Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-10-14
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 octobre 1921 14 octobre 1921
Description : 1921/10/14 (N18571). 1921/10/14 (N18571).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
23 Vendémiaire, An 130. — N° 18571.
Ce numéro : QUINZE CENTIMES 1- Vendredi 14 Octobre 1921. - N° 18571.
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OPINIONS
P olitique d'abord
De nouveau la science raisonne, travaille,
agit. La libre recherche, enchaînée par la
guerre, ou tournée aux seules oeuvres de
mort, reprend son vol. Dans r Allemagne
vaincue, revanche de r esprit sur les défaites
de la force brutale, un Einstein est en train
de révolutionner notre conception du monde.
En France, M. Georges Claude a trouvé un
procédé scientifique, d'où résulterait une
nouvelle puissance humaine. Deux cents
millions enlevés au budget de la guerre, dit
le savant exalté par sa foi, et ce serait pour
la France force, sécurité, progrès.
Et dans le Matin, Louis Forest, qui nous
conte cette réunion où s' entassaient des
curieux, avides de ce qu'il y a de plus no-
ble dans la curirité. ajoute « combien,
dans le silence de cet immense public re-
cueilli, les mots de droite, gauche, bloc
national, radicaux, socialistes, seraient appa-
, rus des friperies démodées ou dangereuses ».
Pensez-vous ?
Quand donc les acquisitions de la pensée
ont-elles été indépendantes des formes so-
ciales dans lesquelles elles se poursuivent ?
Elles sont accaparées par les puissances du
jour, au service de leurs intérêts ; elles sont
mal employées, stériles ou meurtrières, sui-
vant que la politique, ensemble des règles
qui gouvernent les Etats, les dirigent vers
telle utilisation. Et suivant la politique que
nous croyons la meilleure au gouvernement
du nôtre, et dont les divergences font les
cocardes dont se gausse notre confrère, la
science elle-même est libératrice ou serve.
Deux cent millions soustraits au budget de
la guerre, et la découverte de M. Georges
Claude ouvrirait les portes de ce Paradis.
Mais pardon ! Ces deux cents millions, ls
font partie des six milliards qui, au lende-
main de la dernière des guerres, composent
l'effroyable budget de la défense. Ces mil-
liards, ils résultent d'un traité, d'une poli-
tique, d'une attitude extérieure et intérieure.
Poursuivre le désarmement, non pas la main
sur le coeur et par des déclarations acadé-
r • tmqties, maie én mettant la lûâin à la pâte,
p,r des actes, par une série d'actes coor-
donnés en vue d'une politique déterminée :
Politique.
* En attendant le désarmement, réduire au
minimum l'emploi des effectifs, par des re-
noncements à des expéditions aventureuses
et par une politique coloniale qui suffise à
nous garantir la fidélité des indigènes : Po-
litique.
Imposer une formule d'organisation mili-
taire, une armée nouvelle qui assure l'instruc-
tion et permette une mobilisation éventuelle,
tout à fait impropre à une opération de mi-
litarisme, mais garantie certaine de l'indé-
pendance nationale : Politique.
La conception de la défense nationale
elle-même varie suivant notre politique, et
la preuve en est que pour avoir, ici, loué
Marty - avec beaucoup d'autres républi-
cains - de s 'être refusé à ce qu 'on fasse
servir les canons de la flotte mobilisée à ré-
duire une révolution étrangère, voici que
dans l'Eclair, cet excellent M. de Magallon
me traite de malfaiteur public. Ce qui veut
dire qu'il n'est pas d'accord avec moi et ;es
républicains qui ont agi comme moi, sur ce
point essentiel de la politique.
Et la nôtre est de lutter sans merci, im-
placablement contre ceux qui, pour la leur,
nous font détester du monde et nous mènent
à la guerre. Eux ou nous, politique contre
politique ; sans parler des autres il y a là
au moins deux couleurs irréductibles l'une à
l'autre.
La légende veut que lorsque le premier
avion vola au-dessus de Rome, le pape, pri-
sonnier volontaire d'une des fenêtres de son
Vatican rouge, regardait dans le ciel bleu,
plus haut que les plus hauts sommets des
pins qui terminent les sept collines, s'avan-
cer l'oiseau. D'un grand geste il bénit le ciel
et l'oiseau et l'invention du génie humain.
Belle légende et beau geste !
Ni la bénédiction de l'Eglise, ni la vo-
lonté des hommes n'empêchèrent l'aviation
récente de servir d'abord à l' œuvre de
mort. Et l'horreur de la dernière guerre s'ac-
crut de tant d'inventions, de procédés scien-
tifiques qui ne servirent qu'à tuer plus sûre-
ment. Il ne le faut plus., Et, pour tuer la
guerre, pour que la science règne dans un
monde apaisé, il ne suffit pas de vagues Mn"
timentalités et d'affirmations vaines. Il y
faut une politique et que cette poîMqûé
t'oppose violemment aux forces de guerre,
ailleurs et ici, politique de doctrine et po-
litique de lutte. )
Politique d'abord, comme dit l'Action
Française.
J. PAUL-BONCOU.R.
EDITORIAL
Révolution fiscale
Le mot n'est pas de moi ; il est de M.
Raymond Poincaré : « Nous avons à choi-
sir, écrivait l'autre jour l'ancien Président
de la République, contre l'esprit de révo-
lution jiscale et la ruine. J'imagine que notre
choix est fait 1 »
Hélas ! le choix n'est pas fait, si l'on en
juge par les discussions mouvementées qui
partagent la Commission des Finances en
factions irréconciliables. Encore ne s'agit-
il que d'économies, c'est-à-dire de mesures
essentiellement populaires. Que sera-ce lors-
qu'il s'agira d'en venir à ce procédé, anti-
électoral au plus haut chef,. qui consiste à
augmenter les impôts ?
Il faudra pourtant y venir. Inexorables et
fatidiques, les statistiques mensuelles de
l'administration des finances apportent ré-
gulièrement la preuve de l'insuffisance -le
notre système fiscal. Le déficit par rapport
aux évaluations budgétaires s'accroît de mois
en mois. Nous sommes, à l'heure actuelle,
en retard de plus de 800 millions. Fait plyts
grave : en dépit des aggravations de taux,
les douanes. et les contributions indirectes
rendent moins qu'en septembre 1920. Ne
parlons pas de la taxe sur le chiffre d'affai-
res qui s'obstine à décevoir les espérances de
M. Doumet !
Si l'on songe que ces trois modes d'im-
pôt sont ceux que n'ont cessé de préconiser
les financiers du Bloc National, on saisit
que les termes de M. Poincaré n'ont rien
d'exagéré : il ne faut rien moins qu'une
révolution fiscale pour démolir la Bastille
budgétaire.
On essaie de nous persuader que les im-
pôts directs (et spécialement l'impôt sur le
revenu), dont on ne peut nier l'équité, sont
à rejeter puisqu'ils ne « rendent » pas. Que
Jirons-nous aujourd'hui des taxes douaniè-
res, qui accusent pour le seul mois de sep-
tembre une moins-value de 62 millions, des
taxes de consommation, qui sont en déficit
de 7 millions, et de celle sur le chiffre d'af-
faires, qui rend à peine le tiers de ce qu'on
attendait primitivement ?
Les voilà bien, les impôts qui ne a ren-
dent )) pas ! Efficaces dans les périodes de
prospérité économique, les impôts de con-
sommation périclitent lorsque la consomma-
tion se ralentit. Et ils contribuent eux-mêmes
à ralentir cette consommation en augmentant
le prix de la vie.
Les seuls impôts susceptibles d' un rende-
ment à peu près régulier sont ceux qui se
fende ni sur la richesse acquise et sur le pro-
d-ii du travail, soit l'impôt sur le capital et
su," le rcvenu. La révolution fiscale
m
consistera non pas à les introduire dans nos
lois (le principe y est déjà incrit) mais à les
appliquer avec la même énergie que l'on
met actuellement à protéger des intérêts
peut-être respectables, mais non prépondé-
rants. La politique fiscale de la France ne
doit être ni la politique, des industriels, ni
celle des agriculteurs, ni celle des porteurs
de rente, mais la politique scientifique d'une
démocratie éclairée.
Dans ce domaine comme dans tous les au-
tres, la nécessité d'une réforme d' ensemble
saute aux yeux. Comme le reconnaissait M.
Briand l'autre jour, les événements. ont dé-
passé toutes nos prévisions d'avant guerre.
