Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-07-05
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 juillet 1922 05 juillet 1922
Description : 1922/07/05 (N18833). 1922/07/05 (N18833).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7553832n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/02/2013
1G MESSIDOR. AN 130. — N° 18833
:. *
Le numêTO - : QUINZE CENTMS
t
MERCREDI 5 JUILLET 1922. — H* 18833
Fondateurs (ÎS69J ?
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACOUERIE
ABONNEMENTS
Un ap Six mots Trois moia
REINE & S.-ET-CISE. 38.. 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 S
ETRANGER 49 » 25 » 13 »
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TRIBuNE LIBRE
1
Le trust de la prière
- - -,
Nous avons examiné, jusqu'ici, l'ac-
tion des Jésuites du point de vue fran-
çais. Avant de replacer dans le cadre in-
ternational (n'oublions pas que la Société
de Jésus est une Société des Nations!)
l'oeuvre des « directeurs pour la France»,
je voudrais répondre par un exemple ty-
pique à la question que me posent quel-
ques lecteurs : « D'où diable ces gens-la
tirent-ils leurs ressources ? »
Car, des ressources, il en faut pour
alimenter ces innombrables sociétés de
propagande, ces offices de documenta-
tion, ces syndicats et ces confédérations.
S'il est des associations qui « font leurs
frais », d'autres coûtent cher. D'où vient
l'argent ?
Tout simplement de la générosité des
croyants et de l'exploitation méthodique
de la foi populaire. Les Jésuites s'enten-
dent à merveille à moissonner, à l'aide
d'un outillage perfectionné, les épis de
la charité chrétienne, sans d'ailleurs se
demander s'ils ne font pas au clergé sé-
culier, réduit à glaner derrière eux, la
plus rude des concurrences.
La description d'une seule de leurs in-
nombrables exploitations vous prouvera
leurs capacités commerciales.
**
L'<( Apostolat de la Prière » a été fon-
dé il y a soixante ans passés par le R. P.
Ramière S. J.' dont l'oeuvre célébrait avec
éclat, l'an passé, le centenaire. (Messager
du Cœur de Jésus, juillet 1921.) Son but
est d'intéresser les fidèles au prosélytis-
me religieux, tant dans les pays catholi-
ques que dans les pays de mission. Plus
pratiquement, de recueillir des fonds
pour l'évangélisation des incroyants, en
donnant d'ailleurs à entendre que les Jé-
suites sont les (( apôtres » par excellence.
La Compagnie a réussi par là à mono-
poliser, al i isolant sous son contrôle,
une des formes les plus anciennes de la
piété romaine. Elle en centralise, aux dé-
pens de l'Eglise hiérarchique, les plus
clairs bénéfices en influence et en argent.
C'est l'éternelle méthode d'accaparement
que nos ancêtres avaient si bien dénoncée
dès l'arrivée des Jésuites en France, alors
qu'un aïeul de M. Edmond Du Mesnil
faisait écho, sur ce point, en plein Parle-
ment, aux griefs de la =r.:ne et du
clergé séculier.
*
3* £
Les organes de ce trust exploitent
naturellement tous les filons de la dé-
votion. ,
Le principal est le vaste reseau de
presse internationale constitué par les
«Messagers du Cœur de Jésus ». Ce ti-
tre s'éclaire lorsqu'on se souvient que la
dévotion au Sacré-Cœur a été organisée
par les directeurs jésuites de Marguerite-
Marie Alacoque et que la Compagnie, dès
la fin du dix-huitième siècle, a revendi-
qué le privilège presque exclusif de la
promouvoir et de l'entretenir. Actuelle-
ment qui dit « Sacré-Coeur » dit presque
toujours « jésuite ».
Il existe 51 Messagers, en toutes lan-
gues, qui ont ensemble 1.500.000 abon-
nés. En France, on n'en compte que
10.000, chiffre dont la direction déplore
l'insuffisance. Mais ils sont renforcés par
toute ,une série de publications jumelles'
chacune consacrée à une dévotion parti-
culière.
Pour l'exploitation du culte ancestral
de (( Notre-Dame », l'Apostolat de la
Prière publie le «Petit Messager du
Cœur de Marie», organe spécial des
congrégations de la Sainte 1 Vierge
(24.000 abonnés en France, qu'on es-
père porter à 40.000). Citons encore
(( Hostia )), revue eucharistique, le « Bul-
letin de la Croisade des Enfants », les
« Billets mensuels », sorte de courts
tracts à quatre pages' qui portent dans
le monde entier, quant à l' « essentiel »
le mot d'ordre à 1 million 200.000 as-
sociés
Sans parler du bénéfice laissé par les
abonnements, on voit quelle gigantesque
agence de publicité représentent ces pu-
blications de l'Apostolat de la Prière.
*
**
Or, cette œuvre n est autre chose qu'une
vaste entreprise commerciale. Elle s oc-
cupe, en effet, non seulement de rece-
voir les dons en faveur de toutes les for-
mes d'évangélisation possibles, mais en-
core de fournir, contre espèces tout ce
qui est nécessaire (et même superflu!)
pour la célébration du culte du Sacré -
Cœur, de la Vierge, des Saints, etc.
Brochures pieuses, manuels, livres de
prières, cantiques, rosaires, images, sta-
tues. s'y débitent à la grosse. L'œuvre
dispose de 80.000 centres de propagan-
de dans les deux hémisphères. Elle
compte 25 millions d'associés régulière-
ment inscrits sur ses contrôles, dont un
million pour là France et la Belgique. Il
est facile de se représenter la capacité
d'achat d'une telle clientèle. Un business
man américain n'hésiterait pas à affer-
mer pour des millions ce cotnptoir, l'un
des plus achalandés et des plus produc-
tifs du monde entier.
Or, tout cet argent va, non pas au ca-
tholicisme, mais aux Jésuites. Le centre
de l'œuvre pour la France est 9, rue
Montplaisir, à Toulouse. Le directeur gé-
néral est le R. P. jésuite Joseph Calot.
La fine fleur des rédacteurs et dirigeants,
les RR. PP. Bainvel, Lebreton, Parra,
Boubée, Dudon (récemment couronné
par l'Académie française) sont les mê-
mes que nous retrouvons aux « Etudes »,
organe officiel de la Compagnie.
Le trust jésuite de là prière est une
firme internationale à gros revenus. L'in-
ternationale jésuite sera un organisme
politique à grand rendement.
Maurice CHARNY.
) - ■ ■ ■'
ÉDITORIAL
« Nach Paris ! »
Léon Daudet est bien le
plus prestigieux jongleur
de paradoxes que je con-
naisse !
Le voilà qui nous donne
le XIX. siècle pour « stu-
pide » et M. Joffr'e pour
génial. Peste ! Et quelle richesse d'hy-
perboles, quelle abondance d'épithètes.
Sous la plume de Léon Daudèt le vaincu
■de Charleroi devient un « mélange de
Scipion et de Fabius ». Il est « étonnant,
'Y'-'entr.6r.œ,;:,
de, inébranlable », que Saty-y
C'est pourquoi sans aucun doute Cle-
menceau — l'autre gris-gris de Léon
Daudet — lui fendit l'oreille en cinq sec.
Pour désarmer ma « rogne v. Léon
Daudet consent le plus gentiment du
monde à nommer le « sagace Galliéni,
sauveur de Paris ». Un bon point ! Voi-
là qui est déjà mieux que du Debeney ;
et je suis fort sensible à cette spirituelle
attention. Tout de même je m'étonnerai
toujours que le sens critique, si prodi
gieusement développé du Directeur de
f,'A CÍion Française, ail consenti à consa-
crer ce culte des fausses idoles par quoi
on discrédite les vrais grands serviteurs
de la Patrie. Allons ! pas de doute. La
victoire de la Marne est la conséquence
directe de la contre-offensive de l'Ourcq,
trait de génie du seul Galliéni.
Joffre lui, avait Ú son actif, si l'on peut
dire, Morhange et Charleroi, et la re-
traite précipitée sans créer d'ouvrages de-
fensifs, sans mémeutiliser l'admirable
système de Vauban, qui nous- sauva au
moment de lYser.
Le « Catalan » se proposait-il de re-
gagner la Catalogne ? Toujours est-il que
le 3 septembre il avait donné l'ordre de
retraiter derrière la Seine, sacrifiant
Verdun et Paris. ,
Un de nos meilleurs critiques rriilitai-
res, qui connnanda, je crois, l'Ecole de
guerre, le général Bonnal cher à
l'Action Française — a porté sur le gé-
néral Joffre un jugement d'une sévérité
terrible, en expliquant « qu'il n'avait pu
acquérir en parvenant au généralat les
qualités militaires yqui lui avaient man-
qué pendant toute sa vie. » Et critiquant
l'ordre de retraite derrière la Seine, il
écrivait que si l'année française s'était
par malheur abritée derrière ce fleuve,
elle n'aurait jamais pu le repasser. »
Et voilà maintenant qu'on voudrait
nous donner ce dessein funeste comme
la cause du « prodigieux redressement
de la Marne )J.
