Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-01-16
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 janvier 1922 16 janvier 1922
Description : 1922/01/16 (N18664). 1922/01/16 (N18664).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
91 NivÔM An 138. — Ne 18664 U ntuaéro : QTJÏNZE CENTIMES Lundi 16 janvier 1922. — Ne 186M
Fondateurs (1869) 8
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un an Six mois Trois mois
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 »
ETRANGER. 49 » 25 » 13 »
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TRIBUNE LIBRE
Pour la paix en Orient
we
La Conférence de Gênes,
à laquelle la présence de la
France est devenue problé
matique, est le fruit d'une
conception britannique. M.
Briand s'y était rallié,
dans l'intérêt de la recons-
truction économique de
l'Europe. Il faut causer avec les So-
viets ; il faut profiter des disposées
actuelles modérées et capitalisantes
pour sauver le grand pays qui meurt,
détruisant avec lui le système économi.
que de toute l'Europe.
Comme je l'indiquais dans un pré-
cédent article, notre concession, quant
à notre attitude à l'égard Me la Russie,
doit — dans le Conseil suprême — en-
traîner du gouvernement anglais uno
concession analogue et équivalente
quant à la question d'Orient.
La Conférence de Cannes — prolon-
gée ou non par des conversations à Pa.
ris — doit jeter les bases d'une paix
juste en Orient.
Cette paix, il est indispensable de la
définir à nouveau. Il faut reviser le
traité — non ratifié — de Sèvres ; il
faut — à défaut de revision — appli
quer toutes les clauses du traité dp
Ncuilly, en particulier celle qui accorde
à la Bulgarie le débouché de Dedea-
S'-! t(h.
La première revision du traité de Sè-
vres est déjà effectuée : elle est impli-
citement contenue dans la paix d'An-
gora. Les- Anglais — en face des
arguments décisifs que ne manquera pas
de fournir M. Franklin-Bouillon — ne
pourront que regretter de n'avoir pas
eu mieux profiter des conversations de
Londres avec Bekir Sami bey, car la
paix d'Angora n'en est que la résultante
logique.
L'évacuation de la Cilicie est un fait
accompli. Que notre exemple soit suivi
et que tous les territoires indûment oc-
cupés soient enfin libérés !
La question de Constantinople et de
Smyrne doit être à nouveau posée dans
toute son ampleur. Pour la résoudre, il
faut ignorer les faits accomplis, il faut
raisonner comme si les Anglais n'étaient
pas débarqués à Constantinople, comme
si les Grecs n'avaient pas envahi le vil-
layet de Smyrne. Il faut se reporter à
la base même de l'armistice de Mou-
ci ms.
Le 5 janvier 1918, M. Lloyd George
déclarait en Chambre des Communes :
i, Nous ne luttons pas pour déposséder
la Turquie de sa capitale ou des régions
riches et renommées de l'Asie-Mineure
ou de la Thrace. où la race turque pré-
domine. »
Le 8 janvier 1918, au douzième de ses
quatorze points célèbres, le président
W. Wilson exigeait « qu'une pleine sou
veraineté soit garantie aux régions tur-
que s de Vempire ottoman actuel - et
qu'une existence sûre et un développe-
ment autonome soit assuré aux autres
nationalités. encore soumises à la domi-
nation turque. »
L'armistice de Moudros, empreint de
ces deux principes : intégrité de l'em-
pire ottoman, autonomie des nationali-
tés, comportait une clause regrettable
qui permit toutes les audaces : celle qui
légitimait, l'occupation de certaines
places, pour des raisons stratégiques.
Et c'est en s'appuyant sur cette clause
que, le 15 mai 1919, les Grecs débar-
quèrent à Smyrne et y commirent les
piros atrocités ; c'est en s'appuyant
sur cette clause que M. Lloyd George
essaya, le 16 mars 1920, de faire de
Constantinople un nouveau Gibraltar.
Le général Milne règne à Stamboul.
Los Grecs s'occupent d'organiser « l'an-
nexion des territoires conquis ». Musta.
plia Kemal met l'hiver à profit pour
réorganiser son armée et pour triom-
pher définitivement. Les diplomates
doivent profiter de cette trêve imposée
par la nature pour empêcher la reprise
de la guerre.
Les Grecs ont vu — à leurs dépens —
quelle -était la composition ethnogra-
phique du villayet de Smyrne ; ils voient
quelles sont, les difficultés auxquelles se
heurte l'administration grecque en
Thrace, alors que l'administration in-
teralliée obtenait d'excellents résultats i
La Grèce ne peut, ne doit se mainte-
nir ni à Smyrne, ni à Andrinople. La
France parviendra-t-elle à faire com-
prendre à l'Angleterre qu'il faut couper
les vivres au pays de Constantin ? Nous
le supposons. La menace de l'Egypte
et de l'Inde bouillonnantes devant l'at-
titude du Foreign Office, l'expulsion de
Zagloul pach.% l'emprisonnement des
frères Ali, font réfléchir M. Lloyd Geor-
ge ; les événements donnent à sa politi-
que un démenti cinglant.
Le règlement du traité de Sèvres va
mettre sur le tapis la question de la
Thrace maritime. Là, pas de tergiver-
sations possibles. Il faut donner tout
son sens à l'article 48 du traité de
Neuilly qui prévoit la liberté des dé-
bouchés économiques pour la Bulgarie.
A défaut d'une cession (délicate, actuel
lement) de Cavalla, il est nécessaire
de restituer Dedeagatch n in Bulgarie.
J'ai souvent montré — ici-même — la
loyauté stricte avec laquelle la Bulgario
exécutait les clauses du traité de Neuil-
ly. J'ai montré qu'elle entendait, par
le travail, se réhabilitèr. Sans débouché
sur la mer libre, son travail est frappé
de stérilité.
Poser le problème, c'est le résoudre.
Il serait pour le moins étonnant que ce
soient les peuples vaincus qui se trou-
vent obligés de réclamer une application
plus complète du traité qui les ruine !
Alfred JACQUE.
La Politique Etrangère
Crise de confiance
Les hommes passent,
mais les formules restent.
M. Poincaré a rencontré
M. Lloyd George tout
comme, quelques jours
avant, son prédécesseur
s'était entretenu avec no-
ire hôte anglais ; et le communiqué
interchangeable de toutes les Conféren-
ces, de toutes les réunions, enregisire,
comme d'habitude : « Conversation très
cordiale, impression très satisfaisante ».
De cette formule sempiternelle, on
nous permettra de ne rien conclure en-
core. Nous la connaissons trop pour ne
pas savoir qu'elle ne veut rien dire, et
le plus qu'on en puisse tirer est qu'il
existe, aujourd'hui comme hier, un vif
et réciproque désir d'aboutir à un ac-
cord viable.
M. Poincaré a tenu, d'ailleurs. à
affirmer dès son arrivée au pouvoir, le
prix qu'il attache à l'amitié anglaise.
En cela. il s'est montré le juste inter-
prète de l'opinion française tout entière.
Mais le tout n'est pas de vouloir, il faut
aussi pouvoit.
Et puisque, à l'ordre du jour des
prochaines discussions, se trouve le
pacte anglo-français, avouons qu'il
pêche un peu par la base et qu'il souf-
fre, chez nous, d'une crise de confiance.
