Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-06-30
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 juin 1922 30 juin 1922
Description : 1922/06/30 (N18828). 1922/06/30 (N18828).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
Il MESSIDOR, m 130. — 2P 18828 *2e numéro v effflTZE CENTIMES VENDREDI 30 JUIN 1922. — N* 18828
Fondateurs (1869) t
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un ap Sis mots Trois moî«
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 s 22 » Si..
ETRANGER. 49 » 25 » 13 »
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TRI B ü NE LIBRE
le régime scolaire de la République
Il faut en prendre notre parti, à gau-
che comme à droite : il y a quelque cho-
se de changé dans la question laïque.
La première République avait d'em-
;blée posé le principe : la nation se
charge d'instruire tous ses enfants dans
une école faite à son image, indépen-
dante comme elle de toutes les Eglises.
Après 80 ans d'une réaction monar-
chique qui croyait bien avoir étouffé à
jamais le germe dangereux, la troisième
République a repris purément et simple-
ment le programme de la première. Et
Jules Ferry l'a fait triompher.
Eclatant exemple de la force que peut
avoir un idéal républicain quand il le réa-
lise dans la pureté, c'est-à-dire quand il
trouve un peuple pour le comprendre,
un gouvernement pour l'appliquer sans
compromission.
D'où vient cette stabilité de l'école
laïque qui se dresse aujourd'hui comme
un édifice indestructible ?
C'est que le bon sens populaire, disons
mieux, la conscience publique y a vu
clairement une œuvre de justice, de sa-
gesse et de liberté. Le peuple laisse dire
les bulletins paroissiaux et les journâux
royalistes : il sait l'exagération des atta-
ques. il ne s'en émeut plus.
Et c'est là qu'est notre force. Et c'est
justement cette force-là qu'il ne faut pas
nous exposer à perdre. Elle est avec nous,
parce que la République a été juste, mo-
dérée et libérale. Le jour où la Républi-
que prendrait une autre figure, le grand
public s'en apercevrait aussitôt et s'en
inquiéterait.
Les adversaires de nos institutions po-
litiques, scolaires, et sociales le savent
très bien. Aussi, n'est-ce plus aujourd'hui
au nom des « Droits de Dieu » qu'ils
combattent les « droits cle l'homme ».
Ce n'est plus rautorité, qu'ils invoquent,
c'est la liberté. Plus haut que nous, ils
font sonner nos propres principes, le
droit d'association, la liberté de cons-
cience, le respect dû aux minorités, l'é-
galité devant la loi, devant l'instruction,
devant l'impôt.
Il faut répondre à cette polémique
nouvelle par de nouveaux arguments.
Nous @ perdrions vite la confiance publi-
que si nous ne savions que ressasser les
plaisanteries voltairiennes ou les plaintes
contre l'action souterraine des Jésuites.
Aux Jésuites, par exemple, le « Rappel »
a eu raison de consacrer, toute une lon-
gue monographie. Comme M. Maurice
Charny nous a bien montré d'où ils tirent
leur influence ! Ce ne sont pas des mys-
tiques, ce sont des hommes de notre
temps et de notre pays qui connaissent
à fond l'évolution de la société, qui en
tiennent le plus grand compte : ils ne
négligent rien pour arriver à gouverner
notre démocratie comme jadis la société
aristocratique.
Notre tactique doit être de déjouer la
teur et non d'y répondre par des éclats
de colère. Ils nous disent : « Voyèz ce
qui se passe en Belgique, en Hollande,
en Angleterre, en Allemagne, au Dane-
mark, partout : partout l'école est con-
fessionnelle. Vous seuls êtes intolérants
et, par surcroît, inconséquents, car vous
prétendez que l'Etat est neutre ; s'il l'est,
qu'il le prouve en accordant indifférem-
ment des subsides à toutes les écoles, au
prorata du nombre des élèves. »
Le moyen de percer à jour ce sophis-
me; c'est d'affirmer * nettement le prin-
cipe français de la laïcité. Certes oui,
c'est un principe nouveau que notre pays
a été le premier ou le seul à dégager net-
tement. Certes oui, il a prétendu avoir
une école publique, et il n'entend pas
qu' elle se passe de la culture morale élé-
mentaire ni qu'elle aille la mendier à une
Eglise. Il veut que cette école la donne
pure, simple, humaine, naturelle, ou plu-
tôt telle que l'ont faite des siècles de ci-
vilisation et de christianisme.
Ce qu'on nous demande, c'est d'y re-
noncer; c'est d'avouer que pour avoir
l'intuition du bien et du mal, il faut la
tenir d'un prêtre qui la tirera des dog-
mes de son Eglise. C'est d'abdiquer l'i-
dée que l'Etat puisse, sans les Eglises,
faire des hommes et des citoyens.
Voilà ce que nous opposons à la R. P.
scolaire. "Celle-ci serait le moins mauvais
des régimes confessionnels, mais il y en
a un meilleur, c'est celui de la France :
il en a tous les avantages sans en avoir
les inconvénients. Quand on dit que l'E-
tat français est « neutre » entre les di-
verses religions, on ne veut pas dire qu'il
se dclare puissant à animer du feu sa-
- de la foi morale et de l'amour du
bien les 1 jeunes âmes qu'il entreprend
d'initier à" la vie sociale.
Mais plus nous sommes intransigeants
sur le principe, plus nous tenons à faire
évanouir les critiques de détail et les
confusions par où l' on peut compromet-
tre notre cause.
V Laisserons-nous croire que nous refu-
sons au père de famille qui préfère l'é-
cole chrétienne à l'école laïque le tablier,
les galoches ou le bon de cantine dont il
a besoin pour que ses enfants puissent
aller en classe ? Tous nos ministres ont
protesté contre cette pensée d'inhuma-
nité. Plusieurs ont dit que le secours sera
accordé par le bureau de bienfaisance,
tandis qu'aux enfants de l'école publi-
que, il le serait par la caisse des écoles.
Soyons plus larges : n'exigeons pas
que le père soit obligé de se faire ins-
crire comme indigent, quand il demande
simplement un secours pour faciliter la
fréquentation. scolaire.
Bien entendu, il y a des gens et même
des journaux pour en conclure tout de
suite : la caisse des écoles va donc sub-
ventionner l' école libre. Non, mais elle
va'secourir ceux qui en ont besoin, sans
leur demander compte de leurs opinions
religieuses ou pédagogiques.
- Mais si elle devient la caisse des
écoles publiques seulement ?
— Je ne m'en réjouirais pas, si légale
que puisse être la solution. Car ce sera
l'abandon du dernier organe où pou-
vaient se rencontrer les bonnes volontés
collaborant sous deux formes parallèles
à une œuvre d'intérêt national..
Et quelques difficultés que pui$se pré-
senter cette dualité* d'action, l'opinion
publique saura gré à celui des deux par-
tis qui se montrera lé moins promet au
divorce..
Puissions-nous, une fois de plus, con-
vaincre le pays que les partisans dé l'é-
cole laïque sont aussi ceux de la, p|tjx
entre les deux
Député de Paris.
;—
É DITO R I A L
-
Choses d'Irlande
L'on n'a jamais tant parlé
de guerre que depuis que
nous sommes en paix : de
l'agitation à Fiume, du sang
en Allemagne, une bataille'
rangée à Dublin ; sq2ne
compter les nuages qtli
obstruent l'horizon 1
En Irlande, nouvelles surprises et nou-
velles émotions. L'apaisement semblait
revenu, depuis l'accord enfin établi en-
tre le gouvernement provisoire et le ca-
binet de Landres. Ce n'était que le calme
précédant la tempête.
Nous n'avons, jusqu'alors, que des
combats singuliers entre Irlandais et
gens de la Métropole. Pour changer,
nous avons, aujourd'hui, la guerre ci-
vite entre Irlandais ralliés et Irlandais
restés passionnément indépendants.
Depuis les élections dernières, la Verte
Erin a un gouvernement régulier, pré-
sidé par M. Michaël Collins. Mais, en
face de cfdte autorité reconnue par Lon-
dres et qui avait tenté d'arrêter les effu-
sions de sang. s'est dressé immédiate-
ment un autre, clan intransigeant, ral-
liant autour de M. de Valera ceux qui re-
fusent de s'incliner devant la couronne
de Buckingham et en tiennent pour la
plus farouche indépendance.
