Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1923-09-21
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 septembre 1923 21 septembre 1923
Description : 1923/09/21 (N19276). 1923/09/21 (N19276).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7553239g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
5- Ion; OOEPtEMENAmE, AN 131. - N° 19276
Le hmnêtô-": QUINZE CENTIMES
VENDREDI 21 SEPTEMBRE iSèS. — N* 19276 >
Fondateurs (1869)
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
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TRIBUN E LIBRE
q.
La Méditerranée. àses riverains !
,; — 00)00-
La question de Fiume est en train de
se résoudre pacifiquement, entre les Ita-
liens et les Yougoslaves. Nous devons
d'autant mieux nous en réjouir que les
bons offices du gouvernement français.
ami commun des deux pays, ne sont pas
étrangers à cet heureux résultat Mais
avant même que cette question soit entiè-
, rement résolue, un incendié s'allume à
l'autre bout de la Méditerranée occiden-
Jale !
Le problème s'agite, en Espagne, de
savoir si le coup d'Etat du général Primo
de Rivera aura pour conséquence une
nouvelle expédition au Maroc. Le « Jour-
nal )), qui est particulièrement bien in-
formé des choses d'Espagne, reproduit
dans son numéro du 16 septembre une
interview que son correspondant a eue
« avec un militaire qui, pour être en rela-
tions intimes avec le général Primo de
Rivera, connaît à fond la pensée du chef
du nouveau gouvernement ».
Ce personnage parle « d'une politique
d'énergie » tout d'abord, puis, passant
par dessus les lieux communs que les
gouvernants, anciens ou nouveaux, se
plaisent à enfiler, il prononce une phrase
qu'il faut retenir, et qui doit, si elle est
exacte, modifier profondément notre po-
litique à l'égard de l'Espagne, dans le
sens le plus bienveillant et le plus amical,
de notre part, m'empresserai-je d'ajouter.
Cette phrase, la voici :
« La manière de voir du général Primo
i-Jf; Ri vera, quant à la politique marocai-
ne est connue : « Si le peuple désire que
nous abandonnions le Maroc, abandon-
nons-le, mais à la condition que, en
échange, on nous rende Gibraltar »z
Inutile de vous dire, patriotes et ré-
publicains amis du « Rappel » que le
vi^ax^?etoa HCjyi écrit cet article, a tres-
sailli de joiç en relisant ces lignes, car il
n'en pouvait croire ses yeux : l'Espagne
redevenant clairvoyante, revenant à l'al-
liance française, et nous à la politique de
Louis XIV et de Louis XV et des deux
Napoléons — sans la brutalité du pre-
mier envers les Espagnols. Quel rêve!
Inutile de dire, n'est-ce pas, que le
général Primo de Rivera ne peut être
assez naïf pour croire que l'Angleterre
cédera Gibraltar à l'Espagne pour faire
plaisir à la France, et laisser celle-ci maî-
tresse au Maroc
Alors ? C'est donc l'Espagne qui
a échangerait » Gibraltar contre Tanger
avec l'Angleterre ?. Folie, quand la
France possède un gage, à portée de
main, pour faire payer une pareille in-
sulte; quand elle peut, d'un seul mot
faire marcher ses légions marocaines au
teçours du prétendant Riffain.
« L'Espagne ne peut obtenir Gibraltar
qu'avec le concours de la France. »
Et ceci est d'autant plus clair, que
fanci en gouvernement, celui dont les mi-
litaires incriminent la politique antipa-
triote était en train, l'été dernier, de por-
tugaliser l'Espagne au profit des Anglais.
La « Vie Maritime » de juin 1923,
publie à sa page 100, une lettre datée de
Madrid, 7 juin 1923, qui raconte, avec
détails à l'appui, les manœuvres de
f « Atlantic Fleet )>, aux abords du Cap
Finistère, en prenant la côte espagnole
pour base, afin de couper nos lignes Bor-
deaux-Nantes et Casablanca-Dakar, « dé-
barquant même en pleine terre espagnole
en corps anglais de 8.000 hommes avec
son artillerie et son aviation », le tout
avec l'assentiment du cabinet Garcia
Prieto.
Je voudrais pouvoir donner ici l'ana-
lysé de cette lettre, qui traite magistra-
lement, la question stratégique. La
place me fait défaut aujourd'hui. Mais
je puis dire que mon choix est fait. On
prétend que le nouveau gouvernement
militaire a des sympathies germaniques ?
Qu'importe ! S'il voit clair dans le jeu
des Anglais, et s'il entend ne pas laisser
portugaliser l'Espagne par l'Angleterre!
- Nous pouvons, sans témérité, suppo-
ser que les auteurs du pronunciamiento
veulent une Espagne forte et indépen-
dante. Ds veulent posséder la citadelle
qui. de chez eux, commande le détroit au-
quel elle a donné son nom, et ils le peu-
vent d'autant mieux qu'ils sont maîtres
de la baie d' Arosa, en terre espagnole,
et des anciens présidios (Ceuta, etc.),
en terre marocaine, sans lesquels Gibral-
tar n'est plus rien, avec les canons ac-
tuels qui portent aisément à 30 et 40 ki-
lomètres. Cette volonté des auteurs du
coup d'Etat, de ravoir Gibraltar, expli-
querait* à elle seule, la facilité du roi pa-
triote à accepter le nouveau gouverne-
ment Politiquement, cette solution se-
rait infiniment plus brillante et plus po-
pulaire que les interminables guerres ma-
rocaines pour approfondir l'hinterland
de Tanger et des présidios.
Quant à nous, Français, notre politi-
que est toute tracée : Nous devons re-
prendre la tradition de la France, celle
de Louis XIV, de Louis XV, des deux Na-
poléons, poursuivre amicalement et avec
persévérance l'alliance intime et cordiale
avec nos voisins d'origine latine, et même
avec tous les peuples riverains de la Mé-
diterranée.
Et puisqu'il faut, maintenant, concré-
tiser les grandes pensées en une formule
lapidaire, nous proposons celle-ci pour
notre vieille politique. nouvelle :
<( Là Méditerranée à ses riverains! »
CATON (d'Armorique).
*"
EDITORIAL
Formations de combat
Les incidents de ila poli-
tique étrangère ne doivent
pas seuls retenir notre at-
tention. A l'avant-veille
d'une consultation popu-
laire, il nous faut bien ob-
server le grouillement des
partis, et, à défaut de Gran-
des idées, discerner les petits intérêts
qui s'entrechoquent.
Le Parti Radical doit avoir, si je ne
m'abuse, un Congrès régional ces jours.»
ci dans la Gironde, et Son Congrès ffji
tional en Óctobre, à Paris.
Il doit donc se préparer à résoudre les
problèmes de politique intérieure .qui
nous pressent, autrement que par des
habiletés. Il lui faudra définir sa straté-
gie, dessiner sa tactique, préciser ses
alliances et, si ce n'est trop demander,
affirmer un programme.
Après quoi, il sera nécessaire de con-
fronter ce programme avec ceux des
autres partis, afin 'de former les « Car-
tels », les « Blocs », les « Unions » que
d'aucuns enveloppent dans la peau 'de
l'ours du Bonhomme.
Il est vrai que de grands esprits pôli-
liques Se sont avisés qu'il n'était pas
nécessaire que les programmes s'accor-
dent ou se rapprochent pour que les par-
tis contribuent à la conquête des sieges.
Il existe même, une formule très com-
mode qui consiste à grouper tous ceux
qui veulent abattre le Bloc National,
quitte à se battre entre eux le lendemain
même de la Victoire.
Voilà, certes, qui promet au pays une
bien jolie Chambre nouvelle, assuré-
ment faite pour garantir l'ordre et aSSlt-
rer, dans la paix publique, l'autorité in-
dispensables au relèvement national !
Je suis de ceux, vous m'en êtes té-
rnoins, qui n'ont jamais cessé d'exercer
leur critique sur le Bloc National et le
système électoral qui Va formé en i01î>.
L'impartialité élémentaire m'a fait
constater, d'autre part, que si le radica-
lisme a été vaincu en 1919. il a dû sa dé-
faite moins à la supériorité de ses ad-
versaires qu'aux fausses rna.lu:tnu,res de
ses chefs. Je n'en veux pas moins lm
disparition de ce Bloc National., qui a
substitué la confusion politique à la
drlarm, des partis, et favorisé des mœurs
de clientèle audétrinient de l'esprit ci-
vique.
