Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-09-24
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 septembre 1921 24 septembre 1921
Description : 1921/09/24 (N18551). 1921/09/24 (N18551).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75530584
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
3 Vendémiaire, An 130. — N° 18551. Le numéro : QUINZE CENTIMES Samedi 24 Septembre 1921. - Ne 18551.
FOMtfafeMfW (1869" f
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un an Six mois 1'rGIS.o18
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » 29 » 10 »
FRANCE & COLONIE.. 41 » 22 » 11 »
ETRANGER. 49 » 25 It 13 »
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OPINIONS 1
L'impuissance de l'Etat
Jamais n' aura été mieux démontrée l'im-
puissance de l'Etat, dans le régime actuel,
à résoudre les conflits économiques.
Voilà une grève, où tous ceux que n' a-
veugle pas un répugnant égoïsme s' accor-
dent à donner raison aux grévistes. Notre
confrère Bailby a dit là-dessus au public
parisien, dans la tribune retentissante de
son journal, des choses excellentes. Le gou-
vernement, Daniel-Vincent et le président
du Conseil sont animés des meilleures in-
tentions. Les confidences aux joumaux du
citoyen Lauridan, communiste notoire, qui,
avec beaucoup de raison, d'ailleurs, s'était
joint à Jouhaux pour cet appel au pouvoir
et cette humble besogne de collaboration
nous indiquent bien quel fut le sens des
paroles si graves de Briand.
Et pourtant, jusqu'ici, rien ! Et le gou-
vernement, désarmé, assure qu'il est im-
puissant à faire fléchir une intransigeance
patronale qu'il estime, lui-même, contraire
à l'ordre public autant qu'à la justice !
Situation tragique et qui devrait ouvrir
bien des yeux.
Partisans de l'ordre, qui portez jusqu'à
la superstition le respect de l'ordre, et le
préférez même aux transformations fécon-
des, ne voyez-vous pas ce qu'une telle im-
puissance a de mortel pour l'évolution rai-
scnnée que vous souhaitez, et que je souhai-
te avec vous, si elle est possible ? Si, de-
main, ces foules affamées et exaspérées se
livraient à des désordres, si elles se heur-
taient à ces troupes avec lesquelles, par
un illogisme qui est au fond du régime so-
cial lui-même, le gouvernement protège la
propriété de ceux qui menacent la société
par leur égoïsme de classe, si, demain, il
arrivait cette chose affreuse que ces chars
d'assaut, instruments de la victoire, écrasent
une foule française qui, pendant quatre
ans, déploya son hércïsme sous la domi-
nation de l'ennemi, ne croyez-vous pas que
les vrais responsables ne seraient pas ceux
dont l' acte immédiat aurait provoqué le dé-
sordre ? Ce seraient ceux dont l'obstination
- à baisser les salaires, alors que la vie ne
baisse pas, maintient, contre le gouverne-
ment, contre l' opinion, contre le bon sens,
contre la justice, dans toute une région de
la France qui a le plus besoin de l'inten-
sité de son travail, le chômage, la grève,
la faim et leur cortège habituel de menaces.
Est-il possible que les règles ordinaires
du droit privé ne soient pas suspendues,
quand, enfermé dans son usine vide, com-
me dans une citadelle, un patronat de droit
divin — que M. Noblemaire, catholique
social et cœur généreux, mais inconséquent,
nous avait pourtant dit ne plus exister —
menace l'ordre public ? Est-il possible
que, argument suprême, commandé par la
guerre sociale, comme il l'était par la guer-
re extérieure, le droit de réquisition ne
joue pas contre ceux qui refusent de se
soumettre même à ce pauvre arbitrage du
juge de paix, derrière lequel la puissance
dérisoire de l'Etat actuel abrite son' im-
puissance ?
C'est pourquoi, d'ailleurs, et c'est l'au-
tre face du problème tragique posé de
nouveau devant nous par les grèves du
Nord, je n' ai jamais compris cette défiance
de l'Etat et de son arbitrage possible qui
règne encore dans toute une partie de la
classe ouvrière. En régime capitaliste, et
tant qu'il y aura le travail d' un côté et le
capital de l' autre, je ne vois que l'Etat qui
puisse faire fléchir un capital, auquel ses
réserves donnent le moyen d'attendre, calcul
atroce, ou la capitulation des estomacs vi-
des, ou le geste de colère qui rompra l'équi-
libre au détriment des grévistes, et fera
intervenir la troupe pour réprimer le dé-
sordre.
On redoute l'Etat? Mais il est, en dé-
mocratie, ce que le fait la force politique-
ment organisée du prolétariat. En fait,
chaque fois que la politique a été à gau-
che, résolument à gauche, la force de l'Etat,
dans les grèves, a joué pour les grévistes.
Un Etat définitivement armé pour résoudre
ces conflits sociaux, inséparables du régi-
me social actuel, et animé lui-même par
la force politique croissante du prolétariat,
m'a toujours paru l'évolution normale de
la démocratie, son élargissement en une dé-
mocratie sociale, qui, avec le développe-
ment du capitalisme d'Etat, composent les
deux traits d' une période par laquelle les
déceptions du bolchevisme autant que les
angoisses de notre propre situation nous
confirment que, bon gré mal gré, il faudra
bien passer, si on veut continuer de vivre et
améliorer la vie.
J. PAUL-BONCOUR.
Le Budget de 1922
Au cours d'une séance du matin, la com-
mission des finances, réunie sous la pré-
sidence de M. Maurice Maunoury, a ter-
miné l'examen du budget du ministère des
finances.
Le rapporteur a obtenu une augmenta-
Lion de 340 millions de francs pour les
intérêts des bons de la Défense nationale,
en raison des modifications du change sur-
venues depuis le dernier budget.
Hier après-midi elle a adopté le rapport
de M .Archimhaud sur la liquidation des
stocks.
La réduction des effectifs
Venant à l'examen des chapitres relatifs
à l'entretien de l'armée du Levant, la com-
mission des finances a constaté avec satis-
faction que le gouvernement ramène à
35.000 hommes pour 1922 l'effectif fixé pour
1921 à 77.713 hommes.
Elle a commencé l'examen du budget des
affaires étrangères.
La wmmission, à l'occasion du budget
des chemins de fer d'Alsace, a manifesté
l'intention d'assimiler ce réseau à ceux de
l'intérieur.
C'est ainsi qu'elle a décidé de demander
l'application immédiate du « barème Tis-
sier » aux cheminots d'Alsace et de Lor-
raine.
Edle a. en outre approuvé une proposition
de M. Doumer, tendant à appliquer aux
réseaux alsaciens et lorrains la convention
nouvelle que le Sénat a déjà votée et que
la Chambre aura à examiner dès sa ren-
trée. Il paraît, en effet, que sur le milliard
d'économie que le Trésor doit réaliser avec
ladite convention, les chemins de fer d'Al-
sace et de Lorraine comptent pour plus de
200 millions.
LIRE EN TROISIEME PAGE :
PANDOBA
Nouvelle inédite de Gérard de Nerval
ÉDITORIAL
En attendant la prochaine
Le gouvernement français ayant déplacé
quelques-uns bataillons qui montent
sur le Rhin une garde vigilante, un frisson
d'épouvante a passé sur la presse nationa-
liste. Nos super-patriotes voient déjà la
frontière ouverte, l'attaque brusquée et les
Allemands à Afincyl
MM. Maurras, Lefèvre, Lysis, et surtout
leurs lecteurs, me sauront sans doute gré de
calmer ces patriotiques angoisses. La simple
énumération des forces dont dispose la dé-
fense nationale suffit à démontrer que la
France peut dormir tranquille. Pour une
jois, nos ministres de la guerre ont raison
quand ils répètent, après tous leurs prédé-
cesseurs, que l'armée française est la meil-
leurs du monde.
On pourrait même dire qu'ils ont trop
raison en matière d'armements le mieux est
parfais l'ennemi du bien!
Nous avons sous les armes 769.000 hom-
mes de troupe. C'est coquet! Et ce n'est
que l'armée activel Ajoutez-y les réserves,
dont l'emploi est soigneusement prévu et
qui, Dieu merci ! ont subi, de 1914 à 1919,
un entraînement intensif. Voilà, j'imagine,
ans « gendarmerie » qui n'a rien à envier
aux Orgesch dont on nous menace.
