Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-07-07
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 juillet 1922 07 juillet 1922
Description : 1922/07/07 (N18835). 1922/07/07 (N18835).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7553834g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/02/2013
1* MESSIDOR. AN/UO. — 18835 1- Le numéro ; uuijsze, centimes VENDREDI 7 JUILLET 1922. - NM8835
Fondateurs (1869) :
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
la an Six mais Ti ois mois
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 4! » 22 » 11 »
ETKANOEIÏ 49 » 25 » 13 »
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V ;
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RAYMOND LANGE
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TÉLÉPHONES:
Rédaction et Administration : Nrrd 24-90, 24-91. — Après 10 heures du soir : Roquette M-9S
- IRLAü NE L 1 B R E <'»'C-' '.---
PENDANT QUE hA CHAMBRE S'ENLISE
- E£ji.-
Il semble bien que nos députés, tels
les bienheureux de l'Ile des Pingouins
« montrent de la propension à répéter
toujours la même chose ». La discussion
de la réforme de l'enseignement, d'abord
brillante, est parvenue au point mort. On
piétine sur place. Paroles superflues.
Heures stériles. Cet échec avait été prévu
ici même avant les premiers discours. Il
était inévitable du moment que la Cham-
bre considérait séparément la question
des programmes au lieu de la placer
dans son cadre en entreprenant la réor-
ganisation intégrale de notre système
scolai
Etant donné le degré de la civilisation
actuelle, tout programme encyclopédi-
que est condamné. Il faut choisir. Que
.choisir ? Sans doute les études les plus
propres à façonner des hommes capables
,jje servir la France dans le « struggle for
life «-international, de, réparer les pertes
matérielles subies pendant la guerre, de
lui rendre le rang de grande puissance
économique perdu dès avant la guerre;
des hommes capables d'exploiter ses mi-
nes de fer et ses chutes d'eau, de mettre
lelx colonies en valeur. Motif non pas
mercantile mais patriotiQue, conception
non pas utilitaire mais réaliste et dominée
par le souci d'une indispensable adapta-
tion aux nécessités de l'heure présente.
Quand le milieu change, il faut s' adap-
ter ou périr.
Pour préférer à ces études d'une uti-
lité pratique immédiate, les langues mor-
tes, il faudrait prouver qu'elles sont plus
aptes à éveiller et à cultiver les intelli-
gences. Possèdent-elles une valeur édu-
cative supérieure ? Voilà toute la ques-
tion. D'aucuns répondent oui sans hési-
ter et cette opinion est des mieux séantes.
Dogmatisme bien fait pour etoîiner î
car enfin la valeur éducative d'une disci-
pi~'M~ pas chose qui se mesure ou
oui se pèse.
.- Cette certitude est-elle fondée sur
d'expérience ? Point.
- Les élèves de la section moderne
(sciences, langues) ne paraissent pas
être d'une moindre valeur que ceux de
la section £ (latin, sciences) et sont très
au-dessus des élèves de la section B
(latin, langues). D'autre part, on con-
naît les succès du collège Chaptal. Est-
elle fondée en raison ? Point. On a dit
que la connaissance des Anciens est in-
dispensable à la compréhension des Mo-
dernes. Mais cela est faux en dehors du
domaine littéraire. Cela est contestable
pour le latin. Et pour le grec, des traduc-
tions, existent. On répond que les tra-
ductions sont des trahisons. Combien de
Français seront donc en état, 'après la
réforme de M. Bérard, de lire Sophocle
dans lé texte ?
« Cette, réforme est, en effet, insuffi-
sante, déclarent les extrémistes, elle ne
consacre que quatre années au latin et
-, moins encore au grec. » Ainsi voilà le
dilemme : ou bien réserver exclusive-
ment le secondaire aux langues mortes
ou bien les enseigner sans obtenir de ré-
sultats. Et il est assez égayant de voir les
partisans du latin abandonner ce pauvre
,M. Bérard déjà critiqué par la Sorbonne,
mis en échec par le conseil de l'instruc-
tion publique désapprouvé par les inspec-
teurs généraux et combattu par tous les
démocrates.
Au contraire, M. Hadamard a exprimé
en favèur de la thèse moderne un argu-
ment qui semble irréfutable. Pourquoi,
demande-t-il, les Anciens n ont-ils laissé
que des connaissances scientifiques épar-
ses ? Pourquoi Thalès de Milet, homme
de génie quand il eut découvert l'élec-
tricité en frottant des morceaux d'ambre,
ne pensa-t-il pas à répéter son expérience
sut d'autres corps, idée qui viendrait au-
jourd'hui à l'esprit de tout élève de ma-
thématiques élémentaires. Sans doute
parce que la méthode scientifique n'exis-
tait Das encore. Pe la méthode scientifi-
que, œuvre des siècles derniers, il faut
imprégner les esprits par l'étude de tou-
tes les démonstrations et de toutes les
conclusions nécessaires à sa parfaite in-
telligence. ., Cette culture qui permettra à
l'élève devenu homme de saisir tous les
développements de la scienèe et peut-
être de l'accroître, je ne pense pas qu'on
en niera la valeur éducative.,
*
**
Et après tout cela. je .sais bien qu'elle
n'est cas méprisable, l' opinion de ceux
qui @ apprécient le latin en raison même
de son inutilité: ce culte de l'étude désin-
téressée, de l'art pour l'art, est peu op-
portun, mais bien français. Aussi deman-
de-t-on simplement que le latin ne soit
pas imposé à titre de pensum universel,
",t trouveraitil moins d'adversaires par-
mi nous sans certaines considérations
d'ordre social.
Elles ont été exposées ici depuis six
mois et il est inutile d'y revenir. Mais ces
objections tomberaient d'elles-mêmes si
l'école unique .existait. On n'aurait plus
à s'occuper de faire coïncider la fin des
classes primaires avec le début de l'en-
seignement du latin dans les lycées, si
tous les élèves aptes à poursuivre leurs
études sortaient au même moment de la
même école commune à tous. Et le jour
où l'enseignement serait gratuit à tous les
degrés l'ouvrier, le paysan accepteraient
peut-être d'envoyer leurs enfants appren-
dre le latin.
Ainsi les idées de M. Brack e parais-
sent intéressantes et défendables tandis
que celles de M. Bérard doivent être com-
battues sans répit. Celles-là accordent au
latin -une place importante dans un ensei-
gnement donné à la nation entière. Cel-
les-ci font du latin un instrument destiné
,à écarter de l'instruction les enfants du
peuple.
Instituez l'école unique d'abord et
vous discuterez les programmes ensuite.
François TERVAL.
ÉDITORIAL
La cause de la France
Le débat engagé depuis
deux jours à la Chambre
aurait pu, par sa nature
même, être pénible à tous
les bons Français. Par un
de ces revirements magnifi-
ques. comme on en voit seu-
lement quand est mise en jeu la cause
même de '; la France, il détînt récôrifda-
tant dans sa dignité, dans sa grandeur ;
car le dominaient l'image de la Patrie, le
souvenir de nos hérrl et de nos sacrifi-
ces.
La cause était entendue, avant même
que d'être plaidée. M. Poincaré, cepen-
dant, n'a pas voulu se dérober à la ba-
taille où lui-même avait donvié ses ad-
versaires ; il n'a pas voulu que le débat
fût clos avant qu'avec toute l'autorité
d'une conscience nette, il eut, la tête
haute, fait front aux attaques empoison-
nées.
Il a bien fait : il fallait que la cause
de la France se dégageât indemne; dé-
finitivement, irrévocablement, de I'at-
mosphère de doute impie où l'on voulait
la faire sombrer.
Le prestigieux avocat s'est révélé une
fois de plus dans le p,résident du con-
sea. L'on sentait que M. Poincaré plai-
dait, avec toute son âme, le. dossier qui,
de toute sa carrière, lui tenait le plus à
cœur. Un à tin, il prit pour les réfuter,
tous les arguments de ses contradicteurs ;
aucun détail ne fut laissé dans l'ombre;
aucune allégation, si mesquine fût-elle,
ne fut abandonnée au hasard ; il dissé-
qua tous les documents, anéantit toutes
les accusations, écarta toutes les suspi-
cions. Les hommes de bonne foi, qui n'a-
vaient pas besoin de lumières nouvelles
pour éclairer leur religion, durent cepen-
dant se rendre encore à l'aveuglant éclat
de l'indiscutable vérité.
Et, lorsque dans une belle manifesta-
tion de solidarité républicaine et natio-
nale, un à un les présidents du conseil de
la guerre apportèrent impartialement et
spontanément leur témoignage, la
Chambre, dans ses partis les plus divers
ressentit, une fois encore, l'émotion poi-
gnante de l'Union sacrée, pour la dé-
fense de la Patrie.
