Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1923-02-22
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 février 1923 22 février 1923
Description : 1923/02/22 (N19065). 1923/02/22 (N19065).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7554703w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/02/2013
4 VENTOSE AN 131. — N9 19065 le vtmêro : QUINZE CENTIMES JEUDI 22 FEVRIER 1923. — N" 19065
fondateur» (T869) s
VICTOR HUGO Ii.
AUGUSTE VACQUERIE
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RAYMOND LANGE
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léÕctlon et IMktnBn : lord 24-90, W91. — Après il heures éa s*: Roqutte Ma
- -. TRIBUNE LIBRE
— --1 I - -
Memel et Vilna
• • ■ 1 1 ocasaoo
.----:---- h
Voilà donc, dans ce territoire de Vilna,
.quelle est actuellement la situation : tout
un pays de population lithuano-blanc-ru-
thénienne, population qui a envoyé à la
Diète de Varsovie une écrasante majorité
de députés protestataires —- 22 contre
2 Polonais — occupé par les troupes et
r administration polonaises, sans titre,
sans droit, sans l'agrément des Puissan-
ces, et même contre leur volonté.
Et devant cet abus flagrant de la force
contre la légalité, l'indécision des Puis-
sances, leur pusillanimité, remettent cha-
que jour à plus tard l'accomplissement du
devoir qui leur a été dévolu, depuis qua-
tre ans, par l'article 87 du traité de Ver-
sailles, de fixer les frontières de la Po-
logne.
Or, comme ces Puissances ne peuvent
évidemment consacrer des illégalités
qu'elles ont hautement réprouvées par la
.voix du conseil de la Société des nations
et par les démarches de leurs ambassa-
deurs, et que, d'autre part, elles n'osent
pas faire rentrer dans la légalité le gou-
vernement polonais qui en est si complè-
tement sorti, le procès demeure en l'état,
mais avec tous les dangers que comporte
ce déplorable aveu d'impuissance.
On pourrait même craindre, semble-
t-il, que, par une évolution sans grandeur,
les diplomaties n'en viennent peu à peu
à s'incliner devant le fait acquis et à
tourner vers le spolié moins fort les fou-
dres quelles avaient forgées contre le
spoliateur!
Le conseil de la Société des nations
n'a-t-il pas décidé, le 13 janvier 1922 -
le lendemain même du jour où son inter-
diction de procéder à un plébiscite à
Vilna était si délibérément bafouée —
de clore la procédure en conciliation en
laissant dans le territoire de Vilna le statu
quo établi par Zeligowski ?
Puis, dans sa dernière séance du 3 fé-
vrier 1923, n'a-t-il pas recommandé l'ac-
ceptation d'une ligne — provisoire, bien
entendu — qui longerait sensiblement la
zone neutre établie après le coup de
main de Zeligowski, mesure qui pouvait
s'interpréter comme un nouveau pas vers
la consolidation du statu quo.
En face de ces fragiles velléités, la
thèse lithuanienne, elle, est bien simple,
et bien solidement assise dans son irré-
futable logique. Elle dit : « le dernier
acte légal qui régisse nos rapports entre
la Pologne et nous, est l'accord de Su-
valki du 7 octobre 1920 que nous avons
signé ensemble de plein gré en présence
des délégués de la Société des nations.
Ce dernier acte légal doit être le point
de départ des négociations à intervenir.
Mais à quel curieux spectacle avons-
nous assisté lors de cette mémorable
séance du 3 février ?
A la prise à partie sévère du délégué
lithuanien, coupable d'avoir proclamé
son bon droit, et à la menace de faire
jouer contre son pays l' article 16 du pac-
te de la Société des nations!
Quel beau paradoxe à développer,
n'est-il pas vrai ?
La Lithuanie signe un traité avec la
Pologne. La Pologne le viole dès le len-
demain, tue des soldats lithuaniens, s'em-
pare par la force de 37.000 kilomètres
carrés - superficie supérieure à l'Etat
belge - on la laisse bien en paix. Mais
comme la Lithuanie odieusement pillée
proteste, c'est elle que le gendarme des
nations bouscule, morigène de sa voix
rude et menace :
- Quoi ? Qu'est-ce qu'il a encore à
réclamer celui-là ? On vous a pillé ? la
belle affaire! Tâchez d'abord de nous
laisser tranquilles, n'est-ce pas, sinon on
vous fiche au clou! C'est compris, screu-
gneugneu!
Et il le ferait peut-être bien comme il
le dit le terrible Pandore, si, derrière sa
grosse moustache et sa grosse voix, ne se
cachait une âme très craintive.
Car il sent bien que la chose n'irait
peut-être pas sans risques. En effet, si les
Puissances tremblent à l'idée de faire
quelque pression sur le cabinet de Varso-
vie, elles ne se dissimulent pas non plus
qu'une action trop brutale envers la Li-
thuanie pourrait déclencher dans les pays
voisins quelque réaction dont la Pologne
ferait sans doute les premiers frais.
Alors, les diplomaties noyées par le
problème qui les dépasse prennent le
parti plus simple d'attendre et d'espérer
le miracle qui arrange les choses.
.-Ce miracle elles l'ont attendu pen-
dant quatre ans pour régler le sort de Me-
mel. — Il s'est produit sous l'aspect
d'une volée de mitraillade.
N'est-on pas fondé à craindre qu'il em-
prunte une même forme pour trancher
le différend de Vilna ?
Les peuples sont las d'être sous des ré-
gimes toujours provisoires ; les révoltes
couvent.
Les Lithuaniens et les Blancs-Ruthé-
niens sont étroitement unis; ils ne peu-
vent voir sans émotion leurs frères du
territoire de Vilna opprimés par l'admi-
nistration polonaise. Or, ensemble, Li-
thuaniens et Blanc-Ruthènes sont vingt
millions de citoyens.
Une décision de justice pour régler le
sort de Vilna s'impose, si les Puissances
ne veulent pas, un jour proche, se voir à
nouveau surprises par des événements
dont la portée serait cette fois, incalcu-
lable.
Commandant d'ETCHEGOYEN.
Ancien membre de la Mission militaire
française à Vilna.
—————————— ) - -.- —
EDITORIAL
1 1
Scrupules
de légalité allemande
M. Victor Schiff, rédac-
teur de la politique étran-
gère du Vorwaerts, vient
d'écrire une longue lettre à
Edouard Herriot, pour lui
communiquer ses inipres-
sions sur le problème des
réparations et de la Ruhr.
M. Victor Schiff appartient au p,arti
social-démocrate unifié d?Allemagne, et
son journal est l'organe central « du plus
grand parti républicain allemand ». - ->
Le « plus grand parti républicain alle-
mand » est fort mécontent de nous au-
tres Français, et fort irrité de notre occu-
pation de la Ruhr.
M. Victor Schiff, dont la belle âme est
toute imprégnée de légalité, est profonde-
ment indigné de l'illégalité de notre pro-
cédure. Or, nul n'ignore à quel'point les
Allemands sont soucieux de légalité, et
férus du droit des gens.
L'invasion de la Belgique, de la France,
les mesures ordonnées pendant l'occu-
pation de nos départements nwrtyrs; le
mépris des signatures échangées et des
« chiffons de papier » en sont des preu-
ves irréfutables et répétées. Je n" ai Ja-
mais recueilli jusqu'ici les protestations
indignées du « plus grand parti républi-
cain allemand » contre ces actes inquali-
fiables du gouvernement du Reich —
quelle que soit sa forme — par contre,
lorsqu'il s'est agi d'éluder les obligations
du traité de Versailles, la République al-
lemande de M. Ebert s'est montrée d'une
mauvaise foi aussi insigne que Ih^ mpjrc
de M. de Bismarck.
Les rédacteurs de dépêches d'Ems peu-
vent changer d'opinion politique ; je
crains qu'il leur soit plus difficile de
changer de mentalité.
Sans doute je préférerais voir se cons-
tituer une démocratie allemande, à la
place du carporalisme et du militarisme
des « Junker ».
