Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-09-11
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 septembre 1921 11 septembre 1921
Description : 1921/09/11 (N18538). 1921/09/11 (N18538).
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
25 Fructïdor, An 129. — N° 18538. Le numéro : QUINE CENTIMES Dimanche 11 Septembre 1921. — NI 18538,
grandatours (1069) i
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUBRIB
ABONNEMENTS
Un an Six mois Trois mot»
SEINE & S.-ET-OISE. 38 n 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » IL »
ETRANCER 49)8 25 n i3 »
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OPINIONS
Scoutisme
Comme tout ie monde, j'ai regardé pas-
ser dans la rue des boy-scouts. Leur tenue
m'a paru fort pratique. Et ils m'ont piu par-
ce qu'ils vont en petites compagnies,
sans prétention, sans tambours ni trompet-
tes.
Comme tout le monde, encore, j'ai tenu
le scoutisme pour une société de gymnas,
tique discrète, faisant plus d'éducation phy-
sique par la marche et la vie au grand air
que par l'acrobatie aux agrès, ayant des
méthodes modernes d'entraînement et ac-
ceptée par le gouvernement pour la prépara-
tion militaire.
Mais les faits qui ont mis. ces derniers
temps, le scoutisme à l'actualité : l'instal -
lation des camps de vacances en plein bois,
la venue d'un chef indien authentique, mo-
niteur des bruits légers qui décèlent à l'o-
reille avertie la vie invisible des bestioles
qui peuplent un arbre, l'inspection des gar-
çons français par un général scout anglais,
tout cela, par son originalité, m'a amené
à vouloir connaître plus complètement le
scoutisme.
J'ai vu que je m'étais trompé sur son
compte. Et je m'empresse de le dire, d a-
bord pour faire amende honorable, et puis
pour renseigner ceux qui auraient pu, comme
moi , avoir sur le scoutisme des idées trop
sommaires et par suite erronées.
Le scoutisme est une disciplina fortement
conçue qui ne tend pas à faire une troupe,
mais qui veut créer des individualités. Cela
est-déjà bien nouveau. Le fin du fin d'une
isciplinè militaire, par exemple, est d' ob -
tenir des mouvements d'ensemble, de dé-
hancher au coup de sifflet les gestes rigou-
reusement identiques à automates plus ou
moins nombrux suivant que celui qui siffle
« plus ou moins de galons. Et le triomphe
de cette conception soi-disant modernisée,
ce sont les jeux auxquels les subordonnés
doivent se livrer au commandement.
Le scoutisme a rejeté ces procédés qui
peuvent façonner des soldats pour les guer-
.t'.,J'1flnciennemanière. mais qui ne font'
pas des hommes d'initiative et d'inàépen-.
dance. Et il demande à ses adhérents de
faire effort pour développer leurs qualités
physiques, morales et intellectuelles, de ga-
gner des degrés dans le scoutisme en deve-
nant de plus en plus eux-mêmes, en pous-
sant au maximum la formation de leur per-
sonnalité.
Pour arriver à ce résultat, le scoutisme a
des règles, véritable code d'honneur et de
chevalerie, qui, en quelques articles, exal-
tent les vertus humaines, et les présentent à
chacun avec la force dé persuasion qu'a
l'honnêteté simplement exposée.
Tcut cela est déjà infiniment important.
Mais, à mon avis, le scoutisme, par son ca-
ractère universel, doit tout particulièrement
retenir notre attention. 41 peut être, pour la
paix du monde, un élément de fait, sinon de
propagande active, considérable. Ne lui de-
mandons d'ailleurs pas autre chose.
Qu 'on songe à la portée de cec:. LNe
doctrine d'éducation n'offrant aux jeunes du
monde entier, sous l'aspect attrayant des
jeux, de la vie en plein air, de l'action pra-
tique, de l' émulation, de la camaraderie.
Cette doctrine a placé très au-dessus de tout
ce qui peut diviser les humains son idéal;
elle le met à la portée des enfants. Il se
réalise par la santé physique, la santé mo-
rale, le sentiment du devoir d' entr' aide, là
satisfaction du service rendu, et pour prendre
l'énumération des lois du scoutisme améri -
cain, la subordination joyeuse aux lois d'hon-
neur, de loyauté, d'utilité, d'amitié, de cour-
toisie, de bonté, d'obéissance, de bonne
humeur, d'économie, de propreté, de cou-
rage et de respect.
Qu 'on songe aussi à la portée de ce fait
d'ordre matériel. Il y a, maintenant, des
boy-scouts partout. Lorsque je suis arrivé
récemment nu centre de l'Albanie, j'ai trou-
vé rangée avec ordre, rigoureusement vêtue
à l'uniforme, une troupe de boy-scouts. Un
boy-scout peut faire le tour du monde; il
est assuré de trouver tout le long de son che-
min des camarades, et même s'il n'a peint
son chapeau à l'américaine, son foulard et
son bâton réglementaires, d'un mot, il peut
se faire reconnaître et accueillir cordiale-
ment. Il y a une solidarité scout solidement
etablie sur la base des principes d'humanité
les plus élémentaires. Et il faut en attendre
un grand bien pour les relations entre les
peuples.
Dans le dernier numéro du journal scout
universel Jamboree, qui paraît en quatre
langues, français, anglais, italien, espagnol,
et qui est superbement illustré, un article
remarquable de Frédérick J. Gould, déve-
loppe une citation du chef scout ainsi con-
çue : L'unité et la bienveillance mutuelle
feront du monde un lieu assuré de paix, de
bonheur et de prospérité pour tous ». Et
Frédérick J Gould recommande à ses ca-
marades de lire l'histoire de l'homme, c'est -
à-dire celle du courage, du travail, des ans,
des industries, des rêves des peuples de
toutes couleurs, de respecter l'humanité et
d'apprendre le pacte de la Société des na
tions. Il est à remarquer que ces sentiments
élevés sont la simple conséquence de i' ap-
plication de l'esprit scout à l'examen des
problèmes que les intérêts, les ambitions,
et les haines ont éloignés de leur solution
de justice.
En août ! 922 doit se tenir à Paris la pre-
mière conférence universelle du scoutisme
Félicitons-nous que la France ait été choisi e
pour siège de cette manifestation que tous
ceux qui ont foi dans 'a force du bien en-
toureront de leur sympathie.
Et maintenant quand vous verrez passer
des boy-scouts, songez qu' en eux est l' es-
poir d'un monde meilleur, car en chacun
d' eux, dans tous !e.s pays, est une volonté
de droitur*.
Justin GODART.
Député
LE PROBLÈME DE L'ENSEIGNEMENT NATIONAL
La culture classique des Techniciens
Nous avons plaidé, dans un précédent
article (1), la cause d'une culture géné-
rale, avec « Humanités n, commune, afci
moins à la base, aux deux élites de notre
jeunesse.
Nous ne pensons pas qu'on puisse sé-
rieusement contester, pour nos techni-
ciens, La nécessité de puiser atux sources
mêmes du génie français, qui doit tant
à la Grèce et surtout à la Rome anti-
ques, cette dernière étant à beaucoup d'é-
gards l'élève de l'Hellade en civilisa-
tion, son porte-flambeau.
Bien des raisons militent en faveur de
l'introduction du latin, au moins, dans
l'enseignement secondaire technique, ré-
organisé et mis en harmonie avec l'ensei-
gnement secondaire classique.
Nos aïeux étaient gens sensés qui vou-
laient 4.ue l'homme fût un « honnête
homme n au sens du 17" siècle, c est-à-
dire ayant des clartés de tout et « à qui
rien d'humain ne fùt étranger ». Cette
conception ne fut pas sans efficacité sur
la primauté de la France sous l'ancien
régime. Alors un Congrès, fût-ce celui
du « Pacifique » à Washington, n'eût
pas osé donner le pas à la langue an-
glaise sXir celle dont Rivarol a montré la
« précellence », après le propre maître
de l'Alighieri du 13e siècle !. Il faut que
nos agronomes, nos industriels, nos com-
merçants, nos ingénieurs aident notre
patrie, par un effort de haute culture
personnelle, à reconquérir la place qui
lui fevient, au premier rang des peuples
civilisés victorieux.
