Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-06-15
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 juin 1922 15 juin 1922
Description : 1922/06/15 (N18813). 1922/06/15 (N18813).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
26 PRAIRIAL, AN" 130. — r 18813
Le numéro : QUINZE CENTIMES
JEUDI 15 JUIN 1922. -1r 18813
: Fondateurs (1869) e
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Do ao Six mois Trois mois
SEINE & S.-ET-OISE. 38 n 20 » 10 il
FRANCE & COLONIES.. 41 a 22 n Il a
ETRANGER 49 » 25 » 13 »
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TRIBUNE LIBRE
y
Jeunesses républicaines
Une grande leçon nous vient de l'Hé-
rault; et elle s'adresse à toutes les jeu-
nesses de France, dispersées, turbulen-
tes, vouées aux sports ou au Roy, par
snobisme ou par irréflexion, insouciantes
des destinées de la République. Quel
groupement de jeunesses laïques ou ré-
publicaines eût pu réunir en aucun dé-
partement et même à Paris l'assemblée
ardente accourue dimanche à l'entrée de
la .Montagne Noire, au cœur paisible et
sauvage du Saint-Ponais?
Accourue non sans difficultés: il est
plus d'une étape pour atteindre la sour-
ce ombragée du Jaur, dissimulée1 sous
des masses formidables de granit. Mais
nul républicain n'a dû regretter le voya-
ge, et le. retentissement de cette mani-
festation s'étendra bien au delà des li-
mites départementales.
A ! 'hetwe - ffiême où nous proclamions
à Saint-Pons, à l'issue du Banquet de la
Halle, les nécessités politiques de l'heu-
re présente, à l'intérieur et au dehors, à
Bédarieux nos amis républicains soule-
vaient avec la même thèse les mêmes ac-
clamations devant un auditoire de plein
air de plus de 2.000 personnes. De rage
sans doute le cercle catholique de Saint-
Pons faisait lacérer les banderoles de
bienvenue gracieusement suspendues en
travers des rues.
Au théâtre, nous avions dénombré
dans la matinée les forces respectives
des différentes sections de jeunesses ré-
publicaines de la région; et une propo-
sition d'affiliation de la Fédération de
l'Hérault, la plus importante de France,
- à la Fédération nationale des Jeunesses
laïques que préside Gaston-Bonnaure
avait reçu du Congrès un accueil favo-
rable.
Quelle leçon pour tant de groupe-
ments plus riches d'états-majors que
eFadhérents et qui ne vivent guère que
du prestige de leur papier à lettre
Et quel enseignement pour tant de
jeunes gens plus pressés de se faire va-
loir que de servir et qui font avec tant
d'autorité de l'internationalisme ou mê-
me du synthétisme dans la plus stricte
ntimité.
Me sera-t-il permis, à cette occasion,
de tirer certains d'entre eux qui font du
particularisme avec tant d'entrain éphé-
mère d'une erreur où les entraîne, à la
remorque de Marc Sangnier, leur appré-
hension ou leur horreur de la guerre ?
Erreur qui consiste à penser, avec Pierre
Commines, par exemple, l'un de leurs
leaders, que le cléricalisme est aujour-
d'hui un procès vidé.
'-Qu'ils l'aillent donc dire à nos amis
des provinces qui subissent actuellement
l'offensive cléricale la plus audacieuse
qui se soit jamais vue, ou encore à Mau-
rfce Charny qui en démonte ici-même
chaque semaine le mécanisme avec tant
de précision.
Par ce dernier nous savons où Marc
Sangnier et sa suite prennent leur ins-
pirations: de quelque prétexte pacifiste
qu'on les décore, elles seront toujours
suspectes à des républicains réfléchis
qui savent par experience ce que vaut
le « libéralisme » chrétien et à quelles
'fins il tend aussi bien en politique inté-
rieure que sur le plan international. Le
dogme confessionnel, quel qu'il soit, est
à jamais inconciliable avec la libre pen-
sée républicaine qui affranchit les cons-
ciences et les peuples. Pourquoi le faut-
il rappeler à de jeunes démocrates?
Ce qui est tout à fait regrettable, c'est
qu'aucune grande organisation laïque
n'ait encore tenté l'effort de rapproche-
ment et de coopération démocratique
international que poursuit si vigoureu-
sement, pour le compte des Jésuites,
Marc Sangnier. Seule la Ligue des Droits
de l'Homme l'a fait, mais fragmentaire-
ment et en collaboration avec ce der-
nier. Une autre œuvre s'impose qu'en-
treprendra sans doute à l'automne une
autre Ligue et sur un programme logi-
que , équitable et complet de recons-
truction de l'Europe.
Les jeunesses laïques et républicaines
y seront conviées, à seule fin d'y appren-
dre que l'unité d'action qu'elles préco-
nisent impliqué nécessairement une uni-
té de principes, une convergence cer-
taine de tendances et d'aspirations. On
ne compose pas avec les uns et avec les
autres; et il les faut admettre ou reje-
ter tous avec toutes leurs conséquences.
C'est ainsi que le principe de la gra-
tuité de l'enseignement primaire, établi
par - la loi de 1881, doit trouver l'une
Je ses applications dans la gratuité des
fournitures scolaires à tous les élèves.
Pour faire adopter cette proposition par
les congressistes de Saint-Pons, le rap-
porteur qui la leur soumit usa de cette
saisissante comparaison: on fournit gra-
tuitement le fusil au soldat ; on doit éga-
lement fournir le livre à l'écolier.
Aux élus de l'Hérault venus à Saint-
Pons en observateurs, il apparut bien
vite que le Congrès des Jeunesses laï-
ques prenait une signification politique
dont il importait de tirer parti ; et ils ne
se firent pas faute de le déclarer. Ils y
purent juger de la force du courant qui
entraîne à l'heure actuelle tous les répu-
blicains avérés, des cadets aux aînés,
vers une concentration réelle et posi-
tive, solide et bien établie, capable
de dominer toutes les intrigues et tous
les calculs du Bloc National. Ceux
qui ne le comprendront pas, chefs ou
groupes, seront emportés. r -
P.-René CHAVAGNES
Secrétaire général de la Ligue
de la République.
---->-8+. - ( ——————————
ÉDITORIAL
1. 1 -
Des groupements,
des discours.
Nous manquions appa-
rammentde « ,groupements
politiques ».
Comités, Ligues, Allian-
ces, Associations ne suffi-
saient plus. PlùrS on récla-
me de grands partis,, plus
on coristate des phénomènes \de scissipa-
rité, pour parler comme les physiolo-
gistes.
L'Action Républicaine Nationale est
donc née, et elle a choisi pour nourrice
notre prÕêniinent François Arago, Prin-
ce des Àragôizisj en personne.
Autour de lui, un grand état-major.
Derrière, pais de troupes. Un détail.
A bien considérer les coryphées de M.
François d'Aragoinie on a l'impression
de les avoir déjà vus sur une autre scè-
ne. Parbleu ! la plupart font aussi par-
tie des gardes du corps de M. Jonnart,
président du Parti républicain démocra-
tique, ci-devant Alliance républicaine
démocratique, fille éplorée de feu Adol-
phe Carnot.
Comme on se retrouve. Ah- ! les chers
petits vieux fous qui changent l'étiquette
pensant rafraîchir la marchandise.
Je trouve fort ingénieux cette idée de
cadres interchangeables. J'cidmire non
moins ce retapage de viellxneuf. J'au-
rais écrit ressemmelage 'si je ne crai-
gnais d'offusquer un des grands sa-
chems du « nouveau groupement », M.
le député Soulier, qui ne goûte pas du
tout mes mauvaises plaisanteries.
- Je n'ai pas besoin cle vous dire que
l'Action nationale républicaine entend
bien instaurer'ou restaurer la vraie Ré-
publique.
En attendant cette restauration on .s'en
fut chez le restaurateur. 'Car le premier
acte d'un nouveau groupement est d'or-
ganiser un banquet. Aimable symbole
des dldsses digérantes.
Naturellement, M. Arago parla; puis il
lui une lettre de M. Jonnart. C'est assu-
rément ce qu'il dit de mieux.
