Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1924-06-02
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 juin 1924 02 juin 1924
Description : 1924/06/02 (N19531). 1924/06/02 (N19531).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7555163d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/03/2013
18 PRAIRIAL. AN 132. — Ir 19531
Le Numéro i QUINZE CENTIMES
LUNDI 2 JUIN 1924. — N* 19531
Fondateurs (1869):
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS:
fil. Kl Mb ta* MI
SEINE & S.-ET-OISE 401 21. II*
FRANCE ET COLONIES 45 * 23' 12 *
ETRANGER 1 1 75 » 38 208
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Rédaction et Adrâblrtlioi : lord 24-90,24-91. — Après 10hures da soir: Ceatrat ?<-?
TtRIBUN E LIBRE
Pace à la réalité
Les républicains ont vaincu le Bloc na-
tional, et avec lui sa politique. Mais, est-
-ce à dire que toutes difficultés sont vain-
jcues ? Les électeurs se sont prononcés;
lia tâche qui va incomber au gouverne-
ment de demain n'en reste pas moins
écrasante.
'- Le redressement intérieur dans le sens
de la laïcité, on le fera. Ce n'est pas là
Ua plus grande difficulté.
Le redressement de la politique exté-
rieure du Bloc national n'est pas Iui-
fmême hors des forces d'un gouvernement
I radical. Le gouvernement de ce Bloc n'a
obtenu ni réparations ni sécurité, il n'est
donc pas malaisé de faire mieux. Il se
peut cependant que devant un nationalis-
me allemand exacerbé, le gouvernement
de demain soit amené à user vis-à-vis de
l'Allemagne d'une force de contrainte
plus résolue et plus grande que celle du
iministère Poincaré. Mais alors cette force
(le contrainte s'exercera dans l'unité de
front des anciens alliés et avec, à nos
côtés, l'Angleterre et l'Amérique.
i Le véritable écueil du gouvernement
nouveau sera le redressement financier.
Si la démagogie prédomine, ce gouverne-
ment est perdu. Le redressement budgé-
taire exige des économies, une nouvelle
'assiette de l'impôt et l'égalité dans les
charges publiques. , -
e redressement financier s'impose
non moins. Il exige, lui aussi, l'équilibre
budgétaire, l'arrêt de l'inflation ouverte
ou déguisée sous la forme des bons de la
Défense nationale et du Trésor, la conso-
lidation de la dette flottante intérieure, la
revalorisation de notre monnaie et, par
voie de conséquence, l'atténuation de la
jcherté de la vie. Le mercantilisme, ou-
vrier de la vie chère, la ploutocratie,
maîtresse du pays, doivent être limités
dans leur œuvre.
C'est par des artifices d'écritures qu'on
nous a dit à la Chambre et au Sénat, en
'décembre 1923, que le budget est en
équilibre. C'est là. le budget d'un illusion-
niste. _.--
La realité, la voici î1
Dépenses : 29.136 millions en 1920,
- 27.980 - 1921,
— 126.436 — 1922,
- 22.151 — 1923.
Recettes 19.821 millions en 1920,
- - 21.217 - 1921,
—.. 122.381 — 1922,
— 23.054 - 1923.
C'est-à-dire, <( in globo », 106 mil-
liards de dépenses en quatre ans et 86
milliards de recettes.
Au total un déficit du « budget ordi-
naire » de 20 milliards.
Les dépenses faites au compte des
« dépenses recouvrables » se sont mon-
tées, de leur côté, réalisées sur fonds
d'emprunt, à :
1919, 15.841 millions
1920. 22.279 -
192 1 < 21.423 —
1923 23.084 -
soit, en totalité, 82 milliards 627 mil-
lions.
L'Allemagne n'a pas payé. A sa place,
l'ébargne française a fourni près de 100
milliards pour la reconstitution des ré-
gions dévastées et les pensions. Cette
avance de l'épargne consentie au Trésor
exige des intérêts annuels qui montent
entre trois et quatre milliards.
Au fond, pour couvrir nos dépenses
du budget ordinaire et nos dépenses de
reconstruction, nous avons dû eugmenter
les impôts de 8 milliards en 1920, de 6
milliards en 1924, soit, au total, 14 mil-
liards, et nous avons un budget annuel de
30 milliards au lieu de i milliards en
1914.
A
Au cours des quatre derniers exerci-
ces, nous avons dépensé 297 milliards et
encaissé 89 milliards. C'est donc un dé-
ficit de 108 milliards. En vérité nous
avons avancé 86 milliards au titre des
« dépenses recouvrables » aux lieu et pla-
ce de l'Allemagne qui n'a pas exécuté
ses engagements, mais il reste tout de
même, en dehors des dépenses des répa-
rations, un excédent de dépenses sur les
recettes - pour le budget ordinaire d en-
viron 20 milliards.
C'est en vain que le « Temps» (31
mai 1924) écrit que parler du (( déséqui-
libre financier », c'est mal défendre le
anc. U y a un meilleur moyen de le de-
fendre, c'est d'équilibrer réellement nos
dépenses et nos recettes sans constam-
ment rappeler que, si notre trésorerie est
malade, c'est par suite du poids des dé-
penses recouvrables.
Notre dette intérieure a été accrue de
plus de 100 milliards (nous laissons de
côté volontairement notre dette exté-
rieure entre 80 et 90 milliards au cours
du change, parce que ni l'Angleterre ni
l'Amérique jusqu'alors ne nous en ont
réclamé d'intérêts, et, dans l'ensemble,
cette dette nous oblige à payer annuelle-
ment une somme d'intérêts de près de 10
milliards. Si on y ajoutait les intérêts des
emprunts pour la reconstruction (3.560
millions), et les pensions (2.541 mil-
lions), le service de la dette absorberait
plus de 15 milliards de francs, la moitié
des recettes normales prévues pour le
budget de 1924.
Notre circulation fiduciaire, en plus,
plafonne aux environs de 40 milliards,
parce que nous n'avons pas pu continuer
à rembourser les avances prévues à la
Banque de France.
Voilà la réalité. Dans cette réalité, on
trouve en partie (en dehors de la spécu-
lation) les raisons de la chute de notre
monnaie, la crise de notre change et, par
contre-coup, aidé d'ailleurs par une poli-
tique douanière exigée par la ploutocra-
tie, l'élévation du coût de la vie.
C'est contre ces formidables difficultés
financières que va se heurter le nouveau
gôuvernement. Le redressement finan-
cier est 'le premier des redressements
auxquels il devra s'attaquer s'il ne veut
pas s'exposer aux sarcasmes de ses ad-
versaires et. à la chute.
Ch. DEBIERRE,
Sénateur du Nord.
n» ■ ■ -
EDITORIAL
'Série noire
La question présiden-
tielle qui, jusqu'ici, n'avait
alimenté que les polémi-
ques de presse, est entrée
hier dans une phase nou-
velle, à la suite de la rézt-
nion des 307 députés qui
ont prononcé l'exclusive contre m.
Alexandre Millerand.
Sans préjuger en quoi que ce soit des
décisions que prendra le président de
la République, il est assez curieux de
constater que, depuis 1871, tous les pré-
sidents français choisis parmi les dé-
putés ont, soit fini tragiquement, soit
rencontré de tels obstacles qu'ils ont dû
renoncer à leur haute fonction.
