Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-08-31
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 août 1922 31 août 1922
Description : 1922/08/31 (N18890). 1922/08/31 (N18890).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/03/2013
13 RtTCTIDOR" AN. 130. — N° 18890
c
Le numéro 1 QUINZE CENTIMES
JEUDI 31 AOUT 1922. — W 18890
Fondateurs (1869) s
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE'
ABONNEMENTS tu "b frah mi*
SEINE a S..E:T..()ISJ:.:- 'as - 1 20 » 10 »
FRANCE & Colories.., 41 > 22 > 11 »
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au Directeur
* a< î
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RAYMOND LANGE
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Directeur : EDMOND DU MESNIL
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Rédaction et Administration : Nord 24-90, 24-91. — Après 10 heures dn soir: Roquette 84-93
Partant pour la Russie
Que de mystère déjà n'a-t-on fait au-
tour de cette mission, comme au temps
où le général des Jésuites s'efforçait de
négocier la paix du pays au bord des
lacs helvétiques, mystère superflu et ai-
sément dangereux.
Ce qu'entend faire M. Herriot — il
a pris soin de le déclarer lui-même -
c'est une œuvre utile au grand jour pour
le rapprochement des deux peuples et
pour la paix du monde.
Après avoir vu tant de négociateurs
improvisés, si totalement incompétents
ou complètement discrédités, s'essayer à
des tâches d'ailleurs sensiblement diffé-
rentes, nous sera-t-il permis de dire qu'il
n'est guère d'homme plus qualifié que
le maire de Lyon, pour entreprendre,
sous sa responsabilité, non comme délé-
gué du gouvernement, de tout son ro-
buste optimisme enfin, une œuvre aussi
difficile. Qualifié, est-il besoin de le rap-
peler, par ses titres d'intellectuel, d'un
prestige toujours sans égal au regard des
Soviets, d'homme politique parfaitement
désintéressé et d'ancien Président de
l'Association « France-Russie )).
Quelles conditions paraissent indispen-
sables pour qu'un missionnaire de cet
ordre puisse entreprendre de nouvelles
négociations — après tant d'échecs -
avec des chances de succès ?
Elles sont de deux sortes. Il lui faut
d'abord réunir une documentation sé-
rieuse, puisée aux meilleures sources :
rien ne lui sera plus aisé.
Il lui faudra en second lieu, entrer en,
relations, en Russie, avec les éléments
allemands qui y sont établis. La lecture
de la presse allemande, les renseigne-
ments directement reçus de Berlin et de
Munich donnant à cet égard des indica-
tions, parfaitement concordantes.
-- Beaucoup d'Allemands — et parmi les
plus influents — souhaiteraient entre-
prendre la restauration économique de
la Russie, en collaboration avec des
Français. A l'appui de cette suggestion,
il convient de considérer que 10.000 étu-
diants sont actuellement inscrits à Mu-
nich, dont 4.000 à l'Ecole Polytechnique.
La plupart y vivent dans les conditions
les plus précaires, à seule fin de réaliser
leur idéal de « Hochschulbildung )).
Que les autres centres d'études supérieu-
res suivent cet exemple, et l'Allemagne
possédera dans peu d'années, une armée
de techniciens que, sauf accord avec
nous, elle répandra seule en Russie pour
satisfaire son but de « Drang nach Os-
ten ».
Il est donc nécessaire que la formule
possible d'action commune soit recher-
chée, non dans des entrevues officielles,
mais dans des entretiens privés, animés
d'un esprit de conciliation qui ne peut
naître que d'une certaine familiarité.
D'où l'obligation d'amorcer ces entretiens
au passage, dès Berlin, pour les pour-
suivre ensuite dans l'ambiance russe, et
en particulier avec des Allemands fixés à
Moscou.
C'est seulement après un tel travail pré-
paratoire poursuivi à Berlin et à Moscou,
,que pourra être établi un programme con-
cret, d'accord avec les Soviets, disposés,
nous assure-t-on, à accepter tout projet
« honnêtement » conçu pour le salut de
la Russie.
Quel en pourrait être l'objet ? Quel
genre d'accord pourrait être ainsi pro-
posé ?
Ici, il faut faire le départ entre les né-
cessités d'ordre industriel et celles d'or-
dre agricole. Le seul examen des statis-
tiques d'avant-guerre, montre combien il
est nécessaire de donner l'avance aux
secondes sur les premières. Outre que
l'agriculture occupe 120 millions de pay-
sans, l'immense majorité de la population
russe, il importe de rappeler que la Rus-
sie exportait annuellement, avant 1914.
pour quatre milliards de francs de pro-
duits agricoles, contre un milliard' 400
millions seulement de matières premières,
et 13 fois plus de blé notamment que de
pétrole. On ne s'en est peut-être pas suf-
fisamment souvenu à Gênes. Toujours
est-il qUe la demande de concessions de
terrains; pour exploitations agricoles, ap-
paraîtrait à l'heure actuelle infiniment
préférable à la demande de concessions
pétro; fère:; ou de minerais métalliques,
tels que le manganèse ou le platine., im-
médiatement monnayables.
Créer des centres de travaux agricoles,
dans le voisinage d'anciens centres in-
dustriels, permettrait en outre de prépa-
rer rationnellement la remise en activité
de ces derniers, en leur assurant la
main-d'œuvre et le ravitaillement qui
leur seront nécessaires.
Les immenses propriétés de l'Etat rus-
se dans le Midi et dans le Caucase sont
les plus indiquées pour tenter de telles
expériences. Les modalités L de conces-
sions elles-mêmes seraient aisées à déter-
miner : elles pourraient s'étendre sur une
durée de 30 ans, avec droit de rachat au
bout de 15 ans. v W
Le capital nécessaire pour la mise en
exploitation des terrains concédés, puis
des entreprises industrielles abandonnées
comprendrait, par exemple, 1/10 d'ac-
tions et 9/10 d'obligations portant inté-
rêt de 6 0/0 garanti par le gouverne-
ment des Soviets. A celui-ci, qui serait te-
nu d'assurer la liberté du travail et la
protection des ouvriers, reviendrait, ou-
tre un droit de contrôle sur les exploita-
tions, une redevance en nature de 20 0/0
sur toutes les récoltes. Dans le cas où
il s'opposerait à l'exportation du surplus
des produits obtenus, les besoins de l'ex-
ploitation même étant assurés, il devrait
mettre à la disposition des concessionnai-
res, d'autres produits exportables pour
une valeur équivalente.
De tels projets, croyons-nous, pour-
raient servir de base pour l'élaboration
définitive de contrats-types à soumettre
à l'agrément de ^la Commission technique
des Soviets.
Puisse M. Herriot les faire agréer et
réaliser.
P.-Rene CHAVAGNES,
'--- -
EDITORIAL
Le devoir des Alliés
en Orient
1
- Il y avait longtemps que
nous n'avions pas de com-
muniqué guerrier ! Grecs
et TUTCS sb chargent de
combler cette lacune.
Depuis des mois, la paix
devrait être rétablie en Orient. L'inertie
préméditée de certains de nos alliés re-
tarda tant el si bien la conférence pré-
vue que les Turcs n'ont pas eu la pa-
tience d'attendre le bon plaisir des gou-
vërnemenis européens.
Comment leur en vouloir ? L'orgueil-
leux et pâle Constantin, se voyant déjà,
dans une crise de mégalomanie, empe-
reur de Byzance avait, il y a quelques
semaines, soulevé les justes inquiétudes
des Turcs. A vec une audace qui eût mé-
rité d'être vertement corrigée, il avait
bravé les alliés, escomptant leur mésen-
tente et leurs tergiversations pour ten-
ter de hisser sur Saint-Sophie le dra-
peau hellénique. Une énergique protes-
tation franco-italienne, doublée de
quelques timides observations anglaises
avaient, sur la voie triomphale, arrêté le
roitelet félon.
Mais la leçon ne fut pas vaine pour
les Turcs. Il y a cinq mois, Lord Cur-
zon leur avait promis l'évacuation de
l'Asie-Mineure. Depuis, la Grèce faisait
la sourde oreille et l'on sentait le gou-
vernement britannique l'encourager
dans la coulisse. Lassés de tant de mau-
vaise foi, les Turcs ont compris qu'on
n'est jamais si bien servi que par soi-
même : ils ont agi-
Dure'leçon pour les alliés, dont la
tdche, cependant, ne doit pas être inter-
rompue. Car c'est à eux, 'coupables jus-
qu'ici de trop d'indifférence, qu'incombe
aujourd'hui le devoir de rétablir cette
paix qu'ils semblent avoir tout fait pour
laisser rompre.
