Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-01-14
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 janvier 1922 14 janvier 1922
Description : 1922/01/14 (N18662). 1922/01/14 (N18662).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
2T4 NIvôse. An 130. — N" 18662
ue numéro : QUINZE CENTIMES
Samedi 14 janvier 1922. — N° 18662
Fondateurs (1869/ g
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un aa Six mois Trc:.moll
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 »
ETRANGER. 49 » 25 » 13 »
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j TRIBUNE LIBRE
L'armée de demain
Dans mon article de sa
medi dernier (1), j'ai es-
sayé, en vue de la prochai-
ne discussion des lois
militaires à la Chambre, de
mettre nos législateurs en
garde contre le projet du
gouvernement sur l'organi-
sation générale de l'armée. J ai exposé
qu'à mon avis ce projet était basé sur
une conception désuète de la mobilisa-
tion, celle-ci risquant de devenir irréa"
lisable en raison du développement et
des perfectionnements de l'aviation.
J'aurais pu ajouter que cette armée
de demain, telle que la propose le gou-
vernement, conserverait, à peu de chose
près, l'ossature du passé, la structura
de l'armée 'de 1832, chère à la caste
militaire. Ce serait une nouvelle édition,
revue et corrigée, de l'armée de métier
depuis longtemps condamnée par les
esprits sérieux et indépendants, au lieu
d'être la véritable nation armée, l'armée
nationale plus forte et plus adéquate à
nos besoins actuels.
Le rapporteur du budget de la guerre,
M. Calary de Lamazière, qui ne saurait
être suspecte d'émettre des idées révo-
lutionnaires, ne vient-il. pas, dans son
rapport, d'écrire lui-même : « Cette ar
niée demeure avec un statut périmé que
l'on doit amender par des mesures em
piriques pleines 'd'aléas. Elle souffre de
rester trop longtemps sous l'empiro
d'un régime condamné qui subsiste en
core par la lenteur apportée à élaborer
le régime nouveau. »
Régime nouveau, c'est-à-dire nation
armée ! C'est ce que je ne cesse de
èelamer.
Et le même M. Calary de Lamazière
écrit un peu plus loin : « Tout l'appareil
des abus et des erreurs subsiste. cercle
vicieux plein de périls, d'où l'on ne peut
sortir qu'en faisant des sacrifices,
.ces sacrifices que la raison commande
et que le pays attend. »
Ainsi, voilà tout ce que nous offre le
nouveau projet gouvernemental : « un
appareil d'abus et d'erreurs r » Et cela
pour préserver la caste de la rue de
Madrid ; et cela pour trouver le moyen
d'avoir des postes et des emplois qui
justifient l'existence d'un nombre abusif
de cadres très-supérieurs ; et cela, peut-
être aussi, sous l'influence de l'esprit de
routine, ou plutôt par paresse de faire
l'effort nécessaire pour réagir et, pour
s'adapter aux conditions nouvelles de
la guerre moderne.
Je ne parlerai que pour mémoire de
la conception de l'ex-ministre de la
guerre, M. André Lefèvre, qui a jugé
devoir préconiser l'existence de deux
généraux de corps d'armée du cadre
actif, au lieu d'un seul par région de
corps d'armée, sous le prétexte qu'il est
utile de séparer nettement le commande-
ment des troupes du commandement
territorial.
Qu'il me permette de lui objecter que,
pendant la guerre, les corps d'armée ont
rarement conservé leur autonomie : sui-
vant les circonstances, les mouvements
étaient le plus souvent prescrits Dar
division, c'est-à-dire par véritable gran-
de unité tactique ; lorsqu'on devait uti-
liser plusieurs divisions, en vue d'une
opération quelconque, l'on groupait
ensemble celles qui se trouvaient le plus
rapprochées et on les plaçait se us le
commandement momentané d'un chef
qui était spécialement choisi pour l'opé-
ration et qui n'était pas forcément un
général de corps d'armée, Quant au
commandement territorial, il a été exer-
cé. pendant la guerre, par des officiers
généraux du cadre de réserve, et je ne
sache pas que ceux-ci aient donné lieu
à des plaintes ou même à de simples
critiques.
Ce que je voudrais suggérer à nos lé-
gislateurs, c'est ceci :
Avec l'armée de 1832, toujours exis-
tante par son ossature et quelles qu'en
aient été les petites modifications suc-
cessives imposées par les événements,
les résultats sont : faiblesse des effec-
tifs, donc nécessité d'un service actif
plus long ; impôt du sang plus lourd ;
dépenses du budget exagérées ; armée
de force insuffisante pour la défense
nationale.
Avec la nation armée, la vraie, celle
qui répond à la conception de Jaurès :
toute la nation instruite est pifête à
prendre les armes si la patrie est en
danger ; service réduit au temps néces-
saire à l'instruction militaire complète ;
effectifs plus nombreux des grandes et
des petites unités ; mobilisation mieux
assurée ; budget moins lourd ; armée
d'une force incontestablement plus
grande.
Le choix entre ces deux armées ne me
(1) Voir numéro du « Rappel » du 7 jan-
vier logg.
paraît pas douteux, si Von n'a en vue
que la défense nationale.
Leur choix étant fait, MM. les dépu-
tés n'auraient qu'à exiger l'adoption
des principes généraux qui suivent,
après quoi l'E. M. du ministère bâtirait
sa charte militaire en la basant sur ces
quatre principes : * - « t
1° Instruction militaire obligatoire
pour tous les citoyens pendant six mois
(trois mois d'école de recrues, trois mois
de perfectionnement dans des camps-
frontières) j
2° Le territoire français, réparti en
régions militaires, selon ses ressources,
ses agglomérations industrielles et agri-
coles ; chaque région formant x divi-
sions, toutes constituées sur le pied 'de
guerre et munies de toutes les spécialités
comme 'de tout le matériel nécessaires à
leur fonctionnement : recrutement ré-
gional ; ,
3° Dans chaque division, les hommes
du contingent seraient de la même clas-
se de recrutement, ce qui permettrait de
disposer, suivant les besoins, d'un
nombre de divisions à fixer par le Par-
lement, en se bornant à maintenir au
delà de six mois d'instruction ou à rap-
peler sous les drapeaux une, deux ou
plusieurs classes, en commençant par
les plus jeunes ;
40, Chaque année, dans la loi de finan-
ces, le Parlement fixerait l'effectif néces-
saire à entretenir suivant les nécessités
de la politique extérieure.
Général GERARD
Ancien commandant d'armée
EDITORIAL
Il est né, le divin enfant !
M. Poincaré rentre à
l'Elyséepar la grâce de
M. Millerand. comme l'ac-
commodeur en chef des
faïences et porcelaines.
Tant de gens ont mis les
pieds dans les plats 'que
la création de ce haut emploi est deve-
nue nécessaire..
M. Poincaré de se mettre aussitôt en
quête de collaborateurs. Obsédé, sans
doute, par la formule d'Auguste Comte :
« Le gouvernement des morts », il a fait
appel aux radicaux pour entrer dans
sa petite arche de Noë.
Il lut un temps, en effet, où les radi-
caux mordaient au maroquin, comme
grenouilles au drap rouge. On trouvait
toujours un radical pour être ministre
contre le radicalisme. Je ne jurerais pas,
d'ailleurs, qu'il soit impossible. aujour-
d'hui, de rencontrer encore un de: ces
radicaillons d'épithète, disposé à ra-
masser avec les dents un bout de porte-
feuille jusque dans la mélasse élyséenne.
