Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-09-29
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 septembre 1921 29 septembre 1921
Description : 1921/09/29 (N18556). 1921/09/29 (N18556).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
; -
8 Vendél1'JaireJ An 130. - N° 18658.- 1iell*.6t'o : QUINZE CENTIME Jeudi 29 Septembre 1921. - N° 18556.
1
frondaieurs 0809) s
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un au Siamois Trots mol#
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » 29 » 18 »
FRANCE & COLONIES.. 41 D 22 » il »
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OPINIONS
,
Franc-Maçonnerie
et action républicaine
Tous les républicains vraiment démocrates
ont appris avec plaisir que la Franc-Maçon-
nerie, dont on n'entendait plus guère parler,
annonce qu' elle va reprendre son action po-
litique.
Cette action politique, les réactionnaires
l'ont toujours dénoncée comme redoutable
et prépondérante. De cette « satanique »
association occulte serait sortie, à les enten-
dra la « satanique » Révolution française,
et il y a là-dessus de gros livres, un fatras
d'érudition crédule. Cependant les Loges au
XVIIIe siècle, n'étaient que des Sociétés phi-
lanthropiques, où il y avait des gens de tou-
te opinion, et, par exemple, Louis XVI et
ses deux frères, le futur Louis XVIII et le
futur Charles X, étaient francs-maçons.
C est dire que la maçonnerie française rte
fut guère révolutionnaire. Elle interrompit
son action sous la Révolution et, quand elle
la reprit à l'époque du Directoire et du Con-
sulat, ce fut dans un esprit, monarchiste.
Il n' y a guère qu'une centaine d' années
que la maçonnerie est devenue un groupe-
ment de gauche, comme nous disons - d' a-
bord libéral, puis républicain, puis démocra-
te. Ce qui la caractérise surtout dans ces
cent dernières années, c'est sa résistance à la
prétention qu' a l'Eglise catholique de gou-
verner la société française.' C'est parce
qu'elle est devenue anticléricale et laïque que
la Franc-Maçonnerie a été tant calomniée.
Elle est la seule organisation de libre pen-
sée un peu sérieuse, et, si l'Eglise est bien
obligée, par nos lois et nos mœurs, de se ré-
signer à l' existence de la libre pensée indi-
viduelle, elle tourne toutes ses forces de
combat contre la libre pensée organisée en
groupements.
uv-ur discréditer la maçonnerie, toutes les
armes sont bonnes. Lors de l'affaire des « fi-
ches », on a vu les disciples des Jésuites
reprocher aux maçons leurs procédés jésuiti-
ques.
L'influence de la maçonnerie sur la poli-
tique générale française n'a cependant pas
été aussi forte que le disent ses adversaires.
t, quoique je ne sois point franc-maçon,
je le regrette. Par exemple, il y a eu une
occasion remarquable où là franc-maçonne-
rie a été impuissante. C'est en juillet 1870,
quand il s'agissait de décider Napoléon III
à permettre aux Italiens d'occuper Rome,
afin d'obtenir pour la France cette alliance
de l'Italie contre la Prusse, qui eût entraî-
né l'Autriche à marcher avec nous, et chan-
gé ainsi la face des choses. Quoique la Ma-
çonnerie eût accès auprès du prince Napo-
léon et auprès de Napoléon III lui-même,
l'influence de l'Eglise catholique triompha
eux Tuileries et nous livra sans alliances à
la Prusse, pour cette guerre désastreuse qui
nous fit perdre l'Alsace-Lorraine.
La Franc-Maçonnerie française semble
avoir été plus vigilante et plus influente pen-
dant la dernière guerre. Le Grand Orient
de France, qui. en 1914, était en froid avec
le Grand Orient de Rome, pour des motifs
que j'ignore. négocia et obtint une réconci-
liation. Résultat : le Grand Orient de Rome
contribua, à décider l'Italie à intervenir.
C'est du moins ce que nous a conté Erzber-
ger,,avec force détails, en ses précieux Sou-
venirs.
Dans la politique intérieure, si le rôle de
la Maçormerie n'a pas été prépondérant,
comme le disent les cléricaux, qui grossis-
sent ce rôle pur le rendre plus haïssable aux
catholiques, il n' a pas été inutile. La Maçon-
nerie a contribué, par l'action de ses Loges
et surtout par l'action des hommes politiques
qu'elle comptait dans son sein, comme Gam-
betta, Jules Ferry, Brisson, Floquet, Com-
bes, au succès de la défense républicaine
contre l'Ordre moral, contre le boulangisme,
contre l'anti-dreyfusisme. La Maçonnerie
est une des forces de la République.
Il est fâcheux que ce ne soit pas une force
populaire. Il est fâcheux qu' elle n'ait attiré
dans ses rangs qu' une petite partie de l'élite
lettrée et savante, qu'effarouche l' enfantil-
lage suranné de ses mystères et de ses dé-
corations. Elle aurait besoin de se moderni-
ser.
Telle qu'elle est, elle rendra un grand
service, si elle sort de ses rites, où elle sem-
blait s'ensevelir, pour faire une propagande
active en faveur des grands principes répu-
blicains et démocratiques. -
Il lui semble, et elle n'a pas tort, que ces
principes sont menacés par cette régression
générale que la guerre a amenée dans l'hu-
manité entière. Dans son récent « Con-
vent », le Grand Orient de France a dénon-
cé la gravité d'une situation qui met la paix
en péril, qui abaisse la moralité publique,
et qui, dit-il, compromet jusqu'à l'existence
de l'humanité civilisée. Il entend se dres-
ser contre les tentatives de réaction clérica-
les, financières, impérialistes, contre la pra-
tique des sous-traités secrets. Surtout, il dé-
cide d'intensifier l'action extérieure de la
Franc-Maconneri e.
Il a bien raison : aujourd'hui plus que ja-
mais, nulle action de progrès n'est efficace
qu'à là condition de devenir internationale.
La paix né peut être fondée que si on fait
sentir aux nations, comme aux individus, les
dangers de Tégoïsme.
Si la Maçonnerie veut être fidèle à sa
mission de philanthropie, elle devrait entre-
prendre dans le monde entier une action
concertée, et ardente, et opiniâtre, en fa-
yeur de la Société des Nations, non pas cer-
tes telle qu'elle est, mais telle qu'elle de-
vrait être, ou plutôt telle qu'elle sera - bien-
tôt, si tous les hommes de bonne volonté se
groupent pour la faire vivre en l' améliorant.
Ces deux forces de progrès, la Maçon-
nerie et la Ligue des Droits de l'Homme,
celle-là en rajeunissant sa figure archaïque,
celle-ci en mûrissant sa jeunesse, devraient
travailler de concert à répandre et à organi-
ser dans le monde l'esprit de la Révolution
française, qui seul peut vivifier la paix.
A. AULARD.
ÉDITORIAL
UE INIQUITÉ
J'ai conté naguère l'histoire lamentable
d'Otto Friedrichs et de ses admirables col-
lections, dont une bureaucratie tenace et bor-
née a juré la perte.
Les protestations d'une élite, les promes-
ses des Ministres, la bonne volonté de M.
le Président du Conseil n'ont pu vaincre jus-
qu'ici la résistance acharnée de rends de
cuir, qui s'efforcent de dresser le droit con-
tre le bon sens et l'équité.
Comcedia, sous la signature de M. René
le Gentil, renouvelait hier une protestation
émouvante. Déjà la voix généreuse de Sé-
verine s'était élevée. D'autres avaient écrit,
d'aucuns risqué quelques démarches timides.
Mais j'estime que cette action en ordre dis-
persé n'a pas donné les résultats qu'aurait
obtenu un concert plus étroit et plus énergi-
que.
Les pouvoirs publics ne sont pas nécessai-
rement contraires à une œuvre de justice.
Mais le règne éphémère de nos Maîtres les
rend craintifs, veules, négligents. Il faut
s•ans cesse revenir à l'assaut, leur rappeler
leurs engagements, harceler leur mollesse, se-
- couer leur négligence.
Il faut appliquer à une action ininterrom-
pue la même ténacité que la Bureaucratie
dans ses résistances passives.
Tous les arguments, tous les bons écrits,
toutes les belles paroles ne déplaceront pas
la poussière d'un dossier, ni le préjugé d'un
bureaucrate. Ce n'est pas une promesse qu'il
faut tenir d'un ministre, c'est un acte.