La première fois qu'il fut question, il
y a une dizaine de jours, d'un accord
plus étroit entre les deux pays, je me
rappelle la seule réponse qui. à la
Chambre, fut faite presque unanime-
ment : « lin pacte ? C'est, sans doute,
pour nous rouler encore ! » La même
impression se dégagea de tous les com-
mentaires de la presse, et je dis même
de la presse la plus anglophile.
Chat échaudé craint l'eau froide.
Nous ne croyons plus, en France, au
désintéressement britannique. Mais à
qui la faute, si ce n'est à ceux qui, en
presque toutes les occasions, firent pas-
ser leur vropre intérêt avant l'intérêt
(fénéral allié et qui oublièrent trop ceux
Qui le plus avaient souffert, le plus
avaient peiné pour la victoire.
La mentalité anglaise est-elle changée
aujourd'hui ? Un de mes confrères, qui
revenait samedi de Cannes dans le train
diplomatique et qui eut l'occasion d'ap-
procher M. Lloyd George. m'affirme
qu'il croit très franc, très désintéressé
le désir de nos amis 'de coopérer avec
nous.
Nous ne demandons pas mieux. Nous
sommes, nous Français, de braves gens
qui ne cherchons qu'à voir le bien chez
ceux dont nous apprécions l'amitié. Que
M. Lloyd George donne donc à notre
pays. dans les prochains entretiens,
quelques preuves réelles et matérielles
de sa bonne volonté — non point en
mots et en promesses, mais en faits et
en actes.
Et ce sera, au pacte désiré. le meil-
leur tremplin ie réussite.
Raymond LANGE.
Ne touchez pas à Ludendorff!
Berlin, 15 janvier. — Le ministre de la
justice anruolJlc., en réponse à une question
du député Rosenfeld, que l'avocat général
estime qu'il n'y a pas de présomption suf-
fisante d'une participation punissable du
général Ludendorff à la révolte de Kapp
rt qu'en tout cas il n'y a aucune raison de
ie considérer comme auteur ou chef dans
le sens de la loi.
Le ministre de la justice dit qu'il partage
cette oD.ifiiea,
On dit.
Autrefois
Le monument Molière
Lors de l'inauguration du monument de
Molière en 1844, il fut envoyé une invita-
tion officielle, sur papier rose, à près de
cinq çents Parisiens.
Cette invitation est un document curieux
que possède la « Presse associée » et dont
nous sommes heureux de pouvoir commu-
niquer la teneur à nos lecteurs.
VILLE DE PARIS
Inauguration du monument de Molière
le lundi 15 janvier 1844, à midi très précises
INVITATION PERSONNELLE
Le Pair de .France, Préfet de la Seine a l'hon-
neur d'inviter à l'inauguration du monument
de Motiere, M. Lucas Montigny, conseiller de
prélecture.
11 le prie d'être exact à l'heure indiquée.
On se réunira à 11 heures 30 très précises au
Théâtre-Français.
Il est nécessaire de se munir du présent billet
qui ne pourra servir à aucune autre personne.
Les huissiers des corps invités seront charges
du service.
Paris. Je 9 janvier 1SH.
Comte de RAMBUTEAU.
Certains détails nous prouvent que les
mœurs n'ont point changé.
< £ U22i
Aujourd'hui
Droits d'auteur
Le bruit a couru que Guillaume Il avait
écrit ses mémoires pour charmer les loisirs
de l'exil.
Or, il s'agissait tout simplement de notes
historiques dont il avait lait cadeau à ses
intimes.
Renseignements pris, ces notes ne sont
mêlne pas son oeuvre : elles émanent de
deux journalistes nltra-pangermanistes MM.
Ilœniger et Schîemann.
Les rois sont rarement les auteurs de ce
qu'ils signent.
Bien des simples mortels n'ont en cette
matière rien à envier aux rois.
< £ >
Le héros modeste
La grande presse se plaît à donner les
portraits des assassins et des bandits; elle
ferait beaucoup mieux de mettre en lumière
les belles actions des humbles.
Il existe à Londres, un homme admira-
ble. qui à neuf reprises s'est prêté à l'opé-
ration de la transfusion du sang.
Neuf fois pour sauver la vie d'inconnus,
M. Tribble offrit sa vie-., et cela., pour rien.
Pourquoi ne nous parle-t-on pas plus sou-
vent de ces héros obscurs plutôt que de
nous obliger à' nous intéresser à des fri-
pouilles.
od>
Li Reconnaissance
M Lloyd George devrait avoir- pour l'Ir.
lande une reconnaissance infinie.
En effet, se souvient-on que lorsque Kit-
chener partit pour la Russie, en 1916, il
devait faire la route avec M. Lloyd George.
L'Irlande, au moment de son départ, fut
troublée par de graves émeutes et M.
Lloyd George obligé de demeurer à Lon-
dres.
Sans les Irlandais le Premier aurait subi
le'sort de Kitchener.
Il est donc juste de faire remarquer que
M. Lloyd George doit aux Irlandais d'être
encore vivant.
Et qui sait si les élnements n'auraient
pas été bien différents de ce qu'ils sont,
si.
le»
Le roi-cinéma
C'est l'Angleterre et la France qui dé-
tiennent le record du plus grand nombre de
cinémas. N'en soyons pas plus fiers pour
cela.
Bientôt, Paris sera submergé par les ban-
ques et les cinémas !
Envions plutôt l'heureuse Norvège qui ne
compte que 170 cinémas, le Danemark et
la Suède qui n'en possèdent l'un et l'autre
que 200 et la Hollande 180.
La Belgique en a déjà 800, la France en
a tellement qu'il est impossible d'en donner
un chiffre approximatif.
Qu'est-ce que cela doit être en Amérique ?
<1>
Pour rien
Où est l'heureux temps où l'on pouvait
s'exclamer devant les prix vraiment avan-
tageux de certaines marchandises :
— C'est pour rien l
M. René Maran, l'auteur de Batouala,
écrit à un ami et lui donne des détails sur
la vie de Fort Archambault où il habite,
sur les bords du lac Tchad.
On connaît encore là-bas la côtelette à
deux sous, la douzaine d'œufs à sis sous,
les dix livres de poisson à un francs cin-
quante.
Le lauréat du prix Goncourt a donc tous
!es bonheurs. La vie à bon marché c~
la gloire.. Le Tapin.
La vie à Vienne
Les difficultés de la vie sont telles à
Vienne, la dépréciation du papier-moimaie
n. atteint de telles proportions que l'on en
est revenu au troc des temps primitifs. La
« Presse Associée » rapporte qu'un por-
traitiste réputé, fort connu avant la guerre
ù Paris, où il exposait aux Salons, réclama
récemment à une nouvelle riche qui gagna
sa fortune dans la vente des liqueurs, pour
prix d'un portrait, 15.000 couronnes, 5 quin-
taux de pommes de terre et 10 quintaux
de farine.
D'autre part, le curé de Roggensdorff
vient d'être dénoncé auprès de l'évêque de
son district pour exagération des prix qu'il
exige pour les mariages et les enterre-
ments. Celui qui l'a signalé à l'autorité ec-
clésiastique a trouvé excessif quie ce prêtroi
lui ait demandé six kilogs de saindoux
pour avoir dit la messe (.;'ente'fTCment (!e
son fils. Il est vrai que le saindoux coûte
1 -100 couronnes le kilog..
