Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-09-13
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 79956 Nombre total de vues : 79956
Description : 13 septembre 1921 13 septembre 1921
Description : 1921/09/13 (N18540). 1921/09/13 (N18540).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7553047b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/02/2013
27 Fructidor, An 129. - N° 18540.
lie numéro : QUINZE CENTIMES
Mardi 13 septemore 1821. - Nf) 18540.
Fondateurs ÇS86S) i
VICTOR HUGO e
AUGUSTE VACQUERIR
ABONNEMENTS
Un an Six mois Trofemof*
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » 29 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 *
ETRANGER 49 » 25 » 13 »
Adresser toutes les communications
au directeur.
Rédacteur en chefs
RAYMOND LANGE
Pour la Publicité, s'adresser
aux bureaux du journal.
ON S'ABONNE SANS FRAIS DANS
TOUS LES BUREAUX DE POSTE
ADMINISTRATION & REDACTION :
Boulevard de Strasbourg, 38 — PARIS
Directeur : EDMOND DU MESNIL
TELEPHONES: ,-
Rédaction et administration : Nord 24-90,24-91.- Après 10 h. la soir: Gutenberg 00-79
OPINIONS
Deux sons de cloche
Par le hasard des envois de librairie, deux
volumes se trouvent voisiner sur ma table.
Ils n' ont rien de commun : ni le sujet, rai
le titre, ni le ton, ni la conclusion. Mais ils
se ressemblent tellemnt, là surtout où ils se
contredisent, qu'il est impossible ce ne pas
les rapprocher.
Tous deux abordent, dans le même esprit,
le grand problème : l' organisation sociale de
demain. Celle d' aujourd'hui leur inspire, à tous
chux, des jugements également sévères, avec
la même certitude que « cela ne peut pas
durer ». N'est-il pas intéressant de rechercher
où et comment, partis du même point et sui-
vant la même route, deux nobles esprits ont
pu diverger jusqu'à paraître enfin s'opposer
l'un à l'autre ?
Le volume da M- Maxime Leroy a pour
titre: Les Techniques nouvelles du syndicalisme-
C' est un livre d'information et de doctrine,
écrit par un savant qui a l'âme d'un prophète.
Juriste, économiste, historien, l'auteur s'astreint
à toute la rigueur d'une méthode qui ne laisse,
semble-t-il, aucune place à l'imagination ni au
sentiment.
Au contraire, d'ans le Couteau entre les
dents, M. Henri Barbusse adresse « aux in-
tellectuels » un appel vibrant d'émotion. On
y retrouve avec ses plus beaux accents, 1 au-
teur du Feu.
Simples différences de forme et d' expres-
tion. Au fond, il y a entre eux la communauté
d'une pensée profonce que l'un et l'autre
avouent sans détour. Notre société, en dépit de
ses prétentions à la démocratie, repose sur la
persistance d'une inégalité qui est une injustice.
Chacun des deux auteurs le dit à sa manière.
On a beau le nier, il existe toujours deux clas-
ses sociales, et la Déclaration même des Droits
de l'Homme n'a identifié leurs droits que dans
le seul domaine de la politique, entendue au
sems le plus étroit.
Or, on a beaucoup réfléchi depuis, et l'on
s'est convaincu que la grande question, ce n' est
pas de voter, c'est de vivre. Et peuvent-ils
vivre la même vie, patrons et ouvriers, riches
et pauvres, employeurs et salariés, ceux qui
possèdent sans travailler et ceux qui- travail-
jent sans posséder ?
Maxime Leroy ne le prétend pas plus que
Barbusse. Celui-ci énonce le fait avec plus
tl' emertume et d'âpreté :1 « Nos institutions,
fÎt-il, ont toujours tendu et tendent encore tou-
tes, sous dc's appellations et des modalités di-
verses, à assurer l'intérêt de quelques 'indivi-
dus, au détriment de l'intérêt général. » L'au-
tre fait mieux: il le prouve par une minutieuse
i:ud e des lois qui ont régi le travail jusqu'à
nos jours. 1
Et il nous fait sentir - sans phrases - com-
bien avaient raison de s'indigner, de se révol-
ter, les premiers (t meneurs » de-la classe ou-
vrière qui réclamaient pour elle le même droit
À l'association qui avait décuplé la puissance
de la classe patronale. Que de temps il a fallu
tt que de condamnations iniques, que de mois
et d'années de prison pour réprimer ce « délit »
jusqu'au jour où l'on consentit à en faire un
droit légal désormais incontesté !
Mais peut-on en rester là ? Les syndica-
les assurent que le syndicat n'en est qu'à
Sa première ébauche. Et rien n'est plus sai-
sissant que l'exposé précis, par lequel Maxime
Leroy nous fait assister aux diverses étapes de
cette évolution d'une portée incalculable. Les
mots ne sont rien, - même ceux de Barbus-
le, - auprès de ces exemples techniques, pour
faire mesurer le chemin parcouru et les con-
léquences de chacune de ces petites victoires
çui s'enchaînent pour aboutir, selon toute vrai-
semblance, au triomphe final.
La formule s'en dégage toute seule : la
cité était organisée pour le pouvoir ; il faut
qu'elle le soit pour le travail. Le citoyen iner-
te, abstrait, toujours uniquement envisagé dans
ton rôle politique s'efface devant le citoyen
vivant, agissant, travaillant, disons le mot qui
fait peur à certains, devant le producteur. La
société réorganisée d'après cette vue nouvelle,
c' est pour Maxime Leroy le terme auquel tend
la démocratie. Et ce n'est pas à quelques-uns,
c'est à tous les citoyens sans exception qu'il
propose cette devise : « Je consomme, donc
je dois produire, c'est-à-dire travailler. »
Jusque-là, les deux auteurs semblent égale-
ment révolutionnaires. Ils se séparent au mo-
ment où l' auteur de Clarté, au lieu de sui-
vre patiemment cet effort du syndicalisme,
c'est-à-dire du socialisme organisé, — se per-
suade et essaie de nous persuader qu'on n'en
peut rien espérer. En effet, dit-il, « l'ordre so-
cial est un cercle vicieux effrayant ». C'est
une chimère de s'imaginer qu'on en sortira par
un appel à la raison. La lutte est entre deux
groupes qui ne combattent pas à armes éga-
les : comment voulez-vous que les révol ution-
naires l'emportent jamais sur les conservateurs?
Ceux-ci ont pour eux la réalité, les autres un
rêve. Comment opposer « à l'ordre qui existe
l' orctre qui n'existe pas » ?
Il n'y a qu'un moyen de rompre ce cercle
fatal : le briser par la violence- Quoi ! Se
servir des mêmes armes que nous reprochons
aux autres d'employer ? Barbusse n'hésite pas:
« La violence n'est pas une arme, c'est un
outil.-., la violence est aujourd'hui la réalité
de la justice., il c faut se saisir violemment de
la violence pour l'éliminer », et dix autres
aphorismes aussi tranchants et aussi faux.
Après quoi, d'ans quelques pages dithyram-
biques, il célèbre la révolution russe comme le
plus grand événement et le plus heureux que
l'histcire ait enregistré depuis la révolution
chrétienne. Mais qu'on y prenne garde :
ce que Barbusse loue avec tant d'enthou-
siasme, est-ce bien le régime qui fonction-
ne depuis trois ans dans la Russie soviétique ?
Est-ce la politique appliquée par Lénine et
Trotzki ?
Qu'imperte ? Il n'entre pas dans ce dé-
tail. Il n'a pour ce qui se passe là-bas aucune
curiosité. Ce qu'il salue, c'est l'annonce d'une
révolution où, pour la première fois, « l'idéal
essaie de prendre corps ». Il en parle absolu-
ment comme en ont parlé, aux premières heu-
res, les milliers de prolétaires de tous les pays,
à la nouvelle qu'une république prolétarienne
tentait de réaliser le programme du socialisme
intégral. *
Pouvons-nous leur reprocher cet élan cie
sympathie et d'admiration ? Maxime Leroy n'y
songe pas ; personne n'a mieux compris, mieux
expliqué la légitimité de cet entraînement. Le
grand prestige du Mv iétisme c'est d'être as-
sez peu connu pour que chacun puisse y mettre
le meilleur de son idéal. « Là-bas, il y a
des ouvriers qui gouvernent ou qui paraissent
gouverner : il n'en fallait pas davantage pour
créer un symbole formidable de salut en ces
heures de désarroi et d'e misère. »
Mais à ce premier mouvement de foi mys-
tique doit succéder la connaissance exacte de
« l'expérience russe ». Les communistes, mê-
me les plus intrépides, ne pourront toujours
idéaliser, tranfigurer au gré de leurs désirs les
actes et les institutions du bolchevisme- Sans
passion, sans colère, Maxime Leroy en indique
déjà quelques traits caractéristiques, en ne ci-
tant que des documents officiels d'une aveu-
glante clarté.
Et d'où vient qu'en fermant ce volume,
on est beaucoup moins découragé qu' en ache-
vant le pathétique plaidoyer de Barbusse ?