Or, le temps presse; l'iniquité fait son
chemfn; des mesures irréparables ne tarde-
ront pas à être prises.
Après les protestations éloquentes, nous
aurons des lamentations attristées. Mieux
vaudrait avoir gain de cause.
A la commission des séquestres, trois
membres sur quatre — le croirait-on - in-
clinent à la solution d'équité. D'autre part,
le Procureur de la République, son substi-
tut, le Président du Tribunal civil sont ja-
orables, paraît-il, à la mainlevée du sé-
questre. C'est plus de magistrats qu'il n'en
faut pour rendre bonne justice.
Un effort énergique et rapide suffirait
pour gagner ce bon procès
Tous ceux qui s'intéressent au sort infor-
tuné d'Otto Friedrichs, qui veulent sauver
les trésors accumulés par son goût délicat,
doivent se réunir et se concerter sans délai.
Une offensive décisive serait vite déclen-
chée. S'il vous plaît, j'en serai.
EDMOND DU MESNIL.
Les incidents de Venise
M. Bonin-Longare présente les excuses
du gouvernement italien
Le président du Conseil a reçu, iiier, le
comte Bonin-Longare, ambassadeur d'Ita-
lie, qui venait lui exprimer les regrets de
sun gouvernement pour, les incidents de Ve-
nise Il provoqués par quelques inconscients
au risque lie troubler une cérémonie qui de-
vait garder intact son caractère de frater-
nité des deux pays et de glorification de
leurs armées victorieuses. »
L'ambassadeur d'Italie a fait connaître au
président du Conseil que son gouvernement
avait ordonné une enquête minutieuse et
qu'il avait déjà pris des sanctions à l'égard
des fonctionnaires qu'il estimait n'avoir pas
rempli tout leur devoir.
M. Aristide Briand a prié l'ambassadeur
de transmettre au gouvernement italien ses
remerciements et de dire au marquis délia
Torretta combien il était sensible à cette
démarche. Il a fait remarquer à l'ambassa-
detir d'Italie que ni le gouvernement de la
République ni l'opinion française n'avaient
aitendu cette visite pour ramener à leurs
véritables proportions les incidents de Ve-
nise et qu'ils s'étaient gardés de solidariser
le peuple italien avec les quelques égarés
qui Se sont livrés à cette pénible manifesta-
tion.
En terminant, M. Aristide Briand a dé-
claré que ces incidents-ne peuvent avoir au-
cune répercussion sur les intentions des
deux gouvernements de persévérer dans
leur programme d'intime collaboration.
Mu pass ant
"Fermentation apostolique"
11 paraît que nous entrons dans une ère tout
spécialement miraculeuse. C'est du moins mon
excellent et saint confrère Fmnc, de la Croix,
qui l'affirme. Cet observateur perçoit, en ce
moment, une grande fermentation apostolique.
Il a bien de la chance. Car, en fait de fermen-
tation, on sent surtout grouiller, en ce moment
Les sept vipères d'or des Péchés Capitaux
comme dit Samain.
Quoi qu'il en soit, cet éditorial-homélie m'a
fait trop de bien pour que je ne vous fasse
point participer, amis, aux grâces abondantes
qui y sent incluses-
« Des prêtres, donnez-nous des prêtres !
dit Franc. Douze apôtres ont converti le mon-
de. Après la Révolution dévastatrice, une
fermentation apostolique vraiment fécondante,
s'est produite en France. A la suite de la
guerre de 70-71, on a vu quelque chose de
semblable, Qu'il en soit de même aujourd'hui.
« Et ayons bon espoir. L'ensemble des cir-
constances, les prodigalité surnaturelles du r iei
envers la France au cours du siècle dernier, l'o-
racle inoubliable de Pie X, la déclaration réi-
térée faite solennellement par Benoît XV que
vraiment la France aspire à devenir une « mè-
re de saints », nous emplissent d" espérance. »
Amen.
A part cela, il semble bien qu'à aucun mo-
ment de notre hiistoire, même au 15e siècle, mê-
me sous la Régence, même som le Directoire,
le rideau moral, l'étiage spirituel de la France
et du monde n'ait été aussi bas.
La guerre, en broyant, cinq ans, les corps
dans son énorme cuve de sang et de feu, sem-
ble avoir également rendu les ames invalides.
« fe suis atteint d'âme », disait jadis Villiets.
La devise du monde serait plutôt aujourd'hui,
cofrwnse dans Gargantua : « Et tout pour
la trippe ! » Un appétit de jouissances maté-
rielles, et de tous les plaisirs qui commencent
à partir de l'arcade sourd/ière, un dédain ab-
solu de toutes choses spirituelles, englue la race
humaine.
Le clergé a renoué, comme sous la Restau-
ration, comme sous l'Ordre Moral, son pacte
avec la bourgeoisie terrienne et d'affaires.
MM. de Rénal ou de Valenod vivent encore :
ils sont du Bloc National.
Au reste, s'il vous plaît d'appeler cela une
« fermentation apostolique , je trouve le mot
plaisant. Et je vous concède même qu'il est
possible que le métier de prêtre soit devenu 'me
bonne affaire depuis-les « bonnes » élections.
FLIP.
M. Briand à Washington
Il est certain que M. Briand représen-
tera la France à la conférence de Washing-
ton. Il s'y rendra non pas à bord d'un
cuirassé, comme on l'avait dit, mais il
prendra place sur un transatlantique, à
l'aller comme au retour.
Il est probable que M. Briand ne séjour-
nera qu'une quinzaine de jours à Washing-
ton. Il sera remplacé,, à la tête de la délé-
gation française, par une personnalité qui
sera désignée à un prochain conseil des mi-
nistres. Le nom de M. Viviani a été pro-
noncé.
M. Millerand à Paris
M. Millerand, président de la République,
a quitté l'Elysée, hier, à midi 10, pour le
château de Rambouillet.
Le président de la République rentrera
définitivement à Paris vers la fin de la se-
maine.
Le - recrutement
des sous-préfets
M. Pierre Marraud, ministre de l'inté-
rieur, a fait approuver par le conseil des
ministres les grandes lignes d'un projet
sur le recrutement et J avancement des
sous-préfet.
Le but de la mesure envisagée etit d'édic-
ter, en la matière, des règles précises, sauf
en ce qui concerne les prefets, qui restent
en dehors de toute réglementation. Agf_nts
directs du gouvernement, leur avancement
doit rester fonction de la volonté des gou-
vernants, qui, seuls, ont qualité pour ap-
précier.
Il n'en est pas de même en ce qui con-
cerne les sous-préfets. On ne pouvait éta-
blir pour ces fonctionnaires un tableau
d'avancement, comme dans les autres ad-
ministrations. Aussi a-t-il paru nécessaire
de prendre certaines dispositions qui vi-
sent tout d'abord le recrutement. Le gou-
vernement a estimé qu'il y aurait lieu
d'exiger, désormais, des conditions d'âge
minimum et maximum; un diplôme, ta
licence en droit, par exemple, ou son équi-
valent; enfin, une collaboration antérieure
comme chef de cabinet dans l'administra-
tion. Pour l'avancement, on imposerait un
minimum de trois années de présence dans
chacune des trois classes, ce qui, en aucu-
ne manière, ne retarderait les carrières, le
plus privilégié pouvant ainsi, en une di-
zaine d'années; arriver à une préfecture.
Enfin, le projet du ministre de l'inté-
rieur envisage également la question du
détachement des fonctionnaires, avec son
autorisation, dans les cabinets de minis-
tres.
M. Marraud à voulu encourager ceux
qui sont pour les ministres d'excellents
auxiliaires; il a proposé que le temps pas-
sé dans les ministères leur soit compté
double pour l'ancienneté, en limitant ce-
pendant à un seul séjour cette bonifica-
tion, dans le but d'éviter que des Mus-pré-
fets ne fassent toute leur carrière dans un
cabinet de ministre.
La réforme administrative
Il n'y a dans ce projet aucune contra-
diction avec celui sur la réforme adminis-
trative, en voie d'élaboration., En effet,
dans l'hypothèse où les sous-préfets se-
raient supprimés par le vote de ce der-
nier @ projet, les conditions de recrutement
et d'avancement se trouveraient ainsi tou-
les établies pour les secrétaires généraux.
Il ne s'agit, actuellement, que de nettre
de l'ordre dans l'administration. .,
Quant au dépôt du projet sur la réfor-
me administrative, il sera èffectué par te
ministre de l'iptweur dès la, rentrée du
Parlement.
