Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-12-18
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 décembre 1922 18 décembre 1922
Description : 1922/12/18 (N18999). 1922/12/18 (N18999).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
28 FRIMAIRE AN 131. — N" 18999 A Mm&û : QUE= CENTIMES LUNDI 18 DECEMBRE 1922. - N" 18999
Fondateurs (1869) :
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Xtt tfiMtttrthMM
SAXM A &-ET-OISB.«, 58 » 20 > 10 »
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1 TRIBUNE LIBRE
-
Les Chambres d'agriculture et le Sénat
-<>(=>Il,< -
Dernièrement, le Sénat a voté le projet
de loi relatif à la création des chambres
départementales d'agriculture. La Haute
Assemblée a, cette fois, mené rondement
la discussion.
Elle a commencé par abroger, sans dé-
bat, la loi du 25 octobre 1919 sur les
chambres d'agriculture; ce geste, fait
précédemment par la Chambre des dépu-
tés, mérite d'être souligné.
Je n'ai pas pour habitude de farder ma
pensée; dans ce libre journal qu'est le
« Rappel », nous ne sommes les courti-
sans d'aucun pouvoir; ma conscience de
publiciste indépendant m'oblige à dire
tout haut que cette loi du 25 octobre
1919 n'était sans doute qu'(( un argu-
ment électoral » destiné à impressionner
les masses rurales, à la veille des élections
législatives de novembre 1919.
< En effet, quand il fallut appliquer la
loi, quand il s'est agi de dresser les listes
électorales, on s'aperçut que l'on se trou-
vait en présence de problèmes insolubles.
Et l'on fut obligé de suspendre l'applica-
tion de la loi. Mais les élections étaient
passées.
Vous êtes bien sévère pour messieurs
les parlementaires, m'objectera-t-on.
Sévère! Mais non; si je l'étais, au lieu
de parler avec courtoisie d'« argument
électoral )), je dirais tout simplement que
ces messieurs, au cours de la discussion
de la loi de 1919, avaient été frappés de
técité collective. Le Sénat, par la loi qu'il
vient de voter, a-t-il racheté ses erreurs
passées ? A-t-il mis sur pied quelque cho-
pe de viable, de pratique ?
A en croire le rapporteur du projet, et
le président de la commission de l'agri-
culture, tout serait maintenant pour le
mieux dans le meilleur des mondes. Un
orateur, dans un superbe mouvement d'é-
loquence, a même déclaré que la loi avait
« une belle allure républicaine ».
Je ne demanderais pas mieux que de
le croire; mais les affirmations ne suffi-
sent pas pour donner aux textes un esprit
républicain et démocratique.
Il faut creuser les choses et aller jus-
qu'au tuf pour se rendre compte de leur
valeur.
Cet examen me révèle trois lacunes
très graves dans la nouvelle loi ; elles ont
trait au mode d'élection, au budget des
chambres d'agriculture et aux offices
agricoles.
Le mode d'élection ne me satisfait pas.
Il est dit à l'art. 3 : « les chambres dé-
partementales d'agriculture sont compo-
sées de « membres élus au scrutin de liste
par arrondissement, à raison de 5 par ar-
rondissement. »
1 Pourquoi ce chiffre de 5 membres par
arrondissement ? Il est immuable, ce qui
laisserait croire que les arrondissements
ont partout la même importance. Chacun
eait qu'il n'en est rien. On verra donc des
arrondissements très peuplés compre-
nant, par exemple, dix cantons, avoir la
même représentation que d'autres arron-
dissements moins peuplés et comptant
plusieurs cantons de moins; conséquence
tout à fait illogique.
Autre chose : le scrutin de liste, même
par arrondissement, aurait dû être banni.
Ce qui eût été vraiment démocratique et
apprécié des cultivateurs qui aiment à
connaître personnellement leurs candi-
dats, c'est l'élection uninominale par can-
ton. Reconnaissons toutefois que le scru-
tin de liste par arrondissement est un pro-
grès sensible sur le scrutin de liste dépar-
temental qui a été écarté et que nous
avons toujours combattu.
La deuxième lacune, la plus grave
peut-être de toutes, a trait au budget. Les
chambres d'agriculture n'auront pas de
ressources propres. Et cependant, comme
r a fort bien dit M. Chauveau : « On
ne peut rien faire avec rien. » -
L'honorable M. Roche n'est pas de
l'avis de M. Chauveau. Il a déclaré, sans
rire, à la tribune du Sénat « que les cham-
bres d'agriculture feront beaucoup avec
rien ». Il a dit aussi : « Si vous donnez
aux chambres d'agriculture un budget im-
portant, autant supprimer le conseil gé-
néral. Les chambres d'agriculture, si elles
ont besoin d'argent, si elles ont des œu-
vres intéressantes à encourager, peuvent
s'adresser soit à l'Etat, soit au départe-
ment, soit aux offices départementaux
qui leur ouvriront leur bourse, et ainsi
elles conserveront leur indépendance. »
La thèse de M. Roche était celle de la
commission et du gouvernement; elle a
été adoptée. Cela signifie en propres ter-
mes que les chambres d'agriculture n'au-
ront pas la faculté de se créer elles-mê,
mes des ressources financières, elles de-
vront tout attendre de la munificence et
de la générosité des pouvoirs publics.
J'ai bien peur qu'elles ne jouissent pas
d'une grande indépendance, en vertu de
l'adage : « qui paye commande », elles
seront sous la dépendance du gouverne-
ment, des conseils généraux et des offi-
ces agricoles; elles deviendront « de va-
gues académies de province dont le rôle
consistera à émettre des vœux platoni-
ques ».
Elles seront aussi dans la main des
préfets puisque, d'après l'art. 36, leur
budget doit être visé par le préfet.
Je réserve pour un autre article l'étude
des rapports entre les offices agricoles et
les chambres d'agriculture.
De l'examen rapide qui vient d'être
fait, il ressort que le projet de loi sur les
chambres d'agriculture adopté par le Sé-
nat aura besoin d'être amendé par la
Chambre des députés si l'on veut qu'il
donne satisfaction à la démocratie rurale.
Il est loin d'avoir cette allure répu-
blicaine dont parlait son thuriféraire.
Nous attendions mieux d'un Sénat qui
compte tant de réelles compétences et de
notabilités de haute valeur.
Jules HAYAUX,
Conseiller général
de la Haute-Saône.
> —
EDITORIAL
Une farce
M. Clemenceau était parti
pOla les Amériques, prêt à
dompter celle hydre à cent
têtes qu'est l'opinion des
Etats-Unis. Il devait dans
ses valises nous rapporter
monts et merveilles. Nous
allions voir ce que nous allions voir.
Jlf. Clemenceau rentre : regardons un
peu-, !
Le vent du large nous transmet, depuis
quelques jours, comme une odeur d'in-
tervention des Etats-Unis dans les af-
fairés européennes. Aucun fait encore ;
nulle comrnunication officielle ; mais
des bruits rasent le sol ; des conversa-
tions inaccoutumées se poursuivent à la
Maison Blanche ; de même qu'avant un
bel orage souffle une brise inquiète, de
même, avant une grande nouvelle, des
échos précurseurs préparent l'opinion.
Il n'y a pas de fumée sans feu. Que
sont les intentions américaines : ballons
d'essai ou projets précis ? Impossible
encore de le prévoir : nous sommes donc
d'autant plus libres pour, dès mainte-
nant, dire ce que nous pensons.
Une chose frappe immédiatement
dans les communications d'outre-Atlan-
tique. Il n'y est question que de l'Alle-
magne. C'est l'Allemagne qu'il faut sau-
ver, c'est le mark qu'il faut relever ; c'est
la pauvre victime qu'il faut secourir et,
naturellement, en demandant des Sacri-
fices aux vainqueurs.
On lui accordera donc un large em-
prunt. Pour payer les Réparations, sans
doute ! Innocents que vous êtes : pour
lui permettre de devenir plus riche, plus
florissante, plus prospère, plus forte.