Notre aimable ambassadeur à Suez,
président du Conseil d'administration
du Vatican" a préconisé « l'autonomie
des deux grands groupements, qui ,se
rencontreront toujours pour faire préva-
loir dans l'ordre 'et la paix les intérêts
supérieurs de la reconstitution nationale
et l'idéail de la civilisation moderne. »
Sur quoi nos bons vieux messieurs, un
peu éberlués devant d'aussi belles pers-
pectives, et déjà fatigués par l'effort.de
ce banquet., regagnèrent leur lit où les
berce l'illusion des songes.
Debout là dedans ! Au réveil : la fail-
lite.
Edmond DU MESNIL.
————————— ) --+- ( ——————-—-.
L'flîfaira de la 13. I. C.
Les poursuites
contre M. Calary de Lamazière
La commission chargée d'examiner la de-
mande en autorisation de poursuites contre
M. Calary de Lamazière, s'est réunie hier pour
entendre de nouveau M. IBarthou.
- Celui-ci a 'fourni là la commission des ex-
plications complémentaires sur le réquisitoire
introductif d'instance du procureur Lescouvé,
ainsi que sur le rapport de M. Cruchon, expert
comptable près le parquet de la Seine, relatif
aux opérations de la B. I. C. et de -la Société
du Pacifique. -
On sait que M. Calary de Lamazière aurait
dit que, dans ce document, figurent les noms
d'autres parlementaires compromis dans. la
même affaire.
Le garde des sceaux a déclaré qu'il ne pou-
vait faire état de ce rapport à cause de son
caractère privé.
Après le départ du ministre, la commission
a entendu M. Calary de Lamazière, à qui elle
a communiqué les déclarations du garde des
sceaux. -
Elle se réunira de nouveau aujourd'hui afin
de continuer cette audition et de statuer, on
l'estière définitivement
On- dit.
En Passant
L'éloquente statistique
- Les dhiffres ont parfois leur éloquence - et
quelle éloquence !
Ainsi, la lecture de la statistique de la ViHe
de Paris, au sujet des célibataires, mariés, veufs,
divorcés, etc., est vraiment troublante.
Si l'on veut bien se rapporter à cette paisj-
ble année 1911 (époque heureuse, et nous ne
nous en doutions même pas !) la comparaison
est navrante.
Passons rapidement sur les divorces ; cons-
tatons au passage que les femmes — déjà en
1911 — tenaient la tête du mouvement : 11.817
divorcés pour 20.118 divorcées. En 1921 : 16.700
divorcés pour 28.722 divorcées.
Qui oserait prétendre après cefla que l'infi-
délité est un défaut masculin ? 1
Quant aux veuves, elles étaient en 1911 plus
nombreuses que les veufs, elles passent du
chiffre 19'9.260 au chiffre désolant de 23l5.8!(>3,
tandis que le nombre des veufs reste station-
naire à 50.892.
A quoi bon ajouter un commentaire à la sta-
tistîque sèche et nette.
Le nombre des mariages a un ':peu augmenté,
mais, par contre, tandis que les célibataires
comptaient en 1911 autant de vieilles filles que
de vieux garçons, en 1921 on trouve 100.000
femmes qui, avec la meilleure volonté, ne pouç*
ront trouver un mari français.
Parmi celles-là, il en est qui, n'ayant pas la
vocation du célibat, « sauteront le pas » et
feront leur vie en dehors des conventions so-
ciales et des préjugés. (Que ceflui qui leur trou-
Vera un mari leur jette la première pierre.)
Mais les autres, celles qui n'ont, pas de dis-;
positions pour une vie un tant soit peu « à
côté » et qui désirent ardemment fonder un.
foyer, avoir des enfants. Où faudra-t-il
qu'elles aillent chercher celui dont elles rê-
vent ?
Jeunes files, il n'y a qu'un remède : épouser
des étrangers et faites leur aimer la France,
afin qu'ils ,la préfèrent à leur patrie et que vos
enfants soient des petits Français.
Ch. RABETT.
Aujourd'hui
Un jugement sain
Une jeune institutrice, désireuse d'exciter
chez ses élèves le goût du beau, a pris pour
tâche de leur vanter les mérites de nos gé-
nies littéraires. Elle consacre fréquemment
des heures à glorifier Molière, Corneille, Ra-
cine et voit chez ses auditeurs s'éveiller un
intérêt croissant.
Un jour elle demande à ses potaches .* « Ai.
meriez-vous mieux être Racine ou Charlie
Chaplin
Naturellement, tous les suffrages vaut-
: Racine. Çt n'est peut-être pas le cœur même
qui parle Chez les gosses, mais plus le respect
de leur éducatrice et une sorte de discipline
bien comprise.
L un, toutefois, se dérobe, et déclare sans
ambages qu'il préférerait être Chariot.
- Et pourquoi ?
—- Parce qu'il est vivant !
La vérité sort presque toujours de la bouche
des enfants
"'>+-<::>-
Le public au procès Bassarabo
Si le président Gilbert n'avait pas, sur l'in-
vitation même de la Chancellerie, pris des
mesures très sévères contre l'invasion de la
salle d'aùdiences,nous aurions revu sans doute,
ces jours derniers, lè même spectacle scan-
daleux qui fut-offert lors du procès Landrû.
Hait-on, en effet, qu'un riche voyageur de
passage, descendu dans un de nos plus bril-
lants palaces, offrait avant-hier 10.000 francs
pour une entrée à une seule séance ? naturel-
lement, on n'a pu lui donner satisfaction.
-<:::>+
Les horreurs de la famine russe ,
La Krasnaia Gazetta rapporte que dans une
des régions où la famine se fait le plus sen-
tir, les autorités bolchevistes ont fait fusil-
ler plus de cent enfants atteints de la mala.
die de la morve, qu'ils avaient contractée en
mangeant de la chair de chevaux morts de
cette épidémie. Les bolchevistes expliquent
ces exécutions en disant qu'ils y pro-
cèdent « pour un motif d'humanité et par me-
sure sanitaire ».
Le Tapin.
Y a-t-il toujours ,-
un Empire allemand?
Si l'on ajoutait .une foi absolue aux démar-
ches et aux paroles des diplomates, l'on pour-
rait croire innocemment que l'Empire alle-
mand est toujours debout et que la République
ne fut jamais qu'une fiction.
C'est, du moins, ce que tenta de faire ad-
mettre le nouvel ambassadeur d'Allemagne
aux 'Etats-Unis. Lors de la remise de ses let-
tr-es de créance au président" Harding, le Dr
Otto Wiedfeldt osa, en effet, s'exprimer
ainsi :
- Je dois ma nomination à la confiance du
président de I'EMPIRE allemand et du gouver-
nement allemand.
On devine le haut-le-ccrps des Américains !
Mais le président Harding ne perdit pas le
nord : du tac au tac, il répondit :
— Je suis heureux de recevoir de vos mains
une copie de la lettre de créance de S. E. le
président de la RÉPUBLIQUE d'Allemagne.
Et, pour donner plus de poids encore à sa
déclaration, il s'empressa d'ajouter en termi-
nant son discours purement protocolaire :
- Vous voudrez bien remercier le chef d'E-
tat allemand (the head of the German state)
et l'assurer de mes vœux pour le bien-être de
la RÉPUBLIQUE QU'IL PRÉSIDE; :
Mais il e.'it- bien probable que le docteur
teuton n'a même pas senti la-nuance !
, ) < M. i.
La taxe suc le chiffre Maires
La: commission des finances dii Sénat a en-
tendu hier M. de Lasteyrie,- relativement au
projet de loi. portant modification' de la taxe
sur le chiffre d'affaires et de la taxe de luxe
adoptée-par la Chambre.
M. MilliG-Lacroix qui pré&i-dâAt,-pria le mi-
nistre de préciser la portée des modifications
nouvelles et de la codification que lé gouverne-
ment, par. des dispositions-récentes, propose
de substituer aux textes vo es par--qa Cham-
bre. ,.'
M. de Lasteyrie a exposé que ,selon lui, il
n'y avait pas antinomie entre le texte nou-
veau du .gouvernement et'celui de-la Chambre.
Il lui a paru d'abord nécessaire de .codifier mé-
thodiquement des textes.qui sont actuellement
disséminés dans "plusieurs lois. Adoptant cer-
taines, dispositions nouvelles de la Chambre,
il estime pourtant qu'iiry..a lieu d'étendre le
forfait à diverses catégories très importantes
d'assujettis.
