Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-06-09
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 juin 1922 09 juin 1922
Description : 1922/06/09 (N18807). 1922/06/09 (N18807).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
r o PRAIETAX, AIT 130. — H° 18907
£ ê numéro : QUINZE CENTIMES
VENDREDI 9 JUIN 1922. — N° 18807
; Fondateura (1869) 8
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un ap Six mois Trotsmoii
SEINE & S.-ET-CISE. 38 » 20 n 10 n
FRANCE & COLONIES.. 41 s 22 » 11 »
ETRANGER .,. 49 » 25 » 13 n
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RAYMOND LANGE
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TRIBUNE LIBRE
Contre la tyrannie des Partis
——» » o>o « » ■
Le Bloc national continue ; nous aussi.
Après Dijon. Auxerre; après Auxerre,
Montpellier-Saint-Pons, puis Nice. Le
Bloc des Gauches, sans force et sans trou-
pes, à en croire ses adversaires, trouve
cependant partout des auditoires passion-
nés et même des suffrages. C'est qu'il ne
se forme pas, comme le marquait hier si
justement ici Edmond Du Mesnil. dans
l' atmosphère viciée de la Chambre, mais
au grand air du pays.
Le problème est donc de diviser cette
opposition républicaine formée depuis le
2 juin jusque dans le sein de la Chambre
mal élue de 1919. Le « Temps». pour
sa part, ne se fait pas faute de s'y es-
sayer. Après avoir tenté, comme je l'ai
montré (1), d'éloigner simultanément de
la Ligue de la République plusieurs par-
tis de gauche, puis d'en séparer seul ce-
lui qu'il considère comme le principal,
voici qu'il s'efforce à nouveau dé diviser
ce dernier contre lui-même.
Tâche évidemment trop aisée pour les
raisons que chacun sait Tout Parti divisé
contre lui-même périra.
Le « Temps » engage donc la majorité
des radicaux à se rallier soit au Bloc na-
tionaL soit à l'Union à droite qu'incarne
le Par'd Jonnart, au Bloc qu'on a vu
prendre si nettement position le 2 juin
contre la doctrine des démocrates, expri-
mée sous les huées par Herriot, « des
démocrates convaincus qui attendent de
la démocratie seule la restauration de
l'Europe. ))
*
* :S
Réjouissons-nous de ce que les posi-
tions soient ainsi prises à la Chambre
même, avec, cette rigueur, et attachons-
nous à fortifier le plus possible les nô-
tres, devant l'affolement menaçant du
Bloc national, à les fortifier dans le res-
pect de la liberté de chacun el d'une
commune discipline. Ce serait, en effet
fausser les conditions de l'union consen-
"tie désormais pour un objet bien déter-
plil,.é, par «tous» les républicains de
gauche; que de prétendre leur imposer
une tactique, une doctrine quelconque.
Or, il n'est pas un organe directeur du
Parti qui n'ait, à l'heure actuelle, cette
arrière-pensée de dictature ou de tyran-
nie, et il faut avoir le courage de la dé-
noncer.
Les communistes de la Côte-d'Or ont
fait la dernière campagne électorale sur
le principe de l'union des gauches et en
faisant appel au concours de tous les
républicains. C'est de bonne doctrine dé-
mocratique : la République n'a pas pour
tradition de repousser ceux qui recon-
naissent le prix de son organisation et
de ses libertés. Mais l'union comporte des
obligations bilatérales que les commu-
nistes de la Côte-d'Or et d'ailleurs n'ont
pas l'air de soupçonner. Qu'ils s'y plient,
sous peine de s'en voir retirer le bénéfice.
Qu'ils adhèrent au programme-minimum
qui seul permet et légitime cette union,
qu'ils y prennent la place et seulement la
place que leur nombre leur assigne et
qu'ils ne prétendent point surtout, eux
les derniers venus, la gouverner!
, Que leurs représentants enfin, tel Fros-
sard, ne démentent pas ici ce qu'ailleurs
ils préconisent et même sollicitent, écœu-
rés sans doute à leur tour des injures
qu'on leur prodigue. Qu'ils fassent à cet
égard des déclarations précises et qu'ils
prennent une bonne fois une attitude net-
te, comme le leur demande avec infini-
ment de raison Paul Faure.
Entre eux et les autres partis, le suf-
frage universel décidera. La pire faute
serait de prendre avec eux un engage-
ment spécial et de leur conférer une sorte
de privilège : c'est cependant l'énormitê
antidémocratique qu'a commise le mois
dernier, dans la Loire, le Bloc républi-
cain socialiste en s'engageant à ne se
désister au second tour qu'en leur faveur.
Enormité qui permet aujourd'hui à la
majorité communiste ainsi conquise de
mettre en demeure à Saint-Etienne la
municipalité radicale-socialiste de quit-
ter l'Hôtel de Ville!
Autre abus: celui que commet Paul Fau-
te lui-même, secrétaire général du Parti
S.F.I.O. lorsqu'il entend interdire aux
militants socialistes d'adhérer à la Ligue
de la République, sous prétexte de con-
tradiction avec la pratique traditionnelle
des socialistes. Fâcheuse invocation.
Paul Faure oublie-t-il à quels désastres
cette pratique a conduit les républi-
cains ? Et ne défend-il pas plutôt, en
l'espèce, les intérêts particuliers du re-
(1) Voir l. Rappel du 1er juin.
crutement de son Parti au détriment des
intérêts généraux de plus en plus mena-
cés de la Démocratie ? Les militants,
d'ailleurs, le comprennent bien ainsi qui
passent outre aux interdictions qu'on leur
veut imposer et adhèrent là où ils sentent
les plus hautes nécessités.
Pour la victoire républicaine, par l'U-
nité républicaine, telle est notre formule ;
et elle a l'assentiment des libres citoyens
partout'où nous la proclamons.
P.-René CHAVAGNES,
Secrétaire général de la Ligue
de la République.
) ca i mm
EDITORIAL
1 1
Obscurité et confusion
Voici d'une belle confu-
sion. Le problème des ré-
parations s'obscurcit, en cet
instaoït même où le pays
croyait enfin y voir un peu
clair.
Voulez-vous que nous ré-
sumions les faits ?
Le Congrès de Versailles a institué
une commission des réparations, char
gée de contrôler et de récupérer la dette
allemande.
Cette commission a une histoire ; elle
a même eu des histoiresv mais louée par
ceux-ci, blâmée par ceux-là, cahin, caha,
trottinant, elle a fait son petit chemin
dans le monde.
Le 31 mai dernier elle semblait avoir
obtenu une satisfaction morale de l'Alle-
magne. Et comme nous nous contentons
de peu depuis l'armistice, chacun de se
montrer assez satisfait.
Entre temps, s'est réunie à Paris, une
conférence des banquiers.
La Commission des réparations l'avait
priée d'étudier la possibilité et les moda-
lités d'un emprunt international con-
tracté par l'Allemagne.
Nos financiers ne s'embarrassent pas
de sentiments. Ils ont vu une Allemagne
grevée d'une dette de réparations de
cent trente-deux milliards, et offrant des
garanties et des gages aléatoires, quant
au service des intérêts.
Cent trente-deux milliards, c'est un
chiffre, même quand on n'est pas dispo-
sé à le payer. Aussi la première pensée
de nos gens de finance fut-elle de le ré-
duire.
Leur pensée répond à la préoccupa-
tion même des Boches, et au secret désir
de nos trop bons amis les alliés, qui de-
puis le traité de Versailles cherchent de
conférence en conf érence à réduire le
chiffre de notre. créance.
— Peut-on envisager la réduction de
la dette allemande ? a demandé la confé-
rence des banquiers à la Commission
des réparations.