Sans doute, ces troupes sont éparpillées
SW quatre continents : il y' a, en partiCulier,
pris de cent mille hommes au Maroc et
cinquante mille en Syrie. Mais il reste en-
core 550.000 hommes en France ou en
Rhénanie. Et des canons en suffisance ! Et
des tanks à foison! Allonsl Allons! Ce
n'est pas encore pour demain que Noyon
everra les casques à pointe !
Il y a quelque chose de comique — et de
profondément triste! — dans ces terreurs
bayantes de nos a bons Français ». La
nation qui possède l'armée la plus forte de
l' Europe, une armée formidable par com-
paraison aux effectifs réduits de ses voisins,
une armée équipée, outillée, sous pression
et, il faut bien le dire, victorieuse, cette
nation vivrait dans la crainte et le tremble-
ment ? Quelques visionnaires suffiraient à
troubler la solide quiétude qu'inspire la Vue
préçise des réalités? Ce serait à douter du
bon sens français!
M. Barthou se prépare, dit-on, à ren-
voyer dans ses foyers le plus ancien contin-
gent, soit 67.000 hommes. J'entends d'ici
les cris d'orfraie de nos Cassandres nationa-
listes ! Du calme, Messieurs! Il nous res-
tera encore assez de soldats pour faire, ce
qu'à Dieu ne plaise! le tour de l'Europe,
quand nous voudrons, comme nous vou-
drons.
Et c'est précisément ce fait — car c'est
un fait! — qui rend la France assez sus-
pecte aux yeux des Etats qui ne peuvent
s'offrir le luxe d'entretenir sous les dra-
peaux quelque 700.000 soldats de toutes
couleurs. Des soldats, nous en avons assez
pour attaquer, le cas échéant, et peut-être
un peu trop s'il s'agit simplement de nous
défendre.
Il est beau J'affirmer dans des discours
solennels la volonté pacifique de la France.
Tous nos voisins. applaudissent de bon
cœur; mais ils louchent du coté de notre.
armée active et se demandent à quoi elle
emploiera, demain, son activité.
A faire payer l'Allemagne ? D'accord !
Mais 700.000 fusils ! Il y a de quoi faire
payer l' Europe entière, nos ennemis, les
neutres et nos anciens alliés par-dessus le
marché!
MAURICE CHARNY.
En passant
Ballade des Gens d'Honneur
(Sur l'air de Fualdès)
Braves mousquetaires, — Bayards pour bars
et pour dames, — vous pouvez passer vos
lames au papier de verre !
Convoquer, comme jadis, — reporters et
photographes, — et vider maintes carafes —
en chantant de profundis.
Beaux seigneurs, en vérité, le duel est res-
suscité.
Hier matin au Parc des Princes, — deux
gentlemen courroucés, — se sont proprement
percés — de coups qui n'étaient pas minces.
Doncques, ceux qui n'eurent poirrl l'heur —
de s'illustrer durant la guerre — vont être,
enfin, à leur affaire — et redevenir « gens
d'honneur ».
Beaux seigneurs, en vérité, le duel est res-
suscité.
Et nous revetrons, — faisant sonner les ta-
lons : — Rabatteurs de cercles louches,—
bookmakers, — amants de cœur, — de dames
pas trop farouches, — qui nous cèdent du
bon heur, - et dss ihérceùax d'elles-rrîêmes,
— ô Leallier, sans ton barème.
Par les petits matins secs — comme un coup
de pistolet — nous reoerrons freluquets, -
maris trompés, — serrant le bec,
S'offrir (médecin compris, — déjeuners fins
et taxis, — et notul es aux gazettes, ) — le
droit de porter la tête, — « OiS sublime », dit
le poète, — aussi haut qu'un Saint-Ciboire.
Enfin. C'est la gloire, — la gloire du
Boulevard, — bon article de bazar. — 0 mon
pauvre gas qui dors, — là-bas, sous la terre
noire, — dans des millions de morts, com-
ment trouves-tu l'histoire?
Beaux seigneurs, en vérité, le duel est res-
suscité.
FLIP.
Le Conseil général du Gers
se prononce
pour le Bloc des Gauches
Le Conseil général du Gers a adopté, par
20 voix contre une abstention, une motion
présentée par les membres des gauches,
approuvant la politique extérieure du gou-
vernement, mais réclamant une politique
intérieure, basée très nettement sur les
principes essentiels de l'union des gauches,
et tendant â la rS!llisatiún de/profondes Ye-'.
formes fiscales et sociales exigées par la
démocratie
Une incursion des Maures
à Melilla
Oran, 23 septembre. — On mande de
Berkane que les indigènes revenant de 12.
zone voisine des opérations disent que,
pendant que les Espagnols occupaient Na-
dor, un fort parti de Riffaiiis est arrivé
jusqi-il Souk el Had et s'est introduit dans
le quartier indigène de Melilla, où il s'est
mis à piller les boutiques.
L'avance des troupes espagnoles à Souk
el Arba et Nador a entraîné aa soumission
de la plupart des Kebdana; le bombarde-
ment par avions .a impressionné les rebel-
les qui résistent toutefois avec acharne-
ment.
ENCORE UN ACCIDENT D'AVIATION
I g »
Mort de l'aviateur
DE ROMANET
Nos lecteurs n'ont pas oublié l'enquête
récente que nous consacrions aux accidents
d'aviation.
Nous ne doutions pas, hélas ! que 3a mort
tragique de l'aviateur de Romanet viendrait
illustrer d'une, tache sanglante le sérieux
avertissement que nous lancions à l'opi-
nion, aux pouvoirs publics et aux grandes
sociétés aériennes.
Le lieutenant-aviateur de Romanet s'est
tué hier matin à l'aérodrome de Villesau-
vage, près d'Etampes. C'est un deuil cruel
pour l'aviation française, qui perd en lui
un de ses meilleurs pilotes.
L'accident
C'est en plein vol, au cours de l'essai
d'un appareil, que l'aviateur de Romanet
s'est tué; Engagé dans la. Coupe Deutsch
(de la Meurthe), dont les éliminatoires se-
ront disputées mercredi prochain, le célèbre
pilote s'entraînait hier matin sur le terrain
même de l'épreuve. Il volait à une vitesse
d'environ 300 kilomètres à l'heure, à une
altitude de 200 mètres, quand sa ohnte se
produisit. Une information de. la préfecture
de Séihe-et-Oise à l'Aéro-Club de France
signale que la cause initiale de l'accident
serait une déchirure dans l'entoilage d'une
aile de l'appareil. Cette aile cédant, l'avion
est tombé comme une pierre.
M. Guggenheim, ancien pilote de guerre
et' délégué de l'Aéro-Club de France à
Eiampes pour l'organisation de la prochai-
ne Coupe Deutsch (de la Meurthe), a con-
firmé les renseignements fournis par la
préfecture de Seine-et-Oise.
L'appareil sur lequel volait l'aviateur de
Romanet, et qui avait été conçu par l'ingé-
nieur belge de Monge, était primitivement
un biplan qui, par le démontage des ailes
inférieures, était transformable en mono-
plan. Les premiers essais de l'avion équipé
en biplan, effectués ces jours derniers à
Etampes, n'ayant pas donné satisfaction,
des transformations furent faites en vue
des éliminatoires françaises de la Coupe
Deutsch (de la Meurthe). C'est en essayant
l'appareil ainsi transformé' que de Romanet
a trouvé la mort.
La carrière de l'aviateur
Le lieutenant Bernard Darny de Roma-
ne!, né le 28 janvier 1891, était un de'nos
pilotes militaires dont la bravoure et la
grande habileté étaient réputées. Engage
volontaire en 1912 dans la cavalerie, le lieu-
tenant de Romanet était âgé de 2J ans et
il comptait 9 ans de services. x
Il a conquis sur le champ de bataille
tous ses grades. Ses faits de guerre lui ont
valu de nombreuses distinctions. Il était
officier de la Légion d'honneur, dêcc..tfê
la médaille militaire avec treize citations,
et sa. Croix de guerre portait dix palmes.
Depuis la guerre, au point de vue spor-
tif, de Romanet a accompli trois fois le
parcours Paris-Madrid, dont, une fois d'une
seule traite en 8 heures de vol. Au mee-
ting de Monaco, en 1920, il gagna le prix
de vitesse Guynemer pour hydravions, con-
tre l'Italien Janello. Qualifié en 1920 dans
la Coupe Gordon-Bennett, il fut classé se-
cond de l'épreuve internationale, couvrant
les 300 kilomètres en 1 heure 39 minutes.