Pour lui permettre aussi, par consé-
quent, de narguer avec plus de hauteur
ironique ses débiteurs abandonnés.
Et le plus joli est que le prix de ce
concours généreusement accordé, c'est
encore nous qui devons le payer. Pour
montrer aux Etats-Unis notre reconnais-
sance cle la main secourable qu'ils ten-
dent aux Allemands, nous devrons re-
noncer à l'état de paiement de 1921, li-
bérer le Rhin, promettre d'être bien sa-
ges avec le chancelier et de ne jamais
aller dans la Ruhr.
Vous croyez à une farce ? Que non,
hélas ! A l'Allemagne toutes les fleurs,
tous les pardons, tous les sourires. A la
France meurtrie, impayée, abandonnée,
la monnaie de singe ?
C'est à se demander si un tel projet
n'émane pas de Berlin, après s'être fait
la monnaie de singe !
Si encore les Etats-Unis annonçaient
qu'ils annulent leurs créances, nous
pourrions peut-être espérer quelque rè-
glement des dettes interalliées, voir mê-
me dans ce geste un vague remerciement
pour notre abnégation. Mais les braves
banquiers de la République étoilée gar-
dent leurs dents longues. Ils aident l'Al-
lemagne, un point, c est tout. et a nos
frais encore !
Si c'est là tout ce que nous rapporte,
p,our nos étrennes, la tournée Clemen-
ceau-Sorel, vive la propagande fran-
çaise
Raymond LANGE.
On dit.
En Passant
Savoir se taire.
Ce n'est pas que ce sujet me passionne.
mais peut-être est-il bon d'en parler une der-
nière fois.
Le nombre des piqueurs, dit-on, s'est mul-
tiplié de façon inquiétante depuis quelques
jours.
Jusqu'à présent, leurs victimes ont eu plus
de peur que de mal, ce n'est pas une raison
pour encourager ces pauvres « maboules »
à piquer les passants au gré de leur fantaisie
Il serait grand temps, au contraire, de s'oc-
cuper de ces maniaques plus ou moins dange-
reux qui infestent la capitale : coupeurs de
manteaux, vitrioleurs de fourrures, piqueurs
de parties charnues
Facile à dire, me répondra-t-on, mais bien
malin qui les prendra la main sur l'aiguille et
"aiguille sur. la jambe.
En effet, aussi ne s'agit-il pas de les pren-
dre en flagrant délit.
Ce qu'il faut, avant tout, c'est enrayer « l'é-
pidémie ». C'est-à-dire ne pas donner aux au-
tres détraqués l'idée d'imiter ces détraqués-là.
La presse, dans cet ordre d'idées, peut faiiv*
beaucoup de mal
Le journal qui, chaque jour, donne des dé-
tails sur les piqueurs et les piqués, enrôle quo-
tidiennement de nouveaux déséquilibrés dann
i'armée des piqueurs « piqués v.
Rien n'est contagieux comme ces « ma-
nies », - des aliénistes le répètent inlassa-
blement. et inutilement depuis des années
Le journaliste fait donc, inconsciemment,
une espèce de propagande en relatant ces in-
cidents.
Pourquoi ne pas supprimer cette rubrique?
Ne pas avoir l'air renseigné, paraître ignorer
certains détails d'une information parisienne
est-ce donc déshonorant?
Quand cesserons-nous de considérer Je si-
lence, l'esprit de réserve (le tact, même, par-
fois), comme des infirmités?
Savoir se taire est toujours une force, c'est
parfois un devoir.
Méditons le proverbe chinois :
« Tu es le maître du mot que tu n'as pas
dit. Le mot que tu as dit est ton maître. »
Ch. RABETT.
Aj ourd'hui
Leurs galettes.
Il y a galette ec gtfiette.
Nous donnons chaque jour un peu de notre.,
« gdiette » aux boulangers mais eux ne nous
font pas cadeau de leurs belles et croquantes
galettes (croquantes lorsqu'il y a une* fève) le
jour des Ro¡.
La coutume s'en est perdue, les temps sont
devenus difficiles.
Plus le boulanger gagnait d'argent, moins
il était généreux. Je dis « était » car on
annonce que messieurs les boulangers son-
gent à reprendre la tradition. Le consomma-
teur aura peut-être bien la charmante suri
prise de recevoir des mains de la gracicuse
boulangère une jolie galette dorée le jour des
Bois.
Parisiens, mes frères, ne vous nj-jouisscz
pas d'avance : c'est à Versailles que les bou-
langers, honteux d'avoir fait grève, ont son-
ge à reconquérir leurs clients, par cette-gra-
cieuseté.
Bravo ! Le Tapin.
ELECTIONS SENATORIALES
Un républicain de gaucha
élu en Eure-et-Loir
Une élection sénatoriale a eu lieu hier,
en Eure-et-Loir, pour le remplacement de M.
Albert Royneau, décédé, qui appartenait au
groupe de l'Union républicaine.
Voici les résultats du premier tour :
Inscrits : 716. — Votants : 712 ------
MM. Paul Bouvard, cons, g. rép. de g. /318
J.-H. Ricard, ancien ministre, vice
président du parti républicain dé
mocratique et social 244
André Ballay, président du comice
agricole de Chartres, rép, de g. 140
Diviers 10
(Ballottage)
Le deuxième tour
Ont obtenu :
MM. Bouvard, 348 voix ;
Ricard, 236 voix ;
Ballay, 133 voix.
(Ballottage).
Le troisième tour
Au troisième tour, ont obtenu :
MM. Bouvard 385 voix, élu
Ricard 335 —
M. Ballay s'était désisté.
LE SIEGE DE M. BOUDENOOT
Saint-Pol-sur-Ternoise, 17 décembre. — Un
congrès s'est réuni en vue de la désignation
d'un candidat aux élections -sénatoriales en
.remplacement de M. Boudenoot.
M. Elby, président de la chambre de com-
merce de Béthune, a été désigné à main levée.
»
DANS L'INDE FRANÇAISE
M. Gaebelé, président du Conseil général
de Pondichéry, a été élu, 'hier, sénateur de
l'Inde par 99 voix contre 4 à M. Jules Godin.
Les Amitiés laïques
Il faut signaler le joli geste d'aide mutuel-
le que viennent d'avoir, en présence de trop
nombreuses et trop pénibles infortunes 'llIi\
certain nombre de représentants de l'ensei-
gnement laïque.
Un Comité national, composé des prési-
dents ou des secrétaires généraux de tous
les groupements corporatifs des trois ordres
d'enseignement, ainsi que des représentants
de coopératives et des syndicats s'est forint
pour constituer un capital dont les revenus
serviront à doter les grands serviteurs da
récole et de l'idée laïques.
Maurice Bouchor en sera le premier béné.
ficiaire.
Les fonds sont recueillis par M. P. Mous-
sard, inspecteur primaire, 27, quai Bourbon,
Paris IVe.
A la tête de ee Comité sont M. M. Barcan,
président : Mmes Billotey, directrice d'école
normale, Grimmer, (école maternelle) ; MM
Roussel (fédération des syndicats) ; Senne-
iier, (fédération des Amicales). Le secrétaire
général est M. Ziwès (groupes fraternels du
l'Enseignement).
RÉPONSE A UNE RÉPONSE
co
LES JÉSUITES ET LE CATHOLICISME
c#o—«
A la suite de l'article consacré par notre
collaborateur et ami, Maurice Charny aux
« Jésuites et le Catholicisme », nous avons
publié une première protestation de M. Fer-
na;nd CavaÏÏem, directeur de la « Revue d'as-
cétique et de mystique ». Maurice Charny,
ayant répondu et maintenu ses dires, M. Ca-
vaMera insiste et veut avoir le dernier mot.