Mais, enfin, on assure que les chefs,
les grands Sachems n'auraient pas flan-
ché. Ils auraient été réservés, distants,
nobles" rliqncs. Et pour une bonne rai-
son, que d'aucuns semblent oublier:
c'est qu'ils sont morts.
C'est, comme j'ai l'honneur de vous le
dire. Dans le varti radical-socialiste.
nous sommes tous morts ; et vous vous
souvenez combien de fois nous avons été
bel et bien enterrés par les journaux et
les groupes amis de M. Poincaré.
Même nous avons été re-tués et re-
ensevelis plusieurs fois. Donc, nous
« requiescarnons » in pace. Dès lors.
inutile et indécent, n'est-cè pas, de ve-
nir jeuer un petit air, de flageolet sur
notre fosse commune ? Quand on est
mort, vous le savez, c'est pour long-
temps ; et quand on est Bloc National,
ce n'est pas pour toujours.
M. Poincaré a été bien gentil, bien
poli, bien honnêtede se pencher sur
notre nécropole. Mais on ne forme pas
un ministère viable au Père-Lachaise.
Mieux vaut s'adresser au Panthéon.
Parlez-moi des grands hommes : voici
la sympathique M. Maginot. Il nous faut
dans ce grand ministère de rudes lurons,
bien vivants ; des jeunes, comme M. de
Selves ; des nouveaux, comme M. Mar-
iai ; des costauds, comme M. Raiberti,
sans oublier M. le comte de Lastey rie
de la Corrèze, qu'on finirait par, accw
ser d'être Vauteur des lettres anonymes
de Tulle.
C'est ainsi que se forme un grand
ministère bleu horizon, tricolore, natio-
nal, et même bloc national, sur l'air du
sire de Framboisy et de Ba-ta-clan.
Sonnez cors ! chantez musettes 1
Il est né le divin enfant
EDMOND DU MESNIL.
On dit.
En Passant
La leçon
On se souvient avec quel enthousiasme ri-
dicule Paris suivit les phases du match
Dempsey-Carpentier. Projections, avions, fu-
sées ; le ciel, pendant une heure, appartint à
« Georges » et ce furent des larmes qui ac-
cueillirent l'annonce de sa défaite. Les jour-
naux n'hésitèrent pas à consacrer des pages
entières à la triste aventure, après nous
avoir, durant des jours et des jours, entre-
tenus sur ses moindres faits et gestes.
Lorsque M. Briand partit à son tour pour
l'Amérique, afin de discuter des problèmes
mondiaux, de chercher une solution à tant de
questions grandes et troublantes, c'est d'un
œil très calme — voire même, indifférent —
que ce public frémissant d'espoir la veille du
combat de Georges, suivit le représentant de
la France à la Conférence de Washington.
On eût pu croire alors que subitement, la
vieille France généreuse, vibrante, claivoyan-
te était morte et qu'une jeune France spor-
tive, positive, déséquilibrée et incompréhen-
sible était née.
Or, M. Briand vient de donner au pays la,
secousse nécessaire.
Par la dignité de sa démission, - comme
dit si justement Alfred Capus « il est des-
cendu de la tribune, il n'en est pas tombé »,
— M. Briand donne à ce geste la valeur
d'une leçon.
La France comprendra-t-elle la gravité de
l'heure ?.
Espérons-le. Le même jour, Carpentier
rencontrait.,. Cook. Cette nouvelle se conten-
tait de quinze lignes dans la rubrique
« sports ».
L'événement politique était cette fois à sa
vraie place, débordant d'une page sur l'autre
et commenté avec le sérieux qui convient.
Faut-il voir là un signe heureux ?
Si oui. M. Briand. en renonçant à « servir »
comme Président du Conseil, alors qu'il en-
levait sa majorité en se jouant, éclaire et
précise tout le sens de ce mot, sans lequel on
ne peut rien faire de beau ni de bien : La
confiance.
Ch. RABETT.
r «.
Aujourd'hui *
Statistique
Il parait que l'année. 1921 a battu le re-
cord de. l'élourderic.
La Préfecture de police n'a jamais vu un
aussi grand nombre d'objets pcrdus.
Les parapluies, spécialement, ont été
abandonnés en quantité.
Le niétro en a fourni 4.800 ; les autobus
el tramways 11.700. Il n'y a eu que 5.080
propriétaires qui aient réclamé leur bien.
Sans doute parce que les autres parta-
geaient Cavîs de cet homme spirituel qui af-
firmait que (! tout nU,Tlme doit en naissant
un parapluie à son pays ».
4-
Le Nouvel Evangile
Les Mormons se préparent à évangéliser
VAngleterre, la France, l'Allemagne et la
Hollande. Leur Evangile leur permet et
même les oblige à avoir plusieurs fem-
mes. aussi se demande-t-on dant quel
but les Mormons viennent chez nous.
Est-ce pour propager leurs idées sur le
mariage ?
Si oui, l'accueil masculin sera des plus
sympathique, mais qu'ils se méfient des
femmes françaises. elles aiment l'égalité.
LI: TAPIN.
Le réseau de l'Etat
sera-t-il affermé ?
La commission chargée d'étudier la ré-
fonnie administrative et financière du ré-
8eu'w de l'Etat s'est réunie hier matin, au
ministère des travaux publics, sous la pré-
sidence de M. Colson, président de section
au Conseil d'Etat.
Ou sait qu'au cours de la précédente;
séance, les membres de la commission
avaient adopté, par 28 voix contre 10, les
conclusions au rapport de M. Maurice Du-
treil. député, préconisant le principe de
l'affermage du réseau à orne société in-
dustrielle.
A l'ouverture elle* la séance, la commis-
siun a été saisie d'une proposition, faite
officiellement au ministre ces travaux pu-
blics par la Compagnie d'Orléans, et ten-
dant à affermer la partie du réseau du
l'Elut située au suc. de la ligne Paris-
Brest, cette ligne étant comprise, de fa-
çon à supprimer tout enchevetrement de
lignes entre les réseaux de l'Etat et de
l'Orléans.
La Commission, estimant que la propo-
sition eu réseau d'Orléans soulevait à la
lois la question cm réseau d'Etat et celie
des modalités de l'affermage des lignes
pour lesquelles le réseau d'Orléans l'ait
des (propositions, a décidé de renvoyer ia
ccmande ou réseau d'Orléans à ses deux
KO u s- conun i ss i o n s corn p é ten l e s p i'èsidOes
respectivement par M. Boivin-Charnpeaux
et Jeanneney, sénateurs. Elle a estimé,
par contre, que cette question ne devait
pas suspendre la continuation de sa déli-
bération en ce qui concerne le (projet géné-
ral d'uffermagc du réseau d'Etat et elle a
décidé ce poursuivre immédiatement ses
travaux. -
Après une discussion des plus serrées,
l'artide du projet de M. Dutre.il détermi-
nant la oompvosifllloin du conseil d'adnii-
nistration. a été approuvé. La commission
a, en outre, demandé à son rapporteur de
préparer un texte déterminant les règles
suivant lesquelles seront désignas des
agents faisant partie du conseil d'adminis-
tration du réseau.
M. Sarraut reste à Washington
'* * M-
j On mande de Washington :
M. Sarraut restera jusqu'à la fin de la
Conférence chef de la délégation française.
Il en a été prié par M. Briand avec le con.
sentement de M. Millerand.