Mais toutes les démocraties ne sont pas
nécessairement pacifiques, et les peuples
ne changent pas leurs trdditions, leurs
instincts, leurs mœurs, leurs besoins na-
turels parce qu'ils ont changé la forme
de leur gouvernement.
La Russie des Soviets nous a prouvé
que sa politique polonaise et sa politique
des Détroits étaient les mêmes que celles
du tsarisme, et le camarade Tchitcherine
est apparu dans les conférences, chaussé
des bottes de M. Iswolski.
M. Georges Guy-Grand vient de nous
donner sur ces questions, qu'il connaît si
bien, une remarquable étude dans le
Mercure de France. Et je me souviens
avoir entendu Edouard Herriot, à son re-
tour d'Allemagne, exprimer avec son ta-
lent habituel, les craintes que pouvait
inspirer à la Paix une Allemagne démo-
cratique, mais grisée par l'essor rapide
de sa puissance économique.
Aussi lorsque M. Victor Schiff nous
déclare qu'il entend que l'Allemagne
paye les réparations, j'aimerais qu'il
a joutât quand, cominent, et quels moyens
il a - lui et son « plus grand parti répu-
blicain allemand » — d'exécuter ses bel-
les intentions.
Depuis le traité de Versailles, nous
sommes rassasiés de la viande creuse
des moratoriums. Le moindre morceau
de charbon de la Ruhr fait mieux notre
affaire, et — révérence gardée '- je me
méfie un peu des scrupules de légalité
de M. Schiff.
En allemand, Schiff veut dire : « ba-
teall ».
Edmond DU MESNIL
Ôn dit,,.
En Passant
Les « barbares ».
C'est un simple petit fait, mais qui illustre
cyniquement l'ignoble mentalité teutonne. A
Rredpney, en plein bassin de la Ruhr, un sol-
dat français tombe subitement gravement ma-
lade ; dans le secteur, aucune ambulance,
aucune formation sanitaire militaire. Tout na-
turellement on fait appel à un médecin civil,
'43 Diafoirus pangermaniste refuse de soigner
notre petit poilu.
Il y a, dans cet incident, une telle ignomi-
nie, une telle laideur brutale, qu'on reconnaît
«-'emblée les hommes qui, en sa'blant le cham-
pagne .- notre Champagne — s'amusaient à
bombarder la cathédrale de Reims ou à tor-
urer les mères et les ieunes filles des pays
occupés.
Qui a vu les Allemands pendant ou depuis
.9, guerre a pu être frappé du souci constant
qu'ils ont de proclamer qu'ils ne sont pas des
Barbares « Wir sind Keine Barbaren ! ». Je
rois encore entendre ces mots dans la bou-
Hio d'un gros médecin teuton, rougeaud et
bestial, aui prenait un matin plaisir à faire
souffrir les prisonniers français blessés aui
étaient confiés à ses soins (quels soins ! !)
Evidemment, il lavait leurs Dlaies et leur fai-
sait des pansements rudimentaires ; mais dès
qu'il pouvait taillader, charcut-vr. faire souf-
frir — sans endormir, naturellement — sa
figure de brute s'épanouissait dans une sa-
tisfaction béate. On sentait le bonheur inef-
falile qu'il éprouvait à faire du mal à. un ma-
'heureux qui ne pouvait rien, cloué qu'il était
"ur un grabat d'hôpital après avoir servi sa
«atrie. « Nous ne sommes pas des Barba-
res ! »
C'est ce'mot aussi, sans doute, que répétait
v général tortionnaire du camp de prison-
niers de Cassel, lorsque, au cours de l'effroya-
ble épidémie de typhus qui sévit, il interdisait
".ux: Allemands de soigner les Français pour
éviter la contagion et répétait, dans un rica-
nement, en voyant un à un mourir nos corn.
oatriotes : '« C'est ma façon de faire la sruer-
xj ! »
Pour le médecin sans cœur de Bredeney, c'est
en,ns doute aussi une façon de se battre que
de refuser ses soins à un malade.
Et de tels gens osent'encore répéter : « Nous
ne sommes pas des Barbares 1 »
JIM.
Aujourd'hui
Une- bonne prise.
Jamais VAmérique n'a été plus « humide »
que depuis qu'elle se prétend sèche.
Je n'en veux point d'autres preuves que
cette histoire de contrebandiers qui-est des
pfàê-'êaîffoure'usc
Des contrebandiers, pillant d'autres contre'
Vandiers, ont abordé une goélette anglaise au
large des côtes de New-Jersey.
Quand ils se furent rendus maîtres de l'é-
quipage qu'ils enfermèrent dans le poste, ils
n'emparèrent de la cargaison de liqueur, éva-
luée à 500.000 dollars.
Beau, butin ! pour un pays sec.
-<:::>-
Grandeur et décadence. -
Le gouvernement autrichien vient de liqui-
der l'ancienne écurie impériale.
A ce sujet, le Gaulois raconte que le che-
val Ibianc que l'infortuné empereur Charles
montait le jour de son couronnement avait
jusqu'ici vieilli paisiblement dans une honori-
fique paresse. Le seul travail qu'on demandait
à ses dix-sept ans c'était qu'il consentît à pa-
raître parfois sur la scène de r Opéra. — où
lui était conjïé, lorsqu'on jouait Le Crépuscu-
le des Dieux, le rôle de ei-ait. Saîzs broncher,
le noble destrier subissait avec dignité le tu-
multe de l'orchestre ct les clameurs des Wal-
kyries.
Cette monture (l'empereur, ce héros d'opé-
ra allait-il finir misérablement, débité dans
une boucherie hippophagique ? Un gentil-
homme magyar résolut, par respect pour le
l)assé, d'éniter à cette pauvre bête une aussi
triste destinée. Sur ses instances, le gouver-
nement hongrois vient d'acquérir le cheval
impérial, qui achèvera en paix. dans quelque
vert pâturage, une existence faite de gran-
deurs et de décadences.
Le Tapin.
VERS UNE ALLIANCE
LA FRANCE ET L'ITALIE
ont des buts communs
Que leur entente soit plus étroite
Le mouvement en faveur d'une plus
étroite entente entre la France et l'Italie.
inaugurée par les déclarations d'hommes
politiques et par certains articles de jour-
naux, semble de jour en jour gagner du
terrain, aussi bien, à Rome qu'à Paris.
Les journaux italiens qui, jusqu'à pré-
sent, étaient restés complètement étrangers
;. ce mouvement, tel que le « Mondo », er-
legistrent en bonne place les échos que co
mouvement a eus en France.
D'autres journaux comme la « Stanipa ».
tout en formulant des objections et des cri-
tiques, en reconnaissent l'existence et y
'consacrent des articles en première Daze.
On relève également que lès deux princi-
paux groupes qui, en Italie, paraissent se
disputer l'influence dans les mondes indus-
triel et financier se sont retrouvés provisoi-
rement unis sans le vouloir, dans le même
ordre d'idées, en ce qui concerne les rota-
tions franco-italiennes et ont exprimé
leur manière de voir, l'un par l'intermé-
diaire de l'importanit' jouira al! de Rome,
l'autre par la bouche d'un porte-parole au-
torisé à la tribune du Sénat.
Cette concordance de points de vue est,
dit-on, d'autant plus significative au'elle
p.fc• lpieut $d'aucThne façon être considérée
comme concertée.
un exprime, dans les milieux politiques,
l'espoir que des résultats concrets puissent
bientôt suivre la période de discussion et
d'examen.
——————————— a— -.-
Le nouveau directeur
de la Sûreté générale
Nous avons annoncé dès hier la nomination
de M. Martin, directeur du cabinet du préfet
de police, à la direction de la Sûreté générale.
C'est un choix très heureux que vient de
faire le gouvernement. M. Marlier a pu, tant à
la préfecture de police que dans les départe-
ments dévastés, donner la mesure de sa force
de travail, de son tact, de son intelligence.
x M. Marlier
Né en 1877, M. Louis Marlier a été successi-
vement chef de cabinet du préfet de l'Aisne,
en 1914 ; secrétaire général de l'Aisne, en
1918 ; secrétaire général du Pas-de-Calais l'an-
née suivante. Quand M. Leullier, préfet de ce
département, devint, en 1920, préfet de police,
il désigna M. Marlier comme directeur de son
cabinet, et M. Naudin le maintint dans ces
délicates fonctions.