Il faut que la 'conférence qui établira
le statut définitif de l'Orient se réunisse
au plus tôl. La France, d'ailleurs, n'a
jamais cessé de le demander. L'A ngle-
terre, à la cruelle leçon des événements,
se doit de se montrer moins aveugle.
Car il ne s'agit même plus aujour-
d'hui de soutenir tel ou tel des partis
en présence : il s'agit d'arrêter de stu-
pides effusions de sang et d'inutiles 'sa-
crifices de vies. C'est une œuvre d'hu-
rnanité. Les alliés ne peuvent s'y déro-
ber..,
v Raymond LANGE.
■ > < -
jLa vie chère en Allemagne
Berlin, 30 août. - A la commission d'éco-
nomie politique du Reichstag, le ministre de
l'Alimentation et de l'Agriculture. M. Fehr, a
déclaré que les approvisionnements en grains
pour un certain temps s<~ assurés, mais
qu'en raison de la dépréciation du mark, le
prix du pain serait sensiblement augmenté à
partir du 1" octobre. Toute obstruction orga-
nisée aux livraisons des céréales à faire par
l'agriculture à l'Etat sera sévèrement répri-
mée. mais il convient de remarquer que pour
ces livraisons, les agriculteurs obtiennent des
prix suffisants.
'La récolte des céréales sera médiocre, par
contre, celle des nommes de terre sera bonne.
On dit
En Passant
*
Fatalité !
L'équipage du cuirassé France s'est vu féli-
citer par M. Raiberti, ministre de la marlnell
pour avoir heurté une tête de roche inconnue
à l'entrée de la baie de Quiberon.
Personne ne doute du courage et du sangfl
froid de nos marins, mais peut-être est-il per-
mis de s'étonner de cette distribution d'éloges
et de compliments avant la plus légère enquê-
te sur cet accident qui eût pu se terminer par
une épouvantable catastrophe. ,
M. Raiberti n'a trouvé qu'une rwfp&nsablo
en cette affaire : La Fatalité.
A vrai dire, cette explication ne nous satis-
fait guère.
La FataHté n'est presque toujours qu'une
excuse partielle. et puis vraiment c'est bientôt
dit.
Désormais inutile -de chercher une explica-
tion aux accidents de chemins de fer.
Deux trains se rencontrent ; « ils se sont
justement trouvés sur" même ligne, c'est la
fatalité ! » dira M. le Troeqûer.
Nous avons des dettes vis-a-vis des Anglais ;
— « mais les Allemands ne nous ont rien pay,
c'est une fatalité », dira M. Poincaré à M.
Lloyd Georg et il ne sera plus question d'ar-
gent entre la Grande-Bretagne et nous.
Et ainsi, dans les mêmes détails de la vie,
tout peut être mis au compte de la fatalité.
— Votre femme est infidèle, « elle a rencontré
quelqu'un qui lui plaît plus que vous, c'est
une fatalité, mon cher monsieur. »
La femme de chambre a cassé le service de
Sèvres auquel vous tenez tant. Fatalité.
Vous sortez sans parapluie et recevez un dé-
luge sur le dos. Fatalité.
Une automobile vous renverse ? C'est sans
doute que vous vous trouviez sur sa route au
moment précis où elle passait. Fatalité, fata-
lité, vous dis-je.
Cependant, pour en revenir' à. la perte du
cuirassé France, nous aimerions savoir si au-
cune faute de service n'a été commise, et sur-
tout si nos cartes de balisage (qui, paraît-il,
datent de 1S96 et n'ont point été remaniées de-
puis cette époque) né pourraient pas être sé-
rieusement révisées par les méthodes nouvel-
les infiniment plus précises que les méthodes
anciennes ?
M. Raiberti, tout en reconnaissant que ce
travail est nécessaire, déclare qu'on a manqué
d'argent pour le faire jusqu'à présent.
C'est donc toujours la même chose.
Il a fallu l'accident du tunnel des Bati-
gnoles pour décider de le supprimer ; il a fallu
l'accident du France pour décider d'étudier sé-
rieusement ces fameuses cartes.
Quand comprendra-t-on que la méthode pré-
ventive est en toute chose la meilleure et la
moins coûteuse.
La fatalité, elle-même, quoi qu'en pense M.
Raiberti, ne lui Résiste que rarement.
Ch. RABETT.
Aujourd'hui
La grève des mains
Parmi le grèves. gnantes, il faut souli.
gner celle. des manucures, car les manucti-
res, elles aussi ont reçu l'ordre de grève,
ainsi conçu :
Ouvriers coiffeurs syndiqués et non syn-
diqués, posticheuses, manucures : tous au-
jourd'hui, à 2 heures, rue de la Grange-aux-
Belles, 33, pour discuter sur la situation et
sur les mesures à pre?d'l'e à la suite des évé-
nements du Havre. — Chauvin, Doyen.
Avouons que nombreux furent les Pari-
siens qui s'amusèrent de cette nouvelle au
lieu de s'en alarmer.
Pour les collectionneurs
A Londres, dernièrement, l'encrier de Louis
XVI a été mis en vente.
La première offre n'a été que de deux gui-
nées (un peu plus de deux livres), mais les
collectionneurs veillaient. L'encrier fut adjugé
your la coauette somme de 138 livres.
Le Tas in.
SANGLANTE TRAGEDIE -
mmmmmmmmmmm *+
Un boucher amoureux
tue sa patronne
Il se suicide ensuite
Un drame s'est déroulé hier matin, au n°
59 de l'Avenue de la Grande-Armée. A cette
adresse est installée la boucherie du Rond-
Point, où, depuis deux ans, sont installés M. J.
Meynàrd, âgé de 40 ans, et sa femme, 32 ans,
mère d'une charmante fillette de 12 ans.
M. Meynard occupait plusieurs employés,
dont un nommé Marcel Blot, chef-commis. Ce-
lui-ci était devenu amoureux de sa patronne
qui, d'ailleurs, avait repoussé toutes ses avan-
ces. Il en conçut un vif ressentiment qu'il
traduisit, à plusieurs reprises, par des mena-
ces tragiques. « Elle sera mienne. ou je la
tuerai », avait dit Marcel Blot à ses compa-
gnons de travail. Le boucher amoureux devait
tenir parole.
Le drame
Hier matin, peu après cinq heures, comme
M. Meynard venait de quitter son domicile
pour aller, selon sa coutume, procéder à ses
achats aux Halles, Marcel Blot pénétra à l'im-
proviste dans la chambre où reposait encore
sa jeune patronne.
Que se passa-t-il exactement ? On ne le
sait. Sans doute, l'amoureux transi essuya-
t-il de l'infortunée mais fidèle bouchère une
nouvelle rebuffade, toujours est-il que bien-
tôt cinq détonations retentissaient, semant
l'émoi dans tout l'immeuble.
De toutes parts, voisins et employés ac-
coururent, trop tard, hélas ! Sur son lit,
Mme Meynard gisait, râlant, la tête trouée
de deux balles et, en dépit des soins immédia-
tement prodigués, ne tardait pas à rendre
le dernier soupir. Quant à son meurtrier, son
coup fait, il s'était logé une balle dans la
tempe droite. La mort avait, pour lui, été
instantanée.
Les corps du meurtrier et de sa victime
ont été transportés à la Morgue aux fins
d'autopsie.
—-—
La bonne propagande
0 La meilleure propagande est celle qu'on ne
fait pas soi-même.
; Une délégation .de l'American Legion est
venue, comme l'an -dernier, faire en France
une tournée de souvenir. Mais certains de
ses membres ont voulu pousser plus loin leur
enquête et s'en furent jus-qu'en Allemagne.
Ils arrivèrent à Munich, précisément le jour
de la visite du feld-maréchal Hindenburg. Et
ils furent immédiatement fixés par les Alle-
mands eux-mêmes sur la valeur du pacifisme
germanioue.
L'un d'eux, et non des moindres, le colonel
Harry, M. Ayers, propriétaire de cinq jour-
nau& dans le Sud-Est des Etats-Unis était hier
de passage à Paris, et racontait ce qui suit :
« Avec plusieurs camarades, nous avons
poussé une pointe en Allemagne et nous som-
mes arrivés à Munich le jour où toute la Ba-
vière impérialiste y recevait le maréchal Hin-
denburg. Nous avons vu dang les rues, de
nos yeux vu, des officiers bavarois interpel-
ler hommes ou femmes, leur demandant :
« Etes-vous pour Wallenstein — parti répu-
blicain — ou Hindenburg — parti du kai-
ser ? » Neuf femmes ayant répondu : c Wal-
lens-tein » furent assommées, jetées à terre
par les brutes et, ô comble d'horreur ! un
enfant fut lancé par-dessus un mur.