Adolphe Thiers, premier président
de la Troisième République, était dépu-
té. Il dut donner sa démission, le 24;
mai 1873, pour n'être pas mis en mino-
rité par les monarchistes de l'Assem-
blée nationale.
Le maréchal de Mac-Mahon (nom-
mons-le pour mémoire, bien qu'il n'ait
pas été membre du Parlement) fut obli-
gé de se démettre, l'élection des 363
ayant mis en échec la politique du Sei-
ze-Mai.
Jules Grévy, député, termina bien un
premier septennat; mais il n'alla pas
loin dans le second : en décembre 1887,
l'affaire du trafic des décorations à la-
quelle était mêlé son gendre Wilson, le
contraignit à céder la place à Sadi Car-
not, député.
Le petit-fils de l'Organisateur de la
Victoire arrivait presque au terme de
ses pouvoirs et avait annoncé déjà qu'il
n'en demanderait pas le renouvelle-
ment, quand il tomba sous le poignard
de Caserio (juin 1894).
Jean Casimir-Perier, député, ne ré-
sista que six mois; rebuté par les em-
bûches que ses adversaires dressaient
sous ses pas, il démissionna spontané-
ment (janvier 1895).
Félix Faure, député, ne présida que
quatre ans; il mourut brusquement
dans des conditions encore présentes
à toutes les mémoires (1899).
Avec M. Loubet, sénateur, commence
l'ère des présidences, sinon tranquilles,
du moins complètes. Sénateurs égale-
ment, ses successeurs MM. Fallières et
Poincaré, qui vont jusqu'au bout de
leur magistrature.
Mais la Chambre rentre à l'Elysée
avec Paul DeschaneL. et la série noire
recommence.
Sans être superstitieux, on est moins
surpris — après ces précédents — des
difficultés qui assaillent M. Millerand.
Edmond du MESNIL.
EN DERNIERE HEURE :
Le chancelier d'Autriche victime d'un
attentat.
EN QUATRIEME PAGE :
La Tribune de la Libre Pensée.
One grande journée politique
« 00*300— ——
Le cabinet Poincaré
démissionne
-
Avant de remettre Jeurs démissions au pré-
sident de la République, les membres du ca-
binet Poincaré ont'tenu, hier matin, un der-
nier conseil des ministres.
De nombreux' curieux s'étaient massés de-
vant l'entrée du palais de l'Elysée pour assis-
ter à leur arrivée. Un peu avant 10 h.15, M.
Louis Marin, ministre des régions libérées,
pénétrait dans la cour d'honneur, bientôt
euivi de M. Raymond Poincaré , président du
conseil, ministre des affaires étrangères, et
l'on voyait se succéder,, en quelques minutes,
arrivant les uns en automobile, les autres à
pied, tous les autres ministre, à l'exception
de M. Masinot, ministre de la guerre ev dfç
pensions, retenu à Bar-le-Duc.
La séance dura moins d'une demi-heure.
M. Loucheur sortit le premier à onze heu-
res, en compagnie de M. Daniel-Vincent et
s'écria en voyant les journalistes Téunis :
— « Ave morituri. »
M. Poincaré resta seul avec le président de
la République. Leur entretien particulier
dura environ un quart d'heure. A sa sortie, il
répondit aux journalistes qu'il n'avait aucune
déclaration à leur faire et qu'un communiqué
leur serait donné, et sa. voiture s'engagea
sous la voûte du porche. A ce moment,
une manifestation de sympathie à l'adresse
du président du conseil se produisit. De la
foule partirent des cris nombreux de : « Vive
Poincaré ! Vive la République l Vive la
France !
LES ECONOMIES
Quelques minutes après, au ministère de
l'intérieur, on communiquait la note sui-
vante :
Les ministres et sous-secrétaire d'Etat sa
sont réunis ce matin en conseil des ministres
à l'Elysée, sons la présidence de M. Mille-
rand. Le conseil a adopté, conformément à
l'avis du Conseil d'Etat et à la suite de mo-
difications de détails apportées par lui, les
décrets de compressions des dépenses con-
cernant les ministères de la justice, de Vin-
térieur, de la guerre, de la marine, de l'agri-
culture, de l'instruction publique, des colo-
nies, du travail et des pensions. Les cono.
mies ainsi réalisées pour l'exercice 1924 tant
pour le budget général que pour le budget
spécial, s'élèvent à ce jour à 425 millions.
LA DEMISSION DU CABINET
Complétant cette premiène note, la com-
munication suivante a été faite à la presse
par la présidence de la Réublique :
Les ministres se sont réunis ce matin à
dix heures et demie à l'Elysée pour remettre
leurs démissions entre les mains du président
de la République, qui les a acceptées.
Les ministres démissionnaires restent char-
gés d'expédier les affaires courantes.
Voici le texte de la lettre de démission qui a
été remise à M. Millerand, à l'issue du con,
seil des ministres :
Paris, le 1er juin 1924.
Monsieur le président,
Conformément à la décision que le gouver-
nement a prise au lendemain des élections
généralest nous avons l'honneur de vous re-
mettre la démission collective dit cabinet.
Veuillez agréer, monsieur le président, l'as-
surance de notre respectueux dévouement.
Tous les ministres ont signé cette lettre de
démission.
e —■ » xaoo e-. —
La réunion du Cartel des Gauches
prononce l'exclusive contre M. Millerand
— » ■ * > C * ■
La question présidentielle, qui était discu-
tée depuis plusieurs, jours dans les conver-
sations entre hommes politiques et dans les
polémiques de presse, s'est posée, hier matin,
d'une manière ferme devant trois groupes :
le groupe radical socialiste, le groupe répu-
blicain socialiste et le groupe radical.. Voici
les résolutions qui ont été prises dans les
trois réunions ;
AU GROUPE RADICAL-SOCIALISTE
Tout d'abord la réunion a adopté par ac-
clamation la candidature de M. Painlevé
pour la présidence de la Chambre. Puis s'est
ouvert un débat sur la question de la prési-
dence de la République provoqué par le dépôt
de la motion suivante, due à l'initiative de
M. Accambray, député de l'Aisne :
Le groupe des députés membres du parti
républicain radical et radical socialiste, con-
sidérant que le citoyen Millerand, président
de la République, a, contrairement à l'esprit
de la Constitution, soutenu une politique per-
sonnelle, considérant qu'il a pris ouvertement
parti pour Je Bloc national, considérant que la
politique du Bloc national a été vaincue aux
élections, estime que le maintien à l'Elysée du
citoyen Millerand. blesserait la conscience pu-
blique, déclare qu'aucun membre du parti
radical et radical socialiste ne peut accepter
du président Millerand le mandat de former
un ministère.
M. Herriot, prenant alors la parole, a fait
une courte déclaration pour préciser son avis.
Il a dit en substance : c La motion propo-
sée comporte deux parties: sùr la première,
qui concerne la question du président de la
République, vous avez la plus entière liberté
de vous prononcer; je ne chercherai en au-
cune manière à influencer votre décision.