Nous recevons de lui la lettre suivante, que
nous nous faisons un devoir de publier :
Monsieur le Directeur,
Votre collaborateur, M. Charny, persistant,
dans son nouvel, article du 25 novembre der-
nier, à substituer à la très simple histoire de
la Revue d'Ascétique et de Mystique, je ne
sais quel roman aussi odieux qu'inexact, je
me vois contraint de vous demander de nou-
veau l'hospitalité de vos colonnes pour réta-
blir la vérité.
1°. Un point est donc acquis, de l'aveu
même .de M. Charny, à savoir qu'officielle-
ment, comme il dit, c'est-à-dire en tenant
compte exclusivement de ce qui est contrôla-
ble, les laits et les documents, les projets de
la Revue d'Ascétique ont été annoncés un
mois avant ceux des dominicains de la Vie
Spirituelle. M. Charny écrit qu'en l'affirmant
je ne lui apprends rien. Je le regrette pour
'lui, car alors pourquoi ai-je dû le lui rappeler
et laissait-il croire le contraire à ses lecteurs?
2° Il ajoute qu'il ne m'apprendra « cer-
tainement rien en affirmant que les domini-
cains avaient songé avant les jésuites à fon-
der une revue de théologie et que l'initiative
de ceux-là n'avait pas été étrangère à la brus-
que détermination de ceux-ci ». A cela je rê-
iponJds qu'au contraire, c'est par M. Charny
que j'apprends des faits aussi intéressants.
Je voudrais bien — par préjugé de vieil his-
torien — qu'il daignât en apporter la preuve.
N'ayant pas le secret de pénétrer dans les
consciences, je ne puis, 'pour la .priorité de
pensée, qu'avouer mon ignorance absolue.Pour
le reste, je suis obligé d'infliger à M. Charny
le démenti le plus catégorique. Des documents
que j'ai sous les yeux et qui, au besoin, fe-
raient foi devant les tribunaux, témoignent
que dès Mars 1917 était mis sur pied le pre-
mier projet de la Revue d'Ascétique. Il pre-
nait forme définitive en octobre 191S, mais le
retard de la démobilisation du fondateur, pas-
sé volontairement du service auxiliaire dans
le service actif, puis infirmier et aumônier
à l'armée d'Orient (croix de guerre), démobi-
lisation qui n'eut ilieu qu'en mars 1919. a com-
pliqué encore les longues démarches préala-
bles, nécessaires au lancement de toute revue
sérieuse. Il fallut donc reporter l'apparition
de la Revue à la date assez lointaine du l°r
janvier 1920. La décision était assez ferme
pour que fût transmise, dès le 22 mai 1919,
aux Nouvelles Religieuses, la note publiée
par cette Revue le 1er juillet. Le projet des
dominicains fondateurs de la Vie Spirituelle,
n'ayant été connu du fondateur 4e la Revue
d'Ascétique, comme du public, que fin août
de la mme année 191:9, on voit comment il
a pu provoquer la brusque détermination, ar-
rêtée depuis trois mois, et ce que devient l'as-
sertion que m'oppose M. Charny. Je ne pense
pas qu'une fable de La Fontaine puisse rien
y changer.
3° M. Charny continue : « Quant au fait
que la revue jésuite est une manière de con-
currence à la revue dominicaine, ce n'est pas
moi qui le dis ; ce sont les dominicains, eux-
mêmes qui l'insinuent. J'ai rapporté leurs pa-
roles : M. Oavallera ne les a pas démenties. »
©h bien ! le démenti que M. Charny n'a pas
voulu reconnaître sous la forme discrète de
ma lettre précédente, je le lui oppose aussi
net que possible. Les témoignages qu'il invo-
que ne peuvent avoir la signification de ce
qu'il leur fait dire. S. M. Charny en doute,
qu'il s'adresse, parmi ceux dont il prétend
être simplement l'écho, à qui est mieux qua-
lité que personne pour lui en fournir la preu-
ve.
4° Je nie absolument qu'il suffise, pour ob-
tenir un abonnement à la Revue d'Ascétique
d'exhiber un abonnement gratuit à la Vie
Spirituelle. Mais quand cela serait ? Vérité
en deçà des Pyrénées, erreur au delà : une
aumône excellente à la Vie Spirituene est
donc exécrable à la Revue d'Ascétique ! Quel
tiède ~prosélytisme d'ailleurs que celui qui a
besoin d'être ainsi sollicité !
Go Quanta l'accusation d'accaparement, M.
Charny le prend de très haut pour m'interdi-
re de m'en occuper. L' « obscur fonctionnai-
re » et le « savetier •» que je suis ne doit ni
s'en formaliser ni la réfuter. Ici M. Charny
est particulièrement heureux et très informé,
car, au même moment, une importante revue
allemande m'appelait le « bien connu profes-
seur de Toulouse » (Theologische Revue 1922,,
col. 311). M. Charny condescendra-t-il du
moins à m'expliquer par quel mystère le titre
de docteur ès lettres qui m'appartient depuis
plus de trois lustres et qui accompagnait ma
signature est devenu, dans les colonnes du
Rappel, celui d'administrateur auquel je n'ai
aucun droit et que je n'ai jamais revendique.
Les compliments ironiques sur lesquels ter-
mine M. Charny se trompent d'adresse. Ils
n'en sont pas plus justifiés. Si M. Charny
était moins étranger à la littérature religieu-
se, il saurait qu'en fait de loyauté et de pro-
bité, ni le fondateur de la Revue d'Ascétique,
ni celui qui écrit ces lignes n'ont de leçon à
recevoir de qui que ce soit.
Veuillez agréer, monsieur le directeur, l'ex-
pression de ma considération distinguée.
t('Sigm?) : Ferdinand CAVALLERA,
docteur ès lettres
codirecteur de la Revue d'Ascétiqua
Le manque de place nous oblige à remettre
à demain la réponse de notre collaborateur
Ch-arny,
'APRES L'ASSASSINAT DE M. NARUTOWICZ
L'ÉLECTION DU NOUVEAU CHEF DE L'ÉTAT
aura lieu le 20 décembre
—————————— <>C:>*OO ————————————'
Le président de la Chambre polonaise remplit par intérim tes fonctions
de président de la République. - Un nouveau cabinet a été constitué
—-o#o ■ » «
Varsovie, 17 décembre. — L'indignation de
la population varsovienne, à aa: nouvelle de
l'assassinat du président de la République, a
gagné le pays entier ; dans toutes les pro-
vinces la réprobation est unanime contre ce
crime abominable, sans précédent dans l'his-
toire de la Pologne. Les drapeaux sont en
berne ; les spectacles sont suspendus ainsi
que les séances des diverses assemblées. Le
ministre de !l'intérieur, M. Darowski, a fait
afficher une proclamation invitant la popu-
lation à garder un calme absolu, nécessaire
en ce moment d'épreuve et de difficultés pour
l'Etat L'ordre et la tranquillité Tègnent dans
tout le pays.
La nouvelle de l'assassinat du président
Narutowicz étant arrivée à Dantzig pendant
que le Sénat délibérait, cette Assemblée a
levé la séance en signe de deuil.
Après l'attentat, le corps de M. Narutowicz
a, été couvert d'un drapeau polonais et trans-
porté par les membres de sa maison jusqu'au
landau présidentiel, qui partit pour le palais
du Belvédère. Un cortège se forma spontané-
ment derrière la voiture ; la foule était pro-
fondément émue et silencieuse. Dans la cour
du palais, un détachement de chevau-légers
rendit les honneurs au corps du président,
qui fut déposé dans la salle d'audience. Des
lanciers de l'escadron présidentiel montent
la garde auprès du défunt, auquel on a passé
le grand cordon de l'Aigle Blanc.
Le conseil des ministres s'est réuni pour
examiner la situation créée par la mort du
président. L'ordre n'étant troublé nulle part,
il n'a pas jugé nécessaire de proclamer l'état
de siège.
L'ASSASSIN
On donne il-es détails suivants sur la per-
sonnalité de l'auteur de l'attentat contre M.