Et le colonel Ayers ajouta :
« Nous sommes allés en Allemagne portant
dans notre cœur la France pour une propor-
tion de 100 0/0 ; nous sommes revenus avec
une proportion dépassant 200 0/0 et nous af-
firmons que tous les efforts de la Légion, au
retour en Amérique, tendront à faire com-
prendre que la vieille amitié qui date de la
Révolution et qui s'est affermie au cours de
la grande guerre, doit rester indéfectible dans
l'avenir. *
Voilà la meilleure façon de faire connaître
la vraie France, et aussi la vraie Allemagne,
LA GUERRE EN ORIENT
Le Front grec percé en trois endroits
Les troupes de Constantin reculent de 70 Kilomètres
Le repli effectué par l'armée grecque, à la
suite de la prise d'Afloun-Karahissar par les
Turcs, atteint 60 kilomètres.
Une vive agitation règne à Athènes où la
presse attaque violemment les chefs de l'ar-
mée, auxquels elle reproche leur impré-
voyance.
L'AVANCE DES KEMALISTES
On mande d'Angora que les derniers ren-
seignements du front confirment le commen-
cement du mouvement général dans tout le
secteur. Le mouvement commencé dans le
secteur du Menderès continue. Les troupes
turques avancent dans- les directions de Bol-
ladan et d'Imir-Keuv.
Dans le secteur d'Afloun-Karahissar, les
Grecs ont dû quitter cette ville aprè& une at-
taque désespérée. Une division grecque qui
se trouvait dans cette ville est presque anéan-
tie. Les Turcs ont occupé Sinan-Pacha et
continuent à avancer dans la direction de
Tchiflik-Keui. 41
Secteur d'Eski-Cheir : à la suite du mouve-
ment commencé dans le secteur d'Ismidt, le3
Grecs ont essayé de prononcer une violente
contre-attaque dans ce secteur. Après avoir
laissé un très grand nombre de morts et de
blessés, ils se sont retirés devant la ville
d'Eski-Cheir, poursuivis par les. avant-gardes
turques.
Secteur d'Ismidt : les colonnes volantes
turques viennent d'occuper la ville de Bile-
djik et continuent leur avance dans la di-
rection d'Ineghueul. Les visites de Yarhissar
et Vizir-Keupru sont occupées par les Turcs-.
Ainsi, le front grec est coupé dans trois
secteurs.
LA GRECE ENVOIE DES RENFORTS
Athènes, 29 août. — Le roi est venu aujour-
d'hui à Athènes.
Il a. conféré avec M. Counaris et avec le
ministre de la Guerre sur la situation.
Le conseil des ministres a tenu à midi une
longue réunion.
Il a décidé le départ immédiat pour Smyr-
ne de MM. Stratoa et Théotokis. pour confé-
rer avec le général Hadjiannesti et étudier
sur place la situation et les mesures à pren-
dre.
Des troupes qui avaient été envoyées en
Thrace sont ramenées d'urgence en Anatolie.
L'OPINION ANGLAISE EST EMUE
Londres, 30 août. — La « Westminster Ga-
zette >, estime que les intérêts de l'Angle-
terre sont gravement engagés dans la reprise
de la lutte entre les Grecs, et les Turcs. Ce
journal reconnaît que, dans les négociations
avec la Turquie, la Grande-Bretagne a agi
avec une étroitesse de vue et une intransi-
geance.qui ont étonné tous ses alliés-.
De son côté, le « Daily Express ». attribue
la reprise des hostilités en Orient au carac-
tère vacillant de la politique britannique et
à l'impossibilité où se trouve l'Angleterre de
s'accorder avec la France.
Pour le « Morning Post » également, l'of-
fensive turque est la réponse du gouverne-
ment d'Angora à la froide réception qui a été
réservée à Londres à Fetliy bey, et au der-
nier discours que M. Lloyd George a pronon-
cé à la Chambre des Communes sur la ques-
tion du Proche-Orient au cours duquel le
premier ministre, contrairement à l'accord
de mars dernier entre les Alliés, a déclaré
que la souveraineté turque ne pouvait plus
être rétablie à Smyrne.
Le « Morning Post * reproche vivement
à M. Lloyd George de n'avoir pas- conclu un
accord dans le Proche-Orient aussitôt après
l'armistice et, par-dessus tout, d'avoir provo-
qué une fissure fatale dans l'Entente, fissure
qui a obligé la France à se tourner vers An-
gora, tandis que l'Angleterre se tournait vers
Athènes. V
LA PRISE D'ESKI-CHEIR
Adana, 30 août. — On mande d'Angora
que la ville d'Eski-Cheir aurait été occu-
pée par la cavalerie turque, après une ba-
taille acharnée.
L'avance turque continue dans tous les
secteurs.
L'avance maxima atteint 70 kilomètres.
POLITIQUE ETRANGERE
-- - :,,,,,,-. -.
lies délégués allemands sont entendus
par la Commission des Réparations
Au nom du Reich, M. Schrosder demande la suspension
des paiements en espèces. — Il fait diverses propositions
au sujet des prestations en charbon et en bois
——————— g ——————— ,
L'arthcle 234 du traité de Versailles pré-
voit qu'avant toute décision de la commis-
sion des réparations, l'Allemagne peut, si
elle le désire, faire entendre sa voix.
C'est en conformité de cette décision que
le cabinet de Berlin désigna pour le repré-
senter, M. Schrœder, secrétaire d'Etat au
ministère des affaires étrangères. L'audi-
tion de M. Schrœder, qu'assistaient M. Fis-
cher, président, et MM. Meyer et von (Esten,
membres de la Kriegslatenkommission, a
ccn iEencé hier matin. Elle a continué l'a-
près-midi.
La commission des réparations siégeait
tout entière sous la présidenice de M. Louis
Dubois. Non seulement les délégués et les
délégués adjoints de la France, de la Gran-
de-Bretagne, de l'Italie et de la Belgique
étaient présents, ainsi que le délégué adjoint
des Etats-Unis qui siège à titre officieux,
mais le délégué japonais et le délégué yougo-
slave assistaient à l'a séamee comme asses-
seurs.
De 10 h. 30 à midi et demi, M. Schrœder a
fait d'abord un exiposé général de la situa-
tion de l'Allemagne, qui, d'après lui, exige
une longue suspension des payements en es-
pèces, rendus impassibles par l'effondrement
du mark tombé à 1/400 de sa valeur ; puis,
ccmmie l'avaient annoncé des dépêches de
Berlin, il a présenté les deux propositions
dlont le chancelier Wirth avait déjà saisi sir
John Bradbury et M. Mautilère lors de leur
récEmte mission auprès du gouvernement du
Reich.
La première de ces propositions comporte
îa constitution, dans une ville du territoire
occupé, d'un dépôt dé 50 millions de marks
or provenant die l'encaisse de la Reichsbank,
destiné à garantir l'exécution des presta-
tions en charbon et en bois ; tout manque-
ment donnerait lieu là un prélèvement cor-
respondant sur ce dépôt qui devrait être
'toujours maintenu au chiffre de 50 millions.
La seconde proposition est relative à a a
création de contrats ipar lesiquels les gros
prcducteurs allematnds de jclhairbon, et de
bois, engageant leur signature commerciale,
se reconnaîtraient responsables des presta-
tions pour ces deux matières premières jus-
qu'au 31 décembre ,1923.
,- LA SEANCE DE L'APRES-MIDI
Dans la séance de l'après-midi, la Commis-
sion des réparations a entendu, de 16 h. 30
à 17 h. 30, la suite de l'exposé de M. Schrœ-
der.
Après l'audition du sous-secrétaire d'Etat
aux finances, la Commission des réparations
a décidé de se réunir ce matin.
Dès que sera terminée l'audition des repré-
sentants de l'Allemagne, la commission des
réparations ouvrira la délibération sur les
questions suivantes : Un moratoire pour ses
versements en espèces -doit-il être refusé ou
accordé à l'Allemagne ? /S'il' est accordé,
poir quelie durée le sera-t-il, et moyennant
quels gages ?
