Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-08-21
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 août 1922 21 août 1922
Description : 1922/08/21 (N18880). 1922/08/21 (N18880).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
3 FRUCTIDOR, AN 130. — N° 18880 Xe fiûmêro 1 QUINZE CENTIMES liumoi 21 AOUT 1922. — N- 18880
Fondateurs (1869) :
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
C» a Six n«is I!.ts lIIail
SEIWB & S.-ET-OISE.,, 38 > 20:) 10 »
FRANCE & COLONIES.., 41 » 22 » 11 »
ETRANGER. h 49 » 25 » 13 »
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ZRlBUNE LIBRE
J -
LE TRAITÉ NÉFASTE
.c>.c> t a'- "I
« Le traité ne vaudra que ce que vaut
l'accord des Alliés », a dit M. Georges Cle-
menceau lorsqu'il a défendu devant la
Chambre l'œuvre de son ami — fidèle
même dans l'adversité — M. Tardieu.
C'était là porter sur le malheureux traité
de Versailles un jugement plus s évère
encore que ceux que, courageusement,
portèrent avec les socialistes MM. Fran-
klin-Bouillon et Louis Marin.
C'était affirmer — avec toute la force
qui s'attache aux paroles d'un Président
du Conseil — que le traité était essen-
tiellement mobile, aléatoire. Pendant que
les Chambres discutaient encore au sujet
de sa ratification, l'on apprit que le Sénat
des Etats-Unis lui marchanderait son ho-
mologation au point de le défigurer ou
de le repousser définitivement.
L'avertissement ne fut peut-être pas
entendu; en tout cas, il ne fut pas com-
pris. Le bloc des Alliés se désagrégeait.
On pouvait déjà - clairement se rendre
compte què l'alliance franco-anglaise,
point d'appui de toute la politique eura-
siatique, autour de laquelle gravite d'ail-
leurs tout le traité, était sérieusement
s branlée.
Par la faute de nos négociateurs, que
certains ont qualifiée de criminelle, la
France, grande victorieuse de la guerre,
a été la parente pauvre de la paix.
Devant un impérialisme qui s'exaltait
au fur et à mesure qu'il obtenait ce qu'il
jugeait bon d'ajouter à ses premières
revendications, le prestige et l'autorité
de la France s'amoindrissaient comme la
peau de chagrin, entraînant dans cette
lente et pénible amputation nos droits
de créance les plus élémentaires et les
plus sacrés.
Comment I A Versailles nous avons
consenti que la flotte allemande fût livrée
à l'Angleterre, nous avons admis que les
plus grandes et les plus riches colonies
allemandes devaient revenir à l'Angle-
terre, nous avons toléré la « britannisa-
tion » des mers, nous nous sommes ar-
rangé pour que l'Empire britannique ait
la majorité des voix à la Société des Na-
tions, nous avons abandonné Mossoul,
nous avons sacrifié à l'égoïsme et au jin-
goïsme du Foreign Office, sur l'autel de
l'Amitié perpétuelle, nos privilèges légi-
times et notre situation prépondérante
dans l'Orient méditerranéen! Les négocia-
teurs français — soit incompréhension,
soit incompétence, soit aveuglement, soit
trahison — n'ont rien voulu ou rien pu
obtenir en échange. « Nous avons, di-
ra-ton, désannexé l' Alsace-Lorraine »
- mais cette désannexion possède le
caractère spécial et extraordinaire qui
s' attache à son nom.
L'Allemagne n'a pas désarmé. Certes,
sur cette question encore nos négocia-
teurs n'ont pas compris l'intérêt de la
France républicaine. Au lieu d'obtenir
qu'on laissât à l'Allemagne les troupes et
les mitrailleuses nécessaires à réprimer un
éventuel mouvement spartakiste, il eût
été préférable qu'ils réclamassent et ob-
tinssent le désarmement général et com-
plet du Reich. De plus, le Traité signé par
les Allemands ne porte nullement l' éva-
luation du montant des réparations. Il
se borne à prévoir des échéances et des
commissions.
Pourquoi s'étonner alors que devant
l'antagonisme séculaire entre la France
et l'Angleterre en Orient, devant la di-
vergence des intérêts et des besoins fran-
çais et anglais en Europe Centrale, l'An-
gleterre ait toujours été partisan du mar-
chandage, du moratoire ?
Par principe, par tempérament, M.
Lloyd George tiendra toujours tête aux
ministres français qui viendront à lui avec
une altière fermeté, une intransigeance
surfaite, un gant de fer sous lequel il se
refuse à voir la main de velours. Et c'est
pourquoi il a dicté ses volontés à M.
Georges Clemenceau « qui a bien mérité
de la Patrie », à M. Alexandre Millerand,
à M. Poincaré. Et c'est pourquoi nous
eûmes Versailles, Spa et San Remo ; et
c'est pourquoi nous avons eu Londres.
Au contraire, lorsque M. Lloyd George
voit venir à lui un représentant français
qui fait mine de céder, qui sait jouer au
chat avec la même ruse et la même ha-
bileté que lui-même, il ne cherche pas
si derrière le gant de velours, il y a une
main de fer et il accepte les accords de
Cannes, les meilleurs que nous ayons ob-
tenus depuis l'armistice.
Aujourd'hui, la situation est grave. Si
M. Poincaré persiste dans l'attitude qu'il
observait à Londres, la veille de la rup-
ture, c'est-à-dire dans celle que toujours
préconisèrent les éléments républicains
français, dans celle oui se refuse aux foJ-
les expéditions ruineuses dont rêve le
Bloc National, il peut transformer l'isole-
ment de la France en un isolement de
l'Angleterre : qu'il prenne la tête d'un
mouvement de reconstruction européen-
ne, qu'il s'appuie sur les éléments répu-
blicains allemands et l'Italie, et la Belgi"
que, et les neutres, et la Petite Entente
et toute l'Angleterre libérale seront dé-
finitivement avec nous !
Que M. Poincaré ne revienne surtout
pas à ses anciens projets : il gâterait la
situation de la France que la maladresse
entêtée de M. Lloyd George, de chance-
lante a rendue bonne !
Un de mes amis actuellement en Alle-
magne m'écrit ceci :
« La meilleure garantie de paix pour
la France est un gouvernement républi-
cain très fort en Allemagne. Or, très net-
tement, les derniers événements font per-
dre du terrain au gouvernement Wirth,
au grand avantage des nationalistes.
Quel dommage que notre politique trop
conséquente, trop logique, ne tienne pas
suffisamment compte des réédités ! »
Certes, l' alliance franco-anglaise est
nécessaire puisqu'elle est la seule ga-
rantie d'exécution du traité et que c'est
ce traité qui renferme l'énoncé de prin-
cipes relatifs aux Réparations.
Mais l'alliance ne doit pas être un leur-
re pour l'une ou l'autre des parties. Elle
doit, au contraire, admettre les diver-
gences d'opinion sur les points secondai -
daires et n'être intransigeante que sur
la question de justice internationale et
privée : « Réparations des dommages
causés ».
Ah ! quelle belle politique, généreuse
et humaine, nous pourrions ébaucher si
nous n'avions pas derrière nous à traîner
le boulet de Versailles, la rédaction gé-
niale de M. Tardieu, lauréat du concours
général.
Jacques KAYSER.
-——————— > - < ■ -
ÉDITORIAL
Pour contenter
tout le monde
A l'heure même où, plus
lue jamais, l'Allemagne
pleure misère, le gouverne-
ment du Reich vient de
prendre une petite décision
qui p,our beaucoup est pas-
sée inaperçue mais qui
mérite, cependant, d'être mise en relief:
les traitements de ses fonctionnaires
viennent d'être, une fois de plus, subi-
tement augmentés.
Et en avant, la planche à assignats 1
Quelques beaux milliards de billets nou-
veaux vont sortir. Et M. Wirth aura en-
core l'audace de verger un pleur sur le
mark défaillant.
Il y a, dans la politique f inancière
germanique, une telle insolence tran-
quille, un tel cynisme désarmant qu'on
se demande s'il faut se lamenter ou rire.
Evidemment, avec de telles pratiques,
l'Allemagne sera demain encore un peu
plus pauvre qu'aujourd'hui. Elle pourra
aux alliés qui braqueront leurs lunettes
sur ses budgets flageolants, montrer
d'impressionnantes colonnes de chif-
fres. Et, très sérieusement, faisant la
sainte Nitouche, elle répétera qu'elle
n'y est pour rien, et que si le mark dé-
gringole, nous sommes les seuls vrais
coupables. Et M. Lloyd George opinera
du bonnet !
