Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-01-07
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 janvier 1922 07 janvier 1922
Description : 1922/01/07 (N18655). 1922/01/07 (N18655).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
à
17 Nivôse, An 130. — Ne IMM 4. e 4 Cé IlUihéro : QUINZE CENTIMES Samedi 7 janvier 1922.- N° 18655
Fendafeur. Ilsae) 8
, VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIB
ABONNEMENTS
Un aD Six mois TrcUmali
SEINE & S.-ET-OISE. 38 >» 20 t) tt »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 »
ETRANGER. 49 » 25 » 13 »
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TRIBUNE LIBRE 1
L'armÉe He demaina l'ordre ûn jonr de la Ciiamliri;
-
Dès sa rentrée, dans
quelques jours, la Cham-
bre doit commencer la dis-
cussion des lois militaires
dont les projets sont dépo-
sés, c'est-à-dire :
1° La loi sur le recrute-
ment de l'armée, présentée
par le gouvernement et rapportée par
la commission de l'armée ;
2° Le projet Paul-Boncour, qui est, en
partie, l'ancien projet Jaurès ;
3° Le projet d'organisation générale
et de recrutement du regretté général
de Maud'huy, repris, à titre de contre-
projet, par Paul Bénazet.
Comme je l'ai déjà écrit ici-même (1)
le projet du gouvernement sera la base
de toute la charte militaire de l'armée
de demain, telle qu'elle devrait résulter
des enseignements de la guerre de 1914
1918, — cette armée de demain se
substituant à l'armée d'avant-guerre,
dont la conception avait été motivée
par la victoire allemande de 1870-1871.
En relisant le remarquable rapport
de M. Jean Fabry sur le recrutement de
l'armée, je constate que la commission
de l'armée a cru devoir écarter la con-
ception Paul-Boncour et la conception
de Maud'huy. parce que ne répondant
pas aux directives qu'elle « entendait
suivre » pour assurer convenablement
la mobilisation.
Ou elle mobilisation ?
Il semble que les états-majors re-
prennent — en le perfectionnant un
peu, il est vrai — le système de mobi-
lisation et de concentration de 1914.
Grâce à la maîtrise de la direction des
chemins de fer, tous ses transports de
mobilisation et de concentration avaient
été effectués comme ils avaient été
prévus. En sera-t-il de même désor-
mais ? Je ne le crois pas.
Mon excellent ami le général Ver-
raux a déjà expliqué, verbalement et
par écrit, pourquoi l'on ne pourrait
plus obtenir un rendement suffisant
des chemins de fer.
Il est bien évident qu'à la déclaration
de guerre nos adversaires déclencheront
immédiatement une aviation formida-
ble, avec la mission de survoler toute
nnfr>a r.irri/vn frnntiÀT't) riv TPTIflrA lm];::
IlUUU J. v.^VU J.J. f V* J * v w
les transports impossibles, de couper
nos voies ferrées, voire même de bom-
barder les trains de troupes. En 1914,
l'aviation était à ses débuts ; elle ne
pratiquait pas le vol de nuit. Aujour-
d'hui, elle a fait des progrès tout à fait
remarquables, tant par l'entraînement
et la hardiesse de son personnel que
par les perfectionnements constants de
son matériel. Dans la dernière année
de la guerre, j'ai moi-même reçu des
comptes rendus de certains de nos avia-
teurs, qui avaient bombardé des trains
de troupes allemandes en Lorraine.
On m'objectera que l'aviation de l'ad-
versaire sera contrebattue par la nôtre
et que celle-ci protégera nos lignes fer-
rées. C'est vrai en partie, mais pour
une très petite partie seulement. S'ima-
gine-t-on, en effet, la quantité d'esca-
drilles qui serait nécessaire pour as-
surer la sécurité de l'air sur tout le
réseau des chemins de fer français ?
Cela ne veut pas dire que nous devions
renoncer à dominer l'aviation ennemie,
et c'est précisément dans ce but que
j'écrivais la semaine dernière (2) com-
bien il était regrettable d'avoir diminué
les crédits de l'aéronautique dans le
budget de la guerre pour 1922.
Il n'en ressort pas moins que les ho-
raires des transports par voie ferrée à
la mobilisation seront, en grande par-
lée, bouleversés, même interrompus,
dans l'avenir. Il faut songer à effectuer
les transports de matériel les plus inr
portants par des sections de camions
automobiles, dont le plan de transport
devra être minutieusement étudié à
l'avance, de nuit, tous phares éteints,
par des itinéraires défilés le plus pos-
sible des vues des aviateurs, sous bois
autant qu'il se pourra. Quant aux
transports de troupes, on doit s'efforcer
de les réduire par tous les moyens ; et
l'un de ces meilleurs moyens serait la
mobilisation sur place dans toute la
Kone frontière.
Que faut-il pour y arriver ?
D'abord, adopter le recrutement ré-
gional du contingent, si l'on veut bien
décider enfin à ne jamais se servir
de la troupe comme de la police ou
de la gendarmerie, en cas de troubles
à l'intérieur ; c'est ce que demande, si
je ne me trompe, Paul-Boncour ; c'était
ce que demandait Jaurès.
(1) Voir le numéro du Rappel du 25 novem-
bre 1921.
(2) Voir le numéro du Rappel du 31 décem-
bre 1931»
Puis, prescrire qu'après leur temps
de service actif, les hommes restant à
la disposition dans leurs foyers, ainsi
que les réservistes, conservent chez eux
leurs effets militaires et leur équipe-
ment (les armes et munitions étant dé-
posées dans les mairies ou dans un
local désigné par l'autorité militaire) ;
c'était le projet du grand Carnot, et
ce fut celui de Jaurès.
Enfin. faire l'instruction du contin-
gent annuel dans des camps-écoles à
proximité des frontières ; c'était jadis
le système des légions romaines ; c'était
l'idée du général de Maud'huy dans sa
conception de l'armée de couverture.
En faisant ainsi l'instruction des re-
crues dans des camps près de nos fron-
tières. l'on supprimerait un certain
nombre de garnisons de l'intérieur. Les
mastroquets s'en plaindraient sans
doute, par conséquent aussi quelques
élus du scrutin d'arrondissement ; mais
la santé et l'instruction militaire du
soldat y gagneraient singulièrement :
sans compter que l'Etat réaliserait une
recette considérable en aliénant toutes
les casernes, devenues sans utilité.
Comme on le voit, les projets Paul-
Boncour et de Maud'huy contiennent
d'excellentes idées ; espérons que la
Chambre ne subira pas trop l'influence
de sa commission de l'armée et ne les
écartera pas complètement, sous le
prétexte insuffisant d'une mobilisation
qui est irréalisable telle qu'elle : est
envisagée.
Général CERARD.
Ancien commandant d'armée.
EDITORIAL
'of:' ..L"
Pronostics '," "-.
Déjà vous voudriez con"
naître les résultats de la
Conférence de Cannes.
Hé ! sans doute. De fidèles
lecteurs m écrivent même
pour me demander mon
« pronostic ». Jamais je
n'ai autant regretté d'ignorer l'art des
tarots et la science du marc de café.
Les augures eux-mêmes qui participent
à la Conférence ont cessé de rire en se
regardant.