Si l'intervention de JI. raillant-Coutu-
rier n'avait di't, nous rapporter quune
telle minute, il falldrétit presque en re-
mercier le jeune député communiste
Raymond LANGE.
— ) - e
Pour les consommateurs
Sans tambours ni trompettes, les habi-
tués des restaurants Roy ont trouvé, same-
di, fermée les établissements où ils avaient
coutume de se rendre chaquè jour. Pour-
quoi ? Mystère. Vendredi Isoir, soudaine-
ment, le 'gouvernement avait donné l'ordre
de fermer les derniers restaurants Roy
existant.
Est-ce une nouvelle manœuvre de la Mer-
cante, jalouse de voir lui échapper une
clientèle nombreuse et fidèle ?
Les habitués des restaurants. Roy ne son.t
point riches ; ils trouvaient là, à bon mar-
:hé, le moyen d'échapper aux exigences des
requins qui étrillent le malheureux CrMnsom-
matsur. Il est pénible de constater que ce
sont toujours les petites bourses qui. sont
victimes des offensives de la Mercante. Sans
doute parce qu'on les croit trop faibles pour
se défendre.' Mais c'est une maladresse so-
ciale de rendre plus flagrante tous les jours,
l'absence de politique économique-de notre
pays.
On "d i t
En Passant
Dette sacrée.
Que de monuments aux morts de la grande
guerre ! Que d'inaugurations ! Que de discours
ronflants et prometteurs !
Ah ! oui, on les a vantés, ces 1.500.000 héros
tombés pour la défense de la patrie ! On s'est
plu à exalter leurs vertus. On a reconnu que
par lçur sacrifice la France, en danger de des-
truction, fut sauvée. On a promis à. leurs mâ-
nes une reconnaissance éternelle.
Mais tout cela, ce sent des mots.
Dans la réalité des faits, que se passe-t-il ?
Il y a d'abord les réductions opérées sur les
pensions. Comme par hasard, ce sont toujours
les humbles, les obscurs, ceux qui ont été bles-
sés, au combat plutôt qu'à, côté des combats,
dont les proportions d'invalidité subissent des
réductions, audacieuses. Pourquoi, d'abord, ne
sont-ils point morts ? On les glorifierait comme
les autres, et cela ne coûterait pas une pierre
de plus dans les monuments.
Il y a ensuite les morts-qui glissent silen-
cieusement dans l'oubli : les gazés, ceux qui
ont contracté aux tranchées les maladies incu-
rables qui les emportent aujourd'hui, les bles-
sés qui se portaient bien avant la guerre et
que la guerre a rendus aux .leurs.jgp attendant
que la mort, qui les. agrippait déjà, invisible,
abatte sa lourde main. Pour tous ceux-là, c'est
la glissade sans bruit, au milieu de l'inaiffê-
rence générale. La lutte pour la vie bat son
plein. Pas le temps d'observer les causes de
tant de morts nées de la guerre.
Et puis, il y a autre chose encore. La parole
donnée aux morts et que l'on viole impunément.
A ceux qui -sont tombés au champ d'honneur,
il est dû des croix de guerre, des médailles mi-
litaires, reliques chères pour les survivants, re-
liques au nom desquelles les fils auront peut-
être à ramasser un jour le fusil tombé des
mains des pères.
Cette parole même est violée. Cet engage-
ment sacré n'est pas tenu. Le Parlement, su-
prême ingrat, oublie paraît-il de voter les cré-
dits nécessaires et comme les morts ne sorti-
ront jamais de leur tombe pour réclamer « le
prix du sang », on oublie les droits des fa-
milles. ,.
Et l'on ose reparler de guerre, quand le peu-
ple est en émoi devant le spectacle hideux des
lendemains de guerre 1
A. LAQUEPIE.
Aujourd'hui
L'aimable conseil
Les lectrices des Journaua: féminins échan-
gent des recettes de toutes sortes dans la par.
tie réservée à la correspondance.
Ainsi Chonchette demande une recette de
confitures contre un. secret de beauté qui fera
la joie de Fleur de Lotus. 1
La question qui revient sans cesse est celle-
ci :
- Comment avoir un joli teint ?
Les Américaines n'ont rien à envier aux
Françaises et leurs journaux contiennent la
même question inquiète.
Aussi une artiste espiègle a-t-elle eu l'idée de
répondre dans un journal de New-York, à tant
d'anxieuses coquettes.
Et voici quelle a été sa réponse :
— Prenez un bâton de rouge, un pot de cré-
me et une patte de lapin. Enterrez le tout à
cinq kilomètres de chez vous et chaque matin
allez voir s'il y est encore ».
Sans compter que la marche est un sport
excellent qui ne manquera pas, mesdames, de
vous roser les joues. délicieusement.
Après Jonas !.
Le Times, notre grand confrère anglais,
aime assez la plaisanterie.
Aussi racontait-il très sérieusement, il y a
quelques jours, l'histoire abracadabrante arri-
vée à un pélican.
Un pélican du parc happa un pigeon qui,
nsoiifiiant, picorait-à portée du bec de ce Jonas
r.cdçrne.
Mais le morceau, un peu gros, ne passa pas,
'c pélican rouvrit le, bec et le pigeon reprit son
vcl, quitte pour la. peur.
Le gardien du parc raconta cette histoire
dont il assure avoir été le témoin et comme
cette aventure n'est nJas banale, elle n'a pas
nanqué de faire le tour de la presse.
Le Tapin.
Les obsèques de M. R. Leuîlier
auront lieu samedi
Le bureau du Conseil municipal a décidé
/QU'3 les obsèques de M. Leullier auraient lieu
aux frais de la Ville de Paris. Elles seront cé-
lébrées demain samedi. Les personnalités offi-
cielles se réuniront à 9 h. 45 dans la cour de
la caserne de la Cité.
La cérémonie religieuse a.11'a lieu à Notre-
Dame. Le corps sera transporté ensuite à War-
lus (Pas-de-Calais).
Les honneurs militaires seront rendus au
défunt, qui était commandeur de la Légion
d'honneur, par une délégation d'officiers. En
outre, des détachements de gardes républi-
, Robert Leullier
cains, de gendarmes et de sapeurs pompiers
assisteront, ainsi que le corps des gardiens
de la paix de Paris et de la banlieue, aux fu-
nérailles.
La Ville de Paris sera représentée par son
Conseil municipal et le département par aon
Conseil général. -
Le gouverneur militairç 4e Paris, lè com-
mandant .de la place de la Seine Mront pre-
sents aux obsèques auxquelles assisteront les
ministre et leurs Représentants, jUnal que le
préfet de Ja Seine; '-'','.:-. ..,..
La mise en blêre a'ëu lieu hîér" ù, .midi et
demi, £ n présence de là famille et du person-
nel du cabinet. Dans l'après-midi, le .corps a
été exposé dans le grand, salon du préfet et le
public sera admis à défiler aujourd'hui devant
la dépouille mortelle.
—————————— ,.-
CorrçmeQt on nous aime
en fUleroagoe
Les troupes françaises, occupées à une dure
«>t délicate besogne de police en Haute-Silésie,
"ont rentrées. La population allemande, dans
la partie du pays qui reste sous la domina-
tion du Reich, ne cache pas sa satisfaction.
Mais la haine ,qui l'anime contre la. France
Ast plus violente encore que la joie de la libé-
ration.
Voilà le texte suggestif d'une dictée, donnée
4 Oppeln aux élèves de la 2e classe, , qui ont,
par conséquent,' de 13 à 14 ans :
La vraie façon de prendre congé des étrangers
Il Lorsque les troupes françaises parti-ront;
« tout. Allemand - adulte devra porter une ar-
« me ; lorsque le-train démarrera, tout Al-le-
« mand portant une arme devra tirer contre
« le train. Les étrangersJe. sont. jusqu'à prê-
a sent gavés chez nous et ont énormément
« amassé. Un étranger reçoit ; de 330^000 à
« 40.000 marks par mois. Nous sommes obli-
« xês de nourrir des étraflgers et de nous im-
« poser de nombreuses: dépenses. Nous som-
ee mM obligés également- d'habiller les étran-
'< sers. Les Français devraient recevoir de
tais coups qu'ils ne/puissent plus réinté-
« grer leur patrie ; quant aux Anglais et aux
« Italiens. faisons-leur grâce. vMais, pourtant,
a noua sommes contents qu'ils s'en aillent.