« Quant à la seconde partie, visant mon
action subséquente, je ne puis l'admettre. Je
n'admets aucun mandat impératif; j'entends
être absolument libre; je ne puis accepter
qu'un mandat de confiance, de confiance ab-
solue. Si je devais être un chef de gouver-
nement démocrate, je ne veux être qu'un
ehef de gouvernement libre. >
Après un échange d'observations, la réu-
nion, a adopté, par 111 voix et 4 abstentions,
sur 115 présents, le texte suivant :
Le groupe des députés membres du parti
républicain radical et radical socialiste, con-
eldérant que M. Alexandre Millerand, prési-
dent de la République, a, contrairement à
l'epprit de la Constitution, soutenu une politi-
que personnelle, considérant qu'il a pris ouver-
tement parti pour le Bloc national, considé-
rant que la politique du Bloc national a fitï
condamnée par le pays, estime que le main-
tien à l'Elsée de M. Millerand blesserait la
conscience républicaine, serait la source de
conflits incessants entre le gouvernement et
le chef de l'Etat et un danger constant pour
le régime lui-même.
AU GROUPE REPUBLICAIN SOCIALISTE
Le groupe républicain socialiste, après une
réunion séparée, en a tenu une avec les mem-
bres socialistes français.
M. Painlevé présidait la réunion.
Après un court débat, le groupe — qui
comptait 50 membres présents — a voté à
l'unanimité un ordre du jour portant « qu'il
est impossible de concevoir la moindre col-
laboration avec M. Millerand, qui a méconnu
les devoirs de sa charge en assumant la di-
rection de la politique étrangère et intérieure
-dans un sens condamné par le pays >
LA GAUCHE RADICALE
Ce groupe a décidé de soumettre à la réu-
nion plénière des gauches une motion pré-
judicieHe, tendant à surseoir à toute décision'
sur la question du président de la Républi-
que jusqu'après une réunion plénière des dé-
ptés et des sénateurs.
LA REUNION DU CARTEL DES GAUCHES
Les députés appartenant aux différents par-
tis qui avaient constitué en vue de la campa-
gne électorale le cartel des gauches se sont
réunis hier après-midi, à une heure, &u Palais
d'Orsay, à l'effet de désigner leur candidat à
la présidence de la Chambre et de ,se pro-
noncer en même temps sur la question pré-
sidentielle. 807 députés étaient présents.
A son arrivée, M. Edouard Herriot est l'ob-
jet d'une longue ovation.
Le bureau a été immédiatement constitué,
sous la présidence de M. Herriot, assisté de
MM. Paul Painlevé et Léon Bium.
Après une allocution très applaudie de M.
Herriot, l'assemblée a adopté sans débat la
candidature de M. Painlevé à la présidence
de la Chambre des députés.
Enfin, et sans débat également, l'assemblée,
à l'unanimité, a adopté une motion de M. Ac-
cambray, par laquelle elle décide que le
ministère nouveau ne pourra se constituer
s'il en est chargé par M. Alexandre Millerand,
président de la République.
— Leur bloc ouvrier et paysan ?
Encore des salivards qui n'ont pas les mains calleuses.
Séance de rentrée
à la Chambre
—.—.——— .-.-
On me croira sans peine, si je dis qu'il y
avait hier grande affluence au Palais-Bour-
bon. Il n'y avait pas que les députés désireux
de ne pas manquer la séance d'ouverture
de la 14e législaturet car les tribunes étaient
bondées de curieux.
Dans les couloirs et les Pas-Perdus jamais
on avait vu cohue pareille de députés, anciens
et nouveaux, de journalistes et" de personna-
lités politiques.
Aussi lorsque, accompagné des secrétaires
d'age, le docteur Pinard défila pour se ren-
dre au fauteuil, présidentiel, on s'écrasait lit-
téralement derrière la haie de gardes muni-
cipaux. <
Très applaudi, le docteur Pinard gagne son
siège. Déjà l'hémicycle est plein et il semble
que chacun ne soit pas encore à sa place,
car un groupe important de radieaur-socia-
listes a été obtïio:¡é de se loger en haut des
travées, derrière la Droite. M. Herriot a un
joli succès à son arrivée.
On se montre les députés marquants à des
titres divers; les ministres du maitin: MM.
Fabry, Loucheur, Bokanowski, l'ancien prési-
dent de la Chambre, M. Péret; le député bre-
ton Cadic en son beau costume régional; le
communiste André Marty. qui vient, dit-onf
d'avoir une vive altercation avec M. Charles
Bertrand,
On constate un sérieux décalage des grou-
pes vers la droite. Il fait chaud; il fait lourd.
Il y a dans la salle un énervement visible
qui se traduira par de vives interruptions.
Le docteur Pinard se lève, installe le bu.
reau provisoire, lit son long discours, au mi-
lieu, bientôt, de l'inattention et du bruit.
A 4 heures 15 il a fini. On l'applaudit, et il
lève la séance sans incidents.
La 14* législature commence.
un. TARDI EU.
La SésiTXce
A 15 heures 10, M. le docteur Pinard, pré-
sident d'âge, ouvre la séance et au milieu de
l'attention générale appelle au bureau les se-
crétaires d'âge, qui sont MM. Calmon, Lama-
zau-Betheder. René Richard, Rpinatte, Geor-
ges Richard et Piot.
Le bureau installé, le président commence
à lire, très ému, d'une voix qui, peu à ueu
se raffermit, son discours d'ouverture qui,
comme je l'ai fait prévoir, est un long réqui-
sitoire contre la dépopulation.
Après avoir rendu hommage à ses parents,
qui lui ont transmis le plus précieux héri-
tae,. celui qui lui permet, à 80 ans, de prési-
der: la santé, le docteur Pinard réclame l'é.
galité politique pour les femmes, puis brosse
une esquisse de la situation actuelle
L'ŒUVRE DE LA DERNIERE
LEGISLATURE
Un trait essentiel marque la dernière légis-
lature..
Venue à l'heure de la victoire, elle n'a pu
ou, n'a pas su nous en donner le couronne-
ment : la Paix.
Et pourquoi cette impuissance ?
Parce qu'elle' a commis la très grande faute
d'oublier que cette victoire nous ne l'avons
obtenue que grâce au précieux concours de
nos alliés et de nos amis.
LA PAIX QUE VEUT LE PAYS
Ce pays veut la paix, mais quelle paix ?
Est-ce une paix pouvant laisser derrière elle
des craintes ou des haines, génératrices de
sentiments de revanche et de vengeance ?
Non. Il ne veut qu'une paix juste'et sereine,
un vraie paix de dignité pour tous, une paix
complète et définitive, reléguant a jamais dans
le pal'l', anéantissant pour toujours le plus
effroyable, le plus sinistre des fléaux de l'hu-
manité : la guerre ! Il veut la paix, entrevue
et saluée par le plus grand des Grands Hom-
mes, Pasteur, lorsqu'il disait : « Je crois Invin-
ciblement que la science et la paix triomphe-
ront de l'ignorance et de la guerre, que les
peuples s'entendront, non pour détruire, mais
'Po. édifier, et que l'avenir appartiendra 4
ceux qui auront le plus fait pour l'humanité
souffrante ! »
Voilà la paix que veut le Pays. Voilà le
paix qu'il cherche. Et comment, d'ailleurs, en
chercherait-il une autre puisqu'il s'appelle la
France !