Enfin, comme pourboire, dans les res-
taurants et lies cafés, on donne aux gar-
çons et maîtres d'hôtel des boutons de pan-
talon. de chemise et de pardessus, et aussi
des tablettes de chocolat et des allumettes.
- Nous retournons à l'âge de pierre l 4
LA CRISE EST TERMINÉE
M. Poincaré a présenté son ministère
au président de la République
■. i —-—-——
Le nouveau cabinet prendra contact jeudi avec le Parlement
LES NOUVEAUX MINISTRES
MM.
Présidence du Conseil et Affaires
étrangères., Raymond POINCARE, sénateur
Vice-présidence du Conseil, Justice et
services d'Alsace-Lorraine. Louis BARTHOU, député
Intérieur. Maurice MAUNOURY, député
Guerre et Pensions. André MAGINOT, député
Marine. ,. RAIBERTT, député
Finances .M.. Ch. de LASTEYRIE, député
Colonies Albert SABRAUT, député
Travaux Publics. Yves LE TROCQUER, député
Instruction publique et beaux-arts. Léon BERARD, député
Régions libérées.,. Charles REIBEL, député
Agriculture. Henry CHERON, sénateur
Cc?~??~c~ Lucien DIOR, député
Travail Albert PEYRONNET, sénateur
Hygiène et assurances. Paul STRAUSS, sénateur
LES SOUS-SECRÊTAIRES D'ÉTAT
MM.
Présidence du Conseil Maurice COLRAT, député
Postes et T élégraplzes LAFFONT, député
Marine marchande. RIO, député
Aéronautique militaire. Laurent EYNAC, député
Enseignement technique. Gaston VIDAL, député
Quarante-huit heures 6e consultations,
de démarches et même de tâtonnements ont
été nécessaires à M. Poincaré pour édifier
sa combinaison. Aujourd'hui le nouveau
ministère est constitué et la Francei est
pourvue d'un gouvernement. Tout le mon
de se félicitera que la. carence de l'exécu
tif ne se scit pas prolonger davantage, à
une heure où les nécessités politiques Z, son!
telles que les plus grands cataclysmes peu-
vent être reccutés.
Quel acceiuil les Chambres réserveront
elles à la aéclaration ministérielle. C'esl
ce que nul ne peut préjuger. Il y a cepen
dant pas de chances et beaucoup de rai-
sons pour quel le ministère reçoive l'in-
tronisation à la viabilité. Mais la viabilité
n'implique pas la longévité. Et c'est là que
réside l'inconnu.
♦
Les dernières consultations
Hier matin, M. Poincaré était au terme
de ses consultations. Les plus importants
portefeuilles étaient pourvus. L'ossature du
cabinet se trouvait constituée. Il ne restait
plus au président du Conseil qu'à parfaire
«on ouvrage. Il y employa sa matinée.
M. Poincaré avait convoqué tous ses
futurs collaborateurs à une première réu-
nion pllénière vers 9 heures 30. A 9 heures,
M. Le Trooquer arrivait en voiture, mais
repartait de suite humer l'air eu Bois, s-a-
percevant ce son avance sur l'horaire.
A l'heure exacte se présentaient MM.
Dior et Maunoury, puis M. Henry Chéron.
Aimablement, le nouveau ministre de l'a-
griculture nous exprime les regrets de ne
pouvoir régler l'ardeur des rayons solai-
res et, tout souriant, s'engouffre sous le
porche de l'hùtell présidentiel.
Derrière lui arrive M. Le Trocquer, tout
ragaillardi de sa promenace au Bois, puis
MM. Colrat, de Lasteyrie, Léon Bérara, j
Reibei et Bartbou.
Que se passe-t-il ? L'impatience gagne
les journalistes réduits à tenir une réunion
pBénière dans- la rue. Dix heures cmUUtulto.
La porte s'ouvre et Al. Barthou surgit, suivi
de M. Chéron.
On se précipite. Mais en vain : à toutes
les questions, M. Barthou riépond. pas des
plaisanteries. 11 va même jusqu'à mena-
cer son collègue M. Chéron, qu'il croit plus
complaisant, de conseil ce guerre. non do
démission !
Le cabinet rit. Donc touit va Lien. Les
deux ministres déclarent du reste qu'ils
vont {bientôt revenir. Ce qui est exact
A 11 heures 15, M. Chéron revient, es-
corté de M. Strauss sénateur de la Seine.
Puis M. Barthou, accompagné, de M. Pey-
ronnet, sénataur de l'Allier.
Plus loquace qu'au départ, M. Barthou
n'hésite pas à nous présenter M. Peyron-
net comme titulaire du portefeuille du tra-
vail. Et c'est ainsi que nous apprenons le
refus de M. Alexandre Bérarèa'.
M. Barthou ajoute même que le porte-
feuille de l'hygiène sera attribué à M.
Strauss.
A midi et quart, tous les ministres sor-
tent ensemble de l'hôtel de la rue Mar-
beau. C'est l'ait, le ministère est constitué.
Une dernière question à M. Barthou :
« Quels sont les sous-secrétaires d'Etal.
Monsieur le ministre ? »
— Vous les connaissez, nous réplique-
t-il, ce sont M. Coirat, ià la présidence du
Conseil ; M. Rio, à la marine marchande ;
M. LaJ'font, aux P. T. T., et M. Laurent Ey-
nac. à J'aviation. Ainsi donc tout le cabi-
net est au complet, et M. Poincaré compta
le présenter à M. Millorano; cet après-mi
vers 2 heures.
M. Poincaré reçoit la presse
A l'issue du conseil, M. Poincaré a bien
voulu nous recevoir et nous faire les décla.
rations suivantes : « Les Ministres on dû
vous dire la composition du cabinet. Je n'y
revient, pas. J'ai fait télégraphier à M. Sai-
raut, et j'attends son acecptation dont je ne
doute pas.
J'ai, dans un but d'économie, supprimé
un ministre, quatre sous-secrétaire d'Elaty et
les hauts commissaires dont la légalité était
douteuse.
J'ai vu ce matin M. Briand avec lequel
je me suis entretenu pendant une demi-heu-
re. Je reprendrai mon entretien demain ma.
tin.
C'est vers deux heures cet après-midi que
je compte présenter à M. Millerand la liste
de mes futurs collaborateurs. Ceux-ci vien-
dront ensuite me retrouver chez moi, et nous
étudierons ensemble les grandes lignes de
notre programme futur.
La date de convocation des Chambres ne
sera pas modifiée. Et maintenant, tous au
travail.
L'APRÈS-MIDI
M. POINCARE A L'ELYSEE
Au début de l'après-midi, à 13 h. 50, M.
Poincaré s'est rendu à l'Elysée. Sa con-
versation avec le chef de l'Etat s'est pro-
longée jusqu'à 3 heures.
A sa sortie, M. Poir.caré déclare :
— Je n'ai rien de nonveau à vous dire.
J'ai soumis la liste de mes collaborateurs
à l'approbation eu président de la Républi-
M. Henry Chéron
M. Raiberti
que. Je les lui présenterai ce soir à 18 heu-
res 30. Les décrets ne seront publiés qu'au
reçu de la dépêche de M Sarraut me fai-
sant savoir s'il accepte l'offre quel je lui
ai faite de conserver son portefeuille. Mais,
dès maintenant je considère le ministère
comme constitué.