; T■ /
Les accords de Wiesbaden
UN EXPOSE DE M. LOUCHEUR
M. Loucheur a fourni hier à la commis-
sion des réparations les explications sur
les accords de WiesbâSen qu'il avait déjà
données à la commission des finances.
Ces aocords sont relatifs aux réparations
èn nature. L'Allemagne fournira des ma-
tériaux ; mais les sinistrés conservent la
liberté d'accepter ou de refuser le bénéfice
de ce système.
Les matériaux seront livrables à Saint-
Quentin. Le prix en sera déterminé par
une commission, composée d'un Français,
d'un Allemand et sd un délégué, désigné
par le président de la Confédération hel-
vétique et qui aura, pour rôle de départa-
ger les représentants de la France et da
l'Allemagne en cas de désaccord. La valeur
des matériaux fournis sera inscrite au
compte des réparations de la France.
M. Loucheur a indiqué que l'accord se*
rait ratifié dans les premiers jours d'oc-
tobré par le gouvernement allemand et
Qu'il pourrait entrer en vigueur au début
du mois de novembre.
Les explications du ministre des régions
libérées ont été très favorablement accueil-
lies par la commission.
LA POLITIQUE ÈTRANGERE
La rentrée du Reichstag
1
Le Reichstag vient, pour quelques jours, de
reprendre ses travaux- Il ne s'agit d ailleurs
que d' une session préparatoire, où seront seu-
les discutées quelques interpellations. L exa-
men des projets financiers du gouvernement
n'aura lieu, en effet, qu'après la rentrée véri-
table, fix au 26 octobre. Samedi, pourtant,
le chancelier Wirth prononcera, à ce qu' on
assure, une sorte de discours programme. Nous
attendons naturellement son exposé avec curio-
sité.
M. Wirth pourra au reste se présenter de-
vant le Reichstag avec confiance. Non seule-
ment ses adversaires ont depuis quelques jours
mis une sourdine aux attaques qu'ils dirigent
contre lui, mais encore le chancelier vient, en
une semaine, de remporter deux succès très
nets. D' abord, il a réussi à conclure avec le
nouveau Président du Conseil bavarois cet ac-
cord' qu'avait repoussé M. von Kahr.
Sans doute Berlin consent bien des conces-
s ions à Munich. M. Wirth laisse à M. de
Lerchenfeld un nouveau délai pour supprimer
l'état de siège et il est entendu que le gouver-
nement bavarois se chargera lui-même d'inter-
dire les journaux dont la publication serait une
menace pour le maintien de l'ordre. Mais en-
fin, si nous allons au fond des choses, l' arri-
vée au pouvoir à Munich d'un homme comme
le nouveau Premier, bien plus Allemand que
Bavarois, fortifie la position du chancelier' puis-
qu'elle met fin au conflit permanent qui, de-
puis six mois, avait rendu d'e plus en plus dif-
ficile les rapports entre le Reich et la Ba-
vière.
A l'extérieur. voici que les - Alliés annon-
cent la levée des sanctions économiques. Natu-
rellement, et comme on le verra d'autie part,
nous avons exigé de T Allemagne de sérieu-
ses garanties contre le « protectionnisme »
prohibitif, qui aboutissait à rendre impossible
toute entrée de marchandises étrangères et spé..
dalement françaises, aussi bien en Rhénanie
que dans le reste du Reich- (La baisse du
mark, dent la valeur, hier' atteignait tout juste
onze centimes, suffira bien d'ailleurs à entra-
ver le développement de nos exportations chez
nos voisins de 1 Est.) Sans aucun doute les ad-
versaires nationalistes du Chancelier qui, depuis
deux mois, lui reprochaient si vivement de n' a-
voir même pas obtenu la suppression des sanc-
tions économiques, vont, désormais, insister
seulement sur l'humiliation que constitue pour
1 Allemagne l'institution d'un organisme inter-
allié destiné a surveiller l'administration doua-
nière du Reich. Mais enfin là majorité du
Reichètag sera, à coup sûr, moins injuste, et
le prestige eu Chancelier, un peu affaibli de-
puis quelque temps, retrouvera son lustre.
Par conséquent, malgré les décisions de
Gœrlitz et les intrigues de M. Stresemann, qui
tente maintenant de se réconcilier avec M.
Wirth, la situation du gouvernement allemand,
au moment ou rentre le Parlement, est infini-
ment plus solide qu' aucun de ses amis n' eût
osé l'espérer au début de l'été. Le chancelier,
déjà estimé comme orateur, s' est révélé
bon manœuvrier et habile tacticien. Mais en
dépit des succès remportés, M. Wirth ne se
fait pas illusion, sam coûte, sur les cifficul-
tés die sa tâche. Les accords de Wiesbaden al-
légeront un jour assez prochain les charges fi-
nancières de l'Allemagne, mais, en attendant
qu'ils soient enfin appliqués, le Reich devraf
trouver, dès novembre, des ressources impor-
tantes pour faire honneur à ses échéances, Com-
ment se les procurer? Taxes socialistes ? Expé-
dients capitalistes? M. Wirth aura quelque pei-
ne à réunir autour d'un programme commun
ses amis anciens et nouveaux, Wels et Ste-
gerwald. C'est surtout quand il s'agit de fi-
nances et d'impôts qu'il existe deux Allema-
gnes: l' une rouge, l'autre blanche.
Entre les deux, un gouvernement pourra-t-il
longtemps louvoyer ?
Q 1
LES ALLIÉS ET L'ALLEMAGNE
Les sanctions écon omiques
seront levées le Ier Octobre
«
Les Alliés surveillent la --- délivrance des licences d'exportation
Hier, M. Briand a fait savoir au docteur
Mayer, ambassadeur d'Allemagne, qu'en
exécution des décisions du 13 août, les
sanctions économiques (c'est-à-dire surtout
l'établissement d'une 'barrière douanière en-
tre la Rlvenâme 't le reste du Reich), éta-
blies le 7 mars dernier, seraient levées à
la date du lfr octobre, le gouvernement
de Berlin ayant accepté toutes les condi-
tJOt. que nous avons posées au préala-
bie.
C'est là le résultat d'une longue négocia-
tion qu'il importe de résumer :
On sait que l'Allemagne, en dépit du
traité de Versailles, a cependant institué
un système d'interdictions d'entrée et de
sortie, tempéré par des dérogations ou li-
cences, dont l'octroi c-st organisé de telle
sorte qu'il lèse gravement les intérêts de
plusieurs pays alliés et notamment de la
France. Nu-s' commerçants n'ont pas cessé
de signaler qu'un grand nombre de -leurs
produits étaient écartés du marché alle-
mand par une réglementation prohibitive
alors que l'importation de ces mêmes pro-
duits était autorisée quand elle provenait
d'autres pays.
La Conférence des ambassadeurs, saisie
de nos réclamations, fit au cours de l'année
19"20, auprès du gouvernement allemand,
deux démarches successives qui n'entraî-
nèrent d'ailleurs aucun résultat pratique.
La résolution du 13 août
La question fut enfin portée devant !e
dernier Conseil suprême, qui décida de
mettre un terme à cette violation répétée,
du traité de Versailles en subordonnant
la levée, des sanctions économiques à des
mesures appropriées. Les Alliés ont pré-
cisé ces mesures dans la résolution du 13
août, dont, voici la partie essentielle :
« Cette décision (la suppression des sanc-
tions économiques instituées ie 7 mars
1921) est toutefois subordonnée aux condi-
tions suivantes qui doivent être préalable-
ment acceptées par le gouvernement alle-
mand' : a) constitution d'un organisme in-
terallié qui collaborera avec les autorités
allemandes compétentes à l'examen et à la
délivrance des licences d'importation ft
d'exportation des marchandises à destina.
tion ou en provenance de firmes situées
ou établies dans les territoires occupés tels
qu'ils sont définis par le traité de paix
étant -de s'assurer et de contrôler que le
[oftetiormement du système allemand t'n pas
pour effet d'établir, des discriminations con-
traires aux dispositions des articles 264 à
267 du traité de paix,, en ce qui concerne
les territoires- occupés. '))
Les résistances du gouvernement
allemand
Le gouvernement allemand s'efforça aus-
sitôt d'éluder cette décision en en discu-
tant les termes. Dans sa note du 26 août.
il se déclara d'accord avec la création de
l'organisme précité, mais en entourant son
acceptation de réserves telles qu'eues équi-
valaient à un' refus. Puis, dans des con-
versations '.¡jb$équentèS, il précisa son
dessein, en prétendant que la surveillance
exercé'e par l'organisme interallié avant la
délivrance des licences par les autorités
allemandes compétentes porterait atteinte
à la souveraineté allemande. et en assu-
rant que ies constatations faites après cette
délivrance suffiraient à renseigner !es AI-
liés.
