier,
j'ai indiqué que la publication des notes at-
tribuées à M. Louis avait été annoncée, il y
a quelque temps déjà, dans la presse alle-
lande. Quelques personnes m'ayant demandé
de préciser ce renseignement, je me rends
volontiers à leur désir.
« Dans la revue « Deutsche Rundschau »
numéro du mois de juin dernier, M. Charles.
L. Hartmann a pubiié un long article sur les
archives russes et la guerre.
« En note, à la page 2-34, l'auteur s'exprime
ainsi :
« Georges Louis marchait sur les traces de
Saint-Simon. Chaque soir, il portait sur un
calepin le plus grand comme le plus petit
événement, la relation exacte de ses conver-
sations avec les ministres, les grands-ducs et
le tsar, toutes les histoires de cour et les
scandales-de son entourage, au total quatre
caisses de manuscrits et de documents. Ceux-
ci sont à ma disposition et seront, dans un
temps prochain, sans la permission de M.
Poincaré, livrés au public, comme plus large
preuve de la manière dont le monde a été
abusé et trompé sur les responsabilités de la
guerre. »
« N.-B.— Pour les cambrioleurs diplomati-
ques : ces caisses ne sont pas dans ma de-
meure, mais èlles sont en sûreté à l'étranger.
- Ch. L. H. »
« Croyez, mon cher directeur, à mes ,. senti-
ments dévoués. »
, « R. Poincaré. »
— ., « —
Mustapha Kemal en France
Constantinople.. 1S novembre. — Mustapha
Kemai, accompagné de sa femme et d'Ismet
pacha, va partir sous peu pour la France, à
bord (l'uu navire de guerre français, Il vient
passer quelque temps dans le Midi. Une revue
militaire et navale sera donnée en son hon-
neur.
Cette visite a été arrangée par le général
Mougin, représentant français à Angora. A
Constantinople, on attache une grande impor-
tance à cet événement.
—————.————— Il - ——
Pour l'abrogation
des lois « scélérates »
Le groupe socialiste de la Chambre vient
de déposer un projet de loi tendant à l'abro-
gation des lois d'exception votées, en 1893-94,
à la suite des attentats anarchistes —- lois
que nous avons souvent dénoncées comme
contraires à l'esprit même de la démocratie.
« En les abrogeant, disent les signataires,
on ne fera que répondre à l'attente de beau-
coup de ceux qui les votèrent comme lois
d'exception, disant dès lors, avec le Temps,
qu' (e au terme d'une période de temps limi-
tée, elles auront cessé d'être nécessaires ».
Ce n'est, d'ailleurs, qu'à une majorité annon-
cée de six voix, réduite en fait à. une seule,
contestable et contestée, que la Chambre avait
renoncé à introduire dans le texte même de
la loi de 1894 une limitation de durée à quel-
ques années. »
A la Chambre, comme au Sénat, cet amen-
dement devrait rallier l'unanimité des voix.
La spéculation illicite
des loyers
Le prix de location des logements vacants
devra être affiché
La commission de la spéculation illicite,
réunie hier à la Chambre, a poursuivi l'exa-
men du nouveau texte tendant à la répres-
sion de la spéculation rédigé par MM. An-
dré Hesse et Palmade. Après un échange de
vues, la commission a décidé de faire entrer
dans le cadre de la loi une disposition spé-
ciale frappant la spéculation sur les loyers.
D'après cet amendement, les propriétaires se-
ront tenus dorénavant d'afficher les prix de
leurs logements ou appartements en même
temps que les locaux Vacants. Des pénalités
très lourdes seront prévues pour les délin-
quants, des amendes variant de 500 à 20.000
francs et des peines d'emprisonnement. La
commission entendra le garde des sceaux
avant de prendre une décision définitive.
L'ECONOMISTE. — En somme, qu'est-ce que le capital ?. C'est du travail
accumulé. Accumulons!
AU SENAT
MM. Caillaux et Malvy sont amnistiés
» • «
i
La Haute Assemblée adopte un amendement en vertu duquel
M. Charles Maurras sera compris dans la loi de clémence
.c —————
On disait, avant la séance : le débat va être
mouvementé, peut-être même orageux. Et con-
tre toute attente, jamais discussion ne s'est
déroulée- dans une atmosphère plus sereine.
On sait que le Sénat devait se prononcer
hier matin sur les deux questions suivantes :
Devait-on comprendre dans les mesures d'am-
nistie MM. Caillaux et Malvy ? Après une dé-
claration du président du conseil, après aussi
deux interventions applaudies et très remar-
quées de MM. Chéron et Poincaré, la Haute
Assemblée a répondu par l'affirmative. Com-
plétant gon geste, elle adopta en fin de séance
un amendement en vertu duquel M. Maurras,
qui fut condamné pour violences et voies de
fait, sera également amnistié.
TA SÉANCE
L'assemblée, présidée par M. de Selves, va-
lide d'abord l'élection de M. Méjean qui suc-
cède à M. Gaston Doumergue, dans le départe-
ment du Gard.
Elle reprend ensuite la discussion du pro-
jet de loi concernant l'amnistie.
M. Mario Roustan fait adopter un texte
qui accorde l'amnistie aux condamnations pro-
noncées contre les magistrats municipaux,
lorsqu'ils ne sont que des délinquants primai-
res et n'ont été frappés que pour des délits
et seulement de peine d'amende.
M. Guillaume Poulie, rapporteur, fait défi-
nir comme suit les délinquants primaires dont
la loi parle à plusieurs reprises.
Les délinquants primaires sont ceux qui
n'ont aucune condamnation antérieure ins-
crite à leur casier judiciaire no 2. Seront as-
similés aux délinquants primaires tous ceux
dont le casier juriciaire no 2 ne comprendra
que des condamnations amnistiées par la loi.
Le cas de M. Caillaux
Et l'on passe à l'article 2. M.. Fernand
Faure fait spécifier que sont exclus de l'am-
nistie les fabricants do passeports. Le pre-
mier paragraphe de l'article 2 est adopté et
l'on aborde le second paragraphe qui débute
ainsi : « Amnistie pleine et entière est accor-
dée pour les faits prévus par les articles 78,
166 et 167 du Code pénal ». Les faits visés
par ces articles concernent les affaires Cail-
la ux et Malvy.
