Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-01-15
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 janvier 1922 15 janvier 1922
Description : 1922/01/15 (N18663). 1922/01/15 (N18663).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
25 Nivôse, An 130. — No 18663 lie numéro : QUINZE CENTIMES Dimanche 15 janvier 1922. — N° 18663
Fondateurs (1869)
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un an Six mois Tre. mol.
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 »
ETRANGER. 49 » 25 » 13 »
à dresser toutes les communications
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RAYMOND LANGE
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TRIBUNE LIBRE
Notre flotte. sur un plat d'argent !
♦
« Comment, disent bien
des Français après la lec-
ture de l'Intransigeant du
vendredi 13 au soir, M.
Briand avait obtenu de
l'Angleterre de larges, de si
larges concessions ; il avait
gain de cause sur toutes
00ts demandes, et il démissionne pour
une question d'atmosphère et de senti-
ment, quand il pouvait ren'dre un inou-
bliable service au pays ? »
A cette question, je répondrai par
cette autre : Avez-vous lu le mémoran-
dum anglais ?
Non, je le crains, car je ne sais qu'un
seul journal qui ait publié in-extenso
ce document de quatre longues colon-
nes : c'est l'Echo de Paris du 13.
Eli bien ! vous trouverez, au bas de
la deuxième colonne, sous ce titre :
« Compensations à l'Angleterre », les
phrases suivantes :
« Le gouvernement de Sa Majesté
estime que la première condition, pour
realiser une véritable entente, est d'évi-
ter une rivalité navale entre les deux
pays.
En ce qui concerne les sous-marins,
il comprend parfaitement que la diver-
gence entre le point de vue français et
,lé point de vue britannique, sur cette
question, puisse être due à l'idée dif-
férente qu'on se fait de l'usage possible
ides sous-marins. L'opinion britannique,
cependant basée sur quatre ans d'expé-
rience de guerre, est que les sous-marins
Ik sont efficaces que contre les navires
marchands et qu'ils sont inutiles autre-
ment, soit comme arme offensive, soit
comme arme défensive. L'opinion bri-
tannique insisterait inévitablement pour
l'adoption d'un grand programme de
construction de navires contre sous-
Inarins, si le programme français, en
ce qui concerne les sous-marins, était
mis à exécution. Le gouvernement de
la Grande-Bretagne ne peut dissimuler
qu'une telle éventualité réagirait très
sérieusement sur les sentiments britan-
niaues envers la France, et réciproque-
ment.
« Le gouvernement de Sa Majesté nro-
posi*. donc. comme condition du traité
et. de l'entente qu'il envisage, que les
Amirautés des deux pays se concertent
au sujet de leurs programmes navals,
afin que toute rivalité dians les construc-
tions puisse être évitée entre elles. »
Vous avez bien lu : la première con-
dition du traité et de l'entente est le
sacrifice de notre flotte sous-marine, je
pourrais même écrire de notre flotte tout
court, puisque, après les avanies que
nous avons encaissées à Washington
la seule arme navale efficace qui nous
reste sont ces misérables 90.000 tonnes
de. sous-marins qu'on consent, de mau-
vaise grâce, à nous tolérer.
Mais 90.000 tonnes de sous-marins,
réparties intelligemment, représentent
une force réelle : cela fait 40 à 50 croi-
seurs sous-marins d'un déplacement de
800 tonnes en surface, analogues à nos
Fulton et au type allemand de 900/1.200
tonnes qui fit une si redoutable besogne
en 1917 ; les 50.000 tonnes qui restent
peuvent être utilisées en garde-côtes et
en mouilleurs de mines, les premiers
de 475 tonnes en surface, du type Ar-
mide. amélioré, ¡dû à notre grand et
cher Laubeuf ; les autres, d'un modèle
d'environ 700 tonnes à déterminer ;
n'oublions pas non plus une petite es-
cadre de monitors submersibles de 1.500
tonnes chacun, dont les pièces à tir
courbe, envoyant des projectiles à for
tes charges explosives, auront des effets
redoutables.
C'est cette flotte de 150 sous-marins
qui empêche l'Angleterre de dormir, car
elle sait bien qu'elle n'a pu vaincre les
sous-marins allemands, qui n'ont ja-
'mais été plus de 150 ou 160 à la fois,
même en avril 1917, que parce que
l'Angleterre avait derrière elle et avec
elle les flottilles militaires et marchan-
des, les canons, les marins, les usines
et les chantiers de réparation du monde
entier !
Voyez, elle laisse bien percer le bout
de l'oreille quand elle nous dit : « L'o-
pinion britannique insisterait inévitable-
ment pour l'adoption d'un grand pro-
gramme de navires contre sous-marins
si le programme français était mis à
exécution. »
Et, pour nous dissuader de construire
des sous-marins, Albion nous jure qu'ils
ne sont bons à rien contre les navires
de guerre, comme si les morts du Ho.
gne, du Cressy, de l'Aboukir, du Formi
dable, du Triumph, du Majestic, du
King Edward-VII, de YAudacious —
j'en passe ! - n'allaient pas se dresser
dans leur tombe marine pour protester
contre un pareil mensonge.
La marine française aussi a fait la
guerre pendant quatre ans. Et si cer-
tains amiraux de l'ancienne école répè
tent encore ce sophisme, sans peut-être
trop y croire eux-mêmes, d'autres ami-
raux, beaucoup de vieux officiers, et
tous les jeunes, savent l'efficacité ter-
rible de l'arme créée par Fulton et mise
au point par une pléiade d'ingénieurs
de génie français — et allemands !
Ces temps derniers, la presse, à l'oc-
casion du Scapa-Flow tenté contre nous
à Washington, a éclairé l'opinion, qui
se désintéressait de la marine. L'oni-
nion comprend vaguement que, sans
marine, nous sommes à la merci de
l'Angleterre, nous devenons sa vassale.
Et l'opinion ne veut pas qu'on sacrifie
la marine française ; elle s'émeut et
commence à gronder sourdement.
La France est-elle donc vaincue, que
l'Angleterre exige sa flotte, comme Car-
thage celle des Romains après la
deuxième guerre punique ?
Les Anglais nous aiment tellement que
voilà la déclaration d'amour qu'ils nous
ont-faite !
M. Briand, qui connaît ses auteurs
et qui, dit-on, ne manque pas d'expé-
rience en amour, a suivi le conseil de
Napoléon r.' : « Contre l'amour, il n'y
a qu'une arme : la fuite ».
Et il l'a prise, plutôt que d'avouer
à la France qu'Albion, nouvelle Dalila,
lui demandait. sa flotte, sur un plat
d'argent.
CATON (d'Armorique).
EDITORIAL
Cuisine ministérielle
Le ministère Poincaré
est fait. Il est même con.
trefait. Car s'il a une tête,
il a trop de « pieds ».
Enfin ! il est encore
heureux qu'il ait poussé
une tête au Blnr. National.
On sera charmé de l'apprendre. Jus-
qu'ici, on ne lui connaissait qu'une
panse ; et mon charmant confrère Emile
Buré a mis infiniment d'ingéniosité à
nous apprendre que les tripes ne le ce
dent pas à la cervelle.