Il ne paraît pas possible que la décision
intervienne avant jeudi matin.
Rappelons qu'elle sera rendue par les pre-
miers délégués de la France, de la Grande-
Bretagne, de ntalie et de la Belgique, le
vote du président, qui est le délégué fran-
çais, étant prépondérant en cas de partage
égal des voix.
BERLIN ENVOIE DES EXPERTS
Le « Courrier de la Bourse > annonce que
des représentants des industries allemandes
des mines et des bois sont partis hier pour
Paris, pour se mettre à la disposition de
l'Allemagne à titre d'experts.
L'OPTIMISME ALLEMAND
Berlin, 30 août. - Les encouragements
discrets de Lord d'Albegrnon, les déclarations
pour le moins 'prématurées de Sir John Brad-
bury, n'ont fait que fortifier l'optimisme que
l'on constate depuis .deux jours dans les mi-
lieux poîitiques berlinois. On reste persuadé
que les dernières offres de; Mo Wirth relati-
ves aux livraisons en charbon et en bois ont
été retenues aiar la Commission des répara-
tions. On estime que l'octroi du moratoire
est chose faite et que la (France sera obligée
de reculer pour ne pas être isolée. On va mê-
me plus loin et l'on envisage comme possible
sinon probable la démission de M Poîncaré.
UNE POLITIQUE D'ENTENTE
Dans Je « Tageblatt », l'industriel- M. 'Ar-
nold Reichberg traite la question de la parti-
cipation de la France et ,de l'Angleterre dans
l'industrie aW'emande. Il déclare que la po-
litique suivie jusiqu'ici par la France impose
au 'peuple français des charges qu'il ne peut
supporter et que cette politique doit être
transformée en une politique d'amitié abso-
lue avec l'Allemagne de telle manière que la
restauration de ce fpays puisse être envisagée
sans crainte .par la France gui pounra même
l'encourager. ,
M. Reichberg revie-nt au projet qu'il avait
préparé il y a trois ans déjà, préconisant une
cession par la grosse industrie allemande de
30 0/0 du jcapital aux créanciers principaux
de l'Allemagne : la France et l'Angleterre.
L'industrie allemande devrait augmenter
dans cette proportion son capital1 actions.
M. Reichberg considère que cete partici-
pation franco-anglaise pourrait assurer l'exis-
tence de l'industrie .allemande en la proté-
geant contre des mesures de violence là l'ave-
nir. De même, l'opposition anglaise contre
les (propositions exposées à Londres par M.
Poîncaré disparaîtrait par suite dela partici-
pation aiglaise. 1
r il —»
L'alliance anglo-française
doit être maintenue
Londres, 30 août. — Le Times déclara Que
tes plus grands et les plus durables intérêts
communs à la France et à l'Angleterre rési-
dent dans la sécurité de la paix.
« Si notre peuple se rend moins bien comp-
te que le peuple français que cette sécuritô
est basée sur la certitude d'être réciproque
en cas de besoin, cela tient à ce que notr
neuple n'a pas. de par sa position géographi-
que, le souvenir des invasions dont la France
a. tant souffert. Mais, aujourd'hui, l'isolement
serait presque aussi dangereux pour nous que
pour notre voisine. »
Le Times remarque que l'Angleterre n'a
Jamais pu et ne peut pas se désintéresser dea
affaires d'Europe, et que la seule alliance qut
peut lui conserver ce qu'elle a gagné et la
mettre à même de jouer son rôle traditionnsA
de partisan et de défenseur d'une politique
juste et modérée en Europe, est une alliance
avec la France.
Le Daily Chronicle rappelle qu'en ce Qttl
concerne les réparations, les points de vue
français et anglais ne diffèrent pas quant
aux fins, mais quant aux moyens.
Ce journal ajoute qu'il se peut que la si-
tuation en face de laquelle doit se trouver
aujourd'hui l'Allemagne se révèle comme étant
une situation de vie ou de mort et si ses
représentants se rendent compte de ce fait,
non seulement ils pourront faire, mais ils
feront des offres qui empêcheront les suspi-
cions de la France. Une partie de l'inquiétude
de celle-ci a déjà été calmée par la proposi-
tion que les livraisons de charbon et de bols
devront être garanties par les (principales
industries allemandes.
Le Daily Chronicle reconnaît que le meil-
leur moyen de mettre un terme à l'infiation
fiduciaire en Allemagne est un emprunt inte"
national en faveur de ce pays, mais cet em-
prunt nécessiterait encore un certain con-
trôle international.
« L'Allemagne elle-même, conclut ce jour-
nal, peut faire des propositions qui rassure-
raient tous ses créditeurs. a.
La note allemande
Au cours de la séance d'hier matin à Parir
par la Commission des réparations, le' fonde
de pouvoirs allemand, le secrétaire d'Etat
Schrœder, a remis la déclaration suivante :
c La Commission des réparations a laissé
au gouvernement allemand le soin de faire
encore une déclaration orale avant qu'elle ne
prenne une décision. Le gouvernement alle-
mand a volontiers profité de cette occasion
et il mia envoyé ici dans ce but. Je serai bref.
Par les recherches que Je comité des garan-
ties a faites à Berliii et par les informations
qui ont été recueillies de nouveau par -des
membres de la Commission des réparations
à Berlin, la Commission des réparations a été
renseignée exactement sur la situation de
l'Allemagne.
J'aimerais à revenir sur les négociations
que le ministre Hermès a menées ici en mai.
On trouva à ce moment-là, une solution dans
une situation difficile :
1° Pour l'assainissement de la situation ln.
térieure économique du Reich ;
2o Pour la surveillance des finances alle-
mandes par la Commission des réparations.
Les exigences que la Commission 415 Ré-
parations a formulées pour l'assainissement
de la situation économique du Reich étaient
avant tout que la dette flottante devait-rester
réduite à son état au 31 mars de cete année
en y comptant les sommes qui sont eMpIbyées
pour les payements des devises en se basant
sur le traité de Versailles. L'assainissement
devait d'abord être .balancé par un emprunt
intérieur. Le Gouvernement allemand : a. ac-
cepté cela en supposant qu'il lui serait ac-
cordé dans un délai rapproché, un emprunt
extérieur suffisant.
LIRE LA SUITE EN DERNIERE HEURE
——————-——— ) -.- ( ——————————.
APRES LE CHOMAGE v
- -..r..!"
Les facteurs grévistes
seront déférés
au Conseil de discipline
La situation des grèves dn Havre
A la suite des incidents qui se sont produits
mardi, à la recette principale, rue du LoIafte,
dans les circonstances que nous avons rela-
tées, M. Paul Laffont, sous-secrétaire d'Etat
des postes et des télégraphes, a pris une me-
sure provisoire de suspension contre une quin-
zaine de facteurs d'imprimés qui se sont li-
vrés à des actes individuels d'entrave à la
liberté du travail.
Cette décision est intervenue en l'attente
des mesures définitives que prendra le sous-
secrétaire d'Etat, après avis du conseil de
discipline des P.T.T. *
Les autres grévistes ont été autorisés à
réintégrer leurs postes, sous réserve des sanc-
tions qui pourraient être prises à leur égard.
Le bilan des arrestations
Voici le bilan des arrestations opérées dans
la soirée d'hier : 9 pour entraves à la liberté
du travail ; 8 pour coups et blessures ; 1 pour
port d'emblème et cris séditieux ; "2 pour
outrages aux agents ; 1 pour port d'arme
prohibée, soit, en tout, avec les arrestations
opérées dans la matinée d'hier. 45 individus
envoyés au dépôt.
Parmi eux figurent : Louis Grosjean, élec-
tricien, âgé de 27 ans, demeurant 4. rue Gau-
dray, à Vanves, qui blessa l'agent Bourgeois,
du 15% qui est soigné à l'hôpital Necker, et
l'agent Bizet, du 6* ; Jean Leperson, âgé de
19 ans, monteur, qui a frappé M. Rouget, com-
missaire du 15e arrondissement ; Charles Mi-
nart, 28 ans, domicilié 20, passage Bouehar-
dy ; Henry Dubreuil, 40 ans, demeurant 82,
boulevard de la Villette, et Armand Leguene.
dal. habitant 11, passage Lauzun.
