Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-08-04
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 août 1922 04 août 1922
Description : 1922/08/04 (N18863). 1922/08/04 (N18863).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
16 THERMIDOR. AN 130. — N" 18863 Ce numéro : QUINZE CENTIMES 'ENDREDI 4 AOUT 1922. — W 18863
Fondateurs (1869) :
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS 7-
l* t Six MU ïr»h mû
SEIXI & S.-ET-OlSE. « 38)0 20 » 10 »
FBAXCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 »
ETRANGER. 49 25 » 13 »
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TRIBUNE LIBRE
De la bonne besogne
Chaque jour amène un succès pour la
République, la vraie, celle qui regarde
franchement vers la gauche et qui mé-
prise les alliances louches.
Ainsi donc. Sens vient de connaître la
joie d'un triomphe républicain. Les con-
ditions en sont particulièrement instruc-
tives.
Le décès de notre ami Lucien Cornet,
maire de Sens et collaborateur dévoué
du « Rappel », avait rendu nécessaires
des élections municipales complémentai-
res. L'intérêt de ces élections venait de
ce que L. Cornet étant depuis longtemps
sénateur de l'Yonne, le premier assaut
politique à la mairie de Sens devenait
une indication précieuse pour les élec-
tions sénatoriales. Il ne faut pas oublier
aussi que l'heure du règlement de compte
du Bloc dit national approche rapide-
ment et que toute consultation partielle
du suffrage universel permet déjà de por-
ter un diagnostic sur les élections géné-
rales de 1924.
Quatre sièges de conseillers munici-
paux étaient à pourvoir. Or, quatre can-
didats du Bloc des Gauches ont été élus
à la majorité absolue au premier tour de
scrutin.
Bien.
Mais la « manière » est encore plus
édifiante que le résultat. Tous les grou-
pements républicains adhérant à la Li-
gue de la République avaient décidé d'é-
tablir la liste du Bloc des Gauches et
d'offrir au parti ouvrier communiste de
désigner un candidat. Accepté. Ce candi-
dat, bien qu'arrivant le dernier parmi les
élus, obtint 1.197 voix contre 980 au
£ lus favorisé de la liste adverse.
Et quelle liste !
Devant l'énergie de la campagne répu-
blicaine, surtout pendant les quatre jours
qui précédèrent le scrutin, les adversai-
res désemparés ne parvinrent pas à com-
poser une liste de quatre candidats. Deux
seulement qui représentaient l'élément
modéré osèrent affronter ensemble la
lutte. Trois autres candidats se présentè-
rent isolément.
*
mm
De graves griefs ont été relevés, nous
dit-on, contre les républicains! On les
a accusés de deux forfaits dont, je l'es-
père, ils se glorifieront.
Et d'abord, ils ont rompu l'Union-Sa-
rée..
Enfin!
Cette Sacrée-Union qui a fait le mal-
heur de la France et le déshonneur de la
République est donc rompue! Nous n'a-
yons cessé de l'écrire ici et ailleurs, mê-
me et surtout pendant la guerre, l'Union-
Sacrée était un leurre.T andis que les bons
républicains, les bons francs-maçons, les
bons socialistes, les bons communistes se
sacrifiaient, avec cet esprit d'abnégation
qu'on se plaira à leur reconnaître plus
tard, ils ne se doutaient pas qu'ils prépa-
raient le lit de la réaction, le retour des
congrégations, Canossa et tous les maux
dont nous souffrons aujourd'hui.
La faute à qui ? A ceux, gouvernants
de l'époque, qui n'ont pas eu le courage
de conduire la guerre en Jacobins, à la
Républicaine, avec la claire notion des
buts de la guerre et sans abdications po-
litiques.
Jamais la République n'a mis hors de
la Cité les hommes respectueux des lois
démocratiques. Si le gouvernement était
aux républicains, la France était à tous et,
tous ont su user de ses bienfaits. Le de-
voir de la défendre s'imposait donc à
tous.
Aussi sommes-nous révoltés de voir
que l'on paye par des transactions antiré-
publicaines les adversaires de la Républi-
que qui n'ont fait qu'accomplir leur de-
voir de Français.
On les paye, peut-on dire, royalement.
Les articles que M. Charny publie dans
le <( Rappel » montre l'issue d'une telle
trahison politique. Mais le pays se ré-
veille, il pense que la duperie a assez
duré et il veut reconquérir la maîtrise de
ses destinées républicaines.
Passons au second grief.
On a aussi reproché aux élus de Sens
d'avoir fait alliance avec les communis-
tes. Les communistes sont-ils parti de
droite ou parti de gauche ? De gauche!
Alors !.
Nous pensons que le critère de l'al-
liance avec « tous » les partis de aau-
che, y compris les communistes, servira
à distinguer les vrais républicains des au-
tres. Souvent les communistes refusent
l'alliance. Libre à eux. Il faut respecter
doctrines et tactiques. Mieux vaut pour
un vrai républicain périr de l'isolement
qu'on lui impose que de triompher par
une alliance dégradante.
Sens, comme beaucoup d'autres villes
depuis quelque temps, nous a montré où
était la sagesse ; espérons que cet exem-
ple se généralisera et que le cauchemar
d'une république cléricale, où triomphait
les monarchistes, prendra fin.
J. M. LAHY.
(
EDITORIAL
Hausse illicite et coalition
Je me permets de re-
commander la lecture des
« Faits Divers » à M. Geor-
ges Valois.
Elle est moins futile que
ne le jugent les esprits su-
perficiels. Elle nous don-
ne, chaque jour, en quelques mots, les
mille aspects divers de l'actualité. C'est
la forme fugitive de la vie qui s'écoule
avec ses drames, ses comédies, ses lar-
mes, ses sourires et ses enseignements
même « économiques ».
Ainsi, je suis fort troublé d'apprendre
que la charmante petite ville du Vésinel
est en rumeur. Les esprits y sont me
dit la chronique de la banlieue, montés
comme soupe au lait ; d'autant qu'il
s'agit précisément de nourrisseurs et de
crémiers. Quatre d'entre eux viennent
d'être déférés au Parquet de Versailles
BOUS l'inculpation de hausse illicite et
de coalition. Pour maintenir le prix sur-
élevé de leur marchandise, ils avaient
établi une entente que le Code Pénal
n'admet pas ; et exercé une pression
« amicale » sur un autre nourrisseur
qui prétendait vendre à meilleur mar-
ché.
J'admire le Parquet de Versailles qui
ose s'en prendre à la Mercante. Malheu-
reusement je suis bien obligé de cons-
tater que les choses de justice n'ont guè-
re changé depuis le Bonhomme.
Selon que vous serez puissant ou misérable.
Cravnquebïlle passe donc en correc-
tionnelle, cependant que Robert Macai-
re soupe chez le procureur. Et ceci me
remet en mémoire les hauts faits de
nos « Grands papetiers nationaux ».
Dites-moi, je vous prie, monsieur Geor-
ges Valois, 7i avez-vous pas entendu di-
re que ces Messieurs, eux aussi, avaient
pareillement commis les mêmes délits
qui conduisent les laitiers du Vésinet au
Parquet de Versailles.
Eux aussi s'étaient entendus pour éta-
blir une hausse illicite. Eux aussi s'é-
taient coalisés pour maintenir un prix
surélevé de leur marchandise. Eux aussi
(notre confrère l'Intransigeant l'a relaté,
naguère, en termes précis) ont exercé
une pression « amicale » sur un con-
frère qui prétendait baisser les prix.
Eux aussi sont indiscutablement coupa-
bles de hausse illicite, de coalition et, en
sus, d'accaparement.
Or, je n'ai pas encore lu, dans les
« Faits Divers », que les papetiers eus-
sent suivi la même route que les laitiers
du Vésinet.