— Oui ! a répondu celle-ci à l'unani-
mité, moins la voix du président, délégué
français.
Redoutable engrenage.
Si la conférence des banquiers s'avise
maintenant de fixer le chiffre auquel il
lui semble que doive être réduite la dette
allemande, vous discernez l'argument
fourni à l'Allemagne contre le traité de
Versailles, contre notre droit aux répa-
rations ; et,, par contre, la situation de la
France victorieuse acculée à la faillite,
ou obligée de s'entêter dans le recouvre-
ment de sa créance, contre son débiteur,
ses alliés, et les compétences financières
du monde entier. =
Je souhaite que nos maîtres sachent
suivre ces péripéties angoissantes d'un
œil avisé, et résoudre au mieux de l'inté-
rêt français ce problème essentiel des
réparations sans cesse plus complexe et
plus embrouillé.
Mais, comme il convient en toutes
choses de remonter aux origines et de
fixer les responsabilités, je dirai tout
net que ce nouvel avatar est la consé-
quence directe de la légreté criminelle
et de l'incapacité furiesté des auteurs du
misérable traité de Versailles.
Si notre créance sur l'Allemagne avait
été positive, garantie, gagée, elle eût pré-
senté une valeur effective, négociable
par un consortium de banquiers. On au-
rait pM, comme on dit, la « mobiliser »
à bon compte.
Mais fragile, précaire,. sans gages,
sans garanties, telle que l'ont constituée
les négociateurs de la bande^ï Clemen-
ceau, elle apparaît à la finance interna-
tiooaLe, comme une traite protestée qu'on
rachète au rabais.
Les responsables ? Les sanctions !
Edmond DU MESNIL.
'———————— :> -.GiII
UQe zone neutre
La Finlande et la Russie soviétique ont
conclu une convention relative à la création
d'une zone neutre entre les.deux Etats.,
Le mariage du roi Alexandre de Serbie
et de ta princesse Marie de 7{pumanie
--- <3o©oC>-;.i i ,
A BELGRADE
Le pavoisement de la ville
En médaillons :
la princesse et le roi
; Aujourdhui
Saint-Médard
C'était hier la Saint-Médard, jour impor-
tant, selon la croyance populaire, pour la
température prochaine. On sait, en effet, que
s'il pleut à la Saint-Médard, quarante jours
de pluie doivent en résulter !
Il est vrai qu'avec la sécheresse de ces
temps derniers, les agriculteurs appellent de
tous leurs vœux les ondées bienfaisantes.
Et Saint-Médard a apporté de la pluie ! Que
dira Saint-Barnabé, le 21 juin ?
-<:::>+
Pour 320 dollars
C'est cette modeste somme que toucha 01'¿s-
tophe Colomb pour avoir découvert l'Améri-
que. Dans cetemps-là, sans doute, 3.520 francs
représentaient une petite fortune.
C'est un écrivain allemand, M. Feldhans,
qui s'est donné 7a peine de rechercher, par
de savants calculs, combien l'Espagne a dé-
pensé pour
'; Il est arrivé à traduire en dollars-1922 le
prix du voyage.
Le prix de l'expédition serait revenu à
7.250 dollars, soit 79.750 francs.
C'est Isabelle la Catholique, qui engagea les
bijoux royaux pour faire face à ces dépenses
excessives.
Quant à l'explorateur, Feldhans évalue à
320 dollars. la somme qui lui est revenue. Les
capitaines des deux autres navires touchèrent
180 dollars,* soit 1.980 francs, et chaque mate-
lot 29 dollars, soit 319 francs.
M. Feldhans n'a plus qu'à s'amuser à cher-
cher ce que coûterait une telle expédition de
nos jours.
Le Tapin.
: LE AJVMVEIISAJJIE
de la mort de Camille Pellelan
UNE EMOUVANTE CEREMONIE
Hier matin, au Colomlbarium du Père-La-
chaise, a eu lieu une émouvante cérémonie
destinée à commémorer le 7" anniversaire de
la mort du grand républicain, ancien président
du Parti radical et radical-socialiste.
Mme Camille Pelletan, très émue, M. le dé-
puté et Mme Denise étaient entotirés de nom-
breux amis de l'an'cien ministre de la marine.
Parmi ceux-ci, beaucoup de-parlementaires,
tous les sénateurs et députés radicaux-socia-
listes des Bouches-du-Rhône : MM. Pasquet,
Schrameck, Victor Jean et Girard, puis MM.
René Renoult, Maurice Sarraut, Louis Tissier,
sénateurs, MM. Accam'bray, Milet, Castel, le
professeur Pinard, députés, etc.
Parmi les organisateurs de la réunion, MM.
Douzet, secrétaire général du Parti radical et
radical-socialiste ; Grandigneaux, vice-prési-
dent de la Fédération de la Seine.
Ce fut au milieu d'un grand recueillement
que M. 'LouiB Tissier, ancien chef de cabinet
de Camille Pelletan, prit la parole. Dans un
trœ-beau discoure, il --fit l'éloge Au grand ré-
publicain sociologue, artiste, démocrate, pro-
fondément et ardemment radical-socialiste.
Après lui, l'amiral Guépratte, qui avait tenu
à venir, bien que n'appartenant pas au Parti,
rendit un hommage vi'brant d'admiration à la
profonde et claire vision de .Camille Pelletan,
qui avait distingué nettement le rôle que de-
vaient jouer dans les guerres modernes le
sous-marin et l'avion.
Ces deux remarquables discours méritent
d'être connus dans leur texte même. Aussi en
publierons-nous demain les passages essentiels,
qui magnifient le rôle d'impérissable mémoire
joué durant sa vie politique par le igrand chef
radical-socialiste.
A LA CHAMBRE
La Réforme de rEoseigoemeot Secondaire
i-—-" 11
M. Ducos critique le projet gouvernemental
M. Ferdinand Buisson prend la défense de l'école.laïque menacée par la réaction
e Œ<' 6-oi>
« Je m'en voudrais d'interrompre un dis-
cours d'une telle hauteur de vues ! »,
s'écria M. Léon Bérard, tandis que parlait
M. F. Buisson. Jamais, en effet, la Cham-
bre actuelle n'avait entendu un langage
aussi élevé. Les députés. de la majorité
s'entre-regârdaient tout éberlués : Com-
ment ! c'était là ce sectaire que la con-
signe était de huer et de honnir ! « Mais
c'est là tout un programme ! » s'écria
quelqu'un au centre droite.
Oui, c'est tout simplement le programme
du parti républicain, dont l'orateur est de-
puis 'bientôt un demi-siècle l'un des: guides
les plus vénérés. Nos adversaires le com-
battaient sans le connaître ; - en le con-
naissant, ils continueront à le combattre
à cause de leurs intérêts électoraux. C'est
déjà quelque chose que, pendant un mo-
ment, ils aient dû s'incliner devant lui.
Ayant M. Buisson, M., Ducos, dans un
très remarquable discours, avait fait une
critique éloquente et serrée des projets de
réforme du gouvernement. -
"LA SÉ-A-HSTCIE
Dans la discrète intimité d'une séance
du matin, la Chambre amorça la discussion
des interpellations, sur la réforme de l'en-
seignement secondaire.
M. Ducos, le premier des interpellateurs,
tout en reconnaissant la nécessité d'une ré-
forme, de ^l'enseignement secondaire, re-
grette que l'on n'ait pas, comme on le fit
en 1902,.consulté toutes les compétences.
Il approuve le projet ministériel en tant
qu'il supprime les cycles et allège les pro-
grammes et les horaires. Mais il voudrait
que cet allégement profitât au travail
personnel et à l'éducation physique sans
permettre que, sous le prétexte de diriger
cette éducation, l'autorité militaire mette
la 'main sur les loisirs des élèves.
