Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-07-10
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 juillet 1922 10 juillet 1922
Description : 1922/07/10 (N18838). 1922/07/10 (N18838).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7553837q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
21 MESSIDOR, AN 130. — N° 18838
te numéro ': QUINZE CENTIMES
LUNDI 10 JUILLET 1922. — 1T 18835
Fondateurs (1869) :
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un a Six ooli Trois mois
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES..; 41 » 22 » 11 »
ETRANGER 49 » 25 » 13 »
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RAYMOND LANGE
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r TRIBUNE LIBRE
Les responsabilités de la guerre
- i ..dL- 1
Le débat qui vient d'avoir lieu à la
thambre a été inutile parce que la Cham-
bre n'a aucune compétence pour juger,
parce que la question a été mal poséè,
parce que la discussion s'est mal enga-
gée, parce qu'on n'a point besoin de dou-
ze heures de discours pour prouver une
évidence!
La question des responsabilités appar-
tient à l'Histoire. seuls les historiens im-
partiaux pourront — plus tard avec le
recul du temps - rendre un jugement
définitif et absolu. Trancher le problème
par un vote politique est une impossibi-
lité et une absurdité! D'autre part, les
responsabilités d'un conflit comme celui
de 1914 relèvent de l'ordre internatio-
nal et ce n'est pas une assemblée natio-
nale qui peut avoir à en connaître.
Comment le débat est-il pourtant venu
jdevant la Chambre ? Par le détour d'at-
taques personnelles et d'ordre purement
politique. Pendant toute l' odieuse dis-
cussion où l'on se jetait des bouts de
phrases à la figure, où, à défaut d' ar-
gumentation sérieuse, on se livrait, par
le détour de l'ironie ou de l'insulte, à
des arguties et à des sophismes lamenta-
tables, il y a eu une confusion provoquée
et maintenue à dessein par les uns et par
les autres entre la politique actuelle et la
politique passée.
Laissons de côté et les offres de paix
durant la guerre, et l' écœurante polémi-
que qui s'est greffée sur les garanties
prévues par le traité de Versailles et exa-
minons l'unique question des responsa-
bilités.
La France a-t-elle eu une part de res-
ponsabilités dans le déclanchement de la
guerre ?
Eh bien! même s'il y avait eu des im-
prudences de langage, des manifestations
regrettables en 1912, en 1913, en 1914
du côté français, cela n'empêcherait en
rien la responsabilité pleine, entière,
sans circonstances atténuantes, de l'Alle-
magne dans la guerre.
Et tout le prouve! Et tout le monde
l'admet!
MM. Cachin, Léon Blum, Painlevé,
Herriot, Poincaré, Tardieu, Vallat l'ont
tous affirmé avec une force égale et avec
,.,.:- l'on ne peut en douter — une con-
viction identique.
Que M. Iswolsky — qui est tantôt ca-
naille, tantôt grand honnête homme se-
Jon qu'il paraît absoudre ou accuser —
que M. Sazonof aient interprété les faits
selon leur désir. rien de plus naturel,
mais y a-t-il là quelque chose qui puis-
se atténuer la complète, l'absolue bonne
:volonté pacifique de la France ?
Si l'on veut faire le procès de la Rus-
isie tsariste, c'est une autre chose! Si
l'on veut rechercher les provocations
sourdes des ministres germanophiles -
par vénalité, par intérêt, par convic-
tion — Soukhomlinof, puis Protopopof,
puis Stürmer ou d'une impératrice illu-
minée et envoûtée par un thaumaturge.
l'on institue un autre procès. ce n'est
pas celui de la France !
Admettons que la Russie ait des res-
ponsabilités dans le déclanchement de
la guerre. Elle en a. Je ne citerai que ce
passage capital du mémorandum du
vice-directeur du ministère des affaires
étrangères, le 8 février 1914 et reproduit
dans un rapport de Sazonof à Nicolas H,
Je 23 mars 1914 :
« Il est fort vraisemblable que nous
ne résoudrons ce problème (la prise des
Détroits) que pendant une guerre euro-
péenne. La possibilité de s'emparer des
Détroits dépend d'une conjoncture favo-
rable. La créer est le but de l'action du
ministère des affaires étrangères! »
Et après! Où y a-t-il trace de respon-
sabilités françaises ? La Russie tsariste
nous a trompés comme elle nous trompait
lors du traité de Bjoerke, lors de l' al -
liance balkanique - de 1912 où M. Poin-
caré ht à M. Sazonof les reproches qu'on
sait, comme elle nous a trompés — en
violation du pacte de septembre 1914 —
en essayant de conclure, bien avant la
paix de Brest-Litowsk, dès fin 1914, une
paix séparée!
Un pays qui, au risque de courir à une
défaite militaire, fait reculer ses troupes
de dix kilomètres pour montrer au monde
l'évidence de sa bonne foi et de son pa-
cifisme. peut-il être tenu pour respon-
sable de la guerre ? à
Les faits imputés à l' Allemagne impé-
riale sont trop nets pour qu'on ait en-
core à les discuter :
1° Envoi de l'ultimatum humiliant à
la Serbie ;
2" Envoi, à l'ambassadeur d'Allema
jgne à Bruxelles, du texte de,l'ultimatum
à la Belgique dès le 26 juillet; texte qui
ne fut pas modifié lorsqu'il fut présenté
le 2 août et qui portait déjà — le 26
juillet! — sur l'éventualité de la viola-
tion de la Belgique par la France! !
3° Refus d'une conversation à quatre ;
4° Cvnisme criminel des inscriptions
marginales de l'Empereur;
5° Demande d'une cession de Toul et
de Verdun comme garantie d'une éven-
tuelle neutralité française!
6° Violation de la Belgique ;
7° Ultimatum et déclaration de guerre
à la France.
Et enfin, en dernier lieu, les preuves
les plus formelles, ce sont les aveux eux-
mêmes et les déclarations précises des
Allemands : ce sont les révélations faites
en pleine guerre par Lichnowsky et par
Muëhlon, ce sont les documents de
Kautzky, ce sont les votes du Reichstag.
L'Allemagne républicaine, après tous
les pays alliés, tous les pays neutres,
après la Société des nations, reconnaît
les responsabilités de l' Allemagne impé-
riale de 1914.
S'il est un procès à faire, ce n'est pas
dans un Parlement qu'il faut l'instituer.
A Doorn, M. de Hohenzollern se pré-
lasse, rédige ses mémoires et en concède
la publication pour des prix exorbitants
à des maisons d'édition.
Une Haute Cour de justice, qui siège
non loin de là, aurait le droit, a le devoir
et possède les moyens d'instituer le grand
procès que tout le monde réclame par
souci de justice internationale, d'équité
et de vérité.
Qu'on juge M. de Hohenzollern, châ-
telain de Doorn et déserteur!
Jacques KAYSER.
ÉDITORIAL
- -
Le mark à deux centimes
A la place des deux mil-
liards mensuels que devait
nous vers'er l'Allemagne, le
gouvernement de M. Wirth
nous envoiè deux messieurs
en redingote qui sont, paraît-
il, des experts. Tout enchan-
tés que nous soyons de connaître ces
honorables fonctionnaires, l'on s'accor-
dera pour trouver qu'ils ne valent pas
deux milliards.
Ces ambassadeurs de là finance en dé-
bandade sont chargés de nous expliquer,
avec des larmes dans la voix, que M
mark. dégringole - nous n'avions pas
besoin d'eux pour nous en apercevoir —
et que, par conséquent, l'Allemagne ne
saurait faire face à ses dettes lJrochai-
ns-
Depuis le temps qu'en rabattant régu-
lièrement notre créance, l'on nous rabat
non moins régulièrement les oreilles du
mot barbare de moratorium, nous com-
mençons à être habitués à cette petite
scène de genre. L'Allemand se frappe la
poitrine, affirme sa bonne volonté, clame
qu'il n'en peut mais, maudit les teràps
trop durs. Trois petits tours, et il s'en
va.
