Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-08-17
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 août 1922 17 août 1922
Description : 1922/08/17 (N18876). 1922/08/17 (N18876).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
29 THERMIDOR, AN 130. — N° 18876
Le numéro - r: QUINZE - CENTIMES --
JEUDI 17 AOUT 1922. — N* 18876. r
Fondateurs (1869) :
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
~un a ah lhIa It»h mû
ssune & S.-ET-OISE. 38 > 20 > 10 »
Fbancb & Colonies.. 41 » 22 » 11 »
ETRANGER. 49 » 25 » 13 »
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Rédaction et Administration : Nord 24-90, 24-91. — Après M heures il ait : Roquette wts -
TRIBUNE LIBRE
L'église catholique ne peut plus évoluer
- - -
L'obscure affaire de ces « diocésai-
nes » qu'on veut substituer aux « cul-
tuelles » laisse le peuple français parfai-
tement indifférent, et cette indifférence
est, comme on dit, un signe des temps.
On a le sentiment que l'Eglise catho-
lique n'est plus assez vivace pour évo-
luer, que le temps des réformes et des
réformateurs est passé.
Rien ne justifie mieux ce sentiment
que la lecture de la très instructive bio-
graphie du Père Hyacinthe que fait pa-
raître M. Albert Houtin, surtout la lec-
ture du tome II de cette biographie inti-
tulé : « Le Père Hyacinthe réformateur
catholique ». On y voit, dans tous les dé-
tails utiles et probants, l'échec de la der-
nière grande tentative qui a été faite en
France pour faire évoluer une Eglise qui,
dans les siècles passés, au temps de sa
vivacité, a tant évolué.
1 Une bonne occasion s'offrait alors :
c'est la définition de ce dogme de l'in-
faillibilité, qui scandalisa tant, non seule-
ment le Père Hyacinthe, mais une partie
idu haut clergé français. Le Père Hyacin-
the crut assister à une révolte d'une éli-
'te des consciences catholiques dirigean-
tes, et il crut que de cette révolte allait
sortir une régénération de 1 Eglise, par
une réforme dont lui-même serait le
phef. -
Son talent et sa gloire semblaient
bien le destiner à ce rôle de chef d'une
réforme religieuse en France. Peu de
Français furent plus éloquents que ce pre-
Idicateur, qui, dans la - chaire de Notre-
pame, avait ému d'admiration un audi-
toire où les non-croyants étaient peut-
être encore plus nombreux que les
croyants. Il avait du courage, de la vo-
lonté, une pureté d'âme et de vie, la
candeur d'un saint. Physiquement et mo-
ralement, il était beau. Toutes les chan-
ces de succès étaient en lui et
lui. - -¡' "-:,'
Eh bien, il échoua lamentablement.
Cette révolte des consciences, qu'il es-
comptait, avorta.
Tous les évêqués français hostiles à
H'infaillibilité se soumirent l'un après l'au-
tre Lui-même, dans son journal intime,
avoue qu'à un moment il fut sur le point
Ide se soumettre, au moins du bout des
lèvres. Proclamé au début de la guerre
franco-allemande, en 1870, le \dogme
pe scandalisa pas le peuple français, mê-
me catholique. Envahie, la France ne son-
gea qu'au péril de mort ou d'esclavage
qu'elle courait. Même s'il eût paru en
pleine paix, le dogme de l'infaillibilité
eût été accueilli par l'opinion française
(&vâc plus de curiosité que d'émotion. Pas
un ouvrier, pas un paysan, n'en eût senti
¡Son cœur remué d'amour ou d'indigna-
tion. Tout de même dans presque tous les
milieux intellectuels. Nous étions alors,
dans l'armée, aux avant-postes, quelques
normaliens engagés volontairement :
nous accueillîmes la nouvelle avec un sou-
rire et un haussement d'épaules. Qu im-
portait une absurdité religieuse de plus
ou de moins ? Voilà ce que nous nous
disions.
Je me rappelle très bien qu'à ces
avant-postes de 1870, un de nos cama-
rades, ouvrier parisien, à qui nous di-
mes : « Tu sais la nouvelle ? Le pape
est infaillible ? », nous répondit : « Ah
Ibah ! il ne l'était donc pas ! »
Pauvre Père Hyacinthe ! lui si beau,
si éloquent, si cordial, si foncièrement
catholique, jusqu'à aimer tout le divin
et tout l'absurde (à part l'infaillibilité),
ie ne sais pas si plus d'une douzaine de
vrais catholiques le suivirent. Quand il
nevint, à Genève, curé de « l'Eglise ca-
tholique nationale », en octobre 1873,
il eut pour électeurs et pour auditeurs
plus de rationalistes que de croyants.
Son Eglise catholique nationale de Pa-
ris, de 1884 à 1893, fut surtout sou-
tenue par des protestants libéraux,
Cette réforme manquée n'était pas sans
ressemblance avec celle que les hom-
mes de la Révolution française avaient
tentée, en 1790, par la Constitution civi-
le du clergé. L'addition la plus impor-
tante que le Père Hyacinthe y avait faite,
c'est le mariage des prêtres. Lui-même
s'était marié, dans de parfaites condi-
tions de décence et d'honneur. Il comp-
tait beaucoup sur cet exemple. Aucun
membre du clergé ne le suivit. Il fut, je
crois le seul prêtre marié, du moins publi-
quement, qui entendît rester prêtre. Au
contraire : son mariage scandalisa, et
bien plus que la proclamation du dogme
jde l'infaillibilité n'avait scandalisé..
Le pauvre homme, si décu. s'écrie
Le ipauvre homme. si décu. s" é cr i e
douloureusement dans son journal inti-
me, qu'il se sent « impossible », n'étant
ni catholique, ni papiste, ni protestant,
ni libre penseur. On l'admire, on le hait,
on l'applaudit, on l'injurie, on ne le suit
pas. Son action, si courageuse, n'a eu
aucun effet, absolument aucun. Et son
échec a figé encore davantage dans son
immobilité l'Eglise catholique qu'il avait
voulu faire évoluer.
Lisez tout cela dans le livre de M.
Houtin, si beau par l'intelligence, la clar-
té et la probité, écrit sous les yeux et
avec les papiers du Père, avec la compé-
tence, non d'un adepte, mais d'un ami et
d'un collègue, avec la hauteur d'esprit
d'un homme qui, lui, n'a pas échoué,
mais qui s'est rendu libre, alors que le
Père Hyacinthe n'a été, à tout prendre,
qu'un esclave révolté et impuissant.
Diocésaines ou Cultuelles ? Ce qui ar-
riva au Père Hyacinthe montre le peu
d'intérêt de la question. Il n'y a ni à
craindre ni à espérer que l'Eglise ca-
tholique s'adapte, par quelque grand
changement dans son dogme ou dans sa
discipline, aux sociétés modernes. Com-
me je le disais en commençant, elle ne
peut plus évoluer.
A. AULARD.
- - > c ——————.——
EDITORIAL
Inutile débat
Dans un scrupule loua-
ble de conscience parle-
mentaire et de bonne foi
politique, M. Poincaré avait
— à l'heure la plus trou-
blante des pourparlers de
Londres — songé à convo-
ement et à lui - exposer ses
efforts. Le Président dit Conseil sentait,
à ce moment critique, le besoin de s'ap-
puyer sur toute la France qu'il savait
derrière lui, et il voulait, dans l'appro-
bation des deux Chambres, puiser de
nouvelles forces pour les luttes prochai-
nes.
Aujourd'hui, considérant de Paris les
événements, avec la perspective que
donnent deux jours de réflexion, il sem-
blé avoir renoncé à son projet.
Pourquoi, en effet, convoquer les
Chambres ? Pour un vote de confiance
qui serait enlevé haut la main ? Est-ce
bien nécessaire, le résultat étant acquis
d'avance ?