Le redressement de la Marne est dix à
la victoire de l'Ourcq ; et la bataille de
l'Ourcq a été engagée par Gatliéni mal-
gré les hésitations et la résistance de
Joffre, qui s'inclina devant le fait ac-
comlJli. x
Mais comme il $"ut exploiter la victoire
de son ancien chef, devenu un rival
abhorré. Comme il sut l'écarter du com-
nwndement, et Vempêcher de tirer de sa
manœuvre la libération du territoire.
Comme il sut maintenir dans la pé-
nombre les Foch, les Pétain, tous les
irais grands chefs de guerre.
Comme il sut s'opposer aux larges
desseins de l'Armée d'Orient, qui pou-
vaient abréger les hostilités. Il voulait
seul « grignoter » les Boches !
Grignoter. Dire que pendant toute la
(¡/terrI? le héros de Léon Daudet n'a su
trouver qu'un terme culinaire ! Je suis
sûr qu'il dûit prendre Marengo pour une
blanquette.
Léon Daudet peut lui tresser des cou-
ronnes de laurier ; l'Histoire établira que
ce n'était que du laurier-sauce.
Edmond DU MESNIL.
On d it.
t f~*<.
En Passant
La date fatale
Après avoir recouvert mes mains de gants
hermétiques, après m'être cuirassé la face d'un
masque contre les gaz, et m'être entouré de
fioles diverses de produits hygiéniques, j'ai, à
la loupe, examiné un des bienheureux billets
de vingt sous, qui font à la fois l'horreur et
la joie de nos visiteurs étrangers.
Et j'ai frémi à une petite note inquiétante,
ainsi conçue : « Les billets en circulation se-
ront échangeables contre des billets de la Ban-
que de France jusqu'au 1er juillet 1922. » Or,
le 1er juillet est bel et bien passé. Toute la
fortune, donc, de lambeaux de papiers qu'avec
un courage méritoire, j'avais consenti & accep-
ter, ne valait plus rien ! J'eus été pauvre com-
me Job, si quelques pièces de cinq sous trou-
vées n'avaient heureusement' été oubliées au
fond d'une de mes poches. Non content de
m'inoculer quelques milliers de microbes quo-
tidiens, on me dépouillait encore arbitraire-
ment de quelques pauvres-francs, gagnés-à. la
sueur de mon front !
Mais non ! Hélas, non ! L'heureuse perspec-
tive d'être à jamais débarrassé de ces autobus
pour microbes n'était qu'un leurre ! La Fran-
ce est honnête, la Chambre de commerce de
Paris ne l'est pas moins. Elle ne veut pas nous
.appa,uvrir. Elle se contente de nous ,ÇItOi-.,
sonner ! *
Nous avons une occasion magnifique de voir
brûler tous les parasites que véhiculent les
ignobles coupures. C'était annoncé, c'était lé-
gal, c'était écrit ! Mais un conservatisme rétro-
grade a eu raison de toutes les belles promes-
ses.
Rien, chez nous, ne dure comme le provisoi-
re ! Et c'est pourquoi de longs mois encore,
nous transporterons au fond de nos poches les
crasseux petits rectangles de papier dentelé.
Et c'est pourquoi aussi je ne suis pas plus
pauvre qu'hier, mais je. suis certainement un
peu plus empoisonné .!
JIM.
Aujourd'hui
Pauvre gosse !
Dans les milieux du cinéma, une triste
nouvelle court, depuis quelques jours. »
Le Kid. ce délicieux bambin qui jouait avec
Chariot dans ce film qui eut tant de succès
à Paris. le Kid. petit Jack, serait mort.
- Il serait mort de surmenage, le pauvre gos-
.¿ Que Von faisait travailler sans répit de-
puis deux ans: victime du cinéma.
iSes -parentssâpres au gain, ne semblent pas
avoir beaucoup veillé sur cet enfant précoce
dont ils exploitaient le talent
.- ""R8'fÍ4titmt, Jia.^aumis^lçyest
fausse et que le Kid simplement fatigué re-
paraîtra bientôt dans un nouveau film
,
La reine-mère
Tamlis qu'un vent de révolte souffle sur nos
reines de Carnaval, de paisibles' Jetes se dérou-
lent à Liège à l'occasion du couronnement dé
la reine des commerçants du quartier de
l'Ouest.
Les Liégeois ont eu une idée infiniment tou-
chante. Ils ont choisi pour reine une aïeule
dont la vie vertueuse serait d'un bel exemple
à suivre.
Mme veuve Le jeune a eu onze enfants et
trente-trois petits-enfants.
La vieille dame aux cheveux blancs a été
fêtée comme il convient et les réjouissances se
sont terminées par un somptueux repas auquel
la reine-mère fit honneur.
Le Tapin.
LIRE A LA DEUXIEME PAGE
Gros incident à la Chambre
entre, M. Poincaré et M. Vaillant-Couturier
L'Assemblée décide de discuter aujourd'hui
les responsabilités de la guerre"
La Fête nationale |
américaine
JI — *
La France s'est associée à la célébration
du glorieux atmiversaire
Paris s'est pavoisé à l'occasion de la fête
nationale des Etats-Unis. Dans le quartier de
l'Opéra et de la Madeleine, de même que sur
les façades des monuments publics, ce ne sont
que faisceaux de drapeaux aux couleurs fran-
çaises et américaines, marquant l'amitié des
deux grandes Républiques dont les soldats
combattièrent côte'à côté pour la victoire du
Droit.
La célébration de « l'Independence Day »
a commencé hier par' une manifestation à la
statue de Washington, place d'Iéna. A dix
heures, les délégués de la section parisienne
des vétérans des guerres extérieures des Etats-
Unis, précédés de leur drapeau, ont déposé, au
pied de ce monument, une superbe couronne
de bronze. Les délégués de l'Association fran-
çaise des combattants et ceux de la Société
des médaillés militaires, avec leurs drapeaux,
se sont joints à eux et ont déposé des couron-
nes et des palmes. ,
A onze heures, les délégués des vétérans ont
fait le pèlerinage, de tradition en ce jour [Jour
les Américains, à la tombe de La Fayette, au
cimetière de Picpus, où les avait précédés le
colonel Bentley Mott, attaché militaire de
i'amba&sade dès Etats-Unis. Ils ont déposé sur
la tombe du héros français de la guerre de
l'Indépendance une magnifique couronne de
roses et de feuilles de, chêne.
Au Palais d'Orsay
C'est dans la soirée, au nalais d'Orsay, que
la fête de l'Independence a été Célébrée officiel-
lement. La Chambre 'de commerce américaine
y a donné son banquet, sous la présidence de
M. Walter Berry, son président. On remar-
quait parmi les convives : M. Myron T. Her-
rick, ambassadeur des Etats- Unis, MM. Poin-
caré, Léon Bourgeois, Jules Cambon, les maré-
chaux Foch et Joffre, etc
Au dessert, M. Walter Berry a prononcé
un éloquent discours dans lequel il a éta-
bli les droits de la France vis-à-vis de l'Al-
lemagne. « Si le Reich refuse de réparer,
dit-il, c'est parce qu'il ne veut pas» que la
France se relève. » Après avoir fait le pro-
cès de la politique suivie par les banquiers,
récemment appelés en consultation, M. Wal-
ter Berry a terminé ,en ces termes : « Si on
laisse la France, - cette France que l'on
dénomme « impérialiste » parce qu'elle veut
seulement vivre, — dans un état d'infério-
rité vis-à-vis de l'Allemagne, je vois dans
quelques années, datis quelques courtes an-
nées, la nouvelle invasion, et la France, épui-
sée non seulement par les' blessures de ses
jenraemis, .mais par l'inconficienee de ses al-
liés, incapable d'y rêejstet. 1
«. iMfiteieurs, !.l"c..:ju 'PaeiAque
vaudra ce qu'elle vaudrai-mais-ai on veut la
paix du monde, il faut que là-bas, à l'Est, les
Marches de France soient rendues inviola-
bles. »
Après M. Walter Berry, le président du
Conseil a pris la parole. Il a célébré l'amitié
franco-américaine et affirmé le pacifisme de
la France.'
Les deux discours ont été très applaudis.