Le général Stuhl dépose un amendement
demandant que soient exclus de l'amnistie les
faits visés par l'article 7'8 (correspondance
av-ec les sujets d'une puissance ennemie
n'ayant pas eu pour objet la trahison sous une
forme quelconque.)
Le général Stolil. - Je suis partisan du
pardon. et de l'oubii, à. condition de ne pas
tomber dans la faiblesse et de ne pas porter
atteinte aux intérêts les plus sacrés du pays.
(Très bien ! très bien! ) On ferait injure à
la grande majorité de nos concitoyens en
étendant à l'excès l'amnistie. Je n'accepte pas,
pour ma part, qu'on amnistie M. Malvy et
M. Caillaux.
L'orateur ne veut d'ailleurs parler que du
cas Joseph Caillaux, car, dit-il, il n'a pas pris
part au, procès Malvy. Il reconnaît que « M.
Malvy a de grandes qualités et qu'il ne s'est
pas enrichi au pouvoir » ; mais il est impi-
toyable pour M. Caillaux à qui il refuse toute
amnistie.
M. Pierre Berger. - Je ne suivrai pas le
gouvernement en amnistiant M. Caillaux. J'ai
voté la condamnation de celui-ci : mes senti-
ments n'ont pas changé ; pour la paix so-
ciale et pour l'éducation des générations fu-
tures, je ne voudrais pas amnistier les faits
graves pour lesquels M. Caillaux a été con-
damné. (Applaudissements à. droite.)
Nous n'avons rien oublii de ce qui s'est
dit ici il y a quatre ans : comme Bazaine en
1870, M. Caillaux n'avait pas cru à la vic-
toire de la France et avait eu des tractations
avec l'ennemi. (Interruptions à gauche.)
Le président du conseil monte à la. tribune.
II déclare que le gouvernement n'a pas l'in-
tention d'évoquer eu -fond ni l'affaire Malvy
ni l'affaire CailJaux.
M. Herriot — M. Berger d. dé-cjar qu'il ne
pouvait acquitter la trahison et il a évoqué
l'affaire d'un homme qui avait livré une ar-
mée française dans des conditions déhono-
rahtes. Mais cette comparaison n'est à, aucun
degré justifié. Le gouvernement ne pren-
drait à aucun moment la. responsabilité dtï
faire ou laisser amnistier un homme qui au-
rait trahi.
Le gouvernement veut une œuvre d'apai-
sement. Pendant la guerre, chacun a fuir,
plier ses idées personnelles devant la néces-
sité de faire triompher la France. Et le pré-
sident du Conseil poursuit :
M. Herriot. — La France est assez forlo
pour supporter les divergences d'idées; elle
en a même besoin. L'acte d'oubli que noue
vous demandons d'admettre n'aura pas pour
résultat d'affranchir le pays. (Interruptions
à droite.) Votre vote démontrera que si dan,.,
l'instant du péril vous subordonnez tout au
salut de la patrie, vous savez aussi, le p-fri.
passé, laisser tomber dans l'oubli les querel-
les et les divergences d'opinions qui parais-
saient dangereuses pendant la guerre. (Inter-
ruptions à droite.)
Votre décision montrera votre confiance
dans la patrie. Elle sera en même temps une
mesure d'apaisement.
Au président du Conseil, très applaudi, sur-
tout à gauche, succède M. Hervey qui rap-
pelle que les attendus de J'arrêt condamnant
M. Caillaux montrent que les actes reprochés
à ce dernier ont servi les Intérêts ennemie-
qu'ils ont pu donner à l'Allemagne le moyen
de poursuivre son effort de guerre.
M. Hervey. — Eh bien, si les officiers dé.
serteurs ne doivent, à. aucun prix, être am-
nistiés. n'en est-il pas de même d'un ancien
chef du gouvernement ? (Très bien ! et ap-
plaudissements. )
On parle toujours du voile de l'oubli. Mais)
M. Caillaux ne veut pas disparaître : il va..
au contraire, reparaître, plus ambitieux eu
plus ardent que jamais. Il n'a qu'un désir :
celui de reprendre la direction de la France
Cette discussion très courtoise se termine
sur une brève intervention du rapporteur, M.
Guillaume Poulie, puis le second paragraphe
de l'article 2 est adopté par 170 voix contra
104. M. Caillaux est donc amnistié.
L'affaire Malvy
Le Sénat est ensuite appelé à se prononcer
sur les faits visés par les articles 166 et 167
concernant la forfaiture. Il s'agit du cas da
M. Malvy.
M. Henry Chéron prend le premier la p:t>
rôle. Il s'exprime en ces termes :
M. Henry Cliéron. - C'est l'honneur du SC—
nat que de permettre à ses membres d'expri-
mer librement leurs opinions à cette tribune.
sans qu'elles puissent constituer jamais un
manque de déférence envers l'Assemblée de-
vant laquelle elles SOnt défendues. Je ne
parle d'ailleurs ici qu'en mon nom rsonnel.
NI. àlaivy a été illégalement condamné. (Très
bien et applaudissements à gauche.) POU"
prononcer sa condamnation, la Cour de jus-
tice a dû, en effet, se déclarer souverains.
Elle a fait usage de cette souveraineté, non
seulement pour étendre sa compétence su -
une question d'ordre public, mais encore
pour appliquer-à l'infraction qu'elle a rete-
nue d'autres peines que celles prévues par I©
Code pénal.
Je me suis Slevé avec force devant la Cour
contre cette procédure et contre cette déci-
sion. Je n'ai pas changé d'avis, et, si j'évo-
que aujourd'hui, à la tribune, les observations
que j'ai présentées à cette -époque, c'est qUii
je ne veux point, pour ma part, en votants
l'amnistie, qui a pour but d'effacer les in-
fractions, sembler reconnaître la légitimité
de la condamnation prononcée contre M..