« Notre joie nous débordera du cœur quand
la Reich3wehr fera son entrée dans le pays. »
Ne retrouvons-nous pas là tout le tact, toute
la délicatesse de la vieille Allemagne,haineu-
se, brutale, vindicative ?
LE CANON TONNE. *
— : :
Un soulèvement militaire au Brésil
M. Nilho Peçanha serait à la tête du mouvement
-----.--
Ncus avons signalé hier le mouvement sé-
ditieux qui se'st produit à Riode-Janeiro,
mouvement, disait la dépêche Havas, dont le
gouvernement s'était rendu maître.
La tentative ds soulèvement d'une partie
de la garnison de la capitale du Brésil est
aujourd'hui confirmée. Voici les télégramme:"
qui nous parviennent à ce sujet :
L'Ecole militaire et la garnison du fort
de Capacabana se mutinent
Rio-de-Janeiro, 6 juilll'et. -'- La dernièra ngte,
publiée àl3 heures ce matin, par le secrétaire
de la présidence, explique en cas termes la
mouvement séditieux :
Les élèves de l'Ecole militaire, auxquels
^'étaient joints les soldats du 15° bataillon,
après -s'être mutinés, ont marché centre le
camp militairz, Ils se sont. heués, en che-
min, aux troupes ,du gouvernement et ont été
battus.
D'autre part, tous les marins et la majo-
rité des soldats qui se trouvaient en garni-
son au fort de Capacabana se sont également
mutinés. Cernés actuellement par terre et par
mer, ils résistent encore.
Leurs chefs ont adressé de Capacabana un
message au gouvernement pour demander que
des-plénipotentiaires leur soient envoyés, afin
de négocier leur reddition. Le gouvernement
a.répondu qu'il refusait/toute négociation et
qu'il exigeait une reddition ; sans conditions.
Le fort de Capacabana cerné
Rio-de-Janeiro, 6 juillet. — Le fort, de Ca-
pacabana était commandé par un 'parent du
maréchal Hermès da Fonseca.
Le fort ayant tiré plusieurs couos de canon
dans la nuit, la garnison a été immédiatement
remplacée.
Dans l'Ecole militaire, un peloton comman-
dé par le capitaine Buigs a tenté de se .sou-
lever. Le mouvement a été aussitôt réprimé.
Le capitaine Buigs serait tué.
De nombreuses forces navales ont débar-
qué pour protéger la présidence ; les navi-
res de guerre couvrent le palais.
Le président Epitacio Pesooa, entouré de
ses ministres, prend avec calme et décision
les mesures de précaution nécessaires au main-
tien de l'ordre public menacé.
Le gouvernement est en mesure d'étouffer
dans la capitale et dans tout le Brésil tout
mouvement subversif et la nation peut comp-
ter maintenant sur la discipline de l'armée
et de la marine. 1
L'Ecole supérieure de guerre est cernéè:
Le dreadnought Minas-Geraes s'est porté à
l'attaque du fort de Capacabana.
Ordre d'arrestation contre M. Peçanha
Buencs-Ayres, 6 juillet. - Un détachement
de marine s'est lancé à la poursuite de M
Nilho Peçanha, candidat à la présidence de
la République lors des dernières élections et
qui avait été battu. Les troupes régulières ont
reçu l'ordre de s'en emparer à tout prix..
Une note officielle annonce que- les régu-
liers sent maîtres partout de la situation et
que tes mutins sont en fuite.
L'état de siège est proclamé -
Rio-de-Janeiro, 6 juillet.,—" A la suite d'un
discours de M. Ruy Barbosa, le Congrès a
approuvé à l'unanimité la proclamation de l'é-
tat de siège dans l'Etat de Rio-de-Janeiro.
A LA CHAMBRE
M. Poincaré répond à ses calomniateurs
—
Aux applaudissements de l'assemblée. le président du Conseil
établit que la France se montra toujours pacifique
————————. Q ■
Après l'explosion d'indignation, de patrio-
tique éloquence qu'avait été la veille le magni-
fique discours de M. Viviani, nous entendî-
mes hier une admirable plaidoirie, un peu
hautaine, comme il convient dans une cause
qui n'a pas besoin d'être défendue, car c'est
celle moins d'un homme que de la France pa-
cifique. Avec une méthode qui ne laissait rien
arrière, et une clarté qui fbuillait les coins les
plua obscurs, le président du Conseil passa au
crible toutes les accusations lancées par ses
adversaires, mit en piècès leurs arguments,
détruisit en se jouant la valeur de leurs pré-
tendus documents, de telle sorte que lorsqu'il
descendit de la tribune, de tout cela, il ne res-
tait rien. <
Au cours du débat, après M. Viviani,
M. Briand et M. Painlevé vinrent tour à tour
confirmer ses paroles, affirmant ainsi la con-
tinuité- de la politique française.
iLa-déroute des communistes fut telle, que
M. Efnest Lafont, qui parla ensuite, battant
en retraite, déclara qu'il n'avait jamais été
question « d'actes ou de paroles », mais sim-
plement « d'altitudes ou d'entourages ».
C'est la rétractation.
LA SÉANCE
Dès le début dp. la séance, la Chambre dé-
cide, par 445 voix contre 9, l'affichage du diJ1
cours de M. Viviani proposé à la fois de qua.
tre côtés. Après ce vote, qui fournit par anti
cipation les résultats du vote définitif, on re-
prend la discussion des interpellations ; et M
Marcel Cachin monte à la tribune.
Naturellement, et comme l'avait fait la
veillé M. Vaillant-Couturier, il affirme qu'V
ne veut en rien atténuer les responsabilités de
l'Allemagne, * çue ces amis et lui n'ont ,cess
de proclamer. Mais en dehors de cette reepou
sabilité immédiate et cause occasionnelle du
conflit, h s'eatproduit des événements ant
rieurs sur lesquels les yeux de l'orateur ot
de ses amfe ont été ouverts par les documenta
publiés dans le Livre noîV, et qui font appa*
raître la pensée de M. Isvolski, ambassadeur
de Russie, sur la France et les hommes qui lp
dirigeaient.
Parmi ces documents, M. Marcel Çachin. ciiVi
en particulier uns lettre de celui-ci, de 1»
quelle il résulterait que, en décembre. 1912.-J*
France prenait toutes ces précautions militai
res, alors quevla Russie avait déclaré qu'elle
ne songeait pas à la guerre.. *
En même temps, poursuit le député cori;tiu-
niste, on rappela de Vienne notre ambassa-
deur, M, Crozier, parce qu'il poussait à' une.
politique pacifique, et M. Georges Louis qui te-
nait un langage analogue. « Citez le donc ! »
s'écrie M. Poincaré. - « N'e_sayez pas de di-
version », répond M. Caeb in ; et commecefife
façon de discuter énerve l'assemblée et provo-
que un violent tumulte, il ajoute : « Je n'ai
jamais vu de pareille rSûnioè publique. » Ce
qui, naturellement, ne rétablit pas le càIm,
— trVOYOt1 !• y Ili!, crie quelqu'un
Il continue, comme heureux du tapage
qu'il provoque, en déclarant qu'il s'agit', de
quelque chose de beaucoup plus grave qu'me
lettre : une conversation entre les deu:x:.,-
nistres des affaires étrangères de France et
de Russie, et de laquelle il rêsulteririt que
la France ne consentirait plus à un compro-
mis comme celui d'Agadir. Il cita' des .pro-
pos de ministres belges, qui auraient signalé
que « Paris semblait se laiser entraîner vers
une guerre générale ». V
L'orateur passe ensuite à la tentative faite
au nom de l'empereur d'Autriche par le
prince Sixte de Bourbon, en vue d'une -pais
séparée. Orf 'ùe le -reçut pas mal ; mais on
laissa traîner et tomber les négociations,..
Par là se prolongea la guerre de vingt mois.
M. Cachin regagna sa place au milieu bu
bruit, que percent difficilement les grêles ap-
plaudissements de six ou sept députés com-
munistes. Mais, soudain, se fait un ill'enoe
profond. M. Poincaré, d'un geste, demande
la parole et monte à la tribune.
— 1—
Le discours du président du Consèii,,
Il constate d'abord, qu'après les discours
des interpellateurs, il ne 4ait vraiment-pas
sur quoi il pourrait répondre ; mais avant
de s'en occuper, il lui paraît indispensable
de s'expliquer sur le fait des cartes postales.
Ces abominables dessins sont distribués dans
toute la France, et on vient de lui commu-
niquer la lettre d'un ouvrier qui proteste
contre cette infâme propagande.