De plus en plus, grâce au taylorisme,
et à la standardisation,la production s'in
tcnsifie-et l'horaire du travail du produc-
teur diminue, créant à celui-ci des heu-
res de loisir, qu'une large culture per-
mettrait d'utiliser plus intelligemment.
A l'esprit géométrique, qui fait les
hommes précis, Pascal recommandait
de j oindre l'esprit de finesse, qui fait les
mentalités délicates, moins absolues,
Utrin- dogmatiques, plus tolérantes.
Avec la rigueur scientifique, il faut au
technicien de l'imagination et des idées
générales, sans lesquelles ne se conçoit
pas l'esprit d'initiative. Pense-t-on que
des mentalités d'élite, ne craignant pas
de s'attacher à des problèmes tels que
ceux du gaz à l'eau et des questions de
confort et d'hygiène, que des hommes
tels qu'un Herriot, un Painlevé, pour-
raient tantôt élever et dominer un dé-
bat, tantôt, serrer de près les plus hum-
bles contingences, si ces universitaires
éminents n'avaient pas subi les fortes
disciplines des humanités gréco-latines?
En matière d'éducation intégrale, per-
dre du temps, au moins en apparence,
c'est en gagner. Qu'on élague d'ailleurs
les programmes de ce que le technicien
pourra acquérir de lui-même, plus tard,
sans autre guide que la vie profession-
nelle avec son expérience riche d'ensei-
gnements ; mais qu'on lui donne, dès
qu'il a quitté l'école primaire, vers 12 (13 ans, jusqu'à la fin de ses études, une
forte culture classique donfcil a, comme
on le voit, autant besoin que le futur
avocat, médecin, homme de lettres ou
administrateur.
Nous montrerons prochainement que
l'étude des langues vivantes ne saurait
tenir lieu de celle du latin.
C. A. THAON,
Directeur d'E. P. S. professionnelle.
(1; Voir VEre Souvclie du 17 août 1921.
Détournements
à la police judiciaire
Une grave affaire de détournement viell
d'être découverte à la police judiciaire.
Il y a quelques jours, au service de lu
comptabilité, on s 'aperçut que des détour
neinent de fonds avaient été pratiqués.
Les experts examinèrent les livres et les.
soupçons se portèrent, sur M. Rigaud, chei
de là comptabilité, depuis très longtemps
à ce service. Les vérifications établirent
que depuis six ans ce dernier s'appropriait
régulièrement des sommes qui auraient dû
être affectées au service des primes pour ar-
restations de déserteurs, et an paiement des-
fournitures de bureaux.
Le préfet de police ayant porté plainte,.
M. Rigaud a été arrêté hier soir.
Enfin, ça y est!
LA DEFAITE DE JEROBOAM
Sous ce titre, notre distingué et sympa-
thique confrère F. Dalat, directeur de l'ln-
dépendant Libournais, commente la dé-
faite de Jéroboam dans les termes sui-
vants :
« Nous voilà désemandelés ! M. Mandel,
ainsi qu'il fallait s'y attendre, n'est pas
mort en beauté. Cet Astaroth au petit pied
en a été pour sa courte honte.
Et le conseil général s'est doublement ho-
noré l'autre soir : d'abord en se débarras-
sant de la nullité encombrante et brouil-
lonne, qu'en une heure d'emballement il
avait stupidement mise à sa tête ; ensuite
en confiant à nouveau la délicate mission
de contrôler ses finances à celui qui, de l'a-
vis unanime, était le plus apte à la mener
à bien.
Le cauchemar dans lequel nous vivions
depuis vingt mois commence donc à se dis-
siper. L'air devient plus léger et plus sar
lubre. »
Les négociations
anglo-irlandaisés
nesont pas rompues
On peut conclure des dernières nouvelles
de Dublin que le Sinn-Fein acceptera d'en-
voyer des représentants à la conférence
d'Inverness.
Les délégués du Dail Eireann sont déjà
nommés et ils comprennent, outre M. Ar-
thur Griffiths, MM. John Macheill et X.
Barton.
FUSILLADES A BELFAST
Belfast, 10 septembre. — Quelques coups
de feu ont été tirés dans un quartier de.
Belfast vendredi matin.
Craignant la répétition des scènes de la
semaine dernière, une conférence des re-
présentants de toutes les Eglises, romaine,
catholique et protestante a été aussitôt te-
nue dans les casernements de la police.
UNE EVASION EN MASSE
Dublin, 10 septembre. — Quarante-neuf'
des prisonniers sinn-feiner§ internés au
camp de Curragh se sont évadés hier, soir
en empruntant un tunnel.
LIRE EN DEUXIEME PAGE :
— Le désarmement et la question du Pa-
Cifique.
EN 3e PAGE : .V. ,
- La semaine financière.
— La vie féminine.
En pass ant
Le Messie
Chapeau sur l'oreille, œil fin,
, Moustache en crotte de bique,
Un mince brin de rotin
Traçant sa courbe ironique
Sur ae pantalon falot
Et les bottines narquoises.
Alleiuia ! C'est Chariot,
Le. roi des ombres chinoises.
« La Bruyère de Vécran. » ,
« Molière le mimique. »
Eh ! va, donc, pousse, mets-en,
Journaliste famélique.
Les treize millions de feux,
T'en bouchent une surface ?
.— Genou terre, mille dieux!
C'est Chariot Chaplin qui passe.
.Et je songe à nos poètes
Morts de faim, comme Deubel,
Villiers, ou celui des Il Fêtes
Galantes », âme honnie
Traînant d'hôtel en hôtel
Sa misère et son génie. - :
Jeunes gens du grand Paris
Feut en prendre de la graine..
LdcJu. la Muse hautaine
Ce n'est pas ça qui nourrit.
Certes, ce serait folie
De vouloir épiloguer
Sur les gains du grand Charlie,
Et ce ne serait pas gai.
Puisqu'il nous fait rire à gorge
Déployée et larmes aux yeux,
Palsanguieu, je Vaime mieux,
Tout compte fait, que Lloyd George.
FLIP.
Un hommage des États-Unis
au Soldat Inconnu
L'ambassadeur des Etats-Unis vient d'in-
former le gouvernement français que -, le
président des Etats-Unis avait été, en ver-
tu d'une loi récente, autorisé à décerner
avec le cérémonial civil et militaire requis
la médaille du Congrès au Soldat inconnu,
enterré sous l'Arc de Triomphe..
M. Bria.nd, président du conseil, a aussi-
tôt prié M.. Myron Herrick de remercier
le gouvernement américain de sa délicate
pensée..
La cérémonie où M. Myron Herrick sera
assisté d'un officier Supérieur de l'armee
iie-ieiv'e .et d'un officier 1$marine amé-
ticaine, aura. lieu dans le courant d'octo-
bre. -
LA POLITIQUE ETRANGERE
L'affaire des Comitats occidentaux
Les nouvelles qui nous sont parvenues jus-
qu'à présent sur la situation en Hongrie occi -
dentale permettent très difficilement de se faire
une idée exacte des événements. En effet, les
dépêches de Vienne et de Budapest se con-
tredisent généralement et toutes sont entach ées
de passion. Quant à celles qui nous viennent
de Prague, .elles sont plus suspectes encore en
raison des intérêts de la Tchéco-Slovaquie au
maintien d'un couloir, faiblement défendu par
l'Autriche. faisant communiquer la Yougo-
slavie avec la Tchéco-Slovaquie. En outre,
la partialité des Tchèques dans le conflit aus-
tro-hongrois éclate dans l'attitude qu'ils ont
adoptée à Genève au sujet de l'admission de
la Hongrie à la Société des nations et dans le
fait qu'il arguent de la question des comitats
occidentaux pour s'opposer à cette admission.