M. Renaud Jean. — La Paix par la Révolu-
tion.
LA SITUATION FINANCIERE
La situation financière est grave, angoto.
santé, mais il ne faut pas désespérer, dit l'o-
rateur.
J'ai la certitude qu'en renonçant à tout
optimisme Mat, fait d'illusions et de dupe-
ries, ils sauront, dans rétablissement des nou-
veaux impôts et le redressement des anciens,
appliquer les règles d'une sage égalité et d'une
rigoureuse justice fiscale. J'ai la certitude
qu'ils sauront faire une chasse impitoyable
aux dissimulations et aux fraudes, récupérer
rigoureusement les trop perçus des marchée
et des dommages de guerre ; qu'ils sauronq
en un mot, mettre de l'ordre, ayant la clair*
vision et l'irréductible volonté de l'équilibre à
atteindre.
LA DEPOPULATION
Mais il y a un autre fléau: la dépopula"
tion. Plus de cercueils qUe de berceaux, s'é-
crie le docteur Pinard. Qu'a-t-on fait contre
elle? De*, commissions, des congrès, des con-
seils plus ou moins supérieurs. Rien de pré-
cis. A-t-on discuté le projet de loi déposé par
lui-même il y a trois ans et demi sur le relè-
vement de la natalité" Pas du tout. 4
L'ECOLE UNIQUE
Et. aussitôt, poursuit l'orateur, uri graM,
problème se pose, celui de l'Ecole unique !i
Ah ! oui, mes chers collègues, l'école unique
pour tous les enfants de France, l'école unLquW
supprimant les cloisons étanches entre l'école
primaire et le lycée, celle-là pour le pauvre;
celui-ci pour le riche, récole unique qui, igno
rant la fortune des parents, ne connaîtra que
'a. capacité de l'élève" — l'école de demain, un
demain trè3 proche, je voudrais l'espérer, —t
la seule école digne d'une vraie République 1.
(Applaudissements à gauche).
Il faudra créer un ministère de la santé
nationale, ce sera l'œuvre de cette législa»
ture, œuvre de solidarité et de sauvegarder
sociales.
Et dans une péroraison écoutée enfin dant
un silence relatif, l'orateur proclame la vraie
religion, la Religion de l'Humanité.
De nombreux applaudissements saluent la
fin de ce discours et l'on entend un faible cri
de M. Vaillant-Couturier: « Vive l'Interna-
tionale communiste! » -
UNE MOTION D'AJOURNEMENT
Lé -président lit alors une motion d'ajour-
nement émanant de M. Cachin et de plusieurs
de ses collègues, demandant « que la Charnu
bre s'ajourne pour permettre au Président de
la République d'apporter la démission que la
pays lui i-mpose. »
Des cris divers saluent cette lecture qu.
l'extrême-gauche applaudit.
Le président la déclare anti-constitutioni
nelle et irrecevable, la Chambre, n'étant pas
constituée.
On crie de l'exfrême.gauche sur l'air det
lampions: « Démission! Amnistie! »
Le président annonce alors que les com-
missions procéderont aujourd'hui à l'examen.
des dossiers et que la prochaine séance aura ,
lieu mardi, à 3 heures. 1
Il lève la séance à 4 heures 20, et les déw
putés se répandent dans les couloirs où une
vive animation a régné jusqu'à la fin de l'ac
près-midi. >." -'
m
Le Congres du Parti socialiste
La majorité se montre hostile à la participation ministérielle
L'Assemblée se prononcera aujourd'hui
Le Congrès national du Parti B. F. I. 0.
a discuté. hipr sur deux questions: sur la
situation présidentielle le matin ; sur la par-
ticipation ministérielle le soir.
En vérité l'unanimité avec laquelle les
congressistes ont voté la motion Renaudél
pour un changement à la première magistra-
ture de France ne s'est pas retrouvée le soir
quand il s'est agi de la prise « partielle »
du pouvoir.
La discussion a été vive. Des discours ont
été prononcés, notamment par M. Durel, de
Tunis, un bon orateur, M. Déat, de la Marne,
M. Paul Faure, M. Léon Blum, M. Jean Lon-
guet, tous adversaires de la participation.
Puis M. Montbard avec un talent incontesta-
ble soutint la théorie contraire, appuyé bien-
tôt après par M. Grumbach.
Finalement une commission des résolutions
comprenant 24 membres des deux tendances
fut élue. Elle rapportera la question aujour-
d'hui : « Les deux tiers des délégués, don-t
les mandats sont tous impératifs, nous affir-
mait un élu notoire du parti, voteront contre
la participation ministérielle, à moins que
nous ne réussissions à empêcher un vote
précis, ce qui n'est pas du tout impossible. »
Peut-être, en effet, la commission des réso-
lutions présentera-t-elle un texte « ni chair,
ni poisson », comme dirait Gorenflot, ou
peut-être encore, si un accord n'a pas lieu,
parmi ses membres, le Congrès votera-t-il un
texte neutre f Nous verrons aujourd'hui.
René PAROD.
LA DISCUSSION EST OUVERTE
La séance capitale du Congrès socialiste
S. ïr, I. O. s'est tenue dans l'après-midi à la
Bellevilloise (la séance du matin, relative à
la question présidentielle, était prévue, pour
ainsi dire absolument, dans tous ses détaills
Voilà pourquoi nous en renvoyons le compte-
rendu à la fin de cet article).
Il s'agissait donc, l'après-midi, de savoir
quels étaient les partisans et les adversairef
de la participation ministérielle.
NECESSITE PENIBLE
M. Durel, de Tunis, parla le premier
— « Le Cartel des gauches, dit-il, quelle
nécessité pénible ! Le parti dut l'accepter
pour abattre le Bloc national. Mais c'est
fini ! L'alliance ne doit pas survivre dans la
« confusion du butin ministériel ». Qu'il ne
s'agisse plus que de soutien.
« Car il est des points sur lesquels radi-
caux et socialistes ne s'entendent pas, la
Ruhr surtout. Jamais nous n'avons pu obte-
nir des radicaux de précision nette str eeU.
question capitale. Ils ont, en effet, une con-
ception fétichiste et métaphysique de la pa-
trie à laquelle nous ne pouvons soucrire..
« Nous, nous mettons au-dessus de tout
l'Internationale et nous ne pouvons pas rm
sembler à ces époux qui vivent avec un mur
pour les séparer de leur conjoint.
« Tenons-nous à côté du monde bourgeois
parasitaire, ne serait-ce que par dignité.
« D'ailleurs les dernières élections, derrière,
le paravent des partis politiques, ont montré
une opposition de forces économiques. Que le
parti reste dans cette situation d'ordre éco-
nomique et demeure un parti de militants in-
tégraux qui réalise la justice et l'Internatio-
nale. » (Ovation.)
L'EXPERIENCE DU PASSE
« La participation, quelle erreur ! s'écrie
ensuite M. Déat, de la Marne. Les textes du
passé ont condensé une certaine expérience.