Après le départ du ministre -des finances, la
commission a décidé d'examiner tout d'abord
l'article premier du projet voté au Palais-
Bourbon. Ce texte concerne les- bénéfices com-
merciaux, et industriels - en ce qui touche les
artisans et ne s'applique pas à la taxe sur le
chiffre d'affaires. • •. • -
Son rapporteur général-devra lui présenter
un rapport sur cette question dont elle-entend
faire un-projet spécial. - ,
Ensuite, la commission étudiera les textas
-^4a -Ch&mbre et du goaveraement- r-elatiis au
chiffre d'affaires prapreënCdlCefià. la taxe
de luxe.
; ::. - -.e c ——;
Le président (+) de la délégation
de Stockholm à son arrivée à Paris
LES BOLCHEVIKS EN DÉSACCORD
Moscou contre les Communistes français
Marche-t-on vers une scission du Parti ?
*
Décidément, les relations entre Moscou et
le parti communiste français sont tendues au
plus haut point, et c'est un véritable procès-,
parallèle à celui des socialistes révolution-
naires, que cette réunion de l'Exécutif élargi
qui se tient en ce moment à Moscou.
Voici, d'après le compte rendu communiste
lui-même, le citoyen Frossard sur la sellette
à la séance du 8 juin : — Accusé, répondez,
semble lui dire Trostsky, tminiatre de Ip,
guerre, d'où vient le malaise, la faiblesse de
votre parti ? -
Et le citoyen Frossard de plaider non. cou-
pable, de pousser même l'audace jusqu'à re-
gretter l'exécution sommaire d'Henri Fabre ;
par-dessus la tête de toutes les sfutorités com-
munistes françaises. Puis il s'humilie : — Oui,
il nous faut un programme d'absolue rigueur
que vous nous dicterez. C'est sous votre égide
que l'accord se fera entre les meilleurs élé-
ments de notre parti.
Mais Souvarine, devenu tout à fait IIIe In-
ternationale, ricane et se pose en accusateur
public :
— Vos engagements ! Nous savons ce qu'en
vaut l'aune. Vous dites oui et vous faites non.
Vous aviez pris de belles résolutions pour le
mouvement syndical. Vous deviez le diriger
et vous vous laissez absorber par lui. Pas de
discipline chez vous ; chacun à sa tendance
.et vous maintenez l'équilibre. C'est comme
avant Tours. Hé bien ! Ayez le courage de
faire un nouveau congrès de Tours. Rejetez
de vous tous les .éléments réactionnaires.
Trotsky renchérit :
— Oui, comme le disait Souvarine, vos en-
gagements, ce sont des chiffons de papier.
En réalité vous êtes en conflit avec l'Interna-
tionale. Vous lfl-iaaez le champ libre à toutes
les attaqués qui se multiplient-contre ses dé-
cisions.
— Et, aussi, vous altérez effrontément la
vérité, continue Trotsky ; tous vous avez dit
que les socialistes (S.F.I.O.) n'étaient qu'une
poignée, un parti irréel. Les élections canto-
nales nous ont montré leur force et. votre du-
plicité. C'est pourtant sur cet engagement fal-
lacieux que vous avez basé' votre opposition
au front unique..
Puis, tout aussitôt, le citoyen Trotsky parle
des désistements purs et simples des commu-
nistes au second tour :
— Vous avez favorisé je Bloc des gauches.
Nous rie voulons plus de cela, tovarit&ch Fros-
sard. A ce bloc, opposez une base ferme qui
émeuve et remue votre prolétariat amorphe.
« Quant au syndicalisme, il vous échappe,
vous .montrez là votre maladresse. Il semble
possible que la C. G. T*. L*. n'adhère pas à
l'Internationale syndicale %>uge. Ou si elle y
adhère, ce sera dans les c ditions indiquées
par la Fédération de la. Seine, en revendi-
quant sa pleine autonomie. Nous ne voulons
pas de cette restriction. un doit nous être
entièrement dévoué.
« Excluez de votre parti toute la droite,
faites l'union solide de la gauche et du cen-
tre, et ayez enfin sur les syndicats l'autorité
nécessaire. »
Allons-nous revoir, contormément aux sug-
gestions de Souvarine et ds Trotsky un nou-
veau congrès de Tours qui exclura toute la
droite du parti communiste, ou celui-ci gar-
dera-t-;il son indépendance ?
Oh ! doit dire le citoyen Pioch, s'ils con-
tinuent leurs épurations, l'heure est proche
où il ne restera plus que ,|a' famause clique
des « mâtinés de curé et soldat ».
René PAROD.
POLITIQUE ETRANGERE
ha Conférence préliminaire des experts
s'ouvre aujourd'hui à lia Haye
L'Allemagne pose maintenant des conditions. pour bénéficier
d'un emprunt international ,','.
- -<>i>«'; « 3 >
La Conférence de La Haye
s'ouvre aujourd'hui sans tam-
bours ni trompettes. Nous
sommes loin des beaux embal-
lements suscités par Gênes.
M. Lloyd George avait tant
proclamé qu'on pouvait alors espérer une ré-
surrection de l'Europe ! Et la montagne ac-
coucha d'une souris !
Le monde, il y a deux mois, avait encore la
foi. Il ne l'a plùs aiijourd'hui.
*
**
Cette première réunion de La Haye n'est
qu'une rprise de contact des experts alliés —
sans les Russes. Ils tenteront de mettre sur
pied un programme sur lequel ils puissent
s'accorder. A la suite des divergences d'avis
existant entre Londres- et Paris; il est à présu-
mer que, dès. la premlùrç .séance, notre, délé-
gué devra faire toutes n:sel'cB. Après avoir
défini le cadre de sa mission, M. Charles Be-
noist se contentera d'écouter, d'observer,
*
liol:
Le discours prononcé à la Chambre belge
par M. Theunis rétablit dans leur cordialité
les relations franco-belges sur lesquelles l'at-
titude de nos amis.Ù la commission financière
avait jeté une ombre. L'on s'en réjouira très
franchement en France.
Dès son arrivée à La Haye, le chef de la dé-
légation belge, M. Oattier, a eu une entrevue
avec M. Charles Benoist. L'accord semble fait
entre les deux diplomates, qui pourront con-
tinuer à marcher la main dans la main.
*
**
Voilà VAllemagne qui pose des conditions à
un emprunt ! Non seulement elle ne paie pas
et réclame de l'argent, mais pour consentir
à accepter cet argent, elle fixe divers points
qu'elle estime essentiels à l'établissement de
son crédit. La Gazette Générale de l'Allema-
gne, dont on !ira plus loin les prétentions,
montre une fois de plus cette aberration
psychologique dont on nous donna, au delà du
Rhin, de si multiples preuves.
Raymond LANGE.
La conférence préliminaire
On Mit mie le conseil des minifitrAS a dé-
On sait que le conseil des minis|p#s a dé.
cideTehVôr â La BaYé, dont. la réunion -pré»
liminaire s'ouvre aujourd'hui 15 juin, d'une
« mission d'études ». Celle-ci sera composée
de MM. Alphand, directeur des biens et offi-
ces privés ; Chasles, inspecteur des finances ;
Massigli, François Poncet et de La Pradel.
Ceux-ci ne pouvant arriver là La Haye pour
l'ouverture des travaux de la Conférence, M.
Charles Benoist, ministre de France à La
Haye, représentera à la première réunion le
gouvernement français, dont il sera l'observa-
teur. Il conformera son attitude aux instruc-
tions qu'il a reçues et au mémorandum fran-
çais du 2 juin.
M. Cattier, chef de la délégation belge, est
arrivé avec ses collègues, MM. Galopin et Wit-
meur. Il a déclaré également qu'il avait pour
mission principale d'observer. Les instruc-
tions du gouvernement de Bruxelles sont sou-
ples quant aux détails, mais ifermes quant aux
principes sur lesquels la Belgique n'a modifié
aucunement son point de vue depuis la Confé-
rence de Gênes. Si la Conférence préliminaire,
conformément à la thèse britannique, décidait
d'écarter de la discussion générale les princi-
pes- défendus par 'la Belgique, la -délégation
belge ne refusera pas de continuer son con-
cours, mais elle se réservera d'évoquer l'ob-
servation des règles dont la Belgique s'honore
d'avoir fait a règle dans les négaciations in-
ternationales.
M. Cattier a eu une entrevue avec M. Char-
les Benoist. Les chefs des délégations 'belge et
française ont constaté la parfaite communauté
de vues de leurs gouvernements.