« Je retourne maintenant rue Marbeau
où j'ai rendez-vous à 3 h. 30 avec mes col-
laborateurs pour étudier les termes ce la
déclaration et examiner la situation poli-
tique tant extérieure qu'intérieure. »
M. Poincaré était de retour rue Mar-
beau A 3 h. 10.
Un peu avant 3 h. 30, ses collaborateurs
arrivent au rendez-vous fixé dans l'ordre
suivant : MM. Eynao, Strauss, Mounoury,
Larfont, Peyronnet, Le Trocquer, Barlhou,
Reybel. de Lasteyrie, Ma.ginot, Vidal, Léon
Bérard et Dior. Le premier conseil ce ca-
binet. commence.
LA PRESENTATION DES MINISTRES
Entre G heures et 6 heures 30, les nou-
veaux ministres arrivent à l'Elysée. Le
premier qui fait son apparition est M. Col-
rat, le dernier arrivant est M. Gaston Vi-
dal. Quand le cabinet est au complet, M.
Raymond Poin caré, accompagné de ses
collaborateurs, se rend auprès du prési-
dent de la République et fait les présenta-
tions d'usage.
M. Millerand s'entretient très cordialement
avec tous les membres du gouvernement
qui, à leur sortie de l'Elysée, s'alignent sous
le péristyle, devant les nombreux objectifs
des photographes.
JEUDI, DEVANT LES CHAMBRES
Voici donc le ministère Poincaré oéliniti-
vement constitué et, dès ce matin, contraire-
ment à ce (]lui a été dit plus haut, on pourra.
lire au Journal Officiel les décrets nommant
les ministres et sous-secrétaires d'Etat.
M. Poincaré réunira ses collaborateurs au-
jourd'hui à son domicile, pour tenir un pre-
mier conseil de cabinet, au cours duquel
sera poursuivi l'examen du programme gou-
vernemental
Mardi se tiendra à l'Elysée un conseil
des ministres sous la présidence de M.
Millerand.
Mercredi aura lieu au Ministère des Affai-
res étrangères un nouveau conseil de cabi
neL -
Enfin jeudi, le conseil des Ministres sié-
gera à nouveau pour arrêter définitivement)
U'H termes de la déclaration ministérielle
qui sera lue devant les Chambres l'après.-
midi.
Le cas Albert Sarraut et Paul Laffont
Le groupe radical-socialiste de la Cham-
bre. qui s'était réuni dans la matinée pour
examiner le cas de M. Paul Laffont, sous-
secrétaire d'Etat aux Postes dans le nou-
veau cabinet, a tenu une nouvelle réunion.
dans l'après-midi pour délibérer sur le cas
Albert Sarraut.
Après une discussion, le groupe a estimé
que le ministre des colonies, remplissant à
Washington une mission patriotique, il con-
venait de ne point entraver son action ni
diminuer son autorité par une mesure de
défiance. A son retour à Paris, M. Albert
Sarraut verra ce qu'il a à faire.
En ce qui concerne M. Paul Laffont., ce-
lui-ci a déclaré qu'il avait accepté de faire
partie de la nouvelle combinaison pour pour-
suivre sa politique en faveur des monopoles
d'Etat, à l'heure où certains des services
dont il a la direction font l'objet de projets de
cession à l'industrie privée. Le groupe a
réservé sa décision en ce qui concerne M.
Paul Laffont.
En sortant de la séance, M. Herriot a ré-
sumé aussi la situation : « De minimis non
curat praelor n.
Le classement politique des ministres
Le cabinet comprend quatorze ministères
au lieu de quinze, par suite de la réunion de
la guerre et des pensions sous la même di-
i rection, -- et cinq sous-secrétaires d'Etat au
M. Reibei
lieu de neuf. Enfin
tous les commissa-
riats généraux sont
supprimés'.
Sur les quatorze
ministres, dix sont
députés et quatre sé-
nateurs.
Les dix députés se
répartissent ainsi, au
point de vue dte- La
classification parle-
mentaire :
Quatre sont mem-
bres de la gauche ré-
publicaine démocra-
tique : MM. Barthou.
Maunoury, Maginot
et Léon Bérard ;
Un est membre du groupe radical socia-
liste, M. Sarraut :
Un est membre de l'action réoublicaine et
sociale. M. Reibel ;
Un est membre du groupe des républi-
cains de gauche, M. Le Trocquer :
Trois sont membres du groupe de l'entente
républicaine et démocratique : MM. de Las-
teyrie, Dior et Raiberti.
Des quatre sénateurs, deux, MM. Poincaré
et Chéron, appartiennent au groupe de l'u-
nion républicaine et les deux autres, MM.
Paul Strauss et Peyronnet, au groupe de
la gauche démocratique, qui est le groupe
radical du Sénat.
Les sous-secrétaires d'Etat se classent ain-
si politiquement :
Deux républicains socialistes : MM. JliQ
et Gaston Vidal ;
Un radical socialiste, M. Paul Laffont ;
Un républicain de gauche, M. Laurent Ey-
nac ;
Un membre de la gauche républicaine dé-
mocratique, M. Colrat.
LES REGIONS REPRESENTEES
Toutes les régions de France sont, sauf
le nord, représentées dans le cabinet : l'est,
par MM. Poincaré, Maginot et Reibel ; l'ou-
est, par MM. Maunoury, Chéron, Dior, La
Trocquer et Rio ; le sud et le sud-ouest, par,
MM. Barthou, Léon Bérard, Sarraut et Rai-
berti, Laffont et Eynoc; le centre, par MM.
de Lasteyrie, Peyronnet et Gaston Vidal, et
enfin Paris, par M. Paul Strauss, et la ban-
lieue par M. Colrat.
Les nouveaux ministres
M. MAURICE MAUNOURY
ministre de l'intérieur
M. Maurice Maunoury. né en 1853 a Alexan-
drie. est ancien élève de rEcole polytechnique.
Il a été élu pour la première fois, en 1910, de"
puté d'Eure-et-Loir (2° circonscription de Clmr.
très).
M. Maunoury s'est spécialisé, depuis de lon-
gues années, dans l'étude des questions indus-
trielles, auxquelles il a consacré un traité : Du
nom. commercial (1004), et qui ont été pour lui
l'objet d'importantes plaidoiries, notamment de-
vant Je tribunal civil de la Seine et la couf
d'appel de Paris. Il était président de la com-
mission des finances de la Chambre.
Pendant la guerre, M. Maurice Maunoury, qui
a servi cjmnie chef d'escadron d'artillerie, a eu
les pieds gelés , a la suite de ce grave acci-
dent, il a du subir, il y a quelques mois l'ampu-
tation de la jambe gauche.
M. CHARLES DE LASTEYRIE
ministre des finances
M. Charles de Lasteyrie est né à Faris ea
1877.
Il est licenc ié en droit et ancien élève de l'E-
cole des (.h;irt<>s, où son père était professeur.
Il a lait sa carriôre dans l'inspection des finan-
ces et est professeur à l'Ecole de's sciences po-
litiques.
Elu en lH!) député de la Corrèze, il s'est ins-
crit au groupe de la gauche républicaine démo-
cratique Membre de la commission des finances,
il a été rapporteur général adjoint du budget,
puis rapporteur particulier du budget sur leg
dépenses recouvrables.