Un télégramme de M. Millerand
au président Harding
Le président de la République, à l'occasion
de la tête de l'Indépendance américaine, a
adreseé à M. Harding, président des Etats-
Unis d'Amérique, le télégramme suivant :
« Le peuple français entend s'associer de
tout cœur à la fête de l'Indépendance, que cé-
lèbre aujourd'hui le peuple américain.
« Les épreuves communes qu'ont, côte à
côte, subies les deux nations en vue d'assurer
au monde le règne de la liberté, leur rendent
plus chers et plus émouvants les anniversai-
res où l'une d'elles commémore le triomphe
de cette noble cause.
« Au nom de la France unie par une ami-
tié puissante aux Etats-Unis d'Amérique, je
vous adresse, monsieur le Président, à vous
et à la grande République que vous représen-
tez, mes souhaits les plus cordiaux de bon-
heur et de prospérité.
« Signé : MILLERAXD. »
ENCORE UNE CATASTROPHE
L'express de Strasbourg - Paris a déraillé
- - ca- 0 ®Î>- ■
Trois morts et vingt-trois blessés
Le train express qui quitte Strasbourg, à
destination de Paris, à 8 h.. 10 du soir, a dé-
raillé, dans la nuit de lundi à mardi, vers
11 h. 30, à 50 mètres environ avant la gare
de Sarrebourg.
Les victimes
Le nombre des morts est de trois ; quant
aux blessés, ils seraient près de trente. Voi-
ci la liste des victimes :
Morts : Mécanicien Ade Michaël, du dé-
pôt de Strasbourg ; Mme Andrée Chazelle,
de Paris ; M. Winterhalter, conducteur à
Paris.
Élessés grièvement : M. Jost Alois, chef
de train à Strasbourg ; M. Spengler Herber,
chauffeur à Strasbourg, et Mlle Rochet, de
Paris.
Blessés légèrement : M. Neumann Léon,
de Haguenau ; Mlle Marguerite Fournier,
de Mulhouse ; M. Louis Jost, de Strasbourg;
M. Thomas Seltz, député, de Strasbourg ;
M. Bornoni, de Paris ; M. Delsor, sénateur,
de Strasbourg ; M. Lienhardt, conducteur
à Strasbourg ; M. Lannes Jules, conduc-
teur de poste à Baquelin ; M. Arjalies Ca-,
simir, conducteur de poste à Vaires-sur-
Marne ; M. Royet Emile, de Paris, conduc-
teur de poste ; M. Amet Charles, de Massy,
conducteur de poste ; M. Gehin, conducteur
de poste, de Brancy ; M. Barat, conducteur
de poste à Saint-Thiébauld ; M. Fundt Au-
guste, conducteur de poste à Paris ; M.
Schwab, de (Joimar ; Mme i'eyruissun, ae
Strasbourg ; M. Samuel Théophile, de Col-
mar ; M. Lehmann Henri, de Paris ; M.
Boury François, soldat du train des équipa-
ges, et M. Broé Edmond, de Guabelont.
Dans le train se trouvaient un certain
nombre de pasteurs faisant partie de la
délégation des pasteurs protestants d'Alsa-
ce-Lorraine, actuellement à Paris. Ils'sont
arrivés hier matin à la gare de l'Est avec
trois heures de retard.
* Le sauvetage des blessés
Strasbourg, 4 juillet. A l'heure actuelle,
les causes de la catastrophe de Sarrebourg
n'ont pu encore être établies. L'enquête dira
si elle doit être attribuée à une fausse ma-
nœuvre d'aiguillage, car à cet endroit (3e
trouvent de nombreuses aiguilles qui se croi-
sent, ou si elle est due à la trop grande vi-
tesse du frain lors du passage de ces ai-
guilles.
La nouvelle se répandit rapidement dans
la ville, car le sifflet de la locomotive, qui se
fiL entendre longtemps, donna le signal d'a-
larme. Immédiatement, des habitants, des mi-
litaires, des membres du clergé se rendirent
sur les lieux de la catastrophe.
A la faveur de torches et de chandelles, on
put commencer les opérations de sauvetage.
Ensuite, arrivèrent les pompiers et un déta-
chement de soldats qui commencèrent à dé-
blayer et à organiser le service d'ordre. De
nombreux propriétaires d'automobiles mirent
leurs voitures à la disposition dès services
sanitaires pour le transport des blessés dans
les pharmacies et dans les hôpitaux.
Les lieux de la catastrophe présentaient
un aspect horrible. La locomotive était arra-
chée du reste du train et projetée sur le cô-
té. Elle ne formait plus qu'un tas de débris
sous lesquels gisaient les deux malheureux
mécaniciens. Les voitures de devant, renver-
sées, avaient pénétré les unes dans les au-
tres. Le wagon restaurant était projeté sur
le côté, ce qui permit d'ailleurs de sauver les
personnes qui s'y trouvaient.
Il n'en fut malheureusement pas de même
des wagons de queue, d'où l'on entendait par-
tir des plaintes et des gémissements affreux.
En effet, par suite du choc violent, les voitu-
res étaient écrasées les unes sur les autres
et l'on ne put procéder que très lentement au
sauvetage. Leurs occupants se trouvaient
dans une situation telle qu'ils ne pouvaient
se mouvoir et souffraient cruellement. C'est
ainsi qu'une femme et ses deux petits enfants
étaient coincés et emprisonnés de telle sorte
qu'il fallut, pour les retirer, scier morceau
par morceau une partie du wagon.
Les voies sont arrachées sur une grande
étendue ; il faudra plusieurs jours pour que
la circulation puisse être rétablie.
POLITIQUE -ETRANGERE
Les nationalistes allemands continuent
Les agresseurs du polémiste Maximilien Harden appartiennent
aux mêmes milieux que les assassins de Rathenau. — Une arrestation
a déjà été opérée par la police
A La Haye, le fossé se creuse entre tes Russes et tes Alliés
En une même journée, dans
des domaines très divers,
deux faits venaient, hier, il-
lustrer la thèse du redresse-
Iment pangermaniste. A Leip-
zig, l'odieux médecin Michel-
sohn, coitpable, d'avoir brutalisé, volé, laissé
'mourir des prisonniers français et russes,
dait acquitté. A Berlin, Maximilien Harden
était attaqué par les camelots de la monar-
chie.
L'âpre conflit qui, depuis 1918, met aux
prises la démocratie allemande et la réac-
tion tenace et forcenée entre de plus en plus
dans une phase sanglante. L'attentat contre
Harden, venant après l'assassinat de Rathe-
nau, montre combien le pangermanisme croit
venue l'heurè de redresser la tête -et d'entrer
ilans la voie des actes. Tout ce qui, dans le
but de détourner l'attention des Alliés, a
pu être dit sur le désarmement moral de lAl-
lemagne se heurte aux faits éloquents. Après
Eisner, Liebknecht, Rosa Luxembourg, Gro-
deis, nous avons Rathenau et Harden. A qui
le tour, maintenant ?
Maximilien Harden. cependant, n'était, pas
homme d'Etat. Mais il était polémiste ardent
et son influence déliassait largement celle de
bien des politiciens. Comme Rathenau, il est
israélite ; comme Rathenau, il a évolué et,
après avoir jadis soutenu le chancelier de
fer aux prises avec Guillaume, il est devenu
l'un des porte-drapeau de la presse indépen-
dante et démocrate. Comme Rathenau, il est
réalisateur et n'hésita pas à porter le fer
rouge sur toutes les plaies de la société ger-
manique.
L'influence qu'il avait prise avec son jour-
nal, la Zukunft devait troubler les panger-
manistes impénitents. C'est une voix qu'il fal-
lait étouffer ; il devait se trouver fatalement
sur la route où opèrent les terroristes berli-
nois. 1
Et l'audace de la camarilla qui, n'ayant
jamais cédé, ose aujourd'hui relever la tête,
prouve une fois de plus la faiblesse du gou-
vernement du Reich.
Quels que soient les édita qu'il tente de
lancer aujourd'hui, le mal est fait. Malgré la
ibonne volonté de M. Wirth, malgré les efforts
républicains, il faudrait une poigne de
fer pour arriver à dompter le flot impatient
de la réaction. auquel l'inertie des hommes
de -la jeune Allemagne a trop longtemps laissé
libre cours. ,
Raymond LANGE.
L'attentat contre Harden
Berlin 4 juillet. — Suivant un communiqué
officiel, i'enquête ouverte par la police aussi-
tôt après l'agression dont M. Maximilien Har-
den a été victime, a établi que deux person-
nes avaient participé à cette agression. L'un
des auteurs de l'attentat a été arrêté et la po-
lice berlinoise est sur les traces de l'autre.
