Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-11-30
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 novembre 1922 30 novembre 1922
Description : 1922/11/30 (N18981). 1922/11/30 (N18981).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7553979d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/02/2013
10 FRIMAIRE. AN 131. — N° 18981
wbie numéro : QUINZE CENTIMES
- JEUDI30 NOVEMBRE 1922. — -- Na - 18981
Fondateurs (1869) :
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
kl niMb tnfemU
8*m* * S.-ET-OISB., 3g t 20 > 10 »
FaAjfci t COLONIES..! 41 » 22 » 11 »
tSTSANotB. 49 » 25 » 13 »
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RAYMOND LANGE
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J" Rl BU N E LIBRE
---
A propos du Budget de la Marine
i" '■ ■ 1 ■ 1 ■
La discussion des budgets est commen-
tée à la Chambre. Lorsque viendra l'exa-
men du budget de la marine, on parlera
certainement de la perte du cuirassé
.( France » qui a retenti si douloureuse-
ment au cœur de nos marins et dans lé
pays tout entier.
Comment et par quoi sera-t-il rem-
- placé ? La question ne peut pas ne pas
être posée. Mettra-t-on en chantier un
bâtiment de même tonnage, d'égale puis-
sance offensive et défensive ou même
d'une puissance supérieure ? La Confé-
rence de Washington nous en donne le
droit. Userons-nous de ce droit ? Ne se-
rait-il pas préférable de consacrer la
somme d'argent à prévoir pour ce rem-
placement à construire des croiseurs lé-
gers extra-rapides, des contre-torpilleurs,
des sous-marins et des avions ? Question
de principe d'abord à trancher. C'est l'o-
rientation même de notre politique na-
vale qui fera le fond du débat. Dans
quel sens l'intérêt supérieur de la France
commande-t-il que ce problème soit ré-
solu ?
Il y a quelques jours les journaux an-
nonçaient que l'amirauté britannique se
disposait à commander deux cuirassés de
35.000 tonnes qui seront puissamment
armés et dont le prix unitaire ne sera pas
inférieur à six millions de livres sterling,
ce qui représente plus de 150 millions de
francs d'avant-guerre. La Conférence de
Washington a prévu cette augmentation
de la flotte britannique. Libre donc aux
Anglais de mettre en chantier ces deux
superdreadnougths. Ils ne veulent pas dé-
mordre du dogme du cuirassé, roi de la
mer; c'est leur affaire. C'est par la mise
en pratique de ce dogme, pieusement en-
tretenu et cultivé, qu'ils ont conquis l'hé-
gémonie maritime; par lui, ils espèrent
la conserver. L'avenir, et un avenir pro-
chain, se chargera de leur dessiller les
yeux : laissons faire les Etats-Unis et le
Japon. -
Mais nous ? Nous n'aspirons, certes,
, pas à la domination des mers, pas plus
qu'à aucune, autre. Bon pour un Guil-
laume II de rêver d'avoir tout à la fois
la plus puissante armée de terre et la pre-
mière arméé navale du monde. Pareille
ambition ne peut hanter en France que le
cerveau de quelques hurluberlus, jin-
goïstes et chauvins, toujours prêts à me-
nacer l'univers de la force française. La
nation, prise dans son ensemble, ne de-
mande qu'à vivre en paix. De la paix et
du travail seuls elle attend le relèvement
ide ses ruines. Elle en a besoin pour le
pansement de ses trop cuisantes bles-
sures.
Toutefois, elle a le droit de prendre
toutes les mesures qu'elle juge nécessai-
res à sa sécurité. Nul ne saurait le lui
contester. C'est même le premier de ses
devoirs. La question qui se pose est donc
celle-ci : « Est-ce par le cuirassé qu'elle
assurera le mieux sa sécurité sur mer ? »
Je n'héstte pas à répondre dans toute la
sérénité de mon âme et uniquement mû
par le sentiment patriotique qui ne cessa
jamais d'animer l'ancien président de la
Ligue antiallemande : « Non ».
Les enseignements de la guerre ne doi-
vent pas être perdus pour nous. Eh bien!
la guerre a démontré jusqu'à l'évidence
qu'il n'y a plus de place aujourd'hui sur
la mer pour le mastodonte cuirassé. Ses
ports mêmes ne lui serviront plus d'abri.
La torpille aérienne, plus meurtrière en-
.core que la torpille sous-marine, ne l'y
laissera pas en repos. Donc, plus rien à
attendre du dreadnougth et du super-
dreadnougth, si puissamment armés et si
fortement cuirassés qu on les suppose.
f Par contre, il n'est pas douteux que si
les Allemands, au lieu des cuirassés qui
dorment au fond des eaux de Scapa-
Flow. avaient eu, dès le début des hosti-
lités, 250 ou 300 sous-marins pareils à
ceux qu'ils utilisèrent plus tard, la guerre
était irrémédiablement perdue pour les
Alliés. Jamais les Anglais, dont l'effort
fut si admirable, n'auraient pu ni fran-
chir le détroit, ni venir, assez tôt du
moins, au secours de la France écrasée
sous l'avalanche teutonique.
Ainsi donc, ce n'est pas par le cui-
Tassé que nous assurerons la sécurité de
nos côtes.
A cette considération technique, la
plus importante de toutes, est-il besoin
de le dire ? s'ajoute une considération
budgétaire que Tétat de nos finances ne
nous permet pas d'écarter. Combien nous
coûterait un cuirassé du type « France »
Au bas mot, 300 millions. A ce prix, je
vous le demande, 'combien pourrions-
nous en cônVtruire ? Et je laisse volon-
i
tairement de côté — encore que ce point
ne soit pas négligeable —; la capacité de
construction de nos arsenaux et chantiers
navals. Oui, pouvons-nous nous payer le
luxe de dépenses somptuaires ? Je dis
« dépenses somptuaires», parce que je
tiens pour certain que le cuirassé n'est et
ne peut plus être pour nous d'aucune uti-
lité pour la défense nationale.
A quelle conclusion vais-je aboutir 7
On l'a déjà deviné. Ne remplaçons ni le
« France », ni les autres dreadnougths,
au fur et à mesure que l'âge nous obli-
gera à les condamner, par de grosses uni-
tés de combat analogues à celles qui au-
ront été supprimées. Construisons des
croiseurs légers, des contre-torpilleurs et
surtout des sous-matin:) et des avions.
Evolution ou plutôt révolution nécessaire,
indispensable, dans l'art des construc-
tions navales. N'hésitons pas à nous en-
gager dans cette voie. Nous assurerons
« mieux et à bien moins de frais » notre
défense maritime.
Henri MICHEL,
Ancien sénateur,
Ancien rapporteur de la catastrophe
de l' « Iéna >.
—. ———————— ;) -.-
ÉDITORIAL
Il L'expiation
Le nouveau gonverne-
ment hellénique vient, dans
la fougue de sa jeunesse,
de donner une brutale le-
çon aux politiciens sans
conscience qui jouent trop
facilement avec la vie des
hommes et le sort des peuples.
ils sont quelques-uns, parmi les mi-
nistres setns vergogne qui tinrent, de-
puis la guerre, entre leurs mains les
destinées du monde, sur qui pèsent les
plus lourdes, les plus écrasantes respon-
sabilités. Longtentps, leur cynique
égaisme les maintint dans leur coupa-
ble insouciance : aujourd'hui, l'exécu-
tion de la bande constantinienne doit
leur donner à réfléchir. ;
Car s'il est facile de chercher à rat-
traper par des harangues, même faites
aux Etats-Unis, les erreurs d'une politi-
que aveugle et légère ; l'heure de la
justice n'en sonne pas moins et un jour
vient où il faut rendre des comptes.
Certains, devant les cadavres des Gou-
naris et des Stratos font aujourd'hui dé
la sensiblerie. Evidemment, il ne sied
pas, à l'heure de l'expiation, de charger
la mémoire de ceux qui portent le poids
de la catastropjie hellénique. Mais pou-
vons-nous oublier que, plats valets de
Constantin, et par conséquent de l'Alle-
magne, ils avaient., depuis quatre ans,
les mains rougies dit sang de nos ma-
rins ? Par la suite, instigateurs de la"
guerre turco-grecque, ils sacrifièrent
encore à leurs ambitions démesurées et
aux folles visées de grandeur de leur
Basileus, des milliers de vies grecques
et ottomanes.