Le gouvernement français s'est élevé
aussitôt contre une telle interprétation de
là résolution du 13 iiDût. Elle était eon-"
traire an texte même de cette résolution
qui, en stipulant que l'organisme interallié
« collaborera avec les autorités allemandes
compétentes à l'examen et à la délivrance
des licences », précise que cette collabo-
ration doit s'exercer avant la délivrance
des licences. L'interprétation allemande
n'était pas moins contraire à l'esprit de la
résolution du 18 août, puisque celle-ci a
pour but de mettre fin aux discriminations
étabjjes par les autorités allemandes a*
détriment des Alliés, et spécialement de v
France.
Le Reich s'incline
Le- gouvernement allemand cherchait à
trouver un appui auprès de nos alliés et
spécialement des Anglais, Mais ceux-ci.
après un échange de. vues, ont reconnu le
bin-fondé - de ila thèse. française.
Dès que le gouvernement allemand eut
constaté cet accord, il s'inclina et accepta
explicitement, à la.date du 22 septembre,
les conditions posées par la résolution du
13 août. ainsi que l'interprétation qui en
était faite par les Alliés.
En même temps était acceptée la réu-
nion des experts alliés avec des délégués
du gouvernement allemand, également pré-
vus par la résolution du 13 août. C'est à
ces experts qu'il appartiendra d'organiser
le fonctionnement du comité de surveillan-
ce, de telle sorte que, si une discrimination
était constatée, ies gouvernements alliés
aient le moyen (fy mettre obstacle.
Pour les condamnés
militaires
UNE INTERVENTION DE LA LIGUE
DES DROITS DE L'HOMME
On sait que par suit^de la pénurie des
transports, un certain: rjoèfe de militai-
res condamnés aux travaux forcés pendant
!a guerre ont accompli 'en France le'prin-
cipal de leur eûndamftattoft. La peine ac-
cessoire de la résidence obligatoire aux co-
lonies leur reste donc seule applicable.
En. raison de l'extrême sévérité des sen-
tences des conseils de guerre, la Ligue des
Drcits de l'Homme vient de demander -que
ces condamnés soient dispensés de la rési-
dence aux colonies. -
La Ligue des Droits de l'Homme, écrit
M. Ferdinand Buisson, pense trouver, au-
près des pouvoirs publics, « un écho à
la pensée qui 1a. guide de réparer, dans la
mesure du possible, l'excessive rigueur du
code de justice militaire, l'insuffisance, trop
souvent démontrée, des moyens d'infor-
mation dont cette juridiction disposait pen-
dant la guerre, et remploi fréquent d'une
décimation qui a faussé ses sentences, per-
mis de frapper les uns et d'épargner les
autres. »
c
Un grand congrès
de mutilés
La Ve Conférence interalliée
des invalides de la guerre
Hier matin s'est ouvert, 102, rue du Bac,
à l'hôtel du Comité permanent interallié,
le Congrès de l'Union interalliée des inva-
lides de la guerre, que présidait le ministre
des pensions.
Ce congrès durera jusqu'au 2 octobre.
En plus des séances de travail, les con-
gressistes feront un certain nombre d'ex.
cursiohs dans les vallées du Parisis, en
Touraine et au front..
Le congrès groupe les grandes fédéra-
tions et associations des mutilés de tous
les pays alliés: Il doit, cette année, mettre
au point les grands problèmes encore en
suspens, notamment celui qui concerne le
régime des pensions.
- Le programme à l'ordre du jour des
commissions, nous déclare-t-on, a été divisé
en trois chamilres principaux. -
te Le premier concerne les mutilés de la
face, gazés, grands invalides du système
nerveux central et tuberculeux de guerre.
Le second discutera surtout du problème
de l'émigration, en ce qui concerne Ses in-
valides.
cc Le. troisième s'occupera des appareils
orthopédiques et de la rééducation profes-
sionnelle.
« C'est à peu près le programme du der-
nier congrès qui s'était tenu, l'an passé,
à Bruxelles. Cela prouve, certes, que les
invalides de gnerre sont loin encore d'avoir
leur statut définitif. Au reste, à côté des
grands congrès annuels subsiste un orga-
nisme d'études permanent qui est comme le
Ministère interallié des mutilés.
« ,C'est le Comité permanent interallié,
composé des délégués officiels de tous les
pays qui ont fait la guerre à nos côtés. H
est issu de la « Conférence interalliée pour
la rééducation, professionnelle », qui s'est
réunie à Paris, en mai' 1917,' sous l'initia-
tive des gouvernements belge, anglais et
français.
« Le Comité permanent, dont le président
est M. Brunet, président de la Chambre
des représentants de Belgique, et le vice-
président M. Teutsch, avocat à la cour, a
également fondé, rue du Bac, l'Institut in-
terallié d'études et de documentation, que
dirige-le docteur Lissonde, la Revue Inter-
alliée, 'et, à Bruxelles, l'Institut technique
et scientifique de prothèse et d'appareillage,
que dirige le docteur Martin. »
Le cinquième congrès aura surtout à re-
mettre au point l'irritante question des pen-
sions et insistera pour un remaniement de
la législation dans un sens plus conforme
aux intérêts et aux besoins des invalides
de la guerre. - H. V1DELLY.
Un formidable Incondie,
Les nouveaux magasins
du "Printemps" sont détruits
par le sinistre
Un vaste incendie a détruit hier les nou-
veaux magasins du Printemps, situés entre
le boulevard Haussmann, la rue Caumar-
tin et la rue du Havre.
Le rôle que les grands magasins jouent
dans une capitale moderne, la situation
centrale'des bâtiments'sinistrés, l'ampleur
même de la catastrophe expliquent le re-
tentissement qu'eut dans tout Paris ce dou-
loureux fait divers et 1 affluence intarissa-
ble de spectateurs qui, toute la journée,
stationna aux abords ciu lieu où sévissait
le formidable incendie.
Les circonstances dans lesquelles Je si-
nistré a pris naissance, d'après les décla-
rations même de M. Laguionie, directeur
du Printemps, sont encore mal connues.
La thèse qui semble devoir être admise est
celle d'un court-circuit qui se serait déclaré
aux étages supérieurs, vraisemblablement
au quatrième, et qui, par lee ascen-
seurs., formant cheminée, se serait com-
muniqué au sous-sol d'où il aurait gagné le
reste du bâtiment.
La lutte contre les flammes
L'incendie s'est déclaré entre 7 heures et
7 h. 15 ; à 7 h. 30, il gagna le 4e étage, où
il trouva un élément favorable dans les
linoléums, tapis et meubles. Les ascenseurs
cédèrent.. Par les cages, le feu se commu-
niqua, vers, 8 heures, au sous-sol ., ÓtI pom-
pier reçut une glace sur la lête et fut légè-
rement blessé.
A 8 h. 50. le feu atteignit le rez-de-chaus-
sée et le second étage (le plafond en ciment
armé avait opposé pendant une heure une
barrière efficace au 1 sinistre).
A 9 heures, toute la partie centrale face
au boulevard Haussmann s'effondra.- Les
fermes qui soutenaient les toits-tQmbèrent.
A 11 heures, le feu est ciroopscrit, mais
on prévoit qu'il durera toute Ja journée et
une partie de la nuit. A 11 h. 15, la cou-
pole qui est située à l'angle du boulevard
Haussmann et de la rue Caumartin s'est
effondrée. On ne signale aucun accident de
personne. On dément le bruit suivant le-
quel 12 pompiers seraient tombés dans la
fournaise.
A 11 h. 30, le' cblonel des pompiers ren-
tre à l'état-major, mais le préfet reste en-
core sur Ses lieux.
Vers midi 30, les pompiers étaient-à peu
près maîtres du sinistre. Les immeubles *
anciens du Printemps étaient défmiiivemer
préservés.
A j'jssue du consei: des minis!re&. M.