C'est que Maxime Leroy fait naître un grand
espoir. 11 nous introduit dans l'intimité de la
Confédération Générale du Travail, et il nous
montre la hardiesse autant que la solidité de,
ses plans. Il sait bien et il fait bien voir qu'il
ne s'agit pas de réformisme.
C'est la révolution que préparc consciem-
ment la C. G. T. Mais elle la définit par
un mot de Jouhaux, que Maxime Leroy prend
pour épigraphe, dont nous ferons volontiers
notre conclusion et que nous voudrions voir
adopté par tous les prolétaires du « i!T"\U"
nisme international », à commencer par Bar-
busse : « Faire la révolution, c'est entrepren-
dre une vaste besogne constructioe. »
Ferdinand BUISSON.
ÉDITORIAL
A chacun son CI la
M. le Ministre de la Guerre a prononcé,
t Meaux. un admirable discours pour com-
némcrér la victoire de la Marne.
Je le louerais d'enthousiasme et sans ré-
serves, si M. Barthou n'avait pris soin lui-
même de faire une allusion directe aux « po-
lémiques attardées » qui prétendent « mar-
chand er » sa gloire au Maréchal Joffre. Hé
là ! précisons.
Les polémiques ne se sont pas attardées.
Elles ont été retardées par la Censure, l'état
de siège, les jaux communiqués et l'obscu-
rité épatsse que les sycophantes intéressés du
G.Q.G. se plurent trop longtemps à entre-
tenir sur les rives de l'Ourcq et de la Marne.
Messimy n'a-t-il pas déclaré, à la Com-
mission d'enquête sur Bricy, qu'un zèle -
pour le moins fâcheux — avait fait dispa-
raître des Archives du ministère de la guerre
des documents suspects d'hérésie envers les
dogmes du G.Q.G. !
La légende de, la Marne, ainsi estropiée,
serait entrée clopin-clopant dans l' Histoire,
avec le (c glorieux » traité de Versailles 1
* Il fallait laisser à la lumière le temps de
filtrer. Dès le premier rais, la vérité apparut
La haute figure de Gallieni s'illumina, ce-
pendant que la grosse face camouflée de
Joffre se teintait d'ombres. Et Clemenceau
fendit Voreille au vainqueur malgré lui.
Je comprends à merveille que M. Barthou
s'efforce aujourd'hui de décerner à M. Jof-
m
tre un prix de consolation. Ce sont gentil-
lesses entre académiciens. Mais, révérence
gardée, je prie M. le Ministre de la Guerre
d'observer que ce n'est pas à Joffre, mais
à Galliçni qu'on « marchanda » la gloire,
puisque celui-ci se voit encore attribuer le
génie et le mérite de celui-là.
Tous les discours, les panégyriques, les
oraisons du monde ne pourront rien contre
ce fait : Joffre avait décidé de passer la
Seine, abandonnant Verdun et Paris ; Gai-
lieni l'obligea au redressement de la Marne
en engageant spontanément l'offensive de
l'Ourcq.
Sauver Paris n'est pas se sauver de Pa-
ris. Je n'aurai pas l'outrecuidance de sou-
ligner la nuance au plus subtil des académi-
ciens.
A chacun son dû.
Laissons donc à Gallieni son rôle de
grand chef militaire, et à Joffre sa fonction
de garde champêtre des tranchées et - hé-
las 1 — de gardien du cimetière des « gri-
gnotés ».
EDMOND DU MESNIL.
Un grand discours de M. Briand
M. Aristide Briand, président du Conseil,
prononcera, avant la rentrée des Cham-
bres tin grand discours politique. C'est pro-
bablement à Saint-Nazaire, et. dans les pre-
miers jours d'octobre, aue M* Briand par-
lera.
).. ,. -
En pas s ant' *
Les rois du jour
--.-.-..-
Où sont, messeigneurs, les poignards de
carlon qui réjouissaient nos pères, l'épée
de Lagardère ou de Coconas, le glaive de
Buridan ?.
On se tue beaucoup, au théâtre, cet le
année. C'est évidemment moins usé que le
collier perdu, mais., comme dit l'autre, ça
fait moins d'usage.
Nous avons eu un jeune astéroïde du
Théâtrer-Français qui s'est ouvert la gorge.
Et voici qu'une étoile dramatique de pre-
mière grandeur, le gros F ait g en personne,
aurait tué sa bonne amie.
Son coup fait, il se. serait réfugié à Los
Angelos, qui, on le sait, est la Mecque, la
Rome des cinémalographistes. C'est là que
la justice l'a arrêté. *
Et voici la presse des deux mondes en
branle. Chariot. Falty, il n'y en a que
pour eu-x.
A côté de cela, je voyais hier, dans un
grand journal, modestement relégués à la
sixième colonne de la i" ~vaye, entre « 1.',4b-
bé Soury » et les « Pilules Pales », l'his-
toire de ce savant agronome qui peut dé-
cupler la récolle française, par un système
préalable de macération du grain dans tm
engrais liquide.
Imaginez le secrétaire de rédaction 'Id,
aurait installé Chariot ou Fatty dans ce
coin discret et sorti « en une » sur deux
colonnes le Magicien du Blé. Qu'est-ce qu'il
aurait pris pour son rhume !
Et cela, croyez-le bien, ne prouve pas
que les journaux sont mal faits. Olx prouve
simplement que le public yrâjère toujours
un jait divers bien saignant aux documents
les plus utiles et les plus fructueux.
Stendhal, je crois, disait que les femmes
méprisent toujours un peu celui qui les
estime.
L'opinion publique, ce me semble, est
lemme sur ce point, - FLIP.
Le départ de M. Steeg
M. Steeg part aujourd'hui pour l'Algérie
où il va exercer les fonctions de gouver-
neur général que le gouvernement lui a
confiées.
Nous avons indiqué les grandes lignes
du programme qu'il va appliquer. Il se ré-
sume en cette formule : « Faire respec-
ter la France en la faisant aimer. »
On nous communique la note suivante :
« Avant ti-on départ, M. Steeg a eu hier un
entretien avec M. Lucien Saint, résident
général de France à Tunis. Au cours d'une
longue et amicale conversation, les diffé-
rentes quesiions intéressant à la fois nos
trois grandes possessions de t'Àfrjyue-&j
Nord ont été envisagées. Les problèmes
communs à l'Algérie et à la' Tunisie, no-
tamment ceux qui concernent leur dévelop-
pcment économique et l'entr'aide mutuelle
qu'elles peuvent se prêter ; l'application de
mesures sévères à instituer de part et d'au-
tre en cas d'épidémie ; l'établissement des
voies d'interpénétration, ont retenu l'atten-
tion du gouverneur et du résident. »
Le système D
appliqué aux Finances
Noire administration des finances a des
principes et n'y déroge pas volontiers. Cha-
que mois, religieusement, elle communique
le rendement des impôts ; chaque rnois.
aussi. elle est obligée de constater que ce
rendement est inférieur aux prévisions.
Vous lirez les chiffres plus loin. Qu'il
me suffise d'indiquer que le déficit sur les
évaluations budgétaires est actuellement
de 7Î6 millions. Un peut prévoir qu'il dé-
passera, à la fin de l'arniee, le milliard.
Peut-être, nos bons bureaucrates de !n
rue de Rivoli pourraient-ils s'épargner
cette déception mensuelle, Il leur suffirait
d'avoir d.G;") prévisons inoins vastes et de
ne pas prendre comme chiffre probable
des rentrées les sommes exactes dont le
Trésor a besoin.
Ce serait simple, logique et probe. Sell
lement, avec un pareil système, ie budget
ne serait pas équilibré,! On n'aurait pas
- sur le papier — deux belles colonnes
égales, où les recettes correspondent très
précisément aux dépenses.
Vous rne direz peut-être que cet illusion-
pjslH e&t vain ! On a beau inscrire'de?
centaines de millions sur des feuilles (!I}
papier, la caisse des percepteurs n'en est
pas n.oins vide, si les contribuables ne
sçint pas venus les apporter.
Ces messieurs des finances ne pensent
pas de la sorte. Us se plaisent à construire
des châteaux en Espagne ! Ceux-ci s'éva-
nouissent au noment où l'en voudrait s'v
abriter. Ils comptent, pour résoudre les dif-
ficultés, sur le système D.
C'st cette formule détestable Qui, depuis
le lendemain de la guerre, caractérise no-
tre politique financière. On ne. veut pas
voir les difficultés ! On remet au lendemain
la recherche des remèdes efficaces. On
compte sur le miracle !
Hé!as ! le temps de la multiplication, des
pains n'est plus. Notre époque est triste-
ment réaliste. Ce n'est pas, en rusant avec
!es faits et en jouant avec les chiffres, que
nous résoudrons la redoutable crise finan-
cière. Il faut, être sincère d'abord. Il oc
serait pas mauvais ensuite d'être coura-
geux. Mais courage fiscal, c'est lé contrai-
re du système D. - J. LEBLANC.
Le déraillement
de l'express de Strasbourg
M. Le Trocquer, ministre des' travaux
publics, de retour de Plombières, est repar-
ti hier même pour Lyon, accompagne au
commandant Dupuy-Dutemps, de son cabi-
net. Le ministre se livrera à une-enquête
technique sur les lieux dt la catastrophe.