Par leur faute, la Grèce est haletante,
ruinée, vaincue. Ils ont payé leur crime
de vassale platitude. Ils n'ont droit ni à
la pitié ni à l'humanité qu'ils n'ont ja-
mais eues pour les autres. Et le pire est
encore, qu'aux rives de la Méditerranée
bleue, devant quelque temple roux lui
rappelant la Grèce, Constantin fume des
cigarettes en sifflotant un air à la mode.
Raymond LANGE.
- -————— > m+m <. ■ <
Etouffées sous les fleurs
'L'école ne suffit pas, hélas, comme objet des
attaques perfides ou violentes de ces Mes-
sieurs de la « Plus Grande Eglise ». L'Assis-
tance Publique et ses dévouées infirmières
n'échappent pas à leurs coups.
Nous avons mentidnné l'ignoble edessin
d'une publication catholique qui chaque se-
maine lace ses sandales pour parcourir la
route du mensonge. M. Dubois, lui-même, en
fut tellement révolté que, de l'archevêché de
Paris, il adressa ses excuses au docteur Mou-
rier.
Mais pourquoi le ministre de l'Hygiène se
donne-t-il l'air de soutenir cette campagne ?
Non seulement il ne souffle mot pour blâmer
les agissements de ces « Messieurs » mais
encore, lorsqu'il s'agit de nommer les mem-
bres de la commission hospitalière de perfec-
tionnement des écoles, il écarte tout délégué
du personnel et s'en va choisir, nous affirme
M. Merma, secrétaire de la Fédération des
services de santé, la eœur du curé de Plai-
sance, « bien connue dans le 14e arrondisse-
ment pour son prosélytisme ».
Il est vrai que le ministre de l'Hygiène n'a
pas osé, à la Chambre, dire à M. Aubry quel-
les mesures il comptait prendre pour préser-
ver la laïcité menacée.
Cela se conçoit. Et, comme le dit M. Merma,
dans une lettre ouverte à M. Strauss. « Ceci
explique cela ». Le ministre, à la Chambre,
a cependant couvert de fleurs le personnel
laïque des hôpitaux. Serait-ce donc pour le
mieux étouffer 1 --.-l--':" - ,— 1..
On dit.
- 111 • y
En Passant
De l'ironie. ,'--
Que l'ironie est donc difficile à manier 1
Adrien Hébrard avait bien raison de mettre
ses collaborateurs du Temps en garde contre
cette tournure d'esprit.
Il est toujours dangereux de laisser le lec-
teur libre de comprendre autre chose que ce
que l'on a voulu dire, ou de comprendre. da-
vantage. 0,
A propos des récents incidents dont un grand
magasin (et même deux grands magasins) ont
été le théâtre, j'ai eu le tort, le très grand
tort, d'exprimer mon sentiment sur le modé
ironique.
Un lecteur (qui est peut-être une lectrice)
me fait de vifs reproches à ce sujet.
Il prétend que je n'ai pas « mesuré » mes
« expressions » ; or, une phrase de sa lettre
mériterait le même reproche.
Comment peut-il supposer une minute que
dans un journal indépendant et libre comme
le nôtre, où nous ne redoutons rien tant que
l'hypocrisie et le mensonge, nous ayons tenté
de déformer la vérité pour rendre un service.
intéressé.
Il était si facile d'observer un silence aussi
peu compromettant que possible !
Si j'ai cru pouvoir écrire ces quelques li-
gnes (qui m'apparaissent bien maladroites d'a-
près ce qu'elles ont permis de conclure), c'est
que j'avais surpris les réflexions optimistes de
quelques vendeuses, réflexions qui m'avaient
semblé curieuses à. noter.
S'il faut en croire le lecteur « renseigné »
qui instruit un « ignorant », de nombreuses
employées n'ont pas réintégré leur rayon de-
puis ces incidents (c'est pourquoi je n'ai pu
entendre leurs propos pessimistes.).
Quant aux clientes, elles se pressaient, com-
me d'habitude, en très grand nombre autour
des « soldes » et « coupons » et ne parais-
saient pas autrement inquiètes.
Que les femme's qui ont envie de dépenser
d2 l'argent sont donc téméraires !
Ch. RABETT.
Aujourd'hui
Amour f. Amour L..
Une jeune fille de Caruthersville (Etat de
Missouri) était follement éprise d'un, jeune
homme.
Comme son père. lui refusait de prendre
le (lit jeune homme pour gendre, la douce
enfant n'hésita pas à dénoncer son père à la
police.
St:m père, en effet, s'était évadé du bagne
vingt ans auparavant. -
On l'cnferma attssitôt — et à perpétuité.
Cette tendre jeune fille va pouvoir épouser
l'élu de son cœur en toute tranquillité. -,
--.. A la place de son mari, je ne serai pas très
rassuré.
On n'est jamais mieux servi.
M. l'abbé Wetterlé trouve sans doute que-
le proverbe a raison « on n'est jamais mieux
sèrvi que par soi-même ».
Notre spirituel confrère Le Petit Bleu con-
te à ce sujet une bien amusante histoire :
« M. l'abbé Wetterlé, député dit Ilaut-Rhin,
ne tient pas précisément les journalistes pour
des paresseux. Cependant, il n'ignore pas que
la loi du moindre effort a des partisans dans
tous les métiers.
« C'est pourquoi, ayant prononcé, à la fin
d'un déjeuner politique, un petit discours sur
la Syrie, il pensa faire plaisir aux journalis-
les présents en leur en remettant le résumé
tout dactylographié. Même, pour leur éviter
jusqu'à la peine de rédiger des commentaires,
il mit ces appréciations dans son communi-
qué. On y pouvait lire :
« Le député du HauhRhin a fait son ex-
posé ave une netteté de 1 pentée, un esprit de
décision et une conception' si éminemment
française de la situation, que l'auditoire ne
lui a pas ménagé les applaudissements. »
« Et cela prouve simplement que M. l'abbé
Wetterlé préfère simplement sucrer lui-même
son café que de COli fî<'>r, ,cc soin à des étran-
gers. » ,
Le Tapin.
L'Eglise fait des affaires
Les gens d'Eglise ont toujours eu un sens
très avisé des affaires : ils n'ont pas pour
rien accumulé à travers l'histoire des biens
considérables, en tournant parfois les Jois,
avec une toute évangélique honnêteté.
Le malheur est que, 'souvent, c'est aux dé-
pens même de l'Etat qu'ils s'enrichissent. Et,
malgré la Séparation, le gouvernement leur
tend même parfois la perche.
C'est ainsi que le cardinal Dubois vient de
signer un acte de location, lui donnant à bail,
pour un durée de trente ans, le grand Sémi-
naire de Saint-Sulpice. Le prix du loyer est
fixé à cinquante mille francs par an.
Cinquante mille francs, pour l'énorme bâ-
timent de Saiut-Sulpice ! Il faut avouer que
c'est pour rien.
C'est le prix aujourd'hui d'un bel appar-
tement, d'un hôtel simplement confortable ;
alors que le séminaire avec ses centaines de
chambres représente l'étendue de 'nombreux
et vastes logis.
D'autre part, un certain nombre d'adminis-
trations étaient installées dans l'immeuble.
Leur installation avait coûté la bagateire de
quatre millions. Il faudra leur trouver de
nouveaux locaux, payer de nouveaux frais
d'organisation qui arriveront facilement à
égaler les acciens.
Disons-le : avec la complicité du gouverne-
ment, le cardinal a fait une affaire : et c'est
nous tous encore qui vn paierons !cs frais.
Mais, n'est co pas, la France est si riche !
—————————— >-e+- - ( ——————————
M. Poincaré se rendra à Londres
la semaine prochaine
M. Bonar Law ayant informé M. de Saint-
Aulaire, ambassadeur de France a. Londres,
Que les fra.3ux du Pirlem^rt britannique ne
lui permettraient pas de ouitter VAugleterre
avant la seconde quinzain-e- de décembre, M.