Y aurait-il d'aventure deux justices:
l'une dans la Seine, l'autre en Seine-
et-Oise ? J'aimerais que M. Georges Va-
lois m'aidât à pénétrer ce mystère ?
Quelle belle « industrie nationale dtt
Papier » nous pourrions créer, si nous
commençions par la nettoyer de ses tra-
fiquants et de ses spéculateurs 1
Edmond DU MESNIL.
Sur les pitoyables routes de France, ii y
a\ eu hier dix acclnts d'autos dont trofls
mortels. Mais M. Yves Napoléon Le Troc,
quer va remanier Ia. réglementation du
Cods de la. route !
(Le Petit Bleu.)'
Les mémoires du Kaiser
Certains Allemands, depuis la fin de la
guerre, sont prie par la manie d'écrire. Nous
avons eu les mémoires du kronprinz, les mé-
moires de Ludendorf. On nous promet les
mémoires du Kaiser.
Faut-il que les auteurs de la guerre sentent
la nécessité de plaider leur cause, pour vouloir
à ce point éclairer le monde ?
Guillaume de Hohenzollern répondra-t-il à
son fils. dont certains souvenirs n'étaient pas
précisément à l'honneur du Kaiser ? Il n'y
eut, au moment de la publication des mémoires
de l'impérial rejeton, pas de rectification of-
ficielle. Mais l'on sut que l'amour-propre du
père fut pronfondément froissé par certaines
allégations du fils. Allons-nous assister à une
querelle de famille ? Ce ne manquerait uas
d'intérêt.
Mais ce que nous trouverons certainement
daans les documents qui seront livrés pro-
chainement, c'est l'affirmation audacieuse de
la volonté pacifique de celui qui fit tout pour
préparer la guerre et pour la réaliser « fraî-
che et joyeuse »,
On dit.
En Passant
Pour la culotte !
Il est courant d'entendre dire de certain4
femmes audacieuses Et non embarrassées qu'el-
les « portent la culotte ». Mais cette expression
au figuré est pour l'amour-propre de quelques
féministes passionnées une victoire insuffisante,
et miss Jane Burr, une femme de lettres amé-
ricaine, rêve de convertir au port de la culotte
toutes ses congénères.
Miss Jane Burr s'est embarquée pour la Fran-
ce où elle compte commencer sa croisade. Mal-
gré la sympathie professée chez nous pour ses
compatriotes, je doute que cette propagandiste
singulière recueille en France de nombreux suf-
frages. Si les femmes ont dans la vie générale
quelque autorité, c'est précisément de leur fé-
minité qu'elles tirent ces avantages. La plus
grande habileté des féministes acharnés serait
d'exploiter le charme des filles d'Eve pour aug-
menter encore leur influence. Tandis qu'en les
faisant identiques aux hommes et par le vête-
ment, et par les idées, et par les connaissances,
et par les professions, on leur retire, au con-
traire, l'invincible puissance dont elles se peu-
vent enorgueillir. Sans aller jusqu'à la liberté
que prit spirituellement un soir, au cours d'un
entr'acte, le bon maître Anatole France avec
feu Madame Dieulafoy, les hommes, en face des
femmes, en chapeau melon et en culottes, per-
dront plus encore cette tradition d'exquise poli-
tesse que nous transmirent nos pères et qui,
si bien, sont l'apanage de notre race.
Au risque de faire grande peine à. miss Jane
Burr, nous souhaitons que son appel ne soit
point entendu.
D'ailleurs, les femmes elles-mêmes sont trop
intelligentes, trop conscientes aussi de la qua-
lité et de la nature de leur force pour accepter
de la sacrifier. pour la culotte !
Jar.
Aujourd'hui
Les pauvres historiens
Le Journal officiel du 9 mai 1922 a la-issé
passer quelques « erreurs » qui pourront em-
barrasser cruellement les historiens à venir.
Ainsi, dans les mentions de Croix de guerre
posthumes, nous lisons :
« Samuel (Henri), ml-e 8077, soldat : soldai
brave et dévoué. Tombé, glorieusement au
champ d'honneur en août 1914, à la bataille
de la Marne. Croix de guerre avec étoile de
bronze.
« Simonet (Raymond-Albert), mie 8086, sol-
dat : soldat brave et dévoué. Tombé glorieuse.
ment au champ d'honneur, en août 1914, à la
bataille de la Marne. Croix de. guerre avec
,étoile de bronze.
« Simon (Joseph), mle 7009, soldat : soldat
brave et dévoué. Tombé glorieusement au
champ d'honneur, en août 1914, à la bataille
de la Marne. Croix de guerre avec, ét o-iî ie d-e.
bronze. »
La bataille de la Marne n'a-t-elle pas été li-
vrée du 5 au 12 septembre ?
Etonnons-nous après cela que les livres d'his-
toire ne soient pas toujours d'accord sur les
dates !
-<::>
La roulotte automobile
Avoir un yacht c'est très joli, mais posséder
une roulotte automobile n'est-ce pas beaucoup
mieux ?
C'est ce que chacun songeait en passant hier
devant une maison d'automobiles de la rue
Tronchet.
Une superbe roulotte automobile du plus
beau grenat, grande comme une voiture de dé-
ménagement et suivie de sa remorque, atten-
dait son propriétaire.
Dans la voiture-mère : le salon et la salle à
manger ; dans la remorque : chambres à cou-
cher et salle de bains. Des rideaux coquets aux
fenêtres donnaient à cette maison roulante
l'aspect d'un horne intime tout à fait tentant.
Quel est l'heureux mortel qui réalise un rêve
cher à tous les enfants, — et à beaucoup de
grandes personnes ?
Le nageur. a le mal de mer
La chose n'est pas banale.
Le nageur Michel, parti sur un remorqueur
pour le cap Gris-Nez d'où il devait tenter la
traversée de la Manche à la nage, est rentré
à Boulogne sur le rernorqueur, renonçant à
tout rêve nautique, tant le mal de mer l'éprou-
vait.
Heureusement que ce malaise ne l'a pas pris
en pleine traversée. Au fait, un nageur en
action peut-il avoir le rnal de mer t
Le Tapin.
Encore un complot
contre M. Poincaré ?
On a arrêté ces jours-ci, dans la région
de Quimper, un nommé Olier, qui, en com-
pagnie d'un co-détenu, s'était échappé d'un
pénitencier de la région de TOuest. tInter.
:l'ogé par le juge d'instruction, il déclarait
que son camarade et lui, au lendemain de
leur évasion, avaient été recueillis par des
camarades anarchistes qui, après les avoir
habillés et munis de pécune, les avaient
embauchés pour prendre part à un coup de
main préparé contre le président du Conseil.
L'enquête faite dans l'Ouest par des ins-
pecteurs de la Sûreté générale semble vou-
loir confirmer les révélations faites par
Olier.
Un se trouverait reenemeni, en presence
d'un complot ourdi contre le président du
Conseil dans les milieux anarchistes fran-
çais.
Hâtons-nous d'ajouter, que dans les mi-
lieux officiels, on ne voit aucune corréla-
tion entre cette affaire et le complot alle-
mand.
Les recherches entreprises pour s'assurer
de la personne du compagnon d'Olier se
resserrent chaque jour davantage. Son ar-
restation, serait, nous a-t-on assuré, im-
minente.
La Note de lord Balfour
LES APPRECIATIONS AMERICAINES
New-York, 3 août. — Voici les premiers
commentaires de presse sur la note de lord
Balfour :
La Tribune dit que cette note, étudiée soi-
gneusement et publiée au moment où va avoir
lieu la conférence Poincarê-Lloyd George dé-
truit cette illusion largement répandue que
l'Angleterre pourrait annuler la dette qu'a con-
tractée la France envers elle.
On a hautement loué la générosité de la
Grande-Bretagne, assumant une large part de
Il,& dette allemande. Mais en réalité, elle n'an-
nulera pas les dettes contractées envers elle
Pi moins que les dettes contractées par elle-
même ne soient également annulées.