Ddïhhin aprèè-midi, il compté assister, à
Miricl, près des Echets, aux obsèques des
victimes civiles ; puis, à Lyon, aux obsè-
ques des victimes militaires."
Une demande d'interpellation
Besançon, 12 septembre..— M. Girod, dé-
puté du Doubs, annonce qu'il dépose une
demande d'interpellation sur l'accident.
LA POLITIQUE ETRANGERE
La. crise bavaroise
M. von Kahr, président du Conseil bava-
rois, a démissionné. Le différend entre Mu-
nich et Berlin, surgi après l'assassinat d'Erz-
berger, aggravé par la poussée de protestation
républicaine qui a traversé toute l'Allemagne,
est arrivé ainsi à son état le plus aigu.
Ce projet élaboré à Beriin et tendant à ré-
gler à l'amiable le conflit germano-bavarois
avait été accepté par la commission perma-
nente du Landtag. M. von Kahr prétendit re
lever l'état de siège, instrument de sa dicta-
ture, que lorsque ies événements le permet-
traient »• La commission du Landtag s' opposa
à cette prétention et le président du Conseil
démissionna, suivi du ministre de la justice
Roth.
M- von Kahr avait réussi à établir à Mu-
nich un gouvernement indépendant de celui de
Berlin. L'état de siège lui permettait de diriger
la Bavière selon les purs principes de la réac-
tion et du militarisme. Sans se soucier le moins
du monde des difficultés que son attitude créait
au gouvernement du Reich, von Kahr, durant
tout son séjeur au pouvoir, s' opposa à l'exé-
cuticn des clauses militaires et économiques du
traité. On se souvient de son acharnement à
défendre les organisations armées réactionnai-
res camouflées en gardes civiques ; on sait
combien de « volontaires » bavarois ont été
envoyés en Haute-Silésie pour y susciter des
difficultés aux troupes alliées ; on connaît la
résistance du gouvernement bavarois aux in-
jonctions de l'Entente concernant la livraison
du matériel de guene ; on n'ignore rien, enfin,
des manifestations pangermanistes organisées ou
encouragées en Bavière par M. von Kahr.
Il avait en quelque sorte réalisé à Munich ce
que von Kapp avait manqué à Berlin : l'éta-
blissement d'un pouvoir réactionnaire dans rne
Allemagne républicaine, pouvoir réactionnaire
préparant les voies à un rétablissement de la
monarchie.
Certes, la population bavaroise tout entière
n'était pas derrière lui, et c'est sans doute
l'attitude énergique des socialistes bavarois qui
a fait réfléchir les membres de la commission
permanente du Landtag et les a encouragés à
accepter le compromis élaboré à Berlin.
Il ne faudrait pas cependant s'imaginer que
le seul départ de von Kahr va supprimer en
Bavière l'agitation monarchiste. Il n'est même
pas certain que la crise munichoise se résolve
saas trouble. Les partis du centre' et de la
gauche vont persévérer dans leur effort, mais
la possibilité d'un coup d'Etat, organisé par
les nationalistes, res populistes, von Kahr et,
dans la coulisse, les anciens généraux et le
kronprinz Rupprecht de Bavière, n'est pas ex-
clue. Déjà, les socialistes inquiets ont* décidé
d'inviter le chancelier Wirth à faire agir la
Reichswehr contre la Bavière. Il est peu pro-
bable que le chancelier ordonne cette mesure
grave si des faits nouveaux ne viennent pas
brusquement la rendre indispensable, mais il
envisagera certainement des mesures oranres
à nettoyer le foyer militariste et réactionnaire
bavarois.
En tout cas, nous ne saurions nous désin-
téresser de ce qui va se passer à Munich,
car le péril bavarois nous paenace presque zu-
tant qu'il menace le gouvernement du Reich.
LA SUCCESSION DE M. VON KAHR
Munich, 12 septembre. - C'est le minis-
tre de l'Instruction publique et des cultes
qui est chargé, provisoirement, de diriger
les affaires, courantes. Le cabinet reste au
pouvoir ; il n'est question, pour l'instant,
que d'un remaniement.
Comme successeur de M. von Kahr, on
cite le nom de l'ancien ministre c'e la Justice
et des cultes sous le roi Louis, M. Kmilling,
et celui du député Hold.
LA DIETE VA ETRE CONVOQUEE
, Munich, 12 septembre. - La Diète bava-
roise va. être incessamment convoquée, afin
de se prononcer sur la démission du. prési-
dent du Conseil. On sait. en effet, que lo
président est élu par la Diète.
UN DEPUTE SEPARATISTE ARRETE
Munich, 12 septembre. - Le député so-
cialiste indépendant bavarois, Fischer, a été
arrêté hier, à Munich, sous l'inculpation
de -haute trahison pour avoir déclaré, il y
a quelques jours, dans une réunion tenue
dans la capitale bavaroise, que la procla-
mation de la République franconienne était
imminente.
Lu question dé l'immunité parlementaire
de M. Fischer a fait l'objet d,e vives discus-
sions au cours de la' séance de la commis-
sion permanente du Landtag.
UN INCIDENT
Munich, 12 septembre. - Hier une auto
contenant 5.000 exemplaires du Miesbacher
Tageblait, qui a remplacé le Miesbçcher
Anzeiger interdit, a été arrêtée, dans un fau-
bourg de Munich par une bande de jeunes
gens qui jetèrent au ruisseau tous les exem-
plaires eu journal.
UNE MANŒUVRE
Berlin, 11 septemre. — Le Conseil des mi-
nistres bavarois convoqué pour ce matin,
sera encore présidé par M. von Kahr. On
en déduit, dans les cerçies touchant de près
le premier ministre, qu'il cherche à provo-
quer un vote dont le résultat le ferait 'ou
rester, ou se retirer.
A BERLIN
Berlin, 12 septembre. - Le gouvernement
du Reich n'ayant tenu aucun conseil same-
di et hier, le Lolial Anz&ûjer croit savoir
qu'aucune décision n'aurait encore été prise
au sujet de lo crise bavaroise. Le gouver-
nement du Reich ne veut, paraît-il. prendre
aucune décision avant que se soit prononcée
la commission de surveillance du Reichstag
à propos Ces négociations engagées entre le
Reich et la Bavièra-
LA CRISE INDUSTRIELLE
La "grève de la vie chère"
est générale à Roubaix- Tourcoing
Le ministre du TraVail tente une conciliation
Les grèves du Nord sont une réalité as-
sez sérieueets par elles-mèmes your qu'il ne
soit pas nécessaire ae 1 aggraver par des
déclamations excessives, ou par une opti-
misme dépiaoé. Les journaux ouvriers par-
ient, comme de coutume, des « provoca-
tions » patronales. Certains journaux pa-
tronaux s'efforcent de démontrer que la
greve n -est pas générale.
La vraie question n'est pas là. En fait,
les grèves du Nord posent un problème qui,
d'une façon plus ou moins aigüe selon les
lieux, se pose à toute la: proailctlOn fran-
çaLe.
Adons plus loin. Les deux partis en pré-
sence semblent, 1 un et l'autre, de bonne foi.
Et l'un et l'autre se heurtent à ce terrible
dilemme de la vie chère et de la produc-
tion, que nous avons analysé en de précé-
dents articles. Les industriels du Nord di-
sent :
- Il nous est impossible, dans les condi-
tions actuelles de la concurrence et de la
production mondiales, de tenir le coup avec
les salaires actuellement payés par nous à
la main-d'œuvre.
-- Il nous est impossible, répondent, non
moins justement, les ouvriers d'accepter
une réduction de salaires tant que le coût
des vivres n'aura pas baissé.
« Nos salaires ne sont « hauts Il que pour
se tenir à l'étiage de la hausse des choses
essentielles à la vie. »
Le ministre du Travail, certes, aura bien
mérité de la patrie s'il parvient à résou-
dre ce dilemme.
La question, en tout cas, qui se pose d'une
façon aiguë, aujourd'hui, dans le-Nord, se
pose d'une façon latente dans toute la
France
La manière dont elle sera résolue, à Rou-
baix-Tourcoing, sera à la fois une indica-
tion et un enseignement.
AU MINISTERE DU TRAVAIL
Les patrons exposent leurs raisons
Le ministre du Travail a reçu, hier,
une délégation du consortium du textile du
Nord et des industriels isolés.
Dans cette entrevue, qui a duré de
15 heures it 20 h. 45, les industriels ont
cohrirmé au ministre léS raisons .écÓllcml.
quH. impérieuses qui 11$ içur peïtnettent
pas de revenir sur la diminution de 20 cen.
times par heure irremédiablement décidée,
les salaires à Houbaix-Tourcoing étant plus
élevés que dans les autres centres textiles
français et plus élevés que ne le compor-
taient les coefficients constatés dans le
Nord par la Commission-du coût de la vie,
les allocations familiales-assurant en outre
aux ouvriers et à leur famille des condi-
tions de vie considérablement améliorées
par rapport à l'avant-guerre, Dans ces con-
ditions, les industriels ont déclaré avoir
pour mandat de maintenir la décision
prise.