C'est sur les suggestions même de M.
Lloy George què le gouvernement pro-
visoire a cru devoir prendre des mesù-
res contre les éléments rebelles qui ne
cherchent qu'à contrecarrer l'œuvre de
paix poursuivie par l'accord du prin-
- temps - - dernier. >
M.- Winston Churchill avait, il y a
deux jours, annoncé aux - Communes
l'envoi dans ce but d'une note à Dublin.
Les résultats ne se sont pas fait atten-
dre. Le sang coule à nouveau : les Irlan-
dais s'entr'égorgent : les troupes an-
glaises sont encore neutres : elles n'en
treront dans la lice que si leur concours
est nécessaire.
Quelque honorable que soit le désir
des Irlandais d'être eux-mêmes, l'on ne
peut se défendre d'une légitime émotion
au spectacle de la lutte fratricide.. ,
La guerre mondiale a semé tant de
deuils, tant d'horreurs, tant de drames,
qu'il eût semblé que la terre entière fut
saturée de sang. Faut-il que soit force-
née l'abberration humaine pour allon-
ger de gaîté de cœur la noire liste des
morts, pour greffer l'assassinat des
hommes sur les crimes des peuples et
faire sadiquepient plus horrible la vallée
de larmes où nous traînons nos jours.
- Raymond LANGE.
- JL
uuëiuues aeie^ue» a ia vuiiïeiciioc us m. JJ.y c
De gauche à droite : Cap. Rosenbaum (Hollandais), Litvinof, Kreçtzinsky
i Sokolnikoff (Russes)
1
0 m dis t.
In Passant
Au Cirque Molier. *
Le cirque se meurt, le cirque est mort. Mais,
une fois l'an, pour notre joie, il revit avec
toutes ses traditions, son brio, son élégance.
Et c'est Molier qui, de cet annuel miracle est
l'ingénieux magicien.
Depuis quarante-deux ans, ce diable d'hom-
me, petit, sec, nerveux, autoritaire, sympathi-
que par tout cela même, réussit ce prodige
de réunir à date fixe "tout ce qui, en Paris a
un nom dans quelque domaine que ce soit,
pour un spectacle qui n'est plus de notre temps
et qui n'en est que ptus attachant. Dans le
,petit manège. voisin du Bois, où l'on devrait
être trois ouquntre cents au maximum, nous
étions hier encore' peut-être un millier' : l'on
est bousculé, cahoté, pressé, mais, ça aussi,
c'est dans la tradition : le cirque Molier ne
serait pas lui-même sans ce détail indispen-
sable.. ■
Aux sons d'un. orchestre où l'on reconnaît
'un colonel, 'ou éditeur connu, un aviateur et
même qUeïques musiciens, l'on se peut réjouir
quelques heures durant aux. souples grâces de
la plus-habile haute école : dans l'arène, de
belles juments dansent, tenues seiréës par les
genoux nerveux de cavaliers experts : des gen-
tilshommes* en habit rouge font la haie comme.
çhez M. Lçyal : c'est, une fierté d'trè: chez
,
Molier, a la fois duc et valet d'écurie.
Et puis,, il y. a des acrobates "journée, s'ont cle'• graves pères de famille, un
prestidigitateur qui, si on ne le connaissait,
nous ferait au gousset mettre la main pour
voir si notre montre n'a point disparu, des
gymnasiarques puissants, des danseuses ex-
quises qui, aux sons de harpes et de flûtes,
sacrifient, elles aussi, au passé, et nous conso-
lent, pour un temps, des déhanchements désor-
donnés que nous exportèrent des Sud-Améri-
cains.
Vers minuit, le petit manège tout animé de
fièvre inhabituelle retombe dans son silence
inhabituel. Les derniers échos du cornet à pis-
ton s'évanouissent. Et avec un regret qui n'est
qu'un charme de plus, on se sépare pour un
an !
• JIM.
-.
S >•
Aujourd'hui
Le dépendu mécontent.
La fameuse chanson dit pendu est encore
fort à la mode. '-
Un prolnenelti- découvr-it dernièrement aux
environs de Tienne, dans un bois, un jeune
homme pendxi à un arbre.
Le promeneur, au lieft de suivre le conseil
des couplets célèbres, coupa la corde du pen-
dit qui « vïvùit eMcorc a.
Mal lui en pritfi car le pendu dépendu se
cassa une jambe en tombant.
Il intenta un procès en dommages-intérêts
à celui qti fut cause de ï'nocident et le sauva
de la mort.
Chose magnifique, il le gagna.
Son sauveteur■ jurh, mais un peu tard, que
désormais il ne se mêlerait plus de ce qui
ne le regarde pas.
Le Tapin.
La singulière retraite ;
c d'un vieux fonctionnaire
l 1"
Le dépôt de mendicité. - Défense de porter
des chaussettes
Une situation révoltante par son effroyable
brutalité est mise en lumière par une lettre
que le citoyen Merma, secrétaire général de
Jà. Fédération des services de santé, -adresse
au ministre de l'hygiène. Il nous suffit de
signaler que le cas n'est pas isolé pour per-
mettre à nos lecteurs, sans autre commentaire,
de juger avec la rigueur qui s'impose un sem-
blable régime. M. Paul Strauss voudrait-il
s'obstiner 'à le laisser, .subsister ? Nous ne 'pou-
vons le croire. -
Voici donc ce que M. Merma écrit au mi-
nistre de l'hygiène :
« A la suite d'incidents, M. Coyault, qui
compte 25 années;, de service 'et qui est âgé
de 69 ans, fut ad.nis à .la retraite par déci-
sion. de la commission consultative de cet
établissement. - : V
« Admis à la retraite est une 'simple for-
mule, car- vous n'ignorez pas que le person-
nel des établissements charitables placé sous
votre haute autorité n'a qu'une .allocation
viagère de dix francs par année de 1 service
et qu'administrativement cela est. aualifié pen-
sion de secours, ce qui nest pas une retraite.
« Ainsi donc, M. Coyault se vjt allouer
une pension de secours de 240 francs après
25 arçs de service à 4a .-maison natàoualede
convalescence de Saint-Maurice. et son pla-
cement au dépôt de mendicité de Nanterre !
Placé dans l'alternative de mourir de faim
ou d'accepter ct ..: générosité de votre dé-
partement ministériel, notre camarade ac-
cepta cette humiliation et s'en fut à Nan-
terre. Voici ce qui l'attendait ; : Il subit la
visite imposée aux pauvres hères qui
échouent là.. Puis interdiction de porter des
vêtements à lui, tenue de l'établissement qui
va jusqu'à l'interdiction du port de chaus-
settes : pieds nus dans des sabots. Le matin
on lui remit une musette, son pain pour la
journée, un couvert en fer et on lui interdit
le droit de venir se reposer dans la journée
dans le dortoir où il couchait.
a Ce régime, monsieur le ministre, est ce-
lui des vieux serviteurs des établissements
hospitaliers dont vous avez la haute direc-
tion. »
— ^8» < -
LE DÉPART DE M. AVTRAND
11 y a toujours un « important mouvement
préfectoral » en préparation. Celui dont il est
question depuis quelques jours aurait pour
point de départ la désignation de M. Autrand,
préfet de la'Seine, à un autre poste. Une tré-
sorerie gétérale lui serait réservée, dit-on.
D'autres parlent d'une ambassade, ce qui est
moins certain. =
Selon des re-nseignementa de eource autori-
sée, il est. exact que le prochain départ de
M. Autrand ait été envisagé. Mais iln-y a pas
lieu de retenir, pour l'instant, les noms mis
en avant.pour sa succession éventuelle,, pas
plus celui de M. Canal, préfet du Rhône, que
celui de M. JuHlard, préfet de Seine-et-Oise,
ou celui de M. Armand Bernard, préfet des
Alpes-Maritipaes.
