Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-10-19
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 octobre 1922 19 octobre 1922
Description : 1922/10/19 (N18939). 1922/10/19 (N18939).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/03/2013
28 VENDEMIAIRE, AN t'if. — W 18939
Xé ntimlro : QUlaZE CENTIMES 1EUDI 19 OCTOBRE 1922. — IT 18939
Fondateurs (1869) :
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
la 1 fil MIl trrfi Mit
SEOTB * S.-ET-OlOT., S8 9 20 » 10 »
Fkaxcb & colonies.. 41 » 22 » 11 »
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uT RIB UNE LIBRE
* 1
L
l'alliance avec la Russie et la Turquie!!
—————— O.
Au début d'août 1914, un officier de
marine bien placé pour être bien rensei-
gné, nous disait :
« Oui, en face des énormes effectifs al-
lemands, nous manquons d'hommes. Mais
nous allons en avoir : une ligne de paque-
bots va être installée d'Odessa à Marseille,
et de Russie nous recevrons ce qui nous
manque : des hommes, du pétrole, et, si
la guerre se prolonge, du blé. Vous ver-
rez, vous verrez. Nous serons vain-
queurs, et plus vite que ne croient les Bo-
ches! »
Les Dardanelles, alors, n'étaient pas
définitivement fermées. A peine le « Gœ-
ben )) et le « Breslau» avaient-ils bom-
bardé Bône et Philippeville. Nous n'a-
vions pas de croiseurs de bataille de 27
à 28 nœuds pour leur courir après. Mais
nos <( excellents amis les Anglais», en
avaient laissé quatre exprès, en Méditer-
ranée, sous le commandement supérieur
et direct du vice-amiral Milne, qui dispo-
sait, en outre, d'une division de quatre
Croiseurs cuirassés de 23 à 24 nœuds
Commandés en sous-ordre par le contre-
amiral Troubridge, le descendant du se-
cond et du compagnon chéri de Nelson.
Or, le 3 août, à 11 heures du matin, la
petite division allemande de l'amiral Sou-
chon, et une partie de l'escadre anglaise,
r « Invincible )) et l' « Inflexible », croi-
seurs de bataille qu'éclairait le « Wey-
mouth », commandés directement par l'a-
miral Milne, se rencontrèrent en face de
l'îlot de Galite, entre la Tunisie et la Sar-
daigne. Que l'Angleterre eût déclaré la
guerre 24 heures plus tôt, qu'elle eût ac-
cordé à Djemal les deux cuirassés en cons-
truction pour la Turquie et presque ache-
vés, chez Armstrong et Vickers, et le
« Gœben» avec le « Breslau » étaient
ioulés sans rémission; la Turquie eût
laissé ouvertes les Dardanelles, parce que
Djemal, le ministre de la marine, affichait
des sympathies francophiles par hostilité
pour Enver, ami de Liman von Sanders.
M. Paul Cambon a écrit ses angoisses pen-
dant les trois premiers jours d'août.
t «Si l'Angleterre a laissé passer Souchon,
c'est pour ôter le contrôle des Dardanelles
à la Russie; comme elle a déclenché la
révolution russe pour obtenir Constanti-
nople à la paix. Cela, nous ne devons ja-
mais l'oublier. ni les Russes non plus. »
La guerre a duré trois ans de plus : mais
peu importait à l'Angleterre!
K A •
Ce court rappel d'un épisode d'une his-
toire déjà, ancienne n'est pas un hors-
d'oeuvre.
Il éclaire d'un jour très cru, la politi-
que de l' Angleterre en Orient, depuis l'af-
faire des Dardanelles de 1915, jusqu'à
)' affaire des Dardanelles de 1922 : cette
bolitique n'a pas varié.
f L'Angleterre ne veut pas, n'a jamais
Voulu, ne voudra jamais que les Russes
assent les Dardanelles pour accéder à la
éditerranée.
f Les Turcs, opprimés par l'Angleterre,
;'t les Russes dont elle a peur; ses rivaux
depuis 1880 sur la route des Indes, en
^Afghanistan, au Thibet, dans le golfe Per-
sique, s'entendent parfaitement aujour-
d'hui, parce qu'ils sont las des injustices
de l' Angleterre.
■ La France,également inquiète des visées
d'Albion, sentant fléchir le seul appui, je
ne dirai pas européen, mais occidental,
(l'Angleterre n'est pas une puissance eu-
ropéenne), cherche naturellement d'au-
tres alliés plus sûrs : elle a retrouvé la
Turquie et la Russie.
Des rancœurs communes, des intérêts
communs évidents en Méditerranée et ail-
leurs, devaient également amener à la
coalition continentale l'Italie, contre la-
quelle la nouvelle Carthage a dressé la
Grèce, et l'Espagne qui porte à son flanc
l'éternelle blessure de Gibraltar.
Quels mercenaires restera-t-il alors au
conseil des Syssites, à la haute mercante
d'outre-Manche, pour empêcher l'Europe
de respirer et de vivre en paix ? La
Grèce ? Elle a donné sa mesure.
L'Allemagne ? Sans dpute, si l'Allema-
gne était encore le pays agricole au sol
âpre et dur, cultivé par des paysans et
des hobereaux bornés, qu'était la confé-
dération de l'Allemagne du Nord il y a un
demi-siècle.
Mais l'industrie allemande est en pleine
prospérité, la marine marchande alle-
mande possède cinq millions de tonnes
comme en 1914, et ses navires sont plus
neufs et plus modernes. Le commerce al-
lemand, l'industrie allemande, la marine
allemande sont redevenus les concurrents
redoutables qu'ils étaient pour l'Angle-
terre avant le grand conflit. Ballin s'est
suicidé, Rathenau a été assassiné, mais
Stinnes s'est fait armateur et la Hambourg
America renaît de ses cendres.
Stinnes et ses féaux de la grosse indus-
trie, après s'être tournés vers la Russie,
se tournent petit à petit vers la France;
parce que l'Allemagne a besoin d'une
marine puissante « contre l'Angleterre » ;
oui l'Allemagne, à qui l'Angleterre a ôté
sa marine de combat, — comme l'Angle-
terre voudrait bien une armée contre la
France..
«
**
Et si nous pouvons bientôt parler aux
Anglais, en prenant le ton qui convient à
une grande puissance, ce sera grâce à
deux radicaux, qui ont su voir haut et
clair au-dessus du bourbier où Clemen-
caUl avait enlisé notre politique exté-
rieure.
Hier, Franklin-Bouillon nous rendait
l'amitié séculaire de la Turquie.
Aujourd'hui, Herriot s'efforce de nous
apporter l'alliance de la Russie, vieille de
bientôt un demi-iiècle.
Mais il faut faire vite, et avoir aussi
une politique allemande !.
Caton d'ARMORIQUE.
: ) -< ..8-< -
ÉDITORIAL
1..
Les « Malcontents »
J'avoue ne pas très bien
comprendre les raisons des
Français, qui s'opposent
encore à la reprise des rela-
tions avec la Russie. J''ima-
gine qu'ils sont aveuglés
par l'esprit de classe ou de
réaction, sinon atteints d'une anglophx-
lie chronique.
J'admets la déclaration de ce royaliste
intégral et simplet qui se refuse obstiné-
ment à négocier avec les « assassins
du tzar » (bien que le roi d'Italie, à Gê-
nes.).
J'accepte le raisonnement rudimen-
taire de mon conservateur à œillères, qui
en est encore au « couteau entre les
dents », du bon Bonnet.
Mais les autres ? Pourquoi méconnaî-
tre avec cette persistance l'intérêt essen-
tiel, évident de la France, qui commande
le contrepoids russe de l'autre côté de la
Bochie, et qui conseille la présence des
Russes à proximité des Détroits au mo-
ment où les Anglais s'installent à Tcha-
nak. temporairement, comme ils firent
à Gibraltar, à Suez, à Malte, et en quel-
ques autres lieux.
Ah 1 j'oubliais nos fantassins de
Saint-Georges Clemenceau qui nous
donnent une bouffonnerie peu banale.