« La militarisation de l'Université, dit
l'orateur, aux vifs applaudissements de l'ex-
trême gauche et aux protestations bruyan-
tes de la droite, pourrait nuire gravement
à l'épanouissement des intelligences indi-
viduelles. »
M. Ducos admet également la suppres-
sion de la section latin-languës, l'obligation
des conseils de classe et d'enseignement, le
rétablissement du professeur principal. Mais
il ne veut ni de la suppression ni de la di-
minution de l'enseignement moderne. Or,
ce serait, 'sinon supprimer, au moins dimi-
nuer-cet enseignement que d'obliger tous
les jeunes gens à faire quatre années de
latin et une de grec, avant d'opter pour le
« moderne », ainsi réduit à deux ans d'étu-
des. Celui-ci, humilié, discrédité, devien-
drait le refuge des cancres, la « section
dépotoir !»
Un réquisitoire contre le latin
La disparition de l'enseignement moder-
ne serait désastreuse à tous les points de
vue. La culture doit être humanitaire,
c'est-là-dire adoptée aux besoins de l'huma-
nité ; et l'orateur ajouta, non sans soule-
ver de vives protestations : « Que, aujour-
d'hui, en" présence de la conception actuel-
le du monde, le latin et le grec n'ont que
faire ».
Les élèves ne peuvent sentir directement
les beautés des auteurs anciens ; et, au
point de vue esthétique, cette étude sera
inutile à plus de la moitié d'entre eux.
La seule culture indispensable est celle
qui s'acquiert ipar la lecture de nos chefs-
d'œuvre nationaux : « Si les Muses, dit
l'orateur, soufflent les mêmes accents, les
poètes: aaven t transposer ses accents pour
les mettre au diapason de l'âme moderne. »
Au surplus, la beauté morale des chefs-
d'œuvre antiques pourrait fort bien être per-
çue dans les traductions, et il ne faudrait pas
considérer la connaissance des textes origt"
naux comme indispensable. Beaucoup de
.Français ont-ils lu la Bible en hébreu ?
Le distingué député s'efforce ensuite de
démontrer que, contrairement à l'opinion con-
sacrée, le latin n'est pas indispensable-pour
apprendre le français. « Les jeunes filles qui
font à peine de latin, connaissent notre lan-
feue au moins autant que les jeunes gens ».
Le français doit s'enseigner par le français ».
La version latine, dit-on, constitue une gym-
nastique intellectuelle indispensable ; mais
ne serait-il pas possible de faire plus utilement
la même gymnastique avec les langues vivan-
tes. La diffusion de celleslci pourrait, mieux
'que le iatin rte le faisait autrefois, faciliter
des relations entre les savants des différents
pays.
IL'orateur reproche ensuite au projet du
gouvernement d'être antidémocratique, d'écar-
ter du lycée et des facultés les enfants du peu-
ple, au risque d'en faire des révoltés. Il rap-
pelle que l'enseignement moderne a été créé
par ces fins lettrés que furent ou sont MM.
iLiard, Bourgeois.G. Leygues., et ajoute que
•le maintien de cet enseignement est désiré
par tous les grands corps littéraires.
- {Lire la suite à la deuxième page.)
LE PROBLEME DES REPARATIONS 1
, (
Que restera-l-il au compte de la France
après les négociations en cours?
————————.- '9'-E--
Le Comité des Banquiers, en présence du veto français, devient indécis
il se réunira aujourd'hui
m
Cette question de l'emprunt
allemand est devenue la bou-
teille à l'encre. Après que le
délégué français se fut juste-
ment élevé contre toute réduc-
tion de la dette, — seul de son
avis, d'ailleurs, contre trois opposants, — la
Commission des réparations a fini, par une
contradiction inattendue, par reconnaître aux
banquiers le droit d'envisager une diminution
de la créance alliée.
C'est à ne plus rien comprendre.
Le malentendu est né de la suggestion fran-
çaise d'accepter une réduction en échange des
compensations. Or, la seule compensation qui
nous puisse intéresser serait l'annulation de
nos dettes vis-îi-vis de nos Alliés. Et cette ques-
tion sort complètement de (la compétence des
banquiers, pour ne dépendre que des j)Oliti-
cicns. Ayant mis un doigt dans l'engrenage,
nous nous trouvons forcés d'y passer le bras
tout entier.
Le Comité des banqlÛers, 'libre donc d'expri-
mer son jugelncnt, ne se ferait pas faute de
proclamer que. seule, une réduction de la dette
allemande pourra avoir raison des difficultés
de paiements. L'on se rend compte de l'écho
que trouverait en Allem-agne une telle opinion
et de la publicité qu'on ne manquerait pas de
lui donner. Toute la manœuvre serait, comme
an pense, dirigée contre nous ; on nous taxe-
rait d'intransigearnce, d'étroitesse, voire même
d'impérialisme.
Si même les banquiers vont plus loin et
fixent un chiffre aux réparations — ils ont le
droit, ne l'oublions pas, de donner libre cours
à leur avis, sans pour cela que celui-ci ait
aucune force exclusive — l'on peut deviner
aussi qu'en hommes d'affaires, ils s'arrêteront
au chiffre le plus bas. Les 132 milliards ne se-
ront même plus la moitié, même plus le quart.
Et l'on voit ce que deviendrait la créance de
la France.
Il est regrettable que pour ma-squer le désac-
cord de ses membres, la Commission des répa-
rations se soit laissé aller à une concession
qui peut nous coûter. Et il nous est particu-
lièrement pénible de trouver contre nous nos
amis belges qui auraient pit mieux se souve-
nir du concours puissant que nous apportâmes,
à Gênes, à la défense de leur thèse.
Raymond LANGE.
Réunion du Comité
des Banquiers
Ayant pris, avant-hier, connaissance de la
réponse de la Commission des réparations, le
Comité des banquiers s'est réuni hier. 9
Il semble difficile qu'en présence du veto
du gouvernement français, il puisse persister
dans le projet qu'il avait envisagé tout d'abord
et qui avait ses préférences, d'un emprunt
international destiné à la liquidation complète
des réparations. Peut-être reviendra-t-il au
plan plus modeste d'un emprunt partiel, pro-
pre à faire face .aux besoins de deux ou trois
annuités ? Toujours est-il que la dernière note
de la Commission a singulièrement embarras-
sé le Comité financier qui, tout en restant
libre de formuler ses suggestions sous sa pro-
pre responsabilité et sans engagement pour
ladite icommission, paraît très hésitant.
La prochaine séance du Comité des ban-
quiers aura lieu aujourd'hui.
L'IMPRESSION EN BELGIQUE
La décision prise par la majorité de la
Commission des réparations et tendant à élar-
gir le mandat du Comité de l'emprunt a pro-
duit une certaine surprise dans les milieux po-
litiques, où l'on était généralement convaincu
qu'étant-donné l'identité de leurs intérêts en
matière 'de réparations, la France et la Bel-
gique adopteraient la même attitude. Dans les
cercles officieux, on explique maintenant que
le Comité des banquiers doit pouvoir rendre
ses avis en toute indépendance et dire à quel-
les conditions des emprunts internationaux
sont possilbles selon lui. La Commission des
réparations et les gouvernements auront alors
à se prononcer et on reconnaît que les ban-
quiers ont négligé jusqulà ce jour l'aspect poli-
tique du problème des réparations ; aussi la
Commission des répartaions et les gouverne-
ments sont-ils libres d'accepter ou repousser
les avis du Comité des banquiers.