-' Le chancelier a, cependant, aujour-
d'hui une magnifique occasion de prou-
ver par des faits cette fameuse bonne
volonté qu'il n'a jusqu'alors montrée
que par des mots. Que n'avons-nous pas
eu, en effet, de discours émouvants et
de plaintes angoissées ! C'était à croire
que toute la faconde mélodramatico-po-
litique était monopolisée à la Wilhelm-
strasse 1
Les Allemands ne peuvent pas payer
actuellement ? Soit : nous leur accor-
dons même qu'ils sont dans une situa-
tion pénible et acceptons d'oublier qu'ils
firent tout pour s'y mettre. Mais le plus
solide débiteur qui demande un crédit
offre quelque chose d'autre en échange.
C'est l'a-b-c des pratiques financières.
Que M. Wirth cherche bien : dans le
bric-à-brac des richesses germaniques,
il n'aura que l'embarras du choix..Quel-
ques gages bien choisis lui acquerront
le moratorium qu'il demande. L'Angle-
terre ne protestera pas ; la France sera
satisfaite, et il arrivera ainsi non seule-
ment à gagner notre confiance qu'il re-
cherche, mais à consolider son propre
crédit, qui en a grand besoin.
Ravmond LANGE.
On dit.
Aujourd hui
Collection originale
C'est d'une collection d'écureuils qu'il s'a-
git. La doctoresse Lilïian Delger Powers, de
White Plains, dans l'Etat de New-York, ne
possède pas moins de 350 écureuils.
La maison appartient à ces charmants
grimpeurs et elle est aménagée spécialement
pour eux avec tout., le confort moderne.
Hélas ! la forêt n'est-elle pas pour eux le
plus beau des palais 1
lç:>*"Zbw
Olympiades féminines
Dans l'histoire du sport, le dimanche 20
août est une date qui restera. C'est, en ef-
fet, hier que, pour la première fois, se sont
disputés les jeux olympiques féminins. Ils
ont eu lieu en France. au Stade PerRhinu.
devant une assistance que l'on peut évaluer
à plus de 5.000 personnes.
Notre pays ne retirera d'à,illeurs, de cette
compétition internationale, que l'honneur de
l'avoir organisée, les - épreuves disputées
ayant surtout affirmé la valeur des cham-
pionnes d'Angleterre et d'Amérique, qui se
sont adjugé les premières ptaces.
C'était prévu, du reste. Les jeunes Fran-
çaises s'adonnent aux sports depuis très peu
d'années seulement, mais devant les perfor-
mances qu'elles accomplissent déjà, il est
certain qu'un jour elles défendront noz vn
leurs avec autant de succès que Mlle Len-
glen.
<;:).o
Le rêve d'une mère
A New-York, des détectives recherchent un
enfant disparu. Leur tâche est difficile, ils
n'ont pour les guider que les rêves de la
maman affolée.
Or, la mère, une Italienne, a revu son fils
en rêve : Angelo à 11 ans, tel qu'il était ha-
billé le jour où il disparut. Il lui dit qu'il
était retenu prisonnier par ses ravisseurs,
précisa le numéro et le nom de la rue dans
laquelle on pouvait à coup sûr le retrouver.
Les braves policiers s'en furent à l'adresse
indiquée. Elle n'existait d'ailleurs pas; mais,
nullement découragés, ils poursuivent leurs
recherches aux environs, ayant gardé un pe-
tit espoir de trouver la clef des songes.
Les détectives de New-York sont fantai-
sistes.
Un coïliconrs curieux
Un concours original a eu lieu dernière-
ment à Saint-Louis, à l'instigation de Dou-
bleday Page Bokshop.
Il s'agissait de désigner un certain nom-
bre de livres afin de constituer une biblio-
thèque modèle.
Institué à l'occasion de la, Semaine du
livre de Missouri, ce concours permit à une
Américaine, Mme France S. Sawerqui, de se
classer permier prix.
Il nous est 10rt doux de constater que
dans la liste dressée par cette aimable fem-
me, figurent trois livres français :
Le Comte de Monte-Cristo, de Dumas ;
Jeanne d'Arc, de Boutet de Monvel ; Les
Misérables, de Victor Hugo. Le Tapin.
——————.——— ). —————————
Paris à la nage
Favorisée par un temps superbe, la tra-
versée de Paris à la nage a attiré hier, sur
les bords de la Seine, une foule considérable.
Cette épreuve, qui se disputait entre le
pont National et la passerelle DebiMy, avait
réuni les meilleurs champions de France, de
Belgique, d'Italie et de Hollande. La vie.
toire est revenue au bordelais Rebeyrol, qui
a effectué les 8 kil. 200 du parcours en
1 h. 57.
Le nageur italien Sachner s'est classé se-
cond, loin derrière.
Cette belle épreuve était placée sous la
présidence de M. Jean de Castellane, con-
seiller municipal et président de la Fédéra-
tion française de natation; elle fut suivie par
cinq vapeurs, par de nombreux canots auto-
mobiles et par deux hydroglisseurs à hélices
aériennes.
COMMENT ON ECRIT L'HISTOIRE
Un historien catholique
A propos d'une brochure récente, publiée
par l'ex-capitaine Magniez et intitulée : Ré-
pliques du bon sens aux attaques et objeo-
tions modernes contre la reZigion, nous rece-
vons d'un de nos lecteurs, M. Armand Car-
telle, une note aui met au point certaines
erreurs. plus ou moins volontaires, qu'il
est juste de relever : « A propos de la révo-
cation de l'Edit de Nantes, écrit notre cor-
respondant, on peut lire, à la page 82 de son
ouvrage ;
« C'est un fait tout politique. L'Eglise n'y
« est pour rien. Henri IV, pour pacifier le
« royaume, calmer les protestants turbu-
« lents, leur avait concédé de grands privi-
« lèges en certaines villes ; peu à peu ces
« villes formèrent une sorte d'Etat presque
« indépendant de l'Etat; Louis XIV ne le
« souffrit pas. C'est tout. »
« Non, mon capitaine, ce n'est pas tout
Présentée sous ce jour. la révocation de l'E-
dit de Nantes est dénaturée. En effet, sous la
règne de Louis XIV, les protestants n'avaient
plus de places de sûreté et de privilèges mi-
litaires. Le tout avait été supprimé par la
paix d'Alais ou édit da grâce en 1629
Louis XIV n'eut donc pas à retirer ces pri-
vilèges en 1689. Le rêve de celui qu'on a ap-
pelé « le grand Roi » était de faire l'unité
religieuse en France. Il était encouragé et
aidé dans cette œuvre sacrilège par Bossuet
et une partie du clergé qui étaient contre
« la malheureuse liberté de conscience »
« D'où la révocation de l'Edit de Nantes
D'ailleurs, les dispositions de l'ordonnance
de révocation du 22 octobre 1685 sont pure-
ment religieuses. Les voici :
« 1. L'exercice du culte réformé est inter-
dit dans tout le royaume, sauf en Alsace ;
« 2. Les ministres protestants quitteront
le royaume d'ans le délai de quinze jours ;
« 3. Les autres protestants ne pourront
émigrer sous peine des galères ;
« 4. Les enfants huguenots seront élevé*
dans la religion catholique ;
« 5. Personne ne sera inquiété sous peino
de religion (ce dernier article ne fut pas ob-
servé, car « la mort attendait les fidèles qui
assistaient au prêche »).
« Approuver l'acte exécrable de Louis XIV
et dénaturer à ce point la vérité, c'est faire
preuve d'un fanatisme outré.
« Ce n'est pas avec cette arme-là que l'on
combat honnêtement et loyalement pour la
vérité contre l'ignorance et contre l'obscu-
rantisme superstitieux de la mauvaise foi. »
—————————— J < —————-———
Anomalies alsaciennes
Que fait encore en Alsace le nommé
Toohiember, fonctionnaire qui, dit l' « Alsace
Française », avait déclaré, l'hiver dernier,
à Colmar, en pleine réunion publique, qu'en
France Dit n'y avait de liberté que dans les
prisons et d'égalité que dans les maisons de
fous.