Celles de l'orthodoxie financière feraient-
elles exception? A côté Je F Armée Nou-
velle, de l'Université Nouvelle, de l'Admi-
nistration Nouvelle, il nous faut les, Finan-
ces Nouvelles.
Et ce n'est pas le Bloc National qui nous
les donnera I
MAURICE CHARNY.
La Banque Industrielle de Chine
Une information eSt ouverte contre
les membres du conseil d'administration
A la suite de nombreuses plaintes por-
tées contre la Banque Industrielle de. Chi-
ne, le parqiret de la Seine vient, après en-
quête, d'ouvrir une information régulière
contre M. André Berthelot, président du
conseil d'administration de la Banque In-
dustrielle de Chine ; M. Pernotte, direc-
teur général de la Banque, et tous autres,
pour infraction à la loi sur les sociétés.
Une second e information a été égale-
ment ouverte contre les directeurs généraux
de la Banque et tous autres, sous l'incul-
pation d'abus de confiance. ;
Ces informations ont été confiées à M.
Richaud.
Garderons-nou, l'heure, J'été?
On sait quelle violente campagne a été
menée, ces derniers temps, contre le main-
tien de l'heure d'été. De nombreux conseils
généraux, se faisant l'écho des vieux pay-
sans, ont demandé purement et simplement
sa suppression- v
Mais, en haut lieu, on hésite. C'est que
la réforme de M. Honnorat permet de réa-
liser une économie annuelle de cinquante
millions, et c'est fort appréciable. En ou-
tre, il résulte d'une enquête prescrite na-
guère par M. Claveille que dans les mi-
lieux commerçants, industriels et ouvriers,
l'heure d'été a été favorablèment accueillie.
Qui croiré, ou plutôt quelles voix écou-
teront les Chambres, devant lesquelles le
débat sera vraisemblablement worté dès
ie.ur rentrée !
En passant
La coopéérative pourpre
Voilà qui va faire plaisir a M. Daudé-
Bancel, l'apôtre des coopératives. Il a de nou-
veaux collègues, et quels collègues ! Ce sont
même de sacrés collègues, car les cardinaux
du Vatican ont résolu de former une coopéra-
tive de consommation, pour lutter contre la tie
chère. i
'Hé oui. Ainsi Va le monde. Les fluctua-'
tions du change ont été fatales au denier de
Saint-Pierre.
Déjà, l'an passé, les camerlingues, moutar-
diers et fustlliers du Pape avaient menacé de
se mettre en grève s'ils n'obtenaient pas une
indemnité de vie chère.
Plus discrets, les cardinaux ont demandé eu
pape d'organiser, à leur - profit, une sorte de
restaurant Henri Roy pontifical, de Bataque
Vilgram vaticane..
Signe des temps : les vieilles prisons du
Saint-Office sont transformées en pension de
famille pour le Sacré-Collège. Les cardinaux
pauvres y résideront et mettront tout en com-
mun, même une automobile.
Il était temps d'ailleurs: le cardinal Fftfii-
oerth, par exemple, se trouvait sans Jo", son
propriétaire ayant porté son loyer à 75.000 ir.
Nous voici, évidemment, loin des tarifs que
payaient les premiers apôtres.
FLIP.
LA VIANDE CHERE
Les bouchers ironUils
en Conseil d'Etat?
-.+.
11 y a un mois à peine, les bouchers et M.
LeulJier étaient d'accord. Ils le déclaraient
à qui voulait l'entendre. Il y a dix jours,
quand parut Je barème, déjà les choses se
gâtèrent. * -,
Depuis deux jours, rien ne va plus !.
Nos lecteurs savent que, jeudi, en simple
police, Me Comby a soutenu que les ordon-
nances du préfet de police, jurant avec un
décret de février dernier, étaient illégales.
Sur cette illégalité même, le ministère pu-
bDic a remis 'sa décision à huitaine' : le
temps, sans doute, de réfléahir.
Quoi qu'il en soit de cette décision, il est
hors de doute que M. Martin, président du
syndicat de la boucherie en détail, incline
•s'en est d'ailleurs jamais caché. L'appel aux
avocats-conseils, lors de là révision du lia*'
rème officiel, indiquait, on ne : péut plus
clairement, cet. aiguillage. - Mais le pourvoi
est-il possible ,
-M. Leullier n'a-t-il. point dans ses dos-
siers une .lettre fort, suggestive des Sociétés
coopératives de boucheries de Paris, lettre,
qu'à titre documentaire, nous reproduisons
ci-dessous :
« Monsieur le préfet,
« Nous vous avisons que nous mettons en
application vos tableaux de prix de base
pour la vente de la viande. Nous tenons à
vous dire que nous sommes entièrement
d'accord avec vous et 'que nous tenons ces
prix pour absolument équitables.
« Nous prescrivons aux chefs de nos bou-
cheries de s'y conformer immédiatement et
sous leur responsabilité personnelle. i)
Ne savons-nous pas,, en outrer que le ba-
rème n'est qu'un tableau indicatif. qu'il n'a
point force de loie Que les bouchers sont
toujours libres de ne' pas l'appliquer.
Qu il n'est, .somme toutes -qu'un repère
utile aux agents du service des. frandes. •
Dans tout-cela, on chercherait vainement
l'illégalité. Mais qu'en penseront les juges
du tribunal de simple police ?
La proposition de réduction
des taux d'intérêt
des Rentes sur l'Etat
A la suite d'un de mes articles
parus dans l'Ere Nouvelle et le Rappel,
M. le sénateur Pasquet m'écrit, par l'in-
termédiaire du directeur de ce journal, la
lettre suivante:
« Monsieur le professeur,
« Je dois à l'obligeance d'un ami, de lire
un peu tardivement, je le reconnais et
m'en excuse auprès de vous, l'article que,
pour partie, vous avez consacré dans l'Ere
Nouvelle à ma proposition relative à la
réduction du taux d'intérêt des rentes
d'Etat.
« J'ai follement ri, ne m'en veuillez pas
de cet aveu.
« Vous maniez la critique avec une telle
délicatesse. Ainsi, vous me traitez froide-
ment d'ingénu, d'ignorant. Laissez-moi
vous le dire : vous ëtes: tout simplement
exquis.
« L'Ere Nouvelle du 13 septembre a, il
est vrai, une opinion un peu différente de
la vôtre; écoutez-là :
« .Il ne suffit pas, écrit-elle, de gémir
■VSiir -notre situation financière. II faut
préconiser des mesures énergiques. C'est
« ce que fait M. Pasquet, sénateur des
« Bouches-du-Rhône. »
« Elle conclut :
« Il semble que ce soit le langage de
« la raison. Préière-t-on les artifices finan-
ce ciers qui, d'ailleurs, ne permettront pas
« de combler totalement le déficit]
« Bien des parlementaires envisagent la
« même mesure que M. Pasquet : mais
« ils la voudraient retarder. Est-il d'une
« sage politique d'ajourner l'application
« des remèdes ? Cependant, le mal s'ag-
« grave. »
« Vous le voyez, l'ingénu, l'ignorant que
je suis est en bonne compagnie. Votre ju-
gement n'en reste pas moins définitif, com-
me tout ce qui émane de vous. Pourquoi
donc vous ferais-je une peine, même lé-
gère?
te- J'ai pour habitude de discuter cour-
toisement avec mes contradicteurs, quelque
désagréables qu'ils puissent être à mon
endroit. J'ai toujours pensé, d'ailleurs,
qu'un bon argument valait mieux qu'une
lourde raillerie.
, « Vous agissez et pensez autrement; libre
à vous, monsi-eur, mais, croyez-moi, la fa-
tuité et la suffisance sont de pitoyables tra-
vers. Ce n'est pas vous, n'est-ce pas, 6 maî-
',. ,
Séiigtèm- 3kk Éèifthsâtu-Rkônè. »
, Je ne suivrai pas M. -le sénateur Pasquet
Sur le terrain d'une polémiqué personnelle.
L'Ere Nouvelle et le Rappel sont des jour-
naux d'idées. J'exprime à' l'honorable sé-
nateur toutes mes excuses, si- je l'ai. blessé,
sans aucune intention malveillante. Je re-
connais même très humblement que M. Pas-
quet n'est ni un ingénu, ;ni .un ignorant
en finances. Malgré tout, pour le fond, je
n'a i rfén .à :retirer de ma critique. jus-
qu'à ce que. M. Pasquet ait répondu aux
objections que je lui adressais et que je
lui rappelle:
l3 Y a-t-il la moindre chance que des ca-
pitalistes acceptent volontairement, à
l'heure actuelle, une conversion de leurs
titres 6 0/0 en titres 5 0/0, avec le seul
avantage de voir leurs titres 5 0/0 cotés
librement sur le marché de la Bourse?