« N'arrivons pas à ces « mésententes » né-
Le Numéro i QUINZE CENTIMES
LUNDI 2 JUIN 1924. — N* 19531
Fondateurs (1869):
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS:
fil. Kl Mb ta* MI
SEINE & S.-ET-OISE 401 21. II*
FRANCE ET COLONIES 45 * 23' 12 *
ETRANGER 1 1 75 » 38 208
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fl| «K^y y'jB&jIl ffJHr '8 .* ^Sfl K t5' - Jb ^spR5!^H|B
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ON S'ABONNE SANS FRAIS DANS
TOUS LES BUREAUX DE POSTE
RÉDACTION & ADMINISTRATION: -. Il Directeur : EDMOND DU MESNIL
TÉLÉPHONES :
Rédaction et Adrâblrtlioi : lord 24-90,24-91. — Après 10hures da soir: Ceatrat ?<-?
TtRIBUN E LIBRE
Pace à la réalité
Les républicains ont vaincu le Bloc na-
tional, et avec lui sa politique. Mais, est-
-ce à dire que toutes difficultés sont vain-
jcues ? Les électeurs se sont prononcés;
lia tâche qui va incomber au gouverne-
ment de demain n'en reste pas moins
écrasante.
'- Le redressement intérieur dans le sens
de la laïcité, on le fera. Ce n'est pas là
Ua plus grande difficulté.
Le redressement de la politique exté-
rieure du Bloc national n'est pas Iui-
fmême hors des forces d'un gouvernement
I radical. Le gouvernement de ce Bloc n'a
obtenu ni réparations ni sécurité, il n'est
donc pas malaisé de faire mieux. Il se
peut cependant que devant un nationalis-
me allemand exacerbé, le gouvernement
de demain soit amené à user vis-à-vis de
l'Allemagne d'une force de contrainte
plus résolue et plus grande que celle du
iministère Poincaré. Mais alors cette force
(le contrainte s'exercera dans l'unité de
front des anciens alliés et avec, à nos
côtés, l'Angleterre et l'Amérique.
i Le véritable écueil du gouvernement
nouveau sera le redressement financier.
Si la démagogie prédomine, ce gouverne-
ment est perdu. Le redressement budgé-
taire exige des économies, une nouvelle
'assiette de l'impôt et l'égalité dans les
charges publiques. , -
e redressement financier s'impose
non moins. Il exige, lui aussi, l'équilibre
budgétaire, l'arrêt de l'inflation ouverte
ou déguisée sous la forme des bons de la
Défense nationale et du Trésor, la conso-
lidation de la dette flottante intérieure, la
revalorisation de notre monnaie et, par
voie de conséquence, l'atténuation de la
jcherté de la vie. Le mercantilisme, ou-
vrier de la vie chère, la ploutocratie,
maîtresse du pays, doivent être limités
dans leur œuvre.
C'est par des artifices d'écritures qu'on
nous a dit à la Chambre et au Sénat, en
'décembre 1923, que le budget est en
équilibre. C'est là. le budget d'un illusion-
niste. _.--
La realité, la voici î1
Dépenses : 29.136 millions en 1920,
- 27.980 - 1921,
— 126.436 — 1922,
- 22.151 — 1923.
Recettes 19.821 millions en 1920,
- - 21.217 - 1921,
—.. 122.381 — 1922,
— 23.054 - 1923.
C'est-à-dire, <( in globo », 106 mil-
liards de dépenses en quatre ans et 86
milliards de recettes.
Au total un déficit du « budget ordi-
naire » de 20 milliards.
Les dépenses faites au compte des
« dépenses recouvrables » se sont mon-
tées, de leur côté, réalisées sur fonds
d'emprunt, à :
1919, 15.841 millions
1920. 22.279 -
192 1 < 21.423 —
1923 23.084 -
soit, en totalité, 82 milliards 627 mil-
lions.
L'Allemagne n'a pas payé. A sa place,
l'ébargne française a fourni près de 100
milliards pour la reconstitution des ré-
gions dévastées et les pensions. Cette
avance de l'épargne consentie au Trésor
exige des intérêts annuels qui montent
entre trois et quatre milliards.
Au fond, pour couvrir nos dépenses
du budget ordinaire et nos dépenses de
reconstruction, nous avons dû eugmenter
les impôts de 8 milliards en 1920, de 6
milliards en 1924, soit, au total, 14 mil-
liards, et nous avons un budget annuel de
30 milliards au lieu de i milliards en
1914.
A
Au cours des quatre derniers exerci-
ces, nous avons dépensé 297 milliards et
encaissé 89 milliards. C'est donc un dé-
ficit de 108 milliards. En vérité nous
avons avancé 86 milliards au titre des
« dépenses recouvrables » aux lieu et pla-
ce de l'Allemagne qui n'a pas exécuté
ses engagements, mais il reste tout de
même, en dehors des dépenses des répa-
rations, un excédent de dépenses sur les
recettes - pour le budget ordinaire d en-
viron 20 milliards.
C'est en vain que le « Temps» (31
mai 1924) écrit que parler du (( déséqui-
libre financier », c'est mal défendre le
anc. U y a un meilleur moyen de le de-
fendre, c'est d'équilibrer réellement nos
dépenses et nos recettes sans constam-
ment rappeler que, si notre trésorerie est
malade, c'est par suite du poids des dé-
penses recouvrables.
Notre dette intérieure a été accrue de
plus de 100 milliards (nous laissons de
côté volontairement notre dette exté-
rieure entre 80 et 90 milliards au cours
du change, parce que ni l'Angleterre ni
l'Amérique jusqu'alors ne nous en ont
réclamé d'intérêts, et, dans l'ensemble,
cette dette nous oblige à payer annuelle-
ment une somme d'intérêts de près de 10
milliards. Si on y ajoutait les intérêts des
emprunts pour la reconstruction (3.560
millions), et les pensions (2.541 mil-
lions), le service de la dette absorberait
plus de 15 milliards de francs, la moitié
des recettes normales prévues pour le
budget de 1924.
Notre circulation fiduciaire, en plus,
plafonne aux environs de 40 milliards,
parce que nous n'avons pas pu continuer
à rembourser les avances prévues à la
Banque de France.
Voilà la réalité. Dans cette réalité, on
trouve en partie (en dehors de la spécu-
lation) les raisons de la chute de notre
monnaie, la crise de notre change et, par
contre-coup, aidé d'ailleurs par une poli-
tique douanière exigée par la ploutocra-
tie, l'élévation du coût de la vie.
C'est contre ces formidables difficultés
financières que va se heurter le nouveau
gôuvernement. Le redressement finan-
cier est 'le premier des redressements
auxquels il devra s'attaquer s'il ne veut
pas s'exposer aux sarcasmes de ses ad-
versaires et. à la chute.
Ch. DEBIERRE,
Sénateur du Nord.
n» ■ ■ -
EDITORIAL
'Série noire
La question présiden-
tielle qui, jusqu'ici, n'avait
alimenté que les polémi-
ques de presse, est entrée
hier dans une phase nou-
velle, à la suite de la rézt-
nion des 307 députés qui
ont prononcé l'exclusive contre m.
Alexandre Millerand.
