Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-09-10
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 septembre 1921 10 septembre 1921
Description : 1921/09/10 (N18537). 1921/09/10 (N18537).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/03/2013
24 Fructidor, An 129. — N° 18537.—
ào numéro : udïNZE CENTIMES
Samedi 10 Septembre 1921. — M" 18537.
Fondateurs f/869) t
* VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Do M ShtBMb TNbstets
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » a * le »
FRANCE & COLONIES.. U » 22 a Il »
ETRANGER 49 » 25 » 13 »
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LE RAPPEL
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RAYMOND LANGE
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; OPINIONS -
t
rjUlemagneef la Société des Nations
Quand paraîtra cet article, que j'écris
loin de Paris, on aura peut-être d'instructifs
détails complémentaires sur ce qui s'est pas-
sé à Genève, dans cette Commission des
amendements, au sujet de la question de
L' admission de l'Allemagne dans la Socié-
té des nations. Peut-être aussi que l'As-
semblée elle-même se sera prononcée.
Dès maintenant, il y a un fait précis,
un fait grave, c'est que l'admission de l'Al-
lemagne a été encore ajournée, du moins
par cette Commission.
Il y avait à se prononcer sur l'amendement
déjà proposé, l'an dernier, par la Républi-
que argentine, et (nous dit-on aujourd'hui,
on ne nous donne pas le texte exact) ten-
dant à l'admission automatique de l'Alle-
magne dans la Société des nations.
Le représentant français à la Commission
des amendements, M. Noblemaire, a fait
voter le rejet de cet amendement, comme
étant contraire à l' articl e Tr du Pacte.
On nous dit que ce vote a été çrnis « à
la presque unanimité », ce qui revient à di-
re que M. Noblemaire n'a pas pu obtenir
l'unanimité pour sa proposition de rejet, et
il serait intéressant de savoir quelles sont
les nations qui ont voté contre la motion
française, et pour l'admission immédiate de
l'Allemagne.
Quand on nous parle d'admission auto-
matique (il est douteux que les Argentins
aient employé ce mot), c'est évidemment
d'admission immédiate qu'on veut parler,
et. d'autre part, quand on dit que cette ad -
mission immédiate est contraire à l'article
l'r du Pacte, on joue sur les mots.
Que dit l'article 1er du Pacte ? Qu'une
nation candidate pourra être admise quand
elle aura prouvé qu' elle se gouverne libre-
ment et qu'elle remplit ses engagements in-
ternationaux.
Toute la question est donc de savoir si
c'est le cas de l'Allemagne.
Oui, répond la République argentine.
NOD, répond la France, par la bouche de
M. Noblemaire.
La France -- ne le dit pas nettement, di-
rectement, ouvertement : elle oppose à l' ad-
mission dè l'Allemagne une sorte d'artifice
de procédure, profitant de ce que la propo-
sition argentine n'est peut-être pas très bien
rédigée.
M. Noblemaire, dans sa proposition, fait
dire à la Commission qu'elle « rend hom-
mage au sentiment du gouvernement argen-
tin quant à l'utilité de voir la Société des
nations aussi complète que possible » : il
accepte donc, éventuellement l'admission
de l'Allemagne.
Mais il est ou semble être de ces Fran-
cais à courte vue qui considèrent tout retard
apporté à cette admission comme un bénéfi-
ce pour la France. Ils se résignent en idée
à voir l'Allemagne entrer dans la Société
des nations, pourvu que ce ne soit pas tout
de suite, pourvu que ce ne soit que l'an
prochain, ou dans deux ans, ou dans trois.
Ils appellent cela gagner du temps, et c' est
avec joie que des journaux français donnent
à la nouvelle ce titre : « L'Allemagne ne
fera pas encore partie de la Société des na-
tions. »
Eh bien, je dis, moi, que c est tant pis,
tant pis pour l'humanité en général, mais
tant pis particulièrement pour la France.
Son refus, même déguisé sous des prétex-
tes, la dénonce au monde comme une en-
nemie de la paix, comme la nation haineuse
ou hargneuse qui ne sait que dire non, et
qui entend garder à l'égard de l' Allema-
gne une attitude intransigeante, une attitude
qui rend impossible ce désarmement moral
auquel les peuples aspirent.
En réalité, la proposition Noblemaire si-
gnifie que, dans la pensée de la France,
l' Allemagne n'a pas encore rempli les con-
ditions de l'article 1er du Pacte.
Cependant, l'Allemagne a un gouverne-
ment démocratique, et le cabinet allemand
actuel a donné des preuves notables de sa
bonne volonté à remplir ses engagements in-
ternationaux.
On objecte que ce gouvernement est fai-
ble, et que demain un gouvernement réac-
tionnaire peut lui succéder, rétablir même
l'ancien régime, et on dit qu'il n'est donc
pas prudent d'admettre maintenant l'Alle-
magne dans la "Société des nations.
Je réponds que l'immédiate admission
de l'Allemagne aurait pour résultat de forti-
fier ce gouvernement, de lui donner du pres-
tige, et de déconsidérer les partis de droite.
Ce peuple vaincu a des besoins d'amour-
propre : il aurait acclamé un gouvernement
qui, en le faisant entrer dans la Société
des nations, lui aurait ouvert une honorable
perspective de travail et de paix dans la
solidarité mondiale, et lui aurait tant au
moins donné la sensation de n'être plus au
ban de l'humanité.
Si la France, en ce moment et sans plus
tarder, avait elle-même pris l'Allemagne par
la main, cette Allemagne qui lui a fait tant
de mal, pour la faire entrer dans la Société
des nations, ce geste aurait été salué avec
admiration par le monde entier, qui aurait
eu la sensation que la paix était enfin éta-
blie.
Mais ce serait là de la grande politi-
que. Elle n'est pas possible, avec ce Bloc
national.
A. AULARD.
POUR, TENTE Z*ES &A.ITCMMS
» 111 KP-» -
Un appel de M. Painlevé
L'ancien président du Conseil dévoile les véritables causes
, de la mauvaise paix qu'on nous a faite
L'anniversaire de la proclamation de la Ille
République fut célébré à Châtellerault par
un grand banquet que présidait M. Paul Pain-
levé, ancien président du Conseil. Il
A là table d'honneur avaient pris place, à
droite et à gauche de M. Paul Painlevé, MM.
Poulie et Albert, sénateurs, Niveaux et Tran-
j(land, députés, MM. Maurice, conseiller gé-
néral de la Vienne, Cigogne, maire de Port-
de-Piles, Bobier, maire de La Puye, Maze,
le docteur Petit, Genève, conseillers munici -
paux, Cibert, maire de Doussais, Hulin, se-
crétaire du Comité de Poitiers, Houdin et les
membres du bureau du Comité réptjlicain
d'action laïque.
Notre ami Louis Ripault, président du Co-
mité, prononça une allocution très applaudie.
Des discours lurent ensuite prononcés par
MM. Tranchand, Niveaux, François Albert,
Guillaume Poulie.
M. Painlevé prit alors la parole.
Prenant texte du discours précédent et no-
tamment des paroles prononcées par MM. Al-
bert et Poulie sur le rôle du Parlement pen-
dant la guerre, M. Painlevé souligne le travail
considérable de la commission de l'armée qui
eut à briser les timidités, les lenteurs et l'iner-
tie d' une bureaucratie militaire qui se rendait
mal compte des nécessites d'une guerre mo-
-derae.
Ce régime parlementaire tant com battu par
les réactionnaires a donc contribué puissam-
m"!t à la défense nationale.
Et pourtant aujourd'hui, par une campagne
savamment dirigée, on essaie de voler à la Ré-
publique sa victoire.
On profite de l'amertume créée par les dé
ceptions venues de d'application du traité de
paix-
Qui ne voit cependant que les graves im-
perfections de l'acte de Versailles résultent
principalement 'de la méthode suivie lors des
négociations poursuivies dans une cave ?
A u lieu de s'appuyer sur le Parlement en
le tenant au courant, on l'a tenu à l'écart. A
son égard la méfiance a été affectée. Les dé-
ric-crciles venaient de remporter une victoire
.<¡, analogie dans l'histoire et à r heure de
l'armées et de la paix on ne leur faisait plus
confiance. •
Ór. il fallait mettre le pied sur le militaris-
ipli7 allemand, le ridiculiser:
L'a-t-on fait lors de l'armistice ?.