Il a permis en outre une infiltration
sournoise et funeste du cléricalisme
dans l'action gouvernementale et dans
toutes les manif estations publiques.
En quoi il a mérité la mort, et il sera
exécute en mai prochain.
, Par contre, je ne saurais admettre que
le Bloc National succombe sous les
coups dune coalition innommable et
sans programme de gouvernement à op-
poser au sien.
Je ne conçois pas qu'un citoyen .fran-
çais, qui s'inspire à la fois de l'idée dé-
mocratique et de l'amour de la patrie,
puisse se prêter à une majucuvre élec-
torale de nature à rompre la continuité
de notre action extérieure. et à remettes
en cause et en péril les grands intérêts
et les traditions salvatrices de la Nation.
J'entends abattre le Bloc National par
rUnion républicaine. Mais l'Union ré-
publicaine ne peut, à mon sens, déve-
lopper l'institution démocratique et dé-
fendre le programme social et laïque
que solidement campée sur le terrain
national.
Hors de là, nous n'aurions qu'une
èchauffourée électorale sans grandeur
et sans lendemain, qui précipiterait la
crise économique et financière. L'auto-
rilé, que ramène le désordr. risquerait
de s'exprimer alors sous sa forme la
plus rudimentaîre, la plus brutale et la
moins désirable.
On me permettra donc de n'être pas
au nombre des Georges Dandin radi-
caux qui l'auront voulu, en se faisant les
fourriers inconscients de l'Etranger et
dé la Dictature.
Edmond DD lIES ,
* APRES L'ENTREVUE
Mile cordiale suoeiil
Elle s' est réveillée.
Londres, 20 septembre. - Le Times écrit
que la volonté de payer de l'Allemagne a été
établie le 7 juin, lorsque le gouvernement
allemand a fait à la France la proposition
raisonnable de réparation, qui laissait à une
commission internationale d'experts le soin
d'établir le montant total à payer. Le même
journal, constatant que la France est sur le
point de briser l'opposition allemande dans
la Ruhr, se demande toutefois, si ce résultat
valait la peine d'être acheté à un tel prix.
Et le journal de la Cité trace un tableau plu-
tôt sombre de la situation créée par l'occu-
pation de la Ruhr.
« Trouble social,. division politique vio-
lente, ont déjà constitué le résultat'du chaos.
finander, qui a des répercussions bien au
delà des frontières de l'Allemagne. La fer-
meture virtuelle du Rhin a sérieusement af-
————— "r -------
M. St. Baldwin se promène dans Paris
fecté la prospérité de la Hollande la Suèdft
a perdu son principal marché pour le mine-
rai de fer. JLes pays scandinaves, sont embar-
rassés. D
Le Times souligne que l'Europe ne tient
pas à payer un prix trop élevé pour la vic-
toire de la France èur l'Allemagne dans la
lutte des réparations. •
Le Daily Telegraph commente ainsi le com-
muniqué d'hier :
« Bien qu'il eoit très satisfaisant de pou-
voir tirer du communiqué (publié à Paris à
l'issue de l'entrevue Baldwin-Poincarê l'im-
pression que celle-ci fut des plus amicales,
cette communication fait prudemment remar-
quer, qu'on n'est .arrivé à aucune solution et
qu'un tel résultat était même impossible,
après une conversation aussi hâtive. Il se-
rait également sage -de ne pas prendre trop
au sérieux l'affirmation qu'il n'y a'aucune
divergence de but ¡ ou de principe sur une
question quelconque. On- a. même laissé en-
,tendre dès le début que les, seules divergen-
ces existantes se rapportaient aux méthodes
à employer pour atteindre un (but commun :
l'obtention de - réparations. Mais les événe-
ments des quatre dernières années ont prou-
vé combien imprudentes peuvent être de sim-
ples « divergences do méthode n.' A l'heure
actuelle, il serait donc bon de ne pas fonder
d'espoirs excessifs sur un communiqué marne
aussi satisfaisant que celui (publié hier soir.
•.
La journée de M. Baldwin
Après avoir fait quelques courses dans la
matinée d'hier, le Premier anglais "et Mme
Baldwin sont partis pour Versailles, à
U h. 45. Il ont déjeuné au Trianon-Palace,
et sont nntrés à .Paris vers 3 ou 4 heures
après-midi. M. - et Mme Baldwin repartiront
aujourd'hui pour Londres.
LA PORTE OUVERTE
oeseoo-^1— i
Les conseils de tactique politique que conte-
nait le récent « Mémoire aux évêques de
France » tout imprégné de la finesse et de
l'expérience d'un prélat italien, seront .cer-
tainement suivis par les catholiques, car c'est
toujours par l'obéissance et la dieciplino que
"Eglise est arrivée à ses fins.
Parmi les projets de loi que la Chambre
doit prochainement examiner et qui sont
comme l'avant-garde de cette offensive pru-
dente des. partis religieux, il en est deux par-
ticulièrement intéressants : celui qui tend à
autoriser la congrégation dite « Société des
Missions africaines de Lyon » objet d'un élo-
quent rapport de M. Maurice Barrés; et ce-
lui qui tend à autoriser la congrégation dite:
« Société des Missionnaires d'Afrique fPè-
res Blancs) » celui-là môme qui doit une
toute neuve et retentissante illustration à l'hé-
roïque abnégation du révérend Père de Fou-
cauld, projet qui a donné lieu à un rapport
de M. Louis Dupin.
--'CEs deux congrégations sont en instance
d'autorisation depuis 1901, ayant adressé à
cette époque-là, conformément à l'article 1S
de la loi du 1" juillet 1901, une. demande ré-
gulière. Depuis, soit què les dossiers aient été
égarés, soit qu'ils aient été diplomatiquement
oubliés dans quelque poussiéreux carton vert,
ces congrégations continuent à subsister en
France, profitant d'une situation d'instance
tt même d'une vague autorisation partielle.'
C'est que les services rendus à la propa-
gande et à l'expansion française dans les
pays islamiques ou dans les centres de l'Afri-
que pccidentale non encore gagnées par la re-
ligion mahométane mais qui en sont mena-
cées, sont trop évidents pour que le gouver-
nement français ne fasse pas preuve à l'égard
tl. oes déyoués missionnaires d'une certaine
reonnailianc.' ;. 1 •
Loin de nous l'idée de les nier et san6 doute
U serait puéril, au nom d'une logique trop
absolue de renoncer à combattre à l'étran-
ger par les armes qu'ils emploient eux-mêv
mes. c'est- à -dire leurs prêtres, non seulement
le fanatisme islamique qui cherche à. dresser
contre nous la farouche- simplicité des noirs,
mais encore. la propagande, intéressée de nos
adversaires directs de la grande guerre.
Il est donc fort probable que toutes ces
considérations -entreront en ligne de' compte..
comme il est déjà arrivé à Lyon, quand il s'a-
gira d'accorder à ces deux congrégations l'au-
torisation qu'elles demandent. et qu'elles em-
porteront un vote favorable du Parlement.
Le fait sera diversement apprécié dans les
milieux politiques et il ne manquera pas
d'adversaires résolus de l'Eglise pour trou-
ver malgré tout que cela n'est pas si mal
fait et que ces braves gens ont bien gagné
leur permis de séjour.
Mais, et c'est seulement que nous voulons
signaler avec fermeté, les esprits réfléchis
ne feront pas faute de remarquer avec quelle
habileté l'Eglise utilise pour ses progrès en
France, ceux de ses serviteurs auxquels il pa-
raît le plus difficile que le gouvernement
puisse refuser; ce qu'ils demandent.
Surtout ils noteront comme une forte in-
dication capable de corrompre les autres indi-
ces que nous avons déjà signalés de la per-
sévérante ardeur religioqsc, que lés catholi-
ques choisissent le, moment où la réprésen-
tation du pays semble plus qu'à aucun autre
jusqu'à présent, encline à écouter leur requê-
te.
Aux. élections prochaines, les véritables et
purs républicains ne commettront pas l'er-
reur, quand il s'agira de jeter leur bulletin
dans l'urne, d'oublier tous ces indices.