21 Est-il sage de faire parmi les titres
de rente, deux catégories : les titres libre-
ment cotés en Bourse, les titres frappés
d'interdit?
Je me suis aussi permis de prier M. Pas-
quet de vouloir bien relire J'histoire des
conversions en France et en Angleterre.
Je lui renouvelle mon invitation. Peut-être
cette étude dissipera-t-ellè chez lui quel-
ques illusions. - ■ - • - >
Gaston JEZE.
LA POLITIQUE ETRANGERE
Les embarras intérieurs
de JYK * laloyd Ge<>rge
Un seul problème politique passionne ;lU-
jourd' hui l'Angleterre- Ce ne sont pourtant ni
l'affaire Haut-Silésienne ni même l'éternelle
*
que î tio:n d~Irlaii~' qui ret , i l' atten-
tion de l'opinion britannique. La question du
jour a un. caractère à la fois plus insulaire et
plus sportivement dramatique. Il s'agit de sa-
voir si à la Coalition que dirige M. Lloyd
Gecrge, ne s 'opposera ; pas bientôt une autre
Coalition groupant en un faisceau étroit tous
les ennemis du Premier ministre, dissidents de
l' ûnioIÙm, libéraux indépendants, travaillis-
tes au besoin.
, N'oublions pas que, en dépit des démentis
officiels, les gens informés croient M. Lloyd
George toujours disposé à réserver à ses ad-
versaires la surprise d'une prochaine dissolu-
tion de la Chambre des Communes- Dans ces
conditions l'opposition doit donc se préparer à
la lutte. ., ,.. ',":
Jusqu'ici, il paraissait seulement bien diffi-
cile de réunir tous les mécontents autour d'rn
programme commun. Sans doute, au cours cie
l'été, par haine du gaspillage administratif,
les électeurs, ont fait un succès à quelques can-
didats antiwaste, ce groupement sans couleur
politique bien accusée, qui se propose seule-
ment de contraindre fes ministères à pratiquer
une rigoureuse économie. Mais comment rap-
procher lord Robert Cecil, le conservateur pa-
cifiste, et les gens de la Morning Post, les
unionistes militaristes et les libéraux de la
Westminster Gazette ef des Daily News, M.
Asquith ou lord' Grey sans même parler de
M. Clvnes et de tous lès syndicalistes ?
Voici pourtant que, par une nouveauté
inouïe en l'histoire parlementaire britannique,
tous ces hommes si civets aux idées non seu-
lement divergentes mais absolument opposées
sur ptesque tous les points, vont s' entendre et
peut-être se coaliser. C'est que, en dépit de
toutes leun clqérercee, ces hommes ont un sen-
timent commun : leur hostilité, presque leur
haipç pour M. Lloyd , gt Jlq ,ta,!
qu il; fait, depuis près de cinq ans, peser sur la
Grande-Bretagne. Tous proclament qu'une
préoccupation cb;t maintenant passer avant tou-
tes les autres devenues presque secondaires :
renverser le Premier ministre et son détestable
système die gouvernement.
Nous avons l'expérience en France de ces
unions hétéroclites constituées seulement pour
combattre un ministère. Mais rien n'est plus
rare en Grande-Bretagne, et pour concevoir
avec quel. intérêt passionné le public d'outre-
Manche peut suivre aujourd'hui les tentatives
pour constituer une coalition nouvelle, il nous
faut évoquer les exemples classiques de la
Restauration et de la Monarchie de Juillet:
l'alliance aie Chateaubriand avec les libéraux
en 1827, la coalition de Guizot, Thiers, Bar-
rot contre Molé en 1838- En Angleterre aussi,
il s' agit d' ur, gouvernement personnel qui se
sert des institutions parlementaires pour dissi-
muler son omnipotence. On ne saurait donc s'é-
tonner que sans autre programme ses adver-
saires de toute origine se liguent pour le com-
battre. -,
Le discours qué lèrcf Grey vient de pronon-
cer est à cet égard très significatif. L'ancien
secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères a cri-
tiqué moins encore les actes de M. Lloyd
George que l'atmosphère que le Premier a
créée : instabilité générale, dédain des idées,
des principes. Surtout sans le dire nettement,
il a laissé entendre qu'it était prêt à prendre
la direction de la lutte contre M.Lloyd' George,
et lord Robert Cecil aussitôt a offert de se
placer sous ses ordres. La nouvelle est d'im-
portance. L'opinion britannique sans beaucoup
aimer le Gallois trouvait pourtant ses adver-
saires bien médiocres et s'effrayait à la pensée
de les voir un jour à la tête du Cabinet. Mais
lord Grey paraît bien de taille à. tenir digne-
ment la place. de M. Lloyd George.
Il n'y a pas qu'en Angleterre que la lutte
qu'il semble disposa à conduire sera suivie
.!!iJ':l$JY.ài!
LE PARTAGE DE LA HAUTE-SILÉSIE
0
La décision du' Conseil de la S. D. N.
est remise à M. Briand.
Le courrier spécial de la Société des Na-
tions, M. Yigier, 'envoyé de Genève par le
conseil de la Société, a remis hier matin au
quai' d'Orsay Je texte des documents dont
l'ensemble constitue « la solution que re-
commande » le conseil de la Société des
nations pour 'le partage de la Haute-Silésie.
Ces documents ont été reçus par M. BrIand,
en sa qualité de président du. conseil su-
prême des alliés. Il en ji immédiatement
assuré" la transmission aux autres gouver-
nements alliés. : Grande-Bretagne, Italie,
Japon, par l'intermédiaire dé leurs ambas-
sadeurs à Paris.
Oh connaît l'essentiel de la solution re-
commandée, par le conseil de la Société des
nations. En ce qui concerne la frontière
germano-polonaise en Haute-Silésie, elle
sera tracée suivant une ligne qui est sensi-
blement à égale distance de çeiles que pro-
posaient respectivement, au' mois d'août,
la France et l'Angleterre ; en particulier le
oo$s{n industriel, que M. Briand réclamait
pour la Pologne et - Lloyd Géorge pour
l'Allemagne, est partagé entre les deux
pays, la Pologne obtenant les districts de
Kœnigshutte, de Katt'owitz, de Beutnen
(moins' la ville de Beuthen), l'Allemagne
conservant les districts de Gleiwitz de
Zabrze (Hiridenburg) eL la ville de Beuthen.
En outre, une commission mixte sera char-
gée d'assurer l'unité économique du bassin
industriel.
Les quatre gouvernements alliés, après
avoir pris connaissance de la « recomman-
dation » du conseil de la Société et constaté
qu'elle n'est, sur aucun point, en désac-
cord avec les stipulations-du traité de Ver-
sailles; se mettront d'accord sur les condi-
tions dans lesquelles cette « recommanda-
tion » sera entérinée par le conseil su-
prt-me, ou sCl représentant à la conférence
des ambassadeurs/et portée ensuite à la
connaissance des gouvernements de Ber-
lin et de Varsovie.
Enfin la conférence des ambassadeurs
aura à arrêter les mesures d'ordre utiles,
en. vue de la remise à l'Allemagne et à la
Pologne des territoires qui 'leur -' sont res-
pectivement attribués. Aux termes du 'pa-
ragraphe 6 de l'annexe à l'article 88 du trai-
té de Versailles, les gouvernements polo-
nais et allemand devront pourvoir à. l'ad-
miftiî&raticm des territoires à eux attribués,
daiùs te courant du mois qui suivra, la noti-
!t.¥itdè Jà"I,i\ froncé-par ltr'crn..
mission Ihtefâlliéé d'Ôppélh:
La question de procédure
Au sujet de cette question de procédure,
le gouvernement français. préconise, la so-
lution la plus simple : il estime que, sans
autre forme de procès, les Alliés n'auront
qu'à déclarer qu'ils adoptent la suggestion
du Conseil.de la Ligue et à la, faire exécuter
aussitôt. Mais à'Londres on parait être
d'avis qu'une réunion du Conseil suprême
est nécessaire, ne serait-ce que pour s'as-
surer, dit-on, que la décision du Conseil de
la Société des-nations n'est en contradiction
avec aucune des stipulations du' traité de
Versailles.