Le malheur est que jamais ces déro-
bades ne provoquèrent chez les Alliés
les strictes mesures de défense nécessai-
res. Nous avons assisté, inertes — l'on
n'ose pas dire indifférents - à la muti-
lation volontaire, systématique, organi-
sée, de notre gage.
L'Allemagne a décidé de ne pas payer
sa dette. Lentement, patiemment, avec
une parfaite suite dans les idées, elle a
tout fait pour que les événements fassent
naître l'inévitable catastrophe. Le sourira
aux lèvres, elle court à la faillite, avec
la seule idée de nous iouer un bon tour
Mais, rira bien qui rira le dernier, Tan..
dis que les caisses de Berlin seront aussi
- vides que le coffre-fort des Humbert,
nous aurons tout de même en main une
traite qu'il ne tiendra qu'à nous de faire
exécuter. Puisque les Allemands y tien-
nent absolument, nous serons bien obli-
gés- d'en arriver à ce moyen extrême,
Il paraît, cependant, qu'il y a une com-
mission des garanties, cltatgée, depuis
longtemps. de veiller au grain. Serait-il
indiscret de lui demander ce qu'elle fit
pour éviter la débâcle ? Serait-ce exagé
ré de chercher le contrôle qu'elle exerça
sur la machine à billets de la Reichs-
bank, sur les dépenses inutiles du gou-
vernement ?
Le mark est à deux centimes ; et l'Al-t
lemagne nous pose un lapin. Mais les
députés sont à la roulette, aux petits che-
vaux et au jazz-band !
Bon appétit, messieurs ! +Faites vos
jeux !
En effet, rien ne va plus !
- - -, Raymond LANGE.
ê
On dit.
En Passant
Le vrai luxe
En somme, faire fortune est chose facile ;
j'ose même dire que c'est à la portée de tout le
monde.
Une annonce d'un journal de Seine-et-Oise
dévoile à qui veut l'apprendre le secret :
« A céder après fortune, Laiterie, beurres et
œufs, près Paris. Vente garantie : 540 litres
de lait acheté 0 fr. 51 et vendu 1 fr. Bénéfice
justifié, 5.000 net par mois. »
Comme on le voit, c'est enfantin !
Mais. il y a un « mais » : ce tout petit ges-
te qui consiste à mettre dans sa poche. 0 fr. 40
centimes, sur une vente de 1 franc, ce tout pe-
tit geste qui n'a l'air de rien pour quelques-
uns répugne encore à quelques autres, Dieu
merci !
Il existe encore des malheureux pour qui les
mots scrupule, conscience, honneur veulent di-
re quelque chose et expriment nettement des
sentiments qui leur tiennent solidement au
cœur, — et pour lesquels ils commettent la
folie de Végéter ou même de mourir de faim.
Par instant, on est tenté de le* traiter d'im-
béciles, tant la pauvre et laide humanité s en-
fonce dans l'ignominie.,
La canaille est respectée, l'honnête homme
raillé. L'argent corrompt et salit tout, si bien
que l'on pourrait prétendre que les braves gens
sont voués â. la misère.
Ce n'est pas tout à fait vrai. Il n'y a pas
que dans les contes seulement que le person-
nage scrupuleux et droit parvient aux plus
hautes destinées. Parfois, dans notre siècle
d'abjection, il arrive qu'une belle nature reçoi-
ve la récompense de sa peine.
Quant, à ceux qui luttent, toute leur triste vie
sans jamais connaître le luxe, ou même le
confort, pour conserver intacte leur honorabi-
lité et qui préfèrent la misère physique à la
misère morale des autres, ils portent en eux
un luxe supérieur à tous les luxes, qui ne sont
jamais qu'apparents. un luxe, qui, certes, ne
jette, aucune poudre aux yeux de nos contem-
porains, un luxe qui n'est apprécié que de quel-
ques-uns, (mais ces quelques-uns sont le
joyaux de rhumanité), or ce luxe-là, c'est la
paix intérieure, c'est la tranquillité de la cons-
cience toujours satisfaite, jamais troublée.
Luxe inestimable î
Combien sont-ils parmi les riches (nouveaux
ou anciens) parmi les « craints », parmi les
« respectés », ceux qui peuvent affronter sans
crainte la lumière dangereuse de ce grand so-
leil qu'est la vérité ?
Quel spectacle effroyable si 'oh pouvait à
l'aide de .rayons X spéciaux, plonger dans leur
conscience., si toutefois ils en ont une !
Ch. RABETT.
Aujourd'hui
Une invasion de pieuvres
Les baigneurs et baigneuses qui se réjouis-
sent de leur proche départ pour le rivage bre-
ton, auront peut-être de mauvaises surpri-
ses.
On annonce qu'une invasion de pieuvres
assiège le littoral breton.
Les pêcheurs qui ont déjà eu, par suite du
mauvais temps, bien des ennuis cet hiver,
sont désolés, car ces petits céphalophodes dé-
vorent les poissons et détruisent les engins
de pêche.
On ne connaît aucun moyen efficace pour
détruire les pieuvres. Une violente bourrasque
pourrait cependant avoir raison de ce vilain
animal qui n'a pas la sympathie des joliei
baigneuses.
7Et cela se conçoit !
La grève des instituteurs
Cette grève, pour le moins originale, vient
d'éclater au Chili, où, depuis trois mois, les
instituteurs ne sont pas payés.
Les petits Chiliens en sont, naturellement,
ravis.
Ils espèrent même que le gouvernement ne
tiendra-pas ses engagements de sitôt.
Mais voilà les vacances !
A la rentrée, les instituteurs auront sans
doute eu gain de cause et les enfants devront
se remettre au travail.
Le Tapin.
Question dé protocole
Il paraît que le décret sur les « honneurs
et préséances » est en révision. L'aimable
chef du protocole qu'est M. Pierre de Fouquiè-
res doit être sur les dents. L'on n'S^nagine pas,
en effet, les susceptibilités que peuvent faire
na'tre l'ordre et la marche d'un cortège «ou
l'ordonnanc-et l L dînsr f(l,it:.
Il y a même, dit-on, des jalousies, entre les
grandes écoles ! Nos polytechniciens doivent-
ils avoir le pas sur les saint-cyriens ? Ne
fait-on pas d'aussi bon travail à l'Ecole nor-
male supérieure ? Grave question ! rt les
fonctionnaires du Quai d'Orsay doivent y
perdre leur latin.
Mais un député est venu à leur secours, le
marquis de Ferronnays a, avant la clôture
des débats parlementaires, déposé une pro-
position de résolution sur le bureau de la
Chambre, pour résoudre cette affaire d'Etat.
On dira encore qu'on ne travaille pas au
Palais-Bourbon !
L'honorable député estime qu'il ne peut
être question d'assigner aux écoles un rang
d'utilité. « N'est-il pas juste, - lit-il, quand il
s'agit d'honneurs et de-préséance, c'est-à-dire
d'hommage rendu au caractère 'moral le plus
élevé, de fixer la hiérarchie les mérites
étant égaux par ailleurs — d'après les sa-
crifices les plus sublimes, en même temps
que les plus nombreux, consentis à la cause
de la patrie ?
« Il ne saurait donc y avoir de critérium
plus sûr pour déterminer le rang de. cha-
cune de nos grandes écoles, dans. l'ordre du
mérite, que de se basât- sfer le nombre de leurs
élèves'qui ont fait à la France ,1e sacrifice
suprême de leur vie au cours de la dernière
guerre, en tenant compte, bien entendu, de
feffectif de chaque' école. » ,,'
La parole est donc aux statisticiens !
Et les députés ont de quoi méditer pendant
leurs vacances ! >..
—; ;—-— > c
L'ENTREVUE SGHANZER.POINGARE
M. Raymond Poincare. a eu, hier matin,
avec M. Schanzer, l'entretien que nous avions
annoncé. -
Le ministre des affaires étrangères d'Ita-
lie est arrivé au quai d'Orsay à 10 heures.
accompagné du Icomfe Sforza, ambassadeur
d'Italie. Il a été immédiatement, introduit
dans le cabinet du président du Conseil. ,
M. Schanzer
L'entrevue a duré deux heures. En par-
tant, M. Schanzer s'est refusé à toute décla-
ration. Il a quitté Paris hier soir à. 10 heures.