1. L'ASSASSINAT DE M. RATHENAO
'w -,- 9
Un des trois meurtriers est sous les verrous
La police allemande est parvenue à établir
'identité des meurtriers de M: Rathenau. On
verra tout à l'heure que plusieurs d'entre eux
viennent d'être arrêtés. <
Les trois individus-qui se trouvaient dans
'automob:le d'où partirent les coups de fe-ï
à l'adrêse du ministre allemand, sont - lec:
nommés Techow, âgé de 25 ans, né à Berlin
et y .résidant ces derniers temps ; Fischer,
nommé aussi Voge.l, portant le surnom de
Pécheur, âgé ■ de 25 ans environ, habitant
Floeha en Saxe, et Knauer, appelé aussi
Korner et K,ern, âgé de 25 ans au plus. Tous
trois font partie de l'organisation secrète
Consul et étaient officiers de la fameuse bri-
gade Ehrart, qui accomplit le coup d'F-tat
de mars 1920. Knauer était l'un des mem-
bres du poste de garde de la chlli(>Rlleriê
après l'accomplissement du coup d'Ftat. - ,
L'arrestation de Techow
Berlin, 29 juin. — L'un des trois meurtrierq
de M..Rathenau, Ernest Werner Techow, âgé
de 25 ans, a été arrêté ce matin aux envi-
rons de Francfort-sur-l'Oder.
Techow est% celui qui pilotait .l'automobile.
La nouvelle, d'après laquelle les deux au-
tres meurtriers seraient aussi arrêtés n'est
pas confirmée.
Techow avait quitté Berlin vendredi soir,
pour se rendre à Halle, où il a été accueilli
par des amis instruits des événements.
Lundi soir, il s'était reffdu » aux environs
de Francfort-sur-l'Oder dans une propriété de
son oncle, La police a cerné hier soir la pre
priété et .a réussi à s'emparer de Techow'
malgré la résistance qu'il a d'abord opposée.
Techow nie toute-participation au meurtre
D'après la Nouvelle Gazette de Berlin à
midi, l'automobile dont se sont servis les
meurtriers et qui avait été remisée dans un
garage, n'a été ni louée ni achetée, mais mise
à la disposition des meurtriers par son pro-
priétaire.
Ce derner avait connaissance du but pour-
suivi par les assassins.
L'individu qui a servi d'intermédiaire en-
tre-.o;ë::'-'pr-.opriétaire de l'automobile, et les
meurtriers a été arrêté. ,.,
, Autrf!t arrestations
Berlin, 29 juin. -— Le Journal de Berlin
à midi annonce que Killinger a 'été arrêté dia
nouveau hier, à Prerow, station balnéaire dt
la Baltique, où il se trouvait avec sa famille.
La police berlinoise a également "arrête
l'étudiant Gunter, lieutenant de réserve,"dont
il est établi qu'il a non seulement été au
courant du meurtre de M. Rathenau, mais
encore a été complice.
Quatre autres personnes convaincues de
complicité dans le meurtre de M. Rathenau,
sont également sous les verroux. Ce, sont :
le commerçant Richard Schutt, de Berlin ;
le commerçant Diestel, de Berlin, proprié-
taire du garage où a été remisée l'auto dont
il connaissait le prochain emploi ; le col
légien Gerd Techow, frère du meurtrier déjà
arrêté ; le collégien Stubenrauch, tous deux
de Berlin.
Gunter, Gerd Techow et Stubenrauch ont
été au courant du plan ou en ont été. les
auteurs. <
Schutt et Diestel ont-été au courant du pro-
jet de meurtre ou l'ont facilité. ,
L'arrestation d'autraa complices Qst immi-
*
nente.
L'ACTUALITE
Un délégué des Syndicats rougps de Moscou ,
prend la parole au Congrès de Saint-Etienne
— '9' -————— <
C'est le citoyen Losowsky, app'audi par les communistes
, mais hué par les syndicalistes révolutionnaires
<>80.
Le Congrès de la 'C. G. T. dite « unitaire »,
;— parce qu'elle s'est créée sur l'ordre de Mos-
cou et s'oppose à l'ancienne C. G. T. qui a son
siège rue Lafayette — se poursuit à Saint-
Etienne dans le heurt des tendances qui met-
tent aux prises les (syndicalistes révolutionnai-
res ou anarchistes et les communistes.
La nuit dernière, au cours d'une séance très
mouvementée qui ne prit fin qu'à 1 h. 15 du
matin, M. iBarthes (des terrassiers) donne
rendez-vous à M. Frossard devant le peuple
de Paris.
M. Lecoin reprocha aux communistes d'a-
voir fait une réunion à part et d'avoir nommé
une commission pour suivre le congrès. Le
brouhaha fut alors à son comble. C'est faux !
disaient les uns. La Tchéka ! disaient d'au-
tres.
Le président, à iforce d'agiter sa sonnette,
parvient à lire une lettre de M. Arnaud, se-
crétaire de la Bourse de Saint-Etienne, qui
'ptérida la réunion du parti et qui donne de-
vant le congrès sa démission du parti commu-
niste. Le bruit augmenta encore.
M. Mayoux, des Bouches-du-Rhône, critique
ensuite le parti communiste. s
« Il est le même, dit-il, que l'ancien parti
socialiste, il est composé de politiciens dange-
reux. Une différence pourtant : on n'y est pas
libre. Moscou surveille ; on y exclut jusqu'au
Joui-nal du 'Peuple. Ces ordres et ces' exclu-
sions, croit M. Maycux, si l'autonomie du
mou veinent «syndical international n'est pas
respectée, la C. G. T. les subira en allant à
Mes cou. »
Finalement, M. Tommasi vientv défendre la
révolution russe attaquée de tous côtés.
La séance d'hier matin
Saint-Etienne, 2'9 juin. — M. Dupuy (du Vi-
nieu) préside. Tout de suite, il demande que le
calme soit plus parfait et qu'on ne robliigo.
pas à casser sa -sonnette. MM. Girard, gréviste
de Lille, et iRoylud l'assistent. M. Carpentier,
des comédiens, -cégétistes, a la parole. C'est
une déclaration unitaire qu'il fait. *
« Je suis contre une nègre blanc. On iparlo
de la disparition de l'Etat. C'est pour plus
tard. Nous qui 'sommes des réalisateurs, nous
vous demandons d'être d'accord maintenant
sur l'action immédiate contre l'Etat bourgeois.
Nous ne sommes pas encore dans la révolu-
tion. » ':'.
M. Pier.reton, après M. Carpentier, vient ap-
porter xinê .précision au sujet de la commis-
sion de surveillance' chargée de désigner les
orateurs, de la tendance communiste. M. Le-
coin veut démentir, piais le bruit recommenoe.
Les communistes rectifient.
Après un peu de tumulte autour de diver-
ses propositions, M. Vidil, secrétaire de la Fé-
dération de l'alimentation, reprend la discus-
sion sur l'orientation syndicale. Il s'affirme
ipour la 'motion Besnard. Pourtant, contraire-
ment à M. Lecoin, il croit que l'Internationale
révolutionnaire- syndicale rouge est une Inter-
nationale révolutionnaire.
« Mais, dit M. Vidil, nous voulons l'autono-
mie internationale sac* laquele l'autonomie na-
tionale n'est pas possible. »
M. Boudoux succède à M. Vidil, comme in-
dépendant. Pour lui, il n'y a qu'une lutte en-
tre lé centralisme et le fédératisme.
« Si vous étiquetez le syndicalisme d'une
couleur quelconque, vous ne pourrez plus re-
cruter parmi tous les travailleurs. »
Arrivée de Losowsky, délégué russe
M. Cadeau annonce l'arrivée de M. Dridzo
Losowsky, secrétaire de l'Internationale syn-
dicale rouge, qui arrive de Moscou malgré la
police. L'émotion est 'grande.
Un grand nombre de congressistes applau"
dissent pendant que d'autres protestent en
criant : A bas les dictateurs!
Devant (/es protestations, M. Monmous-
seau, secrétaire de l'Union des syndicats'de
la Seine, intervient et déclare que si les
anarchistes ne laissent pas parler M. Lo-
sowsky, les communistes empêcheront à leur
tour M. Borghi, délégué de l'Union anar-
chiste italienne, de prendre la parole.