Narutowicz : Niewiadomski est né à Varso-
vie en 1859. Il a vécu un certain temps à
Paris. Il était depuis quelques années chef de
l'Ecole artistique de Varsovie, et passait pour
un chauviniste extrême.
UN NOUVEAU CABINET
On mande de Varsovie :
Conformément à Ja Constitution du 17 mars
1921, c'est le président de la Chambre des
députés, M. Rataj, qui remplit en ce moment
par intérim les 'fonctions de président de la
République. Il a chargé le général-■ Sikorabi,
chef d'état-major généra'l, de former le nou-
veau ministère. Le général, qui "prend la pré-
sidence du conseil et le portefeuille de l'in-
térieur, a réussi sans difficulté à grouper au-
tour de lui les collaborateurs suivants : M.
Skryneki, dernièrement ministre à Bucarest,
affaires étrangères ; M. Jastrzernbski, minis-
tre des finances ; le général Sosnkowski, mi-
nistre de la guerre ; M. Darowski, travail ;
M. Chodzko, hygiène publique. Tous les titu-
laires de ces portefeuilles étaient ministres
dans le cabinet Nowak. Ont été chargés des
autres portefeuilles, à titre de gérants : MM.
Strassburger, commerce ; Mikulowski-Pomors-
ki, travaux publics ; Lopuszanski, instruc-
tion publique ; Moraczewski, postes et télé-
graphes ; Marinowski, chemins de fer ;
Raczynski, agriculture.
L'Assemblée nationale se réunira le 20 dé-
cembre pour l'élection du président de la
République.
LE MARECHAL PILSUDSKI
EST NOMME CHEF D'ETAT-MAJOR
'Varsovie, 17 décembre. — Le poste de chef
d'état-major général étant devenu vacant par
le départ du général Sikorski, actuellement
président du conseil, le maréchal Pilsudski
a été désigné pour remplir, par intérim, ces
importantes fonctions.
LES CONDOLEANCES DE M. MILLERAND
Le président de la République a adressé à
M. Rataj, maréchal de 'la Diète, à Varsovie,
le télégramme suivant :
Profondément indigné de l'inqualifiable
attentat dont le président de la République
vient d'être victime, je tiens à vous adresser
mes condoléances émues pour la perte cruelle
qui frappe la Pologne.
A. MILLERAND.
A LA LEGATION DE POLOGNE
A la légation de Pologne, rue de Marignan,
le drapeau national a été mis en berne en
signe de deuil et un registre a été ouvert pour
les nombreuses personnalités qui ont tenu à
témoigner leurs sympathies à la Pologne en
ces douloureuses circonstances.
Le comte Zamoisky, ministre de Pologne
à Paris, a envoyé au maréchal de la Diète
polonaise la dépêche suivants :
« Profondément ému par l'horrible crime
qui vient d'être perpétré sur la personne du
président de la République, je m'associe,
Monsieur -le Maréchal, au profond regret et
au deuil de la nation polonaise. »
La France accusée
par les pangermanistes
Comme on pouvait s'y attendre, la presse
berlinoise saisit l'occasion; du meurtre de
Varsovie pour jeter son venin sur la Polo-
gne, et par ricochet sur la France. Voici
quelques échantillons de cette littérature
spéciale.
Le Tugeblatt écrit :
« (Liés trois coups de feu qui ont atteint
M. Narutowicz éclairent d'une façon nette la
situation politique intérieure orageuse de la
Pologne. Le monde civilisé tout entier con-
damne ce meurtre avec horreur. Nous espé-
rons que cet assassinat éclaircira l'atmos-
phère polonaise surchauffée et ouvrira les
yeux du peuple polonais sur les dangers que
présentent 'les campagnes l'excitation qui
attisent les instincts nationalistes et pous-
sent à la suppression des hommes politiques
désireux d'un rapprochement avec les mino-
rités nationales. »
On semble avoir la mémoire courte à Ber-
lin. De quel genre d'excitation ont bien pu
être victime Liebkneeht, Rosa Luxembourg,
Kurt Eisner, Erzber 1er, Rathenau et 394
autres personnages de moindre envergure ?
Les survivants Scheidemann et Maximilien
ilarden ne manqueraient cas de dénonoer l'ea
M. Gabriel Narutowicz
« instincts nationalistes a. Toujours 3a (paille?
et la, poutre.
« La traison du meurtre de M. Narutowicz,
dit de son côté la Gazette de Voss, a été que
celui-ci ayant vu sa patrie telle qu'elle est,
c'est-à-dire ain Etat de nationalités, il s'est
efforcé d'élaborer un compromis entre les
nationalités et les différentes religions qu'en-
globe Ja Pologne, en même temps qu'il vou.
lait établir des relations normales avec les
Etats voisins dans l'intérêt même de la Polo-
gne et (le son développement politique et éco-
nomique. »
Lë'VayU/rvrfs ucclai® :.a: Par ce meurtre, la
fascisme polonais s'est engagé dans une voie
funeste ; au moment même où la Pologne est
en train de ressusciter, il l'expose à une guerre
civile. Les milieux démocrates nationaux, di..
rigés par Korfanty et Lutolawsky, assument
la responsabilité de cet assassinat. De terribles
représailles sont à craindre si le parti socia-
liste ne parvient pas à maintenir dans la léga"
lité les classes ouvrières surexcitées. ~»
La Gazette Générale de l'Allemagne écrit :]
« L'attentat de Varsovie jette la lumière SUif
le manque de consolidation politique de le
Pologne, qui a, du reste, toujours été dans
l'histoire un foyer dangereux. L'impérialisme"
et le nationalisme français, qui ont fait de
.la Pologne un Etat vassal, se révèlent comme
étant des éléments destructeurs et de dissolu-
tion. »
Ce' journal ajoute : c La Pologne n'a pas
prouvé jusqu'ici qu'elle est capable d'avoir un",
existence politique indépendante. »
—————————— > «M+M» (
La Conférence de Lausanne;
LA SEMAINE DECISIVE
Lausanne, 17 drcembre. — La conférence
de Lausanne va Tedoubler d'activité dès de-
main lundi.
La commission des détroits doit se réunir
demain matin, à 11 heures, et l'on, croit, dans
les milieux de la conférence, que les Russes
vont tenter d'habiles manœuvres dans le but-
de créer une forte opposition.
L'ADHESION DE LA TURQUIE
A LA S. D. N.
Lausanne, 17 décembre. — Le conseil de la
Société des Nations se réunira au mois de
janvier, pour discuter s'il y a lieu de convo-
quer une assemblée extraordinaire de la So-
ciété des Nations, en vue de l'admission de
la Turquie.
— â — «
SINISTRE MARITIME
L'incendie du "YiiMoiiif
a causé la mort
de quatorze passagers
Toulon, 17 décembre. — Un télégramme dë
Constantinople arrivé à la préfecture mariti-
me, confirme que le transport-hôpital cvinh-
Long> a été entièrement détruit par un in-
cendie, samedi 16 décembre, dans la matinée.
Le personnel a été recueilli par le torpil-
leur américain « Painbridge », arrivé de Con..
tantinople.
On signale comme morts et disparus qua-
torze personnes : six civils, sept militaires et
un second maître, trois passagers. Il n'y a pas
de blessés sérieusement atteints..
L'incendie s'est déclaré lorsque le bateau sa
trouvait à quatre milles au sud de San-Ste-
fano. Le sinistre a été aussitôt si violent que
l'évacuation immédiate a été reconnue néces-
saire, et que tout espoir de sauver le bâti-
ment était vain.
A 13 heures, le « Vinh-Long » n'était plus
qu'une épave.
Au ministère de la marine
Au ministère de la marine, l'émotion était
vive hier et de nombreux parents de passa-
gers ou de membres de l'équipage étaient ve-
nus se renseigner sur le sort des leurs.