Le ministre a pris acte de ces déclara-
tions qu'il communiquera aux délégués ou-
vriers qu'il doit recevoir mercredi, niais il
a demandé aux patrons, comme il deman-
dera après-demain aux ouvriers, d'obtenir
de leurs collègues le mandat de les repré-
senter à une réunion où ils se rencontre-
ront avec les délégués ouvriers.
Il ne lui paraît pas possible que les deux
parties puissent renoncer à cette dernière
chance de terminer aimablement un con-
flit qui dure depuis quatre semaines et qui
succède à une période de demi-chômage de
plusieurs mois.
Les industriels ont informé le ministre
que déjà, à ce sujet, des entrevues ont eu
lieu entre les secrétaires des organisations
ouvrières et patronales, que la question
d'une entrevue entre les délégués patro-
naux et les secrétaires ouvriers avait été
posée à plusieurs reprises et qu'il n'avait
pu y être donné suite en raison des faits
qui ont été portés à .la connaissance du
public, Ils ne sont donc pas autorisés à
modifier la ligne de conduite qui leur a été
tracée, mais ils conservent, par déférence
pour le ministre du travail, à reposer la
question à la commission intersyndicale.
Dès que la Commission aura pris sa dé-
cision, celle-ci sera communiquée au mi-
nistre du travail.
Aujourd hui, les ouvriers exposeront
Ses leurs
Une délégation ouvrière sera reçue par
M. Daniel-Vincent aujourd'hui. Elle répou-
dra à la thèse patronale que le coût de la
vie est plus eievé dans le Nord qu'ailleurs ;
et que, d'allieurs, la. moyenne du travail
dans le textile' n'est que de 34 heures par
semaine. Les grévistes n'accepteront, dans
ces conditions, un arbitrage, qu'en posant
à la base la condition du maintien des éc-
laires actuels.
On conçoit que, dans ces conditions, la.
tâche conciliatrice du ministre est des plus
difficiles.
Dans les milieux patronaux, on envisage
comme solution possible, de proportionner
la diminution au temps de travail : 0 fr. 20
de l'heure, par exemple, pour les ouvriers
travaillant 48 heures par semaine ; 0 fr.-10
pour ceux ne travaillant que 24 heures. De
cettei manière, les chômeurs seraient les
moins touchés.
Les cheminots refuseront-ils
de transporter des troupes ?
Le bureau de l'union des syndicats du
réseau du Nord envoie aux secrétaires des
organisations adhérentes une circulaire leur
demandant d'organiser des souscriptions
pour les grévistes du Nord. Il leur deman-
de aussi si « le gouvernement et le patro-
nat intransigeant, recourant aux moyens
généralement employés, commettaient* le
crime de dresser l'armée contre la'classe ou-
vrière, de se refuser aux transports des
troupes. Il leur rappelle que les grévistes
du Nord engagent la première lutte pour
la défense cteè salaires, et qu'ils auront
pa«it-être Heiçain besoin de leur, apjJîti. »
On travaille un peu à Tourcoing
Lille, 12 septembre. - Dans les différents
centres de la région de Roubaix-Tourcoing,
ia greva se généralisé depuis ce matin, A
itoubaix, à Tourcoing, à iannoy, à Roncq,
à Wasquehal, à Monveaux, les corporations
se sont jointes aux grevisoes de 1 industrie
textue, ainsi qu'el!es en avaient pris 1 en-
gagement. A houbalx, maIgre la cessation
du travail par les travailleurs de l'alimen-
tation, le ravitaillement de la population
est assuré par les coopérati ves. Ce matin,
un meeting a été tenu au cours duquel Ar.
Jouhaux, de la C. G. T.. a pris la parQle.
A Tourcoing, les ernployes municipaux
travaillent, ainsi que les ouvriers du gaz,
Les tramways ont été arrêtés par les gré-
vistes. Le commerce local fonctionne, les
patrons assurant le service. A l'usine d'é-
nergie électrique de Wasquehal, qui four-
nit la force motrice dans la région, la
rentrée des ouvriers a été normale malgré
la décision prise par la majorité.
A Wattrelos, la grève est générale. 2.000
kilos de pain ont manqué ce matin. La mu-
nicipalité a pris des mesures pour assurer
demain le ravitaillement.
Les tramways de Roubaix et ceux de la
compagnie qui dessert Lille, fonctionnent
jusqu à présent..
1 -
L'OFFENSIVE CONTRE LA HAUSSE
.- .---- .:..-;.:.--. -.
La "Répressio des Fraudes" traque
les mercantis du logement
Les sans-logis de Viroflay, dont nous
avons co'nte, l'infortune, ont trouvé, parait-il,
gîte provisoire, grâce à la générosité d'un
Habitant ae Porcnefontaine.
Le problème de la crise localive n'en reste
pas moins eaLier, à' l'heure même où les
pouvoirs publics semblent taire tous leurs
efforts pour faire baisser le prix des den-
rées essentielles ; pain, vin, viande, légu-
mes.
Môme couronnée de succès - et il est per-
mis, nélas ! d'avoir des appréhensions ! ,-
cette initiative nécessaire sera incomplète si
la lutte contre le logis cher ne redouble pas,
parallèlement, d'intensité.
Si l'on en croit les bouchers, la viande
n'est pas près de diminuer. De même, si
ion en croit les propriétaires, leur-chambre
syndicale, , leur journal, là crise locative
n'est pas près de s'éteindre.
Il faut pourtant que l'employé, que l'ou-
vrier trouvent à se loger, et à des prix rai-
sonnables pour qu'ils puissent envisager
une future diminution de leurs salaires.
Or, la crise Iocative égale et dépasse en
acuité la crise des denrées. Car, en les
payant cher, on trouve des denrées. Alors
qu'à aucun prix on ne trouve de logis.
Nous en avons, da.ns des enquêtes précè
dentes, énuméré les causes : surpeuple-
ment ; ralentissement de la construction ;
insuffisance. de locaux vacants ; spécula-
tion.
C'est sur cette dernière cause qu'il nous
faut insister. La spéculation est, aujour-
d'hui, plus lourde que jamais. Forts d'une
démande imprévue, d'une législation quasi
absente en ces mâtières, les propriétaires
ont agi souvent, trop souvent, ces dernières
armées, avec une déplorable légèreté. Des
appartements loués 1.000 ou 2.000 francs
avant la guerre passèrent, couramment, en
1919 et 1920 à 5. G et même 8.000 francs
Mais qui s'étonnerait. : à tous Prx. des ac-
quéieùrs se présentaient, concluaient le
marché et louaient séance tenante.
Enfin, et surtout, il y a eu le fameux
« coup du. meuble »
Combien en avons-nous vus, de ces ap
parlements dits meublés, et que meublaient
en réalité un lit, deux chaises et une tabla
de bois blanc ! C'était trop simple, ma loi,
et en trois mois, l'on gagnait le prix de sua
loyer d'un an. Des chambres qu'on n'osait
louer plus de 75 ou 100 francs par mois eu
1914, atteignaient en 1920, 5W ou <500 francs.
Des appartements de trois pièces, sur cour,
dans les quartiers les plus reculés, trou-
vaient de bénévoles acquéreurs pour 2.500
ou 3.000 francs. Le scandale, né de la guer-
re, continuait avec la paix. On tournait la
loi par factures fictives et conventions ta-
cites. Et quand passait la « Répression des
fraudes », elle ne trouvait, le plus souvent,
que papiers dûment signés, timbrés, con-
trôlés et enregistrés.
Ainsi, notre législation des Il garnis et
meublés », pourtant très stricte, se trouvait
journellement en défaut. Rédutite à un rôle
de surveillance, elle ne pouvait ni interve-
nir ni poursuivre ni accuser. En est-elle là
encore aujourd'hui ? Le scandale des garnis
persiste-t-il ? C'est ce que nous avons .voulu
savoir.
Des chiffres impressionnants
A la direction des garnis, à.la préfec-
ture de police, quai des Orfèvres, le direc-
teur nous reçoit entre des piles de dossiers
méthodiquement rangés.
« Le scandale des garnis persiste-l-il, de-
mandez-vous ? nous dit-il. Oui, il persiste,
mais plus discret à mesure que les causes
d'exception qui avaient présidé à sa nais-
sance disparaissent et meurent avec sa
guerre.
« Il y a encore beaucoup, il y a encore
trop de meublés. Leur nombre, eu égard
aux besoins de la population, est encore
trop élevé. Cependant, mois par mois, il
diminue, et les chiffres que nous 'enregis-
trons aujourd'hui ne sont rien auprès de
ceux Que nous enregistrions il y a un an.
lie numéro : QUINZE CENTIMES
Mardi 13 septemore 1821. - Nf) 18540.
Fondateurs ÇS86S) i
VICTOR HUGO e
AUGUSTE VACQUERIR
ABONNEMENTS
Un an Six mois Trofemof*
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » 29 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 *
ETRANGER 49 » 25 » 13 »
Adresser toutes les communications
au directeur.