Il arrive qu'une tête peut avoir ae.s
idées. Nous allons connaître enfin la
grande pensée du règne de Ba-tarclan.
Nous aurons deux présidents de la Ré.
publique pour nous l'expliquer. Souhai-
tons qu'il n'en résulte pas deux exégèses
contradictoires.
M. Poincaré aurait tort de vouloit
donner à son cabinet un aspect d'arle-
quin politique. Je sais bien qu'on invo-
que l'union nationale. cette sœur
cadette de l'union sacrée du temps de
fluerre.
Mais l'union nationale permet aux
partis d'opposition d'apporter un con-
cours et un appui au gouvernement,
dans des circonstances déterminées,
sans s'associer aux initiatives du pou-
voir.
C'est ce que notre vaillant ami Dou-
morgue a expliqué avec sa netteté et
son rrand bon sens habituels.
Il faut en revenir tout bonnement d
la logique politique et aux traditions
parlementaires.
Le Bloc National nous a assez rebattu
les oreilles avec sa victoire électorale.
Il détient la majorité à la Chambre, au
Sénat, partout, et même ailleurs. Bien.
Qu'il prenne donc le pouvoir et qu'il
ne tarde lius à nous révéler le génie de
ses conceptions politiques.
Il est fort possible, après tout, que
ce Bloc enfariné de réaction nous dise
quelque chose qui vaillé.
Leur modestie seule a dû empécher
jusqu'ici d'illustres inconnus de donner
toute la mesure de leur talent. En les
sacrant ministres, M. Poincaré leur
offre l'aubaine des Annonciations.
,. Pourquoi M. Reibel ne serait-il pas
un grand homme, et M. Durand un
grand ministre ? M. Jourdain lui-même
doit maintenant faire de la prose en le
sachant
Il ne laut donc désespérer de rien.
Evidemment, l'avenir n'est à person
ne. nous le savons, vuisqu'il est à Dieu.
Mais Dieu n'est-il pas avec nous depuis
que M. Jonnart est â Rome ?
EDMOND DU MESNIL.
On dït,,,
LES POMMES DU UOISIN
Pour une consonne :
Sir Laming Worthington Evans, secré-
taire d'Etat de Sa Majesté Britannique, est
tout ensemble ministre de la Guerre et ex-
pert financier. Comme son nom n'en finit
plus, M. Lloyd George a pris l'habitude de
l'appeler « Laming ».
Certains délégués français et belges, qui
pratiquent l'anglais tel qu'on le parle, pro-
noncent « Laminge ». Mais le Premier bri-
tannique, bien que Ga.llois, prononce, lui,
très correctement « Lémine ». Or, l'autre
jour, au cours d'une âpre discussion au
Conseil suprême, tandis qu'il était question
dit relèvement de la Russie, M, Lloyd Geor
ge déclara
— Il faut faire venir Lémine ce soir mâ
Me.
Il y eut un moment de stupeur.
La plupart des délégués français et bel
ges avaient compris : « Il faut faire venu
Lénine ce soir. »
— Même en avion, déclara M. Jaspar, il
ne pourrait être ici avant deux jours.
(Le Cri deParis.)
•*>
Avant la chute
Quand M. Paul Doumer eut exposé à ses
collègues, la situation, telle qu'elle se pré-
sente à Cannes, il y eut un silence. Ce lut
M. Louis Barthou qui, après avoir bien ré.
tléchi, prit le premier la parole. Il le fit
avec véhémence. Il se plaignit amèrement
de la situation faite à des ministres qui se
ront mis en présence du fait accompli, el
tenus de se présenter devant les Chambres,
solidaires d'actes dont ils ne sont pas res-
ponsables. Il cr-itiqua, les uns après les au-
tres, avec dpreté, les divers projets qui
semblaient devoir sortir de la conférence.
Un certain nombre de ministres Vappwu
vèrent, et parmi ceux-ci M. Bonnevau se fil
remarquer par son ardeur.
M,. Guist'hau, comme on le pense bien, di-
rigea la défense de M. Briand, s'excusant
d'être obligé de prendre la parole pour dé.
fendre le' chef absent. Il fut soutenu vigou-
reusement par la gauche du cabinet. Quand
la séance du Conseil fut levée, le gouverne.
ment était nettement coupé en deux tron-
çons.
Il y avait un homme qui avait cru devoir
ne pas se prononcer. C'est M. Doumer, mais
qui donc ignore qu'il ne fait pas partie du
camp de M. Briand ?
Fauteuil spécial
Il existe, au Sénat, dans la salle des
séances, dernier rang des travées de gau-
che, un fauteuil spécial. Sa forme générale
et sa couleur le feraient confondre avec les
autres s'il n'attirait pas les regards par sa
largeur exceptionnelle.
Approchez-vous et lisez le nom de l'occu-
pant : c'est M. le sénateur Mascuraud, qui.
vu son ampleur, n'a pas pu s'accomnwder
d'un fauteuil aux mêmes dimensions que ses
collègues. Il a fallu en laire élargir un tout
exprès pour lui.
M. Mascuraud en use d'ailleurs fort rare-
ment. Comme il dort presque aussitôt qu'as-
sis. et ronfle avec bruit en dormant, il
s'abstient, le plus souvent, d'assister aux
séances de la Haute-Assemblée.
(Aux Ecoutes.)
Pour copie conforme : Le Tapin.
Le train diplomatique
Le train qui ramenait hier de Cannes à
Paris diplomates et journalistes transpor-
tait également les délégués allemands. Et,
ou wagon-restaurant, un de nos plus spiri-
jtfueîs confrères se trouvait occuper une
table entre; celle de M. Lloyd George et
celle de M. Rathenau.
Le train eut, d'ailleurs, surtout à la fin
du voyage, de vrais caprices de jolie flem-
me Jamais convoi de luxe ne marcha à si
piètre allure.
Comme chacun s'en étonnait, on eut, en-
fin, le mot d© l'énigme. L'ordre était venu,
de Paris, d'arriver avec beaucoup de re-
tard, afin que M. Poincaré eût le temps de
constituer son ministère et de venir saluer
officiellement M. Lloyd George à la gare.
Si bien que, chaque fois que le train sem-
blait reprendre l'allure normale, le Premier
anglais disait aux journalistes français :
« Messieurs, vous avez un nouveau minis-
tère ! » Et chaque fois que le train ralen-
tissait, il murmurait : « Le nouveau cabi-
net est-il déjà renversé ? »
Heureusement pour les voyageurs, com-
me les négociations traînaient à Paris, l'on
"Jugea utile de ne pas attendre la constitu-
tion définitive du cabinet : et on se conten-
ta de six heures de retard.
Une grève des inscrits
pour les débuts du ministère?
Le signal S. O. S. sera-t-il lancé ?
Le signal de oé tresse dénommé S. O. S
et lancé radiotélégraphiquement par les na-
vires en péril fut secret pendant la guerre,
en raison du voisinage possible des sous-
marins ennemis.