Marraud se rendait sur les lieux et faisait
le-tourdu bâtiment en feu avec M, Leuîlier
8 Vendél1'JaireJ An 130. - N° 18658.- 1iell*.6t'o : QUINZE CENTIME Jeudi 29 Septembre 1921. - N° 18556.
1
frondaieurs 0809) s
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un au Siamois Trots mol#
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » 29 » 18 »
FRANCE & COLONIES.. 41 D 22 » il »
ETRANGER. 49 » 25 » 13 »
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RAYMOND LANGE
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BMittloi H MiIilitnQoi : Bart 24-90,24-91.—Après 10 à. du soir : Giterterg OMt
OPINIONS
,
Franc-Maçonnerie
et action républicaine
Tous les républicains vraiment démocrates
ont appris avec plaisir que la Franc-Maçon-
nerie, dont on n'entendait plus guère parler,
annonce qu' elle va reprendre son action po-
litique.
Cette action politique, les réactionnaires
l'ont toujours dénoncée comme redoutable
et prépondérante. De cette « satanique »
association occulte serait sortie, à les enten-
dra la « satanique » Révolution française,
et il y a là-dessus de gros livres, un fatras
d'érudition crédule. Cependant les Loges au
XVIIIe siècle, n'étaient que des Sociétés phi-
lanthropiques, où il y avait des gens de tou-
te opinion, et, par exemple, Louis XVI et
ses deux frères, le futur Louis XVIII et le
futur Charles X, étaient francs-maçons.
C est dire que la maçonnerie française rte
fut guère révolutionnaire. Elle interrompit
son action sous la Révolution et, quand elle
la reprit à l'époque du Directoire et du Con-
sulat, ce fut dans un esprit, monarchiste.
Il n' y a guère qu'une centaine d' années
que la maçonnerie est devenue un groupe-
ment de gauche, comme nous disons - d' a-
bord libéral, puis républicain, puis démocra-
te. Ce qui la caractérise surtout dans ces
cent dernières années, c'est sa résistance à la
prétention qu' a l'Eglise catholique de gou-
verner la société française.' C'est parce
qu'elle est devenue anticléricale et laïque que
la Franc-Maçonnerie a été tant calomniée.
Elle est la seule organisation de libre pen-
sée un peu sérieuse, et, si l'Eglise est bien
obligée, par nos lois et nos mœurs, de se ré-
signer à l' existence de la libre pensée indi-
viduelle, elle tourne toutes ses forces de
combat contre la libre pensée organisée en
groupements.
uv-ur discréditer la maçonnerie, toutes les
armes sont bonnes. Lors de l'affaire des « fi-
ches », on a vu les disciples des Jésuites
reprocher aux maçons leurs procédés jésuiti-
ques.
L'influence de la maçonnerie sur la poli-
tique générale française n'a cependant pas
été aussi forte que le disent ses adversaires.
t, quoique je ne sois point franc-maçon,
je le regrette. Par exemple, il y a eu une
occasion remarquable où là franc-maçonne-
rie a été impuissante. C'est en juillet 1870,
quand il s'agissait de décider Napoléon III
à permettre aux Italiens d'occuper Rome,
afin d'obtenir pour la France cette alliance
de l'Italie contre la Prusse, qui eût entraî-
né l'Autriche à marcher avec nous, et chan-
gé ainsi la face des choses. Quoique la Ma-
çonnerie eût accès auprès du prince Napo-
léon et auprès de Napoléon III lui-même,
l'influence de l'Eglise catholique triompha
eux Tuileries et nous livra sans alliances à
la Prusse, pour cette guerre désastreuse qui
nous fit perdre l'Alsace-Lorraine.
La Franc-Maçonnerie française semble
avoir été plus vigilante et plus influente pen-
dant la dernière guerre. Le Grand Orient
de France, qui. en 1914, était en froid avec
le Grand Orient de Rome, pour des motifs
que j'ignore. négocia et obtint une réconci-
liation. Résultat : le Grand Orient de Rome
contribua, à décider l'Italie à intervenir.
C'est du moins ce que nous a conté Erzber-
ger,,avec force détails, en ses précieux Sou-
venirs.
Dans la politique intérieure, si le rôle de
la Maçormerie n'a pas été prépondérant,
comme le disent les cléricaux, qui grossis-
sent ce rôle pur le rendre plus haïssable aux
catholiques, il n' a pas été inutile. La Maçon-
nerie a contribué, par l'action de ses Loges
et surtout par l'action des hommes politiques
qu'elle comptait dans son sein, comme Gam-
betta, Jules Ferry, Brisson, Floquet, Com-
bes, au succès de la défense républicaine
contre l'Ordre moral, contre le boulangisme,
contre l'anti-dreyfusisme. La Maçonnerie
est une des forces de la République.
Il est fâcheux que ce ne soit pas une force
populaire. Il est fâcheux qu' elle n'ait attiré
dans ses rangs qu' une petite partie de l'élite
lettrée et savante, qu'effarouche l' enfantil-
lage suranné de ses mystères et de ses dé-
corations. Elle aurait besoin de se moderni-
ser.
Telle qu'elle est, elle rendra un grand
service, si elle sort de ses rites, où elle sem-
blait s'ensevelir, pour faire une propagande
active en faveur des grands principes répu-
blicains et démocratiques. -
Il lui semble, et elle n'a pas tort, que ces
principes sont menacés par cette régression
générale que la guerre a amenée dans l'hu-
manité entière. Dans son récent « Con-
vent », le Grand Orient de France a dénon-
cé la gravité d'une situation qui met la paix
en péril, qui abaisse la moralité publique,
et qui, dit-il, compromet jusqu'à l'existence
de l'humanité civilisée. Il entend se dres-
ser contre les tentatives de réaction clérica-
les, financières, impérialistes, contre la pra-
tique des sous-traités secrets. Surtout, il dé-
cide d'intensifier l'action extérieure de la
Franc-Maconneri e.
Il a bien raison : aujourd'hui plus que ja-
mais, nulle action de progrès n'est efficace
qu'à là condition de devenir internationale.
La paix né peut être fondée que si on fait
sentir aux nations, comme aux individus, les
dangers de Tégoïsme.
Si la Maçonnerie veut être fidèle à sa
mission de philanthropie, elle devrait entre-
prendre dans le monde entier une action
concertée, et ardente, et opiniâtre, en fa-
yeur de la Société des Nations, non pas cer-
tes telle qu'elle est, mais telle qu'elle de-
vrait être, ou plutôt telle qu'elle sera - bien-
tôt, si tous les hommes de bonne volonté se
groupent pour la faire vivre en l' améliorant.
Ces deux forces de progrès, la Maçon-
nerie et la Ligue des Droits de l'Homme,
celle-là en rajeunissant sa figure archaïque,
celle-ci en mûrissant sa jeunesse, devraient
travailler de concert à répandre et à organi-
ser dans le monde l'esprit de la Révolution
française, qui seul peut vivifier la paix.
A. AULARD.
ÉDITORIAL
UE INIQUITÉ
J'ai conté naguère l'histoire lamentable
d'Otto Friedrichs et de ses admirables col-
lections, dont une bureaucratie tenace et bor-
née a juré la perte.
Les protestations d'une élite, les promes-
ses des Ministres, la bonne volonté de M.
le Président du Conseil n'ont pu vaincre jus-
qu'ici la résistance acharnée de rends de
cuir, qui s'efforcent de dresser le droit con-
tre le bon sens et l'équité.
Comcedia, sous la signature de M. René
le Gentil, renouvelait hier une protestation
émouvante. Déjà la voix généreuse de Sé-
verine s'était élevée. D'autres avaient écrit,
d'aucuns risqué quelques démarches timides.
Mais j'estime que cette action en ordre dis-
persé n'a pas donné les résultats qu'aurait
obtenu un concert plus étroit et plus énergi-
que.
Les pouvoirs publics ne sont pas nécessai-
rement contraires à une œuvre de justice.
Mais le règne éphémère de nos Maîtres les
rend craintifs, veules, négligents. Il faut
s•ans cesse revenir à l'assaut, leur rappeler
leurs engagements, harceler leur mollesse, se-
- couer leur négligence.
Il faut appliquer à une action ininterrom-
pue la même ténacité que la Bureaucratie
dans ses résistances passives.
Tous les arguments, tous les bons écrits,
toutes les belles paroles ne déplaceront pas
la poussière d'un dossier, ni le préjugé d'un
bureaucrate. Ce n'est pas une promesse qu'il
faut tenir d'un ministre, c'est un acte.
