Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-02-07
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 février 1922 07 février 1922
Description : 1922/02/07 (N18686). 1922/02/07 (N18686).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
ls Pluviôse, An 130. — N" 18681'
Le numéro : QUINZE CENTIMES
Mardi 7 février i9. — N0 i8tf
grantràeteure 11869) 8
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un an Sixmois Treismoli
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 n 22 » 11 3
ETRANGER. 49 » 25 » 13 »
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RAYMOND LANGE
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TRIBUNE LIBRE
La Conférence de Gênes
et la Société des Nations
La Conférence de Gênes
sera-t-elle ajournée ? On a
dit oui, on a dit non. Il
semble aujourd'hui que la
crise ministérielle qui s'est
produite en Italie doive en-
traîner cet ajournement.
Une partie de la presse an-
.l 1 --
glaise, qui s'était montrée nostue a ce
dernier, le regarde aujourd hui comme
possible. Souhaitons qu'on ajourne.
Tout le monde y gagnera.
La Conférence a été décidée fort pré-
cipitamment. Les invitations ont été
lancées sans perdre une minute. Ce ne
serait pas revenir sur la décision prise
que de reporter la réunion à une date
un peu plus éloignée que celle qui avait
d'abord été fixée. Si l'on veut vraiment
que la Conférence réussisse, il faut don-
ner à tous ceux qui d'oivent en faire
partie le temps de s'y préparer, de ré-
'fléchir et d'examiner sous < tous leurs
aspects les questions très importantes
et très complexes qu'elle a été chargée
de résoudre. Les idées ne vont pas jail-
lir brusquement du sein de la réunion.
Il est indispensable que les délégués y
en apportent quelques-unes. Il faut donc
qu'ils aient pu y penser auparavant.
Il faut aussi qu'auparavant les pays
invités qui tiennent au maintien et au
développement de la Société des Nations
envisagent l'attitude à observer et les
dispositions à prendre pour que celle-ci
ne soit pas la grande victime de la Con-
férence de Gênes.
Ce n'est un secret pour personne que
la Société des Nations compte un cer-
tain nombre d'ennemis sérieux dans le
monde et que ceux-ci cherchent à se
débarrasser d'elle. Sans aller jusqu'à
prétendre que le véritable but de la
Conférence de Gênes est de la faire dis-
paraître, nous avons le droit de crain-
dre que celle-ci n'aboutisse à ce résul-
tat. Ne va-t-elle pas se dresser en face
d'elle comme une concurrente et com-
me une rivale ? Ne va-t-elle pas cher-
cher à résoudre seule une partie des
questions que les traités de paix avaient
déclaré devoir relever de la compétence
exclusive de la Société des Nations ? Il
n'y aurait pas très grand mal à cela
si nous pouvions espérer qu'elle sera
amenée à envisager ces problèmes dans
l'aspect où les aurait envisagés la So-
ciété des Nations et à se prononcer pour
des solutions conçues dans l'esprit dont
cette dernière a déjà fait preuve.
La Société des Nations s'est heurtée
à beaucoup de scepticisme le jour où
elle a été créée. Ce scepticisme s'expli-
quait par certaines lacunes relevées
dans son organisation et par le fait
qu'elle n'avait été armée d'aucun pou-
voir personnel et réel ni munie d'aucun
moyen matériel efficace pour faire exé-
cuter ses décisions. Mais ce scepticisme
a bien diminué depuis qu'on a vu que,
dans la pratique, soutenue par la haute
idée du droit qu'elle avait conscience
rie représenter, elle était arrivée à ré-
soudre avec sagesse, bon sens. équité
et courage quelques questions très dif-
ficiles qui lui avaient été soumises.
Nous ne pouvons pas oublier la façon
dont elle a résolu le problème de Haute-
Silésie, ni la fermeté dont elle a fait
preuve quand on a essayé de faire ad-
mettre l'Allemagne dans son sein. Elle
a encouru l'hostilité du gouvernement
dej Soviets, ce dont on ne peut vrai-
ment pas lui faire grief. Or, l'Allemagne
et le gouvernement soviétique sont in-
vités à Gênes. Ils ne s'y rendront pas
avec des sentiments très bienveillants
pour la Société des Nations.
Si les Etats-Unis, dont l'adhésion n'a
pas encore été donnée — elle paraît fort
douteuse — se décidaient à accepter
l'invitation qui leur a été adressée, il
est à présumer que leurs délégués se-
conderaient les manœuvres qui pour-
raient être dirigées contre l'existence
de la fille de leur ancien président
Wilson.
La Société des Nations détruite ou
réduite à n'être plus qu'une ombre, les
traités, dont ses statuts sont la préface,
suivraient son sort. Ce serait mauvais
pour nous et pour la paix qu'on dit
vouloir définitivement consolider à Gê-
res. Nul doute que notre gouvernement
ne la défende.
Gaston DOUMERGUE,
.———— — t
Une note française
au sujet de la Conférence de Gênes
Londres, 6 février. - En l'absence de M.
de Saint-Aulaire, ambassadeur de France,
actuellement à Paris, une note du gouver-
nement français, relative à la Conférence
de Gênes, a été remise cet après-midi au
Foreign Office, par M. de M outille, con-
seiller d'ambassade.
On sait que la note française précise les
conditions auxquelles le gouvernement
français accepterait d'assister à la Confé-
rence. Le sens général de ces conditions
indique que la France subordonne son ac-
ceptation au règlement eie- La situation dans
laquelle la Russie et l'Allemagne seront
admises et au respect des traités.
COMMENTAIRES DE PRESSE
Le rédacteur du Daily l'elegraph écrit :
« M. Poincaré est un homme précis. Sa
décision de « mettre les points sur les i
du programme de Gênes » avant de pren-
dre une résolution en ce qui concerne l'at-
titude définitive de la France ne nous a
causé que peu de surprise. Le Quai d'Or-
say a ses raisons d'être désireux que la
conférence de Gênes se réunisse sous les
auspices de la Société des nations et suive
la même procédure, car dans ce cas, la
Société n'acceptant que des décisions à l'u-
nanimité sur des questions importantes, la
France et un ou deux de ses amis seraient
en mesure d'empêcher la prise d'une dé-
cision incompatible avec les idées de ses
dirigeants actuels. «
D'autre part, le « Times », dans son édit
torial, rappelle les points mentionnés par ('
M. Poincaré et la commission sénatoriale
des affaires étrangères comme ne devant
pas être discutés à la Conférence de Gênes;
il souligne l'importance de la déclaration
ces hommes d'Etat français et ajoute :
« Toute insistance len faveur d'une parti-
cipation à la Conférence, sans un accord
préalable, clair et complet avec la France,
pourrait porter un coup fatal à l'Entente
sur laquelle repose tout l'avenir de l'Eu-
rope. »
EDITORIAL
Le "Mirage russe" i
Mon bon confrère et ami
Emile Buré n'en démord i
pas. Il continue de frap-
per comme un aveugle.
Cette fois, c'est un bel ar-
ticle de l'Eclair sur « la
raison d'Etat bolchevis-
te ». C' est affreux,
Quel admirable « papier » Emile Buré
vous aurait donné naguère sur la raison
d'Etat tsariste.
Cepend,ant, si le régime de la « dis-
cipline de fer » convient à la Russie,
sous les nuances apparentes des régimes,
il semble bien que ce soit affaire il elle
el pas à nous.
Buré risque de s"attirer — à l'occa-
sion du tricentenaire de Molière — un
« Et s'il me plaît, à moi, d'être battue »
qui lui prouvera que les Soviets connais-
sent nos auteurs.