Les voilà-t-il p.as qui taxent les heureu-
ses négociations de Franklin-BouiUon
et les habiles conversations d'Herriot
« d'entreprises contre la sécurité de la
Nation N. Peste 1 -
Il paraît même que tous « ces touche-
à-tout, tous ces bavards, tous ces ahu-t
ris » — quelle grdce dans le madrigal 1
— s'apprêtent à renverser les alliances,
à renverser les positions politiques dei
l'intérieur, à renverser — c'est renver-
sant 1 — tout ce qui est renversable.
Tudieu 1 quelle fureur comique parce
que les chefs de ce vieux parti radical,
mort, enterré et exécré, sortent de leur
tombé pour servir la France.
C'est un de ces scandales que les « cle-
mencistes » — qui sont orfèvres — en-
tendent dénoncer à la France.
C'est comme j'ai l'honneur de vous le
dire : ces Messieurs de la Censure, du
Cabinet Noir, de la Table d'Ecoute, dé
l'Etat de Siège (qui de toutes les Russies
n'ont retenu que le « Caviar ») se pro-
posent « d'instruire » le pays 1 Ah 1
bah ! Enfin. Ils vont tout dévoiler, tout.
Attention ! Même le Mandel.
Eh ! bien, ça va être du propre 1
Edmond DU MESNIL
— ) .+
fi la Commission des Réparations
La commission des réparations se réunira
vendredi, comme à son habitude, et sera sai-
sie du projet de réforme financière du Reich.
que le gouvernement français a élaboré et au-
quel ses experts mettent en ce moment la
dernière main. Ceux-ci se sont réunis hier
soir au Quai d'Orsay, où ils ont poursuivi
•leurs études. Ce projet prévoit, pour enrayer
la baisse du mark, des mesures beaucoup plus
strictes que celles du projet anglais, car elles
comportent éventuellement des gages et des
sanctions.
¡LIRE EN TROISIEME PAGE :
Au congrès communiste : La victoire de
la tendance Frossàrd-C&cliin. — 48 exclu-
sion
On dit.
—— i.
En Passant
- y:
Le problème capillaire
MM. les coiffeurs et parfumeurs font beau-
coup parler d'eux en ce moment.
Ils ont eu leur semaine, — tout comme Bril-
la t-Savarin, ils auront leur Maison, — tout
comme les journalistes.
(A vrai dire, on ne s'explique pas très bien
l'utilité d'une Maison des coiffeurs. mais si
ça les amuse.)
MM. les coiffeurs ont donc, pendant une se-
maine, dansé, dîné, soupé, bu du Champagne,
prononcé des discours en l'honneur du gé-
nial Marcel. Marcel, comme on le sait, pensa
:e premier à torturer les cheveux des femmes
er. les serrant dans un fer chaud afin de leur
donner un mouvement de vague.
Après avoir dansé, bu et parlé durant une
semaine, MM. les coiffeurs présentèrent, en
un savant discours, une série de femmes (vi-
vantes, pas en cire), surmontées d'imposantes
coiffures : les unes en hauteur, les autres eh
largeur, lisses, ébouriffées, etc.
Les cinq premiers prix couronnèrent des
coiffures grecques.
Le chignon volumineux triomphe. Fini le rè-
gne des cheveux courts et plats. Cette mode
ruinait tout simplement MM. les-coiffeure :
plus d'ondulations, plus de chichis, adieu coif-
feurs!
Devant ce péril, MM. les coiffeurs se sont
rSunia d'urgence; habilement ils ont exploité
le cinquantenaire de Marcel pour bouleverser
les chevelures féminines.
Ces chignons mousseux, en équilibre ins-
table, demanderont la complicité des chichis,
et même des perruques.
Mais, — il y a un mais : la femme moderne
obéit-elle aussi servilement qu'autrefois nos
mères obéissaient à la mode toute-puissante?
A la formule : « C'est ce qui se porte P.
la coquette d'aujourd'hui n'oppose-t-elle pas
le « oui, mais cela c'est bien plus pratique » ?
En vertu de ce principe, elle n'a pas aban-
donné (en dépit des attaques) le sobre tail-
leur pratique, le petit chapeau simple que
l'on met sans même se regarder et qui est tou-
jours seyant.
Quoi qu'en pensent MM. les coiffeurs, le chi-
gnon bas et les cheveux courts n'ont pas dit
leur dernier mot.
La femme moderne, active, sportive,' re-
muante, ne peut plus se coiffer comme nos
mères, qui sortaient peu ou se promenaient
paisiblement.
Le jsiècle de l'auto, de l'avion autorise quel-
ques non-sens, quelques illogismes, mais avant
tout il assure le triomphe du sens pratique.
Ch. Rabbot,
T • •
Aujourd'hui
Imitation.
Le génie des fourreurs éblouit chaque jour
les coquettes. Le lapin, le rat, grâce à un coup
de baguette, deviennent fourrures de luxe.
par conséquent fort coûteuses. Aussi les four-
reurs ont-ils trouvé le moyen d'imiter le rat
et le lapin :
Cette élégante admirait une cape doublée
de lièvre, elle en demanda le prix — il lui
parut fabuleux.
— Mais, lui répondit la vendeuse, c'est du
vrai lièvre, madame, on pourrait copier ce
modèle avec de l'imitation, ça serait bien
moins cher.
Fait-on de la fourrure végétale f
Le rapin.
LES MARÉCHAUX DE FRANCE
contre les ailleurs du Traité de V ersailIes
i
Le maréchal Franchet d'Esperey n'a pas
hésité à dire ce qu'il pensait de l'invraisem-
blable attitude de M. Clemenceau lors de
l'offensive des Balkans en 1918.
Le maréchal Foch a, depuis de longs mois,
donné son opinion sur celui qui nous fit per-
dre la paix. A propos du voyage aux Etats-
Unis de M. Clemenceau, il vient de le renou-
veler au cours d'une interview publiée par
le New-York Tribune. Voici comment s'ex-
prime l'ancien commandant en chef des ar-
mées alliées :
« Clemenceau va là-bas pleurnicher et faire
du sentiment comme un vieillard qu'il est.
« Si je pouvais lui donner un conseil, je
lui dirais :
« - Restez chez vous
fi. Mais il n'a jamais ¡pÿis mon avis.
« Clemenceau me rappelle Guillaume II.
« Guillaume II a perdu la guerre et main-
tenant il essaye, notamment aux Etats-Unis.
de se justifier avec ses Mémoires.
« Clemenceau a -perdu la paix. Son apolo-
gie n'aurait que peu de succès en France. Il
espère en avoir plus aux Etats-Unis,
« Il va sans dire aux Africains : « Vou*
fttes vraiment méchants. Pourquoi n'avez-
« vous pas ratifié mon traité ? »
« Les Américains lui répondront proba-
blement : « Pourquoi nous parlez-vous (IA
« cela ? Nous avons chassé l'administratiop-
« qui l'a signé ? Pourquoi n'êtes-vons pas
« mieux informé de notre véritable opin-ion? »
« Ce voyage est une entreprise de réclame
personnelle. Il est dépourvu de toute utilité
pratique. »
C'est tout de même une opinion qui a sa
valeur. Aussi bien, d'ailleurs, il n'est plus
personne, — en dehors de MM. Tardieu et
Mandel, directement intéressés, — pour oser
défendre encore les auteurs du traité de Ver-
sailles ! v
—-— a -.- ( ————————
UN ACTE DE JUSTICE
On n'a pas oublié le procès du capitaine
Proust, qui accusé de relations avec l'enne-
mi fut, la guerre finie, condamné une pre-
mière fois, puis réhabilité peu après sur la
révélation de son innocence indéniable. Il
semble que, si l'on voulait examiner en dé-
tail la façon dont fut menée la première
instruction et dont fut traité l'inculpé, il y
aurait des surprises suggestives.
Le capitaine Proust, dont l'innocence a
été hautement reconnue doit,' paraît-il, re-
prendre prochainement son service. Ne se-
rait-il pas de simple justice de reconnaître
par des faits cette innocence qui fut mise en
doute ? Pendant tout le cours de la guerre,
alors que ses camarades gagnaient avance-
ment et décorations, sa situation resta sta-
tionnaire. Il semblerait qu'aujourd'hui, la
plus élémentaire équité commanderait qu'on
lui fit rattraper le temps perdu. M. le minis-
tre de la guerre, un geste généreux: une
croix méritée, et un quatrième galon logi-
que, pour cette victime d'une erreur judi-
ciaire.
