Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-01-01
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 79956 Nombre total de vues : 79956
Description : 01 janvier 1922 01 janvier 1922
Description : 1922/01/01 (N18650). 1922/01/01 (N18650).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7553341w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
Il Nivôse, An 130. — N° 18655 Z* numfto: QUINZE CENTIMES
Dimanche l'r janvier 1922. — NI 18658
grandatoups (1869) t
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
UN an SixmoU Trois mois
SEINE & S.-KT-OISE. 38 » 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 »
ETRANGER. 49 » 25 » 13 »
Adresser toutes les communications
au directeur.
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Rédacteur en chef a
RAYMOND LANGE
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Boulevard cle Strasbourg, 38 — PARIS
, Directeur: EDMOND DU MESNIL
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Rédaction et administration : nord 24-90,24-91-— Après 10 h du soir : Gutenberg 00-70
| TRIBUNE LIBRE
L'échec de la Conférence
1 du désarmement naval
— ♦
C'en est fait. La Confé-
rence du désarmement na-
val se termine par un
lamentable fiasco. Mon der-
nier article laissait prévoir
cet échec. Il fallait s'y
attendre. Sur la limitation
du tonnage en grosses uni-
tés, la France pouvait céder, sans com-
promettre en rien ni sa Idéfense
métropolitaine, ni sa défense coloniale.
La guerre a démontré l'impuissance des
monstres blindés à assurer cette défense.
Par contre, elle a prouvé aussi que le
submersible et le sous-marin sont les
armes les plus terribles contre les dread-
noiights et les superdreadnoughts. Plus
je sécurité pour les mastodontes, ni dans
le voisinage des côtes, ni dans les mers
restreintes telles que la Méditerranée, ni
même sur les plus vastes océans. Que
dis-je ? Leurs ports même ne sauraient
plus les protéger : la torpille aérienne,
ancée par 1-1 dirigeable oui par l'avion,
vient jusque-là leur porter le coup
mortel.
L'amiral de Bon, chef de la mission
T'ïhniqiie française, a, certes, mis en
lumière, d'une façon remarquable, le
rôle que l'avion et le dirigeable ont joué
fcéjà et sont surtout appelés à jouer
dans les batailles navales. Nul doute
.que leur action dans les airs, combinée
avec celle des sous-marins et des sub-
mersibles dans les profondeurs des eaux,
ctmme avec celle des bâtiments légers
ilv surface : croiseurs extra-rapides, tor-
pilleurs et destroyers, ne soit décisive.
i l. cependant, n'êtes-vous pas frappé du
silence gardé par les membres de la dé-
légation britannique sur l'aéroplane et
le dirigeable ? Il n'est venu à la pensée
d'aucun d'eux d'en demander ni la sup-
pression, ni la limitation.
1 Considéreraient-ils ces armes aérien-
r 's comme moins meurtrières ou moins
barbares que les armes sous-marines ?
Ne serait-ce pas plutôt parce qu'on peut
combattre le dirigeable et l' avion par
l'avion et le dirigeable, tandis que le
sous-marin ne saurait être combattu par
le sous-marin ? Mon ami Paul Fou\in
l'a dit avec raison : « Pour se combattre,
il faut se voir, sinon le duel se réduit
à une vulgaire partie de colin-maillard. »
Et, sous l'eau, on ne se voit guère. Deux
submersibles peuvent passer, dans la
profondeur des mers, l'un à côté de l'au-
tre sans s'en douter. Si, d.'aventure,
quelque chose leur révèle leur voisinage,
ils devront, pour s'attaquer, remonter
à ki sur lace.
Quoi qu'on pense de ces observations,
l'Angleterre aurait voulu obtenir de la
Conférence de Washington la suppres-
sion du sous-marin, voilà le fait. Qu'elle
conçût la chimérique espérance qu'on
lui donnerait satisfaction sur ce point,
j'en doute fort-. Tout au moins les puis-
sances maritimes de second ordre accep-
teraient-elles, pour ces petites unités de
combat, une limitation du tonnage total
proportionnelle à celle qui avait été con-
sentie pour les grosses unités.
Par l'organe autorisé du ministre des
colonies, mon éloquent ami Albert Sar-
iïiut, parlant au nom du Gouvernement
.,'!nçaiS tout entier et du Conseil supé-
rieïty de la défense nationale, la délé-
flwMon française a repoussé cette pré-
- tention. Combien elle a eu raison ! Du
coup, la Conférence a fini, toute révé-
rence gardée, en véritable queue de
poisson. M. JSalfour a déclaré que
r Angleterre reprenait son entière liberté
diction. Mieux encore. Il n'a pas caché
qu'il voyait dans la thèse française une
menace, une très grande menace pour la
Grande-Bretagne. Et il a revendiqué
pour le Royaume-Uni la liberté de cons-
truire. pour se défendre contre les sous-
marins. autant de sous-marins et de
ÎMjfimfnittf légers qu'il le jugera utile,
sans limitation de tonnage.
* La Conférence du désarmement naval
s'est donc séparée sans avoir pris de
décision en ce qui concerne les sous-
marins et les submersibles. La limita-
tion du gros tonnage reste acquise, celle
du tonnage total des petites unités de-
meure en suspens. A qui la faute ? — A
'a France, écrivent la plupart des jour-
naux anglais. Ce sont ses exigences qui
ont tout fait échouer.
Et M. Hughes lui-même n'est pas loin
(lie partager ce sentiment.
- - A l'Angleterre, répondons-nous sans
hésitation.
Que veut la Grande-Bretagne ? La
Grande-Bretagne entend garder, quoi
- (¡'il advienne, envers et contre tous, la
maîtrise des mers. Elle en a besoin pour
assurer tout à la fois la nourriture de
nés habitants et l'alimentation de ses
usines en matières premières. Que ses
communications. avec son magnifique
empire colonial, soient interrompues
seulement pendant quelques jours, et ses
usines s arrêtent, et sa population ris-
que d'être affamée. « Question de vie
ou de mort », dit-elle.