Aucunement. De prétendus hommes d'Etat
ont craint que le bolchevisme ne s'étendît de
Russie en Allemagne et d'Allemagne en Fran
ce. Ils ont voulu que le Reich pût résister
à celle invasion. Ils ont traité avec respect l'ar-
mée allemande qui représentait la force. Nous
avons sauvé la mise des Hindenburg et des
Ludendorff. Ne nous étonnons pas alors de
les retrouver maintenant, de renommée intac-
te, organisant la résistance contre le traité.
Alors M. Paul Painlevé montre l'Europe
déséquilibrée par l'absence de la Russie.
Il rappelle la lutte qu'il soutint à Paris, il
y a deux ans, avec Ripault. pour que les
rapports fussent repris avec notre malheureuse
alliée et comment la grande presse unique, à
cinq millions d' exemplaires, leur tirait dessus
en les couvrant d'injures.
Aujourd'hui, on leur donne raison.
Il faut agir vite, aider, soutenir, alimenter,
réparer, organiser. A ce prix l'Europe elle-mê-
me recouvrera.la santé.,; »
L'orateur conclut :
Il faut que les républicains se réveillent et
fassent litière de leurs divisions S'il en est
parmi eux quelques uns qui, trompés par la
loi électorale ou une fausse tactique, se sont
égarés, qu'ils profitent des occasions prochai-
nes pour revenir ostensiblement de leur erreur
et montrer qu'il ont bien leur place dans les
forces républicainas. Quant à ceux qui ont livré
le bon combat, mais en ordre dispersé, sans
cohésion, chacun pour soi, qu'ils se rendent
compte que leur déplorable stratégie a rendu
au bloc réactionnaire la victoire singulièrement
facile.
Nos ad versaires comptent beaucoup sur la
répétition de cette faute.
Que nos actes leur donnent un démenti écla-
tant.
A la fin de son discours, M. Painlevé fut
vivement accamé.
Le cabinet de M. Th. Steeg
M. Th. Steeg, gouverneur général de
l'Algérie, 'quittera Paris mardi prochain
pour rejoin'ére son poste.
Il a désigné comme directeur de son ca-
binet M. Ginoux, préfet en congé, ancien
directeur du cabinet du préfet de police.
M. Dubroca remplira les fonctions de ghef
du secrétariat particulier ,-
| ÉDITORIAL L
Rumeurs d'Orient
Méfions-nous des rumeurs d'Orient. Ce
sont les Grecs qui les propagent. Chaque
jour ils annoncent des vidoires. C'est plus
facile que de les remporter.
A les en croire, ils prennent Angora tous
les matins ; sans doute, pour nous donner à
penser qu'ils ont chat en poche.
Et quand ils prendraient Angora ? Na-
poléon — qui tout de même dépassait Cons-
tantin de plusieurs « petits chapeaux » —
a pris Moscou. Mais l'hiver ? Mais le re-
tour ? -
L'Anatolie est vaste et l'héroïsme des
Turcs admirable. Ces hommes se feront tuer
jusqu'aux derniers plutôt que de céder au
Grec abhorré. Leur courage et leur foi
s'exaltent dam les pires catastrophes. Un
peuple tout entier résolu à mourir offre une
tragique beauté, faite pour séduire la Vic-
toire. •
Même Angoraprise (qui n'esL..Jz.!iune
grande bourgade) les Turcs reculewnT^on-
tinuant de se défendre pied à pied. Ils iront
s'il le faut jusqu'à Kaisarien, dont le mas-
sif montagneux est pour déconcerter les con-
vois de l'armée grecque ; et leur ténacité
indomptable aura raison de la versatilité
hellène.
Déjà à Athènes - le Temps le montrait
hier — le sentiment populaire s'élève con-
tre la longue durée des hostilités. Les suc-
cès militaires du Tino provoquent les mêmes
sentiments que naguère les succès diploma-
tiques de Venizelos.
Le peuple grec considère surtout les char-
ges d'une mobilisation générale prolongée,
et il trouve amers les fruits d'une gloire ache-
tés au détriment de son bien-être, de son né-
goce, de sa tranquillité. ,
Il faut en croire le bon sens du Bonhom-
me : même en ces choses d'Orient, considé-
rons la fin. Ne craignons pas de jouer notre
dernière bonne carte diplomatique sur le
Croissant. Soyons avec l' Islam, tandis que
Boches et Britanniques poussent leur Tino.
A ujourd' hui, il lui promettent des feuil-
les de chêne. Demain, il sera contraint de
manger les glands.
EDMOND DU MESNIL.
Lire dans ce Numéro :
EN 3" PAGE :
— Le commerce extérieur de la France
durant le premier semestre de 1921.
— Roger Ducasse, par André Cœuroy.
13n passant
Envies
, Si l'on en croit les iournaux de Nice et
là revue occultiste le Voile d'isis, une
chatte habitant 20, quai Lunel, a mis au
monde, avec d'autres chatons normaux,
un jeune chat portant sur le ventre, eh
poil {jri.s sur fond bleu, le millésime 1921,
avec, à côté, trois étoiles.
La revue occultiste, qui n'y va pas avec
le dos de la cuiller, affirme que. le boulan-
ger est corse, que le chat est gris, comme
la redingote de Bonaparte et que ce mira-
cle a eu lieu en l'honneur du Centenaire !
Il est certain que, dans l'antiquité ro-
maine, les historiens, eussent enregistré
gravement l'anecdote (à la date près!)
comme un signe non négligeable de la vo-
lonté des Dieux.
De nos jours, où tout s'explique ration-
nellement (sauf la hausse des devises et
le traité de Versailles), les savants ont
voulu aller au fond des choses.
Ils ont constaté que la chatte passait
son temps couchee sur les sacs à farine du
bou-lanr-er.
Or, ces sacs portaient la marque des
trois étoijfs et le millésime imprimé de
La chatte, à force de considérer, pen-
dant ses longues heures de rêveries, le,
chiffre fatidique, a fini par l'imprimer sur
le germe qui poursuivait son évolution
mystérieuse,
Comme contribution à l'histoire de ces
petits signes appelés « envies », l'histoire
est curieuse. Mais le mécanisme de ces
anomalies physiques est encore inconnu
de nos médecins.
Les Grecs, parait-il, pendant les der-
niers mois de la grossesse, entouraient
leurs femmes de statues reproduisant le
type idéal de ta beauté hunul-Ïne. Le jour
où M. Mandel se m'ariera. il serait cu-
rieux, certes, de. recommencer la même
'expérience sur madame son épouse, pour
voir s'il serait possible d'arrêter la trans-
mission du nez célèbre.
Cela prouve aussi que nos. physiologistes
qui prêchent l'eugenisme, alias l'art de
fabriquer de beaux enfants, feraient bien
de sonder le mystérieux domaine des im-
pressions sub-conscientes. Nous nous occu-
pons toujours de perfectionner les procé-
dés qui ont pour but de tuer les hommes
en série. Nous nous inquiétons tort jjpu de
ceux qui conditionnent son entrée 4gl
cette vallée de larmes. — FLIP.
A la Commission des Finances
La Commission des finances a adopté
le budgét du commerce et celui de l'inté-
rieur : elle a réalisé sur l'un et sur l'autre
quelques économies.
Elle a décidé que les crédits pour la fête
du 14 juillet et ceux pour la fête de Jeanne
d'Arc seront inscrits désormais dans le
même chapitre — en attendant, sans doute,
de supprimer la commémoration de la prise
de la Bastille.
LA POLITIQUE ETRANGERE
La question du milliard
Voici donc M. Doumer à Londres, aux
fins de prendre contact avec Sir Robert Hor-
ne, chancelier de l'Echiquier, avant de retou-
cher les accords ifnanciers établis le 13 août
à Paris et que la France a refusé de ratifier.
Il s' agit, on le sait, de la répartition du ore-
mier milliard versé par l'Allemagne, question
qui paraît simple à première vue et qui, en
réalité, est hérissée de difficultés tant les in-
terprétations du traité peuvent être diverses et
les accords ultérieurs en modifier le sens.