Nos luttes politiques, si attristantes
soient-elles souvent, nous réservent, ce-
penikaaty le, précieux réconfort de s'es-
tomper,. dans leét heures graves, devant
l'intérêt supérieur de la Patrie. Nous en
eûmes une preuve récente lors de la
dernière discussion sur les responsabi-
lités die la guerre. A quelques exceptions
près, toute la Chambre fut derrière le
président du Conseil, parce que c'était
non l'homme, mais la France qu'il fal-
lait défendre.
Aujourd'Imi, il en serait de même. A
part les communistes, qui, par principe,
seront toujours contre M. Poincaré plus
encore que contre sa politique, il n'est
personne — pas même l'éternel mécon-
tent qu'est M. Tardieu — qui oserait af-
firmer qu'une nouvelle capitulation de
la France n'eût pas mis en jeu non seu-
lement nos droits, mais aussi notre di-
gnité.
Pourquoi; alors, ouvrir un débat inu-
tile ?
Si les Chambres étaient réunies, la
discussion litt venue normalement. Les
derniers événements qui, peut-être, ne
sont qu'une étape malheureuse dans
l'évolution d'une longue et âpre discus-
sion imposent-ils la consultation des
représentants du pays ? Il ne semble
pas.
D'autant que l'Entente n'étant pas
rompue, il importe de ne pas exposer au
grand vent des séances et à l'incertitude
d'interventions inopportunes une situa-
tion penible. L'Entente est un malade
auquel il faut éviter les émotions bru-
tales. Et il y a, parmi nos parlementai-
res, de fort braves gens qui, pensant
bien faire, seraient très capables de lui
donner le coup de grâce.
Et puis, les députés sont aux champs.
La mer est belle, les coteaux verts sou-
rient ; ces messieurs font des vers : ne
troublons pas leur poésie.
En ne rappelant pas les Chambres.
c'est encore un service que rend à M.
Lloyd George le gouvernement français.
Il lui évite d'être encore un peu moins
populaire.
Et le Premier ne lui en sera même pas
reconnaissant !
Raymond LANGE.
Les bouleversements de Paris
Un coin de l'Esplanade des Invalides
En passant
Chassez le romanesnue !
C'est une navrante histoire, trop quotidienne,
hélas, qui vient de m'être contée.
Une jeune fille vivait en sa province, entre
une vieille mère paisible, un perroquet bavard.
En quelque bazar de chef-lieu de canton, sans
histoire, elle travaillait, et les jours se sui-
vaient, toujours les mêmes. Le soir, elle lisait
des romans et rêvait d'aventures. Et un jour,
en causant avec son miroir, elle se vit un œil
vif, un profil accentué, un,sourire digne de vic-
toires. Son esprit enfourcha la cavale ; la fol-
le du iogis l'entraîna aux imaginations fa-
ciles ; elle a trouvé l'énigme : elle est photogé-
nique.
Et, délaissant bientôt l'humble toit familial,
toute à ses illusions, elle réunit quelques pau-
vres économies, gagne Paris, et rêve de domp-
ter l'hydre capricieuse.
Dans une pauvre chambre d'hôtel, elle attend
vainement la gloire. La fantaisiste visiteuse
marchande ses sourires, et la petite ouvrière de
province, si fiere de sa photographie, fait an-
tichambre des heures durant à la porte des
studios. Elle va voir les metteurs en scène,
elle écrit aux auteurs, elle fait la tournée des
journaux de cinéma. Partout on promet, et
nulle part on ne tient.
Jusqu'au jour où, désespérée, l'oreille basse
et la mine déconfite, la pauvre petite gagne
un wagon dè troisième classe qui la remet en
sa province. Et, dans son malheur, elle a en-
core de la chance, car combien d'autres au-
raient pu trébucher en route et faire, dans l'an-
tre parisienne, tout autre chose que le cinéma
de leurs rêves. -
Combien ainsi se sont brûlées les ailes,
croyant par la grâce d'un sourire, conquérir
la ville fantasque.
Que ce soit une leçon pour les autres ! Cer-
tes, c'est beau, la gloire, la réputation, la for-
tune. Mais que de patience Inlassable, que de
démarches vaines, que de petits compromis
laids et bas ne faut-il pas pour les gagner ?
Et le calme de la province est si doux, le
clocher du village sonne si honnêtement les
heures quotidiennes. Et le romanesque n'est
jamais si beau que lorsqu'il ne dépasse pas le
domaine de l'imagination.
Jnr.
VOIR EN DEUXIEME PAGE:
L'effort financier : Le budget français
s'équilibrera si les impôts rentrent bien.
h. On dit.
Est-ce un symbole ?
La maison qu'occupe M. Lloyd George, au
10 de Downing Street, se lézarde dangereu-
sement.
Des inspecteurs des ponts et chaussées,
mandés en toute hâte, ont constaté que l'une
des fenêtres de la façade était en très mau-
vais état, et cela à cause de la nature mou-
vante du terrain.
A tel homme, telle maison, pourrait-on
dire.
Des ouvriers vont consolider la maison.
L'amitié franco-anglaise trouvera-t-elle de
Ions ouvriers pour, la préserver des lézar-
des t
Pêcheurs, écoutez !
Des pécheurs ont pris hier dans leurs
filets, sur les côtes de la Manche, une lan-
gouste monstre ne pesant pas moins de
6 kilos et mesurant près de 80 centimètres
de -- long 7 --
Les pêcheurs qui s'échelonnent le long de
la Seine et de J'Eure ne liront pas cette
nouvelle sans émotion. Ces quatre jours de
fête ne leur ont pas été favorables.
Le poisson n'a pas mordu et les pêcheurs
se lamentent. Les plus heureux en ont pris de
8 à 10 livres et autrefois il n'était pas rare
de rapporter de 20 à 30 livres de friture.
Les poissons ont dû se décider à suivre le
conseil de La Fontaine, ils « suivent le fond
de la rivière. »
Les belles enseignes
L'enseigne d'un des prtnchpaaix magasins
de Berck est la suivante :
A l'vraie mode ed Rerrak
SOPHIE CLFFIEB,
Taillleure
pour gens de mer et terriens du pareil
Coupe selon llhaibitude
Sdlidités garantiras inusables
Pantailons et viereuses tenès
et aussi en laigne
K"mises de matelots et matelotes
Bonnetz à quartiers et waravents
Grandis capote et mantes de cérimonies
Pichous gart ins et corsages
Zaccoundheux et calipettes
On n'est vraiment jolie
qu'habillé par Sophie
Et cela vous a, ma foi, un petit air de
pays. Le Tapin.
IL. rc RÉ1VISEK
L'IMPOT INJUSTE ET ILLOGIQUE
La contribution commune, doit être égale-
ment répartie entre tous les citoyens, en rai
son de deurs facultés, dit la Déclaration des
Droits de d'Homme.
Or, ri semble qu'un tel principe ait été
singulièrement négligé dans les modalités de
l'impôt sur les salaires. On continue 'beau-
coujô à discuter sur ce problème délicat, sans
qu'un accord puisse se réaliser entre parti-
sans et adversaires dudit impôt.
Les uns admettent Ile principe et combat-
teat '/application, les autres refusent toute
participation.
Nous recevons d'un de nos amis, abonnés du
Rappel, de justes observations, dont nous te-
nons à faire profiter nos 'lecteurs:
Une chose est évidente, certaine, mous dit
notre correapondant, c'est que, telle qu'elle est
appliquée, la loi est iillogique et injuste.
Illogique, car elle aidmet qu'il suffit au sa-
larié de 4, 5 ou 6.000 francs pour vivre, que le
1' pensionné doit se contenter de 3.600 francs,
alors que le rentier a ibesoin de 9.000 francs.
Injuste, car:
Pour 7.000 francs de salaire l'ouvrier est
tiaxé de 90, 60 ou 30 francs.
Pour 7.000 francs de ipension le retraite est
Imposé de 102 francs.
Pour 7.000 francs de revenu, le rentier ne
paye rien.