Or, le temps presse; l'iniquité fait son
chemfn; des mesures irréparables ne tarde-
ront pas à être prises.
Après les protestations éloquentes, nous
aurons des lamentations attristées. Mieux
vaudrait avoir gain de cause.
A la commission des séquestres, trois
membres sur quatre — le croirait-on - in-
clinent à la solution d'équité. D'autre part,
le Procureur de la République, son substi-
tut, le Président du Tribunal civil sont ja-
orables, paraît-il, à la mainlevée du sé-
questre. C'est plus de magistrats qu'il n'en
faut pour rendre bonne justice.
Un effort énergique et rapide suffirait
pour gagner ce bon procès
Tous ceux qui s'intéressent au sort infor-
tuné d'Otto Friedrichs, qui veulent sauver
les trésors accumulés par son goût délicat,
doivent se réunir et se concerter sans délai.
Une offensive décisive serait vite déclen-
chée. S'il vous plaît, j'en serai.
EDMOND DU MESNIL.
Les incidents de Venise
M. Bonin-Longare présente les excuses
du gouvernement italien
Le président du Conseil a reçu, iiier, le
comte Bonin-Longare, ambassadeur d'Ita-
lie, qui venait lui exprimer les regrets de
sun gouvernement pour, les incidents de Ve-
nise Il provoqués par quelques inconscients
au risque lie troubler une cérémonie qui de-
vait garder intact son caractère de frater-
nité des deux pays et de glorification de
leurs armées victorieuses. »
L'ambassadeur d'Italie a fait connaître au
président du Conseil que son gouvernement
avait ordonné une enquête minutieuse et
qu'il avait déjà pris des sanctions à l'égard
des fonctionnaires qu'il estimait n'avoir pas
rempli tout leur devoir.
M. Aristide Briand a prié l'ambassadeur
de transmettre au gouvernement italien ses
remerciements et de dire au marquis délia
Torretta combien il était sensible à cette
démarche. Il a fait remarquer à l'ambassa-
detir d'Italie que ni le gouvernement de la
République ni l'opinion française n'avaient
aitendu cette visite pour ramener à leurs
véritables proportions les incidents de Ve-
nise et qu'ils s'étaient gardés de solidariser
le peuple italien avec les quelques égarés
qui Se sont livrés à cette pénible manifesta-
tion.
En terminant, M. Aristide Briand a dé-
claré que ces incidents-ne peuvent avoir au-
cune répercussion sur les intentions des
deux gouvernements de persévérer dans
leur programme d'intime collaboration.
Mu pass ant
"Fermentation apostolique"
11 paraît que nous entrons dans une ère tout
spécialement miraculeuse. C'est du moins mon
excellent et saint confrère Fmnc, de la Croix,
qui l'affirme. Cet observateur perçoit, en ce
moment, une grande fermentation apostolique.
Il a bien de la chance. Car, en fait de fermen-
tation, on sent surtout grouiller, en ce moment
Les sept vipères d'or des Péchés Capitaux
comme dit Samain.
Quoi qu'il en soit, cet éditorial-homélie m'a
fait trop de bien pour que je ne vous fasse
point participer, amis, aux grâces abondantes
qui y sent incluses-
« Des prêtres, donnez-nous des prêtres !
dit Franc. Douze apôtres ont converti le mon-
de. Après la Révolution dévastatrice, une
fermentation apostolique vraiment fécondante,
s'est produite en France. A la suite de la
guerre de 70-71, on a vu quelque chose de
semblable, Qu'il en soit de même aujourd'hui.
« Et ayons bon espoir. L'ensemble des cir-
constances, les prodigalité surnaturelles du r iei
envers la France au cours du siècle dernier, l'o-
racle inoubliable de Pie X, la déclaration réi-
térée faite solennellement par Benoît XV que
vraiment la France aspire à devenir une « mè-
re de saints », nous emplissent d" espérance. »
Amen.
A part cela, il semble bien qu'à aucun mo-
ment de notre hiistoire, même au 15e siècle, mê-
me sous la Régence, même som le Directoire,
le rideau moral, l'étiage spirituel de la France
et du monde n'ait été aussi bas.
La guerre, en broyant, cinq ans, les corps
dans son énorme cuve de sang et de feu, sem-
ble avoir également rendu les ames invalides.
« fe suis atteint d'âme », disait jadis Villiets.
La devise du monde serait plutôt aujourd'hui,
cofrwnse dans Gargantua : « Et tout pour
la trippe ! » Un appétit de jouissances maté-
rielles, et de tous les plaisirs qui commencent
à partir de l'arcade sourd/ière, un dédain ab-
solu de toutes choses spirituelles, englue la race
humaine.
Le clergé a renoué, comme sous la Restau-
ration, comme sous l'Ordre Moral, son pacte
avec la bourgeoisie terrienne et d'affaires.
MM. de Rénal ou de Valenod vivent encore :
ils sont du Bloc National.
Au reste, s'il vous plaît d'appeler cela une
« fermentation apostolique , je trouve le mot
plaisant. Et je vous concède même qu'il est
possible que le métier de prêtre soit devenu 'me
bonne affaire depuis-les « bonnes » élections.
FLIP.
M. Briand à Washington
Il est certain que M. Briand représen-
tera la France à la conférence de Washing-
ton. Il s'y rendra non pas à bord d'un
cuirassé, comme on l'avait dit, mais il
prendra place sur un transatlantique, à
l'aller comme au retour.
Il est probable que M. Briand ne séjour-
nera qu'une quinzaine de jours à Washing-
ton. Il sera remplacé,, à la tête de la délé-
gation française, par une personnalité qui
sera désignée à un prochain conseil des mi-
nistres. Le nom de M. Viviani a été pro-
noncé.
M. Millerand à Paris
M. Millerand, président de la République,
a quitté l'Elysée, hier, à midi 10, pour le
château de Rambouillet.
Le président de la République rentrera
définitivement à Paris vers la fin de la se-
maine.
Le - recrutement
des sous-préfets
M. Pierre Marraud, ministre de l'inté-
rieur, a fait approuver par le conseil des
ministres les grandes lignes d'un projet
sur le recrutement et J avancement des
sous-préfet.
Le but de la mesure envisagée etit d'édic-
ter, en la matière, des règles précises, sauf
en ce qui concerne les prefets, qui restent
en dehors de toute réglementation. Agf_nts
directs du gouvernement, leur avancement
doit rester fonction de la volonté des gou-
vernants, qui, seuls, ont qualité pour ap-
précier.
Il n'en est pas de même en ce qui con-
cerne les sous-préfets. On ne pouvait éta-
blir pour ces fonctionnaires un tableau
d'avancement, comme dans les autres ad-
ministrations. Aussi a-t-il paru nécessaire
de prendre certaines dispositions qui vi-
sent tout d'abord le recrutement. Le gou-
vernement a estimé qu'il y aurait lieu
d'exiger, désormais, des conditions d'âge
minimum et maximum; un diplôme, ta
licence en droit, par exemple, ou son équi-
valent; enfin, une collaboration antérieure
comme chef de cabinet dans l'administra-
tion. Pour l'avancement, on imposerait un
minimum de trois années de présence dans
chacune des trois classes, ce qui, en aucu-
ne manière, ne retarderait les carrières, le
plus privilégié pouvant ainsi, en une di-
zaine d'années; arriver à une préfecture.
Enfin, le projet du ministre de l'inté-
rieur envisage également la question du
détachement des fonctionnaires, avec son
autorisation, dans les cabinets de minis-
tres.
M. Marraud à voulu encourager ceux
qui sont pour les ministres d'excellents
auxiliaires; il a proposé que le temps pas-
sé dans les ministères leur soit compté
double pour l'ancienneté, en limitant ce-
pendant à un seul séjour cette bonifica-
tion, dans le but d'éviter que des Mus-pré-
fets ne fassent toute leur carrière dans un
cabinet de ministre.
La réforme administrative
Il n'y a dans ce projet aucune contra-
diction avec celui sur la réforme adminis-
trative, en voie d'élaboration., En effet,
dans l'hypothèse où les sous-préfets se-
raient supprimés par le vote de ce der-
nier @ projet, les conditions de recrutement
et d'avancement se trouveraient ainsi tou-
les établies pour les secrétaires généraux.
Il ne s'agit, actuellement, que de nettre
de l'ordre dans l'administration. .,
Quant au dépôt du projet sur la réfor-
me administrative, il sera èffectué par te
ministre de l'iptweur dès la, rentrée du
Parlement.