- •' : Charles Tabdiei?, -
LE SANG COULE
LES AGRARIENS BULGARES SE RÉVOLTENT
CONTRE LE GOUVERNEMENT DE SOFIA
O
la rébellion serait d'oritine communiste et Moscou la financerait
■ On n'entendait plus parler de la Bulgarie,
absorbée par son œuvre de reconstruction
nationale. Il-a-fallu que les éternels a comi-
tarljis » s'agitent, à la frontière yougo-slavé
pour que le monde, épouvanté par l'ombre
du légendaire Alexandrof, commençât à pren-
dre peur ; il a fallu qu'un communiste russe
fût tué, à Plcvna, par des compatriotes
'lr blancs » réfugiés dans le pays depuis la
déroute de Wrangel, pour que la Russie des
Soviets fit entendre à Sofia des menaces et
cherchât à provoquer des mouvements de sé-
dition.
Il convient de s'expliquer sur ce point .*
Que la Russie s'efforce, par divers moyens,
de régner à Sofia,, cela s'explique, pour deux
motifs. Héritiers de la politique d'hégémonie
balkanique poursuivie par le « tsar libéra-
teur »), tes' dvtëheviks de JtfMC~ ~OMfdes doctrinaires aspirant à imposer au, a peu-
ple frère » le symbole du marteau et de la
faucille, et cela moins dans un but de pur
idéalisme que dans lQ dessein de le domi-
ner. Le panslavisme accompagné d'esprit mys-
tique, se traduisait autrement à l'épcque des
tsars : alors, c'était l'orthodoxie qui contri-
buait à maintenir les Bulgares sous l'hégé-
monie de Petrograd, Stamboulof, homme
d'initiative hardie, parut comprendre les dan-
gers que représentait pour son peuple la
mainmise moscovite, musquée sous les appa-
rences d'une tutêlle protectrice. On sait com-
ment, à l'instigation de Ferdinand de Co-
bourg, il disparut tragiqltemeîtt d'O la scène
politique. Et Sofia se remit à graviter dans
l'orbite de la sainte Russie.
Le grand bouleversement de guerre n'a
pas détourné des Rhodopes les yeux des nou-
veaux dirigeants russes.' Les Balkans bolche.
visés, quel danger de contagion — sinon mô-
me de conflagration — pour la vieille Euro
pe ! Stamboulisky n'était, sans doute, pas le
serviteur volontaire de ce vaste rêve et l'on
doit rendre à sa mémoire cette justice que
sa principale préoccupation fut de relever son
pays des ruines de la grande tourmente, par-
ticulièrement terrible pour un pays qui guer-
royait depuis 1912. Mais, quoi qu'on en ait
dH, M était loin de réagir contre les idées et
la propagande, russes ; ses amis agrariens
s'appuyaient sur Moscou, peut-être sans. son-
giçr à mal, et lorsque &n,kùJ&:jen;:4iti.n~^ der-
nier, fit sa révolution, les bQlcKeviiis russeé-
furent les premiers à déplorer le succès de
cette réaction oÙ ils né comptaient que des
adversaires.
De là leurs tentatives pour reprendre la
place perdue, pour organiser sur de solides
bases le parti communiste bulgare et provo-
quer, un jour, une contre-révolution.
L'intérêt bien compris de l'Europe, si elle,
veut se garder dit bolehevisme,. n:c$t donc pas
de le laisser s'implanter en Bulgarie où il
deviendrait, pour les Balkans et, par réper-
eu.-si-on, pour nous, un foyer dangereux.
Est-ce à dire que l'on doive laisser se cons-
tituer, entre le Danube et les Rhodopes, ùn
centre d'intrigues, voire d'armements qui,
sournoisement" menaceraient la Yougoslavie
et la Roumanie, tout en favorisant la politi-
que italienne, vis-à-vis de Belgrade et celle
de Buda-Pesth vis-à-vis des voisins de la Hon-
grie mutilée et, par conséquent, mécontente ?
Non ; et ce jeu, si elle le jouait, serait sans
profit pour la Bulgarte, qui travaillerait pour
des tiers. Là sagesse et le bon sens - conseil-
lent donc à M. Zankoff et à ses collabora-
teurs de vivre en bonne harmonie avec leurs
voisins immédiats, sans rechercher des aven-
tures. Ni avec Moscou bolchevik et panslq-
viste, ni avec Rome impérialiste et antiyou-
goslave. Que la Bulgarie songe à eïïe-méme.
Si l'on en juge par les déclarations de M.
Zanhoff en juillet dernier, le gouvernement
bulgare parait décidé à suivre cette ligne de
conduite : <' Notre but, proclamait le pre.
mier ministre, est de vivre en pain dans les
Balkans et avec les grandes puissances. » On
a insinué, ces jours-ci que la Bulgarie rece-
vait des armes dans ses ports de la mer Noire.
M. Morfoff, ministre bulgare à Paris, que
nous avons connu alors qu'il dirigeait la
construction du port de Varna, en qualité
d'ingénieur, nous a démontré que, si c'était
vrai, ('(, ça se saurait ! JI. D'ailleurs, Tinté-
rét dit pays est de s'organiser pour vivre pa-
cifiquement.
Mais il y a, dans le traité de Neuilly, un
certain article concernant lf!> concession à la
Bulgarie d'un débouché sur la mer Egée.
Stamboulisky ,le rappelait, Zankoff demande
qu'on'y songe, et, jusqu'à présent, la clause
reste inexécutée. Cela est tout de même fâ-
cheux.
G. PEYTAVI DE FAUGERES.
- La rébellion gagne
Loodres, 20 septembre. — La révolte des
agrariens bulgares semble s'étendre et prend
des proportions inattenduee.
Le correspondant du Daily Ohronicle à
BelgJ"de annonce en dernière heure que des
combats acharnés sont engagés sur plusieurs
points du territoire bulgare, entre ïes trou-
pes gouvernementales et les éléments com-
munistes et agrariens. L'issue en est encore
incertaine. Il ne paraît pas Olle communis-
tes et agrariens disposent d'armes en quanti-
tés suffisantes pour risquer la guerre civile :
mais les choses peuvent prendre un dévelop-
Dement inattendu.
LES BATAILLES FONT RAGE
A Sofia, le gouvernement paraît suffisam-
ment fort pour maîtriser ses adversaires.
Mais on signale qu'au sud-ouest do la capi-
tale, à Radomir, les insurgés ont infligé une
sérieuse défaite aux gendarmes et aux sol-
4ats.
Sur ce seul point, on compta déjà, plusieurs
sentaines de tuée de part et d'autre.
Un gouvernement révolutionnaire provi-
soire a été établi à RadOmir. Les insurgés
ont démoli toutes les routes et voies ferrées
aux abords de cette ville pour contenir l'a-
vance des troupes gouvernementales.
On signale d'autres batailles sanglantes à
Karlovo. Puznitza et à Salkovo, où les élé-
ments communistes et agrariens, réunis en
forces supérieures, ont battu les troupes gou-
vernementales et capturé de grandes quanti-
tée d'armes et de munitions.
Le gouvernement de Sofia résiste encore
avec énergie. Il a fait procéder à des arresta-
tions en massa à Sofia, Philipopoli et Ku*-
tendil> -.
M. STRESBMANN FERAIT
de nouvelles propositions
à la Commission des Réparations
'ond:res, 20 septembre. — Le correspondant
des Daily News à Berlin croit savoir que
M. Stresemann aurait préparé un mémoran-
dum dans lequel il expose en détail le point
de. vue allemand sur la question de la Ruhr
et celle des réparations.
Ce mémorandum serait déjà entre les mains
du gouvernement belge et le gouvernement
allemand attendrait une réponse d'un moment
à l'autre. -
Les trois points principaux de ce docu-
ment seraient les suivants :
1°- L'Allemagne serait prête à cesser la ré-
sistance passive, moyennant la libération des
Allemands arrêtés dans la Ruhr et l'autori-
sation pour les Allemands expulsés de revenir
dans la Ruhr;
2° L'Allemagne serait prête à rechercher
les moyens de payer, au titre des réparations.
une somme plus élevée que le montant de 30
milliards mentionné dans la dernière offre de
M. Cuno;
3* Le gouvernement allemand serait prêt à
former en Allemagne un trust internationa:l,
à mettre une hypothèque générale sur les in-
dustries allemandes et à remettre à la Com-
mission des réparations les obligations de
toutes les entreprises industrielles alleman-
des.
—-i l. !
LES PREMIERES
Bonjour au «Moulinée la Chanson»
Dans le plus délicat, le plus harmonieux
décor que l'on puisse rêver, le Moulin de la
Chanson fait de nouveau tourner ses ailes.