Les deux agresseurs appartiennent aux mê-
mes milieux que les meurtriers du ministre
Rathenau. L'agresseur arrêté est membre de
l'Association des soldats nati()naliste.
L'ETAT DU BLESSE
Berlin, 4 juillet. — Les blessures de M.
Maximilien Harden, tout en étant sérieuses,
n'inspirent pas de craintes pour sa vie.
Il a reçu 7 coups sur la tête.
LA PROTECTION DE LA REPUBLIQUE
Munich, 4 juillet. — Le comte LerchentfeM
a rendu compte, au conseil des ministres, des
pourparlers avec le gouvernement d'Empire,
au sujet du projet de loi' sur la protecti-on de
la République.
Le conseil des ministres a approuvé l'atti-
tude du comte Lerchenfeld et lui a donné de
nouvelles instructions.
UNE CONVERSATION AVEC LE KAISER
Le baron Clemens von Radowitz Ney, an-
'cien diplomate allemand, vient de publier dans
le New-York Times un article décrivant une
visite qu'il fit à l'ex-empereur d'Allemagne à
Doorn, du 20 au 23 mai dernier. Guillaume II
prédit que la monarchie serait restaurée en
Allemagne, mais que lui-même ne reviendrait
plus. Il a envisagé la République allemande
comme un, régime intermédiaire et croit à la
possibilité d'une restauration au profit de la
dynastie bavaroise des Wittelsbach. Au cours
de son entretien avec le baron Radowitz, qui
était accompagné de trois autres visiteurs al-
lemands, Guillaume II a demandé :
— Que pense de moi la jeune génération
allemande ?
— Elle ne dit rien de vous.
L'ex-empereur soupira et dit :
— Tout ce que je demande, c'est de me ca-
cher. Mais, dites-moi, la nouvelle gén'ération
a-t-elle oublié les idées monarchistes et la
gloire des Hohenzollern ?
— Il existe, répondit Radowitz, un assez fort
courant de sentiments monarchistes en Alle-
magne.
— La monarchie reviendra, déclara l'ex-em-
pereur: Pas maintenant, mais dans quelques
années, je ne sais pas comment. Mais moi, je
ne deviendrai .pas.
— Qui restaurera la monarchie ? demanda
Radowitz.
Guillaume II ne répondit pas.
La Conférence de la Haye
LITVINOF ECHOUE
La Haye, 4 juillet. — Malgré l'insistance
de M. Litvinof qui, par cinq fois a réitéré
sa demande, la sous-commission des biens pri-
vés a refusé de prendre en considération le
projet russe de questionnaire destiné aux
porteurs de titres.
M. Litvinof a pris acte de ce refus et a
déclaré qu'il autoriserait les Russes à faire
éventuellement de même pour les demandes
des puissances.
Il convient de noter que la délégation russe
entendait envoyer le questionnaire non seu-
lement aux porteurs de titres, mais encore à
tous les détenteurs de biens privés en Rus-
sie.
Le président Gream a demandé avec quoi
seraient payés les frais d'expédition des 4 à
5 millions de circulaires nécessaires.
M. Litvinof a répondu : « Avec !es crédits
qui nous seront accordés. »
« Je pensais, répondit le président, que-
ce serait avec les fonds de la propagande bol-
chevique à l'étranger. »
LA RESTITUTION DES BIENS SEMBLE
COMPROMISE
Sir Philip Gream ayant estimé que la dis-
cussion touchant le questionnaire avait as-
sez duré avait proposé que la commission
passât à un autre problème non moins impor-
tant, celui de la restitution des biens confis-
qués pas la Révolution russe. Conformément
au programnje qu'il avait suggéré, que, sans
se prononcer sur le principe de la restitution.
et, donc, de la propriété, on examina en
'commun avec les Russes, par catégories, en
commençant par les machines agricoles, ceux
des biens que, les Soviets seraient disposés
à rendre à leurs anciens propriétaires et à.
quelles conditions.
M. Litvinof, intervenant alors, déclara.
qu'une telle discussion était superflue puis-
que, avant très peu de jours, les Soviets se-
raient en mesure de faire savoir dans un
document écrit quelles concessions, - il ne
dit pas quelles restitutions, — ils seraient
disposés à accorder.
Chacun des délégués comprit l'importance
de la distinction que venait de souligner M.
Litvinof et qu'un nouveau fossé venait de
séparer les Puissances des Russes. Néan-
moins, personne ne jugea opportua d& raie-
ver cette opposition sur l'heure. -
On annonce pour jeudi l'arrivée de M. Krass-
sine. Certains prétendent que M- Krassinfi
serait porteur d'instructions assez conciliant
tes. :
- -..-
Aux élections de 1924
la G.G.T. entrera dans la lutte
Déclarations de M. Dumoulin
Au cours de la soirée d'hier, le Comité na-
tioD'tl de la C.. O., T. s'est occupé du pro-
gramme- -dressé voici quelque teattL
Comme l'établissement, de conseils d'entre-
prises avait été laissé au second plan, nous
avons demandé à M. Dumoulin, secrétaire
de la C.G.T. de nous en expliquer les raiSong.
« A l'heure qu'il est, nous a dit M. Du-
moulin, avec la Chambre- actuelle, nous per-
drions notre temps en soutenant activemecr
cette revendication. Il nous faut attendre le,
élections de 1924. Nous sommes, d'ailleurs,
résolus à entrer à ce moment dans la lutte
électorale. Non comme « parti travailliste <>
comme on l'a dit à tort, non en soutenant les
socialistes contre les communistes s ou, ecv
core moins les communistes contre les socia-
listes, mais en soutenant activement, forte-
ment, les candidats qui accepteront notre pro-
gramme et en combattant les autres. Poar la
première fois, la C.G.T. agira ain'st.::: maas,
réaliste avant tout. elle se doit de le taire».
- R. P,
c, ■'
A LA S. E>. N
Lord Robert Cecil expose
un projet de désarmement
La réduction des forces serait compensée
par des alliances entre pays d'Europe.
La commission temporaire mixte pour la
réduction des armements s'est réunie hier
matin au Petit-Luxembourg, sous la présiden-
ce de M. Viviani. La discussion générale a
été engagée sur le projet de réduction des
armements présenté par lord Robert Cecil,
à titre purement individuel.
Lord Robert Cecil constate que les arme-
ments constituent aujourd'hui 20 0/0 des dé-
penses totales des pays civilisés. Il fait re-
marquer qu'il existe pour tous ces pays uu
danger particulier pour le cas où un revire-
ment subit de l'opinion publique contrain-
drait l'un d'eux à désarmer brusquement. 11
insiste donc sur la nécessité de prévoir une
réduction générale dans laquelle, bien enten-
du, l'Allemagne et la Hongrie seraient com-
prises puisqu'elles sont déjà tenues de res-
treindre leurs armements d'après les traités
qu'elles ont signés. Quant à la Russie, il
serait aussi nécessaire qu'elle fût comprise
dans tout plan général de désarmement.
Lord Robert Cecil insiste sur la nécessité
d'une garantie pour la sécurité des pays afin
que le désarmement puisse se produire. Cette
garantie, lord Robert Cecil la voit dans des
alliances générales. Ces alliances devraient
toutefois se limiter à des groupements conti-
nentaux, de telle sorte que, par eXePple, des
Républiques sud-américaines n'aient pas A
accourir à la défense d'un pays de l'Europe
centrale ou vice-versa.
Lord Robert Cecil déclare qu'il est indis-
pensable de lier le projet de l'alliance géné-
rale défensive au projet de réduction des ar-
mements, car — dit-il — il y'a des pays com-
me l'Angleterre où l'opinion publique n'ac-
cepterait une alliance qu'à condition qu'elle
soit accompagnée d'un accord de désarme-
ment, tandis qu'il y en a d'autres, notamment
sur le continent européen, qui n'admettraient
pas la réduction des armements sans la ia-
rantie d'une alliance générale.
Le prince Sapieha, répondant à une allu-
sion de lord Robert Cecil, explique que 16
gouvernement des Soviets a fait des propo-
sitions aux pays limitrophes en vue du désar-
mement. Le prince Sapieha n'a pas reçu
d'informations précises à ce sujet, mais il ef
certain que le gouvernement polonais, aprèr
s'être consulté avec les gouvernements inté-
ressés. fera parvenir très prochainement la
réponse et il considère comme possible
qu'une conférence soit amenée à s'occuper
de cette question.