A la Sûreté générale, M. Marlier sera à mê-
me de donner la preuve de toutes ses qualités:
nous sommes heureux de l'en féliciter, mais
nous félicitons aussi le gouvernement d'une
désignation judicieuse.
POVR LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT
0 .0
M. Doumergue est désigné par la majorité
du groupe de la Gauche démocratique
- oaoo - •
Les membres de la gauche démocratique,
comme nous l'avions annoncé se sont donc
réunis hier poutf désigner leur candidat à
la présidence du Sénat, en remplacement de
M. Léon Bourgeois.
Malgré l'attitude de M. Alexandre Bérard
et de ses « amis », qui avaient annoncé qu'ils
ne participeraient pas à la réunion, celle-ci
fut néanmoins très nombreuse.
M. Gaston Doumergue, président du grou-
pe, présidait.
Il donna d'abord lecture des lettres d excu-
ses de MM. Sari, Hayez, et Milliès-Lacroix,
- ce dernier ajoutant dans son télégramme
qu'il assisterait aujourd'hui à la séance et
qu'il voterait pour M Gaston Doumergue.
A l'unanimité, l'assemblée vota ensuite
radre-sse du télégramme suivant à M. Léon
Bourgeois :
Dans sa réunion de ce jour la Gauche dé-
mocratique, qui s'honore de vous avoir tou-
jours compté parmi ses membres et de vous
avoir eu comme Président, a tenu, au mo-
ment où des raisons de santé vous obligent
à son grand regret et au regret, unanime dit
Sénat à abandonner la Présidence de cette
AssenbZée, à vous envoyer l'assurance de son
admiration et de sa reconnaissance profondes.
Elle y ajoute ses vœux les plus vifs pour Zr
prochain rétablissement de votre santé.
Cette manifestation accomplie, on revint à
la question de la présidence.
M. Doumergue indiqua alors que vu sa dé-
signation par la presse et certaines polémi-
ques, il laissait le groupe juge de sa manifes-
tation. Ce faisant, il céda la présidence à M.
Regismanset, vice-président.
M. Regismanset rappela que, depuis que le
groupe avait la majorité dans l'Assemblée, il
avait tenu à le manifester et que c'est ainsi
qu'aux élections précédentes, il avait désigné
M. Léon Bourgeois pour remplacer M. Anto-
ninDubost.
M. de Monzie, que l'on présente comme un
de ceux qui ont posé la candidature de M.
Alexandre Bérard, fit alors remarquer que l'é-
lection ne se ferait qu'au second tour, qu'il
conviendrait peut-être de laisser toute liberté
aux membres du groupe au premier tour,
étant entendu qu'ils devraient ,au scrutin sui-
vant, voter pour le candidat désigné par le
groupe.
Cette manière de voir fut combattue par
MM. Regismanset et Savary qui objectèrent
le droit de la majorité.
On passa ensuite au vote.
Et au dépouillement, les résultats furent
les suivants :
MM. Gaston Doumergue 93 voix
Alexandre Bérard 14
Viviani. 2
Bi-elivenu-Martin 1 -
BulJetins blanœ. 8
En conséquence, M. Gaston Doumergue a
été désigné comme candidat de la Gauche dé-
mocratique à la Présidence du Sénat.
Dans ces conditions, M. Alexandre Bérard,
vice-président du même groupe où il n'a re-
cueilli que 14 voix, a son devoir tout tracé; A
moins d'être le jouet des intrigues; qui préten-
dent « manœuvrer le Sénat », il ne saurait
créer la division entre républicains et main-
tenir — sans chances de succès — sa candi-
dature contre celle de son Président, et con-
tre la désignation de son propre groupe.
Le passé de M. Alexandre Bérard, qui se
montra toujours soucieux d'union républicai-
ne, l'empêchera certainement de persister
dans une fausse manœuvre qui ne pourrait —
si par impossible elle réussissait — que favo-
riser les visées de la Droite de la Haute-As-
semblée.
L'OCCUPATION DE LA RUHR
mm. Tirais ET pomeme SE METTENT D'URD
SUR LES NOUVELLES MESURES 1 PRENDRE
OOHSOO
L'Allemagne projette un emprunt de 200 millions de mars.or
On parle beaucoup de médiation depuis deux
nu trois jours. Ce n'est qu'un bruit encore, qui
Court et qui, nous croyons pouvoir l'affirmer,
n'a aucun fondement de fait. Ballon d'essai
lancé à la fois à Londres, en Italie, et même
en Allemagne, Vidée d'une intervention quel-
conque n'en est pas moins la première mar-
que d'un commencement de lassitude. Encore
un peu de patience et le mouvement se pré-
cipitera.
Il faut néanmoins remercier le Parlement
anglais qui, à une majorité de plus de oent
voix, a repoussé, la proposition, soutenue par
les libéraux et les travaillistes, d'une interven-
tion des Etats-Unis ou de la Société des Na-
tions. Loyal sur ce point comme dans toute sa
politique, M. Bonar Lato n'a pas voulu s'asso-
cier à une pareille manifestation. En vain, no-
tre ennemi intime, M. Lloyd George a-t-il, en
couvrant la France de fleurs et en lui pro-
clamant son amitié, mené contre notre action
la charge la1 plus vigoureuse, la plus perfide,
la plus rageuse. M. Bonar Law a su lui ré-
pondre avec une bonhomie souriante, non
exempte d'ironie. Si le Premier anglais n'a
vas voulu entrer dans la mlée, c'est encore
et toujours par souci de cette neutralité qu'il
a vrise comme ligne de conduite. De même
c.,u'il juge incompatible avec sa politique de
s'associer à notre occupation, de même il es-
time ne pouvoir, sans sortir de soit impartia-
lité, soutenir les partisans d'une médiation-
Plus précise a été l'intervention de l'ex-
chancelier Wirth. Reprenant la parole pour
la première fois depuis sa chute et tout en
prêchant la résistance - car à l'heure actuel-
le, on ne peut fai"e autrement en Allemagne,
sous peine de crime de lèse-patrie — il a lais-
sé entendre que Vobstination aveugle ne con-
duirait le Reich à aucun résultat heureux.
Aussi bien, est-ce l'impression qui tend à se
répandre dans les milieux allemands. Les gens
de la Ruhr, dès qu'ils ne sont plus excités
par les agitateurs à la solde du gouvernement,
ne cachent pas leur lassitude et leur découra-
gement ; les industriels contemplent d'un
œil morne l'arrêt du mouvement économique.
^èt, par ricochet, l'arrêt de leurs bénéilces ; et
la foule innombrable, plus raisonnable qu'on
ne croit, se demande tout simplement ce qu'elle
gagne à une intransigeance entêtée.
Ce ne sont encore que des indices ; mais
ils ont leur valeur et nous encouragent sui-
tout à espéreret à tenir.
Raymond LANGE.
M. Theunis à Paris
M. Theunis, président du conseil des minis-
tres de Belgique, arrivé à Paris, hier à 1 heu-
re de l'après-midi, s'est rendu immédiatement
au quai d'Orsay où un déjeuner intime a été
donné en son honneur par M. Poincaré.
Les autres invités étaient le baron de Gaif-
fier d'Hestroy, ambassadeur de Belgique à
Paris ; M. Terlinder, chef du cabinet de M.
Theunis ; M. de Lasteyrie, ministre des fi-
nances ; M. Reibel, ministre des régions li-
bérées ; M. Maginot, ministre de la guerre ;
M. Le Trocquer, ministre des travaux pu-
blics; le maréchal Foch, les généraux Wey-
gand et Buat, M. Peretti de la Rocca.
Les deux présidents du conseil se sont en-
suite réunis en conférence avec :ts person-
nalités civiles et militaires qui avaient pris
part au déjeuner.