Nous commençons aujo, hai la publi-
cation d'un nouveau roman
a co\\C\uè\e aU $o\\neut
œuvre de Jacques Fronton, dont nos lecteurs
apprécieront la puissante originalité et la vi-
brante émotion.
POLITIQUE ETRANGERE
Jg
Le Traité de paix avec la Turquie
doit-il être préparé par des experts?
La situation difficile du cabinet britannique
--
7-e Cabinet de Londres a cru devoir pro-
poser aux puissances alliées la réunion à
Londres d'une assemblée d'experts pour pré-
narer la paix orientale La Conférence inter-
nctionalc, qui doit arrêter les bases d'un
Traité, ne suffirait donc pas t Faut-il une
conférence pour préparer une conférence t
Il n'y aurait plus de raison de s'arrêter.
Le gouvernement français n'a pas semblé
touché de la ordce en présence du projet
britannique. Il n'a pas en principe refusé
son adhésion, mais II a laissé deviner la mo-
dération de sen enthousiasme. N'avons-nous
pas eu, lors de la discussion des clauses du
Traité de Sèvres, assez de rapports, assez de
controverses pour que les diplomates com-
pétents de Londres, de Paris et de Rome
n'aient pas, en mains, tous les éléments utiles
à éclairer leur religion f
Si à Londres, on tient essentiellement à
cette étude préalable, la France n'opposçra
pas de veto : mais elle fait savoir aujour-
d'hui qu'une telle initiative lui semble su-
perflue.
*
**
C'est aujourd'hui que doit s'éclairer la st-
tuation anglaise. Conservateurs et unionistes
doivent, en effet, se réunir et décider de leur
attitude vis-à-vis de la politique de M. Lloyd
George. C'est M. Chamberlain qui a provo-
qué la manifestation et qui, une fois de plus,
doit défendre les positions de Dotvnintf
Rireet.
De l'essai de la consultation résulteraient
soit la démission rapide de M. Lloyd George,
soit la dissolution du Parlement et des nou-
velles élections. L'on verra si, oui ou non,
la coalition qui faisait la foi-ce du premier
ministre subsiste. Si elle s effrite, il est peu
probable que M. Lloyd George se décide ù
continuer une bataille dont il aurait déjà
perdu une manche.
R. L.
Démission ou dissolution ?
La situation politique anglaise devient de
plus en plus confuse. M. Chamberlain fait les
plus grands efforts pour rallier à la coalition
la nairti unioniste.
C'est aujourd'hui qu'on saura au cours de la
réunion du Carlton Club s'il y aura une scia-
810 dans la coalition.
Au cas où 11 y aurait scission, M. Lloyd
George a laissé entrevoir, dans un discours
adressé hier aux ministres libéraux, ce qui
se passerait alors. M. Chamberlain et ses
partisans adresseraient Immédiatement leur
démission aux organisateurs du parti unio-
niste, dans le temps même que M. Lloyd Geor-
ge adresserait au roi la démission du minis-
tère. Le roi ne pourrait alors que faire appel
aux conservateurs Indépendants en leur con-
fiant le soin de former le nouveau ministère.
LES DEUX ALTERNATIVES
Le « Morning Pos-t > écrit :
« Si M. Chamberlain perd la partie, jeudi.
la position s'éclaircit de suite, tandis que s'il
atteint son but, il gagnera un avantage tem-
poraire qui pourra être détruit à bref délai,
mais qui, entre temps, pourra faire beaucoup
de mal au parti en général.
« Nous espérons, ajoute ce journal, que M.
Chamberlain reconnaîtra de toute évidence
que le sentiment du pays n'est pas favorable
à la coalition et qu'il se rendra compte que
vouloir l'imposer aux conservateurq serait
causer un grave préjudice au parti. >
LE PROCHAIN DISCOURS
DE M. LLOYD GEORGE
M. Lloyd George se rendra à Leeds ven-
dredi soir et prononcera un discours dans un
cinéma samedi après-midi. Plus tard, dans la
soirée, il recevra le droit de cité qui lui a
été conféré il y a quelque temps.
LA DEMISSION
DE SIR ROBERT SANDERa
EST RETIREE
Sir Robert Sanders, sous-secrétaire d'Etat
à la guerre, a déclaré à une réunion, ce soir.
qu'il avait offert sa démission mais qu'on lui
avait demandé de ne pas donner suite à ce
projet.
Sir Robert Sanders a déclaré Qu'il avait
l'intention de se présenter aux prochaines
élections comme candidat conservateur.
LATIN OU SCIENCES ?,
L'intervention da ministre dans la
querelle des elassiquesetdesmodernes
■ ■■ 11 OOg"
M. Bêrard expose à la Commission parlementaire son projet
de réforme de l'enseignement secondaire
!' <
Les commissions de l'enseignement de la
Chambre et du Sénat ont été saisies'hier du
projet de réforme complet de l'enseignement
secondaire, envisagé par M. Léon Bérard, mi-
nistre de l'instruction publique. M. Léon Bé-
rard a, en effet, adressé aux présidents de
ces commissions une lettre dans laquelle il
expose à fond ses conceptions.
Quelle est la mission propre de l'enseigne-
ment secondaire ?
« Former, écrit le ministre, sans aucune
préoccupation immédiatement utilitaire, des
jeunes gens qui, dans quelque sens qu'ils se
spécialisent plus tard, se distingueront par
leur faculté de s'intéresser ou de s'adapter
avec fruit et aisance aux diverses créations
de l'esprit comme de l'industrie des hom-
mes. »
Après avoir protesté contre « l'antithèse
factice » en laquelle on oppose l'enseignement
pratique et l'éducation humaniste, M. Léon
Bérard expose les modifications qu'il projette
de réaliser dans le programme des études.
LE LATIN
Le ministre prévoit que tous les élèves des
lycées et collèges, de la classe sixième à celle
de troisième incluse, accompliront quatre an-
nées d'études communes, au programme des-
quelles sera inscrit l'enseignement du latin,
les deux dernières années comportant des
éléments de la langue grecque.
La classe de troisième une fois achevée,
alors que leur maturité tant physiologique
qu'intellectuelle nous assurera de leur part un
choix réfléchi, les élèves pourront opter en-
tre :
Une section A, où l'enseignement comprend
l'étude des langues classiques et modernes et
celle des science ;
Un section B, où l'étude plus développée
des langues et littératures modernes -se com-
bine également avec celle des sciences.
La division A ne sera que la suite des étu-
des gréco-latines, commencées en sixème et
poursuivies pendant les quatre années d'en-
seignement commun. Dans la division B, l'é-
tude d'une seconde langue vivante remplace-
ra, avec l'étude de la langue et de la littéra-
ture françaises, les humanités grecques et itir-
tiuea.
LES SCIENCES
Dans les deux sections, la part des scien-
ces (mathématiques et sciences expérimenta-
les) sera double de celle qui leur est actuel-
lement réservée dans les classes de lettres ;
deux heures facultatives d'études complémen-
taires y seront adjointes et l'enseignement
de la physique et de la chimie commencera
dès la classe de seconde.
Dans les classes de cinquième et de qua-
trième, le nombre d'heures consacrées aux
sciences est porté de trois à quatre ; dans
celles de seconde et de première, tous les
élèves suivront quatre heures de cours de
mathématiques, physique et chimie, et pour-
ront recevoir, à titre facultatif, un enseigne-
ment complémentaire de mathématiques de
deux heures. Enfin, dans la classe de mathé-
matiques, la part des sciences est de 14 heu-
res et, en philosophie, de 5 heures, ce qui ne
marque aucune régression sur le régime ac-
tuel, dès lors - que l'on -- proportionne - cette part
au nombre d'heures total, tel qu'il est fixé
après la réduction des horaires.
Le ministre prévoit aussi un nombre d'heu-
res de classe supérieur pour H'enseignemont
des langues vivantes.