— Fort bien. Mais est-ce moins pour
la France une question de vie ou de mort
de garder également la liberté de ses
communications avec son empire nord-
africain et avec tout le reste de son
domaine colonial ? Ignore-t-on en An-
gleterre — et en Amérique — les inou-
bliables services rendus par nos colonies,
non seulement à la mère patrie mais à
tout le monde civilisé, tant sur les
champs de bataille, avec nos vaillants
soldats coloniaux, que dans les usines,
avec la main-d'œuvre coloniale ? Et si
nous ne pouvons pas ou nous ne voulons
pas assurer cette liberté avec des cui-
rassés, en qui — aurions-nous le nom-
bre — nous n'avons plus aucune confian-
ce, pourquoi nous serait-il interdît de la
demander à ces petites unités — armes
du faible et du pauvre -'- pour qui
l'Angleterre n'a pas assez de mépris.
intéressé ? *
— Mais, alors, vous voulez rompre
l'Entente ?
— Certes non ! Nul ne tient plus que
nous à l'amitié anglaise. Nous demeu-
rons convaincu que cette rupture serait
une calamité, non seulement pour cha-
cune des deux nations, mais encore pour
l'Humanité. Mais il n'y a amitié que là
où il y a égalité. Point d'amitié entre
supérieur et subordonné. Or, si nous
cédions sur cette question des sous-
marins et des submersibles, la France
cesserait d'être l'égale de l'Angleterre.
Bon gré mal gré, elle en deviendrait, en
quelque sorte, la vassale.
Eh bien ! ce vasselage, -" il faut que
nos amis comme nos adversaires, dans
tout l'univers, le sachent bien,- la
France libre, fière et indépendante, la
France de la Révolution et de la Grande
Guerre, ne l'acceptera jamais !
Henri MICHEL
Ancien nateur.
Ancien Rapporteur du budget de la Martnlt.
La Politique Etrangère
Des dessins sur le sable
Après avoir fort bien
dîné et un peu discuté, les
hommes d'affaires réunis
à Paris, de Londres,' de
Rome et de Bruxelles, se
sont séparés sans avoir en-
core abouti à autre chose
qu'à un projet.
Nous sommes évidemment habitués
aux palabres sans fin auxquels se plai-
sent les hommes d'Etat. Est-ce pour cela
que nous pouvions espérer que, pour une
fois que s'assemblaient des réalisateurs
pratiques, ils donneraient au monde au-
tre chose que des paroles et des pro-
messes ?
Mais, hélas ! l'état de l'Europe est
sans doute tel que ce soit là la seule
panacée qu'on puisse trouver à ses
maux.
Et nous aurons une commission de
plus, un tapis vert de plus, autour du-
quel on jonglera avec les millions et
même les milliards, tandis que la Fran-
ce continuera de contempler mélancoli-
quement ses ruines accumulées et ses
plaies non guéries.
Car, sous les cariatides du salon de
l'Horloge, qui grimaçaient ironiquement
aux châteaux en Espagne édifiés, entre
deux bouffées de cigarettes, par tous les
économistes éminents que le monde nous
avait envoyés, l'on fit sans ¡doute le tour
de VEurope ; l'on s'arrêta en Russie, en
Orient, en Allemagne ; mais le Nord dé-
vasté n'eut pas une pensée ; Reims, en
ruines, n'eut pas un souvenir, et nos
usines glorieuses et courageuses qui,
quand même, veulent se redresser, n'eu.
rent même pas un hommage.
Les évocations douloureuses sont mau-
vaises pour la digestion.
L'on mettra donc le monde en société
par actions. En ce temps de krachs finan-
ciers, ce n'est peut-être pas très encou-
rageant ; mais ce sont les Etats qui paie-
ront. Et les Etats, nous savons tous qui
les représente, du moins quant au porte-
monnaie. ,'
Quant aux intérêts à toucher, croyez-
moi, n'en parlons plutôt pas ; car, à
cette aube dyan nouveau, il sierait mal
d'agiter de trop sombres pensers.
Raymond LANGE.
LE FAIT DU JOUR
L'hérilage : e En v'là un fouillis à débrouiller !. »
On dit.,.
Autrefois
Les petites baraques.
Les petites baraques du jour de l'an sont
de vieilles habituées du Boulevard.
C'est le roi Louis XVI, en 1789, qui
accorda le premier cette autorisation aux
petits commerçants pour les favoriser.
En 1793, un décret leur intendit d'élever
les petites baraques sur la voie publique.
C'est seulement Napoléon III qui leur ren-
dit la liberté.
Depuis, elles n'ont plus eu à se plaindre
des autorités, les Parisiens leur font fête
chaque année.
Aujourd'hui
Michel Ange est mort.
IL est mort il y 'a quelques jours dttne
attaque d'apoplexie. Quoique la nouvelle ne
soit pas gaie, plus d'un lecteur sourira en
lisant ces lignes. Ce n'est pourtant pas une
plaisanterie ; il s'agit d'une curieuse {igurt\i%
bien -qu'inconnue en France, mais très con-
nue à Londres : né à Sofia, ce Michel Ange
était fils d'un Italien et d'une Grecque ; il
vint à Londres tout jeune, étonna ses pro-
fesseurs et fut bientôt décrété philosophe.
Il parlait couramment le grec, le français,
l'italien, le turc, l'anglais, l'arabe et bien
entendu le flltin, mais il n'avait aucune dis-
position pour la peinture et la sculpture
- malgré ce nom prédestiné..,
.-
La reconnaissance.
Ce sentiment rare se manifeste parfois
(t'une façon originale et imprévue.
Ainsi, M. Ernest de Saint-Gilles, après
avoir péniblement débuté dans le journa-
lisme à New-York, parvint à amasser une
fortune de 1.500.000 francs.
Il vient d'en léguer la moitié à son tail-
leur ; tout simplement parce que ce digne
homme, aux jours malheureux, avait con-
senti à lui faire des costumes sans jamais
lui demander d'acompte.
La confiance est parfois récompensée.
LE TAPIN.