Poincaré vient de faire savoir au premier
ministre britannique qu'il \'tait prêt à se ren-
dre à Londres, dans le cou'ant d^ la semaine
prochaine afin de se mettre d'accord avec
M. Bonar Law sur le programme de la coi-
férence financière interalliée de Bruxelles.
C'est, en effet, la préparation de cette confé-
rence qui fait actuellement l'objet d3S préoc-
cupations du gouvernèiuenc français. Les me-
sures étudiées dans les n'i'nions interminis-
térielles visent les diverses éventualités qui
peuvent se produire : soit l'application des
décisions-qui seront prises par la conférence
de Londres si l'accord s'y établit entre les al-
liés ; soit l'action séparée, si la conférence ne
se réunissait pas pu n'aboutissaitJpas, à une
*
entente.
Ajoutons que des démarches seront faites
pour que M. Mussolini et M. Thellnis, prési-
dents du conseil d'Italie et de Belgique, parti.
cipent aux entretiens qui aifront lieu entre M.
Poincaré et M. Bonar Law.
i ..- t
Dans les régions libérées
1 ---- I
La commission des régions libérées, - réu-
nie hier à la Chambre, a décidé de repousser
la proposition de M. Inghels ayant pour ob-
jet la levée du secret professionnel; dans l'ap-
plication de la loi sur les réparations des
dommages de guerre. il,
Saisie par M. Constant Verlot d'une circu-
laire de l'administration, portant injonction
aux maires des régions envahies d'opérer,
sous peine de poursuites, le reversement d.es
sommes dues au titre du ravitaillement,- elle
a constaté que l'envoi de cette circulaire ne
pouvait se concilier avec la nomination toute
.récente, par le gouvernement, d'une commis-
sion interministérielle chargée d'apurer les
comptes du ravitaillement, et décidé, en con-
séquence, de prier le gouvernement de dissi-
per les inquiétudes conçues à ce sujet par les
municipalités intéressées. ,
LIRE A LA DEUXIEME PAGE :
A la Chambre : La discussion du budget
du ministère de la guerre.
M. CLEMENCEAU A CHICAGO
- < » oao < ■ i ■ ,
Chicago, 28 novembre. —
C'est dans l'immense salle
de l'Auditorium qu-3 M. Cle-
menceau a prononcé Si troi-
sième confcrence, devant
pius de 5.000 personnes.
« Je suis allé dimanche,
à New-York, sur le tombeau
de Grant, dit-il, J'y ai lu
ces mots : « Ayons la
paix ». C'est pour cette rai-
son que je suis ici, car je
veux voir la paix établie
parmi les hommes. Que
faire de la paix que nous
avons obtenue ? :>
M. Clemenceau a insisté
sur i ce fait que l'Allema-
gne continue à préparer la
guerre, en fabriquant des
armes et des munitions :
« Allez dans leurs collè-
ges, dans leurs universités,
vous y entendrez prêcher la
haine de la France. Chez
nous, vous ne verrez rien
de semblabble.
« Certains gouvernements
ne semblent pas vouloir
voir.. En France, nous
voyons clair, npu's savons
ce què l'Allemagne pré
paré contre nous, nous som-
mes justifiés a garder notre
armée en bonne condition,
nous ne menaçons personne.
Demandez aux petits peu-
ples que nous avons libé-
M. Clemenceau, aux côtés
de M. Jusserand, notre ambassadeur à Washington
rés avec l'aide de nos alliés, de qui ils dépen-
dent; ils vous répondront : « De la France ».
M* Clemenceau a rappelé comment l'Amé-
rique se retira sans proposer de nouveaux
arrangements et comment, au point de vue
économique, elle nous a laissés en annonçant,
du jour au lendemain, que les crédits étaient
coupés. Nous avions pourtant emprunté pour
gagner la guerre commune. ?
Et voici quelle a été sa péroraison :
« Vous avez eu des soldats tués et vous
avez dépensé largement de l'argent pour quel-
que chose, dit-il ; si rien n'a été obtenu, puis-
je vous demander pourquoi ? Quand je vous
demande de.' vous occuper des affaires d'Eu-
rope, j'exprime le sentiment de tous les Fran-
çais. Je vais vous quitter en renouvelant mon
message de paix. Je vois la guerre que le peu-
ple français hait. Nous sommes un peuple
de graves gens qui ne craint pas de combattre,
mais pas pour dominer. Si la France ne reçoit
pas l'aide nécessaire, elle peut disparaître, et,
si elle disparaît, le monde se demandera un
jour si ce qui a disparu n'était pas ce qui lui
donnait la vie. » .,
1 POLITIQUE ETRANGERE
L'Angleterre a rompu. ses relations
avee le Gouvernement ree
.- ,,' oaoo
L'exécution des ex-mmistres de Constantin et sa'répercussion
sur les travaux de la Conférence de Lausanne
, .1_
Les Turcs manifestent en faveur des Russes'
c~~
M. Lindley, ministre britannique à Athè-
nes, a notifié au gouvernement la rupture des
relations diplomatiques avec la Grèce.
M. Lindley ne se rond pas directement à
Londres. Il s'arrêtera à Lausanne afin de
conférer avec lord Curzon.
On croit savoir que le ministre britanni-
que des affaires étrangères étudie en ce mo-
ment la situation créée par les événements
d'Athènes. On ne sait rien encore de la déci-
sion qui va être prise.
M. Bentinck, ministre du contrôle finan-
cier, est resté à Athènes.
L'IMPRESSION A LONDRES
Londres, 29 novembre. — Tous les jour-
naux du matin commentent les exécutions
grecques..
Le « Daily Chronicle » dit que l'exécution
du premier ministre et de ses principaux col-
lègues est un acte comparable à celui du
■meurtre du roi Alexandre et de la rêine Dra-
za de Serbie, plus impardonnable, parce que
commis délibérément avec une apparence de
justice légale et après des avertissements so-
lennels de la part du gouvernement britan-
nique.
Le « Daily Express » écrit : « Les amis de
la Grèce ne seront pas aussi disposés qu'au-
trefois à écouter les récits des horribles atro-
cités commises par les Turcs.Ce meurtre poli-
tique est un acte qui a fait passer un frisson
d'horreur à travers toute l'Europe. »
Le « Morning Post » déclare : « Nous ne
comprenons tpas pourquoi le gouvernement
-britannique interviendrait dans un jugement
qui ne concerne que la Grèce seule. Ce lue
'nous savons, c'est que les hommes qui ont été
atteints par cet arrêt n'étaient ni les amis
de la Grande-Bretagne, ni de la Grèce, pen-
dant la grande guerre, et qu'ils étaient di-
rectement responsables du plus grand des dé-
sastres essuyé par la Grèce depuis des siè-
cles. »
Le « Times » écrit : « Cet acte doit être
fortement condamné, dans l'intérêt de la
Grèce elle-même. Ce n'est pas par une mé-
thode semblable que ce pays pourra effacer
la défaite qu'il a eupie. La rupture des rela-
tions diplomatiques doit être considérée coni-
me une protestation et un sévère avertisse-
ment. » w
L'IMPRESSION EN ALLEMAGNE
Berlin, 29 novembre. — La Zcit écrit :
v L'Angleterre est une fois de plus mise
dans une situation des plus embarrassantes.
Elle essaiera, à la' première occasion, de se
libérer de ses engagements envers la Grèce.
Elle sacrifiera froidement tous les intérêts
économiques à Lausanne. »
Le Berlincr- Tagcblatt, fidèle à sa menta-
lité anti-française prétend, en termes vio-
lents, que si le ministre français à Athè-
nes avait protesté en même temps que le
ministre anglais contre la condamnation à
mort des ministres grecs, l'éxécutdon de
ceux-ci n'aurait pas eu lieu.