M. RAIBERTI
ministre de la marine
M. Raiberti, ne en 1SG2 a Nice, est avocat
Llu député des Alpes-Miritimes en 1890, il a
toujours été réé!u. Inscrit, pendant les législa-
tures précédentes, nu groupe de l'Union répu-
blicaine il l'est, dans la Chambre actuelle, m
Fondateurs (1869) 8
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un an Six mois Trois mois
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 »
ETRANGER. 49 » 25 » 13 »
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RAYMOND LANGE
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TRIBUNE LIBRE
Pour la paix en Orient
we
La Conférence de Gênes,
à laquelle la présence de la
France est devenue problé
matique, est le fruit d'une
conception britannique. M.
Briand s'y était rallié,
dans l'intérêt de la recons-
truction économique de
l'Europe. Il faut causer avec les So-
viets ; il faut profiter des disposées
actuelles modérées et capitalisantes
pour sauver le grand pays qui meurt,
détruisant avec lui le système économi.
que de toute l'Europe.
Comme je l'indiquais dans un pré-
cédent article, notre concession, quant
à notre attitude à l'égard Me la Russie,
doit — dans le Conseil suprême — en-
traîner du gouvernement anglais uno
concession analogue et équivalente
quant à la question d'Orient.
La Conférence de Cannes — prolon-
gée ou non par des conversations à Pa.
ris — doit jeter les bases d'une paix
juste en Orient.
Cette paix, il est indispensable de la
définir à nouveau. Il faut reviser le
traité — non ratifié — de Sèvres ; il
faut — à défaut de revision — appli
quer toutes les clauses du traité dp
Ncuilly, en particulier celle qui accorde
à la Bulgarie le débouché de Dedea-
S'-! t(h.
La première revision du traité de Sè-
vres est déjà effectuée : elle est impli-
citement contenue dans la paix d'An-
gora. Les- Anglais — en face des
arguments décisifs que ne manquera pas
de fournir M. Franklin-Bouillon — ne
pourront que regretter de n'avoir pas
eu mieux profiter des conversations de
Londres avec Bekir Sami bey, car la
paix d'Angora n'en est que la résultante
logique.
L'évacuation de la Cilicie est un fait
accompli. Que notre exemple soit suivi
et que tous les territoires indûment oc-
cupés soient enfin libérés !
La question de Constantinople et de
Smyrne doit être à nouveau posée dans
toute son ampleur. Pour la résoudre, il
faut ignorer les faits accomplis, il faut
raisonner comme si les Anglais n'étaient
pas débarqués à Constantinople, comme
si les Grecs n'avaient pas envahi le vil-
layet de Smyrne. Il faut se reporter à
la base même de l'armistice de Mou-
ci ms.
Le 5 janvier 1918, M. Lloyd George
déclarait en Chambre des Communes :
i, Nous ne luttons pas pour déposséder
la Turquie de sa capitale ou des régions
riches et renommées de l'Asie-Mineure
ou de la Thrace. où la race turque pré-
domine. »
Le 8 janvier 1918, au douzième de ses
quatorze points célèbres, le président
W. Wilson exigeait « qu'une pleine sou
veraineté soit garantie aux régions tur-
que s de Vempire ottoman actuel - et
qu'une existence sûre et un développe-
ment autonome soit assuré aux autres
nationalités. encore soumises à la domi-
nation turque. »
L'armistice de Moudros, empreint de
ces deux principes : intégrité de l'em-
pire ottoman, autonomie des nationali-
tés, comportait une clause regrettable
qui permit toutes les audaces : celle qui
légitimait, l'occupation de certaines
places, pour des raisons stratégiques.
Et c'est en s'appuyant sur cette clause
que, le 15 mai 1919, les Grecs débar-
quèrent à Smyrne et y commirent les
piros atrocités ; c'est en s'appuyant
sur cette clause que M. Lloyd George
essaya, le 16 mars 1920, de faire de
Constantinople un nouveau Gibraltar.
Le général Milne règne à Stamboul.
Los Grecs s'occupent d'organiser « l'an-
nexion des territoires conquis ». Musta.
plia Kemal met l'hiver à profit pour
réorganiser son armée et pour triom-
pher définitivement. Les diplomates
doivent profiter de cette trêve imposée
par la nature pour empêcher la reprise
de la guerre.
Les Grecs ont vu — à leurs dépens —
quelle -était la composition ethnogra-
phique du villayet de Smyrne ; ils voient
quelles sont, les difficultés auxquelles se
heurte l'administration grecque en
Thrace, alors que l'administration in-
teralliée obtenait d'excellents résultats i
La Grèce ne peut, ne doit se mainte-
nir ni à Smyrne, ni à Andrinople. La
France parviendra-t-elle à faire com-
prendre à l'Angleterre qu'il faut couper
les vivres au pays de Constantin ? Nous
le supposons. La menace de l'Egypte
et de l'Inde bouillonnantes devant l'at-
titude du Foreign Office, l'expulsion de
Zagloul pach.% l'emprisonnement des
frères Ali, font réfléchir M. Lloyd Geor-
ge ; les événements donnent à sa politi-
que un démenti cinglant.
Le règlement du traité de Sèvres va
mettre sur le tapis la question de la
Thrace maritime. Là, pas de tergiver-
sations possibles. Il faut donner tout
son sens à l'article 48 du traité de
Neuilly qui prévoit la liberté des dé-
bouchés économiques pour la Bulgarie.
A défaut d'une cession (délicate, actuel
lement) de Cavalla, il est nécessaire
de restituer Dedeagatch n in Bulgarie.
J'ai souvent montré — ici-même — la
loyauté stricte avec laquelle la Bulgario
exécutait les clauses du traité de Neuil-
ly. J'ai montré qu'elle entendait, par
le travail, se réhabilitèr. Sans débouché
sur la mer libre, son travail est frappé
de stérilité.
Poser le problème, c'est le résoudre.
Il serait pour le moins étonnant que ce
soient les peuples vaincus qui se trou-
vent obligés de réclamer une application
plus complète du traité qui les ruine !
Alfred JACQUE.
La Politique Etrangère
Crise de confiance
Les hommes passent,
mais les formules restent.
M. Poincaré a rencontré
M. Lloyd George tout
comme, quelques jours
avant, son prédécesseur
s'était entretenu avec no-
ire hôte anglais ; et le communiqué
interchangeable de toutes les Conféren-
ces, de toutes les réunions, enregisire,
comme d'habitude : « Conversation très
cordiale, impression très satisfaisante ».
De cette formule sempiternelle, on
nous permettra de ne rien conclure en-
core. Nous la connaissons trop pour ne
pas savoir qu'elle ne veut rien dire, et
le plus qu'on en puisse tirer est qu'il
existe, aujourd'hui comme hier, un vif
et réciproque désir d'aboutir à un ac-
cord viable.
M. Poincaré a tenu, d'ailleurs. à
affirmer dès son arrivée au pouvoir, le
prix qu'il attache à l'amitié anglaise.
En cela. il s'est montré le juste inter-
prète de l'opinion française tout entière.
Mais le tout n'est pas de vouloir, il faut
aussi pouvoit.
Et puisque, à l'ordre du jour des
prochaines discussions, se trouve le
pacte anglo-français, avouons qu'il
pêche un peu par la base et qu'il souf-
fre, chez nous, d'une crise de confiance.
La première fois qu'il fut question, il
y a une dizaine de jours, d'un accord
plus étroit entre les deux pays, je me
rappelle la seule réponse qui. à la
Chambre, fut faite presque unanime-
ment : « lin pacte ? C'est, sans doute,
pour nous rouler encore ! » La même
impression se dégagea de tous les com-
mentaires de la presse, et je dis même
de la presse la plus anglophile.