Pour 10.000 francs de salaire, l'ouvrier paye
240, 210 ou 180 francs, (plus 20 Ifranœ. comme
impôt sur le revenu, soit au total: .260, 250,
ou 200 francs.
Pour 10.000 francs de pension, le retraité
paye 212 francs, (plus 20 francs, soit 272 Cr.
Pour 10.000 Iliatcs de revenu, le rentier
paye 20 francs.
Tous ces chiffres sont suffisamment êlo-
quetne et se passent de commentaires.
Mais, de ces chiffres, doit-on conclure qu'il
LaHofe repousser J-e principe de l'impôt teéda-
laire? Nous ne le pensons pas. Or, c'est à où
tendent les efforts des capitalistes qui, en sous
mains apportent leur appui au r*>arti ouvrier:
en supprimant le principe de l'impôt sur les
salaires, Me espèrent saper en même temps
l'impôt sur le revenu.
Avec l'article 13 de lia déclaration des droite
de anbornsne, nous pensons que cihaque citoyen
doit participer là. la contribution commume
dans !la mesure de se-s facultés.
Nous pensons que ie corps ouvrier commet-
trait une igrcôse faute en devenant privilégié
comme l'étaient avant la révolution le clergé
et la nowesse. Nous pensons que c'est son de-
voir et &on intérêt de vouloir que Je sadaire
soit imposé, seuls étant exempts ceux faisant
parti de l'assistance puiMique, mais le taux
de perception doit être infime à la base.
De suite, on voit que ce qui importe, con-
formément à 'la déclaration des droits de
l'homme, ce sont à quelque titre que ce soit,
la totalité des ressources dont dispose chaque
citoyen. D'où la nécessité de Ibloquer en un
seul chiffre les ressources taxées par un seul
impôt, dit impôt sur les ressources.
Ce que le corps ouvrier doit combattre c'est
l'impôt de consommation qui venant s'incor-
porer au prix dee matières premières rend
tout contrôle impossible, frappe d'une maniè-
re uniforme le pauvre et ae riche et icela
d'autant plus que iia famille est pilus nom-
breuse. Pour l'ouvrier, cet impôt est dix ou
douze fois supérieur à celui qu'il paye sur les
salaires.
Cet impôt supprimé, quel devra être la
taux de celui sur les ressources? Nous man-
quons de données pour établir un ibarème,
mais nous envisageons une application dans
le genre de ceMe qui suit:
De ,1.000 à 1.500 francs: 0.05 pour cent. De
1.500 à 3.000, 0,8 pour 100. De 3.000 â 4.000,
0,10 pour 100. De 4.000 à 6.000, 0,20 pour 100.
De *6.000 â 8.000, 0,25 pour 10-0. De 16.000 à
20.000, 1,76 pour 100. De 20.000 à 40,000, 2
pour 100. A partir de 50.000, une taxe dans
le genre de cc-Qie adaptée pour l'impôt sur le
revenu, mais avec des coefficients élevés.
Ces chiffres, nous le répétons sont donnés à
titre d'indication.
D'après ce barème:
.L'ouvrier ayant 7.000 franos de salaire
paierait, au lieu de 90, 60 ou 30, 17 fr. 50.
Le retraité pour la même somme paierait,
au lieu de .102 francs, 17 fr. 50.
Le rentier pour la même somme paierait,
au Heu. de rien, 17 fr. 50.
Pour 10.000 francs, le salarié paierait, 50
francs au lieu de 260.
Pour 10.000 francs, le rentier paierait, 60
francs au lieu de 20 francs.
Pour 20.000 francs, de Tentier paierait, 350
francs au lieu de 220.
En résumé, il semlble que 'les revendica-
tions doivent être les suivantes:
.1 ° Ad¡mi}Ol! du principe de l'impôt OOdu-
laire..
2° Réforme immédiate de la manière dont
l'impôt est appliqué.
3" Réunion en un seul Moc de toutes les
ressources.
4° Inidice de perception très faibles à la
base.
5° Suppression de l'impôt de consomma-
t-o*s
LE PROBLEME DES REPARATIONS
lie Conseil des Ministres approuve
la conduite de fil. Poincaré à Londres
- K S ) j .9 — .'°;
Les Chambres ne seront pas convoquées. - La C. D. 7?.
examinera aujourd'hui la demande allemande de moratoire
,.0
Le conseil des ministres s'est réuni hier ma-
tin à Rambouillet, sous la présidence de M.
Millerand.
Les ministres ont pris place à Paris dans le
rapide de Brest qui quitte la gare Montpar-
nasse à 8 h. 40 et où un wagon-salon leur avait
été réservé. Ceux d'entre eux qui étaient ab-
sents de Paris avaient été rappelés par télé-
gramme en raison de l'importance de cette
séance où M. Poincaré doit mettre ses collè-
gues au courant de la situation telle qu'elle se
présente après la Conférence de Londres.
M. Raiberti. ministre de la marine, qui se
trouvait à Nice, et qui arriva à la gare de
Lyon trop tard pour pouvoir être en temps
utile à la gare 'Montparnasse, s'est rendu di-
rectement en automobile à Rambouillet.
Suivant l'usage, M. Colrat, sous-secrétaire
d'Etat de la présidence du conseil, avait été
convoqué à la réunion.
Le rapide est arrivé à 9 h. 45 à Rambouillet
où il s'est arrêté exceptionnellement. Les mi-
nistres, ont été salués par M. Boderean, sous-
préfet, et par le commandant Derendinger, de
la maison militaire du président de la 'Répu-
blique, puis ils sont montés en automobile
pour se ren'dre au château où la séance du con-
seil a aussitôt commencé.
DEUX SEANCES
La séance s'est ouverte à 10 heures. Elle a
pris fin à midi &0.
A l'issue de la réunion, la communication
suivante a été faite à la presse :
« Le président du conseil a fait l'exposé com-
plet des négociations poursuivies à Londres et
des raisons pour lesquelles il a été impossible
d'aboutir à un accord. Le conseil a été unani-
me à approuver l'attitude de son président et
à. se solidariser avec lui. !Le conseil tiendra une
seconde séance cet après-midi. »
La question de la convocation éventuelle des
Chambres n'a été envisagée à aucun moment
au cours de cette réunion.
A 12 h. 55, les membres da cabinet se sont
rendus dans la grande salle à manger du châ-
teau, où le déjeuner a été servi.
0
A 2 heures, de conseil des ministres a,
te-nu une seconde séance.
A 3 heures, M. Maunoury, ministre de
l'intérieur, a fait aux mam(bres de Ha presse
la déclaration suivante:
« Je suis autorisé à vous dire qu'iil n'est
pas question de convoquer des Chamibres. »
Dans cette deuxième séance, qui s'est ter-
minée à 4 heures 25, le Conseil des ministres
a examiné en détail les diverses éventualités
qui pourront se produire suivant les décisions
de la Commission des réparations.
!Les ministres sont partis à 4 heures 40
pour Paris.
L'OPINION AMERICAINE
Washington, 16 août. — Les milieux améri-
cains qui n'ont cessé, quoique de loin, d'avoir
les yeux fixés sur ~Londres, au cours des nég>
ciations qui viennent de se terminer sans ré-
sultat, commentent aujourd'hui cet échec.
On n'entretenait guère d'espoir, en général,
aux Etats-Unis, sur l'efficacité de la Confé-
rence de (Londres. L'expérience des conféren-
ces passées et qui n'ont guère amené de ré-
sultats susceptibles de changer ou d'amélio-
rer la situation mondiale, contribuait à entre-
tenir dans les esprits cet état dî scepticisme.
Dès lors, la fin de la Conférence de Londres
laisse l'ensemble de l'opinion assez indiffé-
rente.
Le New-York World regrette que ces diver-
ses conférences ne fassent que retarder la so-
lution des problèmes -d'où dépend l'avenir de
l'Europe et de la civilisation elle-même.