LES DELEGATIONS
Budapest, 13 juin. — La Hongrie sera repré-
sentée à la Conférence de La Haye par le mi-
nistre plénipotentiaire Taby et le conseiller
de légation Vattstin.
Les réparations
A LA COMMISSION
La. Commission des réparations s'est réu-
nie hier matin, en séance officieuse, pour con-
tinuer l'examen de la note qu'elle compte en-
voyer au gouvernement allemand pour com-
pléter et préciser les pointe que sa lettre du
31 rnai avait négligés. Comme nous l'avons dit,
il s'agit de fixer exactement le contrôle des-
tiné à empêcher l'évasion des capitaux alle-
mands à l'étranger et d'assurer l'autonomie
de la Reichsbank.
Le Comité des garanties, que préside M.
Mauclère, partira samedi pour Berlin, où il
va présider à l'organisaTion des services de
contrôle sur les recettes et les dépenses du
Reich, prévus par les arrangements du 31 mai.
LES IDEES DE M. HUGO STINNES
Berlin, 14 juin. — La Deutsche AUgemeine
Zeitung, qui reflète en général les opinions de
M. Stinnes, publie au sujet des réparations un
manifeste qui précise le point de,vue du parti
populiste. Ce document dit en substance :
« La fixation définitive du chiffre des ré-
parations est la première condition de l'émis-
sion d'un emprunt international. Nous atten-
dons impatiemment qu'on nous fasse enfin
connaître le chiffre exact de nos obligations.
Notre décision de payer les charges que nous
avons acceptées, quelques lourdes qu'elles
soient, demeure inébranlable. Cependant l'or-
ganisme économique n'est plus qu'un tronc
auquel l'arbitraire a enlevé les membres. Aus-
Gi longtemps que nos créanciers nous empê-
cheront d3 travailler rationnellement, nous
n'obtiendrons aucun crédit.
« Ceux qui demandent à l'Allemagne de
s'acquitter de sa dette devront souscrire aux
conditions suivantes :
«.1 ° Evacuation des ports de la Ruihr ; sup-
pression de la taxe sur les exportations ; 2°'
évacuation de la rive gauche du Rhin ; 3°
évacuation de la Sarre et droit de libre dis-
position pour l'Allemagne du charbon. de ce
bassin .; 4° suppression des entraves qui pè-
sent sur le commerce allemand avec la ville
de Dantzig et facilités de transit au travers
du couloir polonais ; 5° fixation des frontières
en Haute-Silésie, conformément à-la lettre et
à l'esprit du traité de Versailles, le partage
actuel avant détruit l'unitti étfOTjQTriiane du
pays ; 6° suppression de la clause accordant
aux Alliés le traitement de faveur de la na-
tion la plus favorisée. »
LES SIX POINTS DE L'ALLEMAGNE
Berlin, 14 juin. — .La Gazette Générale de
VAllemagne publie en gros caractères, sous ce
titre : « Les six points de l'Allemagne », un.
appel aux créanciers de l'Allemagne déclarant
que les conditions suivantes sont nécessaires
pour rendre 1,'Allemagne digne de crédit et lui
permettre de supporter ses dettes :
« 1° Evacuation de Duisbourg, Dusseldorf
et de Ruhrort et suppression de- la taxe. d'ex-
portation de 26 0/0 .; 2" évacuation de la rive
gauche du Rhin ; 3° évacuation du bassin de.
la Sarre ; 4° liberté du commerce allemand
avec Dantzig et à travers le corridor ; 5° dé*
limitation des frontières Eilésiennes, confor-
mément au traité, de paix ; 6° suppression de
la contramte' invposélï & fAUemagnë, relative-
ment là la clause de la nation la plus favo-
risée: »
LES REACTIONNAIRES ALLEMANDS
S'AGITENT
Berlin, 14 juin. — La fraction majoritaire
du Reichstag a déposé une interpellation re-
lative aux manifestations réactionnaires or-
ganisées là l'occasion des fêtes de régiments,
et demande ce que le gouvernement compte
faire pour détourner le préjudice qui résulte
pour l'Empire de ces manifestations, pour as-
surer le maintien de la paix intérieure du pays
et pour conserver à la Reichswehr son carac.
tère républicain.
La Conférence
des ambassadeurs
La Conférence des ambassadeurs, réuniG
hier matin, a poursuivi l'examen de la ques-
tion du règlement des dépenses engagées par
la haute commission interalliée de Haute-Si.-
lésie pour les frais d'administration du terri-
toire plébiscitaire."
Elle a décidé d'intervenir auprès des gou-
vernements créanciers de l'Autriche pônr , ob-
tenir leur renonciation pendant *20 ans à: leur
privilège, afin de permettre- l'application du,
système : de crédits envisagé pour le relève-
ment de -l'Autriche..
, —;» ;— ■
Ltà prochaine arrivée -' -
de l'Empereur d'Annam
(Dans quelques jours, l'empereur Khai-Dinlj
sera l'hôte de Paris.
Le souverain, qui voyage sur le Porthos, des
Messageries 'Maritimes, est actuellement dans
la mer Rouge. Il arrivera à Marseille mercredi
prochain, 121. Après un repos de deux jours!
incognito, il partira pour Paris où il arrivera
le samedi 24 dans la matinée. Il sera reçu, à
la gare du Bois de Boulogne, par le ministre
des colonies et de nombreuses personnalités.
Il ira presque aussitôt rendre visite au pré-
sident de la République, puis s'arrêtera sur la
tombe du iSoldat inconnu. Après avoir reçu
la visite du chef de l'Etat, il se rendra chez
les présidents du Sénat et de la Chambre.
Dans l'après-midi du même jour, il sera reçu
à l'Hôtel de Ville, où le président du Conseil
municipal, les préfets de la Seine et de po-
lice lui souhaiteront la bienvenue au nom de
Paris.
.Le dimanche 25, l'empereur d'Annam assis-
tera au Grand Prix de Longchamp.
'Le lendemain, il se rendra à la pagode d9.
l'Institut agronomique colonial de Nogent, où
est élevé un monument aux Annamites morts
pour la France. Il assistera le soir à un grand
dîner, suivi d'une réception, là l'Elysée.
Après ces trois jours, l'empereur continuera,
à être notre hôte, mais incognito.
Il visitera Paris et les environs, puis les ré-
gions dévastées et enfin tout ce qui peut être
intéressant pour lui en France. fi
L'empereur d'Annam séjournera en France
jusqu'en septembre. Il visitera, bien entendu,
l'Exposition de Marseille et la Côte d'Azur.
L'empereur d'Annam a décidé de laisser en
France le prince héritier et un de ses neveux,
afin que ces jeunes gens Tassent chez nous leur
éducation universitaire. Ils seront confiée à
un ancien résident supérieur de l'Annam, M.
Charles, gouverneur général (honoraire des co-
lonies.
LE PROCÈS BASSARABO
La défense se saisit
de plusieurs incidents
Héra Myrtel essaie de faire croire que
son mari vivait encore le 31 juillet
De par l'habileté de Mme Bassarabo, prom-
pte à tirer parti des moindres incidents qui
peuvent lui être favorables et aussi par suite
de l'attitude assez singulière de certains té-
moins, nous nous sommes trouvés de nou-
veau hier dans une atmosphère de mystère.
Ces témoins, pourtant cités par l'accusa-
tion, semblent d'ailleurs avoir été plutôt les
amis d'Héra Myrtel que ceux de son mari. Quoi
d'étonnant qu'elle essaye d'exploiter pour les
besoins de sa dépense leur bienveillance à son
égard.
Voici d'abord M. Dauphin, ancien banquier.
Depuis 1919, le témoin était en relation avec
M. Bassarabo avec lequel il eut à s'occuper
de l'affaire des terrains pétrolifères.
Contrairement à ce qu'il aurait dit à l'ins-
truction, M. Dauphin assure, venant ainsi au
secours de la défense, qu'à son avis Mme Bas-
sarabo n'a jamais cru que la commission pro-
mise à son mari serait payée à la fin de juil-
let 1920.
Or, comme suivant la thèse de l'accusation,
ce serait pour s'emparer- de cette commis-
sion que Mme Bassarabo aurait commis le
crime, on comprend le prix que l'accusée atta-
che à cette déclaration.