Ce sera donc « l'oncle Sam > qui devra por-
ter le fardeâu et faire grâce à l'Allemagne.
Le Braoklin Eagle écrit de son côté :
« Il ne peut exister aucune stabilité en Eu-
rope tant que les Etats-Unis ne participeront
pas à un effort réel pour établir un plan pra-
tique de reconstruction économique. »
Le Buffalo Express pense que l'Europe ferait
mieux de venir à Washington pour discuter
cette question dans un esprit semblable à ce-
lui qui a présidé à la Conférence du désarme-
ment, au lieu d'essayer de décider elle-même
ce que les Etats-Unis devraient faire.
CRITIQUES ANGLAISES
Londres, 3 août. — Commentant la note lord
.Balfour, le Moming Post écrit :
« Le seul pays qui ait des raisons de se mon-
trer satisfait de la publication de cette note,
c'est bien l'Allemagne ; car elle contribue à
élargir la brèche entre la Grande-Bretagne et
■la France (ce qui est le seul espoir poursuivi
par tout bon Allemand), et aussi parce qu'elle
renforce la méfiance que l'Amérique éprouve
à l'égard des Alliés. Elle offre, d'autre part,
à l'Allemagne la perspective d'échapper à ses
engagements vis-à-vis de la Grande-Bretagne,
gère pas l'urgente nécessité de mettre de l'or-
dre dans les finances de l'Allemagne. »
LA CONFERENCE
SERAIT-ELLE PROLONGEE ?
Londres, 2 août. — On apprend, de source
bien informée, que les dernières nouvelles re-
çues de Paris indiqueraient qu'il se pourrait
que les conversations entre M. Lloyd George
et M. Poincaré se prolongeassent plus long-
temps qu'on ne l'avait prévu tout d'abord.
—————————— J -.. - c ——————————
Le rallye-ballon automobile
l
Genève, 3 août. — Dans le concours de
rallye-ballon automobile, le ballon renard pi-
loté par le comte de la Vaulx a atteri à la
Côte, commune de Viry, à midi 45.
Il est tombé dans un bois très épais de
façon à se cacher à la vue de ses poursui-
vants ; mais sa manœuvre a été déjouée par
l'Azurea piloté par le major de cavalerie Ger-
ber. L'Azurea parvenait à atterrir à moins de
500 mètres du ballon renard, gagnant le pre-
mier prix, les autres ballons ayant atterri
à une distance plus grande.
La première automobile qui a réussi à at-
teindre l'Azurea est pilotée par M. Gallay de
l'Auto-Club suisse.
LA GOOD WILL DELEGATIDN EST EN FRANCE
De jeunes Américaines sont arrivées &
Paris. En voici un groupe, parmi lequel,
Miss Anna Morgan ( + ).
*
**
Dans le médaillon : Une Française, ma..
riée, veuve de guerre, avec son fils dans les
bras, et qui revient en France sur la tombe
de son mari.
POLITIQUE ETRANGERE
L'Allemagne persiste dans son refus
!lDI!!!P' -
L'Allemagne persiste dans son refus d'assu-
rer la prochaine échéance. Demain, expire l'ul-
timatum français : nous devrons tenter de
nous payer nous-mêmes.
A vrai dire, les derniers embarras franco-
britanniques ne sont pas une des moindres
causes de la nouvelle outrecuidance germani-
que. Les journaux du Reich ne cachent pas
leur satisfaction de voir les Alliés se chica-
ner entre eux sur la question des dettes. Les
dirigeants allemands ont, de tout tempe,
escompté la zizanie de leurs vainqueurs
pour passer à travers les mailles du filet. Au-
jourd'hui, ils croient triompher ; peut-être,
une fois de plus, se mettent-ils le doigt dans
l'œil.
Il n'est pas sans intérêt- de constater que les
sanctions annoncées par la France auront, si
l'Allemagne se maintient dans son refus, com-
mencé à jouer au moment de la Conférence
de Londres. Sans doute, nos alliés feront-ils
la grimace, mais ils ne peuvent pas soutenir
qu'en fait comme en droit, la France ne soit
justifiée à agir de la sorte.
L'Allemagne d'aujourd'hui n'a d'autre idée
que de s'installer dans sa faillite ; pour un
peu, elle s'en glorifierait. Le mark baisse,
baisse tous les jours un peu plus ; bientôt
on pavoisera à Berlin parce qu'il sera à zéro.
Et déjà, l'on se frotte les mains à l'idée des
victimes bénévoles que l'on trouva chez les
Alliés.
M. Poincaré, toutefois, n'a qu'un goût mé-
diocre pour ce rôle de dupe. Sans doute, les
Allemands sont-ils étonnés que le monde en-
tier ne passe point par où ils voudraient et
n'accepte point leurs basses manœuvres de
dérobade. On les habitua à tant de faiblesse,
qu'ils se croient aujourd'hui tout permis. Il
faudra tout de même qu'ils déchantent un
jour.
Raymond LANGE.
CE QUE SERA LA REPONSE ALLEMANDE
Berlin, 3 août. — Le gouvernement allemand
rédige sa réponse à la seconde lettre de M.
Poincaré, fixant au 5 août, à midi, la mise en
vigueur de sanctions si l'Allemagne n'a pas
donné l'assurance qu'elle continuera les ver-
sements de 2 millions de livres sterling au
titre des compensations.
Il soutiendra que les sanctions que le gou-
vernement français a l'intention de prendre
le 5 août ne peuvent avoir aucune base légale.
Le chancelier a eu une entrevue avec les
chefs de partis de la coalition gouverenemen-
tale, ainsi qu'avec les chefs des partis popu-
laire, nationaliste et socialiste indépendant.
Les chefs de partis ont approuvé le point de
vue du chancelier.
Le Vorpœerts et le Berliner Tageblatt ex-
posent ainsi la thèse que le gouvernement
allemand défendra dans sa réponse à M. Poin-
caré.
« L'Allemagne n'a pas dit qu'elle n'effectue-
rait pas au 15 août les payements à titre de
compensation, mais seulement demandé à tous
les intéressés de réduire, cette fois-ci, au
quart, l'ensemble de leurs créances. C'est au
cas où les gouvernements intéressés repousse-
raient sa requête et que l'Allemagne refuse-
rait malgré cela de payer, que la question
pourrait logiquement se poser d'examiner ce
qu'il conviendrait alors de faire à ce point de
vue. Le jour de l'échéance n'est pas le 5 août,
mais le 16. Le cas peut se produire qu'une par-
tie des gouvernements intéressés fasse droit
à la demande de l'Allemagne en que l'autre
partie s'y refuse. Que pourrait-il se produire
alors ? L'Allemagne pourrait, dans ce cas, sa-
tisfaire ceux qui tiennent au payement, dans
l'hypothèse que les autres gouvernements in-
téressés ne s'y opposeraient pas. Le gouverne-
ment allemand a lui-même estimé à un demi-
million de livres les payements qu'il peut
faire ; cette somme suffirait probablement
pour tenir les engagements allemands à
l'égard de ceux qui réclament les payements.
De cette façon, toute l'affaire serait dégagée
de complications et une crise internationale
serait évitée.
« La France peut exiger le 15 août le. paye-
ment de la partie qui lui revient, mais elle ne
peut'exiger que l'Allemagne promette, le 5
août, à M. Poincaré, de payer tous les gou-
vernements, même si un certain nombre d'en-
tre eux renoncent aux créances qui leur sont
dues ».
LE MARK CONTINUE A BAISSER
Berlin, 3 août. — Le Tag dit savoir que le
gouvernement d'Empire se voit contraint, en
raison de la trop grande chute du mark, de
suspendre ses achats de devises étrangères,
destinées aux prestations des réparations. Il
n'existe actuellement qu'une petite quantité
de devises à la disposition du gouvernement.