On nous assure que la conversation en-
tre les deux hommes d'Etat a été très ami-
cale. Cet échange de vues a présenté, d'ail-
leurs, un caractère extrêmement général.
En ce qui concerne la réunion d'un conseil
suprême, il n'en est aucunement question.
LES SOVIETS ONT PROPOSÉ
à l'Angleterre
un traité de Rapallo
--
La Haye, 9 juillet. - Au cours d'une ré-
cente réunion de la commission non russe
sir Philip Uloyd Greame a fait spontanément
connaître à ses collègues que la délégation
britannique avait été pressentie par les délé-
gués des Soviets à l'leffet d'entreprendre des
négociations visant à la conclusion d'un ac-
cord séparé.
«Le chef de la délégation britannique a re-
poussé cette proposition.
Ce faisant, la délégation britannique est de-
meurée fidèle à la. clause 6 du procès verbal,
signé le 14 mai à la villa Albertis, entre les
délégations belge, britannique, française, ita-
lienne et japonaise, ainsi conçue: « Les dé-
légations ont été d'accord pour recommander
à leurs gouvernements respectifs de ne pas
reconnaître ni appuyer aucun arrangement
privé qui, avant l'achèvement des travaux des
commissions d'experts ou pendant le mois qui
suivra l'adoption de leurs recommandations,
s'il y en a, serait conclu par leurs ressortis-
sants avec le gouvernement soviétique russe,
concernant les biens appartenant antérieure-
ment à d'autres étrangers ».
Cette information donne crédit à certains
bruits d'après lesquels les Soviets, ayant
échoué auprès de certains gouvernements, fe-
raient "présentement" de grands efforts pour
conclure des arrangements avec des particu-
liers groupés dans un consortium disposant
d'une somme évaluée, d'après les mêmes
bruits, à trois milliards de francs-or.
Il va sans dire que de tels engagements,
s'ils se réalisaient, ce dont on doute forte-
ment ici, n'engageraient en aucune manière
tes. gouvernements.
La réponse de la délégation britannique at-
teste la solidarité de?* alliés au sein de la
conférence. Il ne serait pas impossible, en cas
d'échec de la réunion de L-a Haye, que cette
solidarité fût affirmée de nouveau et qu'on
renouvelât l'engagement de OO. dont il
vient d'être parlé et il serait signé, cette fois,
par tous les paya représenté^- • • •
NOSAMISD'OUTRE MAN CHE
veulent
avoir plus de 90.000 soldats"
,Londres, 9 juillet. — Le Sunday Express
critique vivement M. L. Esher, représentant
le gouvernement britannique à la Commission
temporaire mixte s'occupant de la réduction
des armements, instituée par l'Assemblée de
la Société des Nations et qui a tenu plusieurs
séances à Paris au cours de la semaine der-
nière, pour avoir, dans ses propositions rela-
tives au - désarmement, placé la Grande-Bre-
tagne au même niveau que la Suisse et autre
petits pays, en ne lui accordant qu'une armée
de 90.000 hommes, alors que la France, par
exemple, selon les propositions*'dë ce même
M. Esher, aurait une armée de 180.000 hom-
mes, et la Pologne, la Grèce et l'Italie, une
de 120.000 hommes.
Le Sunday Express se plaint que les pro-
positions avancées par. le représentant du
gouvernement britannique ne font l'objet
d'aucune discussion dans les milieux militai-
res en Angleterre.
Faisant allusion à la limitation des arme-
ments', l'Observer écrit :
L' « Observer » incrimine la France
Faisant allusion à la limitation des ar-
mements, le même journal précise :
« A.Washington, le consentement des
Etats-Unis. de la Grande-Bretagne et du
Japon a suffi pour assdrer le désarmement
dans le Pacifique, mais pour procéder, au
désarmement en Europe, loe consentement
de la France est indispensable. ,San§ l'op-
position des représentants "françai à
Washington,, la limitation des armements
européens aurait commencé à cette confé-
rence.
« Ou nous travaillons pour la paix, con-
clut le journal, ou nous attendons le chaos.
L'Europe désarmera, ou elle armera à nou-
veau, et, dans ce dernier cas, l'Europe se
battjaî^. -w_~— v
POLITIQUE ETRANGERE
Pour bénéficier d'un nouveau moratoire
l'Allemagne est en pleine crise financière
» Jr
L'effondrement du mark. -:- Londres et Washington vont interveni.
pour enrayer l'écroulement des devises allemandes
'S~t~
Il se confirme que M. Schrœder, secrétai-
re d'Etat, sera aujourd'hui à Paris où il se
mettra immédiatement en rapports avec la
Commission des réparations. Selon des in-
formations de source berlinoise, car à l'hô-
tel Astoria on n'est officiellement informé
de rien, M. Schrœder vient exposer a la
commission la situation financière du
Reich et la difficulté qu'éprouve celui-ci a
effectuer ses paiements en espèces. Il de-
mandera donc, comme nous l'avons annon-
cé, le bénéfice d'un moratoire complet pour
les prestations en argent, quitte à propo-
ser un accroissement des prestations en na-
ture.
Pour ce qui est des livraisons de char-
bon, dont le gouvernement du Reich deman-
de également la réduction, nous croyons
savoir qu'il invoque les raisons suivantes :
la cession d'une partie de la Haute-Silésie,
où la production de houille allemande a di-
minué de 20 0/0. En outre, la production
totale du charbon haut-silésien-«llemand a
diniintf^-dé 67 0/0. Les 1.860.000 tonnes de
charbon, prévues aux accords de Spa, doi-
vent donc être diminuées de 20 0/0, et, en
considération d'un recul de la production,
une nouvelle baisse de 10 0/0 doit inter-
venir, soit au total 30 0/0. Ces 30 0/0 don-
nent une diminution de 575.000 tonnes en-
viron. A cette condition. la quantité totale
des réparations en charbon équivaudrait à
1.340.000 tonnes.
Le gouvernement allemand fait reniar-
quer que les fournitures en charbon ont été
faites jusqu'à présent en houille pour la
plus grande partie. Il propose de remplacer
une partie de la houille par du lignite pour
les livraisons de l'avenir.
LE MORATORIUM
NE SERAIT QUE POUR JANVIER
Le « Dai'ly Mail » puiblie ces lignes qui,
jusqu'à présent, n'ont été nulle part con-
firmées et ne semblent pas devoir l'être :
« Suivant l'agence Router, les milieux
alliés tiennent de bonne source que le gou-
vernement allemand est prêt à effectuer ses
paiements de 50 millions de marks-or en
juillet, août, septëmbre et octobre" et 60
millions de marks-or en novembre et dé-
cambre.
« D'un autre côté, cependant, l'Allema-
gne demandera qu'il lui soit fait remise,
pour 1923 et 1924, des paiements eii espè-
ces. Pendant ces années, elle effectuera des
paiements en nature qui sont fixés à 1.450
millions de marks-or. »
UNE OPINION TCHECO-SLOV AQUE
Prague, 9 juillet. — L'ancien ministre des
finances, M. Rasin, examine dans les Na-
rodni Listy la situation internationale.
L'Allemagne, expose-t-il, a engagé une nou-
velle guerre, à savoir une guerre économique,
afin de se-soustraire à l'accomplissement des
réparations. « Ce ne sont pas, dit-il, la France
et la Belgique qui sont les vrais ennemis de
l'Allemagne lorsqu'elles réclament l'applica-
tion des traités de paix, mais bien plutôt les
hommes d'Etat et les pays qui, par une phi-
lanthropie mal entendue, alimentent en Al-
lemagne l'espoir d'une victoire économique
qui l'exonérerait des conséquences de la guer-
re. »
M. Rasin estime que la guerre économique
touche à sa fin sans avoir apporté le suc-
cès que l'Allemagne espérait et que cette
puissance sera encore vaincue sur ce ter-
rain.
