Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-11-19
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 novembre 1921 19 novembre 1921
Description : 1921/11/19 (N18607). 1921/11/19 (N18607).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75531149
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
28 Brumaire, An 130. — N° 18607 Le numéro : QUINZE UEJNTIMES Samedi 19 novembre 1921. — N° 18607
Fondateurs (186B) a
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un an Six mois Trois mois
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 »
ETRANGER 49 » 25 » 13 1)
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AIL ,7M
Rédacteur en chef a
RAYMOND LANGE
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TRIBUNE LIBRE
Démobilisons l'âme allemande
« Le grand malheur du monde est que la France ne comprend
pas t'Allemagne et que l'Allemagne ne comprend pas la
France. » 1 KENAN.
Il est nécessaire, pour
rétablir la paix euro-
péenne et se garantir
des idées de revanche de la
part de l'Allemagne, de pa-
ralyser et d'écarter pro-
gressivement le parti mili-
taire, appuyé aujourd'hui
par les junkers prussiens et les grands
industriels et financiers qui sont restés
imoéi'ialistes et ne veulent pas consentir
à payer les dommages de guerre. A ce
point de vue, la Prusse orientale est
particulièrement à surveiller. La com-
mission militaire interalliée, présidée
uvec beaucoup d'autorité par le général
Nollet, a bien travaillé pour la destruc-
tion du matériel de guerre allemand,
mais la besogne n'est pas achevée. Il
faut toujours craindre le camouflage.
Pour embrayer l'action pangermanis-
te, quels moyens convient-il de prendre ?
Il y a lieu d'appuyer le mouvement
tiém pratique en Allemagne, de montrer
au gouvernement allemand et au peuple
allemand que la France n'est pas le
pays qu'une presse mal informée, inté-
ressée ou vénale leur dépeint. Non, la
France n'est pas un pays qui veut étran-
gler le peuple allemand, l'empêcher de
vivre et le ruiner, comme on le dit tous
les jours dans les journaux allemands.
La preuve qu'on peut en donner est
péremptoire : jusqu'ici, la France, qui
a dépensé plus de 30 milliards pour la
réparation des régions dévastées, n'a
pas touché un sou de l'Allemagne. Ce
que veut la France, c'est le désarme-
ment de l'Allemagne, pour pouvoir en-
suite désarmer elle-même et appliquer
ses ressources non à des dépenses mi-
litaires, mais au relèvement de ses rui-
nes et à l'équipement économique du
pays. Elle le veut parce que c'est dans
le désarmement de l'Allemagne qu'elle
trouvera sa sécurité. Elle le veut dans
l'intérêt de la paix européenne et du
retour à la vie économique normale, et,
en poursuivant ce but, elle sert l'inté-
rêt de l'Allemagne elle-même.
Ce sont ces idées qu'il faudrait faire
pénétrer dans les cervelles allemandes
par une propagande française organisée
et intelligemment conduite auprès du
monde des affaires et du commerce, au-
près de la bourgeoisie et d'es classes
intellectuelles. La classe ouvrière, dont
on cherche à égarer l'esprit tous les
jours, est plus facile à conquérir.
Qu'est-ce que veulent les ouvriers ? Tra-
vailler en paix et gagner leur vie pour
satisfaire leurs besoins. Ces besoins.de
toute nature — nourriture, vêtements,
distractions - se sont multipliés évi-
demment pendant la guerre.
[1 faut faire pénétrer dans l'esprit
publie allemand que la France n'en veut
ni à la production ni aux ouvriers alle-
mands. Loin de là. elle veut leur assurer
l'existence en leur assurant la paix.
Il y a des difficultés présentes, nous
le savons. L'Allemagne doit payer
un milliard de marks-or en janvier pro-
chain. Devant la chute du mark, elle
prétend qu'elle ne pourra pas payer et
qu'autrement on l'accule à la faillite.
Nous ne croyons pas à la faillite de
l'Allemagne, parce que c'est un pays
riche qui travaille. Cela ne veut pas
dire aue la crise du mark ne le mette
pas en mauvaise posture. Il est certain
que cette crise a abattu sur l'Allemagne
tout un monde de marchands et d'ache-
teurs qui ont vidé depuis quelques se-
maines les magasins allemands. Qu'on
aille à Berlin et on ne trouvera plus
fiueun choix dans les grands magasins
lui, trop tard, ont tenté de se défendre
tn majorant leurs prix. Sans doute, au-
jourd'hui, le péril n'est pas encore très
pranrl. Mais demaln, quand itous les
Btocks seront épuisés, il pourrait le de-
venir. Comment, en effet, les industriels
allemands pourront-ils renouveler les
matières premières qu'ils n'ont pas chez
eux, avec un change tombé presque à
téro ?
On dit bien qu'ils ont des devises à
l'étranger. en dollars et en livres, et
que l'Allemagne peut payer. C'est facile
à dire, moins facile à prouver. Si, après
un examen sérieux de la question, il
était reconnu que l'Allemagne ne peut
actuellement nous payer en espèces-or,
ce serait d'une politique avisée de lui
accorder les délais qu'elle sollicite.
Mais qu'elle les demande avec franchi-
se, ivec des raisons à l'appui. Et que,
pour montrer sa bonne foi et sa bonne
volonté, elle offre elle-même des gages,
des hypothèques provenant des mono-
poles et régies, charbons et chemins de
fer. Ce n'est qu'à cette condition qu'on
peut accepter le moratorium. La com-
mission des réparations, que nous avons
vue ces jours derniers à Berlin, est là
pour voir et juger. La convention Lou-
cheur-Rathenau répondait déjà à ces
préoccupations. Si l'Allemagne ne peut,
en ce moment, payer en espèces; qu'on
lui demande de payer en prestations.
Nous savons bien que ces idées vont
heurter les conceptions sur la matière
de beaucoup de nos compatriotes, mais,
comme nous les considérons comme l'ex-
pression de la vérité, nous n'hésitons
pas à les dire. On peut les discuter, mais
nous engageons ceux qui voudront le
faire autrement que dans des raisonne-
ments d'ordre sentimental à s'en aller
en Allemagne, à pénétrer les gens qui
discutent de bonne foi et sans parti pris.
Et qu'on ne nous oppose pas surtout
que !e Boche a plus que jamais la haine
du Français. Nous avons pu entendre
il y a ouelques jours, dans un restau-
rant de Berlin, où il y avait surtout des
Allemands, comme de raison, un chef
d'orhestre attaquer la Marseillaise pour
faire plaisir à quelques Français, sans
qu'aucun Allemand ne protestât.
Dire qu'il n'y a rien de changé en
Prusse, quelle erreur ! Allez à Postdam,
la citadelle de l'Empire, vous. trouverez
vides les casernes et les palais. Le chan-
gement, nous ne craignons pas de le
dire. est étonnant.
Démobilisons l'âme allemande, et
nous servirons utilement la France.
Ch. DEBIERRE,
Sénateur du Nord.
EDITORIAL
Démoralisation publique
La publicité donnée à
l'affaire Landru dépasse
vraiment toutes les limites
du cabotinage.
Quand on pense que le
sort de nouvelles guerres
se décide peut-être à la
Maison-Blanche de Washington et que
toute l'attention d'un peuple intelligent
se porte sur la salle 'des assises de Ver-
sailles, on est vraiment attristé par la
déchéance morale que la « grande »
presse d'information crée dans l'esprit
public.
Il semblait que la généralisation de la
Culture et la propagation de l'Enseigner
ment dussent élever la pensée et répan-
dre le août, des idées. Il n'en est rien.
La vresse à cinéma et à faits 'divers,
qui consacre dix lignes a une doctrine
et quatre mages aux femmes coupées en
morceaux ou aux produits pharmaceu-
tiques, -tue lentement le journal d'opi-
nion. Ces qrartds comptoirs finissent par
écraser les chaires, où l'on s'efforce
d'enseiqner la dignité d'homme libre.
En désintéressant l'opinion des spé-
culations de l'esprit, on l'a accoutumée
aux mœurs de la clientèle.