Il me semble, au demeurant, fort in-
juste de juger toute la Bévolution russe
sur quelques actes de la Tchéka.
Entre, nous. Buré, pendant que per-
sonne ne nous entend, est-ce que nous
ramenons toute la Révolution française
aux excès de Carrier a Nantes ? Les pé-
riodes révolutionnaires sont rarement
une idylle. Pas plus que les répressions
- réactionnaires ne sont des berquinades.
Il ne s'agit donc pas de savoir si la
Bussie a le gouvernement que Buré vou-
drait (lequel, cher ami ?), mais si la
France doit ne plus ignorer la Russie,
quel que soit le gouvernement qu'elle
ait.
Tenez ! voici notre grand-père le
Temps pour nous départager.
Que dit-il, notre vénéré grand-père ?
Ceci : « Selon la résolution de Cannes,
les nations ne peuvent pas imposer à la
Russie soviétique, soit à Gênes, soit ail-
leurs. telle ou telle réforme intérieure
au profit de la population russe. »
Parbleu ! C'est le bon sens même.
Et le Temps ajoute :
A mesure que le gouvernement des So-
viets spécule moins sur la révolution mon-
diale et se trouve talonné par. les besoins
immédiats de la Russie, il devient de plus
en plus le représentant de l'intérêt national
russe. Dans son nationalisme, certes, il a
toujours l'arrière-pensée de préparer une
révolution internationale ; mais, en atten-
dant, il est nationaliste tout de même. Or,
en a remarqué à maintes reprises, djepuis
Pierre le Grand et la tsarine Elisabeth, que
les principaux intérêts nationaux de la
Russie ne sont en opposition nulle part
avec les principaux intérêts nationaux de la
France. Aussi ne sommes-nous pas surpris
d'entendre des bolchevistes russes qui, à
Berlin même, recommandent une collabora-
tion entre leur pays eit le nôtre.
Dites, cher ami Buré, ne trouvez-vous
vas qu'il parle d'or, noire grand-père
le Temps ?
Modestie à part, on dirait que. c'est
moi.
EDMOND DU MESNIL
On dit.
En Passant
Le prix des distractions
Le match Criqui-Ledoux, qui émut vive-
ment les sportifs, et non moins vivement les
snobs a duré une minute vingt-trois secondes.
Un spectateur qui cherchait sa lorgnette n'a
même pas eu le temps de la braquer que
déjà Ledoux était à terre. Criqui est, pa-
raît-il, le record des knock-outs : Mais il peut
briguer aussi le record de la rapidité.
L'on a commenté diversement le combat,
pour se réjouir d'ailleurs presqu'unanimement
du succès du vainqueur. Il n'y eut; pour faire
la moue, que quelques spectateurs très hup-
pés qui avaient eu le malheur de payer 250
francs un fauteuil pour voir ce pugilat de
quatre vingt-trois secondes.
J'avoue que, quant à moi, je ne les plains
pas du tout. Celui qui commet la folie de dé-
penser plus de douze louis pour un specta-
cle, si palpitant soit-il, doit en avoir bien
rarement pour son argent. Et pour me conso-
ler de n'avoir point été de ces spectateurs
nababs, je me suis contenté de contempler le
tarif des places. A 12 et 24 francs, on avait
le droit de ne rien voir du tout, mais de dire
à ses relations qu'on avait assisté au match;
à 50 francs, on pouvait entrevoir, de très
loin, deux formes humaines sur une estrade.
A cent francs, on voyait un peu. Mais à 200
et 250 francs, le spectacle était, paraît-il,
parfait. Seulement, on n'eut pas le temps
d'ouvrir tout grands les yeux. Même en étant
fort amateur du « noble art » il faut un
singulier courage ou une singulière richesse
pour s'offrir tel régal.
Les théâtres, dit-on partout, traversent une
crise pénible. Certains ont déjà dû fermer ;
d'autres seraient à la veille de ne plus jouer.
Parce que les fauteuils sont à trente francs
et que tout le monde n'est pas nouveau riche !
A quand le directeur génial qui offrira de
bons spectacles à des prix raisonnables ! Ce-
lui-là sera sûr d'avoir des salles combles et
de faire fortune par-dessus le marché !
JIM.
Aujourd'hui
Un testament original
Cest un Américain, bien entendu, M.
Carson qui a eu Vidée de ce testament ori.
ginal. Il prie les exécuteurs testamentai.
res de répartir sa fortune entre toutes les
femmes qui furent ses maîtresses.
Comme il a beaucoup voyagé les recher-
ches sont longues et difficiles.
Rien qu'en Amérique, il est déjà parve-
nu plus de 100 lettres de lemmes. mais
on attend les lettres d'Europe pour com-
mencer le partage de la fortune.
On ne dit pas à combien se monte cette
fortune ; il est à prévoir que chaque mal.
tresse n'héritera pas d'une bien gppssei
somme, vu la concurrence.
0 V
Le féminisme indien
Décidément la France sera bientôt le seul
pays où le féminisme ne fait pas de pro-
grès. Est-ce à déplorer ? Ne concluons pas.
constatons.
- Aux Indes, une jeune fille vient d'être
nommée « vanil » c'est-à-dire avocate. Elle
est la première que l'on ait autorisée à
faire un stage au tribunal supérieur do
Halla-Ifabad.
Le mouvement féministe, fait dans les
classes cultivées de grands progrès aux
Indes.
LE TAPÏN.
Une exclusive
du Bloc National
Lors de la formation du cabinet Poin-
caré, le nom de M. Jean Durand, sénateur,
fut mis -en avant pour le ministère de
l'agriculture, Ce choix était unanimement
approuvé. Fondateur du groupe de défense
paysanne, président Ue ce groupe pendant
plusieurs années, alors qu'il était député,
M. Jean Durand eût été à sa place au
ministère de la rue de Varenne.
Mais cela ne faisait pas l'affaire de cer-
tains droitiers impénitents de l'Entente dé-
mocratique. M. de Monicault, entre tous,
se fit remarquer par son intransigeance.
Eminence grise de M. Lefebvre. du Prey,
il voulait. coùte que coûte, le maintenir
ou ministère de l'agriculture, afin de lui
permettre de continuer à décorer du mérite
agricole la fleur d» la réaction.
MM. de Monicault et Lefebvre du Prey
surent circonvenir M. Arago. Le président
de l'Entente all3 trouver M Poincaré et
lui déclara. nettement que son groupe s'op-
posait à l'entrée de M. Jean Durand au
ministère de l'agriculture. M. Poincaré
s'inclina devant cette exclusive. Les deux
complices de Monicault et Uelebvre du Prey
ne retirèrent aucun profit de leur mauvaise
action puisque ce fut M. Chéron qui rem-
plaça M. Léon Durand.
Une partie de l'Entente les désavoua mê-
me en préférant, pour la vice-présidence de
la Chambre, M. Chassaigne-Goyon à M.
Lefebvre du Prey.
'— -
Le renflouement de la Banque
Industrielle de Chine
La commission. des finances du Sénat a
commencé hier l'examen du projet de loi
voté par la Chambre, et relatif à l'autorisa-
tion à donner au gouvernement français
pour négocier, d'accord avec le gouverne-
ment chinois, une opération de crédit des-
tinée à sauvegarder Tes intérêts matériels
et moraux de la France en. Extrême-Orient,
au moyen de l'indemnité Boyeft.
M .Jeanneney, rapporteur, a fait un pre-
mier exposé de la question telle qu'elle res-
sort des documents du dossier officielle-
ment communiqué par le gouvernement à
la commission des finances. A la suite de
cet expoisé. et après délibération. la com-
mission a décidé, à l'unanimité, de sur-
seoir à toute décision avant d'avoir entendu
le président du Conseil.