On ne se dissimule pas pourtant le gros dan-
ger qu'il peut y avoir à autoriser des experts
sans responsabilités à recommander éventuel-
lement une réduction de la dette allemande,
mais on se berce de l'espoir qu'il serait alors
aisé de démontrer aux Etats-Unis et à l'An-
gleterre qu'il n'est pas possible de consentir
une réduction de la dette allemande aussi long-
temps que la question de l'annulation des det-
tes interalliées, et de la part de l'Angleterre
dans les réparations, n'aura pas été réglée.
De toute manière, dans les milieux parle-
mentaires et politiques, on croit toujours,
conformément aux déclarations faites à plu-
sieurs reprises par des personnalités éminen-
tes, que, quel que soit l'avis qu'émette le Co-
mité finander, la Belgique ne consentira à au-
cune réduction éventuelle de la créance sur
l'Allemagne sans la contre-partie de l'annula-
tion des dettes interalliées..
UN COMMENTAIRE ALLEMAND
Le Yorwaerts écrit :
« Les négociations qui ont lieu à Paris n'a-
boutiront sans doute pas à un nivellement
général des dettes internationales. Cependant,
ce serait là la seule voie à suivre. Il faudra
se décider à réduire la dette des Alliés envers
l'Amérique et à diminuer le montant des ré-
parations allemandes, lever l'occupation si
coûteuse de la Rhénanie et enfin renoncer au
Gystème des sanctions. Il ne semble malheu-
reusement pas que le monde soit mûr pour
cette opération. Cependant, la logique de l'é-
volution nous y pousse impérreusement. Il y a
deux tendances qui se combattent,en France :
l'une militariste et impérialiste (sic), l'autre
économique et financière. A la longue, un dif-
férend est inévitable entre css deux forces.
Les réparations
et le pacte franco-anglais
Le Daily Chronicle écrit :
« iCe que nous pouvons pas comprendre dans
l'attitude française, c'est -lue le rêve irréalisa-
ble des réparations soit préféré aux répara-
tions elles-mêmes. Si la France persiste dans
son attitude, l'emprunt allemand ne pourra se
faire et l'Allemagne ne sera pas à même de
remplir l'engagement de limiter sa circulation
fiduciaire. Elle sera poussée à recourir à des
moyens hasardeux afin d'obtenir des crédits
étrangers pour payer des réparations aléatoi-
res, accroissant ainsi l'inflation de sa. devise,
faisant languir le commerce européen, s'enli-
sant plus profondément dans le chemin de la
faillite et alors, à la dernière extrémité, les
Français occuperont la Ruhr ? C'est ce à quoi,
après tout, la situation semble devoir atboutir.
« L'ascendant militaire de la France doit-il
être maintenu, même pendant que l'Europe
ira à la ruine ? Ce ne sont pas là des condi-
tions offrant une base encourageante pour le
pacte anglo-français, qui est et demeurera for-
cément impopulaire en Grande-Bretagne, aus-
si longtemps que la politique générale de la,
France 11e s'accordera pas avec la nôtre. »
UN COMPROMIS ?
Le correspondant du Times à Paris cons-
tate, qu'ainsi qu'il l'a exposé dans son mes-
sage d'hier, on espère que les banquiers arri-
veront, sur la question de l'emprunt extérieur
allemand, à un compromis qui, tout en ne ré-
duisant aucunement la dette totale de l'Alle.
magne, suspendra ses paiements intégraux
pendant une période de vingt ans.
« Si cette méthode est adoptée, conclut te
même correspondant, il est probable qu'alors
la /France n'élèvera pas d'autres objections. »
De son côté, le Daily Express dit que « la
France semble croire qu'elle peut dbtenir l'ar-
gent dont elle a un 'besoin urgent sans a-ccep-
ter les points de vue de ceux qui « ont l'ar-
gent ». C'est une erreur ».
Le Daily Herald, organe travailliste, dit que
« M. Poincaré vient encore de faire tout son
possible pour détruire ce qui paraissait une
bonne chance de régler temporairement la
crise des réparations ».
Une mission financière
allemande à Paris
Berlin, 8 mars. - Le gouvernement a désl-
gné un certain nombre de personnalités du
monde financier en qualité d'experts auprès
de M. Bergmann, à Paris. En dehors du ban-
quier Melchior, qui est déjà à Paris, le cabi-
net d'Empire a désigné MM. Havenstein, pré-
sident de la Reichsibank, le banquier Men-
del&sohn, le dirgcteur- de- banque Urbifg, le con-
seiller intime Deutsch. Ces personnes seront
envoyées à Paris au fur et à mesure des be-
soins.
— > ca.- — (
Démission de conseillers municipaux
Saint-Etienne, 8 juin. — Après consulta-
tion de leur parti, les adjoints communis- -
tes au maire de Saint-Etienne, MM. Ferdi-
nand Faure, Descos et Le Griel, ont décidé
de laisser toutes les responsabilités de l'ad-
ministration au parti radical-socialiste pour
la gestion des affaires municipales de la
ville de Saint-Etienne et de se démettre de
leurs fonctions d'adjoints tout en restant
conseillers municipaux.
Imitant l'exemple des trois conseillers
communistes, deux conseillers municipaux,
MM. Pons, délégué au ravitaillement, et
Bailly, délégué à l'Orphelinat municipal, se J
sont démis de leurs fonctions.
) «M+dm -E .-
LA MALLE SANGLANTE
Mme Bassarabo s'explique.
devant le jury
La première audience est consacrée
aux relations de l'accusée
avec son premier mari, M. Paul Jacques
D'abord la malle.
C'est, dans le drame, un personnage —
muet, il est vrai — presque aussi important
qu'Héra Myrtel. Pourtant, hier, on n'a point
parlé d'elle, ou si peu!
Placée au premier plan, en avant de la ta-
ble des pièces à conviction, elle s'impose aux
regards. De taille respectable certes, mais
moins grande que l'on ne l'avait dit, elle a
l'air honnête et un peu fatigué d'une bonne,
vieille malle de famille ayant longuement et
fidèlement servi. Fiez-vous aux apparences!
Louise Groues, dite Héra yrte1.
Correctement vêtue de noir, comme il con-
vient à une femme deux fois veuve. De lar-
ges manches facilitant les mouvements de
tragédie ; quelques mèches d'un blond dé-
teint sous un tout petit chapeau.
Physionomie à l'expression singulièrement
changeante. Pendant la lecture de l'acte
d'accusation, les yeux levés au ciel, avec un
visage jaunâtre et émacié de recluse, on croit
voir au banc d'une église, une dévote en ex-
tase offrant au Seigneur ses souffrances, pen.
dant le sermon d'un prédicateur ennuyeux.
Mais, au cours de l'interrogatoire, touf
change. Le masque de douceur disparaît. Lef.
traits s'animent, les yeux s'allument d'in-
quittantes lueurs et la voix d'abord sourde
et indistincte, s'élève par degrés jusqu'aux
cris d'indignation et de douleur.
Si Héra Myrtel n'avait été l'écrivain distin-
gué au talent duquel le président Guilbert,
toujours impartial, a tenu à rendre hommage,
elle aurait pu se faire une réputation au
théâtre.
Elle se défend d'ailleurs assez habilement
et, tour à tour résignée, désespérée ou bien
éclatant sous l'injure, elle sait jouer de tou-
tes les cordes.
A vrai dire, elle eut hier la partie assez
belle, l'interrogatoire n'en étant point encore
arrivé au crime qu'on lui reproche.
Ce fut d'abord l'évocation d'une enfance
pieuse au Couvent du Sacré-Cœur de Lyon.