; T■ /
Les accords de Wiesbaden
UN EXPOSE DE M. LOUCHEUR
M. Loucheur a fourni hier à la commis-
sion des réparations les explications sur
les accords de WiesbâSen qu'il avait déjà
données à la commission des finances.
Ces aocords sont relatifs aux réparations
èn nature. L'Allemagne fournira des ma-
tériaux ; mais les sinistrés conservent la
liberté d'accepter ou de refuser le bénéfice
de ce système.
Les matériaux seront livrables à Saint-
Quentin. Le prix en sera déterminé par
une commission, composée d'un Français,
d'un Allemand et sd un délégué, désigné
par le président de la Confédération hel-
vétique et qui aura, pour rôle de départa-
ger les représentants de la France et da
l'Allemagne en cas de désaccord. La valeur
des matériaux fournis sera inscrite au
compte des réparations de la France.
M. Loucheur a indiqué que l'accord se*
rait ratifié dans les premiers jours d'oc-
tobré par le gouvernement allemand et
Qu'il pourrait entrer en vigueur au début
du mois de novembre.
Les explications du ministre des régions
libérées ont été très favorablement accueil-
lies par la commission.
LA POLITIQUE ÈTRANGERE
La rentrée du Reichstag
1
Le Reichstag vient, pour quelques jours, de
reprendre ses travaux- Il ne s'agit d ailleurs
que d' une session préparatoire, où seront seu-
les discutées quelques interpellations. L exa-
men des projets financiers du gouvernement
n'aura lieu, en effet, qu'après la rentrée véri-
table, fix au 26 octobre. Samedi, pourtant,
le chancelier Wirth prononcera, à ce qu' on
assure, une sorte de discours programme. Nous
attendons naturellement son exposé avec curio-
sité.
M. Wirth pourra au reste se présenter de-
vant le Reichstag avec confiance. Non seule-
ment ses adversaires ont depuis quelques jours
mis une sourdine aux attaques qu'ils dirigent
contre lui, mais encore le chancelier vient, en
une semaine, de remporter deux succès très
nets. D' abord, il a réussi à conclure avec le
nouveau Président du Conseil bavarois cet ac-
cord' qu'avait repoussé M. von Kahr.
Sans doute Berlin consent bien des conces-
s ions à Munich. M. Wirth laisse à M. de
Lerchenfeld un nouveau délai pour supprimer
l'état de siège et il est entendu que le gouver-
nement bavarois se chargera lui-même d'inter-
dire les journaux dont la publication serait une
menace pour le maintien de l'ordre. Mais en-
fin, si nous allons au fond des choses, l' arri-
vée au pouvoir à Munich d'un homme comme
le nouveau Premier, bien plus Allemand que
Bavarois, fortifie la position du chancelier' puis-
qu'elle met fin au conflit permanent qui, de-
puis six mois, avait rendu d'e plus en plus dif-
ficile les rapports entre le Reich et la Ba-
vière.
A l'extérieur. voici que les - Alliés annon-
cent la levée des sanctions économiques. Natu-
rellement, et comme on le verra d'autie part,
nous avons exigé de T Allemagne de sérieu-
ses garanties contre le « protectionnisme »
prohibitif, qui aboutissait à rendre impossible
toute entrée de marchandises étrangères et spé..
dalement françaises, aussi bien en Rhénanie
que dans le reste du Reich- (La baisse du
mark, dent la valeur, hier' atteignait tout juste
onze centimes, suffira bien d'ailleurs à entra-
ver le développement de nos exportations chez
nos voisins de 1 Est.) Sans aucun doute les ad-
versaires nationalistes du Chancelier qui, depuis
deux mois, lui reprochaient si vivement de n' a-
voir même pas obtenu la suppression des sanc-
tions économiques, vont, désormais, insister
seulement sur l'humiliation que constitue pour
1 Allemagne l'institution d'un organisme inter-
allié destiné a surveiller l'administration doua-
nière du Reich. Mais enfin là majorité du
Reichètag sera, à coup sûr, moins injuste, et
le prestige eu Chancelier, un peu affaibli de-
puis quelque temps, retrouvera son lustre.
Par conséquent, malgré les décisions de
Gœrlitz et les intrigues de M. Stresemann, qui
tente maintenant de se réconcilier avec M.
Wirth, la situation du gouvernement allemand,
au moment ou rentre le Parlement, est infini-
ment plus solide qu' aucun de ses amis n' eût
osé l'espérer au début de l'été. Le chancelier,
déjà estimé comme orateur, s' est révélé
bon manœuvrier et habile tacticien. Mais en
dépit des succès remportés, M. Wirth ne se
fait pas illusion, sam coûte, sur les cifficul-
tés die sa tâche. Les accords de Wiesbaden al-
légeront un jour assez prochain les charges fi-
nancières de l'Allemagne, mais, en attendant
qu'ils soient enfin appliqués, le Reich devraf
trouver, dès novembre, des ressources impor-
tantes pour faire honneur à ses échéances, Com-
ment se les procurer? Taxes socialistes ? Expé-
dients capitalistes? M. Wirth aura quelque pei-
ne à réunir autour d'un programme commun
ses amis anciens et nouveaux, Wels et Ste-
gerwald. C'est surtout quand il s'agit de fi-
nances et d'impôts qu'il existe deux Allema-
gnes: l' une rouge, l'autre blanche.
Entre les deux, un gouvernement pourra-t-il
longtemps louvoyer ?
Q 1
LES ALLIÉS ET L'ALLEMAGNE
Les sanctions écon omiques
seront levées le Ier Octobre
«
Les Alliés surveillent la --- délivrance des licences d'exportation
Hier, M. Briand a fait savoir au docteur
Mayer, ambassadeur d'Allemagne, qu'en
exécution des décisions du 13 août, les
sanctions économiques (c'est-à-dire surtout
l'établissement d'une 'barrière douanière en-
tre la Rlvenâme 't le reste du Reich), éta-
blies le 7 mars dernier, seraient levées à
la date du lfr octobre, le gouvernement
de Berlin ayant accepté toutes les condi-
tJOt. que nous avons posées au préala-
bie.
C'est là le résultat d'une longue négocia-
tion qu'il importe de résumer :
On sait que l'Allemagne, en dépit du
traité de Versailles, a cependant institué
un système d'interdictions d'entrée et de
sortie, tempéré par des dérogations ou li-
cences, dont l'octroi c-st organisé de telle
sorte qu'il lèse gravement les intérêts de
plusieurs pays alliés et notamment de la
France. Nu-s' commerçants n'ont pas cessé
de signaler qu'un grand nombre de -leurs
produits étaient écartés du marché alle-
mand par une réglementation prohibitive
alors que l'importation de ces mêmes pro-
duits était autorisée quand elle provenait
d'autres pays.
La Conférence des ambassadeurs, saisie
de nos réclamations, fit au cours de l'année
19"20, auprès du gouvernement allemand,
deux démarches successives qui n'entraî-
nèrent d'ailleurs aucun résultat pratique.
La résolution du 13 août
La question fut enfin portée devant !e
dernier Conseil suprême, qui décida de
mettre un terme à cette violation répétée,
du traité de Versailles en subordonnant
la levée, des sanctions économiques à des
mesures appropriées. Les Alliés ont pré-
cisé ces mesures dans la résolution du 13
août, dont, voici la partie essentielle :
« Cette décision (la suppression des sanc-
tions économiques instituées ie 7 mars
1921) est toutefois subordonnée aux condi-
tions suivantes qui doivent être préalable-
ment acceptées par le gouvernement alle-
mand' : a) constitution d'un organisme in-
terallié qui collaborera avec les autorités
allemandes compétentes à l'examen et à la
délivrance des licences d'importation ft
d'exportation des marchandises à destina.
tion ou en provenance de firmes situées
ou établies dans les territoires occupés tels
qu'ils sont définis par le traité de paix
[oftetiormement du système allemand t'n pas
pour effet d'établir, des discriminations con-
traires aux dispositions des articles 264 à
267 du traité de paix,, en ce qui concerne
les territoires- occupés. '))
Les résistances du gouvernement
allemand
Le gouvernement allemand s'efforça aus-
sitôt d'éluder cette décision en en discu-
tant les termes. Dans sa note du 26 août.
il se déclara d'accord avec la création de
l'organisme précité, mais en entourant son
acceptation de réserves telles qu'eues équi-
valaient à un' refus. Puis, dans des con-
versations '.¡jb$équentèS, il précisa son
dessein, en prétendant que la surveillance
exercé'e par l'organisme interallié avant la
délivrance des licences par les autorités
allemandes compétentes porterait atteinte
à la souveraineté allemande. et en assu-
rant que ies constatations faites après cette
délivrance suffiraient à renseigner !es AI-
liés.