Le pire danger qui puisse menacer
une démocratie est le détachement ¡des
citoyens de la chose publique.
Les hommes libres qui se détournent
du forum pour les jeux du cirque ne
forment plus qu'une ochlocratie prête
à tous les jougs, et destinée à la ser-
vituae.
EDMOND DU MESNIL.
A propos du « Fokker »
M. Charles Leboucq, député de la Seine,
a décidé de poser mardi prochain au mi-
nistre de l'intérieur, qui l'a acceptée, une
question sur les mesures qu'il compte pren-
dre pour faire disparaître du Salon de l'aé-
ronautique un appareil dont le nom seul
evoque les pires souvenirs de la guerre et
dont la présence, par les manifestations
qu'elle ne peut manquer de provoquer, est
un danger pour l'ordre public.
M. Charles Leboucq fait allusion à la pré-
sence des avions « Fokker » au Salon de
l'aéronautique, présence contre laquelle ont
protesté les associations d'anciens combat-
tants et de mutilés.
LIRE EN 28 PAGE :
L'ACCORD FRANCO-TURC
Réponse du gouvernement français
à la note de lord Curzon
LE PROJET SUR LES LOYERS
On dit.
LES POMMES DU UOISIN
Fidélité.
On a raconté qu'il y avait du froid entre
les députés de Seine-et-Oise, élus naguère
sur la même liste, depuis que les uns font
partie du gouvernement que les dùtr&s at-
taquent.
Mais ce n'est là qu'un froid politique qui
n empêche pas les relations personnelles et
même les échanges de bons mots.
L'autre jour, à Mantes. M. Colrat et M.
Tardieu SP, trouvèrent ensemble à l'inau-
guration dit monument « Aux Morts ».
M. Tardieu semblait d'humeur sombre et
même hargneuse.
- Hé, lui dit M. COlrat, qu'avez-vous ce
matin ? Est-ce que vous avez mangé du
lion ?
- J'en mange tous les jours, répondit
M. Tardieu, je ne change pas de régime,
moi 1
- Pourtant, dit un assistant, autre/ois, il
préférait le Tigre.
(Le Cri de, Paris.)
Un affront.
M. Chéron est terriblement ennuyé : les
instituteurs du Calvados lui ont déclaré la
guerre sans merci. Mais il y a la manière.
Ce n'est pas en l'injuriant dans leurs jour-
naux qu'ils manifestent leur amertume. Ils
ont trouvé mieux. Comme On doit inaugurer
prochainement un monument en l'honneur
des instituteurs morts Pour la France, ils
ont annoncé la résolution de ne pas prendre
part à la fête. si M. Chéron l'honore de sa
présence. La chose se fera sans bruit. Ils
viendront tous et, si M. Chéron s'y rend
aussi, ils ce retireront sur-le-champ. L'ellet,
pensent-ils, sera considérable.
En attendant, l'effet est considérable sur
M. Chéron, qui ne sait pas comment se ti-
rer de ce mauvais pas. Il est donc allé trou-
ver M. Léon Bérard, en le menaçant d'inter-
pellation s'il laisse commettre ce geste d'in-
discipline. Vainement IP m.inis1re lui a-t-n
expliqué qu'il n'y aurait en ceci Vrai rrari-
quement à la, discipline professionnelle, e?
qu'on ne saurait obliger des fonctionnaires
à une cérémonie qu'ils ont eux-mêmes orga-
nisée, le sénateur soutient que l'autorité
doit le protéger contre un affront qui lui
serait fort sensible.
x
Que fera M. Béfard ? Rien sans doute.
, Alors nous aurons le spectacle d'une inter-
pellation héroï-comique où M. Chéron ex-
posera son infortune. et la faillite d'un ré-
gime qui l'a permise, tandis que Te ministre
traitera la mésaventure par l'ironie. -
Encore une joyeuse iournée en perspec-
tive l
(Aux Ecoutes.)
Joie rare.
M. Louis Puech 'défilait à la Chambre, le
chapeau haut de forme en main, en habit,
entre deux haies de gardes républicains.
Sabre au clair, deux officiers l'escor-
taient.
Le sympathique aépufé des Arvernes et
de Paris, souriait à ses amis, nombreux sur
son passage.
Alors. un député-avocat :
— C'est la première fois que ie trouve
quelqu'un qui parait heureux d'être entre
deux gendarmes.
M. Raoul Péret en a beaucoup ri.
(Les On dit-Y
Pour copie conforme :
Le Tapin.
POLITIQUE FINANCIÈRE
Que de plans!
»«i -
Autour du Budget de la France, si gra-
vement malade, nos dofteurs Tant-pis. et
Tant-mieux sont doctement assemblés.
Chacun d'avoir son diagnostic et son re-
mède.
M. de Lasteyrie voudrait appliquer un
vésicatoire aux Boches. M. Deschamps vou-
drait faire appel à la ploutocratie. M. Dau-
det voudrait une saignée de Banque juive.
Notre ami Herriot voudrait poser une ven-
touse au capital.
Il n'y a que le docteur Doumer qui ne
propose pas de remède.
Du moins, il n'en voit qu'un seul : con-
server son portefeuille.
Après lui : la faillite.
C'est simple, et de mauvais goût.
Qu'en pensent les contribuables, ces éter-
nels tondus ?
Il n'a pas réussi.
," -
donnez-lui de l'avancement!
Ce ne'st pas diminuer les mérites ni la
gloire militaire du général Gouraud que de
reconnaitre qu'il n'a pas réussi en Cilicie.
Son rôle d'administrateur et de diplomate
a été, de toute évidence, inférieur à son
rôle de soldat. Il est question de son rem-
placement.
Or, d'aimables confrères, certes bien in-
tAntionnés, mais peut-être un peu trop
spontanés, proposent qu'on nomme le gé-
néral Gouraud gouverneur de Strasbourg.
S'il est un poste délicat, qui exige des
qualités exceptionnelles de diplomatie et de
finesse, c'est bien celui-là.
Les Alsaciens, au bon sens narquois, par-
viendront-ils à comprendre — si ce dessein
s'exécutait — que le fait de n'avoir pas
réussi en Cilicie constitue un titre d'avan-
cement en Alsace ?
Trop de ministères !
Trop de ministres ! *
Trop d'états-majors !
De tous côtés on parle de suppression
d'emplois. Cest le « régime des écono-
mies ».
Mais, naturellement, nos Maîtres s'ar-
rangent de telle sorte que les suppressions
d'emplois affectent le petit personnel.
Nous avons quinze ministres, presque
autant de sous-secrétaires d'Etat, sans
compter les hauts-commissaires.
Nous avons des états-majors militaires et
civils immenses. Il existe des services où
un directeur, deux sous-directeurs, quatre
chefs de bureaux commandent à quarante
employés.
De tous ces postes-là, on n'en supprime
aucun.
Il paraît que ça s'appelle : l'équité.
AUX ASSISES DE VERSAILLES
Les révélations de Landru
Il indique la présence de Mme Héon dans la rue de Rennes,
mais à une date antérieure à celle de sa disparition
Landru va parler. Aussi. aux abords du
Palais oe Justice, les curieux sont-ils nom-
breux qui attendent l'ouverture des portes.
Quand le !!utlic est admis à entrer dans la
petite salle de la cour d'assises, c'est une
effroyable bousculade, un assaut vers les
chaises et les bancs tant convoités. A mi-
di 15 il ne -reste plus aucune place ; on re-
marque au premier rang ae l'auditoire, le
duc et la duchesse ,c..-e Valentinois.
Voici Landru. Il fait son entrée dans la
Palle, en pardessus marron et chapeau me-
lon, et presque aussitôt — il est midi eft
demi - l'huissier audiencier annonce la
coutr.
LES REVELATIONS
La Darolj est immédiatement donnée à
^'accusé.
