Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1923-02-20
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 février 1923 20 février 1923
Description : 1923/02/20 (N19063). 1923/02/20 (N19063).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75547012
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
a TEftrfrOSE, AN 131. - T&° 19063
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MARDI 20 FEVRIER 1.923. — N' 19083
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VICTOR HUGO
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TRIBUNE LIBRE
Memel t Vilna
1 Lorsqu'ici même nous avons exposé le
problème de Memel, nous avions indiqué
la seule solution juste et possible.
Le conseil des ambassadeurs, après de
regrettables attermoiements et de trop
longues hésitations, a fini par prendre le
parti que nous préconisions et par attri-
buer à la Lithuanie ce territoire et ce
port nettements lithuaniens, que le traité
de Versailles avait enlevé à l'Allemagne.
Malheureusement, l'inexcusable lenteur
de cette haute assemblée a laissé se dé-
velopper un tel mécontentement dans la
population lithuano-memeloise, bernée et
opprimée par les fonctionnaires alle-
mands demeurés en place par la coupable
, maladresse du Haut-Commissariat, que
l' insurrection a devancé la décision, si
bien qu'une fois de plus les puissances
n ont paru que sanctionner un fait acquis
par la force et en dehors d'elles.
Quoi qu'en puisse penser la suffisance
satisfaite des diplomates, leur prestige
aux yeux du monde ne s'en est point ac-
cru.
Un autre orage que l'apathique fai-
blesse des puissances laisse se former
autour de Vilna, menace bien autrement
que ne l'a pu faire Memel, la paix euro-
péenne.
Quelques mots rappelleront l'origine
du conflit et en expliqueront l'acuité.
Lorsqu'en septembre 1920, après la
chaude alerte qui menaça Varsovie, les
Polonais, sauvés par le général Weygand
remontèrent vers le Nord derrière les
troupes rouges, ils demandèrent — ne se
sentant pas la conscience très nette vis-
à-vis des Lithuaniens qu'ils avaient atta-
qués sans motif — au conseil de la So-
ciété des nations d'intervenir pour em-
pêcher la Lithuanie de répondre par les
armes à cette agression injustifiée.
Le gouvernement de Kovno acquiesça
aussitôt et des pourparlers s'engagèrent
"pour fixer une ligne de démarcation pro-
visoire.
Cette ligne fut déterminée par l'ac-
cord de Suvalki, signé le 7 octobre 1920,
entre les gouvernements lithuaniens et
polonais, en présence des délégués de la
Société des nations.
On pouvait donc croire tout arrangé.
Mais, le lendemain même de la signature,
la Pologne violant l'engagement pris, lâ-
chait Zeligowski à la tête de cinq divi-
sions qui franchissaient la ligne acceptée
et s'emparaient de Vilna, après avoir
massacré sur leur route les quelques uni-
fiés lithuaniennes surprises et confiantes
dans l'accord passé.
Un sévère télégramme de M. Léon
Bourgeois, président du conseil de la So-
ciété des nations, en date du 14 octobre
1920, dit entre autres choses : « Le gou-
vernement polonais, après avoir fait ap-
pel à la Société des nations au sujet de
son différend avec la Lithuanie, a accep-
té la décision du conseil
<( L'occupation de Vilna est donc
une violation des engagements pris vis-
à-vis du conseil de la Société des nations
et il est impossible à celui-ci de ne pas
demander au gouvernement polonais
quelles mesures immédiates il compte
prendre pour assurer le respect de ses en-
gagements. »
lft réponse du gouvernement polonais
fut simple : il envoya 30.000 hommes de
renfort au général Zeligowski ! « Les
troupes qui ne dépassaient point un ef-
fectif de 20.000 hommes à son entrée à
Vilna le 8 octobre 1920, atteignaient
50.000 hommes à la fin de novembre. »
(Rapport à la 2* assemblée du conseil de
la Société des nations, p. 21.)
D est donc difficile, sans doute, de se
moquer avec plus de cynisme des avis
de la Haute Assemblée et des admones-
tations de son vénérable président!
, Mais la ne s'arrêta pas l'affaire.
Dans sa séance du 28 octobre 1920, le
conseil de la Société des nations recom-
man da aux deux partis, pour trancher le
diftérend. l'établissement dun plébiscité
<( sous ses auspices,».
- Ce projet fut abandonné par suite du
refus opposé par la Pologne à l'invitation
de rappeler les troupes de Zeligowski.
Aussi, M. Hymans, rapporteur, a-t-il dé-
claré à la T séance de la conférence de
Bruxelles : « Dans l'esprit du conseil, le
plébiscite devait être réalisé en pleine li-
berté. Il devait être sincère et rapide. Oï
ceci est devenu impossible en raison du
coup de force du général Zeligowski. —
La Société des nations n'a pas voulu d'un
plébiscite camouflé. »
l- Cependant, passant outre encore une
fois aux avis du conseil et à son refus
d'admettre la validité d'une consultation
'1 - - - --
populaire opérée sous la pression de
50.000 baïonnettes, le gouvernement de
Varsovie résolut de procéder à un plébis-
cite dont il manierait tous les fils.
Le 8 janvier 1922, nonobstant l'abs-
tention systématique et proclamée de
toute la population lithuanienne, blanc-
ruthénienne et israélite, soit ensemble
plus de 75 0/0 de la population totale
du district plébiscité, les Polonais convo..
quèrent à un vote le ban et l'arrière-ban
des leurs. Ils formèrent ainsi une liste de
152.000 électeurs choisis, sur une popu-
lation évaluée par le représentant du gou-
vernement polonais à la Société des na-
tions, M. Askenazy, à 1.046.000 âmes.
Et, après des manipulations qui se ré-
vélèrent par la suite comme audacieuses,
ils annoncèrent aux puissances étonnées
qu'une majorité de 64 0/0 sur ce chif-
fre de 152.000 s'était prononcée en leur
faveur — soit quelque 97.000 suffrages
sur 525.000 ayant droit au vote. (Ce
droit de vote est acquis à toute personne
majeure des deux sexes; on compte ha-
bituellement 50 0/0 de votants sur la
population totale.)
On s'aperçoit donc que la véritable
proportion des suffrages acquis à la Polo-
gne ne dépassait pas, en réalité, malgré
la terrible pression officielle, 18,5 0/0
de la population.
Ce chiffre concorde d'ailleurs, à peu
près avec ceux donnés par les statisti-
ques polonaises — celles qui n'ont pas
été forgées pour les besoins de la cause
— chiffres qui varient de 15 à 20 0/0,
sans jamais dépasser 25 0/0.
Mais, ces proportions sont encore sans
doute fort exagérées, puisque les élec-
tions générales d'octobre 1922 se sont
chargées de donner aux prétentions polo-
naises d avoir une majorité dans ce pays,
le plus cruel et le plus net démenti.
En effet, pour les régions de Vilna,
Grodno, Novo Grodek, les habitants ont
envoyé à la Diète de Varsovie pour les
représenter : 16 lithuano - blanc-ruthé-
niens et 6 israélites, tous protestataires,
contre 2 Polonais.
Nous verrons dans un prochain article
les dangers de cette situation paradoxale.
Commandant d'ETCHEGOYEN.
Ancien membre de la Mission militaire
française à Vilna.
—————————— ) -.- E !
EDITORIAL
Place nette
Le gouvernement français
semble enfin résolu à don-
ner énergiquement la chas-
se aux ministres prussiens
qui viennent fanfaronner
dans la Ruhr. Certes, c'est
une tâche difficile que de
surveiller tous les voyageurs, aux fron-
tières d'un pays qu'on connaît mal soi-
même. D'autant que les membres du ca-
binet allemand ne doivent évidemment
pas prendre le train comme le commun
des mortels. Le seul moyen de sedéfen
dre contre ces voyages insolites est de
mettre sévèrement à l'amende les villes
qui s'enorgueilliront d'une visite minis-
térielle. Un tel honneur doit se payer pat
des paquets de millions de marks. Et
nous verrons bien qu'au bout de peu de
temps les cités germaniques perdront
elles-mêmes le goût de ces algarades
inopportunes.