L'opinion anglaise et la note
de M. Poincaré
Londres, 3 août — Le Daily Telegraph écrit:
« La note que le gouvernement français
vient d'adresser, sans perdre un instant, au
gouvernement de Berlin, est, en fait, la ré-
ponse française à la note de lord Balfour.
« Cette note, qui demande au gouvernement
du Reich l'assurance pour le 5 courant que
les 2 millions de livres sterling dues pour
les réparations seront régulièrement payés le
1<5, sous peine de mesures coercitives, a, dit
le Daily Telegraph, la forme d'un ultimatum,
ultimatum que le gouvernement français a lon-
guement et minutieusement étudié.
« Il est à remarquer que M. Poincaré s'est
arrangé de manière à venir à Londres deux
jours après la date fixée pour cette assurance
de la part du Reich. Ainsi donc est créée une
situation excessivement délicate et difficile, si
difficile même, qu'il est urgent d'arriver à une
solution immédiate. »
Résumant ensuite les négligences du Reich
qui, jusqu'ici, a trouvé de l'argent pour tout
autre chose que pour les réparations,' le Daily
Telegraph reconnaît que la position française
touchant cette question des réparations est in-
discutablement forte.
« Ce problème, ajoute-t-il, vient de prendre
la priorité sur celui des dettes de guerre et,
bien qu'intimement lié avec un accord sur les
réparations, présente la meilleure voie vers un
accord sur les propositions de la note de lord
Balfour. »
De son côté, le correspondant diplomatique
du même journal écrit : « L'ultimatum de
M. Poincaré à l'Allemagne touchant les dettes
privées d'avant-guerre est un des plus sérieux
documents diplomatiques d'une époque grave.
.« Le mark en a. du fait. subi une nouvelle
baisse de 5 à 600 points, premier résultat dé
cette note, auquel M. Poincaré, pouvait s'at-
tendre, quoiqu'il ait pu difficilement le dési-
rer. Juridiquement, vu la conduite de la com-
mission des réparations, la France peut se dé-
fendre sur la correction ou l'incorrection de
son geste. En tout cas, des sanctions ne sau-
raient être prises par aucune puissance isolé-
ment et surtout sans avoir consulté au préa-
lable les autres Alliés.
« Dans les milieux anglais, on s'est élevé
fortement contre la déclaration de M. Poin-
caré, parlant de sanctions, non seulement dans
l'intérêt de la France, mais aussi dans l'inté-
rêt des autres Etats signataires.
« M. Poincaré ne peut ignorer que les Alliés
de la France n'étaient pas d'accord et qu'ils
avaient envoyé leurs points de vue person-
nels au gouvernement de Berlin sur la ligne
t suivre.
« En vérité, conclut-il, la note française nous
place dans l'embarrassante nécessité de ré-
pondre par la négative au cas où l'Allemagne
nous demanderait si la note de M. Poincaré
représente à la fois et nos vues et nos inté*
rêts. »
——— —C I— I 1
Les Réparations
Un grand débat aux Communes
Londres, 3 août. — Au cours d'un débat]
qui s'est ouvert durant l'après-midi, sir Ro-:
bert Horne a déclaré :
« L'ultimatum français avait été lancé'
plusieurs jours avant que la dépêche de lord
Balfour ait été publiée ; par conséquent, ce
n'est pas la dépêche de lord Balfour qui a
causé cet ultimatum.
« On fait remarquer que la France a, de
1871 à 1873, payé à l'Allemagne l'indem-
nité de 5 milliards réclamée par, celle-ci#
mais on oublie que la guerre de 1870-1871
a été courte, que les soldes créditeurs de la
France à l'étranger étaient restés ; il en
était de même des intérêts considérables ré-
sultant des placements de la France à l'é-
tranger. Dans ces conditions, la France put.
emprunter à l'étranger et recueillir 71 mil"
lions de livres sterling. Enfin, la France,
en 1872 et 1873, avait une forte balance
commerciale à son avantage.
« Or, l'Allemagne, aujourd'hui, se trouva
dans une situation fort différente. »
Le chancelier de l'Echiquier fait rexposf
de cette situation et il ajoute : -
« Il ne faut pas croire que l'Allemagne
ait d'aussi fortes sommes à l'étranger qu'on
l'affirme. Il lui faut bien se' procurer des
matières premières. > , ,
L'orateur ne croit pas qu'en dehors dei
sommes nécessaires pour le commerce, les
capitalistes allemands aient plus de 100
millions de livres sterling placés à l'étran-
ger. Toutefois, sir Robert Horne reconnaît
que l'Allemagne a été, jusqu'à un certain
point, l'artisan de sa propre Infortune.
« Pendant la guerre, dit-il, elle n'a pas
eu recours à l'impôt pour faire face à ses,
dépenses ; elle a recouru aux emjprunts et-
après la guerre, en présence de budgets dé-
ficitaires, elle n'a pas modifié son système
fiscal. Elle n'a pas cherché à équilibrer ses
budgets ; elle a imprimé de la monnaie de
papier et, naturellement, le mark s'est dé-
précié. Par conséquent, il a fallu augmen-
ter les salaires et l'Allemagne a continué à
imprimer du papier-monnaie. Voilà une des
raisons principales de la situation où elle
se trouve maintenant. Elle a opéré, ces der-
niers temps, dans son système fiscal, cer-
taines modifications qui lui ont permis de
couvrir ses dépenses intérieures et de lais-
ser un surplus applicable aux réparations. >
L'orateur est d'avis que l'Allemagne est
en mesure de verser de très fortes sommes
en matière de réparations. Toutefois, il faut
lui accorder le temps pour qu'elle puisse se
mettre en état de payer.
c L'Allemagne, dit le chancelier, désira
payer ce qui est raisonnable et dans la me"
sure de ses facultés, mais, pour le moment,
je ne vais pas plus loin.
« M. Poincaré a fait savoir qu'il arrive-
rait en Angleterre avec certaines proposi-
tions, qui seront examinées et la Chambre
des communes doit laisser au gouverne-
ment britannique toute liberté en ce qui
concerne les propositions françaises. »
(VOIR LA SUITE EN DERNIERE EETJREX
— > - «
Lifl CATASTROPHE
de Villeeomtal
Ce sont les freins qui n'ont pu
fonctionné
M. Maison, directeur du contrôle des che-
mins de fer, qui s'était rendu sur les lieux
de la catastrophe pour procéder à une enquê-
te, est rentré dans la matinée à Paris. Il a
aussitôt rendu compte au ministre des tra-
vaux publics des résultats de cette enquête.
Son rapport n'est point encore établi, mais
nous sommes en mesure de faire connaltre
les principales constatations qui y seront
consignées.
La machine qui conduirait le train était en
parfait état et très forte; elle appartenait à
la série 4.000, comportant 4 essieux couplés
et un tender à 2 boggies, le tout pesant plus
de 100 tonnes.
La machine était montée par un mécani-
cien qui, à la vérité, ne connaissait pas le par-
cours- et par un chef mécanicien qui, lui, le
connaissait bien, ayant été chef de dépOt
dans la région.
Depuis le passage du train à Mirande, la
pompe à air — pompe actionnée par la va-
peur, et qui charge l'air comprimé — fone
tionnait mal et avait eu plusieurs arrêts
Une autre circonstance fâcheuse s'était pro1
duite : une goupille de l'axe de manœuvre du
«giffard> (qui injecte l'eau dans la chaa-
dière) s'était détachée-
Pendant que le mécanicien remontait cet
axe, le giffard est resté en alimentation, d'où
léger excès d'eau dans la chaudière. La pres-
sion, qui était de 12 kilos, est tombée d'un ou
deux kilos, mais, le frein étant excellent, elle
est remontée tout de suite. Cet excèsi d'eau
n'a donc pas eu d'inconvénients Dour la Dres..