L'ambassadeur britannique à, Paris a fait
connaître hier ce point de viie au Quai
d'Orsay et une note Reuter est venue insis-
ter sqir cette difficulté inattendue :
, « On considère, dit cette note, dans les
milieux officiels anglais qu'en, raison des
graves responsabilités encourues par les
gouvernements alliés il est indispensable
avant tout de se rendre compte si le conseil
de la Société des nations est resté dans la
limite, du mandat qui lui a été confié par
le conseil suprême et d'examiner la recom-
mandation afin de s'assurer si elle est con-
forme u traité de Versailles et si elle est
rigoureusement légale du point de vue de
ce traité.
Si un vice était relevé sur.l'un ou l'autre
point, ou sur les deux, il y aurait lieu, pour
les gouvernements alliés djy remédier.
Si, au contraire, 'la recommandation est
correcte à tous les points de vue, il n'y
aurait qu'à l'entériner par les moyens éta-
blis d'accord entre les gouvernements.
Mais on estime dans les milieux officiels
anglais, que.le cabinet de Londres né peut
pas donner un blanc-seing avant d'être fixé
sur le contenu ,et la valeur légale de la re-
commandation de la Société des. nations ».
On veut .croire qpe nos alliés, le premier
moment de mauvaise humeur passé, com-
prendront que rien ne serait ptus dange-
reux que de mettre en discussion l'arbi-
trage sollicite dp la Société des nations.
La question de procédure reste en sus-
pens jusqu'à la réponse des Alliés à la
communication de M. Brjand. 'Alliés à la
Les Anglais paraissent désirer la ten;ie
d'une réunion à Londres du Conseil su-
prême..Le plus simple serait de faire enre-
gistrer l'arrêt par tla Conférence des Am-
bassadeurs et surtout de ne pas laisser
traîner plus -longtemps cette affaire irri-
tante. ,
Aux dernières nouvelles.
Il semble d'ailleurs que la Grande-Breta-
gne ne soit pas résolue, aux dernières nou-
velles, à persévérer dans la voie qu'elle
avait primitivement choisie. Le chargé d'af-
faires* britanniquè à Paris a fart, hier soir,
au' Quai d'Orsay, une démarche à la suite
de laquelle on a pu enregistrer dans les
milieux diplomatiques français un revire-
ment optimiste symptômatique.
Déclarations du marquis Imperiali
Le marquis Impériali, délégué italien au
conseil de la Société des nations, interrogé
par le représentant de. l'agence Stefani à
Genève, au sujet des bruits répandus par
la presse de différents pays concernant :a
prétendue intervention des gouvernements
dans lés .décisions du conseil relatives à la
Haute-Silésie,. a exprimé, son étonnemenî
de semblables fantaisies et a ajouté que le
conseil a discuté le problème embrouillé en
pleine indépendance, et. ell toute impartia-
lité, se .proposant uniquement de servir la
paix. Tous les efforts, a-t-il dit, ont visé
à. trouver, autant que possible, une solu-
tion qui soit la plus, équitable.et la :}'.Ï.lus, su-
tisfaisante pour lés parties intéressées. Le
conseil a procédé à l'accomplissement de
.la..19, L_.!',PltP..ü._J?Jjr.
le conseil suprême en accord complet et a
abouti à des conclusions unanimes.
Un démenti allemand
L'ambassade d'Allemagne , communique
11i note suivante :
Un journal du matin, commentant la
démarche fait ô le 11 octobre par l'ambas-
sadeur d'Allemàgjje auprès de M. Berthe-
lot, secrétaire général du ministère des
Affaires étrangères, prétend que l'ambas-
sadeur aurait inlormé le représentant du
gouvernement français que si le bruit ré-
pandu au sujet du partage de la Haute-Si-
lésie était exact, le gouvernement allemand
se tiendrait pôur libéré de tous les engage-
ments qu'il a pris vis-à-vis des Alliés,
ainsi que des accords particuliers qu'il a.
conclus avec la France.
L'ambassade d'Allemagne constate que
cette information n'est pas conforme à la
réalité.. -
Le maintien de l'ordre en Haute-Silésie
Oppeln, 13 octobre. — La Commission
interalliée a conféré hier avec les contrô-
leurs de districts sur la situation actuelle.
Il a été convenu d'attendre tout d'abord 'es
résultats de l'enquête poursuivie par la
Commission désignée à cet effet. Entre
temps, les contrôleurs de districts ont été
autorisés à proclamer, en cas de nécessité,
l'état de siège et à prendre toutes mesures
utiles.
Pas de pourparlers germano-polonais
L'Agence polonaise télégraphique est of-
ficiellement autorisée à déclarer que le
gouvernement polonais, pleinement confiant
dans l'action de la Société des nations et
des puissances alliées, n'a entamé aucune
négociation directe avec l'Allemagne.
(Voir suite en Dernière Heure et, en page 2 :
Manifestations et protestations de l'Allemagne ».)
r
Les délégués de la France
à Washington
Le Conseil des Ministres a décidé que
M. Briand serait accompagné à Washing.
ton, par M, Viviani, ancien président du
Conseil ; M. Sàraut; ministre des Colonies;
: M. Jusserand, ..àmsadeui' de France aux
Etats-Unis. -:
LA VIE CHERE AU LYCEE
Verrons-nous le "prêt locatif
I des livres scolaires ?
NI LES PARENTS D'ELEVES
NI LES EDITEURS
NE S'Y MONTRENT SA TISFAITS
,Nos lecteurs se rappellent sans doute que
l'an dernier, à cette même époque de ren-
trée des classes, nous consacrions déjà une
importance enquête à la hausse exagérée
des livres et des fournitures de classe, oc-
casion d'un petit scandale, vite éteint d'ail-
leurs par une ordonnance de non lieu.
Le scandale ne s'est point, cette année,
renouvelé. Mais oe n'est pas à dire, à l'heu-
re où nos enfants retrouvent les cours froi-
des des lycées, le 'Labeau noir, Horace, Vir-
gile, Lucrèce, et la table des logarithmes,
qu'elle se soit fort améliorée. C'est encore
environ 4.000 francs que coûte à sa famille
un interne dans des classes supérieures. En
philosophie, et lorsqu'il se prépare aux éco-
les spéciales, iL impose uhe charge plus
lourde encore. Et vraiment, il faudrait être
un nouveau riche pour la supporter.
Il n'est pas exagéré de dire que le prix,
des livres et fournitures scolaires entre en-
core pour une grande, une trop grande part,
dans ces charges pécuniaires, àans doute,
depuis l'an dernier, ces prix ont baissé.
Mais de combien ? De 12 à 15 %, quand,
entre 1917 et 1920, ils avaient augmenté de
40, de 80 de 100 et même de 120 La baisse
est dérisoire. Enregistrons-la cependant.
C'est une autre question que d'en cher-
cher les causes. La baisse du prix du pa-
pier, sans doute. Mais n'y a-t-il qu'elle ?
Nous ne le croyons pas. La pression qu'a
exercée sur les éditeurs. L'Association des
parents d'élèves, ligue encore inconnue
hier, crainte et respectée aujourd'hui, n'y
fut certes pas étrangère.
Quelle action mena, pour parvenir à ses
fins ladite Association ? Dans quelles voies
nouvelles, commandées par les circonstan-
ces, compte-t-elle prochainement, entrer ?
Telles sont les questions que nous sommes
allé poser hier au Docteur Péraire. prési-
dent de cette Association.
« Bourse des livres » et « prêts locatifs n
- « S'il est vrai, nous dit le docteur Pe-
raire, ainsi que vous m'en assurez, que no-
tre action auprès des éditeurs — action in-
directe surtout, comme vous j'allez voir —
ait eu quelques résultats ,il faut, à coup sûr,
s'en réjouir. Mais nous avons rencontré
trop de mauvaise volonté dans les ententes
que nous avons tenté de négocier, pour que
certaine amertume ne se mêle pas à notre
joie.
« Pour obtenir cette baisse si minime,
mais déjà tant désirée, c'est à une véritable
grève du consommateur I..u'il fallut nous
livrer. A MnrseiIJe, les par*j* t's d'élèves en
prirent les premiers Imitin^-e. Dans le
parloir du lycée, une véritable m l)('oû.:r":>c (J.es
livres » s'organisa, que je ne saurais mieux
comparer qu'à cette « bourse ,.s timbres »
du dimanche, aux Champs-Elysées. A Pa-
ris, la chose fut moins facile ; «.lifftouîlé des
rencontres, inertie des parents, ei le tout se
borna à. un échange assez restreint, par
notre entremise, et celle aussi, de certains
proviseurs.