Les résultats de la Conférence
économique
La conférence interalliée de banquiers
et d'industriels a tenu hier matin, de 10 h.
à midi et demi, au quai d'Orsay, sa seconde
séance. Après quoi elle s'est séparée. La
brève note qui suit a été communiquée :
« La réunion des délégués industriels et
financiers de la Grande-Bretagne, de la
France, de l'Italie, de la Belgique et du Ja-
pon, a .tenu plusieurs séances au quai d'Or-
say, sous la présidence de M. Loucheur.
Elle a abouti à la rédaction d'un projet qui
sera soumis au Conseil suprême à
Cannes. »
Nous avons indiqué, d'autre part, les
grandes lignes du projet élaboré par cette
conférence d'hommes d'affaires, en vue
d'améliorer, de restaurer, pai* une action
internationale, la situation économique et
financière de l'Europe, particulièrement de
l'Eunoipe orientale.
La réunion qui vient de se tenir à Paris
n'avait pas à s'occuper, du problème des ré-
réparations, ni des problèmes qui seront
étudiés par la conférence économique inter-
nationale dont la convocation est à l'ordre
du jour du conseil suprême de Cannes.
Elle a été unanime à reconnaître que la
reconstruction économique de l'Europe inté-
ressait également tous te,s Etats ; qu'une en-
tière solidarité doit les unir à cet effet ;
que le malaise commercial qui pèse sur
l'Europe est considérablement aggravé paii
le fait de la fermeture du marché russe,
tant producteur que consommateur, et qu'il
faut remettre la Russie en état de produire
et d'acheter ; qu'il est indispensable dtl
venir en aide aux Etats dont le change a
fléchi dans- des proportions désastreuses.
Mais il est essentiel d'obtenir de ces pays
des garanties formelles peur que la proprié-
té privée et la liberté des échanges soient
respectées, et pour qu'une, monnaie saine
soit instituée. , ) ,.
Ces conditions ont été formulées dans
une déclaration que la réunion a adoptée à
1 unanimité. Si elles sont admises, un comité
d'études franco-britannique élaborera les
statuts d'une société internationale au ca-
pital initial de 20 millions die' livres sterling,
réparti entre les souscripteurs des Etats
adhérents. La question de la monnaie dans
laquelle seront ndmises les souscriptions
aux actions de cette société a été réservée.
Les instituteurs
victime d'une virgule
Le juge d'instruction Jousselin vient d'en-
voyer devant le Tribunal correctionnel de
la Seine le bureau 'du Syndicat National des
Institutrices et Instituteurs. Il ne pouvait
en être autrement, en raison des précé-
dents, les bureaux des syndicats de la Fédé-
ration de l'Enseignement ayant été, de
môme, poursuivis et condamnés dans di-
vers départements.
La base de cette jurisprudence nouvelle
et partielle est assez curieuse : l'article 3 de
la loi sur les syndicats professionnels porte
que les syndicats ont exclusivement pour
objet « l'étude et la défense des intérêts éco-
nomiques, industriels, commerciaux et agri-
coles ».
Jusqu'à ces derniers mois, l'on avait
admis qu'il y avait une virgule entre les
mots « économiques » et « industriels ». Or,
comme les fonctionnaires ont évidemment
des intérêts économiques, on leur reconnais-
sait le droit au syndicat. De nombreux pré-
sidents du Conseil l'avaient sôrénnellement
avoué.
Mais, sous l'influence de la Chambre du
Bloc National, la virgule disparut. Il s'en-
suivit que les syndicats ne pouvaient plus
avoir-pour objet Ja défense des intérêts éco-
nomiques que si ces intérêts étaient indus-
triels, commerciaux ou agricoles. Tel n'est
pas le cas des syndicats de fonctionnaires.
D'où poursuites et eondamnations.
Chinoiserie, évidemment, car l'on ne pour.
suit que les syndicats d'instituteurs ; les
autres subsistent. Bien mieux, aux ouvriers
des P. T. T., aux cantonniers, etc., on re-
connaît le droit syndical. Mais, si demain
on les déclarait fonctionnaires, ce droit leur
serait refusé. Leurs intérêts n'auraient ce-
pendant pas changé.
Cette histoire de la suppression de la vir-
gule par le Bloc National est d'autant plus
insoutenable que tout linguiste vous démon-
trera que si « économique » s'applique aux
trois qualificatifs suivants, la nécessité de
remplacer « et » par « ou » : « commerciaux
ou agricoles » devient incontestable.
Trouvera-t-on un tribunal pour ne pas
rendre un jugement basé sur une ridicule
chinoiserie ? - R. P. <
A NOS LECTEURS
Comme la plupart de ses confrères,
journaux d'opinion, le Rappel, désireux
de laisser à ses collaborateurs de tous
ordres leur liberté le soir du 1er janvier,
ne paraîtra pas demain lundi 2 janvier. 1
-, !
LE PARLEMENT ";
Le Budget à la Chambre
Les crédits pour la Syrie amènent M. Briand à la tribune
♦
Sous la présidence de M.
Raoul Péret, la seconde
séance commence à trois
heures.
On vote, sur le rapport
de M. Gavoty, un supplé-
ment au contingent ces
croix cle la Légion d'hon-
neur pou*, l'Agriculture et,
sur le rapport de l'amiral
Guépratte, un autre supplé-
ment pour la Marine. Le ru/tan rouge sera
très porté, l'année qui vient.
L'orore du jour appelle alors la discus-
sion du projet de ici portant autorisation
d'imputer au compte de services spéciaux
du Trésor, institué par la loi au 9 août 192v\
les dépenses à engager pendant le* mois
de novembre et de décombrie) 1921 pour la
liquida tiion des opérations se rattachant à.
l'alimentation nationale en pain pendant la
campagne 1920-21.
M. Barthe, dans la discussion générale,
combat le proj eit, qui tenci en définitive à
demander plusieurs miilions destinés à ré-
tribuer un certain nombre de fonctionnai-
res chargés de liquider les opérations con-
sécutives au ravitaillement, opérations qui
ont été- nécieissilées par les spéculations Ge
M. Vilgrain. Que va-t-on faire pour faire
rentrer cet argent dans les caisses du Tré-
sor ?