Fondateurs (1869) :
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS 7-
l* t Six MU ïr»h mû
SEIXI & S.-ET-OlSE. « 38)0 20 » 10 »
FBAXCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 »
ETRANGER. 49 25 » 13 »
Adresser toutes les communications
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Rédacteur en chef:
RAYMOND LANGE
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Rédaction et Administration : Nord 24-90. 24-91. — ADrès iO heures da soir : Roooette M-93
TRIBUNE LIBRE
De la bonne besogne
Chaque jour amène un succès pour la
République, la vraie, celle qui regarde
franchement vers la gauche et qui mé-
prise les alliances louches.
Ainsi donc. Sens vient de connaître la
joie d'un triomphe républicain. Les con-
ditions en sont particulièrement instruc-
tives.
Le décès de notre ami Lucien Cornet,
maire de Sens et collaborateur dévoué
du « Rappel », avait rendu nécessaires
des élections municipales complémentai-
res. L'intérêt de ces élections venait de
ce que L. Cornet étant depuis longtemps
sénateur de l'Yonne, le premier assaut
politique à la mairie de Sens devenait
une indication précieuse pour les élec-
tions sénatoriales. Il ne faut pas oublier
aussi que l'heure du règlement de compte
du Bloc dit national approche rapide-
ment et que toute consultation partielle
du suffrage universel permet déjà de por-
ter un diagnostic sur les élections géné-
rales de 1924.
Quatre sièges de conseillers munici-
paux étaient à pourvoir. Or, quatre can-
didats du Bloc des Gauches ont été élus
à la majorité absolue au premier tour de
scrutin.
Bien.
Mais la « manière » est encore plus
édifiante que le résultat. Tous les grou-
pements républicains adhérant à la Li-
gue de la République avaient décidé d'é-
tablir la liste du Bloc des Gauches et
d'offrir au parti ouvrier communiste de
désigner un candidat. Accepté. Ce candi-
dat, bien qu'arrivant le dernier parmi les
élus, obtint 1.197 voix contre 980 au
£ lus favorisé de la liste adverse.
Et quelle liste !
Devant l'énergie de la campagne répu-
blicaine, surtout pendant les quatre jours
qui précédèrent le scrutin, les adversai-
res désemparés ne parvinrent pas à com-
poser une liste de quatre candidats. Deux
seulement qui représentaient l'élément
modéré osèrent affronter ensemble la
lutte. Trois autres candidats se présentè-
rent isolément.
*
mm
De graves griefs ont été relevés, nous
dit-on, contre les républicains! On les
a accusés de deux forfaits dont, je l'es-
père, ils se glorifieront.
Et d'abord, ils ont rompu l'Union-Sa-
rée..
Enfin!
Cette Sacrée-Union qui a fait le mal-
heur de la France et le déshonneur de la
République est donc rompue! Nous n'a-
yons cessé de l'écrire ici et ailleurs, mê-
me et surtout pendant la guerre, l'Union-
Sacrée était un leurre.T andis que les bons
républicains, les bons francs-maçons, les
bons socialistes, les bons communistes se
sacrifiaient, avec cet esprit d'abnégation
qu'on se plaira à leur reconnaître plus
tard, ils ne se doutaient pas qu'ils prépa-
raient le lit de la réaction, le retour des
congrégations, Canossa et tous les maux
dont nous souffrons aujourd'hui.
La faute à qui ? A ceux, gouvernants
de l'époque, qui n'ont pas eu le courage
de conduire la guerre en Jacobins, à la
Républicaine, avec la claire notion des
buts de la guerre et sans abdications po-
litiques.
Jamais la République n'a mis hors de
la Cité les hommes respectueux des lois
démocratiques. Si le gouvernement était
aux républicains, la France était à tous et,
tous ont su user de ses bienfaits. Le de-
voir de la défendre s'imposait donc à
tous.
Aussi sommes-nous révoltés de voir
que l'on paye par des transactions antiré-
publicaines les adversaires de la Républi-
que qui n'ont fait qu'accomplir leur de-
voir de Français.
On les paye, peut-on dire, royalement.
Les articles que M. Charny publie dans
le <( Rappel » montre l'issue d'une telle
trahison politique. Mais le pays se ré-
veille, il pense que la duperie a assez
duré et il veut reconquérir la maîtrise de
ses destinées républicaines.
Passons au second grief.
On a aussi reproché aux élus de Sens
d'avoir fait alliance avec les communis-
tes. Les communistes sont-ils parti de
droite ou parti de gauche ? De gauche!
Alors !.
Nous pensons que le critère de l'al-
liance avec « tous » les partis de aau-
che, y compris les communistes, servira
à distinguer les vrais républicains des au-
tres. Souvent les communistes refusent
l'alliance. Libre à eux. Il faut respecter
doctrines et tactiques. Mieux vaut pour
un vrai républicain périr de l'isolement
qu'on lui impose que de triompher par
une alliance dégradante.
Sens, comme beaucoup d'autres villes
depuis quelque temps, nous a montré où
était la sagesse ; espérons que cet exem-
ple se généralisera et que le cauchemar
d'une république cléricale, où triomphait
les monarchistes, prendra fin.
J. M. LAHY.
(
EDITORIAL
Hausse illicite et coalition
Je me permets de re-
commander la lecture des
« Faits Divers » à M. Geor-
ges Valois.
Elle est moins futile que
ne le jugent les esprits su-
perficiels. Elle nous don-
ne, chaque jour, en quelques mots, les
mille aspects divers de l'actualité. C'est
la forme fugitive de la vie qui s'écoule
avec ses drames, ses comédies, ses lar-
mes, ses sourires et ses enseignements
même « économiques ».
Ainsi, je suis fort troublé d'apprendre
que la charmante petite ville du Vésinel
est en rumeur. Les esprits y sont me
dit la chronique de la banlieue, montés
comme soupe au lait ; d'autant qu'il
s'agit précisément de nourrisseurs et de
crémiers. Quatre d'entre eux viennent
d'être déférés au Parquet de Versailles
BOUS l'inculpation de hausse illicite et
de coalition. Pour maintenir le prix sur-
élevé de leur marchandise, ils avaient
établi une entente que le Code Pénal
n'admet pas ; et exercé une pression
« amicale » sur un autre nourrisseur
qui prétendait vendre à meilleur mar-
ché.
J'admire le Parquet de Versailles qui
ose s'en prendre à la Mercante. Malheu-
reusement je suis bien obligé de cons-
tater que les choses de justice n'ont guè-
re changé depuis le Bonhomme.
Selon que vous serez puissant ou misérable.
Cravnquebïlle passe donc en correc-
tionnelle, cependant que Robert Macai-
re soupe chez le procureur. Et ceci me
remet en mémoire les hauts faits de
nos « Grands papetiers nationaux ».
Dites-moi, je vous prie, monsieur Geor-
ges Valois, 7i avez-vous pas entendu di-
re que ces Messieurs, eux aussi, avaient
pareillement commis les mêmes délits
qui conduisent les laitiers du Vésinet au
Parquet de Versailles.
Eux aussi s'étaient entendus pour éta-
blir une hausse illicite. Eux aussi s'é-
taient coalisés pour maintenir un prix
surélevé de leur marchandise. Eux aussi
(notre confrère l'Intransigeant l'a relaté,
naguère, en termes précis) ont exercé
une pression « amicale » sur un con-
frère qui prétendait baisser les prix.
Eux aussi sont indiscutablement coupa-
bles de hausse illicite, de coalition et, en
sus, d'accaparement.
Or, je n'ai pas encore lu, dans les
« Faits Divers », que les papetiers eus-
sent suivi la même route que les laitiers
du Vésinet.