A l'issue de la réunion le communiqué sui-
vant a été publié :
M. Theunis, premier ministre de Belgi-
que, a conféré aujourd'hui avec le président
du Conseil français, les ministres d'es Finan-
ces, de la Guerre, des Travaux publics et des
Régions libérées, ainsi qu'avec le maréchal
Foch sur toutes les questions relatives à l'oc-
cupation de la Ruhr, question d'as licences
d'exportation, dee taxes et impôts, des trans-
ports, de la monnaie et sur les nouvelles me-
sures à prendre en cas de continuation de la
résistance allemande.
Les deux gouvernement se sont trouvés,
une fois de plue, en plein accord sur tous
les points.
LE PROBLEME FINANCIER
M. SchweissÈuth a rendu compte à la réu-
nion qui s'est tenue à la présidence du conseil
des travaux accomplis par la mission finan-
cière qu'il a été chargé d'installer dans la
Ruhr. Au cours de cette réunion, diverses
décisions ont été prises qui devront entrer
en application dans un délai assez rapproché.
M. Schweissguth est reparti, hier, pour Dus-
seldorf, où il doit achever la mission qui lui
avait été confiée. --.
M. THEUNIS GRAND CROIX
DE LA LEGION D'HONNEUR
Au cours de la conférence franco-belge, M.
Poincaré avait remis à M. Theunis, les insi-
gnes du grade de grand-croix de la Légion
d'honneur.
Le président du Conseil de Belgique ver-
ra ce matin le ministre des Finances et le
ministre du Commerce pour mettre au point
les négociations sur les taxes et impôts et
sur la monnaie, qui sont en bonne voie. Il
rencontrera, ei besoin, encore une fois, M.
Poincaré et partira à midi pour Bruxelles.
Dans la Ruhr
GREVE DE TELEGRAPHISTES
Dusseldorf, 21 février. — Le télégraphe et
le téléphone ayant dû être occupée par les
français, en raison d'actes de sabotage, le
uersonnel allemand s'est mis en arève.
LA LASSITUDE DE LA POPULATION
Dusseldorf, 21 février. — La population du
bassin de la Ruhr commence à se tourner
vers les autorités françaises devant la situa-
tion difficile créée par la résistance passive.
C'est ainsi que les demandes d'utilisation
des trains militaires français, presque inexis-
tantes au début, ont atteint une telle propor-
tion, que la direction des chemins de fer
d'Elberfeld a adressé à la population une
proclamation l'invitant à ne pas se servir des
trains français qu'elle serait exposée aux pi-
res dangers.
Les soupes populaires voient maintenant
augmenter rapidement le nombre de leurs
clients. Les demandes d'embauchage se multi-
plient et le bureau de Dusseldorf a pu enga-
ger hier 56 ouvriers qualifiés.
LE FIASCO DE LA GREVE
DE DUSSELDORF
Dusseldorf, 21 février. - La fermeture des
magasns en manière de protestation contre
l'expulsion du bourgmestre a pris fin ce ma-
tin après avoir été simplement partielle et
il ne s'est produit aucune autre manifesta-
tion qu'une protestation platonique du con-
seil municipal.
Le conseiller municipal socialiste Schopp
a exprimé, au cours de la séance du conseil,
l'opinion que le gouvernement allemand de-
vrait rechercher un terrain d'entente et faire
'les démarches en vue de résoudre le conflit
actuel. La presse socialiste de Dusseldorf n'gi
d'ailleurs pas cessé de soutenir cette thèse.
LES TRANSPORTS DE CHARBON
Dusseldorf, 21 février. — 5 trains de chae
bon saisis ont été amenés à Weddau.On a saisi
à Bochum 150 wagons de charbon et 6 wa-
gons-réservoirs.
2 trains de charbon sont partis hier pour
la France et 6 pour l'Italie ; 2 chalands de
charbon ont été dirigés sur Strasbourg.
Une information de Francfort dit que le ser-
vice des chemins de fer sera repris aujour-
d'hui sur la ligne Limburg-Niederlahnstein,
et demain sur la ligne Rüdesheim-Cologne.
via Niederlahstein.
Projet d'emprunt allemand
de 50 millions de dollars --
Berlin, 21 février..— Le ministre des fi
nances s'est mis d'accord avec les déléguée de
certaines banques berlinoises et étrangères aui
sujet de la collaboration de ces banques à
l'émission de 200 millions de marks-or de
bons du trésor.
Il sera formé un consortium qui mettra en
souscription publique, contre paiement en de-
vises ou billets de banques étrangers 50 mil-
lions de dollars en bons du trésor à 3 ans
garantis par la Banque d"EIppire. Le con-
sortium prendra ferme la moitié de l'em-
prunt..
Ce projet d'emprunt est considéré dans les
milieux économiques comme une nouvelle me-
sure du gouvernement destinée à stabiliser
le change et à commencer l'affermissement
intérieur.
Le but de l'emprunt consiste, sans aucun.'
doute, à rendre productives les importantes
réserves en devises étrangères qui se trouvent
dans le pays, en d'autres termes, à les mettra,
à la disposition de la Reichsbank qui pourra
les utiliser pour les besoins de l'importation
ou intervenir sur le marché des changes.
L'accord intervenu entre le ministre des fi-4
nanôes et les banquiers ne porte que sur les
grandes lignes du projet dont les détails
seront fixés par une sous-commission prési-
dée par M. Havensteiu. Les bons du trésor,
payables en devises étrangères, ne pourront
naturellement être vendus au public par les
banques en marks papier. Ils seront l'embour.
sables, non en dollars ou en devises étran-
gères, mais en marks papier au cours du dol-
lar. Il en est de même des intérêts qui ne
sont probablement payables qu'à l'échéance
des bons. On espère pouvoir mettre sur pied
le projet pour le 1er mars.
La souscription se ferait au taux de 100 0/0.
Les journaux font remarquer que les ré-
centes mesures prises par la Reichsbank ont
rendu très difficiles les opérations basées sur
les devises étrangères.
'-"——————-—— - 1 - -
Pour la Paix en Orient
T !
La session de l'Assemblée nationale d'An-
gora s'est ouverte hier, pour étudier la
traité rédigé à Lausanne. Ismet pacha a fait
un exposé des négociations.
Suivant des nouvelles reçues à Londres
la session pourrait se prolonger pendant
une semaine et même au delà.
On ajoute %u'il serait possible que les
Turcs adoptent le point de vue qu'Ismet
pacha a exposé à la conférence de Lausan-
ne, particulièrement en ce qui concerne
les clauses économiques, financières jet ju-
diciaires du traité.
—————————— —^
CONTRE LA VIE CHERE
ALLONS-NOUS REVOIR
l'ère des restrictions ?
Plus de pain de luxe, moins de pâtisserie
et des bons de consommation
, propose M. Gratien Candace
En vue de remédier à la cherté de la vie
et à la dépréciation du franc, M. Gratien Cau-
dace, député de la Guadeloupe, vient de dé-
poser une proposition de résolution invitant
le gouvernement à prendre toutes mesures
urgentes pour :
1° Limiter nos achats à l'étranger ;
2o Intensifier notre production coloniale, en
faciliter le transport gt la libre importation,
au profit exclusif de la nation; -
30 Limiter la consommation de certaines
denrées et de certains produits importés, en
grande partie de l'étranger;
4o Supprimer la fabrication du pain de luxe
et limiter celle de la pâtisserie;
5o Etablir, s'il y a lieu, des bons de consom-
mation pour des produits et des denrées tels
que le sucre, la faripfe, le pétrole etc.;
6° Interdire l'exportation de certaines den
rées de première nécessité;
7o Organiser le contrôle sévère de l'ap-
plication des mesures qui précèdent.
Dans l'exposé des motifs de sa proposition
de résolution, M. Gratien Caudace écrit :
« Nous ne devons dissimuler au pays au"
fondateur» (T869) s
VICTOR HUGO Ii.