A la suite d'une telle profession de foi,
qu'a-t-on fait ? Ce singulier fonctionnaire n'a
été l'objet d'aucune révocation ; il a simple-
ment été « suspendu temporairement, il tou-
che la solde entière d'inspecteur de l'enregis-
trement, à ne rien faire et occupe ses loisirs
à. l'administration de l' « Blsaesser Kurier ».
Or, poursuit notre confrère, « la raison de
cette impunité prolongée réside dans le fait
que l'Administration de l'enregistrement a
cessé de relever de Strasbourg et qu'elle
échappe théoriquement à l'autorité de M. Ala-,
petite. A Paris, où les bureaux de M. de Las.
teyrie sont obstinément sourds, aucune sanc-
tion n'intervient contre le sieur Tschiember.
L'indigne maître qui, au cours de la guerre
fut à la soMe des Allemands", le rédacteur
attitré de cet ignoble torchon qui avait nom
« Gazette des Ardennes » et n'avait quotidien-
nement pour but que de démoraliser nos po-
pulations des régions dévastées et nos pri-
sonniers peut librement venir se promener
en Alsace. Personne ne dit rien,
Est-ce une façon de gagner la confiance des
Alsaciens-Lorrains qu'une telle insouciance,
qui, en l'espèce, n'est pas de la générosité,
mais est un véritable crime contre la cause
française ?
L'offensive menée par la Bloc national
contre l'impôt sur le revenu
« 3e. &;--
L'impôt sur le revenu n'a pas réussi à con-
quérir les bonnes grâces des gens du Bloc
national. Nous assistons à une véritable
levée de boucliers contre lui. Hier c'était M.
Arago, Je grand chef des réactionnaires du
Palais-Bourbon qui partait en guerre et pro.
nonçait contre ses prescriptions un discours
aussi vide que redondant. Tous les jours, les
organes bien pensants, depuis le plus grand
jusqu'aux plus petits, l'accablent de railleries
et d'épigrammes. Songez donc? Par l'impôt
sur le revenu, les républicains ont essayé de
réaliser la justice fiscale. Ils ont voulu que
les riches paient en proportion de leur for-
tune. Ils ont voulu faire peser sur les épau-
les de ceux qui possèdent la plus grosse par-
tie du fardeau des impôts. Et naturellement
ceux-ci regimbent et se démènent.
Il est facile de remarquer que l'offensive
menée contre l'impôt sur le revenu provient
naturellement de ceux auxquels il s'adresse
tout particulièrement, riches, oisifs et para-
sites, mercantis que la guerre a gorgé, d'or.
Ces gens-là veulent bien profiter de tous les
avantages du lieu et du moment; mais payer
on conséquence, ils ne le veulent pas! Payer
doit être le lot des petits, des manants com-
me dans la fable du bon La Fontaine. Mais
eux doivent le moins possible mettre la main
à leur poche bien remplie, du moins quand il
s'agit de faire face aux besoins de l'Etat.
Soyez persuadés .qu'ils sont partisans de tou-
tes les dépenses sous lesquelles ploie notre
malheureux budget. Ils sont partisans de tou-
tes les expéditions lointaines et chères, expé-
ditions de Syrie et d'ailleurs. Ils voudraient
que l'Etat français prît à sa charge les frais
de l'Eglise catholique et pourvût à la rétri-
bution * des prêtres de son culte. Que le bud-
get de la guerre monte à 4 milliards et même
davantage et entretienne plus d'officiers au-
jourd'hui qu'avant 1914, ils trouvent que c'est
vraiment très bien. Mais quand vous leur de-
mandez de supporter exactement la quote-
part qui leur revient de tous ces frais et de
toutes ces dépenses, ils ne vous comprennent
plus et ils se demandent si vous êtes fou de
parler ainsi. Et ils font comme ils disent. Ils
sont oblieés de déclarer annuellement leurs
revenus. Ah! si les contrôleurs de contribu-
tions directes avaient droit de parler à ce su-
jet, si les dossiers qu'ils détiennent n'étaient
pas secrets, vous eu apprendriez de belles. Il
y a en France plus de 10 milliards de revenus
(Bons de la Défense Nationale, titres au por-
teur, etc.), qui échappent à l'impôt. La chose
a été dite tout au long dans la dernière dis-
cussion du budget.
IMITONS LES ANGLAIS
Dans une récente discussion à la Chambre
des communes, sir Robert Horne, chancelier
anglais de l'Echiquier, a déclaré que lorsque,
au titre de l'impôt sur le revenu, les anglais
sont imposés de 7 livres 10 shillings par
tête d'habitant, les Français ne sont imposés
que pour une livre. Cela n'a peut-être l'air
de rien. Cela tient à peine une ligne dans les
colonnes des gazettes. Mais lorsque nous al-
lons ensuite crier misère auprès des Anglais,
lorsque nous leur demandons aide et appui
contre l'Allemagne avec beaucoup de flegme
et sans avoir l'air d'y toucher, ils nous répon-
dent en comparant le courage fiscal de leurs
« riches » à eux et de nos « riches » à nous.
La comparaison n'est pas à notre avantage!
Et nos riches nouveaux et anciens (les nou-
veaux plus que les anciens) j profiteurs de la
guerre et profiteurs de la paix, tous ceux qui
peuvent et savent user largement des joies er
des satisfactions que leur procurent la riches-
se,la tranquillité de notre pays, la patience et
la résignation des travailleurs qui produisent
pour eux; tous ceux-là, tous ceux qui ne veu-
lent pas payer l'impôt sur le revenu. Eh bien'
je dis simplement .que ce faisant, ils font
acte de « mauvais » français; je dis qu'ils
portent un tort considérable à notre pays. et
qu'ils devraient être les derniers à agir ainsi.
Mais ils auront beau crier et tempêter.
L'impôt sur le revenu existe et il ne sera pas
effacé aussitôt de nos lois, n'en déplaise à
tous les « Aragoins » de France et de Na-
varre.
F. DOUCEDAME,
Conseiller général de l'Aisne, secré-
taire du parti radical et radical-s cialisie.
POLITIQUE ETRANGERE
fil. Wirth fera-t-il aux délégués alliés
les propositions raisonnables?
-——————eC>.
Faute de garanties sérieuses, la Belgique votera contre
le moratoire. — La position de flta/ie
Le « Tageblatt » croit savoir que les né-
gociations des représentants de la Commis-
sion des réparations avec le gouvernement
du Reich commenceront dès aujourd'hui.
Le « Tageblatt » déclare que le gouver-
nement se montrera aussi conciliant que
possible, mais il n'est pas besoin de répé-
ter qu'il ne consentira à aucune mesure qui
réduirait encore la souveraineté de l'Alle-
magne ou aggraverait sa situation écono-
mique.
Les journaux démentent que des représen-
tants de la Bavière et autres Etats doivent
assister aux négociations.
LES INSTRUCTIONS DONNEES
A M. DELACROIX
Bruxelles, 20 août. — M. Theunis, pré-
sident du Conseil, ministre des finances, a
eu, au ministère des finances, un long en-
tretien avec M. Delacroix, délégué belge"
la Commission des réparations..
M. Delacroix a mis le ministre au courant
des discussions de la Commission des répa-
rations et lui a exposé le but de la mission
Bradbury-Mauclère à Berlin. Les deux dé-
légués tâcheront d'obtenir du Reich cer-
tains gages leur permettant d'accorder à
l'Allemagne un moratoire jusqu'à la con-
férence qui doit "e tenir en novembre ou dé-
cembre.
M. Theunis a insisté auprès de M. Dela-
croix pour qu'il mette tout en œuvre pour
faire prévaloir une solution acceptable à la
fois pour la France et l'Angleterre et les au-
tres pays intéressés. Si l'Allemagne ne don-
ue pas de garanties sérieuses, le délégué
belge vexera contre le moratoire.
Dans les milieux bien renseignés de
Bruxelles on se montre très optimiste. A la
fin de la semaine prochaine, la Commission
sera appelée à prendre une décision.
L'Allemagne espère
La « Gazette Générale de l'Allemagne ».
narlant de la question d'un rapprochement
franco-allemand, applique aux relations dp
la France et de l'Allemagne le mot de Bis-
mark aux relations austro-prussiennes
« Entre nos deux Etats les rapports ne peu-
vent devenir que meilleurs ou pires ; mais
ils ne peuvent rester ce qu'ils sont. »
Le journal attribue ce qu'il appelle le
changement de ton de la presse française à
l'influence des milieux industriels fran-
çais qui ont toujours considéré la question
des réparations comme une question d'éce-
nomine internationale.