M. Rasin conclut qu'il y a peu de chance
qu'on accorde un nouveau sursis au Reich
pour le paiement de ses dettes et des répara-
tions. Car, dit-il, on est partout convaincu
que sans le règlement actuel de ces dettes
le maintien de la paix serait compromis et
on ne voit pas comment la guerre écono-
mique pourrait prendre fin.
LA CHUTE DU MARK ENVISAGEE
A LONDRES
Le correspondant du « Central News » à
New-York, télégraphie que, selon des câblo-
grammes reçus de Washington, le gouver-
nement britannique aurait fait une démar-
che auprès de M. Harvey, ambassadeur
américain à Londres, pour essayer de lui
faire comprendre que les Etats-Unis de-
vraient intervenir pour empêcher l'écrou-
lement complet des devises allemandes. Le
correspondant ajoute toutefois qu'il lui a
été impossible d'obtenir confirmation offi-
cielle de cette nouvelle.
D'autre part, M. Herring, attaché com-
mercial près de l'ambassade américaine à
Berlin, a télégraphié à Washington que
l'Allemagne se trouvait, à l'heure actuelle,
au bord du gouffre. Son câblogramme n'ap-
porte pas cependant de précisions, et au-
cune suggestion n'y est faite pour parer à
la catastrophe financière imminente.
< C'EST LA FAUTE DE LA FRANCE ! »
Au sujet de l'effondrement du mark, qu'il
attribue principalement aux obligations im-
posées à l'Allemagne en ce qui concerne les
réparations, 1' « Observer » dit : ,
« L'heure est venue pour la France de se
décider à examiner les ressources de l'Alle-
magne par rapport au reste du monde, à les
examiner comme il était fait avant la guer-
re toutes les fois qu'un emprunt national
était émis à l'étranger. C'était par un tel
procédé que les affaires embrouillées du
monde pourront être remises fn ordre. »
L'agitation intérieure
en Allemagne
Berlin, 9 juillet. — La commission ju-
ridique du Reichstag a apporté au projet
de loi pour la défense" de la République de
nouveaux adoucissements.
Les fonctionnaires ayant contrevenu à la
loi « pourront être destitués et la destitu-
tion sora définitive ou temporaire ». La no-
mination des membres dé la Cour de Jus-
tice n'aura lieu qu'après consultation du
tribunal d'Empire. La droite a demandé la
suppression de l'article disant que les mem-
bres des anciennes familles régnantes quf
se rendraient coupables d'actes punis par
la loi menaient espulség d'Allemagne À et-
te motion a été adoptée, le centre et les dé-
mocrates ayant voté pour..
LA SITUATION PARLEMENTAIRE
Berlin. 9 juillet. ■— Les chefs des partis
de la coalition se sont réunis hier pour dé-
libérer sur la situation 'parlementaire. Les
démocrates et le centre n'ont pas encore
adopté de résolution définitive au sujet de
leur collaboration avec les populistes.
Les deux partis socialistes ont déclaré de
nouveau qu'ils n'accepteraient à aucun prix
de*faire partie d'une coalition dont seraient
les populistes.
APRES L'ASSASSINAT DE M. RATHENAU
Berlin, 9 juillet. — La police a saisi chez
l'étudiant Gunter, impliqué dans le meur-
tre de M. Rathenau, deux lettres que Gun-
ter, qui faisait office de courrier entre Ber-
lin et Munich devait porter dans cette der-
nière ville. Une de 'Ces lettres est adressé»
par le comte Reventlow à un nommé von
Scheuber-Richter, qui dirige à Munich un
prétendu office de reconstruction économi-
que. Reventlow cherche à ménager une en-
trevue entre Ludendorff et un sieur von
S. qui parait être un monarchiste russe.
La deuxième lettre est adressée par un col-
laborateur de Reventlow à Pittinger, qui
avait succédé à Escherich dans la direction
de l'Orgesch. Dans cette lettre, il est dit
que Erhardt est entré directement en né-
gociations avec Moscou.
La police a mis la main sur un compte
rendu où Gunter relate une visite qu'il fit
à von Jagow dans la forteresse de Gollnow
et un voyage à Munich qui a suivi. Gunter a
appris au cours de ce voygge qu'un deuxiè-
me procès Jagow serait mal vu à Munich,
car on y était mal disposé contre les c hé-
ros » du coup d,'Etat Kapp qui avaient vou-
lu installer comme ministre un homme
d'Etat tout à fait incapable, et aussi parce
que Ludendorff serait totalement compro-
mis dans de nouveaux débats.
Une perquisition a été faite hier chez le
comte Reventlow. Celui-ci a ététcondûît à
la préfecture de1 police pour y être inter-
rogé.
— "c -,,.( -"' - —-
M. Naudin, préfet du Nord
est nommé préfet de police
M. Maunoury, ministre de l'intérieur, s'est
rendu hier soir, à 6 h. 30, à l'Elysée, où il
a soumis à la signature du président de la
République un décret aux termes duquel M.
Naudin, préfet du Notd, est nommé jpréfet de
police.
Ce décret paraîtra-ce matin au Journal of-
ficiel. -- -" ..- --:-
Le nouveau préfet =
M. Armand Naudin est âgé de 53 ans. A quel-
ques jours près, sa nomination coïncide avec
son anniversaire ; il est né le 15 juillet 1869, à.
Charolles, en Saône-et-Loire.
Il débuta à 25 ans dans la carrière adminis-
trative comme chef de cabinet du préfet - des
Hautes-Alpes.
En 19li, M. Naudin-fut nommé préfet'du
Gers. Il y demeura jusqu'en 1917, où il fut
nommé préfet du Cher.
Il fut, en septembre 1918, désigné comme
préfet du département du iïorcL
Dans ce poste dififcile, "ad" aux qualités "ad-
ministratives ordinaires, il'ifiilait allier une ac-
tivité infatigable, un esprit largement ouvert
à des méthodes toutes nouvelles, un doigta
particulier pour résoudre tant de questions dé-
licates ou parfois irritantes, M. Armand Nau-
din fit merveilles. En reconnaissance des ser-
vices rend ils, il était nommé en juillet.'191».
officier de la Légion d'honneur -et au mois
d'août suivant il se voyait élevé sur place à la
- ..- <
L'AMITIE AMERICAINE
Une ville reconstruite
par la dotation Carnegie
———————— tm té
C'est Fargniers, dais l'Aisne, où vient
d'être posée la première pierre
des édifices municipaux
L'été i'cinier, la Dotation Carnegie, dont
le Centre européen est présidé par M. 'E.
Lournélles de CoJl.!lHnt, sénateur, - faisai: ÚO::
à la-ville de Reims d'un.., somme de J'm:l-
l'ons de francs afin de re()Í";tilUel' sa biblio-
thèque détruite par Içs armées allemandes.
Précédemment, elle avait offert une ùi"blh
thèque de grande. vaieur à l'Université cl:
Paris, et doté la France dune fondation de
5 millions pour son institution des héros.
Au mois d'avril dernier, la Dotation .Car;
negie décidait de consacrer 1 million. 600.000
francs à la reconstruction de la ville de ; Far-,
gniers, dans l'Aisne, presque entièrement dC
truite décorée de la croix de guerre pour
l'admirable courage et. la louable initiative
dont son administration et sa population fi-
rent preuve. ; ;
Hier, à midi, en présence d'une brillante
assistance, composée de plusieurs milliers de
personnes, il a été procédé à la pose de la
première pierre des édifices municipaux do
Fargniers.
Cette cérémonie devait être présidée par
M. R. Poincaré, qui empêché, a été remplacé
par M. Léon Bérard, ministre de pnstruc-
tion publique, S. ex. M. Myron T. Herrik,
ambassadeur des Etats-Unis, * était présent.
M. de l'Hérondelle, mairè de Fargniers, a
exprimé la reconnaissance de ses administrés
en termes émouvants.