Dans ses records de vitesse, de Romanet
— sur base fixes — avait atteint le 4 no-
vembre 1920 la vitesse de 309 kil. 12 m. à
l'heure.
LA POLITIQUE ETRANGERE :\
+ m* * «— »
*
La Hongrie et la Société des Nations
L' admision de la Hongrie à la Société des
nations semblait, jusqu'à ces dernières semai-
nes, ne rencontrer aucune opposition sérieuse.
Les événements ce Hongrie occidentale ont
changé la face des choses. Les représentants
de la Petite Entente ont fait, à cet égard, des
déclarations fort nettes et de vives discussions
sont à prévoir au sein de l'Assemblée ce Ge-
nève entre les partisans de l' admission de la
Hongrie et leurs adversaires.
Le rapporteur, M. Poullet (Belgique), a
annonce que les débats seraient ajournés jusqu'à
l'arrivée à Genève du comte Apponyi, délégué
ce la Hongrie auprès de la S. D. N. Il a
ajouté que, selon un rapport récent, le conflit
austro-hongrois était sur le point d'être réglé.
Il est certain que l'admission de la Hongrie,
dans les conjonctures présentes, est en fonction
de l'opinion que les membres de l'Assemblée
se seront formée des événements de Hongrie
occidentale. Aussi croyons-nous utile de re-
venir, une fois encore, sur ce problème com-
pliqué qui a déjà fait couler beaucoup d'encre.
La majeure partie des informations que nous
possédons sur ces événements proviennent,
d'une part, de Vienne et des Etats de la Pe-
tite Entente qui s' efforcent de donner tous les
torts à la Hongrie et, d' autre part, de Buda-
pest, où l'on cherche à dégager la responsa-
bilité du gouvernement hongrois. Tous ces ren-
seignements doivent être accueillis avec ré-
serve comme émanant de parties directement
intéressées. Heureusement, nous possédons
une troisième source d'informations, plus pré-
cieuse parce qu'impartiale, mais - - abon-
dante : les rapports des membres des missions
alliées en Hongrie et des personnalités neutres.
Quoi qu'on n'ait encore publié qu'une faible
partie de ces rapports (rapports des généraux
Soï100 et Ferrario), iis nous permettent une
mise au point utile. D'autre part, lord New-
ton, membre de la Chambre ces lords, a fait
tout récemment une enquête de caractère pri-
vé en Hongrie occidentale et il a déclaré que,
contrairement aux bruits répandus à rétran-
ger et surtout en Angleterre, les insurgés de
Hongrie occidentale n'étaient nullement des
bandas indisciplinées, mais des corps indigènes
composés surtout de jeunes patriotes résolus
à défendre le sol natal contre les Autrichiens.
Sa conviction est que le transfert de la Hon-
grie occidentale à l'Autriche est non seule-
ment une des plus grandes erreurs ai traité d«
Trianon, mais encore une mesure absurde dont
les conséquences seront désastreuses si les Al-
liés n'interviennent pas pour corriger, au moins
en partie, les errements des diplomates.
Bien que nous ne possédions pas de rensei-
gnements émanant de membres français de la
mission, dans les milieux diplomatiques fran-
çais on a toujours envisagé les événements de
Hongrie occidentale avec calme et il est cer-
tain que l'on n'y est pas partisan d* une solu-
tion brusquée qui ne ferait qu'envenimer le
conflit. Les renseignements reçus par M. Poul-
let, rapporteur de la demande d'admission de
la Hongrie, semblent aussi prouver que la
bonne volonté du gouvernement hongrois
d'exécuter ses obligations sont évidentes, mais
qu'il est lui-même, aux prises avec des ciffi-
cuités intérieures qui ne peuvent être vaincues
en quelques jours.
En tout cas, si l'on examine d'un peu près
la politique intérieure hongroise, il apparaît
clairement que les nouvelles de source vien-
noise voulant faire croire à une collaboration
du gouvernement hongrois avec les meneurs,
tels que M. Friedrick sont forgées de toutes
pièces, car le comte Bethlen et tout le régime
Hcrthy n'ont pas d'aaversaires plus acharnés
que M. Friedrick. 11 paraît en être de même
pour les autres noms mis en circulation par la
presse hostile à la Hongrie.
De toutes ces constations, il se dégage que
les membres de la Société des nations qui
auront à voter pour ou contre l'admission de
la Hongrie devront tenir compte des difficul-
tés écnrmes que tout gouvernement, hongrois ren-
contrera dans l'exécution db certaines stipula-
tions ou traité de Trianon. L'admission de la
Hongrie lui permettrait vraisemblablement de
surmonter plus facilement d' ailleurs ces difficul-
tés, et on se demande même si le conflit actuel ,
à propos de la Hongrie occidentale, eût pu
prendre ce caractère de gravité si la Hongrie
011t déjà compté parmi les membres de la
S. D. N.
Si l'Autriche, qui n'a pas toujours été ca-
pable de réprimer le mouvement rattachiste à
l'Allemagne — rigoureusement contraire au
traité — est membre de la S. D. N., on ne
voit pas très bien pourquoi la Hongrie, qui a
donné, par ailleurs, des preuves certaines de
sa bonne volonté à remplir ses obligations, de-
vrait être tenue à l'écart.
LE CONVENT DU GRAND-ORIENT
La Franc-Maçonnerie rentre dans l'action
Elle estime qu'il est de son devoir
de se dresser contre le '"Bloc national" -
A côté du rapport sur la revision de la
Constitution française, de l'émouvant dis-
cours prononcé à ce sujet par M. Lucien
Victor-Meunier et du voeu voté ensuite, le
Convent du Grand-Orient a pris une décision
qui doit attirer particulièrement l'attention.
Sur la proposition de M. Grandigmaux,
que l'on souhaite de divers côtes être admis
à participer à l'administration de l'Ordre,
VAssemblée a décidé de passer à une action
extérieure plus intensive, pour s'opposer
aux menées du « Bloc National ».
Sans doute l'œuvre essentielle de la Franc-
Maçonnerie est d'éducation et de perfection-
nement individuel et mutuel : mais il est
des circonstançes où, dans l'intérêt de l'idéal
poursuivi, l'action peut et doit s'extérioriser.
Nous l'avons vu dans rnaintes circonstan-
ces, en 1, en 1871, et, plus récemment,
lors des lois destinées à annuler le désas-
treux- effet de l'œuvre du cléricalisme et des
congrégations.
L'heure est revenue^ La campagne de réac-
tion entreprise, à la faveur de l'Union sa-
crée, par toutes les réactions, a porté ses
fruits. La situation est grave. La Franc-
Maçonnerie agira, ,
Non pas par une action électorale que sa
constitution lui interdit, mais par une pro-
pagande dans le pays et par l'affirmation
dans toutes, les assemblées, au Parlement
en particulier, de ses doctrines essentielle-
ment de progrès, de vérité et de justice.
La République doit être sauvée lors des
élections prochaines. Tous les démocrates
saurontsgré à la Franc-Maçonnerie d'entrer
de nouveau dans l'action pour contribuer,
par toute son influence, à rétablir les grands
principes menacés. — R.P.
; •.
DES ELECTIONS
A la séance -du, matin, le Convent du
Grand Orient a élu aux sièges vacants des
deux commissions permanentes MM. Rai-
ne, Navoizat, Blumënfeld (assistance) ; MM.
Roubion, Pesty, Macrez, Auclair, Collette
(application en dernier ressort de la consti-
tution et du règlement.
Puis un rapport a été présenté au nom
de la commission spéciale, sur le recrute-
ment de la franc-maçonnerie. Aussitôt
après l'adoption des conclusions, M. Gran-
digneaux pfôft&Wa-.uîi discours, très inté-
ressant sur l'actîôn, mâ^uiftiquê dans ses
rapports Avec le recrutement.
Le recrutement, d'après l'orateur, doit né-
cessairement comporter : valeur et qualité
et non nécessairement : quantité. Il expli-
qua que les qualités capables de faire un
bon franc-maçon ne s'acquièrent pas, mais
se perfectionnent seulement par les ensei-
gnements de l'ordre. Qu'il importe que par
l'exemple et. des actes exempts de tous re-
proches, l'Ordre et les francs-maçons atti-
rent les hommes vraiment dignes de parti-
ciper à l'effort commun.