M. Losowsky, plus connu, en France sous le
nom de Dridzo, fut longtemps militant syndi-
caliste eu France et fbndâ le syndicat des cas-
quettiers. Au moment de la révolution Tusse,
il rfut successivement expulsé de France, et
d'Allemagne. Retourne en Russie, il participa
activement à la révolution bolchèviste et s'oc-
cUlpa particulièrement des syndicats. Il fut
secrétaire de .la C. G. T. russe. Il est mainte-
nant secrétaire de l'Internationale syndicale
rouge. C'est au nom de cette organisation qu'il
v,enait. On l'attendait tel qu'on l'avait tou-
jours connu, avec une grande barbe blonde, à
laquelle il tenait beaucoup. Il l'a rasée pour
n'être pas 'reconnu par la police.
Dès son entrée, une partie de la salle du
congrès applaudit, puis chante l'Internationale.
M. Content, anarchiste, s'écrie : « A bas les
dictateurs ! »
M. Cadeau demande qu'on entende Losows-
ky dans le plus profond silence. Le silence se
fait et Losowsky, sans geste d'orateur, avec
un débit calme, d'une voix qu'une connaissan-
ce limitée du français rend parfois mal assu-
rée, sera écouté avec calme.
Un exposé de la Révolution russe
Il y a huit ans, commence M. Lozowsky,
J'étais à Paris. C'était en 1914, avec Monatte
et Rosmer, je bataillais dans vos rangs con-
tre la guerre. J'ai donc un peu le droit de
parler ici. Le capitalisme va à sa mort. Nous
devons trouver contre lui tous les révolution-
naires. On nous a critiqués, on a dit que nous
voulions-vous obliger-à faire une révolution
à la russe. Peu nous importe, que vous fas-
siez une révolution à la française, à l'ita-
lienne ou à l'espagnole, pourvu' que vous la
fassiez. », Et M. Lozowsky aborde « l'histoi-
re » de la révolution russe pour en extraire
les Çaits qui prouvent en faveur de la thèse
communiste contre la thèse anarchiste.
« En Russie, poursuit l'orateur, nous
avons fait en Õ ans toutes les révolutions
françaises : celle de 89, celle de 93, celle de
48 et celle de la Commune. Toutes les puis-
sances nous sont tombées dessus. En 1920,
les délégués de 19 puissances sont venus nous
demander de respecter les biens de leurs Iil
tionaux. Dans les usines que nous avons pri.
ses, il y avait des usines belges, françaises,
etc. et la révolution ne faisait pas plaisir
aux propriétaires. C'est alors qu'on nous a
déclâré là guerre et nous avons dû nous dé-
fendre. On nous a donc coupé la région de la
Volga, la région de Bakou et la Sibérie. On
nous attaquait avec des armées organisées
scientifiquement et nous nous sommes dé-
fendus avec une armée scientifiquement orga- 1
nisée. Mais la bourgeoisie internationale
n'était pas seule contre nous, il y avait aussi
des démocrates, des réformistes.
« La première voulait l'argent, les autres
criaient : « A bas la dictature !» Il y avait
braqués contre nous, deux canons, l'un por-
tait ces mots : « De l'argent ! » et l'autre
« A bas la dictature ! ». N JUS avons répon-
du parce qu'il fallait sauver la révolution par
quatre canons. Nous avons, c'est vrai, froissé
des sentiments démocratiques et pourtant,
avant la révolution, j'étais moi-même démo-
crate. En Russie, nous avions aussi des
chants. Je suis heureux de vous entendre
chanter la révolution, chantez-la, et faites-
la aussi. »
Et M. Lozowsky rappelle qu'à une époque,
en Espagne comme en Pvan«,- les syndica-
listes révolutionnaires voulaient adhérer à la
troisième Internationale politique.
Le secrétaire de l'Internationale de Mosèou
donne ensuite devant son auditoire mi-sym-
pathique et mi-hostile, mais silencieux, des
détails circonstanciés sur les statuts de
l'I. S. R. et il insiste particulièrement sur
l'autonomie des C. G. T. qui y adhèrent déjà.
M. Losowsky termine en critiquant la
C. A. de la C. G. T. U., en disant qu'elle a
voté un ordre du jour contre le gouvernement
des Soviets. Il achève par un appel en fa-
veur du communisme et sort du Congrès. A
la porte, des commissaires spéciaux sont là
pour l'arrêter, mais il parvient à disparaître.
Des répliques
M. Totti, secrétaire de la C. G. T. U., prend
ensuite la parole et reproche à M. Lozowsky ,
de n'avoir pas respecté la souveraineté du
Congrès en s'attaquant à la C. G. T. U.
« Je le dis au nom de B dignité de la C. A.,
ajoute M. Totti, dont il a"critiqué la gestion
sans en avoir le droit. »
Une partie du Congrès proteste. M. Barthes,
des terrassiers, déclaue qu'il a passé un mot
à M. Lozowsky pour lui demander si les syn-
dicalistes purs étaient des contre-révolution- -
nairee. « Il n'a pas répondu, dit M. Barthes,
j'enregistre sa carence. » Il y a du bruit et
M. Monmousseau vient déclarer que le Con-
grès doit placer ses débats au-dessus des re-
proches de M: Totti.
La séance est levée à 13 heures. M. Lo-
zowsky a parlé pendant deux heures.
, La séance de l'après-midi
La séance fut occupée entièrement par les
délégués étrangers. M. Borghi, de l'Union
syndicale italienne, critique le gouvernement
des Soviets. Il lui reproche de mettre en pri-
son des travailllurs qui arrivent cinq minutes
en retard à leur travail et d'avoir supprimé
toute liberté. Il ne veut pas suivre Lénine
qui risque de remplacer le tzar. D'aucune fa-
çon, il ne peut admettre l'adhésion à Mo
c'ou. ,
M. Diaz, représentant de la C. G. T. révolu-
tionnaire espagnole conclut de la même fa-
çon et souhaite l'adhésion à une internatio-
nale de Berlin, purement syndicaliste;
Le délégué Yougo-Slave vient dire ensuite
les misères des travailleurs yougo-slaves et
la séance est levée à 19 heures, sans que la
discussion sur l'orientation syndicale soit ter-
minée.
vn|ir r
.AU SENAT
Deux interpellations
sur les réparations
La Haute Assemblée vote la confiance
au gouvernement à la presque
unanimité
C'était hier* grande séance au Luxembourg,
et les tribunes, d'ordinaire garnies d'un pu-
blic assez clairsemé, étaient pleines à cra-
quer.
C'est cependant au milieu d'un profond si-
lence que M. Bourgeois, qui présidait, pro-
nonça l'éloge funèbre de M. Lucien Cornet,
sénateur de l'Yonne.
Mais l'attention, qui avait fléchi tandis que
l'on votait sans débat le projet de loi sur
le statut du Danube internationalisé, redou-
bla quaad M. de Jouvenel monta à la tri-
bune pour développer l'interpel'lation qu'il
avait déposée, de concert avec M. François
Albert, « sur les conditions dans lesquelles
le gouvernement entend poursuivre, tant à
La Haye que dans ses divers entretiens avec
les Alliés, la politique de réparations fran-
çaises et de reconstruction européenne ».
Discours de M. de Jouvenel
« Ce n'est pas dans un esprit d'hostilité
contre le gouvernement, déclare M. de Jou- w
venel, que cette iner.pellation est déposée,
mais dans un but de collaboration. Noue vou-
lons apporter des idées et des suggestions.
Au mois d'octobre tombe la première échéan-
ce des dettes interalliées. Il faut dire ce
que nous voulons. --
« Quand on nous entend nous plaindre sans
cesse, nos Alliés, les neutres, les adversaires »
se disent : « Mais enfin, que veut la Fran-
ce ? »• Et tous pensent, en nous voyant mi-
litairement forts : si la France savait c,
qu'elle voulait, elle l'obtiendrait. Mais avant
de savoir ce que nous voulons, il faut savoir
ce que nous ne voulons pas ; il y a deux
choses que nous ne voulons pas : c'est voir
diminuer sa créance sur l'Allemagne et ne
pas laisser fonder la reconstruction de l'Eu-
rope sur celle de la Russie. (Très bien !)
« Les coquetteries de M. Lloyd George avec
la Russie ont laissé croire ^à celle-ci qu'elle
était indispensable à la reconstruction de
l'Europe. Elle a pris la pitié qu'on avait en-
vers des enfants affamés pour une approba-
tion de sa politique. Les Russes se sont cru
les maîtres du monde. L'Allemagne, encou-
ragée, a signé le tra té de Rapallo. La Con-
férence de Gênes n'a rien donÙé., La France
Fondateurs (1869) t
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un ap Sis mots Trois moî«
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 s 22 » Si..