La réparation du mal causé par les Allemands
M. d'Estournelles de Cpnstant, sénateur.
président du Centre européen de la Dotation
( arnegie, prononce ensuite les paroles, sui-.:
vantes :
« La Dotation Carnegie pour la Paix inter-,
nationale, dont le siège eurSDéea e»t depu-*;
te numéro ': QUINZE CENTIMES
LUNDI 10 JUILLET 1922. — 1T 18835
Fondateurs (1869) :
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
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Un a Six ooli Trois mois
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » 20 » 10 »
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r TRIBUNE LIBRE
Les responsabilités de la guerre
- i ..dL- 1
Le débat qui vient d'avoir lieu à la
thambre a été inutile parce que la Cham-
bre n'a aucune compétence pour juger,
parce que la question a été mal poséè,
parce que la discussion s'est mal enga-
gée, parce qu'on n'a point besoin de dou-
ze heures de discours pour prouver une
évidence!
La question des responsabilités appar-
tient à l'Histoire. seuls les historiens im-
partiaux pourront — plus tard avec le
recul du temps - rendre un jugement
définitif et absolu. Trancher le problème
par un vote politique est une impossibi-
lité et une absurdité! D'autre part, les
responsabilités d'un conflit comme celui
de 1914 relèvent de l'ordre internatio-
nal et ce n'est pas une assemblée natio-
nale qui peut avoir à en connaître.
Comment le débat est-il pourtant venu
jdevant la Chambre ? Par le détour d'at-
taques personnelles et d'ordre purement
politique. Pendant toute l' odieuse dis-
cussion où l'on se jetait des bouts de
phrases à la figure, où, à défaut d' ar-
gumentation sérieuse, on se livrait, par
le détour de l'ironie ou de l'insulte, à
des arguties et à des sophismes lamenta-
tables, il y a eu une confusion provoquée
et maintenue à dessein par les uns et par
les autres entre la politique actuelle et la
politique passée.
Laissons de côté et les offres de paix
durant la guerre, et l' écœurante polémi-
que qui s'est greffée sur les garanties
prévues par le traité de Versailles et exa-
minons l'unique question des responsa-
bilités.
La France a-t-elle eu une part de res-
ponsabilités dans le déclanchement de la
guerre ?
Eh bien! même s'il y avait eu des im-
prudences de langage, des manifestations
regrettables en 1912, en 1913, en 1914
du côté français, cela n'empêcherait en
rien la responsabilité pleine, entière,
sans circonstances atténuantes, de l'Alle-
magne dans la guerre.
Et tout le prouve! Et tout le monde
l'admet!
MM. Cachin, Léon Blum, Painlevé,
Herriot, Poincaré, Tardieu, Vallat l'ont
tous affirmé avec une force égale et avec
,.,.:- l'on ne peut en douter — une con-
viction identique.
Que M. Iswolsky — qui est tantôt ca-
naille, tantôt grand honnête homme se-
Jon qu'il paraît absoudre ou accuser —
que M. Sazonof aient interprété les faits
selon leur désir. rien de plus naturel,
mais y a-t-il là quelque chose qui puis-
se atténuer la complète, l'absolue bonne
:volonté pacifique de la France ?
Si l'on veut faire le procès de la Rus-
isie tsariste, c'est une autre chose! Si
l'on veut rechercher les provocations
sourdes des ministres germanophiles -
par vénalité, par intérêt, par convic-
tion — Soukhomlinof, puis Protopopof,
puis Stürmer ou d'une impératrice illu-
minée et envoûtée par un thaumaturge.
l'on institue un autre procès. ce n'est
pas celui de la France !
Admettons que la Russie ait des res-
ponsabilités dans le déclanchement de
la guerre. Elle en a. Je ne citerai que ce
passage capital du mémorandum du
vice-directeur du ministère des affaires
étrangères, le 8 février 1914 et reproduit
dans un rapport de Sazonof à Nicolas H,
Je 23 mars 1914 :
« Il est fort vraisemblable que nous
ne résoudrons ce problème (la prise des
Détroits) que pendant une guerre euro-
péenne. La possibilité de s'emparer des
Détroits dépend d'une conjoncture favo-
rable. La créer est le but de l'action du
ministère des affaires étrangères! »
Et après! Où y a-t-il trace de respon-
sabilités françaises ? La Russie tsariste
nous a trompés comme elle nous trompait
lors du traité de Bjoerke, lors de l' al -
liance balkanique - de 1912 où M. Poin-
caré ht à M. Sazonof les reproches qu'on
sait, comme elle nous a trompés — en
violation du pacte de septembre 1914 —
en essayant de conclure, bien avant la
paix de Brest-Litowsk, dès fin 1914, une
paix séparée!
Un pays qui, au risque de courir à une
défaite militaire, fait reculer ses troupes
de dix kilomètres pour montrer au monde
l'évidence de sa bonne foi et de son pa-
cifisme. peut-il être tenu pour respon-
sable de la guerre ? à
Les faits imputés à l' Allemagne impé-
riale sont trop nets pour qu'on ait en-
core à les discuter :
1° Envoi de l'ultimatum humiliant à
la Serbie ;
2" Envoi, à l'ambassadeur d'Allema
jgne à Bruxelles, du texte de,l'ultimatum
à la Belgique dès le 26 juillet; texte qui
ne fut pas modifié lorsqu'il fut présenté
le 2 août et qui portait déjà — le 26
juillet! — sur l'éventualité de la viola-
tion de la Belgique par la France! !
3° Refus d'une conversation à quatre ;
4° Cvnisme criminel des inscriptions
marginales de l'Empereur;
5° Demande d'une cession de Toul et
de Verdun comme garantie d'une éven-
tuelle neutralité française!
6° Violation de la Belgique ;
7° Ultimatum et déclaration de guerre
à la France.
Et enfin, en dernier lieu, les preuves
les plus formelles, ce sont les aveux eux-
mêmes et les déclarations précises des
Allemands : ce sont les révélations faites
en pleine guerre par Lichnowsky et par
Muëhlon, ce sont les documents de
Kautzky, ce sont les votes du Reichstag.
L'Allemagne républicaine, après tous
les pays alliés, tous les pays neutres,
après la Société des nations, reconnaît
les responsabilités de l' Allemagne impé-
riale de 1914.
S'il est un procès à faire, ce n'est pas
dans un Parlement qu'il faut l'instituer.
A Doorn, M. de Hohenzollern se pré-
lasse, rédige ses mémoires et en concède
la publication pour des prix exorbitants
à des maisons d'édition.
Une Haute Cour de justice, qui siège
non loin de là, aurait le droit, a le devoir
et possède les moyens d'instituer le grand
procès que tout le monde réclame par
souci de justice internationale, d'équité
et de vérité.
Qu'on juge M. de Hohenzollern, châ-
telain de Doorn et déserteur!
Jacques KAYSER.
ÉDITORIAL
- -
Le mark à deux centimes
A la place des deux mil-
liards mensuels que devait
nous vers'er l'Allemagne, le
gouvernement de M. Wirth
nous envoiè deux messieurs
en redingote qui sont, paraît-
il, des experts. Tout enchan-
tés que nous soyons de connaître ces
honorables fonctionnaires, l'on s'accor-
dera pour trouver qu'ils ne valent pas
deux milliards.
Ces ambassadeurs de là finance en dé-
bandade sont chargés de nous expliquer,
avec des larmes dans la voix, que M
mark. dégringole - nous n'avions pas
besoin d'eux pour nous en apercevoir —
et que, par conséquent, l'Allemagne ne
saurait faire face à ses dettes lJrochai-
ns-
Depuis le temps qu'en rabattant régu-
lièrement notre créance, l'on nous rabat
non moins régulièrement les oreilles du
mot barbare de moratorium, nous com-
mençons à être habitués à cette petite
scène de genre. L'Allemand se frappe la
poitrine, affirme sa bonne volonté, clame
qu'il n'en peut mais, maudit les teràps
trop durs. Trois petits tours, et il s'en
va.
Le malheur est que jamais ces déro-
bades ne provoquèrent chez les Alliés
les strictes mesures de défense nécessai-
res. Nous avons assisté, inertes — l'on
n'ose pas dire indifférents - à la muti-
lation volontaire, systématique, organi-
sée, de notre gage.