Elle appartenait à une excellente famille
lyonnaise dont elle-même se complaît à faire
remonter l'origine jusqu'aux croisades. Son
père « plus gentilhomme que commerçant»
ayant fait de mauvaises affaires, mourut en
laissant quelques dettes. L'accusée se glorifie
de les avoir payées en donnant des leco9
£ ê numéro : QUINZE CENTIMES
VENDREDI 9 JUIN 1922. — N° 18807
; Fondateura (1869) 8
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un ap Six mois Trotsmoii
SEINE & S.-ET-CISE. 38 » 20 n 10 n
FRANCE & COLONIES.. 41 s 22 » 11 »
ETRANGER .,. 49 » 25 » 13 n
Adresser toutes les communications -,
au directeur. -
Rédacteur en cheft
RAYMOND LANGE
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Directeur : EDMOND -- DU MESNIL
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BMietlM et administration : Nord 24-90,24-91--- Aurîs m n. Jn soir : HoipetteSMJ
TRIBUNE LIBRE
Contre la tyrannie des Partis
——» » o>o « » ■
Le Bloc national continue ; nous aussi.
Après Dijon. Auxerre; après Auxerre,
Montpellier-Saint-Pons, puis Nice. Le
Bloc des Gauches, sans force et sans trou-
pes, à en croire ses adversaires, trouve
cependant partout des auditoires passion-
nés et même des suffrages. C'est qu'il ne
se forme pas, comme le marquait hier si
justement ici Edmond Du Mesnil. dans
l' atmosphère viciée de la Chambre, mais
au grand air du pays.
Le problème est donc de diviser cette
opposition républicaine formée depuis le
2 juin jusque dans le sein de la Chambre
mal élue de 1919. Le « Temps». pour
sa part, ne se fait pas faute de s'y es-
sayer. Après avoir tenté, comme je l'ai
montré (1), d'éloigner simultanément de
la Ligue de la République plusieurs par-
tis de gauche, puis d'en séparer seul ce-
lui qu'il considère comme le principal,
voici qu'il s'efforce à nouveau dé diviser
ce dernier contre lui-même.
Tâche évidemment trop aisée pour les
raisons que chacun sait Tout Parti divisé
contre lui-même périra.
Le « Temps » engage donc la majorité
des radicaux à se rallier soit au Bloc na-
tionaL soit à l'Union à droite qu'incarne
le Par'd Jonnart, au Bloc qu'on a vu
prendre si nettement position le 2 juin
contre la doctrine des démocrates, expri-
mée sous les huées par Herriot, « des
démocrates convaincus qui attendent de
la démocratie seule la restauration de
l'Europe. ))
*
* :S
Réjouissons-nous de ce que les posi-
tions soient ainsi prises à la Chambre
même, avec, cette rigueur, et attachons-
nous à fortifier le plus possible les nô-
tres, devant l'affolement menaçant du
Bloc national, à les fortifier dans le res-
pect de la liberté de chacun el d'une
commune discipline. Ce serait, en effet
fausser les conditions de l'union consen-
"tie désormais pour un objet bien déter-
plil,.é, par «tous» les républicains de
gauche; que de prétendre leur imposer
une tactique, une doctrine quelconque.
Or, il n'est pas un organe directeur du
Parti qui n'ait, à l'heure actuelle, cette
arrière-pensée de dictature ou de tyran-
nie, et il faut avoir le courage de la dé-
noncer.
Les communistes de la Côte-d'Or ont
fait la dernière campagne électorale sur
le principe de l'union des gauches et en
faisant appel au concours de tous les
républicains. C'est de bonne doctrine dé-
mocratique : la République n'a pas pour
tradition de repousser ceux qui recon-
naissent le prix de son organisation et
de ses libertés. Mais l'union comporte des
obligations bilatérales que les commu-
nistes de la Côte-d'Or et d'ailleurs n'ont
pas l'air de soupçonner. Qu'ils s'y plient,
sous peine de s'en voir retirer le bénéfice.
Qu'ils adhèrent au programme-minimum
qui seul permet et légitime cette union,
qu'ils y prennent la place et seulement la
place que leur nombre leur assigne et
qu'ils ne prétendent point surtout, eux
les derniers venus, la gouverner!
, Que leurs représentants enfin, tel Fros-
sard, ne démentent pas ici ce qu'ailleurs
ils préconisent et même sollicitent, écœu-
rés sans doute à leur tour des injures
qu'on leur prodigue. Qu'ils fassent à cet
égard des déclarations précises et qu'ils
prennent une bonne fois une attitude net-
te, comme le leur demande avec infini-
ment de raison Paul Faure.
Entre eux et les autres partis, le suf-
frage universel décidera. La pire faute
serait de prendre avec eux un engage-
ment spécial et de leur conférer une sorte
de privilège : c'est cependant l'énormitê
antidémocratique qu'a commise le mois
dernier, dans la Loire, le Bloc républi-
cain socialiste en s'engageant à ne se
désister au second tour qu'en leur faveur.
Enormité qui permet aujourd'hui à la
majorité communiste ainsi conquise de
mettre en demeure à Saint-Etienne la
municipalité radicale-socialiste de quit-
ter l'Hôtel de Ville!
Autre abus: celui que commet Paul Fau-
te lui-même, secrétaire général du Parti
S.F.I.O. lorsqu'il entend interdire aux
militants socialistes d'adhérer à la Ligue
de la République, sous prétexte de con-
tradiction avec la pratique traditionnelle
des socialistes. Fâcheuse invocation.
Paul Faure oublie-t-il à quels désastres
cette pratique a conduit les républi-
cains ? Et ne défend-il pas plutôt, en
l'espèce, les intérêts particuliers du re-
(1) Voir l. Rappel du 1er juin.
crutement de son Parti au détriment des
intérêts généraux de plus en plus mena-
cés de la Démocratie ? Les militants,
d'ailleurs, le comprennent bien ainsi qui
passent outre aux interdictions qu'on leur
veut imposer et adhèrent là où ils sentent
les plus hautes nécessités.
Pour la victoire républicaine, par l'U-
nité républicaine, telle est notre formule ;
et elle a l'assentiment des libres citoyens
partout'où nous la proclamons.
P.-René CHAVAGNES,
Secrétaire général de la Ligue
de la République.
) ca i mm
EDITORIAL
1 1
Obscurité et confusion
Voici d'une belle confu-
sion. Le problème des ré-
parations s'obscurcit, en cet
instaoït même où le pays
croyait enfin y voir un peu
clair.
Voulez-vous que nous ré-
sumions les faits ?
Le Congrès de Versailles a institué
une commission des réparations, char
gée de contrôler et de récupérer la dette
allemande.
Cette commission a une histoire ; elle
a même eu des histoiresv mais louée par
ceux-ci, blâmée par ceux-là, cahin, caha,
trottinant, elle a fait son petit chemin
dans le monde.
Le 31 mai dernier elle semblait avoir
obtenu une satisfaction morale de l'Alle-
magne. Et comme nous nous contentons
de peu depuis l'armistice, chacun de se
montrer assez satisfait.
Entre temps, s'est réunie à Paris, une
conférence des banquiers.
La Commission des réparations l'avait
priée d'étudier la possibilité et les moda-
lités d'un emprunt international con-
tracté par l'Allemagne.
Nos financiers ne s'embarrassent pas
de sentiments. Ils ont vu une Allemagne
grevée d'une dette de réparations de
cent trente-deux milliards, et offrant des
garanties et des gages aléatoires, quant
au service des intérêts.
Cent trente-deux milliards, c'est un
chiffre, même quand on n'est pas dispo-
sé à le payer. Aussi la première pensée
de nos gens de finance fut-elle de le ré-
duire.
Leur pensée répond à la préoccupa-
tion même des Boches, et au secret désir
de nos trop bons amis les alliés, qui de-
puis le traité de Versailles cherchent de
conférence en conf érence à réduire le
chiffre de notre. créance.
— Peut-on envisager la réduction de
la dette allemande ? a demandé la confé-
rence des banquiers à la Commission
des réparations.