A l'instruction
M. Lacomblez, juge d'instruction, a inter.
rogé hier :
1" Rovez Charles, âgé de 31 ans. lithocra.
c
Le numéro 1 QUINZE CENTIMES
JEUDI 31 AOUT 1922. — W 18890
Fondateurs (1869) s
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE'
ABONNEMENTS tu "b frah mi*
SEINE a S..E:T..()ISJ:.:- 'as - 1 20 » 10 »
FRANCE & Colories.., 41 > 22 > 11 »
&raàsem 49 » 25 * 13 >
Adresser toutes tes communications
au Directeur
* a< î
Rédacteur en chef:
RAYMOND LANGE
POUR LA PUBLICITÉ, S'ADRESSER
AUX BUREAUX DU JOURNAL
ON S'ABONNE SANS FRAIS DANS ,
TOUS LES BUREAUX DE POSTE
RÉDACTION çt ADMINISTRATION :
SB; boulevard de Strasbourg. PARIS-X-
Directeur : EDMOND DU MESNIL
TÉLÉPHONES :
Rédaction et Administration : Nord 24-90, 24-91. — Après 10 heures dn soir: Roquette 84-93
Partant pour la Russie
Que de mystère déjà n'a-t-on fait au-
tour de cette mission, comme au temps
où le général des Jésuites s'efforçait de
négocier la paix du pays au bord des
lacs helvétiques, mystère superflu et ai-
sément dangereux.
Ce qu'entend faire M. Herriot — il
a pris soin de le déclarer lui-même -
c'est une œuvre utile au grand jour pour
le rapprochement des deux peuples et
pour la paix du monde.
Après avoir vu tant de négociateurs
improvisés, si totalement incompétents
ou complètement discrédités, s'essayer à
des tâches d'ailleurs sensiblement diffé-
rentes, nous sera-t-il permis de dire qu'il
n'est guère d'homme plus qualifié que
le maire de Lyon, pour entreprendre,
sous sa responsabilité, non comme délé-
gué du gouvernement, de tout son ro-
buste optimisme enfin, une œuvre aussi
difficile. Qualifié, est-il besoin de le rap-
peler, par ses titres d'intellectuel, d'un
prestige toujours sans égal au regard des
Soviets, d'homme politique parfaitement
désintéressé et d'ancien Président de
l'Association « France-Russie )).
Quelles conditions paraissent indispen-
sables pour qu'un missionnaire de cet
ordre puisse entreprendre de nouvelles
négociations — après tant d'échecs -
avec des chances de succès ?
Elles sont de deux sortes. Il lui faut
d'abord réunir une documentation sé-
rieuse, puisée aux meilleures sources :
rien ne lui sera plus aisé.
Il lui faudra en second lieu, entrer en,
relations, en Russie, avec les éléments
allemands qui y sont établis. La lecture
de la presse allemande, les renseigne-
ments directement reçus de Berlin et de
Munich donnant à cet égard des indica-
tions, parfaitement concordantes.
-- Beaucoup d'Allemands — et parmi les
plus influents — souhaiteraient entre-
prendre la restauration économique de
la Russie, en collaboration avec des
Français. A l'appui de cette suggestion,
il convient de considérer que 10.000 étu-
diants sont actuellement inscrits à Mu-
nich, dont 4.000 à l'Ecole Polytechnique.
La plupart y vivent dans les conditions
les plus précaires, à seule fin de réaliser
leur idéal de « Hochschulbildung )).
Que les autres centres d'études supérieu-
res suivent cet exemple, et l'Allemagne
possédera dans peu d'années, une armée
de techniciens que, sauf accord avec
nous, elle répandra seule en Russie pour
satisfaire son but de « Drang nach Os-
ten ».
Il est donc nécessaire que la formule
possible d'action commune soit recher-
chée, non dans des entrevues officielles,
mais dans des entretiens privés, animés
d'un esprit de conciliation qui ne peut
naître que d'une certaine familiarité.
D'où l'obligation d'amorcer ces entretiens
au passage, dès Berlin, pour les pour-
suivre ensuite dans l'ambiance russe, et
en particulier avec des Allemands fixés à
Moscou.
C'est seulement après un tel travail pré-
paratoire poursuivi à Berlin et à Moscou,
,que pourra être établi un programme con-
cret, d'accord avec les Soviets, disposés,
nous assure-t-on, à accepter tout projet
« honnêtement » conçu pour le salut de
la Russie.
Quel en pourrait être l'objet ? Quel
genre d'accord pourrait être ainsi pro-
posé ?
Ici, il faut faire le départ entre les né-
cessités d'ordre industriel et celles d'or-
dre agricole. Le seul examen des statis-
tiques d'avant-guerre, montre combien il
est nécessaire de donner l'avance aux
secondes sur les premières. Outre que
l'agriculture occupe 120 millions de pay-
sans, l'immense majorité de la population
russe, il importe de rappeler que la Rus-
sie exportait annuellement, avant 1914.
pour quatre milliards de francs de pro-
duits agricoles, contre un milliard' 400
millions seulement de matières premières,
et 13 fois plus de blé notamment que de
pétrole. On ne s'en est peut-être pas suf-
fisamment souvenu à Gênes. Toujours
est-il qUe la demande de concessions de
terrains; pour exploitations agricoles, ap-
paraîtrait à l'heure actuelle infiniment
préférable à la demande de concessions
pétro; fère:; ou de minerais métalliques,
tels que le manganèse ou le platine., im-
médiatement monnayables.
Créer des centres de travaux agricoles,
dans le voisinage d'anciens centres in-
dustriels, permettrait en outre de prépa-
rer rationnellement la remise en activité
de ces derniers, en leur assurant la
main-d'œuvre et le ravitaillement qui
leur seront nécessaires.
Les immenses propriétés de l'Etat rus-
se dans le Midi et dans le Caucase sont
les plus indiquées pour tenter de telles
expériences. Les modalités L de conces-
sions elles-mêmes seraient aisées à déter-
miner : elles pourraient s'étendre sur une
durée de 30 ans, avec droit de rachat au
bout de 15 ans. v W
Le capital nécessaire pour la mise en
exploitation des terrains concédés, puis
des entreprises industrielles abandonnées
comprendrait, par exemple, 1/10 d'ac-
tions et 9/10 d'obligations portant inté-
rêt de 6 0/0 garanti par le gouverne-
ment des Soviets. A celui-ci, qui serait te-
nu d'assurer la liberté du travail et la
protection des ouvriers, reviendrait, ou-
tre un droit de contrôle sur les exploita-
tions, une redevance en nature de 20 0/0
sur toutes les récoltes. Dans le cas où
il s'opposerait à l'exportation du surplus
des produits obtenus, les besoins de l'ex-
ploitation même étant assurés, il devrait
mettre à la disposition des concessionnai-
res, d'autres produits exportables pour
une valeur équivalente.
De tels projets, croyons-nous, pour-
raient servir de base pour l'élaboration
définitive de contrats-types à soumettre
à l'agrément de ^la Commission technique
des Soviets.
Puisse M. Herriot les faire agréer et
réaliser.
P.-Rene CHAVAGNES,
'--- -
EDITORIAL
Le devoir des Alliés
en Orient
1
- Il y avait longtemps que
nous n'avions pas de com-
muniqué guerrier ! Grecs
et TUTCS sb chargent de
combler cette lacune.
Depuis des mois, la paix
devrait être rétablie en Orient. L'inertie
préméditée de certains de nos alliés re-
tarda tant el si bien la conférence pré-
vue que les Turcs n'ont pas eu la pa-
tience d'attendre le bon plaisir des gou-
vërnemenis européens.
Comment leur en vouloir ? L'orgueil-
leux et pâle Constantin, se voyant déjà,
dans une crise de mégalomanie, empe-
reur de Byzance avait, il y a quelques
semaines, soulevé les justes inquiétudes
des Turcs. A vec une audace qui eût mé-
rité d'être vertement corrigée, il avait
bravé les alliés, escomptant leur mésen-
tente et leurs tergiversations pour ten-
ter de hisser sur Saint-Sophie le dra-
peau hellénique. Une énergique protes-
tation franco-italienne, doublée de
quelques timides observations anglaises
avaient, sur la voie triomphale, arrêté le
roitelet félon.
Mais la leçon ne fut pas vaine pour
les Turcs. Il y a cinq mois, Lord Cur-
zon leur avait promis l'évacuation de
l'Asie-Mineure. Depuis, la Grèce faisait
la sourde oreille et l'on sentait le gou-
vernement britannique l'encourager
dans la coulisse. Lassés de tant de mau-
vaise foi, les Turcs ont compris qu'on
n'est jamais si bien servi que par soi-
même : ils ont agi-
Dure'leçon pour les alliés, dont la
tdche, cependant, ne doit pas être inter-
rompue. Car c'est à eux, 'coupables jus-
qu'ici de trop d'indifférence, qu'incombe
aujourd'hui le devoir de rétablir cette
paix qu'ils semblent avoir tout fait pour
laisser rompre.