Peut-on savoir 1 Un coup de mistral,
une tasse de thé tiède, un mauvais coup
de crosse au golf, et voilà notre sei-
gneur Lloyd George en cavalcade der-
rière les chimères, et la tramontane
secouée par les lubies.
C'est le diable de résoudre un pro-
blème sur un air de gigue, avec un dan-
seur qui vous marche tout le temps sur
les pieds.
M. Lloyd George est assurément un
bien curieux personnage. Pour une fois
que le léopard et la baleine ont fait un
petit, il est pour ébaubir le monde. Le
Premier anglais excelle, en effet. à ne
répondre aux questions que par d'au-
tres.
Nous disons : « Il faut que VAllema-
gne tienne ses engagements. » Il ré-
pond : « Ne trouvez-vous pas, mesSioy"
que ce Trotshy et ce Lénine ont une
bonne figure ? »
Avec cette méthode, on peut aller.
jusqu'au bout de la corniche, et même
faire le tour du monde en quatre-vingts
jours, sans que le « règlement 'de la
paix » ait avancé d'un p-ouce.
M. Philéas-Lloyd George-Fogg ne de-
vrait pas perdre de vue que tous les
chemins, qui, dit-on, conduisaient na-
guère à Rome, nous ramènent aujour-
d'hui aux régions dévastées.
Tant que la France n'aura pas la
garantie de son dii, le monde troublé
riaura pas la certitude de son avoir.
La faute et le crime commis contre
le droit en Alsace-Lorraine, après 1870,
ont pesé sur un demi-siècle d'histoire
et ont été les jalons de la grande guerre.
La faute et le crime qui seraient corn-
mis contre le droit dans nos régions
dévastées. après 1914, voueraient l'hu-
manité all cycle infernal de nouvelles
catastrophes.
calastroplie.ç. EDMOND DU MESNIL
Lire en deuxième page :
A la Conférence de Washington ;
Importantes déclarations de M. Sarraut
sur les sous-marins
En dernière heure :
Les derniers détails sur la tempête
LE FAIT DU JOUR
La salle où se tient la Conférence de Cannes au Cercle Nautique
En bas : MM. Briand et Loucheur 1
On dit.
LES POMMES DU VOISIN
Premier janvier
Pour, la tournée des visites protocolaires,
les trois haut-commissaires du gouverne-
ment, MM. Daniélou, Diagne et Pâté
avaient pris place dans une même voiture
du cortège présidentiel. M. Diagne, le noir,
s'assit entre les deux blancs. Sur tout le
parcours cette voiture lit sensation. Les
jeunes femmes et les enfants s'écriaient
sur son passage :
— Tiens ! Un nègre.
—Regarde ! Batouala !
Et M. Diagne, très à l'aise, saluait.
— On ne sortira plus avec toi, dit M.
Daniélou, tu nous fais remarquer.
— La prochaine fois on te mettra sur le
siège, à côté du chauffeur, dit M- Paté.
— Ça prouve en tout cas, fit M. Diagne,
que si une blanche vaut deux noires, et
c'est tout à fait mon avis quand il s'agit
de la Parisienne, un noir vaut bien deux
blancs.
M. de Fouquières annonçait les déléga-
tions à la porte du salon où recevait le pré-
sident de la République, - entouré des mem-
bres du gouvernement. La Cour de cassa
tion, puis la Cour des comptes venaient de
déliler. Tout à coup M. de Fouquières an-
nonça
— Le Conseil supérieur de l'Instruction
publique.
Une dame,, d'allure assez jeune, s'avan-
ça seule, adressa quelques paroles à M.
Millerand, lui serra la main et s'en fut.
Tout le monde se tourna vers M. Léon
Bérard, qui s'exclama :
— Oui, oui, oui, je la connais, ie suis
de volre avis, c'est un peu court pour le
Cons.eJil supérieur de l'Instruction publi-\
que ! Mais. est-ce ma faute si les hommes
se font remarquer par leur absence ?
(Le Cri de Paris.)
<&.
Qu'en eût dit Feydeau ?
Dans une petite sous-préfecture de pro-
vince, un sous-préfet et un magistrat vi-
vaient clans une intimité si cordiale que le
ménage de l'un de ces deux fonctionnaires
s'en ressentit .Le fait devint notoire dans
Landerneau. On en jasa. Le ministre de
l'intérieur et le garde des sceaux en furent
informés, et ils décidèrent d'aviser. Pour
ne pas faire de jaloux, il fut entendu que
les deux fonctionnaires seraient déplacés
à la fois..
Rentrés chez eux, MM. M arraud et Bon-
nevay étudièrent un petit mouvement res-
treint en vue de dissocier le sous-préfet, et
le magistral, trop étroitement unis par ten-
dresse interposée. Ils le signèrent, sans se
consulter l'un l'autre davantage.
0 stupeur ! Quelques jours plus tard le
sous-préfet et le magistrat se retrouvaient
nez à nez dans une petite ville du Midi.
Par un hasard inouï, M. M arraud et M.
Bonnevay avaient expédié chacun leur su-
bordonné dans la même ville. Tout était
d recommencer : un second déplacement
fut opéré, mais celle fois les deux minis-
tres prirent la précaution de se prévenir
mutuellement avant de signer définitive-
ment.,
(Aux Ecoutes.)
M. le Préfet de police réglemente le jet
des confetti et des serpentins.
Le préfet de police vient de signer une
ordonnance relative au. jet des confetti et
à la projection des serpentins sur la voie
public pendant les jours gras et les fêtes
de la Mi-Carême-
Il sera défendu notamment de ramasser
à terre les confetti, mêlés à la poussière —
ou à la boue — suivant le temps. Par con-
tre, on pourra sans inconvénient ramas-
ser la boue ou la poussière, et la jeter à
la figure des gens, pourvu naturellement
qu'il n'y ait aucun confetti dedans.
Quant aux serpentins, leur: projection
reste rigoureusement interdite, malgré les
protestations de M. Maurice Barrès qui,
comme on le sait, est plus partisan que
jamais des enroulements volontaires quels
ou ils soient. ,
* (Le Canard Enchaîné.)
pour copie - conforue Le TaDiix
Pour la prochaine mobilisation
Le recrutement et la gendarmerie pour-
suivent la distribution des fascicules de mo-
bilisation en vue d'une guerre possible.
O'n ne saurait affirmer que ces cartons
multicolores sont remplis avec un soin par-
fait. Les copistes chargés de les mettre au
point semblent souvent ignorer la situation
militaire exacte des malheureux destinatni-
res. et l'on nous signale de nombreuses
erreurs.
Ainsi le bureau de Soissons ayant à con-
fectionner le fascicule d'un territorial auxi-
liaire après service armé, caporal, classe
1906 par engagement, habitant Paris et
porteur du matricule 1014, fit un fascicule
où notr'e; homme éta.it considéré comme
« service armé », affecté à La Fère, simple
soldat et appartenant à la classe 1907.
Réclamation. Le bureau envoie un deuxiè-
me fascicule où notre homme est considéré
ctanme auxiliaire. C'est le seul changement.
Il est toujours affecté à La Fère. au 42° R.A.
Il devra y partir, en cas de mobilisation,
bien que versé dans l'auxiliaire pour tuber-
culose contractée a.ux armées. Aucune men-
tion n'est faite de SIOn grade, obtenu à la
20o section S. E .M. R. le 1er avril 1919. Il
a refusé le fascicule pour la deuxième fois.