Malvy et prescrire, sous cette forme indirecte,
les droits sacrés de la vérité. (Très bien ! à.
gauche.) D'autre part, si les hommes les
plus qual!fiés pouvaient parier, ils diraient
certainement que, contrairement à ce qu"
vous avez cru, contrairement à ce que croit
une partie de l'opinion, M. Malvy, ministre,
de l'intérieur, n a pofnt manqué dans sea
fonctions aux devoirs du patriotisme. Je l'a;
entendu dire assez souvent et d'assez haL..
pour le répéter ici.
Si mes paroles, dont vous savez l'indépen-
dance., puisque je ne suie pas des amis poE",
tiques de M. Malvy, peuvent vous servir, en.
quelque mesure, à redresser j'erreur dont iL
a tant souffert, j'en serai, en vérité, trop htu»
reux.
De vifs applaudissements soulignent les
dernières paroles de l'orateur. En regagnanu
sa place, M. Henry. Chéron est félicité par
de nombreux collègues; M. Poincaré est par-
mi les premiers à lui serrer la main.
(La suite en deuxième page.)
-A. Xjwâ. CHAMBRE:
La réforme de l'enseignement
1 -
M. François Albert répond à M. Léon Bérard
l i
M. François Albert a parlé.
Le fait, dira-t-on, n'a rien. d'extraordinaire,
d'anormal, d'imprévu. Certes non. Mais le dis-
cours de M. François Albert, on pourra s'en
rendre compte, c'est un acte. Lé ministre dit
plus souvent : « J'ai fait », ou « Je fais »,
que : « Je ferai ». Ce n'est déjà pas si banal
en ces temps où les promesses politiciennes
sont cotées plus bas encore que ne le fut le
mark, dpjllnt.
Cependant, l'intéra du duel oratoire qui mit
aux prises le grand maître de l'Université
d'hier et son successeur immédiat ne réside
pas qite là. Il est rare de voir s'affronter,
à la tribune du Parlement, d'aussi nobles es-
prits, comme il est trop peu fréquent d'en,.
tendre, deux adversaires faire profession d'es-
time réciproque et ne pas abaisser un conflit
d'idées à des querelles mesquines, nées de
compétitions, de rivalités, voire d'âpres jalou-
sies dont la manifestation publique est tou-
jours si navrante.
La joute de ces deux derniers jours honore
la tribune française. Elle devrait, pour beau-
coup, être une leçon et un exemple.
Il y a pourtant une légère ombre au tableau.
On me pardonnera de ne pas la dissimuler.
Je n'ai pas à, faire choix entre la doctrine
de Jf. François Albert et celle de M. Léon Bé..
rard, non plus qu'à opposer la généreuse cha-
leur de l'un à la distinction charmante de
l'autre. Mais comment oublier que les mots
ont, ici, des conséquences pratiques ? A quel-
ques mois de distance, les méthodes d'ensei-
gnement sont remaniées parce que les vents
ont changé. Ils soufflent aujourd'hui du Rhô-
ne. Hier ils descendaient de la vallée de la
Meuse. Qu'adviendra-t-il 3i. domain. la gi-
rouette politique marque une orientation nou-
velle ?
Pensons aux enfants, Ne cha-mixxrdons pas,
au hasard, leurs études. Pour tout dire, tâ-
chons de séparer l'enseignement de la poli-
tique,
La Séancn
Quelques discours pour rien
Le règne des bavards n'est pas tout à fait;
terminé. Nous eûme-s hier de longs discourf.
Nul n'y prêta grand intérêt, sauf, cela va do
soi, ceux qui les prononçaient. Ils eussent
pourtant gagné à modérer davantage leur élo-
quence. Un quart d'heure suffirait souvent
pour dire ce qu'on expose en une heure f;
demie. Si bien que de bonnes choses sonc
perdues dans un inutile fratras, et que, bien
souvent, au cours des discussions sur le buu-
get, on voit apparaître le spectre des douziè-
mes provisoires.
M. Le "as, qui parla le premier, et à la pre-
mière heure, combattit vigoureusement 1':;,'4
titude du mm'stre de l'instruction publique.
Il lui reproche tout, depuis ses réformes jus-
qu'à ses rapports avec les instituteurs syndi-
qués, devant lesquels, dit-il, M. François •
bert est à genoux.
M. François Albert, ministre de 'lnstru -
tion publiquo. — C'est pour moi que vous d'.
tes cela ? Quel geste d'agenouillement a don-i
fait le gouvernement vis-à-vis des syndicats
d'instituteurs ?
M. Balanant. — Pour satisfaire votr —
riosité, monsieur le ministre, ie rappe:.:
votre attitude en face des instituteurs
Le Numéro QUINZE CENTIMEe
MERCREDI 10 NOVEMBRE 1?24 - N" 19701
Fonaileui & Hcbâi.
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACOUERIE
t\.lJU.¡,'.:'L.\i., j:
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FRANCE ET COLONIES 45' 23 12 1
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YVES PLESSIS
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Réfaction Pt a mi"itrBtiOD : Nord 24-°0 24-91 10 benrc *în soir: tonfrp, 04-36
, TRIBUNE LIBRE
Le rêve d'Icare
—,————— .<
II est des ministres qui ne font pas de
politique, qui sont, tout simplement, ré-
publicains. Est-ce un bien, est-ce un mal?
Cela dépend du portefeuille. Pourquoi
doubler de rouge ou de blanc des porte-
feuilles techniques, des portefeuilles na-
tionaux où la soie tricolore suffit ?
L'aviation est précisément en dehors
des querelles des partis. Elle symbolise
le plus grand progrès de l'humanité; elle
réalise le rêve qui berça nos ancêtres as-
pirant à la conquête du ciel. Instrument
du développement intellectuel de l'hu-
manité, elle est aussi la plus grande dé-
fense des peuples menacés par des voi-
sins dirigés vers la conquête sanguinaire,
vers une domination imposée par la
guerre.