LES DIVERS EXAMENS
M. Léon Bérard a jugé nécessaire d'exiger,
au terme de la classe de troisième, un cer-
tificat spécial, dit certificat d'études classi-
ques, portant exclusivement sur le français,
le latin et le grec.
A la différence Ide celui qui existe ac-
tuellement dans le système des cycles de
1902, 11 constituera la sanction obligatoire
des quate premières années d'enseignement,
et nul ne pourra se présenter au bacca-
lauréat s'il n'en justifie. Il convient de re-
marquer que cet examen n'implique pas la
distinction des études en deux stades, ni
une appropriation spéciale des tprogrammes;
11 sera simple, mais probant, et assurera
toute l'égalité possible des mérites. Les
épreuves seront subies, en principe, dans
les lycées et collèges où les élèves lont leurs
études : pour ceux de l'enseignement pri-
vé, au chef-lieu 'du département et dans
des conditions à déterminer.
Admis à la première partie du baccalauréat,
les élèves, à quelque section qu'ils appartien-
nent, choisiront, suivant leurs goûts et leurs
aptitudes, entre la classe de philosophie et la
classe de mathématiques. La philosophie con-
tinuera d'être enseignée en mathématiques et
les sciences en philosophie.
Le baccalauréat aura mêmes sanctions,
quelle qu'en soit la mention.
D'autre part, le ministre annonce une ré-
duction des horaires, l'interdiction des cours
dictés, l'obligation dans la classe de philo-
sophie de suivre un enseignement littéraire,
l'adjonction au programme des classes de phi-
losophie et de mathématiques d'éléments d'ins-
titutions politiques, administratives et judi-
ciaires de la France contemporaine.
PRIMAIRES ET SECONDAIRES
M. Léon Bérard écrit ;
A dater du 1er octobre 1923, je compte
adapter aux classes des divisions préparatoi-
res et élémentaires des lycées et collèges les
programmes de l'enseignement primaire élé-
mentaire. Une telle mesute permettra d'éta-
blir le maximum d'égalité possible pour l'en-
trée dans l'enseignement secondaire et elle
est d'autant plus justifiée que ces program-
mes ont une valeur pédagogique reconnue.
En outre, nul enfant ou adolescent n'en-
trera plus dans un établissement de l'ensei-
gnement secondaire public, quelle que soit la
classe, sans avoir passé un examen très sim-
ple mais suffisant, afin de justifier de ses
capacités initiales.
En outre, nul enfant ou adolescent n'en-
trera plus dans un établissement de l'en-
seignement secondaire public, quelle que
soit la classe, sans avoir passé un examen
tI-àa simale maig suffisant, afin de justifia^
de ses capacités initiales ; cet examen sera
le même pour tous sans concours spécial
'pour les candidats aux bourses qui au,
ront le droit de ee (présenter, dès leur on-
zième année, à la classe de sixième et mê-
me, la part du latin étant encore restreinte
dans celle de cinquième où il leur sera fa-
cile de rejoindre leurs camarades. J'ajoute
qu'afin d'étendre, s'il est possible, cette
mesure, j'instaurerai dans un certain nom-
bre de lycées et de collèges, des classes Ci-
rtes de préparation ; après un examen de
passage spécial, elles permettront aux élè-
ves plus âgés de l'enseignement primaire,
de l'enseignement primaire supérieur et dé
l'enseignement technique d'accéder & l'en-
seignement secondaire dans la classe de
quatrième, classe au delà de laquelle, du
reste, il n'en est pour ainsi dire plus qui
viennent au lycée, ainsi que le prouvent
les statistiques d'une manière irréfutable.'
Le ministre ajoute :
Il ne m'appartient pas d'insister sur le ca-
ractère nettement démocratique d'un certain
nombre de ces innovations, qui me laissent
espérer que les aptitudes seules pourront l'em-
porter désormais sur tout privilège. Si !e re-
proche m'tait adressé de fermer l'enseigne-
ment secondaire à ces adolescente dont les
familles n'obéissent qu'à des considératibiiè
d'amour-propre, je répondrais que de telles
préoccupations n'ont pour effet que de faus-
ser en fin de compte certains jeunes esprits
en leur laissant plus tard l'illusion qu'ils ont
reçu une culture secondaire. Du reste, je me
refuserai toujours à favoriser des prétentions
qui recèlent, en réalité, le mépris de rensei-
gnement primaire supérieur ou de l'enseigne-
ment technique.
Le ministre décide d'ajouter à la liste des
dispenses actuelles pour aa Faculté dee scien-
ces, le brevet supérieur, pour des membres
de l'enseignement public, et le diplôme d'in-
génieur des Arts et Métiers.
POUR LES JEUNES FILLES
M. Léon Bérard a préparé aussi un uuu,
veau plan d'études pour l'enseignement se-
condaire féminin. - Le ministre souhaite que
la discussion des interpellations soit ter*& £ -
née à la Chambre dès que la loi de flupcea
aura été votée.
« Il me semble, en effet préférable, dit-il
en terminant sa lettre, que le débat se trou-
ve clos avant plutôt qu'après la promulgation
des décrets et des arrêtés par lesquels se trou.
vera fixé le nouveau régime de l'enseignement
secondaire. »
* - fj —■
La 4e Conférence internationale du Travail
Genève, 18 octobre. — La 4* conféreDœ
Internationale du travail a été inaugurée ce
matin à Genève, en présence d'une nombreuse
affluence. Une cinquantaine de pays ont en-
voyé des délégations, lesquelles se trouvent
composées conformément au traité de paàx
de deux délégués gouvernementaux, d'un dé-
légué patronal et d'un délégué ouvrier.
Des discours de bienvenue mt été pro-
noncés,
, - -. ( ———————— 1
AU PALAIS-BOURBON
Courtiers marrons
et mercantis
Suite de la discussion du projet de M
sur lu spéculations illicites
Bien que son siège paraisse fait, la Cham-
bre a encore discuté hier après-midi le projet
de loi sur la spéculation illicite, au milieu
d'une confusion, qu'augmenta encore la dou-
ble préoccupation de nos députés, qui, égale-
ment soucieux de ne pas être soupçonnés
de bienveillance pour les grands exécu-
teurs et ne pas mécontenter la masse des
petits commerçants, leur insufflent tour à
tour la même ardeur pour la liberté corn*
merciale et pour la répression.
Les discours succèdent aux discours,
quelques-uns intéressants, la plupart super-
flus; et bien que trois jours seulement noua
séparent du terme fatal, personne Âè
semble pressé dn finir. C'est à peine si
on parvint hier à voter le passage à la dift*
cussion des articles.
Tj-A. seaitce
- t
Public restreint; et au début de la séance,
peu de députés. M. Puech fait avec son
talent d'avocat clair et précis, la critique
de la jurisprudence dans l'atpplioation de
l'article 10; il indique qu'un abus en en-
gendrant un autre, des agences se sont éta-
blies, qui incitent les acquéreurs de fonds
de commerce à leur confier le soin de pour-
suivre leurs vendeurs pour bénéfices illi-
cites.
- « Ce sont ceux-là qu'on devrait pour-
suivre » s'écrie M. Levassenr, et comme M.
Colrat reconnaît que ces actes sont immo-
raux et délictueux, le distingué .député de
Paris ajoute « que l'on devrait aussi recher-
cher quels sont les avocats qui se mettent
à la remorque des hommes d'affaires.
L'orateur critique ensuite rétrospective-
ment l'ancien texte que la commission a
retiré, et défend fort bien le sien, qu'elle ac-
cepte. Il conclut, en demandant à la Cham-
bre « de rendre à l'industrie et au commerce
la pleine liberté de leurs mouvements. »
Intervention de M. Levasseur
M. Arthur Levasseur fait en suite des
déclarations fort bien écoutées et très ap-
plaudies. « Il estime nécessaire de voter un
texte qui débarrasse enfin le commerce des
entraves établies et des angoisses suscitées
par la loi de 1916. Il n'aperçoit pas d'ailleurs
aue cette loi ait amené d'heureux résultats.