Nous avons dit que l'on nous, avait signalé
de nombreux cas analogues.
Nous demandons à l'administration de la
cuerre :
1° Si toutes ces erreurs sont involontaires
ou si elles ne servent pas à justifier, en dou-
blant le travail. l'existence d'un trop abon-
dant personnel. Dans les deux cas, des
sanctions doivent intervenir dans l'intérêt
général ;
2° Si les anciens CI service armé » versés
dans l'auxiliaire pour blessure ou maladie
contractée en service, doivent être affectés,
lors de la prochaine mobilisation, à plus
de 100 kilomètres de leur domicile, même
s'ils sont tcrrjtoriaux. Un bel encombre-
ment des infirmeries est à prévoir dans
ce cas ;
30 Quelles sont s réglés de mobilisation
des auxiliaires en général.
Nos questions intéressent assez de per-
sonnes pour que le ministère de la guerre
y prête quelque attention.
Les grands mutilés vivants
* et non identifiés
C'est une effrovable et dramatique page
de la guerre qu'évoqua Récemment au Sé-
nat M. Monsservin, sénateur de l'Avey-
ron.. ,.
Six anciens prisonniers de guerre, dfcve-
'nus feus en Allemagne par suite des priva-
tions et des souffrances morales qu'ils en-
durèrent, sont depuis leur rapatriement
dans un asile'd'aliénés et jamais il ne fut
possible de les identifier. Leurs familles,
dans quelque coin de France, les pleurenl
comme des disparus. Et, cependant, ils vi-
vent, mai.; ont perau toute notion des cho-
ses et de la vie.
Le fait n'est-il pas angoissant- ? Nul ne
gait qU,i ils sont : eux, moins Encore. L'Al-
lemagne les rendit sans papiers c'état-ci
vil : ils errent, anonymes, dans un hos-
pice.
M. Maginot, qui n'ignore pas les faits
et les déplore, se doit dei tout faire pour
percer celle ombre effrayante. Ils sont,
ceux-là aussi, des grands blessés qui mé-
ritent- toute la sollicitude, Xout l'intérêt.
Qu'on fasse connaître leur présence, qu'on
public leur photographie, qu'on interroge
leurs camarades Ge captivité.
Mais qu'il ne soit pas dit que! la France
seplus presque que leur vie : leur esprit et
leur intelligence.
Démission de M. de Valera
L'accord anglo-irlandais est toujours dis-
cuté au Dail ireann" On sait quelles diffi
cultés soulève la ratincatioin. M. de Valera,
président de ]a République irlandaise et
l'un des principaux auteurs du traité, vient,
annonçait hier soir une dépêche de Dublin,
de donner sa démission.
On sait 'q:lIl 35 députés préconisent, d'a-
près leurs discours, la ratification du traité,
que 34 y sont opposés, et que 49- n'ont pas
enoo're fait connaître leur avis.,
POLITIQUE ETRANGÈRE
La première réunion de la Conférence fle Cannes
L'EXPOSE DE M. LLOYD GEORGE
Une nomlle conférence aura lien en mars avec l'Allemagne, la Russie,., et peut-être les Etats-Unis
»
Première réunien de lai
conférence : des discours,
des déclarations, des pro-
jets : rien encore qui sorte
de l'ordinaire.
L'on nous avait annoncé
des surprises. M. Lloyd GeoTge, jaloux du
succès recueilli par M. Hughes lors de
l'ouverture de l'assemblée de Washington,
voulait, disait-on, lui aussi se réserver un
effet, et décocher quelque pétard toni-
truant. M. Lloyd George a parlé, posé-
ment, calmement et n'a révolutionné per-
sonne. Il a exposé la thèse anglaise, telle
que déjà nous la connaissions et qui peut
se résumer en ces inots : pour sortir le
monde du marasme dans lequel il se traî-
ne, il faut s'attacher à donner aux relations
économiques internationales un regain de
vitalité et comprendre dans le mouvement
aussi bien la Russie que l'Allemagne.
Ce qui revient à faire dépendre le re-
lèvement des Alliés du relèvement de leurs
ennemis. Ménageons l'Allemagne, aidons
la Russie : et pour ce qui nous concerne
personnellement, nous verrons bien plus
tard.
Certes, c'est là une doctrine très altruiste
et empreinte d'une grandeur d'âme qui est
peu ordinaire.
Mais sous cette générosité de façade, se
cache le primordial intérêt qu'a l'Angle-
terre à intensifier l'activité économique in-
ternationale : Et c'est précisément ce qui
sépare de nous, nos alliés britanniques.
L'Angleterre ne souffre plus de la guerre
dans sa chair : elle en supporte. comme le
monde entier les conséquences fatales.
Mais celles-ci sont inhérentes au trouble
général beaucoup plus qu'à un malaise per-
sonnel:
Tandis que la France a, elle, encore,
une plaie sanglante et peut difficilement
accepter qu'avant que soit cicatrisée sa
blessure, l'on entoure les coupables des
soins qui lui reviennent.
Le point de vue français et le point -1
vue anglais se heurtent à un dilemme ;
Ou l'Allemagne paie et la France se re-
dresse ; mais te mark s'eltondre et le com-
merce anglais reste paralysé.
Ou PAllemagne ne paie pas, et la France
agonise ; mais le mark -se rélève et le
commerce anglais s'épanouit.
Entre les deux thèses, si précises dans
leurs contradictions et si angoissantes
dans leurs conséquences, est-il possible de
trouver un compromis ? C'est, sans doute,
ce qu'on va chercher à Cannes.
On a appelé la solution cherchée la
« quadrature du cercle ». Plus on va, plus
cette définition se justifie.
Raymond LANGE.
LA SEANCE D'OUVERTURE
La Conférence s'ouvre lté matin sans ap-
parat extérieur.
Sans la présence aux abords du Cercle
Nautique de quelques gendarmais et C'UQ
certain nombre de ourieuix, on ne soupçon-
nerait pas que les représentants des puis-
sances alliées vont y tenir une réunion qui
sera particulièrement importante.
A l'intérieur du Cerclai, l'animation, est
plus grande, particulièrement dans les sa-
lons réservés à la presse.
A onze heures, les délégations 1eltrent
dans la salle des séances, qui est sobre-
ment décorée '::.e plantes vertes. M. Briand,
qui préside, est assis au centre d'une table
en fer à cheval. Il a, à sa droites, M. Lloyd
George, lord Curzon, sir Robert Horne et
sir Worlhington Evans, délégués britan-
niques ; puis, MM. Bonomi. delta Torretla
et Raineri, déléguiés italiens. A sa gauche,
prennent place, MM. Doumer et Loucheur,
le colonel Harvey, représentiiait les Etats-
Unis ; le baron Hayashi, le vicomte Ishii,
Gôlégiués du Jaj)on ; MM. Theunis et Jas-
par, représentants belges.
Derrière chacune ces délégations sont
installés leurs secretaires. En face du pré-
siùent, se tient l'interprète.
Après quelques» mots de bienvenue de
M. Briand, M. Lloyd George a fait un long
exposé de la situation économique en Eu-
rope montrant les nécessités de rétablir les
uchanucts commerciaux normaux.