Sans préjuger en quoi que ce soit des
décisions que prendra le président de
la République, il est assez curieux de
constater que, depuis 1871, tous les pré-
sidents français choisis parmi les dé-
putés ont, soit fini tragiquement, soit
rencontré de tels obstacles qu'ils ont dû
renoncer à leur haute fonction.
Adolphe Thiers, premier président
de la Troisième République, était dépu-
té. Il dut donner sa démission, le 24;
mai 1873, pour n'être pas mis en mino-
rité par les monarchistes de l'Assem-
blée nationale.
Le maréchal de Mac-Mahon (nom-
mons-le pour mémoire, bien qu'il n'ait
pas été membre du Parlement) fut obli-
gé de se démettre, l'élection des 363
ayant mis en échec la politique du Sei-
ze-Mai.
Jules Grévy, député, termina bien un
premier septennat; mais il n'alla pas
loin dans le second : en décembre 1887,
l'affaire du trafic des décorations à la-
quelle était mêlé son gendre Wilson, le
contraignit à céder la place à Sadi Car-
not, député.
Le petit-fils de l'Organisateur de la
Victoire arrivait presque au terme de
ses pouvoirs et avait annoncé déjà qu'il
n'en demanderait pas le renouvelle-
ment, quand il tomba sous le poignard
de Caserio (juin 1894).
Jean Casimir-Perier, député, ne ré-
sista que six mois; rebuté par les em-
bûches que ses adversaires dressaient
sous ses pas, il démissionna spontané-
ment (janvier 1895).
Félix Faure, député, ne présida que
quatre ans; il mourut brusquement
dans des conditions encore présentes
à toutes les mémoires (1899).
Avec M. Loubet, sénateur, commence
l'ère des présidences, sinon tranquilles,
du moins complètes. Sénateurs égale-
ment, ses successeurs MM. Fallières et
Poincaré, qui vont jusqu'au bout de
leur magistrature.
Mais la Chambre rentre à l'Elysée
avec Paul DeschaneL. et la série noire
recommence.
Sans être superstitieux, on est moins
surpris — après ces précédents — des
difficultés qui assaillent M. Millerand.
Edmond du MESNIL.
EN DERNIERE HEURE :
Le chancelier d'Autriche victime d'un
attentat.
EN QUATRIEME PAGE :
La Tribune de la Libre Pensée.
One grande journée politique
« 00*300— ——
Le cabinet Poincaré
démissionne
-
Avant de remettre Jeurs démissions au pré-
sident de la République, les membres du ca-
binet Poincaré ont'tenu, hier matin, un der-
nier conseil des ministres.
De nombreux' curieux s'étaient massés de-
vant l'entrée du palais de l'Elysée pour assis-
ter à leur arrivée. Un peu avant 10 h.15, M.
Louis Marin, ministre des régions libérées,
pénétrait dans la cour d'honneur, bientôt
euivi de M. Raymond Poincaré , président du
conseil, ministre des affaires étrangères, et
l'on voyait se succéder,, en quelques minutes,
arrivant les uns en automobile, les autres à
pied, tous les autres ministre, à l'exception
de M. Masinot, ministre de la guerre ev dfç
pensions, retenu à Bar-le-Duc.
La séance dura moins d'une demi-heure.
M. Loucheur sortit le premier à onze heu-
res, en compagnie de M. Daniel-Vincent et
s'écria en voyant les journalistes Téunis :
— « Ave morituri. »
M. Poincaré resta seul avec le président de
la République. Leur entretien particulier
dura environ un quart d'heure. A sa sortie, il
répondit aux journalistes qu'il n'avait aucune
déclaration à leur faire et qu'un communiqué
leur serait donné, et sa. voiture s'engagea
sous la voûte du porche. A ce moment,
une manifestation de sympathie à l'adresse
du président du conseil se produisit. De la
foule partirent des cris nombreux de : « Vive
Poincaré ! Vive la République l Vive la
France !
LES ECONOMIES
Quelques minutes après, au ministère de
l'intérieur, on communiquait la note sui-
vante :
Les ministres et sous-secrétaire d'Etat sa
sont réunis ce matin en conseil des ministres
à l'Elysée, sons la présidence de M. Mille-
rand. Le conseil a adopté, conformément à
l'avis du Conseil d'Etat et à la suite de mo-
difications de détails apportées par lui, les
décrets de compressions des dépenses con-
cernant les ministères de la justice, de Vin-
térieur, de la guerre, de la marine, de l'agri-
culture, de l'instruction publique, des colo-
nies, du travail et des pensions. Les cono.
mies ainsi réalisées pour l'exercice 1924 tant
pour le budget général que pour le budget
spécial, s'élèvent à ce jour à 425 millions.
LA DEMISSION DU CABINET
Complétant cette premiène note, la com-
munication suivante a été faite à la presse
par la présidence de la Réublique :
Les ministres se sont réunis ce matin à
dix heures et demie à l'Elysée pour remettre
leurs démissions entre les mains du président
de la République, qui les a acceptées.
Les ministres démissionnaires restent char-
gés d'expédier les affaires courantes.
Voici le texte de la lettre de démission qui a
été remise à M. Millerand, à l'issue du con,
seil des ministres :
Paris, le 1er juin 1924.
Monsieur le président,
Conformément à la décision que le gouver-
nement a prise au lendemain des élections
généralest nous avons l'honneur de vous re-
mettre la démission collective dit cabinet.
Veuillez agréer, monsieur le président, l'as-
surance de notre respectueux dévouement.
Tous les ministres ont signé cette lettre de
démission.
e —■ » xaoo e-. —
La réunion du Cartel des Gauches
prononce l'exclusive contre M. Millerand
— » ■ * > C * ■
La question présidentielle, qui était discu-
tée depuis plusieurs, jours dans les conver-
sations entre hommes politiques et dans les
polémiques de presse, s'est posée, hier matin,
d'une manière ferme devant trois groupes :
le groupe radical socialiste, le groupe répu-
blicain socialiste et le groupe radical.. Voici
les résolutions qui ont été prises dans les
trois réunions ;
AU GROUPE RADICAL-SOCIALISTE
Tout d'abord la réunion a adopté par ac-
clamation la candidature de M. Painlevé
pour la présidence de la Chambre. Puis s'est
ouvert un débat sur la question de la prési-
dence de la République provoqué par le dépôt
de la motion suivante, due à l'initiative de
M. Accambray, député de l'Aisne :
Le groupe des députés membres du parti
républicain radical et radical socialiste, con-
sidérant que le citoyen Millerand, président
de la République, a, contrairement à l'esprit
de la Constitution, soutenu une politique per-
sonnelle, considérant qu'il a pris ouvertement
parti pour Je Bloc national, considérant que la
politique du Bloc national a été vaincue aux
élections, estime que le maintien à l'Elysée du
citoyen Millerand. blesserait la conscience pu-
blique, déclare qu'aucun membre du parti
radical et radical socialiste ne peut accepter
du président Millerand le mandat de former
un ministère.
M. Herriot, prenant alors la parole, a fait
une courte déclaration pour préciser son avis.
Il a dit en substance : c La motion propo-
sée comporte deux parties: sùr la première,
qui concerne la question du président de la
République, vous avez la plus entière liberté
de vous prononcer; je ne chercherai en au-
cune manière à influencer votre décision.