AUGUSTE VACQUERIE
---- ABONNEMENTS
f
8BR> * 8.-ST-OI8S SS » 20 » 10 >
Fautes * CoLONizai.., 41 a 22 » 11 »
»ZUNC«. e 49 » 25 > 13 »
Âdrêtsw roulas Au CMMMM/Mf/OM
aa Directeur
Rédacteur en chef:
RAYMOND LANGE
POUR LA PUBLICITÉ, S'ADRESSER
AUX BUREAUX DU JOURNAL
ON S'ABONNE SANS FRAIS DANS
TOUS LES BUREAUX DE POSTE
ft
RÉDACTION fi ADMINISTRATION :
es, bouleva.rd de S-tra.s33otxr»Gr. PARiS-X-
Directeur : EDMOND DU MESNIL
TÉLÉPHONES :
léÕctlon et IMktnBn : lord 24-90, W91. — Après il heures éa s*: Roqutte Ma
- -. TRIBUNE LIBRE
— --1 I - -
Memel et Vilna
• • ■ 1 1 ocasaoo
.----:---- h
Voilà donc, dans ce territoire de Vilna,
.quelle est actuellement la situation : tout
un pays de population lithuano-blanc-ru-
thénienne, population qui a envoyé à la
Diète de Varsovie une écrasante majorité
de députés protestataires —- 22 contre
2 Polonais — occupé par les troupes et
r administration polonaises, sans titre,
sans droit, sans l'agrément des Puissan-
ces, et même contre leur volonté.
Et devant cet abus flagrant de la force
contre la légalité, l'indécision des Puis-
sances, leur pusillanimité, remettent cha-
que jour à plus tard l'accomplissement du
devoir qui leur a été dévolu, depuis qua-
tre ans, par l'article 87 du traité de Ver-
sailles, de fixer les frontières de la Po-
logne.
Or, comme ces Puissances ne peuvent
évidemment consacrer des illégalités
qu'elles ont hautement réprouvées par la
.voix du conseil de la Société des nations
et par les démarches de leurs ambassa-
deurs, et que, d'autre part, elles n'osent
pas faire rentrer dans la légalité le gou-
vernement polonais qui en est si complè-
tement sorti, le procès demeure en l'état,
mais avec tous les dangers que comporte
ce déplorable aveu d'impuissance.
On pourrait même craindre, semble-
t-il, que, par une évolution sans grandeur,
les diplomaties n'en viennent peu à peu
à s'incliner devant le fait acquis et à
tourner vers le spolié moins fort les fou-
dres quelles avaient forgées contre le
spoliateur!
Le conseil de la Société des nations
n'a-t-il pas décidé, le 13 janvier 1922 -
le lendemain même du jour où son inter-
diction de procéder à un plébiscite à
Vilna était si délibérément bafouée —
de clore la procédure en conciliation en
laissant dans le territoire de Vilna le statu
quo établi par Zeligowski ?
Puis, dans sa dernière séance du 3 fé-
vrier 1923, n'a-t-il pas recommandé l'ac-
ceptation d'une ligne — provisoire, bien
entendu — qui longerait sensiblement la
zone neutre établie après le coup de
main de Zeligowski, mesure qui pouvait
s'interpréter comme un nouveau pas vers
la consolidation du statu quo.
En face de ces fragiles velléités, la
thèse lithuanienne, elle, est bien simple,
et bien solidement assise dans son irré-
futable logique. Elle dit : « le dernier
acte légal qui régisse nos rapports entre
la Pologne et nous, est l'accord de Su-
valki du 7 octobre 1920 que nous avons
signé ensemble de plein gré en présence
des délégués de la Société des nations.
Ce dernier acte légal doit être le point
de départ des négociations à intervenir.
Mais à quel curieux spectacle avons-
nous assisté lors de cette mémorable
séance du 3 février ?
A la prise à partie sévère du délégué
lithuanien, coupable d'avoir proclamé
son bon droit, et à la menace de faire
jouer contre son pays l' article 16 du pac-
te de la Société des nations!
Quel beau paradoxe à développer,
n'est-il pas vrai ?
La Lithuanie signe un traité avec la
Pologne. La Pologne le viole dès le len-
demain, tue des soldats lithuaniens, s'em-
pare par la force de 37.000 kilomètres
carrés - superficie supérieure à l'Etat
belge - on la laisse bien en paix. Mais
comme la Lithuanie odieusement pillée
proteste, c'est elle que le gendarme des
nations bouscule, morigène de sa voix
rude et menace :
- Quoi ? Qu'est-ce qu'il a encore à
réclamer celui-là ? On vous a pillé ? la
belle affaire! Tâchez d'abord de nous
laisser tranquilles, n'est-ce pas, sinon on
vous fiche au clou! C'est compris, screu-
gneugneu!
Et il le ferait peut-être bien comme il
le dit le terrible Pandore, si, derrière sa
grosse moustache et sa grosse voix, ne se
cachait une âme très craintive.
Car il sent bien que la chose n'irait
peut-être pas sans risques. En effet, si les
Puissances tremblent à l'idée de faire
quelque pression sur le cabinet de Varso-
vie, elles ne se dissimulent pas non plus
qu'une action trop brutale envers la Li-
thuanie pourrait déclencher dans les pays
voisins quelque réaction dont la Pologne
ferait sans doute les premiers frais.
Alors, les diplomaties noyées par le
problème qui les dépasse prennent le
parti plus simple d'attendre et d'espérer
le miracle qui arrange les choses.
.-Ce miracle elles l'ont attendu pen-
dant quatre ans pour régler le sort de Me-
mel. — Il s'est produit sous l'aspect
d'une volée de mitraillade.
N'est-on pas fondé à craindre qu'il em-
prunte une même forme pour trancher
le différend de Vilna ?
Les peuples sont las d'être sous des ré-
gimes toujours provisoires ; les révoltes
couvent.
Les Lithuaniens et les Blancs-Ruthé-
niens sont étroitement unis; ils ne peu-
vent voir sans émotion leurs frères du
territoire de Vilna opprimés par l'admi-
nistration polonaise. Or, ensemble, Li-
thuaniens et Blanc-Ruthènes sont vingt
millions de citoyens.
Une décision de justice pour régler le
sort de Vilna s'impose, si les Puissances
ne veulent pas, un jour proche, se voir à
nouveau surprises par des événements
dont la portée serait cette fois, incalcu-
lable.
Commandant d'ETCHEGOYEN.
Ancien membre de la Mission militaire
française à Vilna.
—————————— ) - -.- —
EDITORIAL
1 1
Scrupules
de légalité allemande
M. Victor Schiff, rédac-
teur de la politique étran-
gère du Vorwaerts, vient
d'écrire une longue lettre à
Edouard Herriot, pour lui
communiquer ses inipres-
sions sur le problème des
réparations et de la Ruhr.
M. Victor Schiff appartient au p,arti
social-démocrate unifié d?Allemagne, et
son journal est l'organe central « du plus
grand parti républicain allemand ». - ->
Le « plus grand parti républicain alle-
mand » est fort mécontent de nous au-
tres Français, et fort irrité de notre occu-
pation de la Ruhr.
M. Victor Schiff, dont la belle âme est
toute imprégnée de légalité, est profonde-
ment indigné de l'illégalité de notre pro-
cédure. Or, nul n'ignore à quel'point les
Allemands sont soucieux de légalité, et
férus du droit des gens.
L'invasion de la Belgique, de la France,
les mesures ordonnées pendant l'occu-
pation de nos départements nwrtyrs; le
mépris des signatures échangées et des
« chiffons de papier » en sont des preu-
ves irréfutables et répétées. Je n" ai Ja-
mais recueilli jusqu'ici les protestations
indignées du « plus grand parti républi-
cain allemand » contre ces actes inquali-
fiables du gouvernement du Reich —
quelle que soit sa forme — par contre,
lorsqu'il s'est agi d'éluder les obligations
du traité de Versailles, la République al-
lemande de M. Ebert s'est montrée d'une
mauvaise foi aussi insigne que Ih^ mpjrc
de M. de Bismarck.
Les rédacteurs de dépêches d'Ems peu-
vent changer d'opinion politique ; je
crains qu'il leur soit plus difficile de
changer de mentalité.