Le gouvernement français s'est élevé
aussitôt contre une telle interprétation de
là résolution du 13 iiDût. Elle était eon-"
traire an texte même de cette résolution
qui, en stipulant que l'organisme interallié
« collaborera avec les autorités allemandes
compétentes à l'examen et à la délivrance
des licences », précise que cette collabo-
ration doit s'exercer avant la délivrance
des licences. L'interprétation allemande
n'était pas moins contraire à l'esprit de la
résolution du 18 août, puisque celle-ci a
pour but de mettre fin aux discriminations
étabjjes par les autorités allemandes a*
détriment des Alliés, et spécialement de v
France.
Le Reich s'incline
Le- gouvernement allemand cherchait à
trouver un appui auprès de nos alliés et
spécialement des Anglais, Mais ceux-ci.
après un échange de. vues, ont reconnu le
bin-fondé - de ila thèse. française.
Dès que le gouvernement allemand eut
constaté cet accord, il s'inclina et accepta
explicitement, à la.date du 22 septembre,
les conditions posées par la résolution du
13 août. ainsi que l'interprétation qui en
était faite par les Alliés.
En même temps était acceptée la réu-
nion des experts alliés avec des délégués
du gouvernement allemand, également pré-
vus par la résolution du 13 août. C'est à
ces experts qu'il appartiendra d'organiser
le fonctionnement du comité de surveillan-
ce, de telle sorte que, si une discrimination
était constatée, ies gouvernements alliés
aient le moyen (fy mettre obstacle.
Pour les condamnés
militaires
UNE INTERVENTION DE LA LIGUE
DES DROITS DE L'HOMME
On sait que par suit^de la pénurie des
transports, un certain: rjoèfe de militai-
res condamnés aux travaux forcés pendant
!a guerre ont accompli 'en France le'prin-
cipal de leur eûndamftattoft. La peine ac-
cessoire de la résidence obligatoire aux co-
lonies leur reste donc seule applicable.
En. raison de l'extrême sévérité des sen-
tences des conseils de guerre, la Ligue des
Drcits de l'Homme vient de demander -que
ces condamnés soient dispensés de la rési-
dence aux colonies. -
La Ligue des Droits de l'Homme, écrit
M. Ferdinand Buisson, pense trouver, au-
près des pouvoirs publics, « un écho à
la pensée qui 1a. guide de réparer, dans la
mesure du possible, l'excessive rigueur du
code de justice militaire, l'insuffisance, trop
souvent démontrée, des moyens d'infor-
mation dont cette juridiction disposait pen-
dant la guerre, et remploi fréquent d'une
décimation qui a faussé ses sentences, per-
mis de frapper les uns et d'épargner les
autres. »
c
Un grand congrès
de mutilés
La Ve Conférence interalliée
des invalides de la guerre
Hier matin s'est ouvert, 102, rue du Bac,
à l'hôtel du Comité permanent interallié,
le Congrès de l'Union interalliée des inva-
lides de la guerre, que présidait le ministre
des pensions.
Ce congrès durera jusqu'au 2 octobre.
En plus des séances de travail, les con-
gressistes feront un certain nombre d'ex.
cursiohs dans les vallées du Parisis, en
Touraine et au front..
Le congrès groupe les grandes fédéra-
tions et associations des mutilés de tous
les pays alliés: Il doit, cette année, mettre
au point les grands problèmes encore en
suspens, notamment celui qui concerne le
régime des pensions.
- Le programme à l'ordre du jour des
commissions, nous déclare-t-on, a été divisé
en trois chamilres principaux. -
te Le premier concerne les mutilés de la
face, gazés, grands invalides du système
nerveux central et tuberculeux de guerre.
Le second discutera surtout du problème
de l'émigration, en ce qui concerne Ses in-
valides.
cc Le. troisième s'occupera des appareils
orthopédiques et de la rééducation profes-
sionnelle.
« C'est à peu près le programme du der-
nier congrès qui s'était tenu, l'an passé,
à Bruxelles. Cela prouve, certes, que les
invalides de gnerre sont loin encore d'avoir
leur statut définitif. Au reste, à côté des
grands congrès annuels subsiste un orga-
nisme d'études permanent qui est comme le
Ministère interallié des mutilés.
« ,C'est le Comité permanent interallié,
composé des délégués officiels de tous les
pays qui ont fait la guerre à nos côtés. H
est issu de la « Conférence interalliée pour
la rééducation, professionnelle », qui s'est
réunie à Paris, en mai' 1917,' sous l'initia-
tive des gouvernements belge, anglais et
français.
« Le Comité permanent, dont le président
est M. Brunet, président de la Chambre
des représentants de Belgique, et le vice-
président M. Teutsch, avocat à la cour, a
également fondé, rue du Bac, l'Institut in-
terallié d'études et de documentation, que
dirige-le docteur Lissonde, la Revue Inter-
alliée, 'et, à Bruxelles, l'Institut technique
et scientifique de prothèse et d'appareillage,
que dirige le docteur Martin. »
Le cinquième congrès aura surtout à re-
mettre au point l'irritante question des pen-
sions et insistera pour un remaniement de
la législation dans un sens plus conforme
aux intérêts et aux besoins des invalides
de la guerre. - H. V1DELLY.
Un formidable Incondie,
Les nouveaux magasins
du "Printemps" sont détruits
par le sinistre
Un vaste incendie a détruit hier les nou-
veaux magasins du Printemps, situés entre
le boulevard Haussmann, la rue Caumar-
tin et la rue du Havre.
Le rôle que les grands magasins jouent
dans une capitale moderne, la situation
centrale'des bâtiments'sinistrés, l'ampleur
même de la catastrophe expliquent le re-
tentissement qu'eut dans tout Paris ce dou-
loureux fait divers et 1 affluence intarissa-
ble de spectateurs qui, toute la journée,
stationna aux abords ciu lieu où sévissait
le formidable incendie.
Les circonstances dans lesquelles Je si-
nistré a pris naissance, d'après les décla-
rations même de M. Laguionie, directeur
du Printemps, sont encore mal connues.
La thèse qui semble devoir être admise est
celle d'un court-circuit qui se serait déclaré
aux étages supérieurs, vraisemblablement
au quatrième, et qui, par lee ascen-
seurs., formant cheminée, se serait com-
muniqué au sous-sol d'où il aurait gagné le
reste du bâtiment.
La lutte contre les flammes
L'incendie s'est déclaré entre 7 heures et
7 h. 15 ; à 7 h. 30, il gagna le 4e étage, où
il trouva un élément favorable dans les
linoléums, tapis et meubles. Les ascenseurs
cédèrent.. Par les cages, le feu se commu-
niqua, vers, 8 heures, au sous-sol ., ÓtI pom-
pier reçut une glace sur la lête et fut légè-
rement blessé.
A 8 h. 50. le feu atteignit le rez-de-chaus-
sée et le second étage (le plafond en ciment
armé avait opposé pendant une heure une
barrière efficace au 1 sinistre).
A 9 heures, toute la partie centrale face
au boulevard Haussmann s'effondra.- Les
fermes qui soutenaient les toits-tQmbèrent.
A 11 heures, le feu est ciroopscrit, mais
on prévoit qu'il durera toute Ja journée et
une partie de la nuit. A 11 h. 15, la cou-
pole qui est située à l'angle du boulevard
Haussmann et de la rue Caumartin s'est
effondrée. On ne signale aucun accident de
personne. On dément le bruit suivant le-
quel 12 pompiers seraient tombés dans la
fournaise.
A 11 h. 30, le' cblonel des pompiers ren-
tre à l'état-major, mais le préfet reste en-
core sur Ses lieux.
Vers midi 30, les pompiers étaient-à peu
près maîtres du sinistre. Les immeubles *
anciens du Printemps étaient défmiiivemer
préservés.
A j'jssue du consei: des minis!re&. M.
Marraud se rendait sur les lieux et faisait
le-tourdu bâtiment en feu avec M, Leuîlier
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