Les bons chansonniers, Fursy et Mauricet
ont été applaudis par un public ravi et char-
mé.
La revue de Mme Mauricet et Pierre Va-
renne est, tout à fait digne du décor, elle est
du meilleur goût, du plus pur esprit parisien.
La Fée Publicité, le dernier homme et. le
jeune, éphèbe équivoque, la crise du logement
sont autant de scènes légères et brillantes
qui ont été saluées par de nombreux applau-
dissements.
Pour terminer ce spectacle qui fera. courir
tout Paris. Mme Marguerite Deval, (on ne se
prive de rien au Moulin de la Chanson) ; Mlle
Jane Ader et M. Adrien Lamy ont joué avec
un entrain et une gaîté irrésistibles une jo-
lie opérette de M. Hervé Lawick, musique de
M. Georges Menier : Avec plaisir.
Pendant les entr'actes, on s'extasiait sur la
beauté des panneaux décoratifs du plus sub-
til des peintres, O. Guillonnet, qui a composé
quatre petits chefs-d'œuvre. La lumineuse et
joyeuse route des enfants dans le jardin prin-
tannier. f
Chanson des amoureux enlacés tendrement
dans les bois par une triomphante après-midi
d'été. les couplets au charme suranné de
(r M. et Mme Denis » d'une grâce si émouvan-
te. et enfin la Madelon de la Victoire ver-
sant le réconfortant pinard aux poilus.
Si MM. Fursy et Mauricet nous donnaient un
jour un spectacle médiocre (ce qui nous éton-
nerait fort) le public pourrait toujours se
consoler en contemplant les panneaux déco-
ratifs de M. O. Guilonnet.
Cette fois il n'y a qu'à. louer auteurs, di-
recteurs, interprètes, décorateur.
Que c'est donc agréable de n'avoir — en
toute sincérité - qu'à distribuer des compli-
ments.
JSgu MARSY,
POUR EVITER LA CHUTE
Après les ballons, les rois
jettent du lest
*
Aux temps déjà lointains où les aéroplane*
étaient je mythe, les dirigeables l'exception, et
où les ballons spheriques tenaient le haut du
pavé — si j'ose employer cette métaphore har-
die — tout le monde ou presque savait ce qtJo
signifiait : jeter du lest.
A cette époque-là, quand un sphérique ae
trouvait en danger d'écorcher un toit ou de s'e-
corcher à un arbre, quand il était par crevai-
son ou autrement, menacé d'une descente trQp
rapide ; l'aéronaute s'allégeât en vidant par-
dessus bord un ou plusieurs des sacs de sable mis
en réserve dans la nacelle : par rupture d'équai..
bre, il remontait ou ralentissait sa chute. Les gens
qui passaient dessous à ce moment, et béaient
le bec en l'air, recevaient le sable, qui dans les
yeux, qui dans la bouche, qui sur le crâne, té-
moins les voyageurs d'impériale à propos des-
quels François Coppée écrivit ce distique inou
bliable :
Le ballon qui passait inonda de son lest
Le tramway de Montrougc à la Gare de l'Est.
Peut-être François Coppée n'est-il pas l'au-
teur de ces vers. Que sa mémoire alors me par-
donne l'attribution. En tout cas, badauds ou
voyageurs savaient, de ce jour, pour longtemps,
ce que voulait dire, au propre : jeter du lest.
Et l'acception figurée découlait toute seule de la
première.
Ces temps sont révolus. Les sphériques sont
oiseaux rares et si les aéroplanes sèment parfois
des prospectus dans le ciel, l'aviateur n'est plus
le bonhomme au sable. Mais les Rois sont heu-
reusement là pour nous remémorer les finesses
de notre langue. Depuis quelques mois, les mo-
narques d'Europe semblent s'être donné le mot
pour jeter du leet à pleins sacs. -
Ce fut d'abord le roi d'Angleterre qui, peut-
être inquiet des proportions que prenait le chô-
mage dans son pays et craignant sans doute, le
jour où il demanderait : « Est-ce une emeute ?)),
de s'entendre répondre : « Sire, c'est une révo-
lution », lança le gâteau de miel au Gerbère
populaire en réclamant (bonne réclame, en effet)
la réduction de sa liste civile.
Ce fut, après Georges V, Victor-Emmanuel
III qui, placé entres les sommations brutales du
fascisme et l'éventualité de perdre la couronne,
préféra courber le dos devant M. Mussolini et
prit parti POUT. le dictateur plutôt que de prendre
le chemin de l'exil — sinon pis.
Même raisonnement, naguère, de la part d'Al-
phonse XlUfcde Cale et d'Aragon qui. avec
une souplesse rappelant plus encore Chariot que
Charles-Quint, n'hésita pas entre ses ministres et
les Juntes et laissa froidement tomber son cabi-
net pour tomber dans les bras du nouveau direiC-
• Cç fut enfin, la reine Wilhelmine de Hollon-
de qui, à l'exemple de Georges V, et sur le
point de réduire les appointements de ses fonc-
tionnaires, exigea, dit-on, de son ministre des
finances une réduction proportionnelle de son
propre traitement de reine, comme d'ailleurs du
traitement de la Reine-Mère qui dut faire assez
vilaine mine à Wilhelmine quand elle apprit les
largesses octroyées à ses dépens.
Il y a, dans ces générosités comme dans Cel
capitulations, quelque chose de très symptoma-
tique. Ces souverains qui, pour conserver leur
place, se font tout petits et consentent au sacri-
fice soit de leur amour-propre soit de leur bonne
galette - la galette des rois — sont peut-être
des malins. Mais ils n'ont plus guère figure de
monarques. Et Louis XIV, qui entrait botté au
Parlement et se fouettait la botte de sa crava-
che, hésiterait sans doute à se dire leur cousin.
Non certes, que nous devions regretter l'absolu-
tisme d'un Louis XIV. Mais il nous parait bien
malaisé de ne point évoquer son souvenir quand
nous assistons à ce qu'Eugène Lautier, l'autre
jour appelait, si justement, le Crépuscule des
Rois. - R. Y. P.
.- (
LA DÉBAGLE FINANCIERE
en Russie
Moscou, 20 septembre. — Suivant les inS
formations de la presse, le budget d'Etat re-
latif à la période depuis le ler octobre 1922
jusqu'en octobre 1923, va accuser un déficit
de 3'50 millions roubles-or. On imagine diffi-
cilement un moyen' de combler ce déficit,
étant donné que les Impôts ne peuvent plus
dépasser la. limite actuelle. D'autre part, les
installations industrielles et lés services de
chemin de fer exigent des dépenses considé-
rables. Pour remédier à cette situation 'tb
cheuse il faudrait procéder à la « dénationa*
lisation » de l'industrie.
--
A GENEVE
La Société des Nations
enterre
le conflit ¡talo-grec',
Genève, 20 septembre. — Le conseil de la
Société des Nations, a clos, ce matin, défini-
tivement, l'incident italo-grec en prenant uni
décision qui écarte" l'éventualité è'!:l débat
*
public.
On sait qu'après avoir entendu le dernier
exposé de M. Salandra, sur la question de 1&
compétence, lord Robert Cecil avait manifesté
à plusieurs reprises la résolution de rÓpdr.
au représentant de l'Italie.
Dans ces conditions, le débat que l'on
croyait à peu près clos, tant sur l'affaire de
Corfou que sur les questions subséquentes,
menaçait do rebondir au moment même ot
s'accomplissent les conditions posées pour
l'évacuation do Corfou. On apprenait dans la
journée de mercredi que M. Salandra, en pré-
sence de l'éventualité d'une nouvelle discus-
810n publique, manifestait l'intention de s'abs-
tenir de paraîtra à la séance du conseil.
Cependant la réunion publique du conseil
avait été fixée à jeudi matin, 1 heures 30. :
cette heure, le conseil se réunissait en effet.
mais dans le plus grand secret, M. Salandra
étant présent. Pendant une heure et. demie.
la. délibération continua et bien qu'elle ait été
tenue secrète,* il n'est pas difficile de savoir
les opinions qui furent échangées.