— La. communication que je voulais faire
à la cour, commence-t-il, est relative à une
question de M. le lue juré, qui était la sui-
vante : « L'accusé peut-il justifier par une
inscription csur son carnet coopérations ce
bourse ? » Or le manque absolu de pièces
comptables m'empêche de donner complè-
tement satisfaction à la demande de M. ie
juré. Cependant, le 7 août 1918, on trouve-
ra, je crois, car je cite de mémoire, une
indication à peu près ainsi faite : « Béné-
fice, agio 150 francs. »
Landru demande ce nouveau à consulter
ses carnets. -
Le président. — Mais vous avez eu tout
le temps d* les consulter ce matin ; vous
êtes resté une heure un quart dans le ca-
binet de M. le substitut.
Landru., — Je n'en disconviens pas et
les quelques notes que j'ai prises me per-
mettront de répondre complètement à vo-
tre interrogatoire d'aujourd'hui.
Puis. Oans un siilence absolu, Landru
sa déclare Drêt à tenir l'engagement qu'il
avait prii la veille. Il tient des papiers à
la main et dit lentement :
— Mme Héron a été vus pour la dernière
fois en octobre 1915 par 1a concierge de son
immeuble rue de Rennes, par la caissière
de M. Servi ères et par un autre témoin.
Eb tien 1 Mme Héron, après avoir quitté
le ICI de la rue de Rennes, s'est retirée.
oh 1 pas bien loin. On l'a. recherchée par-
tout. sur les paquebots, en Amérique.
tout, était âana & SiâîSSP * tôtéj m. lW,
EU»
à l'hôtel du Mans, où elle occupait au
deuxième étage une chambre meublée sur
la cour. Je peux même vous faire la des-
cription ce cette chambre.
L'avocat général. — Très intéressante
votre déclaration, Landru. Je l'enregistre.
Lnndru. — Ceci pour vous prouver com-
bien il est téméraire de portel une accusa-
tions. (Innguès rumeurs.)
A L'HOTEL DU MANS
C'est llhêtel du Mans, silué 159, ,rue de
Rennes, que Landru a désigné comme
ayant, soi-disant, abrité Mme Héon.
Les propriétaires actuels ont succédé aux
propriétaires d'alors qui sont décédés tous
delux en 1917.
Nous les avons vus. Ils ne font aucune
communication à ce sujet. Ils ne possè-
iicnt pa3 le livre ce police de l'éfpoque.
Au service des garnis de la préfecture de
police, on ne consent à donner aucune indi-
cation en l'absence du directeur.
A-la direction de la police judiciaire, om
déclare que l'enquête est en cours et qu'on;
ne peut rien dire avant sa conclusion.
Il est à remarquer que la présence de
Mme Héon à l'hôtel du Mans semble, en
tout cas, antérieure à l'époque de son dé-
cès présumé à Gambais, le 8 décembre
1915.
Un prisonnier s'évade
C'est le lieutenant de marine Boldt,
un des pirates allemands de la guerre
Hambourg, 18 novembre. — LQ lieutenant
de marine Boldt, qui avait été condamné,
eu juillet dernier, par le tribunal d'empire
de Leipzig, à quatre ans de prison, pour
avoir coulé, comme commandant de sous-
marin, un canot de sauvetage du navire-
hôpital « Lendonderry Castle », vient de
s'enfuir.'die la prison d'Hambourg où il était
détenu. On n'a. encore aucune trace du fu-
gitif. Dans la prison, on lui avait confié les
fonctions de secrétaire, poste de confiance
qui a facilité beaucoup sa fuite. On se
souvient que la presse de droite avait fait
grand bruit parce que Boldt avait été em-
mené enchaîné à Leipzig, mesure rendue
nécessaire par sa force et son agilité peu
communes.
LA CHAMBRE
1
Il manque au budget plus d'un milliard,
mais M. Doumer se montre optimiste
*0
Il rejette tous les moyens proposés, sous le prétexte que la crise
économique serait en décroissance
£
M. Paul Doumer, ministre
des finances, a poiursuivi,
hier après-midi, son dis-
cours sur la situation finan-
cière. Elle est grave, mais
on peut compter l'améliorer,
en dehors de toute aventure
risquée, par la méthode et
avec le temps.
— En gros, dit-il, le budget
pour 1922 comporte 25 milliards
de dépenses, avec 20 milliards et demi de re-
cettes permanentes et 3 milliards de ressources
exceptionnelles.
Il reste à trouver un milliard et demi. Le gou-
vernement ne demande pas d'impôts nouveaux
— la carte d'échantillons est sutisamment gar-
nie — et il pense que de légers remaniements
suffiraient. - #
Pour l'avenir, en effet, le développement nor-
mal des i essources compensera la disparition
des 3 milliards de ressources exceptionnelles.
L'impôt sur le revenu ouvre les plus beaux
horizons (interruptions à droite), et il ne faut
pas dire que ceux-lli seuls le payent qui veulent.
Quant au principe de la progression, il est la
justice même. Les facultés du contribuable aug-
mentent progressivement et non proportionnelle-
ment à ses revenus, et le contribuable qui a
100.000 fr. de revenus dispose de facilités supé-
rieures au double de celles du contribuable dont
le revenu est de 30.000 fr. (Très bien à gauche.)
M. Prevet. — Cette affirmation est erronée :
les charges du contribuable augmentent aussi
Irite que ses ressources. (Exclamations à gau-
che.)
Le ministre des finances. — En tout cas,
après nos ruines et nos deuils, les grands con-
tribuables peuvent diminuer leur train de vie.
(Vifs applaudissements à gauche et sur divers
bancs au centre.)
M. Doumer, passant à l'examen de l'im-
pôt sur les créances hypothécaires et ohi-
rographaires, constate que, contrairement à
ce qu'on a dit, son rendement augmente
chaque année.
Quant à l'impôt sur les successions, il pa-
raît suffisamment lourd à l'heure actuelle.
LA DEFENSE DES MONOPOLES
L'orateur arrive à la question des mono-
poles.
- Le discours de M. Deschamps, dit-il, très
éloquent cans sa forme, appelle des réserves
dans le fond. (Interruptions au centre.) Qu'ap-
pelle-t-on un monopole ? Il y en a qui se rap-
portent à J'exécuîion de services publics, d'au-
tres intéressent la défense nationale, d'autres
enfin sont purement fiscaux.
Ces derniers souJfrent en ce moment de la
crise générale qui s'est abattue sur l'industrie.
Ils sont gérés industriellement et dirigés par
des hommes de premier ordre, des ingénieurs
pleins d'initiatives. ;Bruit au centre.) La preuve
en est dans les efforts de l'industrie privée
pour prendre à l'Etat ses ingénieurs.
D'ailleurs, compte tenu des frais généraux
et d'aministration, le monopole des tabacs don-
nait 436 millions en 1913. L'an prochain, le
bénéfice net sera de 1 milliard 91 millions.
(Applaudissements à l'extrême gauche ; inter-
ruptions au centre et à droite.)
Le monopole des allumettes rapporte 56 mil-
lions. Personne ne peut songer à supprimer les
monopoles fiscaux. (Si 1 Si ! au centre.)
M. Charles Baron. — M. Léon Deschamps a
aussi parlé des poudres.
Le Président. — Ne les approchez pas trop
des allumettes ! 'Rires,) * «
Le ministre des finances — Les poudres né-
cessaires à la défense nationale étaient excellen-
tes. Quant à leur prix, M. André Lefèvre, aans
son rapport sur îe budget des poudres, rappe-
lait que la méMnite revenait à 3 fr. 93 le kilo
dans ros poudreries nationales, tandis que le
tarif commercial en France était de 4 fr. 67, et
8 fr. 08 pour les poudres d'origine américaine.
Les postes et élégraphes sont un service pu-
blic. M. Deschampc: propose d'en remettre l'ex-
ploitation à une compagnie fermière. Ce n'était
pas l'avis de M. Deschamps quand il était sous-
secrétaire d'Etat : il proposait alors une auto-
nomie analogue à celle des chemins de fer
de l'Etat.