M. Lebrun fait remarquer, au sujet du pr,-
jet présenté par lord Robert Cecil. Q.iÚ'
:. *
Le numêTO - : QUINZE CENTMS
t
MERCREDI 5 JUILLET 1922. — H* 18833
Fondateurs (ÎS69J ?
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACOUERIE
ABONNEMENTS
Un ap Six mots Trois moia
REINE & S.-ET-CISE. 38.. 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 S
ETRANGER 49 » 25 » 13 »
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RAYMOND LANGE
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Directeur: EDMOND DU MESNIL
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Rédaction ei administration : lord 24-90,24-91--- Apres 10 n. (la soIr: RopeiteflHS
TRIBuNE LIBRE
1
Le trust de la prière
- - -,
Nous avons examiné, jusqu'ici, l'ac-
tion des Jésuites du point de vue fran-
çais. Avant de replacer dans le cadre in-
ternational (n'oublions pas que la Société
de Jésus est une Société des Nations!)
l'oeuvre des « directeurs pour la France»,
je voudrais répondre par un exemple ty-
pique à la question que me posent quel-
ques lecteurs : « D'où diable ces gens-la
tirent-ils leurs ressources ? »
Car, des ressources, il en faut pour
alimenter ces innombrables sociétés de
propagande, ces offices de documenta-
tion, ces syndicats et ces confédérations.
S'il est des associations qui « font leurs
frais », d'autres coûtent cher. D'où vient
l'argent ?
Tout simplement de la générosité des
croyants et de l'exploitation méthodique
de la foi populaire. Les Jésuites s'enten-
dent à merveille à moissonner, à l'aide
d'un outillage perfectionné, les épis de
la charité chrétienne, sans d'ailleurs se
demander s'ils ne font pas au clergé sé-
culier, réduit à glaner derrière eux, la
plus rude des concurrences.
La description d'une seule de leurs in-
nombrables exploitations vous prouvera
leurs capacités commerciales.
**
L'<( Apostolat de la Prière » a été fon-
dé il y a soixante ans passés par le R. P.
Ramière S. J.' dont l'oeuvre célébrait avec
éclat, l'an passé, le centenaire. (Messager
du Cœur de Jésus, juillet 1921.) Son but
est d'intéresser les fidèles au prosélytis-
me religieux, tant dans les pays catholi-
ques que dans les pays de mission. Plus
pratiquement, de recueillir des fonds
pour l'évangélisation des incroyants, en
donnant d'ailleurs à entendre que les Jé-
suites sont les (( apôtres » par excellence.
La Compagnie a réussi par là à mono-
poliser, al i isolant sous son contrôle,
une des formes les plus anciennes de la
piété romaine. Elle en centralise, aux dé-
pens de l'Eglise hiérarchique, les plus
clairs bénéfices en influence et en argent.
C'est l'éternelle méthode d'accaparement
que nos ancêtres avaient si bien dénoncée
dès l'arrivée des Jésuites en France, alors
qu'un aïeul de M. Edmond Du Mesnil
faisait écho, sur ce point, en plein Parle-
ment, aux griefs de la =r.:ne et du
clergé séculier.
*
3* £
Les organes de ce trust exploitent
naturellement tous les filons de la dé-
votion. ,
Le principal est le vaste reseau de
presse internationale constitué par les
«Messagers du Cœur de Jésus ». Ce ti-
tre s'éclaire lorsqu'on se souvient que la
dévotion au Sacré-Cœur a été organisée
par les directeurs jésuites de Marguerite-
Marie Alacoque et que la Compagnie, dès
la fin du dix-huitième siècle, a revendi-
qué le privilège presque exclusif de la
promouvoir et de l'entretenir. Actuelle-
ment qui dit « Sacré-Coeur » dit presque
toujours « jésuite ».
Il existe 51 Messagers, en toutes lan-
gues, qui ont ensemble 1.500.000 abon-
nés. En France, on n'en compte que
10.000, chiffre dont la direction déplore
l'insuffisance. Mais ils sont renforcés par
toute ,une série de publications jumelles'
chacune consacrée à une dévotion parti-
culière.
Pour l'exploitation du culte ancestral
de (( Notre-Dame », l'Apostolat de la
Prière publie le «Petit Messager du
Cœur de Marie», organe spécial des
congrégations de la Sainte 1 Vierge
(24.000 abonnés en France, qu'on es-
père porter à 40.000). Citons encore
(( Hostia )), revue eucharistique, le « Bul-
letin de la Croisade des Enfants », les
« Billets mensuels », sorte de courts
tracts à quatre pages' qui portent dans
le monde entier, quant à l' « essentiel »
le mot d'ordre à 1 million 200.000 as-
sociés
Sans parler du bénéfice laissé par les
abonnements, on voit quelle gigantesque
agence de publicité représentent ces pu-
blications de l'Apostolat de la Prière.
*
**
Or, cette œuvre n est autre chose qu'une
vaste entreprise commerciale. Elle s oc-
cupe, en effet, non seulement de rece-
voir les dons en faveur de toutes les for-
mes d'évangélisation possibles, mais en-
core de fournir, contre espèces tout ce
qui est nécessaire (et même superflu!)
pour la célébration du culte du Sacré -
Cœur, de la Vierge, des Saints, etc.
Brochures pieuses, manuels, livres de
prières, cantiques, rosaires, images, sta-
tues. s'y débitent à la grosse. L'œuvre
dispose de 80.000 centres de propagan-
de dans les deux hémisphères. Elle
compte 25 millions d'associés régulière-
ment inscrits sur ses contrôles, dont un
million pour là France et la Belgique. Il
est facile de se représenter la capacité
d'achat d'une telle clientèle. Un business
man américain n'hésiterait pas à affer-
mer pour des millions ce cotnptoir, l'un
des plus achalandés et des plus produc-
tifs du monde entier.
Or, tout cet argent va, non pas au ca-
tholicisme, mais aux Jésuites. Le centre
de l'œuvre pour la France est 9, rue
Montplaisir, à Toulouse. Le directeur gé-
néral est le R. P. jésuite Joseph Calot.
La fine fleur des rédacteurs et dirigeants,
les RR. PP. Bainvel, Lebreton, Parra,
Boubée, Dudon (récemment couronné
par l'Académie française) sont les mê-
mes que nous retrouvons aux « Etudes »,
organe officiel de la Compagnie.
Le trust jésuite de là prière est une
firme internationale à gros revenus. L'in-
ternationale jésuite sera un organisme
politique à grand rendement.
Maurice CHARNY.
) - ■ ■ ■'
ÉDITORIAL
« Nach Paris ! »
Léon Daudet est bien le
plus prestigieux jongleur
de paradoxes que je con-
naisse !
Le voilà qui nous donne
le XIX. siècle pour « stu-
pide » et M. Joffr'e pour
génial. Peste ! Et quelle richesse d'hy-
perboles, quelle abondance d'épithètes.
Sous la plume de Léon Daudèt le vaincu
■de Charleroi devient un « mélange de
Scipion et de Fabius ». Il est « étonnant,
'Y'-'entr.6r.œ,;:,
de, inébranlable », que Saty-y
C'est pourquoi sans aucun doute Cle-
menceau — l'autre gris-gris de Léon
Daudet — lui fendit l'oreille en cinq sec.
Pour désarmer ma « rogne v. Léon
Daudet consent le plus gentiment du
monde à nommer le « sagace Galliéni,
sauveur de Paris ». Un bon point ! Voi-
là qui est déjà mieux que du Debeney ;
et je suis fort sensible à cette spirituelle
attention. Tout de même je m'étonnerai
toujours que le sens critique, si prodi
gieusement développé du Directeur de
f,'A CÍion Française, ail consenti à consa-
crer ce culte des fausses idoles par quoi
on discrédite les vrais grands serviteurs
de la Patrie. Allons ! pas de doute. La
victoire de la Marne est la conséquence
directe de la contre-offensive de l'Ourcq,
trait de génie du seul Galliéni.
Joffre lui, avait Ú son actif, si l'on peut
dire, Morhange et Charleroi, et la re-
traite précipitée sans créer d'ouvrages de-
fensifs, sans mémeutiliser l'admirable
système de Vauban, qui nous- sauva au
moment de lYser.
Le « Catalan » se proposait-il de re-
gagner la Catalogne ? Toujours est-il que
le 3 septembre il avait donné l'ordre de
retraiter derrière la Seine, sacrifiant
Verdun et Paris. ,
Un de nos meilleurs critiques rriilitai-
res, qui connnanda, je crois, l'Ecole de
guerre, le général Bonnal cher à
l'Action Française — a porté sur le gé-
néral Joffre un jugement d'une sévérité
terrible, en expliquant « qu'il n'avait pu
acquérir en parvenant au généralat les
qualités militaires yqui lui avaient man-
qué pendant toute sa vie. » Et critiquant
l'ordre de retraite derrière la Seine, il
écrivait que si l'année française s'était
par malheur abritée derrière ce fleuve,
elle n'aurait jamais pu le repasser. »
Et voilà maintenant qu'on voudrait
nous donner ce dessein funeste comme
la cause du « prodigieux redressement
de la Marne )J.