Les seuls renseignements impartiaux qui pour-
raient nous être fournis sur la question seraient
ceux qui émaneraient de la Commission mili-
taire interalliée chargée de régler le transfert
à l'Autriche des comitats. Malheureusement,
ces témoignages sont extrêmement rares et se
bornent généralement à de simples démentis
opposés aux informations autrichiennes par trop
tendancieuses et par trop invraisemblables.
Nous ne connaissons même pas le texte de la
note adressée par le Conseil des ambassadeurs
au gouvernement de Budapest au sujet des in-
cidents de Hongrie occidentale. Il est cbnc
extrêmement difficile, faute de documents pré-
cis, de juger sainement de la situation
La thèse hongroise, cependant, nous est con-
nue. Le gouvernement de Budapest entend
respecter complètement le traité de Trianon qui
l'oblige à évacuer les comitats occidentaux.
Au. point de vue militaire, il est certain que
cette évacuation est aujourd'hui complète. Par
contre, les Hongrois entendent maintenir dans
la zone B leur administration, protégée par une
simple gendarmerie. afin de conserver un gage
pour. les dettes dont l'Etat autrichien leur est
redevable. La situation financière de l'Autri-
che, sa gabegie administrative. les poussées
communistes qui se font jour trop souvent à
Vienne donnent, on le conçoit, certaines in-
quiétudes aux Magyars. Jusqu' à quel point ont-
ils le droit de conserver en gage une partie
des territoires qui leur sont enlevés par le trai-
té de Trianon? nous ne le savons point. Au-
cune note officielle n'est venue jusqu'ici nous
fixer à cet égard, mais on assure que la com-
mission militaire qui opère en Hongrie occi-
dentale reconnaît le bien-fondé des prétentions
hongroises, du marnent que le gouvernement de
Buarpest a prouvé sa bonne volonté en éva-
cuant militairement tout le territoire et en opé-
rant dans la zone B, en coopération avec la
commission interalliée.
Quoi qu'il en soit, un seul fait est cer-
tain : l'ordre le plus parfait règne dans cette
zone B, maintenue sous l' administration magya-
re, tandis que la zone A, évacuée par la Hon-
grie et partiellement occupée par la gendarme-
rie autrichienne, est bouleversée par des trou-
bles. -
Le phénomène s'explique d'ailleurs aisément.
La population de Hongrie occidentale est très
nettement hostile au rattachement de ce. - terri-
toire à l'Autriehe. Si les habitants avaient été
consultés avant que le traité de Trianon n'eût
accordé à la légère cette fiche de consolation
à l'Autriche, ils se fussent prononcés à une
énorme majorité en faveur ce la Hongrie, ce
qui eût évité à nos négociateurs l'erreur — pour
ne pas dire, plus — d'agrandir le territoire au-
trichien fatalement destiné, croyons-nous, à se
rattacher un jour ou l'autre à l'Allemagne.
En outre, les éléments communistes autri -
chiens ont eu beau jeu pour envenimer les cho-
ses. Que serait-ce si la commission militaire
interalliée avait accédé à la demande autri-
chienne et permis à la Volkswehr, composée
presque entièrement d'éléments extrémistes, de
pénétrer en Hongrie occidentale où la popula-
tion est franchement opposée aux théories de
Lénine ou de Bela Kuhn !
Il suffirait certainement aujourd hui d'un peu
de doigté dans les interventions alliées en Eu-
rope centrale; il suffirait d'une très légère pres-
sion exercée sur l'opinion autrichienne pour
faire comprendre à celle-ci la nécessité de con-
versations austro-hongroises tendant au règle-
ment à l'amiable de la question. Il suffirait
enfin de montrer aux Autrichiens que nous n' ap-
prouvons pas leur intransigeance parce qu'elle
peut aboutir à une rupture austro-hongroise, jeter
Vienne dans les pires difficultés économiques,
et par conséquent nuire aux intérêts que nous
avons dans ce malheureux pays, pour que la
question de Hongrie occidentale soit prompte-
ment réglée et que disparaisse ainsi ce germe
de conflits en Europe centrale. L'une des plus
graves erreurs du traité de Trianon serait ain-
si, sinon réparée, du moins considérablement
atténuée.
Les autorités autrichiennes abandonnent
la Hongrie occidentale
Vienne, 10 septembre. — Les journaux
annoncent que le gouvernement autrichien
a décidé l'évacuation de là Hongrie occi-
dentale. Le gouvernement de cette pro-
vince a été transféré provisoirement à
Vienne.
Les bruits d'intervention
italienne 11
Certaines. dépêches de Vienne annon-
çaient hier que l'Italie était disposée à prê-
ter son concours Í militaire à l'Autriche
dans la question de Hongrie occidentale.
Le chancelier autrichien aurait même con-
tirmé le fait à une députation du Burgen-
land. :
Une dépêche de Wiener-Neustadt allait
jusqu'à annoncer l'arrivée dans cette ville
d'un premier détachement italien.
Toutes ces nouvelles étaient tendancieu-
ses. En effet, une note Stephani, arrivée
dans la soirée, mettait les choses au
point :
L'information relative à l'arrivée à
Wiener-Neustadt d'un contingent de trou-
pes italiennes destinées à assister l'Autri-
che dans la. question du Burgenland, est
dénuée de tout fondement.
« Il est possible que ce soit le passage
du contingent de troupes italiennes desti-
nées à la Haute-Silésie, en conformité de
la décision du Conseil Suprême qui ait
donné naissance à çe bruit, IJ
ÉDITORIAL
La politique financière de Gribouille
Si notre situation économique et financiè -
re n'était pas si gravement compromise, il y
curait lieu de rire des ejjorts que font les
membres de la commission des finances de la
Chamb"e pour équilibrer le budget avec des
ressources nouvelles sans trop ébranler la
construction informe qu'ont édifiée leurs pré-
décesseurs.
D'une part, on repousse en principe la
proposition du ministre des Finances qui,
tout de go, n'hésite pas à doubler la taxe
sur le chiffre d'ajfaires. Mais on l'accepte
tout de même pour toutes les transactions qui
ne touchent que le consomateur. Epargnons
les commerçants, ces pauvres diables, mais
frappons -sans pitié ces « cochons de
payants », de qui nous vient tout le mal 1
D'autre part, il faut donner de haut
l'exemple à ces ouvriers têtus qui se refu-
sent à laisser diminuer' leurs salaires tant
que le prix de la vie ne sera pas abaissé.
Donc, on supprimera dans la plus large me-
sure l'indemnité de vie chère des jcnction-
naires. Ils n'ont qu'à se priver .du. néces-
saire.
Mais, comme quelques difficultés sont ap-
parues— les fonctionnaires sont des élec-
teurs influents — on s'est avisé d'opérer
d'autre sorte et de supprimer un certain
nombre d'emplois devenus inutiles. La Com-
mission a constaté que les administrations
s'étaient accrues d'une quantité de services
nouveaux et d'un personnel supplémentaire
de 147.000 unités. La dépense pour l'en-
semble des services administratifs s'est éle-
vée de 1.540.000 fr. en 1914 à 4.617.000
francs en 1921.
Or, à y regarder de près, ces milliers
d'emplois nouveaux, et, de plus, fort oné-
reux, sont ceux que nous a valus la mise en
application du traité et des accords inter-
prétatifs du traité, et la plupart de ces trai-
tements — fort élevés - incombent aux
missions de contrôle de la Guerre, de la
Marine, des Affaires étrangères, aux innom-
brables services des régions occupées ou des
régions libétés, du dès rèjflàfis J^rveillées.
Emplois dé choix, réservés aux protégés des'
parlementaires. Devront-ils y toucher P On
en doute.