Lord Robert Cecil, ainsi que tous ses col-
lègues, était d'accord avec M. Salandra et
son gouvernement, pour penser qu'aux yeux
de la Société des Nations comme de la Confé-
rence des ambassadeurs, le différend italo-
grec a été définitivement réglé. Il ne s'aets*
'■ • , -
Le hmnêtô-": QUINZE CENTIMES
VENDREDI 21 SEPTEMBRE iSèS. — N* 19276 >
Fondateurs (1869)
VICTOR HUGO
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LE RAPPEL
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Rédaction et Administration : Nord 24-90, 24-91. — Après 10 beures du soir : Roquette 84-93
TRIBUN E LIBRE
q.
La Méditerranée. àses riverains !
,; — 00)00-
La question de Fiume est en train de
se résoudre pacifiquement, entre les Ita-
liens et les Yougoslaves. Nous devons
d'autant mieux nous en réjouir que les
bons offices du gouvernement français.
ami commun des deux pays, ne sont pas
étrangers à cet heureux résultat Mais
avant même que cette question soit entiè-
, rement résolue, un incendié s'allume à
l'autre bout de la Méditerranée occiden-
Jale !
Le problème s'agite, en Espagne, de
savoir si le coup d'Etat du général Primo
de Rivera aura pour conséquence une
nouvelle expédition au Maroc. Le « Jour-
nal )), qui est particulièrement bien in-
formé des choses d'Espagne, reproduit
dans son numéro du 16 septembre une
interview que son correspondant a eue
« avec un militaire qui, pour être en rela-
tions intimes avec le général Primo de
Rivera, connaît à fond la pensée du chef
du nouveau gouvernement ».
Ce personnage parle « d'une politique
d'énergie » tout d'abord, puis, passant
par dessus les lieux communs que les
gouvernants, anciens ou nouveaux, se
plaisent à enfiler, il prononce une phrase
qu'il faut retenir, et qui doit, si elle est
exacte, modifier profondément notre po-
litique à l'égard de l'Espagne, dans le
sens le plus bienveillant et le plus amical,
de notre part, m'empresserai-je d'ajouter.
Cette phrase, la voici :
« La manière de voir du général Primo
i-Jf; Ri vera, quant à la politique marocai-
ne est connue : « Si le peuple désire que
nous abandonnions le Maroc, abandon-
nons-le, mais à la condition que, en
échange, on nous rende Gibraltar »z
Inutile de vous dire, patriotes et ré-
publicains amis du « Rappel » que le
vi^ax^?etoa HCjyi écrit cet article, a tres-
sailli de joiç en relisant ces lignes, car il
n'en pouvait croire ses yeux : l'Espagne
redevenant clairvoyante, revenant à l'al-
liance française, et nous à la politique de
Louis XIV et de Louis XV et des deux
Napoléons — sans la brutalité du pre-
mier envers les Espagnols. Quel rêve!
Inutile de dire, n'est-ce pas, que le
général Primo de Rivera ne peut être
assez naïf pour croire que l'Angleterre
cédera Gibraltar à l'Espagne pour faire
plaisir à la France, et laisser celle-ci maî-
tresse au Maroc
Alors ? C'est donc l'Espagne qui
a échangerait » Gibraltar contre Tanger
avec l'Angleterre ?. Folie, quand la
France possède un gage, à portée de
main, pour faire payer une pareille in-
sulte; quand elle peut, d'un seul mot
faire marcher ses légions marocaines au
teçours du prétendant Riffain.
« L'Espagne ne peut obtenir Gibraltar
qu'avec le concours de la France. »
Et ceci est d'autant plus clair, que
fanci en gouvernement, celui dont les mi-
litaires incriminent la politique antipa-
triote était en train, l'été dernier, de por-
tugaliser l'Espagne au profit des Anglais.
La « Vie Maritime » de juin 1923,
publie à sa page 100, une lettre datée de
Madrid, 7 juin 1923, qui raconte, avec
détails à l'appui, les manœuvres de
f « Atlantic Fleet )>, aux abords du Cap
Finistère, en prenant la côte espagnole
pour base, afin de couper nos lignes Bor-
deaux-Nantes et Casablanca-Dakar, « dé-
barquant même en pleine terre espagnole
en corps anglais de 8.000 hommes avec
son artillerie et son aviation », le tout
avec l'assentiment du cabinet Garcia
Prieto.
Je voudrais pouvoir donner ici l'ana-
lysé de cette lettre, qui traite magistra-
lement, la question stratégique. La
place me fait défaut aujourd'hui. Mais
je puis dire que mon choix est fait. On
prétend que le nouveau gouvernement
militaire a des sympathies germaniques ?
Qu'importe ! S'il voit clair dans le jeu
des Anglais, et s'il entend ne pas laisser
portugaliser l'Espagne par l'Angleterre!
- Nous pouvons, sans témérité, suppo-
ser que les auteurs du pronunciamiento
veulent une Espagne forte et indépen-
dante. Ds veulent posséder la citadelle
qui. de chez eux, commande le détroit au-
quel elle a donné son nom, et ils le peu-
vent d'autant mieux qu'ils sont maîtres
de la baie d' Arosa, en terre espagnole,
et des anciens présidios (Ceuta, etc.),
en terre marocaine, sans lesquels Gibral-
tar n'est plus rien, avec les canons ac-
tuels qui portent aisément à 30 et 40 ki-
lomètres. Cette volonté des auteurs du
coup d'Etat, de ravoir Gibraltar, expli-
querait* à elle seule, la facilité du roi pa-
triote à accepter le nouveau gouverne-
ment Politiquement, cette solution se-
rait infiniment plus brillante et plus po-
pulaire que les interminables guerres ma-
rocaines pour approfondir l'hinterland
de Tanger et des présidios.
Quant à nous, Français, notre politi-
que est toute tracée : Nous devons re-
prendre la tradition de la France, celle
de Louis XIV, de Louis XV, des deux Na-
poléons, poursuivre amicalement et avec
persévérance l'alliance intime et cordiale
avec nos voisins d'origine latine, et même
avec tous les peuples riverains de la Mé-
diterranée.
Et puisqu'il faut, maintenant, concré-
tiser les grandes pensées en une formule
lapidaire, nous proposons celle-ci pour
notre vieille politique. nouvelle :
<( Là Méditerranée à ses riverains! »
CATON (d'Armorique).
*"
EDITORIAL
Formations de combat
Les incidents de ila poli-
tique étrangère ne doivent
pas seuls retenir notre at-
tention. A l'avant-veille
d'une consultation popu-
laire, il nous faut bien ob-
server le grouillement des
partis, et, à défaut de Gran-
des idées, discerner les petits intérêts
qui s'entrechoquent.
Le Parti Radical doit avoir, si je ne
m'abuse, un Congrès régional ces jours.»
ci dans la Gironde, et Son Congrès ffji
tional en Óctobre, à Paris.
Il doit donc se préparer à résoudre les
problèmes de politique intérieure .qui
nous pressent, autrement que par des
habiletés. Il lui faudra définir sa straté-
gie, dessiner sa tactique, préciser ses
alliances et, si ce n'est trop demander,
affirmer un programme.
Après quoi, il sera nécessaire de con-
fronter ce programme avec ceux des
autres partis, afin 'de former les « Car-
tels », les « Blocs », les « Unions » que
d'aucuns enveloppent dans la peau 'de
l'ours du Bonhomme.
Il est vrai que de grands esprits pôli-
liques Se sont avisés qu'il n'était pas
nécessaire que les programmes s'accor-
dent ou se rapprochent pour que les par-
tis contribuent à la conquête des sieges.
Il existe même, une formule très com-
mode qui consiste à grouper tous ceux
qui veulent abattre le Bloc National,
quitte à se battre entre eux le lendemain
même de la Victoire.
Voilà, certes, qui promet au pays une
bien jolie Chambre nouvelle, assuré-
ment faite pour garantir l'ordre et aSSlt-
rer, dans la paix publique, l'autorité in-
dispensables au relèvement national !
Je suis de ceux, vous m'en êtes té-
rnoins, qui n'ont jamais cessé d'exercer
leur critique sur le Bloc National et le
système électoral qui Va formé en i01î>.
L'impartialité élémentaire m'a fait
constater, d'autre part, que si le radica-
lisme a été vaincu en 1919. il a dû sa dé-
faite moins à la supériorité de ses ad-
versaires qu'aux fausses rna.lu:tnu,res de
ses chefs. Je n'en veux pas moins lm
disparition de ce Bloc National., qui a
substitué la confusion politique à la
drlarm, des partis, et favorisé des mœurs
de clientèle audétrinient de l'esprit ci-
vique.