Les instructions que M. Sarraut a re-
çues à cet effet de M. Briand rappellent
en termes des plus chaleureux sa collabo-
ration au ministère qui vœnt de quitter les
affaires, et félicitent M. Sarraut de ia façon
rfiont il a représenté la France à Washing-
ton.
M. Millerand s'associe aux déclarations
de M. Briand.
L'Agence Router dit qiA) plusieurs
membres de la délégation britannique à
Washington s'embarqueront aujourd'hui à
New-York à destination de. l'Angleterre,
mais M. Balfour et lord Lee ayant constaté
que leur présence continue à être néces-
saire, ont décidé d'ajourner leur départ,
dont la date est maintenant incertaine.
Il n'y a eu, hier, aucune séance de la
commission ni de conversation entre tes
chefs drçs 'déJl'égaH('ns. Plusieurs déléga-
tions attendent des instructions ; en outre,
chacune des cinq délégations examine une
nouvelle rédaction de l'accord naval.
LA CONFÉRENCE DE CANNES
Le moratorium accordé à l'Allemagne
Avant de se dissoudre, le Conseil Suprême maintient la convocation
des Allemands et des Russes à Gênes
Le conseil suprême a tenu hier séance de
11 heures à 13 heures.
M. Lloyd George a donné connaissance
du télégramme qu:e lui avait adressé M.
Briand pour l'aviser de sa démission. Au
nom du conseil suprême, M. Lloyd Geor-
ge a été chargé par le conseil suprême
n'adresser à Al. Briand un télégramme
pour lui exprimer les regrets causés pat
sa démission et par l'interruption des né-
gociations.
J e conseil a examine ensuite la situation
créée par le départ de la délégation fran-
flJSe. Il a été décidé que les décisions pour
lesquelles l'accord complet avait été réa.
lise deviendraient opérantes. Il en est ainsi
notamment pour la conférence de Gènes.
M. Bono.mi a été chargé de lancer les invi-
tatio,ns. 1
-\u contraire, pour les décisions qui n a.
vaient pas un caractère définitif, il y aura
li-eu de les reconsidérer.
La commission des réparations a été en-
suite introduite. M. Louis Dubois a donné
lecture de la décision prise le matin par
la commission des réparations, accordant
un moratorium à l'Allemagne. La déléga-
tion allemande a été introduite à son tour
et lecture et notification lui ont été faites de
cette décision. 1
M. Rathenau en a pris acte au nom du
I-îeich, ajoutant qu'il n'y avait pas selon
lui carence de l'Allemagne, parce que des
négociations étaient engagées relativement
aux .versements qtÊetllei doit effectuer le
15 janvier. Il a pris ncle également de" l'in-
vitation faite à l'Allemagne à participer'à
la conférence de Gênés. '-."
Toutes les délégation ont quitté Cannes
hier.
M. Lloyd George est parti à 17 heures
par train spécial. Il s'arrêtera à Paris où il
espère avoir un entretien avec le nouveau
président du Conseil française.
LA DECISION DE LA COMMISSION
DES REPARATIONS
Voici la décision d,e là commission des
réparations qui a été notifiée ce matin à
la délégation allemande :
La Commission des réparations décide
d'accorder au Gouvernement allemand un
délai provisoire pour les paiements des
échéances du 15 janvier et du 15 février
1922, pour autant que ces échéances ne
soient pas couvertes par des paiements en
espèces déjà faits ou à faire et par des li-
vraisons en nature ou le produit de reeo
very acts, reçus ou à recevoir au..c dates
fixées ci-dessus sous réserve des conditions
ci-après :
a) Pendant la période de délai provi.
soirc, le Gouvernement allemand devra
payer en devises étrangères approuvées lu
somme de 31 millions de marks-or tous les
10 jours, le premier paiement devant être
effectué le 18 janvier 1922.
b) Le Gouvernement allemand devra,
dans les quinze jours, soumettre à la com.
missiôn un projet de réformes ou de ga-
ranties appropriées, pour son budget el
sa circulation fiduciaire, ainsi qu'un pro-
gramme complet de paiements en espèces
et de livraisons en nature pour l'année
1922.
c) La période de délai provisoire pren-
dra fin aussitôt que la commission ou les
Gouvernements alliés auront pris une dé-
cision sur le projet et le programme indi-
qués au b), sauf ce qui pourra être prévu
autrement duns cette décision. La diffé-
rence entre le montant effectif payé pen-
dant la période de délai provisoire et les
sommes dues pendant la même période en
vertu de l'état des paiements, deviendra exi-
gible et payable dans les-15 jours à partir
de la date 'de la décision de la Commission
des réparations ou des Gouvernements al-
liés suivant le cas.
, Quand le projet et le programme dont. il
est question ci-dessus auront été reçus par
ht, commission des réparations, ils seront
transmis immédiatement par lacommts-
sion aux gouvernements alliés qui seront
ainsi dans la situation ou bien, de traiter
la question eux-mômes ou bien de la ren-
voyier à la eoinmissiioai des réparations
pour être résolue par cclle-ci.
L'ACTUALITÉ
M. Poincaré accepte la mission
de former le ministère
Les consultations politiques. — Les démarches des groupes
parlementaires. » La chasse aux portefeuilles.
Tout laissait à prévoir hier que la jour-
née de démarches de M. Poincaré serait
fertile, sinon féconde. A la vérité, l'ancien
président de la République a fait preuve,
dans toutes ses allées ieil venues, d'une
juvénilité que des esprits mal intentionnés
auraient pu prendre pour de l'enthousias-
me.
Quoi qu'il en soit, le seul résultat que
Dous puissions enregistrer est l'acceptation
officielle de M. Poincaré de former le nou-
veau cabinet. Le reste s'est passé, comme
nous le disons plus haut, en démarches, les
unes accomplies pat le président de la Ré-
publique auprès de différentes personna-
lités) politiques, les autres "par différents
groupes parlementaires auprès du chef de
gouvernement éventuel. Et jamais la
chasse aux portefeuilles ne fut aussi âpre 1
Les élus du Bloc National ont inaluguré une
nouvelle méthodia qui manque vraiment de
dignité,..
La matinée de M. Poincaré
Levé à l'aurore, M. Poincaré abandonnait
son logis à 7 heures, sortait de chez lui par
une porte dérobée pour éviter les nombreux
journalistes qui le guettaient, et se rendait
à Auteuil, chez M. Landry, puis chez M.
de Lasteyrie.
A 8 h. 35, il était de retour à son Iiôtéi,
y prenait vraisemblablement un petit..de-
M. Raymond Poincaré
jcunôr réconfortant et pré-min'istériel, et
&e faisait ensuite conduire chez M. Léon
Bourgeois, président du Sénat.
Leur entrevue dura une heure environ.
11 est permis de croire que tous les pro-
blèmes de la politique, tant intérieure qu'ex-
térieure, furent envisagés. La place impor-
tante que tient M. Léon Bourgeois à la
Société des Nations conférait à cet entre-
tien un caractère particulier de gravité.
lJas davantage il n'est douteux que la pro-
portion d-es sénateurs à introduire, dans la
futur cabinet fut étudiée.
Il était 10 heures quand M. Poincaré,
quittant le Sénat, se rendit à la Chambra
pour conférer avec M. Raoul Péret. Aussi
vraisemblablement que précédemment, il
est logique de supposer que les problèmes
de la politique ef te: pourcentage des dé-
putés firent les frais de l'entretien.
A 11 h. 30, M. Poincaré, prolongeant en-
Vers les journalistes un silence discret qui
tes remplissait d'amertume, regagnait la
rue Marbeau.
n VERS UNE COMBINAISON,
MAIS LAQUELLE ?