L'Allemagne a décidé de ne pas payer
sa dette. Lentement, patiemment, avec
une parfaite suite dans les idées, elle a
tout fait pour que les événements fassent
naître l'inévitable catastrophe. Le sourira
aux lèvres, elle court à la faillite, avec
la seule idée de nous iouer un bon tour
Mais, rira bien qui rira le dernier, Tan..
dis que les caisses de Berlin seront aussi
- vides que le coffre-fort des Humbert,
nous aurons tout de même en main une
traite qu'il ne tiendra qu'à nous de faire
exécuter. Puisque les Allemands y tien-
nent absolument, nous serons bien obli-
gés- d'en arriver à ce moyen extrême,
Il paraît, cependant, qu'il y a une com-
mission des garanties, cltatgée, depuis
longtemps. de veiller au grain. Serait-il
indiscret de lui demander ce qu'elle fit
pour éviter la débâcle ? Serait-ce exagé
ré de chercher le contrôle qu'elle exerça
sur la machine à billets de la Reichs-
bank, sur les dépenses inutiles du gou-
vernement ?
Le mark est à deux centimes ; et l'Al-t
lemagne nous pose un lapin. Mais les
députés sont à la roulette, aux petits che-
vaux et au jazz-band !
Bon appétit, messieurs ! +Faites vos
jeux !
En effet, rien ne va plus !
- - -, Raymond LANGE.
ê
On dit.
En Passant
Le vrai luxe
En somme, faire fortune est chose facile ;
j'ose même dire que c'est à la portée de tout le
monde.
Une annonce d'un journal de Seine-et-Oise
dévoile à qui veut l'apprendre le secret :
« A céder après fortune, Laiterie, beurres et
œufs, près Paris. Vente garantie : 540 litres
de lait acheté 0 fr. 51 et vendu 1 fr. Bénéfice
justifié, 5.000 net par mois. »
Comme on le voit, c'est enfantin !
Mais. il y a un « mais » : ce tout petit ges-
te qui consiste à mettre dans sa poche. 0 fr. 40
centimes, sur une vente de 1 franc, ce tout pe-
tit geste qui n'a l'air de rien pour quelques-
uns répugne encore à quelques autres, Dieu
merci !
Il existe encore des malheureux pour qui les
mots scrupule, conscience, honneur veulent di-
re quelque chose et expriment nettement des
sentiments qui leur tiennent solidement au
cœur, — et pour lesquels ils commettent la
folie de Végéter ou même de mourir de faim.
Par instant, on est tenté de le* traiter d'im-
béciles, tant la pauvre et laide humanité s en-
fonce dans l'ignominie.,
La canaille est respectée, l'honnête homme
raillé. L'argent corrompt et salit tout, si bien
que l'on pourrait prétendre que les braves gens
sont voués â. la misère.
Ce n'est pas tout à fait vrai. Il n'y a pas
que dans les contes seulement que le person-
nage scrupuleux et droit parvient aux plus
hautes destinées. Parfois, dans notre siècle
d'abjection, il arrive qu'une belle nature reçoi-
ve la récompense de sa peine.
Quant, à ceux qui luttent, toute leur triste vie
sans jamais connaître le luxe, ou même le
confort, pour conserver intacte leur honorabi-
lité et qui préfèrent la misère physique à la
misère morale des autres, ils portent en eux
un luxe supérieur à tous les luxes, qui ne sont
jamais qu'apparents. un luxe, qui, certes, ne
jette, aucune poudre aux yeux de nos contem-
porains, un luxe qui n'est apprécié que de quel-
ques-uns, (mais ces quelques-uns sont le
joyaux de rhumanité), or ce luxe-là, c'est la
paix intérieure, c'est la tranquillité de la cons-
cience toujours satisfaite, jamais troublée.
Luxe inestimable î
Combien sont-ils parmi les riches (nouveaux
ou anciens) parmi les « craints », parmi les
« respectés », ceux qui peuvent affronter sans
crainte la lumière dangereuse de ce grand so-
leil qu'est la vérité ?
Quel spectacle effroyable si 'oh pouvait à
l'aide de .rayons X spéciaux, plonger dans leur
conscience., si toutefois ils en ont une !
Ch. RABETT.
Aujourd'hui
Une invasion de pieuvres
Les baigneurs et baigneuses qui se réjouis-
sent de leur proche départ pour le rivage bre-
ton, auront peut-être de mauvaises surpri-
ses.
On annonce qu'une invasion de pieuvres
assiège le littoral breton.
Les pêcheurs qui ont déjà eu, par suite du
mauvais temps, bien des ennuis cet hiver,
sont désolés, car ces petits céphalophodes dé-
vorent les poissons et détruisent les engins
de pêche.
On ne connaît aucun moyen efficace pour
détruire les pieuvres. Une violente bourrasque
pourrait cependant avoir raison de ce vilain
animal qui n'a pas la sympathie des joliei
baigneuses.
7Et cela se conçoit !
La grève des instituteurs
Cette grève, pour le moins originale, vient
d'éclater au Chili, où, depuis trois mois, les
instituteurs ne sont pas payés.
Les petits Chiliens en sont, naturellement,
ravis.
Ils espèrent même que le gouvernement ne
tiendra-pas ses engagements de sitôt.
Mais voilà les vacances !
A la rentrée, les instituteurs auront sans
doute eu gain de cause et les enfants devront
se remettre au travail.
Le Tapin.
Question dé protocole
Il paraît que le décret sur les « honneurs
et préséances » est en révision. L'aimable
chef du protocole qu'est M. Pierre de Fouquiè-
res doit être sur les dents. L'on n'S^nagine pas,
en effet, les susceptibilités que peuvent faire
na'tre l'ordre et la marche d'un cortège «ou
l'ordonnanc-et l L dînsr f(l,it:.
Il y a même, dit-on, des jalousies, entre les
grandes écoles ! Nos polytechniciens doivent-
ils avoir le pas sur les saint-cyriens ? Ne
fait-on pas d'aussi bon travail à l'Ecole nor-
male supérieure ? Grave question ! rt les
fonctionnaires du Quai d'Orsay doivent y
perdre leur latin.
Mais un député est venu à leur secours, le
marquis de Ferronnays a, avant la clôture
des débats parlementaires, déposé une pro-
position de résolution sur le bureau de la
Chambre, pour résoudre cette affaire d'Etat.
On dira encore qu'on ne travaille pas au
Palais-Bourbon !
L'honorable député estime qu'il ne peut
être question d'assigner aux écoles un rang
d'utilité. « N'est-il pas juste, - lit-il, quand il
s'agit d'honneurs et de-préséance, c'est-à-dire
d'hommage rendu au caractère 'moral le plus
élevé, de fixer la hiérarchie les mérites
étant égaux par ailleurs — d'après les sa-
crifices les plus sublimes, en même temps
que les plus nombreux, consentis à la cause
de la patrie ?
« Il ne saurait donc y avoir de critérium
plus sûr pour déterminer le rang de. cha-
cune de nos grandes écoles, dans. l'ordre du
mérite, que de se basât- sfer le nombre de leurs
élèves'qui ont fait à la France ,1e sacrifice
suprême de leur vie au cours de la dernière
guerre, en tenant compte, bien entendu, de
feffectif de chaque' école. » ,,'
La parole est donc aux statisticiens !
Et les députés ont de quoi méditer pendant
leurs vacances ! >..
—; ;—-— > c
L'ENTREVUE SGHANZER.POINGARE
M. Raymond Poincare. a eu, hier matin,
avec M. Schanzer, l'entretien que nous avions
annoncé. -
Le ministre des affaires étrangères d'Ita-
lie est arrivé au quai d'Orsay à 10 heures.
accompagné du Icomfe Sforza, ambassadeur
d'Italie. Il a été immédiatement, introduit
dans le cabinet du président du Conseil. ,
M. Schanzer
L'entrevue a duré deux heures. En par-
tant, M. Schanzer s'est refusé à toute décla-
ration. Il a quitté Paris hier soir à. 10 heures.