Le premier milliard allemand est aujour-
d'hui versé. La Belgique a sur lui des droits
de priorité incontestables et que la France Le
songe pas un instant à contester- Contre toute
attente, cependant, la Belgique déclare aujour-
d'hui qu'il existe encore un autre privilège qui
passe avant le sien, celui du coût des armées
d'occupation.
Ces frais devaient être couverts par les /.O
milliards que l'Allemagne devait avoir payés
avant le 1er mai Mais on sait que l'Entente
a renoncé à exiger ce versement intégralement
et de ce fait le remboursement des frais d' oc-
cupation demeure en suspens. Doivent-ils être
déduits àiu milliard allemand? Oui, répondent
les Anglais et les Belges. Non, répond la
France. Elle s'appuie sur l'article 251 du
traité qui distingue les frais d'occupation ces
frais de réparations. Tous deux doivent être
payés par l' Allemagne, mais ne doivent, en
aucun cas, être confondus. Les accords de Spa
et de Londres, sur quoi s'appuie la thèse an-
glaise, n'ont que le caractère d'arrangements
transitoires alors que l' arrêté pris par la com-
mission des réparations, le 5 mai, et laissant
de côté, dans son état de paiement, les frais
d'occupation, fait loi.
Ce n'est pas tout. Si la Grande-Bretagne et
la Belgique font droit aux réclamations fran-
çaises, les 450 millions disponibles de la caisse
des réparations y demeurent ou sont touchés
par la Belgique, en vertu de son droit de prio-
rité. Si, par contre, la thèse anglaise triomphe,
ces 450 millions sont répartis entre alliés en
couverture de leurs frais d'occupation. Dans
ce cas, toujours en vertu des accords du ! 3
août, la France ne touchera rien sous prétexte
que la valeur des mines de la Sarre est portée
à son crédit et qu'on estime en Angleterre que
le rendement de ces mines dépasse la créance
française. En effet, nos alliés estiment à des
prix exagérés les charbons de la Sarre, ou-
bliant qu'ils ont estimé à des prix infimes la
valeur de la presque totalité de la flotte com-
merciale allemande reçue par eux et qui doit
venir en déduction des sommes à payer au titre
des réparations.
On voit donc les dangers pour nous de 1 ac-
cord du 13 août. Il serait injuste de ne pas
mettre en regard les avantages qui nous ont été
concédés en échange. ;
L'Angleterre a consenti que le prix au char-
bon qui nous est livré par rA!ietC)ajaM< niâ
Anvers et Rotterdam, nous soit compté à un
prix très bas, ce qui équivaut à une réduction
d'environ 15 millions de marks-or sur notre
compte de fournitures en nature. -
OE-n outre, la dette de la Belgique sera éva-
luée au cours du change au moment du prêt
et non au change actuel- La dîférence ainsi
obtenue équivaut à environ 1.200 millions de
francs-or.
Enfin, la Belgique a renoncé à exiger le
versement en bloc du solda de sa priorité et
a consenti à sa répartition en quatre échéances.
On voit çombien le problème est complexe.
Il s'agit aujourd'hui pour nos négociateurs de
conserver les avantages obtenus le 13 août,
tout en faisant annuler les accords inaccep-
tables.
Certes, si nous étions assurés du versement
intégral dans les limites fixées ce la somme o-
tale due par l' Allemagne, le débat ne serait
pas aussi âpre. Mais ia baisse du mark, les
dernières déclarations du chancelier Wirth, les
prévisions pessimistes de certains économistes
allemands et de John M. Keynes permettent
quelques doutes à cet égard. En vertu du pro-
verbe qui dit qu' « un tiens vaut mieux que
deux tu l'auras! v, on conçoit que la France
cherche à obtenir sa part du premier milliard
allemand si la Belgique entend ne pas user
Ce son droit de priorité.
Ainsi, si l'on s'obstine à confondre les frais
d'occupation et les réparations, les mines de
ia Sarre ne sauraient venir en déduction de la
part de la France. Si, d'autre part, on sépare
les deux comptes et que la Belgique use de
son droit, nous ne toucherons rien. c'est vrai,
mais au mo'ns ce droit s'exercera moins long-
temps et le moment où nous serons appelés à
participer aux versements allemands sera rap-
proché.
La France entend aborder la discussion de
ces problèmes complexes avec un grand désir
d' aboutir à un accord et il n'est pas un Fran-
çais qui souhaite voir cette discussion venir ag-
graver la crise politique de l'Entente.
ENTREVUE DE M. DOUMER
AVEC SIR ROBERT HORNE
Londres, 9 septembre. — La première
entrevue entre sir Robert Horne, assisté
d'experts financiers, et M. Doumer, minis-
tre des Finances français, assisté de M.
Tannery, a eu lieu aujourd'hui. Elle a duré
de midi à deux heures.
Les vues qui ont été échangées ont porlè
sur des génréalités concernant la réparti-
tion du premier milliard à payer par l'Alle-
magne et les positions respectives anglai-
ses et françaises ont été examinées. L'en-
tretien s'est poursuivi sur un ton très cor-
dial.
Les conversations reprendront cet après-
midi à 4 heures et. se termineront probable'
ment tard dans la soirée- -
LE DILEMME DE LA VIE CHÈRE
A
La cherté des vivres entraîne les hauts salaires
Les hauts salaires entravent la production
Une campagne énergique contre les spéculateurs
- est la préface de notre -- relèvement économique
Il serait inexact de dire ; « La guerre est
déclarée entre 11. Leiulier et les /)(JucMrs.»)
lù serait r^dteuie de penser ; « c'est une
anecdote parisienne gui n'interesse qu'à
titre documentaire le reste du pays. »
£ n jaÜ, lu incidents actuels ne sont
qu'un aspect particulier d'une réalité beaur
coup plus grave et qui embrasse toute la
France, qui conditionne toute son activité
économique, toutes les phases de son relè-
vement.
La question est nette : La crise actuelle,
la crtse de « la victoire. à Clemenceau »,
nous mène tous à la faillite et à la ru-ine.
Li situation est intenable, impossible. Il
jaut en sortir, coûte que coûte.
Notre production ressemble à cet oiseau
des laboratoires, enfermes sous une cloche
où l'on fait lentement le vide.
four produire, les industriels affirment
qu'ils sont handicapes par les hauts salai-
res. Les ouvriers, avec raison, demandent
une diminution du prix des denrées essen-
tielles.
Sans des initiatives énergiques,nous tour-
nerons longtemps dans ce cercle. Le gou
vernement et — dans le cas qui nus oc-
cupe, — le préfet de Police l'ont compris.
Comme il faut commencer par quelque
chose, par le plus nécessaire, c'est à faire
baisser le prix des denrées essentielles -
pain, vin, viande, légumes, — que vont s'at-
tacher nos gouvernants.
Car il y a un lait qui domine la crise
actuelle : quelles qu'aient été les fluctua-
tions et les baisses du lIuzrthé de gros, ja-
mais le détaillant, avec qui le publie est
en contact n'en a fait profiter d'une manière
sensible le consommateur.
Qu'entre le producteur et le détaillant
s'interpose toute une horde, aussi avide
qu'inutile, d'intermédiaires, de courtiers,
de spéculateurs, c'est certain.
Mais pour mettre en branle la justice, il
faut lui donner des objectifs précis. C'est
une lourde machine, qui frappe dur à l'oc-
casion, mais qui n'est guère outillée pour
atteindre le troupeau camouflé, insaisis-
table des mercantis du courtage.
Or, comme on ne gouverne pas un grand
pays avec des aperçus philosophiques, corn-
wç il faut faire état des hmnes grosses risa
liti8 nos gouvernants — ceux du moins que
n'ont pas aveuglés les hinêtiéé roses du Èlùe
national, — ont constaté que l'offensive de
ll contre la vie chère était quasi aussi
importante, pour la vie du pays, que l'of-
fensive de 1918 contre un autre ennemi.
Ce n'est donc pas, ispécifiqueineiît, con.
tre les boucherst par exemple, que les pou-
voirs publics mènent la lutte. C'est contre
un cours de denrées qui mène notre indus-
trie à 14 paralysie, tout le pays à la ruine.