— Les causes du sinistre, nous a-t-on dé-
claré, ne sont pas encore exactement déter-"
minées. Le télégramme que nous avons reçu
porte que le feu prit brusquement et avec
une extrême violence. Le « Vinh-Long » trans-
Fondateurs (1869) :
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Xtt tfiMtttrthMM
SAXM A &-ET-OISB.«, 58 » 20 > 10 »
FBAWCB 4B COLONIES. 41 A 22 > 11 »
BTBANGtR. 49 A, 25 » 13 >
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RAYMOND LANGE
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1 TRIBUNE LIBRE
-
Les Chambres d'agriculture et le Sénat
-<>(=>Il,< -
Dernièrement, le Sénat a voté le projet
de loi relatif à la création des chambres
départementales d'agriculture. La Haute
Assemblée a, cette fois, mené rondement
la discussion.
Elle a commencé par abroger, sans dé-
bat, la loi du 25 octobre 1919 sur les
chambres d'agriculture; ce geste, fait
précédemment par la Chambre des dépu-
tés, mérite d'être souligné.
Je n'ai pas pour habitude de farder ma
pensée; dans ce libre journal qu'est le
« Rappel », nous ne sommes les courti-
sans d'aucun pouvoir; ma conscience de
publiciste indépendant m'oblige à dire
tout haut que cette loi du 25 octobre
1919 n'était sans doute qu'(( un argu-
ment électoral » destiné à impressionner
les masses rurales, à la veille des élections
législatives de novembre 1919.
< En effet, quand il fallut appliquer la
loi, quand il s'est agi de dresser les listes
électorales, on s'aperçut que l'on se trou-
vait en présence de problèmes insolubles.
Et l'on fut obligé de suspendre l'applica-
tion de la loi. Mais les élections étaient
passées.
Vous êtes bien sévère pour messieurs
les parlementaires, m'objectera-t-on.
Sévère! Mais non; si je l'étais, au lieu
de parler avec courtoisie d'« argument
électoral )), je dirais tout simplement que
ces messieurs, au cours de la discussion
de la loi de 1919, avaient été frappés de
técité collective. Le Sénat, par la loi qu'il
vient de voter, a-t-il racheté ses erreurs
passées ? A-t-il mis sur pied quelque cho-
pe de viable, de pratique ?
A en croire le rapporteur du projet, et
le président de la commission de l'agri-
culture, tout serait maintenant pour le
mieux dans le meilleur des mondes. Un
orateur, dans un superbe mouvement d'é-
loquence, a même déclaré que la loi avait
« une belle allure républicaine ».
Je ne demanderais pas mieux que de
le croire; mais les affirmations ne suffi-
sent pas pour donner aux textes un esprit
républicain et démocratique.
Il faut creuser les choses et aller jus-
qu'au tuf pour se rendre compte de leur
valeur.
Cet examen me révèle trois lacunes
très graves dans la nouvelle loi ; elles ont
trait au mode d'élection, au budget des
chambres d'agriculture et aux offices
agricoles.
Le mode d'élection ne me satisfait pas.
Il est dit à l'art. 3 : « les chambres dé-
partementales d'agriculture sont compo-
sées de « membres élus au scrutin de liste
par arrondissement, à raison de 5 par ar-
rondissement. »
1 Pourquoi ce chiffre de 5 membres par
arrondissement ? Il est immuable, ce qui
laisserait croire que les arrondissements
ont partout la même importance. Chacun
eait qu'il n'en est rien. On verra donc des
arrondissements très peuplés compre-
nant, par exemple, dix cantons, avoir la
même représentation que d'autres arron-
dissements moins peuplés et comptant
plusieurs cantons de moins; conséquence
tout à fait illogique.
Autre chose : le scrutin de liste, même
par arrondissement, aurait dû être banni.
Ce qui eût été vraiment démocratique et
apprécié des cultivateurs qui aiment à
connaître personnellement leurs candi-
dats, c'est l'élection uninominale par can-
ton. Reconnaissons toutefois que le scru-
tin de liste par arrondissement est un pro-
grès sensible sur le scrutin de liste dépar-
temental qui a été écarté et que nous
avons toujours combattu.
La deuxième lacune, la plus grave
peut-être de toutes, a trait au budget. Les
chambres d'agriculture n'auront pas de
ressources propres. Et cependant, comme
r a fort bien dit M. Chauveau : « On
ne peut rien faire avec rien. » -
L'honorable M. Roche n'est pas de
l'avis de M. Chauveau. Il a déclaré, sans
rire, à la tribune du Sénat « que les cham-
bres d'agriculture feront beaucoup avec
rien ». Il a dit aussi : « Si vous donnez
aux chambres d'agriculture un budget im-
portant, autant supprimer le conseil gé-
néral. Les chambres d'agriculture, si elles
ont besoin d'argent, si elles ont des œu-
vres intéressantes à encourager, peuvent
s'adresser soit à l'Etat, soit au départe-
ment, soit aux offices départementaux
qui leur ouvriront leur bourse, et ainsi
elles conserveront leur indépendance. »
La thèse de M. Roche était celle de la
commission et du gouvernement; elle a
été adoptée. Cela signifie en propres ter-
mes que les chambres d'agriculture n'au-
ront pas la faculté de se créer elles-mê,
mes des ressources financières, elles de-
vront tout attendre de la munificence et
de la générosité des pouvoirs publics.
J'ai bien peur qu'elles ne jouissent pas
d'une grande indépendance, en vertu de
l'adage : « qui paye commande », elles
seront sous la dépendance du gouverne-
ment, des conseils généraux et des offi-
ces agricoles; elles deviendront « de va-
gues académies de province dont le rôle
consistera à émettre des vœux platoni-
ques ».
Elles seront aussi dans la main des
préfets puisque, d'après l'art. 36, leur
budget doit être visé par le préfet.
Je réserve pour un autre article l'étude
des rapports entre les offices agricoles et
les chambres d'agriculture.
De l'examen rapide qui vient d'être
fait, il ressort que le projet de loi sur les
chambres d'agriculture adopté par le Sé-
nat aura besoin d'être amendé par la
Chambre des députés si l'on veut qu'il
donne satisfaction à la démocratie rurale.
Il est loin d'avoir cette allure répu-
blicaine dont parlait son thuriféraire.
Nous attendions mieux d'un Sénat qui
compte tant de réelles compétences et de
notabilités de haute valeur.
Jules HAYAUX,
Conseiller général
de la Haute-Saône.
> —
EDITORIAL
Une farce
M. Clemenceau était parti
pOla les Amériques, prêt à
dompter celle hydre à cent
têtes qu'est l'opinion des
Etats-Unis. Il devait dans
ses valises nous rapporter
monts et merveilles. Nous
allions voir ce que nous allions voir.
Jlf. Clemenceau rentre : regardons un
peu-, !
Le vent du large nous transmet, depuis
quelques jours, comme une odeur d'in-
tervention des Etats-Unis dans les af-
fairés européennes. Aucun fait encore ;
nulle comrnunication officielle ; mais
des bruits rasent le sol ; des conversa-
tions inaccoutumées se poursuivent à la
Maison Blanche ; de même qu'avant un
bel orage souffle une brise inquiète, de
même, avant une grande nouvelle, des
échos précurseurs préparent l'opinion.
Il n'y a pas de fumée sans feu. Que
sont les intentions américaines : ballons
d'essai ou projets précis ? Impossible
encore de le prévoir : nous sommes donc
d'autant plus libres pour, dès mainte-
nant, dire ce que nous pensons.
Une chose frappe immédiatement
dans les communications d'outre-Atlan-
tique. Il n'y est question que de l'Alle-
magne. C'est l'Allemagne qu'il faut sau-
ver, c'est le mark qu'il faut relever ; c'est
la pauvre victime qu'il faut secourir et,
naturellement, en demandant des Sacri-
fices aux vainqueurs.
On lui accordera donc un large em-
prunt. Pour payer les Réparations, sans
doute ! Innocents que vous êtes : pour
lui permettre de devenir plus riche, plus
florissante, plus prospère, plus forte.