Le Lokal Anzeiger déclare que le peuple
grec tout entier est coupable de cet acte de
vengeance. C'est lui qui a approuvé la poli-
tique impérialiste que les ministres assas-
sines ont poursuivie en Asie- Mineure.
rA Lausanne
-
Lausanne, 29 novembre. — Les téie,;ra-in-
mes d'Athènes annonçant l'exécution des an-
ciens ministres ont provoqué une certaine
émotion dans les milieux de la conférence, où
l'on se demandait dans quelle mesure les re-
lations anglo-helléniques seront affectées par
cet événement.
M. Venizelos a refusé d'exprimer aucun
avis à ce sujet. Le bruit de sa démission com-
me représentant de la Grèce à la conférence
Qst. au moins jusqu'à présent, controuvé.
Les turcs s'abstiennent de tout commen-
taire. Ils considèrent que, pour le moment, il
est trop délicat d'exprimer une opinion. Les
Grecs ne disent rien, quoique troublés.
Dans les milieux diplomatiques, on se perd
en conjectures pour savoir si la situation ac-
tuelle de la Grèce contrariera les négocia-
tions de paix et conduira à là démission de
M. Venizelos. 1
RIEN DE CHANGE A LA CONFERENCE
Lausanne, 29 novembre. — La rupture des
relations diplomatiques entre la Grande-Bre-
tagne et la Grèce a posé immédiatement une
grave auestion devant la conférence. On s'est
:demandé si cet événement n'aurait pas, des
aujourd'hui, une répercussion sur le sort de
la conférence de la paix et si lord Curzon
consentirait désormais à siéger autour de la
même table que la délégation hellénique.
Les Grecs se refusent à faire, à ce sujet,
aucune déclaration. M. Venizelos s'est rendu
ce matin, comme si rien ne s'était produit,
a la séance .'de la sous-commission militaire
oui, sous la présidence du général JVeygand
«H avec la collaboration des experts britan-
niques, continue de s'occuper de la démili-
tarisation des îles de l'Egée. Ce fait infir-
me à lui seul la nouvelle qui a couru depuis
hier de la démission de M. Venizelos.
Quant aux Anglais, ils paraissent penser
que la conférence de Lausanne peut se pour-
suivre malgré la rupture des relations diplo-
matiques entre la, Grande-Bretagne et lai
Grèce. Ils font observer que M. Venizelos re-
présente à Lausanne non pas tant le gouver-
nement actuel de la Grèce que la nation au
service de laquelle il s'est mis pour les négo-
ciations de la paix.
M. BENES A LAUSANNE
Lausanne, 29 novembre. — M. Bénès, mi-
nistre des Affaires-étrangères de Tchéco-Slo-
vaquie, arrivé ce matin à Lausanne, a dé-
jeuné avec M. Nintchich, ministre des Af-
faires étrangères de Yougoslavie, et M. Du-
cas, ministre des Affaires étrangères de Rou-
manie.
Au cours d'un entretien avec le corres-
pondant de l'agence Reuter à Lausanne, il
s'est déclaré satisfait.
Interrogé sur le bloc balkanique, M. Bé-
nès a. déclaré :
« C'est une grande chose que les Etats
balkaniques aient un point de vue identique;
c'est un atout excellent pour réussir, mais
bien entendu il né s'ensuit pas que ces Etats
forment une combinaison politique. Je me
réjouis des excellentes relations existantes.
» La Tchécoslovaquie n'a aucun intérêt
direct à la conférence, mais elle désirait se
trouver dans la même position que les au-
tres Etats et être entendue sur les questions
l'intéressant. Je suis sûr que ces dernières
seront réglées comme il est désirable. La
Petite Entente est très solide et, par consé-
quent, rien de défavorable ne peut se pas-
ser dans l'Europe centrale. »
ARRIVEE DE LA DELEGATION RUSSE
Berlin, 29 novembre. — La délégation
russe, conduite par M. Tchitchérine, arrivera
à Berlin demain matin. Elle repartira le eoir
même pour Lausanne. On croit que certaines
personnalités russes, actuellement à Berlin,
notamment M. Krassine, se joindront à la
délégation.
LE FRONT TURCO-RUSSE S'AFFIRME
Lausanne, 29 novembre. — Un incident
s'est produit au cours de la séance de la com-
mission militaire qui s'occupait ce matin de
la démilitarisation des îles de la mer Egée.
Au moment où l'on abordait l'examen du
statut des îles de Tenedos, d'Imbros et de
Samothrace, qui se trouvent à l'entrée des
Dardanelles, les délégués turcs objectèrent
qu'à leur avis il était impossible de discuter
utilement cette question en l'absence, des re-
présentants de la Russie. Ils ajoutèrent qu'ils
ne quitteraient pas la séance au cas où la
sous-commission serait d'un avis différent,
mais qu'ils se verraient dans l'obligation de
garder le silence. C'est ce qu'ils firent d'ail-
leurs au cours de la discussion qui suivit.
- UN COMMUNIQUE OFFICIEL
Lausanne, 29 novembre. - Communiqué
officiel' :
« La commission des questions territoria-
les et militaires a tenu sa septième séance
à 16 heures.
« Le général Weygand a donné lecture
d'un rapport préparé par la sous-commission,
chargée d'étudier la démilitarisation de cer-
taines îles de la mer Egée.
« Une discussion est engagée à ce sujet à
laquelle ont pris part Ismet pacha, M. Cacla-
manos et lord Curzon.
« Les conclusions du rapport ont été adop-
tées. La délégation turque, a formulé des ré-
serves sur certains points. » * i
M. VENIZELOS S'EST-IL RETIRE ? 1
Lausanne, 29 novembre. — Pour la pre-
mière fois, M. Venizelos n'assistait pas à la
réunion plénière de la commission territo-
triale à 16 heures. Il serait imprudent d'en:
tirer conclusion, car M. Caclamanos, chet en
titre de la délégation hellénique, était pré-
sent à la réunion.
On assure qu'aucune allusion n'a été faite
à l'incident d'Athènes.
LA REPONSE DES ALLIES A LA RUSSIE
Lausanne, 29 novembre. — La réponse a
été remise ce soir à la délégation russe, tou-
chant sa demande de participer à tous )ef
travaux de la conférence.
La France, l'Angleterre et l'Italie sont una.
nimes à déclarer qu'elles s'en tiennent à la.
note envoyée par M. Poincaré à la Russie, le
14 novembre, l'invitant à participer aux seuls
débats sur la question des Détroitc.
, .-
Drame de l'adultère
Privas (Ardèche), 29 novembre. —; A En-
treygues, le coiffeur' Eugène Joanny, âgé de
40 ans, ayant acquis la preuve que sa femme
le trompait, lui a tranché la gorge d'un coup
de rasoir et a pris la fuite.
Avant d'accomplir son meurtre, Eugène
Joanny avait ligoté sa belle-sœur pour Kem-
pêcher d'appeler à l'aide et contraignit cette
dernière à assister au drame.
> — - E ———————„„ M.
LE PRIX DU. P AIN
Les consommateurs
ont le dessous
La Commiuion a capitulé devant
les menaces des boulangers *
•
La commission d'évaluation du prix du
pain est enfin arrivée à trouver une solution
Ce n'est uas tout à fait celle que nous atten-
dions. Le remède qu'elle propose peut avoir
du bon, mais aussi du mauvais.
Un barème a été établi, Il fonctionnerait
de la fdçcn suivante : quand le cours de la
farine sera de 100 à 105 francs, le pain sera
4 1 franc le kilo ; quand la farine sera à
1.06 francs, le pain sera à 1 fr. 05 ; la farine
étant de 106 à 112 francs, le pain sera vedll
1 fr. 10.
D'autre part, il convient de noter que dans
l'évaluation du prix de revient du pain, il
fut tenu compte d'un nouveau facteur : les
salaires du patron et de la patronne, établie
h 12 francs le quintal de farine travaillée.
La prime de panification se trouve ainsi por'
tée de 28 fr. 527 à 30 fr. 75.