Posons donc comme axiome, pour bien
comprendre, les différends actue ls :
L'abaissement du coût des denrées est la
condition sine quâ non de notre relèvement
national.
L'offensive pour la baisse
VERS LE BAREME DES VIANDES
C'est lundi, vraisemblablement, que le
nouveau barème sera porté à la connais-
sance du public. M. Lavayssé, chef du ser-
vice de la répression des fraudes, et M.
Martel, chef du service vétérinaire à la
Préfecture, travaillent activement à la ré-
daction des prix de détail pour la viande
de boucherie.
Les bouchers détaillants, nous l'avons no-
té hier, se sont en effet refusés, lors de leur
entrevue avec M. Leullier, à n'apporter au-
cune proposition qui puisse servir de base
à un débat.
Notons d'ailleurs, pour être justes, que
dans l'application, le proj et préfectoral,
même si les bouchers" sont de bonne foi, se
heurtera, à d'incessantes difficultés.
- Nous ne demandons pas mieux, nous
ont déclaré, hier, plusieurs bouchers dé-
taillants que de prendre part à la lutte
pour la baisse.
Mais ce serait une erreur dé croire que
l'on puisse l'établir par simple arrêté.
« (Je serait une autre erreur, et plus
grave, que de nous considèrer comme les
lacteurs uniques et essentiels de la hausse.
« C'est à l'origine, c'est aux Halles, qu'il
faut fixer les cours. C'est tout le régime
et le jeu des arrivages qu'il iaudrait sur-
veiller et réformer. -,
D'autre part, on verra à l'usage qu'il est
impossible à une boucherie, surtout aux
heures d'affluence, de délivrer une facture
à tous les clients. Attendons lundi. Et l'on
verra. » -
M. Leulher, également, a. déclaré qu'il
voulait voir. C'est au consommateur, par
une conception plus intelligente de ses in-
térêts, de venir en aide aux efforts du pré-
fet. Mais cela, hélas ! c'est une autre his-
toire 1.
En tous cas, le Parquet de la Seine est
saisi, prêt à agir. M. Scherdlin, procureur
de la République, a demandé à ses subor-
donnés de se renseigner sur les faits de spé-
culation illicite ou de manœuvres concer-
tées, qui feront l'objet d'une enquête judi-
ciaire.
Contre les minotiers-mercantis
Au reste, la lutte contre les facteurs de
vie chère n'est pas circonscrite qu à Paris.
Le conseil d'administration de l'Amicale
des maires s'est réunie à l'hôtel de ville
d'Agen, sous la présidence de M. CeJS, an-
cien ministre, maire d'Agen. Après avoir
examiné les doléances des producteurs de
blé et des consommateurs, relativement aux
benefices élevés de la minoterie, ie conseil
a, adopté une motion demandant au gou-
vernement de prendre l'initiative de pour-
suites contre les minotiers pour bénéfices
illicites. •
Pour le vin, et bien que la réoolte s'an-
nonce magnifique, la spéculation a déjà
dressé ses batteries et s'efforce de nous ame-
ner la hausse. -
Pour les blanchisseurs, mêmes manœu-
vres
Les blanchisseurs^-OJI ie s$ii,-ae ce-eiaat
pas entendus aVéc M. Paieant daùs leurs
pourparlers qui furent rompus. Il est re-
proché aux blanchisseurs de n'avoir di-
minué leurs tarifs depuis 1920 que dans
des proportions insignifiantes, alors que
le oharbon, îr savon, Peau de Javel, notam
ment ont baissé considérablement.
Même histoire pour la chaussure.
Au Congrès annuel de la Fédération des
marchands de chaussures au détail. qui
se tient actuellement à Limoges, M. Bern-
heim, président de cette Fédération, a an-
noncé que les fabricants avaient décidé
une très prochaine augmentation des tarifs
Dr.n..
Las détaillants ont protesté. Ils auraient
même décidé daviser le Parlement qu'ils
ne sont pour rien dans une augmentation
qu'ils vont être obligés de subir et dont le
public supportera les conséquence.
Pourquoi cette menace de hausse ? Ella
viendrait d'une augmentation de 30 sur
les peaux @ en poils. Mais quels étaient les
cours précédents ? Jamais le public n'a.
bénéficié des prix très bas atteints par les
peaux et cuirs l'an dernier. Les chaus-
sures n'ont, pour ainsi dire, pas baissé.
Pendant ce temps, afin de maintenir leurs
prix, les fabricants licenciaient leurs ou-
vriers, sans cacher qu'ils attendaient le re-
lèvement des cours de la matière première
pour rouvrir leurs usines. --
Dans tous les domaines, dans tous les
commerces, mêmes errements, même spécu-
lation. Certes, la politique néfaste Su Bloc
national est pour beaucoup dans le déchai-
nement d'avidités. Ce n'est tout de même
pas une raison, parce que les électeurs ont
été dupés, pour qu'ils soient affamés et rui-
nés par-dessus le marché ! — P. B.
APRÈS L'ÉCHEC DES POURPARLERS DU NORD
, '-7=D
La grève du textile s'étendrait lundi
à d'autres corporations
Mais on souhaite que le Gouvernement mette fin au conflit
L'échec des pourparlers entre' les patrons
et les ouvriers du textile du Nord doit
donner une extension nouvelle au mouve-
ment dans lequel sont déjà entrés 50.000
grévistes.
Hier soir, à la Bourse du travail de
Roubaix, le conseils syndicaux de toutes
les corporations se sont réunis. Ils ont dé-
cidé de provoquer pour lundi une grève de
solidarité de ceux des travailleurs de la
région dont l'esprit syndicaliste est assez
développé pour leur permettre de saisir
l'opportunité d'un tel geste et de supporter
les privations qui en seront la consé-
quence.
Aujourd'hui, tous les syndicats se réu-
niront en assemblée générale. Les princi-
paux militants syndicalistes y prendront
la parole et engageront les ouvriers à sou-
tenir leurs camarades du textile, en en-
trant dans le mouvement.
Il n'y a plus ni majoritaires ni minori-
taires ; l'union des tendances est parfaite
pour l'effort commun. Les syndicats libres
eux-mêmes agissent dans le même sens
que les syndicats de la C: G. T.
Georges Dumoulin s'est écrié hier, fai-
sant allusion à l'intransigeance patronale :
« Puisque c'est un défi, nous le relevons ! »
Le mouvement n'a plus seulement pour
but d'obliger les patrons du textile à main-
tenir les salaires d'avant la grève, car, en
somme, l'entrée dans la lutte des aus
corporations ne les touchera pas.
Appel à l'intervention de l'Etat
L'on tend à obliger le gouvernement à
intervenir en faveur d'une juste rétribu-
tion du travail.
« Devant la désinvolture patronale, di-
sais encore Georges Dumoulin, les repré-
sentants du gouvernement sont restés im-
puissants. Ils n'ont pas su choisir le mo-
ment d'une initiative hardie, comme c'était
leur devoir. La complicité gouvernementale
et patronale s'affirmera. »
Jeudi, à la suite de l'entrevue avec les
patrons, M. d'Hont, des métaux de Rou-
baix, demandant au préfet du Nord d'inter
venir, avait déclaré : « En 1919, une sen
tence arbitrale a été rendue par M. Jour-
dain, ministre du travail. Pour les ouvriers
et leurs mandataires, la sentence demeure.
C'est pourquoi les syndicats entendent s'op-
poser à la prétention qu'ont les patrons de
diminuer les salaires. »
L'intervention des pouvoirs
et le patronat
Mais, de son côté, le patronat s'oppose à
l'intervention. Un quotidien industriel écri-
vait, à propos de l'échec des grèves du Bas-
Rhin : « Il suffit que l'autorité publique
manifeste à la fois la stricte neutralité et
l'énergie qu'il lui appartient de montrer,
pour que, dans les conflits sociaux, là où
se trouvent le bon droit et la raison, lit
vienne aussi nécessairement se ranger le
succès. »
Que va faire le Gouvernement ? Deman-
dera-t-il au préfet du Nord d'imposer un
arbitrage aux patrons ? Ou laissera-t-il
1
ào numéro : udïNZE CENTIMES
Samedi 10 Septembre 1921. — M" 18537.