Autre ressource : Quelques élus des « In-
térêts économiques » ont remarqué que le
régime fiscal instauré 'par la précédente
Chambre, et aggravée par celle-ci, pesait
lourdement sur le commerce et l'industrie,
mais épargnait de façon générale les produc-
teurs agiicoles. L'explication nous en est
Jonnée par la République Française, qui
connaît bien le personnel parlementaire ac-
tucl:
« Les commerçants et les industriels sont
les moins nombreux ; ils représentent dans
l'Etat des intérêts aussi importants que ceux
de l'agriculture ; mais leur puissance électo-
rale est minime, parce qu'ils sont, naturelle-
ment en concurrence dans leur métier res-
pectif et ne savent pas s'unir. Les paysans
vont aux urnes avec le seul souci de choisir
un bon représentant de leurs intérêts ; com-
merçants, patrons et ouvriers se déterminent
sur d'autres raisons ; ils ne se concertent
même pas ; ils restent divisés et impuis-
sants
« Lorsqu'une loi touche aux intérêts pay-
sans, tous les représentants des circonscrip-
tions rurales font bloc et imposent leurs Vues;
si c'est le commerce qui est visé, il n'y a plus
personne. Aucun représentant ne se sent di-
rectement visé. Et voilà comment toutes les
charges de la guerre et de Vaprès-guerre se
sont abattues presque sans protestations sur
le commerce et sur l'industrie. »
Ajoutons-y sur le consommateur., la fou.
le anonyme et silencieuse des tondus, qui ne
protestent qu'en bêlant, mais cela n'a pas
d'importance.
N'attendons pas toutefois de cette Cham-
bre de ruraux — et pour une bonne part : de
hobereaux — que la production agricole soit
frappée par les justes lois fiscales.
Si bien que cette Commission pleine de
louables intentions, nous paraît travailler
dans le vide, à la façon des écureuils. Et
ce rf&st point de ces délibérations que sorti-
ront les initiatives hardies, ou même les hon-
nêtes réformes qui pourraient mettre de l'or-
dre dans cette Maison où chacun tire à soi,
fait ce qu'il veut et se soucie de l'intérêt na*
tional autant que M. Klotz ou M. Chéron.
A. L.
M, Doumer à Londres
Au sujet des conversations que M. Dou-
mer a eues avec sir Robert Home à Lon-
dres, le communiqué suivant a été publié
hièr : - ,
M. Doufner a eu avec, sir Kobatt Home
tife entretien ait cours duquel tes questions
,sotttevés dâns l-arrangement financier db
Paris .o.nt Mé passées en revue dans le PLUS -
vif esprit d'amitié et cte -
Il a été convenu que les problèmes dis-
cutés seront examinés ultérieurement, en
consultation avec les autres puissances al-
liées.
Ce texte est, assurément, peu explicite,
mais il convient de rappeler que, suivant
les déclarations de M. Doumer lui-même,
aucun résultat définitif n'était attendu de
cette conversation.
La tâche de M. Doumer à Londres est
d'ailleurs terminée. Il rentrera demain à
Paris ; sir Robert Horne a quitté Londres
dès hier soir. C'est désormais par l'inter-
médiaire des chancelleries que se poursui-
vront les conversations.
1 LE DILEMME DE LA VIE CHERE
i ?J.? -
La Crise des Industries du Nord
La grève générale s' organise dans la région Rou baix- Tourcoing
La crise économique générale, dont les
grèves du Nord ne sont, hélas, qu'un as-
pect particulier parvenu à l'état aigu, ne
sera certes pas atténuée par les événements
de Roubaix-Tourcoing.
L'organisation de la grève générale qui
doit commencer lundi dans la région de
Roubaix a occupé durant la journée d'hier
tous tes militants syndicalistes.
De nombreux discours ont été prononcés
dans les réunions syndicales pour encoura-
ger tous les ouvriers à l'actien et, sur une
place de Roubaix, Georges Dumoulin a sou-
tenu l'ardeur des grévisces du textile qui
chôment depuis plus de trois semaines.
La grève générale sera peut-être le si-
gnai d'actes révolutionnaires. Hier, deux
faits ont montré réchauffement des esprits.
Une charrette a été renversée > les vitres de
l'hôtel du consortium ont été brisées.
Les pouvoirs publics, annonce-t-on, pren-
nent des mesures pour éviter des « inci-
dents regrettables n. Il est à désirer que
des conflits ne se produisent pas entre la
troupe et les grévistes, car Ja situation
n'en serait pas éelairie.
Certains se plaisent à espérer, toutefois,
que le gouvernement interviendra au der-
nier moment pour terminer brusquement le
conflit en imposant un arbitrage aux deux
partis.
Quelques incidents ont eu lieu hier
D'après les décisions des comités syndi-
caux, réunis à Roubaix, la grève générale
de toutes les corporations «le Roubaix-
Tourcoing et des environs commencera de-
main.
La grève touchera les centres suivants :
Roubaix, Tourcoing, Croix, Wasquebal,
Watcrelos, Lannoy, Roncq, Halluin.
Hier matin, les grévistes du textile de
Tourcoing se sont réunis en un grand mee-
ting ; ils ont entendu les orateurs du co-
mité de grève et de la C. G. T., puis
ils ont formé un immense cortège pour re-
joindre les grévistes de Roubaix.
Sur la route, ils renversèrent un camion
conduit par des « jaunes 1). La foule se
massa, à Roubaix, devant l'hôtel du con-
sortium patronal. Des carreaux furent
brisés.
M. Dumoulin fut applaudi. La foule chan-
ta l' Internationale et, télégraphie le cor-
respondant d'un journal communiste, le re-
fra.in populaire du Nord :
« Quand le pain nous manquera, il fau-
dra taper dans le tas. »
Dane la soirée ont eu lieu les assemblées
général de tous les syndicats qui doivent
entrer dans le mouvement.
"La proclamation suivante a été adressée
Il à tous les travailleurs et à l'opinion pu-
blique » :
Un défi qu'il faut relever
Dep-uis plus de trois semaines ,VQUS êtes
témoins que 60.000 grévistes du textile se
soiu dressés contre la diminution. des sa-
laires que le patronat prétend leur imposer.
Vous êtes témoins que depuis le début du
conflit jusqu'à aujourd'hui, ces 60.000 tra-
vailleurs se sont imposé, tux et leurs, fa-
milles, des souffrances et de durs sacrifices,
tout en observant à l'égard des patrons et
des pouvoirs publics la dignité la plus abso.
lue. A aucun moment, ils n'ont cédé ni à la
colère ni à la haine et aucun acte de vio-
lence n'a pu être-relevé à leur c/targe,!
Forts de leurs droits, admirables dans
leur dignité, les grévistes ont proposé aux
patrons et aux pouvoirs publics ie moyen
de solutionner le conflit.
Ils attendaient de la part des patrons un
même geste de conciliation.
Ils escomptaient des représentants du
gouvernement un acte d'autorité en faveur
du droit.
Au lieu de cela, la classe qui produit se
trouve devant un véritable défi.
Une proposition repoussée
Notons que M. Boulin, inspecteur divi-
sionnaire du Travail avait suggéré au co-
mité de grève d'accepter la nomination
dune commission d'expertise qui serait
chargée de vérifier la situation économique
de l'industrie textile, l'état comparatif des
salaires eh de la production. Le oumité de (
grève a répondu qu'il ne se refuse à l'exa-
men d'aucune suggestion, mais qu'il consi-
dère avant toute chose que le statu quo des
salaires doit être maintenu.
L'optimisme patronal
Le patronat ne manque pas d'alfirmer
un certain optimisme. Et ils citent la ré-
ouverture à Linselles, des établissements
Tiberghien. Un seul établissement dans la
région, ce n'est pas beaucoup, alors que la
grève vient d'être déclarée à Fourmies. La
Journée Industrielle ajoute, cependant :
« Sont-ce là des indices certains que la
grève touche à sa fin 1 A n'en pas douter.