« L'Allemagne, dit le journal, doit ac-
cueillir les déclarations de la France avec
un « doute admiratif » et une « admiration
sceptique ■». Si les milieux dirigeants fran-
çais sont prêts à une entente entre la Fran-
ce et l'Allemagne, il ne tiendra pas à l'Al-
lemagne que cela ne soit pas. »
Le 'C Drapeau Rouge », qui reparaît sous
le titre « Le Drapeau rouge pour le Bran-
debourg et la Lusace », écrit que cette en-
tente, qu'elle soit obtenue par la politique
officielle ou par le gouvernement oc'culte
de Stinnes, ne pourra pas mettre fin aux
rivalités des capitalistes français et alle-
mands.
Une interview
de M. Schanzer
La « Tribuna » a Interviewé M. Schan-
zer, qui a déclaré entre autres :
c La Conférence de Londres a éclairci
nettement le grand problème des répara-
tions et des dettes interalliées ; elle a mon-
tré les positions respectives des puissançes
dans ce problème et a prouvé surtout l'in-
séparabilité de ces deux questions.
c Le résultat le plus remarquable de la
conférence consiste dans le fait que l'idée
d'une conférence future qui devrait étu-
dier le problème financier et économique
fut unanimement accueillie par les Fran-
çais, les Anglais et les Belges et, ce qui est
plus important, dans le texte de la propo-
sition italienne.
« Le point de vue italien était clair :
en principe, nous étions favorablement dis-
posés à un moratoire de courte durée, ain-
si qu'à l'acceptation de quelques projets
français concernant la surveillanee- de J'ac-
complissement des engagements allemands.
mais nous ne crûmes pas devoir nous asso-
cier à des projets de garantie qui eussent
porté préjudice à la vie économique de l'Al-
lemagne en menaçant sa vie politique.
M. Schanzer a ajouté qu'il avait donné
à M. Salvago Raggi, délégué italien à la
Commission des réparations de Pajs, l'ins-
truction de continuer dans la Commission
l'action conciliante exercée à Londres par
l'Italie, en tenant compte des principes af-
firmés à Londres par la délégetion italienne.
M. Schanzer a montré que l'idée qui doit
prédominer chaque fois qu'il s'agit des det-
tes interalliées est qu'il n'est pas question
de dettes ordinaires comme des dettes com-
merciales, mais de fonds mis en commun
et employés par des peuples différents à un
but à atteindre, à un objectif vital égale-
ment pour tous.
Interviewé par le « Giornale d'Italia »,
M. Schanzer, après avoir donné des rensei-
gnements sur la Conférence de Londres, a
conclu en disant que l'on s'emploie afin
que la Grèce et la Turquie cessent les hos-
tilités. Si leurs points de vue se rappro-
chent, les délégués des deux pays pourront
se réunir à Venise ou dans toute autre vil-
le. mais M. Schanzer ne participera pas à
cette réunion à laquelle assisteront seule-
ment les hauts commissaires à Constanti-
nople.
i—: - ,
L'Angleterre réclame
des hommes nouveaux
Le « Sunday Express » reconnaissant les:
capacités étonnantes de M. Poincaré. lui
adresse ses plus sincères félicitations à
l'occasion de son soixante-deuxième annl..
versaire.
Puis, parlant de lord Balfour et de sa fa-
meuse note, ce journal écrit :
« Le monde est très malade. Ne serait-il
pas mieux servi que par des hommes d'Etat
Hoxagénaires et septuagénaires. N'eat-il paa
possible que des hommes plus jeunes puis-
sent avoir des remèdes inconnus de leurs ai..
nés. La jeunesse a combattu pour la civili-
sation sur les champs de bataille : il se peut
bien qu'elle aide à sauver celle-ci sur lea
plaines dévastées de la diplomatie interna"
tionale. »
L' « Observer » écrit :
« Le gouvernement britannique s'étant
complètement séparé de M. Poincaré, la
France est incitée, par conséquent, c à ré-
colter ce qu'elle a semé ».
« Dans le bref intervalle de cinq jours,
depuis son départ de Londres, M. Poincaré
donne à comprendre qu'il hésite à c se-
mer » lui-même après avoir essayé d'enga- ,
ger les i!Hliés à le faire de leur côté. >
Ce journal dit aussi que les partisans de
M. Poincaré lui ont suggéré de c punir
l'Angleterre » par la formation d'un blo«
continental antibritannique, mais que ca
bloc n'est réalisable qu'avec l'aide de l'Al-
lemagne, ce qui laisse entrevoir aux par*
tisane de M. Poincaré la possibilité d'un
pacte avec l'Allemagne.
Puis, le journal ajoute : « La France re-
connaît maintenant que l'organisation com-
merciale et les capacités techniques alle-
mandes sont préférables pour la France tà
des réparations de guerre. »
L' « Observer » conclut en disant : < On.
espère Ici que la France se rendra compte
que la coopération en EurOiPe est une meil-
leure méthode qu'un essai de direction et
de contrôle des industries allemandes. Il est,
par conséquent, possible que la nouvelle po-
litique de semi-isolement de la Grande-Bre-
tagne soit mise à l'épreuve plus tôt qu'on.
ne s'y attendait lundi dernier. >
————————— > .- ( ;
Les Soviets ont sauvé la Russie
affirme Tchifcheriije
L'Observer publie un long article de Tchit-
chérine dans lequel celui-ci dit que les gou-
vernements de l'ouest ont commis l'erreur de
penser que la Russie était à bout. « Noua
avons besoin de la collaboration économique
des autres pays, dit-il, mais nous pouvons
attendre, surtout avec la belle récolte de cette
année ».
Tchitchérine ajoute que la Russie souffre
aussi bien que le continent tout entier de la
politique agressive de l'impérialisme français.
Il prétend ensuite que les socialistes révolu-
tionnaires ont été à la solde de l'impérialis-
me français pour empêcher la reconstruction
de la Russie et causer la ruine de celle-ci.
« Le gouvernement des soviets, a sauvé 1a
Russie, dit Tchitchérine. Maintenant, con-
clut-il, tout renaît en Russie. Un profond opti-
misme domine partout. Des crédits extérieurs
sont nécessaires pour améliorer le commerce
extérieur et une collaboration économique avec
l'Allemagne sera des plus utiles, mais, nous
invitons tous les pays à cette coopération ».
—
A TRIAUCOURT
1 POINCARE IMIiï
un monument aux morts
« Tous les Allemands, dit-il, sont
responsables du mal qui a été fait »
Triaucourt, 20 août. — Le président du
conseil et Mme Raymond Poincaré sont des-
cendus à Triaucourt chez Mme Lucien Poin-
caré. L'ancien président de la RépubLique.
qui représente le canton de Triaucourt au
conseil général de la Meuse, a tenu à partici-
per aux émouvantes cérémonies de la com-
mémoration des enfants de ce chef-dieu qui
sont tombés pendant la guerre. Le monument
élevé en leur honneur, une simple stèle de
pierre décorée de la Croix de guerre, porte'les
noms des soldats morts au champ d'honneur
et des habitants victimes de la barbarie aUs*
mande.
C'est à 2 heures qu'a eu lieu l'inauguration
officielle du monument. Prenant la parole à
cette occasion, le président du conseil a rap-
pelé les événements de septembre 1914 et les
atrocités allemandes à Triaucourt. Il a évo-
qué l'abominable attentat dont les Allemands
se rendirent coupables à Triaucourt, le S
septembre, sous le prétexte qu'un habitant
avait tiré sur leurs troupes. « Comédie ordi-
naire dont l'ennemi a donné en France et
en Belgique des centaines de représentaticms
sanglantes ; mais ici Je mensonge était d'au-
tant plus odieux que le soldat allemand qui
avait tiré le premier avait pu être iden-
tifié sans difficulté. »
« Vous, messieurs, poursuit M. Poincaré,
qui avez été témoin de ces horreurs, vous qui
avez entendu ces menaces et ces défis à la
vérité, vous qui avez vu .tomber sous les bal-
les vos parents, vos femmes, vos enfants, vos
amis, comment pourriez-vous comprendre t,
admettre qu'aujourd'hui, après la victoire, il
se trouvât de par le monde des gens assez
aveugles pour vous conseiller de laisser impu-
nis les auteurs de Dareils attentats et d'aJban-
Fondateurs (1869) :
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
C» a Six n«is I!.ts lIIail
SEIWB & S.-ET-OISE.,, 38 > 20:) 10 »
FRANCE & COLONIES.., 41 » 22 » 11 »
ETRANGER. h 49 » 25 » 13 »
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RAYMOND LANGE
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ZRlBUNE LIBRE
J -
LE TRAITÉ NÉFASTE
.c>.c> t a'- "I
« Le traité ne vaudra que ce que vaut
l'accord des Alliés », a dit M. Georges Cle-
menceau lorsqu'il a défendu devant la
Chambre l'œuvre de son ami — fidèle
même dans l'adversité — M. Tardieu.