Y aurait-il d'aventure deux justices:
l'une dans la Seine, l'autre en Seine-
et-Oise ? J'aimerais que M. Georges Va-
lois m'aidât à pénétrer ce mystère ?
Quelle belle « industrie nationale dtt
Papier » nous pourrions créer, si nous
commençions par la nettoyer de ses tra-
fiquants et de ses spéculateurs 1
Edmond DU MESNIL.
Sur les pitoyables routes de France, ii y
a\ eu hier dix acclnts d'autos dont trofls
mortels. Mais M. Yves Napoléon Le Troc,
quer va remanier Ia. réglementation du
Cods de la. route !
(Le Petit Bleu.)'
Les mémoires du Kaiser
Certains Allemands, depuis la fin de la
guerre, sont prie par la manie d'écrire. Nous
avons eu les mémoires du kronprinz, les mé-
moires de Ludendorf. On nous promet les
mémoires du Kaiser.
Faut-il que les auteurs de la guerre sentent
la nécessité de plaider leur cause, pour vouloir
à ce point éclairer le monde ?
Guillaume de Hohenzollern répondra-t-il à
son fils. dont certains souvenirs n'étaient pas
précisément à l'honneur du Kaiser ? Il n'y
eut, au moment de la publication des mémoires
de l'impérial rejeton, pas de rectification of-
ficielle. Mais l'on sut que l'amour-propre du
père fut pronfondément froissé par certaines
allégations du fils. Allons-nous assister à une
querelle de famille ? Ce ne manquerait uas
d'intérêt.
Mais ce que nous trouverons certainement
daans les documents qui seront livrés pro-
chainement, c'est l'affirmation audacieuse de
la volonté pacifique de celui qui fit tout pour
préparer la guerre et pour la réaliser « fraî-
che et joyeuse »,
On dit.
En Passant
Pour la culotte !
Il est courant d'entendre dire de certain4
femmes audacieuses Et non embarrassées qu'el-
les « portent la culotte ». Mais cette expression
au figuré est pour l'amour-propre de quelques
féministes passionnées une victoire insuffisante,
et miss Jane Burr, une femme de lettres amé-
ricaine, rêve de convertir au port de la culotte
toutes ses congénères.
Miss Jane Burr s'est embarquée pour la Fran-
ce où elle compte commencer sa croisade. Mal-
gré la sympathie professée chez nous pour ses
compatriotes, je doute que cette propagandiste
singulière recueille en France de nombreux suf-
frages. Si les femmes ont dans la vie générale
quelque autorité, c'est précisément de leur fé-
minité qu'elles tirent ces avantages. La plus
grande habileté des féministes acharnés serait
d'exploiter le charme des filles d'Eve pour aug-
menter encore leur influence. Tandis qu'en les
faisant identiques aux hommes et par le vête-
ment, et par les idées, et par les connaissances,
et par les professions, on leur retire, au con-
traire, l'invincible puissance dont elles se peu-
vent enorgueillir. Sans aller jusqu'à la liberté
que prit spirituellement un soir, au cours d'un
entr'acte, le bon maître Anatole France avec
feu Madame Dieulafoy, les hommes, en face des
femmes, en chapeau melon et en culottes, per-
dront plus encore cette tradition d'exquise poli-
tesse que nous transmirent nos pères et qui,
si bien, sont l'apanage de notre race.
Au risque de faire grande peine à. miss Jane
Burr, nous souhaitons que son appel ne soit
point entendu.
D'ailleurs, les femmes elles-mêmes sont trop
intelligentes, trop conscientes aussi de la qua-
lité et de la nature de leur force pour accepter
de la sacrifier. pour la culotte !
Jar.
Aujourd'hui
Les pauvres historiens
Le Journal officiel du 9 mai 1922 a la-issé
passer quelques « erreurs » qui pourront em-
barrasser cruellement les historiens à venir.
Ainsi, dans les mentions de Croix de guerre
posthumes, nous lisons :
« Samuel (Henri), ml-e 8077, soldat : soldai
brave et dévoué. Tombé, glorieusement au
champ d'honneur en août 1914, à la bataille
de la Marne. Croix de guerre avec étoile de
bronze.
« Simonet (Raymond-Albert), mie 8086, sol-
dat : soldat brave et dévoué. Tombé glorieuse.
ment au champ d'honneur, en août 1914, à la
bataille de la Marne. Croix de. guerre avec
,étoile de bronze.
« Simon (Joseph), mle 7009, soldat : soldat
brave et dévoué. Tombé glorieusement au
champ d'honneur, en août 1914, à la bataille
de la Marne. Croix de guerre avec, ét o-iî ie d-e.
bronze. »
La bataille de la Marne n'a-t-elle pas été li-
vrée du 5 au 12 septembre ?
Etonnons-nous après cela que les livres d'his-
toire ne soient pas toujours d'accord sur les
dates !
-<::>
La roulotte automobile
Avoir un yacht c'est très joli, mais posséder
une roulotte automobile n'est-ce pas beaucoup
mieux ?
C'est ce que chacun songeait en passant hier
devant une maison d'automobiles de la rue
Tronchet.
Une superbe roulotte automobile du plus
beau grenat, grande comme une voiture de dé-
ménagement et suivie de sa remorque, atten-
dait son propriétaire.
Dans la voiture-mère : le salon et la salle à
manger ; dans la remorque : chambres à cou-
cher et salle de bains. Des rideaux coquets aux
fenêtres donnaient à cette maison roulante
l'aspect d'un horne intime tout à fait tentant.
Quel est l'heureux mortel qui réalise un rêve
cher à tous les enfants, — et à beaucoup de
grandes personnes ?
Le nageur. a le mal de mer
La chose n'est pas banale.
Le nageur Michel, parti sur un remorqueur
pour le cap Gris-Nez d'où il devait tenter la
traversée de la Manche à la nage, est rentré
à Boulogne sur le rernorqueur, renonçant à
tout rêve nautique, tant le mal de mer l'éprou-
vait.
Heureusement que ce malaise ne l'a pas pris
en pleine traversée. Au fait, un nageur en
action peut-il avoir le rnal de mer t
Le Tapin.
Encore un complot
contre M. Poincaré ?
On a arrêté ces jours-ci, dans la région
de Quimper, un nommé Olier, qui, en com-
pagnie d'un co-détenu, s'était échappé d'un
pénitencier de la région de TOuest. tInter.
:l'ogé par le juge d'instruction, il déclarait
que son camarade et lui, au lendemain de
leur évasion, avaient été recueillis par des
camarades anarchistes qui, après les avoir
habillés et munis de pécune, les avaient
embauchés pour prendre part à un coup de
main préparé contre le président du Conseil.
L'enquête faite dans l'Ouest par des ins-
pecteurs de la Sûreté générale semble vou-
loir confirmer les révélations faites par
Olier.
Un se trouverait reenemeni, en presence
d'un complot ourdi contre le président du
Conseil dans les milieux anarchistes fran-
çais.
Hâtons-nous d'ajouter, que dans les mi-
lieux officiels, on ne voit aucune corréla-
tion entre cette affaire et le complot alle-
mand.
Les recherches entreprises pour s'assurer
de la personne du compagnon d'Olier se
resserrent chaque jour davantage. Son ar-
restation, serait, nous a-t-on assuré, im-
minente.
La Note de lord Balfour
LES APPRECIATIONS AMERICAINES
New-York, 3 août. — Voici les premiers
commentaires de presse sur la note de lord
Balfour :
La Tribune dit que cette note, étudiée soi-
gneusement et publiée au moment où va avoir
lieu la conférence Poincarê-Lloyd George dé-
truit cette illusion largement répandue que
l'Angleterre pourrait annuler la dette qu'a con-
tractée la France envers elle.
On a hautement loué la générosité de la
Grande-Bretagne, assumant une large part de
Il,& dette allemande. Mais en réalité, elle n'an-
nulera pas les dettes contractées envers elle
Pi moins que les dettes contractées par elle-
même ne soient également annulées.