Il a permis en outre une infiltration
sournoise et funeste du cléricalisme
dans l'action gouvernementale et dans
toutes les manif estations publiques.
En quoi il a mérité la mort, et il sera
exécute en mai prochain.
, Par contre, je ne saurais admettre que
le Bloc National succombe sous les
coups dune coalition innommable et
sans programme de gouvernement à op-
poser au sien.
Je ne conçois pas qu'un citoyen .fran-
çais, qui s'inspire à la fois de l'idée dé-
mocratique et de l'amour de la patrie,
puisse se prêter à une majucuvre élec-
torale de nature à rompre la continuité
de notre action extérieure. et à remettes
en cause et en péril les grands intérêts
et les traditions salvatrices de la Nation.
J'entends abattre le Bloc National par
rUnion républicaine. Mais l'Union ré-
publicaine ne peut, à mon sens, déve-
lopper l'institution démocratique et dé-
fendre le programme social et laïque
que solidement campée sur le terrain
national.
Hors de là, nous n'aurions qu'une
èchauffourée électorale sans grandeur
et sans lendemain, qui précipiterait la
crise économique et financière. L'auto-
rilé, que ramène le désordr. risquerait
de s'exprimer alors sous sa forme la
plus rudimentaîre, la plus brutale et la
moins désirable.
On me permettra donc de n'être pas
au nombre des Georges Dandin radi-
caux qui l'auront voulu, en se faisant les
fourriers inconscients de l'Etranger et
dé la Dictature.
Edmond DD lIES ,
* APRES L'ENTREVUE
Mile cordiale suoeiil
Elle s' est réveillée.
Londres, 20 septembre. - Le Times écrit
que la volonté de payer de l'Allemagne a été
établie le 7 juin, lorsque le gouvernement
allemand a fait à la France la proposition
raisonnable de réparation, qui laissait à une
commission internationale d'experts le soin
d'établir le montant total à payer. Le même
journal, constatant que la France est sur le
point de briser l'opposition allemande dans
la Ruhr, se demande toutefois, si ce résultat
valait la peine d'être acheté à un tel prix.
Et le journal de la Cité trace un tableau plu-
tôt sombre de la situation créée par l'occu-
pation de la Ruhr.
« Trouble social,. division politique vio-
lente, ont déjà constitué le résultat'du chaos.
finander, qui a des répercussions bien au
delà des frontières de l'Allemagne. La fer-
meture virtuelle du Rhin a sérieusement af-
————— "r -------
M. St. Baldwin se promène dans Paris
fecté la prospérité de la Hollande la Suèdft
a perdu son principal marché pour le mine-
rai de fer. JLes pays scandinaves, sont embar-
rassés. D
Le Times souligne que l'Europe ne tient
pas à payer un prix trop élevé pour la vic-
toire de la France èur l'Allemagne dans la
lutte des réparations. •
Le Daily Telegraph commente ainsi le com-
muniqué d'hier :
« Bien qu'il eoit très satisfaisant de pou-
voir tirer du communiqué (publié à Paris à
l'issue de l'entrevue Baldwin-Poincarê l'im-
pression que celle-ci fut des plus amicales,
cette communication fait prudemment remar-
quer, qu'on n'est .arrivé à aucune solution et
qu'un tel résultat était même impossible,
après une conversation aussi hâtive. Il se-
rait également sage -de ne pas prendre trop
au sérieux l'affirmation qu'il n'y a'aucune
divergence de but ¡ ou de principe sur une
question quelconque. On- a. même laissé en-
,tendre dès le début que les, seules divergen-
ces existantes se rapportaient aux méthodes
à employer pour atteindre un (but commun :
l'obtention de - réparations. Mais les événe-
ments des quatre dernières années ont prou-
vé combien imprudentes peuvent être de sim-
ples « divergences do méthode n.' A l'heure
actuelle, il serait donc bon de ne pas fonder
d'espoirs excessifs sur un communiqué marne
aussi satisfaisant que celui (publié hier soir.
•.
La journée de M. Baldwin
Après avoir fait quelques courses dans la
matinée d'hier, le Premier anglais "et Mme
Baldwin sont partis pour Versailles, à
U h. 45. Il ont déjeuné au Trianon-Palace,
et sont nntrés à .Paris vers 3 ou 4 heures
après-midi. M. - et Mme Baldwin repartiront
aujourd'hui pour Londres.
LA PORTE OUVERTE
oeseoo-^1— i
Les conseils de tactique politique que conte-
nait le récent « Mémoire aux évêques de
France » tout imprégné de la finesse et de
l'expérience d'un prélat italien, seront .cer-
tainement suivis par les catholiques, car c'est
toujours par l'obéissance et la dieciplino que
"Eglise est arrivée à ses fins.
Parmi les projets de loi que la Chambre
doit prochainement examiner et qui sont
comme l'avant-garde de cette offensive pru-
dente des. partis religieux, il en est deux par-
ticulièrement intéressants : celui qui tend à
autoriser la congrégation dite « Société des
Missions africaines de Lyon » objet d'un élo-
quent rapport de M. Maurice Barrés; et ce-
lui qui tend à autoriser la congrégation dite:
« Société des Missionnaires d'Afrique fPè-
res Blancs) » celui-là môme qui doit une
toute neuve et retentissante illustration à l'hé-
roïque abnégation du révérend Père de Fou-
cauld, projet qui a donné lieu à un rapport
de M. Louis Dupin.
--'CEs deux congrégations sont en instance
d'autorisation depuis 1901, ayant adressé à
cette époque-là, conformément à l'article 1S
de la loi du 1" juillet 1901, une. demande ré-
gulière. Depuis, soit què les dossiers aient été
égarés, soit qu'ils aient été diplomatiquement
oubliés dans quelque poussiéreux carton vert,
ces congrégations continuent à subsister en
France, profitant d'une situation d'instance
tt même d'une vague autorisation partielle.'
C'est que les services rendus à la propa-
gande et à l'expansion française dans les
pays islamiques ou dans les centres de l'Afri-
que pccidentale non encore gagnées par la re-
ligion mahométane mais qui en sont mena-
cées, sont trop évidents pour que le gouver-
nement français ne fasse pas preuve à l'égard
tl. oes déyoués missionnaires d'une certaine
reonnailianc.' ;. 1 •
Loin de nous l'idée de les nier et san6 doute
U serait puéril, au nom d'une logique trop
absolue de renoncer à combattre à l'étran-
ger par les armes qu'ils emploient eux-mêv
mes. c'est- à -dire leurs prêtres, non seulement
le fanatisme islamique qui cherche à. dresser
contre nous la farouche- simplicité des noirs,
mais encore. la propagande, intéressée de nos
adversaires directs de la grande guerre.
Il est donc fort probable que toutes ces
considérations -entreront en ligne de' compte..
comme il est déjà arrivé à Lyon, quand il s'a-
gira d'accorder à ces deux congrégations l'au-
torisation qu'elles demandent. et qu'elles em-
porteront un vote favorable du Parlement.
Le fait sera diversement apprécié dans les
milieux politiques et il ne manquera pas
d'adversaires résolus de l'Eglise pour trou-
ver malgré tout que cela n'est pas si mal
fait et que ces braves gens ont bien gagné
leur permis de séjour.
Mais, et c'est seulement que nous voulons
signaler avec fermeté, les esprits réfléchis
ne feront pas faute de remarquer avec quelle
habileté l'Eglise utilise pour ses progrès en
France, ceux de ses serviteurs auxquels il pa-
raît le plus difficile que le gouvernement
puisse refuser; ce qu'ils demandent.
Surtout ils noteront comme une forte in-
dication capable de corrompre les autres indi-
ces que nous avons déjà signalés de la per-
sévérante ardeur religioqsc, que lés catholi-
ques choisissent le, moment où la réprésen-
tation du pays semble plus qu'à aucun autre
jusqu'à présent, encline à écouter leur requê-
te.
Aux. élections prochaines, les véritables et
purs républicains ne commettront pas l'er-
reur, quand il s'agira de jeter leur bulletin
dans l'urne, d'oublier tous ces indices.