« Encore que cette méthode ait suffi pour
effraver les éditeurs, il est d'autres moyens,
plus efficaces, et qui, dès maintenant/ vont
ê:re mis en œuvre. Avant de vous les cmi-
mérer, laissez-moi cependant remercier de
J'âëê-ffje, R_.2J.t.RP. proviseurs
Ce numéro : QUINZE CENTIMES 1- Vendredi 14 Octobre 1921. - N° 18571.
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OPINIONS
P olitique d'abord
De nouveau la science raisonne, travaille,
agit. La libre recherche, enchaînée par la
guerre, ou tournée aux seules oeuvres de
mort, reprend son vol. Dans r Allemagne
vaincue, revanche de r esprit sur les défaites
de la force brutale, un Einstein est en train
de révolutionner notre conception du monde.
En France, M. Georges Claude a trouvé un
procédé scientifique, d'où résulterait une
nouvelle puissance humaine. Deux cents
millions enlevés au budget de la guerre, dit
le savant exalté par sa foi, et ce serait pour
la France force, sécurité, progrès.
Et dans le Matin, Louis Forest, qui nous
conte cette réunion où s' entassaient des
curieux, avides de ce qu'il y a de plus no-
ble dans la curirité. ajoute « combien,
dans le silence de cet immense public re-
cueilli, les mots de droite, gauche, bloc
national, radicaux, socialistes, seraient appa-
, rus des friperies démodées ou dangereuses ».
Pensez-vous ?
Quand donc les acquisitions de la pensée
ont-elles été indépendantes des formes so-
ciales dans lesquelles elles se poursuivent ?
Elles sont accaparées par les puissances du
jour, au service de leurs intérêts ; elles sont
mal employées, stériles ou meurtrières, sui-
vant que la politique, ensemble des règles
qui gouvernent les Etats, les dirigent vers
telle utilisation. Et suivant la politique que
nous croyons la meilleure au gouvernement
du nôtre, et dont les divergences font les
cocardes dont se gausse notre confrère, la
science elle-même est libératrice ou serve.
Deux cent millions soustraits au budget de
la guerre, et la découverte de M. Georges
Claude ouvrirait les portes de ce Paradis.
Mais pardon ! Ces deux cents millions, ls
font partie des six milliards qui, au lende-
main de la dernière des guerres, composent
l'effroyable budget de la défense. Ces mil-
liards, ils résultent d'un traité, d'une poli-
tique, d'une attitude extérieure et intérieure.
Poursuivre le désarmement, non pas la main
sur le coeur et par des déclarations acadé-
r • tmqties, maie én mettant la lûâin à la pâte,
p,r des actes, par une série d'actes coor-
donnés en vue d'une politique déterminée :
Politique.
* En attendant le désarmement, réduire au
minimum l'emploi des effectifs, par des re-
noncements à des expéditions aventureuses
et par une politique coloniale qui suffise à
nous garantir la fidélité des indigènes : Po-
litique.
Imposer une formule d'organisation mili-
taire, une armée nouvelle qui assure l'instruc-
tion et permette une mobilisation éventuelle,
tout à fait impropre à une opération de mi-
litarisme, mais garantie certaine de l'indé-
pendance nationale : Politique.
La conception de la défense nationale
elle-même varie suivant notre politique, et
la preuve en est que pour avoir, ici, loué
Marty - avec beaucoup d'autres républi-
cains - de s 'être refusé à ce qu 'on fasse
servir les canons de la flotte mobilisée à ré-
duire une révolution étrangère, voici que
dans l'Eclair, cet excellent M. de Magallon
me traite de malfaiteur public. Ce qui veut
dire qu'il n'est pas d'accord avec moi et ;es
républicains qui ont agi comme moi, sur ce
point essentiel de la politique.
Et la nôtre est de lutter sans merci, im-
placablement contre ceux qui, pour la leur,
nous font détester du monde et nous mènent
à la guerre. Eux ou nous, politique contre
politique ; sans parler des autres il y a là
au moins deux couleurs irréductibles l'une à
l'autre.
La légende veut que lorsque le premier
avion vola au-dessus de Rome, le pape, pri-
sonnier volontaire d'une des fenêtres de son
Vatican rouge, regardait dans le ciel bleu,
plus haut que les plus hauts sommets des
pins qui terminent les sept collines, s'avan-
cer l'oiseau. D'un grand geste il bénit le ciel
et l'oiseau et l'invention du génie humain.
Belle légende et beau geste !
Ni la bénédiction de l'Eglise, ni la vo-
lonté des hommes n'empêchèrent l'aviation
récente de servir d'abord à l' œuvre de
mort. Et l'horreur de la dernière guerre s'ac-
crut de tant d'inventions, de procédés scien-
tifiques qui ne servirent qu'à tuer plus sûre-
ment. Il ne le faut plus., Et, pour tuer la
guerre, pour que la science règne dans un
monde apaisé, il ne suffit pas de vagues Mn"
timentalités et d'affirmations vaines. Il y
faut une politique et que cette poîMqûé
t'oppose violemment aux forces de guerre,
ailleurs et ici, politique de doctrine et po-
litique de lutte. )
Politique d'abord, comme dit l'Action
Française.
J. PAUL-BONCOU.R.
EDITORIAL
Révolution fiscale
Le mot n'est pas de moi ; il est de M.
Raymond Poincaré : « Nous avons à choi-
sir, écrivait l'autre jour l'ancien Président
de la République, contre l'esprit de révo-
lution jiscale et la ruine. J'imagine que notre
choix est fait 1 »
Hélas ! le choix n'est pas fait, si l'on en
juge par les discussions mouvementées qui
partagent la Commission des Finances en
factions irréconciliables. Encore ne s'agit-
il que d'économies, c'est-à-dire de mesures
essentiellement populaires. Que sera-ce lors-
qu'il s'agira d'en venir à ce procédé, anti-
électoral au plus haut chef,. qui consiste à
augmenter les impôts ?
Il faudra pourtant y venir. Inexorables et
fatidiques, les statistiques mensuelles de
l'administration des finances apportent ré-
gulièrement la preuve de l'insuffisance -le
notre système fiscal. Le déficit par rapport
aux évaluations budgétaires s'accroît de mois
en mois. Nous sommes, à l'heure actuelle,
en retard de plus de 800 millions. Fait plyts
grave : en dépit des aggravations de taux,
les douanes. et les contributions indirectes
rendent moins qu'en septembre 1920. Ne
parlons pas de la taxe sur le chiffre d'affai-
res qui s'obstine à décevoir les espérances de
M. Doumet !
Si l'on songe que ces trois modes d'im-
pôt sont ceux que n'ont cessé de préconiser
les financiers du Bloc National, on saisit
que les termes de M. Poincaré n'ont rien
d'exagéré : il ne faut rien moins qu'une
révolution fiscale pour démolir la Bastille
budgétaire.
On essaie de nous persuader que les im-
pôts directs (et spécialement l'impôt sur le
revenu), dont on ne peut nier l'équité, sont
à rejeter puisqu'ils ne « rendent » pas. Que
Jirons-nous aujourd'hui des taxes douaniè-
res, qui accusent pour le seul mois de sep-
tembre une moins-value de 62 millions, des
taxes de consommation, qui sont en déficit
de 7 millions, et de celle sur le chiffre d'af-
faires, qui rend à peine le tiers de ce qu'on
attendait primitivement ?
Les voilà bien, les impôts qui ne a ren-
dent )) pas ! Efficaces dans les périodes de
prospérité économique, les impôts de con-
sommation périclitent lorsque la consomma-
tion se ralentit. Et ils contribuent eux-mêmes
à ralentir cette consommation en augmentant
le prix de la vie.
Les seuls impôts susceptibles d' un rende-
ment à peu près régulier sont ceux qui se
fende ni sur la richesse acquise et sur le pro-
d-ii du travail, soit l'impôt sur le capital et
su," le rcvenu. La révolution fiscale
m
consistera non pas à les introduire dans nos
lois (le principe y est déjà incrit) mais à les
appliquer avec la même énergie que l'on
met actuellement à protéger des intérêts
peut-être respectables, mais non prépondé-
rants. La politique fiscale de la France ne
doit être ni la politique, des industriels, ni
celle des agriculteurs, ni celle des porteurs
de rente, mais la politique scientifique d'une
démocratie éclairée.
Dans ce domaine comme dans tous les au-
tres, la nécessité d'une réforme d' ensemble
saute aux yeux. Comme le reconnaissait M.
Briand l'autre jour, les événements. ont dé-
passé toutes nos prévisions d'avant guerre.
Celles de l'orthodoxie financière feraient-
elles exception? A côté Je F Armée Nou-
velle, de l'Université Nouvelle, de l'Admi-
nistration Nouvelle, il nous faut les, Finan-
ces Nouvelles.