CONCLUSION : TOUT VA BIEN
L'orateur arrive à l'impôt sur le chiffre
d'affaires qui, dit-il, dans les circonstances
actuelles, est un bon impôt. (Interruptions
au centre.) D'ailleurs, ajoute ironiquement
le ministre, ceux qui l'ont voté seraient sa-
le ministre, l'attaquant pas trop aujourd'hui,
ges en ne
d'autant plus que, malgré certaines asser-
tions, il fut réclamé par les chambres de
commerce, notamment par celle de Mar-
seille.
M. Doumer conclut en disant qu'il n'insis-
tera pas sur les espoirs que peut légitime-
ment donner Ja décroissance de la crise éco-
nomique, et il réclame die la Chambre le
vote rapide du budget. (Applaudissements.)
DEUX INCREDULES
La! séance, suspendue à 4 h. 40, est re-
prise un quart d'heure après, et la parole
est à M. Bénazet.
— J'aurais, dit-il, renoncé à parler si les der-
niers mots de M. le ministre des finances, qui
estime rassurante la situation économique, n'é-
taient en contradiction avec l'opinion des asso-
ciations de commerçants ou industriels anciens
mobilisés, qui m'ont donné mandat d'exposer
combien la situation actuelle leur paraît inquié-
tante. H faudrait modilier du tout au tout la
politique, du la France. Quantité d'éconoinistes,
de financiers, d'hommes politiques disent qu'il
y a a tirer partie de la richesse du pays par des
procédés nouveaux. Mais c'est au gouvernement
de les faire connaître et d'apporter un program-
me de restauration économique, basé sur la
productivité de Ja nation.
M. Baréty craint que le déficit de 1.600
millions qui se présente en 1922 ne soit en-
core aggravé cette année, car il faudra, y
ajouter les 700 millions de cherté de vie.
Des moyens s'imposent pour remédier à cet
état de choses..
On a demandé la suppression de 50.000 fonc-
tionnaires ; ce n'est pas suffisant. Pendant la
guerre, des organismes d'état nombreux ont
été créés, il faut les supprimer. Pour le réseaa
d'Etat, une commission a proposé quelques re-
solutions très nettes. 11 y a aussi certains mo-
nopoles, comme celui des téléphones, qu'il tau-
drait faire disparaître
On a parlé de l'impôt sur le capital ; en der-
nière analyse, ce serait un second impôt sur le
revenu se superposant au premier ; je ne
prendrai pas une semblable responsabilité.
M. Herriot — Vous verrez, l'an prochain, où
nous en serons 1
M. Doumer. - L'an dernier la situation
s'est jéjà. améliorée, puisqu'on n'a eu recours
à l'emprunt que pour des sommes inférieures
à celles de l'année précédente.
M. Baréty. — La Chambre est courageuse.
Elle a pris la responsabilité de nouveaux im-
pôts. jue le gouvernement prenne ia sienne. Le
budget présent est équilibré ; que l'on s'occupe
de demain,
LE MOYEN DE M. AUBRIOT
M. Aubriot veut répondre à M. Chassai-
gne-Goyon. L'inflation qu'il combat était
installée pendant toute la guerre dans les
finances du pays. Mais n'est-ce pas à elle
qu'on a dû de pouvoir intensifier la pro-
duction de la défense nationale ? Le minis-
tre des finances la combat aussi. Mais l'in-
flation Qu'il repousse, sous la forme de bil-
lets de 'banque, ne la cultive-t-il pas sous
la forme de bons du Trésor ?
Ce que demande l'orateur, c'est que par
une convention avec la Banque ae France,
celle-ci nous ouvre un crédit de 150 mil-
liards gagé sur les paiements de l'Allema-
gne. Il ne s'agit pas d'émettre ces billets
pour couvrir un déficit budgétaire ; mais
d'une opération précise, à but limité. Ce
crédit ouver" l'Etat ayant un paiement à
effectuer donnerait un chèque à son créan-
cier. chèque qui serait compensé sans
émission de billets nouveaux.
L'inflation crée la vie chère, dit-on. MA-
me si l'opération comporte des risques, la
France peait et doit la tenter. Au lende-
main de l'armistice, elle pouvait escompter
la solidarité ces alliés. Aujourd'hui, les
égoïsmes ont repris leur jeu normal, et
c'est sur elle seule qu'elle doit compter et
tirer de ses propres entrailles son salut.
La Chambre doit dire au gouvernement
dans quel sens elle entend qu'il se dirige^
M. Aubriot est très applaudi par ine
grande partie de la Chambre. En ri ga-
gnant son banc, il reçoit les félicitations de
ses amis.
Le ministre des finances ceanande à
l'assemblée de fixer, à la suite des interpel-
IatiQIlS, la discussion du budget. Il en etit
ainsi ordonné et la séance est renvoyée à
mardi.
LE GROUPE RADICAL-SOCIALISTE
ET -LE DEBAT FINANCIER
Voici 1-i texte de l'ordre du jour que le
groupe radical-socialiste a déciuê de dépo-
ser à l'issue du débat en cours à la Cham-
bre sur la politique financière! :
La Chambre,
Considérant que le budget de 1928 n'a pu être
équilibré qu'artiiiciellement par une émission
de bons du trésor,
Que le budget do l'année suivante sera encore
beaucoup plus difficile à établir, notamment en
raison de la disparition à peu près totale des
recettes provenant des bénéfices de guerre et de
la liquidation des stocks et par suite de l'aug-
mentation des arrérages de la dette,
Considérant que l'Allemagne doit payer toute
sa. dette, qu'il faut l'exiger, mais que le
paiement affecté aux réparations et aux
pensions ne pourra augmenter les ressources
budgétaires normalement, qui doivent faire face
aux dépenses normales,
Confiant dans je gouvernement pour équili-
brer désormais nos budgets,
1° par !a réalisation des réformes adminis-
tratives et par une compression des dépenses
publiques aussi stricte que le permettront la
sécurité du pfys et le fonctionnement régulier
des services publics,
2* par l'application rapide des mesures né-
cessaires pour obtenir le rendement intégral de
nos impôts actuels et mettre fin à l'évasion
fiscale.
3° et au cas où les mesures seraient insuffi-
santes, pour éviter toute atteinte au crédit
public, garantie et caution de tous les crédits
particuliers, par un appel exceptionnel et tem-
poraire à la fortune acquise suivant des mo-
dalités qu'il convient de mettre dès maintenant
a l'étude, repousse toute addition et passe à
l'ordre du jour.
Ce texte est signé de tous les membres
du groupe radical-socialiste.
POLITIQUE ÉTRANGÈRE
A la Conférence
de Washington
LE PROBLEME D'EXTREME-ORIENT
LE DESARMEMENT TERRESTRE
Un temps d'arrêt dans lot
discussion du problème d'Ex-
trême-Orient : comme par
hasard, un des principaux
délégués japonais est tombé
malade.
Malaise diplomatique ? C'est possible Le
Japon est un peu désorienté par les propo-
sitions chinoises et, surtout, par l'accueil ga..
vorable qu'elles ont reçu, tant dit cÓté amé.'
ricain que du côté français.
Nous avons déclaré renoncer à nos pos-
sessions de Kouang-Tchéou. à condition.
naturellement, que l'Angleterre, le Japoii
nous imitent dans notre geste de dés in té j
ressement. Or, un tel résultat sera peut-
être plus difficile à obtenir qu'on ne croit a
Les Etats-Unis. de leur côté, ont apporté
dans la discussion un esprit de conciliation
(lue n'attendait sans doute pas la déléoa-
tion nippone.
Tout l'intérêt de la Conférence se con-
centre de plus en plus sur la prochaine dé-
claration de M. Briand. Le président du
Conseil, sentant de systématique désir d'in-
dépendance que veut conserver l'Amérique.
aura garde, espérons-le, de poser la ques-
tion de la garantie alliée. Mais il n'en sera
que plus fort pour insister sur la nécessité
qu'impose à la France le maintien de sa
sécurité. Ah ! si la paix avait été ce qu'elle
aurait dû être, que nous serions loin de
telles inquiétudes ! Ce qu'il faut proclamer.
ce qu'il faut crier hautement, pour répon-
dre à toute une campagne fielleuse, c'est
que cet impérialisme qu'on nous reproche
n'est qu'une arme aiguisée contre nous..