C'était là porter sur le malheureux traité
de Versailles un jugement plus s évère
encore que ceux que, courageusement,
portèrent avec les socialistes MM. Fran-
klin-Bouillon et Louis Marin.
C'était affirmer — avec toute la force
qui s'attache aux paroles d'un Président
du Conseil — que le traité était essen-
tiellement mobile, aléatoire. Pendant que
les Chambres discutaient encore au sujet
de sa ratification, l'on apprit que le Sénat
des Etats-Unis lui marchanderait son ho-
mologation au point de le défigurer ou
de le repousser définitivement.
L'avertissement ne fut peut-être pas
entendu; en tout cas, il ne fut pas com-
pris. Le bloc des Alliés se désagrégeait.
On pouvait déjà - clairement se rendre
compte què l'alliance franco-anglaise,
point d'appui de toute la politique eura-
siatique, autour de laquelle gravite d'ail-
leurs tout le traité, était sérieusement
s branlée.
Par la faute de nos négociateurs, que
certains ont qualifiée de criminelle, la
France, grande victorieuse de la guerre,
a été la parente pauvre de la paix.
Devant un impérialisme qui s'exaltait
au fur et à mesure qu'il obtenait ce qu'il
jugeait bon d'ajouter à ses premières
revendications, le prestige et l'autorité
de la France s'amoindrissaient comme la
peau de chagrin, entraînant dans cette
lente et pénible amputation nos droits
de créance les plus élémentaires et les
plus sacrés.
Comment I A Versailles nous avons
consenti que la flotte allemande fût livrée
à l'Angleterre, nous avons admis que les
plus grandes et les plus riches colonies
allemandes devaient revenir à l'Angle-
terre, nous avons toléré la « britannisa-
tion » des mers, nous nous sommes ar-
rangé pour que l'Empire britannique ait
la majorité des voix à la Société des Na-
tions, nous avons abandonné Mossoul,
nous avons sacrifié à l'égoïsme et au jin-
goïsme du Foreign Office, sur l'autel de
l'Amitié perpétuelle, nos privilèges légi-
times et notre situation prépondérante
dans l'Orient méditerranéen! Les négocia-
teurs français — soit incompréhension,
soit incompétence, soit aveuglement, soit
trahison — n'ont rien voulu ou rien pu
obtenir en échange. « Nous avons, di-
ra-ton, désannexé l' Alsace-Lorraine »
- mais cette désannexion possède le
caractère spécial et extraordinaire qui
s' attache à son nom.
L'Allemagne n'a pas désarmé. Certes,
sur cette question encore nos négocia-
teurs n'ont pas compris l'intérêt de la
France républicaine. Au lieu d'obtenir
qu'on laissât à l'Allemagne les troupes et
les mitrailleuses nécessaires à réprimer un
éventuel mouvement spartakiste, il eût
été préférable qu'ils réclamassent et ob-
tinssent le désarmement général et com-
plet du Reich. De plus, le Traité signé par
les Allemands ne porte nullement l' éva-
luation du montant des réparations. Il
se borne à prévoir des échéances et des
commissions.
Pourquoi s'étonner alors que devant
l'antagonisme séculaire entre la France
et l'Angleterre en Orient, devant la di-
vergence des intérêts et des besoins fran-
çais et anglais en Europe Centrale, l'An-
gleterre ait toujours été partisan du mar-
chandage, du moratoire ?
Par principe, par tempérament, M.
Lloyd George tiendra toujours tête aux
ministres français qui viendront à lui avec
une altière fermeté, une intransigeance
surfaite, un gant de fer sous lequel il se
refuse à voir la main de velours. Et c'est
pourquoi il a dicté ses volontés à M.
Georges Clemenceau « qui a bien mérité
de la Patrie », à M. Alexandre Millerand,
à M. Poincaré. Et c'est pourquoi nous
eûmes Versailles, Spa et San Remo ; et
c'est pourquoi nous avons eu Londres.
Au contraire, lorsque M. Lloyd George
voit venir à lui un représentant français
qui fait mine de céder, qui sait jouer au
chat avec la même ruse et la même ha-
bileté que lui-même, il ne cherche pas
si derrière le gant de velours, il y a une
main de fer et il accepte les accords de
Cannes, les meilleurs que nous ayons ob-
tenus depuis l'armistice.
Aujourd'hui, la situation est grave. Si
M. Poincaré persiste dans l'attitude qu'il
observait à Londres, la veille de la rup-
ture, c'est-à-dire dans celle que toujours
préconisèrent les éléments républicains
français, dans celle oui se refuse aux foJ-
les expéditions ruineuses dont rêve le
Bloc National, il peut transformer l'isole-
ment de la France en un isolement de
l'Angleterre : qu'il prenne la tête d'un
mouvement de reconstruction européen-
ne, qu'il s'appuie sur les éléments répu-
blicains allemands et l'Italie, et la Belgi"
que, et les neutres, et la Petite Entente
et toute l'Angleterre libérale seront dé-
finitivement avec nous !
Que M. Poincaré ne revienne surtout
pas à ses anciens projets : il gâterait la
situation de la France que la maladresse
entêtée de M. Lloyd George, de chance-
lante a rendue bonne !
Un de mes amis actuellement en Alle-
magne m'écrit ceci :
« La meilleure garantie de paix pour
la France est un gouvernement républi-
cain très fort en Allemagne. Or, très net-
tement, les derniers événements font per-
dre du terrain au gouvernement Wirth,
au grand avantage des nationalistes.
Quel dommage que notre politique trop
conséquente, trop logique, ne tienne pas
suffisamment compte des réédités ! »
Certes, l' alliance franco-anglaise est
nécessaire puisqu'elle est la seule ga-
rantie d'exécution du traité et que c'est
ce traité qui renferme l'énoncé de prin-
cipes relatifs aux Réparations.
Mais l'alliance ne doit pas être un leur-
re pour l'une ou l'autre des parties. Elle
doit, au contraire, admettre les diver-
gences d'opinion sur les points secondai -
daires et n'être intransigeante que sur
la question de justice internationale et
privée : « Réparations des dommages
causés ».
Ah ! quelle belle politique, généreuse
et humaine, nous pourrions ébaucher si
nous n'avions pas derrière nous à traîner
le boulet de Versailles, la rédaction gé-
niale de M. Tardieu, lauréat du concours
général.
Jacques KAYSER.
-——————— > - < ■ -
ÉDITORIAL
Pour contenter
tout le monde
A l'heure même où, plus
lue jamais, l'Allemagne
pleure misère, le gouverne-
ment du Reich vient de
prendre une petite décision
qui p,our beaucoup est pas-
sée inaperçue mais qui
mérite, cependant, d'être mise en relief:
les traitements de ses fonctionnaires
viennent d'être, une fois de plus, subi-
tement augmentés.
Et en avant, la planche à assignats 1
Quelques beaux milliards de billets nou-
veaux vont sortir. Et M. Wirth aura en-
core l'audace de verger un pleur sur le
mark défaillant.
Il y a, dans la politique f inancière
germanique, une telle insolence tran-
quille, un tel cynisme désarmant qu'on
se demande s'il faut se lamenter ou rire.
Evidemment, avec de telles pratiques,
l'Allemagne sera demain encore un peu
plus pauvre qu'aujourd'hui. Elle pourra
aux alliés qui braqueront leurs lunettes
sur ses budgets flageolants, montrer
d'impressionnantes colonnes de chif-
fres. Et, très sérieusement, faisant la
sainte Nitouche, elle répétera qu'elle
n'y est pour rien, et que si le mark dé-
gringole, nous sommes les seuls vrais
coupables. Et M. Lloyd George opinera
du bonnet !