Par analogie, ia Fédération des inscrits
maritimes adopta un langage secret per-
mettant de déclencher télégraiphiquement
da Paris une grève ces équipages. Or le
bruit ayant couru que le nouveau cabinet
Poincaré rattacherait la marine marchande
au ministère de la marine , rue Royale,
M. Mattei, représentant le secrétaire ab-
sent de la Fédération des inscrits, vient
d'envoyer aux syndicats le télégramme sui-
vant :
« Sommes menacés rattachement rue
Royale. Préparez débarquement états-ma-
jors et marins commerce toutes spiéciali.
tés. Attendes S. O. S. »
Des renseignements que nous avons re-
cueillis, il résulte que, sur ce point, les fé-
dérations d'officiers, pilotes, etc., qui ont
tout fait pour sortir du ministère de la
marinel, sont d'accord avec les inscrits.
On craint, en effet, dans la marine mar-
chance, qu'un grand noimlbre d'officiers de
marine, aujourd'hui, sans emploi, ne'soient
placés à la tête ces ports et des services
divers : pêches, etc. Or états-majors et
équipages ne veulent plus être sous la do-
mination des officiers de la marine mili-
taire
Attendons-nous à voir lancer le signal
S. O. S. de grève, si le nouveau ministère
net comprend' pas do sous-secrétaire à la
marine marchande.
POLITIQUE ETRANGERE
L'entrevue de M. Lloyd George et de M. Poincaré
«0»
Où nous en sommes des conversations diplomatiques
Au moment où M. Lloyd
George s'arrête à Paris pour
prendre un premier contact
avec le nouveau gouverne.
ment de la France, et pour
tâler aussi le terrain des né-
gociations futures, il importe de voir clair
dans la situation diplomatique dans laquelle
nous nous trouvons.
La Conférence de Cannes s'est termi.
née dans l'imbroglio des valises bouclées,
et des problèmes qui ne l'étaient pas. Où
en sommes-nous des diverses questions
amorcées là-bas ?
1° Avant de se séparer, le Conseil suprê-
me, considérant que la réunion d'une con.
férence internationale de reconstruction éco-
nomique avait été d'un commun accord,
arrêtée, a chargé l'Italie de lancer des invi-
tations pour Gênes. L'adhésion de M.
Briand était acquise. Celle de son sucees.
seur le sera-t-elle ? Pour nos alliés, la ques-
tion est tranchée. Mais l'est-elle pour le nou
veau cabinet ? Il semble que non.
2° Le problême des réparations a fait un
progrès. L'on sait qu'on augmente de 200
millions la somme à payer par l'Allemagne
en 1922 ; mais, par contre, il n'est pas du
tout certain que les échéances du 15 jan.
vier et du 15 février soient respectées. Est-ce
donc que, oui ou non, un moratoriwn ait été
consenti ? Les Alliés — et les Allemands —
disent oui. — M, Louis Dubois, président
de la commission des réparations, a affir-
mé hier à M. Miller and qu'il n'y avait rien
encore de définitif. Alors ?
3° La question du pacte franco-britannique
reste ouverte. Elle a. fait le fond de rentre-
tien qu'a eu hier M. Lloyd George avec
nos nouveaux dirigeants, L'on peut affir-
mer que M. Poincaré est nettement favora-
ble au projet, avec, toutefois, quelques mo-
difications qui consolideront la position da
la France dans toute sa dignité et son auto-
rité. Nous ne saurions accepter un accord
dans lequel notre pays aurait l'air éven.
tuellement soutenu par notre alliée, au
point que nous lui dussions une reconnais-
sance qui nous pourrait amoindrir. Le
pacte envisagé à Cannes a besoin d'être
étudié et par des diplomates et par des mi-
litaires.
De tout cela, il ressort que la situation
reste aussi embrouillée — et même plus —
après Cannes qu'avant. La dernière confé-
rence marquera sans doute la fin de cette
diplomatie de palaces, qui traitait sans mé-
thode et à bâtons rompus les sujets les plus
divers. M. Poincaré a marqué, dès hier, ce
qu'il pensait de ces procédés en disant que
les « conférences ne reprendont, si elles doi-
vent reprendre, qu'après que des entretiens
diplomatiques particuliers auront été échan-
gés ». Cest ceux-là, maintenant, que nous
attendons.
Raymond LANGE.
L ENTREVUE DE M. POINCARE
AVEC M. LLOVD GEORGE
On nous communique la note suivante :
M. Lloyd George a conféré avec M. Ray-
mond Poincaré, à l'ambassade d'Angleterre
entre 16 heures et 17 heures 30.
A 17 heures 45, MM. Theunis, président
du Conseil, et Jaspar, ministre des Affaires
étrangères de Belgique, sont venus conférer
avec M. Lloyd George.
—————— ..M-C8
L'arrivée des délégués
à la Conférence de Cannes
M. Lloyd George, venant de, Cannes,
est arrivé hier après-midi à Paris par train
spécial. M. Briand, qui avait tenu à venir
à la rencontre du premier ministre britan-
nique, était à la gare de Lyon dès 14 h. 40.
Le convoi est. entré en gare à 14 h. 47.
M. Lloyd George était à la porliè,rie! de son
wagon. Il aperçut M. Briand et souriant :
- Comment allez-vous ? Je suis vraiment
enchanté do vous voir, dit-il à M. Briand
en lui serrant longuement les mains.
MM. Jaspar et Theunis, qui se trouvaient
a côté dirent :
— Vous des charmant de vous déranger
pour nous dire bonjour.
Dans. le même train spécial revenaient
les délégations anglaise, belge, japonaise,
ainsi que M. Rathenau et les délégués alle-
mands, qui ont fait le voyage dans leur
wagon spécial accroché en queue du train.
M. Lloyd George est sorti de la gare en
s'entretenant avec M. Briand et lord Har-
dmge. Il a pris place dans une automobile
qui l'a conduit directement à l'ambassade
d'Angleterre, où il doit, à quatre heures,
se rencoutrer avec M. Poincaré, le nouveau
président du conseil. -
L'ACTUALITÉ
Le Ministère Poincaré
est virtuellement constitué
-———————— « ->
MM. Herriot et Tardieu se récusent. — M. Poincaré compte
présenter ce matin le Cabinet à M. Millerand. :
En haut : M. Poincaré faisant ses démarcher
En bas ; les photographes assiègent sa porte
Avec l'inlassable activité d'un (homme qui
veut mener à bien la tâche entreprise, M.
Poincaré a recommencé ses démarches dès
hier matin. Les mouvements divers- qui la
veille s'étaient manifestés se sont quelque
peu modifiés, et tsnt du côté des groupes
irue du côté eu futur président du Conseil
des pas nouveaux ont lété faits. C'est ainsi
flue le groupe radical et radical-socialiste
a paru revenir quelque peu sur sa déci-
sion de ne point collaborer, et que M. Tar-
dieu a été pressenti par M. Poincaré.
La matinée de M. Poincaré
Si les journalistes sont gens nés mallins,
M. Poincaré ne l'est pas moins qu'eux.
Et tandis qu'avertis par le président, ils
ne bougeaient point hier matin d-el la petite
porte cérobée désormais- fameuse, le pré-
sident 8!UI coin du feu atténuait des visites
au lieu d'en faire.