Est-ce paw: notre plaisir que nOUoR entre
Fondateurs (186B) a
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un an Six mois Trois mois
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 »
ETRANGER 49 » 25 » 13 1)
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Directeur : EDMOND DU MESNIL
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TRIBUNE LIBRE
Démobilisons l'âme allemande
« Le grand malheur du monde est que la France ne comprend
pas t'Allemagne et que l'Allemagne ne comprend pas la
France. » 1 KENAN.
Il est nécessaire, pour
rétablir la paix euro-
péenne et se garantir
des idées de revanche de la
part de l'Allemagne, de pa-
ralyser et d'écarter pro-
gressivement le parti mili-
taire, appuyé aujourd'hui
par les junkers prussiens et les grands
industriels et financiers qui sont restés
imoéi'ialistes et ne veulent pas consentir
à payer les dommages de guerre. A ce
point de vue, la Prusse orientale est
particulièrement à surveiller. La com-
mission militaire interalliée, présidée
uvec beaucoup d'autorité par le général
Nollet, a bien travaillé pour la destruc-
tion du matériel de guerre allemand,
mais la besogne n'est pas achevée. Il
faut toujours craindre le camouflage.
Pour embrayer l'action pangermanis-
te, quels moyens convient-il de prendre ?
Il y a lieu d'appuyer le mouvement
tiém pratique en Allemagne, de montrer
au gouvernement allemand et au peuple
allemand que la France n'est pas le
pays qu'une presse mal informée, inté-
ressée ou vénale leur dépeint. Non, la
France n'est pas un pays qui veut étran-
gler le peuple allemand, l'empêcher de
vivre et le ruiner, comme on le dit tous
les jours dans les journaux allemands.
La preuve qu'on peut en donner est
péremptoire : jusqu'ici, la France, qui
a dépensé plus de 30 milliards pour la
réparation des régions dévastées, n'a
pas touché un sou de l'Allemagne. Ce
que veut la France, c'est le désarme-
ment de l'Allemagne, pour pouvoir en-
suite désarmer elle-même et appliquer
ses ressources non à des dépenses mi-
litaires, mais au relèvement de ses rui-
nes et à l'équipement économique du
pays. Elle le veut parce que c'est dans
le désarmement de l'Allemagne qu'elle
trouvera sa sécurité. Elle le veut dans
l'intérêt de la paix européenne et du
retour à la vie économique normale, et,
en poursuivant ce but, elle sert l'inté-
rêt de l'Allemagne elle-même.
Ce sont ces idées qu'il faudrait faire
pénétrer dans les cervelles allemandes
par une propagande française organisée
et intelligemment conduite auprès du
monde des affaires et du commerce, au-
près de la bourgeoisie et d'es classes
intellectuelles. La classe ouvrière, dont
on cherche à égarer l'esprit tous les
jours, est plus facile à conquérir.
Qu'est-ce que veulent les ouvriers ? Tra-
vailler en paix et gagner leur vie pour
satisfaire leurs besoins. Ces besoins.de
toute nature — nourriture, vêtements,
distractions - se sont multipliés évi-
demment pendant la guerre.
[1 faut faire pénétrer dans l'esprit
publie allemand que la France n'en veut
ni à la production ni aux ouvriers alle-
mands. Loin de là. elle veut leur assurer
l'existence en leur assurant la paix.
Il y a des difficultés présentes, nous
le savons. L'Allemagne doit payer
un milliard de marks-or en janvier pro-
chain. Devant la chute du mark, elle
prétend qu'elle ne pourra pas payer et
qu'autrement on l'accule à la faillite.
Nous ne croyons pas à la faillite de
l'Allemagne, parce que c'est un pays
riche qui travaille. Cela ne veut pas
dire aue la crise du mark ne le mette
pas en mauvaise posture. Il est certain
que cette crise a abattu sur l'Allemagne
tout un monde de marchands et d'ache-
teurs qui ont vidé depuis quelques se-
maines les magasins allemands. Qu'on
aille à Berlin et on ne trouvera plus
fiueun choix dans les grands magasins
lui, trop tard, ont tenté de se défendre
tn majorant leurs prix. Sans doute, au-
jourd'hui, le péril n'est pas encore très
pranrl. Mais demaln, quand itous les
Btocks seront épuisés, il pourrait le de-
venir. Comment, en effet, les industriels
allemands pourront-ils renouveler les
matières premières qu'ils n'ont pas chez
eux, avec un change tombé presque à
téro ?
On dit bien qu'ils ont des devises à
l'étranger. en dollars et en livres, et
que l'Allemagne peut payer. C'est facile
à dire, moins facile à prouver. Si, après
un examen sérieux de la question, il
était reconnu que l'Allemagne ne peut
actuellement nous payer en espèces-or,
ce serait d'une politique avisée de lui
accorder les délais qu'elle sollicite.
Mais qu'elle les demande avec franchi-
se, ivec des raisons à l'appui. Et que,
pour montrer sa bonne foi et sa bonne
volonté, elle offre elle-même des gages,
des hypothèques provenant des mono-
poles et régies, charbons et chemins de
fer. Ce n'est qu'à cette condition qu'on
peut accepter le moratorium. La com-
mission des réparations, que nous avons
vue ces jours derniers à Berlin, est là
pour voir et juger. La convention Lou-
cheur-Rathenau répondait déjà à ces
préoccupations. Si l'Allemagne ne peut,
en ce moment, payer en espèces; qu'on
lui demande de payer en prestations.
Nous savons bien que ces idées vont
heurter les conceptions sur la matière
de beaucoup de nos compatriotes, mais,
comme nous les considérons comme l'ex-
pression de la vérité, nous n'hésitons
pas à les dire. On peut les discuter, mais
nous engageons ceux qui voudront le
faire autrement que dans des raisonne-
ments d'ordre sentimental à s'en aller
en Allemagne, à pénétrer les gens qui
discutent de bonne foi et sans parti pris.
Et qu'on ne nous oppose pas surtout
que !e Boche a plus que jamais la haine
du Français. Nous avons pu entendre
il y a ouelques jours, dans un restau-
rant de Berlin, où il y avait surtout des
Allemands, comme de raison, un chef
d'orhestre attaquer la Marseillaise pour
faire plaisir à quelques Français, sans
qu'aucun Allemand ne protestât.
Dire qu'il n'y a rien de changé en
Prusse, quelle erreur ! Allez à Postdam,
la citadelle de l'Empire, vous. trouverez
vides les casernes et les palais. Le chan-
gement, nous ne craignons pas de le
dire. est étonnant.
Démobilisons l'âme allemande, et
nous servirons utilement la France.
Ch. DEBIERRE,
Sénateur du Nord.
EDITORIAL
Démoralisation publique
La publicité donnée à
l'affaire Landru dépasse
vraiment toutes les limites
du cabotinage.
Quand on pense que le
sort de nouvelles guerres
se décide peut-être à la
Maison-Blanche de Washington et que
toute l'attention d'un peuple intelligent
se porte sur la salle 'des assises de Ver-
sailles, on est vraiment attristé par la
déchéance morale que la « grande »
presse d'information crée dans l'esprit
public.
Il semblait que la généralisation de la
Culture et la propagation de l'Enseigner
ment dussent élever la pensée et répan-
dre le août, des idées. Il n'en est rien.
La vresse à cinéma et à faits 'divers,
qui consacre dix lignes a une doctrine
et quatre mages aux femmes coupées en
morceaux ou aux produits pharmaceu-
tiques, -tue lentement le journal d'opi-
nion. Ces qrartds comptoirs finissent par
écraser les chaires, où l'on s'efforce
d'enseiqner la dignité d'homme libre.
En désintéressant l'opinion des spé-
culations de l'esprit, on l'a accoutumée
aux mœurs de la clientèle.
Le pire danger qui puisse menacer
une démocratie est le détachement ¡des
citoyens de la chose publique.