Fondateurs f/869) t
* VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Do M ShtBMb TNbstets
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » a * le »
FRANCE & COLONIES.. U » 22 a Il »
ETRANGER 49 » 25 » 13 »
Adresser toutes les communications
au directeur.
LE RAPPEL
Rédacteur on eh»t$^
RAYMOND LANGE
'#
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aux bureaux du journal.
ON S'ABONNE SANS FRAIS DANS
TOUS LES BUREAUX DE POSTE
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BMacnoatta&BiBlstfâaM : Hors 24-90,24-81.—Après 10 6. flisoir : SitenHer? 0G-7&
; OPINIONS -
t
rjUlemagneef la Société des Nations
Quand paraîtra cet article, que j'écris
loin de Paris, on aura peut-être d'instructifs
détails complémentaires sur ce qui s'est pas-
sé à Genève, dans cette Commission des
amendements, au sujet de la question de
L' admission de l'Allemagne dans la Socié-
té des nations. Peut-être aussi que l'As-
semblée elle-même se sera prononcée.
Dès maintenant, il y a un fait précis,
un fait grave, c'est que l'admission de l'Al-
lemagne a été encore ajournée, du moins
par cette Commission.
Il y avait à se prononcer sur l'amendement
déjà proposé, l'an dernier, par la Républi-
que argentine, et (nous dit-on aujourd'hui,
on ne nous donne pas le texte exact) ten-
dant à l'admission automatique de l'Alle-
magne dans la Société des nations.
Le représentant français à la Commission
des amendements, M. Noblemaire, a fait
voter le rejet de cet amendement, comme
étant contraire à l' articl e Tr du Pacte.
On nous dit que ce vote a été çrnis « à
la presque unanimité », ce qui revient à di-
re que M. Noblemaire n'a pas pu obtenir
l'unanimité pour sa proposition de rejet, et
il serait intéressant de savoir quelles sont
les nations qui ont voté contre la motion
française, et pour l'admission immédiate de
l'Allemagne.
Quand on nous parle d'admission auto-
matique (il est douteux que les Argentins
aient employé ce mot), c'est évidemment
d'admission immédiate qu'on veut parler,
et. d'autre part, quand on dit que cette ad -
mission immédiate est contraire à l'article
l'r du Pacte, on joue sur les mots.
Que dit l'article 1er du Pacte ? Qu'une
nation candidate pourra être admise quand
elle aura prouvé qu' elle se gouverne libre-
ment et qu'elle remplit ses engagements in-
ternationaux.
Toute la question est donc de savoir si
c'est le cas de l'Allemagne.
Oui, répond la République argentine.
NOD, répond la France, par la bouche de
M. Noblemaire.
La France -- ne le dit pas nettement, di-
rectement, ouvertement : elle oppose à l' ad-
mission dè l'Allemagne une sorte d'artifice
de procédure, profitant de ce que la propo-
sition argentine n'est peut-être pas très bien
rédigée.
M. Noblemaire, dans sa proposition, fait
dire à la Commission qu'elle « rend hom-
mage au sentiment du gouvernement argen-
tin quant à l'utilité de voir la Société des
nations aussi complète que possible » : il
accepte donc, éventuellement l'admission
de l'Allemagne.
Mais il est ou semble être de ces Fran-
cais à courte vue qui considèrent tout retard
apporté à cette admission comme un bénéfi-
ce pour la France. Ils se résignent en idée
à voir l'Allemagne entrer dans la Société
des nations, pourvu que ce ne soit pas tout
de suite, pourvu que ce ne soit que l'an
prochain, ou dans deux ans, ou dans trois.
Ils appellent cela gagner du temps, et c' est
avec joie que des journaux français donnent
à la nouvelle ce titre : « L'Allemagne ne
fera pas encore partie de la Société des na-
tions. »
Eh bien, je dis, moi, que c est tant pis,
tant pis pour l'humanité en général, mais
tant pis particulièrement pour la France.
Son refus, même déguisé sous des prétex-
tes, la dénonce au monde comme une en-
nemie de la paix, comme la nation haineuse
ou hargneuse qui ne sait que dire non, et
qui entend garder à l'égard de l' Allema-
gne une attitude intransigeante, une attitude
qui rend impossible ce désarmement moral
auquel les peuples aspirent.
En réalité, la proposition Noblemaire si-
gnifie que, dans la pensée de la France,
l' Allemagne n'a pas encore rempli les con-
ditions de l'article 1er du Pacte.
Cependant, l'Allemagne a un gouverne-
ment démocratique, et le cabinet allemand
actuel a donné des preuves notables de sa
bonne volonté à remplir ses engagements in-
ternationaux.
On objecte que ce gouvernement est fai-
ble, et que demain un gouvernement réac-
tionnaire peut lui succéder, rétablir même
l'ancien régime, et on dit qu'il n'est donc
pas prudent d'admettre maintenant l'Alle-
magne dans la "Société des nations.
Je réponds que l'immédiate admission
de l'Allemagne aurait pour résultat de forti-
fier ce gouvernement, de lui donner du pres-
tige, et de déconsidérer les partis de droite.
Ce peuple vaincu a des besoins d'amour-
propre : il aurait acclamé un gouvernement
qui, en le faisant entrer dans la Société
des nations, lui aurait ouvert une honorable
perspective de travail et de paix dans la
solidarité mondiale, et lui aurait tant au
moins donné la sensation de n'être plus au
ban de l'humanité.
Si la France, en ce moment et sans plus
tarder, avait elle-même pris l'Allemagne par
la main, cette Allemagne qui lui a fait tant
de mal, pour la faire entrer dans la Société
des nations, ce geste aurait été salué avec
admiration par le monde entier, qui aurait
eu la sensation que la paix était enfin éta-
blie.
Mais ce serait là de la grande politi-
que. Elle n'est pas possible, avec ce Bloc
national.
A. AULARD.
POUR, TENTE Z*ES &A.ITCMMS
» 111 KP-» -
Un appel de M. Painlevé
L'ancien président du Conseil dévoile les véritables causes
, de la mauvaise paix qu'on nous a faite
L'anniversaire de la proclamation de la Ille
République fut célébré à Châtellerault par
un grand banquet que présidait M. Paul Pain-
levé, ancien président du Conseil. Il
A là table d'honneur avaient pris place, à
droite et à gauche de M. Paul Painlevé, MM.
Poulie et Albert, sénateurs, Niveaux et Tran-
j(land, députés, MM. Maurice, conseiller gé-
néral de la Vienne, Cigogne, maire de Port-
de-Piles, Bobier, maire de La Puye, Maze,
le docteur Petit, Genève, conseillers munici -
paux, Cibert, maire de Doussais, Hulin, se-
crétaire du Comité de Poitiers, Houdin et les
membres du bureau du Comité réptjlicain
d'action laïque.
Notre ami Louis Ripault, président du Co-
mité, prononça une allocution très applaudie.
Des discours lurent ensuite prononcés par
MM. Tranchand, Niveaux, François Albert,
Guillaume Poulie.
M. Painlevé prit alors la parole.
Prenant texte du discours précédent et no-
tamment des paroles prononcées par MM. Al-
bert et Poulie sur le rôle du Parlement pen-
dant la guerre, M. Painlevé souligne le travail
considérable de la commission de l'armée qui
eut à briser les timidités, les lenteurs et l'iner-
tie d' une bureaucratie militaire qui se rendait
mal compte des nécessites d'une guerre mo-
-derae.
Ce régime parlementaire tant com battu par
les réactionnaires a donc contribué puissam-
m"!t à la défense nationale.
Et pourtant aujourd'hui, par une campagne
savamment dirigée, on essaie de voler à la Ré-
publique sa victoire.
On profite de l'amertume créée par les dé
ceptions venues de d'application du traité de
paix-
Qui ne voit cependant que les graves im-
perfections de l'acte de Versailles résultent
principalement 'de la méthode suivie lors des
négociations poursuivies dans une cave ?