Et c'est ainsi qu'à 9 heures trois quarts,
M. Maurice Maunoury, suivi à un quart
d'heure de distance par M. Maginot, arri-
vaient rue Marbeau. Puis. encore un quart
d'heure après, M. de Lasteyrie surgissait.
Un conseil ce cabinet se tiendrait-il déjà,
se demandait-on, étonnés et réjouis. Hélas !
non. Car l'arrivée de M. William Martin,
ancien directeur du protocole, remit les
choses au point et fit voir aux journalistes
impatients, qu'anticipeir et réaliser sont
deux choses différentes.
LES PREMIERES ACCEPTATIONS
Il était onze heures et quart quano MM.
Maunoury. et de Lasteyrie, nouveaux con-
joints du cabinet Poincaré, sortaient ue
cheiz le président. A l'inévitable question
u Que se passe-t-il ? », M. de Lasteyrie con-
firme l'offre faite à lui et à M. Maunoury
des portefeuilles déjà indiqués. Ouf ! déiu
deux acceptations.
L'n quart d'heure: après, M. Maginot ac-
complit à son tour une sortie embarrassée.
On se rue sur lui. Il confirme également
l'offre de M. Poincaré oe le maintenir dans
le nouveau ministère, mais n'ajoute rien.
A peine M. Maginot disparaissait-il que
M. Maurisson. secrétaire de la 'Chambre
arrivait. M. Poincaré l'avait fait mander.
M. TARDIEU APPELE PAR M. POINCARE
A 11 h. 40, d'un modeste taxi, descendait
M. Tardieu, appelé par M. Poincaré. En sor-
tant de chez le futur président du Conseil,
M. Tardieu déclare que l'offre d'un porte-
feuille, celui des Régions libérées, lui avait
été fait. Il avait ajourné la réponse à la
fin de la journée. D'ici là, il ne dirait rien,
rien, rien.
Déclarations de M. Poincaré
Ardemment sollicité, M. Poincaré a con-
senti tout de même à nous faire quelques
déclarations :
uJe me suis assuré le concours de M.
Maunoury pour l'Intérieur. Je sais très bien
que l'accueil qui lui sera réservé par le
Parlement témoignera d'une parfaite unani-
mité.
J'avais pressenti M. Doumergue mais,
l'ancien président du Comité préfère rester
en dehors de toute combinaison et m'aider
de l'extérieur. Egalement en ce qui concerne
M. Viviani qui préfère conserver son poste à
la Société. des Nations.
Enfin, j'ai fait appel au concours de M.
Tardieu pour les Régions libérées. Il ard-
serve sà réponse jusqu'à ce soir.
Que vous dirais-je encore. Je voudrais
conserver M. Barthou et lui attribuer la vi-
ce-présidence du Conseil avec la justice, et
faire appel à M. Maginot.
Je ne pense pas pouvoir donner la liste
définitive de mes collaborateurs dès ce soir,
car fai, il 4 heures, une longue entrevue
avec M. Lloyd George.
-.- ♦
L'APRÈS- MIDI
M, POINCARE REÇOIT DES VISITES
Après cette lourde matinée, et à peinla
reposé par un déjeuner hâtivement expé-
dié, M. Pcàncaré reçoit M. Herriot. C'est
Ir, visage hermétique et la bouche close que
le député de Lyon passe devant les jour-
nalistes anxieux.
Y-ers 14 h. 15 surgit M. Borthou, syivi, à
quelques secondes près, par M. Maginot. Si
le ministre de la guerre, ancien journaliste,
se dérobe aux fusinades de ses. confrères,
M Maginot, lui, n'y échappe pas. A l'iné-
vitable question : « Acceptez-vous un por-
tefeuille ? », le ministre des pensions ré-
pond par une préoccupation esthétique : M.
Chéron lui a « barboté » son melon, et il à
sur la tête celui de M. Ché-on. manifeste-
ment trop petit. Est-ce un symbole ?
Une demi-heure après, arrivent MM.
Maunoury et de Lasteyrie ensemble. Est-ce
là le symptôme d'une collaboration ?
Comme l'attente est longue aux journalis-
tes Qui ont envie de savoir et qui n'arrivent
à rien connaître ! Enfin, quelque chose. Il
est 3 H. -45. MM. Maginot, Barthou7 Mau-
noury et de Lasteyrie sortent de compa-
gnie. M Barthou. accroché, avoue -à la
normande', quoi. qu'il aurait accepté l9
portefeuille de la justice et la vice-prési-
dence. Mais a-t-il accepté ?
Au même instant. un vrombissement."
C'est M. Poincaré qui part rencontrer M.
Lloyd George à l'ambassade d'Angleterre'.
On escompte son retotur pour 5 h. 30, heure
à laquelle il a donné rendez-vous à M. Hen-
ry de Jouvenel.
Une fin de journée décisive
A peine de retour de sa conférenee avoo
M Lloyd George, M. Poincaré, à a..:h. 30,
entrait en conférence avec M. Henry d<*
Jouvenel.
Comme- celui-ci sortait. MM Barthou,
Maunoury et de Lasteyrie arrivaienf.
M. de Jouvenel, interviewé, a déclaré; à
g3, sortie de la rue Marbeau, que l'offre de
M. Poincaré avait été pour lui très flatteu-r
se, mais qu'il ne pouvait que la décliner.
Un ministère aussi important que celui-ci
ne devait comporter que des hommes d'au-
torité. Et, avec beaucoup die modestie et
d'élégance, M. de Jouvepel a dit en souriant
qu'il n'avait pas encore assae d'autorité
parlementaire. - -:.,
A sa. sortie, M. Maunoury fit quelques
confidences aussi importantes que définiti-
ves. 'après lui, M. Maginot aurait accepté
fcîs départements, de la guerre et des pen-
sions conjugués. Cette combinaison écono-
mise un portefeuille..
Et. ce qui est vraiment le gros morceau,
M. Barthou aurait accepté le ministère de
la justice avec la vice-présidence du Con-
fieil, mais avec l'adjonction des services
d'Alsace-Lorraine. La manière dont ces ser-
vices seraient rattachés restant à détermi-
ner.
M. Le Trocquer conserverait les travaux
publiés, et M. Léon Bôrard l'instruction pu-
bJtqttet.
Ces déclarations précieuses terminées on'
voyait revenir M. Henrv de Jouvenel tvec
M. Alexandre Bérard, qu'il avait été cher-
cher. M Poincaré ayant l'intention d'attri-
buer à M. Alexandre Bérard le département
du travail. -
LA PROBABLE COMBINAISON
Aux dernières nouvelles, le futur-minis-
tère serait le suivant :
Présidence et MM.
Affaires étrangères. Raymond Poincaré
Justice et Alsace-Lorr. Barthou
Instruction publique.. "Bérard.
Guerre et Pension. Maginot •
M.arinc. Raiberti
Colonies. Albert Sarraut
Régions libérées. ?
Travaux publics Le Trocquer
Finances., de Lasteyrie
Agriculture. P. Viala
Intérieur. Maurice Maunoury
TravaiL. Alexandre Bérard ?