Ce sera donc « l'oncle Sam > qui devra por-
ter le fardeâu et faire grâce à l'Allemagne.
Le Braoklin Eagle écrit de son côté :
« Il ne peut exister aucune stabilité en Eu-
rope tant que les Etats-Unis ne participeront
pas à un effort réel pour établir un plan pra-
tique de reconstruction économique. »
Le Buffalo Express pense que l'Europe ferait
mieux de venir à Washington pour discuter
cette question dans un esprit semblable à ce-
lui qui a présidé à la Conférence du désarme-
ment, au lieu d'essayer de décider elle-même
ce que les Etats-Unis devraient faire.
CRITIQUES ANGLAISES
Londres, 3 août. — Commentant la note lord
.Balfour, le Moming Post écrit :
« Le seul pays qui ait des raisons de se mon-
trer satisfait de la publication de cette note,
c'est bien l'Allemagne ; car elle contribue à
élargir la brèche entre la Grande-Bretagne et
■la France (ce qui est le seul espoir poursuivi
par tout bon Allemand), et aussi parce qu'elle
renforce la méfiance que l'Amérique éprouve
à l'égard des Alliés. Elle offre, d'autre part,
à l'Allemagne la perspective d'échapper à ses
engagements vis-à-vis de la Grande-Bretagne,
dre dans les finances de l'Allemagne. »
LA CONFERENCE
SERAIT-ELLE PROLONGEE ?
Londres, 2 août. — On apprend, de source
bien informée, que les dernières nouvelles re-
çues de Paris indiqueraient qu'il se pourrait
que les conversations entre M. Lloyd George
et M. Poincaré se prolongeassent plus long-
temps qu'on ne l'avait prévu tout d'abord.
—————————— J -.. - c ——————————
Le rallye-ballon automobile
l
Genève, 3 août. — Dans le concours de
rallye-ballon automobile, le ballon renard pi-
loté par le comte de la Vaulx a atteri à la
Côte, commune de Viry, à midi 45.
Il est tombé dans un bois très épais de
façon à se cacher à la vue de ses poursui-
vants ; mais sa manœuvre a été déjouée par
l'Azurea piloté par le major de cavalerie Ger-
ber. L'Azurea parvenait à atterrir à moins de
500 mètres du ballon renard, gagnant le pre-
mier prix, les autres ballons ayant atterri
à une distance plus grande.
La première automobile qui a réussi à at-
teindre l'Azurea est pilotée par M. Gallay de
l'Auto-Club suisse.
LA GOOD WILL DELEGATIDN EST EN FRANCE
De jeunes Américaines sont arrivées &
Paris. En voici un groupe, parmi lequel,
Miss Anna Morgan ( + ).
*
**
Dans le médaillon : Une Française, ma..
riée, veuve de guerre, avec son fils dans les
bras, et qui revient en France sur la tombe
de son mari.
POLITIQUE ETRANGERE
L'Allemagne persiste dans son refus
!lDI!!!P' -
L'Allemagne persiste dans son refus d'assu-
rer la prochaine échéance. Demain, expire l'ul-
timatum français : nous devrons tenter de
nous payer nous-mêmes.
A vrai dire, les derniers embarras franco-
britanniques ne sont pas une des moindres
causes de la nouvelle outrecuidance germani-
que. Les journaux du Reich ne cachent pas
leur satisfaction de voir les Alliés se chica-
ner entre eux sur la question des dettes. Les
dirigeants allemands ont, de tout tempe,
escompté la zizanie de leurs vainqueurs
pour passer à travers les mailles du filet. Au-
jourd'hui, ils croient triompher ; peut-être,
une fois de plus, se mettent-ils le doigt dans
l'œil.
Il n'est pas sans intérêt- de constater que les
sanctions annoncées par la France auront, si
l'Allemagne se maintient dans son refus, com-
mencé à jouer au moment de la Conférence
de Londres. Sans doute, nos alliés feront-ils
la grimace, mais ils ne peuvent pas soutenir
qu'en fait comme en droit, la France ne soit
justifiée à agir de la sorte.
L'Allemagne d'aujourd'hui n'a d'autre idée
que de s'installer dans sa faillite ; pour un
peu, elle s'en glorifierait. Le mark baisse,
baisse tous les jours un peu plus ; bientôt
on pavoisera à Berlin parce qu'il sera à zéro.
Et déjà, l'on se frotte les mains à l'idée des
victimes bénévoles que l'on trouva chez les
Alliés.
M. Poincaré, toutefois, n'a qu'un goût mé-
diocre pour ce rôle de dupe. Sans doute, les
Allemands sont-ils étonnés que le monde en-
tier ne passe point par où ils voudraient et
n'accepte point leurs basses manœuvres de
dérobade. On les habitua à tant de faiblesse,
qu'ils se croient aujourd'hui tout permis. Il
faudra tout de même qu'ils déchantent un
jour.
Raymond LANGE.
CE QUE SERA LA REPONSE ALLEMANDE
Berlin, 3 août. — Le gouvernement allemand
rédige sa réponse à la seconde lettre de M.
Poincaré, fixant au 5 août, à midi, la mise en
vigueur de sanctions si l'Allemagne n'a pas
donné l'assurance qu'elle continuera les ver-
sements de 2 millions de livres sterling au
titre des compensations.
Il soutiendra que les sanctions que le gou-
vernement français a l'intention de prendre
le 5 août ne peuvent avoir aucune base légale.
Le chancelier a eu une entrevue avec les
chefs de partis de la coalition gouverenemen-
tale, ainsi qu'avec les chefs des partis popu-
laire, nationaliste et socialiste indépendant.
Les chefs de partis ont approuvé le point de
vue du chancelier.
Le Vorpœerts et le Berliner Tageblatt ex-
posent ainsi la thèse que le gouvernement
allemand défendra dans sa réponse à M. Poin-
caré.
« L'Allemagne n'a pas dit qu'elle n'effectue-
rait pas au 15 août les payements à titre de
compensation, mais seulement demandé à tous
les intéressés de réduire, cette fois-ci, au
quart, l'ensemble de leurs créances. C'est au
cas où les gouvernements intéressés repousse-
raient sa requête et que l'Allemagne refuse-
rait malgré cela de payer, que la question
pourrait logiquement se poser d'examiner ce
qu'il conviendrait alors de faire à ce point de
vue. Le jour de l'échéance n'est pas le 5 août,
mais le 16. Le cas peut se produire qu'une par-
tie des gouvernements intéressés fasse droit
à la demande de l'Allemagne en que l'autre
partie s'y refuse. Que pourrait-il se produire
alors ? L'Allemagne pourrait, dans ce cas, sa-
tisfaire ceux qui tiennent au payement, dans
l'hypothèse que les autres gouvernements in-
téressés ne s'y opposeraient pas. Le gouverne-
ment allemand a lui-même estimé à un demi-
million de livres les payements qu'il peut
faire ; cette somme suffirait probablement
pour tenir les engagements allemands à
l'égard de ceux qui réclament les payements.
De cette façon, toute l'affaire serait dégagée
de complications et une crise internationale
serait évitée.
« La France peut exiger le 15 août le. paye-
ment de la partie qui lui revient, mais elle ne
peut'exiger que l'Allemagne promette, le 5
août, à M. Poincaré, de payer tous les gou-
vernements, même si un certain nombre d'en-
tre eux renoncent aux créances qui leur sont
dues ».
LE MARK CONTINUE A BAISSER
Berlin, 3 août. — Le Tag dit savoir que le
gouvernement d'Empire se voit contraint, en
raison de la trop grande chute du mark, de
suspendre ses achats de devises étrangères,
destinées aux prestations des réparations. Il
n'existe actuellement qu'une petite quantité
de devises à la disposition du gouvernement.