Aussi est-ce sur le ton le plus aimable qu'elle
fit appel aux souvenirs du témoin au sujet
des relations de bonne amitié qui existèrent
entre les deux ménages. Elle rappelle ce que
confirme M. Dauphin, que quelques jours
avant le drame, elle lui a demandé dlinterve-
nir aUDrès de son mari nour la ramener J~
Le numéro : QUINZE CENTIMES
JEUDI 15 JUIN 1922. -1r 18813
: Fondateurs (1869) e
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Do ao Six mois Trois mois
SEINE & S.-ET-OISE. 38 n 20 » 10 il
FRANCE & COLONIES.. 41 a 22 n Il a
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TRIBUNE LIBRE
y
Jeunesses républicaines
Une grande leçon nous vient de l'Hé-
rault; et elle s'adresse à toutes les jeu-
nesses de France, dispersées, turbulen-
tes, vouées aux sports ou au Roy, par
snobisme ou par irréflexion, insouciantes
des destinées de la République. Quel
groupement de jeunesses laïques ou ré-
publicaines eût pu réunir en aucun dé-
partement et même à Paris l'assemblée
ardente accourue dimanche à l'entrée de
la .Montagne Noire, au cœur paisible et
sauvage du Saint-Ponais?
Accourue non sans difficultés: il est
plus d'une étape pour atteindre la sour-
ce ombragée du Jaur, dissimulée1 sous
des masses formidables de granit. Mais
nul républicain n'a dû regretter le voya-
ge, et le. retentissement de cette mani-
festation s'étendra bien au delà des li-
mites départementales.
A ! 'hetwe - ffiême où nous proclamions
à Saint-Pons, à l'issue du Banquet de la
Halle, les nécessités politiques de l'heu-
re présente, à l'intérieur et au dehors, à
Bédarieux nos amis républicains soule-
vaient avec la même thèse les mêmes ac-
clamations devant un auditoire de plein
air de plus de 2.000 personnes. De rage
sans doute le cercle catholique de Saint-
Pons faisait lacérer les banderoles de
bienvenue gracieusement suspendues en
travers des rues.
Au théâtre, nous avions dénombré
dans la matinée les forces respectives
des différentes sections de jeunesses ré-
publicaines de la région; et une propo-
sition d'affiliation de la Fédération de
l'Hérault, la plus importante de France,
- à la Fédération nationale des Jeunesses
laïques que préside Gaston-Bonnaure
avait reçu du Congrès un accueil favo-
rable.
Quelle leçon pour tant de groupe-
ments plus riches d'états-majors que
eFadhérents et qui ne vivent guère que
du prestige de leur papier à lettre
Et quel enseignement pour tant de
jeunes gens plus pressés de se faire va-
loir que de servir et qui font avec tant
d'autorité de l'internationalisme ou mê-
me du synthétisme dans la plus stricte
ntimité.
Me sera-t-il permis, à cette occasion,
de tirer certains d'entre eux qui font du
particularisme avec tant d'entrain éphé-
mère d'une erreur où les entraîne, à la
remorque de Marc Sangnier, leur appré-
hension ou leur horreur de la guerre ?
Erreur qui consiste à penser, avec Pierre
Commines, par exemple, l'un de leurs
leaders, que le cléricalisme est aujour-
d'hui un procès vidé.
'-Qu'ils l'aillent donc dire à nos amis
des provinces qui subissent actuellement
l'offensive cléricale la plus audacieuse
qui se soit jamais vue, ou encore à Mau-
rfce Charny qui en démonte ici-même
chaque semaine le mécanisme avec tant
de précision.
Par ce dernier nous savons où Marc
Sangnier et sa suite prennent leur ins-
pirations: de quelque prétexte pacifiste
qu'on les décore, elles seront toujours
suspectes à des républicains réfléchis
qui savent par experience ce que vaut
le « libéralisme » chrétien et à quelles
'fins il tend aussi bien en politique inté-
rieure que sur le plan international. Le
dogme confessionnel, quel qu'il soit, est
à jamais inconciliable avec la libre pen-
sée républicaine qui affranchit les cons-
ciences et les peuples. Pourquoi le faut-
il rappeler à de jeunes démocrates?
Ce qui est tout à fait regrettable, c'est
qu'aucune grande organisation laïque
n'ait encore tenté l'effort de rapproche-
ment et de coopération démocratique
international que poursuit si vigoureu-
sement, pour le compte des Jésuites,
Marc Sangnier. Seule la Ligue des Droits
de l'Homme l'a fait, mais fragmentaire-
ment et en collaboration avec ce der-
nier. Une autre œuvre s'impose qu'en-
treprendra sans doute à l'automne une
autre Ligue et sur un programme logi-
que , équitable et complet de recons-
truction de l'Europe.
Les jeunesses laïques et républicaines
y seront conviées, à seule fin d'y appren-
dre que l'unité d'action qu'elles préco-
nisent impliqué nécessairement une uni-
té de principes, une convergence cer-
taine de tendances et d'aspirations. On
ne compose pas avec les uns et avec les
autres; et il les faut admettre ou reje-
ter tous avec toutes leurs conséquences.
C'est ainsi que le principe de la gra-
tuité de l'enseignement primaire, établi
par - la loi de 1881, doit trouver l'une
Je ses applications dans la gratuité des
fournitures scolaires à tous les élèves.
Pour faire adopter cette proposition par
les congressistes de Saint-Pons, le rap-
porteur qui la leur soumit usa de cette
saisissante comparaison: on fournit gra-
tuitement le fusil au soldat ; on doit éga-
lement fournir le livre à l'écolier.
Aux élus de l'Hérault venus à Saint-
Pons en observateurs, il apparut bien
vite que le Congrès des Jeunesses laï-
ques prenait une signification politique
dont il importait de tirer parti ; et ils ne
se firent pas faute de le déclarer. Ils y
purent juger de la force du courant qui
entraîne à l'heure actuelle tous les répu-
blicains avérés, des cadets aux aînés,
vers une concentration réelle et posi-
tive, solide et bien établie, capable
de dominer toutes les intrigues et tous
les calculs du Bloc National. Ceux
qui ne le comprendront pas, chefs ou
groupes, seront emportés. r -
P.-René CHAVAGNES
Secrétaire général de la Ligue
de la République.
---->-8+. - ( ——————————
ÉDITORIAL
1. 1 -
Des groupements,
des discours.
Nous manquions appa-
rammentde « ,groupements
politiques ».
Comités, Ligues, Allian-
ces, Associations ne suffi-
saient plus. PlùrS on récla-
me de grands partis,, plus
on coristate des phénomènes \de scissipa-
rité, pour parler comme les physiolo-
gistes.
L'Action Républicaine Nationale est
donc née, et elle a choisi pour nourrice
notre prÕêniinent François Arago, Prin-
ce des Àragôizisj en personne.
Autour de lui, un grand état-major.
Derrière, pais de troupes. Un détail.
A bien considérer les coryphées de M.
François d'Aragoinie on a l'impression
de les avoir déjà vus sur une autre scè-
ne. Parbleu ! la plupart font aussi par-
tie des gardes du corps de M. Jonnart,
président du Parti républicain démocra-
tique, ci-devant Alliance républicaine
démocratique, fille éplorée de feu Adol-
phe Carnot.
Comme on se retrouve. Ah- ! les chers
petits vieux fous qui changent l'étiquette
pensant rafraîchir la marchandise.
Je trouve fort ingénieux cette idée de
cadres interchangeables. J'cidmire non
moins ce retapage de viellxneuf. J'au-
rais écrit ressemmelage 'si je ne crai-
gnais d'offusquer un des grands sa-
chems du « nouveau groupement », M.
le député Soulier, qui ne goûte pas du
tout mes mauvaises plaisanteries.
- Je n'ai pas besoin cle vous dire que
l'Action nationale républicaine entend
bien instaurer'ou restaurer la vraie Ré-
publique.
En attendant cette restauration on .s'en
fut chez le restaurateur. 'Car le premier
acte d'un nouveau groupement est d'or-
ganiser un banquet. Aimable symbole
des dldsses digérantes.
Naturellement, M. Arago parla; puis il
lui une lettre de M. Jonnart. C'est assu-
rément ce qu'il dit de mieux.
Notre aimable ambassadeur à Suez,
président du Conseil d'administration
du Vatican" a préconisé « l'autonomie
des deux grands groupements, qui ,se
rencontreront toujours pour faire préva-
loir dans l'ordre 'et la paix les intérêts
supérieurs de la reconstitution nationale
et l'idéail de la civilisation moderne. »
Sur quoi nos bons vieux messieurs, un
peu éberlués devant d'aussi belles pers-
pectives, et déjà fatigués par l'effort.de
ce banquet., regagnèrent leur lit où les
berce l'illusion des songes.