Rédacteur en chefs
RAYMOND LANGE
Pour la Publicité, s'adresser
aux bureaux du journal.
ON S'ABONNE SANS FRAIS DANS
TOUS LES BUREAUX DE POSTE
ADMINISTRATION & REDACTION :
Boulevard de Strasbourg, 38 — PARIS
Directeur : EDMOND DU MESNIL
TELEPHONES: ,-
Rédaction et administration : Nord 24-90,24-91.- Après 10 h. la soir: Gutenberg 00-79
OPINIONS
Deux sons de cloche
Par le hasard des envois de librairie, deux
volumes se trouvent voisiner sur ma table.
Ils n' ont rien de commun : ni le sujet, rai
le titre, ni le ton, ni la conclusion. Mais ils
se ressemblent tellemnt, là surtout où ils se
contredisent, qu'il est impossible ce ne pas
les rapprocher.
Tous deux abordent, dans le même esprit,
le grand problème : l' organisation sociale de
demain. Celle d' aujourd'hui leur inspire, à tous
chux, des jugements également sévères, avec
la même certitude que « cela ne peut pas
durer ». N'est-il pas intéressant de rechercher
où et comment, partis du même point et sui-
vant la même route, deux nobles esprits ont
pu diverger jusqu'à paraître enfin s'opposer
l'un à l'autre ?
Le volume da M- Maxime Leroy a pour
titre: Les Techniques nouvelles du syndicalisme-
C' est un livre d'information et de doctrine,
écrit par un savant qui a l'âme d'un prophète.
Juriste, économiste, historien, l'auteur s'astreint
à toute la rigueur d'une méthode qui ne laisse,
semble-t-il, aucune place à l'imagination ni au
sentiment.
Au contraire, d'ans le Couteau entre les
dents, M. Henri Barbusse adresse « aux in-
tellectuels » un appel vibrant d'émotion. On
y retrouve avec ses plus beaux accents, 1 au-
teur du Feu.
Simples différences de forme et d' expres-
tion. Au fond, il y a entre eux la communauté
d'une pensée profonce que l'un et l'autre
avouent sans détour. Notre société, en dépit de
ses prétentions à la démocratie, repose sur la
persistance d'une inégalité qui est une injustice.
Chacun des deux auteurs le dit à sa manière.
On a beau le nier, il existe toujours deux clas-
ses sociales, et la Déclaration même des Droits
de l'Homme n'a identifié leurs droits que dans
le seul domaine de la politique, entendue au
sems le plus étroit.
Or, on a beaucoup réfléchi depuis, et l'on
s'est convaincu que la grande question, ce n' est
pas de voter, c'est de vivre. Et peuvent-ils
vivre la même vie, patrons et ouvriers, riches
et pauvres, employeurs et salariés, ceux qui
possèdent sans travailler et ceux qui- travail-
jent sans posséder ?
Maxime Leroy ne le prétend pas plus que
Barbusse. Celui-ci énonce le fait avec plus
tl' emertume et d'âpreté :1 « Nos institutions,
fÎt-il, ont toujours tendu et tendent encore tou-
tes, sous dc's appellations et des modalités di-
verses, à assurer l'intérêt de quelques 'indivi-
dus, au détriment de l'intérêt général. » L'au-
tre fait mieux: il le prouve par une minutieuse
i:ud e des lois qui ont régi le travail jusqu'à
nos jours. 1
Et il nous fait sentir - sans phrases - com-
bien avaient raison de s'indigner, de se révol-
ter, les premiers (t meneurs » de-la classe ou-
vrière qui réclamaient pour elle le même droit
À l'association qui avait décuplé la puissance
de la classe patronale. Que de temps il a fallu
tt que de condamnations iniques, que de mois
et d'années de prison pour réprimer ce « délit »
jusqu'au jour où l'on consentit à en faire un
droit légal désormais incontesté !
Mais peut-on en rester là ? Les syndica-
les assurent que le syndicat n'en est qu'à
Sa première ébauche. Et rien n'est plus sai-
sissant que l'exposé précis, par lequel Maxime
Leroy nous fait assister aux diverses étapes de
cette évolution d'une portée incalculable. Les
mots ne sont rien, - même ceux de Barbus-
le, - auprès de ces exemples techniques, pour
faire mesurer le chemin parcouru et les con-
léquences de chacune de ces petites victoires
çui s'enchaînent pour aboutir, selon toute vrai-
semblance, au triomphe final.
La formule s'en dégage toute seule : la
cité était organisée pour le pouvoir ; il faut
qu'elle le soit pour le travail. Le citoyen iner-
te, abstrait, toujours uniquement envisagé dans
ton rôle politique s'efface devant le citoyen
vivant, agissant, travaillant, disons le mot qui
fait peur à certains, devant le producteur. La
société réorganisée d'après cette vue nouvelle,
c' est pour Maxime Leroy le terme auquel tend
la démocratie. Et ce n'est pas à quelques-uns,
c'est à tous les citoyens sans exception qu'il
propose cette devise : « Je consomme, donc
je dois produire, c'est-à-dire travailler. »
Jusque-là, les deux auteurs semblent égale-
ment révolutionnaires. Ils se séparent au mo-
ment où l' auteur de Clarté, au lieu de sui-
vre patiemment cet effort du syndicalisme,
c'est-à-dire du socialisme organisé, — se per-
suade et essaie de nous persuader qu'on n'en
peut rien espérer. En effet, dit-il, « l'ordre so-
cial est un cercle vicieux effrayant ». C'est
une chimère de s'imaginer qu'on en sortira par
un appel à la raison. La lutte est entre deux
groupes qui ne combattent pas à armes éga-
les : comment voulez-vous que les révol ution-
naires l'emportent jamais sur les conservateurs?
Ceux-ci ont pour eux la réalité, les autres un
rêve. Comment opposer « à l'ordre qui existe
l' orctre qui n'existe pas » ?
Il n'y a qu'un moyen de rompre ce cercle
fatal : le briser par la violence- Quoi ! Se
servir des mêmes armes que nous reprochons
aux autres d'employer ? Barbusse n'hésite pas:
« La violence n'est pas une arme, c'est un
outil.-., la violence est aujourd'hui la réalité
de la justice., il c faut se saisir violemment de
la violence pour l'éliminer », et dix autres
aphorismes aussi tranchants et aussi faux.
Après quoi, d'ans quelques pages dithyram-
biques, il célèbre la révolution russe comme le
plus grand événement et le plus heureux que
l'histcire ait enregistré depuis la révolution
chrétienne. Mais qu'on y prenne garde :
ce que Barbusse loue avec tant d'enthou-
siasme, est-ce bien le régime qui fonction-
ne depuis trois ans dans la Russie soviétique ?
Est-ce la politique appliquée par Lénine et
Trotzki ?
Qu'imperte ? Il n'entre pas dans ce dé-
tail. Il n'a pour ce qui se passe là-bas aucune
curiosité. Ce qu'il salue, c'est l'annonce d'une
révolution où, pour la première fois, « l'idéal
essaie de prendre corps ». Il en parle absolu-
ment comme en ont parlé, aux premières heu-
res, les milliers de prolétaires de tous les pays,
à la nouvelle qu'une république prolétarienne
tentait de réaliser le programme du socialisme
intégral. *
Pouvons-nous leur reprocher cet élan cie
sympathie et d'admiration ? Maxime Leroy n'y
songe pas ; personne n'a mieux compris, mieux
expliqué la légitimité de cet entraînement. Le
grand prestige du Mv iétisme c'est d'être as-
sez peu connu pour que chacun puisse y mettre
le meilleur de son idéal. « Là-bas, il y a
des ouvriers qui gouvernent ou qui paraissent
gouverner : il n'en fallait pas davantage pour
créer un symbole formidable de salut en ces
heures de désarroi et d'e misère. »
Mais à ce premier mouvement de foi mys-
tique doit succéder la connaissance exacte de
« l'expérience russe ». Les communistes, mê-
me les plus intrépides, ne pourront toujours
idéaliser, tranfigurer au gré de leurs désirs les
actes et les institutions du bolchevisme- Sans
passion, sans colère, Maxime Leroy en indique
déjà quelques traits caractéristiques, en ne ci-
tant que des documents officiels d'une aveu-
glante clarté.
Et d'où vient qu'en fermant ce volume,
on est beaucoup moins découragé qu' en ache-
vant le pathétique plaidoyer de Barbusse ?
C'est que Maxime Leroy fait naître un grand
espoir. 11 nous introduit dans l'intimité de la
Confédération Générale du Travail, et il nous
montre la hardiesse autant que la solidité de,
ses plans. Il sait bien et il fait bien voir qu'il
ne s'agit pas de réformisme.
C'est la révolution que préparc consciem-
ment la C. G. T. Mais elle la définit par
un mot de Jouhaux, que Maxime Leroy prend
pour épigraphe, dont nous ferons volontiers
notre conclusion et que nous voudrions voir
adopté par tous les prolétaires du « i!T"\U"
nisme international », à commencer par Bar-
busse : « Faire la révolution, c'est entrepren-
dre une vaste besogne constructioe. »
Ferdinand BUISSON.