Nous croyons savoir que la commission
parait disposée à faire Feffort demandé par
le gouvernement, à la condition qu'il lui
npporte le chiffre du passif de la Banque
industrielle de Chine et la décomposition
de ce passif, ainsi que le chiffre exact de
1 indemnité boxer à appliquer au rembour-
sement des déposants chinois.
11 apparaît cependant que la majorité de
la commission, si elle est disposée à sau-
vegarder le prestige de la France en Ex-
trême-Orient, ne paraît pas vouloir accor-
der son concours à. un renflouement de la
Banque
La péréquation des traitements
-
M. Colrat, sous-secrétaire d'Etat à la
présidence du Conseil, a présidé aujour-
d'hui la commission interministérielle
chargée de la péréquation des traitements
du personnel supérieur et moyen des ad-
ministrations centrales. Il est probable
que dans la prochaine séance, fixée à sa-
medi, cette commission terminera ses tra-
vaux.,
L'AUTRE CONFÉRENCE
A Washington, séance de clôture
La signature des traités. — Un discours de M. Harding
1 ——————————
Washington, 6 février. — La séance de
clôture de la conférence de Washington
avait attiré une affluence considérable, lq
plus grande qui ait été vue jusqu'ici à la
conférence.
De nombreux fonctionnaires étaient assis
sur les bas-côtés ou se tenaient debout le
long des murs de la salle ; les femmes
des hauts fonctionnaires et notamment,
parmi elles, la femme du président des
Etats-Unis et celle du vice président,
avaient pris place dans des loges.
M. Hughes prononce quelques mots pour
annoncer que le traité du Chantouna a été
signé samedi.
A 10 heures, commence la cérémonie de
la signature des traités, au nombre de
quatre : le traité naval, comprenant la
résolution de M. Root sur les sous-marins
et les produits asphyxiants ,; le traité a
neuf, concernant la Chine ; le traité des
douanes chinoises et le traité additionnel
excluant le territoire métropolitain du Ja
pon du traité à Quatre
Les délégués américains signent les prep
miers, puis c'est le tour des Belges, des
Anglais, des Chinois, des Français, des
Italiens, des Japonais, des Hollandais et
des Portugais. L'assistance applaudit cha-
que délégué ; une ovation enthousiaste salue
MM. Sarraut, Jusserand et Kammerer, qui,
successivement, apposent leur signature
sur tous les instruments diplomatiques.
Les appplaudissements qui saluent les Ja-
ponais sont, à en juger par les remarques
et les physionomies des assistants, un té-
témoignage - de remerciement et d'estime
qu'on donné de bon cœur à un adversaire
dans une partie où les enjeux étaient sé
deux. mais qui fut conduite de façon loyale.
A. Il heures, toutes lesasignatures étaient
données.
L'ENTREE DU PRESIDENT
Alors, M- Harding qu'on avait prévenu
à la Maison Blanche, par téléphone, que
les traités étaient revêtus des noms des dé-
légués, fait son .entrée. Toute la salle de
bout, salue le chef de l'Etat, dont le visage
ordinairement assez calme, porte une ex
f prsi(}n souriante. Les président montre
la joie qu'il éprouve en ce jour où se ter-
mine un congrès, dont les débats furent
parfois rudes, dont le sort ne fut pas tou-
jours sans dangers, mais qui constitue ce-
pendant un effort qui restera historique
et qui aura probablement — sans vouloir
préjuger des ratifications parlementaires
et des réactions politiques — des effets
heureux,
Mme Harding, dans sa loge, à droite, se
rassied la première, et le président des
Etats-Unis, au milieu de la table centrale,
entre MM. Hughes et Lodge, commence
son discours.
LE DERNIER DISCOURS
Le président Harding lit des petits feuil-
lets bleus et parle sur un ton grave, géné-
ralement recueilli, parfois avec plus d'anir
pleur ou de chaleur dans la voix. Son dis-
cours! est écouté avec une très grande
attention par tous les membres des délé-
gations et les assistants. Les applaudisse-
ments coupent assez rarement la lecture..
mais ne manquent pas de s'associer, très
nourris, aux félicitations qu'il adresse aux
délégués ou aux conseillers américains.
Le discours expose les difficultés de la
tâche et son succès.
« Trop souvent, les décades suivant de
semblabies assemblées ont été marquées
par la difficulté qu'il y avait à corri"ger
leurs décisions, mais votre oeuvre est su-
prême, parce qu'aucune semence de con-
iiit n'a été semee
« Pourtant, le monde n'est pas stabilisé,
mais ici, continue M. Harding, l'entente a
été simple et elle a ilétn lu guerre aux
yeux dei la civilisation, Il
M. Harding croit que la suspension des
oc instructions navales ne s'éteindra pas
avec le traité..
« D'ailleurs, dit-il, l'avenir, continuera
notre œuvre. »
Le président termine en cemerciant. les
délégations de la Belgique, de la Grande-
Bretagne, de la Chine, de la France, da
l'Italie, du Japon, des Pays-Bas et du Por-
tugal.
Après la prière, récitée par le chapelain,
M. Hughes ajourne sine die la Conférence
de Washington, à 11 h. 15.,
POLITIQUE ETRANGÈRE
Le cardinal Ratti est élu pape
Il prend le nom de Pie XI
»
LE NOUVEAU PONTIFE CONTINUERA LA POLITIQUE DE BENOIT XV
La loggia d'où a été proclamée l'élection du pape
Habemus pontificem. Tel,
est le cri qui, hier, accueillit
devant Saint-Pierre de Ro-
me la septième sjumata.
blanche enfin.
Et le pontife élu est, par un
hasard singulier et assez inattendu, celui
qui, de tous les cardinaux italiens, a le
plus ouvertement donné libre cours à ses
sympathies françaises. Cest même une des
raisons pour lesquelles on pouvait, chez
nous, croire que le cardinal Ratti ne re-
cueillerait pas les suffrages nécessaires.
Le cardinal Ratti est, ainsi qu'on le verra',
un homme de science en même temps qu'un
diplomate. Il sut, après la guerre, jouer en
Pologne un rôle pacificateur important.
Mais son élection a une portée plus gran-
de encore. Le nouveau Pape peut être, au
Vatican, le champion des idées nouvelles et
conciliatrices. Deux tendances nettement
distinctes partageaient les membres du
Conclave, l'une, guidée par Mgr Merry del
Val restait intransigeante, systématique-
ment attachée au principe de l'absolue inté-
grité de l'autorité pontificale ; l'autre, diri-
gée par le cardinal Gasparri ouvrait les
horizons d'une politique religieuse de large
reconciliation. L'on attendait 'tIn' outsider,
— si tant est que ce mot britannique puisse
être appliqué à la pompe vaticanesque, —
moyen terme entre les deux mouvements
opposés. Or, le cardinal Ratti était un des
partisans avérés de la politique d'apaise-
ment.
Sans doute, verrons-nous, sous son règne,
s'accentuer et peut-être se réaliser pleine.
ment le rapprochement, déjà dessiné, entre
le Quirinal et le Saint-Siège. Peut-être mê-
me Pie XI abandonnera-t-il la politique
d'isolement boudeur qu'après Voccupation
de Rome par les troupes italiennes en 1S70,
avaient suivie ses prédécesseurs. ,
Son premier geste, déjà, tout protoco-
laire qu'il soit, a une énorme importance
politique. Pour la première, fois depuis Pie
IX, le nouveau Pape a donné la bénédiction
au peuple, de la loggia extérieure de la Ba-
silique de Saint-Pierre. C'est un premier
contact avec le monde extérieur, c'est la
première porte entr'ouverte de la prison
qu'était jusqu'alors le Vatican..