Le redressement de la Marne est dix à
la victoire de l'Ourcq ; et la bataille de
l'Ourcq a été engagée par Gatliéni mal-
gré les hésitations et la résistance de
Joffre, qui s'inclina devant le fait ac-
comlJli. x
Mais comme il $"ut exploiter la victoire
de son ancien chef, devenu un rival
abhorré. Comme il sut l'écarter du com-
nwndement, et Vempêcher de tirer de sa
manœuvre la libération du territoire.
Comme il sut maintenir dans la pé-
nombre les Foch, les Pétain, tous les
irais grands chefs de guerre.
Comme il sut s'opposer aux larges
desseins de l'Armée d'Orient, qui pou-
vaient abréger les hostilités. Il voulait
seul « grignoter » les Boches !
Grignoter. Dire que pendant toute la
(¡/terrI? le héros de Léon Daudet n'a su
trouver qu'un terme culinaire ! Je suis
sûr qu'il dûit prendre Marengo pour une
blanquette.
Léon Daudet peut lui tresser des cou-
ronnes de laurier ; l'Histoire établira que
ce n'était que du laurier-sauce.
Edmond DU MESNIL.
On d it.
t f~*<.
En Passant
La date fatale
Après avoir recouvert mes mains de gants
hermétiques, après m'être cuirassé la face d'un
masque contre les gaz, et m'être entouré de
fioles diverses de produits hygiéniques, j'ai, à
la loupe, examiné un des bienheureux billets
de vingt sous, qui font à la fois l'horreur et
la joie de nos visiteurs étrangers.
Et j'ai frémi à une petite note inquiétante,
ainsi conçue : « Les billets en circulation se-
ront échangeables contre des billets de la Ban-
que de France jusqu'au 1er juillet 1922. » Or,
le 1er juillet est bel et bien passé. Toute la
fortune, donc, de lambeaux de papiers qu'avec
un courage méritoire, j'avais consenti & accep-
ter, ne valait plus rien ! J'eus été pauvre com-
me Job, si quelques pièces de cinq sous trou-
vées n'avaient heureusement' été oubliées au
fond d'une de mes poches. Non content de
m'inoculer quelques milliers de microbes quo-
tidiens, on me dépouillait encore arbitraire-
ment de quelques pauvres-francs, gagnés-à. la
sueur de mon front !
Mais non ! Hélas, non ! L'heureuse perspec-
tive d'être à jamais débarrassé de ces autobus
pour microbes n'était qu'un leurre ! La Fran-
ce est honnête, la Chambre de commerce de
Paris ne l'est pas moins. Elle ne veut pas nous
.appa,uvrir. Elle se contente de nous ,ÇItOi-.,
sonner ! *
Nous avons une occasion magnifique de voir
brûler tous les parasites que véhiculent les
ignobles coupures. C'était annoncé, c'était lé-
gal, c'était écrit ! Mais un conservatisme rétro-
grade a eu raison de toutes les belles promes-
ses.
Rien, chez nous, ne dure comme le provisoi-
re ! Et c'est pourquoi de longs mois encore,
nous transporterons au fond de nos poches les
crasseux petits rectangles de papier dentelé.
Et c'est pourquoi aussi je ne suis pas plus
pauvre qu'hier, mais je. suis certainement un
peu plus empoisonné .!
JIM.
Aujourd'hui
Pauvre gosse !
Dans les milieux du cinéma, une triste
nouvelle court, depuis quelques jours. »
Le Kid. ce délicieux bambin qui jouait avec
Chariot dans ce film qui eut tant de succès
à Paris. le Kid. petit Jack, serait mort.
- Il serait mort de surmenage, le pauvre gos-
.¿ Que Von faisait travailler sans répit de-
puis deux ans: victime du cinéma.
iSes -parentssâpres au gain, ne semblent pas
avoir beaucoup veillé sur cet enfant précoce
dont ils exploitaient le talent
.- ""R8'fÍ4titmt, Jia.^aumis^lçyest
fausse et que le Kid simplement fatigué re-
paraîtra bientôt dans un nouveau film
,
La reine-mère
Tamlis qu'un vent de révolte souffle sur nos
reines de Carnaval, de paisibles' Jetes se dérou-
lent à Liège à l'occasion du couronnement dé
la reine des commerçants du quartier de
l'Ouest.
Les Liégeois ont eu une idée infiniment tou-
chante. Ils ont choisi pour reine une aïeule
dont la vie vertueuse serait d'un bel exemple
à suivre.
Mme veuve Le jeune a eu onze enfants et
trente-trois petits-enfants.
La vieille dame aux cheveux blancs a été
fêtée comme il convient et les réjouissances se
sont terminées par un somptueux repas auquel
la reine-mère fit honneur.
Le Tapin.
LIRE A LA DEUXIEME PAGE
Gros incident à la Chambre
entre, M. Poincaré et M. Vaillant-Couturier
L'Assemblée décide de discuter aujourd'hui
les responsabilités de la guerre"
La Fête nationale |
américaine
JI — *
La France s'est associée à la célébration
du glorieux atmiversaire
Paris s'est pavoisé à l'occasion de la fête
nationale des Etats-Unis. Dans le quartier de
l'Opéra et de la Madeleine, de même que sur
les façades des monuments publics, ce ne sont
que faisceaux de drapeaux aux couleurs fran-
çaises et américaines, marquant l'amitié des
deux grandes Républiques dont les soldats
combattièrent côte'à côté pour la victoire du
Droit.
La célébration de « l'Independence Day »
a commencé hier par' une manifestation à la
statue de Washington, place d'Iéna. A dix
heures, les délégués de la section parisienne
des vétérans des guerres extérieures des Etats-
Unis, précédés de leur drapeau, ont déposé, au
pied de ce monument, une superbe couronne
de bronze. Les délégués de l'Association fran-
çaise des combattants et ceux de la Société
des médaillés militaires, avec leurs drapeaux,
se sont joints à eux et ont déposé des couron-
nes et des palmes. ,
A onze heures, les délégués des vétérans ont
fait le pèlerinage, de tradition en ce jour [Jour
les Américains, à la tombe de La Fayette, au
cimetière de Picpus, où les avait précédés le
colonel Bentley Mott, attaché militaire de
i'amba&sade dès Etats-Unis. Ils ont déposé sur
la tombe du héros français de la guerre de
l'Indépendance une magnifique couronne de
roses et de feuilles de, chêne.
Au Palais d'Orsay
C'est dans la soirée, au nalais d'Orsay, que
la fête de l'Independence a été Célébrée officiel-
lement. La Chambre 'de commerce américaine
y a donné son banquet, sous la présidence de
M. Walter Berry, son président. On remar-
quait parmi les convives : M. Myron T. Her-
rick, ambassadeur des Etats- Unis, MM. Poin-
caré, Léon Bourgeois, Jules Cambon, les maré-
chaux Foch et Joffre, etc
Au dessert, M. Walter Berry a prononcé
un éloquent discours dans lequel il a éta-
bli les droits de la France vis-à-vis de l'Al-
lemagne. « Si le Reich refuse de réparer,
dit-il, c'est parce qu'il ne veut pas» que la
France se relève. » Après avoir fait le pro-
cès de la politique suivie par les banquiers,
récemment appelés en consultation, M. Wal-
ter Berry a terminé ,en ces termes : « Si on
laisse la France, - cette France que l'on
dénomme « impérialiste » parce qu'elle veut
seulement vivre, — dans un état d'infério-
rité vis-à-vis de l'Allemagne, je vois dans
quelques années, datis quelques courtes an-
nées, la nouvelle invasion, et la France, épui-
sée non seulement par les' blessures de ses
jenraemis, .mais par l'inconficienee de ses al-
liés, incapable d'y rêejstet. 1
«. iMfiteieurs, !.l"c..:ju 'PaeiAque
vaudra ce qu'elle vaudrai-mais-ai on veut la
paix du monde, il faut que là-bas, à l'Est, les
Marches de France soient rendues inviola-
bles. »
Après M. Walter Berry, le président du
Conseil a pris la parole. Il a célébré l'amitié
franco-américaine et affirmé le pacifisme de
la France.'
Les deux discours ont été très applaudis.