On peut reprocher beaucoup à M. Her-
riot, à raison et souvent à tort, mais on
doit lui savoir gré de son désir de doter
notre pays d'une flotte aérienne com-
merciale et défensive puissante.
Le geste par lequel M. Herriot a con-
servé à ses côtés M. Laurent Eynac, sous-
secrétaire d'Etat du ministère Poincaré
est digne de tous les éloges.
Deux jours avant la formation de son
ministère, le futur président du Conseil,
que j'avais rencontré sur les boulevards
et qui s'était promené avec moi, suivant
sa familiarité habituelle, m'avait dit :
« Laurent Eynac, je ne saurais m'en pas-
ser. Il est indispensable à la France. »
M. Herriot devait suivre son idée. Dans
la réunion de formation du ministère.
avenue de rOpéra, le nom du sous-secré-
taire d'Etat de l'aviation fut le premier
Lx é.
J'ai fait visite au grand directeur de
l'aviation française et je l'ai prié de dire
aux lecteurs du d Rappel )) tout le tra-
vail accompli sous son impulsion énergi-
que et particulièrement avertie.
M. Laurent Eynac m'a déclaré :
: Comme vous me le disiez, je suis un minis-
tre technique. En dehors de toutes idées poli-
tiques, j'ai fait, depuis des années, tous mes
efforts pour doter la France d'une bonne avia-
tion. Et, avec l'aide d'excellents collabora-
teurs, je crois avoir réussi.
Les études aérodynanrques, qui ont pu être
très pou - grâce aux laboratoires moder-
nes dont disposent les services techniques fran-
çais, à Saint-Cyr, aux laboratoires Eiffel, à
Issy-les-Moulineaux, ont porté sur l'étude de
nouveaux profils d'ailes, qui ont permis d'aug-
menter à la fois et la vitesse de l'appareil
et son rendement. Ces études ont permis à nos
industriels de réaliser des appareils de chasse,
de reconnaissance, de bombardement, de trans-
ports commerciaux, qui accusent de très grands
progrès sur leurs devanciers, tant par les vi-
tesses réahées aux diverses altitudes que par
les temps de montée, les plafonds atteints et le
poids utile transporté.
L'usage de la construction métallique a per-
mis de réaliser des appareils qui, tout en étant
aùssi légers que des appareils en bois, ont un
coefficient de sécurité- supérieur, résistent
mieux aux intempéres, aux changements de
température et de climat.
La résistance de la cellule du Bréguet
19 A2, utilisé par Pelletier Doisy, dans son
raid. est un témoignage éclatant de la valeur
et de la résistance de notre construction métal-
lique.
Deux ans de labeur acharné ont permis à
notre industrie de mettre définitivement au
point les moteurs Lorraine 400 et 450 CV.,
le moteur Renault 480 CV. les moteurs His-
pano 450 CV., en V et W, les moteurs 400
et 410 CV Farman, 500 CV Salmson et
Panhard, etc., auxquels les efforts de cer-
tans constructeurs vont bientôt ajouter de
nouveaux types qui prennent part actuelle-
ment au concours de moteurs.
Parallèlement à la puissance, la durée de
tes moteurs a suivi la même progression.
La sécurité des voyages aériens, qu'ils
soient effectués par des pilotes mil taires ou
des voyageurs civils, est une partie essentielle
du progrès aéronautique.
Cette sécurité ne peut être atteinte que par
des procédés de navigafon inexistants jus-
qu'à ces derniers temps, mais qui viennent
d'être mis au point par nos services techniques.
Des voyages sur de longs parcours, ont pu
être effectués par tous les temps, sans erreur,
grâce aux procédés de navigation préconisés
par nos services techniques.
Et nous avons pu fixer notre politique
aérienne qui est la suivante :
Ouverture et exploitât on de grandes lignes
aériennes internationales ou de voies reliant la
Métropole aux Colonies.
Nos succès ne se comptent plus. Tant dans
les épreuves exceptionnelles que dans 1 exploi-
tation régulière, l'av ation française a donné
les preuves de sa valeur.
La sécurité et la régularité de marche de
nos moteurs, mis au point depuis la guerre,
ont permis à la Compagnie franco-roumaine de
continuer le service au-dessus de l'Allemagne,
malgré l'interdiction de survoler, avec des in-
cidents de route inférieurs à un pour cent en
1923 et un seul incident en 1924, pour 450
"assagi
A côté du perfectionnement du moteur, il
fallait adapter la cellule aux besoins des trans-
ports commerciaux. Là encore, les progrès ont
été énormes. L'avion monomoteur inconforta-
ble de 1920 a laissé place aux berlines spa-
cieuses, bien aérées et aux appareils bi ou tri-
moteurs aux larges cabines avec sièges confor-
tables permettant sans fatigue le séjour en l'air
durant plusieurs heures.
L'avion va de Toulouse à Casablanca en
13 heures en été, en un jour et demi en hiver,
alors que les bateaux mettent 3 jours et dem
et le service est bi-hebdomadaire alors que
par avion il est quotidien ; sur cette voie, les
avions transportent le tiers du frêt postal entre
la France et le Maroc.
La situât on de notre aéronautique se trouve.
à la fin de l'année 1924, particulièrement
brillante. si on la compare à celle des autres
grandes nations.
Nous pouvons être fiers des résultats obte-
nus, mais is est nécessaire que cet effort cons-
tant s ampl fie, si nous voulons conserver cette
suprématie. La lutte pour la première place
s'annonce ardente : l'Angleterre, les Etats-
Unie, l'Italie, font de gros efforts au point
de vue technique ; l'Allemagne qui, de par
le traité de paix, ne possède plus qu'une avia-
tion c vile, tente de contrôler par ses puis-
sants cartels, le réseau de navigation aérienne
de 1 Europe.
Ainsi, en un exposé que le manque de
place nous oblige malheureusement à
résumer, M. Laurent Eynac m'exposa,
pour nos lecteurs, les brillants résultats
de son œuvre et de celle de ses collabo-
rateurs.
C'est un des plus beaux succès de l'i-
nitiative française. Il faut le soutenir
sans défaillance pour en assurer la conti-
nuité.