« Quant à la seconde partie, visant mon
action subséquente, je ne puis l'admettre. Je
n'admets aucun mandat impératif; j'entends
être absolument libre; je ne puis accepter
qu'un mandat de confiance, de confiance ab-
solue. Si je devais être un chef de gouver-
nement démocrate, je ne veux être qu'un
ehef de gouvernement libre. >
Après un échange d'observations, la réu-
nion, a adopté, par 111 voix et 4 abstentions,
sur 115 présents, le texte suivant :
Le groupe des députés membres du parti
républicain radical et radical socialiste, con-
eldérant que M. Alexandre Millerand, prési-
dent de la République, a, contrairement à
l'epprit de la Constitution, soutenu une politi-
que personnelle, considérant qu'il a pris ouver-
tement parti pour le Bloc national, considé-
rant que la politique du Bloc national a fitï
condamnée par le pays, estime que le main-
tien à l'Elsée de M. Millerand blesserait la
conscience républicaine, serait la source de
conflits incessants entre le gouvernement et
le chef de l'Etat et un danger constant pour
le régime lui-même.
AU GROUPE REPUBLICAIN SOCIALISTE
Le groupe républicain socialiste, après une
réunion séparée, en a tenu une avec les mem-
bres socialistes français.
M. Painlevé présidait la réunion.
Après un court débat, le groupe — qui
comptait 50 membres présents — a voté à
l'unanimité un ordre du jour portant « qu'il
est impossible de concevoir la moindre col-
laboration avec M. Millerand, qui a méconnu
les devoirs de sa charge en assumant la di-
rection de la politique étrangère et intérieure
-dans un sens condamné par le pays >
LA GAUCHE RADICALE
Ce groupe a décidé de soumettre à la réu-
nion plénière des gauches une motion pré-
judicieHe, tendant à surseoir à toute décision'
sur la question du président de la Républi-
que jusqu'après une réunion plénière des dé-
ptés et des sénateurs.
LA REUNION DU CARTEL DES GAUCHES
Les députés appartenant aux différents par-
tis qui avaient constitué en vue de la campa-
gne électorale le cartel des gauches se sont
réunis hier après-midi, à une heure, &u Palais
d'Orsay, à l'effet de désigner leur candidat à
la présidence de la Chambre et de ,se pro-
noncer en même temps sur la question pré-
sidentielle. 807 députés étaient présents.
A son arrivée, M. Edouard Herriot est l'ob-
jet d'une longue ovation.
Le bureau a été immédiatement constitué,
sous la présidence de M. Herriot, assisté de
MM. Paul Painlevé et Léon Bium.
Après une allocution très applaudie de M.
Herriot, l'assemblée a adopté sans débat la
candidature de M. Painlevé à la présidence
de la Chambre des députés.
Enfin, et sans débat également, l'assemblée,
à l'unanimité, a adopté une motion de M. Ac-
cambray, par laquelle elle décide que le
ministère nouveau ne pourra se constituer
s'il en est chargé par M. Alexandre Millerand,
président de la République.
— Leur bloc ouvrier et paysan ?
Encore des salivards qui n'ont pas les mains calleuses.
Séance de rentrée
à la Chambre
—.—.——— .-.-
On me croira sans peine, si je dis qu'il y
avait hier grande affluence au Palais-Bour-
bon. Il n'y avait pas que les députés désireux
de ne pas manquer la séance d'ouverture
de la 14e législaturet car les tribunes étaient
bondées de curieux.
Dans les couloirs et les Pas-Perdus jamais
on avait vu cohue pareille de députés, anciens
et nouveaux, de journalistes et" de personna-
lités politiques.
Aussi lorsque, accompagné des secrétaires
d'age, le docteur Pinard défila pour se ren-
dre au fauteuil, présidentiel, on s'écrasait lit-
téralement derrière la haie de gardes muni-
cipaux. <
Très applaudi, le docteur Pinard gagne son
siège. Déjà l'hémicycle est plein et il semble
que chacun ne soit pas encore à sa place,
car un groupe important de radieaur-socia-
listes a été obtïio:¡é de se loger en haut des
travées, derrière la Droite. M. Herriot a un
joli succès à son arrivée.
On se montre les députés marquants à des
titres divers; les ministres du maitin: MM.
Fabry, Loucheur, Bokanowski, l'ancien prési-
dent de la Chambre, M. Péret; le député bre-
ton Cadic en son beau costume régional; le
communiste André Marty. qui vient, dit-onf
d'avoir une vive altercation avec M. Charles
Bertrand,
On constate un sérieux décalage des grou-
pes vers la droite. Il fait chaud; il fait lourd.
Il y a dans la salle un énervement visible
qui se traduira par de vives interruptions.
Le docteur Pinard se lève, installe le bu.
reau provisoire, lit son long discours, au mi-
lieu, bientôt, de l'inattention et du bruit.
A 4 heures 15 il a fini. On l'applaudit, et il
lève la séance sans incidents.
La 14* législature commence.
un. TARDI EU.
La SésiTXce
A 15 heures 10, M. le docteur Pinard, pré-
sident d'âge, ouvre la séance et au milieu de
l'attention générale appelle au bureau les se-
crétaires d'âge, qui sont MM. Calmon, Lama-
zau-Betheder. René Richard, Rpinatte, Geor-
ges Richard et Piot.
Le bureau installé, le président commence
à lire, très ému, d'une voix qui, peu à ueu
se raffermit, son discours d'ouverture qui,
comme je l'ai fait prévoir, est un long réqui-
sitoire contre la dépopulation.
Après avoir rendu hommage à ses parents,
qui lui ont transmis le plus précieux héri-
tae,. celui qui lui permet, à 80 ans, de prési-
der: la santé, le docteur Pinard réclame l'é.
galité politique pour les femmes, puis brosse
une esquisse de la situation actuelle
L'ŒUVRE DE LA DERNIERE
LEGISLATURE
Un trait essentiel marque la dernière légis-
lature..
Venue à l'heure de la victoire, elle n'a pu
ou, n'a pas su nous en donner le couronne-
ment : la Paix.
Et pourquoi cette impuissance ?
Parce qu'elle' a commis la très grande faute
d'oublier que cette victoire nous ne l'avons
obtenue que grâce au précieux concours de
nos alliés et de nos amis.
LA PAIX QUE VEUT LE PAYS
Ce pays veut la paix, mais quelle paix ?
Est-ce une paix pouvant laisser derrière elle
des craintes ou des haines, génératrices de
sentiments de revanche et de vengeance ?
Non. Il ne veut qu'une paix juste'et sereine,
un vraie paix de dignité pour tous, une paix
complète et définitive, reléguant a jamais dans
le pal'l', anéantissant pour toujours le plus
effroyable, le plus sinistre des fléaux de l'hu-
manité : la guerre ! Il veut la paix, entrevue
et saluée par le plus grand des Grands Hom-
mes, Pasteur, lorsqu'il disait : « Je crois Invin-
ciblement que la science et la paix triomphe-
ront de l'ignorance et de la guerre, que les
peuples s'entendront, non pour détruire, mais
'Po. édifier, et que l'avenir appartiendra 4
ceux qui auront le plus fait pour l'humanité
souffrante ! »
Voilà la paix que veut le Pays. Voilà le
paix qu'il cherche. Et comment, d'ailleurs, en
chercherait-il une autre puisqu'il s'appelle la
France !