Le New-York Times demande à l'opinion
américaine de faire un effort pour se placer au
point de vue de la France. Ce journal expose
combien les Français ont de raisons d'agir
comme ils le font actuellement, en exigeant
aue l'Allemagne paie le montant des répara- -
tions et en se tenant Gur la défensive à l'égard
d'une Allemagne qui nourrit toujours des pro-
jets de revancha et qui a fait systématique-
ment (baisser son mark.
Faisant une comparaison entre l'effort fran-
çais pour reconstruire les régions dévales
et la manière dont l'Allemagne qui n'avait
rien à reconstruire, a, de parti pris, fait bais-
ser son mark, le journal 'de New.v'k de-
mande au public américain de peser toutes
cas considérations et de mieux comprendre
ainsi le pent de vue français.
La C. D. R. va statuer
sur la demande de moratoire
Les gouvernements alliés n'ont pu se met-
tre d'accord, à la Conférence de Londres, sur
.a réponse à faire à la demande allemande
d'un nouveau moratoire, qui serait, d'après
la requêté ôu chancelier, applicable à la tota-
lité des versements en espèces à effectuer jus-
qu'à la fin de 1922 (50 millions de marks or
les 1'5 août, 1:; septembre, 15 octobre et 60 mil-
lions les 15 novembre et 15 décembre), puis
aux versements ta espèces de 1923 et 1924.
La parole est donc maintenant à la commis-
sion des ré^arations qui, attendant les résul-
12ts de la conférence de Londres avant :1e
prendre elle-ifcmo une décision, a suspendu le
payement du 15 août.
La commission des réparations se réunira
probablement aujourd'hui pour discuter les
termes de sa réponse à la demande allemande
de moratoire formulée dans la requête du gou-
vernement allemand en date du 12 ui!et dtr-
nier. Elle peut soit accueillir la requête, soit
la repousser, soit l'accepter partiellement en
ajournant un certain nombre de payements,
relatifs aux prochaines échéances.
Aux tc-rmes du traité de Versailles (para-
graphe 13 de l'annexe II de la parti" VIII) la
décision de la commission sera prise à la sim-
ple majorité, la question n'étant pas de celles,
strictement définies, pour lesquelles l'unani-
mité est nécessaire. La simple majorité suffit,
puisqu'il ne s'agit pas 'd'un report de payement
au delà de l'année 1930.
Quatre puissances seront appelées A se pro-
noncer par l'intermédiaire de leurs délégués à
la commission : la France, la Grande-Breta-
gne, l'Italie et la Belgique.
Le règlement intérieur de-la commission a
décidé que, dans tous les v, la voix du prê- f
sident, qui est le délégué'français "M. Louis
Dubois, est prépondérante. C'est-à-dire qu'en
cas de partage égal des voix, celle Dubois détermine la majorité. En d'autres ter-
mes, la thèse française est assurée de triom-
pher dans tous les scrutins à simple majorité, •
sauf si ;le délégué français est seul de sm
avis.
Dans la question du moratoire, M. Poincaré
a donné au délégué français l'instruction de
voter contre. Les délégués britannique et ita-
lien ont reçu, de leur gouvernement respectif,
l'instruction de voter pour. La décision de
la commission sera donc déterminée par le
vottî du délégué belge. t
Si la Belgique vote avec la France, c'est-à- 1
dire, se prononce contre l'octroi du moratoire,
le moratoire sera repoussé.
Si la Belgique vote avec l'Angleterre et l'Ita-
lie, c'est-à-dire pour le moratoire, le mora-
toire sera accordé.
Enfin, si la Belgique s'abstient, le paragra-
phe 13 de l'annexe II précise : « L'abstention.
est considérée comme un vote émis contre la
proposition en discussion » ; il en résulte,
que l'abstention du délégué belge équivau-
drait à un vote contre. Ce vote, joint à celui.
du délégué français, qui a voix prépondérante,
constituerait une majorité et le moratoire se -
rait repoussé.
Ajoutons qu'en vertu du paragraphe 14 de
l'annexe II, « les décisions prises par la com-
mission des réparations, en conformité des
pouvoirs qui lui sont conférés, seront aussitôt
exécutoires et pourront recevoir application
immédiate sana autre formalité. »
Le premier manquement
500.000 AU LIEU DE 2 MILLIONS
Nous avons annoncé hier que le gouverne-
ment allemand avait mis une somme de
500.000 livres sterling à la dispœ1tiGa "III
offices de compensation français et britanni-
que. Dans la note remise aux ambassades
alliées, le geuvernement de Berlin s'exprime
en ces termes : -
« Depuis le 14 juillet, jour de la demande
d'une nouvelle réglementation des versements
au titre des compensations, le mark est tom-
bée de 1/100 à 1/200 de sa valeur du temp.
de paix.
« Il n'est donc pas possible au gouvernement
allemand, malgré toute sa bonne volonté, de
mettre à la disposition des gouvernements
intéressés la mensualité de deux millions dit
livres sterling échéant le 15 août. Dans sa
note du -14 juillet, le gouvernement allemand,
a déclaré au gouvernement français que
même en l'absence d'une décision commune
des gouvernements intéressés, il supporterait
de remplir ses engagements contractuels dans
le cadre de sa capacité de prestation. *
« Conformément à cette déclaration et pour
faciliter une entente sur la question des ver-
sements au titre des compensations, entente
à laquelle il attache la plus grande impor-
tance, le gouvernement allemand, mettant de
côté les grandes objections que fait naître 3a
question des devises, mettra à la disposition
des gouvernements intéressés la somme gIo-
baIe de 500.000 livres sterling, offerte daiK
des circonstances plus favorables. »
————————— > +. —:
L'AMITIE FRANCO-ARGENTINE
La réception de M. de Alvear
à llel de Ville
Une belle solennité en l'honneur du Président
de la République Argentine ',..,
M. Marcel de Alvear, président dé la .Ré-
publique Argentine, a été reçu hier après-
midi, à 4 heures, par la municipalité de Pa- -
ris.
A son arrivée à l'Hôtel de Ville, M. de Al-
vear, qu'un peloton de gardes à cheval eacar.
tait, a été accueilli par MM. Peuch président
du Conseil muhicipal ; Autrand, préfet de la
Seine ; Naudin, préfet de police; Robaglia,
du Conseil municipal et de nombreuses per-
président du Conseil général ;- les membres
sonnalités. M. Gaston Vidal, sous-secrétaire
d'Etat à l'enseignement technique, repréaeà-
tait le gouvernement, les ministres étant réu-
nis en Conseil à Rambouillet. l_ ,.--
Tandis que la musique de la garde JouaIt
l'hymne argentin, le président, montant l'es-
calier d'honneur entre deux haies de gardes
municipaux, Be rendit à la salle des têtes où
les corps élus et les invités dé la Ville lui ta-
rent présentés.
M. Peuch, prenant ensuite la parole, sou-
haita la bienvenue à l'hôte de Paris et rap-
pela la sympathie que M: de Alvear a tou-
jours témoignée à notre pays. -
Succédant au président du Conseil mupici-,
pal, M. Autrand rappela respectueusement à
M. de Alvear qu'il pouvait d'autant mieux se
faire l'interprète des sentiments de Paris
pour son hôte, qu'il parlait non seulement
comme préfet de la Seine, mais un peu aussi
« au nom d'une amitié que les jours ne fai-
saient qu'accroître et que la distance ne pour-
ra diminuer ». De cette allocution nous ex-
trayons les pasages suivant;:. 111 n'en ren-
dront qu'imparfaitement Fimpression d'émo-
tion chaleureuse :
< Vous n'avez cessé, monsieur le président,
d'affirmer votre foi ardente en nos destinées.
Nous vous en remercions très simplement avec
effusion, aujourd'hui en cette minute solen-
nelle où nous pouvons vous manifester toute
la force de notre cordialité.