ETRANGER. 49 » 25 » 13 »
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RAYMOND LANGE
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TRI B ü NE LIBRE
le régime scolaire de la République
Il faut en prendre notre parti, à gau-
che comme à droite : il y a quelque cho-
se de changé dans la question laïque.
La première République avait d'em-
;blée posé le principe : la nation se
charge d'instruire tous ses enfants dans
une école faite à son image, indépen-
dante comme elle de toutes les Eglises.
Après 80 ans d'une réaction monar-
chique qui croyait bien avoir étouffé à
jamais le germe dangereux, la troisième
République a repris purément et simple-
ment le programme de la première. Et
Jules Ferry l'a fait triompher.
Eclatant exemple de la force que peut
avoir un idéal républicain quand il le réa-
lise dans la pureté, c'est-à-dire quand il
trouve un peuple pour le comprendre,
un gouvernement pour l'appliquer sans
compromission.
D'où vient cette stabilité de l'école
laïque qui se dresse aujourd'hui comme
un édifice indestructible ?
C'est que le bon sens populaire, disons
mieux, la conscience publique y a vu
clairement une œuvre de justice, de sa-
gesse et de liberté. Le peuple laisse dire
les bulletins paroissiaux et les journâux
royalistes : il sait l'exagération des atta-
ques. il ne s'en émeut plus.
Et c'est là qu'est notre force. Et c'est
justement cette force-là qu'il ne faut pas
nous exposer à perdre. Elle est avec nous,
parce que la République a été juste, mo-
dérée et libérale. Le jour où la Républi-
que prendrait une autre figure, le grand
public s'en apercevrait aussitôt et s'en
inquiéterait.
Les adversaires de nos institutions po-
litiques, scolaires, et sociales le savent
très bien. Aussi, n'est-ce plus aujourd'hui
au nom des « Droits de Dieu » qu'ils
combattent les « droits cle l'homme ».
Ce n'est plus rautorité, qu'ils invoquent,
c'est la liberté. Plus haut que nous, ils
font sonner nos propres principes, le
droit d'association, la liberté de cons-
cience, le respect dû aux minorités, l'é-
galité devant la loi, devant l'instruction,
devant l'impôt.
Il faut répondre à cette polémique
nouvelle par de nouveaux arguments.
Nous @ perdrions vite la confiance publi-
que si nous ne savions que ressasser les
plaisanteries voltairiennes ou les plaintes
contre l'action souterraine des Jésuites.
Aux Jésuites, par exemple, le « Rappel »
a eu raison de consacrer, toute une lon-
gue monographie. Comme M. Maurice
Charny nous a bien montré d'où ils tirent
leur influence ! Ce ne sont pas des mys-
tiques, ce sont des hommes de notre
temps et de notre pays qui connaissent
à fond l'évolution de la société, qui en
tiennent le plus grand compte : ils ne
négligent rien pour arriver à gouverner
notre démocratie comme jadis la société
aristocratique.
Notre tactique doit être de déjouer la
teur et non d'y répondre par des éclats
de colère. Ils nous disent : « Voyèz ce
qui se passe en Belgique, en Hollande,
en Angleterre, en Allemagne, au Dane-
mark, partout : partout l'école est con-
fessionnelle. Vous seuls êtes intolérants
et, par surcroît, inconséquents, car vous
prétendez que l'Etat est neutre ; s'il l'est,
qu'il le prouve en accordant indifférem-
ment des subsides à toutes les écoles, au
prorata du nombre des élèves. »
Le moyen de percer à jour ce sophis-
me; c'est d'affirmer * nettement le prin-
cipe français de la laïcité. Certes oui,
c'est un principe nouveau que notre pays
a été le premier ou le seul à dégager net-
tement. Certes oui, il a prétendu avoir
une école publique, et il n'entend pas
qu' elle se passe de la culture morale élé-
mentaire ni qu'elle aille la mendier à une
Eglise. Il veut que cette école la donne
pure, simple, humaine, naturelle, ou plu-
tôt telle que l'ont faite des siècles de ci-
vilisation et de christianisme.
Ce qu'on nous demande, c'est d'y re-
noncer; c'est d'avouer que pour avoir
l'intuition du bien et du mal, il faut la
tenir d'un prêtre qui la tirera des dog-
mes de son Eglise. C'est d'abdiquer l'i-
dée que l'Etat puisse, sans les Eglises,
faire des hommes et des citoyens.
Voilà ce que nous opposons à la R. P.
scolaire. "Celle-ci serait le moins mauvais
des régimes confessionnels, mais il y en
a un meilleur, c'est celui de la France :
il en a tous les avantages sans en avoir
les inconvénients. Quand on dit que l'E-
tat français est « neutre » entre les di-
verses religions, on ne veut pas dire qu'il
se dclare puissant à animer du feu sa-
- de la foi morale et de l'amour du
bien les 1 jeunes âmes qu'il entreprend
d'initier à" la vie sociale.
Mais plus nous sommes intransigeants
sur le principe, plus nous tenons à faire
évanouir les critiques de détail et les
confusions par où l' on peut compromet-
tre notre cause.
V Laisserons-nous croire que nous refu-
sons au père de famille qui préfère l'é-
cole chrétienne à l'école laïque le tablier,
les galoches ou le bon de cantine dont il
a besoin pour que ses enfants puissent
aller en classe ? Tous nos ministres ont
protesté contre cette pensée d'inhuma-
nité. Plusieurs ont dit que le secours sera
accordé par le bureau de bienfaisance,
tandis qu'aux enfants de l'école publi-
que, il le serait par la caisse des écoles.
Soyons plus larges : n'exigeons pas
que le père soit obligé de se faire ins-
crire comme indigent, quand il demande
simplement un secours pour faciliter la
fréquentation. scolaire.
Bien entendu, il y a des gens et même
des journaux pour en conclure tout de
suite : la caisse des écoles va donc sub-
ventionner l' école libre. Non, mais elle
va'secourir ceux qui en ont besoin, sans
leur demander compte de leurs opinions
religieuses ou pédagogiques.
- Mais si elle devient la caisse des
écoles publiques seulement ?
— Je ne m'en réjouirais pas, si légale
que puisse être la solution. Car ce sera
l'abandon du dernier organe où pou-
vaient se rencontrer les bonnes volontés
collaborant sous deux formes parallèles
à une œuvre d'intérêt national..
Et quelques difficultés que pui$se pré-
senter cette dualité* d'action, l'opinion
publique saura gré à celui des deux par-
tis qui se montrera lé moins promet au
divorce..
Puissions-nous, une fois de plus, con-
vaincre le pays que les partisans dé l'é-
cole laïque sont aussi ceux de la, p|tjx
entre les deux
Député de Paris.
;—
É DITO R I A L
-
Choses d'Irlande
L'on n'a jamais tant parlé
de guerre que depuis que
nous sommes en paix : de
l'agitation à Fiume, du sang
en Allemagne, une bataille'
rangée à Dublin ; sq2ne
compter les nuages qtli
obstruent l'horizon 1
En Irlande, nouvelles surprises et nou-
velles émotions. L'apaisement semblait
revenu, depuis l'accord enfin établi en-
tre le gouvernement provisoire et le ca-
binet de Landres. Ce n'était que le calme
précédant la tempête.
Nous n'avons, jusqu'alors, que des
combats singuliers entre Irlandais et
gens de la Métropole. Pour changer,
nous avons, aujourd'hui, la guerre ci-
vite entre Irlandais ralliés et Irlandais
restés passionnément indépendants.
Depuis les élections dernières, la Verte
Erin a un gouvernement régulier, pré-
sidé par M. Michaël Collins. Mais, en
face de cfdte autorité reconnue par Lon-
dres et qui avait tenté d'arrêter les effu-
sions de sang. s'est dressé immédiate-
ment un autre, clan intransigeant, ral-
liant autour de M. de Valera ceux qui re-
fusent de s'incliner devant la couronne
de Buckingham et en tiennent pour la
plus farouche indépendance.