M. André Paisant, sous-seorétaire d'Etat
au Ravitaillement, promet à M. Barthe d'é-
tudier avec le plus grand soin le rapport
de la Commission des marchés et de pren-
dre les .décisions qu'il comporte.
Sous ces réserves, l'article unique du
projet d,j loi fut adopté.
LA CHAMBRE REPREND LE BUDGET
On passia ensuite à la discussion au bud-
get, retour du Sénat.
Dans la budget du ministère des finan-
ces, tous les chiffres moc-itiés par le Sé-
nat sont adoptés sauf quatre et notamment
celui du chapitre 154- dont le rétabHssement.
sollicité par M. Louis Deschamps doit per-
mettre au gouvernement de tenir les enga-
gemdits pris vis-à-vis ctes contributions in-
directes.
Bien que vivement combattu par M. Bo-
kanowski, l'amendement de M. Deschamps
est adopté.
Les budgets de la justice, de l'intérieur,
de la guerre sont votés avec des modifica-
tions insignifiantes.
A propos du budget de la marine (chapi-
tre 14), M. André Berthon réclame la mise
en liberté des marins condarwés pour les
faits de la mer Noire.
Aucun débat sérieux TItei s'engage à propois
de l'instruction publique, des beaux-arts, de
l'enseignement technique ni du commerce.
VIOLENTE INTERVENTION
DE M. BERTHON
Mais le budget des affaires étrangères
va provoquer une discussion assez vive.
Le président ayant fait connaître que la
commission demande de porter à 50 mil-
lions les crédits de la Syrie, M. André Ber-
thon s'informe quanc le gouvernement va
se décider à publier la formule du mandat
qui nous permetr de rester en Syrie. L'ora-
teur demande, en second lieu, quels, sont
les résultats de l'enquête faite en Syrie sur
les faits reprochés au général Gouraud.
M. Aristide Briand, président du Conseil,
répond que les propositions de mandat ont
,été envoyée à la Société des Nations, et que
la France avait la volonté très ferme de
donner à la Syrie le maximum de liberté.
Mais il est nécessaire de créer un lien entre
les différents centres' : ce liem, c'est la
France qui paraît la plus qualifiée pour
l'établir. C'est surtout du désir des popu-
lations que l'on tiendra compte.
— Quant fi l'enquête, dit le p-ésident du
Conseil, elle a révélé qu'il y avait eu dans un
village, une mais-on brûlée : c'est celle qui
avait ebritë les assassins du général Gouraud.
M. André Berthon. — La France incendiaire.
(Exclamations.)
Le président du Conseii. — On dirait que
c'est pour vous une joie particulière de ra-
baisser-votre pays I
M. André Berthon. — M Briand n'a pas
le droit de parler ainsi 1
Le président. -- Et vous, vous n'avez pas
le droit d'outrage la France.
Le président du Conseil. — Je répète qu*il
y a eu. non des villages brûlés, mais quelques
maisons dans un village.
M. Léon Bium. — Cest encore de trop.-
Le président du Conseil. — Ce. qui devrait
amener vos flétrissures, c'est qu'un soldat
comme le générai Gouraud soit victime d'uce
tentative d'assassinat, et quand les, habitants
viennent nous dire que des tentatives comme
celle-là se multiplieront si l'on fait mont" de
faiblesse, on est bien obligé de les réprimer.
(Vifs ajij J-'iudissements.)
M. Ernest Flandin regrette qu'au-Sénat
le président du Conseil ait paru envisagee
l'évacuation de ]a Syrie.
Le président du Conseil proteste contre
une pareille parole : il a déclaré que l'avan-
tage de l'accord d'Angora nous fait sortir
de l'ère des hostilités et nous permet d'e vèr-
cer notre mandat. Mais il n'a jamais en-
tendu parler d'une évacuation, alorsqu'il
s'est toujours appliqué à montrer le droit
absolu de la France à protéger la Syrie.
(Applaudissements.)
M. Bellet demande lei maintien du crédit
primitivement voté par la Chambre (20 Al-
lions).
Après une réplique; de M. Briand, .le'chif-
fre de 50 millions est voté.
La liquidation des stocks, le travail. les
colonies, l'agriculture, les travaux publics,
les P. T. T., la marine marchande sont
adoptés, parfois avec amendements, ; mais,
Je plus souvent aux chiffres du Sénat. ;•
LA LOI DE FINANCES
L'article 3 du texte. de la loi de nnancioa
voté par la Chambre, prévoyant une dis-
position limitant à 30 °t de la valeur !oca-
trve le total des impôts et taxes qui peuvent
être imposées à la propriété bâtie, est abro-
gé par le, Sénat. La Chambre se rallie -au
point de vue du Sénat. Eri conséquence,
cette; disposition est abrogée définitivement.
D'autre port, le Sénat a disjoint un ar-
ticle relatif aux sous-préfets et conseils 'de
préfecture. La Chambre ratifie. s-
préfets sont sauvés encore une fois.
Enfin, le Sénat a disjoint égalemenLJes
dispositions relatives aux retraites des Che-
minots. M. Joubert ayallt ,aftlrméque. J'EJBt
avait engagé sa parole, la Chambre ratifie
sans discussion. -
L'ensemble est voté par 536 voix contre
66. Ln Chambre s'ajourne à 11 b. 45, dans
l'attente d'un "nouveau rStour du budget-
A 1 heure du matin, le budget n'est pas
revenu du Sénat. ;
-—————
SEANCE DU MATIN
La séance d'hier matin fut, courte. Ou-
verte à dix heures, elle fut levée à dix heu-
res dix minutes,
Dans. l'intervalle, M. Doumer" ministref
des finances, avait déposé sur le bureau de j
Ja Chambre le projet de loi modifié par les
Sénat, portant fixation du budget général
de l'exercice 1922. Il fut renvoyé à la com-
mission des finances.