Malgré ce silence, tenace, des 'listes cir-
culaient un peu partout. D'aucuns faisaient
déjà et défaisaient ce cabinet au sujet du-
quel M. Poincaré n'avait rien voulu dire.
Entre autres listes, une, notamment, était
l'objet, de chuchotements. privilégiés. C'est
la suivante :
Présidence et MM.
Affaires étrangères. Raymond Poincaré
Justice. de Selves, Raiberti
Instruction publique.. Bérard, Fr. Albert
GMcyre. Maginot
Marine Landry ou Leygues
Colonies. Albert Sarraut
Régions libéréés. Loucheur
Travaux publics. Le Trocquer
Finao,ces. de Lasteyrie
Agriculture. Jean Durand
Intérieur. : ., Maurice Maunoury
TravaiL. Jourdain
Commerce. Marsal
Il n'est pas douleur que M. Poincaré
à qui ont prête l'intention, de constituer
le un cabinet d'uni un nationale décidé à dé-
fendre À la fois les coudilioins GC lu paix et
les croits de la France » n'ait songé ù
faire appel à certains représentants ou
parti radical el radical-socialistel, tels que
MM. Herriat, Doumergue, François Albert.
Mais, aux dernières nouvelles de la ma-
tinée, cette collaboration ne pouvait plus
être envisagée, et le compte rendu d'une
séance ou groupe Tacticlll elt radical-socia-
liste parut le confirmer.
Les groupes parlementaires
Hier matin, pendant que M. Poincaré
poursuivait ses visites, le groupe radical
et radical-socialiste tenait une première
réunion.
Après s'êtna mis en rapport avec M. Gas-
ton Doumergue, sénateur, les membres jpié-
eents ont décidé à l'unanimité que le Blue
national devait prendre la responsabilité
d'un ministère homogène et que, dans ces
conditions, le parti radical-socialiste ne
pouvait prêter aucun ce ses membres à
ia constitution du nouveau cabinet, sans
que cette mesune1 puisse être considérée
comma un acte d'hostilité préconçue.
Le grooiipe décide de tenir dans l'après-
midi une. nouvelle réunion à laquelle fu-
rent convoqués Les sénateurs membres du
parti.
'D'autre part, le comité directeur du grou-
pe &e l'entente républicaine démocratique
se réunit également pour examiner la si-
tuation. politique.
Il fut décidé que MM. Ara go, Cliassai-
gne-Goyon et Isaac, membres du comité
directeur, demanderaient à s'entretenir
avec M. Poincaré ; l'ancien président de la
République consentit à accordier dans Je
courant de l'après-midi d'hier, l'entretien
qui lui était cemandé.
Le groupe des Républicains de gauche,
de son côté. après examen de la situa-
tion. décidait de nommer une délégation qui
se rendirait auprès de M. Poincaré pur lui
demander de réduire au minimum le- nom-
bre des membres de son cabinet. Furent
désignés pour cette mission ; MM: bu-
riac, Thoumyre et Géo-Gérald.
L'intergroupe républicain décidait, quant
à lui, de nommer une délégation qui se
rendrait, elle aussit auprès de M. Poinca-
ré pour l'entretenir ce la situation politi-
que. On en césigna les membres qui fu-
rent : MM. Bureau. Gaston Deschamps.
Paul Bignon, de Tinguy du Pouet, Joseph
Patut'eRUMraiUd, Soulier, Maillard, Ma-
rot, Louis Puech et Félix LiouviJle. ;
L'APRÈS-MIDI
,
M. POINCARE REÇOIT
Revenons au petit hôtel de la rue Mar-
beau où M. Poincaré a déjeuné en famille.
Successivement, à partir de 1 h. 3Q» xLve-
çoit les délégués de l'Entente républicaine
démocratique et ceux des républicains de
gauche. MM. Arago. Chassaigne-GOyon et
Isaac ont, avec l'ancien Président de la Ré-
publique, uu entretien qui se prolonge jus-
qu'à 2 h. 15. Ils se retirent ensuite par la
Villa Dupont qui donne sur les jardins par-
ticuliers de l'hôtel de M. Poincaré.
Ceci pour dépister les journalistes. Mais
ces derniers ont éventé le piège et MM.
Arago, Isaac et Chassaignc-Goyon sont as-
saillis à, leur sortie et interrogés comme
il convient. , , 1
Aux questions qui leur sont posées, ils
répondent par ces mots
— Nous avons causé assez longuement
avec M. Poincaré, et nous avons échangé
des idées ctordre tout à fait général, sans
nous occuper de question particulière.
A 2 h. 45, M. Poincaré quitte la rue Mar-
beau dans son automobile, semant loin der-
rière lui ceux qui voulaient le suivre.
Nous le retrouverons tout-à-l'heure, en-
trant à l'Elysée.
LES RADICAUX SE REUNISSENT
Dans l'intervalle, les groupes parlemen-
taires de la Chambre se réunissent à nou-
veau.
Les radicaux-socialistes qui avaient, le
matin, décidé de ne point accepter de por-
tefeuilles dans une combinaison à laquelle
présiderait M. Poincaré, sont groupés dans
une salle du Palais-Bourbon et tiennent une
réunion où sont présents les membres de la
gauche démocratique du Sénat et quelques
délégués du parti.
Après un long échange de vues ils vo-
tent, sur la proposition de MM. Herriat,
Cels, Klotz, Gheusi, Boussenot, Israël, An
dré Fribourg, Ferdinand Buisson, etc. la
motion suivante :
Le parti radiçal et radical-socialiste,
ayant examiné la situation creée pour le
pays par l'interruption de la Conférence de
Cannes, déclare que partisan de toutes les
mesures propres à rétablir une paix réelle,
il favorisera toutes les réunions pouvant
avoir pour résultat d'améliorer la situation
économique de l'Europe, sous réserve qu,
ces réunions seront dirigées en vue de sa-
tisfaire à l'intérêt des peuples et non aux
exigences de lafinance internationale el
sous condition que, les droits des Français
ayant prêté à la Russie seront reconnus'
Mais affirmant à nouveau que dans cette
œuvre nécessaire à la reconstruction de
l'Europe, ia France apparaît comme loi
principale victime et la principale créan-
cière ; ■ '-,
Le parti radical et radical-socialiste, parti
national, se refuse à laisser lier au problè-
me de la reconstruction de l'Europe, le rè-
glement, selon les traités et accords signés
de part et d'autre, de nos réparations :
Il est décidé à ne pas permettre que la
France, attaquée et ravagée, après avoir
avancé Si) milliards, soit amenée à consen-
tir de nouveaux sacrifices et- à courir les
plus grands risques financiers. pour ména-
ger l'Allemagne dont les classes riches
elles-mêmes n'ont encore laii aucun effort.
LES AUTRES GROUPES ;
Le Bloc National délibère de son cote.