ÉDITORIAL
A chacun son CI la
M. le Ministre de la Guerre a prononcé,
t Meaux. un admirable discours pour com-
némcrér la victoire de la Marne.
Je le louerais d'enthousiasme et sans ré-
serves, si M. Barthou n'avait pris soin lui-
même de faire une allusion directe aux « po-
lémiques attardées » qui prétendent « mar-
chand er » sa gloire au Maréchal Joffre. Hé
là ! précisons.
Les polémiques ne se sont pas attardées.
Elles ont été retardées par la Censure, l'état
de siège, les jaux communiqués et l'obscu-
rité épatsse que les sycophantes intéressés du
G.Q.G. se plurent trop longtemps à entre-
tenir sur les rives de l'Ourcq et de la Marne.
Messimy n'a-t-il pas déclaré, à la Com-
mission d'enquête sur Bricy, qu'un zèle -
pour le moins fâcheux — avait fait dispa-
raître des Archives du ministère de la guerre
des documents suspects d'hérésie envers les
dogmes du G.Q.G. !
La légende de, la Marne, ainsi estropiée,
serait entrée clopin-clopant dans l' Histoire,
avec le (c glorieux » traité de Versailles 1
* Il fallait laisser à la lumière le temps de
filtrer. Dès le premier rais, la vérité apparut
La haute figure de Gallieni s'illumina, ce-
pendant que la grosse face camouflée de
Joffre se teintait d'ombres. Et Clemenceau
fendit Voreille au vainqueur malgré lui.
Je comprends à merveille que M. Barthou
s'efforce aujourd'hui de décerner à M. Jof-
m
tre un prix de consolation. Ce sont gentil-
lesses entre académiciens. Mais, révérence
gardée, je prie M. le Ministre de la Guerre
d'observer que ce n'est pas à Joffre, mais
à Galliçni qu'on « marchanda » la gloire,
puisque celui-ci se voit encore attribuer le
génie et le mérite de celui-là.
Tous les discours, les panégyriques, les
oraisons du monde ne pourront rien contre
ce fait : Joffre avait décidé de passer la
Seine, abandonnant Verdun et Paris ; Gai-
lieni l'obligea au redressement de la Marne
en engageant spontanément l'offensive de
l'Ourcq.
Sauver Paris n'est pas se sauver de Pa-
ris. Je n'aurai pas l'outrecuidance de sou-
ligner la nuance au plus subtil des académi-
ciens.
A chacun son dû.
Laissons donc à Gallieni son rôle de
grand chef militaire, et à Joffre sa fonction
de garde champêtre des tranchées et - hé-
las 1 — de gardien du cimetière des « gri-
gnotés ».
EDMOND DU MESNIL.
Un grand discours de M. Briand
M. Aristide Briand, président du Conseil,
prononcera, avant la rentrée des Cham-
bres tin grand discours politique. C'est pro-
bablement à Saint-Nazaire, et. dans les pre-
miers jours d'octobre, aue M* Briand par-
lera.
).. ,. -
En pas s ant' *
Les rois du jour
--.-.-..-
Où sont, messeigneurs, les poignards de
carlon qui réjouissaient nos pères, l'épée
de Lagardère ou de Coconas, le glaive de
Buridan ?.
On se tue beaucoup, au théâtre, cet le
année. C'est évidemment moins usé que le
collier perdu, mais., comme dit l'autre, ça
fait moins d'usage.
Nous avons eu un jeune astéroïde du
Théâtrer-Français qui s'est ouvert la gorge.
Et voici qu'une étoile dramatique de pre-
mière grandeur, le gros F ait g en personne,
aurait tué sa bonne amie.
Son coup fait, il se. serait réfugié à Los
Angelos, qui, on le sait, est la Mecque, la
Rome des cinémalographistes. C'est là que
la justice l'a arrêté. *
Et voici la presse des deux mondes en
branle. Chariot. Falty, il n'y en a que
pour eu-x.
A côté de cela, je voyais hier, dans un
grand journal, modestement relégués à la
sixième colonne de la i" ~vaye, entre « 1.',4b-
bé Soury » et les « Pilules Pales », l'his-
toire de ce savant agronome qui peut dé-
cupler la récolle française, par un système
préalable de macération du grain dans tm
engrais liquide.
Imaginez le secrétaire de rédaction 'Id,
aurait installé Chariot ou Fatty dans ce
coin discret et sorti « en une » sur deux
colonnes le Magicien du Blé. Qu'est-ce qu'il
aurait pris pour son rhume !
Et cela, croyez-le bien, ne prouve pas
que les journaux sont mal faits. Olx prouve
simplement que le public yrâjère toujours
un jait divers bien saignant aux documents
les plus utiles et les plus fructueux.
Stendhal, je crois, disait que les femmes
méprisent toujours un peu celui qui les
estime.
L'opinion publique, ce me semble, est
lemme sur ce point, - FLIP.
Le départ de M. Steeg
M. Steeg part aujourd'hui pour l'Algérie
où il va exercer les fonctions de gouver-
neur général que le gouvernement lui a
confiées.
Nous avons indiqué les grandes lignes
du programme qu'il va appliquer. Il se ré-
sume en cette formule : « Faire respec-
ter la France en la faisant aimer. »
On nous communique la note suivante :
« Avant ti-on départ, M. Steeg a eu hier un
entretien avec M. Lucien Saint, résident
général de France à Tunis. Au cours d'une
longue et amicale conversation, les diffé-
rentes quesiions intéressant à la fois nos
trois grandes possessions de t'Àfrjyue-&j
Nord ont été envisagées. Les problèmes
communs à l'Algérie et à la' Tunisie, no-
tamment ceux qui concernent leur dévelop-
pcment économique et l'entr'aide mutuelle
qu'elles peuvent se prêter ; l'application de
mesures sévères à instituer de part et d'au-
tre en cas d'épidémie ; l'établissement des
voies d'interpénétration, ont retenu l'atten-
tion du gouverneur et du résident. »
Le système D
appliqué aux Finances
Noire administration des finances a des
principes et n'y déroge pas volontiers. Cha-
que mois, religieusement, elle communique
le rendement des impôts ; chaque rnois.
aussi. elle est obligée de constater que ce
rendement est inférieur aux prévisions.
Vous lirez les chiffres plus loin. Qu'il
me suffise d'indiquer que le déficit sur les
évaluations budgétaires est actuellement
de 7Î6 millions. Un peut prévoir qu'il dé-
passera, à la fin de l'arniee, le milliard.
Peut-être, nos bons bureaucrates de !n
rue de Rivoli pourraient-ils s'épargner
cette déception mensuelle, Il leur suffirait
d'avoir d.G;") prévisons inoins vastes et de
ne pas prendre comme chiffre probable
des rentrées les sommes exactes dont le
Trésor a besoin.
Ce serait simple, logique et probe. Sell
lement, avec un pareil système, ie budget
ne serait pas équilibré,! On n'aurait pas
- sur le papier — deux belles colonnes
égales, où les recettes correspondent très
précisément aux dépenses.
Vous rne direz peut-être que cet illusion-
pjslH e&t vain ! On a beau inscrire'de?
centaines de millions sur des feuilles (!I}
papier, la caisse des percepteurs n'en est
pas n.oins vide, si les contribuables ne
sçint pas venus les apporter.
Ces messieurs des finances ne pensent
pas de la sorte. Us se plaisent à construire
des châteaux en Espagne ! Ceux-ci s'éva-
nouissent au noment où l'en voudrait s'v
abriter. Ils comptent, pour résoudre les dif-
ficultés, sur le système D.
C'st cette formule détestable Qui, depuis
le lendemain de la guerre, caractérise no-
tre politique financière. On ne. veut pas
voir les difficultés ! On remet au lendemain
la recherche des remèdes efficaces. On
compte sur le miracle !
Hé!as ! le temps de la multiplication, des
pains n'est plus. Notre époque est triste-
ment réaliste. Ce n'est pas, en rusant avec
!es faits et en jouant avec les chiffres, que
nous résoudrons la redoutable crise finan-
cière. Il faut, être sincère d'abord. Il oc
serait pas mauvais ensuite d'être coura-
geux. Mais courage fiscal, c'est lé contrai-
re du système D. - J. LEBLANC.
Le déraillement
de l'express de Strasbourg
M. Le Trocquer, ministre des' travaux
publics, de retour de Plombières, est repar-
ti hier même pour Lyon, accompagne au
commandant Dupuy-Dutemps, de son cabi-
net. Le ministre se livrera à une-enquête
technique sur les lieux dt la catastrophe.
Ddïhhin aprèè-midi, il compté assister, à
Miricl, près des Echets, aux obsèques des
victimes civiles ; puis, à Lyon, aux obsè-
ques des victimes militaires."
Une demande d'interpellation
Besançon, 12 septembre..— M. Girod, dé-
puté du Doubs, annonce qu'il dépose une
demande d'interpellation sur l'accident.