Commerce. Isaac
Dans cette sélection, peuvent être consi-
dérés comme ministres certains : MM. Bar-
.tthou, Maginot, Maunoury, de Lasifeyrie,
Haiberti,. parmi ceux que nous avons nom- -
més. Les auttes ministères sont sGUleroeu,
Fondateurs (1869)
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un an Six mois Tre. mol.
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 »
ETRANGER. 49 » 25 » 13 »
à dresser toutes les communications
au directeur.
Rédacteur en chef a
RAYMOND LANGE
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TRIBUNE LIBRE
Notre flotte. sur un plat d'argent !
♦
« Comment, disent bien
des Français après la lec-
ture de l'Intransigeant du
vendredi 13 au soir, M.
Briand avait obtenu de
l'Angleterre de larges, de si
larges concessions ; il avait
gain de cause sur toutes
00ts demandes, et il démissionne pour
une question d'atmosphère et de senti-
ment, quand il pouvait ren'dre un inou-
bliable service au pays ? »
A cette question, je répondrai par
cette autre : Avez-vous lu le mémoran-
dum anglais ?
Non, je le crains, car je ne sais qu'un
seul journal qui ait publié in-extenso
ce document de quatre longues colon-
nes : c'est l'Echo de Paris du 13.
Eli bien ! vous trouverez, au bas de
la deuxième colonne, sous ce titre :
« Compensations à l'Angleterre », les
phrases suivantes :
« Le gouvernement de Sa Majesté
estime que la première condition, pour
realiser une véritable entente, est d'évi-
ter une rivalité navale entre les deux
pays.
En ce qui concerne les sous-marins,
il comprend parfaitement que la diver-
gence entre le point de vue français et
,lé point de vue britannique, sur cette
question, puisse être due à l'idée dif-
férente qu'on se fait de l'usage possible
ides sous-marins. L'opinion britannique,
cependant basée sur quatre ans d'expé-
rience de guerre, est que les sous-marins
Ik sont efficaces que contre les navires
marchands et qu'ils sont inutiles autre-
ment, soit comme arme offensive, soit
comme arme défensive. L'opinion bri-
tannique insisterait inévitablement pour
l'adoption d'un grand programme de
construction de navires contre sous-
Inarins, si le programme français, en
ce qui concerne les sous-marins, était
mis à exécution. Le gouvernement de
la Grande-Bretagne ne peut dissimuler
qu'une telle éventualité réagirait très
sérieusement sur les sentiments britan-
niaues envers la France, et réciproque-
ment.
« Le gouvernement de Sa Majesté nro-
posi*. donc. comme condition du traité
et. de l'entente qu'il envisage, que les
Amirautés des deux pays se concertent
au sujet de leurs programmes navals,
afin que toute rivalité dians les construc-
tions puisse être évitée entre elles. »
Vous avez bien lu : la première con-
dition du traité et de l'entente est le
sacrifice de notre flotte sous-marine, je
pourrais même écrire de notre flotte tout
court, puisque, après les avanies que
nous avons encaissées à Washington
la seule arme navale efficace qui nous
reste sont ces misérables 90.000 tonnes
de. sous-marins qu'on consent, de mau-
vaise grâce, à nous tolérer.
Mais 90.000 tonnes de sous-marins,
réparties intelligemment, représentent
une force réelle : cela fait 40 à 50 croi-
seurs sous-marins d'un déplacement de
800 tonnes en surface, analogues à nos
Fulton et au type allemand de 900/1.200
tonnes qui fit une si redoutable besogne
en 1917 ; les 50.000 tonnes qui restent
peuvent être utilisées en garde-côtes et
en mouilleurs de mines, les premiers
de 475 tonnes en surface, du type Ar-
mide. amélioré, ¡dû à notre grand et
cher Laubeuf ; les autres, d'un modèle
d'environ 700 tonnes à déterminer ;
n'oublions pas non plus une petite es-
cadre de monitors submersibles de 1.500
tonnes chacun, dont les pièces à tir
courbe, envoyant des projectiles à for
tes charges explosives, auront des effets
redoutables.
C'est cette flotte de 150 sous-marins
qui empêche l'Angleterre de dormir, car
elle sait bien qu'elle n'a pu vaincre les
sous-marins allemands, qui n'ont ja-
'mais été plus de 150 ou 160 à la fois,
même en avril 1917, que parce que
l'Angleterre avait derrière elle et avec
elle les flottilles militaires et marchan-
des, les canons, les marins, les usines
et les chantiers de réparation du monde
entier !
Voyez, elle laisse bien percer le bout
de l'oreille quand elle nous dit : « L'o-
pinion britannique insisterait inévitable-
ment pour l'adoption d'un grand pro-
gramme de navires contre sous-marins
si le programme français était mis à
exécution. »
Et, pour nous dissuader de construire
des sous-marins, Albion nous jure qu'ils
ne sont bons à rien contre les navires
de guerre, comme si les morts du Ho.
gne, du Cressy, de l'Aboukir, du Formi
dable, du Triumph, du Majestic, du
King Edward-VII, de YAudacious —
j'en passe ! - n'allaient pas se dresser
dans leur tombe marine pour protester
contre un pareil mensonge.
La marine française aussi a fait la
guerre pendant quatre ans. Et si cer-
tains amiraux de l'ancienne école répè
tent encore ce sophisme, sans peut-être
trop y croire eux-mêmes, d'autres ami-
raux, beaucoup de vieux officiers, et
tous les jeunes, savent l'efficacité ter-
rible de l'arme créée par Fulton et mise
au point par une pléiade d'ingénieurs
de génie français — et allemands !
Ces temps derniers, la presse, à l'oc-
casion du Scapa-Flow tenté contre nous
à Washington, a éclairé l'opinion, qui
se désintéressait de la marine. L'oni-
nion comprend vaguement que, sans
marine, nous sommes à la merci de
l'Angleterre, nous devenons sa vassale.
Et l'opinion ne veut pas qu'on sacrifie
la marine française ; elle s'émeut et
commence à gronder sourdement.
La France est-elle donc vaincue, que
l'Angleterre exige sa flotte, comme Car-
thage celle des Romains après la
deuxième guerre punique ?
Les Anglais nous aiment tellement que
voilà la déclaration d'amour qu'ils nous
ont-faite !
M. Briand, qui connaît ses auteurs
et qui, dit-on, ne manque pas d'expé-
rience en amour, a suivi le conseil de
Napoléon r.' : « Contre l'amour, il n'y
a qu'une arme : la fuite ».
Et il l'a prise, plutôt que d'avouer
à la France qu'Albion, nouvelle Dalila,
lui demandait. sa flotte, sur un plat
d'argent.
CATON (d'Armorique).
EDITORIAL
Cuisine ministérielle
Le ministère Poincaré
est fait. Il est même con.
trefait. Car s'il a une tête,
il a trop de « pieds ».
Enfin ! il est encore
heureux qu'il ait poussé
une tête au Blnr. National.
On sera charmé de l'apprendre. Jus-
qu'ici, on ne lui connaissait qu'une
panse ; et mon charmant confrère Emile
Buré a mis infiniment d'ingéniosité à
nous apprendre que les tripes ne le ce
dent pas à la cervelle.
Il arrive qu'une tête peut avoir ae.s
idées. Nous allons connaître enfin la
grande pensée du règne de Ba-tarclan.