Pour lui permettre aussi, par consé-
quent, de narguer avec plus de hauteur
ironique ses débiteurs abandonnés.
Et le plus joli est que le prix de ce
concours généreusement accordé, c'est
encore nous qui devons le payer. Pour
montrer aux Etats-Unis notre reconnais-
sance cle la main secourable qu'ils ten-
dent aux Allemands, nous devrons re-
noncer à l'état de paiement de 1921, li-
bérer le Rhin, promettre d'être bien sa-
ges avec le chancelier et de ne jamais
aller dans la Ruhr.
Vous croyez à une farce ? Que non,
hélas ! A l'Allemagne toutes les fleurs,
tous les pardons, tous les sourires. A la
France meurtrie, impayée, abandonnée,
la monnaie de singe ?
C'est à se demander si un tel projet
n'émane pas de Berlin, après s'être fait
la monnaie de singe !
Si encore les Etats-Unis annonçaient
qu'ils annulent leurs créances, nous
pourrions peut-être espérer quelque rè-
glement des dettes interalliées, voir mê-
me dans ce geste un vague remerciement
pour notre abnégation. Mais les braves
banquiers de la République étoilée gar-
dent leurs dents longues. Ils aident l'Al-
lemagne, un point, c est tout. et a nos
frais encore !
Si c'est là tout ce que nous rapporte,
p,our nos étrennes, la tournée Clemen-
ceau-Sorel, vive la propagande fran-
çaise
Raymond LANGE.
On dit.
En Passant
Savoir se taire.
Ce n'est pas que ce sujet me passionne.
mais peut-être est-il bon d'en parler une der-
nière fois.
Le nombre des piqueurs, dit-on, s'est mul-
tiplié de façon inquiétante depuis quelques
jours.
Jusqu'à présent, leurs victimes ont eu plus
de peur que de mal, ce n'est pas une raison
pour encourager ces pauvres « maboules »
à piquer les passants au gré de leur fantaisie
Il serait grand temps, au contraire, de s'oc-
cuper de ces maniaques plus ou moins dange-
reux qui infestent la capitale : coupeurs de
manteaux, vitrioleurs de fourrures, piqueurs
de parties charnues
Facile à dire, me répondra-t-on, mais bien
malin qui les prendra la main sur l'aiguille et
"aiguille sur. la jambe.
En effet, aussi ne s'agit-il pas de les pren-
dre en flagrant délit.
Ce qu'il faut, avant tout, c'est enrayer « l'é-
pidémie ». C'est-à-dire ne pas donner aux au-
tres détraqués l'idée d'imiter ces détraqués-là.
La presse, dans cet ordre d'idées, peut faiiv*
beaucoup de mal
Le journal qui, chaque jour, donne des dé-
tails sur les piqueurs et les piqués, enrôle quo-
tidiennement de nouveaux déséquilibrés dann
i'armée des piqueurs « piqués v.
Rien n'est contagieux comme ces « ma-
nies », - des aliénistes le répètent inlassa-
blement. et inutilement depuis des années
Le journaliste fait donc, inconsciemment,
une espèce de propagande en relatant ces in-
cidents.
Pourquoi ne pas supprimer cette rubrique?
Ne pas avoir l'air renseigné, paraître ignorer
certains détails d'une information parisienne
est-ce donc déshonorant?
Quand cesserons-nous de considérer Je si-
lence, l'esprit de réserve (le tact, même, par-
fois), comme des infirmités?
Savoir se taire est toujours une force, c'est
parfois un devoir.
Méditons le proverbe chinois :
« Tu es le maître du mot que tu n'as pas
dit. Le mot que tu as dit est ton maître. »
Ch. RABETT.
Aj ourd'hui
Leurs galettes.
Il y a galette ec gtfiette.
Nous donnons chaque jour un peu de notre.,
« gdiette » aux boulangers mais eux ne nous
font pas cadeau de leurs belles et croquantes
galettes (croquantes lorsqu'il y a une* fève) le
jour des Ro¡.
La coutume s'en est perdue, les temps sont
devenus difficiles.
Plus le boulanger gagnait d'argent, moins
il était généreux. Je dis « était » car on
annonce que messieurs les boulangers son-
gent à reprendre la tradition. Le consomma-
teur aura peut-être bien la charmante suri
prise de recevoir des mains de la gracicuse
boulangère une jolie galette dorée le jour des
Bois.
Parisiens, mes frères, ne vous nj-jouisscz
pas d'avance : c'est à Versailles que les bou-
langers, honteux d'avoir fait grève, ont son-
ge à reconquérir leurs clients, par cette-gra-
cieuseté.
Bravo ! Le Tapin.
ELECTIONS SENATORIALES
Un républicain de gaucha
élu en Eure-et-Loir
Une élection sénatoriale a eu lieu hier,
en Eure-et-Loir, pour le remplacement de M.
Albert Royneau, décédé, qui appartenait au
groupe de l'Union républicaine.
Voici les résultats du premier tour :
Inscrits : 716. — Votants : 712 ------
MM. Paul Bouvard, cons, g. rép. de g. /318
J.-H. Ricard, ancien ministre, vice
président du parti républicain dé
mocratique et social 244
André Ballay, président du comice
agricole de Chartres, rép, de g. 140
Diviers 10
(Ballottage)
Le deuxième tour
Ont obtenu :
MM. Bouvard, 348 voix ;
Ricard, 236 voix ;
Ballay, 133 voix.
(Ballottage).
Le troisième tour
Au troisième tour, ont obtenu :
MM. Bouvard 385 voix, élu
Ricard 335 —
M. Ballay s'était désisté.
LE SIEGE DE M. BOUDENOOT
Saint-Pol-sur-Ternoise, 17 décembre. — Un
congrès s'est réuni en vue de la désignation
d'un candidat aux élections -sénatoriales en
.remplacement de M. Boudenoot.
M. Elby, président de la chambre de com-
merce de Béthune, a été désigné à main levée.
»
DANS L'INDE FRANÇAISE
M. Gaebelé, président du Conseil général
de Pondichéry, a été élu, 'hier, sénateur de
l'Inde par 99 voix contre 4 à M. Jules Godin.
Les Amitiés laïques
Il faut signaler le joli geste d'aide mutuel-
le que viennent d'avoir, en présence de trop
nombreuses et trop pénibles infortunes 'llIi\
certain nombre de représentants de l'ensei-
gnement laïque.
Un Comité national, composé des prési-
dents ou des secrétaires généraux de tous
les groupements corporatifs des trois ordres
d'enseignement, ainsi que des représentants
de coopératives et des syndicats s'est forint
pour constituer un capital dont les revenus
serviront à doter les grands serviteurs da
récole et de l'idée laïques.
Maurice Bouchor en sera le premier béné.
ficiaire.
Les fonds sont recueillis par M. P. Mous-
sard, inspecteur primaire, 27, quai Bourbon,
Paris IVe.
A la tête de ee Comité sont M. M. Barcan,
président : Mmes Billotey, directrice d'école
normale, Grimmer, (école maternelle) ; MM
Roussel (fédération des syndicats) ; Senne-
iier, (fédération des Amicales). Le secrétaire
général est M. Ziwès (groupes fraternels du
l'Enseignement).
RÉPONSE A UNE RÉPONSE
co
LES JÉSUITES ET LE CATHOLICISME
c#o—«
A la suite de l'article consacré par notre
collaborateur et ami, Maurice Charny aux
« Jésuites et le Catholicisme », nous avons
publié une première protestation de M. Fer-
na;nd CavaÏÏem, directeur de la « Revue d'as-
cétique et de mystique ». Maurice Charny,
ayant répondu et maintenu ses dires, M. Ca-
vaMera insiste et veut avoir le dernier mot.
Nous recevons de lui la lettre suivante, que
nous nous faisons un devoir de publier :
Monsieur le Directeur,
Votre collaborateur, M. Charny, persistant,
dans son nouvel, article du 25 novembre der-
nier, à substituer à la très simple histoire de
la Revue d'Ascétique et de Mystique, je ne
sais quel roman aussi odieux qu'inexact, je
me vois contraint de vous demander de nou-
veau l'hospitalité de vos colonnes pour réta-
blir la vérité.