Et l'on se donna rendez-vous à trois heu-
res.
Voilà un bel exempte de rapidité et da
simplicité dans le travail qui repose de tou-
tes les séances de ces jours derniers, où
tant de salive fut dépensée, sans le moindre
profit pour le pays.
(Voir en 26 page les séances du Sénat.)
VERS - UN NOUVEAU - STATUT ÉCONOMIQUE
i -
France et
Angleterre
adoptent
■ »
un programme
Les délégués délibèrent dans le Salon de l'Horloge, au Quai d'Orsay.
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cet échec. Il fallait s'y
attendre. Sur la limitation
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tés, la France pouvait céder, sans com-
promettre en rien ni sa Idéfense
métropolitaine, ni sa défense coloniale.
La guerre a démontré l'impuissance des
monstres blindés à assurer cette défense.
Par contre, elle a prouvé aussi que le
submersible et le sous-marin sont les
armes les plus terribles contre les dread-
noiights et les superdreadnoughts. Plus
je sécurité pour les mastodontes, ni dans
le voisinage des côtes, ni dans les mers
restreintes telles que la Méditerranée, ni
même sur les plus vastes océans. Que
dis-je ? Leurs ports même ne sauraient
plus les protéger : la torpille aérienne,
ancée par 1-1 dirigeable oui par l'avion,
vient jusque-là leur porter le coup
mortel.
L'amiral de Bon, chef de la mission
T'ïhniqiie française, a, certes, mis en
lumière, d'une façon remarquable, le
rôle que l'avion et le dirigeable ont joué
fcéjà et sont surtout appelés à jouer
dans les batailles navales. Nul doute
.que leur action dans les airs, combinée
avec celle des sous-marins et des sub-
mersibles dans les profondeurs des eaux,
ctmme avec celle des bâtiments légers
ilv surface : croiseurs extra-rapides, tor-
pilleurs et destroyers, ne soit décisive.
i l. cependant, n'êtes-vous pas frappé du
silence gardé par les membres de la dé-
légation britannique sur l'aéroplane et
le dirigeable ? Il n'est venu à la pensée
d'aucun d'eux d'en demander ni la sup-
pression, ni la limitation.
1 Considéreraient-ils ces armes aérien-
r 's comme moins meurtrières ou moins
barbares que les armes sous-marines ?
Ne serait-ce pas plutôt parce qu'on peut
combattre le dirigeable et l' avion par
l'avion et le dirigeable, tandis que le
sous-marin ne saurait être combattu par
le sous-marin ? Mon ami Paul Fou\in
l'a dit avec raison : « Pour se combattre,
il faut se voir, sinon le duel se réduit
à une vulgaire partie de colin-maillard. »
Et, sous l'eau, on ne se voit guère. Deux
submersibles peuvent passer, dans la
profondeur des mers, l'un à côté de l'au-
tre sans s'en douter. Si, d.'aventure,
quelque chose leur révèle leur voisinage,
ils devront, pour s'attaquer, remonter
à ki sur lace.
Quoi qu'on pense de ces observations,
l'Angleterre aurait voulu obtenir de la
Conférence de Washington la suppres-
sion du sous-marin, voilà le fait. Qu'elle
conçût la chimérique espérance qu'on
lui donnerait satisfaction sur ce point,
j'en doute fort-. Tout au moins les puis-
sances maritimes de second ordre accep-
teraient-elles, pour ces petites unités de
combat, une limitation du tonnage total
proportionnelle à celle qui avait été con-
sentie pour les grosses unités.
Par l'organe autorisé du ministre des
colonies, mon éloquent ami Albert Sar-
iïiut, parlant au nom du Gouvernement
.,'!nçaiS tout entier et du Conseil supé-
rieïty de la défense nationale, la délé-
flwMon française a repoussé cette pré-
- tention. Combien elle a eu raison ! Du
coup, la Conférence a fini, toute révé-
rence gardée, en véritable queue de
poisson. M. JSalfour a déclaré que
r Angleterre reprenait son entière liberté
diction. Mieux encore. Il n'a pas caché
qu'il voyait dans la thèse française une
menace, une très grande menace pour la
Grande-Bretagne. Et il a revendiqué
pour le Royaume-Uni la liberté de cons-
truire. pour se défendre contre les sous-
marins. autant de sous-marins et de
ÎMjfimfnittf légers qu'il le jugera utile,
sans limitation de tonnage.
* La Conférence du désarmement naval
s'est donc séparée sans avoir pris de
décision en ce qui concerne les sous-
marins et les submersibles. La limita-
tion du gros tonnage reste acquise, celle
du tonnage total des petites unités de-
meure en suspens. A qui la faute ? — A
'a France, écrivent la plupart des jour-
naux anglais. Ce sont ses exigences qui
ont tout fait échouer.
Et M. Hughes lui-même n'est pas loin
(lie partager ce sentiment.
- - A l'Angleterre, répondons-nous sans
hésitation.
Que veut la Grande-Bretagne ? La
Grande-Bretagne entend garder, quoi
- (¡'il advienne, envers et contre tous, la
maîtrise des mers. Elle en a besoin pour
assurer tout à la fois la nourriture de
nés habitants et l'alimentation de ses
usines en matières premières. Que ses
communications. avec son magnifique
empire colonial, soient interrompues
seulement pendant quelques jours, et ses
usines s arrêtent, et sa population ris-
que d'être affamée. « Question de vie
ou de mort », dit-elle.
— Fort bien. Mais est-ce moins pour
la France une question de vie ou de mort
de garder également la liberté de ses
communications avec son empire nord-
africain et avec tout le reste de son
domaine colonial ? Ignore-t-on en An-
gleterre — et en Amérique — les inou-
bliables services rendus par nos colonies,
non seulement à la mère patrie mais à
tout le monde civilisé, tant sur les
champs de bataille, avec nos vaillants
soldats coloniaux, que dans les usines,
avec la main-d'œuvre coloniale ? Et si
nous ne pouvons pas ou nous ne voulons
pas assurer cette liberté avec des cui-
rassés, en qui — aurions-nous le nom-
bre — nous n'avons plus aucune confian-
ce, pourquoi nous serait-il interdît de la
demander à ces petites unités — armes
du faible et du pauvre -'- pour qui
l'Angleterre n'a pas assez de mépris.
intéressé ? *
— Mais, alors, vous voulez rompre
l'Entente ?