Chat échaudé craint l'eau froide.
Nous ne croyons plus, en France, au
désintéressement britannique. Mais à
qui la faute, si ce n'est à ceux qui, en
presque toutes les occasions, firent pas-
ser leur vropre intérêt avant l'intérêt
(fénéral allié et qui oublièrent trop ceux
Qui le plus avaient souffert, le plus
avaient peiné pour la victoire.
La mentalité anglaise est-elle changée
aujourd'hui ? Un de mes confrères, qui
revenait samedi de Cannes dans le train
diplomatique et qui eut l'occasion d'ap-
procher M. Lloyd George. m'affirme
qu'il croit très franc, très désintéressé
le désir de nos amis 'de coopérer avec
nous.
Nous ne demandons pas mieux. Nous
sommes, nous Français, de braves gens
qui ne cherchons qu'à voir le bien chez
ceux dont nous apprécions l'amitié. Que
M. Lloyd George donne donc à notre
pays. dans les prochains entretiens,
quelques preuves réelles et matérielles
de sa bonne volonté — non point en
mots et en promesses, mais en faits et
en actes.
Et ce sera, au pacte désiré. le meil-
leur tremplin ie réussite.
Raymond LANGE.
Ne touchez pas à Ludendorff!
Berlin, 15 janvier. — Le ministre de la
justice anruolJlc., en réponse à une question
du député Rosenfeld, que l'avocat général
estime qu'il n'y a pas de présomption suf-
fisante d'une participation punissable du
général Ludendorff à la révolte de Kapp
rt qu'en tout cas il n'y a aucune raison de
ie considérer comme auteur ou chef dans
le sens de la loi.
Le ministre de la justice dit qu'il partage
cette oD.ifiiea,
On dit.
Autrefois
Le monument Molière
Lors de l'inauguration du monument de
Molière en 1844, il fut envoyé une invita-
tion officielle, sur papier rose, à près de
cinq çents Parisiens.
Cette invitation est un document curieux
que possède la « Presse associée » et dont
nous sommes heureux de pouvoir commu-
niquer la teneur à nos lecteurs.
VILLE DE PARIS
Inauguration du monument de Molière
le lundi 15 janvier 1844, à midi très précises
INVITATION PERSONNELLE
Le Pair de .France, Préfet de la Seine a l'hon-
neur d'inviter à l'inauguration du monument
de Motiere, M. Lucas Montigny, conseiller de
prélecture.
11 le prie d'être exact à l'heure indiquée.
On se réunira à 11 heures 30 très précises au
Théâtre-Français.
Il est nécessaire de se munir du présent billet
qui ne pourra servir à aucune autre personne.
Les huissiers des corps invités seront charges
du service.
Paris. Je 9 janvier 1SH.
Comte de RAMBUTEAU.
Certains détails nous prouvent que les
mœurs n'ont point changé.
< £ U22i
Aujourd'hui
Droits d'auteur
Le bruit a couru que Guillaume Il avait
écrit ses mémoires pour charmer les loisirs
de l'exil.
Or, il s'agissait tout simplement de notes
historiques dont il avait lait cadeau à ses
intimes.
Renseignements pris, ces notes ne sont
mêlne pas son oeuvre : elles émanent de
deux journalistes nltra-pangermanistes MM.
Ilœniger et Schîemann.
Les rois sont rarement les auteurs de ce
qu'ils signent.
Bien des simples mortels n'ont en cette
matière rien à envier aux rois.
< £ >
Le héros modeste
La grande presse se plaît à donner les
portraits des assassins et des bandits; elle
ferait beaucoup mieux de mettre en lumière
les belles actions des humbles.
Il existe à Londres, un homme admira-
ble. qui à neuf reprises s'est prêté à l'opé-
ration de la transfusion du sang.
Neuf fois pour sauver la vie d'inconnus,
M. Tribble offrit sa vie-., et cela., pour rien.
Pourquoi ne nous parle-t-on pas plus sou-
vent de ces héros obscurs plutôt que de
nous obliger à' nous intéresser à des fri-
pouilles.
od>
Li Reconnaissance
M Lloyd George devrait avoir- pour l'Ir.
lande une reconnaissance infinie.
En effet, se souvient-on que lorsque Kit-
chener partit pour la Russie, en 1916, il
devait faire la route avec M. Lloyd George.
L'Irlande, au moment de son départ, fut
troublée par de graves émeutes et M.
Lloyd George obligé de demeurer à Lon-
dres.
Sans les Irlandais le Premier aurait subi
le'sort de Kitchener.
Il est donc juste de faire remarquer que
M. Lloyd George doit aux Irlandais d'être
encore vivant.
Et qui sait si les élnements n'auraient
pas été bien différents de ce qu'ils sont,
si.
le»
Le roi-cinéma
C'est l'Angleterre et la France qui dé-
tiennent le record du plus grand nombre de
cinémas. N'en soyons pas plus fiers pour
cela.
Bientôt, Paris sera submergé par les ban-
ques et les cinémas !
Envions plutôt l'heureuse Norvège qui ne
compte que 170 cinémas, le Danemark et
la Suède qui n'en possèdent l'un et l'autre
que 200 et la Hollande 180.
La Belgique en a déjà 800, la France en
a tellement qu'il est impossible d'en donner
un chiffre approximatif.
Qu'est-ce que cela doit être en Amérique ?
<1>
Pour rien
Où est l'heureux temps où l'on pouvait
s'exclamer devant les prix vraiment avan-
tageux de certaines marchandises :
— C'est pour rien l
M. René Maran, l'auteur de Batouala,
écrit à un ami et lui donne des détails sur
la vie de Fort Archambault où il habite,
sur les bords du lac Tchad.
On connaît encore là-bas la côtelette à
deux sous, la douzaine d'œufs à sis sous,
les dix livres de poisson à un francs cin-
quante.
Le lauréat du prix Goncourt a donc tous
!es bonheurs. La vie à bon marché c~
la gloire.. Le Tapin.
La vie à Vienne
Les difficultés de la vie sont telles à
Vienne, la dépréciation du papier-moimaie
n. atteint de telles proportions que l'on en
est revenu au troc des temps primitifs. La
« Presse Associée » rapporte qu'un por-
traitiste réputé, fort connu avant la guerre
ù Paris, où il exposait aux Salons, réclama
récemment à une nouvelle riche qui gagna
sa fortune dans la vente des liqueurs, pour
prix d'un portrait, 15.000 couronnes, 5 quin-
taux de pommes de terre et 10 quintaux
de farine.
D'autre part, le curé de Roggensdorff
vient d'être dénoncé auprès de l'évêque de
son district pour exagération des prix qu'il
exige pour les mariages et les enterre-
ments. Celui qui l'a signalé à l'autorité ec-
clésiastique a trouvé excessif quie ce prêtroi
lui ait demandé six kilogs de saindoux
pour avoir dit la messe (.;'ente'fTCment (!e
son fils. Il est vrai que le saindoux coûte
1 -100 couronnes le kilog..
Enfin, comme pourboire, dans les res-
taurants et lies cafés, on donne aux gar-
çons et maîtres d'hôtel des boutons de pan-
talon. de chemise et de pardessus, et aussi
des tablettes de chocolat et des allumettes.