1°. Un point est donc acquis, de l'aveu
même .de M. Charny, à savoir qu'officielle-
ment, comme il dit, c'est-à-dire en tenant
compte exclusivement de ce qui est contrôla-
ble, les laits et les documents, les projets de
la Revue d'Ascétique ont été annoncés un
mois avant ceux des dominicains de la Vie
Spirituelle. M. Charny écrit qu'en l'affirmant
je ne lui apprends rien. Je le regrette pour
'lui, car alors pourquoi ai-je dû le lui rappeler
et laissait-il croire le contraire à ses lecteurs?
2° Il ajoute qu'il ne m'apprendra « cer-
tainement rien en affirmant que les domini-
cains avaient songé avant les jésuites à fon-
der une revue de théologie et que l'initiative
de ceux-là n'avait pas été étrangère à la brus-
que détermination de ceux-ci ». A cela je rê-
iponJds qu'au contraire, c'est par M. Charny
que j'apprends des faits aussi intéressants.
Je voudrais bien — par préjugé de vieil his-
torien — qu'il daignât en apporter la preuve.
N'ayant pas le secret de pénétrer dans les
consciences, je ne puis, 'pour la .priorité de
pensée, qu'avouer mon ignorance absolue.Pour
le reste, je suis obligé d'infliger à M. Charny
le démenti le plus catégorique. Des documents
que j'ai sous les yeux et qui, au besoin, fe-
raient foi devant les tribunaux, témoignent
que dès Mars 1917 était mis sur pied le pre-
mier projet de la Revue d'Ascétique. Il pre-
nait forme définitive en octobre 191S, mais le
retard de la démobilisation du fondateur, pas-
sé volontairement du service auxiliaire dans
le service actif, puis infirmier et aumônier
à l'armée d'Orient (croix de guerre), démobi-
lisation qui n'eut ilieu qu'en mars 1919. a com-
pliqué encore les longues démarches préala-
bles, nécessaires au lancement de toute revue
sérieuse. Il fallut donc reporter l'apparition
de la Revue à la date assez lointaine du l°r
janvier 1920. La décision était assez ferme
pour que fût transmise, dès le 22 mai 1919,
aux Nouvelles Religieuses, la note publiée
par cette Revue le 1er juillet. Le projet des
dominicains fondateurs de la Vie Spirituelle,
n'ayant été connu du fondateur 4e la Revue
d'Ascétique, comme du public, que fin août
de la mme année 191:9, on voit comment il
a pu provoquer la brusque détermination, ar-
rêtée depuis trois mois, et ce que devient l'as-
sertion que m'oppose M. Charny. Je ne pense
pas qu'une fable de La Fontaine puisse rien
y changer.
3° M. Charny continue : « Quant au fait
que la revue jésuite est une manière de con-
currence à la revue dominicaine, ce n'est pas
moi qui le dis ; ce sont les dominicains, eux-
mêmes qui l'insinuent. J'ai rapporté leurs pa-
roles : M. Oavallera ne les a pas démenties. »
©h bien ! le démenti que M. Charny n'a pas
voulu reconnaître sous la forme discrète de
ma lettre précédente, je le lui oppose aussi
net que possible. Les témoignages qu'il invo-
que ne peuvent avoir la signification de ce
qu'il leur fait dire. S. M. Charny en doute,
qu'il s'adresse, parmi ceux dont il prétend
être simplement l'écho, à qui est mieux qua-
lité que personne pour lui en fournir la preu-
ve.
4° Je nie absolument qu'il suffise, pour ob-
tenir un abonnement à la Revue d'Ascétique
d'exhiber un abonnement gratuit à la Vie
Spirituelle. Mais quand cela serait ? Vérité
en deçà des Pyrénées, erreur au delà : une
aumône excellente à la Vie Spirituene est
donc exécrable à la Revue d'Ascétique ! Quel
tiède ~prosélytisme d'ailleurs que celui qui a
besoin d'être ainsi sollicité !
Go Quanta l'accusation d'accaparement, M.
Charny le prend de très haut pour m'interdi-
re de m'en occuper. L' « obscur fonctionnai-
re » et le « savetier •» que je suis ne doit ni
s'en formaliser ni la réfuter. Ici M. Charny
est particulièrement heureux et très informé,
car, au même moment, une importante revue
allemande m'appelait le « bien connu profes-
seur de Toulouse » (Theologische Revue 1922,,
col. 311). M. Charny condescendra-t-il du
moins à m'expliquer par quel mystère le titre
de docteur ès lettres qui m'appartient depuis
plus de trois lustres et qui accompagnait ma
signature est devenu, dans les colonnes du
Rappel, celui d'administrateur auquel je n'ai
aucun droit et que je n'ai jamais revendique.
Les compliments ironiques sur lesquels ter-
mine M. Charny se trompent d'adresse. Ils
n'en sont pas plus justifiés. Si M. Charny
était moins étranger à la littérature religieu-
se, il saurait qu'en fait de loyauté et de pro-
bité, ni le fondateur de la Revue d'Ascétique,
ni celui qui écrit ces lignes n'ont de leçon à
recevoir de qui que ce soit.
Veuillez agréer, monsieur le directeur, l'ex-
pression de ma considération distinguée.
t('Sigm?) : Ferdinand CAVALLERA,
docteur ès lettres
codirecteur de la Revue d'Ascétiqua
Le manque de place nous oblige à remettre
à demain la réponse de notre collaborateur
Ch-arny,
'APRES L'ASSASSINAT DE M. NARUTOWICZ
L'ÉLECTION DU NOUVEAU CHEF DE L'ÉTAT
aura lieu le 20 décembre
—————————— <>C:>*OO ————————————'
Le président de la Chambre polonaise remplit par intérim tes fonctions
de président de la République. - Un nouveau cabinet a été constitué
—-o#o ■ » «
Varsovie, 17 décembre. — L'indignation de
la population varsovienne, à aa: nouvelle de
l'assassinat du président de la République, a
gagné le pays entier ; dans toutes les pro-
vinces la réprobation est unanime contre ce
crime abominable, sans précédent dans l'his-
toire de la Pologne. Les drapeaux sont en
berne ; les spectacles sont suspendus ainsi
que les séances des diverses assemblées. Le
ministre de !l'intérieur, M. Darowski, a fait
afficher une proclamation invitant la popu-
lation à garder un calme absolu, nécessaire
en ce moment d'épreuve et de difficultés pour
l'Etat L'ordre et la tranquillité Tègnent dans
tout le pays.
La nouvelle de l'assassinat du président
Narutowicz étant arrivée à Dantzig pendant
que le Sénat délibérait, cette Assemblée a
levé la séance en signe de deuil.
Après l'attentat, le corps de M. Narutowicz
a, été couvert d'un drapeau polonais et trans-
porté par les membres de sa maison jusqu'au
landau présidentiel, qui partit pour le palais
du Belvédère. Un cortège se forma spontané-
ment derrière la voiture ; la foule était pro-
fondément émue et silencieuse. Dans la cour
du palais, un détachement de chevau-légers
rendit les honneurs au corps du président,
qui fut déposé dans la salle d'audience. Des
lanciers de l'escadron présidentiel montent
la garde auprès du défunt, auquel on a passé
le grand cordon de l'Aigle Blanc.
Le conseil des ministres s'est réuni pour
examiner la situation créée par la mort du
président. L'ordre n'étant troublé nulle part,
il n'a pas jugé nécessaire de proclamer l'état
de siège.
L'ASSASSIN
On donne il-es détails suivants sur la per-
sonnalité de l'auteur de l'attentat contre M.
Narutowicz : Niewiadomski est né à Varso-
vie en 1859. Il a vécu un certain temps à
Paris. Il était depuis quelques années chef de
l'Ecole artistique de Varsovie, et passait pour
un chauviniste extrême.