Et ce n'est pas le Bloc National qui nous
les donnera I
MAURICE CHARNY.
La Banque Industrielle de Chine
Une information eSt ouverte contre
les membres du conseil d'administration
A la suite de nombreuses plaintes por-
tées contre la Banque Industrielle de. Chi-
ne, le parqiret de la Seine vient, après en-
quête, d'ouvrir une information régulière
contre M. André Berthelot, président du
conseil d'administration de la Banque In-
dustrielle de Chine ; M. Pernotte, direc-
teur général de la Banque, et tous autres,
pour infraction à la loi sur les sociétés.
Une second e information a été égale-
ment ouverte contre les directeurs généraux
de la Banque et tous autres, sous l'incul-
pation d'abus de confiance. ;
Ces informations ont été confiées à M.
Richaud.
Garderons-nou, l'heure, J'été?
On sait quelle violente campagne a été
menée, ces derniers temps, contre le main-
tien de l'heure d'été. De nombreux conseils
généraux, se faisant l'écho des vieux pay-
sans, ont demandé purement et simplement
sa suppression- v
Mais, en haut lieu, on hésite. C'est que
la réforme de M. Honnorat permet de réa-
liser une économie annuelle de cinquante
millions, et c'est fort appréciable. En ou-
tre, il résulte d'une enquête prescrite na-
guère par M. Claveille que dans les mi-
lieux commerçants, industriels et ouvriers,
l'heure d'été a été favorablèment accueillie.
Qui croiré, ou plutôt quelles voix écou-
teront les Chambres, devant lesquelles le
débat sera vraisemblablement worté dès
ie.ur rentrée !
En passant
La coopéérative pourpre
Voilà qui va faire plaisir a M. Daudé-
Bancel, l'apôtre des coopératives. Il a de nou-
veaux collègues, et quels collègues ! Ce sont
même de sacrés collègues, car les cardinaux
du Vatican ont résolu de former une coopéra-
tive de consommation, pour lutter contre la tie
chère. i
'Hé oui. Ainsi Va le monde. Les fluctua-'
tions du change ont été fatales au denier de
Saint-Pierre.
Déjà, l'an passé, les camerlingues, moutar-
diers et fustlliers du Pape avaient menacé de
se mettre en grève s'ils n'obtenaient pas une
indemnité de vie chère.
Plus discrets, les cardinaux ont demandé eu
pape d'organiser, à leur - profit, une sorte de
restaurant Henri Roy pontifical, de Bataque
Vilgram vaticane..
Signe des temps : les vieilles prisons du
Saint-Office sont transformées en pension de
famille pour le Sacré-Collège. Les cardinaux
pauvres y résideront et mettront tout en com-
mun, même une automobile.
Il était temps d'ailleurs: le cardinal Fftfii-
oerth, par exemple, se trouvait sans Jo", son
propriétaire ayant porté son loyer à 75.000 ir.
Nous voici, évidemment, loin des tarifs que
payaient les premiers apôtres.
FLIP.
LA VIANDE CHERE
Les bouchers ironUils
en Conseil d'Etat?
-.+.
11 y a un mois à peine, les bouchers et M.
LeulJier étaient d'accord. Ils le déclaraient
à qui voulait l'entendre. Il y a dix jours,
quand parut Je barème, déjà les choses se
gâtèrent. * -,
Depuis deux jours, rien ne va plus !.
Nos lecteurs savent que, jeudi, en simple
police, Me Comby a soutenu que les ordon-
nances du préfet de police, jurant avec un
décret de février dernier, étaient illégales.
Sur cette illégalité même, le ministère pu-
bDic a remis 'sa décision à huitaine' : le
temps, sans doute, de réfléahir.
Quoi qu'il en soit de cette décision, il est
hors de doute que M. Martin, président du
syndicat de la boucherie en détail, incline
•
avocats-conseils, lors de là révision du lia*'
rème officiel, indiquait, on ne : péut plus
clairement, cet. aiguillage. - Mais le pourvoi
est-il possible ,
-M. Leullier n'a-t-il. point dans ses dos-
siers une .lettre fort, suggestive des Sociétés
coopératives de boucheries de Paris, lettre,
qu'à titre documentaire, nous reproduisons
ci-dessous :
« Monsieur le préfet,
« Nous vous avisons que nous mettons en
application vos tableaux de prix de base
pour la vente de la viande. Nous tenons à
vous dire que nous sommes entièrement
d'accord avec vous et 'que nous tenons ces
prix pour absolument équitables.
« Nous prescrivons aux chefs de nos bou-
cheries de s'y conformer immédiatement et
sous leur responsabilité personnelle. i)
Ne savons-nous pas,, en outrer que le ba-
rème n'est qu'un tableau indicatif. qu'il n'a
point force de loie Que les bouchers sont
toujours libres de ne' pas l'appliquer.
Qu il n'est, .somme toutes -qu'un repère
utile aux agents du service des. frandes. •
Dans tout-cela, on chercherait vainement
l'illégalité. Mais qu'en penseront les juges
du tribunal de simple police ?
La proposition de réduction
des taux d'intérêt
des Rentes sur l'Etat
A la suite d'un de mes articles
parus dans l'Ere Nouvelle et le Rappel,
M. le sénateur Pasquet m'écrit, par l'in-
termédiaire du directeur de ce journal, la
lettre suivante:
« Monsieur le professeur,
« Je dois à l'obligeance d'un ami, de lire
un peu tardivement, je le reconnais et
m'en excuse auprès de vous, l'article que,
pour partie, vous avez consacré dans l'Ere
Nouvelle à ma proposition relative à la
réduction du taux d'intérêt des rentes
d'Etat.
« J'ai follement ri, ne m'en veuillez pas
de cet aveu.
« Vous maniez la critique avec une telle
délicatesse. Ainsi, vous me traitez froide-
ment d'ingénu, d'ignorant. Laissez-moi
vous le dire : vous ëtes: tout simplement
exquis.
« L'Ere Nouvelle du 13 septembre a, il
est vrai, une opinion un peu différente de
la vôtre; écoutez-là :
« .Il ne suffit pas, écrit-elle, de gémir
■VSiir -notre situation financière. II faut
préconiser des mesures énergiques. C'est
« ce que fait M. Pasquet, sénateur des
« Bouches-du-Rhône. »
« Elle conclut :
« Il semble que ce soit le langage de
« la raison. Préière-t-on les artifices finan-
ce ciers qui, d'ailleurs, ne permettront pas
« de combler totalement le déficit]
« Bien des parlementaires envisagent la
« même mesure que M. Pasquet : mais
« ils la voudraient retarder. Est-il d'une
« sage politique d'ajourner l'application
« des remèdes ? Cependant, le mal s'ag-
« grave. »
« Vous le voyez, l'ingénu, l'ignorant que
je suis est en bonne compagnie. Votre ju-
gement n'en reste pas moins définitif, com-
me tout ce qui émane de vous. Pourquoi
donc vous ferais-je une peine, même lé-
gère?
te- J'ai pour habitude de discuter cour-
toisement avec mes contradicteurs, quelque
désagréables qu'ils puissent être à mon
endroit. J'ai toujours pensé, d'ailleurs,
qu'un bon argument valait mieux qu'une
lourde raillerie.
, « Vous agissez et pensez autrement; libre
à vous, monsi-eur, mais, croyez-moi, la fa-
tuité et la suffisance sont de pitoyables tra-
vers. Ce n'est pas vous, n'est-ce pas, 6 maî-
',. ,
Séiigtèm- 3kk Éèifthsâtu-Rkônè. »
, Je ne suivrai pas M. -le sénateur Pasquet
Sur le terrain d'une polémiqué personnelle.
L'Ere Nouvelle et le Rappel sont des jour-
naux d'idées. J'exprime à' l'honorable sé-
nateur toutes mes excuses, si- je l'ai. blessé,
sans aucune intention malveillante. Je re-
connais même très humblement que M. Pas-
quet n'est ni un ingénu, ;ni .un ignorant
en finances. Malgré tout, pour le fond, je
n'a i rfén .à :retirer de ma critique. jus-
qu'à ce que. M. Pasquet ait répondu aux
objections que je lui adressais et que je
lui rappelle:
l3 Y a-t-il la moindre chance que des ca-
pitalistes acceptent volontairement, à
l'heure actuelle, une conversion de leurs
titres 6 0/0 en titres 5 0/0, avec le seul
avantage de voir leurs titres 5 0/0 cotés
librement sur le marché de la Bourse?