M. Renaud Jean. — La Paix par la Révolu-
tion.
LA SITUATION FINANCIERE
La situation financière est grave, angoto.
santé, mais il ne faut pas désespérer, dit l'o-
rateur.
J'ai la certitude qu'en renonçant à tout
optimisme Mat, fait d'illusions et de dupe-
ries, ils sauront, dans rétablissement des nou-
veaux impôts et le redressement des anciens,
appliquer les règles d'une sage égalité et d'une
rigoureuse justice fiscale. J'ai la certitude
qu'ils sauront faire une chasse impitoyable
aux dissimulations et aux fraudes, récupérer
rigoureusement les trop perçus des marchée
et des dommages de guerre ; qu'ils sauronq
en un mot, mettre de l'ordre, ayant la clair*
vision et l'irréductible volonté de l'équilibre à
atteindre.
LA DEPOPULATION
Mais il y a un autre fléau: la dépopula"
tion. Plus de cercueils qUe de berceaux, s'é-
crie le docteur Pinard. Qu'a-t-on fait contre
elle? De*, commissions, des congrès, des con-
seils plus ou moins supérieurs. Rien de pré-
cis. A-t-on discuté le projet de loi déposé par
lui-même il y a trois ans et demi sur le relè-
vement de la natalité" Pas du tout. 4
L'ECOLE UNIQUE
Et. aussitôt, poursuit l'orateur, uri graM,
problème se pose, celui de l'Ecole unique !i
Ah ! oui, mes chers collègues, l'école unique
pour tous les enfants de France, l'école unLquW
supprimant les cloisons étanches entre l'école
primaire et le lycée, celle-là pour le pauvre;
celui-ci pour le riche, récole unique qui, igno
rant la fortune des parents, ne connaîtra que
'a. capacité de l'élève" — l'école de demain, un
demain trè3 proche, je voudrais l'espérer, —t
la seule école digne d'une vraie République 1.
(Applaudissements à gauche).
Il faudra créer un ministère de la santé
nationale, ce sera l'œuvre de cette législa»
ture, œuvre de solidarité et de sauvegarder
sociales.
Et dans une péroraison écoutée enfin dant
un silence relatif, l'orateur proclame la vraie
religion, la Religion de l'Humanité.
De nombreux applaudissements saluent la
fin de ce discours et l'on entend un faible cri
de M. Vaillant-Couturier: « Vive l'Interna-
tionale communiste! » -
UNE MOTION D'AJOURNEMENT
Lé -président lit alors une motion d'ajour-
nement émanant de M. Cachin et de plusieurs
de ses collègues, demandant « que la Charnu
bre s'ajourne pour permettre au Président de
la République d'apporter la démission que la
pays lui i-mpose. »
Des cris divers saluent cette lecture qu.
l'extrême-gauche applaudit.
Le président la déclare anti-constitutioni
nelle et irrecevable, la Chambre, n'étant pas
constituée.
On crie de l'exfrême.gauche sur l'air det
lampions: « Démission! Amnistie! »
Le président annonce alors que les com-
missions procéderont aujourd'hui à l'examen.
des dossiers et que la prochaine séance aura ,
lieu mardi, à 3 heures. 1
Il lève la séance à 4 heures 20, et les déw
putés se répandent dans les couloirs où une
vive animation a régné jusqu'à la fin de l'ac
près-midi. >." -'
m
Le Congres du Parti socialiste
La majorité se montre hostile à la participation ministérielle
L'Assemblée se prononcera aujourd'hui
Le Congrès national du Parti B. F. I. 0.
a discuté. hipr sur deux questions: sur la
situation présidentielle le matin ; sur la par-
ticipation ministérielle le soir.
En vérité l'unanimité avec laquelle les
congressistes ont voté la motion Renaudél
pour un changement à la première magistra-
ture de France ne s'est pas retrouvée le soir
quand il s'est agi de la prise « partielle »
du pouvoir.
La discussion a été vive. Des discours ont
été prononcés, notamment par M. Durel, de
Tunis, un bon orateur, M. Déat, de la Marne,
M. Paul Faure, M. Léon Blum, M. Jean Lon-
guet, tous adversaires de la participation.
Puis M. Montbard avec un talent incontesta-
ble soutint la théorie contraire, appuyé bien-
tôt après par M. Grumbach.
Finalement une commission des résolutions
comprenant 24 membres des deux tendances
fut élue. Elle rapportera la question aujour-
d'hui : « Les deux tiers des délégués, don-t
les mandats sont tous impératifs, nous affir-
mait un élu notoire du parti, voteront contre
la participation ministérielle, à moins que
nous ne réussissions à empêcher un vote
précis, ce qui n'est pas du tout impossible. »
Peut-être, en effet, la commission des réso-
lutions présentera-t-elle un texte « ni chair,
ni poisson », comme dirait Gorenflot, ou
peut-être encore, si un accord n'a pas lieu,
parmi ses membres, le Congrès votera-t-il un
texte neutre f Nous verrons aujourd'hui.
René PAROD.
LA DISCUSSION EST OUVERTE
La séance capitale du Congrès socialiste
S. ïr, I. O. s'est tenue dans l'après-midi à la
Bellevilloise (la séance du matin, relative à
la question présidentielle, était prévue, pour
ainsi dire absolument, dans tous ses détaills
Voilà pourquoi nous en renvoyons le compte-
rendu à la fin de cet article).
Il s'agissait donc, l'après-midi, de savoir
quels étaient les partisans et les adversairef
de la participation ministérielle.
NECESSITE PENIBLE
M. Durel, de Tunis, parla le premier
— « Le Cartel des gauches, dit-il, quelle
nécessité pénible ! Le parti dut l'accepter
pour abattre le Bloc national. Mais c'est
fini ! L'alliance ne doit pas survivre dans la
« confusion du butin ministériel ». Qu'il ne
s'agisse plus que de soutien.
« Car il est des points sur lesquels radi-
caux et socialistes ne s'entendent pas, la
Ruhr surtout. Jamais nous n'avons pu obte-
nir des radicaux de précision nette str eeU.
question capitale. Ils ont, en effet, une con-
ception fétichiste et métaphysique de la pa-
trie à laquelle nous ne pouvons soucrire..
« Nous, nous mettons au-dessus de tout
l'Internationale et nous ne pouvons pas rm
sembler à ces époux qui vivent avec un mur
pour les séparer de leur conjoint.
« Tenons-nous à côté du monde bourgeois
parasitaire, ne serait-ce que par dignité.
« D'ailleurs les dernières élections, derrière,
le paravent des partis politiques, ont montré
une opposition de forces économiques. Que le
parti reste dans cette situation d'ordre éco-
nomique et demeure un parti de militants in-
tégraux qui réalise la justice et l'Internatio-
nale. » (Ovation.)
L'EXPERIENCE DU PASSE
« La participation, quelle erreur ! s'écrie
ensuite M. Déat, de la Marne. Les textes du
passé ont condensé une certaine expérience.
« N'arrivons pas à ces « mésententes » né-
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