Il faut que la 'conférence qui établira
le statut définitif de l'Orient se réunisse
au plus tôl. La France, d'ailleurs, n'a
jamais cessé de le demander. L'A ngle-
terre, à la cruelle leçon des événements,
se doit de se montrer moins aveugle.
Car il ne s'agit même plus aujour-
d'hui de soutenir tel ou tel des partis
en présence : il s'agit d'arrêter de stu-
pides effusions de sang et d'inutiles 'sa-
crifices de vies. C'est une œuvre d'hu-
rnanité. Les alliés ne peuvent s'y déro-
ber..,
v Raymond LANGE.
■ > < -
jLa vie chère en Allemagne
Berlin, 30 août. - A la commission d'éco-
nomie politique du Reichstag, le ministre de
l'Alimentation et de l'Agriculture. M. Fehr, a
déclaré que les approvisionnements en grains
pour un certain temps s<~ assurés, mais
qu'en raison de la dépréciation du mark, le
prix du pain serait sensiblement augmenté à
partir du 1" octobre. Toute obstruction orga-
nisée aux livraisons des céréales à faire par
l'agriculture à l'Etat sera sévèrement répri-
mée. mais il convient de remarquer que pour
ces livraisons, les agriculteurs obtiennent des
prix suffisants.
'La récolte des céréales sera médiocre, par
contre, celle des nommes de terre sera bonne.
On dit
En Passant
*
Fatalité !
L'équipage du cuirassé France s'est vu féli-
citer par M. Raiberti, ministre de la marlnell
pour avoir heurté une tête de roche inconnue
à l'entrée de la baie de Quiberon.
Personne ne doute du courage et du sangfl
froid de nos marins, mais peut-être est-il per-
mis de s'étonner de cette distribution d'éloges
et de compliments avant la plus légère enquê-
te sur cet accident qui eût pu se terminer par
une épouvantable catastrophe. ,
M. Raiberti n'a trouvé qu'une rwfp&nsablo
en cette affaire : La Fatalité.
A vrai dire, cette explication ne nous satis-
fait guère.
La FataHté n'est presque toujours qu'une
excuse partielle. et puis vraiment c'est bientôt
dit.
Désormais inutile -de chercher une explica-
tion aux accidents de chemins de fer.
Deux trains se rencontrent ; « ils se sont
justement trouvés sur" même ligne, c'est la
fatalité ! » dira M. le Troeqûer.
Nous avons des dettes vis-a-vis des Anglais ;
— « mais les Allemands ne nous ont rien pay,
c'est une fatalité », dira M. Poincaré à M.
Lloyd Georg et il ne sera plus question d'ar-
gent entre la Grande-Bretagne et nous.
Et ainsi, dans les mêmes détails de la vie,
tout peut être mis au compte de la fatalité.
— Votre femme est infidèle, « elle a rencontré
quelqu'un qui lui plaît plus que vous, c'est
une fatalité, mon cher monsieur. »
La femme de chambre a cassé le service de
Sèvres auquel vous tenez tant. Fatalité.
Vous sortez sans parapluie et recevez un dé-
luge sur le dos. Fatalité.
Une automobile vous renverse ? C'est sans
doute que vous vous trouviez sur sa route au
moment précis où elle passait. Fatalité, fata-
lité, vous dis-je.
Cependant, pour en revenir' à. la perte du
cuirassé France, nous aimerions savoir si au-
cune faute de service n'a été commise, et sur-
tout si nos cartes de balisage (qui, paraît-il,
datent de 1S96 et n'ont point été remaniées de-
puis cette époque) né pourraient pas être sé-
rieusement révisées par les méthodes nouvel-
les infiniment plus précises que les méthodes
anciennes ?
M. Raiberti, tout en reconnaissant que ce
travail est nécessaire, déclare qu'on a manqué
d'argent pour le faire jusqu'à présent.
C'est donc toujours la même chose.
Il a fallu l'accident du tunnel des Bati-
gnoles pour décider de le supprimer ; il a fallu
l'accident du France pour décider d'étudier sé-
rieusement ces fameuses cartes.
Quand comprendra-t-on que la méthode pré-
ventive est en toute chose la meilleure et la
moins coûteuse.
La fatalité, elle-même, quoi qu'en pense M.
Raiberti, ne lui Résiste que rarement.
Ch. RABETT.
Aujourd'hui
La grève des mains
Parmi le grèves. gnantes, il faut souli.
gner celle. des manucures, car les manucti-
res, elles aussi ont reçu l'ordre de grève,
ainsi conçu :
Ouvriers coiffeurs syndiqués et non syn-
diqués, posticheuses, manucures : tous au-
jourd'hui, à 2 heures, rue de la Grange-aux-
Belles, 33, pour discuter sur la situation et
sur les mesures à pre?d'l'e à la suite des évé-
nements du Havre. — Chauvin, Doyen.
Avouons que nombreux furent les Pari-
siens qui s'amusèrent de cette nouvelle au
lieu de s'en alarmer.
Pour les collectionneurs
A Londres, dernièrement, l'encrier de Louis
XVI a été mis en vente.
La première offre n'a été que de deux gui-
nées (un peu plus de deux livres), mais les
collectionneurs veillaient. L'encrier fut adjugé
your la coauette somme de 138 livres.
Le Tas in.
SANGLANTE TRAGEDIE -
mmmmmmmmmmm *+
Un boucher amoureux
tue sa patronne
Il se suicide ensuite
Un drame s'est déroulé hier matin, au n°
59 de l'Avenue de la Grande-Armée. A cette
adresse est installée la boucherie du Rond-
Point, où, depuis deux ans, sont installés M. J.
Meynàrd, âgé de 40 ans, et sa femme, 32 ans,
mère d'une charmante fillette de 12 ans.
M. Meynard occupait plusieurs employés,
dont un nommé Marcel Blot, chef-commis. Ce-
lui-ci était devenu amoureux de sa patronne
qui, d'ailleurs, avait repoussé toutes ses avan-
ces. Il en conçut un vif ressentiment qu'il
traduisit, à plusieurs reprises, par des mena-
ces tragiques. « Elle sera mienne. ou je la
tuerai », avait dit Marcel Blot à ses compa-
gnons de travail. Le boucher amoureux devait
tenir parole.
Le drame
Hier matin, peu après cinq heures, comme
M. Meynard venait de quitter son domicile
pour aller, selon sa coutume, procéder à ses
achats aux Halles, Marcel Blot pénétra à l'im-
proviste dans la chambre où reposait encore
sa jeune patronne.
Que se passa-t-il exactement ? On ne le
sait. Sans doute, l'amoureux transi essuya-
t-il de l'infortunée mais fidèle bouchère une
nouvelle rebuffade, toujours est-il que bien-
tôt cinq détonations retentissaient, semant
l'émoi dans tout l'immeuble.
De toutes parts, voisins et employés ac-
coururent, trop tard, hélas ! Sur son lit,
Mme Meynard gisait, râlant, la tête trouée
de deux balles et, en dépit des soins immédia-
tement prodigués, ne tardait pas à rendre
le dernier soupir. Quant à son meurtrier, son
coup fait, il s'était logé une balle dans la
tempe droite. La mort avait, pour lui, été
instantanée.
Les corps du meurtrier et de sa victime
ont été transportés à la Morgue aux fins
d'autopsie.
—-—
La bonne propagande
0 La meilleure propagande est celle qu'on ne
fait pas soi-même.
; Une délégation .de l'American Legion est
venue, comme l'an -dernier, faire en France
une tournée de souvenir. Mais certains de
ses membres ont voulu pousser plus loin leur
enquête et s'en furent jus-qu'en Allemagne.
Ils arrivèrent à Munich, précisément le jour
de la visite du feld-maréchal Hindenburg. Et
ils furent immédiatement fixés par les Alle-
mands eux-mêmes sur la valeur du pacifisme
germanioue.