L'orateur tient à la disposition de la Cham-
bre la photographie originale publiée dans le
Monde Illustré, et où l'on voit nettement les
yeux de l'ambassadeur des Etats-Unis et les
siens atteints et gênés par le soleil.
bre la photographie originale publiée dans le
— Le cliché est truqué, s'écrie M. Chércm,
au milieu des applaudissements ; il suffit (J'y
jeter les yeux pour s'en apercevoir ». Et frois-
sant un numéro de l'Humanité, il le jeta vers
le groupe communiste.
POLITIQUE DE PAIX
Mais le président du Conseil en arrive aux
responsabilités de la guerre. Il négligerait
toutes ces infamies, dit'il, mais en cherchant
à atteindre la France ou les hommes qui l'ont
représentée, on risque d'excuser l'Allemagne.
C'est sur les responsabilités de celle-ci que
sont basées les réparations, et elle tente d'évi-
ter celles-ci, en repoussant celles-là.
; à Il, est naturel, ajoute l'orateur, qu'elle se
soit efforcée de concentrer sur le chef de l'Etat
français, qui était à la tête du Gouvernement
au moment des guerres balkaniques, la cam-
pagne qui lui permettrait de se dérober ». Ce-
pendant celui-ci a toujours tenu ses collègues
au courant de toutes les négociations diploma-
tiques. MM. Briand et Klotz répondent tous
les deux : « C'est exact ».
1 M. Poincaré rappelle quel était l'état des
esprits lorsque, après la déception résultant
du traité du 4 novembre 1911, il fut appelé
à prendre le pouvoir. Il eut soin de s'entou-
rer de toutes les lumières de la République :
MM. Bourgeois, Millerand, Briand, et même
M. Klotz. Il débuta par un geste dé concilia-
tion envers l'Allemagne, en faisant voter le
traité ; mais elle lui témoigna sa gratitude
en nous suscitant au Maroc les pires diffi-
cultés possibles. Les documents découverts
chez son agent établissent que, dès cç mo-
ment, elle préparait la guerre.
En ce oui concerne le problème balkanique,
le gouvernement de l'époque a toujours pro-
digué tous ses efforts pour le résoudre d'ac-
cord avec toutes les puissances de l'Europe.
Jaurès lui-même a approuvé à ce moment
cette politique, en rendant hommage aux
sentiments qui l'inspiraient. On n'en prétend
pas moins que nous avons été à la remorque
de ,M, Iswolsky. Or, précisément, on n'avait
pas grande confiance en celui-ci.
« Aucun parti de la guerre n'existait en
France, dit l'orateur : aucun homme res-
ponsable ne méditait une guerre de revan-
che ! On m'a reproché d'être Lorrain : mais
les Lorrains étaient plus fermement encore
attachés à la paix que les autres Français :
ils connaissaient plus que personne les ris-
ques* d'un conflit armé ; ils se rappelaient
les invasions dont ils avaiènt souffert. C'est
pourquoi jamais, moi Lorrain, jamais je n'au-
rais voulu prendre la responsabilité d'une
guerre ; mais, par contre, j'étais bien dé-
terminé à tout faire pour que, si une guerre
venait jamais à éclater, elle se terminât par
la victoire et par la libération de nos provin-
ces perdues. (Vifs applaudissements.) Il n'y
a là aucune contradiction, quoi qu'on en ait
dit !
« J'ai toujours été républicain et toujours
patriote - (Applaudissements) , mais jamais je
n'ai été partisan d'une politique de bravade.
On ne peut citer aucune parole provocante de
moi. Oh ! on a cherché, mais on n'a *pas
trouvé. (Applaudissements.) »
Nous avons, poursuit M. Peincaré, tenu à
maintenir intacte la triple entente ; mais à
aucun moment, nous n'avons donné à celle-ci
un caractère agressif. 1
A la fin de '1912, l'Autriche avait ffert de
donner son adhésion au traité du 4 novem-
bre, mais en: demandant, comme contre-par-
tie, l'ouverture du marché français à ses
emprunts. Or, à cette époque, elle dévelop-
pait ses armements sur terre et sur mer. Il
eût été dangereux de lui fournir de l'argent,
et M. Klotz refusa-
Le récit de M. Vaillant-Couturier ett AQW
controuvér*d*autaaft plus que cette Meuiou
avait été prfse par le gouvernement précô*"
dent, avec la seule préoccupation d'assuftl'
la paix du monde.
M. Poincaré est alors amené à parler du
cas de l'ambassadeur Louis, qui est un des
points sur lesquels les interpellateurs ont
surtout insisté.
« MM. Vaillant-Couhirier et Cachin ont
prétendu, dit-il, que j'avais poursuivi cet am-
bassadeur de ma haine. C'est abso-lumêai
inexact. S'il ne m'a pas accompagné à MOji-
cou, c'est à cause de son état de santé, et il
n'a été rappelé qu'à la dernière minute, mal-
gré le malaise qui existait entre lui et le gou-
vernement russe. »
Ce voyage avait pour but d'obtenir des pré-
cisions sur l'alliance balkanique. Le président
du Conseil eut avec M. Sazonoff des" entre-
tiens, dont il cite quelques extraits, qui mçç-
trent les efforts communs faits pour la sau-
vegarde de la paix et le maintien de l'alliance
Mais il y a le' cas du télégramme Is-wolsky.
que le président du conseil explique .faclle-"
ment : « Quant à* M. Iswolsky, dit-il, lorsqu'il
m'eut montré son télégramme, d'où U résul
tait que je lui aurais dit : « que la France fe-
rait la guerre, si la Russie la faisait eïle-
même. je lui ai demandé immédiatement de
rectifier, lui ayant dit seulement, que « Jl'
France resterait fidèle à l'alliance, en.cas de
le « casus belli > viendrait là jouer », c'est-
à-dire dans le cas d'une attaque de rAllema
gne contre la Russie. M. Iswolsky a rectifia
mais M. Vaillant-Couturier à ,eu bien soin de
ne pas parler de cette rectification, qai.Hgure
cependant dans le « Livre Noir », mais en
tout petits caractères.
« Ce livre, du reste, rend hommage à nus
efforts pour conserver la paix ; et pour la
maintenir en 1912, l'Allemagne elle-même
tenta de se rapprocher de nous. C'est 4'\l"ell"
n'était pas prête. Peu après, elle votait 303
programme militaire. ;
LES JOURNEES TRAGIQUES
D'AVANT-GUERRE
Puis ce fut l'attentat de Saravejo. Les an. <
notations personnelles de Guillaume II sa:
les documents diplomatiques, montrent que
les conséquences l'Allemagne voulait en finir.
L'orateur rappelle qu'au retour du voyag:
en Russie, Viviani et lui croyaient si bien à
la possibilité du maintien de la paix qu'ils
avaient projeté de s'arrêter à Copenhague. C<
n'est qu'en pleine Baltique que les radios eut
montrèrent la gravité de la situation.
« Voilà, dit-il, comme nous vouliona.
uerrQ ! A Paris, nous fûmes accueillis par.
une population enthousiaste, qui, elle non
pics, pl\v,mlâit pas la guerre, mais montrait
qu'elle serait à la hauteur de toutes les cir-
constances. (Vifs applaudissements.)
« Peu après. M. Viviani prenait la mesanp
du retrait dè ncs troupes à 10 kilomètres de
la frontière. On l'a critiqué ; mai j'estime qu'il
put raison d* la prendre- et j'y fis ajoutemnë*
phrase relative à la cavalerie. J'en accepte donc
toute la responsabilité
« Le lendemain, j'écrivais une lettre au
roi d'Angleterre, où je disais que, si :TA)le-:
magne avait la certitude que l'Entente CON
diale s'affirmerait jusque sur les champs de
bataille, il y aurait les plus grandes chan-
ces pour qu'elle ne déchaînât pas le conflit.
(Vifs applaudissements). J'ajoutais que c'était
donc du gouvernement anglais, ainsi q^e de
l'unité de vues de la France, de la Russie et
Je l'Angleterre que dépendaient les dernières-
chances dû la paix. (Vifs applaudissements,
sur tous les bancs, sauf quelques bancs à l'ex- ,
trême-gauche.) Si les pacifistes anglais n'a-,
valent pas retardé la déclaration de l'Angle-
terre, l'empereur d'Allemagne aurait sans
doute réfléchi et hésité. •»
Le président du conseil rappe.le ensuite la
nouvelle preuve de la préméditation alle-
mande constituée par l'ultimatum db Berlin
h la Belgique, ultimatum auquel le roi des
Belges fit l'immortelle réponse d'héroïsme et
d'honneur dont tout le monde se souvient.