-' Le chancelier a, cependant, aujour-
d'hui une magnifique occasion de prou-
ver par des faits cette fameuse bonne
volonté qu'il n'a jusqu'alors montrée
que par des mots. Que n'avons-nous pas
eu, en effet, de discours émouvants et
de plaintes angoissées ! C'était à croire
que toute la faconde mélodramatico-po-
litique était monopolisée à la Wilhelm-
strasse 1
Les Allemands ne peuvent pas payer
actuellement ? Soit : nous leur accor-
dons même qu'ils sont dans une situa-
tion pénible et acceptons d'oublier qu'ils
firent tout pour s'y mettre. Mais le plus
solide débiteur qui demande un crédit
offre quelque chose d'autre en échange.
C'est l'a-b-c des pratiques financières.
Que M. Wirth cherche bien : dans le
bric-à-brac des richesses germaniques,
il n'aura que l'embarras du choix..Quel-
ques gages bien choisis lui acquerront
le moratorium qu'il demande. L'Angle-
terre ne protestera pas ; la France sera
satisfaite, et il arrivera ainsi non seule-
ment à gagner notre confiance qu'il re-
cherche, mais à consolider son propre
crédit, qui en a grand besoin.
Ravmond LANGE.
On dit.
Aujourd hui
Collection originale
C'est d'une collection d'écureuils qu'il s'a-
git. La doctoresse Lilïian Delger Powers, de
White Plains, dans l'Etat de New-York, ne
possède pas moins de 350 écureuils.
La maison appartient à ces charmants
grimpeurs et elle est aménagée spécialement
pour eux avec tout., le confort moderne.
Hélas ! la forêt n'est-elle pas pour eux le
plus beau des palais 1
lç:>*"Zbw
Olympiades féminines
Dans l'histoire du sport, le dimanche 20
août est une date qui restera. C'est, en ef-
fet, hier que, pour la première fois, se sont
disputés les jeux olympiques féminins. Ils
ont eu lieu en France. au Stade PerRhinu.
devant une assistance que l'on peut évaluer
à plus de 5.000 personnes.
Notre pays ne retirera d'à,illeurs, de cette
compétition internationale, que l'honneur de
l'avoir organisée, les - épreuves disputées
ayant surtout affirmé la valeur des cham-
pionnes d'Angleterre et d'Amérique, qui se
sont adjugé les premières ptaces.
C'était prévu, du reste. Les jeunes Fran-
çaises s'adonnent aux sports depuis très peu
d'années seulement, mais devant les perfor-
mances qu'elles accomplissent déjà, il est
certain qu'un jour elles défendront noz vn
leurs avec autant de succès que Mlle Len-
glen.
<;:).o
Le rêve d'une mère
A New-York, des détectives recherchent un
enfant disparu. Leur tâche est difficile, ils
n'ont pour les guider que les rêves de la
maman affolée.
Or, la mère, une Italienne, a revu son fils
en rêve : Angelo à 11 ans, tel qu'il était ha-
billé le jour où il disparut. Il lui dit qu'il
était retenu prisonnier par ses ravisseurs,
précisa le numéro et le nom de la rue dans
laquelle on pouvait à coup sûr le retrouver.
Les braves policiers s'en furent à l'adresse
indiquée. Elle n'existait d'ailleurs pas; mais,
nullement découragés, ils poursuivent leurs
recherches aux environs, ayant gardé un pe-
tit espoir de trouver la clef des songes.
Les détectives de New-York sont fantai-
sistes.
Un coïliconrs curieux
Un concours original a eu lieu dernière-
ment à Saint-Louis, à l'instigation de Dou-
bleday Page Bokshop.
Il s'agissait de désigner un certain nom-
bre de livres afin de constituer une biblio-
thèque modèle.
Institué à l'occasion de la, Semaine du
livre de Missouri, ce concours permit à une
Américaine, Mme France S. Sawerqui, de se
classer permier prix.
Il nous est 10rt doux de constater que
dans la liste dressée par cette aimable fem-
me, figurent trois livres français :
Le Comte de Monte-Cristo, de Dumas ;
Jeanne d'Arc, de Boutet de Monvel ; Les
Misérables, de Victor Hugo. Le Tapin.
——————.——— ). —————————
Paris à la nage
Favorisée par un temps superbe, la tra-
versée de Paris à la nage a attiré hier, sur
les bords de la Seine, une foule considérable.
Cette épreuve, qui se disputait entre le
pont National et la passerelle DebiMy, avait
réuni les meilleurs champions de France, de
Belgique, d'Italie et de Hollande. La vie.
toire est revenue au bordelais Rebeyrol, qui
a effectué les 8 kil. 200 du parcours en
1 h. 57.
Le nageur italien Sachner s'est classé se-
cond, loin derrière.
Cette belle épreuve était placée sous la
présidence de M. Jean de Castellane, con-
seiller municipal et président de la Fédéra-
tion française de natation; elle fut suivie par
cinq vapeurs, par de nombreux canots auto-
mobiles et par deux hydroglisseurs à hélices
aériennes.
COMMENT ON ECRIT L'HISTOIRE
Un historien catholique
A propos d'une brochure récente, publiée
par l'ex-capitaine Magniez et intitulée : Ré-
pliques du bon sens aux attaques et objeo-
tions modernes contre la reZigion, nous rece-
vons d'un de nos lecteurs, M. Armand Car-
telle, une note aui met au point certaines
erreurs. plus ou moins volontaires, qu'il
est juste de relever : « A propos de la révo-
cation de l'Edit de Nantes, écrit notre cor-
respondant, on peut lire, à la page 82 de son
ouvrage ;
« C'est un fait tout politique. L'Eglise n'y
« est pour rien. Henri IV, pour pacifier le
« royaume, calmer les protestants turbu-
« lents, leur avait concédé de grands privi-
« lèges en certaines villes ; peu à peu ces
« villes formèrent une sorte d'Etat presque
« indépendant de l'Etat; Louis XIV ne le
« souffrit pas. C'est tout. »
« Non, mon capitaine, ce n'est pas tout
Présentée sous ce jour. la révocation de l'E-
dit de Nantes est dénaturée. En effet, sous la
règne de Louis XIV, les protestants n'avaient
plus de places de sûreté et de privilèges mi-
litaires. Le tout avait été supprimé par la
paix d'Alais ou édit da grâce en 1629
Louis XIV n'eut donc pas à retirer ces pri-
vilèges en 1689. Le rêve de celui qu'on a ap-
pelé « le grand Roi » était de faire l'unité
religieuse en France. Il était encouragé et
aidé dans cette œuvre sacrilège par Bossuet
et une partie du clergé qui étaient contre
« la malheureuse liberté de conscience »
« D'où la révocation de l'Edit de Nantes
D'ailleurs, les dispositions de l'ordonnance
de révocation du 22 octobre 1685 sont pure-
ment religieuses. Les voici :
« 1. L'exercice du culte réformé est inter-
dit dans tout le royaume, sauf en Alsace ;
« 2. Les ministres protestants quitteront
le royaume d'ans le délai de quinze jours ;
« 3. Les autres protestants ne pourront
émigrer sous peine des galères ;
« 4. Les enfants huguenots seront élevé*
dans la religion catholique ;
« 5. Personne ne sera inquiété sous peino
de religion (ce dernier article ne fut pas ob-
servé, car « la mort attendait les fidèles qui
assistaient au prêche »).
« Approuver l'acte exécrable de Louis XIV
et dénaturer à ce point la vérité, c'est faire
preuve d'un fanatisme outré.
« Ce n'est pas avec cette arme-là que l'on
combat honnêtement et loyalement pour la
vérité contre l'ignorance et contre l'obscu-
rantisme superstitieux de la mauvaise foi. »
—————————— J < —————-———
Anomalies alsaciennes
Que fait encore en Alsace le nommé
Toohiember, fonctionnaire qui, dit l' « Alsace
Française », avait déclaré, l'hiver dernier,
à Colmar, en pleine réunion publique, qu'en
France Dit n'y avait de liberté que dans les
prisons et d'égalité que dans les maisons de
fous.