Nous disions plus haut que ce barème pou-
vait avoir du bon, mais aussi du mauvais. En
effet, les cours de la bourse du commerce ré-
gleront le prix du pain ; or, on sait que ces
cours sont fictifs. Les boulangers ont, le plus
souvent, des marchés passés à un cours Infé-
rieur à celui officiellement pratiqué. Le fait
wbie numéro : QUINZE CENTIMES
- JEUDI30 NOVEMBRE 1922. — -- Na - 18981
Fondateurs (1869) :
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
kl niMb tnfemU
8*m* * S.-ET-OISB., 3g t 20 > 10 »
FaAjfci t COLONIES..! 41 » 22 » 11 »
tSTSANotB. 49 » 25 » 13 »
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RAYMOND LANGE
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Directeur : EDMOND DU MESNIL
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J" Rl BU N E LIBRE
---
A propos du Budget de la Marine
i" '■ ■ 1 ■ 1 ■
La discussion des budgets est commen-
tée à la Chambre. Lorsque viendra l'exa-
men du budget de la marine, on parlera
certainement de la perte du cuirassé
.( France » qui a retenti si douloureuse-
ment au cœur de nos marins et dans lé
pays tout entier.
Comment et par quoi sera-t-il rem-
- placé ? La question ne peut pas ne pas
être posée. Mettra-t-on en chantier un
bâtiment de même tonnage, d'égale puis-
sance offensive et défensive ou même
d'une puissance supérieure ? La Confé-
rence de Washington nous en donne le
droit. Userons-nous de ce droit ? Ne se-
rait-il pas préférable de consacrer la
somme d'argent à prévoir pour ce rem-
placement à construire des croiseurs lé-
gers extra-rapides, des contre-torpilleurs,
des sous-marins et des avions ? Question
de principe d'abord à trancher. C'est l'o-
rientation même de notre politique na-
vale qui fera le fond du débat. Dans
quel sens l'intérêt supérieur de la France
commande-t-il que ce problème soit ré-
solu ?
Il y a quelques jours les journaux an-
nonçaient que l'amirauté britannique se
disposait à commander deux cuirassés de
35.000 tonnes qui seront puissamment
armés et dont le prix unitaire ne sera pas
inférieur à six millions de livres sterling,
ce qui représente plus de 150 millions de
francs d'avant-guerre. La Conférence de
Washington a prévu cette augmentation
de la flotte britannique. Libre donc aux
Anglais de mettre en chantier ces deux
superdreadnougths. Ils ne veulent pas dé-
mordre du dogme du cuirassé, roi de la
mer; c'est leur affaire. C'est par la mise
en pratique de ce dogme, pieusement en-
tretenu et cultivé, qu'ils ont conquis l'hé-
gémonie maritime; par lui, ils espèrent
la conserver. L'avenir, et un avenir pro-
chain, se chargera de leur dessiller les
yeux : laissons faire les Etats-Unis et le
Japon. -
Mais nous ? Nous n'aspirons, certes,
, pas à la domination des mers, pas plus
qu'à aucune, autre. Bon pour un Guil-
laume II de rêver d'avoir tout à la fois
la plus puissante armée de terre et la pre-
mière arméé navale du monde. Pareille
ambition ne peut hanter en France que le
cerveau de quelques hurluberlus, jin-
goïstes et chauvins, toujours prêts à me-
nacer l'univers de la force française. La
nation, prise dans son ensemble, ne de-
mande qu'à vivre en paix. De la paix et
du travail seuls elle attend le relèvement
ide ses ruines. Elle en a besoin pour le
pansement de ses trop cuisantes bles-
sures.
Toutefois, elle a le droit de prendre
toutes les mesures qu'elle juge nécessai-
res à sa sécurité. Nul ne saurait le lui
contester. C'est même le premier de ses
devoirs. La question qui se pose est donc
celle-ci : « Est-ce par le cuirassé qu'elle
assurera le mieux sa sécurité sur mer ? »
Je n'héstte pas à répondre dans toute la
sérénité de mon âme et uniquement mû
par le sentiment patriotique qui ne cessa
jamais d'animer l'ancien président de la
Ligue antiallemande : « Non ».
Les enseignements de la guerre ne doi-
vent pas être perdus pour nous. Eh bien!
la guerre a démontré jusqu'à l'évidence
qu'il n'y a plus de place aujourd'hui sur
la mer pour le mastodonte cuirassé. Ses
ports mêmes ne lui serviront plus d'abri.
La torpille aérienne, plus meurtrière en-
.core que la torpille sous-marine, ne l'y
laissera pas en repos. Donc, plus rien à
attendre du dreadnougth et du super-
dreadnougth, si puissamment armés et si
fortement cuirassés qu on les suppose.
f Par contre, il n'est pas douteux que si
les Allemands, au lieu des cuirassés qui
dorment au fond des eaux de Scapa-
Flow. avaient eu, dès le début des hosti-
lités, 250 ou 300 sous-marins pareils à
ceux qu'ils utilisèrent plus tard, la guerre
était irrémédiablement perdue pour les
Alliés. Jamais les Anglais, dont l'effort
fut si admirable, n'auraient pu ni fran-
chir le détroit, ni venir, assez tôt du
moins, au secours de la France écrasée
sous l'avalanche teutonique.
Ainsi donc, ce n'est pas par le cui-
Tassé que nous assurerons la sécurité de
nos côtes.
A cette considération technique, la
plus importante de toutes, est-il besoin
de le dire ? s'ajoute une considération
budgétaire que Tétat de nos finances ne
nous permet pas d'écarter. Combien nous
coûterait un cuirassé du type « France »
Au bas mot, 300 millions. A ce prix, je
vous le demande, 'combien pourrions-
nous en cônVtruire ? Et je laisse volon-
i
tairement de côté — encore que ce point
ne soit pas négligeable —; la capacité de
construction de nos arsenaux et chantiers
navals. Oui, pouvons-nous nous payer le
luxe de dépenses somptuaires ? Je dis
« dépenses somptuaires», parce que je
tiens pour certain que le cuirassé n'est et
ne peut plus être pour nous d'aucune uti-
lité pour la défense nationale.
A quelle conclusion vais-je aboutir 7
On l'a déjà deviné. Ne remplaçons ni le
« France », ni les autres dreadnougths,
au fur et à mesure que l'âge nous obli-
gera à les condamner, par de grosses uni-
tés de combat analogues à celles qui au-
ront été supprimées. Construisons des
croiseurs légers, des contre-torpilleurs et
surtout des sous-matin:) et des avions.
Evolution ou plutôt révolution nécessaire,
indispensable, dans l'art des construc-
tions navales. N'hésitons pas à nous en-
gager dans cette voie. Nous assurerons
« mieux et à bien moins de frais » notre
défense maritime.
Henri MICHEL,
Ancien sénateur,
Ancien rapporteur de la catastrophe
de l' « Iéna >.
—. ———————— ;) -.-
ÉDITORIAL
Il L'expiation
Le nouveau gonverne-
ment hellénique vient, dans
la fougue de sa jeunesse,
de donner une brutale le-
çon aux politiciens sans
conscience qui jouent trop
facilement avec la vie des
hommes et le sort des peuples.
ils sont quelques-uns, parmi les mi-
nistres setns vergogne qui tinrent, de-
puis la guerre, entre leurs mains les
destinées du monde, sur qui pèsent les
plus lourdes, les plus écrasantes respon-
sabilités. Longtentps, leur cynique
égaisme les maintint dans leur coupa-
ble insouciance : aujourd'hui, l'exécu-
tion de la bande constantinienne doit
leur donner à réfléchir. ;
Car s'il est facile de chercher à rat-
traper par des harangues, même faites
aux Etats-Unis, les erreurs d'une politi-
que aveugle et légère ; l'heure de la
justice n'en sonne pas moins et un jour
vient où il faut rendre des comptes.
Certains, devant les cadavres des Gou-
naris et des Stratos font aujourd'hui dé
la sensiblerie. Evidemment, il ne sied
pas, à l'heure de l'expiation, de charger
la mémoire de ceux qui portent le poids
de la catastropjie hellénique. Mais pou-
vons-nous oublier que, plats valets de
Constantin, et par conséquent de l'Alle-
magne, ils avaient., depuis quatre ans,
les mains rougies dit sang de nos ma-
rins ? Par la suite, instigateurs de la"
guerre turco-grecque, ils sacrifièrent
encore à leurs ambitions démesurées et
aux folles visées de grandeur de leur
Basileus, des milliers de vies grecques
et ottomanes.