Et H ne serait pas surprenant qu'au début
de la scmaine prochaine, il y ait des ren-
trées par petite groupes qui, deux ou trois
jours après, entraîneront les hésitants. II
règne, dans la classe ouvrière, une réelle
grandatours (1069) i
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUBRIB
ABONNEMENTS
Un an Six mois Trois mot»
SEINE & S.-ET-OISE. 38 n 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » IL »
ETRANCER 49)8 25 n i3 »
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BMifiloiitaJiniaraiira: sort 24-90,24-si.—Apriuoi. <1 soir : Biteeuerg OD-f fl
OPINIONS
Scoutisme
Comme tout ie monde, j'ai regardé pas-
ser dans la rue des boy-scouts. Leur tenue
m'a paru fort pratique. Et ils m'ont piu par-
ce qu'ils vont en petites compagnies,
sans prétention, sans tambours ni trompet-
tes.
Comme tout le monde, encore, j'ai tenu
le scoutisme pour une société de gymnas,
tique discrète, faisant plus d'éducation phy-
sique par la marche et la vie au grand air
que par l'acrobatie aux agrès, ayant des
méthodes modernes d'entraînement et ac-
ceptée par le gouvernement pour la prépara-
tion militaire.
Mais les faits qui ont mis. ces derniers
temps, le scoutisme à l'actualité : l'instal -
lation des camps de vacances en plein bois,
la venue d'un chef indien authentique, mo-
niteur des bruits légers qui décèlent à l'o-
reille avertie la vie invisible des bestioles
qui peuplent un arbre, l'inspection des gar-
çons français par un général scout anglais,
tout cela, par son originalité, m'a amené
à vouloir connaître plus complètement le
scoutisme.
J'ai vu que je m'étais trompé sur son
compte. Et je m'empresse de le dire, d a-
bord pour faire amende honorable, et puis
pour renseigner ceux qui auraient pu, comme
moi , avoir sur le scoutisme des idées trop
sommaires et par suite erronées.
Le scoutisme est une disciplina fortement
conçue qui ne tend pas à faire une troupe,
mais qui veut créer des individualités. Cela
est-déjà bien nouveau. Le fin du fin d'une
isciplinè militaire, par exemple, est d' ob -
tenir des mouvements d'ensemble, de dé-
hancher au coup de sifflet les gestes rigou-
reusement identiques à automates plus ou
moins nombrux suivant que celui qui siffle
« plus ou moins de galons. Et le triomphe
de cette conception soi-disant modernisée,
ce sont les jeux auxquels les subordonnés
doivent se livrer au commandement.
Le scoutisme a rejeté ces procédés qui
peuvent façonner des soldats pour les guer-
.t'.,J'1flnciennemanière. mais qui ne font'
pas des hommes d'initiative et d'inàépen-.
dance. Et il demande à ses adhérents de
faire effort pour développer leurs qualités
physiques, morales et intellectuelles, de ga-
gner des degrés dans le scoutisme en deve-
nant de plus en plus eux-mêmes, en pous-
sant au maximum la formation de leur per-
sonnalité.
Pour arriver à ce résultat, le scoutisme a
des règles, véritable code d'honneur et de
chevalerie, qui, en quelques articles, exal-
tent les vertus humaines, et les présentent à
chacun avec la force dé persuasion qu'a
l'honnêteté simplement exposée.
Tcut cela est déjà infiniment important.
Mais, à mon avis, le scoutisme, par son ca-
ractère universel, doit tout particulièrement
retenir notre attention. 41 peut être, pour la
paix du monde, un élément de fait, sinon de
propagande active, considérable. Ne lui de-
mandons d'ailleurs pas autre chose.
Qu 'on songe à la portée de cec:. LNe
doctrine d'éducation n'offrant aux jeunes du
monde entier, sous l'aspect attrayant des
jeux, de la vie en plein air, de l'action pra-
tique, de l' émulation, de la camaraderie.
Cette doctrine a placé très au-dessus de tout
ce qui peut diviser les humains son idéal;
elle le met à la portée des enfants. Il se
réalise par la santé physique, la santé mo-
rale, le sentiment du devoir d' entr' aide, là
satisfaction du service rendu, et pour prendre
l'énumération des lois du scoutisme améri -
cain, la subordination joyeuse aux lois d'hon-
neur, de loyauté, d'utilité, d'amitié, de cour-
toisie, de bonté, d'obéissance, de bonne
humeur, d'économie, de propreté, de cou-
rage et de respect.
Qu 'on songe aussi à la portée de ce fait
d'ordre matériel. Il y a, maintenant, des
boy-scouts partout. Lorsque je suis arrivé
récemment nu centre de l'Albanie, j'ai trou-
vé rangée avec ordre, rigoureusement vêtue
à l'uniforme, une troupe de boy-scouts. Un
boy-scout peut faire le tour du monde; il
est assuré de trouver tout le long de son che-
min des camarades, et même s'il n'a peint
son chapeau à l'américaine, son foulard et
son bâton réglementaires, d'un mot, il peut
se faire reconnaître et accueillir cordiale-
ment. Il y a une solidarité scout solidement
etablie sur la base des principes d'humanité
les plus élémentaires. Et il faut en attendre
un grand bien pour les relations entre les
peuples.
Dans le dernier numéro du journal scout
universel Jamboree, qui paraît en quatre
langues, français, anglais, italien, espagnol,
et qui est superbement illustré, un article
remarquable de Frédérick J. Gould, déve-
loppe une citation du chef scout ainsi con-
çue : L'unité et la bienveillance mutuelle
feront du monde un lieu assuré de paix, de
bonheur et de prospérité pour tous ». Et
Frédérick J Gould recommande à ses ca-
marades de lire l'histoire de l'homme, c'est -
à-dire celle du courage, du travail, des ans,
des industries, des rêves des peuples de
toutes couleurs, de respecter l'humanité et
d'apprendre le pacte de la Société des na
tions. Il est à remarquer que ces sentiments
élevés sont la simple conséquence de i' ap-
plication de l'esprit scout à l'examen des
problèmes que les intérêts, les ambitions,
et les haines ont éloignés de leur solution
de justice.
En août ! 922 doit se tenir à Paris la pre-
mière conférence universelle du scoutisme
Félicitons-nous que la France ait été choisi e
pour siège de cette manifestation que tous
ceux qui ont foi dans 'a force du bien en-
toureront de leur sympathie.
Et maintenant quand vous verrez passer
des boy-scouts, songez qu' en eux est l' es-
poir d'un monde meilleur, car en chacun
d' eux, dans tous !e.s pays, est une volonté
de droitur*.
Justin GODART.
Député
LE PROBLÈME DE L'ENSEIGNEMENT NATIONAL
La culture classique des Techniciens
Nous avons plaidé, dans un précédent
article (1), la cause d'une culture géné-
rale, avec « Humanités n, commune, afci
moins à la base, aux deux élites de notre
jeunesse.
Nous ne pensons pas qu'on puisse sé-
rieusement contester, pour nos techni-
ciens, La nécessité de puiser atux sources
mêmes du génie français, qui doit tant
à la Grèce et surtout à la Rome anti-
ques, cette dernière étant à beaucoup d'é-
gards l'élève de l'Hellade en civilisa-
tion, son porte-flambeau.
Bien des raisons militent en faveur de
l'introduction du latin, au moins, dans
l'enseignement secondaire technique, ré-
organisé et mis en harmonie avec l'ensei-
gnement secondaire classique.
Nos aïeux étaient gens sensés qui vou-
laient 4.ue l'homme fût un « honnête
homme n au sens du 17" siècle, c est-à-
dire ayant des clartés de tout et « à qui
rien d'humain ne fùt étranger ». Cette
conception ne fut pas sans efficacité sur
la primauté de la France sous l'ancien
régime. Alors un Congrès, fût-ce celui
du « Pacifique » à Washington, n'eût
pas osé donner le pas à la langue an-
glaise sXir celle dont Rivarol a montré la
« précellence », après le propre maître
de l'Alighieri du 13e siècle !. Il faut que
nos agronomes, nos industriels, nos com-
merçants, nos ingénieurs aident notre
patrie, par un effort de haute culture
personnelle, à reconquérir la place qui
lui fevient, au premier rang des peuples
civilisés victorieux.