C'est sur les suggestions même de M.
Lloy George què le gouvernement pro-
visoire a cru devoir prendre des mesù-
res contre les éléments rebelles qui ne
cherchent qu'à contrecarrer l'œuvre de
paix poursuivie par l'accord du prin-
- temps - - dernier. >
M.- Winston Churchill avait, il y a
deux jours, annoncé aux - Communes
l'envoi dans ce but d'une note à Dublin.
Les résultats ne se sont pas fait atten-
dre. Le sang coule à nouveau : les Irlan-
dais s'entr'égorgent : les troupes an-
glaises sont encore neutres : elles n'en
treront dans la lice que si leur concours
est nécessaire.
Quelque honorable que soit le désir
des Irlandais d'être eux-mêmes, l'on ne
peut se défendre d'une légitime émotion
au spectacle de la lutte fratricide.. ,
La guerre mondiale a semé tant de
deuils, tant d'horreurs, tant de drames,
qu'il eût semblé que la terre entière fut
saturée de sang. Faut-il que soit force-
née l'abberration humaine pour allon-
ger de gaîté de cœur la noire liste des
morts, pour greffer l'assassinat des
hommes sur les crimes des peuples et
faire sadiquepient plus horrible la vallée
de larmes où nous traînons nos jours.
- Raymond LANGE.
- JL
uuëiuues aeie^ue» a ia vuiiïeiciioc us m. JJ.y c
De gauche à droite : Cap. Rosenbaum (Hollandais), Litvinof, Kreçtzinsky
i Sokolnikoff (Russes)
1
0 m dis t.
In Passant
Au Cirque Molier. *
Le cirque se meurt, le cirque est mort. Mais,
une fois l'an, pour notre joie, il revit avec
toutes ses traditions, son brio, son élégance.
Et c'est Molier qui, de cet annuel miracle est
l'ingénieux magicien.
Depuis quarante-deux ans, ce diable d'hom-
me, petit, sec, nerveux, autoritaire, sympathi-
que par tout cela même, réussit ce prodige
de réunir à date fixe "tout ce qui, en Paris a
un nom dans quelque domaine que ce soit,
pour un spectacle qui n'est plus de notre temps
et qui n'en est que ptus attachant. Dans le
,petit manège. voisin du Bois, où l'on devrait
être trois ouquntre cents au maximum, nous
étions hier encore' peut-être un millier' : l'on
est bousculé, cahoté, pressé, mais, ça aussi,
c'est dans la tradition : le cirque Molier ne
serait pas lui-même sans ce détail indispen-
sable.. ■
Aux sons d'un. orchestre où l'on reconnaît
'un colonel, 'ou éditeur connu, un aviateur et
même qUeïques musiciens, l'on se peut réjouir
quelques heures durant aux. souples grâces de
la plus-habile haute école : dans l'arène, de
belles juments dansent, tenues seiréës par les
genoux nerveux de cavaliers experts : des gen-
tilshommes* en habit rouge font la haie comme.
çhez M. Lçyal : c'est, une fierté d'trè: chez
,
Molier, a la fois duc et valet d'écurie.
Et puis,, il y. a des acrobates "
prestidigitateur qui, si on ne le connaissait,
nous ferait au gousset mettre la main pour
voir si notre montre n'a point disparu, des
gymnasiarques puissants, des danseuses ex-
quises qui, aux sons de harpes et de flûtes,
sacrifient, elles aussi, au passé, et nous conso-
lent, pour un temps, des déhanchements désor-
donnés que nous exportèrent des Sud-Améri-
cains.
Vers minuit, le petit manège tout animé de
fièvre inhabituelle retombe dans son silence
inhabituel. Les derniers échos du cornet à pis-
ton s'évanouissent. Et avec un regret qui n'est
qu'un charme de plus, on se sépare pour un
an !
• JIM.
-.
S >•
Aujourd'hui
Le dépendu mécontent.
La fameuse chanson dit pendu est encore
fort à la mode. '-
Un prolnenelti- découvr-it dernièrement aux
environs de Tienne, dans un bois, un jeune
homme pendxi à un arbre.
Le promeneur, au lieft de suivre le conseil
des couplets célèbres, coupa la corde du pen-
dit qui « vïvùit eMcorc a.
Mal lui en pritfi car le pendu dépendu se
cassa une jambe en tombant.
Il intenta un procès en dommages-intérêts
à celui qti fut cause de ï'nocident et le sauva
de la mort.
Chose magnifique, il le gagna.
Son sauveteur■ jurh, mais un peu tard, que
désormais il ne se mêlerait plus de ce qui
ne le regarde pas.
Le Tapin.
La singulière retraite ;
c d'un vieux fonctionnaire
l 1"
Le dépôt de mendicité. - Défense de porter
des chaussettes
Une situation révoltante par son effroyable
brutalité est mise en lumière par une lettre
que le citoyen Merma, secrétaire général de
Jà. Fédération des services de santé, -adresse
au ministre de l'hygiène. Il nous suffit de
signaler que le cas n'est pas isolé pour per-
mettre à nos lecteurs, sans autre commentaire,
de juger avec la rigueur qui s'impose un sem-
blable régime. M. Paul Strauss voudrait-il
s'obstiner 'à le laisser, .subsister ? Nous ne 'pou-
vons le croire. -
Voici donc ce que M. Merma écrit au mi-
nistre de l'hygiène :
« A la suite d'incidents, M. Coyault, qui
compte 25 années;, de service 'et qui est âgé
de 69 ans, fut ad.nis à .la retraite par déci-
sion. de la commission consultative de cet
établissement. - : V
« Admis à la retraite est une 'simple for-
mule, car- vous n'ignorez pas que le person-
nel des établissements charitables placé sous
votre haute autorité n'a qu'une .allocation
viagère de dix francs par année de 1 service
et qu'administrativement cela est. aualifié pen-
sion de secours, ce qui nest pas une retraite.
« Ainsi donc, M. Coyault se vjt allouer
une pension de secours de 240 francs après
25 arçs de service à 4a .-maison natàoualede
convalescence de Saint-Maurice. et son pla-
cement au dépôt de mendicité de Nanterre !
Placé dans l'alternative de mourir de faim
ou d'accepter ct ..: générosité de votre dé-
partement ministériel, notre camarade ac-
cepta cette humiliation et s'en fut à Nan-
terre. Voici ce qui l'attendait ; : Il subit la
visite imposée aux pauvres hères qui
échouent là.. Puis interdiction de porter des
vêtements à lui, tenue de l'établissement qui
va jusqu'à l'interdiction du port de chaus-
settes : pieds nus dans des sabots. Le matin
on lui remit une musette, son pain pour la
journée, un couvert en fer et on lui interdit
le droit de venir se reposer dans la journée
dans le dortoir où il couchait.
a Ce régime, monsieur le ministre, est ce-
lui des vieux serviteurs des établissements
hospitaliers dont vous avez la haute direc-
tion. »
— ^8» < -
LE DÉPART DE M. AVTRAND
11 y a toujours un « important mouvement
préfectoral » en préparation. Celui dont il est
question depuis quelques jours aurait pour
point de départ la désignation de M. Autrand,
préfet de la'Seine, à un autre poste. Une tré-
sorerie gétérale lui serait réservée, dit-on.
D'autres parlent d'une ambassade, ce qui est
moins certain. =
Selon des re-nseignementa de eource autori-
sée, il est. exact que le prochain départ de
M. Autrand ait été envisagé. Mais iln-y a pas
lieu de retenir, pour l'instant, les noms mis
en avant.pour sa succession éventuelle,, pas
plus celui de M. Canal, préfet du Rhône, que
celui de M. JuHlard, préfet de Seine-et-Oise,
ou celui de M. Armand Bernard, préfet des
Alpes-Maritipaes.