Mais il n'y a pas que les ministres ; il
y a toute l'armée des louches émissaires
du Reich, pangermanistes capables de
tout, nationalistes de sac et de corde qui,
par leur action continue, attisent la haine
de la population et excitent ses rancunes.
C'est ceux-là qu'il faut démasquer -— ce
ne doit pas être très difficile — et qu'il
faut envoyer méditer en quelque prison
sur les inconvénients d'une propagande
malsaine. Car ils répandent leur poison
partout. La population de la Ruhr ne té-
moigne en elle-même de nulle hostilité
systématique contre les Français : et il
est à préjuger qu'on aurait, avec un peu
d'autorité, assez vite raison des difficul-
tés locales. Mais dès qu'un homme de
l'extérieur, payé par Berlin, réussit à prê-
cher une sorte de guerre sainte, on sent
une immédiate réaction de la part de la
foule. En Allemagne, comme partout, on
se laisse aller au mirage des mots.
Il n'y a donc pas à hésiter : qu'on mette
dehors ou à l'ombre, sans ménagements,
les intrus inutiles, provocateurs de désor
dres et excitateurs de passions.
-H" - 1 Raymond LANGE.
Ôn dit.
En Passant
Les mères.
Le cardinal Dubois a dit à ses ouailles ;
« AHez, croissez et multipliez ! »
Et, fort satisfait de son prêche, le saint
homme croit avoir ainsi résolu le problème
de la dépopulation.
Tout d'abord, observons que ces bonnes pa-
roles auraient plus de poids si, comme dans la
religion protestante, les prêtres, les hommes
d'église, étaient autorisés a. fnnrl.,1" iivia ",,,,-
- -- -- - -.,.--. "'&..I: .&..0..-
mille au lieu de se voir interdire toute vie
normale et mener, au sens qui préoccupe Mgr
Dubois, une existence inutile.
D'autre part, nous sommes bien obligés de
constater que ce ne sont pas les ménages
pieux qui ont le plus d'enfants.
La religion ne semble pas avoir une in..
fluence quelconque sur la « fécondité du ma.
riage ». La simple morale bourgeoise ne pa-
ratt pas en avoir davantage.
Aussi, est-ce parmi le peuple,- ou au fond
des campagnes, que l'on rencontre encore
quelques familles nombreuses, — heureuses
de leur sort, — et menant une vie besogneuse
Ce grave, très grave uroblème de la reoo-
Dulation, mérite qu'on s'y attache très srien-
sement. Ce ne «ont pas quelques brocÙLU t •,
discours et sermons qui « feront faire des
enfants » aux gens qui sont bien décidés à
s'pn ria s-spi-
Il faut aller au plus pressé et commencer
par ne plus distinguer entre la femme mariée
mère respectée. et la fille-mère. — mère dou-
blement, — et cependant méprisée. Il faut aller
ô. toutes celles qui portent en elles un petit
Français et leur porter le secours dont -elles
ont besoin.
Aux environs de Lyon, une maison riante
accueille toutes celles qui ont un espoir de
maternité. Elles ne donnent pas leurs noms,
or. ne-leur demande rien ; ce sont de futures
mamans, ce titre seul suffit. Un lit, de solides
repas, des visites médicales, quelques travaux
manuels (il faut bien préparer les layettes).
Durant les quatre mois qui précèdent l'ac-
couchement, on leur épargna tous soucis.
Ce que M. Herriot a réalisé à Lyon. ne 'DeuL
on le tenter à Paris ? -
C'est cependant le premier geste sage qui
s'impose : Donner confiance à toutes celles
qui ont eu le courage de « créer » dans la
honte et la misère.
Ch. RABETT.
Aujourd'hui
De la langue française.
*1/. Ernst Fuhrmann, lexicographe aile-
.Çt,t¿Jent de terminer un ouvrage, qui va
pwaitrc 'ie l«r mars.
Ce livre, qui étonnera quelques naïfs fran-
çais, est destiné à réconforter les Allemands.
M. Fuhrmann tente de démontrer que la
langue française n'existe pas et n'est qu'un
dialecte allemand,
lia plupart des mots français sont d'origine
germanique, - car grande est notre pau-
f;l'eM.
Bien entendu, l'arzzernand est une langue
si riche qu'elle ne souffre pas de ces emprunts
et peut se développer sans le secours des
étranaers.
Kant n'était pas de cet avis.
T. S. F.
Un maître d'école anglais a eu la curieuse
idée d'utiliser la télégraphie sans fil de la
manière suivante.
nix-sept élèves ayant chez eux les appa-
reils de T. S. F., le professeur fit installer
sur son pupitre un appareil semblable.
Dès qu'un élève ne lui donne pas satisfac-
tion, il prévient les parents du coupable.
Vadmonestation ne manque pas d'arriver
quelques minutes après.
Ces réprimandes publiques vexent considé-
rablement les petits élèves qui maudissent les
progrès de .la sciencc. 1
Le Tapin.
LES MARTYRS DE LA SCIENCE
LE RADIOGRAPHE VAILLANT
reçoit à l'Hôtel de Ville
la Médaille d'or de Paris
a l T
La Ville de Paris a rendu hier, au radio-
graphe Vaillant, treize fois opéré et amputé
des deux bras, le plus solennel -et le plus
mérité des hommages.
Elle eût voulu associer un instant le glo-
rieux savant à ses délibérations et organiser
la réception dans sa salle des séances. Mais
une manifestation entêtéo de la part des
conseillers communistes fit renoncer à ces
projets.
Et ce fut dans le salon des Arcades que la
réception eu lieu. De nombreuses personna-
lités officielles assistaient à la solennité, no-
tamment MM. Paul Strauss, ministre de
l'Hygiène ; Myron Herrick. ambassadeur
des Etats-Unis ; le général Dubail, grand
chancelier de la Légion d'honneiV ; le géné-
ral Berdoulat, gouverneur militaire de Pa-
ris ; les membres de la fondation Carnegie,
ayant à leur tête M. Emile Loubet, leur pré-
sident ; Roger, doyen de la Faculté de
sident ; de nombreuses délégations des hô-
pitaux, et des enfants des écoles de ta vine.
Dès son arrivée, le docteur Vaillant fut
invité à signer le livre d'or. Le glorieux mu-
tilé signa grâce à un appareil spécial à lui
offert par un autre mutilé.
Puis les discours commencèrent.
Le général Dubail, grand chancelier de
la Légion d:honneur, remit avec des paroles
d'admiration émue la, cravate de comman-
deur de la Légion d'honneur au docteur Vail
':;¡,nt, auquel, ensuite, M. Myron Herrick fit
présent d'une plaquette d'or, don de la fon-
dation Carnegie, et M. Peuch la médaille
d'or de la Ville de Paris.
Retenons cet éloge du général Dubail :
« En sacrifiant à l'humanité, avec une
froide résolution, votre santé et votre vie,
vous donnez un exemple de grandeur d'âme
auprès duquel pâlissent tous les actes de
bravoure de nos héros.
« La France est fière de compter au nom-
bre de ses enfants le martyr volontaire de la
science et de l'humanité que vous êtes ; mais
Je proclame que vous êtes aussi l'une des
gloires les tplus purps de notre Légion. »
Prenant la parole à son tour, le docteur
Vaillant, dont l'émotion était vive, remer-
cia le Conseil municipal, le gouvernement et
l'ambassadeur des Etats-Unis de tous les
témoignages de sympathie qui lui étaient
prodigués. Sa modestie était telle que, pour
un peu, il s'en fût déclaré indigne.