- •' : Charles Tabdiei?, -
LE SANG COULE
LES AGRARIENS BULGARES SE RÉVOLTENT
CONTRE LE GOUVERNEMENT DE SOFIA
O
la rébellion serait d'oritine communiste et Moscou la financerait
■ On n'entendait plus parler de la Bulgarie,
absorbée par son œuvre de reconstruction
nationale. Il-a-fallu que les éternels a comi-
tarljis » s'agitent, à la frontière yougo-slavé
pour que le monde, épouvanté par l'ombre
du légendaire Alexandrof, commençât à pren-
dre peur ; il a fallu qu'un communiste russe
fût tué, à Plcvna, par des compatriotes
'lr blancs » réfugiés dans le pays depuis la
déroute de Wrangel, pour que la Russie des
Soviets fit entendre à Sofia des menaces et
cherchât à provoquer des mouvements de sé-
dition.
Il convient de s'expliquer sur ce point .*
Que la Russie s'efforce, par divers moyens,
de régner à Sofia,, cela s'explique, pour deux
motifs. Héritiers de la politique d'hégémonie
balkanique poursuivie par le « tsar libéra-
teur »), tes' dvtëheviks de JtfMC~ ~OMf
ple frère » le symbole du marteau et de la
faucille, et cela moins dans un but de pur
idéalisme que dans lQ dessein de le domi-
ner. Le panslavisme accompagné d'esprit mys-
tique, se traduisait autrement à l'épcque des
tsars : alors, c'était l'orthodoxie qui contri-
buait à maintenir les Bulgares sous l'hégé-
monie de Petrograd, Stamboulof, homme
d'initiative hardie, parut comprendre les dan-
gers que représentait pour son peuple la
mainmise moscovite, musquée sous les appa-
rences d'une tutêlle protectrice. On sait com-
ment, à l'instigation de Ferdinand de Co-
bourg, il disparut tragiqltemeîtt d'O la scène
politique. Et Sofia se remit à graviter dans
l'orbite de la sainte Russie.
Le grand bouleversement de guerre n'a
pas détourné des Rhodopes les yeux des nou-
veaux dirigeants russes.' Les Balkans bolche.
visés, quel danger de contagion — sinon mô-
me de conflagration — pour la vieille Euro
pe ! Stamboulisky n'était, sans doute, pas le
serviteur volontaire de ce vaste rêve et l'on
doit rendre à sa mémoire cette justice que
sa principale préoccupation fut de relever son
pays des ruines de la grande tourmente, par-
ticulièrement terrible pour un pays qui guer-
royait depuis 1912. Mais, quoi qu'on en ait
dH, M était loin de réagir contre les idées et
la propagande, russes ; ses amis agrariens
s'appuyaient sur Moscou, peut-être sans. son-
giçr à mal, et lorsque &n,kùJ&:jen;:4iti.n~^ der-
nier, fit sa révolution, les bQlcKeviiis russeé-
furent les premiers à déplorer le succès de
cette réaction oÙ ils né comptaient que des
adversaires.
De là leurs tentatives pour reprendre la
place perdue, pour organiser sur de solides
bases le parti communiste bulgare et provo-
quer, un jour, une contre-révolution.
L'intérêt bien compris de l'Europe, si elle,
veut se garder dit bolehevisme,. n:c$t donc pas
de le laisser s'implanter en Bulgarie où il
deviendrait, pour les Balkans et, par réper-
eu.-si-on, pour nous, un foyer dangereux.
Est-ce à dire que l'on doive laisser se cons-
tituer, entre le Danube et les Rhodopes, ùn
centre d'intrigues, voire d'armements qui,
sournoisement" menaceraient la Yougoslavie
et la Roumanie, tout en favorisant la politi-
que italienne, vis-à-vis de Belgrade et celle
de Buda-Pesth vis-à-vis des voisins de la Hon-
grie mutilée et, par conséquent, mécontente ?
Non ; et ce jeu, si elle le jouait, serait sans
profit pour la Bulgarte, qui travaillerait pour
des tiers. Là sagesse et le bon sens - conseil-
lent donc à M. Zankoff et à ses collabora-
teurs de vivre en bonne harmonie avec leurs
voisins immédiats, sans rechercher des aven-
tures. Ni avec Moscou bolchevik et panslq-
viste, ni avec Rome impérialiste et antiyou-
goslave. Que la Bulgarie songe à eïïe-méme.
Si l'on en juge par les déclarations de M.
Zanhoff en juillet dernier, le gouvernement
bulgare parait décidé à suivre cette ligne de
conduite : <' Notre but, proclamait le pre.
mier ministre, est de vivre en pain dans les
Balkans et avec les grandes puissances. » On
a insinué, ces jours-ci que la Bulgarie rece-
vait des armes dans ses ports de la mer Noire.
M. Morfoff, ministre bulgare à Paris, que
nous avons connu alors qu'il dirigeait la
construction du port de Varna, en qualité
d'ingénieur, nous a démontré que, si c'était
vrai, ('(, ça se saurait ! JI. D'ailleurs, Tinté-
rét dit pays est de s'organiser pour vivre pa-
cifiquement.
Mais il y a, dans le traité de Neuilly, un
certain article concernant lf!> concession à la
Bulgarie d'un débouché sur la mer Egée.
Stamboulisky ,le rappelait, Zankoff demande
qu'on'y songe, et, jusqu'à présent, la clause
reste inexécutée. Cela est tout de même fâ-
cheux.
G. PEYTAVI DE FAUGERES.
- La rébellion gagne
Loodres, 20 septembre. — La révolte des
agrariens bulgares semble s'étendre et prend
des proportions inattenduee.
Le correspondant du Daily Ohronicle à
BelgJ"de annonce en dernière heure que des
combats acharnés sont engagés sur plusieurs
points du territoire bulgare, entre ïes trou-
pes gouvernementales et les éléments com-
munistes et agrariens. L'issue en est encore
incertaine. Il ne paraît pas Olle communis-
tes et agrariens disposent d'armes en quanti-
tés suffisantes pour risquer la guerre civile :
mais les choses peuvent prendre un dévelop-
Dement inattendu.
LES BATAILLES FONT RAGE
A Sofia, le gouvernement paraît suffisam-
ment fort pour maîtriser ses adversaires.
Mais on signale qu'au sud-ouest do la capi-
tale, à Radomir, les insurgés ont infligé une
sérieuse défaite aux gendarmes et aux sol-
4ats.
Sur ce seul point, on compta déjà, plusieurs
sentaines de tuée de part et d'autre.
Un gouvernement révolutionnaire provi-
soire a été établi à RadOmir. Les insurgés
ont démoli toutes les routes et voies ferrées
aux abords de cette ville pour contenir l'a-
vance des troupes gouvernementales.
On signale d'autres batailles sanglantes à
Karlovo. Puznitza et à Salkovo, où les élé-
ments communistes et agrariens, réunis en
forces supérieures, ont battu les troupes gou-
vernementales et capturé de grandes quanti-
tée d'armes et de munitions.
Le gouvernement de Sofia résiste encore
avec énergie. Il a fait procéder à des arresta-
tions en massa à Sofia, Philipopoli et Ku*-
tendil> -.
M. STRESBMANN FERAIT
de nouvelles propositions
à la Commission des Réparations
'ond:res, 20 septembre. — Le correspondant
des Daily News à Berlin croit savoir que
M. Stresemann aurait préparé un mémoran-
dum dans lequel il expose en détail le point
de. vue allemand sur la question de la Ruhr
et celle des réparations.
Ce mémorandum serait déjà entre les mains
du gouvernement belge et le gouvernement
allemand attendrait une réponse d'un moment
à l'autre. -
Les trois points principaux de ce docu-
ment seraient les suivants :
1°- L'Allemagne serait prête à cesser la ré-
sistance passive, moyennant la libération des
Allemands arrêtés dans la Ruhr et l'autori-
sation pour les Allemands expulsés de revenir
dans la Ruhr;
2° L'Allemagne serait prête à rechercher
les moyens de payer, au titre des réparations.
une somme plus élevée que le montant de 30
milliards mentionné dans la dernière offre de
M. Cuno;
3* Le gouvernement allemand serait prêt à
former en Allemagne un trust internationa:l,
à mettre une hypothèque générale sur les in-
dustries allemandes et à remettre à la Com-
mission des réparations les obligations de
toutes les entreprises industrielles alleman-
des.
—-i l. !
LES PREMIERES
Bonjour au «Moulinée la Chanson»
Dans le plus délicat, le plus harmonieux
décor que l'on puisse rêver, le Moulin de la
Chanson fait de nouveau tourner ses ailes.