— Oui ! a répondu celle-ci à l'unani-
mité, moins la voix du président, délégué
français.
Redoutable engrenage.
Si la conférence des banquiers s'avise
maintenant de fixer le chiffre auquel il
lui semble que doive être réduite la dette
allemande, vous discernez l'argument
fourni à l'Allemagne contre le traité de
Versailles, contre notre droit aux répa-
rations ; et,, par contre, la situation de la
France victorieuse acculée à la faillite,
ou obligée de s'entêter dans le recouvre-
ment de sa créance, contre son débiteur,
ses alliés, et les compétences financières
du monde entier. =
Je souhaite que nos maîtres sachent
suivre ces péripéties angoissantes d'un
œil avisé, et résoudre au mieux de l'inté-
rêt français ce problème essentiel des
réparations sans cesse plus complexe et
plus embrouillé.
Mais, comme il convient en toutes
choses de remonter aux origines et de
fixer les responsabilités, je dirai tout
net que ce nouvel avatar est la consé-
quence directe de la légreté criminelle
et de l'incapacité furiesté des auteurs du
misérable traité de Versailles.
Si notre créance sur l'Allemagne avait
été positive, garantie, gagée, elle eût pré-
senté une valeur effective, négociable
par un consortium de banquiers. On au-
rait pM, comme on dit, la « mobiliser »
à bon compte.
Mais fragile, précaire,. sans gages,
sans garanties, telle que l'ont constituée
les négociateurs de la bande^ï Clemen-
ceau, elle apparaît à la finance interna-
tiooaLe, comme une traite protestée qu'on
rachète au rabais.
Les responsables ? Les sanctions !
Edmond DU MESNIL.
'———————— :> -.GiII
UQe zone neutre
La Finlande et la Russie soviétique ont
conclu une convention relative à la création
d'une zone neutre entre les.deux Etats.,
Le mariage du roi Alexandre de Serbie
et de ta princesse Marie de 7{pumanie
--- <3o©oC>-;.i i ,
A BELGRADE
Le pavoisement de la ville
En médaillons :
la princesse et le roi
; Aujourdhui
Saint-Médard
C'était hier la Saint-Médard, jour impor-
tant, selon la croyance populaire, pour la
température prochaine. On sait, en effet, que
s'il pleut à la Saint-Médard, quarante jours
de pluie doivent en résulter !
Il est vrai qu'avec la sécheresse de ces
temps derniers, les agriculteurs appellent de
tous leurs vœux les ondées bienfaisantes.
Et Saint-Médard a apporté de la pluie ! Que
dira Saint-Barnabé, le 21 juin ?
-<:::>+
Pour 320 dollars
C'est cette modeste somme que toucha 01'¿s-
tophe Colomb pour avoir découvert l'Améri-
que. Dans cetemps-là, sans doute, 3.520 francs
représentaient une petite fortune.
C'est un écrivain allemand, M. Feldhans,
qui s'est donné 7a peine de rechercher, par
de savants calculs, combien l'Espagne a dé-
pensé pour
'; Il est arrivé à traduire en dollars-1922 le
prix du voyage.
Le prix de l'expédition serait revenu à
7.250 dollars, soit 79.750 francs.
C'est Isabelle la Catholique, qui engagea les
bijoux royaux pour faire face à ces dépenses
excessives.
Quant à l'explorateur, Feldhans évalue à
320 dollars. la somme qui lui est revenue. Les
capitaines des deux autres navires touchèrent
180 dollars,* soit 1.980 francs, et chaque mate-
lot 29 dollars, soit 319 francs.
M. Feldhans n'a plus qu'à s'amuser à cher-
cher ce que coûterait une telle expédition de
nos jours.
Le Tapin.
: LE AJVMVEIISAJJIE
de la mort de Camille Pellelan
UNE EMOUVANTE CEREMONIE
Hier matin, au Colomlbarium du Père-La-
chaise, a eu lieu une émouvante cérémonie
destinée à commémorer le 7" anniversaire de
la mort du grand républicain, ancien président
du Parti radical et radical-socialiste.
Mme Camille Pelletan, très émue, M. le dé-
puté et Mme Denise étaient entotirés de nom-
breux amis de l'an'cien ministre de la marine.
Parmi ceux-ci, beaucoup de-parlementaires,
tous les sénateurs et députés radicaux-socia-
listes des Bouches-du-Rhône : MM. Pasquet,
Schrameck, Victor Jean et Girard, puis MM.
René Renoult, Maurice Sarraut, Louis Tissier,
sénateurs, MM. Accam'bray, Milet, Castel, le
professeur Pinard, députés, etc.
Parmi les organisateurs de la réunion, MM.
Douzet, secrétaire général du Parti radical et
radical-socialiste ; Grandigneaux, vice-prési-
dent de la Fédération de la Seine.
Ce fut au milieu d'un grand recueillement
que M. 'LouiB Tissier, ancien chef de cabinet
de Camille Pelletan, prit la parole. Dans un
trœ-beau discoure, il --fit l'éloge Au grand ré-
publicain sociologue, artiste, démocrate, pro-
fondément et ardemment radical-socialiste.
Après lui, l'amiral Guépratte, qui avait tenu
à venir, bien que n'appartenant pas au Parti,
rendit un hommage vi'brant d'admiration à la
profonde et claire vision de .Camille Pelletan,
qui avait distingué nettement le rôle que de-
vaient jouer dans les guerres modernes le
sous-marin et l'avion.
Ces deux remarquables discours méritent
d'être connus dans leur texte même. Aussi en
publierons-nous demain les passages essentiels,
qui magnifient le rôle d'impérissable mémoire
joué durant sa vie politique par le igrand chef
radical-socialiste.
A LA CHAMBRE
La Réforme de rEoseigoemeot Secondaire
i-—-" 11
M. Ducos critique le projet gouvernemental
M. Ferdinand Buisson prend la défense de l'école.laïque menacée par la réaction
e Œ<' 6-oi>
« Je m'en voudrais d'interrompre un dis-
cours d'une telle hauteur de vues ! »,
s'écria M. Léon Bérard, tandis que parlait
M. F. Buisson. Jamais, en effet, la Cham-
bre actuelle n'avait entendu un langage
aussi élevé. Les députés. de la majorité
s'entre-regârdaient tout éberlués : Com-
ment ! c'était là ce sectaire que la con-
signe était de huer et de honnir ! « Mais
c'est là tout un programme ! » s'écria
quelqu'un au centre droite.
Oui, c'est tout simplement le programme
du parti républicain, dont l'orateur est de-
puis 'bientôt un demi-siècle l'un des: guides
les plus vénérés. Nos adversaires le com-
battaient sans le connaître ; - en le con-
naissant, ils continueront à le combattre
à cause de leurs intérêts électoraux. C'est
déjà quelque chose que, pendant un mo-
ment, ils aient dû s'incliner devant lui.
Ayant M. Buisson, M., Ducos, dans un
très remarquable discours, avait fait une
critique éloquente et serrée des projets de
réforme du gouvernement. -
"LA SÉ-A-HSTCIE
Dans la discrète intimité d'une séance
du matin, la Chambre amorça la discussion
des interpellations, sur la réforme de l'en-
seignement secondaire.
M. Ducos, le premier des interpellateurs,
tout en reconnaissant la nécessité d'une ré-
forme, de ^l'enseignement secondaire, re-
grette que l'on n'ait pas, comme on le fit
en 1902,.consulté toutes les compétences.
Il approuve le projet ministériel en tant
qu'il supprime les cycles et allège les pro-
grammes et les horaires. Mais il voudrait
que cet allégement profitât au travail
personnel et à l'éducation physique sans
permettre que, sous le prétexte de diriger
cette éducation, l'autorité militaire mette
la 'main sur les loisirs des élèves.