Indigne, lui. le savant, le héros ! plions
donc --
Un des plus beaux visages de la France
immortelle.
Des pompiers sont arrêtés
tandis que la maison brûle
Un violent incen'die s'est déclaré dans l'a-
près-midi d'hier, au Grand-Montrouge, dans
les ateliers de carrosserie automobile Corre,
où étaient garés de nombreux châssis d'autos.
C'est par un retour de flammes du carbura-
teur d'une voiture automobile qui fit explo-
ser deux bouteilles d'oxygène toutes proches,
que le sinistre éclata.
Prévenus, les pompiers de Paris se portè-
rent en toute hâte sur les lieux, mais ils fu-
rent arrêtés à la barrière de Montrouge par
les octroyens parce qu'il fallait une autori-
sation du maire pour leur permettre de péné-
trer sur le territoire de la commune. Ils per-
dirent de ce fait vingt minutes en discussions
oiseuses;: et le feu détruisit complètement les
ateliers Corre. ,
Les dégâts s'élèvent à 40Ô.000 francs, mais
on a la consolation que les octroyens ont
voulu faire observer les règlements.
,.- DE BERLIN A ESSEN.
La résistance préconisée par M. Cuno
est désapprouvée par les socialistes
— OOKDO *
Francfort, 18 février. — L'harmonie ne
semble pas régner dans 'les -milieux politi-
queé au sujet de l'attitude à observer vis-à-
vis de la France et de la Belgique dans la
question «de la Ruhr. Les intransigeants, na-
tionalistes, populistes et bavarois, conti-
nuent à soutenir le docteur Cuno dans sa
politique de résistance et l'approuvent dte
conseiller aux populations de la Ruhr la mise
en œuvre des méthodes qui ont été em-
ployées en Irlande par les sinn-teiners.
Cependant, les milieux qui demeurent plus
directement en contact avec le peuple et se
rendent compte à la fois de ses désirs, et de
ses souffrances, font preuve d'une intransi-
geance beaucoup plus mitigée. Pour ceux-ci,
il y a urgence à négocier. L'Allemagne a per-
du la partie dans la Ruhr ; il est inutile
qu'elle s'obstine, telle est la note donnée par
les - organes socialistes de Hambourg, de
Leipzig, de Francfort, qui font écho de leur
côté aux doléances des populations ouvriè-
res de Mayence, de Bochum, de Dusseldorf
et autres lieux d'es régions occupées.
La question est de savoir maintenant si
le cabinet Cuno trouvera dans la pays, qui
commence à se lasser, des éléments suffi-
samment résistants pour lui permettre de
continuer sa politique, ou si la plainte crois-
sante .d's socialistes et des milieux populai-
res l'obligera à céder et à tâcher de négocier
avec la France et la Belgique. Plus d'un in-
dice permet de penser que, si l'on n'en est
pas encore lâ, cependant le gouvernement du
Reich se préoccupe d'y venir.
On murmure même que des coups de sonde
auraient été jetés auprès des puissances neu-
tres pour savoir sur quelles bases elles pour-
raient s'entremettre pour une reprise de né-
gociations.
En territoire occupé
LES TRANSPORTS DE CHARBON
Dusseldorf, 19 février. — Dans .la journée
du 18 février, trois trains de charbon et un
train de coke sont partis pour la France et
293 wagons ont été dirigés sur la Hollande.
CUptransports ne correspondent nullement
aux possibilités du réseau exploité par les
raient en diriger sur la France et la Belgi-
que un nombre plus considérable. Mais les
seules ressources actuelles en charbon sont
celles fournies par les wagons que l'on a
saisis sur les voies ferrées et dans les gares.
Ce sont en réalité des prises et le charge-
ment normal des wagons ne s'opère pas
parce que les mineurs se refus-ent à les char-
ger et à les laisser sortir. Il n'est pas pro-
cédé à leur égard à des mesures de con-
trainte dont l'efficacité serait d'ailleurfe dou-
teuse parce que le remède à cette situation
sera apporté d'une manière plus sûre et plus
radicale par l'effet des mesures générales oui
ont été prises et par le blocus de la Ruhr.
Mais il importe de préciser que, le jour
où des wagons en nombre considérable se-
ront présentés aux services des transports,
ceux-ci pourront les acheminer par leurs pro-
pres moyens et ne seront pas dépendants du
bon vouloir des cheminots allemands.
OFFICIER FRANÇAIS INSULTE
Dusseldorf, 19 février. — Hier soir, à Dus-
seldorf, à 23 heures, dans un hôtel voisin
de la gare, le « Hans Hôtel », un officier des
douanes, le lieutenant Caillot, a été frappé
par un président de syndicat ouvrier nom-
mé Guérock, qui habite l'hôtel depuis 18
mois. L'officier, sans d'ailleurs s'adresser à.
cet individu, fit une remarque banale sur la
rigueur de .la température. Intervenant, Gué-
rock s'écria : « Il ne fera jamais trop froid
pour ces cochons de Français », et préféra
des menaces que naturellement l'officier ne
pouvait laisser passer sans répondre. L'Alle-
mand renouvela ses injures et frappa le lieu-
tenant Caillot. Le poste voisin de la gare
centrale intervint ; -deux gendarmes ont ar-
rêté l'individu.
DESARMEMENT DE LA POLICE VERTE
Essen. 19 février. — Une seconde onpra-
tion a eu lieu sur une autre caserne de la
police de sûreté et 400 hommes de cette po-
lice ont été désarmés. La police de sûreté
se trouve ainsi pratiquement supprimée et
une police de remplacement y sera substi-
tuée.
Ces opérations ont rendu infiniment plus
conciliante l'attitude des fonctionnaires.
■M LA COMMISSION DES AFFAIRES ÉTRAYVGÈRES
Un exposé de M. Poincaré
sur notre action dans la Ruhr
—^-—OGSKOO , i ■.
Cent millions de crédits sont demandés pour les dépenses
d occupation pendant les mois de janvier et février
Malgré sabotages et grèves, les trains imrfont AIFcao-n
r -- - - 1 ■
La commission des affaires étrangères de
la Chambre s'est réunie hier pour entendre
le président du Conseil.
M. Raymond Poincaré a fait à la commis-
sion un exposé détaillé des négociations rela-
tives à l'affaire de Memel et des décisions pri-
ses par la Conférence des ambassadeurs au
sujet -du statut du territoire et de l'attribution
de Memel à la Lithuanie avec autonomie de la
ville et garantie pour le transit. Il a donné
des renseignements complets sur les événe-
ments révolutionnaires qui se sont déroulés
dans la ville, sur la manière dont l'ordre a été
rétabli et sur le nouveau gouvernement ins-
tallé en accord avec les alliés. Il a fourni des
précisions sur la situation actuelle et sur les
incidents qui se sont produits d'autre part
dans la zone neutre entre Polonais et Lithua-
niens.
LE CONFLIT POLONO-LITHUANIEN
Il résulte des explications fournies par M.
Poincaré que les nouvelles de Lithuanie sont
fort peu rassurantes ; la question est grave
et de celles qui donnent au gouvernement les
plus vives préoccupations. Hier matin même
on a reçu d'un agent du gouvernement fran-
çais à Kovno un télégramme disant que le
nouveau gouvernement lithuanien est mécon-
tent des décisions adoptées par la conférence
des ambassadeurs et qu'il règne dans le pays
une vive agitation.
D'autre part notre ministre à Varsovie n'a
pas confirmé la dépêche Havas reçue hier
matin et disant que la guerre avait éclaté en-
tre Lithuaniens et Polonais ; mais il ne l'a
pas non plus démentie ; il indique qu'il y a
de grands mouvements do troupes et qu'on en-
tend au loin le canon.