Pour étudier et régler les queslions éco-
nomiques qui se posant actuellement dans
le monde, a-t-il déclaré, la bonne volonté
de tous est indispensable. Il daut donc
entendre les représentants de toutes les
puissances intéressées.
Les chefs des autres délégations se sont
associés à ces vues.
Il a été donné lécture du projet de ré-
solution acotplë par la Conférence des ex-
perts industriels et financiers réunis: la
semaine dernière à Paris, sous la prési-
dence de M. Loucheur, tendant à la re-
constitution économique de l'Europe,.
Ce projet a été adopté d'ans ses grandes
lignes. En conséquence, une conférence in-
ternationale sera convoquée à bref délai.
Les principales puissances intéressées .se-
ront invitées, y compris l'Allemagne et ia
Russie. Pour la Russie, toutefois, certaines
conditions seront mises à sa convocation.
Une nouveile séance est lúécidée pour
l'après-midi pour préciser les garanties à
exigier de la Russie à cet égard.
L'EXPOSE DE M. LLOYD GEORGE
Dans son exposé à la Conférence, M.
Llovd George a insisté avec beaucoup d'é-
nergie sur ce point que le sort de toutes
les nations d'Europe est liié et que, en par-
ticulier, en ce qui concerne la Russie, il
lui paraît incontestable que sa situation
économique a des répercussions dans le
moade entier et notamment en Allemagne.
En un mot, le premier ministre anglais
a mis en lumière les rapports qui existent
entre l'Europe orientale et l'Europe cen-
trale. M. Lloyd George a insisté sur cc
point que la situation économique ce l'Al,
lemagne s'améliorerait si efe pouvait re-
prendre les échanges commerciaux avec
la Russie. La France dans ces conditions
aurait intérêt iL la reprise diCI ces relations
qui auraient ipour conséquence l'améliora-
tion de lu capacité financière allemande,
par conséquent aussi de ses facultés de
paiement.
Le chef du gouvernement britannique a
i>DéciJi,) qu'il devait être bien entendu en
revanche que ces garanties très sérJeuse
seraient prises à l'égard du gouvernement
des Soviets. Une des premières conditions
exigées serait la reconnaissance des dettes
des gouvernements russes antérieurs.
MM. Bonorni, Theunis et le, vicomtê
Ishii se sont associés à la diéclaration de
M. Lloyd George.
M. Bliane a paiement donné son adhé-
sion de principe en insistant parliculière-
ment sur la nécessité des garanties à ottP,-
nir de la Russie.
LE COMMUNIQUE OFFICIEL
La pnemière séance de la Conférence
des puissances alliées a eu Helu au Cerdú
Nautique, à 11 heures, sous la présidence
de M. Briand. -
Après que le président eut souhaité la
bienvenue aux délégués. M. Lloyd George,
pur l'invitation ce M- Brîurid, a exposé
ses vues sur la situation générale écono-
mique de l'Europe et formulé certaines pro-
positions.
Les ohefs des différentes délégations ont
affirmé leur adhésion de principe à ces
propositions qui ont été renvoyées à un co-
mité qui se reunim cet après-midi à 15 h. 30
et qui sera composé des présidents du
conseil et des ministres ces affaires étran-
gères.
D'autre part, il a été décidé que les mi-
nistres des finances se réuniraient à une
heure qui sera fixiée ultérieurement pour
examiner le rapport des experts chargés
de l'examen cîe la question des réparations.
M. FRANKLIN BOUILLON PART POUR
CANNES
M. Franklin-Bouillon vient d'être appelé
à Cannes par le président du Conseil. Il
partira demain matin.
COLLABORATION AVEC L'ALLEMAGNE
ET LA RUSSIE
Après avoir, ce matin, exposé à la con-
férence son plan de reconstitution de l'Eu,
rope, M. Lloyd George a formulé des con.
clusions sous forme de projet de rasolu.
tion.
D'après les indications recueillies auprès
de différentes délégations, le texte déposé
par le chef du gouvernement britannique
comporte la collaboration à la conférence
projetée pour février ou début de mars, da
toutes les puissances européennes, Alle-
magne et Russie comprises.
Pour donner aux décisions qui y seront
prises le maximum d'autorité, il serait dé-
sirable que les Premiers ministres de cha-
que nation y assistent.
- La conférence doit rechercher les moyens
propres à assurer la reprise du commerce
international à travers l'Europe, le dévelop-
pement des ressources de tous les pays.
Pour atteindre ce but, un effort commun
des plus 'fortes puissances est nécessaire.,
Cet effort doit s'appliquer à la suppression
des obstacles d'ordre politique qui entra-
vent le commerce : il doit s'appliquer aussi
à l'octroi de crédits importants aux pays
plus faibles. Certaines garanties fondamen-
tales sont indispensables à la réalisation de
cet effort ; elles ne doivent cependant avoir
pour objet de porter atteinte en aucune tna-
nière à la souveraineté d'aucune nation.
En premier lieu, il doit être spécifié "que
les puissances ne peuvent revendiquer le
droit de se discuter mutuellement Is prin-
cipes suivant lesquels eUes doivent orga-
niser à l'intérieur du territoire national
leur économie et leur gouvernement. Char
cune d'elles a le droit de choisir pour elle-
même le système qu'elle préfère quand il
s'agit de questions telles que la propriété
du sol, le développement des grandes en-
treprises d'utilité publique comme les mi-
nes et les chemins de fer,, le contrôle par,
la. nation ou par des particuliers de sea
principales ressources ou industries.
La deuxième des conditions indiquées par
M. Lloyd George peut se résumer ainsi :
Avant - que l'on puisse disposer de capi-
taux étrangers pour venir en aide à un
pays, les. étrangers qui fourniront les fonds
devront avoir l'assurance que leurs biens
seront respectés, que leurs justes créan-
ces seront remboursées et que les béné-
fices de leurs entreprises leurs seront as-
Gurés.
LES DETTES DES EMPRUNTEURS
La troisième des garanties préconisées
par le Premier britannique s'inspire de la
même idée que la, précédente, mais en pré-
voit une application plus génÓrale. Elle
vise les dettes et obligations publiques con-
tractées dans Te- passé on* à contracter à
l'avenir par les gouvernements désireux
d'obtenir des crédits étrangers.
Ces gouvernements devront s'engager
librement à reconnaître lesdites dettes et
Obligations, ainsi qu'à restaurer ou indem.
niser tous les intérêts étrangers pour les
pertes et les dommages qui leur ont été
fa usés du fait de la confiscation au de la
séquestration de la propriété. Ces gouver
nemieinls devront, en outre, s'engager à éta-
blir lm système juridique sanctionnant ou
mettant en vigueur dans des conditions
d'impartialité les relations commerciales
ainsi que les autres contrats.