Que, pour ce faire, la discipline des chefs
est nécessaire, le dévouement des militants
étant assuré.
L'action dans le passé
Il rappela éloquemment les actes décisifs
de la franc-maçonnerie au cours de la IIIe
République : il cita Gambatta dans sa lutte
contre la réaction et la date historique du
16 mai ;
Jules Ferry, le grand franc-maçon, dressé
avec la franc-maçonnerie tout entière con-
tre l'ordre des jésuites et la-cour romaine
menaçant, comme aujourd'hui, la liberté de
l'enseignement ;
Floquet et le boulangisme;
Brisson faisant triompher la justice et la
vérité, malgré les crimes de l'état-major et
l'opinion publique, au cours : de l'affaire
Dreyfus :
Combes, enfin, auquel il rend un respec-
tueux hommage ; fidèle et probe franc-ma.-
çon qui acheva l'œuvre de liberté préparée
par ses devanciers.
Il examina ensuite quel devait être, à
son avis, la mentalité et l'action actuelle
de la franc-maçonnerie de façon à augmen-
ter le nombre des hommes de haute valeur
faisant partie de l'Ordre.
Il rN en garde les dirigeants du Grand
Orient contre les dangereuses séductions
des hommes au pouvoir. Il indiqua com-
ment, pendant la guerre, les républicains
furent victimes de leur loyauté à respecter
l'union sacrée cyniquement violée par cer-
tains membres du. gouvernement et par
tous les réactionnaires. La déception des
francs-maçons, • héroïques défenseurs du
pays attaqué, qui, en plus des hideuses
misères qu'engendre la guerre, subirent les
brimades par-fois mortelles, des militaires
réactionnaires.
L'action dans l'avenir
Il fit appel avec chaleur a* caractère et
à la décision de tous les francs-maçons
pour, exigerde l'Ordre tout entier une re-
prise de l'action intensive et nécessaire,
étant donnée la gravité de la situation ac-
tuelle. Il rappela que la loi doit être impla-
cablement appliquée et qu'il faut que les
francs-maçons montrent à nouveau leur vi-
talité nûllr maintenir la franc-maçonnerie
au-dessus de, toute compromission et de
tout soupçon.
« Ne laissons pas le doute et la négation
de l'utilité de l'effort pénétrer dans nos
temples, s'écria l'orateur.
« Ne laissons pas douter au dehors de
la vertu et de l'honneur des hommes qui
travaillent à l'œuvre maçonnique, œuvre
de vérité, de progrès et de justice,
L'orateur, traduisant la pensée de l'as-
semblée, est l'objet d'une véritable ovation
en descendant de la tribune.
— En conclusion de ce discours, le Convent
vota la motion suivante :
L'assemblée générale ae 1921. consciente
de la gravité de la situation mondiale qui
met en péril III paix, abaisse la moraUté
pubtique et compromet jusqu'à l'existence
de l'humanité civilisée;
Flétrit et dénonce les tentatives de réac-
tion cléricales, financières et impérialistes
à nouveau dressées contre les idées de li-
berté, de progrès et de justice sociale;
Estimant que l'Ordre tout entier peut et
doit agir avec énergie contre cette régres-
sion, décide que. l'action extérieure de la
Franc-Maçonnerie doit s'intensifier en gar-
dunt la hauteur de vue et la méthode cri-
tique qui caractérise notre ordre.
L'assemblée vota ensuite ie vœu sui-
vant :
Le Convent de 1921, fidèle interprète de
l'immense majorité des toges de la Fédé-
ration, proteste à nouveau contre le main.
tien de sous-traités secrets;
Dénonce les funestes errements du guai
d'Orsay qui se complaît dans ce système;
Demande que le Parlement s'oppose
sans faiblir à la continuation de ces pra-
iiques et que soit rendue obliqatoire l'in-
tervention des étus de ta Nation dans tous
les traités.
Le Convent entendit ensuite un rapport
sur l'Orphelinat maçonnique où sont édu-
qués 50 enfants.
Le Convent a décidé de faire parvenir
aux affamés russes une somme de 500 fr.
qui s'ajoutera aux nombreux versements
faits déjà par les Loges.
Il a nommé secrétaire générai perma-
nent du Grand Orient M. Aries, chef actuel
des bureaux du secrétariat et professeur
en retraite.
Aujourd'hui, dernières séances et dis-
cours de clôture par le lieutenant-colonel
Métois.
La réforme de l'enseignement
secondaire et les écoles
primaires supérieures
On nous communique ta résolution sui-
vante, dont nous retenons particulièrement
le passage relatif à la, nécessité d'une réor-
ganisation complète de notre système d'en-
seignement. Quant à la façon dont doit
s'opérer cette réorganisation et aux rap-
ports de l'enseignement primaire et supé-
rieur et de l'enseignement technique, nous
renvoyons nos lecteurs aux articles que
nous avons déjà publiés sur la question et
à ceux, en cours de publication, des Compa-
gnons sur le même sujet.
« Le personnel des directeurs et profes-
seurs des écoles primaires supérieures pro-
fessionnelles de France et des colonies,
réuni en congrès extraordinaire à Paris ie
16 septembre, après avoir entendu le rap-
port de leurs délégués au Conseil supérieur
sur la réforme de l'enseignement secon-
daire :
« 1° Considérant :
Il Que le projet ministériel parait être la
préface d'une réforme générale de l'Univer-
sité en ce qui concerne l'enseignement du
deuxième degré, c'est-à-dire l'éducation des
adolescents entre l'enseignement primaire
et l'enseignement supérieur ;
« Que l'enseignement secondaire doit res-
ter un enseignement de culture dégagé de
tout souci utilitaire et préparant à l'ensei-
gnement supérieur ;
« S'associe aux conclusions du rapport ;
« 20 Considérant :
« Que l'enseignement primaire supérieur
professionnel, enseignement de culture gé-
nérale et de préparation professionnelle est
indispensable dans une démocratie « pOUf.
former les hommes »' qui, sous la direction
des chefs sortis des Universités et des
grandes Ecoles, constitueront les cadres de
l'armée économique ou administrative ;
« Qu'à ce titre, il se différencie nettement
de l'enseignement technique dont le do-
maine est l'Ecole de métiers et l'enseigne-
ment post-scolaire professionnel.
« Affirme son droit à une organisation
autonome dans l'enseignement du second
degré entre l'enseignement secondaire clas-
sique et l'enseignement technique. »
CHEZ LES FONCTIONNAIRES
Le Congrès
du Syndicat national
des Instituteurs
Le Congrès du Syndicat national des Ins-
tituteurs, qui s'est tenu hier, a montré une
fois de plus que, malgré la crise dont souf-
frent la plupart des organisations corpo-
ratives, le personnel de renseignement pri-
maire maintient son orientation sociale et
professionnelle.
55.000 adhérents et 900.000 fr. el) caisse,
malgré les menaces de dissolution. sont
des preuves évidentes de ia vitalité du
groupement.
Deux manifestations ont particulièrement
souligné la tendance du Congrès; celui-ci
décida de verser aux grévistes du Nord
une première subvention de 1.000 francs
complétée par tuie souscription spontanée
qui produisit plus de 1.300 francs: il réso-
lut. ensuite de participer à la souscription
en faveur des enfants russes menacés par
la famine en inscrivant une contribution
de 1.000 francs en tête d'une souscription
qui sera ouverte dans toutes les sections
départementales. En apportant ainsi son
appui financier au mouvement social du
Nord et en précisant la destination de son
concours dans l'œuvre d'assistance à la
Russie, le Syndicat national a volontaire-
ment signifié, à l'ouvefture de ses travaux,
qu'il restait en plein accord avec la niH-
jorité confédérale, et c'est unanimement
qu'il marqua son opposition au mouvement
extrémiste universitaire.