« La militarisation de l'Université, dit
l'orateur, aux vifs applaudissements de l'ex-
trême gauche et aux protestations bruyan-
tes de la droite, pourrait nuire gravement
à l'épanouissement des intelligences indi-
viduelles. »
M. Ducos admet également la suppres-
sion de la section latin-languës, l'obligation
des conseils de classe et d'enseignement, le
rétablissement du professeur principal. Mais
il ne veut ni de la suppression ni de la di-
minution de l'enseignement moderne. Or,
ce serait, 'sinon supprimer, au moins dimi-
nuer-cet enseignement que d'obliger tous
les jeunes gens à faire quatre années de
latin et une de grec, avant d'opter pour le
« moderne », ainsi réduit à deux ans d'étu-
des. Celui-ci, humilié, discrédité, devien-
drait le refuge des cancres, la « section
dépotoir !»
Un réquisitoire contre le latin
La disparition de l'enseignement moder-
ne serait désastreuse à tous les points de
vue. La culture doit être humanitaire,
c'est-là-dire adoptée aux besoins de l'huma-
nité ; et l'orateur ajouta, non sans soule-
ver de vives protestations : « Que, aujour-
d'hui, en" présence de la conception actuel-
le du monde, le latin et le grec n'ont que
faire ».
Les élèves ne peuvent sentir directement
les beautés des auteurs anciens ; et, au
point de vue esthétique, cette étude sera
inutile à plus de la moitié d'entre eux.
La seule culture indispensable est celle
qui s'acquiert ipar la lecture de nos chefs-
d'œuvre nationaux : « Si les Muses, dit
l'orateur, soufflent les mêmes accents, les
poètes: aaven t transposer ses accents pour
les mettre au diapason de l'âme moderne. »
Au surplus, la beauté morale des chefs-
d'œuvre antiques pourrait fort bien être per-
çue dans les traductions, et il ne faudrait pas
considérer la connaissance des textes origt"
naux comme indispensable. Beaucoup de
.Français ont-ils lu la Bible en hébreu ?
Le distingué député s'efforce ensuite de
démontrer que, contrairement à l'opinion con-
sacrée, le latin n'est pas indispensable-pour
apprendre le français. « Les jeunes filles qui
font à peine de latin, connaissent notre lan-
feue au moins autant que les jeunes gens ».
Le français doit s'enseigner par le français ».
La version latine, dit-on, constitue une gym-
nastique intellectuelle indispensable ; mais
ne serait-il pas possible de faire plus utilement
la même gymnastique avec les langues vivan-
tes. La diffusion de celleslci pourrait, mieux
'que le iatin rte le faisait autrefois, faciliter
des relations entre les savants des différents
pays.
IL'orateur reproche ensuite au projet du
gouvernement d'être antidémocratique, d'écar-
ter du lycée et des facultés les enfants du peu-
ple, au risque d'en faire des révoltés. Il rap-
pelle que l'enseignement moderne a été créé
par ces fins lettrés que furent ou sont MM.
iLiard, Bourgeois.G. Leygues., et ajoute que
•le maintien de cet enseignement est désiré
par tous les grands corps littéraires.
- {Lire la suite à la deuxième page.)
LE PROBLEME DES REPARATIONS 1
, (
Que restera-l-il au compte de la France
après les négociations en cours?
————————.- '9'-E--
Le Comité des Banquiers, en présence du veto français, devient indécis
il se réunira aujourd'hui
m
Cette question de l'emprunt
allemand est devenue la bou-
teille à l'encre. Après que le
délégué français se fut juste-
ment élevé contre toute réduc-
tion de la dette, — seul de son
avis, d'ailleurs, contre trois opposants, — la
Commission des réparations a fini, par une
contradiction inattendue, par reconnaître aux
banquiers le droit d'envisager une diminution
de la créance alliée.
C'est à ne plus rien comprendre.
Le malentendu est né de la suggestion fran-
çaise d'accepter une réduction en échange des
compensations. Or, la seule compensation qui
nous puisse intéresser serait l'annulation de
nos dettes vis-îi-vis de nos Alliés. Et cette ques-
tion sort complètement de (la compétence des
banquiers, pour ne dépendre que des j)Oliti-
cicns. Ayant mis un doigt dans l'engrenage,
nous nous trouvons forcés d'y passer le bras
tout entier.
Le Comité des banqlÛers, 'libre donc d'expri-
mer son jugelncnt, ne se ferait pas faute de
proclamer que. seule, une réduction de la dette
allemande pourra avoir raison des difficultés
de paiements. L'on se rend compte de l'écho
que trouverait en Allem-agne une telle opinion
et de la publicité qu'on ne manquerait pas de
lui donner. Toute la manœuvre serait, comme
an pense, dirigée contre nous ; on nous taxe-
rait d'intransigearnce, d'étroitesse, voire même
d'impérialisme.
Si même les banquiers vont plus loin et
fixent un chiffre aux réparations — ils ont le
droit, ne l'oublions pas, de donner libre cours
à leur avis, sans pour cela que celui-ci ait
aucune force exclusive — l'on peut deviner
aussi qu'en hommes d'affaires, ils s'arrêteront
au chiffre le plus bas. Les 132 milliards ne se-
ront même plus la moitié, même plus le quart.
Et l'on voit ce que deviendrait la créance de
la France.
Il est regrettable que pour ma-squer le désac-
cord de ses membres, la Commission des répa-
rations se soit laissé aller à une concession
qui peut nous coûter. Et il nous est particu-
lièrement pénible de trouver contre nous nos
amis belges qui auraient pit mieux se souve-
nir du concours puissant que nous apportâmes,
à Gênes, à la défense de leur thèse.
Raymond LANGE.
Réunion du Comité
des Banquiers
Ayant pris, avant-hier, connaissance de la
réponse de la Commission des réparations, le
Comité des banquiers s'est réuni hier. 9
Il semble difficile qu'en présence du veto
du gouvernement français, il puisse persister
dans le projet qu'il avait envisagé tout d'abord
et qui avait ses préférences, d'un emprunt
international destiné à la liquidation complète
des réparations. Peut-être reviendra-t-il au
plan plus modeste d'un emprunt partiel, pro-
pre à faire face .aux besoins de deux ou trois
annuités ? Toujours est-il que la dernière note
de la Commission a singulièrement embarras-
sé le Comité financier qui, tout en restant
libre de formuler ses suggestions sous sa pro-
pre responsabilité et sans engagement pour
ladite icommission, paraît très hésitant.
La prochaine séance du Comité des ban-
quiers aura lieu aujourd'hui.
L'IMPRESSION EN BELGIQUE
La décision prise par la majorité de la
Commission des réparations et tendant à élar-
gir le mandat du Comité de l'emprunt a pro-
duit une certaine surprise dans les milieux po-
litiques, où l'on était généralement convaincu
qu'étant-donné l'identité de leurs intérêts en
matière 'de réparations, la France et la Bel-
gique adopteraient la même attitude. Dans les
cercles officieux, on explique maintenant que
le Comité des banquiers doit pouvoir rendre
ses avis en toute indépendance et dire à quel-
les conditions des emprunts internationaux
sont possilbles selon lui. La Commission des
réparations et les gouvernements auront alors
à se prononcer et on reconnaît que les ban-
quiers ont négligé jusqulà ce jour l'aspect poli-
tique du problème des réparations ; aussi la
Commission des répartaions et les gouverne-
ments sont-ils libres d'accepter ou repousser
les avis du Comité des banquiers.