Les bons chansonniers, Fursy et Mauricet
ont été applaudis par un public ravi et char-
mé.
La revue de Mme Mauricet et Pierre Va-
renne est, tout à fait digne du décor, elle est
du meilleur goût, du plus pur esprit parisien.
La Fée Publicité, le dernier homme et. le
jeune, éphèbe équivoque, la crise du logement
sont autant de scènes légères et brillantes
qui ont été saluées par de nombreux applau-
dissements.
Pour terminer ce spectacle qui fera. courir
tout Paris. Mme Marguerite Deval, (on ne se
prive de rien au Moulin de la Chanson) ; Mlle
Jane Ader et M. Adrien Lamy ont joué avec
un entrain et une gaîté irrésistibles une jo-
lie opérette de M. Hervé Lawick, musique de
M. Georges Menier : Avec plaisir.
Pendant les entr'actes, on s'extasiait sur la
beauté des panneaux décoratifs du plus sub-
til des peintres, O. Guillonnet, qui a composé
quatre petits chefs-d'œuvre. La lumineuse et
joyeuse route des enfants dans le jardin prin-
tannier. f
Chanson des amoureux enlacés tendrement
dans les bois par une triomphante après-midi
d'été. les couplets au charme suranné de
(r M. et Mme Denis » d'une grâce si émouvan-
te. et enfin la Madelon de la Victoire ver-
sant le réconfortant pinard aux poilus.
Si MM. Fursy et Mauricet nous donnaient un
jour un spectacle médiocre (ce qui nous éton-
nerait fort) le public pourrait toujours se
consoler en contemplant les panneaux déco-
ratifs de M. O. Guilonnet.
Cette fois il n'y a qu'à. louer auteurs, di-
recteurs, interprètes, décorateur.
Que c'est donc agréable de n'avoir — en
toute sincérité - qu'à distribuer des compli-
ments.
JSgu MARSY,
POUR EVITER LA CHUTE
Après les ballons, les rois
jettent du lest
*
Aux temps déjà lointains où les aéroplane*
étaient je mythe, les dirigeables l'exception, et
où les ballons spheriques tenaient le haut du
pavé — si j'ose employer cette métaphore har-
die — tout le monde ou presque savait ce qtJo
signifiait : jeter du lest.
A cette époque-là, quand un sphérique ae
trouvait en danger d'écorcher un toit ou de s'e-
corcher à un arbre, quand il était par crevai-
son ou autrement, menacé d'une descente trQp
rapide ; l'aéronaute s'allégeât en vidant par-
dessus bord un ou plusieurs des sacs de sable mis
en réserve dans la nacelle : par rupture d'équai..
bre, il remontait ou ralentissait sa chute. Les gens
qui passaient dessous à ce moment, et béaient
le bec en l'air, recevaient le sable, qui dans les
yeux, qui dans la bouche, qui sur le crâne, té-
moins les voyageurs d'impériale à propos des-
quels François Coppée écrivit ce distique inou
bliable :
Le ballon qui passait inonda de son lest
Le tramway de Montrougc à la Gare de l'Est.
Peut-être François Coppée n'est-il pas l'au-
teur de ces vers. Que sa mémoire alors me par-
donne l'attribution. En tout cas, badauds ou
voyageurs savaient, de ce jour, pour longtemps,
ce que voulait dire, au propre : jeter du lest.
Et l'acception figurée découlait toute seule de la
première.
Ces temps sont révolus. Les sphériques sont
oiseaux rares et si les aéroplanes sèment parfois
des prospectus dans le ciel, l'aviateur n'est plus
le bonhomme au sable. Mais les Rois sont heu-
reusement là pour nous remémorer les finesses
de notre langue. Depuis quelques mois, les mo-
narques d'Europe semblent s'être donné le mot
pour jeter du leet à pleins sacs. -
Ce fut d'abord le roi d'Angleterre qui, peut-
être inquiet des proportions que prenait le chô-
mage dans son pays et craignant sans doute, le
jour où il demanderait : « Est-ce une emeute ?)),
de s'entendre répondre : « Sire, c'est une révo-
lution », lança le gâteau de miel au Gerbère
populaire en réclamant (bonne réclame, en effet)
la réduction de sa liste civile.
Ce fut, après Georges V, Victor-Emmanuel
III qui, placé entres les sommations brutales du
fascisme et l'éventualité de perdre la couronne,
préféra courber le dos devant M. Mussolini et
prit parti POUT. le dictateur plutôt que de prendre
le chemin de l'exil — sinon pis.
Même raisonnement, naguère, de la part d'Al-
phonse XlUfcde Cale et d'Aragon qui. avec
une souplesse rappelant plus encore Chariot que
Charles-Quint, n'hésita pas entre ses ministres et
les Juntes et laissa froidement tomber son cabi-
net pour tomber dans les bras du nouveau direiC-
• Cç fut enfin, la reine Wilhelmine de Hollon-
de qui, à l'exemple de Georges V, et sur le
point de réduire les appointements de ses fonc-
tionnaires, exigea, dit-on, de son ministre des
finances une réduction proportionnelle de son
propre traitement de reine, comme d'ailleurs du
traitement de la Reine-Mère qui dut faire assez
vilaine mine à Wilhelmine quand elle apprit les
largesses octroyées à ses dépens.
Il y a, dans ces générosités comme dans Cel
capitulations, quelque chose de très symptoma-
tique. Ces souverains qui, pour conserver leur
place, se font tout petits et consentent au sacri-
fice soit de leur amour-propre soit de leur bonne
galette - la galette des rois — sont peut-être
des malins. Mais ils n'ont plus guère figure de
monarques. Et Louis XIV, qui entrait botté au
Parlement et se fouettait la botte de sa crava-
che, hésiterait sans doute à se dire leur cousin.
Non certes, que nous devions regretter l'absolu-
tisme d'un Louis XIV. Mais il nous parait bien
malaisé de ne point évoquer son souvenir quand
nous assistons à ce qu'Eugène Lautier, l'autre
jour appelait, si justement, le Crépuscule des
Rois. - R. Y. P.
.- (
LA DÉBAGLE FINANCIERE
en Russie
Moscou, 20 septembre. — Suivant les inS
formations de la presse, le budget d'Etat re-
latif à la période depuis le ler octobre 1922
jusqu'en octobre 1923, va accuser un déficit
de 3'50 millions roubles-or. On imagine diffi-
cilement un moyen' de combler ce déficit,
étant donné que les Impôts ne peuvent plus
dépasser la. limite actuelle. D'autre part, les
installations industrielles et lés services de
chemin de fer exigent des dépenses considé-
rables. Pour remédier à cette situation 'tb
cheuse il faudrait procéder à la « dénationa*
lisation » de l'industrie.
--
A GENEVE
La Société des Nations
enterre
le conflit ¡talo-grec',
Genève, 20 septembre. — Le conseil de la
Société des Nations, a clos, ce matin, défini-
tivement, l'incident italo-grec en prenant uni
décision qui écarte" l'éventualité è'!:l débat
*
public.
On sait qu'après avoir entendu le dernier
exposé de M. Salandra, sur la question de 1&
compétence, lord Robert Cecil avait manifesté
à plusieurs reprises la résolution de rÓpdr.
au représentant de l'Italie.
Dans ces conditions, le débat que l'on
croyait à peu près clos, tant sur l'affaire de
Corfou que sur les questions subséquentes,
menaçait do rebondir au moment même ot
s'accomplissent les conditions posées pour
l'évacuation do Corfou. On apprenait dans la
journée de mercredi que M. Salandra, en pré-
sence de l'éventualité d'une nouvelle discus-
810n publique, manifestait l'intention de s'abs-
tenir de paraîtra à la séance du conseil.
Cependant la réunion publique du conseil
avait été fixée à jeudi matin, 1 heures 30. :
cette heure, le conseil se réunissait en effet.
mais dans le plus grand secret, M. Salandra
étant présent. Pendant une heure et. demie.
la. délibération continua et bien qu'elle ait été
tenue secrète,* il n'est pas difficile de savoir
les opinions qui furent échangées.
Lord Robert Cecil, ainsi que tous ses col-
lègues, était d'accord avec M. Salandra et
son gouvernement, pour penser qu'aux yeux
de la Société des Nations comme de la Confé-
rence des ambassadeurs, le différend italo-
grec a été définitivement réglé. Il ne s'aets*
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