Debout là dedans ! Au réveil : la fail-
lite.
Edmond DU MESNIL.
————————— ) --+- ( ——————-—-.
L'flîfaira de la 13. I. C.
Les poursuites
contre M. Calary de Lamazière
La commission chargée d'examiner la de-
mande en autorisation de poursuites contre
M. Calary de Lamazière, s'est réunie hier pour
entendre de nouveau M. IBarthou.
- Celui-ci a 'fourni là la commission des ex-
plications complémentaires sur le réquisitoire
introductif d'instance du procureur Lescouvé,
ainsi que sur le rapport de M. Cruchon, expert
comptable près le parquet de la Seine, relatif
aux opérations de la B. I. C. et de -la Société
du Pacifique. -
On sait que M. Calary de Lamazière aurait
dit que, dans ce document, figurent les noms
d'autres parlementaires compromis dans. la
même affaire.
Le garde des sceaux a déclaré qu'il ne pou-
vait faire état de ce rapport à cause de son
caractère privé.
Après le départ du ministre, la commission
a entendu M. Calary de Lamazière, à qui elle
a communiqué les déclarations du garde des
sceaux. -
Elle se réunira de nouveau aujourd'hui afin
de continuer cette audition et de statuer, on
l'estière définitivement
On- dit.
En Passant
L'éloquente statistique
- Les dhiffres ont parfois leur éloquence - et
quelle éloquence !
Ainsi, la lecture de la statistique de la ViHe
de Paris, au sujet des célibataires, mariés, veufs,
divorcés, etc., est vraiment troublante.
Si l'on veut bien se rapporter à cette paisj-
ble année 1911 (époque heureuse, et nous ne
nous en doutions même pas !) la comparaison
est navrante.
Passons rapidement sur les divorces ; cons-
tatons au passage que les femmes — déjà en
1911 — tenaient la tête du mouvement : 11.817
divorcés pour 20.118 divorcées. En 1921 : 16.700
divorcés pour 28.722 divorcées.
Qui oserait prétendre après cefla que l'infi-
délité est un défaut masculin ? 1
Quant aux veuves, elles étaient en 1911 plus
nombreuses que les veufs, elles passent du
chiffre 19'9.260 au chiffre désolant de 23l5.8!(>3,
tandis que le nombre des veufs reste station-
naire à 50.892.
A quoi bon ajouter un commentaire à la sta-
tistîque sèche et nette.
Le nombre des mariages a un ':peu augmenté,
mais, par contre, tandis que les célibataires
comptaient en 1911 autant de vieilles filles que
de vieux garçons, en 1921 on trouve 100.000
femmes qui, avec la meilleure volonté, ne pouç*
ront trouver un mari français.
Parmi celles-là, il en est qui, n'ayant pas la
vocation du célibat, « sauteront le pas » et
feront leur vie en dehors des conventions so-
ciales et des préjugés. (Que ceflui qui leur trou-
Vera un mari leur jette la première pierre.)
Mais les autres, celles qui n'ont, pas de dis-;
positions pour une vie un tant soit peu « à
côté » et qui désirent ardemment fonder un.
foyer, avoir des enfants. Où faudra-t-il
qu'elles aillent chercher celui dont elles rê-
vent ?
Jeunes files, il n'y a qu'un remède : épouser
des étrangers et faites leur aimer la France,
afin qu'ils ,la préfèrent à leur patrie et que vos
enfants soient des petits Français.
Ch. RABETT.
Aujourd'hui
Un jugement sain
Une jeune institutrice, désireuse d'exciter
chez ses élèves le goût du beau, a pris pour
tâche de leur vanter les mérites de nos gé-
nies littéraires. Elle consacre fréquemment
des heures à glorifier Molière, Corneille, Ra-
cine et voit chez ses auditeurs s'éveiller un
intérêt croissant.
Un jour elle demande à ses potaches .* « Ai.
meriez-vous mieux être Racine ou Charlie
Chaplin
Naturellement, tous les suffrages vaut-
: Racine. Çt n'est peut-être pas le cœur même
qui parle Chez les gosses, mais plus le respect
de leur éducatrice et une sorte de discipline
bien comprise.
L un, toutefois, se dérobe, et déclare sans
ambages qu'il préférerait être Chariot.
- Et pourquoi ?
—- Parce qu'il est vivant !
La vérité sort presque toujours de la bouche
des enfants
"'>+-<::>-
Le public au procès Bassarabo
Si le président Gilbert n'avait pas, sur l'in-
vitation même de la Chancellerie, pris des
mesures très sévères contre l'invasion de la
salle d'aùdiences,nous aurions revu sans doute,
ces jours derniers, lè même spectacle scan-
daleux qui fut-offert lors du procès Landrû.
Hait-on, en effet, qu'un riche voyageur de
passage, descendu dans un de nos plus bril-
lants palaces, offrait avant-hier 10.000 francs
pour une entrée à une seule séance ? naturel-
lement, on n'a pu lui donner satisfaction.
-<:::>+
Les horreurs de la famine russe ,
La Krasnaia Gazetta rapporte que dans une
des régions où la famine se fait le plus sen-
tir, les autorités bolchevistes ont fait fusil-
ler plus de cent enfants atteints de la mala.
die de la morve, qu'ils avaient contractée en
mangeant de la chair de chevaux morts de
cette épidémie. Les bolchevistes expliquent
ces exécutions en disant qu'ils y pro-
cèdent « pour un motif d'humanité et par me-
sure sanitaire ».
Le Tapin.
Y a-t-il toujours ,-
un Empire allemand?
Si l'on ajoutait .une foi absolue aux démar-
ches et aux paroles des diplomates, l'on pour-
rait croire innocemment que l'Empire alle-
mand est toujours debout et que la République
ne fut jamais qu'une fiction.
C'est, du moins, ce que tenta de faire ad-
mettre le nouvel ambassadeur d'Allemagne
aux 'Etats-Unis. Lors de la remise de ses let-
tr-es de créance au président" Harding, le Dr
Otto Wiedfeldt osa, en effet, s'exprimer
ainsi :
- Je dois ma nomination à la confiance du
président de I'EMPIRE allemand et du gouver-
nement allemand.
On devine le haut-le-ccrps des Américains !
Mais le président Harding ne perdit pas le
nord : du tac au tac, il répondit :
— Je suis heureux de recevoir de vos mains
une copie de la lettre de créance de S. E. le
président de la RÉPUBLIQUE d'Allemagne.
Et, pour donner plus de poids encore à sa
déclaration, il s'empressa d'ajouter en termi-
nant son discours purement protocolaire :
- Vous voudrez bien remercier le chef d'E-
tat allemand (the head of the German state)
et l'assurer de mes vœux pour le bien-être de
la RÉPUBLIQUE QU'IL PRÉSIDE; :
Mais il e.'it- bien probable que le docteur
teuton n'a même pas senti la-nuance !
, ) < M. i.
La taxe suc le chiffre Maires
La: commission des finances dii Sénat a en-
tendu hier M. de Lasteyrie,- relativement au
projet de loi. portant modification' de la taxe
sur le chiffre d'affaires et de la taxe de luxe
adoptée-par la Chambre.
M. MilliG-Lacroix qui pré&i-dâAt,-pria le mi-
nistre de préciser la portée des modifications
nouvelles et de la codification que lé gouverne-
ment, par. des dispositions-récentes, propose
de substituer aux textes vo es par--qa Cham-
bre. ,.'
M. de Lasteyrie a exposé que ,selon lui, il
n'y avait pas antinomie entre le texte nou-
veau du .gouvernement et'celui de-la Chambre.
Il lui a paru d'abord nécessaire de .codifier mé-
thodiquement des textes.qui sont actuellement
disséminés dans "plusieurs lois. Adoptant cer-
taines, dispositions nouvelles de la Chambre,
il estime pourtant qu'iiry..a lieu d'étendre le
forfait à diverses catégories très importantes
d'assujettis.
Après le départ du ministre -des finances, la
commission a décidé d'examiner tout d'abord
l'article premier du projet voté au Palais-
Bourbon. Ce texte concerne les- bénéfices com-
merciaux, et industriels - en ce qui touche les
artisans et ne s'applique pas à la taxe sur le
chiffre d'affaires. • •. • -
Son rapporteur général-devra lui présenter
un rapport sur cette question dont elle-entend
faire un-projet spécial. - ,
Ensuite, la commission étudiera les textas
-^4a -Ch&mbre et du goaveraement- r-elatiis au
chiffre d'affaires prapreënCdlCefià. la taxe
de luxe.