LA POLITIQUE ETRANGERE
La. crise bavaroise
M. von Kahr, président du Conseil bava-
rois, a démissionné. Le différend entre Mu-
nich et Berlin, surgi après l'assassinat d'Erz-
berger, aggravé par la poussée de protestation
républicaine qui a traversé toute l'Allemagne,
est arrivé ainsi à son état le plus aigu.
Ce projet élaboré à Beriin et tendant à ré-
gler à l'amiable le conflit germano-bavarois
avait été accepté par la commission perma-
nente du Landtag. M. von Kahr prétendit re
lever l'état de siège, instrument de sa dicta-
ture, que lorsque ies événements le permet-
traient »• La commission du Landtag s' opposa
à cette prétention et le président du Conseil
démissionna, suivi du ministre de la justice
Roth.
M- von Kahr avait réussi à établir à Mu-
nich un gouvernement indépendant de celui de
Berlin. L'état de siège lui permettait de diriger
la Bavière selon les purs principes de la réac-
tion et du militarisme. Sans se soucier le moins
du monde des difficultés que son attitude créait
au gouvernement du Reich, von Kahr, durant
tout son séjeur au pouvoir, s' opposa à l'exé-
cuticn des clauses militaires et économiques du
traité. On se souvient de son acharnement à
défendre les organisations armées réactionnai-
res camouflées en gardes civiques ; on sait
combien de « volontaires » bavarois ont été
envoyés en Haute-Silésie pour y susciter des
difficultés aux troupes alliées ; on connaît la
résistance du gouvernement bavarois aux in-
jonctions de l'Entente concernant la livraison
du matériel de guene ; on n'ignore rien, enfin,
des manifestations pangermanistes organisées ou
encouragées en Bavière par M. von Kahr.
Il avait en quelque sorte réalisé à Munich ce
que von Kapp avait manqué à Berlin : l'éta-
blissement d'un pouvoir réactionnaire dans rne
Allemagne républicaine, pouvoir réactionnaire
préparant les voies à un rétablissement de la
monarchie.
Certes, la population bavaroise tout entière
n'était pas derrière lui, et c'est sans doute
l'attitude énergique des socialistes bavarois qui
a fait réfléchir les membres de la commission
permanente du Landtag et les a encouragés à
accepter le compromis élaboré à Berlin.
Il ne faudrait pas cependant s'imaginer que
le seul départ de von Kahr va supprimer en
Bavière l'agitation monarchiste. Il n'est même
pas certain que la crise munichoise se résolve
saas trouble. Les partis du centre' et de la
gauche vont persévérer dans leur effort, mais
la possibilité d'un coup d'Etat, organisé par
les nationalistes, res populistes, von Kahr et,
dans la coulisse, les anciens généraux et le
kronprinz Rupprecht de Bavière, n'est pas ex-
clue. Déjà, les socialistes inquiets ont* décidé
d'inviter le chancelier Wirth à faire agir la
Reichswehr contre la Bavière. Il est peu pro-
bable que le chancelier ordonne cette mesure
grave si des faits nouveaux ne viennent pas
brusquement la rendre indispensable, mais il
envisagera certainement des mesures oranres
à nettoyer le foyer militariste et réactionnaire
bavarois.
En tout cas, nous ne saurions nous désin-
téresser de ce qui va se passer à Munich,
car le péril bavarois nous paenace presque zu-
tant qu'il menace le gouvernement du Reich.
LA SUCCESSION DE M. VON KAHR
Munich, 12 septembre. - C'est le minis-
tre de l'Instruction publique et des cultes
qui est chargé, provisoirement, de diriger
les affaires, courantes. Le cabinet reste au
pouvoir ; il n'est question, pour l'instant,
que d'un remaniement.
Comme successeur de M. von Kahr, on
cite le nom de l'ancien ministre c'e la Justice
et des cultes sous le roi Louis, M. Kmilling,
et celui du député Hold.
LA DIETE VA ETRE CONVOQUEE
, Munich, 12 septembre. - La Diète bava-
roise va. être incessamment convoquée, afin
de se prononcer sur la démission du. prési-
dent du Conseil. On sait. en effet, que lo
président est élu par la Diète.
UN DEPUTE SEPARATISTE ARRETE
Munich, 12 septembre. - Le député so-
cialiste indépendant bavarois, Fischer, a été
arrêté hier, à Munich, sous l'inculpation
de -haute trahison pour avoir déclaré, il y
a quelques jours, dans une réunion tenue
dans la capitale bavaroise, que la procla-
mation de la République franconienne était
imminente.
Lu question dé l'immunité parlementaire
de M. Fischer a fait l'objet d,e vives discus-
sions au cours de la' séance de la commis-
sion permanente du Landtag.
UN INCIDENT
Munich, 12 septembre. - Hier une auto
contenant 5.000 exemplaires du Miesbacher
Tageblait, qui a remplacé le Miesbçcher
Anzeiger interdit, a été arrêtée, dans un fau-
bourg de Munich par une bande de jeunes
gens qui jetèrent au ruisseau tous les exem-
plaires eu journal.
UNE MANŒUVRE
Berlin, 11 septemre. — Le Conseil des mi-
nistres bavarois convoqué pour ce matin,
sera encore présidé par M. von Kahr. On
en déduit, dans les cerçies touchant de près
le premier ministre, qu'il cherche à provo-
quer un vote dont le résultat le ferait 'ou
rester, ou se retirer.
A BERLIN
Berlin, 12 septembre. - Le gouvernement
du Reich n'ayant tenu aucun conseil same-
di et hier, le Lolial Anz&ûjer croit savoir
qu'aucune décision n'aurait encore été prise
au sujet de lo crise bavaroise. Le gouver-
nement du Reich ne veut, paraît-il. prendre
aucune décision avant que se soit prononcée
la commission de surveillance du Reichstag
à propos Ces négociations engagées entre le
Reich et la Bavièra-
LA CRISE INDUSTRIELLE
La "grève de la vie chère"
est générale à Roubaix- Tourcoing
Le ministre du TraVail tente une conciliation
Les grèves du Nord sont une réalité as-
sez sérieueets par elles-mèmes your qu'il ne
soit pas nécessaire ae 1 aggraver par des
déclamations excessives, ou par une opti-
misme dépiaoé. Les journaux ouvriers par-
ient, comme de coutume, des « provoca-
tions » patronales. Certains journaux pa-
tronaux s'efforcent de démontrer que la
greve n -est pas générale.
La vraie question n'est pas là. En fait,
les grèves du Nord posent un problème qui,
d'une façon plus ou moins aigüe selon les
lieux, se pose à toute la: proailctlOn fran-
çaLe.
Adons plus loin. Les deux partis en pré-
sence semblent, 1 un et l'autre, de bonne foi.
Et l'un et l'autre se heurtent à ce terrible
dilemme de la vie chère et de la produc-
tion, que nous avons analysé en de précé-
dents articles. Les industriels du Nord di-
sent :
- Il nous est impossible, dans les condi-
tions actuelles de la concurrence et de la
production mondiales, de tenir le coup avec
les salaires actuellement payés par nous à
la main-d'œuvre.
-- Il nous est impossible, répondent, non
moins justement, les ouvriers d'accepter
une réduction de salaires tant que le coût
des vivres n'aura pas baissé.
« Nos salaires ne sont « hauts Il que pour
se tenir à l'étiage de la hausse des choses
essentielles à la vie. »
Le ministre du Travail, certes, aura bien
mérité de la patrie s'il parvient à résou-
dre ce dilemme.
La question, en tout cas, qui se pose d'une
façon aiguë, aujourd'hui, dans le-Nord, se
pose d'une façon latente dans toute la
France
La manière dont elle sera résolue, à Rou-
baix-Tourcoing, sera à la fois une indica-
tion et un enseignement.
AU MINISTERE DU TRAVAIL
Les patrons exposent leurs raisons
Le ministre du Travail a reçu, hier,
une délégation du consortium du textile du
Nord et des industriels isolés.
Dans cette entrevue, qui a duré de
15 heures it 20 h. 45, les industriels ont
cohrirmé au ministre léS raisons .écÓllcml.
quH. impérieuses qui 11$ içur peïtnettent
pas de revenir sur la diminution de 20 cen.
times par heure irremédiablement décidée,
les salaires à Houbaix-Tourcoing étant plus
élevés que dans les autres centres textiles
français et plus élevés que ne le compor-
taient les coefficients constatés dans le
Nord par la Commission-du coût de la vie,
les allocations familiales-assurant en outre
aux ouvriers et à leur famille des condi-
tions de vie considérablement améliorées
par rapport à l'avant-guerre, Dans ces con-
ditions, les industriels ont déclaré avoir
pour mandat de maintenir la décision
prise.
Le ministre a pris acte de ces déclara-
tions qu'il communiquera aux délégués ou-
vriers qu'il doit recevoir mercredi, niais il
a demandé aux patrons, comme il deman-
dera après-demain aux ouvriers, d'obtenir
de leurs collègues le mandat de les repré-
senter à une réunion où ils se rencontre-
ront avec les délégués ouvriers.
Il ne lui paraît pas possible que les deux
parties puissent renoncer à cette dernière
chance de terminer aimablement un con-
flit qui dure depuis quatre semaines et qui
succède à une période de demi-chômage de
plusieurs mois.