« Il nous est, dès lors, donné, avec vos
amis les plus anciens et les plus fidèles, de
nous réjouir que la République Argentine
vous ait, par une désignation éclatante, élevé
à sa plus haute magistrature. Nous saluons,
en son Président élu, le fils d'une lignée il-
lustie dont l'histoire est inséparablement sa-
Le numéro - r: QUINZE - CENTIMES --
JEUDI 17 AOUT 1922. — N* 18876. r
Fondateurs (1869) :
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
~un a ah lhIa It»h mû
ssune & S.-ET-OISE. 38 > 20 > 10 »
Fbancb & Colonies.. 41 » 22 » 11 »
ETRANGER. 49 » 25 » 13 »
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RAYMOND LANGE
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Directeur : EDMOND DU MESNIL
TÉLÉPHONES :
Rédaction et Administration : Nord 24-90, 24-91. — Après M heures il ait : Roquette wts -
TRIBUNE LIBRE
L'église catholique ne peut plus évoluer
- - -
L'obscure affaire de ces « diocésai-
nes » qu'on veut substituer aux « cul-
tuelles » laisse le peuple français parfai-
tement indifférent, et cette indifférence
est, comme on dit, un signe des temps.
On a le sentiment que l'Eglise catho-
lique n'est plus assez vivace pour évo-
luer, que le temps des réformes et des
réformateurs est passé.
Rien ne justifie mieux ce sentiment
que la lecture de la très instructive bio-
graphie du Père Hyacinthe que fait pa-
raître M. Albert Houtin, surtout la lec-
ture du tome II de cette biographie inti-
tulé : « Le Père Hyacinthe réformateur
catholique ». On y voit, dans tous les dé-
tails utiles et probants, l'échec de la der-
nière grande tentative qui a été faite en
France pour faire évoluer une Eglise qui,
dans les siècles passés, au temps de sa
vivacité, a tant évolué.
1 Une bonne occasion s'offrait alors :
c'est la définition de ce dogme de l'in-
faillibilité, qui scandalisa tant, non seule-
ment le Père Hyacinthe, mais une partie
idu haut clergé français. Le Père Hyacin-
the crut assister à une révolte d'une éli-
'te des consciences catholiques dirigean-
tes, et il crut que de cette révolte allait
sortir une régénération de 1 Eglise, par
une réforme dont lui-même serait le
phef. -
Son talent et sa gloire semblaient
bien le destiner à ce rôle de chef d'une
réforme religieuse en France. Peu de
Français furent plus éloquents que ce pre-
Idicateur, qui, dans la - chaire de Notre-
pame, avait ému d'admiration un audi-
toire où les non-croyants étaient peut-
être encore plus nombreux que les
croyants. Il avait du courage, de la vo-
lonté, une pureté d'âme et de vie, la
candeur d'un saint. Physiquement et mo-
ralement, il était beau. Toutes les chan-
ces de succès étaient en lui et
lui. - -¡' "-:,'
Eh bien, il échoua lamentablement.
Cette révolte des consciences, qu'il es-
comptait, avorta.
Tous les évêqués français hostiles à
H'infaillibilité se soumirent l'un après l'au-
tre Lui-même, dans son journal intime,
avoue qu'à un moment il fut sur le point
Ide se soumettre, au moins du bout des
lèvres. Proclamé au début de la guerre
franco-allemande, en 1870, le \dogme
pe scandalisa pas le peuple français, mê-
me catholique. Envahie, la France ne son-
gea qu'au péril de mort ou d'esclavage
qu'elle courait. Même s'il eût paru en
pleine paix, le dogme de l'infaillibilité
eût été accueilli par l'opinion française
(&vâc plus de curiosité que d'émotion. Pas
un ouvrier, pas un paysan, n'en eût senti
¡Son cœur remué d'amour ou d'indigna-
tion. Tout de même dans presque tous les
milieux intellectuels. Nous étions alors,
dans l'armée, aux avant-postes, quelques
normaliens engagés volontairement :
nous accueillîmes la nouvelle avec un sou-
rire et un haussement d'épaules. Qu im-
portait une absurdité religieuse de plus
ou de moins ? Voilà ce que nous nous
disions.
Je me rappelle très bien qu'à ces
avant-postes de 1870, un de nos cama-
rades, ouvrier parisien, à qui nous di-
mes : « Tu sais la nouvelle ? Le pape
est infaillible ? », nous répondit : « Ah
Ibah ! il ne l'était donc pas ! »
Pauvre Père Hyacinthe ! lui si beau,
si éloquent, si cordial, si foncièrement
catholique, jusqu'à aimer tout le divin
et tout l'absurde (à part l'infaillibilité),
ie ne sais pas si plus d'une douzaine de
vrais catholiques le suivirent. Quand il
nevint, à Genève, curé de « l'Eglise ca-
tholique nationale », en octobre 1873,
il eut pour électeurs et pour auditeurs
plus de rationalistes que de croyants.
Son Eglise catholique nationale de Pa-
ris, de 1884 à 1893, fut surtout sou-
tenue par des protestants libéraux,
Cette réforme manquée n'était pas sans
ressemblance avec celle que les hom-
mes de la Révolution française avaient
tentée, en 1790, par la Constitution civi-
le du clergé. L'addition la plus impor-
tante que le Père Hyacinthe y avait faite,
c'est le mariage des prêtres. Lui-même
s'était marié, dans de parfaites condi-
tions de décence et d'honneur. Il comp-
tait beaucoup sur cet exemple. Aucun
membre du clergé ne le suivit. Il fut, je
crois le seul prêtre marié, du moins publi-
quement, qui entendît rester prêtre. Au
contraire : son mariage scandalisa, et
bien plus que la proclamation du dogme
jde l'infaillibilité n'avait scandalisé..
Le pauvre homme, si décu. s'écrie
Le ipauvre homme. si décu. s" é cr i e
douloureusement dans son journal inti-
me, qu'il se sent « impossible », n'étant
ni catholique, ni papiste, ni protestant,
ni libre penseur. On l'admire, on le hait,
on l'applaudit, on l'injurie, on ne le suit
pas. Son action, si courageuse, n'a eu
aucun effet, absolument aucun. Et son
échec a figé encore davantage dans son
immobilité l'Eglise catholique qu'il avait
voulu faire évoluer.
Lisez tout cela dans le livre de M.
Houtin, si beau par l'intelligence, la clar-
té et la probité, écrit sous les yeux et
avec les papiers du Père, avec la compé-
tence, non d'un adepte, mais d'un ami et
d'un collègue, avec la hauteur d'esprit
d'un homme qui, lui, n'a pas échoué,
mais qui s'est rendu libre, alors que le
Père Hyacinthe n'a été, à tout prendre,
qu'un esclave révolté et impuissant.
Diocésaines ou Cultuelles ? Ce qui ar-
riva au Père Hyacinthe montre le peu
d'intérêt de la question. Il n'y a ni à
craindre ni à espérer que l'Eglise ca-
tholique s'adapte, par quelque grand
changement dans son dogme ou dans sa
discipline, aux sociétés modernes. Com-
me je le disais en commençant, elle ne
peut plus évoluer.
A. AULARD.
- - > c ——————.——
EDITORIAL
Inutile débat
Dans un scrupule loua-
ble de conscience parle-
mentaire et de bonne foi
politique, M. Poincaré avait
— à l'heure la plus trou-
blante des pourparlers de
Londres — songé à convo-
ement et à lui - exposer ses
efforts. Le Président dit Conseil sentait,
à ce moment critique, le besoin de s'ap-
puyer sur toute la France qu'il savait
derrière lui, et il voulait, dans l'appro-
bation des deux Chambres, puiser de
nouvelles forces pour les luttes prochai-
nes.
Aujourd'hui, considérant de Paris les
événements, avec la perspective que
donnent deux jours de réflexion, il sem-
blé avoir renoncé à son projet.
Pourquoi, en effet, convoquer les
Chambres ? Pour un vote de confiance
qui serait enlevé haut la main ? Est-ce
bien nécessaire, le résultat étant acquis
d'avance ?