De plus en plus, grâce au taylorisme,
et à la standardisation,la production s'in
tcnsifie-et l'horaire du travail du produc-
teur diminue, créant à celui-ci des heu-
res de loisir, qu'une large culture per-
mettrait d'utiliser plus intelligemment.
A l'esprit géométrique, qui fait les
hommes précis, Pascal recommandait
de j oindre l'esprit de finesse, qui fait les
mentalités délicates, moins absolues,
Utrin- dogmatiques, plus tolérantes.
Avec la rigueur scientifique, il faut au
technicien de l'imagination et des idées
générales, sans lesquelles ne se conçoit
pas l'esprit d'initiative. Pense-t-on que
des mentalités d'élite, ne craignant pas
de s'attacher à des problèmes tels que
ceux du gaz à l'eau et des questions de
confort et d'hygiène, que des hommes
tels qu'un Herriot, un Painlevé, pour-
raient tantôt élever et dominer un dé-
bat, tantôt, serrer de près les plus hum-
bles contingences, si ces universitaires
éminents n'avaient pas subi les fortes
disciplines des humanités gréco-latines?
En matière d'éducation intégrale, per-
dre du temps, au moins en apparence,
c'est en gagner. Qu'on élague d'ailleurs
les programmes de ce que le technicien
pourra acquérir de lui-même, plus tard,
sans autre guide que la vie profession-
nelle avec son expérience riche d'ensei-
gnements ; mais qu'on lui donne, dès
qu'il a quitté l'école primaire, vers 12 (13 ans, jusqu'à la fin de ses études, une
forte culture classique donfcil a, comme
on le voit, autant besoin que le futur
avocat, médecin, homme de lettres ou
administrateur.
Nous montrerons prochainement que
l'étude des langues vivantes ne saurait
tenir lieu de celle du latin.
C. A. THAON,
Directeur d'E. P. S. professionnelle.
(1; Voir VEre Souvclie du 17 août 1921.
Détournements
à la police judiciaire
Une grave affaire de détournement viell
d'être découverte à la police judiciaire.
Il y a quelques jours, au service de lu
comptabilité, on s 'aperçut que des détour
neinent de fonds avaient été pratiqués.
Les experts examinèrent les livres et les.
soupçons se portèrent, sur M. Rigaud, chei
de là comptabilité, depuis très longtemps
à ce service. Les vérifications établirent
que depuis six ans ce dernier s'appropriait
régulièrement des sommes qui auraient dû
être affectées au service des primes pour ar-
restations de déserteurs, et an paiement des-
fournitures de bureaux.
Le préfet de police ayant porté plainte,.
M. Rigaud a été arrêté hier soir.
Enfin, ça y est!
LA DEFAITE DE JEROBOAM
Sous ce titre, notre distingué et sympa-
thique confrère F. Dalat, directeur de l'ln-
dépendant Libournais, commente la dé-
faite de Jéroboam dans les termes sui-
vants :
« Nous voilà désemandelés ! M. Mandel,
ainsi qu'il fallait s'y attendre, n'est pas
mort en beauté. Cet Astaroth au petit pied
en a été pour sa courte honte.
Et le conseil général s'est doublement ho-
noré l'autre soir : d'abord en se débarras-
sant de la nullité encombrante et brouil-
lonne, qu'en une heure d'emballement il
avait stupidement mise à sa tête ; ensuite
en confiant à nouveau la délicate mission
de contrôler ses finances à celui qui, de l'a-
vis unanime, était le plus apte à la mener
à bien.
Le cauchemar dans lequel nous vivions
depuis vingt mois commence donc à se dis-
siper. L'air devient plus léger et plus sar
lubre. »
Les négociations
anglo-irlandaisés
nesont pas rompues
On peut conclure des dernières nouvelles
de Dublin que le Sinn-Fein acceptera d'en-
voyer des représentants à la conférence
d'Inverness.
Les délégués du Dail Eireann sont déjà
nommés et ils comprennent, outre M. Ar-
thur Griffiths, MM. John Macheill et X.
Barton.
FUSILLADES A BELFAST
Belfast, 10 septembre. — Quelques coups
de feu ont été tirés dans un quartier de.
Belfast vendredi matin.
Craignant la répétition des scènes de la
semaine dernière, une conférence des re-
présentants de toutes les Eglises, romaine,
catholique et protestante a été aussitôt te-
nue dans les casernements de la police.
UNE EVASION EN MASSE
Dublin, 10 septembre. — Quarante-neuf'
des prisonniers sinn-feiner§ internés au
camp de Curragh se sont évadés hier, soir
en empruntant un tunnel.
LIRE EN DEUXIEME PAGE :
— Le désarmement et la question du Pa-
Cifique.
EN 3e PAGE : .V. ,
- La semaine financière.
— La vie féminine.
En pass ant
Le Messie
Chapeau sur l'oreille, œil fin,
, Moustache en crotte de bique,
Un mince brin de rotin
Traçant sa courbe ironique
Sur ae pantalon falot
Et les bottines narquoises.
Alleiuia ! C'est Chariot,
Le. roi des ombres chinoises.
« La Bruyère de Vécran. » ,
« Molière le mimique. »
Eh ! va, donc, pousse, mets-en,
Journaliste famélique.
Les treize millions de feux,
T'en bouchent une surface ?
.— Genou terre, mille dieux!
C'est Chariot Chaplin qui passe.
.Et je songe à nos poètes
Morts de faim, comme Deubel,
Villiers, ou celui des Il Fêtes
Galantes », âme honnie
Traînant d'hôtel en hôtel
Sa misère et son génie. - :
Jeunes gens du grand Paris
Feut en prendre de la graine..
LdcJu. la Muse hautaine
Ce n'est pas ça qui nourrit.
Certes, ce serait folie
De vouloir épiloguer
Sur les gains du grand Charlie,
Et ce ne serait pas gai.
Puisqu'il nous fait rire à gorge
Déployée et larmes aux yeux,
Palsanguieu, je Vaime mieux,
Tout compte fait, que Lloyd George.
FLIP.
Un hommage des États-Unis
au Soldat Inconnu
L'ambassadeur des Etats-Unis vient d'in-
former le gouvernement français que -, le
président des Etats-Unis avait été, en ver-
tu d'une loi récente, autorisé à décerner
avec le cérémonial civil et militaire requis
la médaille du Congrès au Soldat inconnu,
enterré sous l'Arc de Triomphe..
M. Bria.nd, président du conseil, a aussi-
tôt prié M.. Myron Herrick de remercier
le gouvernement américain de sa délicate
pensée..
La cérémonie où M. Myron Herrick sera
assisté d'un officier Supérieur de l'armee
iie-ieiv'e .et d'un officier 1$marine amé-
ticaine, aura. lieu dans le courant d'octo-
bre. -
LA POLITIQUE ETRANGERE
L'affaire des Comitats occidentaux
Les nouvelles qui nous sont parvenues jus-
qu'à présent sur la situation en Hongrie occi -
dentale permettent très difficilement de se faire
une idée exacte des événements. En effet, les
dépêches de Vienne et de Budapest se con-
tredisent généralement et toutes sont entach ées
de passion. Quant à celles qui nous viennent
de Prague, .elles sont plus suspectes encore en
raison des intérêts de la Tchéco-Slovaquie au
maintien d'un couloir, faiblement défendu par
l'Autriche. faisant communiquer la Yougo-
slavie avec la Tchéco-Slovaquie. En outre,
la partialité des Tchèques dans le conflit aus-
tro-hongrois éclate dans l'attitude qu'ils ont
adoptée à Genève au sujet de l'admission de
la Hongrie à la Société des nations et dans le
fait qu'il arguent de la question des comitats
occidentaux pour s'opposer à cette admission.