L'un d'eux, et non des moindres, le colonel
Harry, M. Ayers, propriétaire de cinq jour-
nau& dans le Sud-Est des Etats-Unis était hier
de passage à Paris, et racontait ce qui suit :
« Avec plusieurs camarades, nous avons
poussé une pointe en Allemagne et nous som-
mes arrivés à Munich le jour où toute la Ba-
vière impérialiste y recevait le maréchal Hin-
denburg. Nous avons vu dang les rues, de
nos yeux vu, des officiers bavarois interpel-
ler hommes ou femmes, leur demandant :
« Etes-vous pour Wallenstein — parti répu-
blicain — ou Hindenburg — parti du kai-
ser ? » Neuf femmes ayant répondu : c Wal-
lens-tein » furent assommées, jetées à terre
par les brutes et, ô comble d'horreur ! un
enfant fut lancé par-dessus un mur.
Et le colonel Ayers ajouta :
« Nous sommes allés en Allemagne portant
dans notre cœur la France pour une propor-
tion de 100 0/0 ; nous sommes revenus avec
une proportion dépassant 200 0/0 et nous af-
firmons que tous les efforts de la Légion, au
retour en Amérique, tendront à faire com-
prendre que la vieille amitié qui date de la
Révolution et qui s'est affermie au cours de
la grande guerre, doit rester indéfectible dans
l'avenir. *
Voilà la meilleure façon de faire connaître
la vraie France, et aussi la vraie Allemagne,
LA GUERRE EN ORIENT
Le Front grec percé en trois endroits
Les troupes de Constantin reculent de 70 Kilomètres
Le repli effectué par l'armée grecque, à la
suite de la prise d'Afloun-Karahissar par les
Turcs, atteint 60 kilomètres.
Une vive agitation règne à Athènes où la
presse attaque violemment les chefs de l'ar-
mée, auxquels elle reproche leur impré-
voyance.
L'AVANCE DES KEMALISTES
On mande d'Angora que les derniers ren-
seignements du front confirment le commen-
cement du mouvement général dans tout le
secteur. Le mouvement commencé dans le
secteur du Menderès continue. Les troupes
turques avancent dans- les directions de Bol-
ladan et d'Imir-Keuv.
Dans le secteur d'Afloun-Karahissar, les
Grecs ont dû quitter cette ville aprè& une at-
taque désespérée. Une division grecque qui
se trouvait dans cette ville est presque anéan-
tie. Les Turcs ont occupé Sinan-Pacha et
continuent à avancer dans la direction de
Tchiflik-Keui. 41
Secteur d'Eski-Cheir : à la suite du mouve-
ment commencé dans le secteur d'Ismidt, le3
Grecs ont essayé de prononcer une violente
contre-attaque dans ce secteur. Après avoir
laissé un très grand nombre de morts et de
blessés, ils se sont retirés devant la ville
d'Eski-Cheir, poursuivis par les. avant-gardes
turques.
Secteur d'Ismidt : les colonnes volantes
turques viennent d'occuper la ville de Bile-
djik et continuent leur avance dans la di-
rection d'Ineghueul. Les visites de Yarhissar
et Vizir-Keupru sont occupées par les Turcs-.
Ainsi, le front grec est coupé dans trois
secteurs.
LA GRECE ENVOIE DES RENFORTS
Athènes, 29 août. — Le roi est venu aujour-
d'hui à Athènes.
Il a. conféré avec M. Counaris et avec le
ministre de la Guerre sur la situation.
Le conseil des ministres a tenu à midi une
longue réunion.
Il a décidé le départ immédiat pour Smyr-
ne de MM. Stratoa et Théotokis. pour confé-
rer avec le général Hadjiannesti et étudier
sur place la situation et les mesures à pren-
dre.
Des troupes qui avaient été envoyées en
Thrace sont ramenées d'urgence en Anatolie.
L'OPINION ANGLAISE EST EMUE
Londres, 30 août. — La « Westminster Ga-
zette >, estime que les intérêts de l'Angle-
terre sont gravement engagés dans la reprise
de la lutte entre les Grecs, et les Turcs. Ce
journal reconnaît que, dans les négociations
avec la Turquie, la Grande-Bretagne a agi
avec une étroitesse de vue et une intransi-
geance.qui ont étonné tous ses alliés-.
De son côté, le « Daily Express ». attribue
la reprise des hostilités en Orient au carac-
tère vacillant de la politique britannique et
à l'impossibilité où se trouve l'Angleterre de
s'accorder avec la France.
Pour le « Morning Post » également, l'of-
fensive turque est la réponse du gouverne-
ment d'Angora à la froide réception qui a été
réservée à Londres à Fetliy bey, et au der-
nier discours que M. Lloyd George a pronon-
cé à la Chambre des Communes sur la ques-
tion du Proche-Orient au cours duquel le
premier ministre, contrairement à l'accord
de mars dernier entre les Alliés, a déclaré
que la souveraineté turque ne pouvait plus
être rétablie à Smyrne.
Le « Morning Post * reproche vivement
à M. Lloyd George de n'avoir pas- conclu un
accord dans le Proche-Orient aussitôt après
l'armistice et, par-dessus tout, d'avoir provo-
qué une fissure fatale dans l'Entente, fissure
qui a obligé la France à se tourner vers An-
gora, tandis que l'Angleterre se tournait vers
Athènes. V
LA PRISE D'ESKI-CHEIR
Adana, 30 août. — On mande d'Angora
que la ville d'Eski-Cheir aurait été occu-
pée par la cavalerie turque, après une ba-
taille acharnée.
L'avance turque continue dans tous les
secteurs.
L'avance maxima atteint 70 kilomètres.
POLITIQUE ETRANGERE
-- - :,,,,,,-. -.
lies délégués allemands sont entendus
par la Commission des Réparations
Au nom du Reich, M. Schrosder demande la suspension
des paiements en espèces. — Il fait diverses propositions
au sujet des prestations en charbon et en bois
——————— g ——————— ,
L'arthcle 234 du traité de Versailles pré-
voit qu'avant toute décision de la commis-
sion des réparations, l'Allemagne peut, si
elle le désire, faire entendre sa voix.
C'est en conformité de cette décision que
le cabinet de Berlin désigna pour le repré-
senter, M. Schrœder, secrétaire d'Etat au
ministère des affaires étrangères. L'audi-
tion de M. Schrœder, qu'assistaient M. Fis-
cher, président, et MM. Meyer et von (Esten,
membres de la Kriegslatenkommission, a
ccn iEencé hier matin. Elle a continué l'a-
près-midi.
La commission des réparations siégeait
tout entière sous la présidenice de M. Louis
Dubois. Non seulement les délégués et les
délégués adjoints de la France, de la Gran-
de-Bretagne, de l'Italie et de la Belgique
étaient présents, ainsi que le délégué adjoint
des Etats-Unis qui siège à titre officieux,
mais le délégué japonais et le délégué yougo-
slave assistaient à l'a séamee comme asses-
seurs.
De 10 h. 30 à midi et demi, M. Schrœder a
fait d'abord un exiposé général de la situa-
tion de l'Allemagne, qui, d'après lui, exige
une longue suspension des payements en es-
pèces, rendus impassibles par l'effondrement
du mark tombé à 1/400 de sa valeur ; puis,
ccmmie l'avaient annoncé des dépêches de
Berlin, il a présenté les deux propositions
dlont le chancelier Wirth avait déjà saisi sir
John Bradbury et M. Mautilère lors de leur
récEmte mission auprès du gouvernement du
Reich.
La première de ces propositions comporte
îa constitution, dans une ville du territoire
occupé, d'un dépôt dé 50 millions de marks
or provenant die l'encaisse de la Reichsbank,
destiné à garantir l'exécution des presta-
tions en charbon et en bois ; tout manque-
ment donnerait lieu là un prélèvement cor-
respondant sur ce dépôt qui devrait être
'toujours maintenu au chiffre de 50 millions.
La seconde proposition est relative à a a
création de contrats ipar lesiquels les gros
prcducteurs allematnds de jclhairbon, et de
bois, engageant leur signature commerciale,
se reconnaîtraient responsables des presta-
tions pour ces deux matières premières jus-
qu'au 31 décembre ,1923.
,- LA SEANCE DE L'APRES-MIDI
Dans la séance de l'après-midi, la Commis-
sion des réparations a entendu, de 16 h. 30
à 17 h. 30, la suite de l'exposé de M. Schrœ-
der.
Après l'audition du sous-secrétaire d'Etat
aux finances, la Commission des réparations
a décidé de se réunir ce matin.
Dès que sera terminée l'audition des repré-
sentants de l'Allemagne, la commission des
réparations ouvrira la délibération sur les
questions suivantes : Un moratoire pour ses
versements en espèces -doit-il être refusé ou
accordé à l'Allemagne ? /S'il' est accordé,
poir quelie durée le sera-t-il, et moyennant
quels gages ?