UN NOUVEAU CABINET
On mande de Varsovie :
Conformément à Ja Constitution du 17 mars
1921, c'est le président de la Chambre des
députés, M. Rataj, qui remplit en ce moment
par intérim les 'fonctions de président de la
République. Il a chargé le général-■ Sikorabi,
chef d'état-major généra'l, de former le nou-
veau ministère. Le général, qui "prend la pré-
sidence du conseil et le portefeuille de l'in-
térieur, a réussi sans difficulté à grouper au-
tour de lui les collaborateurs suivants : M.
Skryneki, dernièrement ministre à Bucarest,
affaires étrangères ; M. Jastrzernbski, minis-
tre des finances ; le général Sosnkowski, mi-
nistre de la guerre ; M. Darowski, travail ;
M. Chodzko, hygiène publique. Tous les titu-
laires de ces portefeuilles étaient ministres
dans le cabinet Nowak. Ont été chargés des
autres portefeuilles, à titre de gérants : MM.
Strassburger, commerce ; Mikulowski-Pomors-
ki, travaux publics ; Lopuszanski, instruc-
tion publique ; Moraczewski, postes et télé-
graphes ; Marinowski, chemins de fer ;
Raczynski, agriculture.
L'Assemblée nationale se réunira le 20 dé-
cembre pour l'élection du président de la
République.
LE MARECHAL PILSUDSKI
EST NOMME CHEF D'ETAT-MAJOR
'Varsovie, 17 décembre. — Le poste de chef
d'état-major général étant devenu vacant par
le départ du général Sikorski, actuellement
président du conseil, le maréchal Pilsudski
a été désigné pour remplir, par intérim, ces
importantes fonctions.
LES CONDOLEANCES DE M. MILLERAND
Le président de la République a adressé à
M. Rataj, maréchal de 'la Diète, à Varsovie,
le télégramme suivant :
Profondément indigné de l'inqualifiable
attentat dont le président de la République
vient d'être victime, je tiens à vous adresser
mes condoléances émues pour la perte cruelle
qui frappe la Pologne.
A. MILLERAND.
A LA LEGATION DE POLOGNE
A la légation de Pologne, rue de Marignan,
le drapeau national a été mis en berne en
signe de deuil et un registre a été ouvert pour
les nombreuses personnalités qui ont tenu à
témoigner leurs sympathies à la Pologne en
ces douloureuses circonstances.
Le comte Zamoisky, ministre de Pologne
à Paris, a envoyé au maréchal de la Diète
polonaise la dépêche suivants :
« Profondément ému par l'horrible crime
qui vient d'être perpétré sur la personne du
président de la République, je m'associe,
Monsieur -le Maréchal, au profond regret et
au deuil de la nation polonaise. »
La France accusée
par les pangermanistes
Comme on pouvait s'y attendre, la presse
berlinoise saisit l'occasion; du meurtre de
Varsovie pour jeter son venin sur la Polo-
gne, et par ricochet sur la France. Voici
quelques échantillons de cette littérature
spéciale.
Le Tugeblatt écrit :
« (Liés trois coups de feu qui ont atteint
M. Narutowicz éclairent d'une façon nette la
situation politique intérieure orageuse de la
Pologne. Le monde civilisé tout entier con-
damne ce meurtre avec horreur. Nous espé-
rons que cet assassinat éclaircira l'atmos-
phère polonaise surchauffée et ouvrira les
yeux du peuple polonais sur les dangers que
présentent 'les campagnes l'excitation qui
attisent les instincts nationalistes et pous-
sent à la suppression des hommes politiques
désireux d'un rapprochement avec les mino-
rités nationales. »
On semble avoir la mémoire courte à Ber-
lin. De quel genre d'excitation ont bien pu
être victime Liebkneeht, Rosa Luxembourg,
Kurt Eisner, Erzber 1er, Rathenau et 394
autres personnages de moindre envergure ?
Les survivants Scheidemann et Maximilien
ilarden ne manqueraient cas de dénonoer l'ea
M. Gabriel Narutowicz
« instincts nationalistes a. Toujours 3a (paille?
et la, poutre.
« La traison du meurtre de M. Narutowicz,
dit de son côté la Gazette de Voss, a été que
celui-ci ayant vu sa patrie telle qu'elle est,
c'est-à-dire ain Etat de nationalités, il s'est
efforcé d'élaborer un compromis entre les
nationalités et les différentes religions qu'en-
globe Ja Pologne, en même temps qu'il vou.
lait établir des relations normales avec les
Etats voisins dans l'intérêt même de la Polo-
gne et (le son développement politique et éco-
nomique. »
Lë'VayU/rvrfs ucclai® :.a: Par ce meurtre, la
fascisme polonais s'est engagé dans une voie
funeste ; au moment même où la Pologne est
en train de ressusciter, il l'expose à une guerre
civile. Les milieux démocrates nationaux, di..
rigés par Korfanty et Lutolawsky, assument
la responsabilité de cet assassinat. De terribles
représailles sont à craindre si le parti socia-
liste ne parvient pas à maintenir dans la léga"
lité les classes ouvrières surexcitées. ~»
La Gazette Générale de l'Allemagne écrit :]
« L'attentat de Varsovie jette la lumière SUif
le manque de consolidation politique de le
Pologne, qui a, du reste, toujours été dans
l'histoire un foyer dangereux. L'impérialisme"
et le nationalisme français, qui ont fait de
.la Pologne un Etat vassal, se révèlent comme
étant des éléments destructeurs et de dissolu-
tion. »
Ce' journal ajoute : c La Pologne n'a pas
prouvé jusqu'ici qu'elle est capable d'avoir un",
existence politique indépendante. »
—————————— > «M+M» (
La Conférence de Lausanne;
LA SEMAINE DECISIVE
Lausanne, 17 drcembre. — La conférence
de Lausanne va Tedoubler d'activité dès de-
main lundi.
La commission des détroits doit se réunir
demain matin, à 11 heures, et l'on, croit, dans
les milieux de la conférence, que les Russes
vont tenter d'habiles manœuvres dans le but-
de créer une forte opposition.
L'ADHESION DE LA TURQUIE
A LA S. D. N.
Lausanne, 17 décembre. — Le conseil de la
Société des Nations se réunira au mois de
janvier, pour discuter s'il y a lieu de convo-
quer une assemblée extraordinaire de la So-
ciété des Nations, en vue de l'admission de
la Turquie.
— â — «
SINISTRE MARITIME
L'incendie du "YiiMoiiif
a causé la mort
de quatorze passagers
Toulon, 17 décembre. — Un télégramme dë
Constantinople arrivé à la préfecture mariti-
me, confirme que le transport-hôpital cvinh-
Long> a été entièrement détruit par un in-
cendie, samedi 16 décembre, dans la matinée.
Le personnel a été recueilli par le torpil-
leur américain « Painbridge », arrivé de Con..
tantinople.
On signale comme morts et disparus qua-
torze personnes : six civils, sept militaires et
un second maître, trois passagers. Il n'y a pas
de blessés sérieusement atteints..
L'incendie s'est déclaré lorsque le bateau sa
trouvait à quatre milles au sud de San-Ste-
fano. Le sinistre a été aussitôt si violent que
l'évacuation immédiate a été reconnue néces-
saire, et que tout espoir de sauver le bâti-
ment était vain.
A 13 heures, le « Vinh-Long » n'était plus
qu'une épave.
Au ministère de la marine
Au ministère de la marine, l'émotion était
vive hier et de nombreux parents de passa-
gers ou de membres de l'équipage étaient ve-
nus se renseigner sur le sort des leurs.
— Les causes du sinistre, nous a-t-on dé-
claré, ne sont pas encore exactement déter-"
minées. Le télégramme que nous avons reçu
porte que le feu prit brusquement et avec
une extrême violence. Le « Vinh-Long » trans-
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