1. L'ASSASSINAT DE M. RATHENAO
'w -,- 9
Un des trois meurtriers est sous les verrous
La police allemande est parvenue à établir
'identité des meurtriers de M: Rathenau. On
verra tout à l'heure que plusieurs d'entre eux
viennent d'être arrêtés. <
Les trois individus-qui se trouvaient dans
'automob:le d'où partirent les coups de fe-ï
à l'adrêse du ministre allemand, sont - lec:
nommés Techow, âgé de 25 ans, né à Berlin
et y .résidant ces derniers temps ; Fischer,
nommé aussi Voge.l, portant le surnom de
Pécheur, âgé ■ de 25 ans environ, habitant
Floeha en Saxe, et Knauer, appelé aussi
Korner et K,ern, âgé de 25 ans au plus. Tous
trois font partie de l'organisation secrète
Consul et étaient officiers de la fameuse bri-
gade Ehrart, qui accomplit le coup d'F-tat
de mars 1920. Knauer était l'un des mem-
bres du poste de garde de la chlli(>Rlleriê
après l'accomplissement du coup d'Ftat. - ,
L'arrestation de Techow
Berlin, 29 juin. — L'un des trois meurtrierq
de M..Rathenau, Ernest Werner Techow, âgé
de 25 ans, a été arrêté ce matin aux envi-
rons de Francfort-sur-l'Oder.
Techow est% celui qui pilotait .l'automobile.
La nouvelle, d'après laquelle les deux au-
tres meurtriers seraient aussi arrêtés n'est
pas confirmée.
Techow avait quitté Berlin vendredi soir,
pour se rendre à Halle, où il a été accueilli
par des amis instruits des événements.
Lundi soir, il s'était reffdu » aux environs
de Francfort-sur-l'Oder dans une propriété de
son oncle, La police a cerné hier soir la pre
priété et .a réussi à s'emparer de Techow'
malgré la résistance qu'il a d'abord opposée.
Techow nie toute-participation au meurtre
D'après la Nouvelle Gazette de Berlin à
midi, l'automobile dont se sont servis les
meurtriers et qui avait été remisée dans un
garage, n'a été ni louée ni achetée, mais mise
à la disposition des meurtriers par son pro-
priétaire.
Ce derner avait connaissance du but pour-
suivi par les assassins.
L'individu qui a servi d'intermédiaire en-
tre-.o;ë::'-'pr-.opriétaire de l'automobile, et les
meurtriers a été arrêté. ,.,
, Autrf!t arrestations
Berlin, 29 juin. -— Le Journal de Berlin
à midi annonce que Killinger a 'été arrêté dia
nouveau hier, à Prerow, station balnéaire dt
la Baltique, où il se trouvait avec sa famille.
La police berlinoise a également "arrête
l'étudiant Gunter, lieutenant de réserve,"dont
il est établi qu'il a non seulement été au
courant du meurtre de M. Rathenau, mais
encore a été complice.
Quatre autres personnes convaincues de
complicité dans le meurtre de M. Rathenau,
sont également sous les verroux. Ce, sont :
le commerçant Richard Schutt, de Berlin ;
le commerçant Diestel, de Berlin, proprié-
taire du garage où a été remisée l'auto dont
il connaissait le prochain emploi ; le col
légien Gerd Techow, frère du meurtrier déjà
arrêté ; le collégien Stubenrauch, tous deux
de Berlin.
Gunter, Gerd Techow et Stubenrauch ont
été au courant du plan ou en ont été. les
auteurs. <
Schutt et Diestel ont-été au courant du pro-
jet de meurtre ou l'ont facilité. ,
L'arrestation d'autraa complices Qst immi-
*
nente.
L'ACTUALITE
Un délégué des Syndicats rougps de Moscou ,
prend la parole au Congrès de Saint-Etienne
— '9' -————— <
C'est le citoyen Losowsky, app'audi par les communistes
, mais hué par les syndicalistes révolutionnaires
<>80.
Le Congrès de la 'C. G. T. dite « unitaire »,
;— parce qu'elle s'est créée sur l'ordre de Mos-
cou et s'oppose à l'ancienne C. G. T. qui a son
siège rue Lafayette — se poursuit à Saint-
Etienne dans le heurt des tendances qui met-
tent aux prises les (syndicalistes révolutionnai-
res ou anarchistes et les communistes.
La nuit dernière, au cours d'une séance très
mouvementée qui ne prit fin qu'à 1 h. 15 du
matin, M. iBarthes (des terrassiers) donne
rendez-vous à M. Frossard devant le peuple
de Paris.
M. Lecoin reprocha aux communistes d'a-
voir fait une réunion à part et d'avoir nommé
une commission pour suivre le congrès. Le
brouhaha fut alors à son comble. C'est faux !
disaient les uns. La Tchéka ! disaient d'au-
tres.
Le président, à iforce d'agiter sa sonnette,
parvient à lire une lettre de M. Arnaud, se-
crétaire de la Bourse de Saint-Etienne, qui
'ptérida la réunion du parti et qui donne de-
vant le congrès sa démission du parti commu-
niste. Le bruit augmenta encore.
M. Mayoux, des Bouches-du-Rhône, critique
ensuite le parti communiste. s
« Il est le même, dit-il, que l'ancien parti
socialiste, il est composé de politiciens dange-
reux. Une différence pourtant : on n'y est pas
libre. Moscou surveille ; on y exclut jusqu'au
Joui-nal du 'Peuple. Ces ordres et ces' exclu-
sions, croit M. Maycux, si l'autonomie du
mou veinent «syndical international n'est pas
respectée, la C. G. T. les subira en allant à
Mes cou. »
Finalement, M. Tommasi vientv défendre la
révolution russe attaquée de tous côtés.
La séance d'hier matin
Saint-Etienne, 2'9 juin. — M. Dupuy (du Vi-
nieu) préside. Tout de suite, il demande que le
calme soit plus parfait et qu'on ne robliigo.
pas à casser sa -sonnette. MM. Girard, gréviste
de Lille, et iRoylud l'assistent. M. Carpentier,
des comédiens, -cégétistes, a la parole. C'est
une déclaration unitaire qu'il fait. *
« Je suis contre une nègre blanc. On iparlo
de la disparition de l'Etat. C'est pour plus
tard. Nous qui 'sommes des réalisateurs, nous
vous demandons d'être d'accord maintenant
sur l'action immédiate contre l'Etat bourgeois.
Nous ne sommes pas encore dans la révolu-
tion. » ':'.
M. Pier.reton, après M. Carpentier, vient ap-
porter xinê .précision au sujet de la commis-
sion de surveillance' chargée de désigner les
orateurs, de la tendance communiste. M. Le-
coin veut démentir, piais le bruit recommenoe.
Les communistes rectifient.
Après un peu de tumulte autour de diver-
ses propositions, M. Vidil, secrétaire de la Fé-
dération de l'alimentation, reprend la discus-
sion sur l'orientation syndicale. Il s'affirme
ipour la 'motion Besnard. Pourtant, contraire-
ment à M. Lecoin, il croit que l'Internationale
révolutionnaire- syndicale rouge est une Inter-
nationale révolutionnaire.
« Mais, dit M. Vidil, nous voulons l'autono-
mie internationale sac* laquele l'autonomie na-
tionale n'est pas possible. »
M. Boudoux succède à M. Vidil, comme in-
dépendant. Pour lui, il n'y a qu'une lutte en-
tre lé centralisme et le fédératisme.
« Si vous étiquetez le syndicalisme d'une
couleur quelconque, vous ne pourrez plus re-
cruter parmi tous les travailleurs. »
Arrivée de Losowsky, délégué russe
M. Cadeau annonce l'arrivée de M. Dridzo
Losowsky, secrétaire de l'Internationale syn-
dicale rouge, qui arrive de Moscou malgré la
police. L'émotion est 'grande.
Un grand nombre de congressistes applau"
dissent pendant que d'autres protestent en
criant : A bas les dictateurs!
Devant (/es protestations, M. Monmous-
seau, secrétaire de l'Union des syndicats'de
la Seine, intervient et déclare que si les
anarchistes ne laissent pas parler M. Lo-
sowsky, les communistes empêcheront à leur
tour M. Borghi, délégué de l'Union anar-
chiste italienne, de prendre la parole.
M. Losowsky, plus connu, en France sous le
nom de Dridzo, fut longtemps militant syndi-
caliste eu France et fbndâ le syndicat des cas-
quettiers. Au moment de la révolution Tusse,
il rfut successivement expulsé de France, et
d'Allemagne. Retourne en Russie, il participa
activement à la révolution bolchèviste et s'oc-
cUlpa particulièrement des syndicats. Il fut
secrétaire de .la C. G. T. russe. Il est mainte-
nant secrétaire de l'Internationale syndicale
rouge. C'est au nom de cette organisation qu'il
v,enait. On l'attendait tel qu'on l'avait tou-
jours connu, avec une grande barbe blonde, à
laquelle il tenait beaucoup. Il l'a rasée pour
n'être pas 'reconnu par la police.