On nous assure que la conversation en-
tre les deux hommes d'Etat a été très ami-
cale. Cet échange de vues a présenté, d'ail-
leurs, un caractère extrêmement général.
En ce qui concerne la réunion d'un conseil
suprême, il n'en est aucunement question.
LES SOVIETS ONT PROPOSÉ
à l'Angleterre
un traité de Rapallo
--
La Haye, 9 juillet. - Au cours d'une ré-
cente réunion de la commission non russe
sir Philip Uloyd Greame a fait spontanément
connaître à ses collègues que la délégation
britannique avait été pressentie par les délé-
gués des Soviets à l'leffet d'entreprendre des
négociations visant à la conclusion d'un ac-
cord séparé.
«Le chef de la délégation britannique a re-
poussé cette proposition.
Ce faisant, la délégation britannique est de-
meurée fidèle à la. clause 6 du procès verbal,
signé le 14 mai à la villa Albertis, entre les
délégations belge, britannique, française, ita-
lienne et japonaise, ainsi conçue: « Les dé-
légations ont été d'accord pour recommander
à leurs gouvernements respectifs de ne pas
reconnaître ni appuyer aucun arrangement
privé qui, avant l'achèvement des travaux des
commissions d'experts ou pendant le mois qui
suivra l'adoption de leurs recommandations,
s'il y en a, serait conclu par leurs ressortis-
sants avec le gouvernement soviétique russe,
concernant les biens appartenant antérieure-
ment à d'autres étrangers ».
Cette information donne crédit à certains
bruits d'après lesquels les Soviets, ayant
échoué auprès de certains gouvernements, fe-
raient "présentement" de grands efforts pour
conclure des arrangements avec des particu-
liers groupés dans un consortium disposant
d'une somme évaluée, d'après les mêmes
bruits, à trois milliards de francs-or.
Il va sans dire que de tels engagements,
s'ils se réalisaient, ce dont on doute forte-
ment ici, n'engageraient en aucune manière
tes. gouvernements.
La réponse de la délégation britannique at-
teste la solidarité de?* alliés au sein de la
conférence. Il ne serait pas impossible, en cas
d'échec de la réunion de L-a Haye, que cette
solidarité fût affirmée de nouveau et qu'on
renouvelât l'engagement de OO. dont il
vient d'être parlé et il serait signé, cette fois,
par tous les paya représenté^- • • •
NOSAMISD'OUTRE MAN CHE
veulent
avoir plus de 90.000 soldats"
,Londres, 9 juillet. — Le Sunday Express
critique vivement M. L. Esher, représentant
le gouvernement britannique à la Commission
temporaire mixte s'occupant de la réduction
des armements, instituée par l'Assemblée de
la Société des Nations et qui a tenu plusieurs
séances à Paris au cours de la semaine der-
nière, pour avoir, dans ses propositions rela-
tives au - désarmement, placé la Grande-Bre-
tagne au même niveau que la Suisse et autre
petits pays, en ne lui accordant qu'une armée
de 90.000 hommes, alors que la France, par
exemple, selon les propositions*'dë ce même
M. Esher, aurait une armée de 180.000 hom-
mes, et la Pologne, la Grèce et l'Italie, une
de 120.000 hommes.
Le Sunday Express se plaint que les pro-
positions avancées par. le représentant du
gouvernement britannique ne font l'objet
d'aucune discussion dans les milieux militai-
res en Angleterre.
Faisant allusion à la limitation des arme-
ments', l'Observer écrit :
L' « Observer » incrimine la France
Faisant allusion à la limitation des ar-
mements, le même journal précise :
« A.Washington, le consentement des
Etats-Unis. de la Grande-Bretagne et du
Japon a suffi pour assdrer le désarmement
dans le Pacifique, mais pour procéder, au
désarmement en Europe, loe consentement
de la France est indispensable. ,San§ l'op-
position des représentants "françai à
Washington,, la limitation des armements
européens aurait commencé à cette confé-
rence.
« Ou nous travaillons pour la paix, con-
clut le journal, ou nous attendons le chaos.
L'Europe désarmera, ou elle armera à nou-
veau, et, dans ce dernier cas, l'Europe se
battjaî^. -w_~— v
POLITIQUE ETRANGERE
Pour bénéficier d'un nouveau moratoire
l'Allemagne est en pleine crise financière
» Jr
L'effondrement du mark. -:- Londres et Washington vont interveni.
pour enrayer l'écroulement des devises allemandes
'S~t~
Il se confirme que M. Schrœder, secrétai-
re d'Etat, sera aujourd'hui à Paris où il se
mettra immédiatement en rapports avec la
Commission des réparations. Selon des in-
formations de source berlinoise, car à l'hô-
tel Astoria on n'est officiellement informé
de rien, M. Schrœder vient exposer a la
commission la situation financière du
Reich et la difficulté qu'éprouve celui-ci a
effectuer ses paiements en espèces. Il de-
mandera donc, comme nous l'avons annon-
cé, le bénéfice d'un moratoire complet pour
les prestations en argent, quitte à propo-
ser un accroissement des prestations en na-
ture.
Pour ce qui est des livraisons de char-
bon, dont le gouvernement du Reich deman-
de également la réduction, nous croyons
savoir qu'il invoque les raisons suivantes :
la cession d'une partie de la Haute-Silésie,
où la production de houille allemande a di-
minué de 20 0/0. En outre, la production
totale du charbon haut-silésien-«llemand a
diniintf^-dé 67 0/0. Les 1.860.000 tonnes de
charbon, prévues aux accords de Spa, doi-
vent donc être diminuées de 20 0/0, et, en
considération d'un recul de la production,
une nouvelle baisse de 10 0/0 doit inter-
venir, soit au total 30 0/0. Ces 30 0/0 don-
nent une diminution de 575.000 tonnes en-
viron. A cette condition. la quantité totale
des réparations en charbon équivaudrait à
1.340.000 tonnes.
Le gouvernement allemand fait reniar-
quer que les fournitures en charbon ont été
faites jusqu'à présent en houille pour la
plus grande partie. Il propose de remplacer
une partie de la houille par du lignite pour
les livraisons de l'avenir.
LE MORATORIUM
NE SERAIT QUE POUR JANVIER
Le « Dai'ly Mail » puiblie ces lignes qui,
jusqu'à présent, n'ont été nulle part con-
firmées et ne semblent pas devoir l'être :
« Suivant l'agence Router, les milieux
alliés tiennent de bonne source que le gou-
vernement allemand est prêt à effectuer ses
paiements de 50 millions de marks-or en
juillet, août, septëmbre et octobre" et 60
millions de marks-or en novembre et dé-
cambre.
« D'un autre côté, cependant, l'Allema-
gne demandera qu'il lui soit fait remise,
pour 1923 et 1924, des paiements eii espè-
ces. Pendant ces années, elle effectuera des
paiements en nature qui sont fixés à 1.450
millions de marks-or. »
UNE OPINION TCHECO-SLOV AQUE
Prague, 9 juillet. — L'ancien ministre des
finances, M. Rasin, examine dans les Na-
rodni Listy la situation internationale.
L'Allemagne, expose-t-il, a engagé une nou-
velle guerre, à savoir une guerre économique,
afin de se-soustraire à l'accomplissement des
réparations. « Ce ne sont pas, dit-il, la France
et la Belgique qui sont les vrais ennemis de
l'Allemagne lorsqu'elles réclament l'applica-
tion des traités de paix, mais bien plutôt les
hommes d'Etat et les pays qui, par une phi-
lanthropie mal entendue, alimentent en Al-
lemagne l'espoir d'une victoire économique
qui l'exonérerait des conséquences de la guer-
re. »
M. Rasin estime que la guerre économique
touche à sa fin sans avoir apporté le suc-
cès que l'Allemagne espérait et que cette
puissance sera encore vaincue sur ce ter-
rain.