Il ne paraît pas possible que la décision
intervienne avant jeudi matin.
Rappelons qu'elle sera rendue par les pre-
miers délégués de la France, de la Grande-
Bretagne, de ntalie et de la Belgique, le
vote du président, qui est le délégué fran-
çais, étant prépondérant en cas de partage
égal des voix.
BERLIN ENVOIE DES EXPERTS
Le « Courrier de la Bourse > annonce que
des représentants des industries allemandes
des mines et des bois sont partis hier pour
Paris, pour se mettre à la disposition de
l'Allemagne à titre d'experts.
L'OPTIMISME ALLEMAND
Berlin, 30 août. - Les encouragements
discrets de Lord d'Albegrnon, les déclarations
pour le moins 'prématurées de Sir John Brad-
bury, n'ont fait que fortifier l'optimisme que
l'on constate depuis .deux jours dans les mi-
lieux poîitiques berlinois. On reste persuadé
que les dernières offres de; Mo Wirth relati-
ves aux livraisons en charbon et en bois ont
été retenues aiar la Commission des répara-
tions. On estime que l'octroi du moratoire
est chose faite et que la (France sera obligée
de reculer pour ne pas être isolée. On va mê-
me plus loin et l'on envisage comme possible
sinon probable la démission de M Poîncaré.
UNE POLITIQUE D'ENTENTE
Dans Je « Tageblatt », l'industriel- M. 'Ar-
nold Reichberg traite la question de la parti-
cipation de la France et ,de l'Angleterre dans
l'industrie aW'emande. Il déclare que la po-
litique suivie jusiqu'ici par la France impose
au 'peuple français des charges qu'il ne peut
supporter et que cette politique doit être
transformée en une politique d'amitié abso-
lue avec l'Allemagne de telle manière que la
restauration de ce fpays puisse être envisagée
sans crainte .par la France gui pounra même
l'encourager. ,
M. Reichberg revie-nt au projet qu'il avait
préparé il y a trois ans déjà, préconisant une
cession par la grosse industrie allemande de
30 0/0 du jcapital aux créanciers principaux
de l'Allemagne : la France et l'Angleterre.
L'industrie allemande devrait augmenter
dans cette proportion son capital1 actions.
M. Reichberg considère que cete partici-
pation franco-anglaise pourrait assurer l'exis-
tence de l'industrie .allemande en la proté-
geant contre des mesures de violence là l'ave-
nir. De même, l'opposition anglaise contre
les (propositions exposées à Londres par M.
Poîncaré disparaîtrait par suite dela partici-
pation aiglaise. 1
r il —»
L'alliance anglo-française
doit être maintenue
Londres, 30 août. — Le Times déclara Que
tes plus grands et les plus durables intérêts
communs à la France et à l'Angleterre rési-
dent dans la sécurité de la paix.
« Si notre peuple se rend moins bien comp-
te que le peuple français que cette sécuritô
est basée sur la certitude d'être réciproque
en cas de besoin, cela tient à ce que notr
neuple n'a pas. de par sa position géographi-
que, le souvenir des invasions dont la France
a. tant souffert. Mais, aujourd'hui, l'isolement
serait presque aussi dangereux pour nous que
pour notre voisine. »
Le Times remarque que l'Angleterre n'a
Jamais pu et ne peut pas se désintéresser dea
affaires d'Europe, et que la seule alliance qut
peut lui conserver ce qu'elle a gagné et la
mettre à même de jouer son rôle traditionnsA
de partisan et de défenseur d'une politique
juste et modérée en Europe, est une alliance
avec la France.
Le Daily Chronicle rappelle qu'en ce Qttl
concerne les réparations, les points de vue
français et anglais ne diffèrent pas quant
aux fins, mais quant aux moyens.
Ce journal ajoute qu'il se peut que la si-
tuation en face de laquelle doit se trouver
aujourd'hui l'Allemagne se révèle comme étant
une situation de vie ou de mort et si ses
représentants se rendent compte de ce fait,
non seulement ils pourront faire, mais ils
feront des offres qui empêcheront les suspi-
cions de la France. Une partie de l'inquiétude
de celle-ci a déjà été calmée par la proposi-
tion que les livraisons de charbon et de bols
devront être garanties par les (principales
industries allemandes.
Le Daily Chronicle reconnaît que le meil-
leur moyen de mettre un terme à l'infiation
fiduciaire en Allemagne est un emprunt inte"
national en faveur de ce pays, mais cet em-
prunt nécessiterait encore un certain con-
trôle international.
« L'Allemagne elle-même, conclut ce jour-
nal, peut faire des propositions qui rassure-
raient tous ses créditeurs. a.
La note allemande
Au cours de la séance d'hier matin à Parir
par la Commission des réparations, le' fonde
de pouvoirs allemand, le secrétaire d'Etat
Schrœder, a remis la déclaration suivante :
c La Commission des réparations a laissé
au gouvernement allemand le soin de faire
encore une déclaration orale avant qu'elle ne
prenne une décision. Le gouvernement alle-
mand a volontiers profité de cette occasion
et il mia envoyé ici dans ce but. Je serai bref.
Par les recherches que Je comité des garan-
ties a faites à Berliii et par les informations
qui ont été recueillies de nouveau par -des
membres de la Commission des réparations
à Berlin, la Commission des réparations a été
renseignée exactement sur la situation de
l'Allemagne.
J'aimerais à revenir sur les négociations
que le ministre Hermès a menées ici en mai.
On trouva à ce moment-là, une solution dans
une situation difficile :
1° Pour l'assainissement de la situation ln.
térieure économique du Reich ;
2o Pour la surveillance des finances alle-
mandes par la Commission des réparations.
Les exigences que la Commission 415 Ré-
parations a formulées pour l'assainissement
de la situation économique du Reich étaient
avant tout que la dette flottante devait-rester
réduite à son état au 31 mars de cete année
en y comptant les sommes qui sont eMpIbyées
pour les payements des devises en se basant
sur le traité de Versailles. L'assainissement
devait d'abord être .balancé par un emprunt
intérieur. Le Gouvernement allemand : a. ac-
cepté cela en supposant qu'il lui serait ac-
cordé dans un délai rapproché, un emprunt
extérieur suffisant.
LIRE LA SUITE EN DERNIERE HEURE
——————-——— ) -.- ( ——————————.
APRES LE CHOMAGE v
- -..r..!"
Les facteurs grévistes
seront déférés
au Conseil de discipline
La situation des grèves dn Havre
A la suite des incidents qui se sont produits
mardi, à la recette principale, rue du LoIafte,
dans les circonstances que nous avons rela-
tées, M. Paul Laffont, sous-secrétaire d'Etat
des postes et des télégraphes, a pris une me-
sure provisoire de suspension contre une quin-
zaine de facteurs d'imprimés qui se sont li-
vrés à des actes individuels d'entrave à la
liberté du travail.
Cette décision est intervenue en l'attente
des mesures définitives que prendra le sous-
secrétaire d'Etat, après avis du conseil de
discipline des P.T.T. *
Les autres grévistes ont été autorisés à
réintégrer leurs postes, sous réserve des sanc-
tions qui pourraient être prises à leur égard.
Le bilan des arrestations
Voici le bilan des arrestations opérées dans
la soirée d'hier : 9 pour entraves à la liberté
du travail ; 8 pour coups et blessures ; 1 pour
port d'emblème et cris séditieux ; "2 pour
outrages aux agents ; 1 pour port d'arme
prohibée, soit, en tout, avec les arrestations
opérées dans la matinée d'hier. 45 individus
envoyés au dépôt.
Parmi eux figurent : Louis Grosjean, élec-
tricien, âgé de 27 ans, demeurant 4. rue Gau-
dray, à Vanves, qui blessa l'agent Bourgeois,
du 15% qui est soigné à l'hôpital Necker, et
l'agent Bizet, du 6* ; Jean Leperson, âgé de
19 ans, monteur, qui a frappé M. Rouget, com-
missaire du 15e arrondissement ; Charles Mi-
nart, 28 ans, domicilié 20, passage Bouehar-
dy ; Henry Dubreuil, 40 ans, demeurant 82,
boulevard de la Villette, et Armand Leguene.
dal. habitant 11, passage Lauzun.
A l'instruction
M. Lacomblez, juge d'instruction, a inter.
rogé hier :
1" Rovez Charles, âgé de 31 ans. lithocra.
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