NOTRE ACTION DANS LA RUHR -
Le président du Conseil s'est ensuite expli-
qué sur les circonstances et sur les manque-
ments de l'Allemagne qui ont provoqué, en
exécution du traité de Versailles, l'occupation
de la Ruhr ; sur l'exécution du programme
établi par le gouvernement belge et le gou-
vernement français : servièa des chemins de
fer, clôture de la zone occupée en ce qui con-
cerne le charbon, le coke, les produits métal-
lurgiques et autres. Il a fait connaître les ac-
tes de résistance inspirés par le gouvernement
de Berlin et les sanctions prises ou prévues
contre les fonctionnaires qui suspendent les
services publics. Il a également indiqué les
dispositions arrêtées pour assurer la, vie nor-
male des populations dans les régions occu-
pées.
M. Poincaré a notamment fourni les chiffres
statistiques suivants :
Nous occupons dans la Ruhr 2.800 kilomè-
tres carrés ; 500 kilomètres carrés restent en
dehors de notre occupation. La partie que
nous occupons produit 90 millions de tonnes
en dehors en produisent 8 millions. Les mi-
nes fiscales ne représentent qu'un cinquième
environ de ces quantités.
Les fours à coke sont au nombre de 14.500;
nous en occupons 14.200 qui peuvent donner
80.000 tonnes par jour.
La population totale est de 3.500.000 habi-
tants, dont 3 millions dans la région occupée;
sur ce nombre il y a 500.000 mineurs dont
450.000 dans notre occupatiofi ; la plupart
sont Allemands ; il s'y trouve 80.000 Polonais
seulement ; le personnel dirigeant (ingé-
nieurs, conducteurs, etc.) compte 1.000 à 1.200
personnes.
Nous conttôlons les neuf dixièmes de la
production ; il n'est pas question, a dit .M.
Poincaré, que nous exploitions nous-mêmes la
Ruhr ; nous en pratiquons seulement le con-
trôle par soixante ingénieurs, la plupart fran.
çais, auxquels vont se joindre bientôt.quelques
Ingénieurs anglais: Parlant du sabotage, le
président du Conseil a fait le plus grand éloge
du général Degoutte, qu'il n'a jamais été et
qu'il n'est pas question de remplacer. Nous
avons expulsé 2S3 hauts fonctionnaires dans
la Ruhr et 35 en Rhénanie. On les remplace
par les fonctionnaires .allemands du grade
immédiatement inférieur.
Au sujet des chemins de fer. M. Poincaré a
déclaré qu'avant notre occupation, chaque
jour voyageaient dans la Ruhr 580 trains de
voyageurs et 620 trains de marchandises. Au-
jourd'hui, il circle en tout 70 trains par jour.
Il y avait 40.000 cheminots travaillant dans la
Ruhr et 120.000 en Rhénanie. La France n'a,
pu les remplacer que par 9.640 cheminots. II
n'v a pas là-bas de matériel français. Jusqu'à
présent nous avons expédié en France et en
Belgique 1.026 wagons de charbon.
1 LA ZONE ANGLAISE
A propos de la zone anglaise, M. Poincaré
a indiqué qu'il ressortait des pourparlers en
cours, que M. Bonar Law était obligé de tenir
compte de l'opinion dés parlementaires an-
glais, un peu récalcitrants à notre point de
vue, mais que le premier ministre anglais était
disposé à faire personnellement tout son possi-
ble pour aplanir les difficultés qui pourraient
surgir.
Après trois heures et demie d'explications
et de lectures, le président a interrompu son
exposé sur la Ruhr et a proposé de la conti-
nuer dans une séance ultérieure de la semaine.
prochaine.
A l'unanimité, cette suggestion a été accep-
tée.
La commission se réunira lundi prochain
pour entendre à nouveau M. Poincaré.
Les frais d'occu patiion
« A.
Le ministre des finances soumettra aujour-
d'hui au Conseil* des ministres, et, s'il est
approuvé, déposera sur le bureau de la Cham-
bre, à l'ouverture de la séance, un projet de
crédits supplémentaires pour janvier-février,
crédits nécessaires par nos frais -d'occupation
de la Ruhr.
Ces crédits se divisent en trois catégories ':1.
Crédits pour. les missions civiles. — Le mi..
nistre demande un crédit de cinq millions, re*
présentant des dépenses recouvrables. Ce crédin
est destiné à faire face à certaines dépenses ';1
mais las cinq millions ne seront pas engloutie,,
des recettes devant les couvrir.
Crédits militaires. — Les dépenses militaires
s'élèvent pour les mois de janvier, et fé*
vr'ieî\à 50 millions, dont il faut, retrancher qW
sonxne de 15 millions, qui représente' les dé-
penses des troupes dans les pays non occu-
pés, et qui sont prévues au budget.
Le ministre des finances demandera aij*
Parlement un crédit, de 35 millions.
CfràcHta nni/r Jr* rl¿,",cooo r10n ",J.",-,;
- Æ' vv-o \,AIVlI"fJO'l..-O VCL'O IsIlKs m/lfVS
fer. - Les crédits demandés s'élèvent R 60
millions pour fonds de roulemfent, mise. en
train et déficit de l'exploitation.
Ce crédit sera suffisant pour toute la tdu./
rée de l'occupation de la Ruhr.
Il faut remarquer que les crédits militai",
res seuls seront renouvelables et que 'les cré*
dits des missions 'civiles et des dépenses mi.
litaires sont suffisants pour toute la durée
de l'occupation.
) -+- (
LA CATASTROPHE DE PQRT-A-BINSON
On arrête le chef de gare
et l'aiguilleur
Le premier a reconnu avoir donné la voie
libre au rapide Paris-Strasbourg
La catastrophe de Port-à-Binson que nous
.v(}ns annoncée hier, a causé la mort de 13
voyageurs, peut-être plus. Il y a, en outre,
38 blessée, dont un certain nombre sont dans
un état grave.
Parmi les morts on compte, huit soldats)
qui regagnaient leur corps après une permis-
sion.
Voici quelques .détails sur les circonstan-
ces de l'accident.
Les circonstances de l'accident
v Le "train numéro 37 partant de Paris à H»
heures pour .Strasbourg traverse la gare de
Port-à-Binson à une vitesse de 96 kilomètres
â l'heure. Ce rapide est précédé d'un train de
marchandises qui doit lui laiseer la place en
gare de Port-a.¡Binson.
La manœuvre de garage de ce dernier train
ne put hier sotr, s'effectuer normalement, car
le convoi était trop long pour être immobi-
lisé tout entier sur' la voie parallèle •; on dut
laisser sur cette voie seulement les wagons,
pendant que la 'locomotive attelée à une seu-
le voiture repartait pour un autre garage,
empruntant la voie, montante Paris-Chai on-
SU-l- Marne. -
A ce moment, le rapide arriva, abusé par
les signaux qui indiquaient la voie libre.' Le
choc fut effroyable ; le rapide poussa la «lo-
comotive 'et. le wagon de marchandises sur
une longu-eur de 100 mètres environ, ;puis dé-
railla et se coucha sur -le côté. Des hommes,
des femmes, et des enfants affolés, au milieu
des cris des blessés se précipitèrent des voi-
tures sur la voie. Mais bientôt l'ordre revint
et on ne s'occupa plus que de dégager les vic-
times, chose extrêmement difficile pour -le.,;
premières voitures, notamment pour les deux
wagons de troisième classe de tête, qui
étaient réduits en miettes : nar cnnfro i..
--
Xé «tenir* 1 ù&mgB CESTOtSÊ
MARDI 20 FEVRIER 1.923. — N' 19083
reiwatemo (188,9):
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
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au Directeur
k.