Les seuls renseignements impartiaux qui pour-
raient nous être fournis sur la question seraient
ceux qui émaneraient de la Commission mili-
taire interalliée chargée de régler le transfert
à l'Autriche des comitats. Malheureusement,
ces témoignages sont extrêmement rares et se
bornent généralement à de simples démentis
opposés aux informations autrichiennes par trop
tendancieuses et par trop invraisemblables.
Nous ne connaissons même pas le texte de la
note adressée par le Conseil des ambassadeurs
au gouvernement de Budapest au sujet des in-
cidents de Hongrie occidentale. Il est cbnc
extrêmement difficile, faute de documents pré-
cis, de juger sainement de la situation
La thèse hongroise, cependant, nous est con-
nue. Le gouvernement de Budapest entend
respecter complètement le traité de Trianon qui
l'oblige à évacuer les comitats occidentaux.
Au. point de vue militaire, il est certain que
cette évacuation est aujourd'hui complète. Par
contre, les Hongrois entendent maintenir dans
la zone B leur administration, protégée par une
simple gendarmerie. afin de conserver un gage
pour. les dettes dont l'Etat autrichien leur est
redevable. La situation financière de l'Autri-
che, sa gabegie administrative. les poussées
communistes qui se font jour trop souvent à
Vienne donnent, on le conçoit, certaines in-
quiétudes aux Magyars. Jusqu' à quel point ont-
ils le droit de conserver en gage une partie
des territoires qui leur sont enlevés par le trai-
té de Trianon? nous ne le savons point. Au-
cune note officielle n'est venue jusqu'ici nous
fixer à cet égard, mais on assure que la com-
mission militaire qui opère en Hongrie occi-
dentale reconnaît le bien-fondé des prétentions
hongroises, du marnent que le gouvernement de
Buarpest a prouvé sa bonne volonté en éva-
cuant militairement tout le territoire et en opé-
rant dans la zone B, en coopération avec la
commission interalliée.
Quoi qu'il en soit, un seul fait est cer-
tain : l'ordre le plus parfait règne dans cette
zone B, maintenue sous l' administration magya-
re, tandis que la zone A, évacuée par la Hon-
grie et partiellement occupée par la gendarme-
rie autrichienne, est bouleversée par des trou-
bles. -
Le phénomène s'explique d'ailleurs aisément.
La population de Hongrie occidentale est très
nettement hostile au rattachement de ce. - terri-
toire à l'Autriehe. Si les habitants avaient été
consultés avant que le traité de Trianon n'eût
accordé à la légère cette fiche de consolation
à l'Autriche, ils se fussent prononcés à une
énorme majorité en faveur ce la Hongrie, ce
qui eût évité à nos négociateurs l'erreur — pour
ne pas dire, plus — d'agrandir le territoire au-
trichien fatalement destiné, croyons-nous, à se
rattacher un jour ou l'autre à l'Allemagne.
En outre, les éléments communistes autri -
chiens ont eu beau jeu pour envenimer les cho-
ses. Que serait-ce si la commission militaire
interalliée avait accédé à la demande autri-
chienne et permis à la Volkswehr, composée
presque entièrement d'éléments extrémistes, de
pénétrer en Hongrie occidentale où la popula-
tion est franchement opposée aux théories de
Lénine ou de Bela Kuhn !
Il suffirait certainement aujourd hui d'un peu
de doigté dans les interventions alliées en Eu-
rope centrale; il suffirait d'une très légère pres-
sion exercée sur l'opinion autrichienne pour
faire comprendre à celle-ci la nécessité de con-
versations austro-hongroises tendant au règle-
ment à l'amiable de la question. Il suffirait
enfin de montrer aux Autrichiens que nous n' ap-
prouvons pas leur intransigeance parce qu'elle
peut aboutir à une rupture austro-hongroise, jeter
Vienne dans les pires difficultés économiques,
et par conséquent nuire aux intérêts que nous
avons dans ce malheureux pays, pour que la
question de Hongrie occidentale soit prompte-
ment réglée et que disparaisse ainsi ce germe
de conflits en Europe centrale. L'une des plus
graves erreurs du traité de Trianon serait ain-
si, sinon réparée, du moins considérablement
atténuée.
Les autorités autrichiennes abandonnent
la Hongrie occidentale
Vienne, 10 septembre. — Les journaux
annoncent que le gouvernement autrichien
a décidé l'évacuation de là Hongrie occi-
dentale. Le gouvernement de cette pro-
vince a été transféré provisoirement à
Vienne.
Les bruits d'intervention
italienne 11
Certaines. dépêches de Vienne annon-
çaient hier que l'Italie était disposée à prê-
ter son concours Í militaire à l'Autriche
dans la question de Hongrie occidentale.
Le chancelier autrichien aurait même con-
tirmé le fait à une députation du Burgen-
land. :
Une dépêche de Wiener-Neustadt allait
jusqu'à annoncer l'arrivée dans cette ville
d'un premier détachement italien.
Toutes ces nouvelles étaient tendancieu-
ses. En effet, une note Stephani, arrivée
dans la soirée, mettait les choses au
point :
L'information relative à l'arrivée à
Wiener-Neustadt d'un contingent de trou-
pes italiennes destinées à assister l'Autri-
che dans la. question du Burgenland, est
dénuée de tout fondement.
« Il est possible que ce soit le passage
du contingent de troupes italiennes desti-
nées à la Haute-Silésie, en conformité de
la décision du Conseil Suprême qui ait
donné naissance à çe bruit, IJ
ÉDITORIAL
La politique financière de Gribouille
Si notre situation économique et financiè -
re n'était pas si gravement compromise, il y
curait lieu de rire des ejjorts que font les
membres de la commission des finances de la
Chamb"e pour équilibrer le budget avec des
ressources nouvelles sans trop ébranler la
construction informe qu'ont édifiée leurs pré-
décesseurs.
D'une part, on repousse en principe la
proposition du ministre des Finances qui,
tout de go, n'hésite pas à doubler la taxe
sur le chiffre d'ajfaires. Mais on l'accepte
tout de même pour toutes les transactions qui
ne touchent que le consomateur. Epargnons
les commerçants, ces pauvres diables, mais
frappons -sans pitié ces « cochons de
payants », de qui nous vient tout le mal 1
D'autre part, il faut donner de haut
l'exemple à ces ouvriers têtus qui se refu-
sent à laisser diminuer' leurs salaires tant
que le prix de la vie ne sera pas abaissé.
Donc, on supprimera dans la plus large me-
sure l'indemnité de vie chère des jcnction-
naires. Ils n'ont qu'à se priver .du. néces-
saire.
Mais, comme quelques difficultés sont ap-
parues— les fonctionnaires sont des élec-
teurs influents — on s'est avisé d'opérer
d'autre sorte et de supprimer un certain
nombre d'emplois devenus inutiles. La Com-
mission a constaté que les administrations
s'étaient accrues d'une quantité de services
nouveaux et d'un personnel supplémentaire
de 147.000 unités. La dépense pour l'en-
semble des services administratifs s'est éle-
vée de 1.540.000 fr. en 1914 à 4.617.000
francs en 1921.
Or, à y regarder de près, ces milliers
d'emplois nouveaux, et, de plus, fort oné-
reux, sont ceux que nous a valus la mise en
application du traité et des accords inter-
prétatifs du traité, et la plupart de ces trai-
tements — fort élevés - incombent aux
missions de contrôle de la Guerre, de la
Marine, des Affaires étrangères, aux innom-
brables services des régions occupées ou des
régions libétés, du dès rèjflàfis J^rveillées.
Emplois dé choix, réservés aux protégés des'
parlementaires. Devront-ils y toucher P On
en doute.