A u lieu de s'appuyer sur le Parlement en
le tenant au courant, on l'a tenu à l'écart. A
son égard la méfiance a été affectée. Les dé-
ric-crciles venaient de remporter une victoire
.<¡, analogie dans l'histoire et à r heure de
l'armées et de la paix on ne leur faisait plus
confiance. •
Ór. il fallait mettre le pied sur le militaris-
ipli7 allemand, le ridiculiser:
L'a-t-on fait lors de l'armistice ?.
Aucunement. De prétendus hommes d'Etat
ont craint que le bolchevisme ne s'étendît de
Russie en Allemagne et d'Allemagne en Fran
ce. Ils ont voulu que le Reich pût résister
à celle invasion. Ils ont traité avec respect l'ar-
mée allemande qui représentait la force. Nous
avons sauvé la mise des Hindenburg et des
Ludendorff. Ne nous étonnons pas alors de
les retrouver maintenant, de renommée intac-
te, organisant la résistance contre le traité.
Alors M. Paul Painlevé montre l'Europe
déséquilibrée par l'absence de la Russie.
Il rappelle la lutte qu'il soutint à Paris, il
y a deux ans, avec Ripault. pour que les
rapports fussent repris avec notre malheureuse
alliée et comment la grande presse unique, à
cinq millions d' exemplaires, leur tirait dessus
en les couvrant d'injures.
Aujourd'hui, on leur donne raison.
Il faut agir vite, aider, soutenir, alimenter,
réparer, organiser. A ce prix l'Europe elle-mê-
me recouvrera.la santé.,; »
L'orateur conclut :
Il faut que les républicains se réveillent et
fassent litière de leurs divisions S'il en est
parmi eux quelques uns qui, trompés par la
loi électorale ou une fausse tactique, se sont
égarés, qu'ils profitent des occasions prochai-
nes pour revenir ostensiblement de leur erreur
et montrer qu'il ont bien leur place dans les
forces républicainas. Quant à ceux qui ont livré
le bon combat, mais en ordre dispersé, sans
cohésion, chacun pour soi, qu'ils se rendent
compte que leur déplorable stratégie a rendu
au bloc réactionnaire la victoire singulièrement
facile.
Nos ad versaires comptent beaucoup sur la
répétition de cette faute.
Que nos actes leur donnent un démenti écla-
tant.
A la fin de son discours, M. Painlevé fut
vivement accamé.
Le cabinet de M. Th. Steeg
M. Th. Steeg, gouverneur général de
l'Algérie, 'quittera Paris mardi prochain
pour rejoin'ére son poste.
Il a désigné comme directeur de son ca-
binet M. Ginoux, préfet en congé, ancien
directeur du cabinet du préfet de police.
M. Dubroca remplira les fonctions de ghef
du secrétariat particulier ,-
| ÉDITORIAL L
Rumeurs d'Orient
Méfions-nous des rumeurs d'Orient. Ce
sont les Grecs qui les propagent. Chaque
jour ils annoncent des vidoires. C'est plus
facile que de les remporter.
A les en croire, ils prennent Angora tous
les matins ; sans doute, pour nous donner à
penser qu'ils ont chat en poche.
Et quand ils prendraient Angora ? Na-
poléon — qui tout de même dépassait Cons-
tantin de plusieurs « petits chapeaux » —
a pris Moscou. Mais l'hiver ? Mais le re-
tour ? -
L'Anatolie est vaste et l'héroïsme des
Turcs admirable. Ces hommes se feront tuer
jusqu'aux derniers plutôt que de céder au
Grec abhorré. Leur courage et leur foi
s'exaltent dam les pires catastrophes. Un
peuple tout entier résolu à mourir offre une
tragique beauté, faite pour séduire la Vic-
toire. •
Même Angoraprise (qui n'esL..Jz.!iune
grande bourgade) les Turcs reculewnT^on-
tinuant de se défendre pied à pied. Ils iront
s'il le faut jusqu'à Kaisarien, dont le mas-
sif montagneux est pour déconcerter les con-
vois de l'armée grecque ; et leur ténacité
indomptable aura raison de la versatilité
hellène.
Déjà à Athènes - le Temps le montrait
hier — le sentiment populaire s'élève con-
tre la longue durée des hostilités. Les suc-
cès militaires du Tino provoquent les mêmes
sentiments que naguère les succès diploma-
tiques de Venizelos.
Le peuple grec considère surtout les char-
ges d'une mobilisation générale prolongée,
et il trouve amers les fruits d'une gloire ache-
tés au détriment de son bien-être, de son né-
goce, de sa tranquillité. ,
Il faut en croire le bon sens du Bonhom-
me : même en ces choses d'Orient, considé-
rons la fin. Ne craignons pas de jouer notre
dernière bonne carte diplomatique sur le
Croissant. Soyons avec l' Islam, tandis que
Boches et Britanniques poussent leur Tino.
A ujourd' hui, il lui promettent des feuil-
les de chêne. Demain, il sera contraint de
manger les glands.
EDMOND DU MESNIL.
Lire dans ce Numéro :
EN 3" PAGE :
— Le commerce extérieur de la France
durant le premier semestre de 1921.
— Roger Ducasse, par André Cœuroy.
13n passant
Envies
, Si l'on en croit les iournaux de Nice et
là revue occultiste le Voile d'isis, une
chatte habitant 20, quai Lunel, a mis au
monde, avec d'autres chatons normaux,
un jeune chat portant sur le ventre, eh
poil {jri.s sur fond bleu, le millésime 1921,
avec, à côté, trois étoiles.
La revue occultiste, qui n'y va pas avec
le dos de la cuiller, affirme que. le boulan-
ger est corse, que le chat est gris, comme
la redingote de Bonaparte et que ce mira-
cle a eu lieu en l'honneur du Centenaire !
Il est certain que, dans l'antiquité ro-
maine, les historiens, eussent enregistré
gravement l'anecdote (à la date près!)
comme un signe non négligeable de la vo-
lonté des Dieux.
De nos jours, où tout s'explique ration-
nellement (sauf la hausse des devises et
le traité de Versailles), les savants ont
voulu aller au fond des choses.
Ils ont constaté que la chatte passait
son temps couchee sur les sacs à farine du
bou-lanr-er.
Or, ces sacs portaient la marque des
trois étoijfs et le millésime imprimé de
La chatte, à force de considérer, pen-
dant ses longues heures de rêveries, le,
chiffre fatidique, a fini par l'imprimer sur
le germe qui poursuivait son évolution
mystérieuse,
Comme contribution à l'histoire de ces
petits signes appelés « envies », l'histoire
est curieuse. Mais le mécanisme de ces
anomalies physiques est encore inconnu
de nos médecins.
Les Grecs, parait-il, pendant les der-
niers mois de la grossesse, entouraient
leurs femmes de statues reproduisant le
type idéal de ta beauté hunul-Ïne. Le jour
où M. Mandel se m'ariera. il serait cu-
rieux, certes, de. recommencer la même
'expérience sur madame son épouse, pour
voir s'il serait possible d'arrêter la trans-
mission du nez célèbre.
Cela prouve aussi que nos. physiologistes
qui prêchent l'eugenisme, alias l'art de
fabriquer de beaux enfants, feraient bien
de sonder le mystérieux domaine des im-
pressions sub-conscientes. Nous nous occu-
pons toujours de perfectionner les procé-
dés qui ont pour but de tuer les hommes
en série. Nous nous inquiétons tort jjpu de
ceux qui conditionnent son entrée 4gl
cette vallée de larmes. — FLIP.
A la Commission des Finances
La Commission des finances a adopté
le budgét du commerce et celui de l'inté-
rieur : elle a réalisé sur l'un et sur l'autre
quelques économies.
Elle a décidé que les crédits pour la fête
du 14 juillet et ceux pour la fête de Jeanne
d'Arc seront inscrits désormais dans le
même chapitre — en attendant, sans doute,
de supprimer la commémoration de la prise
de la Bastille.
LA POLITIQUE ETRANGERE
La question du milliard
Voici donc M. Doumer à Londres, aux
fins de prendre contact avec Sir Robert Hor-
ne, chancelier de l'Echiquier, avant de retou-
cher les accords ifnanciers établis le 13 août
à Paris et que la France a refusé de ratifier.
Il s' agit, on le sait, de la répartition du ore-
mier milliard versé par l'Allemagne, question
qui paraît simple à première vue et qui, en
réalité, est hérissée de difficultés tant les in-
terprétations du traité peuvent être diverses et
les accords ultérieurs en modifier le sens.