1 Bèéaotêur ta cAof:
RAYMOND LANGE
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ON S'ABONNE SANS FRAIS DANS
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REDACTION III ADMINISTRATION :
38, boulevard de Strasbourg PARIS-X
Directeur : EDMOND DU MESNIL
TÉLÉPHONES:
Rédaction tt IflMfetntln : Kart 24-W. 24-91. — lprês (06er« A s*fr : Renette U.93
TRIBUNE LIBRE
Memel t Vilna
1 Lorsqu'ici même nous avons exposé le
problème de Memel, nous avions indiqué
la seule solution juste et possible.
Le conseil des ambassadeurs, après de
regrettables attermoiements et de trop
longues hésitations, a fini par prendre le
parti que nous préconisions et par attri-
buer à la Lithuanie ce territoire et ce
port nettements lithuaniens, que le traité
de Versailles avait enlevé à l'Allemagne.
Malheureusement, l'inexcusable lenteur
de cette haute assemblée a laissé se dé-
velopper un tel mécontentement dans la
population lithuano-memeloise, bernée et
opprimée par les fonctionnaires alle-
mands demeurés en place par la coupable
, maladresse du Haut-Commissariat, que
l' insurrection a devancé la décision, si
bien qu'une fois de plus les puissances
n ont paru que sanctionner un fait acquis
par la force et en dehors d'elles.
Quoi qu'en puisse penser la suffisance
satisfaite des diplomates, leur prestige
aux yeux du monde ne s'en est point ac-
cru.
Un autre orage que l'apathique fai-
blesse des puissances laisse se former
autour de Vilna, menace bien autrement
que ne l'a pu faire Memel, la paix euro-
péenne.
Quelques mots rappelleront l'origine
du conflit et en expliqueront l'acuité.
Lorsqu'en septembre 1920, après la
chaude alerte qui menaça Varsovie, les
Polonais, sauvés par le général Weygand
remontèrent vers le Nord derrière les
troupes rouges, ils demandèrent — ne se
sentant pas la conscience très nette vis-
à-vis des Lithuaniens qu'ils avaient atta-
qués sans motif — au conseil de la So-
ciété des nations d'intervenir pour em-
pêcher la Lithuanie de répondre par les
armes à cette agression injustifiée.
Le gouvernement de Kovno acquiesça
aussitôt et des pourparlers s'engagèrent
"pour fixer une ligne de démarcation pro-
visoire.
Cette ligne fut déterminée par l'ac-
cord de Suvalki, signé le 7 octobre 1920,
entre les gouvernements lithuaniens et
polonais, en présence des délégués de la
Société des nations.
On pouvait donc croire tout arrangé.
Mais, le lendemain même de la signature,
la Pologne violant l'engagement pris, lâ-
chait Zeligowski à la tête de cinq divi-
sions qui franchissaient la ligne acceptée
et s'emparaient de Vilna, après avoir
massacré sur leur route les quelques uni-
fiés lithuaniennes surprises et confiantes
dans l'accord passé.
Un sévère télégramme de M. Léon
Bourgeois, président du conseil de la So-
ciété des nations, en date du 14 octobre
1920, dit entre autres choses : « Le gou-
vernement polonais, après avoir fait ap-
pel à la Société des nations au sujet de
son différend avec la Lithuanie, a accep-
té la décision du conseil
<( L'occupation de Vilna est donc
une violation des engagements pris vis-
à-vis du conseil de la Société des nations
et il est impossible à celui-ci de ne pas
demander au gouvernement polonais
quelles mesures immédiates il compte
prendre pour assurer le respect de ses en-
gagements. »
lft réponse du gouvernement polonais
fut simple : il envoya 30.000 hommes de
renfort au général Zeligowski ! « Les
troupes qui ne dépassaient point un ef-
fectif de 20.000 hommes à son entrée à
Vilna le 8 octobre 1920, atteignaient
50.000 hommes à la fin de novembre. »
(Rapport à la 2* assemblée du conseil de
la Société des nations, p. 21.)
D est donc difficile, sans doute, de se
moquer avec plus de cynisme des avis
de la Haute Assemblée et des admones-
tations de son vénérable président!
, Mais la ne s'arrêta pas l'affaire.
Dans sa séance du 28 octobre 1920, le
conseil de la Société des nations recom-
man da aux deux partis, pour trancher le
diftérend. l'établissement dun plébiscité
<( sous ses auspices,».
- Ce projet fut abandonné par suite du
refus opposé par la Pologne à l'invitation
de rappeler les troupes de Zeligowski.
Aussi, M. Hymans, rapporteur, a-t-il dé-
claré à la T séance de la conférence de
Bruxelles : « Dans l'esprit du conseil, le
plébiscite devait être réalisé en pleine li-
berté. Il devait être sincère et rapide. Oï
ceci est devenu impossible en raison du
coup de force du général Zeligowski. —
La Société des nations n'a pas voulu d'un
plébiscite camouflé. »
l- Cependant, passant outre encore une
fois aux avis du conseil et à son refus
d'admettre la validité d'une consultation
'1 - - - --
populaire opérée sous la pression de
50.000 baïonnettes, le gouvernement de
Varsovie résolut de procéder à un plébis-
cite dont il manierait tous les fils.
Le 8 janvier 1922, nonobstant l'abs-
tention systématique et proclamée de
toute la population lithuanienne, blanc-
ruthénienne et israélite, soit ensemble
plus de 75 0/0 de la population totale
du district plébiscité, les Polonais convo..
quèrent à un vote le ban et l'arrière-ban
des leurs. Ils formèrent ainsi une liste de
152.000 électeurs choisis, sur une popu-
lation évaluée par le représentant du gou-
vernement polonais à la Société des na-
tions, M. Askenazy, à 1.046.000 âmes.
Et, après des manipulations qui se ré-
vélèrent par la suite comme audacieuses,
ils annoncèrent aux puissances étonnées
qu'une majorité de 64 0/0 sur ce chif-
fre de 152.000 s'était prononcée en leur
faveur — soit quelque 97.000 suffrages
sur 525.000 ayant droit au vote. (Ce
droit de vote est acquis à toute personne
majeure des deux sexes; on compte ha-
bituellement 50 0/0 de votants sur la
population totale.)
On s'aperçoit donc que la véritable
proportion des suffrages acquis à la Polo-
gne ne dépassait pas, en réalité, malgré
la terrible pression officielle, 18,5 0/0
de la population.
Ce chiffre concorde d'ailleurs, à peu
près avec ceux donnés par les statisti-
ques polonaises — celles qui n'ont pas
été forgées pour les besoins de la cause
— chiffres qui varient de 15 à 20 0/0,
sans jamais dépasser 25 0/0.
Mais, ces proportions sont encore sans
doute fort exagérées, puisque les élec-
tions générales d'octobre 1922 se sont
chargées de donner aux prétentions polo-
naises d avoir une majorité dans ce pays,
le plus cruel et le plus net démenti.
En effet, pour les régions de Vilna,
Grodno, Novo Grodek, les habitants ont
envoyé à la Diète de Varsovie pour les
représenter : 16 lithuano - blanc-ruthé-
niens et 6 israélites, tous protestataires,
contre 2 Polonais.
Nous verrons dans un prochain article
les dangers de cette situation paradoxale.
Commandant d'ETCHEGOYEN.
Ancien membre de la Mission militaire
française à Vilna.
—————————— ) -.- E !