Nos luttes politiques, si attristantes
soient-elles souvent, nous réservent, ce-
penikaaty le, précieux réconfort de s'es-
tomper,. dans leét heures graves, devant
l'intérêt supérieur de la Patrie. Nous en
eûmes une preuve récente lors de la
dernière discussion sur les responsabi-
lités die la guerre. A quelques exceptions
près, toute la Chambre fut derrière le
président du Conseil, parce que c'était
non l'homme, mais la France qu'il fal-
lait défendre.
Aujourd'Imi, il en serait de même. A
part les communistes, qui, par principe,
seront toujours contre M. Poincaré plus
encore que contre sa politique, il n'est
personne — pas même l'éternel mécon-
tent qu'est M. Tardieu — qui oserait af-
firmer qu'une nouvelle capitulation de
la France n'eût pas mis en jeu non seu-
lement nos droits, mais aussi notre di-
gnité.
Pourquoi; alors, ouvrir un débat inu-
tile ?
Si les Chambres étaient réunies, la
discussion litt venue normalement. Les
derniers événements qui, peut-être, ne
sont qu'une étape malheureuse dans
l'évolution d'une longue et âpre discus-
sion imposent-ils la consultation des
représentants du pays ? Il ne semble
pas.
D'autant que l'Entente n'étant pas
rompue, il importe de ne pas exposer au
grand vent des séances et à l'incertitude
d'interventions inopportunes une situa-
tion penible. L'Entente est un malade
auquel il faut éviter les émotions bru-
tales. Et il y a, parmi nos parlementai-
res, de fort braves gens qui, pensant
bien faire, seraient très capables de lui
donner le coup de grâce.
Et puis, les députés sont aux champs.
La mer est belle, les coteaux verts sou-
rient ; ces messieurs font des vers : ne
troublons pas leur poésie.
En ne rappelant pas les Chambres.
c'est encore un service que rend à M.
Lloyd George le gouvernement français.
Il lui évite d'être encore un peu moins
populaire.
Et le Premier ne lui en sera même pas
reconnaissant !
Raymond LANGE.
Les bouleversements de Paris
Un coin de l'Esplanade des Invalides
En passant
Chassez le romanesnue !
C'est une navrante histoire, trop quotidienne,
hélas, qui vient de m'être contée.
Une jeune fille vivait en sa province, entre
une vieille mère paisible, un perroquet bavard.
En quelque bazar de chef-lieu de canton, sans
histoire, elle travaillait, et les jours se sui-
vaient, toujours les mêmes. Le soir, elle lisait
des romans et rêvait d'aventures. Et un jour,
en causant avec son miroir, elle se vit un œil
vif, un profil accentué, un,sourire digne de vic-
toires. Son esprit enfourcha la cavale ; la fol-
le du iogis l'entraîna aux imaginations fa-
ciles ; elle a trouvé l'énigme : elle est photogé-
nique.
Et, délaissant bientôt l'humble toit familial,
toute à ses illusions, elle réunit quelques pau-
vres économies, gagne Paris, et rêve de domp-
ter l'hydre capricieuse.
Dans une pauvre chambre d'hôtel, elle attend
vainement la gloire. La fantaisiste visiteuse
marchande ses sourires, et la petite ouvrière de
province, si fiere de sa photographie, fait an-
tichambre des heures durant à la porte des
studios. Elle va voir les metteurs en scène,
elle écrit aux auteurs, elle fait la tournée des
journaux de cinéma. Partout on promet, et
nulle part on ne tient.
Jusqu'au jour où, désespérée, l'oreille basse
et la mine déconfite, la pauvre petite gagne
un wagon dè troisième classe qui la remet en
sa province. Et, dans son malheur, elle a en-
core de la chance, car combien d'autres au-
raient pu trébucher en route et faire, dans l'an-
tre parisienne, tout autre chose que le cinéma
de leurs rêves. -
Combien ainsi se sont brûlées les ailes,
croyant par la grâce d'un sourire, conquérir
la ville fantasque.
Que ce soit une leçon pour les autres ! Cer-
tes, c'est beau, la gloire, la réputation, la for-
tune. Mais que de patience Inlassable, que de
démarches vaines, que de petits compromis
laids et bas ne faut-il pas pour les gagner ?
Et le calme de la province est si doux, le
clocher du village sonne si honnêtement les
heures quotidiennes. Et le romanesque n'est
jamais si beau que lorsqu'il ne dépasse pas le
domaine de l'imagination.
Jnr.
VOIR EN DEUXIEME PAGE:
L'effort financier : Le budget français
s'équilibrera si les impôts rentrent bien.
h. On dit.
Est-ce un symbole ?
La maison qu'occupe M. Lloyd George, au
10 de Downing Street, se lézarde dangereu-
sement.
Des inspecteurs des ponts et chaussées,
mandés en toute hâte, ont constaté que l'une
des fenêtres de la façade était en très mau-
vais état, et cela à cause de la nature mou-
vante du terrain.
A tel homme, telle maison, pourrait-on
dire.
Des ouvriers vont consolider la maison.
L'amitié franco-anglaise trouvera-t-elle de
Ions ouvriers pour, la préserver des lézar-
des t
Pêcheurs, écoutez !
Des pécheurs ont pris hier dans leurs
filets, sur les côtes de la Manche, une lan-
gouste monstre ne pesant pas moins de
6 kilos et mesurant près de 80 centimètres
de -- long 7 --
Les pêcheurs qui s'échelonnent le long de
la Seine et de J'Eure ne liront pas cette
nouvelle sans émotion. Ces quatre jours de
fête ne leur ont pas été favorables.
Le poisson n'a pas mordu et les pêcheurs
se lamentent. Les plus heureux en ont pris de
8 à 10 livres et autrefois il n'était pas rare
de rapporter de 20 à 30 livres de friture.
Les poissons ont dû se décider à suivre le
conseil de La Fontaine, ils « suivent le fond
de la rivière. »
Les belles enseignes
L'enseigne d'un des prtnchpaaix magasins
de Berck est la suivante :
A l'vraie mode ed Rerrak
SOPHIE CLFFIEB,
Taillleure
pour gens de mer et terriens du pareil
Coupe selon llhaibitude
Sdlidités garantiras inusables
Pantailons et viereuses tenès
et aussi en laigne
K"mises de matelots et matelotes
Bonnetz à quartiers et waravents
Grandis capote et mantes de cérimonies
Pichous gart ins et corsages
Zaccoundheux et calipettes
On n'est vraiment jolie
qu'habillé par Sophie
Et cela vous a, ma foi, un petit air de
pays. Le Tapin.
IL. rc RÉ1VISEK
L'IMPOT INJUSTE ET ILLOGIQUE
La contribution commune, doit être égale-
ment répartie entre tous les citoyens, en rai
son de deurs facultés, dit la Déclaration des
Droits de d'Homme.
Or, ri semble qu'un tel principe ait été
singulièrement négligé dans les modalités de
l'impôt sur les salaires. On continue 'beau-
coujô à discuter sur ce problème délicat, sans
qu'un accord puisse se réaliser entre parti-
sans et adversaires dudit impôt.
Les uns admettent Ile principe et combat-
teat '/application, les autres refusent toute
participation.
Nous recevons d'un de nos amis, abonnés du
Rappel, de justes observations, dont nous te-
nons à faire profiter nos 'lecteurs:
Une chose est évidente, certaine, mous dit
notre correapondant, c'est que, telle qu'elle est
appliquée, la loi est iillogique et injuste.
Illogique, car elle aidmet qu'il suffit au sa-
larié de 4, 5 ou 6.000 francs pour vivre, que le
1' pensionné doit se contenter de 3.600 francs,
alors que le rentier a ibesoin de 9.000 francs.
Injuste, car:
Pour 7.000 francs de salaire l'ouvrier est
tiaxé de 90, 60 ou 30 francs.
Pour 7.000 francs de ipension le retraite est
Imposé de 102 francs.
Pour 7.000 francs de revenu, le rentier ne
paye rien.
Pour 10.000 francs de salaire, l'ouvrier paye
240, 210 ou 180 francs, (plus 20 Ifranœ. comme
impôt sur le revenu, soit au total: .260, 250,
ou 200 francs.