Quant à nous, Français, nous plaçant au
simple point de vue de notre intérêt natio-
nal dans le monde, nous ne pouvons que
nous réjouir de voir au Saint Siège un
homme de science et de diplomatie, qui
connaît notre pays, qui l'aime. et qui, peut-
être, à l'occasion, pourra le défendre.
Raymond LANGE.
- .------
L.' É L E C T I O N
Rome, 6 février. — Ce matin, à *11 heu-
res 33, la fumée blanche signalé que le
pape était élu.
Bientôt, on apprenait que c'était le car-
dinal Achille Ratti, archevêque de Milan,
qui avait été choisi par le Sacré-Collège
et qu'il prenait le nom d:e Pie XI.
Des milliers et des milliers de curieux
s ? précipitèrent alors à l'intérieur de Saint-
Pierre pour assister à la proclamation du
nom du nouveau pape. Soudain, dans l'en-
cadrement de la grande loggia, le cardinal
Bisleti se montra entre deux cérémoniaires.
D'une voix claire, où perçait une émotion
intense, il lança à la foule la proclamation
traditionnelle : « Habemus pontificem ».
(Nous avons im pape).
LA PREMIERE BENEDICTION
Rome, 6 février. — Le nouveau pape a
donné sa bénédiction de la loge extérieure
de la basilique.
A 12 h. 43, le nouveau souverain pontife
s'est présenté au balcon extérieur de la
basilique Saint-Pierre pour bénir le peuple,
tandis que les autres papes, depuis la mort
de Pie IX, donnaient la bénédiction du
balcon intérieur.
La foule qui, malgré la pluie, était nom-
breuse sur la place, a accueilli le nouveau
pape par une immense acclamation, agi-
tant des mouchoirs ; les troupes italiennes
rangées présentaient les armes. Le souve.
rain-pontife, entouré des cardinaux, sou-
riait. et, pendant que la foule redoublait
ses ovations, répondait en ouvrant les bras,
le cardinal Bisleti fit, avec sa main, signe à
la foule de fairei silence.
Pie XI donna alors la bénédiction aux
fidèles agenouillés.
Une nouvelle et immense ovation salua
le. pontife : celui-ci portait un manteau rou-
ge, un chapeau rouge.
A 12 h. 47, Pie XI, après avoir béni unei
deuxième fois la foule, se retira
(C'est la première fois depuis le pontifi-
cat de Pie IX que pareil fait se produit.
En effet, depuis l'occupation de Rome Dap
les troupes italiennes, le pape nouvelle-
ment élu se bornait à donner sa première
bénédiction dans l'intérieur de la basili-
que Saint-Pierre. Seule, l'annonce de l'élec-
tion à la foule se faisait du haut de la
« loggia » extérieure de la basilique.
Le fait que Pie XI a repris la tradition
interrompue depuis Pie IX semble impliquer
la reconnaissance: de l'état de choses çvéé
par les événements du 20 septembre 1870.)
UN MOT DU CARDINAL DUBOIS
On fait remarquer que, avant le Con-
clave, dans les salons du Séminaira fran-
çais, le cardinal Dubois, arcLtevêcpie de
Paris, demandait avec un fin sourira à un
journaliste : -
t « Et le cardinal Ratti ? Que dit-on du
cardinal Ratti ? »
On rapporta alors-au cardinal Mgr 1111-
bois en quelques mots ce qui * se colporta it
à gauche et à droite, mais on eut dès lors
l'impression que la pensée du cardinal (h
Paris se fixait ave'c complaisance sur l'ar-
chevêque de Milan.
Le nouveau pape
Le cardinal Achille Ratti est né à Dasio, dio-
cèse de Milan, le 31 mars 1857.
Il fut, pendant quelque, temps, chanoine de
l'église Sairn-Ambroise, une des plus illustres
de la Lombardie. Prélat de Sa Sainteté ïv 6
mars 1907, il devenait préfet de la Bibliothèque
Ambroisienne et en même temps, vj('c-pl"t':';ld,!! ¡ t
de la BibiiûUu'qiie Yaticane à. Home, en VM::.
En 1014, il était nommé préfet de ,ia nifme
Bibliothèque Vaticane. Le 18 septembre dg"
Ratti, est nommé chanoine de Saint-Pierre ri
protonotaire .apostolique le 2 £ octobre 1914. En
avril 1918, il est nommé par Benoit XV ï¡sile"'I"
apostolique en Pologne et en Russise. C'-'tait
le moment où le Saint-Siège commençait à
établir des rapports-avec la Pologne et se préoc-
cupait de connaître la situation exacte du cler-
gé orthodoxe sous le régime bolchevik. Le 6
juin 1919, la Pologne ayant été constituée en
Etat libre et indépendant, le Souverain Pontife
envoya à Varsovie, comme nonce apostolique.
Mgr Achille Ratti, qui fut sacré évoque à Vm-
sovie par Mgr Kalmswski, archevêque de "m'-
sovie, et lui-même créé cardinal le 1.7 décembrE"
1919. Mgr Ratti recevait en même teinns le titre
d'archevêque titulaire de Lepante. Le: présider t.
de la République polonaise, M. Pilsudski, avait
tenu à être lui-même présent il la cérémonie de
consécration du' nouveau nonce apostolique.
Mgr Ratti. en cette occasion', iixa sa résidence
à Varsovie.
Il fut ensuite nommé archevêque de Milan-
et reçut le chapeau lors de la dernière promo-
tion cardinalice de Benoit XV.
Homme de grande culture, le nouveau pape
parle couramment le français, ce qui. sans dou-
te. n'aura pas influé pour peu sur l'esprit des
cardinaux pour continuer rœuvre diplomatique
de Benoit XV. Aucun homme, fait-on remar-
quer, ne semblait plus indiqué.
Pie XI est membre de l'Institut lombard des
sciences et lettres, conseiller de la Société his-
torique lombarde de Milan. On lui doit de nom-
breux ouvrages, notamment •: Tractaio terwico-
practico par Verezione dei sacri terri-pi (architec-
ture mystique et liturgique) : Contribuzione alla
storia eucarislica di 11 il an o : La Wisrelln nna
chiaravallese il libro dei Frati di Chiravalle ;
Tl vin nnpoo ritratto di Ambrosio : Afin ('l'd('-
Mæ mediolanenais. Il adressait régulièrement,
ses publications h M. Léopold Delisle à la Biblio-
thèque nationale.
=,--=====-.-:::-- ._-_::._----=
LA JUSTICE BOITEUSE
II y a plus de trente ans
que Turpin réclame
Le procès intenté par l'inventeur
de la mélinite sera repris
cet après-midi
Aujourd'hui, à la première chambre, vient
en appel lé procès intenté par Eugène Tur-
pin contre Gustave Canet (héritiers), et con-
sorts, les Forges et Chantiers de la Médi-
terranée, Schneider et Cie (Creusot) et la
Société des ingénieurs civils de France.
Les plaidoiries qui avaient été fixées au
15 février, puis au 22 mai, puis au 22 no*
vembre 1921 furent finalement remises au
7 février 1922. Viendront-elles ? Il faut
l'espérer ; il faut que cette affaire finisse :
le procès que Turpin gagna contre l'Etat,..
le 12 janvier 1912, doit avoir son juste épi-
logue.