L'opinion anglaise et la note
de M. Poincaré
Londres, 3 août — Le Daily Telegraph écrit:
« La note que le gouvernement français
vient d'adresser, sans perdre un instant, au
gouvernement de Berlin, est, en fait, la ré-
ponse française à la note de lord Balfour.
« Cette note, qui demande au gouvernement
du Reich l'assurance pour le 5 courant que
les 2 millions de livres sterling dues pour
les réparations seront régulièrement payés le
1<5, sous peine de mesures coercitives, a, dit
le Daily Telegraph, la forme d'un ultimatum,
ultimatum que le gouvernement français a lon-
guement et minutieusement étudié.
« Il est à remarquer que M. Poincaré s'est
arrangé de manière à venir à Londres deux
jours après la date fixée pour cette assurance
de la part du Reich. Ainsi donc est créée une
situation excessivement délicate et difficile, si
difficile même, qu'il est urgent d'arriver à une
solution immédiate. »
Résumant ensuite les négligences du Reich
qui, jusqu'ici, a trouvé de l'argent pour tout
autre chose que pour les réparations,' le Daily
Telegraph reconnaît que la position française
touchant cette question des réparations est in-
discutablement forte.
« Ce problème, ajoute-t-il, vient de prendre
la priorité sur celui des dettes de guerre et,
bien qu'intimement lié avec un accord sur les
réparations, présente la meilleure voie vers un
accord sur les propositions de la note de lord
Balfour. »
De son côté, le correspondant diplomatique
du même journal écrit : « L'ultimatum de
M. Poincaré à l'Allemagne touchant les dettes
privées d'avant-guerre est un des plus sérieux
documents diplomatiques d'une époque grave.
.« Le mark en a. du fait. subi une nouvelle
baisse de 5 à 600 points, premier résultat dé
cette note, auquel M. Poincaré, pouvait s'at-
tendre, quoiqu'il ait pu difficilement le dési-
rer. Juridiquement, vu la conduite de la com-
mission des réparations, la France peut se dé-
fendre sur la correction ou l'incorrection de
son geste. En tout cas, des sanctions ne sau-
raient être prises par aucune puissance isolé-
ment et surtout sans avoir consulté au préa-
lable les autres Alliés.
« Dans les milieux anglais, on s'est élevé
fortement contre la déclaration de M. Poin-
caré, parlant de sanctions, non seulement dans
l'intérêt de la France, mais aussi dans l'inté-
rêt des autres Etats signataires.
« M. Poincaré ne peut ignorer que les Alliés
de la France n'étaient pas d'accord et qu'ils
avaient envoyé leurs points de vue person-
nels au gouvernement de Berlin sur la ligne
t suivre.
« En vérité, conclut-il, la note française nous
place dans l'embarrassante nécessité de ré-
pondre par la négative au cas où l'Allemagne
nous demanderait si la note de M. Poincaré
représente à la fois et nos vues et nos inté*
rêts. »
——— —C I— I 1
Les Réparations
Un grand débat aux Communes
Londres, 3 août. — Au cours d'un débat]
qui s'est ouvert durant l'après-midi, sir Ro-:
bert Horne a déclaré :
« L'ultimatum français avait été lancé'
plusieurs jours avant que la dépêche de lord
Balfour ait été publiée ; par conséquent, ce
n'est pas la dépêche de lord Balfour qui a
causé cet ultimatum.
« On fait remarquer que la France a, de
1871 à 1873, payé à l'Allemagne l'indem-
nité de 5 milliards réclamée par, celle-ci#
mais on oublie que la guerre de 1870-1871
a été courte, que les soldes créditeurs de la
France à l'étranger étaient restés ; il en
était de même des intérêts considérables ré-
sultant des placements de la France à l'é-
tranger. Dans ces conditions, la France put.
emprunter à l'étranger et recueillir 71 mil"
lions de livres sterling. Enfin, la France,
en 1872 et 1873, avait une forte balance
commerciale à son avantage.
« Or, l'Allemagne, aujourd'hui, se trouva
dans une situation fort différente. »
Le chancelier de l'Echiquier fait rexposf
de cette situation et il ajoute : -
« Il ne faut pas croire que l'Allemagne
ait d'aussi fortes sommes à l'étranger qu'on
l'affirme. Il lui faut bien se' procurer des
matières premières. > , ,
L'orateur ne croit pas qu'en dehors dei
sommes nécessaires pour le commerce, les
capitalistes allemands aient plus de 100
millions de livres sterling placés à l'étran-
ger. Toutefois, sir Robert Horne reconnaît
que l'Allemagne a été, jusqu'à un certain
point, l'artisan de sa propre Infortune.
« Pendant la guerre, dit-il, elle n'a pas
eu recours à l'impôt pour faire face à ses,
dépenses ; elle a recouru aux emjprunts et-
après la guerre, en présence de budgets dé-
ficitaires, elle n'a pas modifié son système
fiscal. Elle n'a pas cherché à équilibrer ses
budgets ; elle a imprimé de la monnaie de
papier et, naturellement, le mark s'est dé-
précié. Par conséquent, il a fallu augmen-
ter les salaires et l'Allemagne a continué à
imprimer du papier-monnaie. Voilà une des
raisons principales de la situation où elle
se trouve maintenant. Elle a opéré, ces der-
niers temps, dans son système fiscal, cer-
taines modifications qui lui ont permis de
couvrir ses dépenses intérieures et de lais-
ser un surplus applicable aux réparations. >
L'orateur est d'avis que l'Allemagne est
en mesure de verser de très fortes sommes
en matière de réparations. Toutefois, il faut
lui accorder le temps pour qu'elle puisse se
mettre en état de payer.
c L'Allemagne, dit le chancelier, désira
payer ce qui est raisonnable et dans la me"
sure de ses facultés, mais, pour le moment,
je ne vais pas plus loin.
« M. Poincaré a fait savoir qu'il arrive-
rait en Angleterre avec certaines proposi-
tions, qui seront examinées et la Chambre
des communes doit laisser au gouverne-
ment britannique toute liberté en ce qui
concerne les propositions françaises. »
(VOIR LA SUITE EN DERNIERE EETJREX
— > - «
Lifl CATASTROPHE
de Villeeomtal
Ce sont les freins qui n'ont pu
fonctionné
M. Maison, directeur du contrôle des che-
mins de fer, qui s'était rendu sur les lieux
de la catastrophe pour procéder à une enquê-
te, est rentré dans la matinée à Paris. Il a
aussitôt rendu compte au ministre des tra-
vaux publics des résultats de cette enquête.
Son rapport n'est point encore établi, mais
nous sommes en mesure de faire connaltre
les principales constatations qui y seront
consignées.
La machine qui conduirait le train était en
parfait état et très forte; elle appartenait à
la série 4.000, comportant 4 essieux couplés
et un tender à 2 boggies, le tout pesant plus
de 100 tonnes.
La machine était montée par un mécani-
cien qui, à la vérité, ne connaissait pas le par-
cours- et par un chef mécanicien qui, lui, le
connaissait bien, ayant été chef de dépOt
dans la région.
Depuis le passage du train à Mirande, la
pompe à air — pompe actionnée par la va-
peur, et qui charge l'air comprimé — fone
tionnait mal et avait eu plusieurs arrêts
Une autre circonstance fâcheuse s'était pro1
duite : une goupille de l'axe de manœuvre du
«giffard> (qui injecte l'eau dans la chaa-
dière) s'était détachée-
Pendant que le mécanicien remontait cet
axe, le giffard est resté en alimentation, d'où
léger excès d'eau dans la chaudière. La pres-
sion, qui était de 12 kilos, est tombée d'un ou
deux kilos, mais, le frein étant excellent, elle
est remontée tout de suite. Cet excèsi d'eau
n'a donc pas eu d'inconvénients Dour la Dres..
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