A la suite d'une telle profession de foi,
qu'a-t-on fait ? Ce singulier fonctionnaire n'a
été l'objet d'aucune révocation ; il a simple-
ment été « suspendu temporairement, il tou-
che la solde entière d'inspecteur de l'enregis-
trement, à ne rien faire et occupe ses loisirs
à. l'administration de l' « Blsaesser Kurier ».
Or, poursuit notre confrère, « la raison de
cette impunité prolongée réside dans le fait
que l'Administration de l'enregistrement a
cessé de relever de Strasbourg et qu'elle
échappe théoriquement à l'autorité de M. Ala-,
petite. A Paris, où les bureaux de M. de Las.
teyrie sont obstinément sourds, aucune sanc-
tion n'intervient contre le sieur Tschiember.
L'indigne maître qui, au cours de la guerre
fut à la soMe des Allemands", le rédacteur
attitré de cet ignoble torchon qui avait nom
« Gazette des Ardennes » et n'avait quotidien-
nement pour but que de démoraliser nos po-
pulations des régions dévastées et nos pri-
sonniers peut librement venir se promener
en Alsace. Personne ne dit rien,
Est-ce une façon de gagner la confiance des
Alsaciens-Lorrains qu'une telle insouciance,
qui, en l'espèce, n'est pas de la générosité,
mais est un véritable crime contre la cause
française ?
L'offensive menée par la Bloc national
contre l'impôt sur le revenu
« 3e. &;--
L'impôt sur le revenu n'a pas réussi à con-
quérir les bonnes grâces des gens du Bloc
national. Nous assistons à une véritable
levée de boucliers contre lui. Hier c'était M.
Arago, Je grand chef des réactionnaires du
Palais-Bourbon qui partait en guerre et pro.
nonçait contre ses prescriptions un discours
aussi vide que redondant. Tous les jours, les
organes bien pensants, depuis le plus grand
jusqu'aux plus petits, l'accablent de railleries
et d'épigrammes. Songez donc? Par l'impôt
sur le revenu, les républicains ont essayé de
réaliser la justice fiscale. Ils ont voulu que
les riches paient en proportion de leur for-
tune. Ils ont voulu faire peser sur les épau-
les de ceux qui possèdent la plus grosse par-
tie du fardeau des impôts. Et naturellement
ceux-ci regimbent et se démènent.
Il est facile de remarquer que l'offensive
menée contre l'impôt sur le revenu provient
naturellement de ceux auxquels il s'adresse
tout particulièrement, riches, oisifs et para-
sites, mercantis que la guerre a gorgé, d'or.
Ces gens-là veulent bien profiter de tous les
avantages du lieu et du moment; mais payer
on conséquence, ils ne le veulent pas! Payer
doit être le lot des petits, des manants com-
me dans la fable du bon La Fontaine. Mais
eux doivent le moins possible mettre la main
à leur poche bien remplie, du moins quand il
s'agit de faire face aux besoins de l'Etat.
Soyez persuadés .qu'ils sont partisans de tou-
tes les dépenses sous lesquelles ploie notre
malheureux budget. Ils sont partisans de tou-
tes les expéditions lointaines et chères, expé-
ditions de Syrie et d'ailleurs. Ils voudraient
que l'Etat français prît à sa charge les frais
de l'Eglise catholique et pourvût à la rétri-
bution * des prêtres de son culte. Que le bud-
get de la guerre monte à 4 milliards et même
davantage et entretienne plus d'officiers au-
jourd'hui qu'avant 1914, ils trouvent que c'est
vraiment très bien. Mais quand vous leur de-
mandez de supporter exactement la quote-
part qui leur revient de tous ces frais et de
toutes ces dépenses, ils ne vous comprennent
plus et ils se demandent si vous êtes fou de
parler ainsi. Et ils font comme ils disent. Ils
sont oblieés de déclarer annuellement leurs
revenus. Ah! si les contrôleurs de contribu-
tions directes avaient droit de parler à ce su-
jet, si les dossiers qu'ils détiennent n'étaient
pas secrets, vous eu apprendriez de belles. Il
y a en France plus de 10 milliards de revenus
(Bons de la Défense Nationale, titres au por-
teur, etc.), qui échappent à l'impôt. La chose
a été dite tout au long dans la dernière dis-
cussion du budget.
IMITONS LES ANGLAIS
Dans une récente discussion à la Chambre
des communes, sir Robert Horne, chancelier
anglais de l'Echiquier, a déclaré que lorsque,
au titre de l'impôt sur le revenu, les anglais
sont imposés de 7 livres 10 shillings par
tête d'habitant, les Français ne sont imposés
que pour une livre. Cela n'a peut-être l'air
de rien. Cela tient à peine une ligne dans les
colonnes des gazettes. Mais lorsque nous al-
lons ensuite crier misère auprès des Anglais,
lorsque nous leur demandons aide et appui
contre l'Allemagne avec beaucoup de flegme
et sans avoir l'air d'y toucher, ils nous répon-
dent en comparant le courage fiscal de leurs
« riches » à eux et de nos « riches » à nous.
La comparaison n'est pas à notre avantage!
Et nos riches nouveaux et anciens (les nou-
veaux plus que les anciens) j profiteurs de la
guerre et profiteurs de la paix, tous ceux qui
peuvent et savent user largement des joies er
des satisfactions que leur procurent la riches-
se,la tranquillité de notre pays, la patience et
la résignation des travailleurs qui produisent
pour eux; tous ceux-là, tous ceux qui ne veu-
lent pas payer l'impôt sur le revenu. Eh bien'
je dis simplement .que ce faisant, ils font
acte de « mauvais » français; je dis qu'ils
portent un tort considérable à notre pays. et
qu'ils devraient être les derniers à agir ainsi.
Mais ils auront beau crier et tempêter.
L'impôt sur le revenu existe et il ne sera pas
effacé aussitôt de nos lois, n'en déplaise à
tous les « Aragoins » de France et de Na-
varre.
F. DOUCEDAME,
Conseiller général de l'Aisne, secré-
taire du parti radical et radical-s
POLITIQUE ETRANGERE
fil. Wirth fera-t-il aux délégués alliés
les propositions raisonnables?
-——————
Faute de garanties sérieuses, la Belgique votera contre
le moratoire. — La position de flta/ie
Le « Tageblatt » croit savoir que les né-
gociations des représentants de la Commis-
sion des réparations avec le gouvernement
du Reich commenceront dès aujourd'hui.
Le « Tageblatt » déclare que le gouver-
nement se montrera aussi conciliant que
possible, mais il n'est pas besoin de répé-
ter qu'il ne consentira à aucune mesure qui
réduirait encore la souveraineté de l'Alle-
magne ou aggraverait sa situation écono-
mique.
Les journaux démentent que des représen-
tants de la Bavière et autres Etats doivent
assister aux négociations.
LES INSTRUCTIONS DONNEES
A M. DELACROIX
Bruxelles, 20 août. — M. Theunis, pré-
sident du Conseil, ministre des finances, a
eu, au ministère des finances, un long en-
tretien avec M. Delacroix, délégué belge"
la Commission des réparations..
M. Delacroix a mis le ministre au courant
des discussions de la Commission des répa-
rations et lui a exposé le but de la mission
Bradbury-Mauclère à Berlin. Les deux dé-
légués tâcheront d'obtenir du Reich cer-
tains gages leur permettant d'accorder à
l'Allemagne un moratoire jusqu'à la con-
férence qui doit "e tenir en novembre ou dé-
cembre.
M. Theunis a insisté auprès de M. Dela-
croix pour qu'il mette tout en œuvre pour
faire prévaloir une solution acceptable à la
fois pour la France et l'Angleterre et les au-
tres pays intéressés. Si l'Allemagne ne don-
ue pas de garanties sérieuses, le délégué
belge vexera contre le moratoire.
Dans les milieux bien renseignés de
Bruxelles on se montre très optimiste. A la
fin de la semaine prochaine, la Commission
sera appelée à prendre une décision.
L'Allemagne espère
La « Gazette Générale de l'Allemagne ».
narlant de la question d'un rapprochement
franco-allemand, applique aux relations dp
la France et de l'Allemagne le mot de Bis-
mark aux relations austro-prussiennes
« Entre nos deux Etats les rapports ne peu-
vent devenir que meilleurs ou pires ; mais
ils ne peuvent rester ce qu'ils sont. »
Le journal attribue ce qu'il appelle le
changement de ton de la presse française à
l'influence des milieux industriels fran-
çais qui ont toujours considéré la question
des réparations comme une question d'éce-
nomine internationale.