Le jugement rendu à cette date déclarait
due la Mélinite était bien l'invention de
Turpin :
Attendu que, d'après les documents de la eau-
s-% ce qui est appelé la « mélinite » est l'inven-
tion de Turpin qui a fait l'objet du brevet pris
Le numéro : QUINZE CENTIMES
Mardi 7 février i9. — N0 i8tf
grantràeteure 11869) 8
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un an Sixmois Treismoli
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 n 22 » 11 3
ETRANGER. 49 » 25 » 13 »
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RAYMOND LANGE
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TRIBUNE LIBRE
La Conférence de Gênes
et la Société des Nations
La Conférence de Gênes
sera-t-elle ajournée ? On a
dit oui, on a dit non. Il
semble aujourd'hui que la
crise ministérielle qui s'est
produite en Italie doive en-
traîner cet ajournement.
Une partie de la presse an-
.l 1 --
glaise, qui s'était montrée nostue a ce
dernier, le regarde aujourd hui comme
possible. Souhaitons qu'on ajourne.
Tout le monde y gagnera.
La Conférence a été décidée fort pré-
cipitamment. Les invitations ont été
lancées sans perdre une minute. Ce ne
serait pas revenir sur la décision prise
que de reporter la réunion à une date
un peu plus éloignée que celle qui avait
d'abord été fixée. Si l'on veut vraiment
que la Conférence réussisse, il faut don-
ner à tous ceux qui d'oivent en faire
partie le temps de s'y préparer, de ré-
'fléchir et d'examiner sous < tous leurs
aspects les questions très importantes
et très complexes qu'elle a été chargée
de résoudre. Les idées ne vont pas jail-
lir brusquement du sein de la réunion.
Il est indispensable que les délégués y
en apportent quelques-unes. Il faut donc
qu'ils aient pu y penser auparavant.
Il faut aussi qu'auparavant les pays
invités qui tiennent au maintien et au
développement de la Société des Nations
envisagent l'attitude à observer et les
dispositions à prendre pour que celle-ci
ne soit pas la grande victime de la Con-
férence de Gênes.
Ce n'est un secret pour personne que
la Société des Nations compte un cer-
tain nombre d'ennemis sérieux dans le
monde et que ceux-ci cherchent à se
débarrasser d'elle. Sans aller jusqu'à
prétendre que le véritable but de la
Conférence de Gênes est de la faire dis-
paraître, nous avons le droit de crain-
dre que celle-ci n'aboutisse à ce résul-
tat. Ne va-t-elle pas se dresser en face
d'elle comme une concurrente et com-
me une rivale ? Ne va-t-elle pas cher-
cher à résoudre seule une partie des
questions que les traités de paix avaient
déclaré devoir relever de la compétence
exclusive de la Société des Nations ? Il
n'y aurait pas très grand mal à cela
si nous pouvions espérer qu'elle sera
amenée à envisager ces problèmes dans
l'aspect où les aurait envisagés la So-
ciété des Nations et à se prononcer pour
des solutions conçues dans l'esprit dont
cette dernière a déjà fait preuve.
La Société des Nations s'est heurtée
à beaucoup de scepticisme le jour où
elle a été créée. Ce scepticisme s'expli-
quait par certaines lacunes relevées
dans son organisation et par le fait
qu'elle n'avait été armée d'aucun pou-
voir personnel et réel ni munie d'aucun
moyen matériel efficace pour faire exé-
cuter ses décisions. Mais ce scepticisme
a bien diminué depuis qu'on a vu que,
dans la pratique, soutenue par la haute
idée du droit qu'elle avait conscience
rie représenter, elle était arrivée à ré-
soudre avec sagesse, bon sens. équité
et courage quelques questions très dif-
ficiles qui lui avaient été soumises.
Nous ne pouvons pas oublier la façon
dont elle a résolu le problème de Haute-
Silésie, ni la fermeté dont elle a fait
preuve quand on a essayé de faire ad-
mettre l'Allemagne dans son sein. Elle
a encouru l'hostilité du gouvernement
dej Soviets, ce dont on ne peut vrai-
ment pas lui faire grief. Or, l'Allemagne
et le gouvernement soviétique sont in-
vités à Gênes. Ils ne s'y rendront pas
avec des sentiments très bienveillants
pour la Société des Nations.
Si les Etats-Unis, dont l'adhésion n'a
pas encore été donnée — elle paraît fort
douteuse — se décidaient à accepter
l'invitation qui leur a été adressée, il
est à présumer que leurs délégués se-
conderaient les manœuvres qui pour-
raient être dirigées contre l'existence
de la fille de leur ancien président
Wilson.
La Société des Nations détruite ou
réduite à n'être plus qu'une ombre, les
traités, dont ses statuts sont la préface,
suivraient son sort. Ce serait mauvais
pour nous et pour la paix qu'on dit
vouloir définitivement consolider à Gê-
res. Nul doute que notre gouvernement
ne la défende.
Gaston DOUMERGUE,
.———— — t
Une note française
au sujet de la Conférence de Gênes
Londres, 6 février. - En l'absence de M.
de Saint-Aulaire, ambassadeur de France,
actuellement à Paris, une note du gouver-
nement français, relative à la Conférence
de Gênes, a été remise cet après-midi au
Foreign Office, par M. de M outille, con-
seiller d'ambassade.
On sait que la note française précise les
conditions auxquelles le gouvernement
français accepterait d'assister à la Confé-
rence. Le sens général de ces conditions
indique que la France subordonne son ac-
ceptation au règlement eie- La situation dans
laquelle la Russie et l'Allemagne seront
admises et au respect des traités.
COMMENTAIRES DE PRESSE
Le rédacteur du Daily l'elegraph écrit :
« M. Poincaré est un homme précis. Sa
décision de « mettre les points sur les i
du programme de Gênes » avant de pren-
dre une résolution en ce qui concerne l'at-
titude définitive de la France ne nous a
causé que peu de surprise. Le Quai d'Or-
say a ses raisons d'être désireux que la
conférence de Gênes se réunisse sous les
auspices de la Société des nations et suive
la même procédure, car dans ce cas, la
Société n'acceptant que des décisions à l'u-
nanimité sur des questions importantes, la
France et un ou deux de ses amis seraient
en mesure d'empêcher la prise d'une dé-
cision incompatible avec les idées de ses
dirigeants actuels. «
D'autre part, le « Times », dans son édit
torial, rappelle les points mentionnés par ('
M. Poincaré et la commission sénatoriale
des affaires étrangères comme ne devant
pas être discutés à la Conférence de Gênes;
il souligne l'importance de la déclaration
ces hommes d'Etat français et ajoute :
« Toute insistance len faveur d'une parti-
cipation à la Conférence, sans un accord
préalable, clair et complet avec la France,
pourrait porter un coup fatal à l'Entente
sur laquelle repose tout l'avenir de l'Eu-
rope. »
EDITORIAL
Le "Mirage russe" i
Mon bon confrère et ami
Emile Buré n'en démord i
pas. Il continue de frap-
per comme un aveugle.
Cette fois, c'est un bel ar-
ticle de l'Eclair sur « la
raison d'Etat bolchevis-
te ». C' est affreux,
Quel admirable « papier » Emile Buré
vous aurait donné naguère sur la raison
d'Etat tsariste.
Cepend,ant, si le régime de la « dis-
cipline de fer » convient à la Russie,
sous les nuances apparentes des régimes,
il semble bien que ce soit affaire il elle
el pas à nous.
Buré risque de s"attirer — à l'occa-
sion du tricentenaire de Molière — un
« Et s'il me plaît, à moi, d'être battue »
qui lui prouvera que les Soviets connais-
sent nos auteurs.
Il me semble, au demeurant, fort in-
juste de juger toute la Bévolution russe
sur quelques actes de la Tchéka.