Le projet de résolution britannique: indi-
que ensuite qu'il convient de disposer do
moyens d'échange convenables et que, d'une
manière générale, des conditions financières
et monétaires doivent exister, qui offrent au
comme:rce des garanties raisonnables. 1
PAS DE PROPAGANDE
REVOLUTIONNAIRE
La dernière partie de la proposition de
M. Lloyd George: est particulièrement inté-
ressante. D'après elle, toutes les nations
doivent s'engager à s'abstenir de toute pro-
pagande subversive de l'ordre: et du système
politique établi dans d'autres pays et preu-
17 Nivôse, An 130. — Ne IMM 4. e 4 Cé IlUihéro : QUINZE CENTIMES Samedi 7 janvier 1922.- N° 18655
Fendafeur. Ilsae) 8
, VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIB
ABONNEMENTS
Un aD Six mois TrcUmali
SEINE & S.-ET-OISE. 38 >» 20 t) tt »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 »
ETRANGER. 49 » 25 » 13 »
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Rédaction et administration : Nord 24-90,24-91-— Après 10h Il soir : Gutnberg 00-70
TRIBUNE LIBRE 1
L'armÉe He demaina l'ordre ûn jonr de la Ciiamliri;
-
Dès sa rentrée, dans
quelques jours, la Cham-
bre doit commencer la dis-
cussion des lois militaires
dont les projets sont dépo-
sés, c'est-à-dire :
1° La loi sur le recrute-
ment de l'armée, présentée
par le gouvernement et rapportée par
la commission de l'armée ;
2° Le projet Paul-Boncour, qui est, en
partie, l'ancien projet Jaurès ;
3° Le projet d'organisation générale
et de recrutement du regretté général
de Maud'huy, repris, à titre de contre-
projet, par Paul Bénazet.
Comme je l'ai déjà écrit ici-même (1)
le projet du gouvernement sera la base
de toute la charte militaire de l'armée
de demain, telle qu'elle devrait résulter
des enseignements de la guerre de 1914
1918, — cette armée de demain se
substituant à l'armée d'avant-guerre,
dont la conception avait été motivée
par la victoire allemande de 1870-1871.
En relisant le remarquable rapport
de M. Jean Fabry sur le recrutement de
l'armée, je constate que la commission
de l'armée a cru devoir écarter la con-
ception Paul-Boncour et la conception
de Maud'huy. parce que ne répondant
pas aux directives qu'elle « entendait
suivre » pour assurer convenablement
la mobilisation.
Ou elle mobilisation ?
Il semble que les états-majors re-
prennent — en le perfectionnant un
peu, il est vrai — le système de mobi-
lisation et de concentration de 1914.
Grâce à la maîtrise de la direction des
chemins de fer, tous ses transports de
mobilisation et de concentration avaient
été effectués comme ils avaient été
prévus. En sera-t-il de même désor-
mais ? Je ne le crois pas.
Mon excellent ami le général Ver-
raux a déjà expliqué, verbalement et
par écrit, pourquoi l'on ne pourrait
plus obtenir un rendement suffisant
des chemins de fer.
Il est bien évident qu'à la déclaration
de guerre nos adversaires déclencheront
immédiatement une aviation formida-
ble, avec la mission de survoler toute
nnfr>a r.irri/vn frnntiÀT't) riv TPTIflrA lm];::
IlUUU J. v.^VU J.J. f V* J * v w
les transports impossibles, de couper
nos voies ferrées, voire même de bom-
barder les trains de troupes. En 1914,
l'aviation était à ses débuts ; elle ne
pratiquait pas le vol de nuit. Aujour-
d'hui, elle a fait des progrès tout à fait
remarquables, tant par l'entraînement
et la hardiesse de son personnel que
par les perfectionnements constants de
son matériel. Dans la dernière année
de la guerre, j'ai moi-même reçu des
comptes rendus de certains de nos avia-
teurs, qui avaient bombardé des trains
de troupes allemandes en Lorraine.
On m'objectera que l'aviation de l'ad-
versaire sera contrebattue par la nôtre
et que celle-ci protégera nos lignes fer-
rées. C'est vrai en partie, mais pour
une très petite partie seulement. S'ima-
gine-t-on, en effet, la quantité d'esca-
drilles qui serait nécessaire pour as-
surer la sécurité de l'air sur tout le
réseau des chemins de fer français ?
Cela ne veut pas dire que nous devions
renoncer à dominer l'aviation ennemie,
et c'est précisément dans ce but que
j'écrivais la semaine dernière (2) com-
bien il était regrettable d'avoir diminué
les crédits de l'aéronautique dans le
budget de la guerre pour 1922.
Il n'en ressort pas moins que les ho-
raires des transports par voie ferrée à
la mobilisation seront, en grande par-
lée, bouleversés, même interrompus,
dans l'avenir. Il faut songer à effectuer
les transports de matériel les plus inr
portants par des sections de camions
automobiles, dont le plan de transport
devra être minutieusement étudié à
l'avance, de nuit, tous phares éteints,
par des itinéraires défilés le plus pos-
sible des vues des aviateurs, sous bois
autant qu'il se pourra. Quant aux
transports de troupes, on doit s'efforcer
de les réduire par tous les moyens ; et
l'un de ces meilleurs moyens serait la
mobilisation sur place dans toute la
Kone frontière.
Que faut-il pour y arriver ?
D'abord, adopter le recrutement ré-
gional du contingent, si l'on veut bien
décider enfin à ne jamais se servir
de la troupe comme de la police ou
de la gendarmerie, en cas de troubles
à l'intérieur ; c'est ce que demande, si
je ne me trompe, Paul-Boncour ; c'était
ce que demandait Jaurès.
(1) Voir le numéro du Rappel du 25 novem-
bre 1921.
(2) Voir le numéro du Rappel du 31 décem-
bre 1931»
Puis, prescrire qu'après leur temps
de service actif, les hommes restant à
la disposition dans leurs foyers, ainsi
que les réservistes, conservent chez eux
leurs effets militaires et leur équipe-
ment (les armes et munitions étant dé-
posées dans les mairies ou dans un
local désigné par l'autorité militaire) ;
c'était le projet du grand Carnot, et
ce fut celui de Jaurès.
Enfin. faire l'instruction du contin-
gent annuel dans des camps-écoles à
proximité des frontières ; c'était jadis
le système des légions romaines ; c'était
l'idée du général de Maud'huy dans sa
conception de l'armée de couverture.
En faisant ainsi l'instruction des re-
crues dans des camps près de nos fron-
tières. l'on supprimerait un certain
nombre de garnisons de l'intérieur. Les
mastroquets s'en plaindraient sans
doute, par conséquent aussi quelques
élus du scrutin d'arrondissement ; mais
la santé et l'instruction militaire du
soldat y gagneraient singulièrement :
sans compter que l'Etat réaliserait une
recette considérable en aliénant toutes
les casernes, devenues sans utilité.
Comme on le voit, les projets Paul-
Boncour et de Maud'huy contiennent
d'excellentes idées ; espérons que la
Chambre ne subira pas trop l'influence
de sa commission de l'armée et ne les
écartera pas complètement, sous le
prétexte insuffisant d'une mobilisation
qui est irréalisable telle qu'elle : est
envisagée.
Général CERARD.
Ancien commandant d'armée.
EDITORIAL
'of:' ..L"
Pronostics '," "-.
Déjà vous voudriez con"
naître les résultats de la
Conférence de Cannes.
Hé ! sans doute. De fidèles
lecteurs m écrivent même
pour me demander mon
« pronostic ». Jamais je
n'ai autant regretté d'ignorer l'art des
tarots et la science du marc de café.
Les augures eux-mêmes qui participent
à la Conférence ont cessé de rire en se
regardant.