« L'Allemagne, dit le journal, doit ac-
cueillir les déclarations de la France avec
un « doute admiratif » et une « admiration
sceptique ■». Si les milieux dirigeants fran-
çais sont prêts à une entente entre la Fran-
ce et l'Allemagne, il ne tiendra pas à l'Al-
lemagne que cela ne soit pas. »
Le 'C Drapeau Rouge », qui reparaît sous
le titre « Le Drapeau rouge pour le Bran-
debourg et la Lusace », écrit que cette en-
tente, qu'elle soit obtenue par la politique
officielle ou par le gouvernement oc'culte
de Stinnes, ne pourra pas mettre fin aux
rivalités des capitalistes français et alle-
mands.
Une interview
de M. Schanzer
La « Tribuna » a Interviewé M. Schan-
zer, qui a déclaré entre autres :
c La Conférence de Londres a éclairci
nettement le grand problème des répara-
tions et des dettes interalliées ; elle a mon-
tré les positions respectives des puissançes
dans ce problème et a prouvé surtout l'in-
séparabilité de ces deux questions.
c Le résultat le plus remarquable de la
conférence consiste dans le fait que l'idée
d'une conférence future qui devrait étu-
dier le problème financier et économique
fut unanimement accueillie par les Fran-
çais, les Anglais et les Belges et, ce qui est
plus important, dans le texte de la propo-
sition italienne.
« Le point de vue italien était clair :
en principe, nous étions favorablement dis-
posés à un moratoire de courte durée, ain-
si qu'à l'acceptation de quelques projets
français concernant la surveillanee- de J'ac-
complissement des engagements allemands.
mais nous ne crûmes pas devoir nous asso-
cier à des projets de garantie qui eussent
porté préjudice à la vie économique de l'Al-
lemagne en menaçant sa vie politique.
M. Schanzer a ajouté qu'il avait donné
à M. Salvago Raggi, délégué italien à la
Commission des réparations de Pajs, l'ins-
truction de continuer dans la Commission
l'action conciliante exercée à Londres par
l'Italie, en tenant compte des principes af-
firmés à Londres par la délégetion italienne.
M. Schanzer a montré que l'idée qui doit
prédominer chaque fois qu'il s'agit des det-
tes interalliées est qu'il n'est pas question
de dettes ordinaires comme des dettes com-
merciales, mais de fonds mis en commun
et employés par des peuples différents à un
but à atteindre, à un objectif vital égale-
ment pour tous.
Interviewé par le « Giornale d'Italia »,
M. Schanzer, après avoir donné des rensei-
gnements sur la Conférence de Londres, a
conclu en disant que l'on s'emploie afin
que la Grèce et la Turquie cessent les hos-
tilités. Si leurs points de vue se rappro-
chent, les délégués des deux pays pourront
se réunir à Venise ou dans toute autre vil-
le. mais M. Schanzer ne participera pas à
cette réunion à laquelle assisteront seule-
ment les hauts commissaires à Constanti-
nople.
i—: - ,
L'Angleterre réclame
des hommes nouveaux
Le « Sunday Express » reconnaissant les:
capacités étonnantes de M. Poincaré. lui
adresse ses plus sincères félicitations à
l'occasion de son soixante-deuxième annl..
versaire.
Puis, parlant de lord Balfour et de sa fa-
meuse note, ce journal écrit :
« Le monde est très malade. Ne serait-il
pas mieux servi que par des hommes d'Etat
Hoxagénaires et septuagénaires. N'eat-il paa
possible que des hommes plus jeunes puis-
sent avoir des remèdes inconnus de leurs ai..
nés. La jeunesse a combattu pour la civili-
sation sur les champs de bataille : il se peut
bien qu'elle aide à sauver celle-ci sur lea
plaines dévastées de la diplomatie interna"
tionale. »
L' « Observer » écrit :
« Le gouvernement britannique s'étant
complètement séparé de M. Poincaré, la
France est incitée, par conséquent, c à ré-
colter ce qu'elle a semé ».
« Dans le bref intervalle de cinq jours,
depuis son départ de Londres, M. Poincaré
donne à comprendre qu'il hésite à c se-
mer » lui-même après avoir essayé d'enga- ,
ger les i!Hliés à le faire de leur côté. >
Ce journal dit aussi que les partisans de
M. Poincaré lui ont suggéré de c punir
l'Angleterre » par la formation d'un blo«
continental antibritannique, mais que ca
bloc n'est réalisable qu'avec l'aide de l'Al-
lemagne, ce qui laisse entrevoir aux par*
tisane de M. Poincaré la possibilité d'un
pacte avec l'Allemagne.
Puis, le journal ajoute : « La France re-
connaît maintenant que l'organisation com-
merciale et les capacités techniques alle-
mandes sont préférables pour la France tà
des réparations de guerre. »
L' « Observer » conclut en disant : < On.
espère Ici que la France se rendra compte
que la coopération en EurOiPe est une meil-
leure méthode qu'un essai de direction et
de contrôle des industries allemandes. Il est,
par conséquent, possible que la nouvelle po-
litique de semi-isolement de la Grande-Bre-
tagne soit mise à l'épreuve plus tôt qu'on.
ne s'y attendait lundi dernier. >
————————— > .- ( ;
Les Soviets ont sauvé la Russie
affirme Tchifcheriije
L'Observer publie un long article de Tchit-
chérine dans lequel celui-ci dit que les gou-
vernements de l'ouest ont commis l'erreur de
penser que la Russie était à bout. « Noua
avons besoin de la collaboration économique
des autres pays, dit-il, mais nous pouvons
attendre, surtout avec la belle récolte de cette
année ».
Tchitchérine ajoute que la Russie souffre
aussi bien que le continent tout entier de la
politique agressive de l'impérialisme français.
Il prétend ensuite que les socialistes révolu-
tionnaires ont été à la solde de l'impérialis-
me français pour empêcher la reconstruction
de la Russie et causer la ruine de celle-ci.
« Le gouvernement des soviets, a sauvé 1a
Russie, dit Tchitchérine. Maintenant, con-
clut-il, tout renaît en Russie. Un profond opti-
misme domine partout. Des crédits extérieurs
sont nécessaires pour améliorer le commerce
extérieur et une collaboration économique avec
l'Allemagne sera des plus utiles, mais, nous
invitons tous les pays à cette coopération ».
—
A TRIAUCOURT
1 POINCARE IMIiï
un monument aux morts
« Tous les Allemands, dit-il, sont
responsables du mal qui a été fait »
Triaucourt, 20 août. — Le président du
conseil et Mme Raymond Poincaré sont des-
cendus à Triaucourt chez Mme Lucien Poin-
caré. L'ancien président de la RépubLique.
qui représente le canton de Triaucourt au
conseil général de la Meuse, a tenu à partici-
per aux émouvantes cérémonies de la com-
mémoration des enfants de ce chef-dieu qui
sont tombés pendant la guerre. Le monument
élevé en leur honneur, une simple stèle de
pierre décorée de la Croix de guerre, porte'les
noms des soldats morts au champ d'honneur
et des habitants victimes de la barbarie aUs*
mande.
C'est à 2 heures qu'a eu lieu l'inauguration
officielle du monument. Prenant la parole à
cette occasion, le président du conseil a rap-
pelé les événements de septembre 1914 et les
atrocités allemandes à Triaucourt. Il a évo-
qué l'abominable attentat dont les Allemands
se rendirent coupables à Triaucourt, le S
septembre, sous le prétexte qu'un habitant
avait tiré sur leurs troupes. « Comédie ordi-
naire dont l'ennemi a donné en France et
en Belgique des centaines de représentaticms
sanglantes ; mais ici Je mensonge était d'au-
tant plus odieux que le soldat allemand qui
avait tiré le premier avait pu être iden-
tifié sans difficulté. »
« Vous, messieurs, poursuit M. Poincaré,
qui avez été témoin de ces horreurs, vous qui
avez entendu ces menaces et ces défis à la
vérité, vous qui avez vu .tomber sous les bal-
les vos parents, vos femmes, vos enfants, vos
amis, comment pourriez-vous comprendre t,
admettre qu'aujourd'hui, après la victoire, il
se trouvât de par le monde des gens assez
aveugles pour vous conseiller de laisser impu-
nis les auteurs de Dareils attentats et d'aJban-
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