(Vifs aDPlaudissements prolongés ; MM. les
députés se lèvent et, tournés vers la tribune
diplomatique, où se trouve l'ambassadeur bel*
ge, applaudissent longuement.)
«r Mais, ce que tout le monde ne sait pas,
ajoute-t-il. c'est eue cet ultimatum avait ifitâ
Fondateurs (1869) :
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
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Rédaction et Administration : Nrrd 24-90, 24-91. — Après 10 heures du soir : Roquette M-9S
- IRLAü NE L 1 B R E <'»'C-' '.---
PENDANT QUE hA CHAMBRE S'ENLISE
- E£ji.-
Il semble bien que nos députés, tels
les bienheureux de l'Ile des Pingouins
« montrent de la propension à répéter
toujours la même chose ». La discussion
de la réforme de l'enseignement, d'abord
brillante, est parvenue au point mort. On
piétine sur place. Paroles superflues.
Heures stériles. Cet échec avait été prévu
ici même avant les premiers discours. Il
était inévitable du moment que la Cham-
bre considérait séparément la question
des programmes au lieu de la placer
dans son cadre en entreprenant la réor-
ganisation intégrale de notre système
scolai
Etant donné le degré de la civilisation
actuelle, tout programme encyclopédi-
que est condamné. Il faut choisir. Que
.choisir ? Sans doute les études les plus
propres à façonner des hommes capables
,jje servir la France dans le « struggle for
life «-international, de, réparer les pertes
matérielles subies pendant la guerre, de
lui rendre le rang de grande puissance
économique perdu dès avant la guerre;
des hommes capables d'exploiter ses mi-
nes de fer et ses chutes d'eau, de mettre
lelx colonies en valeur. Motif non pas
mercantile mais patriotiQue, conception
non pas utilitaire mais réaliste et dominée
par le souci d'une indispensable adapta-
tion aux nécessités de l'heure présente.
Quand le milieu change, il faut s' adap-
ter ou périr.
Pour préférer à ces études d'une uti-
lité pratique immédiate, les langues mor-
tes, il faudrait prouver qu'elles sont plus
aptes à éveiller et à cultiver les intelli-
gences. Possèdent-elles une valeur édu-
cative supérieure ? Voilà toute la ques-
tion. D'aucuns répondent oui sans hési-
ter et cette opinion est des mieux séantes.
Dogmatisme bien fait pour etoîiner î
car enfin la valeur éducative d'une disci-
pi~'M~ pas chose qui se mesure ou
oui se pèse.
.- Cette certitude est-elle fondée sur
d'expérience ? Point.
- Les élèves de la section moderne
(sciences, langues) ne paraissent pas
être d'une moindre valeur que ceux de
la section £ (latin, sciences) et sont très
au-dessus des élèves de la section B
(latin, langues). D'autre part, on con-
naît les succès du collège Chaptal. Est-
elle fondée en raison ? Point. On a dit
que la connaissance des Anciens est in-
dispensable à la compréhension des Mo-
dernes. Mais cela est faux en dehors du
domaine littéraire. Cela est contestable
pour le latin. Et pour le grec, des traduc-
tions, existent. On répond que les tra-
ductions sont des trahisons. Combien de
Français seront donc en état, 'après la
réforme de M. Bérard, de lire Sophocle
dans lé texte ?
« Cette, réforme est, en effet, insuffi-
sante, déclarent les extrémistes, elle ne
consacre que quatre années au latin et
-, moins encore au grec. » Ainsi voilà le
dilemme : ou bien réserver exclusive-
ment le secondaire aux langues mortes
ou bien les enseigner sans obtenir de ré-
sultats. Et il est assez égayant de voir les
partisans du latin abandonner ce pauvre
,M. Bérard déjà critiqué par la Sorbonne,
mis en échec par le conseil de l'instruc-
tion publique désapprouvé par les inspec-
teurs généraux et combattu par tous les
démocrates.
Au contraire, M. Hadamard a exprimé
en favèur de la thèse moderne un argu-
ment qui semble irréfutable. Pourquoi,
demande-t-il, les Anciens n ont-ils laissé
que des connaissances scientifiques épar-
ses ? Pourquoi Thalès de Milet, homme
de génie quand il eut découvert l'élec-
tricité en frottant des morceaux d'ambre,
ne pensa-t-il pas à répéter son expérience
sut d'autres corps, idée qui viendrait au-
jourd'hui à l'esprit de tout élève de ma-
thématiques élémentaires. Sans doute
parce que la méthode scientifique n'exis-
tait Das encore. Pe la méthode scientifi-
que, œuvre des siècles derniers, il faut
imprégner les esprits par l'étude de tou-
tes les démonstrations et de toutes les
conclusions nécessaires à sa parfaite in-
telligence. ., Cette culture qui permettra à
l'élève devenu homme de saisir tous les
développements de la scienèe et peut-
être de l'accroître, je ne pense pas qu'on
en niera la valeur éducative.,
*
**
Et après tout cela. je .sais bien qu'elle
n'est cas méprisable, l' opinion de ceux
qui @ apprécient le latin en raison même
de son inutilité: ce culte de l'étude désin-
téressée, de l'art pour l'art, est peu op-
portun, mais bien français. Aussi deman-
de-t-on simplement que le latin ne soit
pas imposé à titre de pensum universel,
",t trouveraitil moins d'adversaires par-
mi nous sans certaines considérations
d'ordre social.
Elles ont été exposées ici depuis six
mois et il est inutile d'y revenir. Mais ces
objections tomberaient d'elles-mêmes si
l'école unique .existait. On n'aurait plus
à s'occuper de faire coïncider la fin des
classes primaires avec le début de l'en-
seignement du latin dans les lycées, si
tous les élèves aptes à poursuivre leurs
études sortaient au même moment de la
même école commune à tous. Et le jour
où l'enseignement serait gratuit à tous les
degrés l'ouvrier, le paysan accepteraient
peut-être d'envoyer leurs enfants appren-
dre le latin.
Ainsi les idées de M. Brack e parais-
sent intéressantes et défendables tandis
que celles de M. Bérard doivent être com-
battues sans répit. Celles-là accordent au
latin -une place importante dans un ensei-
gnement donné à la nation entière. Cel-
les-ci font du latin un instrument destiné
,à écarter de l'instruction les enfants du
peuple.
Instituez l'école unique d'abord et
vous discuterez les programmes ensuite.
François TERVAL.
ÉDITORIAL
La cause de la France
Le débat engagé depuis
deux jours à la Chambre
aurait pu, par sa nature
même, être pénible à tous
les bons Français. Par un
de ces revirements magnifi-
ques. comme on en voit seu-
lement quand est mise en jeu la cause
même de '; la France, il détînt récôrifda-
tant dans sa dignité, dans sa grandeur ;
car le dominaient l'image de la Patrie, le
souvenir de nos hérrl et de nos sacrifi-
ces.
La cause était entendue, avant même
que d'être plaidée. M. Poincaré, cepen-
dant, n'a pas voulu se dérober à la ba-
taille où lui-même avait donvié ses ad-
versaires ; il n'a pas voulu que le débat
fût clos avant qu'avec toute l'autorité
d'une conscience nette, il eut, la tête
haute, fait front aux attaques empoison-
nées.
Il a bien fait : il fallait que la cause
de la France se dégageât indemne; dé-
finitivement, irrévocablement, de I'at-
mosphère de doute impie où l'on voulait
la faire sombrer.
Le prestigieux avocat s'est révélé une
fois de plus dans le p,résident du con-
sea. L'on sentait que M. Poincaré plai-
dait, avec toute son âme, le. dossier qui,
de toute sa carrière, lui tenait le plus à
cœur. Un à tin, il prit pour les réfuter,
tous les arguments de ses contradicteurs ;
aucun détail ne fut laissé dans l'ombre;
aucune allégation, si mesquine fût-elle,
ne fut abandonnée au hasard ; il dissé-
qua tous les documents, anéantit toutes
les accusations, écarta toutes les suspi-
cions. Les hommes de bonne foi, qui n'a-
vaient pas besoin de lumières nouvelles
pour éclairer leur religion, durent cepen-
dant se rendre encore à l'aveuglant éclat
de l'indiscutable vérité.
Et, lorsque dans une belle manifesta-
tion de solidarité républicaine et natio-
nale, un à un les présidents du conseil de
la guerre apportèrent impartialement et
spontanément leur témoignage, la
Chambre, dans ses partis les plus divers
ressentit, une fois encore, l'émotion poi-
gnante de l'Union sacrée, pour la dé-
fense de la Patrie.
Si l'intervention de JI. raillant-Coutu-
rier n'avait di't, nous rapporter quune
telle minute, il falldrétit presque en re-
mercier le jeune député communiste
Raymond LANGE.