Par leur faute, la Grèce est haletante,
ruinée, vaincue. Ils ont payé leur crime
de vassale platitude. Ils n'ont droit ni à
la pitié ni à l'humanité qu'ils n'ont ja-
mais eues pour les autres. Et le pire est
encore, qu'aux rives de la Méditerranée
bleue, devant quelque temple roux lui
rappelant la Grèce, Constantin fume des
cigarettes en sifflotant un air à la mode.
Raymond LANGE.
- -————— > m+m <. ■ <
Etouffées sous les fleurs
'L'école ne suffit pas, hélas, comme objet des
attaques perfides ou violentes de ces Mes-
sieurs de la « Plus Grande Eglise ». L'Assis-
tance Publique et ses dévouées infirmières
n'échappent pas à leurs coups.
Nous avons mentidnné l'ignoble edessin
d'une publication catholique qui chaque se-
maine lace ses sandales pour parcourir la
route du mensonge. M. Dubois, lui-même, en
fut tellement révolté que, de l'archevêché de
Paris, il adressa ses excuses au docteur Mou-
rier.
Mais pourquoi le ministre de l'Hygiène se
donne-t-il l'air de soutenir cette campagne ?
Non seulement il ne souffle mot pour blâmer
les agissements de ces « Messieurs » mais
encore, lorsqu'il s'agit de nommer les mem-
bres de la commission hospitalière de perfec-
tionnement des écoles, il écarte tout délégué
du personnel et s'en va choisir, nous affirme
M. Merma, secrétaire de la Fédération des
services de santé, la eœur du curé de Plai-
sance, « bien connue dans le 14e arrondisse-
ment pour son prosélytisme ».
Il est vrai que le ministre de l'Hygiène n'a
pas osé, à la Chambre, dire à M. Aubry quel-
les mesures il comptait prendre pour préser-
ver la laïcité menacée.
Cela se conçoit. Et, comme le dit M. Merma,
dans une lettre ouverte à M. Strauss. « Ceci
explique cela ». Le ministre, à la Chambre,
a cependant couvert de fleurs le personnel
laïque des hôpitaux. Serait-ce donc pour le
mieux étouffer 1 --.-l--':" - ,— 1..
On dit.
- 111 • y
En Passant
De l'ironie. ,'--
Que l'ironie est donc difficile à manier 1
Adrien Hébrard avait bien raison de mettre
ses collaborateurs du Temps en garde contre
cette tournure d'esprit.
Il est toujours dangereux de laisser le lec-
teur libre de comprendre autre chose que ce
que l'on a voulu dire, ou de comprendre. da-
vantage. 0,
A propos des récents incidents dont un grand
magasin (et même deux grands magasins) ont
été le théâtre, j'ai eu le tort, le très grand
tort, d'exprimer mon sentiment sur le modé
ironique.
Un lecteur (qui est peut-être une lectrice)
me fait de vifs reproches à ce sujet.
Il prétend que je n'ai pas « mesuré » mes
« expressions » ; or, une phrase de sa lettre
mériterait le même reproche.
Comment peut-il supposer une minute que
dans un journal indépendant et libre comme
le nôtre, où nous ne redoutons rien tant que
l'hypocrisie et le mensonge, nous ayons tenté
de déformer la vérité pour rendre un service.
intéressé.
Il était si facile d'observer un silence aussi
peu compromettant que possible !
Si j'ai cru pouvoir écrire ces quelques li-
gnes (qui m'apparaissent bien maladroites d'a-
près ce qu'elles ont permis de conclure), c'est
que j'avais surpris les réflexions optimistes de
quelques vendeuses, réflexions qui m'avaient
semblé curieuses à. noter.
S'il faut en croire le lecteur « renseigné »
qui instruit un « ignorant », de nombreuses
employées n'ont pas réintégré leur rayon de-
puis ces incidents (c'est pourquoi je n'ai pu
entendre leurs propos pessimistes.).
Quant aux clientes, elles se pressaient, com-
me d'habitude, en très grand nombre autour
des « soldes » et « coupons » et ne parais-
saient pas autrement inquiètes.
Que les femme's qui ont envie de dépenser
d2 l'argent sont donc téméraires !
Ch. RABETT.
Aujourd'hui
Amour f. Amour L..
Une jeune fille de Caruthersville (Etat de
Missouri) était follement éprise d'un, jeune
homme.
Comme son père. lui refusait de prendre
le (lit jeune homme pour gendre, la douce
enfant n'hésita pas à dénoncer son père à la
police.
St:m père, en effet, s'était évadé du bagne
vingt ans auparavant. -
On l'cnferma attssitôt — et à perpétuité.
Cette tendre jeune fille va pouvoir épouser
l'élu de son cœur en toute tranquillité. -,
--.. A la place de son mari, je ne serai pas très
rassuré.
On n'est jamais mieux servi.
M. l'abbé Wetterlé trouve sans doute que-
le proverbe a raison « on n'est jamais mieux
sèrvi que par soi-même ».
Notre spirituel confrère Le Petit Bleu con-
te à ce sujet une bien amusante histoire :
« M. l'abbé Wetterlé, député dit Ilaut-Rhin,
ne tient pas précisément les journalistes pour
des paresseux. Cependant, il n'ignore pas que
la loi du moindre effort a des partisans dans
tous les métiers.
« C'est pourquoi, ayant prononcé, à la fin
d'un déjeuner politique, un petit discours sur
la Syrie, il pensa faire plaisir aux journalis-
les présents en leur en remettant le résumé
tout dactylographié. Même, pour leur éviter
jusqu'à la peine de rédiger des commentaires,
il mit ces appréciations dans son communi-
qué. On y pouvait lire :
« Le député du HauhRhin a fait son ex-
posé ave une netteté de 1 pentée, un esprit de
décision et une conception' si éminemment
française de la situation, que l'auditoire ne
lui a pas ménagé les applaudissements. »
« Et cela prouve simplement que M. l'abbé
Wetterlé préfère simplement sucrer lui-même
son café que de COli fî<'>r, ,cc soin à des étran-
gers. » ,
Le Tapin.
L'Eglise fait des affaires
Les gens d'Eglise ont toujours eu un sens
très avisé des affaires : ils n'ont pas pour
rien accumulé à travers l'histoire des biens
considérables, en tournant parfois les Jois,
avec une toute évangélique honnêteté.
Le malheur est que, 'souvent, c'est aux dé-
pens même de l'Etat qu'ils s'enrichissent. Et,
malgré la Séparation, le gouvernement leur
tend même parfois la perche.
C'est ainsi que le cardinal Dubois vient de
signer un acte de location, lui donnant à bail,
pour un durée de trente ans, le grand Sémi-
naire de Saint-Sulpice. Le prix du loyer est
fixé à cinquante mille francs par an.
Cinquante mille francs, pour l'énorme bâ-
timent de Saiut-Sulpice ! Il faut avouer que
c'est pour rien.
C'est le prix aujourd'hui d'un bel appar-
tement, d'un hôtel simplement confortable ;
alors que le séminaire avec ses centaines de
chambres représente l'étendue de 'nombreux
et vastes logis.
D'autre part, un certain nombre d'adminis-
trations étaient installées dans l'immeuble.
Leur installation avait coûté la bagateire de
quatre millions. Il faudra leur trouver de
nouveaux locaux, payer de nouveaux frais
d'organisation qui arriveront facilement à
égaler les acciens.
Disons-le : avec la complicité du gouverne-
ment, le cardinal a fait une affaire : et c'est
nous tous encore qui vn paierons !cs frais.
Mais, n'est co pas, la France est si riche !
—————————— >-e+- - ( ——————————
M. Poincaré se rendra à Londres
la semaine prochaine
M. Bonar Law ayant informé M. de Saint-
Aulaire, ambassadeur de France a. Londres,
Que les fra.3ux du Pirlem^rt britannique ne
lui permettraient pas de ouitter VAugleterre
avant la seconde quinzain-e- de décembre, M.