- Nous retournons à l'âge de pierre l 4
LA CRISE EST TERMINÉE
M. Poincaré a présenté son ministère
au président de la République
■. i —-—-——
Le nouveau cabinet prendra contact jeudi avec le Parlement
LES NOUVEAUX MINISTRES
MM.
Présidence du Conseil et Affaires
étrangères., Raymond POINCARE, sénateur
Vice-présidence du Conseil, Justice et
services d'Alsace-Lorraine. Louis BARTHOU, député
Intérieur. Maurice MAUNOURY, député
Guerre et Pensions. André MAGINOT, député
Marine. ,. RAIBERTT, député
Finances .M.. Ch. de LASTEYRIE, député
Colonies Albert SABRAUT, député
Travaux Publics. Yves LE TROCQUER, député
Instruction publique et beaux-arts. Léon BERARD, député
Régions libérées.,. Charles REIBEL, député
Agriculture. Henry CHERON, sénateur
Cc?~??~c~ Lucien DIOR, député
Travail Albert PEYRONNET, sénateur
Hygiène et assurances. Paul STRAUSS, sénateur
LES SOUS-SECRÊTAIRES D'ÉTAT
MM.
Présidence du Conseil Maurice COLRAT, député
Postes et T élégraplzes LAFFONT, député
Marine marchande. RIO, député
Aéronautique militaire. Laurent EYNAC, député
Enseignement technique. Gaston VIDAL, député
Quarante-huit heures 6e consultations,
de démarches et même de tâtonnements ont
été nécessaires à M. Poincaré pour édifier
sa combinaison. Aujourd'hui le nouveau
ministère est constitué et la Francei est
pourvue d'un gouvernement. Tout le mon
de se félicitera que la. carence de l'exécu
tif ne se scit pas prolonger davantage, à
une heure où les nécessités politiques Z, son!
telles que les plus grands cataclysmes peu-
vent être reccutés.
Quel acceiuil les Chambres réserveront
elles à la aéclaration ministérielle. C'esl
ce que nul ne peut préjuger. Il y a cepen
dant pas de chances et beaucoup de rai-
sons pour quel le ministère reçoive l'in-
tronisation à la viabilité. Mais la viabilité
n'implique pas la longévité. Et c'est là que
réside l'inconnu.
♦
Les dernières consultations
Hier matin, M. Poincaré était au terme
de ses consultations. Les plus importants
portefeuilles étaient pourvus. L'ossature du
cabinet se trouvait constituée. Il ne restait
plus au président du Conseil qu'à parfaire
«on ouvrage. Il y employa sa matinée.
M. Poincaré avait convoqué tous ses
futurs collaborateurs à une première réu-
nion pllénière vers 9 heures 30. A 9 heures,
M. Le Trooquer arrivait en voiture, mais
repartait de suite humer l'air eu Bois, s-a-
percevant ce son avance sur l'horaire.
A l'heure exacte se présentaient MM.
Dior et Maunoury, puis M. Henry Chéron.
Aimablement, le nouveau ministre de l'a-
griculture nous exprime les regrets de ne
pouvoir régler l'ardeur des rayons solai-
res et, tout souriant, s'engouffre sous le
porche de l'hùtell présidentiel.
Derrière lui arrive M. Le Trocquer, tout
ragaillardi de sa promenace au Bois, puis
MM. Colrat, de Lasteyrie, Léon Bérara, j
Reibei et Bartbou.
Que se passe-t-il ? L'impatience gagne
les journalistes réduits à tenir une réunion
pBénière dans- la rue. Dix heures cmUUtulto.
La porte s'ouvre et Al. Barthou surgit, suivi
de M. Chéron.
On se précipite. Mais en vain : à toutes
les questions, M. Barthou riépond. pas des
plaisanteries. 11 va même jusqu'à mena-
cer son collègue M. Chéron, qu'il croit plus
complaisant, de conseil ce guerre. non do
démission !
Le cabinet rit. Donc touit va Lien. Les
deux ministres déclarent du reste qu'ils
vont {bientôt revenir. Ce qui est exact
A 11 heures 15, M. Chéron revient, es-
corté de M. Strauss sénateur de la Seine.
Puis M. Barthou, accompagné, de M. Pey-
ronnet, sénataur de l'Allier.
Plus loquace qu'au départ, M. Barthou
n'hésite pas à nous présenter M. Peyron-
net comme titulaire du portefeuille du tra-
vail. Et c'est ainsi que nous apprenons le
refus de M. Alexandre Bérarèa'.
M. Barthou ajoute même que le porte-
feuille de l'hygiène sera attribué à M.
Strauss.
A midi et quart, tous les ministres sor-
tent ensemble de l'hôtel de la rue Mar-
beau. C'est l'ait, le ministère est constitué.
Une dernière question à M. Barthou :
« Quels sont les sous-secrétaires d'Etal.
Monsieur le ministre ? »
— Vous les connaissez, nous réplique-
t-il, ce sont M. Coirat, ià la présidence du
Conseil ; M. Rio, à la marine marchande ;
M. LaJ'font, aux P. T. T., et M. Laurent Ey-
nac. à J'aviation. Ainsi donc tout le cabi-
net est au complet, et M. Poincaré compta
le présenter à M. Millorano; cet après-mi
vers 2 heures.
M. Poincaré reçoit la presse
A l'issue du conseil, M. Poincaré a bien
voulu nous recevoir et nous faire les décla.
rations suivantes : « Les Ministres on dû
vous dire la composition du cabinet. Je n'y
revient, pas. J'ai fait télégraphier à M. Sai-
raut, et j'attends son acecptation dont je ne
doute pas.
J'ai, dans un but d'économie, supprimé
un ministre, quatre sous-secrétaire d'Elaty et
les hauts commissaires dont la légalité était
douteuse.
J'ai vu ce matin M. Briand avec lequel
je me suis entretenu pendant une demi-heu-
re. Je reprendrai mon entretien demain ma.
tin.
C'est vers deux heures cet après-midi que
je compte présenter à M. Millerand la liste
de mes futurs collaborateurs. Ceux-ci vien-
dront ensuite me retrouver chez moi, et nous
étudierons ensemble les grandes lignes de
notre programme futur.
La date de convocation des Chambres ne
sera pas modifiée. Et maintenant, tous au
travail.
L'APRÈS-MIDI
M. POINCARE A L'ELYSEE
Au début de l'après-midi, à 13 h. 50, M.
Poincaré s'est rendu à l'Elysée. Sa con-
versation avec le chef de l'Etat s'est pro-
longée jusqu'à 3 heures.
A sa sortie, M. Poir.caré déclare :
— Je n'ai rien de nonveau à vous dire.
J'ai soumis la liste de mes collaborateurs
à l'approbation eu président de la Républi-
M. Henry Chéron
M. Raiberti
que. Je les lui présenterai ce soir à 18 heu-
res 30. Les décrets ne seront publiés qu'au
reçu de la dépêche de M Sarraut me fai-
sant savoir s'il accepte l'offre quel je lui
ai faite de conserver son portefeuille. Mais,
dès maintenant je considère le ministère
comme constitué.
« Je retourne maintenant rue Marbeau
où j'ai rendez-vous à 3 h. 30 avec mes col-
laborateurs pour étudier les termes ce la
déclaration et examiner la situation poli-
tique tant extérieure qu'intérieure. »
M. Poincaré était de retour rue Mar-
beau A 3 h. 10.