Pour 10.000 francs de pension, le retraité
paye 212 francs, (plus 20 francs, soit 272 Cr.
Pour 10.000 Iliatcs de revenu, le rentier
paye 20 francs.
Tous ces chiffres sont suffisamment êlo-
quetne et se passent de commentaires.
Mais, de ces chiffres, doit-on conclure qu'il
LaHofe repousser J-e principe de l'impôt teéda-
laire? Nous ne le pensons pas. Or, c'est à où
tendent les efforts des capitalistes qui, en sous
mains apportent leur appui au r*>arti ouvrier:
en supprimant le principe de l'impôt sur les
salaires, Me espèrent saper en même temps
l'impôt sur le revenu.
Avec l'article 13 de lia déclaration des droite
de anbornsne, nous pensons que cihaque citoyen
doit participer là. la contribution commume
dans !la mesure de se-s facultés.
Nous pensons que ie corps ouvrier commet-
trait une igrcôse faute en devenant privilégié
comme l'étaient avant la révolution le clergé
et la nowesse. Nous pensons que c'est son de-
voir et &on intérêt de vouloir que Je sadaire
soit imposé, seuls étant exempts ceux faisant
parti de l'assistance puiMique, mais le taux
de perception doit être infime à la base.
De suite, on voit que ce qui importe, con-
formément à 'la déclaration des droits de
l'homme, ce sont à quelque titre que ce soit,
la totalité des ressources dont dispose chaque
citoyen. D'où la nécessité de Ibloquer en un
seul chiffre les ressources taxées par un seul
impôt, dit impôt sur les ressources.
Ce que le corps ouvrier doit combattre c'est
l'impôt de consommation qui venant s'incor-
porer au prix dee matières premières rend
tout contrôle impossible, frappe d'une maniè-
re uniforme le pauvre et ae riche et icela
d'autant plus que iia famille est pilus nom-
breuse. Pour l'ouvrier, cet impôt est dix ou
douze fois supérieur à celui qu'il paye sur les
salaires.
Cet impôt supprimé, quel devra être la
taux de celui sur les ressources? Nous man-
quons de données pour établir un ibarème,
mais nous envisageons une application dans
le genre de ceMe qui suit:
De ,1.000 à 1.500 francs: 0.05 pour cent. De
1.500 à 3.000, 0,8 pour 100. De 3.000 â 4.000,
0,10 pour 100. De 4.000 à 6.000, 0,20 pour 100.
De *6.000 â 8.000, 0,25 pour 10-0. De 16.000 à
20.000, 1,76 pour 100. De 20.000 à 40,000, 2
pour 100. A partir de 50.000, une taxe dans
le genre de cc-Qie adaptée pour l'impôt sur le
revenu, mais avec des coefficients élevés.
Ces chiffres, nous le répétons sont donnés à
titre d'indication.
D'après ce barème:
.L'ouvrier ayant 7.000 franos de salaire
paierait, au lieu de 90, 60 ou 30, 17 fr. 50.
Le retraité pour la même somme paierait,
au lieu de .102 francs, 17 fr. 50.
Le rentier pour la même somme paierait,
au Heu. de rien, 17 fr. 50.
Pour 10.000 francs, le salarié paierait, 50
francs au lieu de 260.
Pour 10.000 francs, le rentier paierait, 60
francs au lieu de 20 francs.
Pour 20.000 francs, de Tentier paierait, 350
francs au lieu de 220.
En résumé, il semlble que 'les revendica-
tions doivent être les suivantes:
.1 ° Ad¡mi}Ol! du principe de l'impôt OOdu-
laire..
2° Réforme immédiate de la manière dont
l'impôt est appliqué.
3" Réunion en un seul Moc de toutes les
ressources.
4° Inidice de perception très faibles à la
base.
5° Suppression de l'impôt de consomma-
t-o*s
LE PROBLEME DES REPARATIONS
lie Conseil des Ministres approuve
la conduite de fil. Poincaré à Londres
- K S ) j .9 — .'°;
Les Chambres ne seront pas convoquées. - La C. D. 7?.
examinera aujourd'hui la demande allemande de moratoire
,.0
Le conseil des ministres s'est réuni hier ma-
tin à Rambouillet, sous la présidence de M.
Millerand.
Les ministres ont pris place à Paris dans le
rapide de Brest qui quitte la gare Montpar-
nasse à 8 h. 40 et où un wagon-salon leur avait
été réservé. Ceux d'entre eux qui étaient ab-
sents de Paris avaient été rappelés par télé-
gramme en raison de l'importance de cette
séance où M. Poincaré doit mettre ses collè-
gues au courant de la situation telle qu'elle se
présente après la Conférence de Londres.
M. Raiberti. ministre de la marine, qui se
trouvait à Nice, et qui arriva à la gare de
Lyon trop tard pour pouvoir être en temps
utile à la gare 'Montparnasse, s'est rendu di-
rectement en automobile à Rambouillet.
Suivant l'usage, M. Colrat, sous-secrétaire
d'Etat de la présidence du conseil, avait été
convoqué à la réunion.
Le rapide est arrivé à 9 h. 45 à Rambouillet
où il s'est arrêté exceptionnellement. Les mi-
nistres, ont été salués par M. Boderean, sous-
préfet, et par le commandant Derendinger, de
la maison militaire du président de la 'Répu-
blique, puis ils sont montés en automobile
pour se ren'dre au château où la séance du con-
seil a aussitôt commencé.
DEUX SEANCES
La séance s'est ouverte à 10 heures. Elle a
pris fin à midi &0.
A l'issue de la réunion, la communication
suivante a été faite à la presse :
« Le président du conseil a fait l'exposé com-
plet des négociations poursuivies à Londres et
des raisons pour lesquelles il a été impossible
d'aboutir à un accord. Le conseil a été unani-
me à approuver l'attitude de son président et
à. se solidariser avec lui. !Le conseil tiendra une
seconde séance cet après-midi. »
La question de la convocation éventuelle des
Chambres n'a été envisagée à aucun moment
au cours de cette réunion.
A 12 h. 55, les membres da cabinet se sont
rendus dans la grande salle à manger du châ-
teau, où le déjeuner a été servi.
0
A 2 heures, de conseil des ministres a,
te-nu une seconde séance.
A 3 heures, M. Maunoury, ministre de
l'intérieur, a fait aux mam(bres de Ha presse
la déclaration suivante:
« Je suis autorisé à vous dire qu'iil n'est
pas question de convoquer des Chamibres. »
Dans cette deuxième séance, qui s'est ter-
minée à 4 heures 25, le Conseil des ministres
a examiné en détail les diverses éventualités
qui pourront se produire suivant les décisions
de la Commission des réparations.
!Les ministres sont partis à 4 heures 40
pour Paris.
L'OPINION AMERICAINE
Washington, 16 août. — Les milieux améri-
cains qui n'ont cessé, quoique de loin, d'avoir
les yeux fixés sur ~Londres, au cours des nég>
ciations qui viennent de se terminer sans ré-
sultat, commentent aujourd'hui cet échec.
On n'entretenait guère d'espoir, en général,
aux Etats-Unis, sur l'efficacité de la Confé-
rence de (Londres. L'expérience des conféren-
ces passées et qui n'ont guère amené de ré-
sultats susceptibles de changer ou d'amélio-
rer la situation mondiale, contribuait à entre-
tenir dans les esprits cet état dî scepticisme.
Dès lors, la fin de la Conférence de Londres
laisse l'ensemble de l'opinion assez indiffé-
rente.
Le New-York World regrette que ces diver-
ses conférences ne fassent que retarder la so-
lution des problèmes -d'où dépend l'avenir de
l'Europe et de la civilisation elle-même.