René PAROD.
I TîfUt t
EDITORIAL
L'enseignement unique
La discussion du budget
s'était, jusqu'ici, platement
trainée dans les bas-fondà.
Mais une lueur vient d'é-
clairer les cimes, et nous
avons eu le régal d'un dis-
cours de M. Léon Bérard.
M. Léon Bérard. dénuté.
a soutenu la même thèse que M. Léon
Bérard, ministre. C'est déjà d'une ai-
mable originalité. En politique, il est
fréquent d'être infidèle, non seulement
à ses amis — c'est d'une banalité cou-
rante — mais à soi-même.
M. Léon Bérard semblait avoir tout
dit, et dit d'une façon charmante et dé-
cisive, dans ses précédentes interven-
tions à la tribune. Il a trouvé le moyen
d'y ajouter encore. Son cru est inépuisa-
ble. Jean Goldsky a reproduit en termes
heureux et avec une délicatesse de tou-
che qui épousait un tel sujet, le charme
de crtte séance vraiment académique.
L'éloquence de M. Léon Bérard,
d'une élégance aisée et d'une grâce lé-
gère, se met avec raison ou service de
la culture classique et des humanités.
L'orateur en est visiblement nourri ;
sa dialectique en tire la meilleure subs-
tance ; les abeilles de l'H g met te volti-
gent à Ventour de son langage fleuri.
Le fond ne le cède, d'ailleurs, pas à
la forme, et les arguments de M. Léon
Bérard ont une force qui aurait dû em-
pêcher l'abrogation de son décret.
C'est grande pitié de voir la politique
de réunions publiques s'emparer bruta-
lement des plus délicats problèmes de
l'enseignement national et jeter la con-
tradiction, le trouble et le désarroi par-
mi les maîtres, les familles et les élè-
ves.
Par contre, je ne tombe pas d'accord
avec M. Léon Bérard sur sa conception
de la liberté de renseignement et de
l'école unique.
Je pense, comme lui, que l'école uni-
que implique le monopole de l'ensei-
gnement. Mais, loin de le redouter ti-
midement, je le souhaite hardiment. Je
crois que l'école unique, que l'unité
d'enseignement sont nécessaires à l'u-
nité morale, à l'union nationale de no-
tre peuple.
La dualité d'enseignement, l'ensei-
gnement prétendu libre, l'enseigne-
ment v contre-révolutionnaire », si elo-
quemment défini par Albert de Mun,
perpétuent l'antagonisme des « deux
jeunesse », pour reprendre les fortes
paroles de Waldeek-Rousseau.
L'école unique serait de nature à ta-
rir les sources de notre discorde civile.
et à resserrer le lien moral et national
entre les jeunes grils de notre rare.
J'entends bien murmurer : « Et la
liberté ! »
Je prie M. Léon Bérard. élégant ro-
SNIll du Mnm's, de s'incliner sous le
souffle de la Montagne et de retenir —
sans sourire — la vieille formule des
Jacobins patriotes :
« Il n'y a pas de liberté contre le -sa-
lut public. )
: idmond dm MBNLT-
La place de la politique est aux
genoux de lamorale.
KANT.
A LA COMMISSION DE LA CHAMBRE
Déclarations de M. Herriot
sur la suppression
de l'ambassade au Vatican
M. Herriot, président .du Conseil, a fait
connaître hier, à la commission des affaires
étrangères de la Chambre, les motifs pour
lesquels il se proposait de supprimer notre
ambassade auprès du Vatican.
Le président du Conseil a déclaré com-
ment, sans vouloir porter la moindre at-
teinte aux croyances, et tout en estimant
que le pape a droit au respect de tous r.J'!'\x
qui vénèrent un idéal, il entend séparer les
problèmes spirituels des problèmes temporels
et ne pas faire intervenir ces éléments spi-
rituels dans les discussions de la France
avec les autres Etats. Cette dissociation fa-
vorisera d'ailleurs tous les intérêts en pré-
sence.
En ce qui concerne le régime religieux des
départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et
de la Moselle, M. Herriot a déclaré qu'il ap-
partiendrait au Conseil d'Etat de décider s'ils
sont ou non régis par le Concordat et qu'il
se conformerait à la décision de ce haut tri-
bunal.
La poli ique russe
Saisie d'une proposition de résolution de
M. Cachin et de plusieurs de ses collègues
tendant à envoyer un salut de la Chambre
au peuple russe, la commission avait tenu.
en outre, à entendre le président du Conseil
développer devant elle les principes de sa po-
litique à l'égard de la Russie. M. Herriot a
exposé les motifs d'ordre économique et po-
litique pour lesquels le gouvernement a re-
connu le gouvernement des Soviets, confor-
mément à l'engagement qu'il avait pris dans
sa déclaration ministérielle. Il a rappelé les
travaux de la commission d'études présidée
par M. de Monzie, à la compétence et à l'ac-
tivité duquel il' a rendu hommage. C'est à
l'unanimité que cette commission a pris ses
décisions qui ont abouti à la reconnaissance
i: de jure » du gouvernement russe. M. Her-
riot a ensuite commenté le texte des .télé-
grammes échangés avec le gouvernement des
Soviets et indiqué dans quelles conditions se
poursuivraient, à partir du début de janvier
les négociations prévues dans ces télégram-
mes.
A l'issue de cette audition, la commission
a décidé, conformément à l'avis du gouverne-
ment, qu'après l'échange des télégrammes of-
ficiels intervenu lors de la reconnaissance
« de jure » du gouvernement des Soviets, il
n'y avait plus lieu de voter le texte de l'a-
dresse présentée par M. Cachin et ses collè-
gues du .parti communiste.
La commission, d'accord avec le président
du Conseil, a décidé qu'il serait entendu le
3 décembre sur la politique générale.
Les étrennes des Parisiens
La vie augmente, le personnel de la Ville
de Paris et du département de la Seine ré-
clame des augmentations que la commission
compétente est disposée à accorder.
Le projet du budget municipal est en équi-
libre, mais pour faire face aux réclamations
du personnel il faudra trouver au moins 1-30
millions de recettes supplémentaires.