Un télégramme de M. Millerand
au président Harding
Le président de la République, à l'occasion
de la tête de l'Indépendance américaine, a
adreseé à M. Harding, président des Etats-
Unis d'Amérique, le télégramme suivant :
« Le peuple français entend s'associer de
tout cœur à la fête de l'Indépendance, que cé-
lèbre aujourd'hui le peuple américain.
« Les épreuves communes qu'ont, côte à
côte, subies les deux nations en vue d'assurer
au monde le règne de la liberté, leur rendent
plus chers et plus émouvants les anniversai-
res où l'une d'elles commémore le triomphe
de cette noble cause.
« Au nom de la France unie par une ami-
tié puissante aux Etats-Unis d'Amérique, je
vous adresse, monsieur le Président, à vous
et à la grande République que vous représen-
tez, mes souhaits les plus cordiaux de bon-
heur et de prospérité.
« Signé : MILLERAXD. »
ENCORE UNE CATASTROPHE
L'express de Strasbourg - Paris a déraillé
- - ca- 0 ®Î>- ■
Trois morts et vingt-trois blessés
Le train express qui quitte Strasbourg, à
destination de Paris, à 8 h.. 10 du soir, a dé-
raillé, dans la nuit de lundi à mardi, vers
11 h. 30, à 50 mètres environ avant la gare
de Sarrebourg.
Les victimes
Le nombre des morts est de trois ; quant
aux blessés, ils seraient près de trente. Voi-
ci la liste des victimes :
Morts : Mécanicien Ade Michaël, du dé-
pôt de Strasbourg ; Mme Andrée Chazelle,
de Paris ; M. Winterhalter, conducteur à
Paris.
Élessés grièvement : M. Jost Alois, chef
de train à Strasbourg ; M. Spengler Herber,
chauffeur à Strasbourg, et Mlle Rochet, de
Paris.
Blessés légèrement : M. Neumann Léon,
de Haguenau ; Mlle Marguerite Fournier,
de Mulhouse ; M. Louis Jost, de Strasbourg;
M. Thomas Seltz, député, de Strasbourg ;
M. Bornoni, de Paris ; M. Delsor, sénateur,
de Strasbourg ; M. Lienhardt, conducteur
à Strasbourg ; M. Lannes Jules, conduc-
teur de poste à Baquelin ; M. Arjalies Ca-,
simir, conducteur de poste à Vaires-sur-
Marne ; M. Royet Emile, de Paris, conduc-
teur de poste ; M. Amet Charles, de Massy,
conducteur de poste ; M. Gehin, conducteur
de poste, de Brancy ; M. Barat, conducteur
de poste à Saint-Thiébauld ; M. Fundt Au-
guste, conducteur de poste à Paris ; M.
Schwab, de (Joimar ; Mme i'eyruissun, ae
Strasbourg ; M. Samuel Théophile, de Col-
mar ; M. Lehmann Henri, de Paris ; M.
Boury François, soldat du train des équipa-
ges, et M. Broé Edmond, de Guabelont.
Dans le train se trouvaient un certain
nombre de pasteurs faisant partie de la
délégation des pasteurs protestants d'Alsa-
ce-Lorraine, actuellement à Paris. Ils'sont
arrivés hier matin à la gare de l'Est avec
trois heures de retard.
* Le sauvetage des blessés
Strasbourg, 4 juillet. A l'heure actuelle,
les causes de la catastrophe de Sarrebourg
n'ont pu encore être établies. L'enquête dira
si elle doit être attribuée à une fausse ma-
nœuvre d'aiguillage, car à cet endroit (3e
trouvent de nombreuses aiguilles qui se croi-
sent, ou si elle est due à la trop grande vi-
tesse du frain lors du passage de ces ai-
guilles.
La nouvelle se répandit rapidement dans
la ville, car le sifflet de la locomotive, qui se
fiL entendre longtemps, donna le signal d'a-
larme. Immédiatement, des habitants, des mi-
litaires, des membres du clergé se rendirent
sur les lieux de la catastrophe.
A la faveur de torches et de chandelles, on
put commencer les opérations de sauvetage.
Ensuite, arrivèrent les pompiers et un déta-
chement de soldats qui commencèrent à dé-
blayer et à organiser le service d'ordre. De
nombreux propriétaires d'automobiles mirent
leurs voitures à la disposition dès services
sanitaires pour le transport des blessés dans
les pharmacies et dans les hôpitaux.
Les lieux de la catastrophe présentaient
un aspect horrible. La locomotive était arra-
chée du reste du train et projetée sur le cô-
té. Elle ne formait plus qu'un tas de débris
sous lesquels gisaient les deux malheureux
mécaniciens. Les voitures de devant, renver-
sées, avaient pénétré les unes dans les au-
tres. Le wagon restaurant était projeté sur
le côté, ce qui permit d'ailleurs de sauver les
personnes qui s'y trouvaient.
Il n'en fut malheureusement pas de même
des wagons de queue, d'où l'on entendait par-
tir des plaintes et des gémissements affreux.
En effet, par suite du choc violent, les voitu-
res étaient écrasées les unes sur les autres
et l'on ne put procéder que très lentement au
sauvetage. Leurs occupants se trouvaient
dans une situation telle qu'ils ne pouvaient
se mouvoir et souffraient cruellement. C'est
ainsi qu'une femme et ses deux petits enfants
étaient coincés et emprisonnés de telle sorte
qu'il fallut, pour les retirer, scier morceau
par morceau une partie du wagon.
Les voies sont arrachées sur une grande
étendue ; il faudra plusieurs jours pour que
la circulation puisse être rétablie.
POLITIQUE -ETRANGERE
Les nationalistes allemands continuent
Les agresseurs du polémiste Maximilien Harden appartiennent
aux mêmes milieux que les assassins de Rathenau. — Une arrestation
a déjà été opérée par la police
A La Haye, le fossé se creuse entre tes Russes et tes Alliés
En une même journée, dans
des domaines très divers,
deux faits venaient, hier, il-
lustrer la thèse du redresse-
Iment pangermaniste. A Leip-
zig, l'odieux médecin Michel-
sohn, coitpable, d'avoir brutalisé, volé, laissé
'mourir des prisonniers français et russes,
dait acquitté. A Berlin, Maximilien Harden
était attaqué par les camelots de la monar-
chie.
L'âpre conflit qui, depuis 1918, met aux
prises la démocratie allemande et la réac-
tion tenace et forcenée entre de plus en plus
dans une phase sanglante. L'attentat contre
Harden, venant après l'assassinat de Rathe-
nau, montre combien le pangermanisme croit
venue l'heurè de redresser la tête -et d'entrer
ilans la voie des actes. Tout ce qui, dans le
but de détourner l'attention des Alliés, a
pu être dit sur le désarmement moral de lAl-
lemagne se heurte aux faits éloquents. Après
Eisner, Liebknecht, Rosa Luxembourg, Gro-
deis, nous avons Rathenau et Harden. A qui
le tour, maintenant ?
Maximilien Harden. cependant, n'était, pas
homme d'Etat. Mais il était polémiste ardent
et son influence déliassait largement celle de
bien des politiciens. Comme Rathenau, il est
israélite ; comme Rathenau, il a évolué et,
après avoir jadis soutenu le chancelier de
fer aux prises avec Guillaume, il est devenu
l'un des porte-drapeau de la presse indépen-
dante et démocrate. Comme Rathenau, il est
réalisateur et n'hésita pas à porter le fer
rouge sur toutes les plaies de la société ger-
manique.
L'influence qu'il avait prise avec son jour-
nal, la Zukunft devait troubler les panger-
manistes impénitents. C'est une voix qu'il fal-
lait étouffer ; il devait se trouver fatalement
sur la route où opèrent les terroristes berli-
nois. 1
Et l'audace de la camarilla qui, n'ayant
jamais cédé, ose aujourd'hui relever la tête,
prouve une fois de plus la faiblesse du gou-
vernement du Reich.
Quels que soient les édita qu'il tente de
lancer aujourd'hui, le mal est fait. Malgré la
ibonne volonté de M. Wirth, malgré les efforts
républicains, il faudrait une poigne de
fer pour arriver à dompter le flot impatient
de la réaction. auquel l'inertie des hommes
de -la jeune Allemagne a trop longtemps laissé
libre cours. ,
Raymond LANGE.
L'attentat contre Harden
Berlin 4 juillet. — Suivant un communiqué
officiel, i'enquête ouverte par la police aussi-
tôt après l'agression dont M. Maximilien Har-
den a été victime, a établi que deux person-
nes avaient participé à cette agression. L'un
des auteurs de l'attentat a été arrêté et la po-
lice berlinoise est sur les traces de l'autre.