21 Est-il sage de faire parmi les titres
de rente, deux catégories : les titres libre-
ment cotés en Bourse, les titres frappés
d'interdit?
Je me suis aussi permis de prier M. Pas-
quet de vouloir bien relire J'histoire des
conversions en France et en Angleterre.
Je lui renouvelle mon invitation. Peut-être
cette étude dissipera-t-ellè chez lui quel-
ques illusions. - ■ - • - >
Gaston JEZE.
LA POLITIQUE ETRANGERE
Les embarras intérieurs
de JYK * laloyd Ge<>rge
Un seul problème politique passionne ;lU-
jourd' hui l'Angleterre- Ce ne sont pourtant ni
l'affaire Haut-Silésienne ni même l'éternelle
*
que î tio:n d~Irlaii~' qui ret , i l' atten-
tion de l'opinion britannique. La question du
jour a un. caractère à la fois plus insulaire et
plus sportivement dramatique. Il s'agit de sa-
voir si à la Coalition que dirige M. Lloyd
Gecrge, ne s 'opposera ; pas bientôt une autre
Coalition groupant en un faisceau étroit tous
les ennemis du Premier ministre, dissidents de
l' ûnioIÙm, libéraux indépendants, travaillis-
tes au besoin.
, N'oublions pas que, en dépit des démentis
officiels, les gens informés croient M. Lloyd
George toujours disposé à réserver à ses ad-
versaires la surprise d'une prochaine dissolu-
tion de la Chambre des Communes- Dans ces
conditions l'opposition doit donc se préparer à
la lutte. ., ,.. ',":
Jusqu'ici, il paraissait seulement bien diffi-
cile de réunir tous les mécontents autour d'rn
programme commun. Sans doute, au cours cie
l'été, par haine du gaspillage administratif,
les électeurs, ont fait un succès à quelques can-
didats antiwaste, ce groupement sans couleur
politique bien accusée, qui se propose seule-
ment de contraindre fes ministères à pratiquer
une rigoureuse économie. Mais comment rap-
procher lord Robert Cecil, le conservateur pa-
cifiste, et les gens de la Morning Post, les
unionistes militaristes et les libéraux de la
Westminster Gazette ef des Daily News, M.
Asquith ou lord' Grey sans même parler de
M. Clvnes et de tous lès syndicalistes ?
Voici pourtant que, par une nouveauté
inouïe en l'histoire parlementaire britannique,
tous ces hommes si civets aux idées non seu-
lement divergentes mais absolument opposées
sur ptesque tous les points, vont s' entendre et
peut-être se coaliser. C'est que, en dépit de
toutes leun clqérercee, ces hommes ont un sen-
timent commun : leur hostilité, presque leur
haipç pour M. Lloyd , gt Jlq ,ta,!
qu il; fait, depuis près de cinq ans, peser sur la
Grande-Bretagne. Tous proclament qu'une
préoccupation cb;t maintenant passer avant tou-
tes les autres devenues presque secondaires :
renverser le Premier ministre et son détestable
système die gouvernement.
Nous avons l'expérience en France de ces
unions hétéroclites constituées seulement pour
combattre un ministère. Mais rien n'est plus
rare en Grande-Bretagne, et pour concevoir
avec quel. intérêt passionné le public d'outre-
Manche peut suivre aujourd'hui les tentatives
pour constituer une coalition nouvelle, il nous
faut évoquer les exemples classiques de la
Restauration et de la Monarchie de Juillet:
l'alliance aie Chateaubriand avec les libéraux
en 1827, la coalition de Guizot, Thiers, Bar-
rot contre Molé en 1838- En Angleterre aussi,
il s' agit d' ur, gouvernement personnel qui se
sert des institutions parlementaires pour dissi-
muler son omnipotence. On ne saurait donc s'é-
tonner que sans autre programme ses adver-
saires de toute origine se liguent pour le com-
battre. -,
Le discours qué lèrcf Grey vient de pronon-
cer est à cet égard très significatif. L'ancien
secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères a cri-
tiqué moins encore les actes de M. Lloyd
George que l'atmosphère que le Premier a
créée : instabilité générale, dédain des idées,
des principes. Surtout sans le dire nettement,
il a laissé entendre qu'it était prêt à prendre
la direction de la lutte contre M.Lloyd' George,
et lord Robert Cecil aussitôt a offert de se
placer sous ses ordres. La nouvelle est d'im-
portance. L'opinion britannique sans beaucoup
aimer le Gallois trouvait pourtant ses adver-
saires bien médiocres et s'effrayait à la pensée
de les voir un jour à la tête du Cabinet. Mais
lord Grey paraît bien de taille à. tenir digne-
ment la place. de M. Lloyd George.
Il n'y a pas qu'en Angleterre que la lutte
qu'il semble disposa à conduire sera suivie
.!!iJ':l$JY.ài!
LE PARTAGE DE LA HAUTE-SILÉSIE
0
La décision du' Conseil de la S. D. N.
est remise à M. Briand.
Le courrier spécial de la Société des Na-
tions, M. Yigier, 'envoyé de Genève par le
conseil de la Société, a remis hier matin au
quai' d'Orsay Je texte des documents dont
l'ensemble constitue « la solution que re-
commande » le conseil de la Société des
nations pour 'le partage de la Haute-Silésie.
Ces documents ont été reçus par M. BrIand,
en sa qualité de président du. conseil su-
prême des alliés. Il en ji immédiatement
assuré" la transmission aux autres gouver-
nements alliés. : Grande-Bretagne, Italie,
Japon, par l'intermédiaire dé leurs ambas-
sadeurs à Paris.
Oh connaît l'essentiel de la solution re-
commandée, par le conseil de la Société des
nations. En ce qui concerne la frontière
germano-polonaise en Haute-Silésie, elle
sera tracée suivant une ligne qui est sensi-
blement à égale distance de çeiles que pro-
posaient respectivement, au' mois d'août,
la France et l'Angleterre ; en particulier le
oo$s{n industriel, que M. Briand réclamait
pour la Pologne et - Lloyd Géorge pour
l'Allemagne, est partagé entre les deux
pays, la Pologne obtenant les districts de
Kœnigshutte, de Katt'owitz, de Beutnen
(moins' la ville de Beuthen), l'Allemagne
conservant les districts de Gleiwitz de
Zabrze (Hiridenburg) eL la ville de Beuthen.
En outre, une commission mixte sera char-
gée d'assurer l'unité économique du bassin
industriel.
Les quatre gouvernements alliés, après
avoir pris connaissance de la « recomman-
dation » du conseil de la Société et constaté
qu'elle n'est, sur aucun point, en désac-
cord avec les stipulations-du traité de Ver-
sailles; se mettront d'accord sur les condi-
tions dans lesquelles cette « recommanda-
tion » sera entérinée par le conseil su-
prt-me, ou sCl représentant à la conférence
des ambassadeurs/et portée ensuite à la
connaissance des gouvernements de Ber-
lin et de Varsovie.
Enfin la conférence des ambassadeurs
aura à arrêter les mesures d'ordre utiles,
en. vue de la remise à l'Allemagne et à la
Pologne des territoires qui 'leur -' sont res-
pectivement attribués. Aux termes du 'pa-
ragraphe 6 de l'annexe à l'article 88 du trai-
té de Versailles, les gouvernements polo-
nais et allemand devront pourvoir à. l'ad-
miftiî&raticm des territoires à eux attribués,
daiùs te courant du mois qui suivra, la noti-
!t.¥itdè Jà"I,i\ froncé-par ltr'crn..
mission Ihtefâlliéé d'Ôppélh:
La question de procédure
Au sujet de cette question de procédure,
le gouvernement français. préconise, la so-
lution la plus simple : il estime que, sans
autre forme de procès, les Alliés n'auront
qu'à déclarer qu'ils adoptent la suggestion
du Conseil.de la Ligue et à la, faire exécuter
aussitôt. Mais à'Londres on parait être
d'avis qu'une réunion du Conseil suprême
est nécessaire, ne serait-ce que pour s'as-
surer, dit-on, que la décision du Conseil de
la Société des-nations n'est en contradiction
avec aucune des stipulations du' traité de
Versailles.
L'ambassadeur britannique à, Paris a fait
connaître hier ce point de viie au Quai
d'Orsay et une note Reuter est venue insis-
ter sqir cette difficulté inattendue :
, « On considère, dit cette note, dans les
milieux officiels anglais qu'en, raison des
graves responsabilités encourues par les
gouvernements alliés il est indispensable
avant tout de se rendre compte si le conseil
de la Société des nations est resté dans la
limite, du mandat qui lui a été confié par
le conseil suprême et d'examiner la recom-
mandation afin de s'assurer si elle est con-
forme u traité de Versailles et si elle est
rigoureusement légale du point de vue de
ce traité.