Comment ? La belle question, puisque il est
désormais entendu que le contribuable se lats
se tondrs sans crier.
Et c'est pourquoi nos édiles envisagent tout
simplement la création de 70 à 80 centimes
additionnels nouveaux et l'augmentation du
prix du gaz, de l'électricité et des transports
en commun : métro, autobus et tramways.
Et allez donc ! La vie sera belle en l'an de
grâce 1925.
-
Les négociations commerciales
franco-allemandes
On annonce que M. Trendelenburg, chef de
la délégation chargé de négocier au nom du
Reich la conclusion d'un traité de commerce
franco-allemand, a quitté Berlin, hier soir, et
sera à Paris aujourd'hui.
Les négociations vont donc reprendre in.
cessamment. L'ambassadeur d'Allemagne à
Paris, M. von Hœsch va y prendre une part
active.
EN TROISIEME PAGE :
Lp Congrès des groupes commerciaux et in-
du. triels. — Le banquet de l'Union des
Intérêts économiques.
NOUVELLE LETTRE DE M. POINCARE
Les notes de M. Georges Louis
furent à la disposition
d'un écrivain allemand
M. Raymond Poincaré nous adresse la let-
tre suivante :
« 18 novembre 1924.
« m cher directeur,
c Dans la lei re que je vous ai écrite hier,
j'ai indiqué que la publication des notes at-
tribuées à M. Louis avait été annoncée, il y
a quelque temps déjà, dans la presse alle-
lande. Quelques personnes m'ayant demandé
de préciser ce renseignement, je me rends
volontiers à leur désir.
« Dans la revue « Deutsche Rundschau »
numéro du mois de juin dernier, M. Charles.
L. Hartmann a pubiié un long article sur les
archives russes et la guerre.
« En note, à la page 2-34, l'auteur s'exprime
ainsi :
« Georges Louis marchait sur les traces de
Saint-Simon. Chaque soir, il portait sur un
calepin le plus grand comme le plus petit
événement, la relation exacte de ses conver-
sations avec les ministres, les grands-ducs et
le tsar, toutes les histoires de cour et les
scandales-de son entourage, au total quatre
caisses de manuscrits et de documents. Ceux-
ci sont à ma disposition et seront, dans un
temps prochain, sans la permission de M.
Poincaré, livrés au public, comme plus large
preuve de la manière dont le monde a été
abusé et trompé sur les responsabilités de la
guerre. »
« N.-B.— Pour les cambrioleurs diplomati-
ques : ces caisses ne sont pas dans ma de-
meure, mais èlles sont en sûreté à l'étranger.
- Ch. L. H. »
« Croyez, mon cher directeur, à mes ,. senti-
ments dévoués. »
, « R. Poincaré. »
— ., « —
Mustapha Kemal en France
Constantinople.. 1S novembre. — Mustapha
Kemai, accompagné de sa femme et d'Ismet
pacha, va partir sous peu pour la France, à
bord (l'uu navire de guerre français, Il vient
passer quelque temps dans le Midi. Une revue
militaire et navale sera donnée en son hon-
neur.
Cette visite a été arrangée par le général
Mougin, représentant français à Angora. A
Constantinople, on attache une grande impor-
tance à cet événement.
—————.————— Il - ——
Pour l'abrogation
des lois « scélérates »
Le groupe socialiste de la Chambre vient
de déposer un projet de loi tendant à l'abro-
gation des lois d'exception votées, en 1893-94,
à la suite des attentats anarchistes —- lois
que nous avons souvent dénoncées comme
contraires à l'esprit même de la démocratie.
« En les abrogeant, disent les signataires,
on ne fera que répondre à l'attente de beau-
coup de ceux qui les votèrent comme lois
d'exception, disant dès lors, avec le Temps,
qu' (e au terme d'une période de temps limi-
tée, elles auront cessé d'être nécessaires ».
Ce n'est, d'ailleurs, qu'à une majorité annon-
cée de six voix, réduite en fait à. une seule,
contestable et contestée, que la Chambre avait
renoncé à introduire dans le texte même de
la loi de 1894 une limitation de durée à quel-
ques années. »
A la Chambre, comme au Sénat, cet amen-
dement devrait rallier l'unanimité des voix.
La spéculation illicite
des loyers
Le prix de location des logements vacants
devra être affiché
La commission de la spéculation illicite,
réunie hier à la Chambre, a poursuivi l'exa-
men du nouveau texte tendant à la répres-
sion de la spéculation rédigé par MM. An-
dré Hesse et Palmade. Après un échange de
vues, la commission a décidé de faire entrer
dans le cadre de la loi une disposition spé-
ciale frappant la spéculation sur les loyers.
D'après cet amendement, les propriétaires se-
ront tenus dorénavant d'afficher les prix de
leurs logements ou appartements en même
temps que les locaux Vacants. Des pénalités
très lourdes seront prévues pour les délin-
quants, des amendes variant de 500 à 20.000
francs et des peines d'emprisonnement. La
commission entendra le garde des sceaux
avant de prendre une décision définitive.
L'ECONOMISTE. — En somme, qu'est-ce que le capital ?. C'est du travail
accumulé. Accumulons!
AU SENAT
MM. Caillaux et Malvy sont amnistiés
» • «
i
La Haute Assemblée adopte un amendement en vertu duquel
M. Charles Maurras sera compris dans la loi de clémence
.c —————
On disait, avant la séance : le débat va être
mouvementé, peut-être même orageux. Et con-
tre toute attente, jamais discussion ne s'est
déroulée- dans une atmosphère plus sereine.
On sait que le Sénat devait se prononcer
hier matin sur les deux questions suivantes :
Devait-on comprendre dans les mesures d'am-
nistie MM. Caillaux et Malvy ? Après une dé-
claration du président du conseil, après aussi
deux interventions applaudies et très remar-
quées de MM. Chéron et Poincaré, la Haute
Assemblée a répondu par l'affirmative. Com-
plétant gon geste, elle adopta en fin de séance
un amendement en vertu duquel M. Maurras,
qui fut condamné pour violences et voies de
fait, sera également amnistié.