Entre, nous. Buré, pendant que per-
sonne ne nous entend, est-ce que nous
ramenons toute la Révolution française
aux excès de Carrier a Nantes ? Les pé-
riodes révolutionnaires sont rarement
une idylle. Pas plus que les répressions
- réactionnaires ne sont des berquinades.
Il ne s'agit donc pas de savoir si la
Bussie a le gouvernement que Buré vou-
drait (lequel, cher ami ?), mais si la
France doit ne plus ignorer la Russie,
quel que soit le gouvernement qu'elle
ait.
Tenez ! voici notre grand-père le
Temps pour nous départager.
Que dit-il, notre vénéré grand-père ?
Ceci : « Selon la résolution de Cannes,
les nations ne peuvent pas imposer à la
Russie soviétique, soit à Gênes, soit ail-
leurs. telle ou telle réforme intérieure
au profit de la population russe. »
Parbleu ! C'est le bon sens même.
Et le Temps ajoute :
A mesure que le gouvernement des So-
viets spécule moins sur la révolution mon-
diale et se trouve talonné par. les besoins
immédiats de la Russie, il devient de plus
en plus le représentant de l'intérêt national
russe. Dans son nationalisme, certes, il a
toujours l'arrière-pensée de préparer une
révolution internationale ; mais, en atten-
dant, il est nationaliste tout de même. Or,
en a remarqué à maintes reprises, djepuis
Pierre le Grand et la tsarine Elisabeth, que
les principaux intérêts nationaux de la
Russie ne sont en opposition nulle part
avec les principaux intérêts nationaux de la
France. Aussi ne sommes-nous pas surpris
d'entendre des bolchevistes russes qui, à
Berlin même, recommandent une collabora-
tion entre leur pays eit le nôtre.
Dites, cher ami Buré, ne trouvez-vous
vas qu'il parle d'or, noire grand-père
le Temps ?
Modestie à part, on dirait que. c'est
moi.
EDMOND DU MESNIL
On dit.
En Passant
Le prix des distractions
Le match Criqui-Ledoux, qui émut vive-
ment les sportifs, et non moins vivement les
snobs a duré une minute vingt-trois secondes.
Un spectateur qui cherchait sa lorgnette n'a
même pas eu le temps de la braquer que
déjà Ledoux était à terre. Criqui est, pa-
raît-il, le record des knock-outs : Mais il peut
briguer aussi le record de la rapidité.
L'on a commenté diversement le combat,
pour se réjouir d'ailleurs presqu'unanimement
du succès du vainqueur. Il n'y eut; pour faire
la moue, que quelques spectateurs très hup-
pés qui avaient eu le malheur de payer 250
francs un fauteuil pour voir ce pugilat de
quatre vingt-trois secondes.
J'avoue que, quant à moi, je ne les plains
pas du tout. Celui qui commet la folie de dé-
penser plus de douze louis pour un specta-
cle, si palpitant soit-il, doit en avoir bien
rarement pour son argent. Et pour me conso-
ler de n'avoir point été de ces spectateurs
nababs, je me suis contenté de contempler le
tarif des places. A 12 et 24 francs, on avait
le droit de ne rien voir du tout, mais de dire
à ses relations qu'on avait assisté au match;
à 50 francs, on pouvait entrevoir, de très
loin, deux formes humaines sur une estrade.
A cent francs, on voyait un peu. Mais à 200
et 250 francs, le spectacle était, paraît-il,
parfait. Seulement, on n'eut pas le temps
d'ouvrir tout grands les yeux. Même en étant
fort amateur du « noble art » il faut un
singulier courage ou une singulière richesse
pour s'offrir tel régal.
Les théâtres, dit-on partout, traversent une
crise pénible. Certains ont déjà dû fermer ;
d'autres seraient à la veille de ne plus jouer.
Parce que les fauteuils sont à trente francs
et que tout le monde n'est pas nouveau riche !
A quand le directeur génial qui offrira de
bons spectacles à des prix raisonnables ! Ce-
lui-là sera sûr d'avoir des salles combles et
de faire fortune par-dessus le marché !
JIM.
Aujourd'hui
Un testament original
Cest un Américain, bien entendu, M.
Carson qui a eu Vidée de ce testament ori.
ginal. Il prie les exécuteurs testamentai.
res de répartir sa fortune entre toutes les
femmes qui furent ses maîtresses.
Comme il a beaucoup voyagé les recher-
ches sont longues et difficiles.
Rien qu'en Amérique, il est déjà parve-
nu plus de 100 lettres de lemmes. mais
on attend les lettres d'Europe pour com-
mencer le partage de la fortune.
On ne dit pas à combien se monte cette
fortune ; il est à prévoir que chaque mal.
tresse n'héritera pas d'une bien gppssei
somme, vu la concurrence.
0 V
Le féminisme indien
Décidément la France sera bientôt le seul
pays où le féminisme ne fait pas de pro-
grès. Est-ce à déplorer ? Ne concluons pas.
constatons.
- Aux Indes, une jeune fille vient d'être
nommée « vanil » c'est-à-dire avocate. Elle
est la première que l'on ait autorisée à
faire un stage au tribunal supérieur do
Halla-Ifabad.
Le mouvement féministe, fait dans les
classes cultivées de grands progrès aux
Indes.
LE TAPÏN.
Une exclusive
du Bloc National
Lors de la formation du cabinet Poin-
caré, le nom de M. Jean Durand, sénateur,
fut mis -en avant pour le ministère de
l'agriculture, Ce choix était unanimement
approuvé. Fondateur du groupe de défense
paysanne, président Ue ce groupe pendant
plusieurs années, alors qu'il était député,
M. Jean Durand eût été à sa place au
ministère de la rue de Varenne.
Mais cela ne faisait pas l'affaire de cer-
tains droitiers impénitents de l'Entente dé-
mocratique. M. de Monicault, entre tous,
se fit remarquer par son intransigeance.
Eminence grise de M. Lefebvre. du Prey,
il voulait. coùte que coûte, le maintenir
ou ministère de l'agriculture, afin de lui
permettre de continuer à décorer du mérite
agricole la fleur d» la réaction.
MM. de Monicault et Lefebvre du Prey
surent circonvenir M. Arago. Le président
de l'Entente all3 trouver M Poincaré et
lui déclara. nettement que son groupe s'op-
posait à l'entrée de M. Jean Durand au
ministère de l'agriculture. M. Poincaré
s'inclina devant cette exclusive. Les deux
complices de Monicault et Uelebvre du Prey
ne retirèrent aucun profit de leur mauvaise
action puisque ce fut M. Chéron qui rem-
plaça M. Léon Durand.
Une partie de l'Entente les désavoua mê-
me en préférant, pour la vice-présidence de
la Chambre, M. Chassaigne-Goyon à M.
Lefebvre du Prey.
'— -
Le renflouement de la Banque
Industrielle de Chine
La commission. des finances du Sénat a
commencé hier l'examen du projet de loi
voté par la Chambre, et relatif à l'autorisa-
tion à donner au gouvernement français
pour négocier, d'accord avec le gouverne-
ment chinois, une opération de crédit des-
tinée à sauvegarder Tes intérêts matériels
et moraux de la France en. Extrême-Orient,
au moyen de l'indemnité Boyeft.
M .Jeanneney, rapporteur, a fait un pre-
mier exposé de la question telle qu'elle res-
sort des documents du dossier officielle-
ment communiqué par le gouvernement à
la commission des finances. A la suite de
cet expoisé. et après délibération. la com-
mission a décidé, à l'unanimité, de sur-
seoir à toute décision avant d'avoir entendu
le président du Conseil.