Xé ntimlro : QUlaZE CENTIMES 1EUDI 19 OCTOBRE 1922. — IT 18939
Fondateurs (1869) :
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
la 1 fil MIl trrfi Mit
SEOTB * S.-ET-OlOT., S8 9 20 » 10 »
Fkaxcb & colonies.. 41 » 22 » 11 »
NTJtANGtR. 49 » 25 » 13 »
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Rédacteur en chef:
RAYMOND LANGE
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ON S'ABONNE SANS FRAIS DANS
TOUS LES BUREAUX DE POSTE
REDACTION 4 ADMINISTRATION :
S8, bou.leva.rd de Strasbourg, IP-A-IRXS-SS!*
Directeur : EDMOND DU MESNIL
TÉLÉPHONES :
Rédaction et AdmMstratiOB : Nord 24-90. 24-91. — Aorès 10 hems de soir : Roautte UM
uT RIB UNE LIBRE
* 1
L
l'alliance avec la Russie et la Turquie!!
—————— O.
Au début d'août 1914, un officier de
marine bien placé pour être bien rensei-
gné, nous disait :
« Oui, en face des énormes effectifs al-
lemands, nous manquons d'hommes. Mais
nous allons en avoir : une ligne de paque-
bots va être installée d'Odessa à Marseille,
et de Russie nous recevrons ce qui nous
manque : des hommes, du pétrole, et, si
la guerre se prolonge, du blé. Vous ver-
rez, vous verrez. Nous serons vain-
queurs, et plus vite que ne croient les Bo-
ches! »
Les Dardanelles, alors, n'étaient pas
définitivement fermées. A peine le « Gœ-
ben )) et le « Breslau» avaient-ils bom-
bardé Bône et Philippeville. Nous n'a-
vions pas de croiseurs de bataille de 27
à 28 nœuds pour leur courir après. Mais
nos <( excellents amis les Anglais», en
avaient laissé quatre exprès, en Méditer-
ranée, sous le commandement supérieur
et direct du vice-amiral Milne, qui dispo-
sait, en outre, d'une division de quatre
Croiseurs cuirassés de 23 à 24 nœuds
Commandés en sous-ordre par le contre-
amiral Troubridge, le descendant du se-
cond et du compagnon chéri de Nelson.
Or, le 3 août, à 11 heures du matin, la
petite division allemande de l'amiral Sou-
chon, et une partie de l'escadre anglaise,
r « Invincible )) et l' « Inflexible », croi-
seurs de bataille qu'éclairait le « Wey-
mouth », commandés directement par l'a-
miral Milne, se rencontrèrent en face de
l'îlot de Galite, entre la Tunisie et la Sar-
daigne. Que l'Angleterre eût déclaré la
guerre 24 heures plus tôt, qu'elle eût ac-
cordé à Djemal les deux cuirassés en cons-
truction pour la Turquie et presque ache-
vés, chez Armstrong et Vickers, et le
« Gœben» avec le « Breslau » étaient
ioulés sans rémission; la Turquie eût
laissé ouvertes les Dardanelles, parce que
Djemal, le ministre de la marine, affichait
des sympathies francophiles par hostilité
pour Enver, ami de Liman von Sanders.
M. Paul Cambon a écrit ses angoisses pen-
dant les trois premiers jours d'août.
t «Si l'Angleterre a laissé passer Souchon,
c'est pour ôter le contrôle des Dardanelles
à la Russie; comme elle a déclenché la
révolution russe pour obtenir Constanti-
nople à la paix. Cela, nous ne devons ja-
mais l'oublier. ni les Russes non plus. »
La guerre a duré trois ans de plus : mais
peu importait à l'Angleterre!
K A •
Ce court rappel d'un épisode d'une his-
toire déjà, ancienne n'est pas un hors-
d'oeuvre.
Il éclaire d'un jour très cru, la politi-
que de l' Angleterre en Orient, depuis l'af-
faire des Dardanelles de 1915, jusqu'à
)' affaire des Dardanelles de 1922 : cette
bolitique n'a pas varié.
f L'Angleterre ne veut pas, n'a jamais
Voulu, ne voudra jamais que les Russes
assent les Dardanelles pour accéder à la
éditerranée.
f Les Turcs, opprimés par l'Angleterre,
;'t les Russes dont elle a peur; ses rivaux
depuis 1880 sur la route des Indes, en
^Afghanistan, au Thibet, dans le golfe Per-
sique, s'entendent parfaitement aujour-
d'hui, parce qu'ils sont las des injustices
de l' Angleterre.
■ La France,également inquiète des visées
d'Albion, sentant fléchir le seul appui, je
ne dirai pas européen, mais occidental,
(l'Angleterre n'est pas une puissance eu-
ropéenne), cherche naturellement d'au-
tres alliés plus sûrs : elle a retrouvé la
Turquie et la Russie.
Des rancœurs communes, des intérêts
communs évidents en Méditerranée et ail-
leurs, devaient également amener à la
coalition continentale l'Italie, contre la-
quelle la nouvelle Carthage a dressé la
Grèce, et l'Espagne qui porte à son flanc
l'éternelle blessure de Gibraltar.
Quels mercenaires restera-t-il alors au
conseil des Syssites, à la haute mercante
d'outre-Manche, pour empêcher l'Europe
de respirer et de vivre en paix ? La
Grèce ? Elle a donné sa mesure.
L'Allemagne ? Sans dpute, si l'Allema-
gne était encore le pays agricole au sol
âpre et dur, cultivé par des paysans et
des hobereaux bornés, qu'était la confé-
dération de l'Allemagne du Nord il y a un
demi-siècle.
Mais l'industrie allemande est en pleine
prospérité, la marine marchande alle-
mande possède cinq millions de tonnes
comme en 1914, et ses navires sont plus
neufs et plus modernes. Le commerce al-
lemand, l'industrie allemande, la marine
allemande sont redevenus les concurrents
redoutables qu'ils étaient pour l'Angle-
terre avant le grand conflit. Ballin s'est
suicidé, Rathenau a été assassiné, mais
Stinnes s'est fait armateur et la Hambourg
America renaît de ses cendres.
Stinnes et ses féaux de la grosse indus-
trie, après s'être tournés vers la Russie,
se tournent petit à petit vers la France;
parce que l'Allemagne a besoin d'une
marine puissante « contre l'Angleterre » ;
oui l'Allemagne, à qui l'Angleterre a ôté
sa marine de combat, — comme l'Angle-
terre voudrait bien une armée contre la
France..
«
**
Et si nous pouvons bientôt parler aux
Anglais, en prenant le ton qui convient à
une grande puissance, ce sera grâce à
deux radicaux, qui ont su voir haut et
clair au-dessus du bourbier où Clemen-
caUl avait enlisé notre politique exté-
rieure.
Hier, Franklin-Bouillon nous rendait
l'amitié séculaire de la Turquie.
Aujourd'hui, Herriot s'efforce de nous
apporter l'alliance de la Russie, vieille de
bientôt un demi-iiècle.
Mais il faut faire vite, et avoir aussi
une politique allemande !.
Caton d'ARMORIQUE.
: ) -< ..8-< -
ÉDITORIAL
1..
Les « Malcontents »
J'avoue ne pas très bien
comprendre les raisons des
Français, qui s'opposent
encore à la reprise des rela-
tions avec la Russie. J''ima-
gine qu'ils sont aveuglés
par l'esprit de classe ou de
réaction, sinon atteints d'une anglophx-
lie chronique.
J'admets la déclaration de ce royaliste
intégral et simplet qui se refuse obstiné-
ment à négocier avec les « assassins
du tzar » (bien que le roi d'Italie, à Gê-
nes.).
J'accepte le raisonnement rudimen-
taire de mon conservateur à œillères, qui
en est encore au « couteau entre les
dents », du bon Bonnet.
Mais les autres ? Pourquoi méconnaî-
tre avec cette persistance l'intérêt essen-
tiel, évident de la France, qui commande
le contrepoids russe de l'autre côté de la
Bochie, et qui conseille la présence des
Russes à proximité des Détroits au mo-
ment où les Anglais s'installent à Tcha-
nak. temporairement, comme ils firent
à Gibraltar, à Suez, à Malte, et en quel-
ques autres lieux.
Ah 1 j'oubliais nos fantassins de
Saint-Georges Clemenceau qui nous
donnent une bouffonnerie peu banale.