Le premier milliard allemand est aujour-
d'hui versé. La Belgique a sur lui des droits
de priorité incontestables et que la France Le
songe pas un instant à contester- Contre toute
attente, cependant, la Belgique déclare aujour-
d'hui qu'il existe encore un autre privilège qui
passe avant le sien, celui du coût des armées
d'occupation.
Ces frais devaient être couverts par les /.O
milliards que l'Allemagne devait avoir payés
avant le 1er mai Mais on sait que l'Entente
a renoncé à exiger ce versement intégralement
et de ce fait le remboursement des frais d' oc-
cupation demeure en suspens. Doivent-ils être
déduits àiu milliard allemand? Oui, répondent
les Anglais et les Belges. Non, répond la
France. Elle s'appuie sur l'article 251 du
traité qui distingue les frais d'occupation ces
frais de réparations. Tous deux doivent être
payés par l' Allemagne, mais ne doivent, en
aucun cas, être confondus. Les accords de Spa
et de Londres, sur quoi s'appuie la thèse an-
glaise, n'ont que le caractère d'arrangements
transitoires alors que l' arrêté pris par la com-
mission des réparations, le 5 mai, et laissant
de côté, dans son état de paiement, les frais
d'occupation, fait loi.
Ce n'est pas tout. Si la Grande-Bretagne et
la Belgique font droit aux réclamations fran-
çaises, les 450 millions disponibles de la caisse
des réparations y demeurent ou sont touchés
par la Belgique, en vertu de son droit de prio-
rité. Si, par contre, la thèse anglaise triomphe,
ces 450 millions sont répartis entre alliés en
couverture de leurs frais d'occupation. Dans
ce cas, toujours en vertu des accords du ! 3
août, la France ne touchera rien sous prétexte
que la valeur des mines de la Sarre est portée
à son crédit et qu'on estime en Angleterre que
le rendement de ces mines dépasse la créance
française. En effet, nos alliés estiment à des
prix exagérés les charbons de la Sarre, ou-
bliant qu'ils ont estimé à des prix infimes la
valeur de la presque totalité de la flotte com-
merciale allemande reçue par eux et qui doit
venir en déduction des sommes à payer au titre
des réparations.
On voit donc les dangers pour nous de 1 ac-
cord du 13 août. Il serait injuste de ne pas
mettre en regard les avantages qui nous ont été
concédés en échange. ;
L'Angleterre a consenti que le prix au char-
bon qui nous est livré par rA!ietC)ajaM< niâ
Anvers et Rotterdam, nous soit compté à un
prix très bas, ce qui équivaut à une réduction
d'environ 15 millions de marks-or sur notre
compte de fournitures en nature. -
OE-n outre, la dette de la Belgique sera éva-
luée au cours du change au moment du prêt
et non au change actuel- La dîférence ainsi
obtenue équivaut à environ 1.200 millions de
francs-or.
Enfin, la Belgique a renoncé à exiger le
versement en bloc du solda de sa priorité et
a consenti à sa répartition en quatre échéances.
On voit çombien le problème est complexe.
Il s'agit aujourd'hui pour nos négociateurs de
conserver les avantages obtenus le 13 août,
tout en faisant annuler les accords inaccep-
tables.
Certes, si nous étions assurés du versement
intégral dans les limites fixées ce la somme o-
tale due par l' Allemagne, le débat ne serait
pas aussi âpre. Mais ia baisse du mark, les
dernières déclarations du chancelier Wirth, les
prévisions pessimistes de certains économistes
allemands et de John M. Keynes permettent
quelques doutes à cet égard. En vertu du pro-
verbe qui dit qu' « un tiens vaut mieux que
deux tu l'auras! v, on conçoit que la France
cherche à obtenir sa part du premier milliard
allemand si la Belgique entend ne pas user
Ce son droit de priorité.
Ainsi, si l'on s'obstine à confondre les frais
d'occupation et les réparations, les mines de
ia Sarre ne sauraient venir en déduction de la
part de la France. Si, d'autre part, on sépare
les deux comptes et que la Belgique use de
son droit, nous ne toucherons rien. c'est vrai,
mais au mo'ns ce droit s'exercera moins long-
temps et le moment où nous serons appelés à
participer aux versements allemands sera rap-
proché.
La France entend aborder la discussion de
ces problèmes complexes avec un grand désir
d' aboutir à un accord et il n'est pas un Fran-
çais qui souhaite voir cette discussion venir ag-
graver la crise politique de l'Entente.
ENTREVUE DE M. DOUMER
AVEC SIR ROBERT HORNE
Londres, 9 septembre. — La première
entrevue entre sir Robert Horne, assisté
d'experts financiers, et M. Doumer, minis-
tre des Finances français, assisté de M.
Tannery, a eu lieu aujourd'hui. Elle a duré
de midi à deux heures.
Les vues qui ont été échangées ont porlè
sur des génréalités concernant la réparti-
tion du premier milliard à payer par l'Alle-
magne et les positions respectives anglai-
ses et françaises ont été examinées. L'en-
tretien s'est poursuivi sur un ton très cor-
dial.
Les conversations reprendront cet après-
midi à 4 heures et. se termineront probable'
ment tard dans la soirée- -
LE DILEMME DE LA VIE CHÈRE
A
La cherté des vivres entraîne les hauts salaires
Les hauts salaires entravent la production
Une campagne énergique contre les spéculateurs
- est la préface de notre -- relèvement économique
Il serait inexact de dire ; « La guerre est
déclarée entre 11. Leiulier et les /)(JucMrs.»)
lù serait r^dteuie de penser ; « c'est une
anecdote parisienne gui n'interesse qu'à
titre documentaire le reste du pays. »
£ n jaÜ, lu incidents actuels ne sont
qu'un aspect particulier d'une réalité beaur
coup plus grave et qui embrasse toute la
France, qui conditionne toute son activité
économique, toutes les phases de son relè-
vement.
La question est nette : La crise actuelle,
la crtse de « la victoire. à Clemenceau »,
nous mène tous à la faillite et à la ru-ine.
Li situation est intenable, impossible. Il
jaut en sortir, coûte que coûte.
Notre production ressemble à cet oiseau
des laboratoires, enfermes sous une cloche
où l'on fait lentement le vide.
four produire, les industriels affirment
qu'ils sont handicapes par les hauts salai-
res. Les ouvriers, avec raison, demandent
une diminution du prix des denrées essen-
tielles.
Sans des initiatives énergiques,nous tour-
nerons longtemps dans ce cercle. Le gou
vernement et — dans le cas qui nus oc-
cupe, — le préfet de Police l'ont compris.
Comme il faut commencer par quelque
chose, par le plus nécessaire, c'est à faire
baisser le prix des denrées essentielles -
pain, vin, viande, légumes, — que vont s'at-
tacher nos gouvernants.
Car il y a un lait qui domine la crise
actuelle : quelles qu'aient été les fluctua-
tions et les baisses du lIuzrthé de gros, ja-
mais le détaillant, avec qui le publie est
en contact n'en a fait profiter d'une manière
sensible le consommateur.
Qu'entre le producteur et le détaillant
s'interpose toute une horde, aussi avide
qu'inutile, d'intermédiaires, de courtiers,
de spéculateurs, c'est certain.
Mais pour mettre en branle la justice, il
faut lui donner des objectifs précis. C'est
une lourde machine, qui frappe dur à l'oc-
casion, mais qui n'est guère outillée pour
atteindre le troupeau camouflé, insaisis-
table des mercantis du courtage.
Or, comme on ne gouverne pas un grand
pays avec des aperçus philosophiques, corn-
wç il faut faire état des hmnes grosses risa
liti8 nos gouvernants — ceux du moins que
n'ont pas aveuglés les hinêtiéé roses du Èlùe
national, — ont constaté que l'offensive de
ll contre la vie chère était quasi aussi
importante, pour la vie du pays, que l'of-
fensive de 1918 contre un autre ennemi.
Ce n'est donc pas, ispécifiqueineiît, con.
tre les boucherst par exemple, que les pou-
voirs publics mènent la lutte. C'est contre
un cours de denrées qui mène notre indus-
trie à 14 paralysie, tout le pays à la ruine.