EDITORIAL
Place nette
Le gouvernement français
semble enfin résolu à don-
ner énergiquement la chas-
se aux ministres prussiens
qui viennent fanfaronner
dans la Ruhr. Certes, c'est
une tâche difficile que de
surveiller tous les voyageurs, aux fron-
tières d'un pays qu'on connaît mal soi-
même. D'autant que les membres du ca-
binet allemand ne doivent évidemment
pas prendre le train comme le commun
des mortels. Le seul moyen de sedéfen
dre contre ces voyages insolites est de
mettre sévèrement à l'amende les villes
qui s'enorgueilliront d'une visite minis-
térielle. Un tel honneur doit se payer pat
des paquets de millions de marks. Et
nous verrons bien qu'au bout de peu de
temps les cités germaniques perdront
elles-mêmes le goût de ces algarades
inopportunes.
Mais il n'y a pas que les ministres ; il
y a toute l'armée des louches émissaires
du Reich, pangermanistes capables de
tout, nationalistes de sac et de corde qui,
par leur action continue, attisent la haine
de la population et excitent ses rancunes.
C'est ceux-là qu'il faut démasquer -— ce
ne doit pas être très difficile — et qu'il
faut envoyer méditer en quelque prison
sur les inconvénients d'une propagande
malsaine. Car ils répandent leur poison
partout. La population de la Ruhr ne té-
moigne en elle-même de nulle hostilité
systématique contre les Français : et il
est à préjuger qu'on aurait, avec un peu
d'autorité, assez vite raison des difficul-
tés locales. Mais dès qu'un homme de
l'extérieur, payé par Berlin, réussit à prê-
cher une sorte de guerre sainte, on sent
une immédiate réaction de la part de la
foule. En Allemagne, comme partout, on
se laisse aller au mirage des mots.
Il n'y a donc pas à hésiter : qu'on mette
dehors ou à l'ombre, sans ménagements,
les intrus inutiles, provocateurs de désor
dres et excitateurs de passions.
-H" - 1 Raymond LANGE.
Ôn dit.
En Passant
Les mères.
Le cardinal Dubois a dit à ses ouailles ;
« AHez, croissez et multipliez ! »
Et, fort satisfait de son prêche, le saint
homme croit avoir ainsi résolu le problème
de la dépopulation.
Tout d'abord, observons que ces bonnes pa-
roles auraient plus de poids si, comme dans la
religion protestante, les prêtres, les hommes
d'église, étaient autorisés a. fnnrl.,1" iivia ",,,,-
- -- -- - -.,.--. "'&..I: .&..0..-
mille au lieu de se voir interdire toute vie
normale et mener, au sens qui préoccupe Mgr
Dubois, une existence inutile.
D'autre part, nous sommes bien obligés de
constater que ce ne sont pas les ménages
pieux qui ont le plus d'enfants.
La religion ne semble pas avoir une in..
fluence quelconque sur la « fécondité du ma.
riage ». La simple morale bourgeoise ne pa-
ratt pas en avoir davantage.
Aussi, est-ce parmi le peuple,- ou au fond
des campagnes, que l'on rencontre encore
quelques familles nombreuses, — heureuses
de leur sort, — et menant une vie besogneuse
Ce grave, très grave uroblème de la reoo-
Dulation, mérite qu'on s'y attache très srien-
sement. Ce ne «ont pas quelques brocÙLU t •,
discours et sermons qui « feront faire des
enfants » aux gens qui sont bien décidés à
s'pn ria s-spi-
Il faut aller au plus pressé et commencer
par ne plus distinguer entre la femme mariée
mère respectée. et la fille-mère. — mère dou-
blement, — et cependant méprisée. Il faut aller
ô. toutes celles qui portent en elles un petit
Français et leur porter le secours dont -elles
ont besoin.
Aux environs de Lyon, une maison riante
accueille toutes celles qui ont un espoir de
maternité. Elles ne donnent pas leurs noms,
or. ne-leur demande rien ; ce sont de futures
mamans, ce titre seul suffit. Un lit, de solides
repas, des visites médicales, quelques travaux
manuels (il faut bien préparer les layettes).
Durant les quatre mois qui précèdent l'ac-
couchement, on leur épargna tous soucis.
Ce que M. Herriot a réalisé à Lyon. ne 'DeuL
on le tenter à Paris ? -
C'est cependant le premier geste sage qui
s'impose : Donner confiance à toutes celles
qui ont eu le courage de « créer » dans la
honte et la misère.
Ch. RABETT.
Aujourd'hui
De la langue française.
*1/. Ernst Fuhrmann, lexicographe aile-
.Çt,t¿Jent de terminer un ouvrage, qui va
pwaitrc 'ie l«r mars.
Ce livre, qui étonnera quelques naïfs fran-
çais, est destiné à réconforter les Allemands.
M. Fuhrmann tente de démontrer que la
langue française n'existe pas et n'est qu'un
dialecte allemand,
lia plupart des mots français sont d'origine
germanique, - car grande est notre pau-
f;l'eM.
Bien entendu, l'arzzernand est une langue
si riche qu'elle ne souffre pas de ces emprunts
et peut se développer sans le secours des
étranaers.
Kant n'était pas de cet avis.
T. S. F.
Un maître d'école anglais a eu la curieuse
idée d'utiliser la télégraphie sans fil de la
manière suivante.
nix-sept élèves ayant chez eux les appa-
reils de T. S. F., le professeur fit installer
sur son pupitre un appareil semblable.
Dès qu'un élève ne lui donne pas satisfac-
tion, il prévient les parents du coupable.
Vadmonestation ne manque pas d'arriver
quelques minutes après.
Ces réprimandes publiques vexent considé-
rablement les petits élèves qui maudissent les
progrès de .la sciencc. 1
Le Tapin.
LES MARTYRS DE LA SCIENCE
LE RADIOGRAPHE VAILLANT
reçoit à l'Hôtel de Ville
la Médaille d'or de Paris
a l T
La Ville de Paris a rendu hier, au radio-
graphe Vaillant, treize fois opéré et amputé
des deux bras, le plus solennel -et le plus
mérité des hommages.
Elle eût voulu associer un instant le glo-
rieux savant à ses délibérations et organiser
la réception dans sa salle des séances. Mais
une manifestation entêtéo de la part des
conseillers communistes fit renoncer à ces
projets.
Et ce fut dans le salon des Arcades que la
réception eu lieu. De nombreuses personna-
lités officielles assistaient à la solennité, no-
tamment MM. Paul Strauss, ministre de
l'Hygiène ; Myron Herrick. ambassadeur
des Etats-Unis ; le général Dubail, grand
chancelier de la Légion d'honneiV ; le géné-
ral Berdoulat, gouverneur militaire de Pa-
ris ; les membres de la fondation Carnegie,
ayant à leur tête M. Emile Loubet, leur pré-
sident ; Roger, doyen de la Faculté de
sident ; de nombreuses délégations des hô-
pitaux, et des enfants des écoles de ta vine.
Dès son arrivée, le docteur Vaillant fut
invité à signer le livre d'or. Le glorieux mu-
tilé signa grâce à un appareil spécial à lui
offert par un autre mutilé.
Puis les discours commencèrent.
Le général Dubail, grand chancelier de
la Légion d:honneur, remit avec des paroles
d'admiration émue la, cravate de comman-
deur de la Légion d'honneur au docteur Vail
':;¡,nt, auquel, ensuite, M. Myron Herrick fit
présent d'une plaquette d'or, don de la fon-
dation Carnegie, et M. Peuch la médaille
d'or de la Ville de Paris.
Retenons cet éloge du général Dubail :
« En sacrifiant à l'humanité, avec une
froide résolution, votre santé et votre vie,
vous donnez un exemple de grandeur d'âme
auprès duquel pâlissent tous les actes de
bravoure de nos héros.