Les voilà-t-il p.as qui taxent les heureu-
ses négociations de Franklin-BouiUon
et les habiles conversations d'Herriot
« d'entreprises contre la sécurité de la
Nation N. Peste 1 -
Il paraît même que tous « ces touche-
à-tout, tous ces bavards, tous ces ahu-t
ris » — quelle grdce dans le madrigal 1
— s'apprêtent à renverser les alliances,
à renverser les positions politiques dei
l'intérieur, à renverser — c'est renver-
sant 1 — tout ce qui est renversable.
Tudieu 1 quelle fureur comique parce
que les chefs de ce vieux parti radical,
mort, enterré et exécré, sortent de leur
tombé pour servir la France.
C'est un de ces scandales que les « cle-
mencistes » — qui sont orfèvres — en-
tendent dénoncer à la France.
C'est comme j'ai l'honneur de vous le
dire : ces Messieurs de la Censure, du
Cabinet Noir, de la Table d'Ecoute, dé
l'Etat de Siège (qui de toutes les Russies
n'ont retenu que le « Caviar ») se pro-
posent « d'instruire » le pays 1 Ah 1
bah ! Enfin. Ils vont tout dévoiler, tout.
Attention ! Même le Mandel.
Eh ! bien, ça va être du propre 1
Edmond DU MESNIL
— ) .+
fi la Commission des Réparations
La commission des réparations se réunira
vendredi, comme à son habitude, et sera sai-
sie du projet de réforme financière du Reich.
que le gouvernement français a élaboré et au-
quel ses experts mettent en ce moment la
dernière main. Ceux-ci se sont réunis hier
soir au Quai d'Orsay, où ils ont poursuivi
•leurs études. Ce projet prévoit, pour enrayer
la baisse du mark, des mesures beaucoup plus
strictes que celles du projet anglais, car elles
comportent éventuellement des gages et des
sanctions.
¡LIRE EN TROISIEME PAGE :
Au congrès communiste : La victoire de
la tendance Frossàrd-C&cliin. — 48 exclu-
sion
On dit.
—— i.
En Passant
- y:
Le problème capillaire
MM. les coiffeurs et parfumeurs font beau-
coup parler d'eux en ce moment.
Ils ont eu leur semaine, — tout comme Bril-
la t-Savarin, ils auront leur Maison, — tout
comme les journalistes.
(A vrai dire, on ne s'explique pas très bien
l'utilité d'une Maison des coiffeurs. mais si
ça les amuse.)
MM. les coiffeurs ont donc, pendant une se-
maine, dansé, dîné, soupé, bu du Champagne,
prononcé des discours en l'honneur du gé-
nial Marcel. Marcel, comme on le sait, pensa
:e premier à torturer les cheveux des femmes
er. les serrant dans un fer chaud afin de leur
donner un mouvement de vague.
Après avoir dansé, bu et parlé durant une
semaine, MM. les coiffeurs présentèrent, en
un savant discours, une série de femmes (vi-
vantes, pas en cire), surmontées d'imposantes
coiffures : les unes en hauteur, les autres eh
largeur, lisses, ébouriffées, etc.
Les cinq premiers prix couronnèrent des
coiffures grecques.
Le chignon volumineux triomphe. Fini le rè-
gne des cheveux courts et plats. Cette mode
ruinait tout simplement MM. les-coiffeure :
plus d'ondulations, plus de chichis, adieu coif-
feurs!
Devant ce péril, MM. les coiffeurs se sont
rSunia d'urgence; habilement ils ont exploité
le cinquantenaire de Marcel pour bouleverser
les chevelures féminines.
Ces chignons mousseux, en équilibre ins-
table, demanderont la complicité des chichis,
et même des perruques.
Mais, — il y a un mais : la femme moderne
obéit-elle aussi servilement qu'autrefois nos
mères obéissaient à la mode toute-puissante?
A la formule : « C'est ce qui se porte P.
la coquette d'aujourd'hui n'oppose-t-elle pas
le « oui, mais cela c'est bien plus pratique » ?
En vertu de ce principe, elle n'a pas aban-
donné (en dépit des attaques) le sobre tail-
leur pratique, le petit chapeau simple que
l'on met sans même se regarder et qui est tou-
jours seyant.
Quoi qu'en pensent MM. les coiffeurs, le chi-
gnon bas et les cheveux courts n'ont pas dit
leur dernier mot.
La femme moderne, active, sportive,' re-
muante, ne peut plus se coiffer comme nos
mères, qui sortaient peu ou se promenaient
paisiblement.
Le jsiècle de l'auto, de l'avion autorise quel-
ques non-sens, quelques illogismes, mais avant
tout il assure le triomphe du sens pratique.
Ch. Rabbot,
T • •
Aujourd'hui
Imitation.
Le génie des fourreurs éblouit chaque jour
les coquettes. Le lapin, le rat, grâce à un coup
de baguette, deviennent fourrures de luxe.
par conséquent fort coûteuses. Aussi les four-
reurs ont-ils trouvé le moyen d'imiter le rat
et le lapin :
Cette élégante admirait une cape doublée
de lièvre, elle en demanda le prix — il lui
parut fabuleux.
— Mais, lui répondit la vendeuse, c'est du
vrai lièvre, madame, on pourrait copier ce
modèle avec de l'imitation, ça serait bien
moins cher.
Fait-on de la fourrure végétale f
Le rapin.
LES MARÉCHAUX DE FRANCE
contre les ailleurs du Traité de V ersailIes
i
Le maréchal Franchet d'Esperey n'a pas
hésité à dire ce qu'il pensait de l'invraisem-
blable attitude de M. Clemenceau lors de
l'offensive des Balkans en 1918.
Le maréchal Foch a, depuis de longs mois,
donné son opinion sur celui qui nous fit per-
dre la paix. A propos du voyage aux Etats-
Unis de M. Clemenceau, il vient de le renou-
veler au cours d'une interview publiée par
le New-York Tribune. Voici comment s'ex-
prime l'ancien commandant en chef des ar-
mées alliées :
« Clemenceau va là-bas pleurnicher et faire
du sentiment comme un vieillard qu'il est.
« Si je pouvais lui donner un conseil, je
lui dirais :
« - Restez chez vous
fi. Mais il n'a jamais ¡pÿis mon avis.
« Clemenceau me rappelle Guillaume II.
« Guillaume II a perdu la guerre et main-
tenant il essaye, notamment aux Etats-Unis.
de se justifier avec ses Mémoires.
« Clemenceau a -perdu la paix. Son apolo-
gie n'aurait que peu de succès en France. Il
espère en avoir plus aux Etats-Unis,
« Il va sans dire aux Africains : « Vou*
fttes vraiment méchants. Pourquoi n'avez-
« vous pas ratifié mon traité ? »
« Les Américains lui répondront proba-
blement : « Pourquoi nous parlez-vous (IA
« cela ? Nous avons chassé l'administratiop-
« qui l'a signé ? Pourquoi n'êtes-vons pas
« mieux informé de notre véritable opin-ion? »
« Ce voyage est une entreprise de réclame
personnelle. Il est dépourvu de toute utilité
pratique. »
C'est tout de même une opinion qui a sa
valeur. Aussi bien, d'ailleurs, il n'est plus
personne, — en dehors de MM. Tardieu et
Mandel, directement intéressés, — pour oser
défendre encore les auteurs du traité de Ver-
sailles ! v
—-— a -.- ( ————————
UN ACTE DE JUSTICE
On n'a pas oublié le procès du capitaine
Proust, qui accusé de relations avec l'enne-
mi fut, la guerre finie, condamné une pre-
mière fois, puis réhabilité peu après sur la
révélation de son innocence indéniable. Il
semble que, si l'on voulait examiner en dé-
tail la façon dont fut menée la première
instruction et dont fut traité l'inculpé, il y
aurait des surprises suggestives.