Les hommes libres qui se détournent
du forum pour les jeux du cirque ne
forment plus qu'une ochlocratie prête
à tous les jougs, et destinée à la ser-
vituae.
EDMOND DU MESNIL.
A propos du « Fokker »
M. Charles Leboucq, député de la Seine,
a décidé de poser mardi prochain au mi-
nistre de l'intérieur, qui l'a acceptée, une
question sur les mesures qu'il compte pren-
dre pour faire disparaître du Salon de l'aé-
ronautique un appareil dont le nom seul
evoque les pires souvenirs de la guerre et
dont la présence, par les manifestations
qu'elle ne peut manquer de provoquer, est
un danger pour l'ordre public.
M. Charles Leboucq fait allusion à la pré-
sence des avions « Fokker » au Salon de
l'aéronautique, présence contre laquelle ont
protesté les associations d'anciens combat-
tants et de mutilés.
LIRE EN 28 PAGE :
L'ACCORD FRANCO-TURC
Réponse du gouvernement français
à la note de lord Curzon
LE PROJET SUR LES LOYERS
On dit.
LES POMMES DU UOISIN
Fidélité.
On a raconté qu'il y avait du froid entre
les députés de Seine-et-Oise, élus naguère
sur la même liste, depuis que les uns font
partie du gouvernement que les dùtr&s at-
taquent.
Mais ce n'est là qu'un froid politique qui
n empêche pas les relations personnelles et
même les échanges de bons mots.
L'autre jour, à Mantes. M. Colrat et M.
Tardieu SP, trouvèrent ensemble à l'inau-
guration dit monument « Aux Morts ».
M. Tardieu semblait d'humeur sombre et
même hargneuse.
- Hé, lui dit M. COlrat, qu'avez-vous ce
matin ? Est-ce que vous avez mangé du
lion ?
- J'en mange tous les jours, répondit
M. Tardieu, je ne change pas de régime,
moi 1
- Pourtant, dit un assistant, autre/ois, il
préférait le Tigre.
(Le Cri de, Paris.)
Un affront.
M. Chéron est terriblement ennuyé : les
instituteurs du Calvados lui ont déclaré la
guerre sans merci. Mais il y a la manière.
Ce n'est pas en l'injuriant dans leurs jour-
naux qu'ils manifestent leur amertume. Ils
ont trouvé mieux. Comme On doit inaugurer
prochainement un monument en l'honneur
des instituteurs morts Pour la France, ils
ont annoncé la résolution de ne pas prendre
part à la fête. si M. Chéron l'honore de sa
présence. La chose se fera sans bruit. Ils
viendront tous et, si M. Chéron s'y rend
aussi, ils ce retireront sur-le-champ. L'ellet,
pensent-ils, sera considérable.
En attendant, l'effet est considérable sur
M. Chéron, qui ne sait pas comment se ti-
rer de ce mauvais pas. Il est donc allé trou-
ver M. Léon Bérard, en le menaçant d'inter-
pellation s'il laisse commettre ce geste d'in-
discipline. Vainement IP m.inis1re lui a-t-n
expliqué qu'il n'y aurait en ceci Vrai rrari-
quement à la, discipline professionnelle, e?
qu'on ne saurait obliger des fonctionnaires
à une cérémonie qu'ils ont eux-mêmes orga-
nisée, le sénateur soutient que l'autorité
doit le protéger contre un affront qui lui
serait fort sensible.
x
Que fera M. Béfard ? Rien sans doute.
, Alors nous aurons le spectacle d'une inter-
pellation héroï-comique où M. Chéron ex-
posera son infortune. et la faillite d'un ré-
gime qui l'a permise, tandis que Te ministre
traitera la mésaventure par l'ironie. -
Encore une joyeuse iournée en perspec-
tive l
(Aux Ecoutes.)
Joie rare.
M. Louis Puech 'défilait à la Chambre, le
chapeau haut de forme en main, en habit,
entre deux haies de gardes républicains.
Sabre au clair, deux officiers l'escor-
taient.
Le sympathique aépufé des Arvernes et
de Paris, souriait à ses amis, nombreux sur
son passage.
Alors. un député-avocat :
— C'est la première fois que ie trouve
quelqu'un qui parait heureux d'être entre
deux gendarmes.
M. Raoul Péret en a beaucoup ri.
(Les On dit-Y
Pour copie conforme :
Le Tapin.
POLITIQUE FINANCIÈRE
Que de plans!
»«i -
Autour du Budget de la France, si gra-
vement malade, nos dofteurs Tant-pis. et
Tant-mieux sont doctement assemblés.
Chacun d'avoir son diagnostic et son re-
mède.
M. de Lasteyrie voudrait appliquer un
vésicatoire aux Boches. M. Deschamps vou-
drait faire appel à la ploutocratie. M. Dau-
det voudrait une saignée de Banque juive.
Notre ami Herriot voudrait poser une ven-
touse au capital.
Il n'y a que le docteur Doumer qui ne
propose pas de remède.
Du moins, il n'en voit qu'un seul : con-
server son portefeuille.
Après lui : la faillite.
C'est simple, et de mauvais goût.
Qu'en pensent les contribuables, ces éter-
nels tondus ?
Il n'a pas réussi.
," -
donnez-lui de l'avancement!
Ce ne'st pas diminuer les mérites ni la
gloire militaire du général Gouraud que de
reconnaitre qu'il n'a pas réussi en Cilicie.
Son rôle d'administrateur et de diplomate
a été, de toute évidence, inférieur à son
rôle de soldat. Il est question de son rem-
placement.
Or, d'aimables confrères, certes bien in-
tAntionnés, mais peut-être un peu trop
spontanés, proposent qu'on nomme le gé-
néral Gouraud gouverneur de Strasbourg.
S'il est un poste délicat, qui exige des
qualités exceptionnelles de diplomatie et de
finesse, c'est bien celui-là.
Les Alsaciens, au bon sens narquois, par-
viendront-ils à comprendre — si ce dessein
s'exécutait — que le fait de n'avoir pas
réussi en Cilicie constitue un titre d'avan-
cement en Alsace ?
Trop de ministères !
Trop de ministres ! *
Trop d'états-majors !
De tous côtés on parle de suppression
d'emplois. Cest le « régime des écono-
mies ».
Mais, naturellement, nos Maîtres s'ar-
rangent de telle sorte que les suppressions
d'emplois affectent le petit personnel.
Nous avons quinze ministres, presque
autant de sous-secrétaires d'Etat, sans
compter les hauts-commissaires.
Nous avons des états-majors militaires et
civils immenses. Il existe des services où
un directeur, deux sous-directeurs, quatre
chefs de bureaux commandent à quarante
employés.
De tous ces postes-là, on n'en supprime
aucun.
Il paraît que ça s'appelle : l'équité.
AUX ASSISES DE VERSAILLES
Les révélations de Landru
Il indique la présence de Mme Héon dans la rue de Rennes,
mais à une date antérieure à celle de sa disparition
Landru va parler. Aussi. aux abords du
Palais oe Justice, les curieux sont-ils nom-
breux qui attendent l'ouverture des portes.
Quand le !!utlic est admis à entrer dans la
petite salle de la cour d'assises, c'est une
effroyable bousculade, un assaut vers les
chaises et les bancs tant convoités. A mi-
di 15 il ne -reste plus aucune place ; on re-
marque au premier rang ae l'auditoire, le
duc et la duchesse ,c..-e Valentinois.
Voici Landru. Il fait son entrée dans la
Palle, en pardessus marron et chapeau me-
lon, et presque aussitôt — il est midi eft
demi - l'huissier audiencier annonce la
coutr.
LES REVELATIONS
La Darolj est immédiatement donnée à
^'accusé.
— La. communication que je voulais faire
à la cour, commence-t-il, est relative à une
question de M. le lue juré, qui était la sui-
vante : « L'accusé peut-il justifier par une
inscription csur son carnet coopérations ce
bourse ? » Or le manque absolu de pièces
comptables m'empêche de donner complè-
tement satisfaction à la demande de M. ie
juré. Cependant, le 7 août 1918, on trouve-
ra, je crois, car je cite de mémoire, une
indication à peu près ainsi faite : « Béné-
fice, agio 150 francs. »
Landru demande ce nouveau à consulter
ses carnets. -
Le président. — Mais vous avez eu tout
le temps d* les consulter ce matin ; vous
êtes resté une heure un quart dans le ca-
binet de M. le substitut.