Des travaux du Congrès, il faut retenir
deux impressions bien r.ettes : appelé à
soutenir dès maintenant un projet de mo-
dification des traitements présenté par ,o"E:
universitaires en faveur d'un traitement
unique pour tout le personnel, le Congrès
s'est opposé à cette manifestation de nivel-
lement par en bas. Il s'est contenté de re-
vendiquer, d'accord avec le comité d'en-
tente universitaire, des améliorations à la
dernière loi de finances en vue d'obtenir
un avancement plus rapide (5 ans au lieu
de 6 et 7 dans chaque classe). le relèvement
FOMtfafeMfW (1869" f
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un an Six mois 1'rGIS.o18
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » 29 » 10 »
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OPINIONS 1
L'impuissance de l'Etat
Jamais n' aura été mieux démontrée l'im-
puissance de l'Etat, dans le régime actuel,
à résoudre les conflits économiques.
Voilà une grève, où tous ceux que n' a-
veugle pas un répugnant égoïsme s' accor-
dent à donner raison aux grévistes. Notre
confrère Bailby a dit là-dessus au public
parisien, dans la tribune retentissante de
son journal, des choses excellentes. Le gou-
vernement, Daniel-Vincent et le président
du Conseil sont animés des meilleures in-
tentions. Les confidences aux joumaux du
citoyen Lauridan, communiste notoire, qui,
avec beaucoup de raison, d'ailleurs, s'était
joint à Jouhaux pour cet appel au pouvoir
et cette humble besogne de collaboration
nous indiquent bien quel fut le sens des
paroles si graves de Briand.
Et pourtant, jusqu'ici, rien ! Et le gou-
vernement, désarmé, assure qu'il est im-
puissant à faire fléchir une intransigeance
patronale qu'il estime, lui-même, contraire
à l'ordre public autant qu'à la justice !
Situation tragique et qui devrait ouvrir
bien des yeux.
Partisans de l'ordre, qui portez jusqu'à
la superstition le respect de l'ordre, et le
préférez même aux transformations fécon-
des, ne voyez-vous pas ce qu'une telle im-
puissance a de mortel pour l'évolution rai-
scnnée que vous souhaitez, et que je souhai-
te avec vous, si elle est possible ? Si, de-
main, ces foules affamées et exaspérées se
livraient à des désordres, si elles se heur-
taient à ces troupes avec lesquelles, par
un illogisme qui est au fond du régime so-
cial lui-même, le gouvernement protège la
propriété de ceux qui menacent la société
par leur égoïsme de classe, si, demain, il
arrivait cette chose affreuse que ces chars
d'assaut, instruments de la victoire, écrasent
une foule française qui, pendant quatre
ans, déploya son hércïsme sous la domi-
nation de l'ennemi, ne croyez-vous pas que
les vrais responsables ne seraient pas ceux
dont l' acte immédiat aurait provoqué le dé-
sordre ? Ce seraient ceux dont l'obstination
- à baisser les salaires, alors que la vie ne
baisse pas, maintient, contre le gouverne-
ment, contre l' opinion, contre le bon sens,
contre la justice, dans toute une région de
la France qui a le plus besoin de l'inten-
sité de son travail, le chômage, la grève,
la faim et leur cortège habituel de menaces.
Est-il possible que les règles ordinaires
du droit privé ne soient pas suspendues,
quand, enfermé dans son usine vide, com-
me dans une citadelle, un patronat de droit
divin — que M. Noblemaire, catholique
social et cœur généreux, mais inconséquent,
nous avait pourtant dit ne plus exister —
menace l'ordre public ? Est-il possible
que, argument suprême, commandé par la
guerre sociale, comme il l'était par la guer-
re extérieure, le droit de réquisition ne
joue pas contre ceux qui refusent de se
soumettre même à ce pauvre arbitrage du
juge de paix, derrière lequel la puissance
dérisoire de l'Etat actuel abrite son' im-
puissance ?
C'est pourquoi, d'ailleurs, et c'est l'au-
tre face du problème tragique posé de
nouveau devant nous par les grèves du
Nord, je n' ai jamais compris cette défiance
de l'Etat et de son arbitrage possible qui
règne encore dans toute une partie de la
classe ouvrière. En régime capitaliste, et
tant qu'il y aura le travail d' un côté et le
capital de l' autre, je ne vois que l'Etat qui
puisse faire fléchir un capital, auquel ses
réserves donnent le moyen d'attendre, calcul
atroce, ou la capitulation des estomacs vi-
des, ou le geste de colère qui rompra l'équi-
libre au détriment des grévistes, et fera
intervenir la troupe pour réprimer le dé-
sordre.
On redoute l'Etat? Mais il est, en dé-
mocratie, ce que le fait la force politique-
ment organisée du prolétariat. En fait,
chaque fois que la politique a été à gau-
che, résolument à gauche, la force de l'Etat,
dans les grèves, a joué pour les grévistes.
Un Etat définitivement armé pour résoudre
ces conflits sociaux, inséparables du régi-
me social actuel, et animé lui-même par
la force politique croissante du prolétariat,
m'a toujours paru l'évolution normale de
la démocratie, son élargissement en une dé-
mocratie sociale, qui, avec le développe-
ment du capitalisme d'Etat, composent les
deux traits d' une période par laquelle les
déceptions du bolchevisme autant que les
angoisses de notre propre situation nous
confirment que, bon gré mal gré, il faudra
bien passer, si on veut continuer de vivre et
améliorer la vie.
J. PAUL-BONCOUR.
Le Budget de 1922
Au cours d'une séance du matin, la com-
mission des finances, réunie sous la pré-
sidence de M. Maurice Maunoury, a ter-
miné l'examen du budget du ministère des
finances.
Le rapporteur a obtenu une augmenta-
Lion de 340 millions de francs pour les
intérêts des bons de la Défense nationale,
en raison des modifications du change sur-
venues depuis le dernier budget.
Hier après-midi elle a adopté le rapport
de M .Archimhaud sur la liquidation des
stocks.
La réduction des effectifs
Venant à l'examen des chapitres relatifs
à l'entretien de l'armée du Levant, la com-
mission des finances a constaté avec satis-
faction que le gouvernement ramène à
35.000 hommes pour 1922 l'effectif fixé pour
1921 à 77.713 hommes.
Elle a commencé l'examen du budget des
affaires étrangères.
La wmmission, à l'occasion du budget
des chemins de fer d'Alsace, a manifesté
l'intention d'assimiler ce réseau à ceux de
l'intérieur.
C'est ainsi qu'elle a décidé de demander
l'application immédiate du « barème Tis-
sier » aux cheminots d'Alsace et de Lor-
raine.
Edle a. en outre approuvé une proposition
de M. Doumer, tendant à appliquer aux
réseaux alsaciens et lorrains la convention
nouvelle que le Sénat a déjà votée et que
la Chambre aura à examiner dès sa ren-
trée. Il paraît, en effet, que sur le milliard
d'économie que le Trésor doit réaliser avec
ladite convention, les chemins de fer d'Al-
sace et de Lorraine comptent pour plus de
200 millions.
LIRE EN TROISIEME PAGE :
PANDOBA
Nouvelle inédite de Gérard de Nerval
ÉDITORIAL
En attendant la prochaine
Le gouvernement français ayant déplacé
quelques-uns bataillons qui montent
sur le Rhin une garde vigilante, un frisson
d'épouvante a passé sur la presse nationa-
liste. Nos super-patriotes voient déjà la
frontière ouverte, l'attaque brusquée et les
Allemands à Afincyl
MM. Maurras, Lefèvre, Lysis, et surtout
leurs lecteurs, me sauront sans doute gré de
calmer ces patriotiques angoisses. La simple
énumération des forces dont dispose la dé-
fense nationale suffit à démontrer que la
France peut dormir tranquille. Pour une
jois, nos ministres de la guerre ont raison
quand ils répètent, après tous leurs prédé-
cesseurs, que l'armée française est la meil-
leurs du monde.
On pourrait même dire qu'ils ont trop
raison en matière d'armements le mieux est
parfais l'ennemi du bien!
Nous avons sous les armes 769.000 hom-
mes de troupe. C'est coquet! Et ce n'est
que l'armée activel Ajoutez-y les réserves,
dont l'emploi est soigneusement prévu et
qui, Dieu merci ! ont subi, de 1914 à 1919,
un entraînement intensif. Voilà, j'imagine,
ans « gendarmerie » qui n'a rien à envier
aux Orgesch dont on nous menace.
Sans doute, ces troupes sont éparpillées
SW quatre continents : il y' a, en partiCulier,
pris de cent mille hommes au Maroc et
cinquante mille en Syrie. Mais il reste en-
core 550.000 hommes en France ou en
Rhénanie. Et des canons en suffisance ! Et
des tanks à foison! Allonsl Allons! Ce
n'est pas encore pour demain que Noyon
everra les casques à pointe !