« La France est fière de compter au nom-
bre de ses enfants le martyr volontaire de la
science et de l'humanité que vous êtes ; mais
Je proclame que vous êtes aussi l'une des
gloires les tplus purps de notre Légion. »
Prenant la parole à son tour, le docteur
Vaillant, dont l'émotion était vive, remer-
cia le Conseil municipal, le gouvernement et
l'ambassadeur des Etats-Unis de tous les
témoignages de sympathie qui lui étaient
prodigués. Sa modestie était telle que, pour
un peu, il s'en fût déclaré indigne.
Indigne, lui. le savant, le héros ! plions
donc --
Un des plus beaux visages de la France
immortelle.
Des pompiers sont arrêtés
tandis que la maison brûle
Un violent incen'die s'est déclaré dans l'a-
près-midi d'hier, au Grand-Montrouge, dans
les ateliers de carrosserie automobile Corre,
où étaient garés de nombreux châssis d'autos.
C'est par un retour de flammes du carbura-
teur d'une voiture automobile qui fit explo-
ser deux bouteilles d'oxygène toutes proches,
que le sinistre éclata.
Prévenus, les pompiers de Paris se portè-
rent en toute hâte sur les lieux, mais ils fu-
rent arrêtés à la barrière de Montrouge par
les octroyens parce qu'il fallait une autori-
sation du maire pour leur permettre de péné-
trer sur le territoire de la commune. Ils per-
dirent de ce fait vingt minutes en discussions
oiseuses;: et le feu détruisit complètement les
ateliers Corre. ,
Les dégâts s'élèvent à 40Ô.000 francs, mais
on a la consolation que les octroyens ont
voulu faire observer les règlements.
,.- DE BERLIN A ESSEN.
La résistance préconisée par M. Cuno
est désapprouvée par les socialistes
— OOKDO *
Francfort, 18 février. — L'harmonie ne
semble pas régner dans 'les -milieux politi-
queé au sujet de l'attitude à observer vis-à-
vis de la France et de la Belgique dans la
question «de la Ruhr. Les intransigeants, na-
tionalistes, populistes et bavarois, conti-
nuent à soutenir le docteur Cuno dans sa
politique de résistance et l'approuvent dte
conseiller aux populations de la Ruhr la mise
en œuvre des méthodes qui ont été em-
ployées en Irlande par les sinn-teiners.
Cependant, les milieux qui demeurent plus
directement en contact avec le peuple et se
rendent compte à la fois de ses désirs, et de
ses souffrances, font preuve d'une intransi-
geance beaucoup plus mitigée. Pour ceux-ci,
il y a urgence à négocier. L'Allemagne a per-
du la partie dans la Ruhr ; il est inutile
qu'elle s'obstine, telle est la note donnée par
les - organes socialistes de Hambourg, de
Leipzig, de Francfort, qui font écho de leur
côté aux doléances des populations ouvriè-
res de Mayence, de Bochum, de Dusseldorf
et autres lieux d'es régions occupées.
La question est de savoir maintenant si
le cabinet Cuno trouvera dans la pays, qui
commence à se lasser, des éléments suffi-
samment résistants pour lui permettre de
continuer sa politique, ou si la plainte crois-
sante .d's socialistes et des milieux populai-
res l'obligera à céder et à tâcher de négocier
avec la France et la Belgique. Plus d'un in-
dice permet de penser que, si l'on n'en est
pas encore lâ, cependant le gouvernement du
Reich se préoccupe d'y venir.
On murmure même que des coups de sonde
auraient été jetés auprès des puissances neu-
tres pour savoir sur quelles bases elles pour-
raient s'entremettre pour une reprise de né-
gociations.
En territoire occupé
LES TRANSPORTS DE CHARBON
Dusseldorf, 19 février. — Dans .la journée
du 18 février, trois trains de charbon et un
train de coke sont partis pour la France et
293 wagons ont été dirigés sur la Hollande.
CUptransports ne correspondent nullement
aux possibilités du réseau exploité par les
raient en diriger sur la France et la Belgi-
que un nombre plus considérable. Mais les
seules ressources actuelles en charbon sont
celles fournies par les wagons que l'on a
saisis sur les voies ferrées et dans les gares.
Ce sont en réalité des prises et le charge-
ment normal des wagons ne s'opère pas
parce que les mineurs se refus-ent à les char-
ger et à les laisser sortir. Il n'est pas pro-
cédé à leur égard à des mesures de con-
trainte dont l'efficacité serait d'ailleurfe dou-
teuse parce que le remède à cette situation
sera apporté d'une manière plus sûre et plus
radicale par l'effet des mesures générales oui
ont été prises et par le blocus de la Ruhr.
Mais il importe de préciser que, le jour
où des wagons en nombre considérable se-
ront présentés aux services des transports,
ceux-ci pourront les acheminer par leurs pro-
pres moyens et ne seront pas dépendants du
bon vouloir des cheminots allemands.
OFFICIER FRANÇAIS INSULTE
Dusseldorf, 19 février. — Hier soir, à Dus-
seldorf, à 23 heures, dans un hôtel voisin
de la gare, le « Hans Hôtel », un officier des
douanes, le lieutenant Caillot, a été frappé
par un président de syndicat ouvrier nom-
mé Guérock, qui habite l'hôtel depuis 18
mois. L'officier, sans d'ailleurs s'adresser à.
cet individu, fit une remarque banale sur la
rigueur de .la température. Intervenant, Gué-
rock s'écria : « Il ne fera jamais trop froid
pour ces cochons de Français », et préféra
des menaces que naturellement l'officier ne
pouvait laisser passer sans répondre. L'Alle-
mand renouvela ses injures et frappa le lieu-
tenant Caillot. Le poste voisin de la gare
centrale intervint ; -deux gendarmes ont ar-
rêté l'individu.
DESARMEMENT DE LA POLICE VERTE
Essen. 19 février. — Une seconde onpra-
tion a eu lieu sur une autre caserne de la
police de sûreté et 400 hommes de cette po-
lice ont été désarmés. La police de sûreté
se trouve ainsi pratiquement supprimée et
une police de remplacement y sera substi-
tuée.
Ces opérations ont rendu infiniment plus
conciliante l'attitude des fonctionnaires.
■M LA COMMISSION DES AFFAIRES ÉTRAYVGÈRES
Un exposé de M. Poincaré
sur notre action dans la Ruhr
—^-—OGSKOO , i ■.
Cent millions de crédits sont demandés pour les dépenses
d occupation pendant les mois de janvier et février
Malgré sabotages et grèves, les trains imrfont AIFcao-n
r -- - - 1 ■
La commission des affaires étrangères de
la Chambre s'est réunie hier pour entendre
le président du Conseil.
M. Raymond Poincaré a fait à la commis-
sion un exposé détaillé des négociations rela-
tives à l'affaire de Memel et des décisions pri-
ses par la Conférence des ambassadeurs au
sujet -du statut du territoire et de l'attribution
de Memel à la Lithuanie avec autonomie de la
ville et garantie pour le transit. Il a donné
des renseignements complets sur les événe-
ments révolutionnaires qui se sont déroulés
dans la ville, sur la manière dont l'ordre a été
rétabli et sur le nouveau gouvernement ins-
tallé en accord avec les alliés. Il a fourni des
précisions sur la situation actuelle et sur les
incidents qui se sont produits d'autre part
dans la zone neutre entre Polonais et Lithua-
niens.
LE CONFLIT POLONO-LITHUANIEN
Il résulte des explications fournies par M.
Poincaré que les nouvelles de Lithuanie sont
fort peu rassurantes ; la question est grave
et de celles qui donnent au gouvernement les
plus vives préoccupations. Hier matin même
on a reçu d'un agent du gouvernement fran-
çais à Kovno un télégramme disant que le
nouveau gouvernement lithuanien est mécon-
tent des décisions adoptées par la conférence
des ambassadeurs et qu'il règne dans le pays
une vive agitation.