Le capitaine Proust, dont l'innocence a
été hautement reconnue doit,' paraît-il, re-
prendre prochainement son service. Ne se-
rait-il pas de simple justice de reconnaître
par des faits cette innocence qui fut mise en
doute ? Pendant tout le cours de la guerre,
alors que ses camarades gagnaient avance-
ment et décorations, sa situation resta sta-
tionnaire. Il semblerait qu'aujourd'hui, la
plus élémentaire équité commanderait qu'on
lui fit rattraper le temps perdu. M. le minis-
tre de la guerre, un geste généreux: une
croix méritée, et un quatrième galon logi-
que, pour cette victime d'une erreur judi-
ciaire.
Nous commençons aujo, hai la publi-
cation d'un nouveau roman
a co\\C\uè\e aU $o\\neut
œuvre de Jacques Fronton, dont nos lecteurs
apprécieront la puissante originalité et la vi-
brante émotion.
POLITIQUE ETRANGERE
Jg
Le Traité de paix avec la Turquie
doit-il être préparé par des experts?
La situation difficile du cabinet britannique
--
7-e Cabinet de Londres a cru devoir pro-
poser aux puissances alliées la réunion à
Londres d'une assemblée d'experts pour pré-
narer la paix orientale La Conférence inter-
nctionalc, qui doit arrêter les bases d'un
Traité, ne suffirait donc pas t Faut-il une
conférence pour préparer une conférence t
Il n'y aurait plus de raison de s'arrêter.
Le gouvernement français n'a pas semblé
touché de la ordce en présence du projet
britannique. Il n'a pas en principe refusé
son adhésion, mais II a laissé deviner la mo-
dération de sen enthousiasme. N'avons-nous
pas eu, lors de la discussion des clauses du
Traité de Sèvres, assez de rapports, assez de
controverses pour que les diplomates com-
pétents de Londres, de Paris et de Rome
n'aient pas, en mains, tous les éléments utiles
à éclairer leur religion f
Si à Londres, on tient essentiellement à
cette étude préalable, la France n'opposçra
pas de veto : mais elle fait savoir aujour-
d'hui qu'une telle initiative lui semble su-
perflue.
*
**
C'est aujourd'hui que doit s'éclairer la st-
tuation anglaise. Conservateurs et unionistes
doivent, en effet, se réunir et décider de leur
attitude vis-à-vis de la politique de M. Lloyd
George. C'est M. Chamberlain qui a provo-
qué la manifestation et qui, une fois de plus,
doit défendre les positions de Dotvnintf
Rireet.
De l'essai de la consultation résulteraient
soit la démission rapide de M. Lloyd George,
soit la dissolution du Parlement et des nou-
velles élections. L'on verra si, oui ou non,
la coalition qui faisait la foi-ce du premier
ministre subsiste. Si elle s effrite, il est peu
probable que M. Lloyd George se décide ù
continuer une bataille dont il aurait déjà
perdu une manche.
R. L.
Démission ou dissolution ?
La situation politique anglaise devient de
plus en plus confuse. M. Chamberlain fait les
plus grands efforts pour rallier à la coalition
la nairti unioniste.
C'est aujourd'hui qu'on saura au cours de la
réunion du Carlton Club s'il y aura une scia-
810 dans la coalition.
Au cas où 11 y aurait scission, M. Lloyd
George a laissé entrevoir, dans un discours
adressé hier aux ministres libéraux, ce qui
se passerait alors. M. Chamberlain et ses
partisans adresseraient Immédiatement leur
démission aux organisateurs du parti unio-
niste, dans le temps même que M. Lloyd Geor-
ge adresserait au roi la démission du minis-
tère. Le roi ne pourrait alors que faire appel
aux conservateurs Indépendants en leur con-
fiant le soin de former le nouveau ministère.
LES DEUX ALTERNATIVES
Le « Morning Pos-t > écrit :
« Si M. Chamberlain perd la partie, jeudi.
la position s'éclaircit de suite, tandis que s'il
atteint son but, il gagnera un avantage tem-
poraire qui pourra être détruit à bref délai,
mais qui, entre temps, pourra faire beaucoup
de mal au parti en général.
« Nous espérons, ajoute ce journal, que M.
Chamberlain reconnaîtra de toute évidence
que le sentiment du pays n'est pas favorable
à la coalition et qu'il se rendra compte que
vouloir l'imposer aux conservateurq serait
causer un grave préjudice au parti. >
LE PROCHAIN DISCOURS
DE M. LLOYD GEORGE
M. Lloyd George se rendra à Leeds ven-
dredi soir et prononcera un discours dans un
cinéma samedi après-midi. Plus tard, dans la
soirée, il recevra le droit de cité qui lui a
été conféré il y a quelque temps.
LA DEMISSION
DE SIR ROBERT SANDERa
EST RETIREE
Sir Robert Sanders, sous-secrétaire d'Etat
à la guerre, a déclaré à une réunion, ce soir.
qu'il avait offert sa démission mais qu'on lui
avait demandé de ne pas donner suite à ce
projet.
Sir Robert Sanders a déclaré Qu'il avait
l'intention de se présenter aux prochaines
élections comme candidat conservateur.
LATIN OU SCIENCES ?,
L'intervention da ministre dans la
querelle des elassiquesetdesmodernes
■ ■■ 11 OOg"
M. Bêrard expose à la Commission parlementaire son projet
de réforme de l'enseignement secondaire
!' <
Les commissions de l'enseignement de la
Chambre et du Sénat ont été saisies'hier du
projet de réforme complet de l'enseignement
secondaire, envisagé par M. Léon Bérard, mi-
nistre de l'instruction publique. M. Léon Bé-
rard a, en effet, adressé aux présidents de
ces commissions une lettre dans laquelle il
expose à fond ses conceptions.
Quelle est la mission propre de l'enseigne-
ment secondaire ?
« Former, écrit le ministre, sans aucune
préoccupation immédiatement utilitaire, des
jeunes gens qui, dans quelque sens qu'ils se
spécialisent plus tard, se distingueront par
leur faculté de s'intéresser ou de s'adapter
avec fruit et aisance aux diverses créations
de l'esprit comme de l'industrie des hom-
mes. »
Après avoir protesté contre « l'antithèse
factice » en laquelle on oppose l'enseignement
pratique et l'éducation humaniste, M. Léon
Bérard expose les modifications qu'il projette
de réaliser dans le programme des études.
LE LATIN
Le ministre prévoit que tous les élèves des
lycées et collèges, de la classe sixième à celle
de troisième incluse, accompliront quatre an-
nées d'études communes, au programme des-
quelles sera inscrit l'enseignement du latin,
les deux dernières années comportant des
éléments de la langue grecque.
La classe de troisième une fois achevée,
alors que leur maturité tant physiologique
qu'intellectuelle nous assurera de leur part un
choix réfléchi, les élèves pourront opter en-
tre :
Une section A, où l'enseignement comprend
l'étude des langues classiques et modernes et
celle des science ;
Un section B, où l'étude plus développée
des langues et littératures modernes -se com-
bine également avec celle des sciences.
La division A ne sera que la suite des étu-
des gréco-latines, commencées en sixème et
poursuivies pendant les quatre années d'en-
seignement commun. Dans la division B, l'é-
tude d'une seconde langue vivante remplace-
ra, avec l'étude de la langue et de la littéra-
ture françaises, les humanités grecques et itir-
tiuea.
LES SCIENCES
Dans les deux sections, la part des scien-
ces (mathématiques et sciences expérimenta-
les) sera double de celle qui leur est actuel-
lement réservée dans les classes de lettres ;
deux heures facultatives d'études complémen-
taires y seront adjointes et l'enseignement
de la physique et de la chimie commencera
dès la classe de seconde.
Dans les classes de cinquième et de qua-
trième, le nombre d'heures consacrées aux
sciences est porté de trois à quatre ; dans
celles de seconde et de première, tous les
élèves suivront quatre heures de cours de
mathématiques, physique et chimie, et pour-
ront recevoir, à titre facultatif, un enseigne-
ment complémentaire de mathématiques de
deux heures. Enfin, dans la classe de mathé-
matiques, la part des sciences est de 14 heu-
res et, en philosophie, de 5 heures, ce qui ne
marque aucune régression sur le régime ac-
tuel, dès lors - que l'on -- proportionne - cette part
au nombre d'heures total, tel qu'il est fixé
après la réduction des horaires.