Nous aurons deux présidents de la Ré.
publique pour nous l'expliquer. Souhai-
tons qu'il n'en résulte pas deux exégèses
contradictoires.
M. Poincaré aurait tort de vouloit
donner à son cabinet un aspect d'arle-
quin politique. Je sais bien qu'on invo-
que l'union nationale. cette sœur
cadette de l'union sacrée du temps de
fluerre.
Mais l'union nationale permet aux
partis d'opposition d'apporter un con-
cours et un appui au gouvernement,
dans des circonstances déterminées,
sans s'associer aux initiatives du pou-
voir.
C'est ce que notre vaillant ami Dou-
morgue a expliqué avec sa netteté et
son rrand bon sens habituels.
Il faut en revenir tout bonnement d
la logique politique et aux traditions
parlementaires.
Le Bloc National nous a assez rebattu
les oreilles avec sa victoire électorale.
Il détient la majorité à la Chambre, au
Sénat, partout, et même ailleurs. Bien.
Qu'il prenne donc le pouvoir et qu'il
ne tarde lius à nous révéler le génie de
ses conceptions politiques.
Il est fort possible, après tout, que
ce Bloc enfariné de réaction nous dise
quelque chose qui vaillé.
Leur modestie seule a dû empécher
jusqu'ici d'illustres inconnus de donner
toute la mesure de leur talent. En les
sacrant ministres, M. Poincaré leur
offre l'aubaine des Annonciations.
,. Pourquoi M. Reibel ne serait-il pas
un grand homme, et M. Durand un
grand ministre ? M. Jourdain lui-même
doit maintenant faire de la prose en le
sachant
Il ne laut donc désespérer de rien.
Evidemment, l'avenir n'est à person
ne. nous le savons, vuisqu'il est à Dieu.
Mais Dieu n'est-il pas avec nous depuis
que M. Jonnart est â Rome ?
EDMOND DU MESNIL.
On dït,,,
LES POMMES DU UOISIN
Pour une consonne :
Sir Laming Worthington Evans, secré-
taire d'Etat de Sa Majesté Britannique, est
tout ensemble ministre de la Guerre et ex-
pert financier. Comme son nom n'en finit
plus, M. Lloyd George a pris l'habitude de
l'appeler « Laming ».
Certains délégués français et belges, qui
pratiquent l'anglais tel qu'on le parle, pro-
noncent « Laminge ». Mais le Premier bri-
tannique, bien que Ga.llois, prononce, lui,
très correctement « Lémine ». Or, l'autre
jour, au cours d'une âpre discussion au
Conseil suprême, tandis qu'il était question
dit relèvement de la Russie, M, Lloyd Geor
ge déclara
— Il faut faire venir Lémine ce soir mâ
Me.
Il y eut un moment de stupeur.
La plupart des délégués français et bel
ges avaient compris : « Il faut faire venu
Lénine ce soir. »
— Même en avion, déclara M. Jaspar, il
ne pourrait être ici avant deux jours.
(Le Cri deParis.)
•*>
Avant la chute
Quand M. Paul Doumer eut exposé à ses
collègues, la situation, telle qu'elle se pré-
sente à Cannes, il y eut un silence. Ce lut
M. Louis Barthou qui, après avoir bien ré.
tléchi, prit le premier la parole. Il le fit
avec véhémence. Il se plaignit amèrement
de la situation faite à des ministres qui se
ront mis en présence du fait accompli, el
tenus de se présenter devant les Chambres,
solidaires d'actes dont ils ne sont pas res-
ponsables. Il cr-itiqua, les uns après les au-
tres, avec dpreté, les divers projets qui
semblaient devoir sortir de la conférence.
Un certain nombre de ministres Vappwu
vèrent, et parmi ceux-ci M. Bonnevau se fil
remarquer par son ardeur.
M,. Guist'hau, comme on le pense bien, di-
rigea la défense de M. Briand, s'excusant
d'être obligé de prendre la parole pour dé.
fendre le' chef absent. Il fut soutenu vigou-
reusement par la gauche du cabinet. Quand
la séance du Conseil fut levée, le gouverne.
ment était nettement coupé en deux tron-
çons.
Il y avait un homme qui avait cru devoir
ne pas se prononcer. C'est M. Doumer, mais
qui donc ignore qu'il ne fait pas partie du
camp de M. Briand ?
Fauteuil spécial
Il existe, au Sénat, dans la salle des
séances, dernier rang des travées de gau-
che, un fauteuil spécial. Sa forme générale
et sa couleur le feraient confondre avec les
autres s'il n'attirait pas les regards par sa
largeur exceptionnelle.
Approchez-vous et lisez le nom de l'occu-
pant : c'est M. le sénateur Mascuraud, qui.
vu son ampleur, n'a pas pu s'accomnwder
d'un fauteuil aux mêmes dimensions que ses
collègues. Il a fallu en laire élargir un tout
exprès pour lui.
M. Mascuraud en use d'ailleurs fort rare-
ment. Comme il dort presque aussitôt qu'as-
sis. et ronfle avec bruit en dormant, il
s'abstient, le plus souvent, d'assister aux
séances de la Haute-Assemblée.
(Aux Ecoutes.)
Pour copie conforme : Le Tapin.
Le train diplomatique
Le train qui ramenait hier de Cannes à
Paris diplomates et journalistes transpor-
tait également les délégués allemands. Et,
ou wagon-restaurant, un de nos plus spiri-
jtfueîs confrères se trouvait occuper une
table entre; celle de M. Lloyd George et
celle de M. Rathenau.
Le train eut, d'ailleurs, surtout à la fin
du voyage, de vrais caprices de jolie flem-
me Jamais convoi de luxe ne marcha à si
piètre allure.
Comme chacun s'en étonnait, on eut, en-
fin, le mot d© l'énigme. L'ordre était venu,
de Paris, d'arriver avec beaucoup de re-
tard, afin que M. Poincaré eût le temps de
constituer son ministère et de venir saluer
officiellement M. Lloyd George à la gare.
Si bien que, chaque fois que le train sem-
blait reprendre l'allure normale, le Premier
anglais disait aux journalistes français :
« Messieurs, vous avez un nouveau minis-
tère ! » Et chaque fois que le train ralen-
tissait, il murmurait : « Le nouveau cabi-
net est-il déjà renversé ? »
Heureusement pour les voyageurs, com-
me les négociations traînaient à Paris, l'on
"Jugea utile de ne pas attendre la constitu-
tion définitive du cabinet : et on se conten-
ta de six heures de retard.
Une grève des inscrits
pour les débuts du ministère?
Le signal S. O. S. sera-t-il lancé ?
Le signal de oé tresse dénommé S. O. S
et lancé radiotélégraphiquement par les na-
vires en péril fut secret pendant la guerre,
en raison du voisinage possible des sous-
marins ennemis.