Les industriels ont informé le ministre
que déjà, à ce sujet, des entrevues ont eu
lieu entre les secrétaires des organisations
ouvrières et patronales, que la question
d'une entrevue entre les délégués patro-
naux et les secrétaires ouvriers avait été
posée à plusieurs reprises et qu'il n'avait
pu y être donné suite en raison des faits
qui ont été portés à .la connaissance du
public, Ils ne sont donc pas autorisés à
modifier la ligne de conduite qui leur a été
tracée, mais ils conservent, par déférence
pour le ministre du travail, à reposer la
question à la commission intersyndicale.
Dès que la Commission aura pris sa dé-
cision, celle-ci sera communiquée au mi-
nistre du travail.
Aujourd hui, les ouvriers exposeront
Ses leurs
Une délégation ouvrière sera reçue par
M. Daniel-Vincent aujourd'hui. Elle répou-
dra à la thèse patronale que le coût de la
vie est plus eievé dans le Nord qu'ailleurs ;
et que, d'allieurs, la. moyenne du travail
dans le textile' n'est que de 34 heures par
semaine. Les grévistes n'accepteront, dans
ces conditions, un arbitrage, qu'en posant
à la base la condition du maintien des éc-
laires actuels.
On conçoit que, dans ces conditions, la.
tâche conciliatrice du ministre est des plus
difficiles.
Dans les milieux patronaux, on envisage
comme solution possible, de proportionner
la diminution au temps de travail : 0 fr. 20
de l'heure, par exemple, pour les ouvriers
travaillant 48 heures par semaine ; 0 fr.-10
pour ceux ne travaillant que 24 heures. De
cettei manière, les chômeurs seraient les
moins touchés.
Les cheminots refuseront-ils
de transporter des troupes ?
Le bureau de l'union des syndicats du
réseau du Nord envoie aux secrétaires des
organisations adhérentes une circulaire leur
demandant d'organiser des souscriptions
pour les grévistes du Nord. Il leur deman-
de aussi si « le gouvernement et le patro-
nat intransigeant, recourant aux moyens
généralement employés, commettaient* le
crime de dresser l'armée contre la'classe ou-
vrière, de se refuser aux transports des
troupes. Il leur rappelle que les grévistes
du Nord engagent la première lutte pour
la défense cteè salaires, et qu'ils auront
pa«it-être Heiçain besoin de leur, apjJîti. »
On travaille un peu à Tourcoing
Lille, 12 septembre. - Dans les différents
centres de la région de Roubaix-Tourcoing,
ia greva se généralisé depuis ce matin, A
itoubaix, à Tourcoing, à iannoy, à Roncq,
à Wasquehal, à Monveaux, les corporations
se sont jointes aux grevisoes de 1 industrie
textue, ainsi qu'el!es en avaient pris 1 en-
gagement. A houbalx, maIgre la cessation
du travail par les travailleurs de l'alimen-
tation, le ravitaillement de la population
est assuré par les coopérati ves. Ce matin,
un meeting a été tenu au cours duquel Ar.
Jouhaux, de la C. G. T.. a pris la parQle.
A Tourcoing, les ernployes municipaux
travaillent, ainsi que les ouvriers du gaz,
Les tramways ont été arrêtés par les gré-
vistes. Le commerce local fonctionne, les
patrons assurant le service. A l'usine d'é-
nergie électrique de Wasquehal, qui four-
nit la force motrice dans la région, la
rentrée des ouvriers a été normale malgré
la décision prise par la majorité.
A Wattrelos, la grève est générale. 2.000
kilos de pain ont manqué ce matin. La mu-
nicipalité a pris des mesures pour assurer
demain le ravitaillement.
Les tramways de Roubaix et ceux de la
compagnie qui dessert Lille, fonctionnent
jusqu à présent..
1 -
L'OFFENSIVE CONTRE LA HAUSSE
.- .---- .:..-;.:.--. -.
La "Répressio des Fraudes" traque
les mercantis du logement
Les sans-logis de Viroflay, dont nous
avons co'nte, l'infortune, ont trouvé, parait-il,
gîte provisoire, grâce à la générosité d'un
Habitant ae Porcnefontaine.
Le problème de la crise localive n'en reste
pas moins eaLier, à' l'heure même où les
pouvoirs publics semblent taire tous leurs
efforts pour faire baisser le prix des den-
rées essentielles ; pain, vin, viande, légu-
mes.
Môme couronnée de succès - et il est per-
mis, nélas ! d'avoir des appréhensions ! ,-
cette initiative nécessaire sera incomplète si
la lutte contre le logis cher ne redouble pas,
parallèlement, d'intensité.
Si l'on en croit les bouchers, la viande
n'est pas près de diminuer. De même, si
ion en croit les propriétaires, leur-chambre
syndicale, , leur journal, là crise locative
n'est pas près de s'éteindre.
Il faut pourtant que l'employé, que l'ou-
vrier trouvent à se loger, et à des prix rai-
sonnables pour qu'ils puissent envisager
une future diminution de leurs salaires.
Or, la crise Iocative égale et dépasse en
acuité la crise des denrées. Car, en les
payant cher, on trouve des denrées. Alors
qu'à aucun prix on ne trouve de logis.
Nous en avons, da.ns des enquêtes précè
dentes, énuméré les causes : surpeuple-
ment ; ralentissement de la construction ;
insuffisance. de locaux vacants ; spécula-
tion.
C'est sur cette dernière cause qu'il nous
faut insister. La spéculation est, aujour-
d'hui, plus lourde que jamais. Forts d'une
démande imprévue, d'une législation quasi
absente en ces mâtières, les propriétaires
ont agi souvent, trop souvent, ces dernières
armées, avec une déplorable légèreté. Des
appartements loués 1.000 ou 2.000 francs
avant la guerre passèrent, couramment, en
1919 et 1920 à 5. G et même 8.000 francs
Mais qui s'étonnerait. : à tous Prx. des ac-
quéieùrs se présentaient, concluaient le
marché et louaient séance tenante.
Enfin, et surtout, il y a eu le fameux
« coup du. meuble »
Combien en avons-nous vus, de ces ap
parlements dits meublés, et que meublaient
en réalité un lit, deux chaises et une tabla
de bois blanc ! C'était trop simple, ma loi,
et en trois mois, l'on gagnait le prix de sua
loyer d'un an. Des chambres qu'on n'osait
louer plus de 75 ou 100 francs par mois eu
1914, atteignaient en 1920, 5W ou <500 francs.
Des appartements de trois pièces, sur cour,
dans les quartiers les plus reculés, trou-
vaient de bénévoles acquéreurs pour 2.500
ou 3.000 francs. Le scandale, né de la guer-
re, continuait avec la paix. On tournait la
loi par factures fictives et conventions ta-
cites. Et quand passait la « Répression des
fraudes », elle ne trouvait, le plus souvent,
que papiers dûment signés, timbrés, con-
trôlés et enregistrés.
Ainsi, notre législation des Il garnis et
meublés », pourtant très stricte, se trouvait
journellement en défaut. Rédutite à un rôle
de surveillance, elle ne pouvait ni interve-
nir ni poursuivre ni accuser. En est-elle là
encore aujourd'hui ? Le scandale des garnis
persiste-t-il ? C'est ce que nous avons .voulu
savoir.
Des chiffres impressionnants
A la direction des garnis, à.la préfec-
ture de police, quai des Orfèvres, le direc-
teur nous reçoit entre des piles de dossiers
méthodiquement rangés.
« Le scandale des garnis persiste-l-il, de-
mandez-vous ? nous dit-il. Oui, il persiste,
mais plus discret à mesure que les causes
d'exception qui avaient présidé à sa nais-
sance disparaissent et meurent avec sa
guerre.
« Il y a encore beaucoup, il y a encore
trop de meublés. Leur nombre, eu égard
aux besoins de la population, est encore
trop élevé. Cependant, mois par mois, il
diminue, et les chiffres que nous 'enregis-
trons aujourd'hui ne sont rien auprès de
ceux Que nous enregistrions il y a un an.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Collections numériques similaires Meyer Paul Meyer Paul /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Meyer Paul" or dc.contributor adj "Meyer Paul")Morel Charles Morel Charles /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Morel Charles" or dc.contributor adj "Morel Charles") Paris Gaston Paris Gaston /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Paris Gaston" or dc.contributor adj "Paris Gaston") Zotenberg Hermann Zotenberg Hermann /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Zotenberg Hermann" or dc.contributor adj "Zotenberg Hermann")
- Auteurs similaires Meyer Paul Meyer Paul /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Meyer Paul" or dc.contributor adj "Meyer Paul")Morel Charles Morel Charles /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Morel Charles" or dc.contributor adj "Morel Charles") Paris Gaston Paris Gaston /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Paris Gaston" or dc.contributor adj "Paris Gaston") Zotenberg Hermann Zotenberg Hermann /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Zotenberg Hermann" or dc.contributor adj "Zotenberg Hermann")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7553047b/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7553047b/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7553047b/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7553047b/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7553047b
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7553047b
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7553047b/f1.image × Aide