Les délégués Arago Chassaigne-Goyon et
Isaac rendent compte da leur mission. Ils
déclarent que l'Entente a reçu satisfaction
de la part dé M. Poincaré qui ne choisira
pas son ministre de l'intérieur parmi les
radicaux-socialistes. Le portefeuille- de ce
département sera probablement eû
M. Maurice Maunoury, député d'Eure-et-
Loir, président de la Commission du bud-
get de la Chambre. -
Au groupe des républicains dia gauche, on
est également satisfait. Les délégués ap-
prennent à leurs, collègues que M. Poincaré
partage leur avis sur la limitation du nom-
ue numéro : QUINZE CENTIMES
Samedi 14 janvier 1922. — N° 18662
Fondateurs (1869/ g
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un aa Six mois Trc:.moll
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 »
ETRANGER. 49 » 25 » 13 »
Adresser toutes les communications
au directeur. -
lll
Rédacteu,. chef »
RAYMOND LANGE
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EMattloi et administration : Nord 24-90, 24-91 - AnreslQ i. il soir : Gutenberg 00-70
j TRIBUNE LIBRE
L'armée de demain
Dans mon article de sa
medi dernier (1), j'ai es-
sayé, en vue de la prochai-
ne discussion des lois
militaires à la Chambre, de
mettre nos législateurs en
garde contre le projet du
gouvernement sur l'organi-
sation générale de l'armée. J ai exposé
qu'à mon avis ce projet était basé sur
une conception désuète de la mobilisa-
tion, celle-ci risquant de devenir irréa"
lisable en raison du développement et
des perfectionnements de l'aviation.
J'aurais pu ajouter que cette armée
de demain, telle que la propose le gou-
vernement, conserverait, à peu de chose
près, l'ossature du passé, la structura
de l'armée 'de 1832, chère à la caste
militaire. Ce serait une nouvelle édition,
revue et corrigée, de l'armée de métier
depuis longtemps condamnée par les
esprits sérieux et indépendants, au lieu
d'être la véritable nation armée, l'armée
nationale plus forte et plus adéquate à
nos besoins actuels.
Le rapporteur du budget de la guerre,
M. Calary de Lamazière, qui ne saurait
être suspecte d'émettre des idées révo-
lutionnaires, ne vient-il. pas, dans son
rapport, d'écrire lui-même : « Cette ar
niée demeure avec un statut périmé que
l'on doit amender par des mesures em
piriques pleines 'd'aléas. Elle souffre de
rester trop longtemps sous l'empiro
d'un régime condamné qui subsiste en
core par la lenteur apportée à élaborer
le régime nouveau. »
Régime nouveau, c'est-à-dire nation
armée ! C'est ce que je ne cesse de
èelamer.
Et le même M. Calary de Lamazière
écrit un peu plus loin : « Tout l'appareil
des abus et des erreurs subsiste. cercle
vicieux plein de périls, d'où l'on ne peut
sortir qu'en faisant des sacrifices,
.ces sacrifices que la raison commande
et que le pays attend. »
Ainsi, voilà tout ce que nous offre le
nouveau projet gouvernemental : « un
appareil d'abus et d'erreurs r » Et cela
pour préserver la caste de la rue de
Madrid ; et cela pour trouver le moyen
d'avoir des postes et des emplois qui
justifient l'existence d'un nombre abusif
de cadres très-supérieurs ; et cela, peut-
être aussi, sous l'influence de l'esprit de
routine, ou plutôt par paresse de faire
l'effort nécessaire pour réagir et, pour
s'adapter aux conditions nouvelles de
la guerre moderne.
Je ne parlerai que pour mémoire de
la conception de l'ex-ministre de la
guerre, M. André Lefèvre, qui a jugé
devoir préconiser l'existence de deux
généraux de corps d'armée du cadre
actif, au lieu d'un seul par région de
corps d'armée, sous le prétexte qu'il est
utile de séparer nettement le commande-
ment des troupes du commandement
territorial.
Qu'il me permette de lui objecter que,
pendant la guerre, les corps d'armée ont
rarement conservé leur autonomie : sui-
vant les circonstances, les mouvements
étaient le plus souvent prescrits Dar
division, c'est-à-dire par véritable gran-
de unité tactique ; lorsqu'on devait uti-
liser plusieurs divisions, en vue d'une
opération quelconque, l'on groupait
ensemble celles qui se trouvaient le plus
rapprochées et on les plaçait se us le
commandement momentané d'un chef
qui était spécialement choisi pour l'opé-
ration et qui n'était pas forcément un
général de corps d'armée, Quant au
commandement territorial, il a été exer-
cé. pendant la guerre, par des officiers
généraux du cadre de réserve, et je ne
sache pas que ceux-ci aient donné lieu
à des plaintes ou même à de simples
critiques.
Ce que je voudrais suggérer à nos lé-
gislateurs, c'est ceci :
Avec l'armée de 1832, toujours exis-
tante par son ossature et quelles qu'en
aient été les petites modifications suc-
cessives imposées par les événements,
les résultats sont : faiblesse des effec-
tifs, donc nécessité d'un service actif
plus long ; impôt du sang plus lourd ;
dépenses du budget exagérées ; armée
de force insuffisante pour la défense
nationale.
Avec la nation armée, la vraie, celle
qui répond à la conception de Jaurès :
toute la nation instruite est pifête à
prendre les armes si la patrie est en
danger ; service réduit au temps néces-
saire à l'instruction militaire complète ;
effectifs plus nombreux des grandes et
des petites unités ; mobilisation mieux
assurée ; budget moins lourd ; armée
d'une force incontestablement plus
grande.
Le choix entre ces deux armées ne me
(1) Voir numéro du « Rappel » du 7 jan-
vier logg.
paraît pas douteux, si Von n'a en vue
que la défense nationale.
Leur choix étant fait, MM. les dépu-
tés n'auraient qu'à exiger l'adoption
des principes généraux qui suivent,
après quoi l'E. M. du ministère bâtirait
sa charte militaire en la basant sur ces
quatre principes : * - « t
1° Instruction militaire obligatoire
pour tous les citoyens pendant six mois
(trois mois d'école de recrues, trois mois
de perfectionnement dans des camps-
frontières) j
2° Le territoire français, réparti en
régions militaires, selon ses ressources,
ses agglomérations industrielles et agri-
coles ; chaque région formant x divi-
sions, toutes constituées sur le pied 'de
guerre et munies de toutes les spécialités
comme 'de tout le matériel nécessaires à
leur fonctionnement : recrutement ré-
gional ; ,
3° Dans chaque division, les hommes
du contingent seraient de la même clas-
se de recrutement, ce qui permettrait de
disposer, suivant les besoins, d'un
nombre de divisions à fixer par le Par-
lement, en se bornant à maintenir au
delà de six mois d'instruction ou à rap-
peler sous les drapeaux une, deux ou
plusieurs classes, en commençant par
les plus jeunes ;
40, Chaque année, dans la loi de finan-
ces, le Parlement fixerait l'effectif néces-
saire à entretenir suivant les nécessités
de la politique extérieure.
Général GERARD
Ancien commandant d'armée
EDITORIAL
Il est né, le divin enfant !
M. Poincaré rentre à
l'Elyséepar la grâce de
M. Millerand. comme l'ac-
commodeur en chef des
faïences et porcelaines.
Tant de gens ont mis les
pieds dans les plats 'que
la création de ce haut emploi est deve-
nue nécessaire..
M. Poincaré de se mettre aussitôt en
quête de collaborateurs. Obsédé, sans
doute, par la formule d'Auguste Comte :
« Le gouvernement des morts », il a fait
appel aux radicaux pour entrer dans
sa petite arche de Noë.
Il lut un temps, en effet, où les radi-
caux mordaient au maroquin, comme
grenouilles au drap rouge. On trouvait
toujours un radical pour être ministre
contre le radicalisme. Je ne jurerais pas,
d'ailleurs, qu'il soit impossible. aujour-
d'hui, de rencontrer encore un de: ces
radicaillons d'épithète, disposé à ra-
masser avec les dents un bout de porte-
feuille jusque dans la mélasse élyséenne.