Le ministre prévoit aussi un nombre d'heu-
res de classe supérieur pour H'enseignemont
des langues vivantes.
LES DIVERS EXAMENS
M. Léon Bérard a jugé nécessaire d'exiger,
au terme de la classe de troisième, un cer-
tificat spécial, dit certificat d'études classi-
ques, portant exclusivement sur le français,
le latin et le grec.
A la différence Ide celui qui existe ac-
tuellement dans le système des cycles de
1902, 11 constituera la sanction obligatoire
des quate premières années d'enseignement,
et nul ne pourra se présenter au bacca-
lauréat s'il n'en justifie. Il convient de re-
marquer que cet examen n'implique pas la
distinction des études en deux stades, ni
une appropriation spéciale des tprogrammes;
11 sera simple, mais probant, et assurera
toute l'égalité possible des mérites. Les
épreuves seront subies, en principe, dans
les lycées et collèges où les élèves lont leurs
études : pour ceux de l'enseignement pri-
vé, au chef-lieu 'du département et dans
des conditions à déterminer.
Admis à la première partie du baccalauréat,
les élèves, à quelque section qu'ils appartien-
nent, choisiront, suivant leurs goûts et leurs
aptitudes, entre la classe de philosophie et la
classe de mathématiques. La philosophie con-
tinuera d'être enseignée en mathématiques et
les sciences en philosophie.
Le baccalauréat aura mêmes sanctions,
quelle qu'en soit la mention.
D'autre part, le ministre annonce une ré-
duction des horaires, l'interdiction des cours
dictés, l'obligation dans la classe de philo-
sophie de suivre un enseignement littéraire,
l'adjonction au programme des classes de phi-
losophie et de mathématiques d'éléments d'ins-
titutions politiques, administratives et judi-
ciaires de la France contemporaine.
PRIMAIRES ET SECONDAIRES
M. Léon Bérard écrit ;
A dater du 1er octobre 1923, je compte
adapter aux classes des divisions préparatoi-
res et élémentaires des lycées et collèges les
programmes de l'enseignement primaire élé-
mentaire. Une telle mesute permettra d'éta-
blir le maximum d'égalité possible pour l'en-
trée dans l'enseignement secondaire et elle
est d'autant plus justifiée que ces program-
mes ont une valeur pédagogique reconnue.
En outre, nul enfant ou adolescent n'en-
trera plus dans un établissement de l'ensei-
gnement secondaire public, quelle que soit la
classe, sans avoir passé un examen très sim-
ple mais suffisant, afin de justifier de ses
capacités initiales.
En outre, nul enfant ou adolescent n'en-
trera plus dans un établissement de l'en-
seignement secondaire public, quelle que
soit la classe, sans avoir passé un examen
tI-àa simale maig suffisant, afin de justifia^
de ses capacités initiales ; cet examen sera
le même pour tous sans concours spécial
'pour les candidats aux bourses qui au,
ront le droit de ee (présenter, dès leur on-
zième année, à la classe de sixième et mê-
me, la part du latin étant encore restreinte
dans celle de cinquième où il leur sera fa-
cile de rejoindre leurs camarades. J'ajoute
qu'afin d'étendre, s'il est possible, cette
mesure, j'instaurerai dans un certain nom-
bre de lycées et de collèges, des classes Ci-
rtes de préparation ; après un examen de
passage spécial, elles permettront aux élè-
ves plus âgés de l'enseignement primaire,
de l'enseignement primaire supérieur et dé
l'enseignement technique d'accéder & l'en-
seignement secondaire dans la classe de
quatrième, classe au delà de laquelle, du
reste, il n'en est pour ainsi dire plus qui
viennent au lycée, ainsi que le prouvent
les statistiques d'une manière irréfutable.'
Le ministre ajoute :
Il ne m'appartient pas d'insister sur le ca-
ractère nettement démocratique d'un certain
nombre de ces innovations, qui me laissent
espérer que les aptitudes seules pourront l'em-
porter désormais sur tout privilège. Si !e re-
proche m'tait adressé de fermer l'enseigne-
ment secondaire à ces adolescente dont les
familles n'obéissent qu'à des considératibiiè
d'amour-propre, je répondrais que de telles
préoccupations n'ont pour effet que de faus-
ser en fin de compte certains jeunes esprits
en leur laissant plus tard l'illusion qu'ils ont
reçu une culture secondaire. Du reste, je me
refuserai toujours à favoriser des prétentions
qui recèlent, en réalité, le mépris de rensei-
gnement primaire supérieur ou de l'enseigne-
ment technique.
Le ministre décide d'ajouter à la liste des
dispenses actuelles pour aa Faculté dee scien-
ces, le brevet supérieur, pour des membres
de l'enseignement public, et le diplôme d'in-
génieur des Arts et Métiers.
POUR LES JEUNES FILLES
M. Léon Bérard a préparé aussi un uuu,
veau plan d'études pour l'enseignement se-
condaire féminin. - Le ministre souhaite que
la discussion des interpellations soit ter*& £ -
née à la Chambre dès que la loi de flupcea
aura été votée.
« Il me semble, en effet préférable, dit-il
en terminant sa lettre, que le débat se trou-
ve clos avant plutôt qu'après la promulgation
des décrets et des arrêtés par lesquels se trou.
vera fixé le nouveau régime de l'enseignement
secondaire. »
* - fj —■
La 4e Conférence internationale du Travail
Genève, 18 octobre. — La 4* conféreDœ
Internationale du travail a été inaugurée ce
matin à Genève, en présence d'une nombreuse
affluence. Une cinquantaine de pays ont en-
voyé des délégations, lesquelles se trouvent
composées conformément au traité de paàx
de deux délégués gouvernementaux, d'un dé-
légué patronal et d'un délégué ouvrier.
Des discours de bienvenue mt été pro-
noncés,
, - -. ( ———————— 1
AU PALAIS-BOURBON
Courtiers marrons
et mercantis
Suite de la discussion du projet de M
sur lu spéculations illicites
Bien que son siège paraisse fait, la Cham-
bre a encore discuté hier après-midi le projet
de loi sur la spéculation illicite, au milieu
d'une confusion, qu'augmenta encore la dou-
ble préoccupation de nos députés, qui, égale-
ment soucieux de ne pas être soupçonnés
de bienveillance pour les grands exécu-
teurs et ne pas mécontenter la masse des
petits commerçants, leur insufflent tour à
tour la même ardeur pour la liberté corn*
merciale et pour la répression.
Les discours succèdent aux discours,
quelques-uns intéressants, la plupart super-
flus; et bien que trois jours seulement noua
séparent du terme fatal, personne Âè
semble pressé dn finir. C'est à peine si
on parvint hier à voter le passage à la dift*
cussion des articles.
Tj-A. seaitce
- t
Public restreint; et au début de la séance,
peu de députés. M. Puech fait avec son
talent d'avocat clair et précis, la critique
de la jurisprudence dans l'atpplioation de
l'article 10; il indique qu'un abus en en-
gendrant un autre, des agences se sont éta-
blies, qui incitent les acquéreurs de fonds
de commerce à leur confier le soin de pour-
suivre leurs vendeurs pour bénéfices illi-
cites.
- « Ce sont ceux-là qu'on devrait pour-
suivre » s'écrie M. Levassenr, et comme M.
Colrat reconnaît que ces actes sont immo-
raux et délictueux, le distingué .député de
Paris ajoute « que l'on devrait aussi recher-
cher quels sont les avocats qui se mettent
à la remorque des hommes d'affaires.
L'orateur critique ensuite rétrospective-
ment l'ancien texte que la commission a
retiré, et défend fort bien le sien, qu'elle ac-
cepte. Il conclut, en demandant à la Cham-
bre « de rendre à l'industrie et au commerce
la pleine liberté de leurs mouvements. »
Intervention de M. Levasseur
M. Arthur Levasseur fait en suite des
déclarations fort bien écoutées et très ap-
plaudies. « Il estime nécessaire de voter un
texte qui débarrasse enfin le commerce des
entraves établies et des angoisses suscitées
par la loi de 1916. Il n'aperçoit pas d'ailleurs
aue cette loi ait amené d'heureux résultats.
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