Autre ressource : Quelques élus des « In-
térêts économiques » ont remarqué que le
régime fiscal instauré 'par la précédente
Chambre, et aggravée par celle-ci, pesait
lourdement sur le commerce et l'industrie,
mais épargnait de façon générale les produc-
teurs agiicoles. L'explication nous en est
Jonnée par la République Française, qui
connaît bien le personnel parlementaire ac-
tucl:
« Les commerçants et les industriels sont
les moins nombreux ; ils représentent dans
l'Etat des intérêts aussi importants que ceux
de l'agriculture ; mais leur puissance électo-
rale est minime, parce qu'ils sont, naturelle-
ment en concurrence dans leur métier res-
pectif et ne savent pas s'unir. Les paysans
vont aux urnes avec le seul souci de choisir
un bon représentant de leurs intérêts ; com-
merçants, patrons et ouvriers se déterminent
sur d'autres raisons ; ils ne se concertent
même pas ; ils restent divisés et impuis-
sants
« Lorsqu'une loi touche aux intérêts pay-
sans, tous les représentants des circonscrip-
tions rurales font bloc et imposent leurs Vues;
si c'est le commerce qui est visé, il n'y a plus
personne. Aucun représentant ne se sent di-
rectement visé. Et voilà comment toutes les
charges de la guerre et de Vaprès-guerre se
sont abattues presque sans protestations sur
le commerce et sur l'industrie. »
Ajoutons-y sur le consommateur., la fou.
le anonyme et silencieuse des tondus, qui ne
protestent qu'en bêlant, mais cela n'a pas
d'importance.
N'attendons pas toutefois de cette Cham-
bre de ruraux — et pour une bonne part : de
hobereaux — que la production agricole soit
frappée par les justes lois fiscales.
Si bien que cette Commission pleine de
louables intentions, nous paraît travailler
dans le vide, à la façon des écureuils. Et
ce rf&st point de ces délibérations que sorti-
ront les initiatives hardies, ou même les hon-
nêtes réformes qui pourraient mettre de l'or-
dre dans cette Maison où chacun tire à soi,
fait ce qu'il veut et se soucie de l'intérêt na*
tional autant que M. Klotz ou M. Chéron.
A. L.
M, Doumer à Londres
Au sujet des conversations que M. Dou-
mer a eues avec sir Robert Home à Lon-
dres, le communiqué suivant a été publié
hièr : - ,
M. Doufner a eu avec, sir Kobatt Home
tife entretien ait cours duquel tes questions
,sotttevés dâns l-arrangement financier db
Paris .o.nt Mé passées en revue dans le PLUS -
vif esprit d'amitié et cte -
Il a été convenu que les problèmes dis-
cutés seront examinés ultérieurement, en
consultation avec les autres puissances al-
liées.
Ce texte est, assurément, peu explicite,
mais il convient de rappeler que, suivant
les déclarations de M. Doumer lui-même,
aucun résultat définitif n'était attendu de
cette conversation.
La tâche de M. Doumer à Londres est
d'ailleurs terminée. Il rentrera demain à
Paris ; sir Robert Horne a quitté Londres
dès hier soir. C'est désormais par l'inter-
médiaire des chancelleries que se poursui-
vront les conversations.
1 LE DILEMME DE LA VIE CHERE
i ?J.? -
La Crise des Industries du Nord
La grève générale s' organise dans la région Rou baix- Tourcoing
La crise économique générale, dont les
grèves du Nord ne sont, hélas, qu'un as-
pect particulier parvenu à l'état aigu, ne
sera certes pas atténuée par les événements
de Roubaix-Tourcoing.
L'organisation de la grève générale qui
doit commencer lundi dans la région de
Roubaix a occupé durant la journée d'hier
tous tes militants syndicalistes.
De nombreux discours ont été prononcés
dans les réunions syndicales pour encoura-
ger tous les ouvriers à l'actien et, sur une
place de Roubaix, Georges Dumoulin a sou-
tenu l'ardeur des grévisces du textile qui
chôment depuis plus de trois semaines.
La grève générale sera peut-être le si-
gnai d'actes révolutionnaires. Hier, deux
faits ont montré réchauffement des esprits.
Une charrette a été renversée > les vitres de
l'hôtel du consortium ont été brisées.
Les pouvoirs publics, annonce-t-on, pren-
nent des mesures pour éviter des « inci-
dents regrettables n. Il est à désirer que
des conflits ne se produisent pas entre la
troupe et les grévistes, car Ja situation
n'en serait pas éelairie.
Certains se plaisent à espérer, toutefois,
que le gouvernement interviendra au der-
nier moment pour terminer brusquement le
conflit en imposant un arbitrage aux deux
partis.
Quelques incidents ont eu lieu hier
D'après les décisions des comités syndi-
caux, réunis à Roubaix, la grève générale
de toutes les corporations «le Roubaix-
Tourcoing et des environs commencera de-
main.
La grève touchera les centres suivants :
Roubaix, Tourcoing, Croix, Wasquebal,
Watcrelos, Lannoy, Roncq, Halluin.
Hier matin, les grévistes du textile de
Tourcoing se sont réunis en un grand mee-
ting ; ils ont entendu les orateurs du co-
mité de grève et de la C. G. T., puis
ils ont formé un immense cortège pour re-
joindre les grévistes de Roubaix.
Sur la route, ils renversèrent un camion
conduit par des « jaunes 1). La foule se
massa, à Roubaix, devant l'hôtel du con-
sortium patronal. Des carreaux furent
brisés.
M. Dumoulin fut applaudi. La foule chan-
ta l' Internationale et, télégraphie le cor-
respondant d'un journal communiste, le re-
fra.in populaire du Nord :
« Quand le pain nous manquera, il fau-
dra taper dans le tas. »
Dane la soirée ont eu lieu les assemblées
général de tous les syndicats qui doivent
entrer dans le mouvement.
"La proclamation suivante a été adressée
Il à tous les travailleurs et à l'opinion pu-
blique » :
Un défi qu'il faut relever
Dep-uis plus de trois semaines ,VQUS êtes
témoins que 60.000 grévistes du textile se
soiu dressés contre la diminution. des sa-
laires que le patronat prétend leur imposer.
Vous êtes témoins que depuis le début du
conflit jusqu'à aujourd'hui, ces 60.000 tra-
vailleurs se sont imposé, tux et leurs, fa-
milles, des souffrances et de durs sacrifices,
tout en observant à l'égard des patrons et
des pouvoirs publics la dignité la plus abso.
lue. A aucun moment, ils n'ont cédé ni à la
colère ni à la haine et aucun acte de vio-
lence n'a pu être-relevé à leur c/targe,!
Forts de leurs droits, admirables dans
leur dignité, les grévistes ont proposé aux
patrons et aux pouvoirs publics ie moyen
de solutionner le conflit.
Ils attendaient de la part des patrons un
même geste de conciliation.
Ils escomptaient des représentants du
gouvernement un acte d'autorité en faveur
du droit.
Au lieu de cela, la classe qui produit se
trouve devant un véritable défi.
Une proposition repoussée
Notons que M. Boulin, inspecteur divi-
sionnaire du Travail avait suggéré au co-
mité de grève d'accepter la nomination
dune commission d'expertise qui serait
chargée de vérifier la situation économique
de l'industrie textile, l'état comparatif des
salaires eh de la production. Le oumité de (
grève a répondu qu'il ne se refuse à l'exa-
men d'aucune suggestion, mais qu'il consi-
dère avant toute chose que le statu quo des
salaires doit être maintenu.
L'optimisme patronal
Le patronat ne manque pas d'alfirmer
un certain optimisme. Et ils citent la ré-
ouverture à Linselles, des établissements
Tiberghien. Un seul établissement dans la
région, ce n'est pas beaucoup, alors que la
grève vient d'être déclarée à Fourmies. La
Journée Industrielle ajoute, cependant :
« Sont-ce là des indices certains que la
grève touche à sa fin 1 A n'en pas douter.
Et H ne serait pas surprenant qu'au début
de la scmaine prochaine, il y ait des ren-
trées par petite groupes qui, deux ou trois
jours après, entraîneront les hésitants. II
règne, dans la classe ouvrière, une réelle
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