Par analogie, ia Fédération des inscrits
maritimes adopta un langage secret per-
mettant de déclencher télégraiphiquement
da Paris une grève ces équipages. Or le
bruit ayant couru que le nouveau cabinet
Poincaré rattacherait la marine marchande
au ministère de la marine , rue Royale,
M. Mattei, représentant le secrétaire ab-
sent de la Fédération des inscrits, vient
d'envoyer aux syndicats le télégramme sui-
vant :
« Sommes menacés rattachement rue
Royale. Préparez débarquement états-ma-
jors et marins commerce toutes spiéciali.
tés. Attendes S. O. S. »
Des renseignements que nous avons re-
cueillis, il résulte que, sur ce point, les fé-
dérations d'officiers, pilotes, etc., qui ont
tout fait pour sortir du ministère de la
marinel, sont d'accord avec les inscrits.
On craint, en effet, dans la marine mar-
chance, qu'un grand noimlbre d'officiers de
marine, aujourd'hui, sans emploi, ne'soient
placés à la tête ces ports et des services
divers : pêches, etc. Or états-majors et
équipages ne veulent plus être sous la do-
mination des officiers de la marine mili-
taire
Attendons-nous à voir lancer le signal
S. O. S. de grève, si le nouveau ministère
net comprend' pas do sous-secrétaire à la
marine marchande.
POLITIQUE ETRANGERE
L'entrevue de M. Lloyd George et de M. Poincaré
«0»
Où nous en sommes des conversations diplomatiques
Au moment où M. Lloyd
George s'arrête à Paris pour
prendre un premier contact
avec le nouveau gouverne.
ment de la France, et pour
tâler aussi le terrain des né-
gociations futures, il importe de voir clair
dans la situation diplomatique dans laquelle
nous nous trouvons.
La Conférence de Cannes s'est termi.
née dans l'imbroglio des valises bouclées,
et des problèmes qui ne l'étaient pas. Où
en sommes-nous des diverses questions
amorcées là-bas ?
1° Avant de se séparer, le Conseil suprê-
me, considérant que la réunion d'une con.
férence internationale de reconstruction éco-
nomique avait été d'un commun accord,
arrêtée, a chargé l'Italie de lancer des invi-
tations pour Gênes. L'adhésion de M.
Briand était acquise. Celle de son sucees.
seur le sera-t-elle ? Pour nos alliés, la ques-
tion est tranchée. Mais l'est-elle pour le nou
veau cabinet ? Il semble que non.
2° Le problême des réparations a fait un
progrès. L'on sait qu'on augmente de 200
millions la somme à payer par l'Allemagne
en 1922 ; mais, par contre, il n'est pas du
tout certain que les échéances du 15 jan.
vier et du 15 février soient respectées. Est-ce
donc que, oui ou non, un moratoriwn ait été
consenti ? Les Alliés — et les Allemands —
disent oui. — M, Louis Dubois, président
de la commission des réparations, a affir-
mé hier à M. Miller and qu'il n'y avait rien
encore de définitif. Alors ?
3° La question du pacte franco-britannique
reste ouverte. Elle a. fait le fond de rentre-
tien qu'a eu hier M. Lloyd George avec
nos nouveaux dirigeants, L'on peut affir-
mer que M. Poincaré est nettement favora-
ble au projet, avec, toutefois, quelques mo-
difications qui consolideront la position da
la France dans toute sa dignité et son auto-
rité. Nous ne saurions accepter un accord
dans lequel notre pays aurait l'air éven.
tuellement soutenu par notre alliée, au
point que nous lui dussions une reconnais-
sance qui nous pourrait amoindrir. Le
pacte envisagé à Cannes a besoin d'être
étudié et par des diplomates et par des mi-
litaires.
De tout cela, il ressort que la situation
reste aussi embrouillée — et même plus —
après Cannes qu'avant. La dernière confé-
rence marquera sans doute la fin de cette
diplomatie de palaces, qui traitait sans mé-
thode et à bâtons rompus les sujets les plus
divers. M. Poincaré a marqué, dès hier, ce
qu'il pensait de ces procédés en disant que
les « conférences ne reprendont, si elles doi-
vent reprendre, qu'après que des entretiens
diplomatiques particuliers auront été échan-
gés ». Cest ceux-là, maintenant, que nous
attendons.
Raymond LANGE.
L ENTREVUE DE M. POINCARE
AVEC M. LLOVD GEORGE
On nous communique la note suivante :
M. Lloyd George a conféré avec M. Ray-
mond Poincaré, à l'ambassade d'Angleterre
entre 16 heures et 17 heures 30.
A 17 heures 45, MM. Theunis, président
du Conseil, et Jaspar, ministre des Affaires
étrangères de Belgique, sont venus conférer
avec M. Lloyd George.
—————— ..M-C8
L'arrivée des délégués
à la Conférence de Cannes
M. Lloyd George, venant de, Cannes,
est arrivé hier après-midi à Paris par train
spécial. M. Briand, qui avait tenu à venir
à la rencontre du premier ministre britan-
nique, était à la gare de Lyon dès 14 h. 40.
Le convoi est. entré en gare à 14 h. 47.
M. Lloyd George était à la porliè,rie! de son
wagon. Il aperçut M. Briand et souriant :
- Comment allez-vous ? Je suis vraiment
enchanté do vous voir, dit-il à M. Briand
en lui serrant longuement les mains.
MM. Jaspar et Theunis, qui se trouvaient
a côté dirent :
— Vous des charmant de vous déranger
pour nous dire bonjour.
Dans. le même train spécial revenaient
les délégations anglaise, belge, japonaise,
ainsi que M. Rathenau et les délégués alle-
mands, qui ont fait le voyage dans leur
wagon spécial accroché en queue du train.
M. Lloyd George est sorti de la gare en
s'entretenant avec M. Briand et lord Har-
dmge. Il a pris place dans une automobile
qui l'a conduit directement à l'ambassade
d'Angleterre, où il doit, à quatre heures,
se rencoutrer avec M. Poincaré, le nouveau
président du conseil. -
L'ACTUALITÉ
Le Ministère Poincaré
est virtuellement constitué
-———————— « ->
MM. Herriot et Tardieu se récusent. — M. Poincaré compte
présenter ce matin le Cabinet à M. Millerand. :
En haut : M. Poincaré faisant ses démarcher
En bas ; les photographes assiègent sa porte
Avec l'inlassable activité d'un (homme qui
veut mener à bien la tâche entreprise, M.
Poincaré a recommencé ses démarches dès
hier matin. Les mouvements divers- qui la
veille s'étaient manifestés se sont quelque
peu modifiés, et tsnt du côté des groupes
irue du côté eu futur président du Conseil
des pas nouveaux ont lété faits. C'est ainsi
flue le groupe radical et radical-socialiste
a paru revenir quelque peu sur sa déci-
sion de ne point collaborer, et que M. Tar-
dieu a été pressenti par M. Poincaré.
La matinée de M. Poincaré
Si les journalistes sont gens nés mallins,
M. Poincaré ne l'est pas moins qu'eux.
Et tandis qu'avertis par le président, ils
ne bougeaient point hier matin d-el la petite
porte cérobée désormais- fameuse, le pré-
sident 8!UI coin du feu atténuait des visites
au lieu d'en faire.
Et c'est ainsi qu'à 9 heures trois quarts,
M. Maurice Maunoury, suivi à un quart
d'heure de distance par M. Maginot, arri-
vaient rue Marbeau. Puis. encore un quart
d'heure après, M. de Lasteyrie surgissait.