Il y a quelque chose de comique — et de
profondément triste! — dans ces terreurs
bayantes de nos a bons Français ». La
nation qui possède l'armée la plus forte de
l' Europe, une armée formidable par com-
paraison aux effectifs réduits de ses voisins,
une armée équipée, outillée, sous pression
et, il faut bien le dire, victorieuse, cette
nation vivrait dans la crainte et le tremble-
ment ? Quelques visionnaires suffiraient à
troubler la solide quiétude qu'inspire la Vue
préçise des réalités? Ce serait à douter du
bon sens français!
M. Barthou se prépare, dit-on, à ren-
voyer dans ses foyers le plus ancien contin-
gent, soit 67.000 hommes. J'entends d'ici
les cris d'orfraie de nos Cassandres nationa-
listes ! Du calme, Messieurs! Il nous res-
tera encore assez de soldats pour faire, ce
qu'à Dieu ne plaise! le tour de l'Europe,
quand nous voudrons, comme nous vou-
drons.
Et c'est précisément ce fait — car c'est
un fait! — qui rend la France assez sus-
pecte aux yeux des Etats qui ne peuvent
s'offrir le luxe d'entretenir sous les dra-
peaux quelque 700.000 soldats de toutes
couleurs. Des soldats, nous en avons assez
pour attaquer, le cas échéant, et peut-être
un peu trop s'il s'agit simplement de nous
défendre.
Il est beau J'affirmer dans des discours
solennels la volonté pacifique de la France.
Tous nos voisins. applaudissent de bon
cœur; mais ils louchent du coté de notre.
armée active et se demandent à quoi elle
emploiera, demain, son activité.
A faire payer l'Allemagne ? D'accord !
Mais 700.000 fusils ! Il y a de quoi faire
payer l' Europe entière, nos ennemis, les
neutres et nos anciens alliés par-dessus le
marché!
MAURICE CHARNY.
En passant
Ballade des Gens d'Honneur
(Sur l'air de Fualdès)
Braves mousquetaires, — Bayards pour bars
et pour dames, — vous pouvez passer vos
lames au papier de verre !
Convoquer, comme jadis, — reporters et
photographes, — et vider maintes carafes —
en chantant de profundis.
Beaux seigneurs, en vérité, le duel est res-
suscité.
Hier matin au Parc des Princes, — deux
gentlemen courroucés, — se sont proprement
percés — de coups qui n'étaient pas minces.
Doncques, ceux qui n'eurent poirrl l'heur —
de s'illustrer durant la guerre — vont être,
enfin, à leur affaire — et redevenir « gens
d'honneur ».
Beaux seigneurs, en vérité, le duel est res-
suscité.
Et nous revetrons, — faisant sonner les ta-
lons : — Rabatteurs de cercles louches,—
bookmakers, — amants de cœur, — de dames
pas trop farouches, — qui nous cèdent du
bon heur, - et dss ihérceùax d'elles-rrîêmes,
— ô Leallier, sans ton barème.
Par les petits matins secs — comme un coup
de pistolet — nous reoerrons freluquets, -
maris trompés, — serrant le bec,
S'offrir (médecin compris, — déjeuners fins
et taxis, — et notul es aux gazettes, ) — le
droit de porter la tête, — « OiS sublime », dit
le poète, — aussi haut qu'un Saint-Ciboire.
Enfin. C'est la gloire, — la gloire du
Boulevard, — bon article de bazar. — 0 mon
pauvre gas qui dors, — là-bas, sous la terre
noire, — dans des millions de morts, com-
ment trouves-tu l'histoire?
Beaux seigneurs, en vérité, le duel est res-
suscité.
FLIP.
Le Conseil général du Gers
se prononce
pour le Bloc des Gauches
Le Conseil général du Gers a adopté, par
20 voix contre une abstention, une motion
présentée par les membres des gauches,
approuvant la politique extérieure du gou-
vernement, mais réclamant une politique
intérieure, basée très nettement sur les
principes essentiels de l'union des gauches,
et tendant â la rS!llisatiún de/profondes Ye-'.
formes fiscales et sociales exigées par la
démocratie
Une incursion des Maures
à Melilla
Oran, 23 septembre. — On mande de
Berkane que les indigènes revenant de 12.
zone voisine des opérations disent que,
pendant que les Espagnols occupaient Na-
dor, un fort parti de Riffaiiis est arrivé
jusqi-il Souk el Had et s'est introduit dans
le quartier indigène de Melilla, où il s'est
mis à piller les boutiques.
L'avance des troupes espagnoles à Souk
el Arba et Nador a entraîné aa soumission
de la plupart des Kebdana; le bombarde-
ment par avions .a impressionné les rebel-
les qui résistent toutefois avec acharne-
ment.
ENCORE UN ACCIDENT D'AVIATION
I g »
Mort de l'aviateur
DE ROMANET
Nos lecteurs n'ont pas oublié l'enquête
récente que nous consacrions aux accidents
d'aviation.
Nous ne doutions pas, hélas ! que 3a mort
tragique de l'aviateur de Romanet viendrait
illustrer d'une, tache sanglante le sérieux
avertissement que nous lancions à l'opi-
nion, aux pouvoirs publics et aux grandes
sociétés aériennes.
Le lieutenant-aviateur de Romanet s'est
tué hier matin à l'aérodrome de Villesau-
vage, près d'Etampes. C'est un deuil cruel
pour l'aviation française, qui perd en lui
un de ses meilleurs pilotes.
L'accident
C'est en plein vol, au cours de l'essai
d'un appareil, que l'aviateur de Romanet
s'est tué; Engagé dans la. Coupe Deutsch
(de la Meurthe), dont les éliminatoires se-
ront disputées mercredi prochain, le célèbre
pilote s'entraînait hier matin sur le terrain
même de l'épreuve. Il volait à une vitesse
d'environ 300 kilomètres à l'heure, à une
altitude de 200 mètres, quand sa ohnte se
produisit. Une information de. la préfecture
de Séihe-et-Oise à l'Aéro-Club de France
signale que la cause initiale de l'accident
serait une déchirure dans l'entoilage d'une
aile de l'appareil. Cette aile cédant, l'avion
est tombé comme une pierre.
M. Guggenheim, ancien pilote de guerre
et' délégué de l'Aéro-Club de France à
Eiampes pour l'organisation de la prochai-
ne Coupe Deutsch (de la Meurthe), a con-
firmé les renseignements fournis par la
préfecture de Seine-et-Oise.
L'appareil sur lequel volait l'aviateur de
Romanet, et qui avait été conçu par l'ingé-
nieur belge de Monge, était primitivement
un biplan qui, par le démontage des ailes
inférieures, était transformable en mono-
plan. Les premiers essais de l'avion équipé
en biplan, effectués ces jours derniers à
Etampes, n'ayant pas donné satisfaction,
des transformations furent faites en vue
des éliminatoires françaises de la Coupe
Deutsch (de la Meurthe). C'est en essayant
l'appareil ainsi transformé' que de Romanet
a trouvé la mort.
La carrière de l'aviateur
Le lieutenant Bernard Darny de Roma-
ne!, né le 28 janvier 1891, était un de'nos
pilotes militaires dont la bravoure et la
grande habileté étaient réputées. Engage
volontaire en 1912 dans la cavalerie, le lieu-
tenant de Romanet était âgé de 2J ans et
il comptait 9 ans de services. x
Il a conquis sur le champ de bataille
tous ses grades. Ses faits de guerre lui ont
valu de nombreuses distinctions. Il était
officier de la Légion d'honneur, dêcc..tfê
la médaille militaire avec treize citations,
et sa. Croix de guerre portait dix palmes.
Depuis la guerre, au point de vue spor-
tif, de Romanet a accompli trois fois le
parcours Paris-Madrid, dont, une fois d'une
seule traite en 8 heures de vol. Au mee-
ting de Monaco, en 1920, il gagna le prix
de vitesse Guynemer pour hydravions, con-
tre l'Italien Janello. Qualifié en 1920 dans
la Coupe Gordon-Bennett, il fut classé se-
cond de l'épreuve internationale, couvrant
les 300 kilomètres en 1 heure 39 minutes.