— Certes non ! Nul ne tient plus que
nous à l'amitié anglaise. Nous demeu-
rons convaincu que cette rupture serait
une calamité, non seulement pour cha-
cune des deux nations, mais encore pour
l'Humanité. Mais il n'y a amitié que là
où il y a égalité. Point d'amitié entre
supérieur et subordonné. Or, si nous
cédions sur cette question des sous-
marins et des submersibles, la France
cesserait d'être l'égale de l'Angleterre.
Bon gré mal gré, elle en deviendrait, en
quelque sorte, la vassale.
Eh bien ! ce vasselage, -" il faut que
nos amis comme nos adversaires, dans
tout l'univers, le sachent bien,- la
France libre, fière et indépendante, la
France de la Révolution et de la Grande
Guerre, ne l'acceptera jamais !
Henri MICHEL
Ancien nateur.
Ancien Rapporteur du budget de la Martnlt.
La Politique Etrangère
Des dessins sur le sable
Après avoir fort bien
dîné et un peu discuté, les
hommes d'affaires réunis
à Paris, de Londres,' de
Rome et de Bruxelles, se
sont séparés sans avoir en-
core abouti à autre chose
qu'à un projet.
Nous sommes évidemment habitués
aux palabres sans fin auxquels se plai-
sent les hommes d'Etat. Est-ce pour cela
que nous pouvions espérer que, pour une
fois que s'assemblaient des réalisateurs
pratiques, ils donneraient au monde au-
tre chose que des paroles et des pro-
messes ?
Mais, hélas ! l'état de l'Europe est
sans doute tel que ce soit là la seule
panacée qu'on puisse trouver à ses
maux.
Et nous aurons une commission de
plus, un tapis vert de plus, autour du-
quel on jonglera avec les millions et
même les milliards, tandis que la Fran-
ce continuera de contempler mélancoli-
quement ses ruines accumulées et ses
plaies non guéries.
Car, sous les cariatides du salon de
l'Horloge, qui grimaçaient ironiquement
aux châteaux en Espagne édifiés, entre
deux bouffées de cigarettes, par tous les
économistes éminents que le monde nous
avait envoyés, l'on fit sans ¡doute le tour
de VEurope ; l'on s'arrêta en Russie, en
Orient, en Allemagne ; mais le Nord dé-
vasté n'eut pas une pensée ; Reims, en
ruines, n'eut pas un souvenir, et nos
usines glorieuses et courageuses qui,
quand même, veulent se redresser, n'eu.
rent même pas un hommage.
Les évocations douloureuses sont mau-
vaises pour la digestion.
L'on mettra donc le monde en société
par actions. En ce temps de krachs finan-
ciers, ce n'est peut-être pas très encou-
rageant ; mais ce sont les Etats qui paie-
ront. Et les Etats, nous savons tous qui
les représente, du moins quant au porte-
monnaie. ,'
Quant aux intérêts à toucher, croyez-
moi, n'en parlons plutôt pas ; car, à
cette aube dyan nouveau, il sierait mal
d'agiter de trop sombres pensers.
Raymond LANGE.
LE FAIT DU JOUR
L'hérilage : e En v'là un fouillis à débrouiller !. »
On dit.,.
Autrefois
Les petites baraques.
Les petites baraques du jour de l'an sont
de vieilles habituées du Boulevard.
C'est le roi Louis XVI, en 1789, qui
accorda le premier cette autorisation aux
petits commerçants pour les favoriser.
En 1793, un décret leur intendit d'élever
les petites baraques sur la voie publique.
C'est seulement Napoléon III qui leur ren-
dit la liberté.
Depuis, elles n'ont plus eu à se plaindre
des autorités, les Parisiens leur font fête
chaque année.
Aujourd'hui
Michel Ange est mort.
IL est mort il y 'a quelques jours dttne
attaque d'apoplexie. Quoique la nouvelle ne
soit pas gaie, plus d'un lecteur sourira en
lisant ces lignes. Ce n'est pourtant pas une
plaisanterie ; il s'agit d'une curieuse {igurt\i%
bien -qu'inconnue en France, mais très con-
nue à Londres : né à Sofia, ce Michel Ange
était fils d'un Italien et d'une Grecque ; il
vint à Londres tout jeune, étonna ses pro-
fesseurs et fut bientôt décrété philosophe.
Il parlait couramment le grec, le français,
l'italien, le turc, l'anglais, l'arabe et bien
entendu le flltin, mais il n'avait aucune dis-
position pour la peinture et la sculpture
- malgré ce nom prédestiné..,
.-
La reconnaissance.
Ce sentiment rare se manifeste parfois
(t'une façon originale et imprévue.
Ainsi, M. Ernest de Saint-Gilles, après
avoir péniblement débuté dans le journa-
lisme à New-York, parvint à amasser une
fortune de 1.500.000 francs.
Il vient d'en léguer la moitié à son tail-
leur ; tout simplement parce que ce digne
homme, aux jours malheureux, avait con-
senti à lui faire des costumes sans jamais
lui demander d'acompte.
La confiance est parfois récompensée.
LE TAPIN.
Les résultats de la Conférence
économique
La conférence interalliée de banquiers
et d'industriels a tenu hier matin, de 10 h.
à midi et demi, au quai d'Orsay, sa seconde
séance. Après quoi elle s'est séparée. La
brève note qui suit a été communiquée :
« La réunion des délégués industriels et
financiers de la Grande-Bretagne, de la
France, de l'Italie, de la Belgique et du Ja-
pon, a .tenu plusieurs séances au quai d'Or-
say, sous la présidence de M. Loucheur.