Nous croyons savoir que la commission
parait disposée à faire Feffort demandé par
le gouvernement, à la condition qu'il lui
npporte le chiffre du passif de la Banque
industrielle de Chine et la décomposition
de ce passif, ainsi que le chiffre exact de
1 indemnité boxer à appliquer au rembour-
sement des déposants chinois.
11 apparaît cependant que la majorité de
la commission, si elle est disposée à sau-
vegarder le prestige de la France en Ex-
trême-Orient, ne paraît pas vouloir accor-
der son concours à. un renflouement de la
Banque
La péréquation des traitements
-
M. Colrat, sous-secrétaire d'Etat à la
présidence du Conseil, a présidé aujour-
d'hui la commission interministérielle
chargée de la péréquation des traitements
du personnel supérieur et moyen des ad-
ministrations centrales. Il est probable
que dans la prochaine séance, fixée à sa-
medi, cette commission terminera ses tra-
vaux.,
L'AUTRE CONFÉRENCE
A Washington, séance de clôture
La signature des traités. — Un discours de M. Harding
1 ——————————
Washington, 6 février. — La séance de
clôture de la conférence de Washington
avait attiré une affluence considérable, lq
plus grande qui ait été vue jusqu'ici à la
conférence.
De nombreux fonctionnaires étaient assis
sur les bas-côtés ou se tenaient debout le
long des murs de la salle ; les femmes
des hauts fonctionnaires et notamment,
parmi elles, la femme du président des
Etats-Unis et celle du vice président,
avaient pris place dans des loges.
M. Hughes prononce quelques mots pour
annoncer que le traité du Chantouna a été
signé samedi.
A 10 heures, commence la cérémonie de
la signature des traités, au nombre de
quatre : le traité naval, comprenant la
résolution de M. Root sur les sous-marins
et les produits asphyxiants ,; le traité a
neuf, concernant la Chine ; le traité des
douanes chinoises et le traité additionnel
excluant le territoire métropolitain du Ja
pon du traité à Quatre
Les délégués américains signent les prep
miers, puis c'est le tour des Belges, des
Anglais, des Chinois, des Français, des
Italiens, des Japonais, des Hollandais et
des Portugais. L'assistance applaudit cha-
que délégué ; une ovation enthousiaste salue
MM. Sarraut, Jusserand et Kammerer, qui,
successivement, apposent leur signature
sur tous les instruments diplomatiques.
Les appplaudissements qui saluent les Ja-
ponais sont, à en juger par les remarques
et les physionomies des assistants, un té-
témoignage - de remerciement et d'estime
qu'on donné de bon cœur à un adversaire
dans une partie où les enjeux étaient sé
deux. mais qui fut conduite de façon loyale.
A. Il heures, toutes lesasignatures étaient
données.
L'ENTREE DU PRESIDENT
Alors, M- Harding qu'on avait prévenu
à la Maison Blanche, par téléphone, que
les traités étaient revêtus des noms des dé-
légués, fait son .entrée. Toute la salle de
bout, salue le chef de l'Etat, dont le visage
ordinairement assez calme, porte une ex
f prsi(}n souriante. Les président montre
la joie qu'il éprouve en ce jour où se ter-
mine un congrès, dont les débats furent
parfois rudes, dont le sort ne fut pas tou-
jours sans dangers, mais qui constitue ce-
pendant un effort qui restera historique
et qui aura probablement — sans vouloir
préjuger des ratifications parlementaires
et des réactions politiques — des effets
heureux,
Mme Harding, dans sa loge, à droite, se
rassied la première, et le président des
Etats-Unis, au milieu de la table centrale,
entre MM. Hughes et Lodge, commence
son discours.
LE DERNIER DISCOURS
Le président Harding lit des petits feuil-
lets bleus et parle sur un ton grave, géné-
ralement recueilli, parfois avec plus d'anir
pleur ou de chaleur dans la voix. Son dis-
cours! est écouté avec une très grande
attention par tous les membres des délé-
gations et les assistants. Les applaudisse-
ments coupent assez rarement la lecture..
mais ne manquent pas de s'associer, très
nourris, aux félicitations qu'il adresse aux
délégués ou aux conseillers américains.
Le discours expose les difficultés de la
tâche et son succès.
« Trop souvent, les décades suivant de
semblabies assemblées ont été marquées
par la difficulté qu'il y avait à corri"ger
leurs décisions, mais votre oeuvre est su-
prême, parce qu'aucune semence de con-
iiit n'a été semee
« Pourtant, le monde n'est pas stabilisé,
mais ici, continue M. Harding, l'entente a
été simple et elle a ilétn lu guerre aux
yeux dei la civilisation, Il
M. Harding croit que la suspension des
oc instructions navales ne s'éteindra pas
avec le traité..
« D'ailleurs, dit-il, l'avenir, continuera
notre œuvre. »
Le président termine en cemerciant. les
délégations de la Belgique, de la Grande-
Bretagne, de la Chine, de la France, da
l'Italie, du Japon, des Pays-Bas et du Por-
tugal.
Après la prière, récitée par le chapelain,
M. Hughes ajourne sine die la Conférence
de Washington, à 11 h. 15.,
POLITIQUE ETRANGÈRE
Le cardinal Ratti est élu pape
Il prend le nom de Pie XI
»
LE NOUVEAU PONTIFE CONTINUERA LA POLITIQUE DE BENOIT XV
La loggia d'où a été proclamée l'élection du pape
Habemus pontificem. Tel,
est le cri qui, hier, accueillit
devant Saint-Pierre de Ro-
me la septième sjumata.
blanche enfin.
Et le pontife élu est, par un
hasard singulier et assez inattendu, celui
qui, de tous les cardinaux italiens, a le
plus ouvertement donné libre cours à ses
sympathies françaises. Cest même une des
raisons pour lesquelles on pouvait, chez
nous, croire que le cardinal Ratti ne re-
cueillerait pas les suffrages nécessaires.
Le cardinal Ratti est, ainsi qu'on le verra',
un homme de science en même temps qu'un
diplomate. Il sut, après la guerre, jouer en
Pologne un rôle pacificateur important.
Mais son élection a une portée plus gran-
de encore. Le nouveau Pape peut être, au
Vatican, le champion des idées nouvelles et
conciliatrices. Deux tendances nettement
distinctes partageaient les membres du
Conclave, l'une, guidée par Mgr Merry del
Val restait intransigeante, systématique-
ment attachée au principe de l'absolue inté-
grité de l'autorité pontificale ; l'autre, diri-
gée par le cardinal Gasparri ouvrait les
horizons d'une politique religieuse de large
reconciliation. L'on attendait 'tIn' outsider,
— si tant est que ce mot britannique puisse
être appliqué à la pompe vaticanesque, —
moyen terme entre les deux mouvements
opposés. Or, le cardinal Ratti était un des
partisans avérés de la politique d'apaise-
ment.
Sans doute, verrons-nous, sous son règne,
s'accentuer et peut-être se réaliser pleine.
ment le rapprochement, déjà dessiné, entre
le Quirinal et le Saint-Siège. Peut-être mê-
me Pie XI abandonnera-t-il la politique
d'isolement boudeur qu'après Voccupation
de Rome par les troupes italiennes en 1S70,
avaient suivie ses prédécesseurs. ,
Son premier geste, déjà, tout protoco-
laire qu'il soit, a une énorme importance
politique. Pour la première, fois depuis Pie
IX, le nouveau Pape a donné la bénédiction
au peuple, de la loggia extérieure de la Ba-
silique de Saint-Pierre. C'est un premier
contact avec le monde extérieur, c'est la
première porte entr'ouverte de la prison
qu'était jusqu'alors le Vatican..