Peut-on savoir 1 Un coup de mistral,
une tasse de thé tiède, un mauvais coup
de crosse au golf, et voilà notre sei-
gneur Lloyd George en cavalcade der-
rière les chimères, et la tramontane
secouée par les lubies.
C'est le diable de résoudre un pro-
blème sur un air de gigue, avec un dan-
seur qui vous marche tout le temps sur
les pieds.
M. Lloyd George est assurément un
bien curieux personnage. Pour une fois
que le léopard et la baleine ont fait un
petit, il est pour ébaubir le monde. Le
Premier anglais excelle, en effet. à ne
répondre aux questions que par d'au-
tres.
Nous disons : « Il faut que VAllema-
gne tienne ses engagements. » Il ré-
pond : « Ne trouvez-vous pas, mesSioy"
que ce Trotshy et ce Lénine ont une
bonne figure ? »
Avec cette méthode, on peut aller.
jusqu'au bout de la corniche, et même
faire le tour du monde en quatre-vingts
jours, sans que le « règlement 'de la
paix » ait avancé d'un p-ouce.
M. Philéas-Lloyd George-Fogg ne de-
vrait pas perdre de vue que tous les
chemins, qui, dit-on, conduisaient na-
guère à Rome, nous ramènent aujour-
d'hui aux régions dévastées.
Tant que la France n'aura pas la
garantie de son dii, le monde troublé
riaura pas la certitude de son avoir.
La faute et le crime commis contre
le droit en Alsace-Lorraine, après 1870,
ont pesé sur un demi-siècle d'histoire
et ont été les jalons de la grande guerre.
La faute et le crime qui seraient corn-
mis contre le droit dans nos régions
dévastées. après 1914, voueraient l'hu-
manité all cycle infernal de nouvelles
catastrophes.
calastroplie.ç. EDMOND DU MESNIL
Lire en deuxième page :
A la Conférence de Washington ;
Importantes déclarations de M. Sarraut
sur les sous-marins
En dernière heure :
Les derniers détails sur la tempête
LE FAIT DU JOUR
La salle où se tient la Conférence de Cannes au Cercle Nautique
En bas : MM. Briand et Loucheur 1
On dit.
LES POMMES DU VOISIN
Premier janvier
Pour, la tournée des visites protocolaires,
les trois haut-commissaires du gouverne-
ment, MM. Daniélou, Diagne et Pâté
avaient pris place dans une même voiture
du cortège présidentiel. M. Diagne, le noir,
s'assit entre les deux blancs. Sur tout le
parcours cette voiture lit sensation. Les
jeunes femmes et les enfants s'écriaient
sur son passage :
— Tiens ! Un nègre.
—Regarde ! Batouala !
Et M. Diagne, très à l'aise, saluait.
— On ne sortira plus avec toi, dit M.
Daniélou, tu nous fais remarquer.
— La prochaine fois on te mettra sur le
siège, à côté du chauffeur, dit M- Paté.
— Ça prouve en tout cas, fit M. Diagne,
que si une blanche vaut deux noires, et
c'est tout à fait mon avis quand il s'agit
de la Parisienne, un noir vaut bien deux
blancs.
M. de Fouquières annonçait les déléga-
tions à la porte du salon où recevait le pré-
sident de la République, - entouré des mem-
bres du gouvernement. La Cour de cassa
tion, puis la Cour des comptes venaient de
déliler. Tout à coup M. de Fouquières an-
nonça
— Le Conseil supérieur de l'Instruction
publique.
Une dame,, d'allure assez jeune, s'avan-
ça seule, adressa quelques paroles à M.
Millerand, lui serra la main et s'en fut.
Tout le monde se tourna vers M. Léon
Bérard, qui s'exclama :
— Oui, oui, oui, je la connais, ie suis
de volre avis, c'est un peu court pour le
Cons.eJil supérieur de l'Instruction publi-\
que ! Mais. est-ce ma faute si les hommes
se font remarquer par leur absence ?
(Le Cri de Paris.)
<&.
Qu'en eût dit Feydeau ?
Dans une petite sous-préfecture de pro-
vince, un sous-préfet et un magistrat vi-
vaient clans une intimité si cordiale que le
ménage de l'un de ces deux fonctionnaires
s'en ressentit .Le fait devint notoire dans
Landerneau. On en jasa. Le ministre de
l'intérieur et le garde des sceaux en furent
informés, et ils décidèrent d'aviser. Pour
ne pas faire de jaloux, il fut entendu que
les deux fonctionnaires seraient déplacés
à la fois..
Rentrés chez eux, MM. M arraud et Bon-
nevay étudièrent un petit mouvement res-
treint en vue de dissocier le sous-préfet, et
le magistral, trop étroitement unis par ten-
dresse interposée. Ils le signèrent, sans se
consulter l'un l'autre davantage.
0 stupeur ! Quelques jours plus tard le
sous-préfet et le magistrat se retrouvaient
nez à nez dans une petite ville du Midi.
Par un hasard inouï, M. M arraud et M.
Bonnevay avaient expédié chacun leur su-
bordonné dans la même ville. Tout était
d recommencer : un second déplacement
fut opéré, mais celle fois les deux minis-
tres prirent la précaution de se prévenir
mutuellement avant de signer définitive-
ment.,
(Aux Ecoutes.)
M. le Préfet de police réglemente le jet
des confetti et des serpentins.
Le préfet de police vient de signer une
ordonnance relative au. jet des confetti et
à la projection des serpentins sur la voie
public pendant les jours gras et les fêtes
de la Mi-Carême-
Il sera défendu notamment de ramasser
à terre les confetti, mêlés à la poussière —
ou à la boue — suivant le temps. Par con-
tre, on pourra sans inconvénient ramas-
ser la boue ou la poussière, et la jeter à
la figure des gens, pourvu naturellement
qu'il n'y ait aucun confetti dedans.
Quant aux serpentins, leur: projection
reste rigoureusement interdite, malgré les
protestations de M. Maurice Barrès qui,
comme on le sait, est plus partisan que
jamais des enroulements volontaires quels
ou ils soient. ,
* (Le Canard Enchaîné.)
pour copie - conforue Le TaDiix
Pour la prochaine mobilisation
Le recrutement et la gendarmerie pour-
suivent la distribution des fascicules de mo-
bilisation en vue d'une guerre possible.
O'n ne saurait affirmer que ces cartons
multicolores sont remplis avec un soin par-
fait. Les copistes chargés de les mettre au
point semblent souvent ignorer la situation
militaire exacte des malheureux destinatni-
res. et l'on nous signale de nombreuses
erreurs.
Ainsi le bureau de Soissons ayant à con-
fectionner le fascicule d'un territorial auxi-
liaire après service armé, caporal, classe
1906 par engagement, habitant Paris et
porteur du matricule 1014, fit un fascicule
où notr'e; homme éta.it considéré comme
« service armé », affecté à La Fère, simple
soldat et appartenant à la classe 1907.
Réclamation. Le bureau envoie un deuxiè-
me fascicule où notre homme est considéré
ctanme auxiliaire. C'est le seul changement.
Il est toujours affecté à La Fère. au 42° R.A.
Il devra y partir, en cas de mobilisation,
bien que versé dans l'auxiliaire pour tuber-
culose contractée a.ux armées. Aucune men-
tion n'est faite de SIOn grade, obtenu à la
20o section S. E .M. R. le 1er avril 1919. Il
a refusé le fascicule pour la deuxième fois.