Poincaré vient de faire savoir au premier
ministre britannique qu'il \'tait prêt à se ren-
dre à Londres, dans le cou'ant d^ la semaine
prochaine afin de se mettre d'accord avec
M. Bonar Law sur le programme de la coi-
férence financière interalliée de Bruxelles.
C'est, en effet, la préparation de cette confé-
rence qui fait actuellement l'objet d3S préoc-
cupations du gouvernèiuenc français. Les me-
sures étudiées dans les n'i'nions interminis-
térielles visent les diverses éventualités qui
peuvent se produire : soit l'application des
décisions-qui seront prises par la conférence
de Londres si l'accord s'y établit entre les al-
liés ; soit l'action séparée, si la conférence ne
se réunissait pas pu n'aboutissaitJpas, à une
*
entente.
Ajoutons que des démarches seront faites
pour que M. Mussolini et M. Thellnis, prési-
dents du conseil d'Italie et de Belgique, parti.
cipent aux entretiens qui aifront lieu entre M.
Poincaré et M. Bonar Law.
i ..- t
Dans les régions libérées
1 ---- I
La commission des régions libérées, - réu-
nie hier à la Chambre, a décidé de repousser
la proposition de M. Inghels ayant pour ob-
jet la levée du secret professionnel; dans l'ap-
plication de la loi sur les réparations des
dommages de guerre. il,
Saisie par M. Constant Verlot d'une circu-
laire de l'administration, portant injonction
aux maires des régions envahies d'opérer,
sous peine de poursuites, le reversement d.es
sommes dues au titre du ravitaillement,- elle
a constaté que l'envoi de cette circulaire ne
pouvait se concilier avec la nomination toute
.récente, par le gouvernement, d'une commis-
sion interministérielle chargée d'apurer les
comptes du ravitaillement, et décidé, en con-
séquence, de prier le gouvernement de dissi-
per les inquiétudes conçues à ce sujet par les
municipalités intéressées. ,
LIRE A LA DEUXIEME PAGE :
A la Chambre : La discussion du budget
du ministère de la guerre.
M. CLEMENCEAU A CHICAGO
- < » oao < ■ i ■ ,
Chicago, 28 novembre. —
C'est dans l'immense salle
de l'Auditorium qu-3 M. Cle-
menceau a prononcé Si troi-
sième confcrence, devant
pius de 5.000 personnes.
« Je suis allé dimanche,
à New-York, sur le tombeau
de Grant, dit-il, J'y ai lu
ces mots : « Ayons la
paix ». C'est pour cette rai-
son que je suis ici, car je
veux voir la paix établie
parmi les hommes. Que
faire de la paix que nous
avons obtenue ? :>
M. Clemenceau a insisté
sur i ce fait que l'Allema-
gne continue à préparer la
guerre, en fabriquant des
armes et des munitions :
« Allez dans leurs collè-
ges, dans leurs universités,
vous y entendrez prêcher la
haine de la France. Chez
nous, vous ne verrez rien
de semblabble.
« Certains gouvernements
ne semblent pas vouloir
voir.. En France, nous
voyons clair, npu's savons
ce què l'Allemagne pré
paré contre nous, nous som-
mes justifiés a garder notre
armée en bonne condition,
nous ne menaçons personne.
Demandez aux petits peu-
ples que nous avons libé-
M. Clemenceau, aux côtés
de M. Jusserand, notre ambassadeur à Washington
rés avec l'aide de nos alliés, de qui ils dépen-
dent; ils vous répondront : « De la France ».
M* Clemenceau a rappelé comment l'Amé-
rique se retira sans proposer de nouveaux
arrangements et comment, au point de vue
économique, elle nous a laissés en annonçant,
du jour au lendemain, que les crédits étaient
coupés. Nous avions pourtant emprunté pour
gagner la guerre commune. ?
Et voici quelle a été sa péroraison :
« Vous avez eu des soldats tués et vous
avez dépensé largement de l'argent pour quel-
que chose, dit-il ; si rien n'a été obtenu, puis-
je vous demander pourquoi ? Quand je vous
demande de.' vous occuper des affaires d'Eu-
rope, j'exprime le sentiment de tous les Fran-
çais. Je vais vous quitter en renouvelant mon
message de paix. Je vois la guerre que le peu-
ple français hait. Nous sommes un peuple
de graves gens qui ne craint pas de combattre,
mais pas pour dominer. Si la France ne reçoit
pas l'aide nécessaire, elle peut disparaître, et,
si elle disparaît, le monde se demandera un
jour si ce qui a disparu n'était pas ce qui lui
donnait la vie. » .,
1 POLITIQUE ETRANGERE
L'Angleterre a rompu. ses relations
avee le Gouvernement ree
.- ,,' oaoo
L'exécution des ex-mmistres de Constantin et sa'répercussion
sur les travaux de la Conférence de Lausanne
, .1_
Les Turcs manifestent en faveur des Russes'
c~~
M. Lindley, ministre britannique à Athè-
nes, a notifié au gouvernement la rupture des
relations diplomatiques avec la Grèce.
M. Lindley ne se rond pas directement à
Londres. Il s'arrêtera à Lausanne afin de
conférer avec lord Curzon.
On croit savoir que le ministre britanni-
que des affaires étrangères étudie en ce mo-
ment la situation créée par les événements
d'Athènes. On ne sait rien encore de la déci-
sion qui va être prise.
M. Bentinck, ministre du contrôle finan-
cier, est resté à Athènes.
L'IMPRESSION A LONDRES
Londres, 29 novembre. — Tous les jour-
naux du matin commentent les exécutions
grecques..
Le « Daily Chronicle » dit que l'exécution
du premier ministre et de ses principaux col-
lègues est un acte comparable à celui du
■meurtre du roi Alexandre et de la rêine Dra-
za de Serbie, plus impardonnable, parce que
commis délibérément avec une apparence de
justice légale et après des avertissements so-
lennels de la part du gouvernement britan-
nique.
Le « Daily Express » écrit : « Les amis de
la Grèce ne seront pas aussi disposés qu'au-
trefois à écouter les récits des horribles atro-
cités commises par les Turcs.Ce meurtre poli-
tique est un acte qui a fait passer un frisson
d'horreur à travers toute l'Europe. »
Le « Morning Post » déclare : « Nous ne
comprenons tpas pourquoi le gouvernement
-britannique interviendrait dans un jugement
qui ne concerne que la Grèce seule. Ce lue
'nous savons, c'est que les hommes qui ont été
atteints par cet arrêt n'étaient ni les amis
de la Grande-Bretagne, ni de la Grèce, pen-
dant la grande guerre, et qu'ils étaient di-
rectement responsables du plus grand des dé-
sastres essuyé par la Grèce depuis des siè-
cles. »
Le « Times » écrit : « Cet acte doit être
fortement condamné, dans l'intérêt de la
Grèce elle-même. Ce n'est pas par une mé-
thode semblable que ce pays pourra effacer
la défaite qu'il a eupie. La rupture des rela-
tions diplomatiques doit être considérée coni-
me une protestation et un sévère avertisse-
ment. » w
L'IMPRESSION EN ALLEMAGNE
Berlin, 29 novembre. — La Zcit écrit :
v L'Angleterre est une fois de plus mise
dans une situation des plus embarrassantes.
Elle essaiera, à la' première occasion, de se
libérer de ses engagements envers la Grèce.
Elle sacrifiera froidement tous les intérêts
économiques à Lausanne. »
Le Berlincr- Tagcblatt, fidèle à sa menta-
lité anti-française prétend, en termes vio-
lents, que si le ministre français à Athè-
nes avait protesté en même temps que le
ministre anglais contre la condamnation à
mort des ministres grecs, l'éxécutdon de
ceux-ci n'aurait pas eu lieu.