Mais, enfin, on assure que les chefs,
les grands Sachems n'auraient pas flan-
ché. Ils auraient été réservés, distants,
nobles" rliqncs. Et pour une bonne rai-
son, que d'aucuns semblent oublier:
c'est qu'ils sont morts.
C'est, comme j'ai l'honneur de vous le
dire. Dans le varti radical-socialiste.
nous sommes tous morts ; et vous vous
souvenez combien de fois nous avons été
bel et bien enterrés par les journaux et
les groupes amis de M. Poincaré.
Même nous avons été re-tués et re-
ensevelis plusieurs fois. Donc, nous
« requiescarnons » in pace. Dès lors.
inutile et indécent, n'est-cè pas, de ve-
nir jeuer un petit air, de flageolet sur
notre fosse commune ? Quand on est
mort, vous le savez, c'est pour long-
temps ; et quand on est Bloc National,
ce n'est pas pour toujours.
M. Poincaré a été bien gentil, bien
poli, bien honnêtede se pencher sur
notre nécropole. Mais on ne forme pas
un ministère viable au Père-Lachaise.
Mieux vaut s'adresser au Panthéon.
Parlez-moi des grands hommes : voici
la sympathique M. Maginot. Il nous faut
dans ce grand ministère de rudes lurons,
bien vivants ; des jeunes, comme M. de
Selves ; des nouveaux, comme M. Mar-
iai ; des costauds, comme M. Raiberti,
sans oublier M. le comte de Lastey rie
de la Corrèze, qu'on finirait par, accw
ser d'être Vauteur des lettres anonymes
de Tulle.
C'est ainsi que se forme un grand
ministère bleu horizon, tricolore, natio-
nal, et même bloc national, sur l'air du
sire de Framboisy et de Ba-ta-clan.
Sonnez cors ! chantez musettes 1
Il est né le divin enfant
EDMOND DU MESNIL.
On dit.
En Passant
La leçon
On se souvient avec quel enthousiasme ri-
dicule Paris suivit les phases du match
Dempsey-Carpentier. Projections, avions, fu-
sées ; le ciel, pendant une heure, appartint à
« Georges » et ce furent des larmes qui ac-
cueillirent l'annonce de sa défaite. Les jour-
naux n'hésitèrent pas à consacrer des pages
entières à la triste aventure, après nous
avoir, durant des jours et des jours, entre-
tenus sur ses moindres faits et gestes.
Lorsque M. Briand partit à son tour pour
l'Amérique, afin de discuter des problèmes
mondiaux, de chercher une solution à tant de
questions grandes et troublantes, c'est d'un
œil très calme — voire même, indifférent —
que ce public frémissant d'espoir la veille du
combat de Georges, suivit le représentant de
la France à la Conférence de Washington.
On eût pu croire alors que subitement, la
vieille France généreuse, vibrante, claivoyan-
te était morte et qu'une jeune France spor-
tive, positive, déséquilibrée et incompréhen-
sible était née.
Or, M. Briand vient de donner au pays la,
secousse nécessaire.
Par la dignité de sa démission, - comme
dit si justement Alfred Capus « il est des-
cendu de la tribune, il n'en est pas tombé »,
— M. Briand donne à ce geste la valeur
d'une leçon.
La France comprendra-t-elle la gravité de
l'heure ?.
Espérons-le. Le même jour, Carpentier
rencontrait.,. Cook. Cette nouvelle se conten-
tait de quinze lignes dans la rubrique
« sports ».
L'événement politique était cette fois à sa
vraie place, débordant d'une page sur l'autre
et commenté avec le sérieux qui convient.
Faut-il voir là un signe heureux ?
Si oui. M. Briand. en renonçant à « servir »
comme Président du Conseil, alors qu'il en-
levait sa majorité en se jouant, éclaire et
précise tout le sens de ce mot, sans lequel on
ne peut rien faire de beau ni de bien : La
confiance.
Ch. RABETT.
r «.
Aujourd'hui *
Statistique
Il parait que l'année. 1921 a battu le re-
cord de. l'élourderic.
La Préfecture de police n'a jamais vu un
aussi grand nombre d'objets pcrdus.
Les parapluies, spécialement, ont été
abandonnés en quantité.
Le niétro en a fourni 4.800 ; les autobus
el tramways 11.700. Il n'y a eu que 5.080
propriétaires qui aient réclamé leur bien.
Sans doute parce que les autres parta-
geaient Cavîs de cet homme spirituel qui af-
firmait que (! tout nU,Tlme doit en naissant
un parapluie à son pays ».
4-
Le Nouvel Evangile
Les Mormons se préparent à évangéliser
VAngleterre, la France, l'Allemagne et la
Hollande. Leur Evangile leur permet et
même les oblige à avoir plusieurs fem-
mes. aussi se demande-t-on dant quel
but les Mormons viennent chez nous.
Est-ce pour propager leurs idées sur le
mariage ?
Si oui, l'accueil masculin sera des plus
sympathique, mais qu'ils se méfient des
femmes françaises. elles aiment l'égalité.
LI: TAPIN.
Le réseau de l'Etat
sera-t-il affermé ?
La commission chargée d'étudier la ré-
fonnie administrative et financière du ré-
8eu'w de l'Etat s'est réunie hier matin, au
ministère des travaux publics, sous la pré-
sidence de M. Colson, président de section
au Conseil d'Etat.
Ou sait qu'au cours de la précédente;
séance, les membres de la commission
avaient adopté, par 28 voix contre 10, les
conclusions au rapport de M. Maurice Du-
treil. député, préconisant le principe de
l'affermage du réseau à orne société in-
dustrielle.
A l'ouverture elle* la séance, la commis-
siun a été saisie d'une proposition, faite
officiellement au ministre ces travaux pu-
blics par la Compagnie d'Orléans, et ten-
dant à affermer la partie du réseau du
l'Elut située au suc. de la ligne Paris-
Brest, cette ligne étant comprise, de fa-
çon à supprimer tout enchevetrement de
lignes entre les réseaux de l'Etat et de
l'Orléans.
La Commission, estimant que la propo-
sition eu réseau d'Orléans soulevait à la
lois la question cm réseau d'Etat et celie
des modalités de l'affermage des lignes
pour lesquelles le réseau d'Orléans l'ait
des (propositions, a décidé de renvoyer ia
ccmande ou réseau d'Orléans à ses deux
KO u s- conun i ss i o n s corn p é ten l e s p i'èsidOes
respectivement par M. Boivin-Charnpeaux
et Jeanneney, sénateurs. Elle a estimé,
par contre, que cette question ne devait
pas suspendre la continuation de sa déli-
bération en ce qui concerne le (projet géné-
ral d'uffermagc du réseau d'Etat et elle a
décidé ce poursuivre immédiatement ses
travaux. -
Après une discussion des plus serrées,
l'artide du projet de M. Dutre.il détermi-
nant la oompvosifllloin du conseil d'adnii-
nistration. a été approuvé. La commission
a, en outre, demandé à son rapporteur de
préparer un texte déterminant les règles
suivant lesquelles seront désignas des
agents faisant partie du conseil d'adminis-
tration du réseau.
M. Sarraut reste à Washington
'* * M-
j On mande de Washington :
M. Sarraut restera jusqu'à la fin de la
Conférence chef de la délégation française.
Il en a été prié par M. Briand avec le con.
sentement de M. Millerand.