Nous avons dit que l'on nous, avait signalé
de nombreux cas analogues.
Nous demandons à l'administration de la
cuerre :
1° Si toutes ces erreurs sont involontaires
ou si elles ne servent pas à justifier, en dou-
blant le travail. l'existence d'un trop abon-
dant personnel. Dans les deux cas, des
sanctions doivent intervenir dans l'intérêt
général ;
2° Si les anciens CI service armé » versés
dans l'auxiliaire pour blessure ou maladie
contractée en service, doivent être affectés,
lors de la prochaine mobilisation, à plus
de 100 kilomètres de leur domicile, même
s'ils sont tcrrjtoriaux. Un bel encombre-
ment des infirmeries est à prévoir dans
ce cas ;
30 Quelles sont s réglés de mobilisation
des auxiliaires en général.
Nos questions intéressent assez de per-
sonnes pour que le ministère de la guerre
y prête quelque attention.
Les grands mutilés vivants
* et non identifiés
C'est une effrovable et dramatique page
de la guerre qu'évoqua Récemment au Sé-
nat M. Monsservin, sénateur de l'Avey-
ron.. ,.
Six anciens prisonniers de guerre, dfcve-
'nus feus en Allemagne par suite des priva-
tions et des souffrances morales qu'ils en-
durèrent, sont depuis leur rapatriement
dans un asile'd'aliénés et jamais il ne fut
possible de les identifier. Leurs familles,
dans quelque coin de France, les pleurenl
comme des disparus. Et, cependant, ils vi-
vent, mai.; ont perau toute notion des cho-
ses et de la vie.
Le fait n'est-il pas angoissant- ? Nul ne
gait qU,i ils sont : eux, moins Encore. L'Al-
lemagne les rendit sans papiers c'état-ci
vil : ils errent, anonymes, dans un hos-
pice.
M. Maginot, qui n'ignore pas les faits
et les déplore, se doit dei tout faire pour
percer celle ombre effrayante. Ils sont,
ceux-là aussi, des grands blessés qui mé-
ritent- toute la sollicitude, Xout l'intérêt.
Qu'on fasse connaître leur présence, qu'on
public leur photographie, qu'on interroge
leurs camarades Ge captivité.
Mais qu'il ne soit pas dit que! la France
se
leur intelligence.
Démission de M. de Valera
L'accord anglo-irlandais est toujours dis-
cuté au Dail ireann" On sait quelles diffi
cultés soulève la ratincatioin. M. de Valera,
président de ]a République irlandaise et
l'un des principaux auteurs du traité, vient,
annonçait hier soir une dépêche de Dublin,
de donner sa démission.
On sait 'q:lIl 35 députés préconisent, d'a-
près leurs discours, la ratification du traité,
que 34 y sont opposés, et que 49- n'ont pas
enoo're fait connaître leur avis.,
POLITIQUE ETRANGÈRE
La première réunion de la Conférence fle Cannes
L'EXPOSE DE M. LLOYD GEORGE
Une nomlle conférence aura lien en mars avec l'Allemagne, la Russie,., et peut-être les Etats-Unis
»
Première réunien de lai
conférence : des discours,
des déclarations, des pro-
jets : rien encore qui sorte
de l'ordinaire.
L'on nous avait annoncé
des surprises. M. Lloyd GeoTge, jaloux du
succès recueilli par M. Hughes lors de
l'ouverture de l'assemblée de Washington,
voulait, disait-on, lui aussi se réserver un
effet, et décocher quelque pétard toni-
truant. M. Lloyd George a parlé, posé-
ment, calmement et n'a révolutionné per-
sonne. Il a exposé la thèse anglaise, telle
que déjà nous la connaissions et qui peut
se résumer en ces inots : pour sortir le
monde du marasme dans lequel il se traî-
ne, il faut s'attacher à donner aux relations
économiques internationales un regain de
vitalité et comprendre dans le mouvement
aussi bien la Russie que l'Allemagne.
Ce qui revient à faire dépendre le re-
lèvement des Alliés du relèvement de leurs
ennemis. Ménageons l'Allemagne, aidons
la Russie : et pour ce qui nous concerne
personnellement, nous verrons bien plus
tard.
Certes, c'est là une doctrine très altruiste
et empreinte d'une grandeur d'âme qui est
peu ordinaire.
Mais sous cette générosité de façade, se
cache le primordial intérêt qu'a l'Angle-
terre à intensifier l'activité économique in-
ternationale : Et c'est précisément ce qui
sépare de nous, nos alliés britanniques.
L'Angleterre ne souffre plus de la guerre
dans sa chair : elle en supporte. comme le
monde entier les conséquences fatales.
Mais celles-ci sont inhérentes au trouble
général beaucoup plus qu'à un malaise per-
sonnel:
Tandis que la France a, elle, encore,
une plaie sanglante et peut difficilement
accepter qu'avant que soit cicatrisée sa
blessure, l'on entoure les coupables des
soins qui lui reviennent.
Le point de vue français et le point -1
vue anglais se heurtent à un dilemme ;
Ou l'Allemagne paie et la France se re-
dresse ; mais te mark s'eltondre et le com-
merce anglais reste paralysé.
Ou PAllemagne ne paie pas, et la France
agonise ; mais le mark -se rélève et le
commerce anglais s'épanouit.
Entre les deux thèses, si précises dans
leurs contradictions et si angoissantes
dans leurs conséquences, est-il possible de
trouver un compromis ? C'est, sans doute,
ce qu'on va chercher à Cannes.
On a appelé la solution cherchée la
« quadrature du cercle ». Plus on va, plus
cette définition se justifie.
Raymond LANGE.
LA SEANCE D'OUVERTURE
La Conférence s'ouvre lté matin sans ap-
parat extérieur.
Sans la présence aux abords du Cercle
Nautique de quelques gendarmais et C'UQ
certain nombre de ourieuix, on ne soupçon-
nerait pas que les représentants des puis-
sances alliées vont y tenir une réunion qui
sera particulièrement importante.
A l'intérieur du Cerclai, l'animation, est
plus grande, particulièrement dans les sa-
lons réservés à la presse.
A onze heures, les délégations 1eltrent
dans la salle des séances, qui est sobre-
ment décorée '::.e plantes vertes. M. Briand,
qui préside, est assis au centre d'une table
en fer à cheval. Il a, à sa droites, M. Lloyd
George, lord Curzon, sir Robert Horne et
sir Worlhington Evans, délégués britan-
niques ; puis, MM. Bonomi. delta Torretla
et Raineri, déléguiés italiens. A sa gauche,
prennent place, MM. Doumer et Loucheur,
le colonel Harvey, représentiiait les Etats-
Unis ; le baron Hayashi, le vicomte Ishii,
Gôlégiués du Jaj)on ; MM. Theunis et Jas-
par, représentants belges.
Derrière chacune ces délégations sont
installés leurs secretaires. En face du pré-
siùent, se tient l'interprète.
Après quelques» mots de bienvenue de
M. Briand, M. Lloyd George a fait un long
exposé de la situation économique en Eu-
rope montrant les nécessités de rétablir les
uchanucts commerciaux normaux.