Landru., — Je n'en disconviens pas et
les quelques notes que j'ai prises me per-
mettront de répondre complètement à vo-
tre interrogatoire d'aujourd'hui.
Puis. Oans un siilence absolu, Landru
sa déclare Drêt à tenir l'engagement qu'il
avait prii la veille. Il tient des papiers à
la main et dit lentement :
— Mme Héron a été vus pour la dernière
fois en octobre 1915 par 1a concierge de son
immeuble rue de Rennes, par la caissière
de M. Servi ères et par un autre témoin.
Eb tien 1 Mme Héron, après avoir quitté
le ICI de la rue de Rennes, s'est retirée.
oh 1 pas bien loin. On l'a. recherchée par-
tout. sur les paquebots, en Amérique.
tout, était âana & SiâîSSP * tôtéj m. lW,
EU»
à l'hôtel du Mans, où elle occupait au
deuxième étage une chambre meublée sur
la cour. Je peux même vous faire la des-
cription ce cette chambre.
L'avocat général. — Très intéressante
votre déclaration, Landru. Je l'enregistre.
Lnndru. — Ceci pour vous prouver com-
bien il est téméraire de portel une accusa-
tions. (Innguès rumeurs.)
A L'HOTEL DU MANS
C'est llhêtel du Mans, silué 159, ,rue de
Rennes, que Landru a désigné comme
ayant, soi-disant, abrité Mme Héon.
Les propriétaires actuels ont succédé aux
propriétaires d'alors qui sont décédés tous
delux en 1917.
Nous les avons vus. Ils ne font aucune
communication à ce sujet. Ils ne possè-
iicnt pa3 le livre ce police de l'éfpoque.
Au service des garnis de la préfecture de
police, on ne consent à donner aucune indi-
cation en l'absence du directeur.
A-la direction de la police judiciaire, om
déclare que l'enquête est en cours et qu'on;
ne peut rien dire avant sa conclusion.
Il est à remarquer que la présence de
Mme Héon à l'hôtel du Mans semble, en
tout cas, antérieure à l'époque de son dé-
cès présumé à Gambais, le 8 décembre
1915.
Un prisonnier s'évade
C'est le lieutenant de marine Boldt,
un des pirates allemands de la guerre
Hambourg, 18 novembre. — LQ lieutenant
de marine Boldt, qui avait été condamné,
eu juillet dernier, par le tribunal d'empire
de Leipzig, à quatre ans de prison, pour
avoir coulé, comme commandant de sous-
marin, un canot de sauvetage du navire-
hôpital « Lendonderry Castle », vient de
s'enfuir.'die la prison d'Hambourg où il était
détenu. On n'a. encore aucune trace du fu-
gitif. Dans la prison, on lui avait confié les
fonctions de secrétaire, poste de confiance
qui a facilité beaucoup sa fuite. On se
souvient que la presse de droite avait fait
grand bruit parce que Boldt avait été em-
mené enchaîné à Leipzig, mesure rendue
nécessaire par sa force et son agilité peu
communes.
LA CHAMBRE
1
Il manque au budget plus d'un milliard,
mais M. Doumer se montre optimiste
*0
Il rejette tous les moyens proposés, sous le prétexte que la crise
économique serait en décroissance
£
M. Paul Doumer, ministre
des finances, a poiursuivi,
hier après-midi, son dis-
cours sur la situation finan-
cière. Elle est grave, mais
on peut compter l'améliorer,
en dehors de toute aventure
risquée, par la méthode et
avec le temps.
— En gros, dit-il, le budget
pour 1922 comporte 25 milliards
de dépenses, avec 20 milliards et demi de re-
cettes permanentes et 3 milliards de ressources
exceptionnelles.
Il reste à trouver un milliard et demi. Le gou-
vernement ne demande pas d'impôts nouveaux
— la carte d'échantillons est sutisamment gar-
nie — et il pense que de légers remaniements
suffiraient. - #
Pour l'avenir, en effet, le développement nor-
mal des i essources compensera la disparition
des 3 milliards de ressources exceptionnelles.
L'impôt sur le revenu ouvre les plus beaux
horizons (interruptions à droite), et il ne faut
pas dire que ceux-lli seuls le payent qui veulent.
Quant au principe de la progression, il est la
justice même. Les facultés du contribuable aug-
mentent progressivement et non proportionnelle-
ment à ses revenus, et le contribuable qui a
100.000 fr. de revenus dispose de facilités supé-
rieures au double de celles du contribuable dont
le revenu est de 30.000 fr. (Très bien à gauche.)
M. Prevet. — Cette affirmation est erronée :
les charges du contribuable augmentent aussi
Irite que ses ressources. (Exclamations à gau-
che.)
Le ministre des finances. — En tout cas,
après nos ruines et nos deuils, les grands con-
tribuables peuvent diminuer leur train de vie.
(Vifs applaudissements à gauche et sur divers
bancs au centre.)
M. Doumer, passant à l'examen de l'im-
pôt sur les créances hypothécaires et ohi-
rographaires, constate que, contrairement à
ce qu'on a dit, son rendement augmente
chaque année.
Quant à l'impôt sur les successions, il pa-
raît suffisamment lourd à l'heure actuelle.
LA DEFENSE DES MONOPOLES
L'orateur arrive à la question des mono-
poles.
- Le discours de M. Deschamps, dit-il, très
éloquent cans sa forme, appelle des réserves
dans le fond. (Interruptions au centre.) Qu'ap-
pelle-t-on un monopole ? Il y en a qui se rap-
portent à J'exécuîion de services publics, d'au-
tres intéressent la défense nationale, d'autres
enfin sont purement fiscaux.
Ces derniers souJfrent en ce moment de la
crise générale qui s'est abattue sur l'industrie.
Ils sont gérés industriellement et dirigés par
des hommes de premier ordre, des ingénieurs
pleins d'initiatives. ;Bruit au centre.) La preuve
en est dans les efforts de l'industrie privée
pour prendre à l'Etat ses ingénieurs.
D'ailleurs, compte tenu des frais généraux
et d'aministration, le monopole des tabacs don-
nait 436 millions en 1913. L'an prochain, le
bénéfice net sera de 1 milliard 91 millions.
(Applaudissements à l'extrême gauche ; inter-
ruptions au centre et à droite.)
Le monopole des allumettes rapporte 56 mil-
lions. Personne ne peut songer à supprimer les
monopoles fiscaux. (Si 1 Si ! au centre.)
M. Charles Baron. — M. Léon Deschamps a
aussi parlé des poudres.
Le Président. — Ne les approchez pas trop
des allumettes ! 'Rires,) * «
Le ministre des finances — Les poudres né-
cessaires à la défense nationale étaient excellen-
tes. Quant à leur prix, M. André Lefèvre, aans
son rapport sur îe budget des poudres, rappe-
lait que la méMnite revenait à 3 fr. 93 le kilo
dans ros poudreries nationales, tandis que le
tarif commercial en France était de 4 fr. 67, et
8 fr. 08 pour les poudres d'origine américaine.
Les postes et élégraphes sont un service pu-
blic. M. Deschampc: propose d'en remettre l'ex-
ploitation à une compagnie fermière. Ce n'était
pas l'avis de M. Deschamps quand il était sous-
secrétaire d'Etat : il proposait alors une auto-
nomie analogue à celle des chemins de fer
de l'Etat.
CONCLUSION : TOUT VA BIEN
L'orateur arrive à l'impôt sur le chiffre
d'affaires qui, dit-il, dans les circonstances
actuelles, est un bon impôt. (Interruptions
au centre.) D'ailleurs, ajoute ironiquement
le ministre, ceux qui l'ont voté seraient sa-
le ministre, l'attaquant pas trop aujourd'hui,
ges en ne
d'autant plus que, malgré certaines asser-
tions, il fut réclamé par les chambres de
commerce, notamment par celle de Mar-
seille.