— ) - e
Pour les consommateurs
Sans tambours ni trompettes, les habi-
tués des restaurants Roy ont trouvé, same-
di, fermée les établissements où ils avaient
coutume de se rendre chaquè jour. Pour-
quoi ? Mystère. Vendredi Isoir, soudaine-
ment, le 'gouvernement avait donné l'ordre
de fermer les derniers restaurants Roy
existant.
Est-ce une nouvelle manœuvre de la Mer-
cante, jalouse de voir lui échapper une
clientèle nombreuse et fidèle ?
Les habitués des restaurants. Roy ne son.t
point riches ; ils trouvaient là, à bon mar-
:hé, le moyen d'échapper aux exigences des
requins qui étrillent le malheureux CrMnsom-
matsur. Il est pénible de constater que ce
sont toujours les petites bourses qui. sont
victimes des offensives de la Mercante. Sans
doute parce qu'on les croit trop faibles pour
se défendre.' Mais c'est une maladresse so-
ciale de rendre plus flagrante tous les jours,
l'absence de politique économique-de notre
pays.
On "d i t
En Passant
Dette sacrée.
Que de monuments aux morts de la grande
guerre ! Que d'inaugurations ! Que de discours
ronflants et prometteurs !
Ah ! oui, on les a vantés, ces 1.500.000 héros
tombés pour la défense de la patrie ! On s'est
plu à exalter leurs vertus. On a reconnu que
par lçur sacrifice la France, en danger de des-
truction, fut sauvée. On a promis à. leurs mâ-
nes une reconnaissance éternelle.
Mais tout cela, ce sent des mots.
Dans la réalité des faits, que se passe-t-il ?
Il y a d'abord les réductions opérées sur les
pensions. Comme par hasard, ce sont toujours
les humbles, les obscurs, ceux qui ont été bles-
sés, au combat plutôt qu'à, côté des combats,
dont les proportions d'invalidité subissent des
réductions, audacieuses. Pourquoi, d'abord, ne
sont-ils point morts ? On les glorifierait comme
les autres, et cela ne coûterait pas une pierre
de plus dans les monuments.
Il y a ensuite les morts-qui glissent silen-
cieusement dans l'oubli : les gazés, ceux qui
ont contracté aux tranchées les maladies incu-
rables qui les emportent aujourd'hui, les bles-
sés qui se portaient bien avant la guerre et
que la guerre a rendus aux .leurs.jgp attendant
que la mort, qui les. agrippait déjà, invisible,
abatte sa lourde main. Pour tous ceux-là, c'est
la glissade sans bruit, au milieu de l'inaiffê-
rence générale. La lutte pour la vie bat son
plein. Pas le temps d'observer les causes de
tant de morts nées de la guerre.
Et puis, il y a autre chose encore. La parole
donnée aux morts et que l'on viole impunément.
A ceux qui -sont tombés au champ d'honneur,
il est dû des croix de guerre, des médailles mi-
litaires, reliques chères pour les survivants, re-
liques au nom desquelles les fils auront peut-
être à ramasser un jour le fusil tombé des
mains des pères.
Cette parole même est violée. Cet engage-
ment sacré n'est pas tenu. Le Parlement, su-
prême ingrat, oublie paraît-il de voter les cré-
dits nécessaires et comme les morts ne sorti-
ront jamais de leur tombe pour réclamer « le
prix du sang », on oublie les droits des fa-
milles. ,.
Et l'on ose reparler de guerre, quand le peu-
ple est en émoi devant le spectacle hideux des
lendemains de guerre 1
A. LAQUEPIE.
Aujourd'hui
L'aimable conseil
Les lectrices des Journaua: féminins échan-
gent des recettes de toutes sortes dans la par.
tie réservée à la correspondance.
Ainsi Chonchette demande une recette de
confitures contre un. secret de beauté qui fera
la joie de Fleur de Lotus. 1
La question qui revient sans cesse est celle-
ci :
- Comment avoir un joli teint ?
Les Américaines n'ont rien à envier aux
Françaises et leurs journaux contiennent la
même question inquiète.
Aussi une artiste espiègle a-t-elle eu l'idée de
répondre dans un journal de New-York, à tant
d'anxieuses coquettes.
Et voici quelle a été sa réponse :
— Prenez un bâton de rouge, un pot de cré-
me et une patte de lapin. Enterrez le tout à
cinq kilomètres de chez vous et chaque matin
allez voir s'il y est encore ».
Sans compter que la marche est un sport
excellent qui ne manquera pas, mesdames, de
vous roser les joues. délicieusement.
Après Jonas !.
Le Times, notre grand confrère anglais,
aime assez la plaisanterie.
Aussi racontait-il très sérieusement, il y a
quelques jours, l'histoire abracadabrante arri-
vée à un pélican.
Un pélican du parc happa un pigeon qui,
nsoiifiiant, picorait-à portée du bec de ce Jonas
r.cdçrne.
Mais le morceau, un peu gros, ne passa pas,
'c pélican rouvrit le, bec et le pigeon reprit son
vcl, quitte pour la. peur.
Le gardien du parc raconta cette histoire
dont il assure avoir été le témoin et comme
cette aventure n'est nJas banale, elle n'a pas
nanqué de faire le tour de la presse.
Le Tapin.
Les obsèques de M. R. Leuîlier
auront lieu samedi
Le bureau du Conseil municipal a décidé
/QU'3 les obsèques de M. Leullier auraient lieu
aux frais de la Ville de Paris. Elles seront cé-
lébrées demain samedi. Les personnalités offi-
cielles se réuniront à 9 h. 45 dans la cour de
la caserne de la Cité.
La cérémonie religieuse a.11'a lieu à Notre-
Dame. Le corps sera transporté ensuite à War-
lus (Pas-de-Calais).
Les honneurs militaires seront rendus au
défunt, qui était commandeur de la Légion
d'honneur, par une délégation d'officiers. En
outre, des détachements de gardes républi-
, Robert Leullier
cains, de gendarmes et de sapeurs pompiers
assisteront, ainsi que le corps des gardiens
de la paix de Paris et de la banlieue, aux fu-
nérailles.
La Ville de Paris sera représentée par son
Conseil municipal et le département par aon
Conseil général. -
Le gouverneur militairç 4e Paris, lè com-
mandant .de la place de la Seine Mront pre-
sents aux obsèques auxquelles assisteront les
ministre et leurs Représentants, jUnal que le
préfet de Ja Seine; '-'','.:-. ..,..
La mise en blêre a'ëu lieu hîér" ù, .midi et
demi, £ n présence de là famille et du person-
nel du cabinet. Dans l'après-midi, le .corps a
été exposé dans le grand, salon du préfet et le
public sera admis à défiler aujourd'hui devant
la dépouille mortelle.
—————————— ,.-
CorrçmeQt on nous aime
en fUleroagoe
Les troupes françaises, occupées à une dure
«>t délicate besogne de police en Haute-Silésie,
"ont rentrées. La population allemande, dans
la partie du pays qui reste sous la domina-
tion du Reich, ne cache pas sa satisfaction.
Mais la haine ,qui l'anime contre la. France
Ast plus violente encore que la joie de la libé-
ration.
Voilà le texte suggestif d'une dictée, donnée
4 Oppeln aux élèves de la 2e classe, , qui ont,
par conséquent,' de 13 à 14 ans :
La vraie façon de prendre congé des étrangers
Il Lorsque les troupes françaises parti-ront;
« tout. Allemand - adulte devra porter une ar-
« me ; lorsque le-train démarrera, tout Al-le-
« mand portant une arme devra tirer contre
« le train. Les étrangersJe. sont. jusqu'à prê-
a sent gavés chez nous et ont énormément
« amassé. Un étranger reçoit ; de 330^000 à
« 40.000 marks par mois. Nous sommes obli-
« xês de nourrir des étraflgers et de nous im-
« poser de nombreuses: dépenses. Nous som-
ee mM obligés également- d'habiller les étran-
'< sers. Les Français devraient recevoir de
tais coups qu'ils ne/puissent plus réinté-
« grer leur patrie ; quant aux Anglais et aux
« Italiens. faisons-leur grâce. vMais, pourtant,
a noua sommes contents qu'ils s'en aillent.
« Notre joie nous débordera du cœur quand
la Reich3wehr fera son entrée dans le pays. »
Ne retrouvons-nous pas là tout le tact, toute
la délicatesse de la vieille Allemagne,haineu-
se, brutale, vindicative ?