Elle a abouti à la rédaction d'un projet qui
sera soumis au Conseil suprême à
Cannes. »
Nous avons indiqué, d'autre part, les
grandes lignes du projet élaboré par cette
conférence d'hommes d'affaires, en vue
d'améliorer, de restaurer, pai* une action
internationale, la situation économique et
financière de l'Europe, particulièrement de
l'Eunoipe orientale.
La réunion qui vient de se tenir à Paris
n'avait pas à s'occuper, du problème des ré-
réparations, ni des problèmes qui seront
étudiés par la conférence économique inter-
nationale dont la convocation est à l'ordre
du jour du conseil suprême de Cannes.
Elle a été unanime à reconnaître que la
reconstruction économique de l'Europe inté-
ressait également tous te,s Etats ; qu'une en-
tière solidarité doit les unir à cet effet ;
que le malaise commercial qui pèse sur
l'Europe est considérablement aggravé paii
le fait de la fermeture du marché russe,
tant producteur que consommateur, et qu'il
faut remettre la Russie en état de produire
et d'acheter ; qu'il est indispensable dtl
venir en aide aux Etats dont le change a
fléchi dans- des proportions désastreuses.
Mais il est essentiel d'obtenir de ces pays
des garanties formelles peur que la proprié-
té privée et la liberté des échanges soient
respectées, et pour qu'une, monnaie saine
soit instituée. , ) ,.
Ces conditions ont été formulées dans
une déclaration que la réunion a adoptée à
1 unanimité. Si elles sont admises, un comité
d'études franco-britannique élaborera les
statuts d'une société internationale au ca-
pital initial de 20 millions die' livres sterling,
réparti entre les souscripteurs des Etats
adhérents. La question de la monnaie dans
laquelle seront ndmises les souscriptions
aux actions de cette société a été réservée.
Les instituteurs
victime d'une virgule
Le juge d'instruction Jousselin vient d'en-
voyer devant le Tribunal correctionnel de
la Seine le bureau 'du Syndicat National des
Institutrices et Instituteurs. Il ne pouvait
en être autrement, en raison des précé-
dents, les bureaux des syndicats de la Fédé-
ration de l'Enseignement ayant été, de
môme, poursuivis et condamnés dans di-
vers départements.
La base de cette jurisprudence nouvelle
et partielle est assez curieuse : l'article 3 de
la loi sur les syndicats professionnels porte
que les syndicats ont exclusivement pour
objet « l'étude et la défense des intérêts éco-
nomiques, industriels, commerciaux et agri-
coles ».
Jusqu'à ces derniers mois, l'on avait
admis qu'il y avait une virgule entre les
mots « économiques » et « industriels ». Or,
comme les fonctionnaires ont évidemment
des intérêts économiques, on leur reconnais-
sait le droit au syndicat. De nombreux pré-
sidents du Conseil l'avaient sôrénnellement
avoué.
Mais, sous l'influence de la Chambre du
Bloc National, la virgule disparut. Il s'en-
suivit que les syndicats ne pouvaient plus
avoir-pour objet Ja défense des intérêts éco-
nomiques que si ces intérêts étaient indus-
triels, commerciaux ou agricoles. Tel n'est
pas le cas des syndicats de fonctionnaires.
D'où poursuites et eondamnations.
Chinoiserie, évidemment, car l'on ne pour.
suit que les syndicats d'instituteurs ; les
autres subsistent. Bien mieux, aux ouvriers
des P. T. T., aux cantonniers, etc., on re-
connaît le droit syndical. Mais, si demain
on les déclarait fonctionnaires, ce droit leur
serait refusé. Leurs intérêts n'auraient ce-
pendant pas changé.
Cette histoire de la suppression de la vir-
gule par le Bloc National est d'autant plus
insoutenable que tout linguiste vous démon-
trera que si « économique » s'applique aux
trois qualificatifs suivants, la nécessité de
remplacer « et » par « ou » : « commerciaux
ou agricoles » devient incontestable.
Trouvera-t-on un tribunal pour ne pas
rendre un jugement basé sur une ridicule
chinoiserie ? - R. P. <
A NOS LECTEURS
Comme la plupart de ses confrères,
journaux d'opinion, le Rappel, désireux
de laisser à ses collaborateurs de tous
ordres leur liberté le soir du 1er janvier,
ne paraîtra pas demain lundi 2 janvier. 1
-, !
LE PARLEMENT ";
Le Budget à la Chambre
Les crédits pour la Syrie amènent M. Briand à la tribune
♦
Sous la présidence de M.
Raoul Péret, la seconde
séance commence à trois
heures.
On vote, sur le rapport
de M. Gavoty, un supplé-
ment au contingent ces
croix cle la Légion d'hon-
neur pou*, l'Agriculture et,
sur le rapport de l'amiral
Guépratte, un autre supplé-
ment pour la Marine. Le ru/tan rouge sera
très porté, l'année qui vient.
L'orore du jour appelle alors la discus-
sion du projet de ici portant autorisation
d'imputer au compte de services spéciaux
du Trésor, institué par la loi au 9 août 192v\
les dépenses à engager pendant le* mois
de novembre et de décombrie) 1921 pour la
liquida tiion des opérations se rattachant à.
l'alimentation nationale en pain pendant la
campagne 1920-21.
M. Barthe, dans la discussion générale,
combat le proj eit, qui tenci en définitive à
demander plusieurs miilions destinés à ré-
tribuer un certain nombre de fonctionnai-
res chargés de liquider les opérations con-
sécutives au ravitaillement, opérations qui
ont été- nécieissilées par les spéculations Ge
M. Vilgrain. Que va-t-on faire pour faire
rentrer cet argent dans les caisses du Tré-
sor ?
M. André Paisant, sous-seorétaire d'Etat
au Ravitaillement, promet à M. Barthe d'é-
tudier avec le plus grand soin le rapport
de la Commission des marchés et de pren-
dre les .décisions qu'il comporte.
Sous ces réserves, l'article unique du
projet d,j loi fut adopté.