Les instructions que M. Sarraut a re-
çues à cet effet de M. Briand rappellent
en termes des plus chaleureux sa collabo-
ration au ministère qui vœnt de quitter les
affaires, et félicitent M. Sarraut de ia façon
rfiont il a représenté la France à Washing-
ton.
M. Millerand s'associe aux déclarations
de M. Briand.
L'Agence Router dit qiA) plusieurs
membres de la délégation britannique à
Washington s'embarqueront aujourd'hui à
New-York à destination de. l'Angleterre,
mais M. Balfour et lord Lee ayant constaté
que leur présence continue à être néces-
saire, ont décidé d'ajourner leur départ,
dont la date est maintenant incertaine.
Il n'y a eu, hier, aucune séance de la
commission ni de conversation entre tes
chefs drçs 'déJl'égaH('ns. Plusieurs déléga-
tions attendent des instructions ; en outre,
chacune des cinq délégations examine une
nouvelle rédaction de l'accord naval.
LA CONFÉRENCE DE CANNES
Le moratorium accordé à l'Allemagne
Avant de se dissoudre, le Conseil Suprême maintient la convocation
des Allemands et des Russes à Gênes
Le conseil suprême a tenu hier séance de
11 heures à 13 heures.
M. Lloyd George a donné connaissance
du télégramme qu:e lui avait adressé M.
Briand pour l'aviser de sa démission. Au
nom du conseil suprême, M. Lloyd Geor-
ge a été chargé par le conseil suprême
n'adresser à Al. Briand un télégramme
pour lui exprimer les regrets causés pat
sa démission et par l'interruption des né-
gociations.
J e conseil a examine ensuite la situation
créée par le départ de la délégation fran-
flJSe. Il a été décidé que les décisions pour
lesquelles l'accord complet avait été réa.
lise deviendraient opérantes. Il en est ainsi
notamment pour la conférence de Gènes.
M. Bono.mi a été chargé de lancer les invi-
tatio,ns. 1
-\u contraire, pour les décisions qui n a.
vaient pas un caractère définitif, il y aura
li-eu de les reconsidérer.
La commission des réparations a été en-
suite introduite. M. Louis Dubois a donné
lecture de la décision prise le matin par
la commission des réparations, accordant
un moratorium à l'Allemagne. La déléga-
tion allemande a été introduite à son tour
et lecture et notification lui ont été faites de
cette décision. 1
M. Rathenau en a pris acte au nom du
I-îeich, ajoutant qu'il n'y avait pas selon
lui carence de l'Allemagne, parce que des
négociations étaient engagées relativement
aux .versements qtÊetllei doit effectuer le
15 janvier. Il a pris ncle également de" l'in-
vitation faite à l'Allemagne à participer'à
la conférence de Gênés. '-."
Toutes les délégation ont quitté Cannes
hier.
M. Lloyd George est parti à 17 heures
par train spécial. Il s'arrêtera à Paris où il
espère avoir un entretien avec le nouveau
président du Conseil française.
LA DECISION DE LA COMMISSION
DES REPARATIONS
Voici la décision d,e là commission des
réparations qui a été notifiée ce matin à
la délégation allemande :
La Commission des réparations décide
d'accorder au Gouvernement allemand un
délai provisoire pour les paiements des
échéances du 15 janvier et du 15 février
1922, pour autant que ces échéances ne
soient pas couvertes par des paiements en
espèces déjà faits ou à faire et par des li-
vraisons en nature ou le produit de reeo
very acts, reçus ou à recevoir au..c dates
fixées ci-dessus sous réserve des conditions
ci-après :
a) Pendant la période de délai provi.
soirc, le Gouvernement allemand devra
payer en devises étrangères approuvées lu
somme de 31 millions de marks-or tous les
10 jours, le premier paiement devant être
effectué le 18 janvier 1922.
b) Le Gouvernement allemand devra,
dans les quinze jours, soumettre à la com.
missiôn un projet de réformes ou de ga-
ranties appropriées, pour son budget el
sa circulation fiduciaire, ainsi qu'un pro-
gramme complet de paiements en espèces
et de livraisons en nature pour l'année
1922.
c) La période de délai provisoire pren-
dra fin aussitôt que la commission ou les
Gouvernements alliés auront pris une dé-
cision sur le projet et le programme indi-
qués au b), sauf ce qui pourra être prévu
autrement duns cette décision. La diffé-
rence entre le montant effectif payé pen-
dant la période de délai provisoire et les
sommes dues pendant la même période en
vertu de l'état des paiements, deviendra exi-
gible et payable dans les-15 jours à partir
de la date 'de la décision de la Commission
des réparations ou des Gouvernements al-
liés suivant le cas.
, Quand le projet et le programme dont. il
est question ci-dessus auront été reçus par
ht, commission des réparations, ils seront
transmis immédiatement par lacommts-
sion aux gouvernements alliés qui seront
ainsi dans la situation ou bien, de traiter
la question eux-mômes ou bien de la ren-
voyier à la eoinmissiioai des réparations
pour être résolue par cclle-ci.
L'ACTUALITÉ
M. Poincaré accepte la mission
de former le ministère
Les consultations politiques. — Les démarches des groupes
parlementaires. » La chasse aux portefeuilles.
Tout laissait à prévoir hier que la jour-
née de démarches de M. Poincaré serait
fertile, sinon féconde. A la vérité, l'ancien
président de la République a fait preuve,
dans toutes ses allées ieil venues, d'une
juvénilité que des esprits mal intentionnés
auraient pu prendre pour de l'enthousias-
me.
Quoi qu'il en soit, le seul résultat que
Dous puissions enregistrer est l'acceptation
officielle de M. Poincaré de former le nou-
veau cabinet. Le reste s'est passé, comme
nous le disons plus haut, en démarches, les
unes accomplies pat le président de la Ré-
publique auprès de différentes personna-
lités) politiques, les autres "par différents
groupes parlementaires auprès du chef de
gouvernement éventuel. Et jamais la
chasse aux portefeuilles ne fut aussi âpre 1
Les élus du Bloc National ont inaluguré une
nouvelle méthodia qui manque vraiment de
dignité,..
La matinée de M. Poincaré
Levé à l'aurore, M. Poincaré abandonnait
son logis à 7 heures, sortait de chez lui par
une porte dérobée pour éviter les nombreux
journalistes qui le guettaient, et se rendait
à Auteuil, chez M. Landry, puis chez M.
de Lasteyrie.
A 8 h. 35, il était de retour à son Iiôtéi,
y prenait vraisemblablement un petit..de-
M. Raymond Poincaré
jcunôr réconfortant et pré-min'istériel, et
&e faisait ensuite conduire chez M. Léon
Bourgeois, président du Sénat.
Leur entrevue dura une heure environ.
11 est permis de croire que tous les pro-
blèmes de la politique, tant intérieure qu'ex-
térieure, furent envisagés. La place impor-
tante que tient M. Léon Bourgeois à la
Société des Nations conférait à cet entre-
tien un caractère particulier de gravité.
lJas davantage il n'est douteux que la pro-
portion d-es sénateurs à introduire, dans la
futur cabinet fut étudiée.
Il était 10 heures quand M. Poincaré,
quittant le Sénat, se rendit à la Chambra
pour conférer avec M. Raoul Péret. Aussi
vraisemblablement que précédemment, il
est logique de supposer que les problèmes
de la politique ef te: pourcentage des dé-
putés firent les frais de l'entretien.
A 11 h. 30, M. Poincaré, prolongeant en-
Vers les journalistes un silence discret qui
tes remplissait d'amertume, regagnait la
rue Marbeau.
n VERS UNE COMBINAISON,
MAIS LAQUELLE ?