Dans ses records de vitesse, de Romanet
— sur base fixes — avait atteint le 4 no-
vembre 1920 la vitesse de 309 kil. 12 m. à
l'heure.
LA POLITIQUE ETRANGERE :\
+ m* * «— »
*
La Hongrie et la Société des Nations
L' admision de la Hongrie à la Société des
nations semblait, jusqu'à ces dernières semai-
nes, ne rencontrer aucune opposition sérieuse.
Les événements ce Hongrie occidentale ont
changé la face des choses. Les représentants
de la Petite Entente ont fait, à cet égard, des
déclarations fort nettes et de vives discussions
sont à prévoir au sein de l'Assemblée ce Ge-
nève entre les partisans de l' admission de la
Hongrie et leurs adversaires.
Le rapporteur, M. Poullet (Belgique), a
annonce que les débats seraient ajournés jusqu'à
l'arrivée à Genève du comte Apponyi, délégué
ce la Hongrie auprès de la S. D. N. Il a
ajouté que, selon un rapport récent, le conflit
austro-hongrois était sur le point d'être réglé.
Il est certain que l'admission de la Hongrie,
dans les conjonctures présentes, est en fonction
de l'opinion que les membres de l'Assemblée
se seront formée des événements de Hongrie
occidentale. Aussi croyons-nous utile de re-
venir, une fois encore, sur ce problème com-
pliqué qui a déjà fait couler beaucoup d'encre.
La majeure partie des informations que nous
possédons sur ces événements proviennent,
d'une part, de Vienne et des Etats de la Pe-
tite Entente qui s' efforcent de donner tous les
torts à la Hongrie et, d' autre part, de Buda-
pest, où l'on cherche à dégager la responsa-
bilité du gouvernement hongrois. Tous ces ren-
seignements doivent être accueillis avec ré-
serve comme émanant de parties directement
intéressées. Heureusement, nous possédons
une troisième source d'informations, plus pré-
cieuse parce qu'impartiale, mais - - abon-
dante : les rapports des membres des missions
alliées en Hongrie et des personnalités neutres.
Quoi qu'on n'ait encore publié qu'une faible
partie de ces rapports (rapports des généraux
Soï100 et Ferrario), iis nous permettent une
mise au point utile. D'autre part, lord New-
ton, membre de la Chambre ces lords, a fait
tout récemment une enquête de caractère pri-
vé en Hongrie occidentale et il a déclaré que,
contrairement aux bruits répandus à rétran-
ger et surtout en Angleterre, les insurgés de
Hongrie occidentale n'étaient nullement des
bandas indisciplinées, mais des corps indigènes
composés surtout de jeunes patriotes résolus
à défendre le sol natal contre les Autrichiens.
Sa conviction est que le transfert de la Hon-
grie occidentale à l'Autriche est non seule-
ment une des plus grandes erreurs ai traité d«
Trianon, mais encore une mesure absurde dont
les conséquences seront désastreuses si les Al-
liés n'interviennent pas pour corriger, au moins
en partie, les errements des diplomates.
Bien que nous ne possédions pas de rensei-
gnements émanant de membres français de la
mission, dans les milieux diplomatiques fran-
çais on a toujours envisagé les événements de
Hongrie occidentale avec calme et il est cer-
tain que l'on n'y est pas partisan d* une solu-
tion brusquée qui ne ferait qu'envenimer le
conflit. Les renseignements reçus par M. Poul-
let, rapporteur de la demande d'admission de
la Hongrie, semblent aussi prouver que la
bonne volonté du gouvernement hongrois
d'exécuter ses obligations sont évidentes, mais
qu'il est lui-même, aux prises avec des ciffi-
cuités intérieures qui ne peuvent être vaincues
en quelques jours.
En tout cas, si l'on examine d'un peu près
la politique intérieure hongroise, il apparaît
clairement que les nouvelles de source vien-
noise voulant faire croire à une collaboration
du gouvernement hongrois avec les meneurs,
tels que M. Friedrick sont forgées de toutes
pièces, car le comte Bethlen et tout le régime
Hcrthy n'ont pas d'aaversaires plus acharnés
que M. Friedrick. 11 paraît en être de même
pour les autres noms mis en circulation par la
presse hostile à la Hongrie.
De toutes ces constations, il se dégage que
les membres de la Société des nations qui
auront à voter pour ou contre l'admission de
la Hongrie devront tenir compte des difficul-
tés écnrmes que tout gouvernement, hongrois ren-
contrera dans l'exécution db certaines stipula-
tions ou traité de Trianon. L'admission de la
Hongrie lui permettrait vraisemblablement de
surmonter plus facilement d' ailleurs ces difficul-
tés, et on se demande même si le conflit actuel ,
à propos de la Hongrie occidentale, eût pu
prendre ce caractère de gravité si la Hongrie
011t déjà compté parmi les membres de la
S. D. N.
Si l'Autriche, qui n'a pas toujours été ca-
pable de réprimer le mouvement rattachiste à
l'Allemagne — rigoureusement contraire au
traité — est membre de la S. D. N., on ne
voit pas très bien pourquoi la Hongrie, qui a
donné, par ailleurs, des preuves certaines de
sa bonne volonté à remplir ses obligations, de-
vrait être tenue à l'écart.
LE CONVENT DU GRAND-ORIENT
La Franc-Maçonnerie rentre dans l'action
Elle estime qu'il est de son devoir
de se dresser contre le '"Bloc national" -
A côté du rapport sur la revision de la
Constitution française, de l'émouvant dis-
cours prononcé à ce sujet par M. Lucien
Victor-Meunier et du voeu voté ensuite, le
Convent du Grand-Orient a pris une décision
qui doit attirer particulièrement l'attention.
Sur la proposition de M. Grandigmaux,
que l'on souhaite de divers côtes être admis
à participer à l'administration de l'Ordre,
VAssemblée a décidé de passer à une action
extérieure plus intensive, pour s'opposer
aux menées du « Bloc National ».
Sans doute l'œuvre essentielle de la Franc-
Maçonnerie est d'éducation et de perfection-
nement individuel et mutuel : mais il est
des circonstançes où, dans l'intérêt de l'idéal
poursuivi, l'action peut et doit s'extérioriser.
Nous l'avons vu dans rnaintes circonstan-
ces, en 1, en 1871, et, plus récemment,
lors des lois destinées à annuler le désas-
treux- effet de l'œuvre du cléricalisme et des
congrégations.
L'heure est revenue^ La campagne de réac-
tion entreprise, à la faveur de l'Union sa-
crée, par toutes les réactions, a porté ses
fruits. La situation est grave. La Franc-
Maçonnerie agira, ,
Non pas par une action électorale que sa
constitution lui interdit, mais par une pro-
pagande dans le pays et par l'affirmation
dans toutes, les assemblées, au Parlement
en particulier, de ses doctrines essentielle-
ment de progrès, de vérité et de justice.
La République doit être sauvée lors des
élections prochaines. Tous les démocrates
saurontsgré à la Franc-Maçonnerie d'entrer
de nouveau dans l'action pour contribuer,
par toute son influence, à rétablir les grands
principes menacés. — R.P.
; •.
DES ELECTIONS
A la séance -du, matin, le Convent du
Grand Orient a élu aux sièges vacants des
deux commissions permanentes MM. Rai-
ne, Navoizat, Blumënfeld (assistance) ; MM.
Roubion, Pesty, Macrez, Auclair, Collette
(application en dernier ressort de la consti-
tution et du règlement.
Puis un rapport a été présenté au nom
de la commission spéciale, sur le recrute-
ment de la franc-maçonnerie. Aussitôt
après l'adoption des conclusions, M. Gran-
digneaux pfôft&Wa-.uîi discours, très inté-
ressant sur l'actîôn, mâ^uiftiquê dans ses
rapports Avec le recrutement.
Le recrutement, d'après l'orateur, doit né-
cessairement comporter : valeur et qualité
et non nécessairement : quantité. Il expli-
qua que les qualités capables de faire un
bon franc-maçon ne s'acquièrent pas, mais
se perfectionnent seulement par les ensei-
gnements de l'ordre. Qu'il importe que par
l'exemple et. des actes exempts de tous re-
proches, l'Ordre et les francs-maçons atti-
rent les hommes vraiment dignes de parti-
ciper à l'effort commun.