LA CHAMBRE REPREND LE BUDGET
On passia ensuite à la discussion au bud-
get, retour du Sénat.
Dans la budget du ministère des finan-
ces, tous les chiffres moc-itiés par le Sé-
nat sont adoptés sauf quatre et notamment
celui du chapitre 154- dont le rétabHssement.
sollicité par M. Louis Deschamps doit per-
mettre au gouvernement de tenir les enga-
gemdits pris vis-à-vis ctes contributions in-
directes.
Bien que vivement combattu par M. Bo-
kanowski, l'amendement de M. Deschamps
est adopté.
Les budgets de la justice, de l'intérieur,
de la guerre sont votés avec des modifica-
tions insignifiantes.
A propos du budget de la marine (chapi-
tre 14), M. André Berthon réclame la mise
en liberté des marins condarwés pour les
faits de la mer Noire.
Aucun débat sérieux TItei s'engage à propois
de l'instruction publique, des beaux-arts, de
l'enseignement technique ni du commerce.
VIOLENTE INTERVENTION
DE M. BERTHON
Mais le budget des affaires étrangères
va provoquer une discussion assez vive.
Le président ayant fait connaître que la
commission demande de porter à 50 mil-
lions les crédits de la Syrie, M. André Ber-
thon s'informe quanc le gouvernement va
se décider à publier la formule du mandat
qui nous permetr de rester en Syrie. L'ora-
teur demande, en second lieu, quels, sont
les résultats de l'enquête faite en Syrie sur
les faits reprochés au général Gouraud.
M. Aristide Briand, président du Conseil,
répond que les propositions de mandat ont
,été envoyée à la Société des Nations, et que
la France avait la volonté très ferme de
donner à la Syrie le maximum de liberté.
Mais il est nécessaire de créer un lien entre
les différents centres' : ce liem, c'est la
France qui paraît la plus qualifiée pour
l'établir. C'est surtout du désir des popu-
lations que l'on tiendra compte.
— Quant fi l'enquête, dit le p-ésident du
Conseil, elle a révélé qu'il y avait eu dans un
village, une mais-on brûlée : c'est celle qui
avait ebritë les assassins du général Gouraud.
M. André Berthon. — La France incendiaire.
(Exclamations.)
Le président du Conseii. — On dirait que
c'est pour vous une joie particulière de ra-
baisser-votre pays I
M. André Berthon. — M Briand n'a pas
le droit de parler ainsi 1
Le président. -- Et vous, vous n'avez pas
le droit d'outrage la France.
Le président du Conseil. — Je répète qu*il
y a eu. non des villages brûlés, mais quelques
maisons dans un village.
M. Léon Bium. — Cest encore de trop.-
Le président du Conseil. — Ce. qui devrait
amener vos flétrissures, c'est qu'un soldat
comme le générai Gouraud soit victime d'uce
tentative d'assassinat, et quand les, habitants
viennent nous dire que des tentatives comme
celle-là se multiplieront si l'on fait mont" de
faiblesse, on est bien obligé de les réprimer.
(Vifs ajij J-'iudissements.)
M. Ernest Flandin regrette qu'au-Sénat
le président du Conseil ait paru envisagee
l'évacuation de ]a Syrie.
Le président du Conseil proteste contre
une pareille parole : il a déclaré que l'avan-
tage de l'accord d'Angora nous fait sortir
de l'ère des hostilités et nous permet d'e vèr-
cer notre mandat. Mais il n'a jamais en-
tendu parler d'une évacuation, alorsqu'il
s'est toujours appliqué à montrer le droit
absolu de la France à protéger la Syrie.
(Applaudissements.)
M. Bellet demande lei maintien du crédit
primitivement voté par la Chambre (20 Al-
lions).
Après une réplique; de M. Briand, .le'chif-
fre de 50 millions est voté.
La liquidation des stocks, le travail. les
colonies, l'agriculture, les travaux publics,
les P. T. T., la marine marchande sont
adoptés, parfois avec amendements, ; mais,
Je plus souvent aux chiffres du Sénat. ;•
LA LOI DE FINANCES
L'article 3 du texte. de la loi de nnancioa
voté par la Chambre, prévoyant une dis-
position limitant à 30 °t de la valeur !oca-
trve le total des impôts et taxes qui peuvent
être imposées à la propriété bâtie, est abro-
gé par le, Sénat. La Chambre se rallie -au
point de vue du Sénat. Eri conséquence,
cette; disposition est abrogée définitivement.
D'autre port, le Sénat a disjoint un ar-
ticle relatif aux sous-préfets et conseils 'de
préfecture. La Chambre ratifie. s-
préfets sont sauvés encore une fois.
Enfin, le Sénat a disjoint égalemenLJes
dispositions relatives aux retraites des Che-
minots. M. Joubert ayallt ,aftlrméque. J'EJBt
avait engagé sa parole, la Chambre ratifie
sans discussion. -
L'ensemble est voté par 536 voix contre
66. Ln Chambre s'ajourne à 11 b. 45, dans
l'attente d'un "nouveau rStour du budget-
A 1 heure du matin, le budget n'est pas
revenu du Sénat. ;
-—————
SEANCE DU MATIN
La séance d'hier matin fut, courte. Ou-
verte à dix heures, elle fut levée à dix heu-
res dix minutes,
Dans. l'intervalle, M. Doumer" ministref
des finances, avait déposé sur le bureau de j
Ja Chambre le projet de loi modifié par les
Sénat, portant fixation du budget général
de l'exercice 1922. Il fut renvoyé à la com-
mission des finances.
Et l'on se donna rendez-vous à trois heu-
res.
Voilà un bel exempte de rapidité et da
simplicité dans le travail qui repose de tou-
tes les séances de ces jours derniers, où
tant de salive fut dépensée, sans le moindre
profit pour le pays.
(Voir en 26 page les séances du Sénat.)
VERS - UN NOUVEAU - STATUT ÉCONOMIQUE
i -
France et
Angleterre
adoptent
■ »
un programme
Les délégués délibèrent dans le Salon de l'Horloge, au Quai d'Orsay.
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