LE CANON TONNE. *
— : :
Un soulèvement militaire au Brésil
M. Nilho Peçanha serait à la tête du mouvement
-----.--
Ncus avons signalé hier le mouvement sé-
ditieux qui se'st produit à Riode-Janeiro,
mouvement, disait la dépêche Havas, dont le
gouvernement s'était rendu maître.
La tentative ds soulèvement d'une partie
de la garnison de la capitale du Brésil est
aujourd'hui confirmée. Voici les télégramme:"
qui nous parviennent à ce sujet :
L'Ecole militaire et la garnison du fort
de Capacabana se mutinent
Rio-de-Janeiro, 6 juilll'et. -'- La dernièra ngte,
publiée àl3 heures ce matin, par le secrétaire
de la présidence, explique en cas termes la
mouvement séditieux :
Les élèves de l'Ecole militaire, auxquels
^'étaient joints les soldats du 15° bataillon,
après -s'être mutinés, ont marché centre le
camp militairz, Ils se sont. heués, en che-
min, aux troupes ,du gouvernement et ont été
battus.
D'autre part, tous les marins et la majo-
rité des soldats qui se trouvaient en garni-
son au fort de Capacabana se sont également
mutinés. Cernés actuellement par terre et par
mer, ils résistent encore.
Leurs chefs ont adressé de Capacabana un
message au gouvernement pour demander que
des-plénipotentiaires leur soient envoyés, afin
de négocier leur reddition. Le gouvernement
a.répondu qu'il refusait/toute négociation et
qu'il exigeait une reddition ; sans conditions.
Le fort de Capacabana cerné
Rio-de-Janeiro, 6 juillet. — Le fort, de Ca-
pacabana était commandé par un 'parent du
maréchal Hermès da Fonseca.
Le fort ayant tiré plusieurs couos de canon
dans la nuit, la garnison a été immédiatement
remplacée.
Dans l'Ecole militaire, un peloton comman-
dé par le capitaine Buigs a tenté de se .sou-
lever. Le mouvement a été aussitôt réprimé.
Le capitaine Buigs serait tué.
De nombreuses forces navales ont débar-
qué pour protéger la présidence ; les navi-
res de guerre couvrent le palais.
Le président Epitacio Pesooa, entouré de
ses ministres, prend avec calme et décision
les mesures de précaution nécessaires au main-
tien de l'ordre public menacé.
Le gouvernement est en mesure d'étouffer
dans la capitale et dans tout le Brésil tout
mouvement subversif et la nation peut comp-
ter maintenant sur la discipline de l'armée
et de la marine. 1
L'Ecole supérieure de guerre est cernéè:
Le dreadnought Minas-Geraes s'est porté à
l'attaque du fort de Capacabana.
Ordre d'arrestation contre M. Peçanha
Buencs-Ayres, 6 juillet. - Un détachement
de marine s'est lancé à la poursuite de M
Nilho Peçanha, candidat à la présidence de
la République lors des dernières élections et
qui avait été battu. Les troupes régulières ont
reçu l'ordre de s'en emparer à tout prix..
Une note officielle annonce que- les régu-
liers sent maîtres partout de la situation et
que tes mutins sont en fuite.
L'état de siège est proclamé -
Rio-de-Janeiro, 6 juillet.,—" A la suite d'un
discours de M. Ruy Barbosa, le Congrès a
approuvé à l'unanimité la proclamation de l'é-
tat de siège dans l'Etat de Rio-de-Janeiro.
A LA CHAMBRE
M. Poincaré répond à ses calomniateurs
—
Aux applaudissements de l'assemblée. le président du Conseil
établit que la France se montra toujours pacifique
————————. Q ■
Après l'explosion d'indignation, de patrio-
tique éloquence qu'avait été la veille le magni-
fique discours de M. Viviani, nous entendî-
mes hier une admirable plaidoirie, un peu
hautaine, comme il convient dans une cause
qui n'a pas besoin d'être défendue, car c'est
celle moins d'un homme que de la France pa-
cifique. Avec une méthode qui ne laissait rien
arrière, et une clarté qui fbuillait les coins les
plua obscurs, le président du Conseil passa au
crible toutes les accusations lancées par ses
adversaires, mit en piècès leurs arguments,
détruisit en se jouant la valeur de leurs pré-
tendus documents, de telle sorte que lorsqu'il
descendit de la tribune, de tout cela, il ne res-
tait rien. <
Au cours du débat, après M. Viviani,
M. Briand et M. Painlevé vinrent tour à tour
confirmer ses paroles, affirmant ainsi la con-
tinuité- de la politique française.
iLa-déroute des communistes fut telle, que
M. Efnest Lafont, qui parla ensuite, battant
en retraite, déclara qu'il n'avait jamais été
question « d'actes ou de paroles », mais sim-
plement « d'altitudes ou d'entourages ».
C'est la rétractation.
LA SÉANCE
Dès le début dp. la séance, la Chambre dé-
cide, par 445 voix contre 9, l'affichage du diJ1
cours de M. Viviani proposé à la fois de qua.
tre côtés. Après ce vote, qui fournit par anti
cipation les résultats du vote définitif, on re-
prend la discussion des interpellations ; et M
Marcel Cachin monte à la tribune.
Naturellement, et comme l'avait fait la
veillé M. Vaillant-Couturier, il affirme qu'V
ne veut en rien atténuer les responsabilités de
l'Allemagne, * çue ces amis et lui n'ont ,cess
de proclamer. Mais en dehors de cette reepou
sabilité immédiate et cause occasionnelle du
conflit, h s'eatproduit des événements ant
rieurs sur lesquels les yeux de l'orateur ot
de ses amfe ont été ouverts par les documenta
publiés dans le Livre noîV, et qui font appa*
raître la pensée de M. Isvolski, ambassadeur
de Russie, sur la France et les hommes qui lp
dirigeaient.
Parmi ces documents, M. Marcel Çachin. ciiVi
en particulier uns lettre de celui-ci, de 1»
quelle il résulterait que, en décembre. 1912.-J*
France prenait toutes ces précautions militai
res, alors quevla Russie avait déclaré qu'elle
ne songeait pas à la guerre.. *
En même temps, poursuit le député cori;tiu-
niste, on rappela de Vienne notre ambassa-
deur, M, Crozier, parce qu'il poussait à' une.
politique pacifique, et M. Georges Louis qui te-
nait un langage analogue. « Citez le donc ! »
s'écrie M. Poincaré. - « N'e_sayez pas de di-
version », répond M. Caeb in ; et commecefife
façon de discuter énerve l'assemblée et provo-
que un violent tumulte, il ajoute : « Je n'ai
jamais vu de pareille rSûnioè publique. » Ce
qui, naturellement, ne rétablit pas le càIm,
— trVOYOt1 !• y Ili!, crie quelqu'un
Il continue, comme heureux du tapage
qu'il provoque, en déclarant qu'il s'agit', de
quelque chose de beaucoup plus grave qu'me
lettre : une conversation entre les deu:x:.,-
nistres des affaires étrangères de France et
de Russie, et de laquelle il rêsulteririt que
la France ne consentirait plus à un compro-
mis comme celui d'Agadir. Il cita' des .pro-
pos de ministres belges, qui auraient signalé
que « Paris semblait se laiser entraîner vers
une guerre générale ». V
L'orateur passe ensuite à la tentative faite
au nom de l'empereur d'Autriche par le
prince Sixte de Bourbon, en vue d'une -pais
séparée. Orf 'ùe le -reçut pas mal ; mais on
laissa traîner et tomber les négociations,..
Par là se prolongea la guerre de vingt mois.
M. Cachin regagna sa place au milieu bu
bruit, que percent difficilement les grêles ap-
plaudissements de six ou sept députés com-
munistes. Mais, soudain, se fait un ill'enoe
profond. M. Poincaré, d'un geste, demande
la parole et monte à la tribune.
— 1—
Le discours du président du Consèii,,
Il constate d'abord, qu'après les discours
des interpellateurs, il ne 4ait vraiment-pas
sur quoi il pourrait répondre ; mais avant
de s'en occuper, il lui paraît indispensable
de s'expliquer sur le fait des cartes postales.
Ces abominables dessins sont distribués dans
toute la France, et on vient de lui commu-
niquer la lettre d'un ouvrier qui proteste
contre cette infâme propagande.
L'orateur tient à la disposition de la Cham-
bre la photographie originale publiée dans le
Monde Illustré, et où l'on voit nettement les
yeux de l'ambassadeur des Etats-Unis et les
siens atteints et gênés par le soleil.
bre la photographie originale publiée dans le
— Le cliché est truqué, s'écrie M. Chércm,
au milieu des applaudissements ; il suffit (J'y
jeter les yeux pour s'en apercevoir ». Et frois-
sant un numéro de l'Humanité, il le jeta vers
le groupe communiste.