M. Rasin conclut qu'il y a peu de chance
qu'on accorde un nouveau sursis au Reich
pour le paiement de ses dettes et des répara-
tions. Car, dit-il, on est partout convaincu
que sans le règlement actuel de ces dettes
le maintien de la paix serait compromis et
on ne voit pas comment la guerre écono-
mique pourrait prendre fin.
LA CHUTE DU MARK ENVISAGEE
A LONDRES
Le correspondant du « Central News » à
New-York, télégraphie que, selon des câblo-
grammes reçus de Washington, le gouver-
nement britannique aurait fait une démar-
che auprès de M. Harvey, ambassadeur
américain à Londres, pour essayer de lui
faire comprendre que les Etats-Unis de-
vraient intervenir pour empêcher l'écrou-
lement complet des devises allemandes. Le
correspondant ajoute toutefois qu'il lui a
été impossible d'obtenir confirmation offi-
cielle de cette nouvelle.
D'autre part, M. Herring, attaché com-
mercial près de l'ambassade américaine à
Berlin, a télégraphié à Washington que
l'Allemagne se trouvait, à l'heure actuelle,
au bord du gouffre. Son câblogramme n'ap-
porte pas cependant de précisions, et au-
cune suggestion n'y est faite pour parer à
la catastrophe financière imminente.
< C'EST LA FAUTE DE LA FRANCE ! »
Au sujet de l'effondrement du mark, qu'il
attribue principalement aux obligations im-
posées à l'Allemagne en ce qui concerne les
réparations, 1' « Observer » dit : ,
« L'heure est venue pour la France de se
décider à examiner les ressources de l'Alle-
magne par rapport au reste du monde, à les
examiner comme il était fait avant la guer-
re toutes les fois qu'un emprunt national
était émis à l'étranger. C'était par un tel
procédé que les affaires embrouillées du
monde pourront être remises fn ordre. »
L'agitation intérieure
en Allemagne
Berlin, 9 juillet. — La commission ju-
ridique du Reichstag a apporté au projet
de loi pour la défense" de la République de
nouveaux adoucissements.
Les fonctionnaires ayant contrevenu à la
loi « pourront être destitués et la destitu-
tion sora définitive ou temporaire ». La no-
mination des membres dé la Cour de Jus-
tice n'aura lieu qu'après consultation du
tribunal d'Empire. La droite a demandé la
suppression de l'article disant que les mem-
bres des anciennes familles régnantes quf
se rendraient coupables d'actes punis par
la loi menaient espulség d'Allemagne À et-
te motion a été adoptée, le centre et les dé-
mocrates ayant voté pour..
LA SITUATION PARLEMENTAIRE
Berlin. 9 juillet. ■— Les chefs des partis
de la coalition se sont réunis hier pour dé-
libérer sur la situation 'parlementaire. Les
démocrates et le centre n'ont pas encore
adopté de résolution définitive au sujet de
leur collaboration avec les populistes.
Les deux partis socialistes ont déclaré de
nouveau qu'ils n'accepteraient à aucun prix
de*faire partie d'une coalition dont seraient
les populistes.
APRES L'ASSASSINAT DE M. RATHENAU
Berlin, 9 juillet. — La police a saisi chez
l'étudiant Gunter, impliqué dans le meur-
tre de M. Rathenau, deux lettres que Gun-
ter, qui faisait office de courrier entre Ber-
lin et Munich devait porter dans cette der-
nière ville. Une de 'Ces lettres est adressé»
par le comte Reventlow à un nommé von
Scheuber-Richter, qui dirige à Munich un
prétendu office de reconstruction économi-
que. Reventlow cherche à ménager une en-
trevue entre Ludendorff et un sieur von
S. qui parait être un monarchiste russe.
La deuxième lettre est adressée par un col-
laborateur de Reventlow à Pittinger, qui
avait succédé à Escherich dans la direction
de l'Orgesch. Dans cette lettre, il est dit
que Erhardt est entré directement en né-
gociations avec Moscou.
La police a mis la main sur un compte
rendu où Gunter relate une visite qu'il fit
à von Jagow dans la forteresse de Gollnow
et un voyage à Munich qui a suivi. Gunter a
appris au cours de ce voygge qu'un deuxiè-
me procès Jagow serait mal vu à Munich,
car on y était mal disposé contre les c hé-
ros » du coup d,'Etat Kapp qui avaient vou-
lu installer comme ministre un homme
d'Etat tout à fait incapable, et aussi parce
que Ludendorff serait totalement compro-
mis dans de nouveaux débats.
Une perquisition a été faite hier chez le
comte Reventlow. Celui-ci a ététcondûît à
la préfecture de1 police pour y être inter-
rogé.
— "c -,,.( -"' - —-
M. Naudin, préfet du Nord
est nommé préfet de police
M. Maunoury, ministre de l'intérieur, s'est
rendu hier soir, à 6 h. 30, à l'Elysée, où il
a soumis à la signature du président de la
République un décret aux termes duquel M.
Naudin, préfet du Notd, est nommé jpréfet de
police.
Ce décret paraîtra-ce matin au Journal of-
ficiel. -- -" ..- --:-
Le nouveau préfet =
M. Armand Naudin est âgé de 53 ans. A quel-
ques jours près, sa nomination coïncide avec
son anniversaire ; il est né le 15 juillet 1869, à.
Charolles, en Saône-et-Loire.
Il débuta à 25 ans dans la carrière adminis-
trative comme chef de cabinet du préfet - des
Hautes-Alpes.
En 19li, M. Naudin-fut nommé préfet'du
Gers. Il y demeura jusqu'en 1917, où il fut
nommé préfet du Cher.
Il fut, en septembre 1918, désigné comme
préfet du département du iïorcL
Dans ce poste dififcile, "ad" aux qualités "ad-
ministratives ordinaires, il'ifiilait allier une ac-
tivité infatigable, un esprit largement ouvert
à des méthodes toutes nouvelles, un doigta
particulier pour résoudre tant de questions dé-
licates ou parfois irritantes, M. Armand Nau-
din fit merveilles. En reconnaissance des ser-
vices rend ils, il était nommé en juillet.'191».
officier de la Légion d'honneur -et au mois
d'août suivant il se voyait élevé sur place à la
- ..- <
L'AMITIE AMERICAINE
Une ville reconstruite
par la dotation Carnegie
———————— tm té
C'est Fargniers, dais l'Aisne, où vient
d'être posée la première pierre
des édifices municipaux
L'été i'cinier, la Dotation Carnegie, dont
le Centre européen est présidé par M. 'E.
Lournélles de CoJl.!lHnt, sénateur, - faisai: ÚO::
à la-ville de Reims d'un.., somme de J'm:l-
l'ons de francs afin de re()Í";tilUel' sa biblio-
thèque détruite par Içs armées allemandes.
Précédemment, elle avait offert une ùi"blh
thèque de grande. vaieur à l'Université cl:
Paris, et doté la France dune fondation de
5 millions pour son institution des héros.
Au mois d'avril dernier, la Dotation .Car;
negie décidait de consacrer 1 million. 600.000
francs à la reconstruction de la ville de ; Far-,
gniers, dans l'Aisne, presque entièrement dC
truite décorée de la croix de guerre pour
l'admirable courage et. la louable initiative
dont son administration et sa population fi-
rent preuve. ; ;
Hier, à midi, en présence d'une brillante
assistance, composée de plusieurs milliers de
personnes, il a été procédé à la pose de la
première pierre des édifices municipaux do
Fargniers.
Cette cérémonie devait être présidée par
M. R. Poincaré, qui empêché, a été remplacé
par M. Léon Bérard, ministre de pnstruc-
tion publique, S. ex. M. Myron T. Herrik,
ambassadeur des Etats-Unis, * était présent.
M. de l'Hérondelle, mairè de Fargniers, a
exprimé la reconnaissance de ses administrés
en termes émouvants.
La réparation du mal causé par les Allemands
M. d'Estournelles de Cpnstant, sénateur.
président du Centre européen de la Dotation
( arnegie, prononce ensuite les paroles, sui-.:
vantes :
« La Dotation Carnegie pour la Paix inter-,
nationale, dont le siège eurSDéea e»t depu-*;
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