M. Doumer conclut en disant qu'il n'insis-
tera pas sur les espoirs que peut légitime-
ment donner Ja décroissance de la crise éco-
nomique, et il réclame die la Chambre le
vote rapide du budget. (Applaudissements.)
DEUX INCREDULES
La! séance, suspendue à 4 h. 40, est re-
prise un quart d'heure après, et la parole
est à M. Bénazet.
— J'aurais, dit-il, renoncé à parler si les der-
niers mots de M. le ministre des finances, qui
estime rassurante la situation économique, n'é-
taient en contradiction avec l'opinion des asso-
ciations de commerçants ou industriels anciens
mobilisés, qui m'ont donné mandat d'exposer
combien la situation actuelle leur paraît inquié-
tante. H faudrait modilier du tout au tout la
politique, du la France. Quantité d'éconoinistes,
de financiers, d'hommes politiques disent qu'il
y a a tirer partie de la richesse du pays par des
procédés nouveaux. Mais c'est au gouvernement
de les faire connaître et d'apporter un program-
me de restauration économique, basé sur la
productivité de Ja nation.
M. Baréty craint que le déficit de 1.600
millions qui se présente en 1922 ne soit en-
core aggravé cette année, car il faudra, y
ajouter les 700 millions de cherté de vie.
Des moyens s'imposent pour remédier à cet
état de choses..
On a demandé la suppression de 50.000 fonc-
tionnaires ; ce n'est pas suffisant. Pendant la
guerre, des organismes d'état nombreux ont
été créés, il faut les supprimer. Pour le réseaa
d'Etat, une commission a proposé quelques re-
solutions très nettes. 11 y a aussi certains mo-
nopoles, comme celui des téléphones, qu'il tau-
drait faire disparaître
On a parlé de l'impôt sur le capital ; en der-
nière analyse, ce serait un second impôt sur le
revenu se superposant au premier ; je ne
prendrai pas une semblable responsabilité.
M. Herriot — Vous verrez, l'an prochain, où
nous en serons 1
M. Doumer. - L'an dernier la situation
s'est jéjà. améliorée, puisqu'on n'a eu recours
à l'emprunt que pour des sommes inférieures
à celles de l'année précédente.
M. Baréty. — La Chambre est courageuse.
Elle a pris la responsabilité de nouveaux im-
pôts. jue le gouvernement prenne ia sienne. Le
budget présent est équilibré ; que l'on s'occupe
de demain,
LE MOYEN DE M. AUBRIOT
M. Aubriot veut répondre à M. Chassai-
gne-Goyon. L'inflation qu'il combat était
installée pendant toute la guerre dans les
finances du pays. Mais n'est-ce pas à elle
qu'on a dû de pouvoir intensifier la pro-
duction de la défense nationale ? Le minis-
tre des finances la combat aussi. Mais l'in-
flation Qu'il repousse, sous la forme de bil-
lets de 'banque, ne la cultive-t-il pas sous
la forme de bons du Trésor ?
Ce que demande l'orateur, c'est que par
une convention avec la Banque ae France,
celle-ci nous ouvre un crédit de 150 mil-
liards gagé sur les paiements de l'Allema-
gne. Il ne s'agit pas d'émettre ces billets
pour couvrir un déficit budgétaire ; mais
d'une opération précise, à but limité. Ce
crédit ouver" l'Etat ayant un paiement à
effectuer donnerait un chèque à son créan-
cier. chèque qui serait compensé sans
émission de billets nouveaux.
L'inflation crée la vie chère, dit-on. MA-
me si l'opération comporte des risques, la
France peait et doit la tenter. Au lende-
main de l'armistice, elle pouvait escompter
la solidarité ces alliés. Aujourd'hui, les
égoïsmes ont repris leur jeu normal, et
c'est sur elle seule qu'elle doit compter et
tirer de ses propres entrailles son salut.
La Chambre doit dire au gouvernement
dans quel sens elle entend qu'il se dirige^
M. Aubriot est très applaudi par ine
grande partie de la Chambre. En ri ga-
gnant son banc, il reçoit les félicitations de
ses amis.
Le ministre des finances ceanande à
l'assemblée de fixer, à la suite des interpel-
IatiQIlS, la discussion du budget. Il en etit
ainsi ordonné et la séance est renvoyée à
mardi.
LE GROUPE RADICAL-SOCIALISTE
ET -LE DEBAT FINANCIER
Voici 1-i texte de l'ordre du jour que le
groupe radical-socialiste a déciuê de dépo-
ser à l'issue du débat en cours à la Cham-
bre sur la politique financière! :
La Chambre,
Considérant que le budget de 1928 n'a pu être
équilibré qu'artiiiciellement par une émission
de bons du trésor,
Que le budget do l'année suivante sera encore
beaucoup plus difficile à établir, notamment en
raison de la disparition à peu près totale des
recettes provenant des bénéfices de guerre et de
la liquidation des stocks et par suite de l'aug-
mentation des arrérages de la dette,
Considérant que l'Allemagne doit payer toute
sa. dette, qu'il faut l'exiger, mais que le
paiement affecté aux réparations et aux
pensions ne pourra augmenter les ressources
budgétaires normalement, qui doivent faire face
aux dépenses normales,
Confiant dans je gouvernement pour équili-
brer désormais nos budgets,
1° par !a réalisation des réformes adminis-
tratives et par une compression des dépenses
publiques aussi stricte que le permettront la
sécurité du pfys et le fonctionnement régulier
des services publics,
2* par l'application rapide des mesures né-
cessaires pour obtenir le rendement intégral de
nos impôts actuels et mettre fin à l'évasion
fiscale.
3° et au cas où les mesures seraient insuffi-
santes, pour éviter toute atteinte au crédit
public, garantie et caution de tous les crédits
particuliers, par un appel exceptionnel et tem-
poraire à la fortune acquise suivant des mo-
dalités qu'il convient de mettre dès maintenant
a l'étude, repousse toute addition et passe à
l'ordre du jour.
Ce texte est signé de tous les membres
du groupe radical-socialiste.
POLITIQUE ÉTRANGÈRE
A la Conférence
de Washington
LE PROBLEME D'EXTREME-ORIENT
LE DESARMEMENT TERRESTRE
Un temps d'arrêt dans lot
discussion du problème d'Ex-
trême-Orient : comme par
hasard, un des principaux
délégués japonais est tombé
malade.
Malaise diplomatique ? C'est possible Le
Japon est un peu désorienté par les propo-
sitions chinoises et, surtout, par l'accueil ga..
vorable qu'elles ont reçu, tant dit cÓté amé.'
ricain que du côté français.
Nous avons déclaré renoncer à nos pos-
sessions de Kouang-Tchéou. à condition.
naturellement, que l'Angleterre, le Japoii
nous imitent dans notre geste de dés in té j
ressement. Or, un tel résultat sera peut-
être plus difficile à obtenir qu'on ne croit a
Les Etats-Unis. de leur côté, ont apporté
dans la discussion un esprit de conciliation
(lue n'attendait sans doute pas la déléoa-
tion nippone.
Tout l'intérêt de la Conférence se con-
centre de plus en plus sur la prochaine dé-
claration de M. Briand. Le président du
Conseil, sentant de systématique désir d'in-
dépendance que veut conserver l'Amérique.
aura garde, espérons-le, de poser la ques-
tion de la garantie alliée. Mais il n'en sera
que plus fort pour insister sur la nécessité
qu'impose à la France le maintien de sa
sécurité. Ah ! si la paix avait été ce qu'elle
aurait dû être, que nous serions loin de
telles inquiétudes ! Ce qu'il faut proclamer.
ce qu'il faut crier hautement, pour répon-
dre à toute une campagne fielleuse, c'est
que cet impérialisme qu'on nous reproche
n'est qu'une arme aiguisée contre nous..
Est-ce paw: notre plaisir que nOUoR entre
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