Malgré ce silence, tenace, des 'listes cir-
culaient un peu partout. D'aucuns faisaient
déjà et défaisaient ce cabinet au sujet du-
quel M. Poincaré n'avait rien voulu dire.
Entre autres listes, une, notamment, était
l'objet, de chuchotements. privilégiés. C'est
la suivante :
Présidence et MM.
Affaires étrangères. Raymond Poincaré
Justice. de Selves, Raiberti
Instruction publique.. Bérard, Fr. Albert
GMcyre. Maginot
Marine Landry ou Leygues
Colonies. Albert Sarraut
Régions libéréés. Loucheur
Travaux publics. Le Trocquer
Finao,ces. de Lasteyrie
Agriculture. Jean Durand
Intérieur. : ., Maurice Maunoury
TravaiL. Jourdain
Commerce. Marsal
Il n'est pas douleur que M. Poincaré
à qui ont prête l'intention, de constituer
le un cabinet d'uni un nationale décidé à dé-
fendre À la fois les coudilioins GC lu paix et
les croits de la France » n'ait songé ù
faire appel à certains représentants ou
parti radical el radical-socialistel, tels que
MM. Herriat, Doumergue, François Albert.
Mais, aux dernières nouvelles de la ma-
tinée, cette collaboration ne pouvait plus
être envisagée, et le compte rendu d'une
séance ou groupe Tacticlll elt radical-socia-
liste parut le confirmer.
Les groupes parlementaires
Hier matin, pendant que M. Poincaré
poursuivait ses visites, le groupe radical
et radical-socialiste tenait une première
réunion.
Après s'êtna mis en rapport avec M. Gas-
ton Doumergue, sénateur, les membres jpié-
eents ont décidé à l'unanimité que le Blue
national devait prendre la responsabilité
d'un ministère homogène et que, dans ces
conditions, le parti radical-socialiste ne
pouvait prêter aucun ce ses membres à
ia constitution du nouveau cabinet, sans
que cette mesune1 puisse être considérée
comma un acte d'hostilité préconçue.
Le grooiipe décide de tenir dans l'après-
midi une. nouvelle réunion à laquelle fu-
rent convoqués Les sénateurs membres du
parti.
'D'autre part, le comité directeur du grou-
pe &e l'entente républicaine démocratique
se réunit également pour examiner la si-
tuation. politique.
Il fut décidé que MM. Ara go, Cliassai-
gne-Goyon et Isaac, membres du comité
directeur, demanderaient à s'entretenir
avec M. Poincaré ; l'ancien président de la
République consentit à accordier dans Je
courant de l'après-midi d'hier, l'entretien
qui lui était cemandé.
Le groupe des Républicains de gauche,
de son côté. après examen de la situa-
tion. décidait de nommer une délégation qui
se rendirait auprès de M. Poincaré pur lui
demander de réduire au minimum le- nom-
bre des membres de son cabinet. Furent
désignés pour cette mission ; MM: bu-
riac, Thoumyre et Géo-Gérald.
L'intergroupe républicain décidait, quant
à lui, de nommer une délégation qui se
rendrait, elle aussit auprès de M. Poinca-
ré pour l'entretenir ce la situation politi-
que. On en césigna les membres qui fu-
rent : MM. Bureau. Gaston Deschamps.
Paul Bignon, de Tinguy du Pouet, Joseph
Patut'eRUMraiUd, Soulier, Maillard, Ma-
rot, Louis Puech et Félix LiouviJle. ;
L'APRÈS-MIDI
,
M. POINCARE REÇOIT
Revenons au petit hôtel de la rue Mar-
beau où M. Poincaré a déjeuné en famille.
Successivement, à partir de 1 h. 3Q» xLve-
çoit les délégués de l'Entente républicaine
démocratique et ceux des républicains de
gauche. MM. Arago. Chassaigne-GOyon et
Isaac ont, avec l'ancien Président de la Ré-
publique, uu entretien qui se prolonge jus-
qu'à 2 h. 15. Ils se retirent ensuite par la
Villa Dupont qui donne sur les jardins par-
ticuliers de l'hôtel de M. Poincaré.
Ceci pour dépister les journalistes. Mais
ces derniers ont éventé le piège et MM.
Arago, Isaac et Chassaignc-Goyon sont as-
saillis à, leur sortie et interrogés comme
il convient. , , 1
Aux questions qui leur sont posées, ils
répondent par ces mots
— Nous avons causé assez longuement
avec M. Poincaré, et nous avons échangé
des idées ctordre tout à fait général, sans
nous occuper de question particulière.
A 2 h. 45, M. Poincaré quitte la rue Mar-
beau dans son automobile, semant loin der-
rière lui ceux qui voulaient le suivre.
Nous le retrouverons tout-à-l'heure, en-
trant à l'Elysée.
LES RADICAUX SE REUNISSENT
Dans l'intervalle, les groupes parlemen-
taires de la Chambre se réunissent à nou-
veau.
Les radicaux-socialistes qui avaient, le
matin, décidé de ne point accepter de por-
tefeuilles dans une combinaison à laquelle
présiderait M. Poincaré, sont groupés dans
une salle du Palais-Bourbon et tiennent une
réunion où sont présents les membres de la
gauche démocratique du Sénat et quelques
délégués du parti.
Après un long échange de vues ils vo-
tent, sur la proposition de MM. Herriat,
Cels, Klotz, Gheusi, Boussenot, Israël, An
dré Fribourg, Ferdinand Buisson, etc. la
motion suivante :
Le parti radiçal et radical-socialiste,
ayant examiné la situation creée pour le
pays par l'interruption de la Conférence de
Cannes, déclare que partisan de toutes les
mesures propres à rétablir une paix réelle,
il favorisera toutes les réunions pouvant
avoir pour résultat d'améliorer la situation
économique de l'Europe, sous réserve qu,
ces réunions seront dirigées en vue de sa-
tisfaire à l'intérêt des peuples et non aux
exigences de lafinance internationale el
sous condition que, les droits des Français
ayant prêté à la Russie seront reconnus'
Mais affirmant à nouveau que dans cette
œuvre nécessaire à la reconstruction de
l'Europe, ia France apparaît comme loi
principale victime et la principale créan-
cière ; ■ '-,
Le parti radical et radical-socialiste, parti
national, se refuse à laisser lier au problè-
me de la reconstruction de l'Europe, le rè-
glement, selon les traités et accords signés
de part et d'autre, de nos réparations :
Il est décidé à ne pas permettre que la
France, attaquée et ravagée, après avoir
avancé Si) milliards, soit amenée à consen-
tir de nouveaux sacrifices et- à courir les
plus grands risques financiers. pour ména-
ger l'Allemagne dont les classes riches
elles-mêmes n'ont encore laii aucun effort.
LES AUTRES GROUPES ;
Le Bloc National délibère de son cote.
Les délégués Arago Chassaigne-Goyon et
Isaac rendent compte da leur mission. Ils
déclarent que l'Entente a reçu satisfaction
de la part dé M. Poincaré qui ne choisira
pas son ministre de l'intérieur parmi les
radicaux-socialistes. Le portefeuille- de ce
département sera probablement eû
M. Maurice Maunoury, député d'Eure-et-
Loir, président de la Commission du bud-
get de la Chambre. -
Au groupe des républicains dia gauche, on
est également satisfait. Les délégués ap-
prennent à leurs, collègues que M. Poincaré
partage leur avis sur la limitation du nom-
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