Sans doute je préférerais voir se cons-
tituer une démocratie allemande, à la
place du carporalisme et du militarisme
des « Junker ».
Mais toutes les démocraties ne sont pas
nécessairement pacifiques, et les peuples
ne changent pas leurs trdditions, leurs
instincts, leurs mœurs, leurs besoins na-
turels parce qu'ils ont changé la forme
de leur gouvernement.
La Russie des Soviets nous a prouvé
que sa politique polonaise et sa politique
des Détroits étaient les mêmes que celles
du tsarisme, et le camarade Tchitcherine
est apparu dans les conférences, chaussé
des bottes de M. Iswolski.
M. Georges Guy-Grand vient de nous
donner sur ces questions, qu'il connaît si
bien, une remarquable étude dans le
Mercure de France. Et je me souviens
avoir entendu Edouard Herriot, à son re-
tour d'Allemagne, exprimer avec son ta-
lent habituel, les craintes que pouvait
inspirer à la Paix une Allemagne démo-
cratique, mais grisée par l'essor rapide
de sa puissance économique.
Aussi lorsque M. Victor Schiff nous
déclare qu'il entend que l'Allemagne
paye les réparations, j'aimerais qu'il
a joutât quand, cominent, et quels moyens
il a - lui et son « plus grand parti répu-
blicain allemand » — d'exécuter ses bel-
les intentions.
Depuis le traité de Versailles, nous
sommes rassasiés de la viande creuse
des moratoriums. Le moindre morceau
de charbon de la Ruhr fait mieux notre
affaire, et — révérence gardée '- je me
méfie un peu des scrupules de légalité
de M. Schiff.
En allemand, Schiff veut dire : « ba-
teall ».
Edmond DU MESNIL
Ôn dit,,.
En Passant
Les « barbares ».
C'est un simple petit fait, mais qui illustre
cyniquement l'ignoble mentalité teutonne. A
Rredpney, en plein bassin de la Ruhr, un sol-
dat français tombe subitement gravement ma-
lade ; dans le secteur, aucune ambulance,
aucune formation sanitaire militaire. Tout na-
turellement on fait appel à un médecin civil,
'43 Diafoirus pangermaniste refuse de soigner
notre petit poilu.
Il y a, dans cet incident, une telle ignomi-
nie, une telle laideur brutale, qu'on reconnaît
«-'emblée les hommes qui, en sa'blant le cham-
pagne .- notre Champagne — s'amusaient à
bombarder la cathédrale de Reims ou à tor-
urer les mères et les ieunes filles des pays
occupés.
Qui a vu les Allemands pendant ou depuis
.9, guerre a pu être frappé du souci constant
qu'ils ont de proclamer qu'ils ne sont pas des
Barbares « Wir sind Keine Barbaren ! ». Je
rois encore entendre ces mots dans la bou-
Hio d'un gros médecin teuton, rougeaud et
bestial, aui prenait un matin plaisir à faire
souffrir les prisonniers français blessés aui
étaient confiés à ses soins (quels soins ! !)
Evidemment, il lavait leurs Dlaies et leur fai-
sait des pansements rudimentaires ; mais dès
qu'il pouvait taillader, charcut-vr. faire souf-
frir — sans endormir, naturellement — sa
figure de brute s'épanouissait dans une sa-
tisfaction béate. On sentait le bonheur inef-
falile qu'il éprouvait à faire du mal à. un ma-
'heureux qui ne pouvait rien, cloué qu'il était
"ur un grabat d'hôpital après avoir servi sa
«atrie. « Nous ne sommes pas des Barba-
res ! »
C'est ce'mot aussi, sans doute, que répétait
v général tortionnaire du camp de prison-
niers de Cassel, lorsque, au cours de l'effroya-
ble épidémie de typhus qui sévit, il interdisait
".ux: Allemands de soigner les Français pour
éviter la contagion et répétait, dans un rica-
nement, en voyant un à un mourir nos corn.
oatriotes : '« C'est ma façon de faire la sruer-
xj ! »
Pour le médecin sans cœur de Bredeney, c'est
en,ns doute aussi une façon de se battre que
de refuser ses soins à un malade.
Et de tels gens osent'encore répéter : « Nous
ne sommes pas des Barbares 1 »
JIM.
Aujourd'hui
Une- bonne prise.
Jamais VAmérique n'a été plus « humide »
que depuis qu'elle se prétend sèche.
Je n'en veux point d'autres preuves que
cette histoire de contrebandiers qui-est des
pfàê-'êaîffoure'usc
Des contrebandiers, pillant d'autres contre'
Vandiers, ont abordé une goélette anglaise au
large des côtes de New-Jersey.
Quand ils se furent rendus maîtres de l'é-
quipage qu'ils enfermèrent dans le poste, ils
n'emparèrent de la cargaison de liqueur, éva-
luée à 500.000 dollars.
Beau, butin ! pour un pays sec.
-<:::>-
Grandeur et décadence. -
Le gouvernement autrichien vient de liqui-
der l'ancienne écurie impériale.
A ce sujet, le Gaulois raconte que le che-
val Ibianc que l'infortuné empereur Charles
montait le jour de son couronnement avait
jusqu'ici vieilli paisiblement dans une honori-
fique paresse. Le seul travail qu'on demandait
à ses dix-sept ans c'était qu'il consentît à pa-
raître parfois sur la scène de r Opéra. — où
lui était conjïé, lorsqu'on jouait Le Crépuscu-
le des Dieux, le rôle de ei-ait. Saîzs broncher,
le noble destrier subissait avec dignité le tu-
multe de l'orchestre ct les clameurs des Wal-
kyries.
Cette monture (l'empereur, ce héros d'opé-
ra allait-il finir misérablement, débité dans
une boucherie hippophagique ? Un gentil-
homme magyar résolut, par respect pour le
l)assé, d'éniter à cette pauvre bête une aussi
triste destinée. Sur ses instances, le gouver-
nement hongrois vient d'acquérir le cheval
impérial, qui achèvera en paix. dans quelque
vert pâturage, une existence faite de gran-
deurs et de décadences.
Le Tapin.
VERS UNE ALLIANCE
LA FRANCE ET L'ITALIE
ont des buts communs
Que leur entente soit plus étroite
Le mouvement en faveur d'une plus
étroite entente entre la France et l'Italie.
inaugurée par les déclarations d'hommes
politiques et par certains articles de jour-
naux, semble de jour en jour gagner du
terrain, aussi bien, à Rome qu'à Paris.
Les journaux italiens qui, jusqu'à pré-
sent, étaient restés complètement étrangers
;. ce mouvement, tel que le « Mondo », er-
legistrent en bonne place les échos que co
mouvement a eus en France.
D'autres journaux comme la « Stanipa ».
tout en formulant des objections et des cri-
tiques, en reconnaissent l'existence et y
'consacrent des articles en première Daze.
On relève également que lès deux princi-
paux groupes qui, en Italie, paraissent se
disputer l'influence dans les mondes indus-
triel et financier se sont retrouvés provisoi-
rement unis sans le vouloir, dans le même
ordre d'idées, en ce qui concerne les rota-
tions franco-italiennes et ont exprimé
leur manière de voir, l'un par l'intermé-
diaire de l'importanit' jouira al! de Rome,
l'autre par la bouche d'un porte-parole au-
torisé à la tribune du Sénat.
Cette concordance de points de vue est,
dit-on, d'autant plus significative au'elle
p.fc• lpieut $d'aucThne façon être considérée
comme concertée.
un exprime, dans les milieux politiques,
l'espoir que des résultats concrets puissent
bientôt suivre la période de discussion et
d'examen.
——————————— a— -.-
Le nouveau directeur
de la Sûreté générale
Nous avons annoncé dès hier la nomination
de M. Martin, directeur du cabinet du préfet
de police, à la direction de la Sûreté générale.