; ::. - -.e c ——;
Le président (+) de la délégation
de Stockholm à son arrivée à Paris
LES BOLCHEVIKS EN DÉSACCORD
Moscou contre les Communistes français
Marche-t-on vers une scission du Parti ?
*
Décidément, les relations entre Moscou et
le parti communiste français sont tendues au
plus haut point, et c'est un véritable procès-,
parallèle à celui des socialistes révolution-
naires, que cette réunion de l'Exécutif élargi
qui se tient en ce moment à Moscou.
Voici, d'après le compte rendu communiste
lui-même, le citoyen Frossard sur la sellette
à la séance du 8 juin : — Accusé, répondez,
semble lui dire Trostsky, tminiatre de Ip,
guerre, d'où vient le malaise, la faiblesse de
votre parti ? -
Et le citoyen Frossard de plaider non. cou-
pable, de pousser même l'audace jusqu'à re-
gretter l'exécution sommaire d'Henri Fabre ;
par-dessus la tête de toutes les sfutorités com-
munistes françaises. Puis il s'humilie : — Oui,
il nous faut un programme d'absolue rigueur
que vous nous dicterez. C'est sous votre égide
que l'accord se fera entre les meilleurs élé-
ments de notre parti.
Mais Souvarine, devenu tout à fait IIIe In-
ternationale, ricane et se pose en accusateur
public :
— Vos engagements ! Nous savons ce qu'en
vaut l'aune. Vous dites oui et vous faites non.
Vous aviez pris de belles résolutions pour le
mouvement syndical. Vous deviez le diriger
et vous vous laissez absorber par lui. Pas de
discipline chez vous ; chacun à sa tendance
.et vous maintenez l'équilibre. C'est comme
avant Tours. Hé bien ! Ayez le courage de
faire un nouveau congrès de Tours. Rejetez
de vous tous les .éléments réactionnaires.
Trotsky renchérit :
— Oui, comme le disait Souvarine, vos en-
gagements, ce sont des chiffons de papier.
En réalité vous êtes en conflit avec l'Interna-
tionale. Vous lfl-iaaez le champ libre à toutes
les attaqués qui se multiplient-contre ses dé-
cisions.
— Et, aussi, vous altérez effrontément la
vérité, continue Trotsky ; tous vous avez dit
que les socialistes (S.F.I.O.) n'étaient qu'une
poignée, un parti irréel. Les élections canto-
nales nous ont montré leur force et. votre du-
plicité. C'est pourtant sur cet engagement fal-
lacieux que vous avez basé' votre opposition
au front unique..
Puis, tout aussitôt, le citoyen Trotsky parle
des désistements purs et simples des commu-
nistes au second tour :
— Vous avez favorisé je Bloc des gauches.
Nous rie voulons plus de cela, tovarit&ch Fros-
sard. A ce bloc, opposez une base ferme qui
émeuve et remue votre prolétariat amorphe.
« Quant au syndicalisme, il vous échappe,
vous .montrez là votre maladresse. Il semble
possible que la C. G. T*. L*. n'adhère pas à
l'Internationale syndicale %>uge. Ou si elle y
adhère, ce sera dans les c ditions indiquées
par la Fédération de la. Seine, en revendi-
quant sa pleine autonomie. Nous ne voulons
pas de cette restriction. un doit nous être
entièrement dévoué.
« Excluez de votre parti toute la droite,
faites l'union solide de la gauche et du cen-
tre, et ayez enfin sur les syndicats l'autorité
nécessaire. »
Allons-nous revoir, contormément aux sug-
gestions de Souvarine et ds Trotsky un nou-
veau congrès de Tours qui exclura toute la
droite du parti communiste, ou celui-ci gar-
dera-t-;il son indépendance ?
Oh ! doit dire le citoyen Pioch, s'ils con-
tinuent leurs épurations, l'heure est proche
où il ne restera plus que ,|a' famause clique
des « mâtinés de curé et soldat ».
René PAROD.
POLITIQUE ETRANGERE
ha Conférence préliminaire des experts
s'ouvre aujourd'hui à lia Haye
L'Allemagne pose maintenant des conditions. pour bénéficier
d'un emprunt international ,','.
- -<>i>«'; « 3 >
La Conférence de La Haye
s'ouvre aujourd'hui sans tam-
bours ni trompettes. Nous
sommes loin des beaux embal-
lements suscités par Gênes.
M. Lloyd George avait tant
proclamé qu'on pouvait alors espérer une ré-
surrection de l'Europe ! Et la montagne ac-
coucha d'une souris !
Le monde, il y a deux mois, avait encore la
foi. Il ne l'a plùs aiijourd'hui.
*
**
Cette première réunion de La Haye n'est
qu'une rprise de contact des experts alliés —
sans les Russes. Ils tenteront de mettre sur
pied un programme sur lequel ils puissent
s'accorder. A la suite des divergences d'avis
existant entre Londres- et Paris; il est à présu-
mer que, dès. la premlùrç .séance, notre, délé-
gué devra faire toutes n:sel'cB. Après avoir
défini le cadre de sa mission, M. Charles Be-
noist se contentera d'écouter, d'observer,
*
liol:
Le discours prononcé à la Chambre belge
par M. Theunis rétablit dans leur cordialité
les relations franco-belges sur lesquelles l'at-
titude de nos amis.Ù la commission financière
avait jeté une ombre. L'on s'en réjouira très
franchement en France.
Dès son arrivée à La Haye, le chef de la dé-
légation belge, M. Oattier, a eu une entrevue
avec M. Charles Benoist. L'accord semble fait
entre les deux diplomates, qui pourront con-
tinuer à marcher la main dans la main.
*
**
Voilà VAllemagne qui pose des conditions à
un emprunt ! Non seulement elle ne paie pas
et réclame de l'argent, mais pour consentir
à accepter cet argent, elle fixe divers points
qu'elle estime essentiels à l'établissement de
son crédit. La Gazette Générale de l'Allema-
gne, dont on !ira plus loin les prétentions,
montre une fois de plus cette aberration
psychologique dont on nous donna, au delà du
Rhin, de si multiples preuves.
Raymond LANGE.
La conférence préliminaire
On Mit mie le conseil des minifitrAS a dé-
On sait que le conseil des minis|p#s a dé.
cideTehVôr â La BaYé, dont. la réunion -pré»
liminaire s'ouvre aujourd'hui 15 juin, d'une
« mission d'études ». Celle-ci sera composée
de MM. Alphand, directeur des biens et offi-
ces privés ; Chasles, inspecteur des finances ;
Massigli, François Poncet et de La Pradel.
Ceux-ci ne pouvant arriver là La Haye pour
l'ouverture des travaux de la Conférence, M.
Charles Benoist, ministre de France à La
Haye, représentera à la première réunion le
gouvernement français, dont il sera l'observa-
teur. Il conformera son attitude aux instruc-
tions qu'il a reçues et au mémorandum fran-
çais du 2 juin.
M. Cattier, chef de la délégation belge, est
arrivé avec ses collègues, MM. Galopin et Wit-
meur. Il a déclaré également qu'il avait pour
mission principale d'observer. Les instruc-
tions du gouvernement de Bruxelles sont sou-
ples quant aux détails, mais ifermes quant aux
principes sur lesquels la Belgique n'a modifié
aucunement son point de vue depuis la Confé-
rence de Gênes. Si la Conférence préliminaire,
conformément à la thèse britannique, décidait
d'écarter de la discussion générale les princi-
pes- défendus par 'la Belgique, la -délégation
belge ne refusera pas de continuer son con-
cours, mais elle se réservera d'évoquer l'ob-
servation des règles dont la Belgique s'honore
d'avoir fait a règle dans les négaciations in-
ternationales.
M. Cattier a eu une entrevue avec M. Char-
les Benoist. Les chefs des délégations 'belge et
française ont constaté la parfaite communauté
de vues de leurs gouvernements.
LES DELEGATIONS
Budapest, 13 juin. — La Hongrie sera repré-
sentée à la Conférence de La Haye par le mi-
nistre plénipotentiaire Taby et le conseiller
de légation Vattstin.