Que, pour ce faire, la discipline des chefs
est nécessaire, le dévouement des militants
étant assuré.
L'action dans le passé
Il rappela éloquemment les actes décisifs
de la franc-maçonnerie au cours de la IIIe
République : il cita Gambatta dans sa lutte
contre la réaction et la date historique du
16 mai ;
Jules Ferry, le grand franc-maçon, dressé
avec la franc-maçonnerie tout entière con-
tre l'ordre des jésuites et la-cour romaine
menaçant, comme aujourd'hui, la liberté de
l'enseignement ;
Floquet et le boulangisme;
Brisson faisant triompher la justice et la
vérité, malgré les crimes de l'état-major et
l'opinion publique, au cours : de l'affaire
Dreyfus :
Combes, enfin, auquel il rend un respec-
tueux hommage ; fidèle et probe franc-ma.-
çon qui acheva l'œuvre de liberté préparée
par ses devanciers.
Il examina ensuite quel devait être, à
son avis, la mentalité et l'action actuelle
de la franc-maçonnerie de façon à augmen-
ter le nombre des hommes de haute valeur
faisant partie de l'Ordre.
Il rN en garde les dirigeants du Grand
Orient contre les dangereuses séductions
des hommes au pouvoir. Il indiqua com-
ment, pendant la guerre, les républicains
furent victimes de leur loyauté à respecter
l'union sacrée cyniquement violée par cer-
tains membres du. gouvernement et par
tous les réactionnaires. La déception des
francs-maçons, • héroïques défenseurs du
pays attaqué, qui, en plus des hideuses
misères qu'engendre la guerre, subirent les
brimades par-fois mortelles, des militaires
réactionnaires.
L'action dans l'avenir
Il fit appel avec chaleur a* caractère et
à la décision de tous les francs-maçons
pour, exigerde l'Ordre tout entier une re-
prise de l'action intensive et nécessaire,
étant donnée la gravité de la situation ac-
tuelle. Il rappela que la loi doit être impla-
cablement appliquée et qu'il faut que les
francs-maçons montrent à nouveau leur vi-
talité nûllr maintenir la franc-maçonnerie
au-dessus de, toute compromission et de
tout soupçon.
« Ne laissons pas le doute et la négation
de l'utilité de l'effort pénétrer dans nos
temples, s'écria l'orateur.
« Ne laissons pas douter au dehors de
la vertu et de l'honneur des hommes qui
travaillent à l'œuvre maçonnique, œuvre
de vérité, de progrès et de justice,
L'orateur, traduisant la pensée de l'as-
semblée, est l'objet d'une véritable ovation
en descendant de la tribune.
— En conclusion de ce discours, le Convent
vota la motion suivante :
L'assemblée générale ae 1921. consciente
de la gravité de la situation mondiale qui
met en péril III paix, abaisse la moraUté
pubtique et compromet jusqu'à l'existence
de l'humanité civilisée;
Flétrit et dénonce les tentatives de réac-
tion cléricales, financières et impérialistes
à nouveau dressées contre les idées de li-
berté, de progrès et de justice sociale;
Estimant que l'Ordre tout entier peut et
doit agir avec énergie contre cette régres-
sion, décide que. l'action extérieure de la
Franc-Maçonnerie doit s'intensifier en gar-
dunt la hauteur de vue et la méthode cri-
tique qui caractérise notre ordre.
L'assemblée vota ensuite ie vœu sui-
vant :
Le Convent de 1921, fidèle interprète de
l'immense majorité des toges de la Fédé-
ration, proteste à nouveau contre le main.
tien de sous-traités secrets;
Dénonce les funestes errements du guai
d'Orsay qui se complaît dans ce système;
Demande que le Parlement s'oppose
sans faiblir à la continuation de ces pra-
iiques et que soit rendue obliqatoire l'in-
tervention des étus de ta Nation dans tous
les traités.
Le Convent entendit ensuite un rapport
sur l'Orphelinat maçonnique où sont édu-
qués 50 enfants.
Le Convent a décidé de faire parvenir
aux affamés russes une somme de 500 fr.
qui s'ajoutera aux nombreux versements
faits déjà par les Loges.
Il a nommé secrétaire générai perma-
nent du Grand Orient M. Aries, chef actuel
des bureaux du secrétariat et professeur
en retraite.
Aujourd'hui, dernières séances et dis-
cours de clôture par le lieutenant-colonel
Métois.
La réforme de l'enseignement
secondaire et les écoles
primaires supérieures
On nous communique ta résolution sui-
vante, dont nous retenons particulièrement
le passage relatif à la, nécessité d'une réor-
ganisation complète de notre système d'en-
seignement. Quant à la façon dont doit
s'opérer cette réorganisation et aux rap-
ports de l'enseignement primaire et supé-
rieur et de l'enseignement technique, nous
renvoyons nos lecteurs aux articles que
nous avons déjà publiés sur la question et
à ceux, en cours de publication, des Compa-
gnons sur le même sujet.
« Le personnel des directeurs et profes-
seurs des écoles primaires supérieures pro-
fessionnelles de France et des colonies,
réuni en congrès extraordinaire à Paris ie
16 septembre, après avoir entendu le rap-
port de leurs délégués au Conseil supérieur
sur la réforme de l'enseignement secon-
daire :
« 1° Considérant :
Il Que le projet ministériel parait être la
préface d'une réforme générale de l'Univer-
sité en ce qui concerne l'enseignement du
deuxième degré, c'est-à-dire l'éducation des
adolescents entre l'enseignement primaire
et l'enseignement supérieur ;
« Que l'enseignement secondaire doit res-
ter un enseignement de culture dégagé de
tout souci utilitaire et préparant à l'ensei-
gnement supérieur ;
« S'associe aux conclusions du rapport ;
« 20 Considérant :
« Que l'enseignement primaire supérieur
professionnel, enseignement de culture gé-
nérale et de préparation professionnelle est
indispensable dans une démocratie « pOUf.
former les hommes »' qui, sous la direction
des chefs sortis des Universités et des
grandes Ecoles, constitueront les cadres de
l'armée économique ou administrative ;
« Qu'à ce titre, il se différencie nettement
de l'enseignement technique dont le do-
maine est l'Ecole de métiers et l'enseigne-
ment post-scolaire professionnel.
« Affirme son droit à une organisation
autonome dans l'enseignement du second
degré entre l'enseignement secondaire clas-
sique et l'enseignement technique. »
CHEZ LES FONCTIONNAIRES
Le Congrès
du Syndicat national
des Instituteurs
Le Congrès du Syndicat national des Ins-
tituteurs, qui s'est tenu hier, a montré une
fois de plus que, malgré la crise dont souf-
frent la plupart des organisations corpo-
ratives, le personnel de renseignement pri-
maire maintient son orientation sociale et
professionnelle.
55.000 adhérents et 900.000 fr. el) caisse,
malgré les menaces de dissolution. sont
des preuves évidentes de ia vitalité du
groupement.
Deux manifestations ont particulièrement
souligné la tendance du Congrès; celui-ci
décida de verser aux grévistes du Nord
une première subvention de 1.000 francs
complétée par tuie souscription spontanée
qui produisit plus de 1.300 francs: il réso-
lut. ensuite de participer à la souscription
en faveur des enfants russes menacés par
la famine en inscrivant une contribution
de 1.000 francs en tête d'une souscription
qui sera ouverte dans toutes les sections
départementales. En apportant ainsi son
appui financier au mouvement social du
Nord et en précisant la destination de son
concours dans l'œuvre d'assistance à la
Russie, le Syndicat national a volontaire-
ment signifié, à l'ouvefture de ses travaux,
qu'il restait en plein accord avec la niH-
jorité confédérale, et c'est unanimement
qu'il marqua son opposition au mouvement
extrémiste universitaire.
Des travaux du Congrès, il faut retenir
deux impressions bien r.ettes : appelé à
soutenir dès maintenant un projet de mo-
dification des traitements présenté par ,o"E:
universitaires en faveur d'un traitement
unique pour tout le personnel, le Congrès
s'est opposé à cette manifestation de nivel-
lement par en bas. Il s'est contenté de re-
vendiquer, d'accord avec le comité d'en-
tente universitaire, des améliorations à la
dernière loi de finances en vue d'obtenir
un avancement plus rapide (5 ans au lieu
de 6 et 7 dans chaque classe). le relèvement
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