On ne se dissimule pas pourtant le gros dan-
ger qu'il peut y avoir à autoriser des experts
sans responsabilités à recommander éventuel-
lement une réduction de la dette allemande,
mais on se berce de l'espoir qu'il serait alors
aisé de démontrer aux Etats-Unis et à l'An-
gleterre qu'il n'est pas possible de consentir
une réduction de la dette allemande aussi long-
temps que la question de l'annulation des det-
tes interalliées, et de la part de l'Angleterre
dans les réparations, n'aura pas été réglée.
De toute manière, dans les milieux parle-
mentaires et politiques, on croit toujours,
conformément aux déclarations faites à plu-
sieurs reprises par des personnalités éminen-
tes, que, quel que soit l'avis qu'émette le Co-
mité finander, la Belgique ne consentira à au-
cune réduction éventuelle de la créance sur
l'Allemagne sans la contre-partie de l'annula-
tion des dettes interalliées..
UN COMMENTAIRE ALLEMAND
Le Yorwaerts écrit :
« Les négociations qui ont lieu à Paris n'a-
boutiront sans doute pas à un nivellement
général des dettes internationales. Cependant,
ce serait là la seule voie à suivre. Il faudra
se décider à réduire la dette des Alliés envers
l'Amérique et à diminuer le montant des ré-
parations allemandes, lever l'occupation si
coûteuse de la Rhénanie et enfin renoncer au
Gystème des sanctions. Il ne semble malheu-
reusement pas que le monde soit mûr pour
cette opération. Cependant, la logique de l'é-
volution nous y pousse impérreusement. Il y a
deux tendances qui se combattent,en France :
l'une militariste et impérialiste (sic), l'autre
économique et financière. A la longue, un dif-
férend est inévitable entre css deux forces.
Les réparations
et le pacte franco-anglais
Le Daily Chronicle écrit :
« iCe que nous pouvons pas comprendre dans
l'attitude française, c'est -lue le rêve irréalisa-
ble des réparations soit préféré aux répara-
tions elles-mêmes. Si la France persiste dans
son attitude, l'emprunt allemand ne pourra se
faire et l'Allemagne ne sera pas à même de
remplir l'engagement de limiter sa circulation
fiduciaire. Elle sera poussée à recourir à des
moyens hasardeux afin d'obtenir des crédits
étrangers pour payer des réparations aléatoi-
res, accroissant ainsi l'inflation de sa. devise,
faisant languir le commerce européen, s'enli-
sant plus profondément dans le chemin de la
faillite et alors, à la dernière extrémité, les
Français occuperont la Ruhr ? C'est ce à quoi,
après tout, la situation semble devoir atboutir.
« L'ascendant militaire de la France doit-il
être maintenu, même pendant que l'Europe
ira à la ruine ? Ce ne sont pas là des condi-
tions offrant une base encourageante pour le
pacte anglo-français, qui est et demeurera for-
cément impopulaire en Grande-Bretagne, aus-
si longtemps que la politique générale de la,
France 11e s'accordera pas avec la nôtre. »
UN COMPROMIS ?
Le correspondant du Times à Paris cons-
tate, qu'ainsi qu'il l'a exposé dans son mes-
sage d'hier, on espère que les banquiers arri-
veront, sur la question de l'emprunt extérieur
allemand, à un compromis qui, tout en ne ré-
duisant aucunement la dette totale de l'Alle.
magne, suspendra ses paiements intégraux
pendant une période de vingt ans.
« Si cette méthode est adoptée, conclut te
même correspondant, il est probable qu'alors
la /France n'élèvera pas d'autres objections. »
De son côté, le Daily Express dit que « la
France semble croire qu'elle peut dbtenir l'ar-
gent dont elle a un 'besoin urgent sans a-ccep-
ter les points de vue de ceux qui « ont l'ar-
gent ». C'est une erreur ».
Le Daily Herald, organe travailliste, dit que
« M. Poincaré vient encore de faire tout son
possible pour détruire ce qui paraissait une
bonne chance de régler temporairement la
crise des réparations ».
Une mission financière
allemande à Paris
Berlin, 8 mars. - Le gouvernement a désl-
gné un certain nombre de personnalités du
monde financier en qualité d'experts auprès
de M. Bergmann, à Paris. En dehors du ban-
quier Melchior, qui est déjà à Paris, le cabi-
net d'Empire a désigné MM. Havenstein, pré-
sident de la Reichsibank, le banquier Men-
del&sohn, le dirgcteur- de- banque Urbifg, le con-
seiller intime Deutsch. Ces personnes seront
envoyées à Paris au fur et à mesure des be-
soins.
— > ca.- — (
Démission de conseillers municipaux
Saint-Etienne, 8 juin. — Après consulta-
tion de leur parti, les adjoints communis- -
tes au maire de Saint-Etienne, MM. Ferdi-
nand Faure, Descos et Le Griel, ont décidé
de laisser toutes les responsabilités de l'ad-
ministration au parti radical-socialiste pour
la gestion des affaires municipales de la
ville de Saint-Etienne et de se démettre de
leurs fonctions d'adjoints tout en restant
conseillers municipaux.
Imitant l'exemple des trois conseillers
communistes, deux conseillers municipaux,
MM. Pons, délégué au ravitaillement, et
Bailly, délégué à l'Orphelinat municipal, se J
sont démis de leurs fonctions.
) «M+dm -E .-
LA MALLE SANGLANTE
Mme Bassarabo s'explique.
devant le jury
La première audience est consacrée
aux relations de l'accusée
avec son premier mari, M. Paul Jacques
D'abord la malle.
C'est, dans le drame, un personnage —
muet, il est vrai — presque aussi important
qu'Héra Myrtel. Pourtant, hier, on n'a point
parlé d'elle, ou si peu!
Placée au premier plan, en avant de la ta-
ble des pièces à conviction, elle s'impose aux
regards. De taille respectable certes, mais
moins grande que l'on ne l'avait dit, elle a
l'air honnête et un peu fatigué d'une bonne,
vieille malle de famille ayant longuement et
fidèlement servi. Fiez-vous aux apparences!
Louise Groues, dite Héra yrte1.
Correctement vêtue de noir, comme il con-
vient à une femme deux fois veuve. De lar-
ges manches facilitant les mouvements de
tragédie ; quelques mèches d'un blond dé-
teint sous un tout petit chapeau.
Physionomie à l'expression singulièrement
changeante. Pendant la lecture de l'acte
d'accusation, les yeux levés au ciel, avec un
visage jaunâtre et émacié de recluse, on croit
voir au banc d'une église, une dévote en ex-
tase offrant au Seigneur ses souffrances, pen.
dant le sermon d'un prédicateur ennuyeux.
Mais, au cours de l'interrogatoire, touf
change. Le masque de douceur disparaît. Lef.
traits s'animent, les yeux s'allument d'in-
quittantes lueurs et la voix d'abord sourde
et indistincte, s'élève par degrés jusqu'aux
cris d'indignation et de douleur.
Si Héra Myrtel n'avait été l'écrivain distin-
gué au talent duquel le président Guilbert,
toujours impartial, a tenu à rendre hommage,
elle aurait pu se faire une réputation au
théâtre.
Elle se défend d'ailleurs assez habilement
et, tour à tour résignée, désespérée ou bien
éclatant sous l'injure, elle sait jouer de tou-
tes les cordes.
A vrai dire, elle eut hier la partie assez
belle, l'interrogatoire n'en étant point encore
arrivé au crime qu'on lui reproche.
Ce fut d'abord l'évocation d'une enfance
pieuse au Couvent du Sacré-Cœur de Lyon.
Elle appartenait à une excellente famille
lyonnaise dont elle-même se complaît à faire
remonter l'origine jusqu'aux croisades. Son
père « plus gentilhomme que commerçant»
ayant fait de mauvaises affaires, mourut en
laissant quelques dettes. L'accusée se glorifie
de les avoir payées en donnant des leco9
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