TA SÉANCE
L'assemblée, présidée par M. de Selves, va-
lide d'abord l'élection de M. Méjean qui suc-
cède à M. Gaston Doumergue, dans le départe-
ment du Gard.
Elle reprend ensuite la discussion du pro-
jet de loi concernant l'amnistie.
M. Mario Roustan fait adopter un texte
qui accorde l'amnistie aux condamnations pro-
noncées contre les magistrats municipaux,
lorsqu'ils ne sont que des délinquants primai-
res et n'ont été frappés que pour des délits
et seulement de peine d'amende.
M. Guillaume Poulie, rapporteur, fait défi-
nir comme suit les délinquants primaires dont
la loi parle à plusieurs reprises.
Les délinquants primaires sont ceux qui
n'ont aucune condamnation antérieure ins-
crite à leur casier judiciaire no 2. Seront as-
similés aux délinquants primaires tous ceux
dont le casier juriciaire no 2 ne comprendra
que des condamnations amnistiées par la loi.
Le cas de M. Caillaux
Et l'on passe à l'article 2. M.. Fernand
Faure fait spécifier que sont exclus de l'am-
nistie les fabricants do passeports. Le pre-
mier paragraphe de l'article 2 est adopté et
l'on aborde le second paragraphe qui débute
ainsi : « Amnistie pleine et entière est accor-
dée pour les faits prévus par les articles 78,
166 et 167 du Code pénal ». Les faits visés
par ces articles concernent les affaires Cail-
la ux et Malvy.
Le général Stuhl dépose un amendement
demandant que soient exclus de l'amnistie les
faits visés par l'article 7'8 (correspondance
av-ec les sujets d'une puissance ennemie
n'ayant pas eu pour objet la trahison sous une
forme quelconque.)
Le général Stolil. - Je suis partisan du
pardon. et de l'oubii, à. condition de ne pas
tomber dans la faiblesse et de ne pas porter
atteinte aux intérêts les plus sacrés du pays.
(Très bien ! très bien! ) On ferait injure à
la grande majorité de nos concitoyens en
étendant à l'excès l'amnistie. Je n'accepte pas,
pour ma part, qu'on amnistie M. Malvy et
M. Caillaux.
L'orateur ne veut d'ailleurs parler que du
cas Joseph Caillaux, car, dit-il, il n'a pas pris
part au, procès Malvy. Il reconnaît que « M.
Malvy a de grandes qualités et qu'il ne s'est
pas enrichi au pouvoir » ; mais il est impi-
toyable pour M. Caillaux à qui il refuse toute
amnistie.
M. Pierre Berger. - Je ne suivrai pas le
gouvernement en amnistiant M. Caillaux. J'ai
voté la condamnation de celui-ci : mes senti-
ments n'ont pas changé ; pour la paix so-
ciale et pour l'éducation des générations fu-
tures, je ne voudrais pas amnistier les faits
graves pour lesquels M. Caillaux a été con-
damné. (Applaudissements à. droite.)
Nous n'avons rien oublii de ce qui s'est
dit ici il y a quatre ans : comme Bazaine en
1870, M. Caillaux n'avait pas cru à la vic-
toire de la France et avait eu des tractations
avec l'ennemi. (Interruptions à gauche.)
Le président du conseil monte à la. tribune.
II déclare que le gouvernement n'a pas l'in-
tention d'évoquer eu -fond ni l'affaire Malvy
ni l'affaire CailJaux.
M. Herriot — M. Berger d. dé-cjar qu'il ne
pouvait acquitter la trahison et il a évoqué
l'affaire d'un homme qui avait livré une ar-
mée française dans des conditions déhono-
rahtes. Mais cette comparaison n'est à, aucun
degré justifié. Le gouvernement ne pren-
drait à aucun moment la. responsabilité dtï
faire ou laisser amnistier un homme qui au-
rait trahi.
Le gouvernement veut une œuvre d'apai-
sement. Pendant la guerre, chacun a fuir,
plier ses idées personnelles devant la néces-
sité de faire triompher la France. Et le pré-
sident du Conseil poursuit :
M. Herriot. — La France est assez forlo
pour supporter les divergences d'idées; elle
en a même besoin. L'acte d'oubli que noue
vous demandons d'admettre n'aura pas pour
résultat d'affranchir le pays. (Interruptions
à droite.) Votre vote démontrera que si dan,.,
l'instant du péril vous subordonnez tout au
salut de la patrie, vous savez aussi, le p-fri.
passé, laisser tomber dans l'oubli les querel-
les et les divergences d'opinions qui parais-
saient dangereuses pendant la guerre. (Inter-
ruptions à droite.)
Votre décision montrera votre confiance
dans la patrie. Elle sera en même temps une
mesure d'apaisement.
Au président du Conseil, très applaudi, sur-
tout à gauche, succède M. Hervey qui rap-
pelle que les attendus de J'arrêt condamnant
M. Caillaux montrent que les actes reprochés
à ce dernier ont servi les Intérêts ennemie-
qu'ils ont pu donner à l'Allemagne le moyen
de poursuivre son effort de guerre.
M. Hervey. — Eh bien, si les officiers dé.
serteurs ne doivent, à. aucun prix, être am-
nistiés. n'en est-il pas de même d'un ancien
chef du gouvernement ? (Très bien ! et ap-
plaudissements. )
On parle toujours du voile de l'oubli. Mais)
M. Caillaux ne veut pas disparaître : il va..
au contraire, reparaître, plus ambitieux eu
plus ardent que jamais. Il n'a qu'un désir :
celui de reprendre la direction de la France
Cette discussion très courtoise se termine
sur une brève intervention du rapporteur, M.