Le New-York Times demande à l'opinion
américaine de faire un effort pour se placer au
point de vue de la France. Ce journal expose
combien les Français ont de raisons d'agir
comme ils le font actuellement, en exigeant
aue l'Allemagne paie le montant des répara- -
tions et en se tenant Gur la défensive à l'égard
d'une Allemagne qui nourrit toujours des pro-
jets de revancha et qui a fait systématique-
ment (baisser son mark.
Faisant une comparaison entre l'effort fran-
çais pour reconstruire les régions dévales
et la manière dont l'Allemagne qui n'avait
rien à reconstruire, a, de parti pris, fait bais-
ser son mark, le journal 'de New.v'k de-
mande au public américain de peser toutes
cas considérations et de mieux comprendre
ainsi le pent de vue français.
La C. D. R. va statuer
sur la demande de moratoire
Les gouvernements alliés n'ont pu se met-
tre d'accord, à la Conférence de Londres, sur
.a réponse à faire à la demande allemande
d'un nouveau moratoire, qui serait, d'après
la requêté ôu chancelier, applicable à la tota-
lité des versements en espèces à effectuer jus-
qu'à la fin de 1922 (50 millions de marks or
les 1'5 août, 1:; septembre, 15 octobre et 60 mil-
lions les 15 novembre et 15 décembre), puis
aux versements ta espèces de 1923 et 1924.
La parole est donc maintenant à la commis-
sion des ré^arations qui, attendant les résul-
12ts de la conférence de Londres avant :1e
prendre elle-ifcmo une décision, a suspendu le
payement du 15 août.
La commission des réparations se réunira
probablement aujourd'hui pour discuter les
termes de sa réponse à la demande allemande
de moratoire formulée dans la requête du gou-
vernement allemand en date du 12 ui!et dtr-
nier. Elle peut soit accueillir la requête, soit
la repousser, soit l'accepter partiellement en
ajournant un certain nombre de payements,
relatifs aux prochaines échéances.
Aux tc-rmes du traité de Versailles (para-
graphe 13 de l'annexe II de la parti" VIII) la
décision de la commission sera prise à la sim-
ple majorité, la question n'étant pas de celles,
strictement définies, pour lesquelles l'unani-
mité est nécessaire. La simple majorité suffit,
puisqu'il ne s'agit pas 'd'un report de payement
au delà de l'année 1930.
Quatre puissances seront appelées A se pro-
noncer par l'intermédiaire de leurs délégués à
la commission : la France, la Grande-Breta-
gne, l'Italie et la Belgique.
Le règlement intérieur de-la commission a
décidé que, dans tous les v, la voix du prê- f
sident, qui est le délégué'français "M. Louis
Dubois, est prépondérante. C'est-à-dire qu'en
cas de partage égal des voix, celle
mes, la thèse française est assurée de triom-
pher dans tous les scrutins à simple majorité, •
sauf si ;le délégué français est seul de sm
avis.
Dans la question du moratoire, M. Poincaré
a donné au délégué français l'instruction de
voter contre. Les délégués britannique et ita-
lien ont reçu, de leur gouvernement respectif,
l'instruction de voter pour. La décision de
la commission sera donc déterminée par le
vottî du délégué belge. t
Si la Belgique vote avec la France, c'est-à- 1
dire, se prononce contre l'octroi du moratoire,
le moratoire sera repoussé.
Si la Belgique vote avec l'Angleterre et l'Ita-
lie, c'est-à-dire pour le moratoire, le mora-
toire sera accordé.
Enfin, si la Belgique s'abstient, le paragra-
phe 13 de l'annexe II précise : « L'abstention.
est considérée comme un vote émis contre la
proposition en discussion » ; il en résulte,
que l'abstention du délégué belge équivau-
drait à un vote contre. Ce vote, joint à celui.
du délégué français, qui a voix prépondérante,
constituerait une majorité et le moratoire se -
rait repoussé.
Ajoutons qu'en vertu du paragraphe 14 de
l'annexe II, « les décisions prises par la com-
mission des réparations, en conformité des
pouvoirs qui lui sont conférés, seront aussitôt
exécutoires et pourront recevoir application
immédiate sana autre formalité. »
Le premier manquement
500.000 AU LIEU DE 2 MILLIONS
Nous avons annoncé hier que le gouverne-
ment allemand avait mis une somme de
500.000 livres sterling à la dispœ1tiGa "III
offices de compensation français et britanni-
que. Dans la note remise aux ambassades
alliées, le geuvernement de Berlin s'exprime
en ces termes : -
« Depuis le 14 juillet, jour de la demande
d'une nouvelle réglementation des versements
au titre des compensations, le mark est tom-
bée de 1/100 à 1/200 de sa valeur du temp.
de paix.
« Il n'est donc pas possible au gouvernement
allemand, malgré toute sa bonne volonté, de
mettre à la disposition des gouvernements
intéressés la mensualité de deux millions dit
livres sterling échéant le 15 août. Dans sa
note du -14 juillet, le gouvernement allemand,
a déclaré au gouvernement français que
même en l'absence d'une décision commune
des gouvernements intéressés, il supporterait
de remplir ses engagements contractuels dans
le cadre de sa capacité de prestation. *
« Conformément à cette déclaration et pour
faciliter une entente sur la question des ver-
sements au titre des compensations, entente
à laquelle il attache la plus grande impor-
tance, le gouvernement allemand, mettant de
côté les grandes objections que fait naître 3a
question des devises, mettra à la disposition
des gouvernements intéressés la somme gIo-
baIe de 500.000 livres sterling, offerte daiK
des circonstances plus favorables. »
————————— > +. —:
L'AMITIE FRANCO-ARGENTINE
La réception de M. de Alvear
à llel de Ville
Une belle solennité en l'honneur du Président
de la République Argentine ',..,
M. Marcel de Alvear, président dé la .Ré-
publique Argentine, a été reçu hier après-
midi, à 4 heures, par la municipalité de Pa- -
ris.
A son arrivée à l'Hôtel de Ville, M. de Al-
vear, qu'un peloton de gardes à cheval eacar.
tait, a été accueilli par MM. Peuch président
du Conseil muhicipal ; Autrand, préfet de la
Seine ; Naudin, préfet de police; Robaglia,
du Conseil municipal et de nombreuses per-
président du Conseil général ;- les membres
sonnalités. M. Gaston Vidal, sous-secrétaire
d'Etat à l'enseignement technique, repréaeà-
tait le gouvernement, les ministres étant réu-
nis en Conseil à Rambouillet. l_ ,.--
Tandis que la musique de la garde JouaIt
l'hymne argentin, le président, montant l'es-
calier d'honneur entre deux haies de gardes
municipaux, Be rendit à la salle des têtes où
les corps élus et les invités dé la Ville lui ta-
rent présentés.
M. Peuch, prenant ensuite la parole, sou-
haita la bienvenue à l'hôte de Paris et rap-
pela la sympathie que M: de Alvear a tou-
jours témoignée à notre pays. -
Succédant au président du Conseil mupici-,
pal, M. Autrand rappela respectueusement à
M. de Alvear qu'il pouvait d'autant mieux se
faire l'interprète des sentiments de Paris
pour son hôte, qu'il parlait non seulement
comme préfet de la Seine, mais un peu aussi
« au nom d'une amitié que les jours ne fai-
saient qu'accroître et que la distance ne pour-
ra diminuer ». De cette allocution nous ex-
trayons les pasages suivant;:. 111 n'en ren-
dront qu'imparfaitement Fimpression d'émo-
tion chaleureuse :
< Vous n'avez cessé, monsieur le président,
d'affirmer votre foi ardente en nos destinées.
Nous vous en remercions très simplement avec
effusion, aujourd'hui en cette minute solen-
nelle où nous pouvons vous manifester toute
la force de notre cordialité.
« Il nous est, dès lors, donné, avec vos
amis les plus anciens et les plus fidèles, de
nous réjouir que la République Argentine
vous ait, par une désignation éclatante, élevé
à sa plus haute magistrature. Nous saluons,
en son Président élu, le fils d'une lignée il-
lustie dont l'histoire est inséparablement sa-
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