Quant à nous, Français, nous plaçant au
simple point de vue de notre intérêt natio-
nal dans le monde, nous ne pouvons que
nous réjouir de voir au Saint Siège un
homme de science et de diplomatie, qui
connaît notre pays, qui l'aime. et qui, peut-
être, à l'occasion, pourra le défendre.
Raymond LANGE.
- .------
L.' É L E C T I O N
Rome, 6 février. — Ce matin, à *11 heu-
res 33, la fumée blanche signalé que le
pape était élu.
Bientôt, on apprenait que c'était le car-
dinal Achille Ratti, archevêque de Milan,
qui avait été choisi par le Sacré-Collège
et qu'il prenait le nom d:e Pie XI.
Des milliers et des milliers de curieux
s ? précipitèrent alors à l'intérieur de Saint-
Pierre pour assister à la proclamation du
nom du nouveau pape. Soudain, dans l'en-
cadrement de la grande loggia, le cardinal
Bisleti se montra entre deux cérémoniaires.
D'une voix claire, où perçait une émotion
intense, il lança à la foule la proclamation
traditionnelle : « Habemus pontificem ».
(Nous avons im pape).
LA PREMIERE BENEDICTION
Rome, 6 février. — Le nouveau pape a
donné sa bénédiction de la loge extérieure
de la basilique.
A 12 h. 43, le nouveau souverain pontife
s'est présenté au balcon extérieur de la
basilique Saint-Pierre pour bénir le peuple,
tandis que les autres papes, depuis la mort
de Pie IX, donnaient la bénédiction du
balcon intérieur.
La foule qui, malgré la pluie, était nom-
breuse sur la place, a accueilli le nouveau
pape par une immense acclamation, agi-
tant des mouchoirs ; les troupes italiennes
rangées présentaient les armes. Le souve.
rain-pontife, entouré des cardinaux, sou-
riait. et, pendant que la foule redoublait
ses ovations, répondait en ouvrant les bras,
le cardinal Bisleti fit, avec sa main, signe à
la foule de fairei silence.
Pie XI donna alors la bénédiction aux
fidèles agenouillés.
Une nouvelle et immense ovation salua
le. pontife : celui-ci portait un manteau rou-
ge, un chapeau rouge.
A 12 h. 47, Pie XI, après avoir béni unei
deuxième fois la foule, se retira
(C'est la première fois depuis le pontifi-
cat de Pie IX que pareil fait se produit.
En effet, depuis l'occupation de Rome Dap
les troupes italiennes, le pape nouvelle-
ment élu se bornait à donner sa première
bénédiction dans l'intérieur de la basili-
que Saint-Pierre. Seule, l'annonce de l'élec-
tion à la foule se faisait du haut de la
« loggia » extérieure de la basilique.
Le fait que Pie XI a repris la tradition
interrompue depuis Pie IX semble impliquer
la reconnaissance: de l'état de choses çvéé
par les événements du 20 septembre 1870.)
UN MOT DU CARDINAL DUBOIS
On fait remarquer que, avant le Con-
clave, dans les salons du Séminaira fran-
çais, le cardinal Dubois, arcLtevêcpie de
Paris, demandait avec un fin sourira à un
journaliste : -
t « Et le cardinal Ratti ? Que dit-on du
cardinal Ratti ? »
On rapporta alors-au cardinal Mgr 1111-
bois en quelques mots ce qui * se colporta it
à gauche et à droite, mais on eut dès lors
l'impression que la pensée du cardinal (h
Paris se fixait ave'c complaisance sur l'ar-
chevêque de Milan.
Le nouveau pape
Le cardinal Achille Ratti est né à Dasio, dio-
cèse de Milan, le 31 mars 1857.
Il fut, pendant quelque, temps, chanoine de
l'église Sairn-Ambroise, une des plus illustres
de la Lombardie. Prélat de Sa Sainteté ïv 6
mars 1907, il devenait préfet de la Bibliothèque
Ambroisienne et en même temps, vj('c-pl"t':';ld,!! ¡ t
de la BibiiûUu'qiie Yaticane à. Home, en VM::.
En 1014, il était nommé préfet de ,ia nifme
Bibliothèque Vaticane. Le 18 septembre dg"
Ratti, est nommé chanoine de Saint-Pierre ri
protonotaire .apostolique le 2 £ octobre 1914. En
avril 1918, il est nommé par Benoit XV ï¡sile"'I"
apostolique en Pologne et en Russise. C'-'tait
le moment où le Saint-Siège commençait à
établir des rapports-avec la Pologne et se préoc-
cupait de connaître la situation exacte du cler-
gé orthodoxe sous le régime bolchevik. Le 6
juin 1919, la Pologne ayant été constituée en
Etat libre et indépendant, le Souverain Pontife
envoya à Varsovie, comme nonce apostolique.
Mgr Achille Ratti, qui fut sacré évoque à Vm-
sovie par Mgr Kalmswski, archevêque de "m'-
sovie, et lui-même créé cardinal le 1.7 décembrE"
1919. Mgr Ratti recevait en même teinns le titre
d'archevêque titulaire de Lepante. Le: présider t.
de la République polonaise, M. Pilsudski, avait
tenu à être lui-même présent il la cérémonie de
consécration du' nouveau nonce apostolique.
Mgr Ratti. en cette occasion', iixa sa résidence
à Varsovie.
Il fut ensuite nommé archevêque de Milan-
et reçut le chapeau lors de la dernière promo-
tion cardinalice de Benoit XV.
Homme de grande culture, le nouveau pape
parle couramment le français, ce qui. sans dou-
te. n'aura pas influé pour peu sur l'esprit des
cardinaux pour continuer rœuvre diplomatique
de Benoit XV. Aucun homme, fait-on remar-
quer, ne semblait plus indiqué.
Pie XI est membre de l'Institut lombard des
sciences et lettres, conseiller de la Société his-
torique lombarde de Milan. On lui doit de nom-
breux ouvrages, notamment •: Tractaio terwico-
practico par Verezione dei sacri terri-pi (architec-
ture mystique et liturgique) : Contribuzione alla
storia eucarislica di 11 il an o : La Wisrelln nna
chiaravallese il libro dei Frati di Chiravalle ;
Tl vin nnpoo ritratto di Ambrosio : Afin ('l'd('-
Mæ mediolanenais. Il adressait régulièrement,
ses publications h M. Léopold Delisle à la Biblio-
thèque nationale.
=,--=====-.-:::-- ._-_::._----=
LA JUSTICE BOITEUSE
II y a plus de trente ans
que Turpin réclame
Le procès intenté par l'inventeur
de la mélinite sera repris
cet après-midi
Aujourd'hui, à la première chambre, vient
en appel lé procès intenté par Eugène Tur-
pin contre Gustave Canet (héritiers), et con-
sorts, les Forges et Chantiers de la Médi-
terranée, Schneider et Cie (Creusot) et la
Société des ingénieurs civils de France.
Les plaidoiries qui avaient été fixées au
15 février, puis au 22 mai, puis au 22 no*
vembre 1921 furent finalement remises au
7 février 1922. Viendront-elles ? Il faut
l'espérer ; il faut que cette affaire finisse :
le procès que Turpin gagna contre l'Etat,..
le 12 janvier 1912, doit avoir son juste épi-
logue.
Le jugement rendu à cette date déclarait
due la Mélinite était bien l'invention de
Turpin :
Attendu que, d'après les documents de la eau-
s-% ce qui est appelé la « mélinite » est l'inven-
tion de Turpin qui a fait l'objet du brevet pris
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