D'autre part notre ministre à Varsovie n'a
pas confirmé la dépêche Havas reçue hier
matin et disant que la guerre avait éclaté en-
tre Lithuaniens et Polonais ; mais il ne l'a
pas non plus démentie ; il indique qu'il y a
de grands mouvements do troupes et qu'on en-
tend au loin le canon.
NOTRE ACTION DANS LA RUHR -
Le président du Conseil s'est ensuite expli-
qué sur les circonstances et sur les manque-
ments de l'Allemagne qui ont provoqué, en
exécution du traité de Versailles, l'occupation
de la Ruhr ; sur l'exécution du programme
établi par le gouvernement belge et le gou-
vernement français : servièa des chemins de
fer, clôture de la zone occupée en ce qui con-
cerne le charbon, le coke, les produits métal-
lurgiques et autres. Il a fait connaître les ac-
tes de résistance inspirés par le gouvernement
de Berlin et les sanctions prises ou prévues
contre les fonctionnaires qui suspendent les
services publics. Il a également indiqué les
dispositions arrêtées pour assurer la, vie nor-
male des populations dans les régions occu-
pées.
M. Poincaré a notamment fourni les chiffres
statistiques suivants :
Nous occupons dans la Ruhr 2.800 kilomè-
tres carrés ; 500 kilomètres carrés restent en
dehors de notre occupation. La partie que
nous occupons produit 90 millions de tonnes
nes fiscales ne représentent qu'un cinquième
environ de ces quantités.
Les fours à coke sont au nombre de 14.500;
nous en occupons 14.200 qui peuvent donner
80.000 tonnes par jour.
La population totale est de 3.500.000 habi-
tants, dont 3 millions dans la région occupée;
sur ce nombre il y a 500.000 mineurs dont
450.000 dans notre occupatiofi ; la plupart
sont Allemands ; il s'y trouve 80.000 Polonais
seulement ; le personnel dirigeant (ingé-
nieurs, conducteurs, etc.) compte 1.000 à 1.200
personnes.
Nous conttôlons les neuf dixièmes de la
production ; il n'est pas question, a dit .M.
Poincaré, que nous exploitions nous-mêmes la
Ruhr ; nous en pratiquons seulement le con-
trôle par soixante ingénieurs, la plupart fran.
çais, auxquels vont se joindre bientôt.quelques
Ingénieurs anglais: Parlant du sabotage, le
président du Conseil a fait le plus grand éloge
du général Degoutte, qu'il n'a jamais été et
qu'il n'est pas question de remplacer. Nous
avons expulsé 2S3 hauts fonctionnaires dans
la Ruhr et 35 en Rhénanie. On les remplace
par les fonctionnaires .allemands du grade
immédiatement inférieur.
Au sujet des chemins de fer. M. Poincaré a
déclaré qu'avant notre occupation, chaque
jour voyageaient dans la Ruhr 580 trains de
voyageurs et 620 trains de marchandises. Au-
jourd'hui, il circle en tout 70 trains par jour.
Il y avait 40.000 cheminots travaillant dans la
Ruhr et 120.000 en Rhénanie. La France n'a,
pu les remplacer que par 9.640 cheminots. II
n'v a pas là-bas de matériel français. Jusqu'à
présent nous avons expédié en France et en
Belgique 1.026 wagons de charbon.
1 LA ZONE ANGLAISE
A propos de la zone anglaise, M. Poincaré
a indiqué qu'il ressortait des pourparlers en
cours, que M. Bonar Law était obligé de tenir
compte de l'opinion dés parlementaires an-
glais, un peu récalcitrants à notre point de
vue, mais que le premier ministre anglais était
disposé à faire personnellement tout son possi-
ble pour aplanir les difficultés qui pourraient
surgir.
Après trois heures et demie d'explications
et de lectures, le président a interrompu son
exposé sur la Ruhr et a proposé de la conti-
nuer dans une séance ultérieure de la semaine.
prochaine.
A l'unanimité, cette suggestion a été accep-
tée.
La commission se réunira lundi prochain
pour entendre à nouveau M. Poincaré.
Les frais d'occu patiion
« A.
Le ministre des finances soumettra aujour-
d'hui au Conseil* des ministres, et, s'il est
approuvé, déposera sur le bureau de la Cham-
bre, à l'ouverture de la séance, un projet de
crédits supplémentaires pour janvier-février,
crédits nécessaires par nos frais -d'occupation
de la Ruhr.
Ces crédits se divisent en trois catégories ':1.
Crédits pour. les missions civiles. — Le mi..
nistre demande un crédit de cinq millions, re*
présentant des dépenses recouvrables. Ce crédin
est destiné à faire face à certaines dépenses ';1
mais las cinq millions ne seront pas engloutie,,
des recettes devant les couvrir.
Crédits militaires. — Les dépenses militaires
s'élèvent pour les mois de janvier, et fé*
vr'ieî\à 50 millions, dont il faut, retrancher qW
sonxne de 15 millions, qui représente' les dé-
penses des troupes dans les pays non occu-
pés, et qui sont prévues au budget.
Le ministre des finances demandera aij*
Parlement un crédit, de 35 millions.
CfràcHta nni/r Jr* rl¿,",cooo r10n ",J.",-,;
- Æ' vv-o \,AIVlI"fJO'l..-O VCL'O IsIlKs m/lfVS
fer. - Les crédits demandés s'élèvent R 60
millions pour fonds de roulemfent, mise. en
train et déficit de l'exploitation.
Ce crédit sera suffisant pour toute la tdu./
rée de l'occupation de la Ruhr.
Il faut remarquer que les crédits militai",
res seuls seront renouvelables et que 'les cré*
dits des missions 'civiles et des dépenses mi.
litaires sont suffisants pour toute la durée
de l'occupation.
) -+- (
LA CATASTROPHE DE PQRT-A-BINSON
On arrête le chef de gare
et l'aiguilleur
Le premier a reconnu avoir donné la voie
libre au rapide Paris-Strasbourg
La catastrophe de Port-à-Binson que nous
.v(}ns annoncée hier, a causé la mort de 13
voyageurs, peut-être plus. Il y a, en outre,
38 blessée, dont un certain nombre sont dans
un état grave.
Parmi les morts on compte, huit soldats)
qui regagnaient leur corps après une permis-
sion.
Voici quelques .détails sur les circonstan-
ces de l'accident.
Les circonstances de l'accident
v Le "train numéro 37 partant de Paris à H»
heures pour .Strasbourg traverse la gare de
Port-à-Binson à une vitesse de 96 kilomètres
â l'heure. Ce rapide est précédé d'un train de
marchandises qui doit lui laiseer la place en
gare de Port-a.¡Binson.
La manœuvre de garage de ce dernier train
ne put hier sotr, s'effectuer normalement, car
le convoi était trop long pour être immobi-
lisé tout entier sur' la voie parallèle •; on dut
laisser sur cette voie seulement les wagons,
pendant que la 'locomotive attelée à une seu-
le voiture repartait pour un autre garage,
empruntant la voie, montante Paris-Chai on-
SU-l- Marne. -
A ce moment, le rapide arriva, abusé par
les signaux qui indiquaient la voie libre.' Le
choc fut effroyable ; le rapide poussa la «lo-
comotive 'et. le wagon de marchandises sur
une longu-eur de 100 mètres environ, ;puis dé-
railla et se coucha sur -le côté. Des hommes,
des femmes, et des enfants affolés, au milieu
des cris des blessés se précipitèrent des voi-
tures sur la voie. Mais bientôt l'ordre revint
et on ne s'occupa plus que de dégager les vic-
times, chose extrêmement difficile pour -le.,;
premières voitures, notamment pour les deux
wagons de troisième classe de tête, qui
étaient réduits en miettes : nar cnnfro i..
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