Si un vice était relevé sur.l'un ou l'autre
point, ou sur les deux, il y aurait lieu, pour
les gouvernements alliés djy remédier.
Si, au contraire, 'la recommandation est
correcte à tous les points de vue, il n'y
aurait qu'à l'entériner par les moyens éta-
blis d'accord entre les gouvernements.
Mais on estime dans les milieux officiels
anglais, que.le cabinet de Londres né peut
pas donner un blanc-seing avant d'être fixé
sur le contenu ,et la valeur légale de la re-
commandation de la Société des. nations ».
On veut .croire qpe nos alliés, le premier
moment de mauvaise humeur passé, com-
prendront que rien ne serait ptus dange-
reux que de mettre en discussion l'arbi-
trage sollicite dp la Société des nations.
La question de procédure reste en sus-
pens jusqu'à la réponse des Alliés à la
communication de M. Brjand. 'Alliés à la
Les Anglais paraissent désirer la ten;ie
d'une réunion à Londres du Conseil su-
prême..Le plus simple serait de faire enre-
gistrer l'arrêt par tla Conférence des Am-
bassadeurs et surtout de ne pas laisser
traîner plus -longtemps cette affaire irri-
tante. ,
Aux dernières nouvelles.
Il semble d'ailleurs que la Grande-Breta-
gne ne soit pas résolue, aux dernières nou-
velles, à persévérer dans la voie qu'elle
avait primitivement choisie. Le chargé d'af-
faires* britanniquè à Paris a fart, hier soir,
au' Quai d'Orsay, une démarche à la suite
de laquelle on a pu enregistrer dans les
milieux diplomatiques français un revire-
ment optimiste symptômatique.
Déclarations du marquis Imperiali
Le marquis Impériali, délégué italien au
conseil de la Société des nations, interrogé
par le représentant de. l'agence Stefani à
Genève, au sujet des bruits répandus par
la presse de différents pays concernant :a
prétendue intervention des gouvernements
dans lés .décisions du conseil relatives à la
Haute-Silésie,. a exprimé, son étonnemenî
de semblables fantaisies et a ajouté que le
conseil a discuté le problème embrouillé en
pleine indépendance, et. ell toute impartia-
lité, se .proposant uniquement de servir la
paix. Tous les efforts, a-t-il dit, ont visé
à. trouver, autant que possible, une solu-
tion qui soit la plus, équitable.et la :}'.Ï.lus, su-
tisfaisante pour lés parties intéressées. Le
conseil a procédé à l'accomplissement de
.la..19, L_.!',PltP..ü._J?Jjr.
le conseil suprême en accord complet et a
abouti à des conclusions unanimes.
Un démenti allemand
L'ambassade d'Allemagne , communique
11i note suivante :
Un journal du matin, commentant la
démarche fait ô le 11 octobre par l'ambas-
sadeur d'Allemàgjje auprès de M. Berthe-
lot, secrétaire général du ministère des
Affaires étrangères, prétend que l'ambas-
sadeur aurait inlormé le représentant du
gouvernement français que si le bruit ré-
pandu au sujet du partage de la Haute-Si-
lésie était exact, le gouvernement allemand
se tiendrait pôur libéré de tous les engage-
ments qu'il a pris vis-à-vis des Alliés,
ainsi que des accords particuliers qu'il a.
conclus avec la France.
L'ambassade d'Allemagne constate que
cette information n'est pas conforme à la
réalité.. -
Le maintien de l'ordre en Haute-Silésie
Oppeln, 13 octobre. — La Commission
interalliée a conféré hier avec les contrô-
leurs de districts sur la situation actuelle.
Il a été convenu d'attendre tout d'abord 'es
résultats de l'enquête poursuivie par la
Commission désignée à cet effet. Entre
temps, les contrôleurs de districts ont été
autorisés à proclamer, en cas de nécessité,
l'état de siège et à prendre toutes mesures
utiles.
Pas de pourparlers germano-polonais
L'Agence polonaise télégraphique est of-
ficiellement autorisée à déclarer que le
gouvernement polonais, pleinement confiant
dans l'action de la Société des nations et
des puissances alliées, n'a entamé aucune
négociation directe avec l'Allemagne.
(Voir suite en Dernière Heure et, en page 2 :
Manifestations et protestations de l'Allemagne ».)
r
Les délégués de la France
à Washington
Le Conseil des Ministres a décidé que
M. Briand serait accompagné à Washing.
ton, par M, Viviani, ancien président du
Conseil ; M. Sàraut; ministre des Colonies;
: M. Jusserand, ..àmsadeui' de France aux
Etats-Unis. -:
LA VIE CHERE AU LYCEE
Verrons-nous le "prêt locatif
I des livres scolaires ?
NI LES PARENTS D'ELEVES
NI LES EDITEURS
NE S'Y MONTRENT SA TISFAITS
,Nos lecteurs se rappellent sans doute que
l'an dernier, à cette même époque de ren-
trée des classes, nous consacrions déjà une
importance enquête à la hausse exagérée
des livres et des fournitures de classe, oc-
casion d'un petit scandale, vite éteint d'ail-
leurs par une ordonnance de non lieu.
Le scandale ne s'est point, cette année,
renouvelé. Mais oe n'est pas à dire, à l'heu-
re où nos enfants retrouvent les cours froi-
des des lycées, le 'Labeau noir, Horace, Vir-
gile, Lucrèce, et la table des logarithmes,
qu'elle se soit fort améliorée. C'est encore
environ 4.000 francs que coûte à sa famille
un interne dans des classes supérieures. En
philosophie, et lorsqu'il se prépare aux éco-
les spéciales, iL impose uhe charge plus
lourde encore. Et vraiment, il faudrait être
un nouveau riche pour la supporter.
Il n'est pas exagéré de dire que le prix,
des livres et fournitures scolaires entre en-
core pour une grande, une trop grande part,
dans ces charges pécuniaires, àans doute,
depuis l'an dernier, ces prix ont baissé.
Mais de combien ? De 12 à 15 %, quand,
entre 1917 et 1920, ils avaient augmenté de
40, de 80 de 100 et même de 120 La baisse
est dérisoire. Enregistrons-la cependant.
C'est une autre question que d'en cher-
cher les causes. La baisse du prix du pa-
pier, sans doute. Mais n'y a-t-il qu'elle ?
Nous ne le croyons pas. La pression qu'a
exercée sur les éditeurs. L'Association des
parents d'élèves, ligue encore inconnue
hier, crainte et respectée aujourd'hui, n'y
fut certes pas étrangère.
Quelle action mena, pour parvenir à ses
fins ladite Association ? Dans quelles voies
nouvelles, commandées par les circonstan-
ces, compte-t-elle prochainement, entrer ?
Telles sont les questions que nous sommes
allé poser hier au Docteur Péraire. prési-
dent de cette Association.
« Bourse des livres » et « prêts locatifs n
- « S'il est vrai, nous dit le docteur Pe-
raire, ainsi que vous m'en assurez, que no-
tre action auprès des éditeurs — action in-
directe surtout, comme vous j'allez voir —
ait eu quelques résultats ,il faut, à coup sûr,
s'en réjouir. Mais nous avons rencontré
trop de mauvaise volonté dans les ententes
que nous avons tenté de négocier, pour que
certaine amertume ne se mêle pas à notre
joie.
« Pour obtenir cette baisse si minime,
mais déjà tant désirée, c'est à une véritable
grève du consommateur I..u'il fallut nous
livrer. A MnrseiIJe, les par*j* t's d'élèves en
prirent les premiers Imitin^-e. Dans le
parloir du lycée, une véritable m l)('oû.:r":>c (J.es
livres » s'organisa, que je ne saurais mieux
comparer qu'à cette « bourse ,.s timbres »
du dimanche, aux Champs-Elysées. A Pa-
ris, la chose fut moins facile ; «.lifftouîlé des
rencontres, inertie des parents, ei le tout se
borna à. un échange assez restreint, par
notre entremise, et celle aussi, de certains
proviseurs.
« Encore que cette méthode ait suffi pour
effraver les éditeurs, il est d'autres moyens,
plus efficaces, et qui, dès maintenant/ vont
ê:re mis en œuvre. Avant de vous les cmi-
mérer, laissez-moi cependant remercier de
J'âëê-ffje, R_.2J.t.RP. proviseurs
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