POLITIQUE DE PAIX
Mais le président du Conseil en arrive aux
responsabilités de la guerre. Il négligerait
toutes ces infamies, dit'il, mais en cherchant
à atteindre la France ou les hommes qui l'ont
représentée, on risque d'excuser l'Allemagne.
C'est sur les responsabilités de celle-ci que
sont basées les réparations, et elle tente d'évi-
ter celles-ci, en repoussant celles-là.
; à Il, est naturel, ajoute l'orateur, qu'elle se
soit efforcée de concentrer sur le chef de l'Etat
français, qui était à la tête du Gouvernement
au moment des guerres balkaniques, la cam-
pagne qui lui permettrait de se dérober ». Ce-
pendant celui-ci a toujours tenu ses collègues
au courant de toutes les négociations diploma-
tiques. MM. Briand et Klotz répondent tous
les deux : « C'est exact ».
1 M. Poincaré rappelle quel était l'état des
esprits lorsque, après la déception résultant
du traité du 4 novembre 1911, il fut appelé
à prendre le pouvoir. Il eut soin de s'entou-
rer de toutes les lumières de la République :
MM. Bourgeois, Millerand, Briand, et même
M. Klotz. Il débuta par un geste dé concilia-
tion envers l'Allemagne, en faisant voter le
traité ; mais elle lui témoigna sa gratitude
en nous suscitant au Maroc les pires diffi-
cultés possibles. Les documents découverts
chez son agent établissent que, dès cç mo-
ment, elle préparait la guerre.
En ce oui concerne le problème balkanique,
le gouvernement de l'époque a toujours pro-
digué tous ses efforts pour le résoudre d'ac-
cord avec toutes les puissances de l'Europe.
Jaurès lui-même a approuvé à ce moment
cette politique, en rendant hommage aux
sentiments qui l'inspiraient. On n'en prétend
pas moins que nous avons été à la remorque
de ,M, Iswolsky. Or, précisément, on n'avait
pas grande confiance en celui-ci.
« Aucun parti de la guerre n'existait en
France, dit l'orateur : aucun homme res-
ponsable ne méditait une guerre de revan-
che ! On m'a reproché d'être Lorrain : mais
les Lorrains étaient plus fermement encore
attachés à la paix que les autres Français :
ils connaissaient plus que personne les ris-
ques* d'un conflit armé ; ils se rappelaient
les invasions dont ils avaiènt souffert. C'est
pourquoi jamais, moi Lorrain, jamais je n'au-
rais voulu prendre la responsabilité d'une
guerre ; mais, par contre, j'étais bien dé-
terminé à tout faire pour que, si une guerre
venait jamais à éclater, elle se terminât par
la victoire et par la libération de nos provin-
ces perdues. (Vifs applaudissements.) Il n'y
a là aucune contradiction, quoi qu'on en ait
dit !
« J'ai toujours été républicain et toujours
patriote - (Applaudissements) , mais jamais je
n'ai été partisan d'une politique de bravade.
On ne peut citer aucune parole provocante de
moi. Oh ! on a cherché, mais on n'a *pas
trouvé. (Applaudissements.) »
Nous avons, poursuit M. Peincaré, tenu à
maintenir intacte la triple entente ; mais à
aucun moment, nous n'avons donné à celle-ci
un caractère agressif. 1
A la fin de '1912, l'Autriche avait ffert de
donner son adhésion au traité du 4 novem-
bre, mais en: demandant, comme contre-par-
tie, l'ouverture du marché français à ses
emprunts. Or, à cette époque, elle dévelop-
pait ses armements sur terre et sur mer. Il
eût été dangereux de lui fournir de l'argent,
et M. Klotz refusa-
Le récit de M. Vaillant-Couturier ett AQW
controuvér*d*autaaft plus que cette Meuiou
avait été prfse par le gouvernement précô*"
dent, avec la seule préoccupation d'assuftl'
la paix du monde.
M. Poincaré est alors amené à parler du
cas de l'ambassadeur Louis, qui est un des
points sur lesquels les interpellateurs ont
surtout insisté.
« MM. Vaillant-Couhirier et Cachin ont
prétendu, dit-il, que j'avais poursuivi cet am-
bassadeur de ma haine. C'est abso-lumêai
inexact. S'il ne m'a pas accompagné à MOji-
cou, c'est à cause de son état de santé, et il
n'a été rappelé qu'à la dernière minute, mal-
gré le malaise qui existait entre lui et le gou-
vernement russe. »
Ce voyage avait pour but d'obtenir des pré-
cisions sur l'alliance balkanique. Le président
du Conseil eut avec M. Sazonoff des" entre-
tiens, dont il cite quelques extraits, qui mçç-
trent les efforts communs faits pour la sau-
vegarde de la paix et le maintien de l'alliance
Mais il y a le' cas du télégramme Is-wolsky.
que le président du conseil explique .faclle-"
ment : « Quant à* M. Iswolsky, dit-il, lorsqu'il
m'eut montré son télégramme, d'où U résul
tait que je lui aurais dit : « que la France fe-
rait la guerre, si la Russie la faisait eïle-
même. je lui ai demandé immédiatement de
rectifier, lui ayant dit seulement, que « Jl'
France resterait fidèle à l'alliance, en.cas de
le « casus belli > viendrait là jouer », c'est-
à-dire dans le cas d'une attaque de rAllema
gne contre la Russie. M. Iswolsky a rectifia
mais M. Vaillant-Couturier à ,eu bien soin de
ne pas parler de cette rectification, qai.Hgure
cependant dans le « Livre Noir », mais en
tout petits caractères.
« Ce livre, du reste, rend hommage à nus
efforts pour conserver la paix ; et pour la
maintenir en 1912, l'Allemagne elle-même
tenta de se rapprocher de nous. C'est 4'\l"ell"
n'était pas prête. Peu après, elle votait 303
programme militaire. ;
LES JOURNEES TRAGIQUES
D'AVANT-GUERRE
Puis ce fut l'attentat de Saravejo. Les an. <
notations personnelles de Guillaume II sa:
les documents diplomatiques, montrent que
les conséquences l'Allemagne voulait en finir.
L'orateur rappelle qu'au retour du voyag:
en Russie, Viviani et lui croyaient si bien à
la possibilité du maintien de la paix qu'ils
avaient projeté de s'arrêter à Copenhague. C<
n'est qu'en pleine Baltique que les radios eut
montrèrent la gravité de la situation.
« Voilà, dit-il, comme nous vouliona.
uerrQ ! A Paris, nous fûmes accueillis par.
une population enthousiaste, qui, elle non
pics, pl\v,mlâit pas la guerre, mais montrait
qu'elle serait à la hauteur de toutes les cir-
constances. (Vifs applaudissements.)
« Peu après. M. Viviani prenait la mesanp
du retrait dè ncs troupes à 10 kilomètres de
la frontière. On l'a critiqué ; mai j'estime qu'il
put raison d* la prendre- et j'y fis ajoutemnë*
phrase relative à la cavalerie. J'en accepte donc
toute la responsabilité
« Le lendemain, j'écrivais une lettre au
roi d'Angleterre, où je disais que, si :TA)le-:
magne avait la certitude que l'Entente CON
diale s'affirmerait jusque sur les champs de
bataille, il y aurait les plus grandes chan-
ces pour qu'elle ne déchaînât pas le conflit.
(Vifs applaudissements). J'ajoutais que c'était
donc du gouvernement anglais, ainsi q^e de
l'unité de vues de la France, de la Russie et
Je l'Angleterre que dépendaient les dernières-
chances dû la paix. (Vifs applaudissements,
sur tous les bancs, sauf quelques bancs à l'ex- ,
trême-gauche.) Si les pacifistes anglais n'a-,
valent pas retardé la déclaration de l'Angle-
terre, l'empereur d'Allemagne aurait sans
doute réfléchi et hésité. •»
Le président du conseil rappe.le ensuite la
nouvelle preuve de la préméditation alle-
mande constituée par l'ultimatum db Berlin
h la Belgique, ultimatum auquel le roi des
Belges fit l'immortelle réponse d'héroïsme et
d'honneur dont tout le monde se souvient.
(Vifs aDPlaudissements prolongés ; MM. les
députés se lèvent et, tournés vers la tribune
diplomatique, où se trouve l'ambassadeur bel*
ge, applaudissent longuement.)
«r Mais, ce que tout le monde ne sait pas,
ajoute-t-il. c'est eue cet ultimatum avait ifitâ
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