Posons donc comme axiome, pour bien
comprendre, les différends actue ls :
L'abaissement du coût des denrées est la
condition sine quâ non de notre relèvement
national.
L'offensive pour la baisse
VERS LE BAREME DES VIANDES
C'est lundi, vraisemblablement, que le
nouveau barème sera porté à la connais-
sance du public. M. Lavayssé, chef du ser-
vice de la répression des fraudes, et M.
Martel, chef du service vétérinaire à la
Préfecture, travaillent activement à la ré-
daction des prix de détail pour la viande
de boucherie.
Les bouchers détaillants, nous l'avons no-
té hier, se sont en effet refusés, lors de leur
entrevue avec M. Leullier, à n'apporter au-
cune proposition qui puisse servir de base
à un débat.
Notons d'ailleurs, pour être justes, que
dans l'application, le proj et préfectoral,
même si les bouchers" sont de bonne foi, se
heurtera, à d'incessantes difficultés.
- Nous ne demandons pas mieux, nous
ont déclaré, hier, plusieurs bouchers dé-
taillants que de prendre part à la lutte
pour la baisse.
Mais ce serait une erreur dé croire que
l'on puisse l'établir par simple arrêté.
« (Je serait une autre erreur, et plus
grave, que de nous considèrer comme les
lacteurs uniques et essentiels de la hausse.
« C'est à l'origine, c'est aux Halles, qu'il
faut fixer les cours. C'est tout le régime
et le jeu des arrivages qu'il iaudrait sur-
veiller et réformer. -,
D'autre part, on verra à l'usage qu'il est
impossible à une boucherie, surtout aux
heures d'affluence, de délivrer une facture
à tous les clients. Attendons lundi. Et l'on
verra. » -
M. Leulher, également, a. déclaré qu'il
voulait voir. C'est au consommateur, par
une conception plus intelligente de ses in-
térêts, de venir en aide aux efforts du pré-
fet. Mais cela, hélas ! c'est une autre his-
toire 1.
En tous cas, le Parquet de la Seine est
saisi, prêt à agir. M. Scherdlin, procureur
de la République, a demandé à ses subor-
donnés de se renseigner sur les faits de spé-
culation illicite ou de manœuvres concer-
tées, qui feront l'objet d'une enquête judi-
ciaire.
Contre les minotiers-mercantis
Au reste, la lutte contre les facteurs de
vie chère n'est pas circonscrite qu à Paris.
Le conseil d'administration de l'Amicale
des maires s'est réunie à l'hôtel de ville
d'Agen, sous la présidence de M. CeJS, an-
cien ministre, maire d'Agen. Après avoir
examiné les doléances des producteurs de
blé et des consommateurs, relativement aux
benefices élevés de la minoterie, ie conseil
a, adopté une motion demandant au gou-
vernement de prendre l'initiative de pour-
suites contre les minotiers pour bénéfices
illicites. •
Pour le vin, et bien que la réoolte s'an-
nonce magnifique, la spéculation a déjà
dressé ses batteries et s'efforce de nous ame-
ner la hausse. -
Pour les blanchisseurs, mêmes manœu-
vres
Les blanchisseurs^-OJI ie s$ii,-ae ce-eiaat
pas entendus aVéc M. Paieant daùs leurs
pourparlers qui furent rompus. Il est re-
proché aux blanchisseurs de n'avoir di-
minué leurs tarifs depuis 1920 que dans
des proportions insignifiantes, alors que
le oharbon, îr savon, Peau de Javel, notam
ment ont baissé considérablement.
Même histoire pour la chaussure.
Au Congrès annuel de la Fédération des
marchands de chaussures au détail. qui
se tient actuellement à Limoges, M. Bern-
heim, président de cette Fédération, a an-
noncé que les fabricants avaient décidé
une très prochaine augmentation des tarifs
Dr.n..
Las détaillants ont protesté. Ils auraient
même décidé daviser le Parlement qu'ils
ne sont pour rien dans une augmentation
qu'ils vont être obligés de subir et dont le
public supportera les conséquence.
Pourquoi cette menace de hausse ? Ella
viendrait d'une augmentation de 30 sur
les peaux @ en poils. Mais quels étaient les
cours précédents ? Jamais le public n'a.
bénéficié des prix très bas atteints par les
peaux et cuirs l'an dernier. Les chaus-
sures n'ont, pour ainsi dire, pas baissé.
Pendant ce temps, afin de maintenir leurs
prix, les fabricants licenciaient leurs ou-
vriers, sans cacher qu'ils attendaient le re-
lèvement des cours de la matière première
pour rouvrir leurs usines. --
Dans tous les domaines, dans tous les
commerces, mêmes errements, même spécu-
lation. Certes, la politique néfaste Su Bloc
national est pour beaucoup dans le déchai-
nement d'avidités. Ce n'est tout de même
pas une raison, parce que les électeurs ont
été dupés, pour qu'ils soient affamés et rui-
nés par-dessus le marché ! — P. B.
APRÈS L'ÉCHEC DES POURPARLERS DU NORD
, '-7=D
La grève du textile s'étendrait lundi
à d'autres corporations
Mais on souhaite que le Gouvernement mette fin au conflit
L'échec des pourparlers entre' les patrons
et les ouvriers du textile du Nord doit
donner une extension nouvelle au mouve-
ment dans lequel sont déjà entrés 50.000
grévistes.
Hier soir, à la Bourse du travail de
Roubaix, le conseils syndicaux de toutes
les corporations se sont réunis. Ils ont dé-
cidé de provoquer pour lundi une grève de
solidarité de ceux des travailleurs de la
région dont l'esprit syndicaliste est assez
développé pour leur permettre de saisir
l'opportunité d'un tel geste et de supporter
les privations qui en seront la consé-
quence.
Aujourd'hui, tous les syndicats se réu-
niront en assemblée générale. Les princi-
paux militants syndicalistes y prendront
la parole et engageront les ouvriers à sou-
tenir leurs camarades du textile, en en-
trant dans le mouvement.
Il n'y a plus ni majoritaires ni minori-
taires ; l'union des tendances est parfaite
pour l'effort commun. Les syndicats libres
eux-mêmes agissent dans le même sens
que les syndicats de la C: G. T.
Georges Dumoulin s'est écrié hier, fai-
sant allusion à l'intransigeance patronale :
« Puisque c'est un défi, nous le relevons ! »
Le mouvement n'a plus seulement pour
but d'obliger les patrons du textile à main-
tenir les salaires d'avant la grève, car, en
somme, l'entrée dans la lutte des aus
corporations ne les touchera pas.
Appel à l'intervention de l'Etat
L'on tend à obliger le gouvernement à
intervenir en faveur d'une juste rétribu-
tion du travail.
« Devant la désinvolture patronale, di-
sais encore Georges Dumoulin, les repré-
sentants du gouvernement sont restés im-
puissants. Ils n'ont pas su choisir le mo-
ment d'une initiative hardie, comme c'était
leur devoir. La complicité gouvernementale
et patronale s'affirmera. »
Jeudi, à la suite de l'entrevue avec les
patrons, M. d'Hont, des métaux de Rou-
baix, demandant au préfet du Nord d'inter
venir, avait déclaré : « En 1919, une sen
tence arbitrale a été rendue par M. Jour-
dain, ministre du travail. Pour les ouvriers
et leurs mandataires, la sentence demeure.
C'est pourquoi les syndicats entendent s'op-
poser à la prétention qu'ont les patrons de
diminuer les salaires. »
L'intervention des pouvoirs
et le patronat
Mais, de son côté, le patronat s'oppose à
l'intervention. Un quotidien industriel écri-
vait, à propos de l'échec des grèves du Bas-
Rhin : « Il suffit que l'autorité publique
manifeste à la fois la stricte neutralité et
l'énergie qu'il lui appartient de montrer,
pour que, dans les conflits sociaux, là où
se trouvent le bon droit et la raison, lit
vienne aussi nécessairement se ranger le
succès. »
Que va faire le Gouvernement ? Deman-
dera-t-il au préfet du Nord d'imposer un
arbitrage aux patrons ? Ou laissera-t-il
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