Les deux agresseurs appartiennent aux mê-
mes milieux que les meurtriers du ministre
Rathenau. L'agresseur arrêté est membre de
l'Association des soldats nati()naliste.
L'ETAT DU BLESSE
Berlin, 4 juillet. — Les blessures de M.
Maximilien Harden, tout en étant sérieuses,
n'inspirent pas de craintes pour sa vie.
Il a reçu 7 coups sur la tête.
LA PROTECTION DE LA REPUBLIQUE
Munich, 4 juillet. — Le comte LerchentfeM
a rendu compte, au conseil des ministres, des
pourparlers avec le gouvernement d'Empire,
au sujet du projet de loi' sur la protecti-on de
la République.
Le conseil des ministres a approuvé l'atti-
tude du comte Lerchenfeld et lui a donné de
nouvelles instructions.
UNE CONVERSATION AVEC LE KAISER
Le baron Clemens von Radowitz Ney, an-
'cien diplomate allemand, vient de publier dans
le New-York Times un article décrivant une
visite qu'il fit à l'ex-empereur d'Allemagne à
Doorn, du 20 au 23 mai dernier. Guillaume II
prédit que la monarchie serait restaurée en
Allemagne, mais que lui-même ne reviendrait
plus. Il a envisagé la République allemande
comme un, régime intermédiaire et croit à la
possibilité d'une restauration au profit de la
dynastie bavaroise des Wittelsbach. Au cours
de son entretien avec le baron Radowitz, qui
était accompagné de trois autres visiteurs al-
lemands, Guillaume II a demandé :
— Que pense de moi la jeune génération
allemande ?
— Elle ne dit rien de vous.
L'ex-empereur soupira et dit :
— Tout ce que je demande, c'est de me ca-
cher. Mais, dites-moi, la nouvelle gén'ération
a-t-elle oublié les idées monarchistes et la
gloire des Hohenzollern ?
— Il existe, répondit Radowitz, un assez fort
courant de sentiments monarchistes en Alle-
magne.
— La monarchie reviendra, déclara l'ex-em-
pereur: Pas maintenant, mais dans quelques
années, je ne sais pas comment. Mais moi, je
ne deviendrai .pas.
— Qui restaurera la monarchie ? demanda
Radowitz.
Guillaume II ne répondit pas.
La Conférence de la Haye
LITVINOF ECHOUE
La Haye, 4 juillet. — Malgré l'insistance
de M. Litvinof qui, par cinq fois a réitéré
sa demande, la sous-commission des biens pri-
vés a refusé de prendre en considération le
projet russe de questionnaire destiné aux
porteurs de titres.
M. Litvinof a pris acte de ce refus et a
déclaré qu'il autoriserait les Russes à faire
éventuellement de même pour les demandes
des puissances.
Il convient de noter que la délégation russe
entendait envoyer le questionnaire non seu-
lement aux porteurs de titres, mais encore à
tous les détenteurs de biens privés en Rus-
sie.
Le président Gream a demandé avec quoi
seraient payés les frais d'expédition des 4 à
5 millions de circulaires nécessaires.
M. Litvinof a répondu : « Avec !es crédits
qui nous seront accordés. »
« Je pensais, répondit le président, que-
ce serait avec les fonds de la propagande bol-
chevique à l'étranger. »
LA RESTITUTION DES BIENS SEMBLE
COMPROMISE
Sir Philip Gream ayant estimé que la dis-
cussion touchant le questionnaire avait as-
sez duré avait proposé que la commission
passât à un autre problème non moins impor-
tant, celui de la restitution des biens confis-
qués pas la Révolution russe. Conformément
au programnje qu'il avait suggéré, que, sans
se prononcer sur le principe de la restitution.
et, donc, de la propriété, on examina en
'commun avec les Russes, par catégories, en
commençant par les machines agricoles, ceux
des biens que, les Soviets seraient disposés
à rendre à leurs anciens propriétaires et à.
quelles conditions.
M. Litvinof, intervenant alors, déclara.
qu'une telle discussion était superflue puis-
que, avant très peu de jours, les Soviets se-
raient en mesure de faire savoir dans un
document écrit quelles concessions, - il ne
dit pas quelles restitutions, — ils seraient
disposés à accorder.
Chacun des délégués comprit l'importance
de la distinction que venait de souligner M.
Litvinof et qu'un nouveau fossé venait de
séparer les Puissances des Russes. Néan-
moins, personne ne jugea opportua d& raie-
ver cette opposition sur l'heure. -
On annonce pour jeudi l'arrivée de M. Krass-
sine. Certains prétendent que M- Krassinfi
serait porteur d'instructions assez conciliant
tes. :
- -..-
Aux élections de 1924
la G.G.T. entrera dans la lutte
Déclarations de M. Dumoulin
Au cours de la soirée d'hier, le Comité na-
tioD'tl de la C.. O., T. s'est occupé du pro-
gramme- -dressé voici quelque teattL
Comme l'établissement, de conseils d'entre-
prises avait été laissé au second plan, nous
avons demandé à M. Dumoulin, secrétaire
de la C.G.T. de nous en expliquer les raiSong.
« A l'heure qu'il est, nous a dit M. Du-
moulin, avec la Chambre- actuelle, nous per-
drions notre temps en soutenant activemecr
cette revendication. Il nous faut attendre le,
élections de 1924. Nous sommes, d'ailleurs,
résolus à entrer à ce moment dans la lutte
électorale. Non comme « parti travailliste <>
comme on l'a dit à tort, non en soutenant les
socialistes contre les communistes s ou, ecv
core moins les communistes contre les socia-
listes, mais en soutenant activement, forte-
ment, les candidats qui accepteront notre pro-
gramme et en combattant les autres. Poar la
première fois, la C.G.T. agira ain'st.::: maas,
réaliste avant tout. elle se doit de le taire».
- R. P,
c, ■'
A LA S. E>. N
Lord Robert Cecil expose
un projet de désarmement
La réduction des forces serait compensée
par des alliances entre pays d'Europe.
La commission temporaire mixte pour la
réduction des armements s'est réunie hier
matin au Petit-Luxembourg, sous la présiden-
ce de M. Viviani. La discussion générale a
été engagée sur le projet de réduction des
armements présenté par lord Robert Cecil,
à titre purement individuel.
Lord Robert Cecil constate que les arme-
ments constituent aujourd'hui 20 0/0 des dé-
penses totales des pays civilisés. Il fait re-
marquer qu'il existe pour tous ces pays uu
danger particulier pour le cas où un revire-
ment subit de l'opinion publique contrain-
drait l'un d'eux à désarmer brusquement. 11
insiste donc sur la nécessité de prévoir une
réduction générale dans laquelle, bien enten-
du, l'Allemagne et la Hongrie seraient com-
prises puisqu'elles sont déjà tenues de res-
treindre leurs armements d'après les traités
qu'elles ont signés. Quant à la Russie, il
serait aussi nécessaire qu'elle fût comprise
dans tout plan général de désarmement.
Lord Robert Cecil insiste sur la nécessité
d'une garantie pour la sécurité des pays afin
que le désarmement puisse se produire. Cette
garantie, lord Robert Cecil la voit dans des
alliances générales. Ces alliances devraient
toutefois se limiter à des groupements conti-
nentaux, de telle sorte que, par eXePple, des
Républiques sud-américaines n'aient pas A
accourir à la défense d'un pays de l'Europe
centrale ou vice-versa.
Lord Robert Cecil déclare qu'il est indis-
pensable de lier le projet de l'alliance géné-
rale défensive au projet de réduction des ar-
mements, car — dit-il — il y'a des pays com-
me l'Angleterre où l'opinion publique n'ac-
cepterait une alliance qu'à condition qu'elle
soit accompagnée d'un accord de désarme-
ment, tandis qu'il y en a d'autres, notamment
sur le continent européen, qui n'admettraient
pas la réduction des armements sans la ia-
rantie d'une alliance générale.
Le prince Sapieha, répondant à une allu-
sion de lord Robert Cecil, explique que 16
gouvernement des Soviets a fait des propo-
sitions aux pays limitrophes en vue du désar-
mement. Le prince Sapieha n'a pas reçu
d'informations précises à ce sujet, mais il ef
certain que le gouvernement polonais, aprèr
s'être consulté avec les gouvernements inté-
ressés. fera parvenir très prochainement la
réponse et il considère comme possible
qu'une conférence soit amenée à s'occuper
de cette question.
M. Lebrun fait remarquer, au sujet du pr,-
jet présenté par lord Robert Cecil. Q.iÚ'
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