Les réparations
A LA COMMISSION
La. Commission des réparations s'est réu-
nie hier matin, en séance officieuse, pour con-
tinuer l'examen de la note qu'elle compte en-
voyer au gouvernement allemand pour com-
pléter et préciser les pointe que sa lettre du
31 rnai avait négligés. Comme nous l'avons dit,
il s'agit de fixer exactement le contrôle des-
tiné à empêcher l'évasion des capitaux alle-
mands à l'étranger et d'assurer l'autonomie
de la Reichsbank.
Le Comité des garanties, que préside M.
Mauclère, partira samedi pour Berlin, où il
va présider à l'organisaTion des services de
contrôle sur les recettes et les dépenses du
Reich, prévus par les arrangements du 31 mai.
LES IDEES DE M. HUGO STINNES
Berlin, 14 juin. — La Deutsche AUgemeine
Zeitung, qui reflète en général les opinions de
M. Stinnes, publie au sujet des réparations un
manifeste qui précise le point de,vue du parti
populiste. Ce document dit en substance :
« La fixation définitive du chiffre des ré-
parations est la première condition de l'émis-
sion d'un emprunt international. Nous atten-
dons impatiemment qu'on nous fasse enfin
connaître le chiffre exact de nos obligations.
Notre décision de payer les charges que nous
avons acceptées, quelques lourdes qu'elles
soient, demeure inébranlable. Cependant l'or-
ganisme économique n'est plus qu'un tronc
auquel l'arbitraire a enlevé les membres. Aus-
Gi longtemps que nos créanciers nous empê-
cheront d3 travailler rationnellement, nous
n'obtiendrons aucun crédit.
« Ceux qui demandent à l'Allemagne de
s'acquitter de sa dette devront souscrire aux
conditions suivantes :
«.1 ° Evacuation des ports de la Ruihr ; sup-
pression de la taxe sur les exportations ; 2°'
évacuation de la rive gauche du Rhin ; 3°
évacuation de la Sarre et droit de libre dis-
position pour l'Allemagne du charbon. de ce
bassin .; 4° suppression des entraves qui pè-
sent sur le commerce allemand avec la ville
de Dantzig et facilités de transit au travers
du couloir polonais ; 5° fixation des frontières
en Haute-Silésie, conformément à-la lettre et
à l'esprit du traité de Versailles, le partage
actuel avant détruit l'unitti étfOTjQTriiane du
pays ; 6° suppression de la clause accordant
aux Alliés le traitement de faveur de la na-
tion la plus favorisée. »
LES SIX POINTS DE L'ALLEMAGNE
Berlin, 14 juin. — .La Gazette Générale de
VAllemagne publie en gros caractères, sous ce
titre : « Les six points de l'Allemagne », un.
appel aux créanciers de l'Allemagne déclarant
que les conditions suivantes sont nécessaires
pour rendre 1,'Allemagne digne de crédit et lui
permettre de supporter ses dettes :
« 1° Evacuation de Duisbourg, Dusseldorf
et de Ruhrort et suppression de- la taxe. d'ex-
portation de 26 0/0 .; 2" évacuation de la rive
gauche du Rhin ; 3° évacuation du bassin de.
la Sarre ; 4° liberté du commerce allemand
avec Dantzig et à travers le corridor ; 5° dé*
limitation des frontières Eilésiennes, confor-
mément au traité, de paix ; 6° suppression de
la contramte' invposélï & fAUemagnë, relative-
ment là la clause de la nation la plus favo-
risée: »
LES REACTIONNAIRES ALLEMANDS
S'AGITENT
Berlin, 14 juin. — La fraction majoritaire
du Reichstag a déposé une interpellation re-
lative aux manifestations réactionnaires or-
ganisées là l'occasion des fêtes de régiments,
et demande ce que le gouvernement compte
faire pour détourner le préjudice qui résulte
pour l'Empire de ces manifestations, pour as-
surer le maintien de la paix intérieure du pays
et pour conserver à la Reichswehr son carac.
tère républicain.
La Conférence
des ambassadeurs
La Conférence des ambassadeurs, réuniG
hier matin, a poursuivi l'examen de la ques-
tion du règlement des dépenses engagées par
la haute commission interalliée de Haute-Si.-
lésie pour les frais d'administration du terri-
toire plébiscitaire."
Elle a décidé d'intervenir auprès des gou-
vernements créanciers de l'Autriche pônr , ob-
tenir leur renonciation pendant *20 ans à: leur
privilège, afin de permettre- l'application du,
système : de crédits envisagé pour le relève-
ment de -l'Autriche..
, —;» ;— ■
Ltà prochaine arrivée -' -
de l'Empereur d'Annam
(Dans quelques jours, l'empereur Khai-Dinlj
sera l'hôte de Paris.
Le souverain, qui voyage sur le Porthos, des
Messageries 'Maritimes, est actuellement dans
la mer Rouge. Il arrivera à Marseille mercredi
prochain, 121. Après un repos de deux jours!
incognito, il partira pour Paris où il arrivera
le samedi 24 dans la matinée. Il sera reçu, à
la gare du Bois de Boulogne, par le ministre
des colonies et de nombreuses personnalités.
Il ira presque aussitôt rendre visite au pré-
sident de la République, puis s'arrêtera sur la
tombe du iSoldat inconnu. Après avoir reçu
la visite du chef de l'Etat, il se rendra chez
les présidents du Sénat et de la Chambre.
Dans l'après-midi du même jour, il sera reçu
à l'Hôtel de Ville, où le président du Conseil
municipal, les préfets de la Seine et de po-
lice lui souhaiteront la bienvenue au nom de
Paris.
.Le dimanche 25, l'empereur d'Annam assis-
tera au Grand Prix de Longchamp.
'Le lendemain, il se rendra à la pagode d9.
l'Institut agronomique colonial de Nogent, où
est élevé un monument aux Annamites morts
pour la France. Il assistera le soir à un grand
dîner, suivi d'une réception, là l'Elysée.
Après ces trois jours, l'empereur continuera,
à être notre hôte, mais incognito.
Il visitera Paris et les environs, puis les ré-
gions dévastées et enfin tout ce qui peut être
intéressant pour lui en France. fi
L'empereur d'Annam séjournera en France
jusqu'en septembre. Il visitera, bien entendu,
l'Exposition de Marseille et la Côte d'Azur.
L'empereur d'Annam a décidé de laisser en
France le prince héritier et un de ses neveux,
afin que ces jeunes gens Tassent chez nous leur
éducation universitaire. Ils seront confiée à
un ancien résident supérieur de l'Annam, M.
Charles, gouverneur général (honoraire des co-
lonies.
LE PROCÈS BASSARABO
La défense se saisit
de plusieurs incidents
Héra Myrtel essaie de faire croire que
son mari vivait encore le 31 juillet
De par l'habileté de Mme Bassarabo, prom-
pte à tirer parti des moindres incidents qui
peuvent lui être favorables et aussi par suite
de l'attitude assez singulière de certains té-
moins, nous nous sommes trouvés de nou-
veau hier dans une atmosphère de mystère.
Ces témoins, pourtant cités par l'accusa-
tion, semblent d'ailleurs avoir été plutôt les
amis d'Héra Myrtel que ceux de son mari. Quoi
d'étonnant qu'elle essaye d'exploiter pour les
besoins de sa dépense leur bienveillance à son
égard.
Voici d'abord M. Dauphin, ancien banquier.
Depuis 1919, le témoin était en relation avec
M. Bassarabo avec lequel il eut à s'occuper
de l'affaire des terrains pétrolifères.
Contrairement à ce qu'il aurait dit à l'ins-
truction, M. Dauphin assure, venant ainsi au
secours de la défense, qu'à son avis Mme Bas-
sarabo n'a jamais cru que la commission pro-
mise à son mari serait payée à la fin de juil-
let 1920.
Or, comme suivant la thèse de l'accusation,
ce serait pour s'emparer- de cette commis-
sion que Mme Bassarabo aurait commis le
crime, on comprend le prix que l'accusée atta-
che à cette déclaration.
Aussi est-ce sur le ton le plus aimable qu'elle
fit appel aux souvenirs du témoin au sujet
des relations de bonne amitié qui existèrent
entre les deux ménages. Elle rappelle ce que
confirme M. Dauphin, que quelques jours
avant le drame, elle lui a demandé dlinterve-
nir aUDrès de son mari nour la ramener J~
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