Le Lokal Anzeiger déclare que le peuple
grec tout entier est coupable de cet acte de
vengeance. C'est lui qui a approuvé la poli-
tique impérialiste que les ministres assas-
sines ont poursuivie en Asie- Mineure.
rA Lausanne
-
Lausanne, 29 novembre. — Les téie,;ra-in-
mes d'Athènes annonçant l'exécution des an-
ciens ministres ont provoqué une certaine
émotion dans les milieux de la conférence, où
l'on se demandait dans quelle mesure les re-
lations anglo-helléniques seront affectées par
cet événement.
M. Venizelos a refusé d'exprimer aucun
avis à ce sujet. Le bruit de sa démission com-
me représentant de la Grèce à la conférence
Qst. au moins jusqu'à présent, controuvé.
Les turcs s'abstiennent de tout commen-
taire. Ils considèrent que, pour le moment, il
est trop délicat d'exprimer une opinion. Les
Grecs ne disent rien, quoique troublés.
Dans les milieux diplomatiques, on se perd
en conjectures pour savoir si la situation ac-
tuelle de la Grèce contrariera les négocia-
tions de paix et conduira à là démission de
M. Venizelos. 1
RIEN DE CHANGE A LA CONFERENCE
Lausanne, 29 novembre. — La rupture des
relations diplomatiques entre la Grande-Bre-
tagne et la Grèce a posé immédiatement une
grave auestion devant la conférence. On s'est
:demandé si cet événement n'aurait pas, des
aujourd'hui, une répercussion sur le sort de
la conférence de la paix et si lord Curzon
consentirait désormais à siéger autour de la
même table que la délégation hellénique.
Les Grecs se refusent à faire, à ce sujet,
aucune déclaration. M. Venizelos s'est rendu
ce matin, comme si rien ne s'était produit,
a la séance .'de la sous-commission militaire
oui, sous la présidence du général JVeygand
«H avec la collaboration des experts britan-
niques, continue de s'occuper de la démili-
tarisation des îles de l'Egée. Ce fait infir-
me à lui seul la nouvelle qui a couru depuis
hier de la démission de M. Venizelos.
Quant aux Anglais, ils paraissent penser
que la conférence de Lausanne peut se pour-
suivre malgré la rupture des relations diplo-
matiques entre la, Grande-Bretagne et lai
Grèce. Ils font observer que M. Venizelos re-
présente à Lausanne non pas tant le gouver-
nement actuel de la Grèce que la nation au
service de laquelle il s'est mis pour les négo-
ciations de la paix.
M. BENES A LAUSANNE
Lausanne, 29 novembre. — M. Bénès, mi-
nistre des Affaires-étrangères de Tchéco-Slo-
vaquie, arrivé ce matin à Lausanne, a dé-
jeuné avec M. Nintchich, ministre des Af-
faires étrangères de Yougoslavie, et M. Du-
cas, ministre des Affaires étrangères de Rou-
manie.
Au cours d'un entretien avec le corres-
pondant de l'agence Reuter à Lausanne, il
s'est déclaré satisfait.
Interrogé sur le bloc balkanique, M. Bé-
nès a. déclaré :
« C'est une grande chose que les Etats
balkaniques aient un point de vue identique;
c'est un atout excellent pour réussir, mais
bien entendu il né s'ensuit pas que ces Etats
forment une combinaison politique. Je me
réjouis des excellentes relations existantes.
» La Tchécoslovaquie n'a aucun intérêt
direct à la conférence, mais elle désirait se
trouver dans la même position que les au-
tres Etats et être entendue sur les questions
l'intéressant. Je suis sûr que ces dernières
seront réglées comme il est désirable. La
Petite Entente est très solide et, par consé-
quent, rien de défavorable ne peut se pas-
ser dans l'Europe centrale. »
ARRIVEE DE LA DELEGATION RUSSE
Berlin, 29 novembre. — La délégation
russe, conduite par M. Tchitchérine, arrivera
à Berlin demain matin. Elle repartira le eoir
même pour Lausanne. On croit que certaines
personnalités russes, actuellement à Berlin,
notamment M. Krassine, se joindront à la
délégation.
LE FRONT TURCO-RUSSE S'AFFIRME
Lausanne, 29 novembre. — Un incident
s'est produit au cours de la séance de la com-
mission militaire qui s'occupait ce matin de
la démilitarisation des îles de la mer Egée.
Au moment où l'on abordait l'examen du
statut des îles de Tenedos, d'Imbros et de
Samothrace, qui se trouvent à l'entrée des
Dardanelles, les délégués turcs objectèrent
qu'à leur avis il était impossible de discuter
utilement cette question en l'absence, des re-
présentants de la Russie. Ils ajoutèrent qu'ils
ne quitteraient pas la séance au cas où la
sous-commission serait d'un avis différent,
mais qu'ils se verraient dans l'obligation de
garder le silence. C'est ce qu'ils firent d'ail-
leurs au cours de la discussion qui suivit.
- UN COMMUNIQUE OFFICIEL
Lausanne, 29 novembre. - Communiqué
officiel' :
« La commission des questions territoria-
les et militaires a tenu sa septième séance
à 16 heures.
« Le général Weygand a donné lecture
d'un rapport préparé par la sous-commission,
chargée d'étudier la démilitarisation de cer-
taines îles de la mer Egée.
« Une discussion est engagée à ce sujet à
laquelle ont pris part Ismet pacha, M. Cacla-
manos et lord Curzon.
« Les conclusions du rapport ont été adop-
tées. La délégation turque, a formulé des ré-
serves sur certains points. » * i
M. VENIZELOS S'EST-IL RETIRE ? 1
Lausanne, 29 novembre. — Pour la pre-
mière fois, M. Venizelos n'assistait pas à la
réunion plénière de la commission territo-
triale à 16 heures. Il serait imprudent d'en:
tirer conclusion, car M. Caclamanos, chet en
titre de la délégation hellénique, était pré-
sent à la réunion.
On assure qu'aucune allusion n'a été faite
à l'incident d'Athènes.
LA REPONSE DES ALLIES A LA RUSSIE
Lausanne, 29 novembre. — La réponse a
été remise ce soir à la délégation russe, tou-
chant sa demande de participer à tous )ef
travaux de la conférence.
La France, l'Angleterre et l'Italie sont una.
nimes à déclarer qu'elles s'en tiennent à la.
note envoyée par M. Poincaré à la Russie, le
14 novembre, l'invitant à participer aux seuls
débats sur la question des Détroitc.
, .-
Drame de l'adultère
Privas (Ardèche), 29 novembre. —; A En-
treygues, le coiffeur' Eugène Joanny, âgé de
40 ans, ayant acquis la preuve que sa femme
le trompait, lui a tranché la gorge d'un coup
de rasoir et a pris la fuite.
Avant d'accomplir son meurtre, Eugène
Joanny avait ligoté sa belle-sœur pour Kem-
pêcher d'appeler à l'aide et contraignit cette
dernière à assister au drame.
> — - E ———————„„ M.
LE PRIX DU. P AIN
Les consommateurs
ont le dessous
La Commiuion a capitulé devant
les menaces des boulangers *
•
La commission d'évaluation du prix du
pain est enfin arrivée à trouver une solution
Ce n'est uas tout à fait celle que nous atten-
dions. Le remède qu'elle propose peut avoir
du bon, mais aussi du mauvais.
Un barème a été établi, Il fonctionnerait
de la fdçcn suivante : quand le cours de la
farine sera de 100 à 105 francs, le pain sera
4 1 franc le kilo ; quand la farine sera à
1.06 francs, le pain sera à 1 fr. 05 ; la farine
étant de 106 à 112 francs, le pain sera vedll
1 fr. 10.
D'autre part, il convient de noter que dans
l'évaluation du prix de revient du pain, il
fut tenu compte d'un nouveau facteur : les
salaires du patron et de la patronne, établie
h 12 francs le quintal de farine travaillée.
La prime de panification se trouve ainsi por'
tée de 28 fr. 527 à 30 fr. 75.
Nous disions plus haut que ce barème pou-
vait avoir du bon, mais aussi du mauvais. En
effet, les cours de la bourse du commerce ré-
gleront le prix du pain ; or, on sait que ces
cours sont fictifs. Les boulangers ont, le plus
souvent, des marchés passés à un cours Infé-
rieur à celui officiellement pratiqué. Le fait
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