Un peu avant 3 h. 30, ses collaborateurs
arrivent au rendez-vous fixé dans l'ordre
suivant : MM. Eynao, Strauss, Mounoury,
Larfont, Peyronnet, Le Trocquer, Barlhou,
Reybel. de Lasteyrie, Ma.ginot, Vidal, Léon
Bérard et Dior. Le premier conseil ce ca-
binet. commence.
LA PRESENTATION DES MINISTRES
Entre G heures et 6 heures 30, les nou-
veaux ministres arrivent à l'Elysée. Le
premier qui fait son apparition est M. Col-
rat, le dernier arrivant est M. Gaston Vi-
dal. Quand le cabinet est au complet, M.
Raymond Poin caré, accompagné de ses
collaborateurs, se rend auprès du prési-
dent de la République et fait les présenta-
tions d'usage.
M. Millerand s'entretient très cordialement
avec tous les membres du gouvernement
qui, à leur sortie de l'Elysée, s'alignent sous
le péristyle, devant les nombreux objectifs
des photographes.
JEUDI, DEVANT LES CHAMBRES
Voici donc le ministère Poincaré oéliniti-
vement constitué et, dès ce matin, contraire-
ment à ce (]lui a été dit plus haut, on pourra.
lire au Journal Officiel les décrets nommant
les ministres et sous-secrétaires d'Etat.
M. Poincaré réunira ses collaborateurs au-
jourd'hui à son domicile, pour tenir un pre-
mier conseil de cabinet, au cours duquel
sera poursuivi l'examen du programme gou-
vernemental
Mardi se tiendra à l'Elysée un conseil
des ministres sous la présidence de M.
Millerand.
Mercredi aura lieu au Ministère des Affai-
res étrangères un nouveau conseil de cabi
neL -
Enfin jeudi, le conseil des Ministres sié-
gera à nouveau pour arrêter définitivement)
U'H termes de la déclaration ministérielle
qui sera lue devant les Chambres l'après.-
midi.
Le cas Albert Sarraut et Paul Laffont
Le groupe radical-socialiste de la Cham-
bre. qui s'était réuni dans la matinée pour
examiner le cas de M. Paul Laffont, sous-
secrétaire d'Etat aux Postes dans le nou-
veau cabinet, a tenu une nouvelle réunion.
dans l'après-midi pour délibérer sur le cas
Albert Sarraut.
Après une discussion, le groupe a estimé
que le ministre des colonies, remplissant à
Washington une mission patriotique, il con-
venait de ne point entraver son action ni
diminuer son autorité par une mesure de
défiance. A son retour à Paris, M. Albert
Sarraut verra ce qu'il a à faire.
En ce qui concerne M. Paul Laffont., ce-
lui-ci a déclaré qu'il avait accepté de faire
partie de la nouvelle combinaison pour pour-
suivre sa politique en faveur des monopoles
d'Etat, à l'heure où certains des services
dont il a la direction font l'objet de projets de
cession à l'industrie privée. Le groupe a
réservé sa décision en ce qui concerne M.
Paul Laffont.
En sortant de la séance, M. Herriot a ré-
sumé aussi la situation : « De minimis non
curat praelor n.
Le classement politique des ministres
Le cabinet comprend quatorze ministères
au lieu de quinze, par suite de la réunion de
la guerre et des pensions sous la même di-
i rection, -- et cinq sous-secrétaires d'Etat au
M. Reibei
lieu de neuf. Enfin
tous les commissa-
riats généraux sont
supprimés'.
Sur les quatorze
ministres, dix sont
députés et quatre sé-
nateurs.
Les dix députés se
répartissent ainsi, au
point de vue dte- La
classification parle-
mentaire :
Quatre sont mem-
bres de la gauche ré-
publicaine démocra-
tique : MM. Barthou.
Maunoury, Maginot
et Léon Bérard ;
Un est membre du groupe radical socia-
liste, M. Sarraut :
Un est membre de l'action réoublicaine et
sociale. M. Reibel ;
Un est membre du groupe des républi-
cains de gauche, M. Le Trocquer :
Trois sont membres du groupe de l'entente
républicaine et démocratique : MM. de Las-
teyrie, Dior et Raiberti.
Des quatre sénateurs, deux, MM. Poincaré
et Chéron, appartiennent au groupe de l'u-
nion républicaine et les deux autres, MM.
Paul Strauss et Peyronnet, au groupe de
la gauche démocratique, qui est le groupe
radical du Sénat.
Les sous-secrétaires d'Etat se classent ain-
si politiquement :
Deux républicains socialistes : MM. JliQ
et Gaston Vidal ;
Un radical socialiste, M. Paul Laffont ;
Un républicain de gauche, M. Laurent Ey-
nac ;
Un membre de la gauche républicaine dé-
mocratique, M. Colrat.
LES REGIONS REPRESENTEES
Toutes les régions de France sont, sauf
le nord, représentées dans le cabinet : l'est,
par MM. Poincaré, Maginot et Reibel ; l'ou-
est, par MM. Maunoury, Chéron, Dior, La
Trocquer et Rio ; le sud et le sud-ouest, par,
MM. Barthou, Léon Bérard, Sarraut et Rai-
berti, Laffont et Eynoc; le centre, par MM.
de Lasteyrie, Peyronnet et Gaston Vidal, et
enfin Paris, par M. Paul Strauss, et la ban-
lieue par M. Colrat.
Les nouveaux ministres
M. MAURICE MAUNOURY
ministre de l'intérieur
M. Maurice Maunoury. né en 1853 a Alexan-
drie. est ancien élève de rEcole polytechnique.
Il a été élu pour la première fois, en 1910, de"
puté d'Eure-et-Loir (2° circonscription de Clmr.
très).
M. Maunoury s'est spécialisé, depuis de lon-
gues années, dans l'étude des questions indus-
trielles, auxquelles il a consacré un traité : Du
nom. commercial (1004), et qui ont été pour lui
l'objet d'importantes plaidoiries, notamment de-
vant Je tribunal civil de la Seine et la couf
d'appel de Paris. Il était président de la com-
mission des finances de la Chambre.
Pendant la guerre, M. Maurice Maunoury, qui
a servi cjmnie chef d'escadron d'artillerie, a eu
les pieds gelés , a la suite de ce grave acci-
dent, il a du subir, il y a quelques mois l'ampu-
tation de la jambe gauche.
M. CHARLES DE LASTEYRIE
ministre des finances
M. Charles de Lasteyrie est né à Faris ea
1877.
Il est licenc ié en droit et ancien élève de l'E-
cole des (.h;irt<>s, où son père était professeur.
Il a lait sa carriôre dans l'inspection des finan-
ces et est professeur à l'Ecole de's sciences po-
litiques.
Elu en lH!) député de la Corrèze, il s'est ins-
crit au groupe de la gauche républicaine démo-
cratique Membre de la commission des finances,
il a été rapporteur général adjoint du budget,
puis rapporteur particulier du budget sur leg
dépenses recouvrables.
M. RAIBERTI
ministre de la marine
M. Raiberti, ne en 1SG2 a Nice, est avocat
Llu député des Alpes-Miritimes en 1890, il a
toujours été réé!u. Inscrit, pendant les législa-
tures précédentes, nu groupe de l'Union répu-
blicaine il l'est, dans la Chambre actuelle, m
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