Dès son entrée, une partie de la salle du
congrès applaudit, puis chante l'Internationale.
M. Content, anarchiste, s'écrie : « A bas les
dictateurs ! »
M. Cadeau demande qu'on entende Losows-
ky dans le plus profond silence. Le silence se
fait et Losowsky, sans geste d'orateur, avec
un débit calme, d'une voix qu'une connaissan-
ce limitée du français rend parfois mal assu-
rée, sera écouté avec calme.
Un exposé de la Révolution russe
Il y a huit ans, commence M. Lozowsky,
J'étais à Paris. C'était en 1914, avec Monatte
et Rosmer, je bataillais dans vos rangs con-
tre la guerre. J'ai donc un peu le droit de
parler ici. Le capitalisme va à sa mort. Nous
devons trouver contre lui tous les révolution-
naires. On nous a critiqués, on a dit que nous
voulions-vous obliger-à faire une révolution
à la russe. Peu nous importe, que vous fas-
siez une révolution à la française, à l'ita-
lienne ou à l'espagnole, pourvu' que vous la
fassiez. », Et M. Lozowsky aborde « l'histoi-
re » de la révolution russe pour en extraire
les Çaits qui prouvent en faveur de la thèse
communiste contre la thèse anarchiste.
« En Russie, poursuit l'orateur, nous
avons fait en Õ ans toutes les révolutions
françaises : celle de 89, celle de 93, celle de
48 et celle de la Commune. Toutes les puis-
sances nous sont tombées dessus. En 1920,
les délégués de 19 puissances sont venus nous
demander de respecter les biens de leurs Iil
tionaux. Dans les usines que nous avons pri.
ses, il y avait des usines belges, françaises,
etc. et la révolution ne faisait pas plaisir
aux propriétaires. C'est alors qu'on nous a
déclâré là guerre et nous avons dû nous dé-
fendre. On nous a donc coupé la région de la
Volga, la région de Bakou et la Sibérie. On
nous attaquait avec des armées organisées
scientifiquement et nous nous sommes dé-
fendus avec une armée scientifiquement orga- 1
nisée. Mais la bourgeoisie internationale
n'était pas seule contre nous, il y avait aussi
des démocrates, des réformistes.
« La première voulait l'argent, les autres
criaient : « A bas la dictature !» Il y avait
braqués contre nous, deux canons, l'un por-
tait ces mots : « De l'argent ! » et l'autre
« A bas la dictature ! ». N JUS avons répon-
du parce qu'il fallait sauver la révolution par
quatre canons. Nous avons, c'est vrai, froissé
des sentiments démocratiques et pourtant,
avant la révolution, j'étais moi-même démo-
crate. En Russie, nous avions aussi des
chants. Je suis heureux de vous entendre
chanter la révolution, chantez-la, et faites-
la aussi. »
Et M. Lozowsky rappelle qu'à une époque,
en Espagne comme en Pvan«,- les syndica-
listes révolutionnaires voulaient adhérer à la
troisième Internationale politique.
Le secrétaire de l'Internationale de Mosèou
donne ensuite devant son auditoire mi-sym-
pathique et mi-hostile, mais silencieux, des
détails circonstanciés sur les statuts de
l'I. S. R. et il insiste particulièrement sur
l'autonomie des C. G. T. qui y adhèrent déjà.
M. Losowsky termine en critiquant la
C. A. de la C. G. T. U., en disant qu'elle a
voté un ordre du jour contre le gouvernement
des Soviets. Il achève par un appel en fa-
veur du communisme et sort du Congrès. A
la porte, des commissaires spéciaux sont là
pour l'arrêter, mais il parvient à disparaître.
Des répliques
M. Totti, secrétaire de la C. G. T. U., prend
ensuite la parole et reproche à M. Lozowsky ,
de n'avoir pas respecté la souveraineté du
Congrès en s'attaquant à la C. G. T. U.
« Je le dis au nom de B dignité de la C. A.,
ajoute M. Totti, dont il a"critiqué la gestion
sans en avoir le droit. »
Une partie du Congrès proteste. M. Barthes,
des terrassiers, déclaue qu'il a passé un mot
à M. Lozowsky pour lui demander si les syn-
dicalistes purs étaient des contre-révolution- -
nairee. « Il n'a pas répondu, dit M. Barthes,
j'enregistre sa carence. » Il y a du bruit et
M. Monmousseau vient déclarer que le Con-
grès doit placer ses débats au-dessus des re-
proches de M: Totti.
La séance est levée à 13 heures. M. Lo-
zowsky a parlé pendant deux heures.
, La séance de l'après-midi
La séance fut occupée entièrement par les
délégués étrangers. M. Borghi, de l'Union
syndicale italienne, critique le gouvernement
des Soviets. Il lui reproche de mettre en pri-
son des travailllurs qui arrivent cinq minutes
en retard à leur travail et d'avoir supprimé
toute liberté. Il ne veut pas suivre Lénine
qui risque de remplacer le tzar. D'aucune fa-
çon, il ne peut admettre l'adhésion à Mo
c'ou. ,
M. Diaz, représentant de la C. G. T. révolu-
tionnaire espagnole conclut de la même fa-
çon et souhaite l'adhésion à une internatio-
nale de Berlin, purement syndicaliste;
Le délégué Yougo-Slave vient dire ensuite
les misères des travailleurs yougo-slaves et
la séance est levée à 19 heures, sans que la
discussion sur l'orientation syndicale soit ter-
minée.
vn|ir r
.AU SENAT
Deux interpellations
sur les réparations
La Haute Assemblée vote la confiance
au gouvernement à la presque
unanimité
C'était hier* grande séance au Luxembourg,
et les tribunes, d'ordinaire garnies d'un pu-
blic assez clairsemé, étaient pleines à cra-
quer.
C'est cependant au milieu d'un profond si-
lence que M. Bourgeois, qui présidait, pro-
nonça l'éloge funèbre de M. Lucien Cornet,
sénateur de l'Yonne.
Mais l'attention, qui avait fléchi tandis que
l'on votait sans débat le projet de loi sur
le statut du Danube internationalisé, redou-
bla quaad M. de Jouvenel monta à la tri-
bune pour développer l'interpel'lation qu'il
avait déposée, de concert avec M. François
Albert, « sur les conditions dans lesquelles
le gouvernement entend poursuivre, tant à
La Haye que dans ses divers entretiens avec
les Alliés, la politique de réparations fran-
çaises et de reconstruction européenne ».
Discours de M. de Jouvenel
« Ce n'est pas dans un esprit d'hostilité
contre le gouvernement, déclare M. de Jou- w
venel, que cette iner.pellation est déposée,
mais dans un but de collaboration. Noue vou-
lons apporter des idées et des suggestions.
Au mois d'octobre tombe la première échéan-
ce des dettes interalliées. Il faut dire ce
que nous voulons. --
« Quand on nous entend nous plaindre sans
cesse, nos Alliés, les neutres, les adversaires »
se disent : « Mais enfin, que veut la Fran-
ce ? »• Et tous pensent, en nous voyant mi-
litairement forts : si la France savait c,
qu'elle voulait, elle l'obtiendrait. Mais avant
de savoir ce que nous voulons, il faut savoir
ce que nous ne voulons pas ; il y a deux
choses que nous ne voulons pas : c'est voir
diminuer sa créance sur l'Allemagne et ne
pas laisser fonder la reconstruction de l'Eu-
rope sur celle de la Russie. (Très bien !)
« Les coquetteries de M. Lloyd George avec
la Russie ont laissé croire ^à celle-ci qu'elle
était indispensable à la reconstruction de
l'Europe. Elle a pris la pitié qu'on avait en-
vers des enfants affamés pour une approba-
tion de sa politique. Les Russes se sont cru
les maîtres du monde. L'Allemagne, encou-
ragée, a signé le tra té de Rapallo. La Con-
férence de Gênes n'a rien donÙé., La France
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