C'est un choix très heureux que vient de
faire le gouvernement. M. Marlier a pu, tant à
la préfecture de police que dans les départe-
ments dévastés, donner la mesure de sa force
de travail, de son tact, de son intelligence.
x M. Marlier
Né en 1877, M. Louis Marlier a été successi-
vement chef de cabinet du préfet de l'Aisne,
en 1914 ; secrétaire général de l'Aisne, en
1918 ; secrétaire général du Pas-de-Calais l'an-
née suivante. Quand M. Leullier, préfet de ce
département, devint, en 1920, préfet de police,
il désigna M. Marlier comme directeur de son
cabinet, et M. Naudin le maintint dans ces
délicates fonctions.
A la Sûreté générale, M. Marlier sera à mê-
me de donner la preuve de toutes ses qualités:
nous sommes heureux de l'en féliciter, mais
nous félicitons aussi le gouvernement d'une
désignation judicieuse.
POVR LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT
0 .0
M. Doumergue est désigné par la majorité
du groupe de la Gauche démocratique
- oaoo - •
Les membres de la gauche démocratique,
comme nous l'avions annoncé se sont donc
réunis hier poutf désigner leur candidat à
la présidence du Sénat, en remplacement de
M. Léon Bourgeois.
Malgré l'attitude de M. Alexandre Bérard
et de ses « amis », qui avaient annoncé qu'ils
ne participeraient pas à la réunion, celle-ci
fut néanmoins très nombreuse.
M. Gaston Doumergue, président du grou-
pe, présidait.
Il donna d'abord lecture des lettres d excu-
ses de MM. Sari, Hayez, et Milliès-Lacroix,
- ce dernier ajoutant dans son télégramme
qu'il assisterait aujourd'hui à la séance et
qu'il voterait pour M Gaston Doumergue.
A l'unanimité, l'assemblée vota ensuite
radre-sse du télégramme suivant à M. Léon
Bourgeois :
Dans sa réunion de ce jour la Gauche dé-
mocratique, qui s'honore de vous avoir tou-
jours compté parmi ses membres et de vous
avoir eu comme Président, a tenu, au mo-
ment où des raisons de santé vous obligent
à son grand regret et au regret, unanime dit
Sénat à abandonner la Présidence de cette
AssenbZée, à vous envoyer l'assurance de son
admiration et de sa reconnaissance profondes.
Elle y ajoute ses vœux les plus vifs pour Zr
prochain rétablissement de votre santé.
Cette manifestation accomplie, on revint à
la question de la présidence.
M. Doumergue indiqua alors que vu sa dé-
signation par la presse et certaines polémi-
ques, il laissait le groupe juge de sa manifes-
tation. Ce faisant, il céda la présidence à M.
Regismanset, vice-président.
M. Regismanset rappela que, depuis que le
groupe avait la majorité dans l'Assemblée, il
avait tenu à le manifester et que c'est ainsi
qu'aux élections précédentes, il avait désigné
M. Léon Bourgeois pour remplacer M. Anto-
ninDubost.
M. de Monzie, que l'on présente comme un
de ceux qui ont posé la candidature de M.
Alexandre Bérard, fit alors remarquer que l'é-
lection ne se ferait qu'au second tour, qu'il
conviendrait peut-être de laisser toute liberté
aux membres du groupe au premier tour,
étant entendu qu'ils devraient ,au scrutin sui-
vant, voter pour le candidat désigné par le
groupe.
Cette manière de voir fut combattue par
MM. Regismanset et Savary qui objectèrent
le droit de la majorité.
On passa ensuite au vote.
Et au dépouillement, les résultats furent
les suivants :
MM. Gaston Doumergue 93 voix
Alexandre Bérard 14
Viviani. 2
Bi-elivenu-Martin 1 -
BulJetins blanœ. 8
En conséquence, M. Gaston Doumergue a
été désigné comme candidat de la Gauche dé-
mocratique à la Présidence du Sénat.
Dans ces conditions, M. Alexandre Bérard,
vice-président du même groupe où il n'a re-
cueilli que 14 voix, a son devoir tout tracé; A
moins d'être le jouet des intrigues; qui préten-
dent « manœuvrer le Sénat », il ne saurait
créer la division entre républicains et main-
tenir — sans chances de succès — sa candi-
dature contre celle de son Président, et con-
tre la désignation de son propre groupe.
Le passé de M. Alexandre Bérard, qui se
montra toujours soucieux d'union républicai-
ne, l'empêchera certainement de persister
dans une fausse manœuvre qui ne pourrait —
si par impossible elle réussissait — que favo-
riser les visées de la Droite de la Haute-As-
semblée.
L'OCCUPATION DE LA RUHR
mm. Tirais ET pomeme SE METTENT D'URD
SUR LES NOUVELLES MESURES 1 PRENDRE
OOHSOO
L'Allemagne projette un emprunt de 200 millions de mars.or
On parle beaucoup de médiation depuis deux
nu trois jours. Ce n'est qu'un bruit encore, qui
Court et qui, nous croyons pouvoir l'affirmer,
n'a aucun fondement de fait. Ballon d'essai
lancé à la fois à Londres, en Italie, et même
en Allemagne, Vidée d'une intervention quel-
conque n'en est pas moins la première mar-
que d'un commencement de lassitude. Encore
un peu de patience et le mouvement se pré-
cipitera.
Il faut néanmoins remercier le Parlement
anglais qui, à une majorité de plus de oent
voix, a repoussé, la proposition, soutenue par
les libéraux et les travaillistes, d'une interven-
tion des Etats-Unis ou de la Société des Na-
tions. Loyal sur ce point comme dans toute sa
politique, M. Bonar Lato n'a pas voulu s'asso-
cier à une pareille manifestation. En vain, no-
tre ennemi intime, M. Lloyd George a-t-il, en
couvrant la France de fleurs et en lui pro-
clamant son amitié, mené contre notre action
la charge la1 plus vigoureuse, la plus perfide,
la plus rageuse. M. Bonar Law a su lui ré-
pondre avec une bonhomie souriante, non
exempte d'ironie. Si le Premier anglais n'a
vas voulu entrer dans la mlée, c'est encore
et toujours par souci de cette neutralité qu'il
a vrise comme ligne de conduite. De même
c.,u'il juge incompatible avec sa politique de
s'associer à notre occupation, de même il es-
time ne pouvoir, sans sortir de soit impartia-
lité, soutenir les partisans d'une médiation-
Plus précise a été l'intervention de l'ex-
chancelier Wirth. Reprenant la parole pour
la première fois depuis sa chute et tout en
prêchant la résistance - car à l'heure actuel-
le, on ne peut fai"e autrement en Allemagne,
sous peine de crime de lèse-patrie — il a lais-
sé entendre que Vobstination aveugle ne con-
duirait le Reich à aucun résultat heureux.
Aussi bien, est-ce l'impression qui tend à se
répandre dans les milieux allemands. Les gens
de la Ruhr, dès qu'ils ne sont plus excités
par les agitateurs à la solde du gouvernement,
ne cachent pas leur lassitude et leur découra-
gement ; les industriels contemplent d'un
œil morne l'arrêt du mouvement économique.
^èt, par ricochet, l'arrêt de leurs bénéilces ; et
la foule innombrable, plus raisonnable qu'on
ne croit, se demande tout simplement ce qu'elle
gagne à une intransigeance entêtée.
Ce ne sont encore que des indices ; mais
ils ont leur valeur et nous encouragent sui-
tout à espéreret à tenir.
Raymond LANGE.
M. Theunis à Paris
M. Theunis, président du conseil des minis-
tres de Belgique, arrivé à Paris, hier à 1 heu-
re de l'après-midi, s'est rendu immédiatement
au quai d'Orsay où un déjeuner intime a été
donné en son honneur par M. Poincaré.
Les autres invités étaient le baron de Gaif-
fier d'Hestroy, ambassadeur de Belgique à
Paris ; M. Terlinder, chef du cabinet de M.
Theunis ; M. de Lasteyrie, ministre des fi-
nances ; M. Reibel, ministre des régions li-
bérées ; M. Maginot, ministre de la guerre ;
M. Le Trocquer, ministre des travaux pu-
blics; le maréchal Foch, les généraux Wey-
gand et Buat, M. Peretti de la Rocca.