Un conseil ce cabinet se tiendrait-il déjà,
se demandait-on, étonnés et réjouis. Hélas !
non. Car l'arrivée de M. William Martin,
ancien directeur du protocole, remit les
choses au point et fit voir aux journalistes
impatients, qu'anticipeir et réaliser sont
deux choses différentes.
LES PREMIERES ACCEPTATIONS
Il était onze heures et quart quano MM.
Maunoury. et de Lasteyrie, nouveaux con-
joints du cabinet Poincaré, sortaient ue
cheiz le président. A l'inévitable question
u Que se passe-t-il ? », M. de Lasteyrie con-
firme l'offre faite à lui et à M. Maunoury
des portefeuilles déjà indiqués. Ouf ! déiu
deux acceptations.
L'n quart d'heure: après, M. Maginot ac-
complit à son tour une sortie embarrassée.
On se rue sur lui. Il confirme également
l'offre de M. Poincaré oe le maintenir dans
le nouveau ministère, mais n'ajoute rien.
A peine M. Maginot disparaissait-il que
M. Maurisson. secrétaire de la 'Chambre
arrivait. M. Poincaré l'avait fait mander.
M. TARDIEU APPELE PAR M. POINCARE
A 11 h. 40, d'un modeste taxi, descendait
M. Tardieu, appelé par M. Poincaré. En sor-
tant de chez le futur président du Conseil,
M. Tardieu déclare que l'offre d'un porte-
feuille, celui des Régions libérées, lui avait
été fait. Il avait ajourné la réponse à la
fin de la journée. D'ici là, il ne dirait rien,
rien, rien.
Déclarations de M. Poincaré
Ardemment sollicité, M. Poincaré a con-
senti tout de même à nous faire quelques
déclarations :
uJe me suis assuré le concours de M.
Maunoury pour l'Intérieur. Je sais très bien
que l'accueil qui lui sera réservé par le
Parlement témoignera d'une parfaite unani-
mité.
J'avais pressenti M. Doumergue mais,
l'ancien président du Comité préfère rester
en dehors de toute combinaison et m'aider
de l'extérieur. Egalement en ce qui concerne
M. Viviani qui préfère conserver son poste à
la Société. des Nations.
Enfin, j'ai fait appel au concours de M.
Tardieu pour les Régions libérées. Il ard-
serve sà réponse jusqu'à ce soir.
Que vous dirais-je encore. Je voudrais
conserver M. Barthou et lui attribuer la vi-
ce-présidence du Conseil avec la justice, et
faire appel à M. Maginot.
Je ne pense pas pouvoir donner la liste
définitive de mes collaborateurs dès ce soir,
car fai, il 4 heures, une longue entrevue
avec M. Lloyd George.
-.- ♦
L'APRÈS- MIDI
M, POINCARE REÇOIT DES VISITES
Après cette lourde matinée, et à peinla
reposé par un déjeuner hâtivement expé-
dié, M. Pcàncaré reçoit M. Herriot. C'est
Ir, visage hermétique et la bouche close que
le député de Lyon passe devant les jour-
nalistes anxieux.
Y-ers 14 h. 15 surgit M. Borthou, syivi, à
quelques secondes près, par M. Maginot. Si
le ministre de la guerre, ancien journaliste,
se dérobe aux fusinades de ses. confrères,
M Maginot, lui, n'y échappe pas. A l'iné-
vitable question : « Acceptez-vous un por-
tefeuille ? », le ministre des pensions ré-
pond par une préoccupation esthétique : M.
Chéron lui a « barboté » son melon, et il à
sur la tête celui de M. Ché-on. manifeste-
ment trop petit. Est-ce un symbole ?
Une demi-heure après, arrivent MM.
Maunoury et de Lasteyrie ensemble. Est-ce
là le symptôme d'une collaboration ?
Comme l'attente est longue aux journalis-
tes Qui ont envie de savoir et qui n'arrivent
à rien connaître ! Enfin, quelque chose. Il
est 3 H. -45. MM. Maginot, Barthou7 Mau-
noury et de Lasteyrie sortent de compa-
gnie. M Barthou. accroché, avoue -à la
normande', quoi. qu'il aurait accepté l9
portefeuille de la justice et la vice-prési-
dence. Mais a-t-il accepté ?
Au même instant. un vrombissement."
C'est M. Poincaré qui part rencontrer M.
Lloyd George à l'ambassade d'Angleterre'.
On escompte son retotur pour 5 h. 30, heure
à laquelle il a donné rendez-vous à M. Hen-
ry de Jouvenel.
Une fin de journée décisive
A peine de retour de sa conférenee avoo
M Lloyd George, M. Poincaré, à a..:h. 30,
entrait en conférence avec M. Henry d<*
Jouvenel.
Comme- celui-ci sortait. MM Barthou,
Maunoury et de Lasteyrie arrivaienf.
M. de Jouvenel, interviewé, a déclaré; à
g3, sortie de la rue Marbeau, que l'offre de
M. Poincaré avait été pour lui très flatteu-r
se, mais qu'il ne pouvait que la décliner.
Un ministère aussi important que celui-ci
ne devait comporter que des hommes d'au-
torité. Et, avec beaucoup die modestie et
d'élégance, M. de Jouvepel a dit en souriant
qu'il n'avait pas encore assae d'autorité
parlementaire. - -:.,
A sa. sortie, M. Maunoury fit quelques
confidences aussi importantes que définiti-
ves. 'après lui, M. Maginot aurait accepté
fcîs départements, de la guerre et des pen-
sions conjugués. Cette combinaison écono-
mise un portefeuille..
Et. ce qui est vraiment le gros morceau,
M. Barthou aurait accepté le ministère de
la justice avec la vice-présidence du Con-
fieil, mais avec l'adjonction des services
d'Alsace-Lorraine. La manière dont ces ser-
vices seraient rattachés restant à détermi-
ner.
M. Le Trocquer conserverait les travaux
publiés, et M. Léon Bôrard l'instruction pu-
bJtqttet.
Ces déclarations précieuses terminées on'
voyait revenir M. Henrv de Jouvenel tvec
M. Alexandre Bérard, qu'il avait été cher-
cher. M Poincaré ayant l'intention d'attri-
buer à M. Alexandre Bérard le département
du travail. -
LA PROBABLE COMBINAISON
Aux dernières nouvelles, le futur-minis-
tère serait le suivant :
Présidence et MM.
Affaires étrangères. Raymond Poincaré
Justice et Alsace-Lorr. Barthou
Instruction publique.. "Bérard.
Guerre et Pension. Maginot •
M.arinc. Raiberti
Colonies. Albert Sarraut
Régions libérées. ?
Travaux publics Le Trocquer
Finances., de Lasteyrie
Agriculture. P. Viala
Intérieur. Maurice Maunoury
TravaiL. Alexandre Bérard ?
Commerce. Isaac
Dans cette sélection, peuvent être consi-
dérés comme ministres certains : MM. Bar-
.tthou, Maginot, Maunoury, de Lasifeyrie,
Haiberti,. parmi ceux que nous avons nom- -
més. Les auttes ministères sont sGUleroeu,
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