Guillaume Poulie, puis le second paragraphe
de l'article 2 est adopté par 170 voix contra
104. M. Caillaux est donc amnistié.
L'affaire Malvy
Le Sénat est ensuite appelé à se prononcer
sur les faits visés par les articles 166 et 167
concernant la forfaiture. Il s'agit du cas da
M. Malvy.
M. Henry Chéron prend le premier la p:t>
rôle. Il s'exprime en ces termes :
M. Henry Cliéron. - C'est l'honneur du SC—
nat que de permettre à ses membres d'expri-
mer librement leurs opinions à cette tribune.
sans qu'elles puissent constituer jamais un
manque de déférence envers l'Assemblée de-
vant laquelle elles SOnt défendues. Je ne
parle d'ailleurs ici qu'en mon nom rsonnel.
NI. àlaivy a été illégalement condamné. (Très
bien et applaudissements à gauche.) POU"
prononcer sa condamnation, la Cour de jus-
tice a dû, en effet, se déclarer souverains.
Elle a fait usage de cette souveraineté, non
seulement pour étendre sa compétence su -
une question d'ordre public, mais encore
pour appliquer-à l'infraction qu'elle a rete-
nue d'autres peines que celles prévues par I©
Code pénal.
Je me suis Slevé avec force devant la Cour
contre cette procédure et contre cette déci-
sion. Je n'ai pas changé d'avis, et, si j'évo-
que aujourd'hui, à la tribune, les observations
que j'ai présentées à cette -époque, c'est qUii
je ne veux point, pour ma part, en votants
l'amnistie, qui a pour but d'effacer les in-
fractions, sembler reconnaître la légitimité
de la condamnation prononcée contre M..
Malvy et prescrire, sous cette forme indirecte,
les droits sacrés de la vérité. (Très bien ! à.
gauche.) D'autre part, si les hommes les
plus qual!fiés pouvaient parier, ils diraient
certainement que, contrairement à ce qu"
vous avez cru, contrairement à ce que croit
une partie de l'opinion, M. Malvy, ministre,
de l'intérieur, n a pofnt manqué dans sea
fonctions aux devoirs du patriotisme. Je l'a;
entendu dire assez souvent et d'assez haL..
pour le répéter ici.
Si mes paroles, dont vous savez l'indépen-
dance., puisque je ne suie pas des amis poE",
tiques de M. Malvy, peuvent vous servir, en.
quelque mesure, à redresser j'erreur dont iL
a tant souffert, j'en serai, en vérité, trop htu»
reux.
De vifs applaudissements soulignent les
dernières paroles de l'orateur. En regagnanu
sa place, M. Henry. Chéron est félicité par
de nombreux collègues; M. Poincaré est par-
mi les premiers à lui serrer la main.
(La suite en deuxième page.)
-A. Xjwâ. CHAMBRE:
La réforme de l'enseignement
1 -
M. François Albert répond à M. Léon Bérard
l i
M. François Albert a parlé.
Le fait, dira-t-on, n'a rien. d'extraordinaire,
d'anormal, d'imprévu. Certes non. Mais le dis-
cours de M. François Albert, on pourra s'en
rendre compte, c'est un acte. Lé ministre dit
plus souvent : « J'ai fait », ou « Je fais »,
que : « Je ferai ». Ce n'est déjà pas si banal
en ces temps où les promesses politiciennes
sont cotées plus bas encore que ne le fut le
mark, dpjllnt.
Cependant, l'intéra du duel oratoire qui mit
aux prises le grand maître de l'Université
d'hier et son successeur immédiat ne réside
pas qite là. Il est rare de voir s'affronter,
à la tribune du Parlement, d'aussi nobles es-
prits, comme il est trop peu fréquent d'en,.
tendre, deux adversaires faire profession d'es-
time réciproque et ne pas abaisser un conflit
d'idées à des querelles mesquines, nées de
compétitions, de rivalités, voire d'âpres jalou-
sies dont la manifestation publique est tou-
jours si navrante.
La joute de ces deux derniers jours honore
la tribune française. Elle devrait, pour beau-
coup, être une leçon et un exemple.
Il y a pourtant une légère ombre au tableau.
On me pardonnera de ne pas la dissimuler.
Je n'ai pas à, faire choix entre la doctrine
de Jf. François Albert et celle de M. Léon Bé..
rard, non plus qu'à opposer la généreuse cha-
leur de l'un à la distinction charmante de
l'autre. Mais comment oublier que les mots
ont, ici, des conséquences pratiques ? A quel-
ques mois de distance, les méthodes d'ensei-
gnement sont remaniées parce que les vents
ont changé. Ils soufflent aujourd'hui du Rhô-
ne. Hier ils descendaient de la vallée de la
Meuse. Qu'adviendra-t-il 3i. domain. la gi-
rouette politique marque une orientation nou-
velle ?
Pensons aux enfants, Ne cha-mixxrdons pas,
au hasard, leurs études. Pour tout dire, tâ-
chons de séparer l'enseignement de la poli-
tique,
La Séancn
Quelques discours pour rien
Le règne des bavards n'est pas tout à fait;
terminé. Nous eûme-s hier de longs discourf.
Nul n'y prêta grand intérêt, sauf, cela va do
soi, ceux qui les prononçaient. Ils eussent
pourtant gagné à modérer davantage leur élo-
quence. Un quart d'heure suffirait souvent
pour dire ce qu'on expose en une heure f;
demie. Si bien que de bonnes choses sonc
perdues dans un inutile fratras, et que, bien
souvent, au cours des discussions sur le buu-
get, on voit apparaître le spectre des douziè-
mes provisoires.
M. Le "as, qui parla le premier, et à la pre-
mière heure, combattit vigoureusement 1':;,'4
titude du mm'stre de l'instruction publique.
Il lui reproche tout, depuis ses réformes jus-
qu'à ses rapports avec les instituteurs syndi-
qués, devant lesquels, dit-il, M. François •
bert est à genoux.
M. François Albert, ministre de 'lnstru -
tion publiquo. — C'est pour moi que vous d'.
tes cela ? Quel geste d'agenouillement a don-i
fait le gouvernement vis-à-vis des syndicats
d'instituteurs ?
M. Balanant. — Pour satisfaire votr —
riosité, monsieur le ministre, ie rappe:.:
votre attitude en face des instituteurs
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