Les deux présidents du conseil se sont en-
suite réunis en conférence avec :ts person-
nalités civiles et militaires qui avaient pris
part au déjeuner.
A l'issue de la réunion le communiqué sui-
vant a été publié :
M. Theunis, premier ministre de Belgi-
que, a conféré aujourd'hui avec le président
du Conseil français, les ministres d'es Finan-
ces, de la Guerre, des Travaux publics et des
Régions libérées, ainsi qu'avec le maréchal
Foch sur toutes les questions relatives à l'oc-
cupation de la Ruhr, question d'as licences
d'exportation, dee taxes et impôts, des trans-
ports, de la monnaie et sur les nouvelles me-
sures à prendre en cas de continuation de la
résistance allemande.
Les deux gouvernement se sont trouvés,
une fois de plue, en plein accord sur tous
les points.
LE PROBLEME FINANCIER
M. SchweissÈuth a rendu compte à la réu-
nion qui s'est tenue à la présidence du conseil
des travaux accomplis par la mission finan-
cière qu'il a été chargé d'installer dans la
Ruhr. Au cours de cette réunion, diverses
décisions ont été prises qui devront entrer
en application dans un délai assez rapproché.
M. Schweissguth est reparti, hier, pour Dus-
seldorf, où il doit achever la mission qui lui
avait été confiée. --.
M. THEUNIS GRAND CROIX
DE LA LEGION D'HONNEUR
Au cours de la conférence franco-belge, M.
Poincaré avait remis à M. Theunis, les insi-
gnes du grade de grand-croix de la Légion
d'honneur.
Le président du Conseil de Belgique ver-
ra ce matin le ministre des Finances et le
ministre du Commerce pour mettre au point
les négociations sur les taxes et impôts et
sur la monnaie, qui sont en bonne voie. Il
rencontrera, ei besoin, encore une fois, M.
Poincaré et partira à midi pour Bruxelles.
Dans la Ruhr
GREVE DE TELEGRAPHISTES
Dusseldorf, 21 février. — Le télégraphe et
le téléphone ayant dû être occupée par les
français, en raison d'actes de sabotage, le
uersonnel allemand s'est mis en arève.
LA LASSITUDE DE LA POPULATION
Dusseldorf, 21 février. — La population du
bassin de la Ruhr commence à se tourner
vers les autorités françaises devant la situa-
tion difficile créée par la résistance passive.
C'est ainsi que les demandes d'utilisation
des trains militaires français, presque inexis-
tantes au début, ont atteint une telle propor-
tion, que la direction des chemins de fer
d'Elberfeld a adressé à la population une
proclamation l'invitant à ne pas se servir des
trains français qu'elle serait exposée aux pi-
res dangers.
Les soupes populaires voient maintenant
augmenter rapidement le nombre de leurs
clients. Les demandes d'embauchage se multi-
plient et le bureau de Dusseldorf a pu enga-
ger hier 56 ouvriers qualifiés.
LE FIASCO DE LA GREVE
DE DUSSELDORF
Dusseldorf, 21 février. - La fermeture des
magasns en manière de protestation contre
l'expulsion du bourgmestre a pris fin ce ma-
tin après avoir été simplement partielle et
il ne s'est produit aucune autre manifesta-
tion qu'une protestation platonique du con-
seil municipal.
Le conseiller municipal socialiste Schopp
a exprimé, au cours de la séance du conseil,
l'opinion que le gouvernement allemand de-
vrait rechercher un terrain d'entente et faire
'les démarches en vue de résoudre le conflit
actuel. La presse socialiste de Dusseldorf n'gi
d'ailleurs pas cessé de soutenir cette thèse.
LES TRANSPORTS DE CHARBON
Dusseldorf, 21 février. — 5 trains de chae
bon saisis ont été amenés à Weddau.On a saisi
à Bochum 150 wagons de charbon et 6 wa-
gons-réservoirs.
2 trains de charbon sont partis hier pour
la France et 6 pour l'Italie ; 2 chalands de
charbon ont été dirigés sur Strasbourg.
Une information de Francfort dit que le ser-
vice des chemins de fer sera repris aujour-
d'hui sur la ligne Limburg-Niederlahnstein,
et demain sur la ligne Rüdesheim-Cologne.
via Niederlahstein.
Projet d'emprunt allemand
de 50 millions de dollars --
Berlin, 21 février..— Le ministre des fi
nances s'est mis d'accord avec les déléguée de
certaines banques berlinoises et étrangères aui
sujet de la collaboration de ces banques à
l'émission de 200 millions de marks-or de
bons du trésor.
Il sera formé un consortium qui mettra en
souscription publique, contre paiement en de-
vises ou billets de banques étrangers 50 mil-
lions de dollars en bons du trésor à 3 ans
garantis par la Banque d"EIppire. Le con-
sortium prendra ferme la moitié de l'em-
prunt..
Ce projet d'emprunt est considéré dans les
milieux économiques comme une nouvelle me-
sure du gouvernement destinée à stabiliser
le change et à commencer l'affermissement
intérieur.
Le but de l'emprunt consiste, sans aucun.'
doute, à rendre productives les importantes
réserves en devises étrangères qui se trouvent
dans le pays, en d'autres termes, à les mettra,
à la disposition de la Reichsbank qui pourra
les utiliser pour les besoins de l'importation
ou intervenir sur le marché des changes.
L'accord intervenu entre le ministre des fi-4
nanôes et les banquiers ne porte que sur les
grandes lignes du projet dont les détails
seront fixés par une sous-commission prési-
dée par M. Havensteiu. Les bons du trésor,
payables en devises étrangères, ne pourront
naturellement être vendus au public par les
banques en marks papier. Ils seront l'embour.
sables, non en dollars ou en devises étran-
gères, mais en marks papier au cours du dol-
lar. Il en est de même des intérêts qui ne
sont probablement payables qu'à l'échéance
des bons. On espère pouvoir mettre sur pied
le projet pour le 1er mars.
La souscription se ferait au taux de 100 0/0.
Les journaux font remarquer que les ré-
centes mesures prises par la Reichsbank ont
rendu très difficiles les opérations basées sur
les devises étrangères.
'-"——————-—— - 1 - -
Pour la Paix en Orient
T !
La session de l'Assemblée nationale d'An-
gora s'est ouverte hier, pour étudier la
traité rédigé à Lausanne. Ismet pacha a fait
un exposé des négociations.
Suivant des nouvelles reçues à Londres
la session pourrait se prolonger pendant
une semaine et même au delà.
On ajoute %u'il serait possible que les
Turcs adoptent le point de vue qu'Ismet
pacha a exposé à la conférence de Lausan-
ne, particulièrement en ce qui concerne
les clauses économiques, financières jet ju-
diciaires du traité.
—————————— —^
CONTRE LA VIE CHERE
ALLONS-NOUS REVOIR
l'ère des restrictions ?
Plus de pain de luxe, moins de pâtisserie
et des bons de consommation
, propose M. Gratien Candace
En vue de remédier à la cherté de la vie
et à la dépréciation du franc, M. Gratien Cau-
dace, député de la Guadeloupe, vient de dé-
poser une proposition de résolution invitant
le gouvernement à prendre toutes mesures
urgentes pour :
1° Limiter nos achats à l'étranger ;
2o Intensifier notre production coloniale, en
faciliter le transport gt la libre importation,
au profit exclusif de la nation; -
30 Limiter la consommation de certaines
denrées et de certains produits importés, en
grande partie de l'étranger;
4o Supprimer la fabrication du pain de luxe
et limiter celle de la pâtisserie;
5o Etablir, s'il y a lieu, des bons de consom-
mation pour des produits et des denrées tels
que le sucre, la faripfe, le pétrole etc.;
6° Interdire l'exportation de certaines den
rées de première nécessité;
7o Organiser le contrôle sévère de l'ap-
plication des mesures qui précèdent.
Dans l'exposé des motifs de sa proposition
de résolution, M. Gratien Caudace écrit :
« Nous ne devons dissimuler au pays au"
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