Pour étudier et régler les queslions éco-
nomiques qui se posant actuellement dans
le monde, a-t-il déclaré, la bonne volonté
de tous est indispensable. Il daut donc
entendre les représentants de toutes les
puissances intéressées.
Les chefs des autres délégations se sont
associés à ces vues.
Il a été donné lécture du projet de ré-
solution acotplë par la Conférence des ex-
perts industriels et financiers réunis: la
semaine dernière à Paris, sous la prési-
dence de M. Loucheur, tendant à la re-
constitution économique de l'Europe,.
Ce projet a été adopté d'ans ses grandes
lignes. En conséquence, une conférence in-
ternationale sera convoquée à bref délai.
Les principales puissances intéressées .se-
ront invitées, y compris l'Allemagne et ia
Russie. Pour la Russie, toutefois, certaines
conditions seront mises à sa convocation.
Une nouveile séance est lúécidée pour
l'après-midi pour préciser les garanties à
exigier de la Russie à cet égard.
L'EXPOSE DE M. LLOYD GEORGE
Dans son exposé à la Conférence, M.
Llovd George a insisté avec beaucoup d'é-
nergie sur ce point que le sort de toutes
les nations d'Europe est liié et que, en par-
ticulier, en ce qui concerne la Russie, il
lui paraît incontestable que sa situation
économique a des répercussions dans le
moade entier et notamment en Allemagne.
En un mot, le premier ministre anglais
a mis en lumière les rapports qui existent
entre l'Europe orientale et l'Europe cen-
trale. M. Lloyd George a insisté sur cc
point que la situation économique ce l'Al,
lemagne s'améliorerait si efe pouvait re-
prendre les échanges commerciaux avec
la Russie. La France dans ces conditions
aurait intérêt iL la reprise diCI ces relations
qui auraient ipour conséquence l'améliora-
tion de lu capacité financière allemande,
par conséquent aussi de ses facultés de
paiement.
Le chef du gouvernement britannique a
i>DéciJi,) qu'il devait être bien entendu en
revanche que ces garanties très sérJeuse
seraient prises à l'égard du gouvernement
des Soviets. Une des premières conditions
exigées serait la reconnaissance des dettes
des gouvernements russes antérieurs.
MM. Bonorni, Theunis et le, vicomtê
Ishii se sont associés à la diéclaration de
M. Lloyd George.
M. Bliane a paiement donné son adhé-
sion de principe en insistant parliculière-
ment sur la nécessité des garanties à ottP,-
nir de la Russie.
LE COMMUNIQUE OFFICIEL
La pnemière séance de la Conférence
des puissances alliées a eu Helu au Cerdú
Nautique, à 11 heures, sous la présidence
de M. Briand. -
Après que le président eut souhaité la
bienvenue aux délégués. M. Lloyd George,
pur l'invitation ce M- Brîurid, a exposé
ses vues sur la situation générale écono-
mique de l'Europe et formulé certaines pro-
positions.
Les ohefs des différentes délégations ont
affirmé leur adhésion de principe à ces
propositions qui ont été renvoyées à un co-
mité qui se reunim cet après-midi à 15 h. 30
et qui sera composé des présidents du
conseil et des ministres ces affaires étran-
gères.
D'autre part, il a été décidé que les mi-
nistres des finances se réuniraient à une
heure qui sera fixiée ultérieurement pour
examiner le rapport des experts chargés
de l'examen cîe la question des réparations.
M. FRANKLIN BOUILLON PART POUR
CANNES
M. Franklin-Bouillon vient d'être appelé
à Cannes par le président du Conseil. Il
partira demain matin.
COLLABORATION AVEC L'ALLEMAGNE
ET LA RUSSIE
Après avoir, ce matin, exposé à la con-
férence son plan de reconstitution de l'Eu,
rope, M. Lloyd George a formulé des con.
clusions sous forme de projet de rasolu.
tion.
D'après les indications recueillies auprès
de différentes délégations, le texte déposé
par le chef du gouvernement britannique
comporte la collaboration à la conférence
projetée pour février ou début de mars, da
toutes les puissances européennes, Alle-
magne et Russie comprises.
Pour donner aux décisions qui y seront
prises le maximum d'autorité, il serait dé-
sirable que les Premiers ministres de cha-
que nation y assistent.
- La conférence doit rechercher les moyens
propres à assurer la reprise du commerce
international à travers l'Europe, le dévelop-
pement des ressources de tous les pays.
Pour atteindre ce but, un effort commun
des plus 'fortes puissances est nécessaire.,
Cet effort doit s'appliquer à la suppression
des obstacles d'ordre politique qui entra-
vent le commerce : il doit s'appliquer aussi
à l'octroi de crédits importants aux pays
plus faibles. Certaines garanties fondamen-
tales sont indispensables à la réalisation de
cet effort ; elles ne doivent cependant avoir
pour objet de porter atteinte en aucune tna-
nière à la souveraineté d'aucune nation.
En premier lieu, il doit être spécifié "que
les puissances ne peuvent revendiquer le
droit de se discuter mutuellement Is prin-
cipes suivant lesquels eUes doivent orga-
niser à l'intérieur du territoire national
leur économie et leur gouvernement. Char
cune d'elles a le droit de choisir pour elle-
même le système qu'elle préfère quand il
s'agit de questions telles que la propriété
du sol, le développement des grandes en-
treprises d'utilité publique comme les mi-
nes et les chemins de fer,, le contrôle par,
la. nation ou par des particuliers de sea
principales ressources ou industries.
La deuxième des conditions indiquées par
M. Lloyd George peut se résumer ainsi :
Avant - que l'on puisse disposer de capi-
taux étrangers pour venir en aide à un
pays, les. étrangers qui fourniront les fonds
devront avoir l'assurance que leurs biens
seront respectés, que leurs justes créan-
ces seront remboursées et que les béné-
fices de leurs entreprises leurs seront as-
Gurés.
LES DETTES DES EMPRUNTEURS
La troisième des garanties préconisées
par le Premier britannique s'inspire de la
même idée que la, précédente, mais en pré-
voit une application plus génÓrale. Elle
vise les dettes et obligations publiques con-
tractées dans Te- passé on* à contracter à
l'avenir par les gouvernements désireux
d'obtenir des crédits étrangers.
Ces gouvernements devront s'engager
librement à reconnaître lesdites dettes et
Obligations, ainsi qu'à restaurer ou indem.
niser tous les intérêts étrangers pour les
pertes et les dommages qui leur ont été
fa usés du fait de la confiscation au de la
séquestration de la propriété. Ces gouver
nemieinls devront, en outre, s'engager à éta-
blir lm système juridique sanctionnant ou
mettant en vigueur dans des conditions
d'impartialité les relations commerciales
ainsi que les autres contrats.
Le projet de résolution britannique: indi-
que ensuite qu'il convient de disposer do
moyens d'échange convenables et que, d'une
manière générale, des conditions financières
et monétaires doivent exister, qui offrent au
comme:rce des garanties raisonnables. 1
PAS DE PROPAGANDE
REVOLUTIONNAIRE
La dernière partie de la proposition de
M. Lloyd George: est particulièrement inté-
ressante. D'après elle, toutes les nations
doivent s'engager à s'abstenir de toute pro-
pagande subversive de l'ordre: et du système
politique établi dans d'autres pays et preu-
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